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Don’t Forget Me

Don’t Forget Me

 

 

 

Avant hier, aprĂšs avoir assez bien avancĂ© sur mon article Combats de boxe que je prĂ©senterai bientĂŽt, j’avais prĂ©vu d’aller voir Don’t Forget Me de Ram Nehari Ă  une projection de presse. Ce film sortira en salles ce 30 janvier 2019.

Toute personne accaparĂ©e par la rĂ©daction d’un article, par toute « crĂ©ation », une activitĂ© ou une mĂ©ditation pour laquelle elle se sent inspirĂ©e sait comme il peut ĂȘtre difficile de s’en dĂ©crocher. Tout cela afin de se rĂ©concilier avec le corset d’une certaine rĂ©alitĂ©, passage obligĂ© , ou droit de douane, qu’il nous faut accepter car il a ceci de particulier que s’il nous plie, il nous relie- aussi- aux autres ainsi qu’à d’éventuelles nouvelles dimensions.

 

Parti de chez moi Ă  la limite de mon jugement, j’allais ĂȘtre Ă  l’heure pour la projection de 10h30 de ce mercredi. Entretemps, j’avais rĂ©pondu Ă  cette autre question capitale :

 

Comment concilier cette projection de presse et aller faire les courses Ă  la boucherie selon la liste que m’avait adressĂ©e ma compagne par sms un ou deux jours plus tĂŽt ? Les deux Ă©vĂšnements se dĂ©roulant Ă  Paris alors que nous habitons en banlieue.

Je suis capable de me rendre Ă  une projection de presse avec mon sac de courses. Mais je suis aussi capable de me raisonner. J’ai estimĂ© plus pratique de me rendre Ă  la boucherie aprĂšs la projection.

 

En arrivant au club de projection, vu qu’il Ă©tait presque l’heure du dĂ©but, j’étais un petit peu aux abois. Sur une table Ă  l’entrĂ©e, j’ai d’abord vu une bouteille de jus et quelques apĂ©ritifs. J’ai continuĂ© de me diriger vers la salle de projection. Avant d’arriver aux escaliers et de descendre, sur ma droite, j’ai aperçu l’intĂ©rieur d’une petite salle de projection. Je la dĂ©couvrais. La porte de cette intimiste salle de projection Ă©tait habituellement fermĂ©e toutes les autres fois oĂč je m’étais rendu Ă  ce club comme, par exemple, lorsque je suis allĂ© voir le film Kabullywood de Louis Meunier. Film qui sortira ce 6 fĂ©vrier 2019 et dont j’ai parlĂ© dans ma rubrique CinĂ©ma.

 

La petite salle de projection disposait d’une vingtaine de siĂšges environ. Dedans, deux hommes. Je me suis adressĂ© au premier, lequel Ă©tait debout et me faisait presque face alors que je me trouvais sur le seuil :

« C’est ici que se dĂ©roule la projection ? » me suis-je Ă©tonnĂ©. AussitĂŽt, comme s’il Ă©tait prĂȘt Ă  faire rempart de son propre corps, l’homme, en s’avançant un tout petit peu vers moi, s’est empressĂ© de me dire :

« Non, non ! Il n’y’a pas de projection, ici ! ». Il Ă©tait plus inquiet que dĂ©sagrĂ©able ou antipathique. Son attitude, sans doute, m’a alors incitĂ© Ă  regarder l’autre homme, assis tranquillement. Celui-ci assistait Ă  la scĂšne :

 

Omar Sy. Son allure longiligne et dĂ©tendue de lama vapotant paisiblement me l’a aussitĂŽt rendu sympathique. Le regardant et comprenant alors l’anxiĂ©tĂ© de son attachĂ© de presse sans doute, lequel est Ă©galement attachĂ© au confort de son acteur vedette, je l’ai saluĂ© tout en rĂ©flĂ©chissant une seconde Ă  ce que je pourrais Ă©ventuellement lui dire.

Comme tout un chacun, il m’est arrivĂ© de croiser des acteurs de maniĂšre fortuite, dans la vie de tous les jours, et de dĂ©cider de leur adresser un mot de sympathie ou de choisir de m’éclipser afin de ne pas les dĂ©ranger.

C’est ainsi que j’étais allĂ© dire un mot aimable Ă  Simon Abkarian alors qu’il attendait, seul, le bus non loin de la rue Cadet. Ce jour-lĂ , je crois que j’allais rencontrer StĂ©phane Bourgoin, spĂ©cialiste des tueurs en sĂ©rie, dans sa librairie alors encore ouverte Au TroisiĂšme Oeil.

 

A l’arrĂȘt de bus, Simon Abkarian avait un air d’incrĂ©dulitĂ© assez amusant sur son visage. Comme s’il trouvait hautement improbable qu’un bus, un jour, vienne le dĂ©livrer de cet endroit. Cela m’avait fait regretter un appareil photo avec un zoom performant. Mais c’était avec un esprit de photographe et non avec un instinct de voyeur que j’avais regardĂ© la situation. Une autre fois, je l’avais laissĂ© tranquille alors que je l’avais aperçu en terrasse Ă  un cafĂ© prĂšs du cinĂ©ma MK2 Quai de Loire. C’était avant de le voir dans le remake de Casino Royale, mon James Bond prĂ©fĂ©rĂ© avec Daniel Craig. J’étais alors un des journalistes cinĂ©ma du mensuel Brazil.

 

Dans la ligne 12 du mĂ©tro, je me suis un jour retrouvĂ© assis face Ă  Dominique Blanc. Il m’avait Ă©tĂ© impossible de savoir si elle Ă©tait dans sa rĂȘverie ou si elle m’avait vu la regarder. J’avais choisi de rester silencieux et de me faire discret. J’avais ainsi partagĂ© le trajet avec elle le temps de quelques stations. Je me rendais dans le service oĂč je travaille encore Ă  ce jour.

 

PrĂšs du cinĂ©ma MK2 Beaubourg, j’avais croisĂ© Alex Descas en compagnie de deux compatriotes fĂ©minines de son Ăąge. Je l’avais abordĂ©. Cela fait environ vingt ans ou plus, depuis bien-sĂ»r ses rĂŽles dans les films de Claire Denis, que je « connais » une partie de son parcours d’acteur. Je ne l’ai jamais interviewĂ©. Alex Descas et moi, nous Ă©tions dit quelques mots. C’était avant la sortie du film Volontaire d’HĂ©lĂšne FilliĂšres, dans lequel il a un rĂŽle. Film que je recommande bien-sĂ»r pour lui et aussi pour les autres : j’aimais dĂ©jĂ  le jeu d’actrice d’HĂ©lĂšne FilliĂšres avant ce film (AĂŻe, Mafiosa
.). Je l’ai dĂ©couverte rĂ©alisatrice mĂȘme si j’aime beaucoup son rĂŽle (secondaire) dans son propre film.

 

Non loin du cinĂ©ma des Ursulines, j’avais croisĂ© Isabelle CarrĂ©. Elle avait le visage souriant de la sĂ©rĂ©nitĂ©. Comme Dominique Blanc, je l’avais laissĂ©e passer. J’ignore si Isabelle CarrĂ© m’avait aperçu ou regardĂ©.

 

Une autre fois, il y’a plus longtemps, c’était Rona Hartner que j’avais reconnue dans le RER menant Ă  Cergy-PrĂ©fecture. Mais aussi Pascal LĂ©gitimus, un autre jour, sur le parvis de la gare de Cergy-PrĂ©fecture. J’étais restĂ© Ă  distance.

 

Lucien Jean-Baptiste avait aussitĂŽt perçu ma rĂ©action de surprise dans la rue alors que je venais de le reconnaĂźtre. Il m’avait sympathiquement saluĂ©. C’était avant qu’il ne rĂ©alise Dieu Merci (On a tous un rĂȘve de gosse) oĂč, grĂące Ă  l’information donnĂ©e Ă  propos de ce tournage par Claire Diao, j’allais faire un petit peu de figuration et rencontrer Djigui Diarra. Sur le tournage de Dieu Merci (On a tous un rĂȘve de gosse) son implication sur un –vrai- chantier dĂšs 8 heures du matin avec nous, par cinq degrĂ©s voire moins, mais aussi ses attentions envers nous, de simples figurants, m’avait ramenĂ© Ă  de meilleurs sentiments envers lui : j’avais trĂšs peu apprĂ©ciĂ© son rĂŽle de noir immature et rigolo dans son film Premier Etoile qui lui avait valu un bon succĂšs commercial (environ 1,5 million d’entrĂ©es) et une certaine reconnaissance. Son attitude, lors de cette journĂ©e de tournage, ainsi que les thĂšmes du film, m’ont fait comprendre comme je l’avais trĂšs mal jugĂ© en allant voir PremiĂšre Etoile Ă  la salle UGC Bercy, oĂč, parmi les spectateurs, dans les premiers rangs, soit dans les rangs du bas de la salle, j’avais reconnu
Zinedine Soualem.

Lors du tournage de Dieu Merci (On a tous un rĂȘve de gosse), je me suis dispensĂ© d’essayer de rappeler Ă  Lucien Jean-Baptiste notre « premiĂšre » rencontre entre la gare du Nord et le mĂ©tro JaurĂšs. Etant donnĂ© que cette rencontre datait, qu’il Ă©tait sur le tournage de son film et que des rencontres de ce type il doit en faire un certain nombre depuis qu’il est « connu ».

J’ai aussi compris que rĂ©aliser des comĂ©dies est un moyen de sĂ©duire- et de rassurer- certains producteurs ; de faire passer des messages et d’attirer plus facilement un certain public qui veut aller au cinĂ©ma avant tout pour se divertir. Mais aussi que rĂ©aliser des films, mĂȘmes imparfaits, est une façon de rester en activitĂ© sur le marchĂ© du cinĂ©ma, d’un point de vue Ă©conomique et en tant que comĂ©dien. De rappeler que l’on existe. Car dans l’univers de l’image qu’est le cinĂ©ma, mais aussi du thĂ©Ăątre ou du journalisme, ĂȘtre oubliĂ© est peut-ĂȘtre plus mortel que de manquer de talent. On peut ĂȘtre plus ou moins talentueux, si l’on est le grand oubliĂ© (comme on peut-ĂȘtre un grand brĂ»lĂ©) du regard et de la mĂ©moire de celles et ceux qui ont et font des projets (rĂ©alisateurs et/ou producteurs ou autres) on disparaĂźt. Et, cela peut-ĂȘtre dĂ©finitif car l’oubli, dĂšs lors qu’il nous adopte dans ce milieu, est un peu comme la banquise. Il nous recouvre complĂštement, crĂ©Ă© davantage d’oubli et on ne nous voit plus mĂȘme si l’on est encore en vie et que l’on dispose de sĂ©rieux atouts.

 

 

La mĂ©moire que j’ai de mon passĂ© de groupie et un peu de maturitĂ© expliquent peut-ĂȘtre aussi mon apparente « sage » attitude envers ces milieux et ces « cĂ©lĂ©britĂ©s » citĂ©es plus haut :

Je me rappelle encore comment, embarrassĂ©e, une actrice que j’admirais avait poliment acceptĂ© une lettre manuscrite que je lui avais remise lors d’une avant-premiĂšre dans un certain complexe de cinĂ©ma. C’était avant l’an 2000 et l’amie qui m’accompagnait ce jour-lĂ  s’était moquĂ©e de moi. Lorsque j’avais vu cette mĂȘme comĂ©dienne, quelques mĂštres plus loin, rejoindre l’équipe du film et se servir de mon courrier comme Ă©ventail, j’avais dĂ» honteusement accepter ma disgrĂące. SĂ»rement pour me rassurer, une autre amie Ă  qui j’avais racontĂ© ensuite cette anecdote, m’avait Ă  peu prĂšs dit :

« Je pense que c’est plutĂŽt une personne timide. Pas le genre Ă  ĂȘtre expansive
. ».

 

Dans mon courrier, pratiquement illisible car Ă©crit manuellement en minuscules, je fourvoyais un tas de salamalecs. Et, dĂ©jĂ , je parlais de la faible reprĂ©sentativitĂ© des noirs dans le cinĂ©ma français. Cette jeune actrice blanche, Ă  peine ĂągĂ©e de 30 ans alors, a trĂšs certainement, j’en suis sĂ»r, beaucoup appris grĂące Ă  moi : dans sa mĂ©moire effacĂ©e depuis, je fais sĂ»rement partie de la cohorte de tous ces apprentis mentors improvisĂ©s aussi dĂ©rangĂ©s qu’inconnus qu’elle a pu croiser du fait de sa carriĂšre d’actrice alors sur- mĂ©diatisĂ©e et plutĂŽt exposĂ©e.

 

Pour ce dernier exemple, les rĂ©seaux sociaux et les selfies n’existaient pas alors ou seulement dans une forme rĂ©duite : mĂȘme s’ils avaient existĂ© dans leur forme actuelle, j’aurais, j’ose le croire, su garder cette mĂ©saventure pour moi. Mais, contrairement Ă  moi, d’autres groupies, déçues ou convaincues, ont envers leurs idoles beaucoup moins de retenues qu’elles en ont pour leur vie et leurs projets.

 

Quoiqu’il en soit, ces actrices et acteurs citĂ©s- ou suggĂ©rĂ©s- ont eu une importance pour moi (voire continuent d’en avoir une) Ă  un moment de ma vie. Et, je les ai croisĂ©s avant la crĂ©ation de mon blog. Contrairement Ă  Omar Sy il y’a deux jours.

 

Omar Sy compte pour moi mais je serais incapable depuis Intouchables et ses 20 millions d’entrĂ©es, que j’avais bien aimĂ© comme les films prĂ©cĂ©dents –Nos jours heureux en particulier- des deux rĂ©alisateurs Nakache et Toledano, d’en donner les raisons exactes.

Le fait d’ĂȘtre noir, de venir de la banlieue et de ne pas faire partie du sĂ©rail du milieu plutĂŽt bourgeois, conservateur- et blanc- du cinĂ©ma français comme moi Ă  l’origine ?

Le fait d’ĂȘtre au dĂ©part un humoriste avec une image de « gentil » nĂ©anmoins conscient ?

Le fait qu’il ait dĂ©sormais rĂ©ussi Ă©conomiquement et socialement et que, sauf une dĂ©sastreuse gestion de carriĂšre ou des dĂ©rapages Ă  la Sami NacĂ©ri, son avenir artistique et personnel soit en tout point assurĂ© mĂȘme s’il venait Ă  expirer Ă  l’ñge canonique de 160 ans ?

 

Je ne peux m’empĂȘcher de penser Ă  l’acteur SaĂŻd Taghmaoui, obligĂ© de s’exiler aprĂšs le film La Haine de Kassovitz pour rĂ©ussir car, en France, il n’avait pas la bonne couleur comme il le rappelle dans une rĂ©plique Ă©tonnante dans le Wonder Woman de Patty Jenkins (Ă©galement rĂ©alisatrice de Monster, film qui avait valu l’Oscar Ă  Charlize Theron pour son rĂŽle).

 

Mais cela suffit-il  pour expliquer les raisons pour lesquelles Omar Sy compte pour moi ? Par ailleurs, je n’ai pas vu le film qui expliquait sa prĂ©sence Ă  cet endroit avant hier.

 

Toutes ces questions, ces expĂ©riences et bien d’autres, se sont sĂ»rement fondues en moi en moins d’une seconde lors de cette trĂšs brĂšve entrevue (dix ou quinze secondes au maximum) avant hier. Car beaucoup de nos rĂ©actions- adĂ©quates ou inadĂ©quates- sont le rĂ©sultat d’une somme d’expĂ©riences dont nous n’avons mĂȘme pas idĂ©e. Et, pour ce moment « historique » et imprĂ©vu, je m’étais bien entendu mis Ă  mon avantage :

 

Chaussures de randonnĂ©e couleur taupe, bas de survĂȘtement blanc cassĂ© lĂąche, haut de survĂȘtement Ă  capuche vert, blouson noir de motard (sans les protections, sans le casque et sans la moto puisque je n’ai pas le permis et me dĂ©place principalement en transports en commun ou Ă  pied), bonnet de marin mis Ă  l’envers pour cacher le nom de la marque et lunettes de correction presque Ă  double foyer. Avec, en prime, sur le dos, un grand sac Ă  dos bleu de marque Ortlieb. Le mĂȘme sac que je portais sur le dos lorsque j’étais allĂ© interviewer Alejandro GonzalĂšs Inarritu pour Brazil Ă  propos de son film Biutiful . Lequel Inarritu, bien plus intimidant qu’intimidable, s’était un moment Ă©tonnĂ© avec une voix presque suave :

« You have a huge bag 
. ». Aujourd’hui, encore, je regrette d’ĂȘtre restĂ© dĂ©sarçonnĂ© par cette remarque d’Inarritu qui aurait peut-ĂȘtre pu permettre une rencontre un peu plus informelle et donc plus personnelle. Peut-ĂȘtre, d’ailleurs, devrais-je davantage commencer Ă  regarder ce sac Ă  dos comme un porte-bonheur
.

Pourtant, de par le passĂ©, j’ai fait le dĂ©sespoir et la colĂšre de ma petite sƓur pour mon dĂ©dain vestimentaire. Je m’étais ensuite rĂ©habilitĂ© et j’aime aussi bien m’habiller comme offrir des beaux vĂȘtements. Mais je suis en Ă©tat de rechute vestimentaire depuis quelques temps et ma compagne aussi, pourtant une grande spĂ©cialiste des tenues camouflages pour elle-mĂȘme, se dĂ©sole, un peu impuissante, devant mes nĂ©gligences vestimentaires rĂ©pĂ©tĂ©es de forcenĂ©.

 

Je ne serais donc pas surpris qu’Omar Sy – ainsi que son attachĂ© de presse- m’ait pris pour un coursier d’ Uber disposant de quelques filons pour s’incruster dans un certain nombre de projections de presse (il en est d’autres rĂ©servĂ©es nĂ©anmoins Ă  une Ă©lite journalistique ou Ă  des journalistes « sympathisants » ou « courtisans »). Car les projections de presse sont en gĂ©nĂ©ral de confortables avant-premiĂšres pour le premier cinĂ©phile venu.

J’écris ici ce que je suppose. Je me mets peut-ĂȘtre le doigt dans l’Ɠil. Je ne saurai probablement jamais ce que l’un et l’autre ont pensĂ© de moi Ă  ce moment-lĂ .

Mais je garde nĂ©anmoins de cette courte rencontre le trĂšs bon souvenir de la simplicitĂ© d’Omar Sy, plus amusĂ© qu’indisposĂ©, rĂ©pondant Ă  mon bonjour avec le sourire de l’évidence. Et, je m’en suis contentĂ©.

NĂ©anmoins, mĂȘme si cela n’apporte rien d’un point de vue journalistique ou cinĂ©matographique, tout de suite ou en partant, je me suis demandĂ© ce qu’il avait pu ressentir, lui, que je perçois comme une personne au contact plutĂŽt facile. A voir son attachĂ© de presse s’enrubanner quasi instantanĂ©ment dans des prĂ©cautions de momie que l’on va embaumer afin d’éviter que, moi, l’inconnu inattendu, j’approche l’ĂȘtre sacrĂ© que, dĂ©sormais, Omar Sy est devenu.

 

J’ai ratĂ© la projection de presse de Don’t Forget Me : je me suis trompĂ© d’endroit Ă  quelques mĂštres prĂšs. Convaincu que la sĂ©ance se dĂ©roulait dans ce club, je suis passĂ© devant le cinĂ©ma qui le voisine. A aucun moment, il m’a Ă©tĂ© possible de concevoir que la projection se donnait lĂ , tout prĂšs, dans ce cinĂ©ma que je connais. Car je n’ai jamais, Ă  ce jour, assistĂ© Ă  une projection de presse dans ce cinĂ©ma. Et, vu que je n’avais pas sur moi (erreur corrigĂ©e depuis) le numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone de l’attachĂ© de presse de Don’t Forget Me , celui-ci n’a pu me renseigner.

 

J’ai un moment errĂ©, un peu remontĂ© contre moi en mĂȘme temps qu’interloquĂ©. Je suis allĂ© dans un autre club de projection oĂč l’on m’a obligeamment donnĂ© les mĂȘmes rĂ©ponses :

« Quel film ? Don’t Forget Me ne passe pas ici. La sĂ©ance a commencĂ© depuis 10h. Il n’est plus possible d’accĂ©der Ă  la salle ».

 

 

Heureusement, il reste une sĂ©ance de projection de Don’t Forget Me la semaine prochaine et l’attachĂ© de presse du film ne m’en a pas voulu. Donc, tout va trĂšs bien. Puisque, mĂȘme s’il m’en avait voulu, je ne vois pas ce qu’il y’a d’extrĂȘmement grave, d’un point de vue vital, dans le fait de rater une sĂ©ance de cinĂ©ma. Et, je tiens Ă  l’écrire car, par moments, voire souvent, dans un milieu comme dans celui du cinĂ©ma par exemple (mais aussi, ailleurs, dans la vie de tous les jours) on est capable de se prendre trĂšs trĂšs au sĂ©rieux au point de considĂ©rer comme de la plus haute importance des faits et des Ă©vĂ©nements qui, fonciĂšrement, ne justifient pas toutes les urgences et tout le cĂ©rĂ©monial qui les accompagnent. Il m’a semblĂ©, que lors de cette courte rencontre imprĂ©vue, lors de cet « accident », qu’Omar Sy, malgrĂ© ses 20 millions d’entrĂ©es avec Intouchables et son statut de « superstar » , Ă©tait encore bien au fait de tout ça. Et c’est selon moi une trĂšs bonne nouvelle.

 

Et, j’ai aussi aimĂ©, pour cet article, autant que possible, me tourner en dĂ©rision quitte Ă  me ridiculiser, afin de me mettre au service du rire et du sourire. Car, si Pina Bausch a pu dire : «  Dansez, dansez ! Sinon, nous sommes perdus ». Je sais depuis longtemps que pouvoir rire de soi est aussi un trĂšs trĂšs bon moyen de faire sourire et de faire rire mais aussi de se retrouver.

 

Pour cela, meilleurs vƓux, Omar ! Et, bien-sĂ»r, meilleurs vƓux, chers lecteurs !

 

Si cet article vous a plu, touchĂ©, et qu’il vous semble qualifiĂ© pour faire du bien Ă  quelqu’un que vous connaissez, partagez-le. MĂȘme si je n’en parle pas, c’est ce que je souhaite Ă  mes articles.

 

Franck Unimon, ce vendredi 11 janvier 2018.

 

 

 

 

 

 

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