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Survival Expo Juin 2023 première partie

Bunker à vendre à la Survival Expo en juin 2023. Facilités de paiement proposées. Aucune l’aide de l’Etat fournie pour l’instant. Photo©Franck.Unimon

 

 

Survival Expo juin 2023-Première partie

 

Coming out survivaliste

« Ohhh, le survivaliste ! » s’est marré A… au téléphone, un de mes amis, alors que je venais de lui apprendre que j’avais prévu de me rendre à la Survival Expo 2023. Evénement qui, cette année, pour la première fois, allait se dérouler dans le parc floral de Vincennes. Non loin de son château, de son bois, de sa caserne militaire aussi mais également de la cartoucherie de Vincennes où se trouve, entre-autres, la compagnie du théâtre du Soleil dirigée par Ariane Mnouchkine. Mais bien-sûr, tout cela, en plus du fait que jusqu’alors j’avais connu le parc floral principalement pour ses très bons concerts estivaux (dont un du Cubain Chucho Valdès) n’entraient pas en ligne de compte. Comme l’anecdote qui veut quand même que cet ami et moi nous étions rencontrés pour la première fois, plusieurs années auparavant, lors de notre service militaire à l’hôpital inter-armées Bégin qui se trouve assez proche, à Saint-Mandé.

D’ailleurs, il avait pu arriver à cet ami et moi de passer par la caserne de Vincennes au début de notre service militaire.

Si on a suivi jusqu’alors ce que j’ai écrit, un rapide calcul mental très simple nous apprend que j’ai pris plusieurs mois pour me décider, aujourd’hui, à parler dans mon blog de la Survival Expo 2023. Nous sommes en octobre, en automne. Et cette manifestation a eu lieu quelques semaines avant le début de l’été le 9 et le 10 juin dernier….

Cela donne une idée des précautions que j’ai préféré prendre avant de me lancer. ( J’en parle ou je n’en parle pas ?).

Le Programme des conférences de la Survival Expo de juin 2023, laquelle se déroulait en même temps que l’événement consacré à la maison autonome, juste à côté. Photo©Franck.Unimon

Mais en complétant ce calcul mental « très simple », on peut aussi déduire que je suis au bord de l’âge, presque vieillard. Peut-être suis-je une personne presque sénile après tout ? Pour l’instant, je ne peux pas encore le savoir. Cependant, ce qui est certain, c’est que la personne qualifiée de survivaliste est une bête curieuse.

 

On peut mettre de tout dans une personne survivaliste.

 

Comme dans une dent creuse. On peut décider qu’il s’agit d’une personne complotiste, raciste, misogyne, esclavagiste, despotique, timbrée, paranoïaque, dangereuse. On peut la voir comme une personne complètement à côté de la plaque. Ou comme son opposé, la super aventurière ou l’héroïne sexy et indépendante, sosie de Lara Croft, Gamora ou Bear Grylls, Mike Horn des vrais hommes robustes, aptes à tout, comme ils devraient tous l’être au lieu de ceux que l’on a, des fétichistes de la bandelette et du bandana. 

Oui, je connais un petit peu quelques classiques.  Je suis donc d’abord très suspect avant d’être pré-sénile.

Mais j’ai néanmoins- j’y tenais- répondu à mon ami :

« ça fait du crossfit – entre trois à cinq fois par semaine– ça, se laisse pousser une barbe de plusieurs mois (qu’il prend soin d’aller se faire tailler chez son barbier attitré régulièrement) et ça me traite de survivaliste!».

Mon ami a commencé à rigoler. Je devrais peut-être ajouter aussi que mon ami a plutôt le crâne rasé. Alors que quand je l’avais connu, il avait des cheveux, fumait et avait emmagasiné quelques kilos en trop. Et, le sport, pour lui, était une destination touristique à haut risque ou un programme que l’on regardait à la télé.

Petite ambiance Hunger Games lors de la Survival Expo de juin 2023 au parc floral de Vincennes. Photo©Franck.Unimon

Cependant, mon ami m’avait exprimé spontanément ce qui peut se profiler dans la tête de beaucoup lorsqu’on leur parle de survivalisme. Si pour certains, le survivalisme est une nécessité ou une évidence, pour d’autres, c’est une démarche louche.

Cet article, mon article, ne pourra ni combattre ni épuiser ce qui peut être reproché au survivalisme par beaucoup. Car cet article, mon article, raconte surtout ma perception du survivalisme. Perception qui peut évoluer selon mes expériences et certains événements.

Pour tout « arranger » ou pour rajouter un peu de trouble et de mystère, j’ai profité d’une étonnante et plutôt rare insomnie pour commencer, cette nuit, à rédiger cet article alors qu’il était quatre heures du matin. Alors que je suis en vacances depuis plusieurs jours et encore pour une bonne semaine. Je suis donc, en principe, tout ce qu’il y a de plus détendu d’autant que personne chez moi n’a de problème de santé particulier ou déclaré.

J’ai bien attrapé le Covid pour la première fois – à ma grande surprise- début septembre, mais c’était une forme minorée qui m’a permis en plus d’avancer de quelques jours mes vacances. Et, je sais avoir participé auparavant à un déménagement par plus de trente degrés. Ce qui a sûrement contribué à rajouter de l’épuisement à un état de fatigue préétabli par une alternance de travail  de jour et de nuit ainsi que quelques heures sup travaillées durant cet été.

Pierre “1911” en pleine conférence. A la fin de celle-ci, celui-ci m’a répondu qu’il s’était surnommé ” 1911″ en mémoire de son grand-père né cette année-là. Photo©Franck.Unimon

Professionnellement, je sais aussi qu’un poste attractif m’attend début janvier et mon banquier me laisse tranquille. Je n’ai donc pas de raison particulière, pas plus que d’habitude, pour être angoissé ou me réveiller en sueurs en pleine nuit comme on peut le voir dans certains films. Je n’ai pas les inquiétudes de l’acteur Michael Shannon dans le film Take Shelter de Jeff Nichols. Ni celles des protagonistes de The Creator de Gareth Edwards. Un film ( The Creator) qui m’a assez ennuyé, exceptions faites du regard ( et de la réflexion) qu’il porte sur l’intelligence artificielle, les relations multiculturelles et multiraciales mais aussi sur le handicap, j’ai vu dans ce film une nouvelle énorme machinerie cinématographique dans laquelle les Américains refont à nouveau leur guerre du Vietnam. Je ne vois pas trop non plus ce que l’on trouve à l’acteur David John Washington si j’ai son père ( Denzel) en tête.  J’ai donc préféré nettement Anatomie d’un couple de Justine Triet et encore plus L’été dernier de Catherine Breillat. Pourtant, ces deux films n’ont rien à voir avec The Creator et Breillat est une personnalité aussi insupportable que remarquable. Et, j’attends avec impatience la deuxième partie de Dune par Denis Villeneuve, un réalisateur, dont les films, pour l’instant, m’ont tous plu. Contrairement à Christopher Nolan dont j’ai trouvé le Oppenheimer beaucoup trop clinquant. 

Le dimanche

Selon l’ouvrage La Peur et la Haine de Mathieu Burgalassi, paru en 2021, « anthropologue français spécialiste de la pensée politique, des questions sécuritaires et de la violence », les principales motivations des personnes survivalistes radicales seraient le racisme et la peur de l’autre.

J’ai aimé lire son ouvrage il  y a plusieurs mois maintenant. Jusqu’à maintenant, je n’avais pas pris le temps d’en parler dans mon blog.

J’avais lu son La Peur et la Haine bien avant de connaître les dates du Survival Expo de ce mois de juin.

C’est un livre qui m’a étonné car pendant plusieurs jours, alors que je continuais de le parcourir, je me demandais s’il s’agissait d’un roman noir étant donné la façon dont c’était écrit, dans un style très entraînant ou s’il s’agissait véritablement d’une enquête anthropologique.

 Je me suis même demandé si Burgalassi avait inventé ce qu’il racontait. Car je ne m’attendais pas à cette façon de présenter ses expériences.

Dans son livre, Burgalassi nous explique avoir poussé particulièrement loin l’expérience du survivalisme. Il nous dit d’abord ce qui l’a amené à entrer dans cet univers. Une agression physique dont lui et un de ses amis auraient été victimes une nuit en revenant d’une soirée ratée. Ainsi que le fait d’avoir grandi dans une certaine insécurité économique et sociale. Burgalassi, d’origine immigrée, est issu d’un milieu social très moyen. A le lire, les fins de mois ont été régulièrement assez difficiles autant pour manger que pour se divertir. Certaines personnes sont habituées à des soirées feutrées ou tout va bien, Burgalassi a plutôt dû se rabattre sur certaines soirées craignos. Ce genre de soirée où l’on peut pronostiquer dès le départ, avant même de s’y rendre, qu’il va y avoir une embrouille car celle-ci est incluse dans le contrat.

Selon Burgalassi, il a commencé à se sortir de ça en développant ses compétences dans le survivalisme. En débutant par les sports de combat et la Self Défense de type Krav Maga. En s’y montrant assidu. Et, tout porte à devenir assidu si l’on craint pour sa peau.

Puis, avec le temps et devenu anthropologue, il a voulu en savoir plus sur le survivalisme et, pour cela, a rencontré des gens qui sont véritablement dedans. En France mais aussi à l’étranger, aux Etats-Unis. Dans certaines conditions limites ou très dangereuses par moments.

J’avais entendu parler de Burgalassi par un article lu dans Télérama. Il y était fait référence à un podcast dans lequel on pouvait entendre Burgalassi parler aussi de son livre. J’ai écouté le podcast d’une vingtaine de minutes, je crois. Et, si ce que disait Burgalassi dans ses conclusions m’intriguait mais ne me dérangeait pas, car fondé a priori sur son enquête, j’avais par contre été agacé par les réactions des journalistes- quel(le)s cruches !- qui l’interviewaient ( je me souviens de femmes et d’hommes) trop contents de dépeindre les survivalistes comme des abrutis chevronnés et dangereux. Tout allait au mieux dans le monde, il y avait juste quelques crétins, là, des survivalistes, qui s’imaginaient qu’il fallait flinguer les autres à bout portant et dont il fallait éviter de s’approcher. Pour cela, il convenait de les laisser dans leur coin, là où ils se terraient de toute façon, à l’abri de la civilisation et, surtout, de la raison. Ils finiraient bien par crever en attrapant le tétanos après s’être blessés avec une de leurs boites de conserves qu’ils auraient essayé de perforer avec leurs dents ou en développant un cancer après avoir  bu l’eau de leur puits bourrée de phosphates pendant plusieurs années.

Assez régulièrement, durant la Survival Expo, se sont tenues à cet endroit des interventions ( très) pratiques portant sur divers sujets, autant sur la manière de faire du feu assez simplement avec du matériel accessible, que sur des conseils pour faire de meilleures photos avec son téléphone portable ou un appareil photo… Photo©Franck.Unimon

Je suis un survivaliste du dimanche. Comme il existe des sportifs du dimanche. Ce que je « sais », je l’ai beaucoup lu ou regardé.

Cela signifie que, comme beaucoup de personnes peuvent le faire avec le sport ou lorsqu’elles prennent certaines résolutions, en matière de survivalisme, je suis un faible. Mais je vais un peu mieux m’expliquer avant de repartir me planquer.

Je suis né en ville et ai toujours vécu en ville. Lorsque je me trouve en présence de plantes ou d’arbres, je suis incapable de retenir le nom des plantes ou des arbres que je vois, lorsque j’en vois, comme de les décrire. Cela peut être pareil pour certains oiseaux. A part reconnaître les pigeons, peut-être parce-que je me reconnais en eux, je ne sais pas très bien reconnaître tel ou tel type d’oiseau que je croise. Je ne sais pas faire un feu. Je ne sais pas construire une cabane en bois avec quelques branches. Si on me parle de tarp, je suis capable de faire la différence avec un pétard. Je vois très bien de quoi il s’agit  parce-que j’ai lu et regardé des images, j’en ai peut-être même acheté un, car-on-ne-sait-jamais, mais je ne m’en suis jamais servi.

Je sais casser des œufs, je peux réussir à planter un clou dans un mur, je sais lacer mes chaussures tout seul, je peux porter un seau rempli d’eau, mais je ne suis pas très manuel. Au fond, et par bien des aspects, je suis un assisté. Je m’en remets à des personnes plus compétentes que moi, à des artisans, à des commerçants, à des animateurs, aux services publics, à l’Etat, aux autres, à ma fainéantise, à ma patience mais aussi à mes soumissions.

J’ai quand même quelques capacités. Je ne suis pas un incapable majeur ou complet. Autrement, je ne serais même pas là à écrire cet article.

Mais si je peux encore m’émerveiller devant celles et ceux qui font du scoutisme dès leur enfance ou en repensant au fait que mon grand père paternel, maçon lorsqu’il travaillait, avait construit sa maison pratiquement tout seul, durant ses congés, je me sens incapable de  faire de même. De construire l’équivalent de cette maison où, à Morne Bourg, j’ai passé mes premières vacances en Guadeloupe alors que j’allais avoir 7 ans. Pourtant, mon grand père paternel savait à peine lire. Et il ne savait pas écrire. J’ai donc une culture générale et une situation économique et sociale qui lui sont, officiellement, très nettement supérieures, et, sans doute ai-je pu être une de ses fiertés et, pourtant, il est pratiquement évident que le survivaliste le plus accompli entre lui et moi, c’était lui, de très loin. Et, je ne parle pas d’un homme qui vous guettait dans la pénombre avec un fusil de chasse. Mais de quelqu’un que j’ai connu retraité, qui menait sa vie tranquille avec ses voisins, sa famille, qui se rendait régulièrement sur sa mobylette- sans porter de casque- jusqu’à son jardin où il avait établi une petite cabane en tôle et bois dans laquelle il se posait. Et où se trouvaient les ananas ou les légumes qu’il avait pu cultiver ainsi que ses « poules » qu’il appelait en sifflotant pour les nourrir de grains de maïs tandis que ses coqs de combat, eux, étaient dans leur cage. Je parle d’un homme de la campagne, qui, de temps à autre, partait faire un tour à Marie-Galante, et avait plus de soixante ans, lorsque, pour la première fois, il a pris l’avion pour venir en France, en île de France, où plusieurs de ses enfants- dont mon père- étaient partis vivre.

On est ici très loin du portrait de forcenés qui aspirent à vous «déflagrer » ou à vous délocaliser les vertèbres cervicales.

Nos besoins

Les journalistes qui ont « entouré » Burgalassi m’avaient agacé car je les imaginais, relativement jeunes (la trentaine), citadins calfeutrés (ça existe), privilégiés, très sûrs d’eux mais en fait très ignorants et peuplés de préjugés. S’ils étaient a priori dépourvus de toute intention de se servir d’une arme à feu contre autrui, leur immaturité (je crois que l’on peut dire ça) légitimée gratuitement et avec facilité au travers d’un médium capable de toucher une grande audience m’est apparue assez irresponsable.

Dans d’autres circonstances, je me rappelle encore avoir entendu une jeune femme dire un jour fièrement :

« Ce n’est pas parce-que je porte une jupe que je ne sais pas changer une batterie de voiture ! ».

Pour moi, cette jeune femme avait un état d’esprit survivaliste. Je suis persuadé que ces journalistes qui ont reçu Burgalassi ne savaient pas changer une batterie ou une roue de voiture. Par contre, beaucoup de personnes survivalistes, à mon avis, armées ou non, s’appliqueront à apprendre à le faire ou à penser à une solution alternative en cas de besoin.

Le terme « besoin » devrait être plus souvent employé lorsque l’on parle de survivalisme  à mon avis. De quoi avons-nous vraiment besoin ? Comment satisfaisons nous nos besoins ? Avec quels moyens? A quelles conditions ? A quel prix ?

Sortie de la Survival Expo de juin 2023. Photo©Franck.Unimon

Je me méfie des « c’était mieux avant ». Cependant, lorsque je nous vois pratiquement tous, la tête penchée et rivés, quasi cramponnés à nos téléphones portables dans les transports en commun où dès qu’il nous faut attendre cinq minutes ou plus, je me dis que nous nous sommes faits capturer.

Je ne crois pas que la satisfaction de nos besoins nécessite que nous soyons autant, aussi souvent et à une telle fréquence, en train de regarder nos téléphones portables. Je l’ai même vu chez des couples dans les transports en commun. Un malaise s’installe au sein du couple, hop, baguette magique, je sors mon téléphone portable et je pianote dessus ou regarde quelque chose. Il vaut mieux ça que de se prendre le malaise- ou le problème- de face.

Le silence, l’observation, la patience et la contemplation sont les ennemis de nos  écrans mais aussi de nos « navigations » compulsives sur internet.

Je crois qu’ils font partie de nos besoins mais nous passons outre. Des cascades d’images et de stimulations à volonté se chargent de faire barrage entre eux et nous. Il ne faut surtout pas penser. Il ne faut surtout pas y penser. Il faut vibrer.

J’en suis déjà à cinq pages pour cet article. Et, je me dis que cela fait déjà suffisamment. Il est certain que je vais retrouver plus facilement le sommeil cette fois. Mais je crois aussi que plus de pages, pour cet article, cela fera trop d’un seul coup. Il vaut mieux que je passe par une première partie que je termine maintenant.

Fin de la première partie. A bientôt. Avant la fin du monde, bien-sûr. Sourire. En attendant la deuxième partie, on peut lire quelles avaient été mes impressions lorsque, l’année dernière, je me rendais pour la première fois au Survival Expo Paris, alors situé du côté de la Villette Survival Expo Paris 2022 .

Franck Unimon, ce mercredi 4 octobre 2023.

 

 

 

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