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Des soignants héroïques et irresponsables

Photo prise l’année dernière pendant le premier confinement.

 

                                Des soignants héroïques et irresponsables

 

La vaccination contre le Covid :

 

Les soignants, en France, se sont peu fait vacciner contre le Covid. 57 % des soignants environ se sont faits vacciner. De quels soignants parle-t’on ? Des médecins ? Des infirmiers ? Des aides-soignants ? Des « soignants »….ces anonymes qui étaient autant de « héros de la Nation » l’année dernière lors du premier confinement. Et qui, aujourd’hui, compteraient parmi eux un certain nombre d’irresponsables. 

 

Facile….et obligatoire :

 

Car, aujourd’hui, contrairement à l’année dernière pendant le premier confinement, il est facile de se faire vacciner contre le Covid.

 

Il est aussi de plus en plus obligatoire de se faire vacciner pour partir à l’étranger. En vacances, par exemple. Nous sommes au mois de juillet et, après un nouveau « confinement » pour parer à la pandémie du coronavirus, beaucoup de gens sont partis en vacances.

 

Gare du Nord, juillet 2021.

 

On peut aussi voir des réclames encourageant à la vaccination anti-covid afin de se rendre à des événements de masse festifs : matches de foot, concerts….

 

Mais on peut aussi s’attendre, à ce que, bientôt, ou dès maintenant, la vaccination anti-Covid soit un avantage lors de certaines démarches en vue d’obtenir un emploi. Ou, sur les sites de rencontres, pour “dénicher” un partenaire ou une partenaire.

 

 

Je m’étais dit que j’allais donner mon avis un de ces jours sur le sujet de la vaccination anti-covid. Mais je n’étais pas pressé. Et puis, la lecture de l’éditorial (signé Jérôme Chapuis) du journal La Croix de ce mercredi 7 juillet 2021 m’a tellement contrarié que je me suis dit que je ne devais plus traîner pour écrire à ce sujet.

 

 

Irresponsable :

Parce-que je fais encore partie de ces irresponsables. A ce jour, je ne me suis pas encore fait vacciner contre le ou la Covid. Je suis et serais donc un irresponsable en plus d’être un égoïste. Je retranscris ce passage de l’éditorial du journal La Croix de ce 7 juillet qui m’a particulièrement poussé à écrire :

 

« (…..) A l’heure où menace une quatrième vague de Covid, le chiffre laisse songeur. A l’hôpital, au début de l’été, seuls les deux tiers des soignants avaient reçu une première dose de vaccin (….). Cette défiance persistante conduit le gouvernement à envisager pour eux la vaccination obligatoire. De nombreux soignants y voient une atteinte à leur liberté. Argument discutable, d’abord parce que la liberté individuelle doit toujours être mise en balance avec l’intérêt général. Ensuite parce que leur métier amène ces professionnels à côtoyer malades et personnes âgées qui sont précisément les plus vulnérables face au virus. De ce point de vue, dès lors qu’il est admis qu’elle ne comporte pas d’effets indésirables, la vaccination des soignants apparaît comme une obligation morale (….) ».

 

 

Discutable :

 

L’atteinte à « ma » liberté est un argument discutable selon cet éditorial. Hé, bien, discutons, car, autrement, une fois de plus, si je ne prends pas l’initiative de « discuter » c’est quelqu’un d’autre qui le fera à ma place. Et, vu la façon dont l’éditorialiste du journal La Croix mais aussi d’autres journaux s’expriment, je préfère m’exprimer moi-même. Pour changer avec cette « normalité » qui fait de beaucoup de soignants de simples exécutants.

 

Pour commencer,  je suis favorable à la vaccination. Mais pas n’importe comment : je suis autant prudent vis à vis de ce vaccin anti-Covid que je ne l’avais été vis-à-vis de tous ces applaudissements sincères et répétés que l’on nous avait adressés l’année dernière lorsque nous étions des « héros ». D’ailleurs, j’aimerais reparler un peu de cette époque un peu trop vite et trop facilement oubliée maintenant qu’il est devenu « entendu » que tout le monde doive se faire vacciner pour « l’intérêt général ».

 

L’époque des « héros » :

 

Elle a duré à peu près deux mois et demi d’un point de vue médiatique. De mi-mars à fin juin pour faire large. Mais c’est la période comprise entre le début du premier confinement en mars 2020 et début Mai qui m’importe le plus.

 

Quelques “Une” du journal Libération l’année dernière lors du premier confinement.

 

Cette « époque », qui a duré cinq à six semaines, a été une époque d’angoisse et de peur assez maximale. Je me souviens de cette angoisse pour l’avoir ressentie. Et, je me souviens, aussi, que, durant ces cinq à six semaines, nous, les héros, nous « devions » continuer d’aller au travail pour       « l’intérêt général » pendant que la quasi-totalité, ou une bonne partie, de la population restait confinée chez elle. Tant tout le monde avait peur et était angoissé.

 

 

Suite de quelques “Une” du journal Libération l’année dernière pendant le premier confinement.

 

Il y a sûrement eu des endroits, des régions, des quartiers en France, où des gens, lors du premier confinement, ont continué de se balader comme d’habitude. Mais ces endroits, ces régions ou ces quartiers n’étaient pas concernés par ceux que j’ai traversés lorsque je me suis rendu au travail lors de ces cinq à six semaines. Pareil dans les transports en commun.

 

J’ai écrit : « Nous devions continuer d’aller au travail…. ». Je vais préciser : Je tenais à aller au travail lors de cette époque particulière. Même si le service où je travaillais a été moins exposé que d’autres services (Ehpad, services d’urgences et de réanimation somatiques ) à des clusters, je savais que nous vivions une époque particulière, historique, et je tenais à la vivre. Comme à contribuer, à mon niveau, à ce que le travail pour « l’intérêt général » continue.

 

Photo prise l’année dernière pendant le premier confinement.

 

 

 

J’allais déja oublier de cette époque dorée le « privilège » qu’ont eus certains de mes collègues héroïques, en France ou ailleurs, de recevoir des courriers anonymes de voisins. Non pour les encourager. Ou, plutôt, oui. Mais pour les encourager à déménager. En leur expliquant qu’en tant que soignants, ils étaient devenus une menace pouvant contaminer…. tout l’immeuble.

 

Aujourd’hui, c’est ni plus ni moins la Nation toute entière que des ex-soignants héroïques seraient susceptibles de contaminer, selon certains esprits très développés,  avec leurs âneries consistant à traîner pour se faire vacciner.

 

Je repense aussi au témoignage -que j’avais lu- de cette soignante, qui, lors du premier confinement, expliquait s’être interdite d’embrasser sa fille pour des raisons sanitaires. Alors, je vais sûrement paraître complètement à côté de la plaque mais j’ai toujours continué d’embrasser ma fille de la même manière. Et, j’avais eu de la peine pour cette « collègue » ainsi que pour ces lourdes privations affectives qu’avaient pu connaître sa fille.

 

Suite des “Une” du journal Libération l’année dernière pendant le premier confinement.

 

 

Des héros sans filets de protection

 

Pourtant lors de cette époque particulière, de mars à mai 2021, je ne me voyais pas et ne me vois toujours pas comme un héros. Même si cette ambiance a été pesante. Même si nous avons travaillé le plus souvent sans masques anti-Covid. Ou, sans masques FFP2 en tout cas, décrits comme ceux étant les plus à même de nous offrir la protection maximale contre ce virus si contagieux et potentiellement mortel.

 

Je me rappelle aussi être retourné dans cette pharmacie où, fin février 2020, un pharmacien m’avait affirmé que cette épidémie du Covid ne nous concernait pas. Quelques semaines plus tard, en plein confinement, non seulement cette pharmacie ne vendait plus de masques FFP2 ( à près de 4 euros l’unité) pour cause de « rupture de stock »; mais tous les employés de cette pharmacie, du vigile aux pharmaciens, en passant par la femme ou l’homme de ménage, portaient , eux, un masque FFP2. Donc, moi, le héros, je devais me contenter de l’air désolé d’un(e ) des employé (es) de cette grande pharmacie, située en plein Paris, et des applaudissements du 20 heures, pour me “vacciner” contre le Covid.

 

Avec le lavage des mains.

 

 

Début Mai 2020 : Premier miracle

 

 

Et puis, début Mai 2020, premier miracle, les supermarchés- et les pharmacies- se sont mis à pondre des masques anti-Covid. Pas les FFP2. Mais des masques anti-Covid néanmoins. Qu’il a fallu payer. Moi, le héros, comme tout le monde, je suis passé à la caisse pour acheter ces masques. Et, plus d’un an plus tard, je continue, désormais, d’acheter des masques anti-Covid régulièrement. Mais, aussi, de me laver les mains. Je fais beaucoup confiance à ces deux gestes barrières (port du masque et lavage des mains). Et, je crois que, désormais, le port du masque fera souvent partie de notre quotidien.

 

A l’intérieur de la Gare du Nord, juillet 2021.

 

Juillet 2021 : Second miracle

 

Nous sommes le 8 juillet 2021, et, moi, « le héros », à ce jour, je n’ai pas contracté le Covid. Ou alors j’ai contracté une forme si « transparente », si « discrète », que je ne l’ai pas sentie passer.

 

Depuis mars de l’année dernière, je n’ai pas été en arrêt de travail pour cause de Covid. Par contre, certains de mes collègues ont été arrêtés pour cause de Covid. Quelques uns de mes collègues, pour parler de ceux qui ont été touchés lors de ce mois de mars 2021, s’étaient relâchés concernant le port du masque. Or, je le répète :

 

Je porte régulièrement un masque au travail et dans les transports en commun comme dans les lieux publics ( sur mon nez et ma bouche). Et, je me lave les mains.

 

Je porte si souvent un masque qu’il y a environ dix jours, c’est à ce port prolongé que j’ai attribué des écoulements nasaux répétés pendant un  à deux jours. Alors que je n’étais pas enrhumé. Je me suis fait quelques lavages de nez avec du stérimar et c’est passé.

 

Certains de mes amis ou connaissances, aussi, ont attrapé le Covid.

Des amis et des connaissances qui l’ont attrapé à leur travail ou en d’autres circonstances. Circonstances auxquelles je suis extérieur. Je n’étais pas en contact direct avec eux.

 

Donc, au vu de ces quelques constatations, je « capte » assez difficilement cette urgence de la vaccination, me concernant. Même, si, je le redis, je suis favorable à la vaccination. Mais pas n’importe comment. Passons maintenant au reste de ce qui est dit dans cet éditorial du journal La Croix.

 

« La liberté individuelle doit toujours être mise en balance avec l’intérêt général »

 

J’admets complètement le fait que des soignants aient pu contaminer des patients. Bien avant la pandémie du coronavirus, on parlait déjà de certaines maladies nosocomiales.

 

Donc, oui, les soignants ont à prendre certaines précautions pour protéger celles et ceux dont ils s’occupent : c’est la moindre des choses. Et, je ne discute pas les chiffres qui ont pu être donnés en termes de contamination du Covid dans les Ehpad.

 

Par contre, je me demande si ces soignants « contaminants » avaient….des masques. S’ils avaient de quoi se laver les mains comme il se doit. S’ils avaient le temps de le faire, aussi.

 

Parce-que cette pandémie du Covid a aussi mis sur la table un fait chronique dans les institutions de soins de la France : une certaine pénurie de personnel et/ou une certaine pénurie de matériel.

 

S’il a manqué des masques anti-Covid dans les Ehpad comme il a pu en manquer dans d’autres services de soins, il n’y a rien d’étonnant à ce que la contagion du virus ait pu autant s’étendre.

 

Mais « La liberté individuelle doit toujours être mise en balance avec l’intérêt général », ça, c’est une pensée forte !

 

Ce 8 juillet 2021, pour celles et ceux qui ont pu partir, les grandes vacances- ou vacances d’été- ont commencé. Mais, que  je considère ces vacanciers ou ces personnes contentes d’être à une terrasse de café ou de restaurant, ou, simplement, en train de faire les soldes, je ne vois pas cet « intérêt général ». Ce que je vois, c’est surtout un « intérêt personnel » multiplié pratiquement par toutes ces personnes environnantes ou parties en vacances.

 

 

Si l’on tient tant que ça à me parler de « La liberté individuelle doit toujours être mise en balance avec l’intérêt général », je me dis qu’à nouveau, on me prend pour un idiot. Comme lorsque, l’année dernière, on a essayé de me faire croire que j’étais un « héros de la Nation ». Et qu’il était normal pour moi (et pour d’autres) de partir au combat sans armes ( sans masques)  au devant d’une mort presqu’assurée.

 

Parce qu’il y a plein d’exemples courants où « l’intérêt général » est secondaire  :

 

Les industriels du Tabac qui vendent leur poison légalement depuis des années et font de gigantesques chiffres d’affaires. Pareil pour les vendeurs d’alcools et de spiritueux.

 

Les constructeurs automobiles et leur Diesel polluant qui a fait beaucoup de contents et de nostalgiques parmi les automobilistes.

 

Ces autres constructeurs automobiles qui avaient trafiqué leur logiciel anti-pollution sur leurs voitures.

 

On verra bientôt quels effets néfastes a engendré la téléphonie mobile dans nos vies.

 

J’imagine bien qu’un journal comme La Croix, et d’autres, relatent aussi ces faits. Sauf qu’il est bien plus facile de faire pression sur des soignants  qui restent des subalternes. Même si on veut bien les admirer et les applaudir de temps en temps tant qu’ils obéissent et se dévouent pour trois fois rien. La profession de soignant a ceci de particulier qu’il semble souvent légitime de pouvoir bénéficier du maximum de ses compétences et de ses disponibilités pour un salaire et une reconnaissance minimale.

 

La suite est assez prévisible. Les soignants, si l’on désigne ici des aide-soignants et des infirmiers, sont majoritairement des femmes : le sexe dit “faible” même si les moeurs prennent l’ascenseur et évoluent.

En attendant, « nous », les soignants ( aides-soignants et infirmiers, femmes et hommes), nous ne vendons pas de pop corn, d’automobiles ; nous ne vendons pas de coca-cola, de tabac, de bonbons, d’alcools, de films grands publics, de pubs,  d’engrais chimiques, de cosmétiques, de parfums, de spectacles, de cannabis, d’armes, de téléviseurs, de téléphones portables, d’ordinateurs, de médicaments ou d’assurances. Nous essayons par contre de remédier à certaines conséquences de ces usages comme de ces objets.

Nos bonnes intentions nous honorent, certes. Mais cet honneur nous rétribue assez peu socialement mais aussi matériellement. De ce fait, nous disposons de moins de poids économique et politique que tous ces industriels et entrepreneurs précités – et d’autres- qui produisent et incitent à certains usages en réalisant en permanence des contorsions autour de « l’intérêt général ». A eux, les contorsions, les réseaux d’influence et le chiffre d’affaires. Pour nous, soignants, les pressions, la diminution des effectifs comme de nos moyens. 

 

Vers une vaccination obligatoire pour les soignants :

 

 

La vaccination anti-Covid va devenir obligatoire pour les soignants prochainement. D’une façon ou d’une autre. A moins, peut-être, de partir à la retraite- en évitant l’EHPAD- dans les trois mois qui viennent. Sauf s’il survient un autre « miracle ».

Un autre « miracle » :

Dans l’éditorial du journal La Croix, « j’aime beaucoup » la partie :

 

« De ce point de vue, dès lors qu’il est admis qu’elle ne comporte pas d’effets indésirables, la vaccination des soignants apparaît comme une obligation morale (….) ».

 

Subitement, l’éditorialiste s’est rappelé que les vaccins anti-Covid comportent quand même quelques risques pour la santé. Et qu’il serait prudent, pour lui, de se couvrir. Car par qui est-il « admis qu’elle (la vaccination) ne comporte pas d’effets indésirables » ?!

 

Même si la plupart des personnes vaccinées la supportent plutôt bien, nous manquons de recul et de certitudes concernant ces vaccins. Et une « revue » ( en ligne) plutôt sérieuse comme Prescrire mentionne aussi certains effets secondaires indésirables constatés et souligne le manque de recul actuel à propos de ces vaccins anti-Covid.

 

Alors, l’autre « miracle », serait, pour moi, que d’ici quelques mois, on s’aperçoive qu’une vaccination généralisée reste insuffisante ou injustifiée.

Et, si ce miracle n’a pas lieu et que le vaccin devient obligatoire- le plus probable à mon avis- j’aurai non seulement gagné quelques mois supplémentaires de recul. Mais, en plus, en cas d’effet indésirable avéré par la suite, il me sera peut-être plus facile de le faire reconnaître.

 

Un ami- vacciné- m’a bien expliqué récemment qu’être vacciné n’empêchera pas d’attraper le Covid mais protègera contre des formes plus graves. Ce que je veux bien croire. Ce que j’ai plus de mal à croire, c’est à cet espoir que nous plaçons de plus en plus dans un vaccin pour continuer de vivre dans le même monde. Comme si un vaccin pouvait à lui seul nous permettre d’exister alors que nous faisons beaucoup par ailleurs pour nous détruire.

 

Entre les Tuileries et la place de la Concorde, juillet 2021.

 

Franck Unimon, ce jeudi 8 juillet 2021.

 

 

Une réponse sur « Des soignants héroïques et irresponsables »

[…] Ce n’est pas cela qui m’a fait sourire. Et, je n’ai pas vu de sincérité particulière non plus dans ces nouvelles dispositions dans l’intention de pousser les soignants à se faire vacciner à double dose d’ici le 15 septembre. J’ai plutôt vu un passage en force. Je m’attendais à ce que la vaccination anti-Covid devienne obligatoire pour les soignants ou, simplement, pour voyager hors de la France. Mais pas à ce qu’elle le devienne aussi « vite ». ( Des soignants héroïques et irresponsables) […]

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