« Ohhh, le survivaliste ! » s’est marré A… au téléphone, un de mes amis, alors que je venais de lui apprendre que j’avais prévu de me rendre à la Survival Expo 2023. Evénement qui, cette année, pour la première fois, allait se dérouler dans le parc floral de Vincennes. Non loin de son château, de son bois, de sa caserne militaire aussi mais également de la cartoucherie de Vincennes où se trouve, entre-autres, la compagnie du théâtre du Soleil dirigée par Ariane Mnouchkine. Mais bien-sûr, tout cela, en plus du fait que jusqu’alors j’avais connu le parc floral principalement pour ses très bons concerts estivaux (dont un du Cubain Chucho Valdès) n’entraient pas en ligne de compte. Comme l’anecdote qui veut quand même que cet ami et moi nous étions rencontrés pour la première fois, plusieurs années auparavant, lors de notre service militaire à l’hôpital inter-armées Bégin qui se trouve assez proche, à Saint-Mandé.
D’ailleurs, il avait pu arriver à cet ami et moi de passer par la caserne de Vincennes au début de notre service militaire.
Si on a suivi jusqu’alors ce que j’ai écrit, un rapide calcul mental très simple nous apprend que j’ai pris plusieurs mois pour me décider, aujourd’hui, à parler dans mon blog de la Survival Expo 2023. Nous sommes en octobre, en automne. Et cette manifestation a eu lieu quelques semaines avant le début de l’été le 9 et le 10 juin dernier….
Cela donne une idée des précautions que j’ai préféré prendre avant de me lancer. ( J’en parle ou je n’en parle pas ?).
Mais en complétant ce calcul mental « très simple », on peut aussi déduire que je suis au bord de l’âge, presque vieillard. Peut-être suis-je une personne presque sénile après tout ? Pour l’instant, je ne peux pas encore le savoir. Cependant, ce qui est certain, c’est que la personne qualifiée de survivaliste est une bête curieuse.
On peut mettre de tout dans une personne survivaliste.
Comme dans une dent creuse. On peut décider qu’il s’agit d’une personne complotiste, raciste, misogyne, esclavagiste, despotique, timbrée, paranoïaque, dangereuse. On peut la voir comme une personne complètement à côté de la plaque. Ou comme son opposé, la super aventurière ou l’héroïne sexy et indépendante, sosie de Lara Croft, Gamora ou Bear Grylls, Mike Horn des vrais hommes robustes, aptes à tout, comme ils devraient tous l’être au lieu de ceux que l’on a, des fétichistes de la bandelette et du bandana.
Oui, je connais un petit peu quelques classiques. Je suis donc d’abord très suspect avant d’être pré-sénile.
Mais j’ai néanmoins- j’y tenais- répondu à mon ami :
« ça fait du crossfit – entre trois à cinq fois par semaine– ça, se laisse pousser une barbe de plusieurs mois (qu’il prend soin d’aller sefairetailler chez son barbier attitré régulièrement) et ça me traite de survivaliste!».
Mon ami a commencé à rigoler. Je devrais peut-être ajouter aussi que mon ami a plutôt le crâne rasé. Alors que quand je l’avais connu, il avait des cheveux, fumait et avait emmagasiné quelques kilos en trop. Et, le sport, pour lui, était une destination touristique à haut risque ou un programme que l’on regardait à la télé.
Cependant, mon ami m’avait exprimé spontanément ce qui peut se profiler dans la tête de beaucoup lorsqu’on leur parle de survivalisme. Si pour certains, le survivalisme est une nécessité ou une évidence, pour d’autres, c’est une démarche louche.
Cet article, mon article, ne pourra ni combattre ni épuiser ce qui peut être reproché au survivalisme par beaucoup. Car cet article, mon article, raconte surtout ma perception du survivalisme. Perception qui peut évoluer selon mes expériences et certains événements.
Pour tout « arranger » ou pour rajouter un peu de trouble et de mystère, j’ai profité d’une étonnante et plutôt rare insomnie pour commencer, cette nuit, à rédiger cet article alors qu’il était quatre heures du matin. Alors que je suis en vacances depuis plusieurs jours et encore pour une bonne semaine. Je suis donc, en principe, tout ce qu’il y a de plus détendu d’autant que personne chez moi n’a de problème de santé particulier ou déclaré.
J’ai bien attrapé le Covid pour la première fois – à ma grande surprise- début septembre, mais c’était une forme minorée qui m’a permis en plus d’avancer de quelques jours mes vacances. Et, je sais avoir participé auparavant à un déménagement par plus de trente degrés. Ce qui a sûrement contribué à rajouter de l’épuisement à un état de fatigue préétabli par une alternance de travail de jour et de nuit ainsi que quelques heures sup travaillées durant cet été.
Professionnellement, je sais aussi qu’un poste attractif m’attend début janvier et mon banquier me laisse tranquille. Je n’ai donc pas de raison particulière, pas plus que d’habitude, pour être angoissé ou me réveiller en sueurs en pleine nuit comme on peut le voir dans certains films. Je n’ai pas les inquiétudes de l’acteur Michael Shannon dans le film Take Shelter de Jeff Nichols. Ni celles des protagonistes de The Creator de Gareth Edwards. Un film ( The Creator) qui m’a assez ennuyé, exceptions faites du regard ( et de la réflexion) qu’il porte sur l’intelligence artificielle, les relations multiculturelles et multiraciales mais aussi sur le handicap, j’ai vu dans ce film une nouvelle énorme machinerie cinématographique dans laquelle les Américains refont à nouveau leur guerre du Vietnam. Je ne vois pas trop non plus ce que l’on trouve à l’acteur David John Washington si j’ai son père ( Denzel) en tête. J’ai donc préféré nettement Anatomie d’un couple de Justine Triet et encore plus L’été dernier de Catherine Breillat. Pourtant, ces deux films n’ont rien à voir avec The Creator et Breillat est une personnalité aussi insupportable que remarquable. Et, j’attends avec impatience la deuxième partie de Dune par Denis Villeneuve, un réalisateur, dont les films, pour l’instant, m’ont tous plu. Contrairement à Christopher Nolan dont j’ai trouvé le Oppenheimer beaucoup trop clinquant.
Le dimanche
Selon l’ouvrage La Peur et la Haine de Mathieu Burgalassi, paru en 2021, « anthropologue français spécialiste de la pensée politique, des questions sécuritaires et de la violence », les principales motivations des personnes survivalistes radicales seraient le racisme et la peur de l’autre.
J’ai aimé lire son ouvrage il y a plusieurs mois maintenant. Jusqu’à maintenant, je n’avais pas pris le temps d’en parler dans mon blog.
J’avais lu son La Peur et la Haine bien avant de connaître les dates du Survival Expo de ce mois de juin.
C’est un livre qui m’a étonné car pendant plusieurs jours, alors que je continuais de le parcourir, je me demandais s’il s’agissait d’un roman noir étant donné la façon dont c’était écrit, dans un style très entraînant ou s’il s’agissait véritablement d’une enquête anthropologique.
Je me suis même demandé si Burgalassi avait inventé ce qu’il racontait. Car je ne m’attendais pas à cette façon de présenter ses expériences.
Dans son livre, Burgalassi nous explique avoir poussé particulièrement loin l’expérience du survivalisme. Il nous dit d’abord ce qui l’a amené à entrer dans cet univers. Une agression physique dont lui et un de ses amis auraient été victimes une nuit en revenant d’une soirée ratée. Ainsi que le fait d’avoir grandi dans une certaine insécurité économique et sociale. Burgalassi, d’origine immigrée, est issu d’un milieu social très moyen. A le lire, les fins de mois ont été régulièrement assez difficiles autant pour manger que pour se divertir. Certaines personnes sont habituées à des soirées feutrées ou tout va bien, Burgalassi a plutôt dû se rabattre sur certaines soirées craignos. Ce genre de soirée où l’on peut pronostiquer dès le départ, avant même de s’y rendre, qu’il va y avoir une embrouille car celle-ci est incluse dans le contrat.
Selon Burgalassi, il a commencé à se sortir de ça en développant ses compétences dans le survivalisme. En débutant par les sports de combat et la Self Défense de type Krav Maga. En s’y montrant assidu. Et, tout porte à devenir assidu si l’on craint pour sa peau.
Puis, avec le temps et devenu anthropologue, il a voulu en savoir plus sur le survivalisme et, pour cela, a rencontré des gens qui sont véritablement dedans. En France mais aussi à l’étranger, aux Etats-Unis. Dans certaines conditions limites ou très dangereuses par moments.
J’avais entendu parler de Burgalassi par un article lu dans Télérama. Il y était fait référence à un podcast dans lequel on pouvait entendre Burgalassi parler aussi de son livre. J’ai écouté le podcast d’une vingtaine de minutes, je crois. Et, si ce que disait Burgalassi dans ses conclusions m’intriguait mais ne me dérangeait pas, car fondé a priori sur son enquête, j’avais par contre été agacé par les réactions des journalistes- quel(le)s cruches !- qui l’interviewaient ( je me souviens de femmes et d’hommes) trop contents de dépeindre les survivalistes comme des abrutis chevronnés et dangereux. Tout allait au mieux dans le monde, il y avait juste quelques crétins, là, des survivalistes, qui s’imaginaient qu’il fallait flinguer les autres à bout portant et dont il fallait éviter de s’approcher. Pour cela, il convenait de les laisser dans leur coin, là où ils se terraient de toute façon, à l’abri de la civilisation et, surtout, de la raison. Ils finiraient bien par crever en attrapant le tétanos après s’être blessés avec une de leurs boites de conserves qu’ils auraient essayé de perforer avec leurs dents ou en développant un cancer après avoir bu l’eau de leur puits bourrée de phosphates pendant plusieurs années.
Je suis un survivaliste du dimanche. Comme il existe des sportifs du dimanche. Ce que je « sais », je l’ai beaucoup lu ou regardé.
Cela signifie que, comme beaucoup de personnes peuvent le faire avec le sport ou lorsqu’elles prennent certaines résolutions, en matière de survivalisme, je suis un faible. Mais je vais un peu mieux m’expliquer avant de repartir me planquer.
Je suis né en ville et ai toujours vécu en ville. Lorsque je me trouve en présence de plantes ou d’arbres, je suis incapable de retenir le nom des plantes ou des arbres que je vois, lorsque j’en vois, comme de les décrire. Cela peut être pareil pour certains oiseaux. A part reconnaître les pigeons, peut-être parce-que je me reconnais en eux, je ne sais pas très bien reconnaître tel ou tel type d’oiseau que je croise. Je ne sais pas faire un feu. Je ne sais pas construire une cabane en bois avec quelques branches. Si on me parle de tarp, je suis capable de faire la différence avec un pétard. Je vois très bien de quoi il s’agit parce-que j’ai lu et regardé des images, j’en ai peut-être même acheté un, car-on-ne-sait-jamais, mais je ne m’en suis jamais servi.
Je sais casser des œufs, je peux réussir à planter un clou dans un mur, je sais lacer mes chaussures tout seul, je peux porter un seau rempli d’eau, mais je ne suis pas très manuel. Au fond, et par bien des aspects, je suis un assisté. Je m’en remets à des personnes plus compétentes que moi, à des artisans, à des commerçants, à des animateurs, aux services publics, à l’Etat, aux autres, à ma fainéantise, à ma patience mais aussi à mes soumissions.
J’ai quand même quelques capacités. Je ne suis pas un incapable majeur ou complet. Autrement, je ne serais même pas là à écrire cet article.
Mais si je peux encore m’émerveiller devant celles et ceux qui font du scoutisme dès leur enfance ou en repensant au fait que mon grand père paternel, maçon lorsqu’il travaillait, avait construit sa maison pratiquement tout seul, durant ses congés, je me sens incapable de faire de même. De construire l’équivalent de cette maison où, à Morne Bourg, j’ai passé mes premières vacances en Guadeloupe alors que j’allais avoir 7 ans. Pourtant, mon grand père paternel savait à peine lire. Et il ne savait pas écrire. J’ai donc une culture générale et une situation économique et sociale qui lui sont, officiellement, très nettement supérieures, et, sans doute ai-je pu être une de ses fiertés et, pourtant, il est pratiquement évident que le survivaliste le plus accompli entre lui et moi, c’était lui, de très loin. Et, je ne parle pas d’un homme qui vous guettait dans la pénombre avec un fusil de chasse. Mais de quelqu’un que j’ai connu retraité, qui menait sa vie tranquille avec ses voisins, sa famille, qui se rendait régulièrement sur sa mobylette- sans porter de casque- jusqu’à son jardin où il avait établi une petite cabane en tôle et bois dans laquelle il se posait. Et où se trouvaient les ananas ou les légumes qu’il avait pu cultiver ainsi que ses « poules » qu’il appelait en sifflotant pour les nourrir de grains de maïs tandis que ses coqs de combat, eux, étaient dans leur cage. Je parle d’un homme de la campagne, qui, de temps à autre, partait faire un tour à Marie-Galante, et avait plus de soixante ans, lorsque, pour la première fois, il a pris l’avion pour venir en France, en île de France, où plusieurs de ses enfants- dont mon père- étaient partis vivre.
On est ici très loin du portrait de forcenés qui aspirent à vous «déflagrer » ou à vous délocaliser les vertèbres cervicales.
Nos besoins
Les journalistes qui ont « entouré » Burgalassi m’avaient agacé car je les imaginais, relativement jeunes (la trentaine), citadins calfeutrés (ça existe), privilégiés, très sûrs d’eux mais en fait très ignorants et peuplés de préjugés. S’ils étaient a priori dépourvus de toute intention de se servir d’une arme à feu contre autrui, leur immaturité (je crois que l’on peut dire ça) légitimée gratuitement et avec facilité au travers d’un médium capable de toucher une grande audience m’est apparue assez irresponsable.
Dans d’autres circonstances, je me rappelle encore avoir entendu une jeune femme dire un jour fièrement :
« Ce n’est pas parce-que je porte une jupe que je ne sais pas changer une batterie de voiture ! ».
Pour moi, cette jeune femme avait un état d’esprit survivaliste. Je suis persuadé que ces journalistes qui ont reçu Burgalassi ne savaient pas changer une batterie ou une roue de voiture. Par contre, beaucoup de personnes survivalistes, à mon avis, armées ou non, s’appliqueront à apprendre à le faire ou à penser à une solution alternative en cas de besoin.
Le terme « besoin » devrait être plus souvent employé lorsque l’on parle de survivalisme à mon avis. De quoi avons-nous vraiment besoin ? Comment satisfaisons nous nos besoins ? Avec quels moyens? A quelles conditions ? A quel prix ?
Je me méfie des « c’était mieux avant ». Cependant, lorsque je nous vois pratiquement tous, la tête penchée et rivés, quasi cramponnés à nos téléphones portables dans les transports en commun où dès qu’il nous faut attendre cinq minutes ou plus, je me dis que nous nous sommes faits capturer.
Je ne crois pas que la satisfaction de nos besoins nécessite que nous soyons autant, aussi souvent et à une telle fréquence, en train de regarder nos téléphones portables. Je l’ai même vu chez des couples dans les transports en commun. Un malaise s’installe au sein du couple, hop, baguette magique, je sors mon téléphone portable et je pianote dessus ou regarde quelque chose. Il vaut mieux ça que de se prendre le malaise- ou le problème- de face.
Le silence, l’observation, la patience et la contemplation sont les ennemis de nos écrans mais aussi de nos « navigations » compulsives sur internet.
Je crois qu’ils font partie de nos besoins mais nous passons outre. Des cascades d’images et de stimulations à volonté se chargent de faire barrage entre eux et nous. Il ne faut surtout pas penser. Il ne faut surtout pas y penser. Il faut vibrer.
J’en suis déjà à cinq pages pour cet article. Et, je me dis que cela fait déjà suffisamment. Il est certain que je vais retrouver plus facilement le sommeil cette fois. Mais je crois aussi que plus de pages, pour cet article, cela fera trop d’un seul coup. Il vaut mieux que je passe par une première partie que je termine maintenant.
Fin de la première partie. A bientôt. Avant la fin du monde, bien-sûr. Sourire. En attendant la deuxième partie, on peut lire quelles avaient été mes impressions lorsque, l’année dernière, je me rendais pour la première fois au Survival Expo Paris, alors situé du côté de la Villette Survival Expo Paris 2022 .
Jean-Pierre Vignau, 77 ans, Maitre d’Arts Martiaux, et en particulier de Karaté, est une des personnes les plus libres que je connaisse. Mais pour cela, il lui faut un dojo.
Le dojo est un jardin. On y cultive celles et ceux qui sont volontaires pour venir y prendre racine en tant qu’élèves auprès d’un Maitre. Lorsque l’on a la possibilité et la chance d’avoir un Maitre disponible et qui nous accepte.
Dans un commerce, on « trouve » et on achète des outils, des produits ou des objets. Certains sont utiles et indispensables. D’autres pas. Il est des outils dont il faut aussi apprendre à se servir et d’autres qui se révèlent défectueux.
Un Maitre est le contraire d’un commerce : Dans un commerce, tout est fait pour nous donner envie de tout acheter ou de vouloir « toujours » plus. Un Maitre, lorsqu’on le rencontre, a déja commencé à faire une grosse partie du tri. Et, il réserve ce qui est utile ou selon lui indispensable à ses élèves selon ce qu’il a compris d’eux afin qu’ils vivent au mieux dans le monde qui les entoure.
Couverture du journal « Le Parisien » du lundi 4 juillet 2022.
Je crois aussi que l’on choisit son Maitre. On choisit le commerce, le bling-bling, la carrière, la carotide, la vitrine ou le souffle. On peut réussir plus ou moins à concilier le tout mais, selon moi, un Maitre, c’est au minimum un souffle. Un souffle qui perdure et qui sert de socle alors que d’autres s’évaporent ou disparaissent.
Il y a des Maitres de l’abîme. Il ne faut pas hésiter à le penser ou à le dire. Puisque, de toutes façons, ils et elles existent. Ces Maitres de l’abîme, ainsi que leurs intermédiaires, ont leurs attraits et peuvent être irrésistibles. Qu’ils nous séduisent ou qu’ils soient fort présents en nous. Car l’être humain est multiple.
Dans le journal « Le Parisien » de ce 4 juillet 2022.
J’ai choisi Jean-Pierre Vignau pour ses vies. Pour son âge. Pour sa personnalité. ( Sensei Jean-Pierre Vignau : ” Mon but, c’est de décourager !” ) Pour son souhait de donner à ses élèves de quoi se défendre sans s’illusionner. Pour ses cours du matin. Pour aller à Paris, moi qui n’ai été qu’un banlieusard de passage à Paris depuis ma naissance.
Cela fait soixante ans que Jean-Pierre Vignau est dans les Arts Martiaux. Et plus de vingt ans qu’il a ce dojo, le Fair Play, à Cité Champagne, dans le 20ème arrondissement de Paris. Auparavant, il avait eu un autre dojo, plus grand, dans Paris. Plusieurs de ses élèves, présents avec lui depuis plus de dix ans, m’en ont parlé.
La pandémie du Covid nous a beaucoup fait parler depuis plus de deux ans. Et même lorsque l’on se tait à son sujet, elle réapparait. Elle, aussi, est un Maitre à sa façon et fait le tri ou nous oblige à le faire. Ces deux années de pandémie, nous a expliqué Jean-Pierre, ont fait chuter le nombre de pratiquants et d’adhérents. A 4500 euros le loyer, multiplié par deux ans, Jean-Pierre a à s’acquitter d’une somme proche de 100 000 euros. Il ne les a pas.
Jean-Pierre a donc dû annoncer il y a quelques semaines aux enfants à qui il enseigne que le dojo allait devoir fermer. Certains de ces enfants en ont parlé à leurs parents. Les mères de ces enfants ont entrepris des démarches pour empêcher cette fermeture.
Jean-Pierre n’est pas le seul Maitre d’Arts Martiaux concerné par ce risque économique. Avant lui, Maitre Léo Tamaki, avait dû trouver un autre lieu pour continuer d’enseigner ses cours d’Aïkido. Et, j’étais allé le voir enseigner l’année dernière, lors d’un stage d’été l’année dernière dans ce nouveau lieu d’enseignement : le Dojo 5. ( Dojo 5 ).
Les conséquences économiques de la pandémie du Covid (et, depuis six mois, de la guerre en Ukraine) ont aussi fait augmenter le prix d’un certain nombre de matières premières telles que le blé, la farine, le pétrole, mais aussi le papier…
Avant hier, Jean-Pierre m’a appelé pour me prévenir que son dojo, le Fair Play, serait fermé demain matin. Pour dépôt de bilan. Et qu’il m’informerait dès qu’un autre endroit aurait pu être trouvé pour pratiquer de nouveau.
Un dojo est un endroit qui ne parle pas ou qui ne parle plus à beaucoup de gens. Le mot est aussi étranger donc extérieur à l’expérience de la vie courante de beaucoup de personnes. J’imagine donc que parmi les personnes qui ont pu passer devant ces banderoles ou qui ont lu cet article du journal Le Parisien, que cette « histoire » de dojo qui ferme évoque au mieux quelques souvenirs de judo ou de karaté dans l’enfance ou l’adolescence (« j’ai fait du judo ») ou qu’il est estimé qu’il y a des sujets plus prioritaires. Tels que le manque de personnel dans les hôpitaux ou dans les écoles publiques.
Si c’est le cas, en tant qu’infirmier en soins psychiatriques et en tant que père d’une enfant encore scolarisée dans une école publique, je peux témoigner du fait que pratiquer un Art martial auprès d’un Maitre contribue à la salubrité publique. C’est sans doute ignoré ou oublié mais pratiquer un Art Martial auprès d’un Maitre ne se résume pas à faire des gestes ou à répéter des formules comme on peut faire machinalement un certain nombre d’actions dans sa vie courante.
Finalement, si nous nous sentons de plus en plus oppressés et opprimés, c’est aussi parce-que ferment des endroits où une certaine liberté est accessible. Et que nous sont de plus en plus accessibles des endroits et des moyens où nos libertés sont supprimées.
Selon les circonstances et les étapes de notre vie, un dojo a des vertus complémentaires avec une médiathèque, une école publique, un lieu de soins ou d’action sociale et culturelle, un club de sport, une salle de danse, un cours de musique ou de dessin…
Soit des endroits où l’on apprend, où l’on se remet, où l’on s’éduque, où l’on se rencontre et où l’on vit.
Sans la lecture, deux heures plus tôt, de quelques articles du magazine Yashima (très bonne interview de Didier Beddar par Léo Tamaki) puis du magazine Survivre, j’aurais raté cette édition de Survival Expo Paris 2022 et de Vivre Autonome.
Deux à trois semaines plus tôt, en commençant la lecture du magazine Survivre, j’avais appris- puis, finalement, oublié- le « retour » de cette exposition, disparue pendant deux ans, pour cause de….pandémie du Covid et de confinement.
En France, en Mars 2020, la déclaration de la pandémie du Covid par le Président EmmanuelMacron -et de son gouvernement- avait marqué. Car cette déclaration avait été suivie de mesures qui avaient alors transformé radicalement notre mode de vie :
Le premier confinement ; les gestes et mesures « barrière » ; la pénurie puis l’arrivage de masques anti-Covid avec leur port rendu obligatoire ; la fermeture des écoles ; l’interdiction ou la réduction des lieux de rassemblent ; les premiers vaccins anti-Covid ont commencé à arriver fin 2020 bien plus rapidement que la « normale ». D’abord laissés au libre arbitre de chacun, ils sont ensuite devenus obligatoires au même titre que le passe sanitaire en été 2021.
Depuis octobre 2021, des professionnels fonctionnaires de l’Etat, au contact du public, qui ont maintenu leur refus de la vaccination anti-Covid, devenue obligatoire, sont suspendus sans salaire de leurs fonctions par l’Etat.
Aujourd’hui, la pandémie du Covid est officiellement mieux régulée, mais aussi plus atténuée.
Il y a presque un an, maintenant, (depuis juin 2021 si mes souvenirs sont exacts), que nous avons commencé à « sortir » des règles strictes :
En matière de périmètre géographique de déplacement (qui a pu être limité à 50 kilomètres autour de notre domicile sauf pour certaines raisons justifiables et officielles) ; concernant certains horaires de fermeture (les commerces ou administrations fermaient plus tôt lorsqu’ils avaient l’autorisation d’être ouverts) ; Avant le début des élections présidentielles en avril de cette année, le passe sanitaire a cessé d’être obligatoire dans les lieux publics. Et, depuis ce 16 Mai, nous pouvons, à nouveau, nous dispenser du masque anti-Covid dans les transports en commun. Cependant le masque anti-Covid est recommandé en période d’affluence ou si l’on se sait porteur de la maladie du Covid.
Depuis bientôt trois mois, nous sommes informés de la guerre en Ukraine par l’invasion au moins militaire de l’armée russe le 24 février. Il y a d’autres guerres et d’autres troubles de par le monde. Mais la guerre en Ukraine nous concerne directement nous rappelle-t’on régulièrement. Pour être approvisionné en pétrole mais aussi en céréales et en diverses autres matières premières. Le prix de l’essence a augmenté depuis le début de la guerre en Ukraine deux mois. Le prix du litre de l’essence est désormais proche de 2 euros le litre ou dépasse les deux euros selon les stations essence.
Et, puis, au travers de la guerre en Ukraine, plane le risque d’une troisième guerre mondiale et, avec elle, celle de l’éventualité qu’une bombe nucléaire explose, à un moment ou à un autre. La France, le pays où je vis et depuis lequel j’écris, fait partie des pays qui soutiennent l’Ukraine au moins militairement.
Pour se changer les idées, on sort parfois un peu prendre l’air. Car il commence à faire beau. Où l’on suit certains événements culturels ou sportifs qui bénéficient d’une certaine couverture médiatique internationale. Le festival de Cannes a débuté le 17 Mai et se terminera le 28 Mai. Le Tournoi de Roland Garros a commencé le 22 Mai et se terminera le 5 juin. Mais il nous est aussi rappelé que le réchauffement climatique se perpétue et perturbe la Terre. Que les températures sont excessivement élevées. Qu’il y a déjà la sécheresse dans une quinzaine de départements françaises où les nappes phréatiques sont au plus bas ainsi que dans certaines régions du monde où les températures montent jusqu’à 50 degrés.
C’est dans ce contexte que je me rends pour la première fois à Survival Expo, présentée comme une manifestation pour « survivalistes ». Et, je m’aperçois maintenant qu’avec toutes ces nouvelles alarmantes, j’aurais dû, avec des milliers d’autres, me catapulter, dès l’ouverture, à ce Survival Expo. Pourtant, j’ai fait l’exact contraire. Je me suis même permis d’oublier cette manifestation.
Est-ce de l’inconscience, de la naïveté totales de ma part ? Suis-je complètement, et désespérément, abruti, suicidaire ou béatement- et de façon ridicule- optimiste ? Avant de partir pour le Survival Expo, j’ai même envie d’emporter avec moi le livre de Victoire Tuaillon afin de véritablement commencer à le lire. Un ouvrage féministe qui parle de la façon dont se fabrique l’identité masculine et la façon dont cela affecte les relations entre les femmes et les hommes.
Mais, finalement, je retire le livre du sac en me disant qu’il prend de la place et que je ne serai pas suffisamment réceptif pour bien profiter de sa lecture.
Depuis la façon de penser d’une personne dite « complotiste », je suis certainement très mal parti pour m’en sortir en cas de mort subite de l’univers. Et, sans doute que selon cette catégorie de personne, dite « complotiste », je fais partie du troupeau de gogos qui sera décimé dès le début de la grande catastrophe qui va bien finir par arriver. D’ailleurs, mon extinction, et celle d’autres gogos tout aussi inconscients, laissera un peu plus de place pour celles et ceux qui restent. Et, en particulier, pour les « vraies » personnes méritantes. Les personnes innocentes ( les bébés, les enfants) et celles et ceux qui ont vu venir le péril, qui l’avaient d’ailleurs annoncé, qui s’y sont préparés, et qui ont été ignorées ou ont pu être méprisées par tout une autre catégorie de personnes beaucoup trop sûres d’elles et bien moins informées qu’elles ne le croyaient ou l’affirmaient.
Survivaliste/Complotiste, il convient maintenant de s’attarder sur ces deux mots qu’il faut sans doute voir comme une des nombreuses facettes ou dualités de l’être humain.
Survivaliste/ Complotiste
Depuis la pandémie du Covid, le terme « survivaliste » peut, par moments, se confondre, à tort, avec le terme « complotiste ».
Parce-que le gouvernement a pris certaines mesures face à la pandémie du Covid (confinement, restriction de certaines libertés individuelles, obligation vaccinale…) mais aussi montré une impréparation ou une incompétence ( pénurie de masques au début de la pandémie…) qui ont provoqué un scepticisme virulent et croissant chez certaines personnes ou groupes de personnes.
Au cinéma, des figures telles que Rambo, James Bond, Jason Bourne, Captain America, Batman, Spiderman, John Wick, ou Wonder Woman et Lara Croft sont des figures survivalistes « positives ». A l’inverse, dans la vraie vie, la personne « survivaliste » peut vite être cataloguée comme étant une personne paranoïaque ou raciste ou fasciste au même titre que la personne dite « complotiste ».
Le terme « survivaliste », selon moi, divise. Tantôt, on peut lui trouver des vertus du bout des lèvres. Tantôt, il peut susciter une certaine forme de sarcasme.
Le terme « complotiste », lui, me paraît plus mal perçu que celui de « survivaliste ».
L’événement dont je parle étant le Survival ExpoParis et non le Complotiste Expo Paris, je vais bien-sûr principalement parler de mon expérience du Survival Expo Paris.
Lorsque je pense à la mauvaise connotation que peut avoir le terme « survivaliste », j’ai un peu l’impression que la personne survivaliste serait un peu l’équivalent du « bouseux », au fin fond des Etats-Unis, davantage complice avec ses armes à feu, -obtenues en toute légalité à des tarifs défiant toute concurrence- qu’avec la Loi et l’amour de son prochain.
« Bouseux ?! » :
Dans ma première version, cette partie « Bouseux ?! » n’existait pas. Je la dois à une personne, rencontrée à la fin de ma visite du Survival Expo Paris 2022, et qui a préféré rester inconnue.
En lisant le mot « Bouseux », cet inconnu a réagi, le trouvant sans doute trop péjoratif.
J’ai d’abord été un peu contrarié par sa remarque. Lorsque l’on passe du temps sur la rédaction d’un article et que le résultat nous semble à peu près responsable et satisfaisant, et que l’on est assez pressé de le publier, pour être un peu dans l’actualité mais aussi parce-que notre emploi du temps a ses contraintes et que l’on aimerait concrétiser d’autres projets, il peut être d’abord contrariant de devoir constater que l’on n’est pas suivi dans notre élan comme on l’aurait souhaité. Et que, à nouveau, on va devoir se limiter, se censurer, se justifier. Et retravailler.
Mais répondre à la remarque de cet inconnu m’a permis de mieux réfléchir au sens du mot « Bouseux ». Et, de mieux, expliquer, démontrer, les raisons pour lesquels je l’utilise dans cet article.
Je restitue- à quelques corrections près- ce que j’ai spontanément répondu à cet inconnu, en le remerciant à nouveau pour m’avoir interpellé à propos de ce terme :
« Le terme « bouseux » est en effet péjoratif : je l’utilise ici précisément pour parler des préjugés que l’on peut avoir ou que l’on pourrait avoir lorsque l’on parle des survivalistes. Il s’agit de retourner le préjugé. Puisque, ensuite, mon article démontre que je n’ai croisé au Survival que des personnes » a priori » très correctes.
En tout cas, l’idée est bien de parler de préjugés vis-à-vis d’une catégorie de personnes dont le mode de vie nous est éloigné : ici, c’est l’opposition très classique entre la campagne et la ville lorsque je parle de « bouseux ». Tout en sachant qu’évidemment, nous avons tous en nous un côté « bouseux ». Mais, aussi, tout intérêt à en avoir un. Sourire.
On peut aussi se rappeler, mais, évidemment, je te le dis maintenant parce-que tu m’interpelles à propos de ce terme de « bouseux » et que cela m’oblige à détailler la raison pour laquelle j’ai choisi ce terme plutôt qu’un autre :
qu’un « bouseux » ou une « bouseuse », c’est une personne qui met sa main dans la boue ou dans la merde. Quelqu’un qui se mouille et qui s’implique et qui fait en sorte que les choses se font. Et non quelqu’un qui passe son temps à faire la belle ou le beau à la télé, en société ou devant un micro. Donc, le terme est « péjoratif », oui. Mais dans les faits, il l’est moins qu’on ne le croit.
Je ne connais pas l’étymologie du mot « bouseux » ni qui a inventé ce terme. Mais l’on peut penser qu’il a été créé par une personne d’un milieu social supérieur et/ou citadin.
Lorsque je dis « bouseux », vu que ta remarque me pousse à réfléchir sur le sens de ce terme, je me dis que l’on peut remplacer le mot « bouseux » par le mot « éboueur », ou » ouvrier », ou « infirmier » ou « caissier » ou manutentionnaire, soit une grande partie, finalement, de personnes de classes sociales modestes, défavorisées ou moyennes qui ont souvent, principalement, leurs mains, leur vitalité physique, leur débrouillardise, leur endurance, mais aussi leurs « astuces », leur système D, leur solidarité, leurs croyances et leurs valeurs, aussi, afin de faire face au monde et à la vie.
Le « bouseux » est aussi celui qui ne se défile pas parce-que, de toute façon, il ne peut se défiler. Son travail ou son devoir, il sait qu’il le fera. Soit parce-que personne d’autre ne viendra le faire à sa place. Soit parce-que la Loi saura venir lui réclamer des comptes.
Le « bouseux » est aussi celle ou celui qui n’a pas de passe-droit.
Dit comme ça, j’imagine que l’expression « bouseux » (te) dérangera moins. Peut-être ou sans doute devrais-je rajouter cette partie dans mon article à propos du terme « bouseux ». Je le ferai sans doute. Car je crois que c’est important.
Ensuite, je ne pourrai pas détailler chacun de mes termes comme je le fais pour le terme « bouseux ». Sourire.
Je n’ai rien contre la campagne. J’ai des origines campagnardes. Et, à mon avis, des personnes entraînées à la vie à la campagne ont des aptitudes à la survie supérieures à la majorité des citadins, dont je fais partie, qui ont oublié ou qui ignorent le Ba-ba de la survie ».
Voici donc, en grande partie, ce que j’ai répondu à cette personne pour justifier et quasiment revendiquer l’emploi du terme « bouseux ».
Puis, quelques heures sont passées. J’ai décidé de reprendre la rédaction de cet article en passant par une étape très classique lors de l’usage d’un mot : Le dictionnaire. Dans son format papier. Car j’ai un vieux dictionnaire Robert, chez moi, depuis des années. Aussi, je regarde le terme « Bouseux » en me disant presque qu’étant donné que ce terme est une fabrication, que je ne vais peut-être pas trouver son étymologie. Je cherche et je trouve :
« Bouseux. Nom masculin-bousoux 1885 ; mot de l’ouest ; de bouse. Familier et péjoratif. Paysan ».
En lisant ça, je me dis d’abord que cela contredit ma réponse. J’ai parlé de boue. On parle de bouse. Et puis, je me souviens d’un seul coup, de souvenirs de colonie de vacances, à la campagne, donc. Et du fait de sentir ou de marcher dans la bouse de vache. J’avais oublié. L’expérience concrète de la bouse de vache. Son odeur comme sa substance. Parler de « bouse » ou de « bouseux » n’a effectivement rien d’élogieux.
Pourtant, tout ce que j’ai raconté sur le fait de « mettre sa main dans la merde », comme sur l’impossibilité de se défiler, pour le bouseux ou celle ou celui qui peut lui être apparenté (celle ou celui qui a peu de pouvoir économique, social ou qui doit exécuter ce que lui dicte ou lui ordonne une instance supérieure) continue de tenir.
D’ailleurs, si l’on parle de bouse, le métier que j’exerce, celui d’infirmier en psychiatrie et en pédopsychiatrie, consiste aussi, si nécessaire, à mettre sa main dans la merde, la pisse ou le sang.
Le terme « bouseux » est péjoratif parce qu’on l’enferme uniquement dans l’action d’être au contact de certaines matières ou substances dont, spontanément, on préfère éviter le contact. Il ne l’est plus s’il est « révélé » ou « rappelé » ce que cette action a de salutaire ou de bénéfique pour le plus grand nombre.
C’est parce que l’importance du travail de paysan a été oubliée et méprisée, qu’il y a eu cette scission entre la campagne et la ville. Et que certains maux existent aujourd’hui en termes de pénurie ou de dépendance alimentaire. Et demain.
C’est parce-que l’importance de certains métiers a été oubliée et méprisée ou est oubliée et méprisée que d’autres maux se sont installés dans notre société.
Aujourd’hui, le terme « bouseux » n’est plus cantonné à la seule fonction et condition de paysan. Et, il n’y a pas que les « gilets jaunes » ou les « sans dents » qui doivent ou qui peuvent, seulement, se sentir concernés par le terme de « bouseux ».
Paradoxalement, peut-être, et sans doute, aussi, avec un certain esprit de provocation, j’en viendrais presque à revendiquer ma condition de « bouseux ». Car, comme n’importe quel « bouseux », c’est en travaillant et en persévérant, que j’ai acquis et accomplis le « peu » que j’accomplis.
Néanmoins, les personnes se rendant au Survival Expo auraient un profil très différent de celui du « bouseux ».
Le profil supposé des personnes se rendant au Survival Expo
Avant de me rendre au Survival Expo, j’avais lu que le profil des personnes qui s’y rendent serait généralement celui d’hommes de 35-40 ans, plutôt cadres supérieurs.
Et, j’avais été étonné d’apprendre que des cadres supérieurs seraient majoritaires au Survival Expo :
Car cela ne collait pas avec l’idée première que je me faisais du « bouseux » qui resterait sur ses terres et y dicterait sa Loi avec les siens depuis plusieurs générations.
Mais « cadres supérieurs » ou pas, complotistes ou pas, le contexte fait que n’importe qui, sensible à son environnement et un peu attaché à son avenir ou à celui de ses proches, peut se dire qu’au lieu d’attendre, qu’il convient de commencer à se préparer au pire. Afin d’être le moins possible pris au dépourvu lorsque ce pire arrivera. Puisque beaucoup de signes et de paramètres (le contexte évoqué) contribuent à nous informer de la probabilité croissante de ce pire :
La pandémie du Covid et son confinement ; le réchauffement climatique ; la diminution des matières premières diverses, dont l’eau ; les attentats terroristes ; la guerre en Ukraine ou ailleurs ; la crise sociale, politique et économique durable ; l’effondrement ; les migrations climatiques et économiques ; la « passivité », l’incompétence ou la complicité supposée ou réelle des politiques ; la peur des catastrophes nucléaires ; ce sentiment que les plus riches et les plus puissants font, eux, le nécessaire pour se prémunir des conséquences de toutes ces menaces et de bien d’autres menaces qui condamnent une grande partie de l’humanité.
Tout ceci concourt à ce qu’un jour, n’importe qui d’un peu attaché à son avenir ou à celui de ses proches, puisse se décider à aller à Survival Expo Paris.
Ai-je attendu tous ces « symptômes » de notre époque pour me sentir concerné par les questions de survie ?
Non.
Mais le contexte actuel, ainsi, sans doute aussi, que le fait d’avoir – en partie- quitté l’enfance et l’adolescence, mais aussi d’être devenu père, m’a certainement d’autant plus poussé à me renseigner davantage sur ces questions de survie. Et, à partir de là, quoi de plus « cohérent », que de se rendre, un jour, à Survival Expo, ce samedi 21 Mai 2022 pour moi.
Des magazines consacrés au survivalisme. Survival Expo Paris, ce samedi 21 Mai 2022.
Des préjugés et des rencontres ?
A quoi m’attendais-je en allant à Survival Expo ? Cela m’a rappelé un peu cette époque, il y a plus de dix ans, où j’avais fait l’expérience des sites de rencontres. Je me sentais un peu honteux d’avoir envie et besoin d’en passer par là. Et si, quelqu’un que je connaissais, s’y trouvait aussi et m’y voyait avais-je alors expliqué à un copain de l’époque qui, déjà inscrit sur un site de rencontres, ne tarissait pas d’éloges à ce sujet ? Celui-ci m’avait alors répondu :
« Mais si quelqu’un que tu connais se trouve sur ce site, qu’est-ce-qu’il/elle fait là ? ». Son argument avait été convaincant. Même si, depuis, j’ai de grandes réserves concernant les sites de rencontres : Ce sont, au départ, de formidables moyens de rencontres. Sauf que l’être humain fait aussi n’importe quoi de ces formidables moyens de rencontres ou s’en sert pour profiter de certaines personnes vulnérables.
Les affinités et un engagement constant dans une activité commune facilitent bien mieux les rencontres que les sites de rencontre, de mon point de vue. Je me suis donc demandé si j’allais croiser quelqu’un que je connaissais à Survival Expo. Quelqu’un que j’étais incapable de « soupçonner » de penser à la fin du monde en quelque sorte.
Et qui pourrait être cette personne ? J’étais un peu curieux de savoir.
Mais je n’ai rencontré personne, parmi mes connaissances. Ce qui, évidemment, ne signifie rien du tout. Pour commencer, nous avons pu nous rater. Ensuite, il est des sujets sensibles ou tabous que l’on aborde avec certaines personnes seulement lorsque l’on se sent « en sécurité » avec elles. Lorsque l’on est assuré qu’elles ne nous condamneront pas moralement :
Il y a des personnes vaccinées contre le Covid qui ont pu être très virulentes envers des personnes refusant de se faire vacciner contre le Covid.
Il peut y avoir des personnes très virulentes contre tout ce qui a trait, de près ou de loin, au survivalisme. Et, pourtant, sans aller jusqu’à rêver d’une patrie militaire et totalitaire, je crois qu’apprendre un peu de « survivalisme » serait très utile à beaucoup.
Parce-que le survivalisme revêt plusieurs aspects. Et, je crois que Survival Expo et l’exposition Vivre Autonome, avec leurs 180 exposants, donne une idée de cette diversité.
Une diversité de survivalismes
Une diversité si étendue que, par moments, devant certains stands au Survival Expo, je me suis demandé si je devais rire ou me désespérer.
A l’exposition Vivre Autonome, ce samedi 21 Mai 2022, un des stands de la librairie permaculturelle.
Parce-que le « pire » est envisagé au Survival Expo, alors, certains stands vous proposent des solutions au « pire ». Cela commence, dès le début de Survival Expo par plusieurs exposants d’armes blanches : des couteaux. On comprend tout de suite que la vie va se jouer à ça. Au couteau près. Au fait d’avoir un ou plusieurs couteaux sur soi afin de défendre sa peau. Car c’est d’abord à ça que je pense en voyant ces couteaux. A un combat à couteaux tirés.
Au lieu de penser au fait qu’un couteau peut aussi servir à construire, à sculpter, à cueillir, à manger ou à toute autre activité humaine nécessaire. Et pacifique.
Mais voir dans ces couteaux, avant tout des armes de mort, ne m’empêche pas de voir parmi eux de très belles pièces ! Couteuses, mais belles !
Le concepteur des couteaux montrés précédemment. Au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022.
Des projections personnelles
Et puis, cette appréhension et cette forme de peur, en même temps que cette attirance, que je ressens devant ces couteaux, corps étendus, accessibles et tranchants, reflète très bien l’être humain. Capable d’inventions extraordinaires. Comme capable, aussi, de faire le pire avec ces inventions extraordinaires. L’imagination de l’être humain, dans l’horreur comme dans le bénéfique, est probablement sans limites.
Tout est possible avec l’être humain. Tout semble possible, en tout cas. Et, ce sera peut-être, finalement, ma principale réserve et prudence à propos de l’événement Survival Expo car je n’ai pas tout vu ni tout entendu, car cela est impossible :
Cet événement donne et vend des idées, des outils, des « armes » ( également des arcs et des lances-pierres), des techniques et des moyens divers, vêtements et matériels résistants et performants, des informations sur l’alimentation et autres apprentissages convaincants pour survivre et devenir un peu plus autonomes.
Mais il manque peut-être à ce genre d’événement l’apprentissage d’une certaine conscience de soi et du monde qui nous entoure. Il y manque peut-être le fait d’apprendre, aussi, à vivre, d’un point de vue relationnel, émotionnel, sociétal, culturel dans une certaine indulgence et confiance avec soi-même comme avec les autres.
Un des stands de livres de la librairie Permaculturelle dans l’exposition » Vivre Autonome », ce samedi 21 Mai 2022.
C’est ce que certaines personnes vont appeler, en le raillant, le « Vivre ensemble » qui a échoué ou qui est ou serait impossible.
Je ne vais pas, ici, revêtir une soutane et commencer à prêcher avec des propos tels que « Soyons tous frères et sœurs » ou me déposer une perruque de hippie sur la tête et parler de fleurs et d’amour comme dans les années 70. Nous sommes en 2022 et ce genre de discours, même s’il peut convenir à certaines personnes, a évidemment ses limites en matière de résultats devant certains faits indésirables ou inquiétants.
Lorsque je parle « de conscience de soi et du monde qui nous entoure » je repense à mon appréhension et à ma forme de peur, en même temps que de mon attraction, pour ces couteaux que j’ai vus étalés sur des stands, dès le début de l’exposition :
Je me rends compte qu’il s’agit de mes projections personnelles. De mes propres appréhensions et peurs. Au cas où ces couteaux se retourneraient contre moi. Voire, au cas où, pris de folie, moi, je prenne un de ces couteaux et plante quelqu’un ensuite avec.
Si l’être humain est capable de tout, vu que son imagination semble avoir peu de limites, imagination qui lui a permis d’évoluer et d’être encore présent sur Terre en 2022, un être humain est donc largement capable de prendre un couteau posé sur une table devant lui et d’en disposer contre autrui. Ou, un de ces couteaux effilés peut très bien servir contre lui.
Alors, que, concrètement, tous ces couteaux présents, ne vont pas, d’un seul coup, alors que je m’approche d’eux, s’envoler et me transpercer le corps jusqu’à ce que mort s’ensuive. Personne, et si cela devait arriver un jour, ce serait exceptionnel, ne va décider à me planter avec un de ces couteaux. Juste parce-que c’est moi. Et que ces couteaux sont là, à disposition.
Et, lorsque j’ai quitté le Survival Expo, je ne crois pas qu’il y ait eu d’incident d’agression ou de sang avec tous ces couteaux exposés.
Notre façon de percevoir notre environnement et de le considérer comme hostile et hautement dangereux ne dépend pas uniquement de critères et de signes objectifs :
Guerre en Ukraine, réchauffement climatique, augmentation du prix de l’essence, chômage, augmentation des incivilités.
Notre façon de percevoir notre environnement et de le considérer comme hostile et hautement dangereux dépend aussi de notre sensibilité personnelle et émotionnelle.
Et l’on peut tout aussi bien se sentir en danger dans une simple salle de concert, une simple salle de cinéma ou dans le rayon bonbons et chocolat d’un supermarché. Même sans avoir été victime directe ou indirecte d’un attentat ou d’une prise d’otage dans ce genre d’endroit.
Et, je m’inquiète donc, aussi du fait, que dans un événement comme Survival Expo, on nous donne accès à un certain nombre de moyens, de techniques, de défenses et de solutions en cas de grand danger, ce qui est très bien. Sans insister sur l’importance du nécessaire tri à faire entre nos projections personnelles et la situation que l’on vit dans les faits dans l’immédiat.
Un simple regard peut parfois nous sembler animé de mauvaises intentions alors qu’il ne n’est pas. Et, sur-réagir et penser que survivre rime uniquement avec le fait de se sentir tout puissant, toujours prêt, protégé, barricadé et baraqué parce-que l’on est suréquipé, surentraîné, sur-préparé est selon moi une erreur de perception qui nuit ou peut nuire, en partie, au survivalisme.
Sans doute vais-je écrire, ici, un gros mot beaucoup plus grave que le terme « bouseux ». Mais j’ai l’impression que le survivalisme, cela consiste, aussi, beaucoup à posséder, malgré tout, une certaine capacité à rester…optimiste. Et lucide sur ce que l’on vit mais, aussi, sur ce que l’on ressent.
Je n’invente rien en écrivant ça. Lorsque je repense à quelques récits extrêmes que j’ai pu lire ( de rescapés de camps de concentration, d’expériences sportive extrêmes ou de certaines opérations militaires), je retiens aussi, que, tout en persévérant dans leurs efforts pour se sortir d’une situation très difficile, bien des survivants, ont réussi ou avaient réussi, à maintenir en eux une certaine vitalité d’optimisme voire de bonnehumeur. Que ces survivants soient seuls ou en compagnie d’autres personnes.
Je n’ai pas eu l’impression que cet aspect de l’optimisme et de la bonne humeur, même s’ils étaient présents lors de la manifestation Survival Expo Paris 2022, aient beaucoup été énoncés, comme faisant partie des éléments essentiels à avoir avec soi ou près de soi, en cas de catastrophe ou de péril imminent. Et, je rajouterais que certaines personnes sont sans aucune doute extrêmement capables et habiles pour survivre, pour s’adapter, pour mettre en pratique bien des techniques ( de chasse, de soins, d’habitat etc…) mais que vivre avec elles pourrait aussi être un calvaire. Il n’y a qu’à penser, par exemple, à ces grands aventuriers ou à ces grands marins très expérimentés, qui, lorsqu’ils se mettent ensemble pour réaliser une expédition ou une course, ont tout ce qu’il faut, en théorie, pour réussir. Et qui, finalement, sont incapables de vivre ensemble et de s’accorder.
Evidemment, cette partie de mon article doit beaucoup au fait que, dans ma vie personnelle et professionnelle, je suis beaucoup attaché à une certaine compréhension « psychologique » de mon expérience humaine comme de mon environnement.
Ma façon « psychologique » de chercher à comprendre ce que je vis et ce que je vois a bien sûr ses limites : Trop intellectualiser. Trop chercher le pourquoi du comment au détriment de l’efficacité et du résultat.
Alors que lorsque l’on a faim, froid ou soif, ou que l’on a très peur et très mal, ou que l’on se retrouve suspendu, retenu par ses deux mains, avec les pieds suspendus au dessus d’un vide de vingt mètres, on cherche avant tout par quel moyen concret, le plus rapide et le plus sûr possible, cesser d’avoir faim, froid ou soif ou très mal ou très peur et se sortir ou se faire sortir de ce vide. Dans ces situations, on sera plus que content de s’être entraîné ou équipé comme il se doit afin de survivre ou d’avoir été en compagnie d’un expert ou d’une experte, cette personne fut-elle, par ailleurs, insupportable, imbuvable ou l’exact opposé de la plus grande partie de nos valeurs et de nos idéaux.
La capacité d’être « rustique » ou de savoir être « rustique » fait aussi partie des aptitudes nécessaires à la survivante et au survivant, à ce que j’ai pu lire ou un peu vérifier.
On peut remplacer le terme « rustique » par « bouseux » ou « nature » ou « cash », sans aucun doute. Comme on peut, aussi, les mélanger avec des termes comme « intellectuel », « culture », « être bon vivant ». Il s’agit de trouver le bon dosage qui convient pour celles et ceux avec qui l’on se trouve, lors de la situation de survie, ainsi que pour…la paix de notre âme.
Vers une conclusion de mon expérience à Survival Expo
Comme on le comprend, il y aurait beaucoup à dire sur cette double exposition, Survival Expo et Vivre Autonome. Et, je suis très loin d’avoir tout vu et tout entendu comparativement à ce qui s’est déroulé durant les trois jours de cet événement.
D’abord, je pensais que deux heures me suffiraient pour découvrir ces deux manifestations. J’ai finalement eu besoin des trois heures depuis mon arrivée. Et, encore ai-je été un peu obligé d’abréger ma visite car l’exposition allait fermer. Il allait être 19 heures.
Si j’ai bien vu des hommes qui pourraient correspondre au profil « hommes de 35-40 ans », « cadres supérieurs », je ne peux pas en être certain. Car un statut de « cadre supérieur » ne se lit pas sur les gens. Ensuite, j’ai été plutôt marqué par le côté « sortie familiale » de l’événement. Certaines personnes sont venues avec leurs enfants d’une dizaine d’années.
Du côté de l’exposition Vivre Autonome, où l’on parle de permaculture, de tout ce qui a trait à l’intérieur d’une maison, de lectures, de manière « amusante », il y avait beaucoup plus de femmes. Lesquelles étaient quand même plus minoritaires dans la partie Survival.
Je n’ai pas pu assister aux démonstrations de Krav Maga. Car j’étais alors occupé dans les stands, à discuter ou à découvrir certains produits. Mais j’ai écouté avec attention l’un des intervenants, Romain Carrière, qui, en sueurs et souriant après sa démonstration, expliquait avec pédagogie et humour, à des parents venus avec leurs enfants en bermuda, et n’ayant vraiment pas l’allure de grands sportifs, qu’il fallait «saturer de coups » son agresseur. Ce qu’il disait m’a paru plein de bon sens.
J’ai été agréablement surpris par la bonne ambiance générale de Survival Expo Paris et de Vivre autonome. J’insiste à nouveau sur ce point. Qu’il s’y soit trouvé des bouseux ou non. Qu’il y ait eu des complotistes ou non au sein du public.
On aurait pu s’attendre à côtoyer des personnes haineuses et agressives durant toute la visite. Cela a plutôt été le contraire. J’ai rencontré soit des commerciaux attentifs à leur clientèle (Jusqu’à proposer de véritables promotions sur certains articles). Soit des personnes souhaitant discuter avec d’autres personnes. Tel cet homme tenant à m’expliquer le travail de l’association Tripalium qui permet à des jeunes en décrochage scolaire d’un lycée PIL ( Pôle Innovant Lycéen) de découvrir le travail du bois en apprenant à fabriquer des éoliennes.
A l’exposition « Vivre Autonome », ce samedi 21 Mai 2022.
Peut-être que le fait de pouvoir exposer librement, et formellement, certaines peurs et inquiétudes, mais aussi de pouvoir exprimer le recours à une certaine violence a permis aussi cette détente.
Je n’ai pas remarqué de stands de ventes d’armes à feu. Ce qui rappelle une des grandes différences entre la France et les Etats-Unis en matière de législation de ventes d’armes. Aux Etats-Unis, j’imagine qu’un Survival Expo comporte une ribambelle de stands d’armes à feu sophistiquées à portée du public.
J’ai ensuite croisé une personne que je ne connaissais pas. Avec laquelle j’ai ensuite repris contact par mail et qui m’a rapidement répondu. Puis qui a très vite réagi à la première version (deux fois plus courte ! ) que je lui ai envoyé de cet article et m’a également fait part de certaines remarques ( à propos du terme « bouseux »), suggestions et informations dont je le remercie à nouveau.
L’autre grande surprise, pour moi, de Survival Expo Paris a été la tente de toit de voiture ! Un bon véhicule de camping coûte cher et il s’agit ensuite de l’entretenir. Pour le peu que j’en sais, on achète un véhicule de camping afin de s’en servir régulièrement. Autrement, c’est un gouffre financier. On peut s’acheter une tente de toit de voiture pour 2000 euros, échelle comprise. Selon ses dimensions, si celles-ci ne dépassent pas le rétroviseur, on fait du bivouac. Si ses dimensions dépassent le rétroviseur, on entre dans la catégorie camping.
Le confort est au rendez-vous, avec un matelas confortable, quel que soit le type de tente de toit choisi.
Pour descendre la tente du toit, le vendeur m’a confirmé qu’il fallait être « deux » car celle-ci pèse 100 kilos en moyenne. Pour l’instant. Car on peut penser que ces tentes de toit seront par la suite conçues dans des matériaux plus légers.
Je croyais que ce genre de produit existait depuis longtemps :
«Depuis quatre ans » m’a répondu le vendeur.
Je croyais qu’avec leur succès, selon moi, inévitable, que le prix de ces tentes allait augmenter. Non, selon le vendeur : « à cause de la concurrence…. ».
En quittant Survival Paris Expo, j’ai retrouvé la Porte de la Villette. Mais aussi une autre forme de survie qui commençait à se concentrer sur les trottoirs. Une femme d’une quarantaine d’années sollicitait les passants pour faire la manche. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser que c’était pour s’acheter du crack. De l’autre côté de la rue, à quelques mètres de la salle de concert le Glazart, il y avait un paquet d’hommes. Ils étaient moins nombreux, trois heures plus tôt, alors que je me dirigeais vers le Survival Expo.
Il était un peu plus de 19 heures et peu à peu, la nuit, allait tomber. Je me suis dit que la nuit, dans cet endroit de Paris, devait montrer un tout autre monde. Un monde qu’assez peu de personnes venues au Survival Paris Expo n’avait envie de connaître.