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Faire des images

 

 

                                                  Faire des images

 

L’économie est le canon d’une arme. Son barillet tourne aussi mĂ©caniquement qu’une horloge dont chaque oscillation, rĂ©percutĂ©e contre nos tympans, est scrutĂ©e par des comptables qui dĂ©signent de nouveaux coupables Ă  chaque retard de paiement.

 

Depuis Covid-19 (on aimerait l’appeler coĂŻt 19 mais ça ne sera pas pour aujourd’hui), colt viral qui a fait de notre prĂ©sent son cheval, l’ombre de la note s’allonge. Pour certains, c’est celle de la mort, pour d’autres, la maladie ou le chĂŽmage. Pour d’autres encore, la musique d’un dĂ©couragement et d’un dĂ©doublement dont il est difficile de sortir.

 

Le dernier album de Brigitte Fontaine, Terre Neuve,  est depuis quelques jours celui que j’écoute. J’avais sĂ»rement besoin de sa folie. L’album Ă©tait chez moi depuis plusieurs semaines. Mais Manu Dibango avait alors toute mon attention. On va souhaiter Ă  Brigitte (Fontaine) de tenir plus longtemps que Manu Dibango.

 

Le premier titre de Terre Neuve, «  Le Tout pour le Tout Â» qui parle de la vie et de la mort s’accorde bien avec le nĂ©on de nos prĂ©occupations actuelles.

Il y a du Bashung dans sa façon de dire son texte. Plus loin dans son album, on pense Ă  Gainsbourg, au groupe Portishead (le titre «  Ragilia Â») et Ă  d’autres influences.

 

Mais Brigitte Fontaine est bien-sĂ»r Brigitte Fontaine dans cet album plutĂŽt rock.  Je l’avais dĂ©couverte en concert Ă  l’Olympia grĂące Ă  une amie il y a plus de vingt ans. Et je l’avais revue ensuite en concert dans la salle de concert de Cergy St-Christophe, l’Observatoire, oĂč j’ai vu d’autres trĂšs bons concerts :

 

Les groupes Brain Damage (Dub), Improvisator Dub ( Manutension Ă©tait encore vivant), High Tone, Daby TourĂ©, Susheela Raman. J’y avais mĂȘme vu Disiz La Peste qui, malgrĂ© l’incorrection facile de certains spectateurs, avait su tenir son micro et sa scĂšne.

 

 

AprĂšs l’album de Brigitte Fontaine, l’EP d’AloĂŻse Sauvage, Jimy, attend son passage. Puis, il y aura l’album de Damso, LithopĂ©dion. Et, si j’en ai vraiment le temps vu que ma fille est Ă  « l’école Â» aujourd’hui, je mettrais l’album de La Rumeur, Du CƓur Ă  l’Outrage. Et j’extrairai Ă  nouveau des titres de l’album The Downnward Spiral de Nine Inch Nails :

 

Au moins, les titres «  Mr Self Destruct Â», « Closer Â» que j’avais dĂ©couverts Ă  leur sortie grĂące Ă  un ancien collĂšgue, PoupĂ©e, en 1994 ou 1995, et dont l’attrait, sur moi, persiste. Aujourd’hui, PoupĂ©e vit Ă  la RĂ©union.

 

 

En parlant de Rap, j’aurais aimĂ© pouvoir parler de l’album de Ausgang sorti il y a peu ou peut-ĂȘtre de celui d’Isha. Mais je n’ai pas encore eu la possibilitĂ© de les Ă©couter. Ni la disponibilitĂ©.

 

 

Mais l’horloge de l’économie tourne et mes heures sont comptĂ©es. Qu’est-ce que je pourrais raconter, de pas trop long, et qui puisse intĂ©resser un peu celles et ceux qui vont suivre ces lignes ?

 

J’ai connu ce week-end et ce matin mes premiers contrĂŽles policiers en allant au travail et en revenant. A chaque fois Ă  la gare St Lazare. Cela s’est trĂšs bien passĂ© avec les policiers. Au point que, d’une façon un peu paradoxale et amusante, c’est mĂȘme un ancien patient croisĂ© par hasard hier matin prĂšs de la gare St Lazare en revenant du travail qui m’a assurĂ© :

 

« Ă§a va, ils sont cool Â». Nous Ă©tions alors devant la gare St Lazare et pour le prĂ©server d’un nouveau contrĂŽle, je venais de lui proposer de nous en Ă©loigner alors que deux cars de police se trouvaient Ă  une dizaine de mĂštres de nous, sur le parvis de la gare.

 

J’ai fait la connaissance de ce patient dans un service spĂ©cialisĂ© dans le traitement des addictions dans mon hĂŽpital oĂč il m’arrive de faire des remplacements. J’ai postulĂ© trois fois dans ce service. Mon CV est bon m’a-t’on rĂ©pondu. Et il est rassurant de me voir arriver lorsque je  me prĂ©sente dans ce service.  Pour y effectuer des remplacements, payĂ©s en heures supplĂ©mentaires. Mais il y a toujours eu un « Mais Â» pour ne pas m’embaucher et embaucher quelqu’un d’autre Ă  ma place lorsqu’un poste s’y est libĂšrĂ©. Au prĂ©texte que je manque « d’expĂ©rience dans le domaine des addictions Â».

 

Cette inexpĂ©rience dans le domaine des addictions mais aussi dans le domaine relationnel, hier matin, je l’ai modĂ©rĂ©ment sentie, en prĂ©sence de ce patient.

 

Il Ă©tait d’abord drĂŽle de nous reconnaĂźtre l’un et l’autre dans la rue. Je portais un masque chirurgical et un bonnet quand mĂȘme.

 

 

Pourtant, nous nous sommes facilement reconnus. J’avais bien-sĂ»r un « avantage Â» sur lui. Je voyais son visage dĂ©couvert. Mais cela ne l’a pas empĂȘchĂ© de « savoir Â» qu’il me connaissait. MĂȘme s’il m’a demandĂ© ensuite d’enlever mon bonnet aprĂšs mon masque.

 

Sans doute est-il un spĂ©cialiste de l’observation en temps ordinaire. Pour frayer, en tant que consommateur, dans l’univers des substances addictives illĂ©gales, j’imagine qu’il en faut des capacitĂ©s d’observation. Et d’adaptation. A son environnement. A ses interlocuteurs. Aux situations rencontrĂ©es. Et, lĂ , il venait de passer la nuit dehors.

 

AprĂšs plusieurs semaines d’abstinence, il avait rechutĂ©, devant ses neveux, chez une de ses sƓurs oĂč il Ă©tait en confinement. Sa sƓur l’avait trĂšs mal pris. Dehors. Alors, il a pris le train pour venir sur Paris oĂč il est allĂ© chez un « ami Â» qui l’avait dĂ©pannĂ© d’un bedo.

 

Quelques jours plus tĂŽt, dans le service spĂ©cialisĂ© dans le traitement des addictions oĂč nous nous Ă©tions croisĂ©s, avait eu au tĂ©lĂ©phone le mĂ©decin qui le suit.

 

Il m’a ainsi appris que le service d’hospitalisation spĂ©cialisĂ© dans les addictions oĂč nous nous Ă©tions croisĂ©s allait bientĂŽt rouvrir aprĂšs avoir fermĂ© pendant une dizaine de jours.

 

Il a ainsi rĂ©pondu spontanĂ©ment Ă  une question que je m’étais posĂ© ces derniers temps :

 

Les personnes sujettes aux addictions avec substance me semblent faire partie des personnes particuliĂšrement exposĂ©es au Covid-19. Je pensais d’abord Ă  l ‘affaiblissement  de leur organisme du fait de leur consommation. Mais, ce matin, je pense d’abord aux multiples contacts qui leur sont nĂ©cessaires pour se procurer leur substance, au milieu oĂč ils se le procurent (coin de rue ou fĂȘtes
.), aux moyens employĂ©s ( la prostitution peut en faire partie) et au fait que respecter la distance sociale sera loin- pour certains- d’ĂȘtre leur premiĂšre prioritĂ©.

 

D’ailleurs, pendant que je discute devant la gare St Lazare, avec ce patient, la distance sociale d’un mĂštre n’y est pas. Je le constate. Mais je ne peux rien dire. Au mĂȘme titre que dans le service de pĂ©dopsychiatrie oĂč je travaille, j’ai dĂ©jĂ  plusieurs fois prĂ©sentĂ© mes excuses aux jeunes pour me prĂ©senter devant eux – comme mes collĂšgues- avec un masque chirurgical sur le visage, avec ce patient, je constate Ă  nouveau que l’une des bases de notre travail relationnel en psychiatrie, en pĂ©dopsychiatrie ou dans toute activitĂ© professionnelle psycho-sociale, c’est, avant tout de se montrer Ă  visage dĂ©couvert devant celle et celui que l’on « engage Â» Ă  nous rencontrer.

 

C’est le minimum.

 

Dans une rencontre « directe Â», en vis-Ă -vis,  il est trĂšs difficile d’inspirer confiance Ă  quelqu’un si cette personne voit Ă  peine la couleur de nos yeux, ce qui s’y passe ainsi que ce qui se passe sur notre visage. C’est le ba-ba.

 

Et, avec ce patient qui vient de passer la nuit dehors, qui vit une pĂ©riode un peu dĂ©licate, qui me rĂ©pond que son traitement neuroleptique d’un mois est restĂ© chez sa sƓur, je ne me vois pas trop insister sur la distance sociale.

 

Pourtant, je dois aussi penser Ă  moi. A ma compagne et Ă  ma fille qui sont chez moi pour commencer.

 

Alors, mon masque chirurgical toujours sur le visage, Ă  cĂŽtĂ© de ce patient, j’essaie de trouver une petite distance corporelle qui puisse ĂȘtre un bon compromis entre la distance sociale amicale Ă©lĂ©mentaire et la distance sanitaire recommandĂ©e. Officiellement, elle est de un mĂštre. Mais, la veille, un collĂšgue pĂ©dopsychiatre nous a appris que c’est vraiment le minimum. L’idĂ©al, ce serait trois mĂštres de distance sociale durant cette pĂ©riode de pandĂ©mie.

 

Je dois ĂȘtre dans une distance comprise entre 30 centimĂštres et 50 centimĂštres avec ce patient qui est sur ma droite. Et, de temps Ă  autre, je tourne ma tĂȘte vers le cĂŽtĂ© opposĂ© tout en l’écoutant.

Il est trĂšs renseignĂ© Ă  propos de l’Ă©pidĂ©mie. Il pense que ça va durer comme ça tout le mois de Mai. Il n’est pas plus inquiet que ça en le disant. MĂȘme si, bien-sĂ»r, il est inquiet me rĂ©pond-t’il, Ă  l’idĂ©e d’ĂȘtre contaminĂ©. 

 

Lui et moi, nous discutons ainsi pendant quinze Ă  vingt minutes devant la gare St-Lazare. Lorsque je lui dis que je dois y aller, il comprend et me remercie d’ĂȘtre restĂ© un peu avec lui. Je vois bien Ă  son sentiment de gratitude que ce moment a Ă©tĂ© pour lui l’équivalent d’un remontant. J’insiste pour qu’il aille se mettre au chaud. J’insiste encore pour qu’il aille rĂ©cupĂ©rer son traitement neuroleptique chez sa sƓur. Il acquiesce. Il ne me paraĂźt pas trop dĂ©primĂ©, pas trop persĂ©cutĂ©. Pas trop fatiguĂ©. Il a manifestement des perspectives. Il m’a parlĂ© de son patron actuellement bloquĂ© en Martinique. J’ai un moment regardĂ© prĂšs de nous si un lieu de restauration rapide Ă©tait ouvert. Mais cela l’a plutĂŽt mis un peu sur le qui-vive :

 

« Qu’est-ce que tu regardes ?! Â».

 

Je lui ai expliquĂ©. Mais tout Ă©tait fermĂ©. Lui donner un peu d’argent Ă©tait selon moi Ă  Ă©viter alors je ne lui en ai pas parlĂ©.  De son cĂŽtĂ©, il ne m’a rien demandĂ©.

 

AprĂšs nous ĂȘtre sĂ©parĂ©s, j’ai essayĂ© de joindre le service oĂč lui et moi nous Ă©tions revus deux mois plus tĂŽt. J’ai eu de la chance :

Le service Ă©tait ouvert. Et le mĂ©decin de ce patient en particulier Ă©tait prĂ©sent m’a appris l’infirmier qui m’a rĂ©pondu. Alors, j’ai pu lui raconter.

 

Ce contact direct, hors d’un bureau, voire d’un service, et de la paperasse,  me convient bien, je crois. MĂȘme si je l’ai assez peu vĂ©cu professionnellement (sauf si l’on pense Ă  mes interviews de rĂ©alisateurs et d’acteurs en tant que journaliste cinĂ©ma) comparativement Ă  mes annĂ©es dans un service en tant qu’infirmier. Et que mon inquiĂ©tude, et celle de ma compagne, se concentre plutĂŽt, dans ce genre de travail, dans le risque d’ĂȘtre exposĂ© Ă  certaines maladies ou infections.

 

J’ai eu cette inquiĂ©tude derniĂšrement pour une de nos collĂšgues qui s’est portĂ©e volontaire pour aller travailler dans un des services de notre hĂŽpital qui prend en charge les patients en psychiatrie adulte porteurs du Covid-19.

J’ai lu comme tout le monde que le patron de l’AP-HP, Martin Hirsch, a rĂ©clamĂ© derniĂšrement plus de respirateurs. Et aussi plus de personnel soignant, en particulier infirmier, pour faire face Ă  la pandĂ©mie, soit sur la base du volontariat ou en rĂ©quisitionnant ce personnel.

 

La nĂ©cessitĂ© de personnel soignant prĂ©sent et compĂ©tent ( dans les techniques d’urgence et de rĂ©animation mĂ©dicale ou chirurgicale) pour « rĂ©pondre Â» Ă  la pandĂ©mie, personne ne la contestera. Et si j’ai d’abord pensĂ© que seuls les hĂŽpitaux publics Ă©taient sollicitĂ©s pour « rĂ©pondre Â» Ă  la pandĂ©mie, j’ai depuis lu dans un journal que les Ă©tablissements privĂ©s appuyaient l’effort sanitaire en vue de « rĂ©pondre Â» Ă  la pandĂ©mie (article d’Antoine Boudet Comment le leader de l’hospitalisation privĂ©e en France, Ramsay SantĂ©, fait front  dans Les Ă©chos du mercredi 1er avril 2020, page 21). Donc, j’avais une vision biaisĂ©e concernant l’attitude des Ă©tablissements de soins privĂ©s. MĂȘme si j’imagine qu’aprĂšs la pandĂ©mie, cette « solidaritĂ© Â» du privĂ© avec le public, aura un coĂ»t d’une façon ou d’une autre. Car il faut se rappeler que « l’économie Â» dirige nos vies et que nous avons Ă  payer, d’une façon ou d’une autre, pour avoir le droit de vivre dans nos sociĂ©tĂ©s modernes.

 

Mais parler de « rĂ©quisitionner Â» au besoin du personnel soignant, en particulier infirmier, est un vocabulaire Ă  mon avis assez suspect ou Ă©trange :

 

Car, que ce soit par sa culpabilitĂ©, son sens du Devoir ou du fait des dĂ©cisions imposĂ©es par sa hiĂ©rarchie, le personnel infirmier se fait souvent rĂ©quisitionner en temps ordinaire. Pour toutes sortes de raisons. «  Pour le bien du malade et de ses proches Â». « Pour l’éthique Â». « Pour les besoins du service Â».

 

Et, je n’ai mĂȘme pas envie de redire- comme cela l’a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© fait Ă  plusieurs reprises depuis cette pandĂ©mie- que cela fait des annĂ©es (selon moi, depuis une gĂ©nĂ©ration) que le personnel soignant et les syndicats prĂ©viennent les diffĂ©rents gouvernements des effets dĂ©lĂ©tĂšres de la casse organisĂ©e des hĂŽpitaux publics. Et avant son appel rĂ©cent, Martin Hirsch a participĂ© Ă  cette casse organisĂ©e des hĂŽpitaux publics. ( on peut lire l’article CrĂ©dibilitĂ© Ă©crit en novembre de l’annĂ©e derniĂšre bien que Martin Hirsch n’en n’ait pas Ă©tĂ© un des acteurs directs). 

 

Martin Hirsch et d’autres personnes dĂ©cisionnaires ont des connaissances sur la pandĂ©mie et sur les besoins sanitaires pour y « rĂ©pondre Â» que n’ai pas. Par contre, j’ai appris qu’il se trouve dans mon hĂŽpital au moins deux services oĂč 75% du personnel infirmier est en arrĂȘt de travail.  Et je ne sais pas tout. Et cela fait « seulement Â» trois semaines que les mesures de confinement sont appliquĂ©es avec distance sociale etc
.

 

Donc, rĂ©quisitionner du personnel infirmier en arrĂȘt de travail ou porteur du Covid-19 paraĂźt ĂȘtre une drĂŽle de façon de penser : C’est une façon  de penser Ă  court terme. Comme d’habitude. Comme s’il suffisait de dĂ©busquer du personnel infirmier cachĂ© sous des rochers. Un peu comme des coquillages que l’on ramasse sur la plage Ă  marĂ©e basse. Qu’il suffit de venir avec ses bottes, sa pelle et son seau et de se servir.

 

 Ces 75 % de personnels en arrĂȘt de travail, je ne les connais pas. Mais il y avait dĂ©jĂ  du personnel infirmier en arrĂȘt de travail avant la pandĂ©mie. Et c’est assez facile de comprendre que ce pourcentage d’infirmiers en arrĂȘt de travail augmente avec la pandĂ©mie aprĂšs avoir contractĂ© le Covid-19 ou par anxiĂ©tĂ© afin d’éviter de le contracter. Oui, on peut ĂȘtre «  Une hĂ©roĂŻne ou un hĂ©ros de la Nation Â» et avoir peur de tomber malade ou de mourir.

 

Parce-que c’est trĂšs joli d’ĂȘtre surnommĂ©s «  les HĂ©ros de la Nation Â». Mais, concrĂštement, des hĂ©ros de la Nation qui partent au combat sans armes (gants, masques FFP2, tenues de protection, avec moins de possibilitĂ©s de jours de repos etc
), c’est plutĂŽt des personnes suicidaires, sacrifiĂ©es ou inconscientes qui vont affronter pratiquement Ă  mains nues, avec de l’eau et du savon, un virus plutĂŽt inquiĂ©tant qui, lui, ne prend pas de jour de congĂ© et se contrefiche de l’horloge de l’économie.

 

 

Ma collĂšgue volontaire pour aller travailler dans une unitĂ© Covid en psychiatrie m’a rĂ©pondu qu’elle estimait y ĂȘtre mieux protĂ©gĂ©e que dans notre propre service. Car dans l’unitĂ© Covid oĂč elle va aller travailler, ils y portent des «  tenues de cosmonautes Â». Et, elle m’a retournĂ© les prĂ©ventions que j’avais pour elle :

 

«  Toi, aussi, fais attention Ă  toi Â».

 

 

Ça et lĂ , les avis divergent quant Ă  la suite de la pandĂ©mie. On entend dire qu’un certain nombre de jours de vacances seront sucrĂ©s. Que pour une durĂ©e indĂ©terminĂ©e, on renoncera aux 35 heures. Afin d’essayer de « rattraper Â» ce qui a Ă©tĂ© perdu en productivitĂ©. Car il est impĂ©ratif de limiter le plus possible les rĂ©percussions Ă©conomiques de la pandĂ©mie.

 

Un ancien Ministre de l’Education, spĂ©cialiste des croisiĂšres oĂč il se fait bien payer pour ses confĂ©rences, et aussi grand philosophe qu’historien, dans un article, raille les collapsologues, les Ă©cologistes et Nicolas Hulot.

Pour lui, Ă  l’évidence, aprĂšs la pandĂ©mie, le business reprendra as usual.

(Chronique Les Vautours de Luc Ferry dans le Figaro du jeudi 26 mars 2020, page 25) :

 

«(
.) La croissance libĂ©rale mondialisĂ©e repartira donc en flĂšche dĂšs que la situation sera sous contrĂŽle. Les revenus de nos concitoyens auront diminuĂ©, certes, mais ils auront aussi fait des Ă©conomies et elles inonderont le marchĂ© dĂšs la fin du confinement Â».

 

« (
.) Pour le reste, ce sera reparti, non pas comme en 14, mais comme dans les pĂ©riodes d’aprĂšs-guerre. «  Business as usual Â» est l’hypothĂšse la plus probable, et du reste la plus raisonnable, n’en dĂ©plaise aux collapsologues. Je crains qu’Hulot, Cochet et leurs amis ne doivent patiemment attendre la prochaine crise pour se frotter Ă  nouveau les mains Â».

 

Et, sans doute trĂšs content de son humour comme de son intelligence, Luc Ferry conclut sa chronique de cette façon :

 

« Ps : Pour ceux que ça intĂ©resse, vous pouvez me retrouver chaque jour vers 15 heures sur Instagram, pour un cours sur les grands moments de l’histoire de la philosophie. C’est une histoire gĂ©niale et c’est gratuit ! Â».

 

 

Je crois en effet que les Puissants et les privilĂ©giĂ©s dont fait partie Luc Ferry mais aussi la patronne du RN (mĂȘme si celle-ci rĂ©ussit Ă  se faire passer pour une proche du « peuple Â» et des gens modestes) resteront Ă  leur place de Puissants et de privilĂ©giĂ©s si la pandĂ©mie les laisse indemnes Ă©conomiquement, socialement et personnellement.

 

Et qu’ils continueront d’excrĂ©ter leurs certitudes et leurs visions du monde, et de les imposer, car ce monde dans lequel nous vivons encore leur convient. Ils y ont leurs entrĂ©es, leurs connexions, leurs intermĂ©diaires, leurs bĂ©nĂ©fices, et leurs remparts. Ils peuvent s’y permettre d’y dire Ă  peu prĂšs tout et n’importe quoi. Le temps que la Justice les rappelle Ă  l’ordre, d’une part, lorsque cela arrivera, ils auront une somme symbolique- en guise de rĂ©paration- Ă  payer Ă  la sociĂ©tĂ© et, d’autre part, entre-temps, ils auront continuĂ© Ă  assurer leur promotion personnelle, Ă©conomique et sociale. Ils courent peu de risques Ă  s’exprimer dans tous les sens. Leur plus grand risque est de passer inaperçus et d’ĂȘtre oubliĂ©s ou exclus de la scĂšne publique.

 

 

Et, il faudra un grand dĂ©sastre, que la pandĂ©mie dure suffisamment longtemps et dĂ©truise une bonne partie de ces entrĂ©es, de ces connexions, de ces intermĂ©diaires et de ces remparts qui protĂšgent les Puissants et les privilĂ©giĂ©s qui prĂŽnent un monde Ă  l’identique aprĂšs la pandĂ©mie pour qu’ils commencent Ă  se dire qu’il faut peut-ĂȘtre changer de modĂšle d’action, de vie et de pensĂ©e. Et apprendre, peut-ĂȘtre, Ă  coopĂ©rer avec les autres plutĂŽt que de continuer Ă  les mĂ©priser.

 

Mais, pour l’instant, comme le dit Luc Ferry dans sa chronique, les Puissants et les privilĂ©giĂ©s – qui sont favorables au fait de rester dans notre monde libĂ©ral tel qu’il est- sont convaincus qu’à un moment ou Ă  un autre, ils reprendront «  le contrĂŽle de la situation Â». Que l’on parle de Luc Ferry, du PrĂ©sident Macron, de Donald Trump, Poutine, Bolsanaro et d’autres. Politiciens, Puissants hommes d’affaires etc
.

 

 

Ce n’est pas Ă©tonnant de leur part : Un Puissant ou une Puissante, est une personne qui peut tenir une position, une volontĂ©, en vue d’atteindre un but, un objectif, coĂ»te que coĂ»te et qui y parvient. C’est vrai pour un sportif de haut niveau. Mais c’est Ă©galement vrai pour une femme ou un homme politique. Pour une PDG ou un PDG. Et celles et ceux qui nous gouvernent sont aux postes qu’ils occupent parce-que, en maintes occasions, elles ont su, ils ont su, tenir un cap, arriver lĂ  oĂč ils le souhaitaient, malgrĂ© les difficultĂ©s rencontrĂ©es.

 

Pendant que le PrĂ©sident Macron parle des soignants comme des « HĂ©ros de la Nation Â», il livre ses propres combats dont il est convaincu qu’il sera, lui aussi, le HĂ©ros. Comme il a pu ĂȘtre le HĂ©ros des Ă©lections prĂ©sidentielles. Et c’est pareil pour Trump, Poutine etc
.

 

Donc, on peut leur faire « confiance Â» sur ce point :

 

Si, comme Luc Ferry l’avance, la pandĂ©mie s’arrĂȘte assez « vite Â», Macron, Poutine, Trump et toutes celles et ceux qui nous gouvernent, et celles et ceux qui les entourent, sauront s’attribuer les mĂ©rites de la grande victoire sur la pandĂ©mie du Covid-19. Et ils sauront s’affirmer comme les personnes les plus lĂ©gitimes pour nous dicter encore plus de quelle façon notre monde et nos vies doivent tourner.

 

 

Le seul moyen pour que notre monde change vĂ©ritablement est donc que nos Puissants actuels (hommes politiques, PDG etc
.) se confrontent
.Ă  leur impuissance. Et ça, la pandĂ©mie peut aussi le dĂ©cider. Par ses effets directs ou indirects qui touchent et toucheront quantitĂ© de gens avant de les atteindre, eux, les Puissants. Et nous n’en sommes pas lĂ  pour l’instant, je crois. MĂȘme si, dĂ©ja, beaucoup de personnes souffrent depuis le dĂ©but de l’Ă©pidĂ©mie.

 

C’est donc la raison pour laquelle on a un Luc Ferry qui peut crĂąner comme il le fait dans sa chronique du Figaro. Et c’est la raison pour laquelle, pour l’instant, on nous parle, aprĂšs la pandĂ©mie, de « rattraper le temps perdu Â» etc
pour combler le dĂ©ficit Ă©conomique. Et, surtout, pour conserver exactement le mĂȘme mode de vie mais en plus radical. En plus extrĂȘme.

 

Pour l’instant, nos Puissants et nos « penseurs Â» qui voient comme unique monde futur possible notre monde actuel Ă  l’identique- mais en plus dur- me font penser au personnage de Cersei dans Games of Thrones  ( article Game of Thrones saison 8 ):

Jusqu’au bout, Cersei a cru au triomphe de sa vision. Et lorsqu’il lui a Ă©tĂ© impossible d’échapper Ă  la dĂ©faite de sa vision, brĂ»lĂ©e et dĂ©truite par la vision de Daenarys, une extrĂ©miste plus puissante qu’elle, elle aurait pu se jeter dans le vide. A la place, elle s’effondre sous les pierres de son propre royaume avec son chĂ©ri.

 

A la fin de Games of Thrones, il est trĂšs difficile de rĂ©ussir Ă  trouver parmi les survivants une personne restĂ©e indemne de tout trauma. Il y a surtout des personnes qui s’en sortent un peu mieux que d’autres. Il y a beaucoup de victimes. Et une haine meurtriĂšre Ă©loignĂ©e et amadouĂ©e (Ver-Gris).

 

La refonte du systĂšme de santĂ© dont parle le PrĂ©sident Macron Ă  l’issue de la PandĂ©mie ?

On va dĂ©jĂ  essayer de tenir jusqu’à la fin de la pandĂ©mie. Parce-que, que l’on soit d’accord ou pas les uns avec les autres, on est au moins d’accord sur le fait qu’il faut continuer de serrer les fesses en vue de sortir de cette pandĂ©mie. MĂȘme si l’on devine que certains pays, certaines Ă©conomies, certaines rĂ©gions et certaines personnes s’en sortiront mieux que d’autres.

 

Mais ce qui, dĂ©jĂ , me fait une drĂŽle d’impression, c’est le fait que l’on parle de prime pour les soignants Ă  l’issue de la pandĂ©mie. Si l’on nous octroie une prime, je l’accepterais Ă©videmment. Je ne vais pas la donner Ă  Luc Ferry.

Mais j’ai l’impression que si l’on en reste uniquement Ă  parler de « prime Â» pour les soignants, cela signifie que, d’une façon ou d’une autre, on veut acheter le silence des soignants tout en conservant le modĂšle sanitaire et social Ă  peu prĂšs tel qu’il est. Et tel qu’il a exposĂ© ses failles.

 

Et, comme l’ont dit d’autres personnes : Ă  cĂŽtĂ© des soignants, il y a d’autres professionnels dont il faudra revaloriser et revoir l’évolution de carriĂšre, le salaire, le statut social. Qu’il s’agisse des Ă©boueurs, des caissiĂšres, des conducteurs de transports en commun ( surtout lorsqu’ils ont pu se montrer corrects voire avenants contrairement au chauffeur de bus d’hier soir) des pompiers, des policiers, des enseignants, des agriculteurs etc
.enfin, toutes ces personnes qui sont soit au contact ou en premiĂšre ligne de la population, ou Ă  son service, au quotidien et qui, eux, ne bĂ©nĂ©ficient pas de remparts, de connexions, de raccourcis, d’intermĂ©diaires, de trucs, de passe-droits lorsqu’il s’agit de mener un combat ou de tenir un contrat social garant de la bonne santĂ© d’une sociĂ©tĂ©. Et dans le mot santĂ©, je pense Ă©videmment beaucoup au bien-ĂȘtre sous toutes ses formes.

 

 

Dans Le Figaro, toujours, de ce jeudi 26 mars 2020, page 24, donc une page avant celle oĂč l’on trouve la chronique de Luc Ferry, il y a cette interview de Marcel Gauchet, historien et philosophe, que je ne connaissais pas (contrairement Ă  Luc Ferry beaucoup plus mĂ©diatisĂ© que Marcel Gauchet). Dans cette interview intitulĂ©e «  Si cette crise pouvait ĂȘtre l’occasion d’un vrai bilan et d’un rĂ©veil collectif Â»  rĂ©alisĂ©e par Alexandre Devecchio, il y a ces passages que je restitue :

 

Alexandre Devecchio demande : La crise du coronavirus a rĂ©vĂ©lĂ© les failles d’un systĂšme de santĂ© que l’on croyait parmi les meilleurs du monde ainsi que notre extrĂȘme dĂ©pendance envers la Chine. Comment en est-on arrivĂ© lĂ  ?

 

RĂ©ponse de Marcel Gauchet : « (
.) Nous disposons d’établissements de pointe qui sont au meilleur niveau mondial. Mais cette brillante zone d’excellence (qui est celle que frĂ©quentent nos Ă©lites) cache un tableau d’ensemble moins reluisant) Â».

 

A.D demande Pourquoi l’Europe est-elle devenue l’épicentre de la crise sanitaire, tandis que des pays thĂ©oriquement moins dĂ©veloppĂ©s, comme la CorĂ©e du Sud, la surmontent avec de trĂšs faibles pertes humaines et sans confinement gĂ©nĂ©ralisĂ© ?

 

« (
.) C’est que la CorĂ©e est mieux dĂ©veloppĂ©e que nous ne le pensions. Elle monte tandis que nous descendons. Nous payons en Europe le prix d’un sentiment de sĂ©curitĂ© mal fondĂ© et d’un sens exacerbĂ© jusqu’à l’anarchie des libertĂ©s personnelles. La discipline confucĂ©enne est meilleure conseillĂšre en la circonstance. Ajoutons que la proximitĂ© avec la bombe biologique que constitue la Chine incite Ă  l’anticipation et Ă  la prudence Â».

 

Que rĂ©vĂšle la crise sanitaire des fractures de notre pays ?

 

« (
.) L’inĂ©galitĂ© entre riches et pauvres n’est pas une dĂ©couverte. Il est plus agrĂ©able de passer le confinement dans une grande maison avec jardin  Ă  la campagne qu’entassĂ© Ă  plusieurs dans un appartement exigu.

(
..) Mais il y a une fracture que je n’avais pas perçue Ă  ce point et que je trouve trĂšs inquiĂ©tante pour l’avenir, qui est la fracture gĂ©nĂ©rationnelle entre jeunes et vieux. Elle s’est manifestĂ©e en grand au travers des attitudes de dĂ©fi, presque, vis-Ă -vis des rĂšgles de protection qu’on a observĂ©es dans un premier temps. Sans que rien ne soit dit ouvertement, il Ă©tait visible qu’une population jeune se sentait peu concernĂ©e par le sort de la population ĂągĂ©e, victime prioritaire de la maladie pour le dire poliment. Les jeunes savent bien qu’ils seront vieux un jour. En attendant, ils voient un systĂšme social qui fonctionne massivement Ă  l’avantage des seniors, sans qu’eux-mĂȘmes soient assurĂ©s d’en bĂ©nĂ©ficier Ă  l’avenir. Il y a lĂ  un dĂ©calage dans les perspectives existentielles qu’il va falloir prendre trĂšs au sĂ©rieux Â».

 

Certains observateurs vont jusqu’à vanter le « modĂšle chinois Â». La Chine peut-elle sortir gagnante de la crise ?

 

 » La force totalitaire a toujours eu et continue d’avoir ses admirateurs. (
.) Et ne cĂ©dons pas bĂȘtement au miracle de l’efficacitĂ© chinoise. Ne pas oublier que c’est Ă  la volontĂ© initiale d’escamoter le problĂšme- caractĂ©ristique de ce genre de rĂ©gimes- que nous devons la pandĂ©mie mondiale. Le point de dĂ©part est un Tchernobyl sanitaire qu’il a fallu ensuite compenser par des mesures policiĂšres extrĂȘmes qui n’ont pas empĂȘchĂ© la diffusion planĂ©taire du virus. Les dirigeants chinois ont certainement l’intention de sortir gagnants de la crise. Ils le montrent dĂ©jĂ , en ne se privant pas de nous donner des leçons Â».

 

Quelles leçons pouvons-nous d’ores et dĂ©jĂ  tirer de cette crise ?

 

« (
.) ArrĂȘtons une bonne fois avec les Ăąneries sur le postnational. Les marchĂ©s ne font pas le travail. Seconde leçon qui dĂ©coule de la premiĂšre : la qualitĂ© de la vie dĂ©pend plus du niveau des Ă©quipements collectifs que des revenus individuels. Le systĂšme de santĂ© et le systĂšme d’éducation sont ce que nous avons ensemble de plus prĂ©cieux. C’est Ă  eux que doit aller la prioritĂ© Â».

 

 

 

Depuis le dĂ©but de cet article, l’album de Brigitte Fontaine, Terre Neuve, a Ă©tĂ© remplacĂ© par l’EP d’AloĂŻse Sauvage. Si les deux titres, PrĂ©sentement et Parfois Faut ont Ă©tĂ© plaisants Ă  l’oreille, je ne peux pas dire que je les ai vĂ©ritablement Ă©coutĂ©s, concentrĂ© que j’étais sur l’écriture de cet article. Voyons ce que ça donne avec l’album LithopĂ©dion  de Damso que j’avais Ă©coutĂ© une premiĂšre fois. Je me souviens avoir trouvĂ© court son titre Silence avec AngĂšle : «  Ta vĂ©ritĂ© n’est pas la mienne Â». Et un peu trop de gros mots jonchaient son Rap qui peut et sait s’en passer.

 

Ce matin, en arrivant devant la gare St Lazare, j’ai vu « venir Â» mon premier contrĂŽle policier avec file d’attente. J’ai Ă©tĂ© principalement contrariĂ© en voyant que la distance sociale Ă©tait peu respectĂ©e par deux personnes derriĂšre moi. Cela m’a poussĂ© Ă  me rapprocher de la policiĂšre aprĂšs l’avoir entendue rĂ©pĂ©ter qu’elle demandait au personnel hospitalier d’avancer jusqu’à elle. J’ai donc dĂ» dĂ©passer quelques personnes devant moi et suis entrĂ© rapidement dans la gare St Lazare.

 

 

Dans le train, j’ai constatĂ© ce que nous sommes dĂ©jĂ  plusieurs Ă  constater : Les gens refluent de plus en plus dans les transports en commun. Par nĂ©cessitĂ© Ă©conomique sĂ»rement.

 

Le titre Baltringue de Damso traĂźne des gros mots «  sales Â» mais la dynamique me plait bien. Il me semble qu’on y trouve du Booba. Je sais que les deux sont fĂąchĂ©s. Mais ce n’est pas une raison pour s’empĂȘcher de le voir.

 

 

Devant la gare St Lazare tout Ă  l’heure, deux personnes venaient de s’installer. «  Pour faire des images Â». J’ai demandĂ© Ă  l’homme pour quel mĂ©dia ils travaillaient. Il a diffĂ©rĂ© pour parler dans son tĂ©lĂ©phone :

 

«  Je suis Ă  St Lazare. On ma demandĂ© de faire des images Â».

 

Je suis parti avant qu’il ne me rĂ©ponde. La file d’attente m’a aspirĂ©. Puis la policiĂšre. Puis l’escalator. Le train. Puis cet article.

 

 

 Hier soir, j’avais pris avec moi un livre court :

 

Une femme d’ici et d’ailleurs «  La libertĂ© est son pays Â»  de FadĂ©la M’Rabet.

 

L’idĂ©e Ă©tait de lire autre chose que du Coronavirus Covid-19 comme je le fais depuis plusieurs semaines. MĂȘme si ça va mieux. Et que je me crois moins obsĂ©dĂ© par lui.

 

Sauf qu’il m’a fallu environ trois heures pour m’apercevoir que ma collĂšgue d’hier soir, au travail, me parlait Ă  plus de 90% uniquement de ça. Du Covid-19. Ce matin, quinze minutes avant que n’arrivent nos collĂšgues de jour, rebelote. J’ai fini par lĂącher la carte :

 

  • Tu arrives Ă  penser Ă  autre chose ?
  • Oui m’a-t’elle rĂ©pondu. 

Puis, elle de me dire qu’il paraĂźt qu’on pouvait dĂ©sormais se procurer du CHA. Du CHA ? Oui, du gel Hydro-alcoolique. Et comment tu fais quand tu fais tes courses m’a-t’elle ensuite demandĂ© ? Quand tu rentres chez toi ?

 

 

C’est seulement sur les dix minutes qui ont prĂ©cĂ©dĂ© l’arrivĂ©e de notre premiĂšre collĂšgue de jour, que nous avons pu vĂ©ritablement parler d’autre chose. CinĂ©ma.

 

Dans le train du retour chez moi, j’aurais pu ouvrir le livre de FadĂ©la M’Rabet. J’aurais aussi pu Ă©couter de la musique via mon baladeur audiophile. Mais il y a ce besoin d’ĂȘtre vigilant frĂ©quemment. Par rapport Ă  la distance sociale.

 

Hier soir, j’ai appris que la jeune qui nous avait sollicitĂ©  mardi, toutes les 30 secondes, notre autre collĂšgue de nuit et moi, Ă  partir de 3 heures du matin, et avec qui la proximitĂ© physique Ă©tait inĂ©vitable, avait Ă©tĂ© testĂ©e au Covid. Par la technique de l’écouvillon dont les rĂ©sultats ont, comment dire, une marge d’erreur.

 

Les rĂ©sultats sont revenus nĂ©gatifs. Mais au vu de la fiĂšvre de cette jeune et de sa perte d’odorat, « notre Â» mĂ©decin-chef a rappelĂ© qu’il valait mieux la considĂ©rer comme « positive Â». D’autant que l’intensitĂ© et l’expression des symptĂŽmes peut varier d’une personne Ă  une autre.

 

Je suis peut-ĂȘtre contaminĂ©. Je l’étais dĂ©jĂ  peut-ĂȘtre avant. Il me reste encore quelques jours avant de « savoir Â» si je ressens certains des symptĂŽmes courants :

FiĂšvre,  difficultĂ©s respiratoires, Ă©puisement, perte d’odorat, de goĂ»t, courbatures ou autres. Mais peut-ĂȘtre que mon symptĂŽme principal consistera-t’il Ă  faire des images.

 

Ps : ces photos ont Ă©tĂ© prises soit en me rendant au travail soit en en revenant.

 

Franck Unimon, lundi 6 avril 2020.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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