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Rodolphe Burger, Sofiane Saïdi et Mehdi Haddab en concert au New Morning ce 15 décembre 2022

Rodolphe Burger avec Sofiane Saïdi et Mehdi Haddab au New Morning ce 15 décembre 2022

Sofiane Saïdi, Rodolphe Burger et Mehdi Haddab au New Morning, ce 15 décembre 2022 à la fin du concert. Photo©️Franck.Unimon

 

La musique et ses artistes. Nos choix, nos mesures. Ceux que l’on a retenus, ceux qui nous ont laissé leur morsure et d’autres, leur monture. Je reste inconsolé, désormais, chaque fois que je repense à Finley Quaye qui avait tout pour lui et qui a tout perdu à la fin des années 90 :

Le charme, le toucher de guitare Jazz,  la « soul », le Reggae, l’électronique, la voix, la chaleur, la crédibilité, la célébrité à moins de 25 ans aux côtés de piliers comme Massive Attack, Tricky, Portishead, Björk. Björk dont, désormais, le montant des places de concert,  ressemble à celui de certains restaurants luxueux que seules peuvent s’offrir des personnes aisées et mondaines qui vont se faire « Un Björk » comme on va « se faire un Picasso » ou des fans prêts à se mettre à découvert et à endetter leur descendance sur trois générations pour rester fidèles à « leur » artiste.

Finley Quaye ne connaîtra pas ça. Cette vie de star était peut-être trop dure pour lui. Et, il n’est pas le seul à qui cela est arrivé et à qui cela arrivera.

Cela n’arrivera pas ou ne devrait pas arriver à Rodolphe Burger, Sofiane Saïdi et Mehdi Haddab. Des trois, et il faudra m’excuser pour cela, le premier est celui que je connais le « mieux ». Même si c’est peu, je ne compte pas m’inventer un Savoir artificiel pour parler d’eux.

Mehdi Haddab, à droite, la main sur son oud, Rodolphe Burger au milieu, puis Sofiane Saïdi au New Morning, ce 15 décembre 2022 à la fin du concert. Photo©️Franck.Unimon

Mehdi Haddab, je sais qu’il a joué avec Smadj, qu’il a électrifié son Oud dont il est l’un des plus grand maitres actuels depuis une bonne vingtaine d’années. J’ai lu qu’après avoir d’abord été guitariste rock qu’il avait ensuite appris à jouer de son instrument avec les plus grands Maitres. En particulier, en Egypte. En cela, même si son parcours est évidemment singulier et personnel, il peut rappeler l’Anglaise Susheela Raman, lorsque celle-ci était partie perfectionner son chant en Inde avant de se faire connaître internationalement.

 

Mehdi Haddab, franco-algérien, avant d’être un très grand musicien, a été un très grand cosmopolite. Sur le net, je suis tombé sur une interview de lui (datée de 2016) par la journaliste Anne Berthod pour Télérama.  Ses propos concernant un concert de m’balax « pur et dur, hardcore, musicalement très élevé » de Pape Diouf au Thiossane, commencé à 2 heures du matin pour se terminer à 6 heures, m’ont donné envie d’être avec lui à ce moment-là. Mais, pour cela, encore faut-il être prêt à voyager par la musique à deux heures du matin en pays étranger.

Sofiane Saïdi et Mehdi Haddab au New Morning, ce 15 décembre 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

Nos rencontres et nos soirées, tant que l’on en connaît, nous permettent de nous dispenser de ce genre de décalage horaire comme de ce genre de trajet à forte valeur ajoutée kilométrique, ou, au contraire, à les rechercher. Typiquement, ces rencontres et ces soirées à forte tendance musicale correspondent à cette période grosso modo située entre nos premières bouffées de chaleur dues à la préadolescence jusqu’ à leurs effets ou conclusions couronnées ou non de succès au début de l’âge adulte. Un âge adulte qui varie encore selon les individus mais qui débouche quand même à peu près toujours et sensiblement sur la même espèce de conclusions. Celles-ci consistent généralement à se retrouver dans le monde du travail, après avoir connu si possible quelques accouplements uniques ou répétés plus ou moins satisfaisants, plus ou moins secondaires, avec ou sans progéniture active, mais avec de la fatigue, quelques kilos et du ventre en trop. Et, aussi,  pour certaines et certains, en ayant « attrapé » des addictions au passage.   

 

Passé ce cap où l’on sort le soir comme l’ensemble des personnes de notre entourage et d’à peu près notre âge, il reste un noyau dur. Tant du côté des artistes que du côté de celles et ceux qui viennent les voir et les écouter. Celui pour lequel, la musique reste une matière indispensable. Pour laquelle, on acceptera de continuer de se déplacer qu’il s’agisse dans un festival, un concert ou, simplement, une médiathèque ou un fournisseur physique ou numérique d’accès à la musique.

 

Rodolphe Burger, Sofiane Saïdi et Mehdi Haddab sont des artistes et des personnes pour lesquelles la musique est une matière indispensable. Il ne s’agit pas d’une mode pour eux.

 

Sofiane Saïdi au premier plan au New Morning, ce 15 décembre 2022. En arrière plan, Mehdi Haddab. Photo©️Franck.Unimon

Sofiane Saïdi, Algérien, je l’ai découvert ce 15 décembre sur scène. Mehdi Haddab, je l’avais même croisé sur scène en faisant partie des figurants d’une pièce de théâtre à laquelle il participait en tant que musicien au Figuier blanc, à Argenteuil. Une version modernisée d’Othello avec le rappeur Disiz la Peste dans le rôle d’Othello, mais aussi avec l’acteur Denis Lavant et la musicienne Sapho et d’autres comédiens et danseurs. Mais Sofiane Saïdi, inconnu pour moi. Sur scène, au New Morning, ce 15 décembre, c’est lui qui rappellera la grande Cheikha Rimitti mais aussi que des personnes sont mortes en Algérie pour s’être exprimées au travers du Raï. Et, leur première partie, dont j’ai oublié le prénom et le nom, lui, rappellera Rachid Taha.

 

Rodolphe Burger, voix et guitare, c’est d’abord un Alsacien. Mais aussi le meneur ou l’un des meneurs du groupe Kat Onoma. C’est comme ça que j’avais entendu parler de Rodolphe Burger, la première fois. Dans les années 90-2000. Le titre Scie électrique m’avait particulièrement attiré. Rodolphe Burger ne chante pas tout à fait. Il « parle-chante » à la façon d’un Alain Bashung (ou d’un Serge Gainsbourg sans les excès de langage) que j’écoutais davantage dans les années 90-2000 et que j’étais allé voir en concert.

Rodolphe Burger au New Morning, ce 15 décembre 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

Je n’avais pas trop écouté les paroles chantées-parlées par Burger. C’était la musique, principalement, qui avait occupé mon attention. Après cet album intitulé Kat Onoma, je n’avais pas essayé d’en savoir plus sur Rodolphe Burger.

 

Puis, j’ai été surpris de tomber sur lui dans un des films de Rabah Ameur-Zaïmeche, un réalisateur dont j’ai vu la plupart des films au cinéma. Il devait s’agir du film Dernier maquis (2008) ou Les Chants de mandrin (2012). On y voyait Rodolphe Burger jouer seul de la guitare en plein désert. Un peu à la façon du titre White dans l’album Aura de Miles Davis.

 

Malgré cette surprise, je n’ai pas été plus curieux que ça envers Rodolphe Burger.

 

Jusqu’à l’année dernière.

Rodolphe Burger au New Morning, ce 15 décembre 2022. Photo©️Franck.Unimon

J’ai oublié ce qui s’est passé. La radio n’y est pour rien. Pas plus qu’un éventuel « tube » de Rodolphe Burger. Par contre, il y a quelques mois, j’ai emprunté l’album Before Bach qui date de 2004 dans lequel Rodolphe Burger, Erik Marchand, le chanteur breton et…Mehdi Haddab jouent ensemble sur plusieurs titres pour ne pas dire tous les titres de l’album.

Mehdi Haddab au centre, et Rodolphe Burger au New Morning ce 15 décembre 2022. Photo©️Franck.Unimon

Il suffit d’une circonstance, d’une rencontre, d’une soirée ou d’un titre pour qu’ensuite tout s’enclenche. Ce peut donc être cet album où le fait d’avoir vu une photo en noir en blanc de la musicienne Sarah Murcia, au Triton, aux Lilas, l’année dernière, puis d’avoir découvert ensuite sa reprise avec Rodolphe Burger du titre Billie Jean de Michaël Jackson qui m’a « rattrapé ».

 

Aujourd’hui, avec ses cheveux blancs, sa longévité, ses diverses traversées de par le monde, et son absence voire son silence dans les média qui font le buzz, je vois Rodolphe Burger comme une sorte d’Eric Tabarly. Un Tabarly qui continue de multiplier les projets sur les divers océans de la musique. Sa musique n’est pas gentille. Même si elle peut être douce et méditative, ou drôle et absurde, elle laisse aussi fermenter ses récifs qui se dirigent droit sur nous alors que l’on ne s’y attend pas.  

 

Quitte à me contredire sur la « gentillesse », je vous invite aussi à écouter l’album Environs sorti en 2020. Pour l’instant, Lost & Looking (avec Sarah Murcia)  et La Chambre (avec Christophe et Philippe Poirier)  y sont mes titres préférés.  

Sofiane Saïdi et Mehdi Haddab au New Morning, ce 15 décembre 2022. Photo©️Franck.Unimon

Il eut été regrettable de rater ce concert du 15 décembre au New Morning. Lequel était complet. Plutôt majoritairement masculin, d’une moyenne d’âge de 40-45 ans, il se trouvait un public féminin bien présent. Les trois artistes ont vraisemblablement attiré leurs publics conjoints et respectifs. La place de concert a coûté 40 euros.

Franck Unimon, ce mardi 17 janvier 2023.

 

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