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Pour les Poissons Rouges

Les zozos

Paris, Place de la Concorde, le 28 ou le 29 novembre 2021.

 Les Zozos

 

Les micros et les images sont devenus, ou restés, nos idoles.

 

Des zozos,  Ă©chappĂ©s des zoos de nos pensĂ©es ou de sables oubliĂ©s, s’accaparent les micros et les images autour desquels nous danserons comme dans un bal.

 

Les zozos frĂ©quentent les plateaux de tĂ©lĂ© et les endroits rĂ©servĂ©s aux privilĂ©giĂ©s oĂą l’on s’exprime. On y mange bien. On s’y maquille ou on les maquille. On y fait des rencontres. On leur ouvre les portes. On leur Ă©crit certaines fois leurs discours, leurs interventions ou leurs articles. On les coache et les conseille. On les Ă©pouse. On  est content de les reconnaĂ®tre et de leur dire tout le bien que l’on pense d’elles et d’eux. Ils et elles font ensuite leur numĂ©ro devant d’autres invitĂ©s très sĂ©lectionnĂ©s. Des spectateurs les Ă©coutent et les regardent avec une très grande Ă©coute et un plus haut soin. Ecoute et soin que ces spectateurs sont peut-ĂŞtre incapables d’attribuer Ă  leur propre vie comme Ă  leurs proches.

 

Les zozos ont un pouvoir de dĂ©tournement de fond la pensĂ©e, de l’attention et de la crĂ©ativitĂ© extraordinaires !

 

Le second bal :

 

Le second bal est d’une si grande banalité qu’il semble arrimé à la perpétuité.

Depuis quelques jours, le froid git de plus en plus dans nos viscères et dans nos os. Ce matin, sur mon vélo, après le travail, il devait faire quelques degrés au dessus de zéro.

 

« DĂ©construire Â», « Changer les codes Â», « changer de logarithme Â»,  sont les formules ou les nouveaux habitants rĂ©gulièrement convoquĂ©s et admis. LĂ  oĂą ça « compte Â» :

 

LĂ  oĂą «  ça se sait Â», lĂ  oĂą cela « s’entend Â» et se « voit Â» que l’on pense et agit. Si cela ne se « sait Â» pas, ne « s’entend Â» pas ou ne « se voit Â» pas, c’est que cela n’existe pas. C’est la règle absolue de notre bal ordinaire et quotidien.

 

Eux, on ne les voit pas et on ne les entend pas, les Tony Allen de la construction. Dans ces moments-là, on ne leur demande pas s’ils s’appellent Xavier-Pavel, Krishna-Gérald, Mamadou-Anne, Eric-Mustapha, Paolo-Valérie, Emmanuel-Joao. S’ils ont cinq femmes, chacun. S’ils sont musulmans, athées, bouddhistes, végétariens, carnivores, chrétiens ou superstitieux. S’ils écoutent du Rap, du Fado, de la musique congolaise ou de la musique classique. S’ils savent lire et écrire. Si leurs enfants sont dans de bonnes écoles. Et s’ils comprennent quand on leur parle. S’ils fument du cannabis ou boivent de l’alcool. S’ils sont transgenres, homos ou queer. S’ils contactent des cam-girls ou des cam-boys. S’ils jouent à la play-station. S’ils sont en règle.

 

Ils travaillent.

 

Et, nous, nous passons ou partons au travail.

 

Ensuite, quand leur travail sera terminé, leur prochaine mission sera de laisser la place aux touristes, à de nouveaux habitants, à des usagers, aux consommateurs et à des orateurs qui parleront de grandeur ou, au contraire, de décadence en pensant à De Gaulle. Un homme qui, il y a plus d’un demi siècle a à la fois contribué à délivrer la France mais a aussi interdit à des arabes et à des noirs- qui s’étaient battus pour la France- de défiler sur les Champs Elysées pour fêter la libération.

 

Mais cela ne change rien au fait que, eux lĂ , qui travaillent maintenant près des Champs ElysĂ©es,  rĂ©apparaitront plus tard. Quel que soit le numĂ©ro de la vague de la pandĂ©mie. Dans un autre chantier, un fait divers, une citĂ© ou sur un Ă©chiquier Ă©lectoral. Et ainsi de suite.

Paris, Place de la Concorde, le 28 ou le 29 novembre 2021.

 

Franck Unimon, mercredi 1er décembre 2021.

 

 

 

 

 

 

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