
Japon Juillet 2024 : Le Retour
« Bientôt, ce qui s’est passé trois semaines durant au Japon se diluera :
Les effets de l’ensorcèlement de ces petits abrutissements quotidiens répétés.
Ma compagne et ma fille dorment encore. C’est un moment fait pour commencer à écrire.
J’ai passé récemment trois semaines au Japon. Mon précédent voyage au Japon en 1999 avait été principalement touristique. Celui-ci, le second, 25 ans plus tard, a été opéré lors du Masters Tour 2024 ».
Ces lignes datent de ce 30 juillet 2024. Depuis, ma compagne et notre fille sont parties pour trois semaines à la Réunion.
Certains des participants de ce Masters Tour de Juillet 2024 Ă©taient Ă©galement originaires de la RĂ©union. D’autres venaient de Suisse, de Belgique, du Vietnam, et de diverses rĂ©gions de France ( Bretagne, Limousin, L’Est de la France, Champagne-Ardenne, Sud-Ouest, Ă®le de France….).
Bien-sûr, depuis mon retour du Japon le 29 juillet, j’ai repris le «travail ».
Le temps de faire un certain tri dans les photos et les vidĂ©os que j’ai « faites » et de me mixer les neurones afin de dĂ©cider quelle photo choisir pour dĂ©buter et comment m’y prendre au mieux pour constituer ce premier article, onze jours supplĂ©mentaires sont passĂ©s. Nous sommes dĂ©sormais le samedi 10 aout 2024 et mon article n’est pas terminĂ©. Il faut relire, rectifier, rajouter des photos et des vidĂ©os. Se demander si tel passage est justifiĂ©. Si on a envie de le lire. Et, finalement, douter que cet article ait une raison d’exister, entre mĂ©galomanie et folie.
J’avais 31 ans et étais célibataire sans enfant lors de mon premier voyage au Japon en 1999. L’année de la sortie du premier film Matrix que j’avais vu trois ou quatre fois dont une fois lors de ce voyage au Japon.
Je dois ce premier voyage à une amie qui résidait alors à Tsukuba, dans la banlieue de Tokyo, à une heure en train du centre de Tokyo. Grâce à elle et à son frère qui m’avait donné des conseils et m’avait appris ces quelques mots japonais qui m’ont à nouveau servi en 2024, j’avais vécu ce voyage extraordinaire.
Et cette semaine oĂą je m’étais rendu seul Ă Kyoto – en prenant le shinkansen- ainsi qu’à Hiroshima et sur l’île de Miyajima.

Le numérique et internet, les réseaux sociaux, n’en n’étaient pas au stade où ils en sont aujourd’hui pour le pire et le meilleur. Et, je n’avais pas de blog. En plus de divers souvenirs, j’ai conservé les photos papier et peut-être leurs négatifs de ce séjour.
Je confirme que pour moi, comme pour d’autres, il y eut un « avant » et un « après » ce premier voyage au Japon. A mon retour du Japon, je dirais que j’avais gagné en lucidité sur moi-même. Et sur ce que je pouvais accepter ou refuser.

Cependant, même si je pratiquais encore le judo lors de ce premier voyage au Japon, j’y étais allé en touriste. Et en idéaliste du Japon, de l’Asie en général ou des Arts Martiaux. C’est peut-être en raison de cette attitude de touriste que j’ai pris autant d’années pour retourner au Japon alors que j’avais prévu d’y revenir.
Entre-temps, le Japon était devenu un peu plus touristique.
Au cinĂ©ma, le film L’étĂ© de Kikujiro (1999), puis Dolls ( 2002) et Zatoichi ( 2003) avaient renouvelĂ© voire fĂ©minisĂ© le public de Takeshi Kitano dont le film Sonatine ( 1993) avait Ă©tĂ© pour moi une marque cinĂ©matographique et personnelle lorsque je l’avais vu vers 1997 Ă Paris lors d’un festival consacrĂ© Ă un certain cinĂ©ma asiatique en direct de Hong Kong. J’y avais alors vu des films de « genre » de rĂ©alisateurs tels que Johnnie To, Kirk Wong et John Woo…
Kitano, de par ses « polars » faits de violence, d’humour noir et de poésie avait été le Japonais « infiltré » du groupe de réalisateurs présentés.

La France était devenue un pays de lecteurs de mangas. La Japan Expo ( à laquelle je ne suis jamais allé) avait été crééé ( en 1999-2000) et avait rapidement connu beaucoup de succès.
Le succès connu par le Japon s’étend peu à peu, depuis à peu près une dizaine d’années, à la Corée du Sud.

En 1999, le Japon était peut-être encore la Seconde ou la Troisième Puissance Mondiale. Peu avant notre séjour , en juillet 2024, le Japon est devenu la Quatrième Puissance Mondiale économique, dépassé par l’Allemagne et devancé par les Etats-Unis et la Chine. Le Yen avait perdu de la valeur et cela nous était favorable. 1 euro valait environ 171 yens en juillet 2024 durant ce Masters Tour.

Le voyageur que je suis
Je voyage souvent sans schéma. La plus grande partie de mon organisation consiste généralement à me décider pour une destination et à composer comme je peux le budget qui lui correspond.
D’emblée, dans un pays ou une région où je voyage, je pense assez peu à des endroits que je tiens particulièrement à « voir » ou à « visiter ». Ou alors très grossièrement. Ainsi, j’aimerais aller visiter l’Algérie ou un pays d’Afrique noire. Mais l’Algérie est un grand pays et l’Afrique noire est vaste.
C’est déjà bien que je puisse me dire que, en Algérie, j’aimerais bien voir « Alger la blanche », Tlemcen et d’autres villes. Car, ordinairement, j’en suis incapable.

Il m’est arrivé d’acheter des guides touristiques (sur le Japon ou ailleurs) ou d’en emprunter avant un voyage mais je ne les lis pas. Je le regrette car je me dis qu’ils sont très bien écrits et qu’ils fournissent des informations culturelles très importantes et très divertissantes. Mais je ne parviens pas à les ouvrir suffisamment.

Je suis plus réceptif à des suggestions que l’on peut me faire. J’écoute aussi et je marche facilement et beaucoup.
Comme un fou. Sans nécessairement savoir où je me rends.
En Yougoslavie, en 1989, alors que nous nous déplacions à pied et sans but, mon meilleur ami, qui me suivait, m’avait un moment dit :
« J’ai l’impression d’être avec un fou ! ».
Pas de plan, pas de boussole. Je suis en fait un peu comme un enfant qui apprendrait à marcher et qui découvrirait son environnement. Et qui croit à l’intemporalité.
Le Masters Tour créé et proposé par Léo Tamaki, à première vue, c’était plutôt l’opposé de tout cela. Mais avant de présenter un peu Léo Tamaki, je crois important de rappeler comment j’en suis arrivé à le « connaître ».

Une atmosphère de pandémie
J’ai eu tendance à raconter que j’avais découvert Léo Tamaki la première fois en regardant sa rencontre avec Greg MMA sur Youtube.
Mais à la réflexion, tout est parti, je crois, de la pandémie du Covid et de son atmosphère exceptionnellement anxiogène il y a quatre ans. En plein confinement. Aujourd’hui, nous sommes en plein dans l’ambiance estivale et festive des Jeux Olympiques en France. Et la France a remporté un certain nombre de médailles. Officiellement, tout le monde est content. C’est une ambiance détendue ou très détendue qui contraste avec celle des élections législatives anticipées qui se sont terminées la veille de notre départ le 8 juillet pour ce Masters Tour au Japon ainsi qu’avec celle connue dès le premier confinement lors de la pandémie du Covid en mars 2020. Même si elle camoufle bien des aspects préoccupants de l’actualité, je préfère évidemment l’ambiance de ces olympiades sportives à nos olympiades sanitaires durant la pandémie du Covid.
Durant la pandémie du Covid, à la télé, et sur les réseaux sociaux, au moins, nous nous faisions quotidiennement matraquer par les informations et les chiffres relatifs au Covid.
Tant de personnes hospitalisées après avoir attrapé le Covid, tant de personnes décédées.
C’étaient en permanence des auberges de Babel qui s’accordaient suffisamment afin de nous héberger dans une atmosphère de fin du Monde au travers de cet acharnement médiatique. Nous vivions sans la perspective annoncée de pouvoir reprendre un jour pied dans un horizon sanitaire et mental normal.

Alors infirmier dans un service de pédopsychiatrie, j’avais fait partie des professionnels et des personnes qui avaient continué de circuler, d’avoir donc le droit de prendre l’air lors de certains horaires et dans un certain périmètre. Et d’exercer.
Si le Covid m’avait physiquement Ă©pargnĂ©, j’étais nĂ©anmoins plus ou moins atteint psychologiquement et moralement, comme beaucoup, par cette angoisse collective, morbide. Et persistante.
Je n’ai pas de télé. Mais j’aime lire. Et près de mon service d’alors, dans le 13ème arrondissement, métro Gobelins, il y avait une centrale de presse demeurée ouverte.
Une oasis.
Je m’étais dit que lire et pouvoir choisir de lire était plus bénéfique que subir en continu les mêmes images.
Dans cette centrale de presse, j’avais commencé à regarder (et à acheter) des magazines consacrés aux Arts Martiaux. Sans doute Aïkido et Self & Dragon pour commencer.
Cette anecdote a son importance pour rappeler que les Arts Martiaux proposent des issues mentales, psychologiques, émotionnelles, intellectuelles et culturelles. Et qu’ils peuvent être des alliés dans une période de trouble à condition qu’ils permettent ou entretiennent une certaine capacité d’introspection, d’empathie et de réflexion. Ainsi qu’un certain optimisme.
En Psychiatrie adulte, je me rappelle encore d’un patient rencontrĂ© dans le service oĂą je travaillais alors, dans les annĂ©es 90. Ce patient, ancien champion de France de Taekwondo, avait une certaine capacitĂ© Ă reprendre le contrĂ´le de lui-mĂŞme lorsqu’il sentait qu’il commençait Ă s’agiter psychiquement. Et, il n’avait jamais fait partie de ces patients violents, irrespectueux, dangereux ou menaçants- malgrĂ© le dĂ©clin de son destin Ă son jeune âge ( moins de 30 ans)- que, de temps Ă autre, certains Ă©vĂ©nements douloureux et tragiques poussent certains Ă associer Ă la psychiatrie.
Je sais aussi que, durant la pandémie du Covid, un Maitre de Kung Fu que j’avais rencontré à Paris une ou deux fois auparavant a gardé régulièrement le contact avec ses élèves via Facebook.
Et, je sais aussi que durant la pandémie du Covid, dès que cela avait été possible, un entraîneur de boxe française, dans ma ville de banlieue, à Argenteuil, a proposé régulièrement des séances d’entraînement en plein air sur un terrain de basket disponible voire sur un parking. Aux enfants comme aux adultes.
Ce sont des initiatives qui démontrent à la fois l’engagement de ces personnes mais aussi que la combattivité consiste aussi à savoir se maitriser comme à continuer de proposer autre chose que du pessimisme.
Je crois que beaucoup de personnes mĂ©connaissent le fait que les Arts Martiaux mais aussi les sports de combat peuvent ĂŞtre des mĂ©dia d’optimisme voire d’une certaine libertĂ© individuelle.

Au point que, de plus en plus, maintenant, je me sens embarrassé à dire que je suis parti au Japon « avec » un expert en Aïkido ou que je pratique un peu le karaté.
Parce-que je perçois plus rapidement le malentendu.
Parce-que, pour beaucoup de personnes, les Arts Martiaux se résument à du spectacle et à du combat. Cela revient à faire le grand écart et/ou le moonwalk comme Michaël Jackson ou à posséder des pouvoirs ou des « trucs » magiques et acrobatiques devant un public ébaubi. Ou à faire de l’EPS comme au collège lorsque certaines et certains déployaient tout leur génie afin d’en être dispensés.
Enfin, certaines personnes, pour des raisons, des croyances et des interdits qui leur sont propres, rĂ©pugnent Ă passer par leur corps pour apprendre Ă s’extraire de leur condition. Cela demanderait trop d’efforts. Cela ferait mal ou l’on pourrait se faire mal. Et puis, cela stimule les glandes sudoripares et ça fait transpirer.
Pour ces personnes, les Arts Martiaux mais aussi les sports de combat doivent rester à distance à l’état de vitrine ou d’éclats ultimes sur un écran. Comme si les Arts Martiaux mais aussi les sports de combat, ou n’importe quelle activité physique et sportive, pour ces personnes, étaient le danger ou un déchet radioactif mortel implacable et irréversible qui pouvait les défigurer ou les anéantir.
A l’inverse, d’autres se saisissent des Arts Martiaux et sports de combat comme d’un Ă©lixir censĂ© leur procurer tout ce qui a pu leur manquer Ă un moment de leur vie. C’est leur Durandal ou leur Excalibur.

La Pandémie du Covid a été un terrible révélateur.
Elle a d’abord eu pour effet de beaucoup nous contraindre physiquement, affectivement et mentalement (mais aussi économiquement) que l’on soit porteur ou non du virus. Mais aussi de nous révéler à quel point il était facile de nous écarteler (diviser) et de nous affoler.

Et, ces magazines consacrés aux Arts Martiaux que j’ai trouvés ont fait partie de ma petite panoplie de self défense mentale afin d’essayer de continuer à vivre au mieux.
Je crois que c’est de cette façon et dans ce contexte que j’ai entendu parler pour la première fois de Léo Tamaki. Et, je crois que ce contexte et ces raisons m’ont guidé vers lui et d’autres avant lui mais aussi après lui.
Léo l’a peut-être oublié aujourd’hui mais un ou deux ans après le début de la pandémie du Covid, un jour, je lui avais exprimé mes doutes quant au fait que celle-ci allait s’arrêter et qu’il serait possible de pratiquer à nouveau. C’était peut-être avant mon passage au Dojo 5 en été 2021 ( Dojo 5).
Très simplement, il m’avait alors fait part de sa certitude et de son optimisme. Je n’avais pas eu besoin de plus.
Masters Tour et Léo Tamaki

Le Masters Tour est un événement martial, touristique, culturel et personnel proposé depuis plusieurs années par Léo Tamaki, son frère Issei et celles et ceux qui les entourent et qui partagent avec eux un certain nombre de moments et de valeurs depuis des années (près de vingt années ou davantage). Parmi eux, on peut citer Tanguy Le Vourch et Julien Coup.
Il faut aussi citer Shizuka, la femme de Léo, très impliquée.
Et d’autres.
Léo Tamaki -qui est à l’initiative du projet et qui est en le chef d’orchestre- est un expert en Aïkido. Son CV martial est éloquent. Sa pratique martiale l’est tout autant. Quelques quarante années d’expériences ou davantage.
Bien avant l’Aïkido qu’il pratique et enseigne depuis plusieurs années maintenant, comme beaucoup de Maitres, Léo Tamaki s’était auparavant « configuré » dans d’autres disciplines martiales ou de combat. Je ne les ai pas toutes retenues. Mais je crois qu’il y a eu du judo, de la boxe thaï, du karaté…
Léo a du charisme et une autorité que peu de personnes, parmi celles et ceux qui ont pu l’approcher et le voir enseigner ou pratiquer, pourront contester.
On pourra juger que je fais ici dans la flatterie en vue de pouvoir gratter une réduction sur les tarifs du prochain Masters Tour ou en vue d’obtenir un abonnement gratuit à vie à la revue Yashima.
Pourtant, chaque fois que l’on parle d’un Maitre, d’un expert, d’un prof, d’un collègue, d’une histoire d’Amour ou d’une personne qui nous a laissĂ© une impulsion salvatrice ou libĂ©ratrice, celle-ci a toujours eue, de notre point de vue, un charisme, une connaissance et un savoir-faire qui Ă©taient absents chez d’autres.
Et cela y compris sous d’autres latitudes que celles de la pratique martiale.

Je peux donc très facilement citer d’autres personnes qui, pour moi, ont ou ont eu un certain charisme bien qu’inconnus au plus grand nombre :
Stephan, Le prof de plongĂ©e qui, en Guadeloupe, m’avait fait passer mon baptĂŞme puis mes deux premiers niveaux de plongĂ©e ; Yves, le responsable de la section apnĂ©e du club dont je fais partie; Jean-Pierre Vignau, mon « prof de karatĂ© prĂ©fĂ©rĂ© » comme celui-ci aime le dire en plaisantant dans les messages tĂ©lĂ©phoniques qu’il a pu me laisser. Mais aussi certains collègues dans mon travail Ă mes dĂ©buts ( ou Ă leurs dĂ©buts) et plus tard, en psychiatrie, et en pĂ©dopsychiatrie, dans les services oĂą j’ai travaillĂ©, lors de certaines situations. Des infirmiers psychiatriques, Bertrand, Bernard, Patrice, Daniel, Hugues, un interne en psychiatrie, MichaĂ«l, une infirmière, Katia, le premier pĂ©dopsychiatre avec lequel j’ai travaillĂ©, le Dr Bruno Rist…
Du côté artistique et musical, je pourrais citer beaucoup d’artistes, de Miles Davis, à Cheikha Rimitti, en passant par Jacob Desvarieux. Albert Griffiths, Burning Spear jusqu’à Lana Del Rey bientôt au festival Rock en Seine…
Au mieux, l’émulation voire la compétition qui découlent de notre attirance pour le charisme d’une personnalité nous inspirent et amènent des grandes œuvres et des beaux projets.
Au pire, on se contente de singer le modèle, de quiproquos, de rapports de domination ou d’une admiration trop grande qui inhibe ou rend stupide.
A côté de ce charisme et de cette autorité, Léo a quelques particularités.

Il est par exemple très à l’aise avec les réseaux sociaux. Il tient un blog, poste régulièrement des vidéos ou des informations sur sa page Facebook. Il est plutôt à l’aise avec les interactions sociales ainsi qu’en interview : il ne passe pas son temps à regarder ses pieds ou à tchiper lorsqu’on lui adresse la parole.
En bon manager, il sait aussi très bien choisir ses associées, associés et partenaires directs. Et, régulièrement, il crée et propose des événements au grand public qui sont des projets stimulants sans aucun doute pour « ses » troupes mais aussi très exigeants en implication personnelle et en travail d’organisation… et d’improvisation.
Pour ma part, je ne sais pas faire « tout » ça ou je ne le souhaite pas.

Ce Masters Tour au Japon, comme les précédents et comme ces stages d’Aïkido KishinTaïkaï proposés par Léo et par les enseignants de son école, est ouvert aux pratiquants d’autres disciplines, qu’ils soient experts ou débutants.
Il est d’autres événements proposés ailleurs, par d’autres experts ou Maitres d’Arts Martiaux, mais ce séjour au Japon a fait partie des bonus pour moi.

Motivations et conditions pour participer au Masters Tour :
« Surtout, ne regarde pas à la dépense ! »
C’est ce que m’a recommandé avant ce Masters Tour, cette même amie qui, vingt cinq ans plus tôt, m’avait encouragé à faire un prêt avant mon premier voyage au Japon.
Lorsque j’ai revu cette amie à Paris deux ou trois semaines avant mon départ, je me souviens avoir été étonné par son regard au moment de nous dire au revoir près de la gare de l’Est.
J’étais dans la mesure pratique de mon quotidien. J’allais retourner au Japon et je me focalisais sur des démarches à faire dans tel ou tel domaine comme, par exemple, bien m’assurer de l’inscription administrative de ma fille au collège ou, simplement, recevoir l’officialisation de son passage en sixième. Le regard de mon amie, lui, dardait de joie pour moi. Elle, elle était déjà dans l’avion pour moi.
Je suis venu en amateur Ă ce Masters Tour. En amateur du Japon. En amateur des Arts martiaux. En Amateur de la vie.
En curieux.

Sans trop d’attentes démesurées, je crois.
Si je peux donner beaucoup de ma personne dans divers domaines, j’ai du mal à me percevoir comme un passionné des Arts Martiaux ou de quoique ce soit. Même si cela peut me flatter- et m’étonner- que l’on me puisse me décrire de cette manière.
Budget pour le Japon
Les premières fois que j’ai vu les tarifs du Masters Tour, le prix de ce voyage m’est apparu exorbitant voire mégalo :
5000 euros pour trois semaines.
C’était à peu près il y a deux ans. Avant de participer pour la première fois aux 24 heures du Samouraï au dojo d’Herblay en 2023, un événement également proposé par Léo et les enseignants et pratiquants de l’école d’Aïkido Kishin Taïkaï. ( voir Les 24 heures du Samouraï 2024 ).
Puis, je me suis rappelé que le Japon est une destination chère. Je vois le séjour au Japon comme un séjour réservé à des privilégiés ne serait-ce que d’un point de vue économique.
En 1999, j’avais d’abord payé environ 7800 francs mon billet d’avion puis 1200 francs un pass hebdomadaire pour prendre le shinkansen. J’avais alors cru avoir fait le principal en termes d’effort financier.
Puis, quelques jours avant mon départ, j’avais lu qu’il fallait un budget compris entre 500 et 1000 francs par jour pour passer des vacances au Japon. J’allais y passer trente jours contre 21 lors de ce Masters Tour.

En 1999, peu avant mon départ pour le Japon, je ne disposais pas de ces 500 à 1000 francs par jour.
Sur les conseils d’une amie, j’avais alors demandé et obtenu un prêt revolving de 20 000 francs que j’avais ensuite remboursé en deux ans.
Un prêt que je n’ai jamais regretté d’avoir demandé et obtenu. J’avais alors été très à l’aise financièrement durant mon séjour d’un mois au Japon.
Les 30 000 francs de l’époque équivalent sans aucun doute à peu près aux 5000 euros nécessaires cette année afin de pouvoir participer à ce Masters Tour et être logés. Et, en plus, lors de ce Masters Tour, nous allions rencontrer des Maitres d’Arts martiaux, pratiquer, visiter différents endroits auxquels spontanément, je n’aurais pas pensé, avec quelqu’un qui connaissait le pays bien mieux que moi et qui en parlait la langue.
Bien-sûr, il fallait prévoir aussi les frais annexes :
repas, restaurants, dĂ©penses diverses et personnelles ( vĂŞtements, Ă©lectronique, mantras, baleines, autres…).
Mon voyage de 1999 avait été extraordinaire. Celui de ce Masters Tour le serait vraisemblablement aussi.
J’ai Ă nouveau fait le nĂ©cessaire afin d’être dĂ©tachĂ© le plus possible des Ă©ventuelles contraintes financières de l’expĂ©rience. En partant pour ce Masters Tour, j’avais prĂ©vu un budget dĂ©penses situĂ© entre 4000 et 5000 euros.
J’avais aussi payĂ© deux cartes e-sim ( Holafly et Provider. Ma prĂ©fĂ©rence va Ă Holafly) avec un forfait illimitĂ© durant trente jours. J’avais aussi pris chez mon opĂ©rateur, Orange, un forfait pour une heure d’appels depuis le Japon.
Et, je m’Ă©tais achetĂ© auparavant deux smartphones reconditionnĂ©s, donc Ă prix rĂ©duit, qui acceptaient la carte e-sim. Un smartphone pour la messagerie WhatsApp, internet, les rĂ©seaux sociaux, les Ă©ventuels appels, les photos et les vidĂ©os.
Et un autre smartphone, plus performant, pour les photos et les vidéos.
LĂ©o nous avait recommandĂ© de nous encombrer le moins possible pour faciliter nos dĂ©placements et, donc, d’opter pour une valise d’une certaine contenance. Ni trop grande, ni petite. Je n’en n’avais pas. J’Ă©tais donc parti en acheter une et elle m’a donnĂ© satisfaction durant le sĂ©jour. C’est dĂ©sormais ma compagne et ma fille qui en profitent Ă la RĂ©union.
On peut me trouver très Ă l’aise financièrement. Alors, je rappelle mon âge :
56 ans, cette annĂ©e. Cela fait plus de trente ans que je travaille et mon prĂ©cĂ©dent voyage au Japon datait de 1999. J’ai donc particulièrement tenu Ă refuser que l’aspect financier vienne me gâcher ce voyage peu ordinaire.
Le prix des billets pour certaines épreuves olympiques ( j’ai entendu parler de 7000 euros pour une place de spectateur en finale d’athlétisme du 100 mètres aux JO de cette année en France) m’a d’autant plus conforté dans l’idée que mon argent était « mieux » employé en partant pour le Japon. Même si, plus tard, j’ai profité d’une opportunité pour racheter deux places afin d’emmener ma fille assister à des épreuves de Judo aux Jeux Olympiques.
Et, aujourd’hui, en voyant ce que nous avons  » connu » durant ces trois semaines, je considère que notre argent a Ă©tĂ© très bien utilisĂ©. A mon avis, nous avons plus fait en trois semaines que d’autres vacanciers en un mois ou davantage :
Jusqu’Ă trois Ă quatre visites de temples, parcs ou de musĂ©es ( ou plus) certains jours. Les entraĂ®nements. Les Maitres. Nous avons pris le Shinkansen quatre ou cinq fois ( ou plus). Nous avons changĂ© d’hĂ´tel cinq ou six fois ( ou plus). Dans des hĂ´tels plutĂ´t haut de gamme, très Ă©loignĂ©s des standards du formule 1, et proches des gares.
Tokyo, Kyoto, Inosaki, Kurashiki, Hiroshima, Himeji, sont les villes oĂą nous avons sĂ©journĂ©. Et, j’en oublie peut-ĂŞtre une ou deux.
Nous avons régulièrement reçu des suggestions de lieux à visiter là où nous nous trouvions.
Nous avons aussi eu deux repas au restaurant tous ensemble.

Les 140 du Masters Tour :
Je n’ai rien d’original.
Sans doute que beaucoup d’autres sont venus à ce Masters Tour en ayant à peu près les mêmes préoccupations tant financières que personnelles.
Cette année, nous étions un peu plus de 140 à venir probablement pour des raisons identiques au départ ( 142 exactement). Et aussi pour avoir « suivi » Léo Tamaki sur les réseaux sociaux ou pour l’avoir rencontré lors d’un stage d’Aïkido KishinTaïkaï ou aux 24 heures du Samouraï.
Puisque Léo Tamaki passe environ 200 jours par an à animer des stages d’Aïkido un peu partout dans le monde. Et qu’il publie régulièrement au moins sur Facebook.
142, c’était plus que les autres fois où, au plus haut, il y avait eu jusqu’à 90 participants. Ce qui était déjà beaucoup comparativement à la trentaine de participants présents lors d’éditions précédentes. J’ai eu connaissance de ce chiffre de 142 participants vraisemblablement quelques jours avant notre départ.
Certains participants sont restĂ©s deux semaines au Masters Tour. D’autres, trois. Certains participants Ă©taient dĂ©jĂ venus au Japon lors d’un Masters Tour. Un des Ă©lèves de LĂ©o revenait pour la quatrième ou cinquième fois au Japon dans ces circonstances. Je lui envie cette expĂ©rience.
De par ma participation aux 24 heures du SamouraĂŻ de 2023 et de 2024 au dojo d’Herblay, je connaissais de vue plusieurs participantes et participants. Le fait aussi de prendre des photos et de filmer lors de ces deux Ă©ditions des 24 heures du SamouraĂŻ m’avait permis de mĂ©moriser certains visages. Autrement, j’ai dĂ©couvert sur place tous les autres lors du sĂ©jour.
Ainsi que « mes » co-locataires.
Puisque j’ai partagĂ© ma chambre d’hĂ´tel avec un inconnu. D’abord L…, pratiquant de karatĂ© shotokan. Puis, G, pratiquant d’AĂŻkido après que sa femme et leurs deux enfants soient retournĂ©s en France après la deuxième semaine.
J’ai aussi appris sur place que cette annĂ©e correspondait Ă la dixième annĂ©e de la crĂ©ation de l’Ă©cole d’AĂŻkido Kishin TaĂŻkaĂŻ crééé par LĂ©o, Issei, Tanguy et Julien.
J’avais bien sĂ»r imaginĂ© que nous serions nettement moins nombreux que 142. Mais ce chiffre ne m’a pas rebutĂ©.
Ce « succès » vient sûrement de la médiatisation de Léo via ses stages, les événements tels que Les 24 heures du Samouraï et sa présence sur les réseaux sociaux.
J’insiste sur ce point de la médiatisation et des réseaux sociaux car bien des experts et Maitres d’Arts Martiaux toujours en activité passent inaperçus ou sont oubliés en raison d’une certaine invisibilité médiatique, voulue ou subie, faisant d’eux peut-être ce que l’on appelle des Kage Shihan. Si je ne me trompe pas, ce terme qui signifie « Maitre de l’ombre » m’a très vite intrigué lorsque je l’ai découvert et me rappelle aujourd’hui, aussi, ces thés d’ombre qui peuvent être produits au Japon également.
Si la médiatisation peut apporter son cortège d’embarras et nécessiter un investissement personnel particulier, elle peut aussi, si elle est bien maitrisée et bien tolérée, avoir un certain nombre d’avantages pratiques. Mais nous ne sommes pas tous à l’aise de la même façon avec la médiatisation ou avec le fait d’être en interaction constante ou répétée avec nos semblables.
Désillusions

Ce sont des désillusions que j’ai déjà pu connaître ailleurs et que je pourrais à nouveau vivre comme chaque fois que je me fais une certaine idée préconçue de ce que je veux trouver ou des personnes que je veux rencontrer. Et que j’anticipe trop le déroulement d’un événement car je suis plus dans l’attente d’un signe, d’un geste, d’un événement ou d’une ouverture que je souhaite.
J’ai sûrement trop idéalisé les interactions sociales et humaines que j’attendais lors de ce Masters Tour 2024.
Je les voulais selon mes souhaits.
Je m’imaginais que des pratiquants d’Arts martiaux auraient les mêmes perceptions que moi. Qu’ils seraient « ouverts » et plutôt zen.
J’ai déchanté. Et c’est normal.

Je me croyais sans doute parti en colonie de vacances oĂą je me ferais beaucoup -et facilement- des nouveaux amis. Mais du temps est passĂ© depuis l’enfance et l’adolescence. Et, la vie, voire le combat, c’est assez souvent le contraire de ce que l’on prĂ©voit :
Les gens réagissent différemment de ce à quoi l’on s’attend.
Je me ferai peut-être des amis à la suite de ce Masters Tour 2024 -ou même des ennemis à la suite de la lecture de ce passage dans cet article- mais cela prendra un peu plus de temps que prévu.

Je me rappelle que les premières fois que j’avais rencontré mon meilleur ami au collège, il m’était insupportable. Et, il avait fallu plusieurs années pour que nous devenions amis.
Toutefois, il importe rapidement d’apporter de la nuance et des précautions à mes propos :
J’ai bien sûr connu des moments répétés de détente et de visites, improvisés et décidés avec d’autres participants du Masters Tour 2024.
J’ai même pris la liberté certaines fois de rester dans mon coin.
Mais, visiblement, en d’autres circonstances, mes priorités sociales différaient de celles d’autres participantes et participants.

Contrairement à la majorité des pratiquantes et des pratiquants du Masters Tour, En Aïkido, je ne connais pas grand-chose. En karaté shotokan, à peine beaucoup plus.
Mais, Ă mon avis, le Masters Tour concerne autant le comportement sur le tatami et en tenue que seul, face Ă soi-mĂŞme, et en dehors du tatami.
Et, dans certains compartiments de la vie sociale, là , j’ai été très étonné.
Pendant ces trois semaines, j’ai pris soin, un certain nombre de fois, d’essayer d’aller vers les autres. De discuter avec eux. D’apprendre leurs prénoms.

Vers autant de personnes que je le pouvais. Je n’y suis pas toujours parvenu. Mais je sais avoir essayé. Et je crois avoir retenu plus de prénoms que de participants n’ont retenu le mien. J’ai aussi bien vu que d’autres participants étaient assez isolés par intermittences en dehors du tatami.

Parallèlement à cela, un certain nombre de participantes et de participants ne s’embarrassaient pas avec ce genre d’applications sociales superflues. Elles et Ils ont néanmoins peut-être essayé au début du Masters Tour d’aller vers les autres.
Ce sont peut-être aussi des réactions dues au fait de se retrouver soudainement dans un grand groupe avec des personnes (ou un voisin de chambre) que l’on n’a pas choisies. Et de se voir et de se revoir fréquemment en grand nombre plusieurs jours durant. Alors que cela n’est pas dans nos habitudes.

On reste entre soi. Avec des personnes que l’on connaît déjà (souvent depuis des années) ou avec lesquelles on est (déjà ) venu à des Masters Tour précédents. On passe sans dire bonjour. Celle ou celui que je ne connais pas ou qui n’est pas de ma discipline martiale ou de mon niveau n’existe pas. Ou très peu.
On se prĂ©cipite pour rester avec celles et ceux que l’on connaĂ®t dĂ©jĂ et avec lesquels on rigole devant les autres qui sont lĂ mais qui n’existent pas. A l’hĂ´tel, on sort de l’ascenseur que l’on a pris avec un des participants du Masters Tour sans lui dire au revoir une fois arrivĂ© Ă notre Ă©tage. Voire, on lui passe devant pour rentrer dans l’ascenseur alors qu’il attendait avant nous.
Il m’est arrivé de penser que cela faisait partie des épreuves informelles et implicites du Masters Tour. Qu’il s’agissait que le nouveau ou l’inconnu se fasse connaître et accepter ou endure l’épreuve de l’anonymat. Après tout, dans certaines traditions d’apprentissage, le petit nouveau ou la petite nouvelle n’a pas de visage, de nom ou même de matière. Elle ou il est là pour apprendre, pour servir, pour se taire. Et, avec du travail et de la patience, petit à petit, son statut évoluera. Si elle ou il persévère.

On Ă©tait bien entre guerrières et guerriers ?! Donc, pourquoi se prĂ©occuper des autres et de ces facilitĂ©s- des hypocrisies ! – sociales qui nous font croire que tout nous arrive toujours tout cuit dans la bouche, sans se battre et sans persĂ©vĂ©rer et que tout le monde nous aime toujours ?

Cependant, ces attitudes d’évitement Ă©taient par moments tellement caricaturales – voire comiques- qu’elles relevaient davantage, de mon point de vue, d’une difficultĂ© Ă entrer simplement en relation avec celle ou celui que l’on ne connait pas. Qui est peut-ĂŞtre un ennemi dĂ©guisĂ© sous les traits d’un participant ou d’une participante au Masters Tour…
Dire bonjour à quelqu’un était peut-être plus difficile à prononcer pour certaines et certains que d’avaler du cyanure. Pareil pour le simple fait de dire au revoir.
Il a pu arriver qu’à la fin d’une séance d’entraînements avec un Maitre, comme je prends beaucoup de photos, que certains se rappellent subitement de mon prénom et de mon existence afin de me demander si je les avais pris en photo. J’ai alors toujours donné la même réponse :
Non.

Mais je suis sûrement beaucoup trop photosensible. Et j’exagère sans doute. Je me la pète aussi très certainement beaucoup.
Il y a eu néanmoins des éclaircies, je le répète. Des périodes où j’ai connu des moments agréables avec d’autres. Il y a aussi eu ces moments ou ces rencontres et discussions imprévues devant la laverie automatique.
Et, je le précise : j’ai vu d’autres participants être par moments isolés, sans doute par choix, mais aussi, à mon avis, parce qu’ils avaient commis l’erreur ou la faute de venir seuls au Masters Tour ou de ne pas faire partie d’un groupe, duo ou trio.

Une certaine logique aurait aussi voulu que je rejoigne et que je me « colle » à d’autres adeptes du karaté shotokan parce-que je pratique un peu le karaté shotokan. Sauf que mon identité et ma valeur, c’est d’abord mon prénom, mon nom de famille ainsi que mon histoire personnelle. Et non le fait de porter une ceinture de telle ou telle couleur dans une discipline donnée qu’elle soit martiale ou autre :
Je suis une personne avant d’être un pratiquant que ce soit de karaté ou d’une autre pratique. Et, même si la pratique martiale- ou une autre pratique- révèle toute ou partie de la personne que l’on est, on dira que je mets ma personne- donc sans doute mon ego- avant le pratiquant que je suis ou peux être.
Et, pour moi, ça commence souvent par « Bonjour » voire, plus difficile, de connaître mon prénom. ça donne peut-être une idée de la très haute opinion que j’ai de moi-même et aussi de mon ego surdimensionné.

Mais, visiblement, d’autres participantes et participants ont eu le réflexe inverse. Et, j’aurais eu plus « d’attraits » y compris d’un point de vue sociétal si j’avais eu tel niveau et tel parcours plus ou moins accompli et reconnu dans telle pratique martiale.
Je crois que c’est une erreur de la part de ces pratiquantes et pratiquants d’avoir eu ce comportement quel que soit leur niveau avancé dans leur pratique martiale qu’il s’agisse d’Aïkido ou de karaté.

Je répète aussi que j’ai déjà assisté peu ou prou à ce type de comportement dans d’autres domaines :
Lorsqu’il m’est arrivé de faire du journalisme cinéma en tant que bénévole, j’ai pu croiser des journalistes cinéma professionnels, certes réputés et rémunérés, mais que j’ai perçus comme des handicapés de la relation sociale. Je me rappelle de mon enthousiasme à m’adresser pour la première fois, lors d’une projection de presse, à un journaliste cinéma de Télérama dont j’avais lu des critiques. Le ton sur lequel celui-ci m’avait répondu ne disait rien de ses jours de fête. J’avais rencontré des personnes beaucoup plus joyeuses à un enterrement.
J’ai aussi pu trouver excessif et ridicule de voir certaines attachées de presse mettre sur un piédestal certains journalistes employés par des média renommés tel Télérama. Qu’est-ce qui m’avait fondamentalement séparé de ces journalistes cinéma mis sur un piédestal ?
Le fait que j’écrivais pour un média moins diffusé en tant que bénévole. Il aurait suffi où il suffirait que demain, j’écrive ou travaille pour un média reconnu et important et, là , on me donnerait du « Monsieur » même si mes articles sont écrits par une banane en décomposition.
Dans « mon » club de karaté, il a pu arriver qu’un pratiquant nécessairement bien plus ancien que moi et plus gradé se contente de m’appeler « Ceinture jaune ! ». J’ai alors expliqué calmement que mon prénom était très différent. Et, intérieurement, il m’est arrivé de m’amuser en considérant que ces anciens (qui peuvent être nettement plus jeunes que moi) ont connu principalement un seul club de karaté ou deux, situé à quelques minutes de leur domicile alors qu’il me faut une heure de transport, et que je n’ai jamais vu aucun d’eux aux 24 heures du Samouraï.
Dans un service de psychiatrie adulte où il m’arrivait de faire des remplacements, une infirmière du service dont je connaissais le prénom m’avait interpellé un jour, comme je revenais, de la manière suivante :
« Pédopsy ? ». Elle avait eu une soudaine réminiscence. Je lui avais confirmé puis répondu :
« Mais, tu sais, mon prénom, ce n’est pas pédopsy… ».
Ces exemples pour montrer que ce qui s’est passé avec certaines participantes et certains participants du Masters Tour est assez courant ailleurs. Ces personnes ne sont pas forcément des mauvaises personnes y compris celles qui se sont estimées supérieures en raison de leur niveau de pratique martiale nettement plus avancé que le mien. Parmi elles, des rencontres humaines et des interactions sociales viables, prospères et profondes sont possibles. Mais cela passe par différentes étapes proches de l’orpaillage. Il faut prendre le temps de se trouver et de se connaître. Et, à la fin de ce Masters Tour, j’ai aussi remarqué que certains, plus distants ou indifférents en apparence à première vue m’avaient identifié et commençaient à s’autoriser à me parler un peu.

J’avais simplement idéalisé- et cru- de manière enfantine qu’au travers des Arts Martiaux, il était plus simple de rencontrer d’autres êtres humains.
Si les Arts Martiaux peuvent être des média, ils peuvent aussi servir de masques ou d’armures. C’est peut-être d’ailleurs l’un des messages du dernier film de Bruce Lee, de son vivant, Opération Dragon.
Lors du Masters Tour, à notre arrivée à la gare de Kurashiki, nous avons eu la surprise de devoir porter nos bagages dans les escaliers pour nous rendre jusqu’à l’hôtel situé à à peine dix minutes à pied. Je n’en veux pas à Léo et à Issei malgré la cadence imprimée au groupe afin d’arriver à une certaine heure à l’hôtel. Par contre, embarrassé par mes bagages, je ne pouvais pas aller aussi vite que le reste du groupe. Quelques minutes plus tôt, en descendant les marches d’escaliers, quelques participants avaient failli être les témoins d’une superbe cascade que j’avais failli réaliser malgré moi avec ma valise. Je dois à des réflexes et au fait d’avoir porté mes Doc Martens d’avoir pu rétablir la situation. Autrement, je me serais quelque peu fait mal en tombant avec ma valise de vingt kilos. Ce petit incident m’a stupidement incité à la prudence par la suite.
Or, l’état d’esprit « Sauve qui peut ! » et « Chacun pour soi ! » l’a emporté chez beaucoup. Et, arrivés à la gare de Kurashiki, seul comptait le fait de suivre le rythme pour arriver à l’hôtel.
Un seul participant du groupe a eu la présence d’esprit de se retourner et de voir que j’étais à la traîne. Et de m’attendre. Chargé comme je l’étais, je ne pouvais pas faire plus et plus rapidement que je ne le faisais.
Sans ce participant, j’aurais trouvé l’hôtel puisqu’il n’était pas loin de la gare et que nous avions reçu les informations le concernant sur la messagerie whatsApp.
Par ailleurs, au Japon, on se sent en sécurité et, à aucun moment, je ne me serais senti sur un champ de bataille ou en pleine guerre de gangs.
Mais j’ai Ă©tĂ© très Ă©tonnĂ© par cette absence d’attention du groupe pour quelqu’un d’autre. Et cette façon de foncer tĂŞte la première vers la destination qui Ă©tait l’hĂ´tel dans cette ville que nous dĂ©couvrions tous, pour la plupart. Et, je suis persuadĂ© que j’aurais eu cette attention pour quelqu’un d’autre Ă l’image de celle qu’a pu avoir ce participant et pratiquant expĂ©rimentĂ© pour moi.
Une attention qui, même si elle lui a semblé tout à fait normale, et qu’il a sans doute aujourd’hui oubliée, est pour moi devenue quasiment indélébile dans ma mémoire.
J’exprime ici quelles ont pu être mes désillusions, et mes incompréhensions, par moments, lors de ce Masters Tour.
Mais il était sûrement impossible pour quiconque d’échapper à une quelconque désillusion ou incompréhension, à un moment ou à un autre, lors de ce Masters Tour. Un Masters Tour dont la plus grande partie du tracé était dirigée. Et où il a été nécessaire, régulièrement, de toutes façons, de s’adapter à diverses échéances et circonstances. Au point, qu’il m’est arrivé de me dire qu’en participant à ce Masters Tour, on faisait partie intégrante- jusqu’à un certain point- du système Tamaki.
Mais il y a le « système » Tamaki et la façon dont on reste soi-même. Etre perçu à ce point par moments comme un corps étranger, par certaines et certains, m’a dérangé.
Corps étranger
J’estime avoir autant voire plus appris durant ce séjour de mes interactions avec les autres participants et de mes quelques déambulations et observations au Japon que de mes pratiques sur les tatamis ou lors des séances d’entraînement :
Quand, lors de la deuxième semaine de ce Masters Tour, j’ai « oublié » mes armes dans le bus à Kyoto, j’étais certes fatigué et distrait, mais j’avais aussi manqué de présence et ne faisais pas suffisamment corps avec elles :
Même fatigué et distrait, je n’aurais pas oublié ma fille dans un bus que ce soit à Kyoto ou ailleurs. J’ai oublié ces armes dans le bus (finalement retrouvées grâce au concours de Megumi et Maki, deux de nos guides japonaises) car elles étaient alors pour moi des corps étrangers.
Après avoir oublié ces armes, et en avoir été privé durant deux jours, j’ai perçu leur importance et leur singularité lorsque j’ai compris qu’il était difficile d’en retrouver des semblables vu qu’elles avaient été constituées dans ce bois rare et léger dont Léo nous avait parlé avant notre départ.
Deux leçons fondamentales

Les deux leçons martiales fondamentales (ou autres) que je retiens, pour l’instant, sont d’abord ces deux commentaires que m’ont faits tour à tour Léo puis Issei en pleine séance :
« Tu es trop bienveillant ». « Tu réfléchis ? » (synonyme de « Tu réfléchis trop »).
Je trouve que cela me concerne beaucoup tant dans la vie que sur un tatami.
Pas tout le temps.
Mais suffisamment pour m’empêcher d’évoluer certaines fois. Depuis plusieurs années, j’ai plus (tenu) à développer mon côté bienveillant qu’à développer mon côté tranchant. Mon côté tranchant me fait peur. Alors, je le retiens comme je le peux par un excès de bienveillance.
Il arrive que de temps Ă autre, on me dise :
« C’est parce-que tu es infirmier en pédopsychiatrie et en psychiatrie..tu as la vocation etc…. ».
De la même manière que j’ai démenti être une personne passionnée, je vais ici démentir le fait d’avoir une quelconque vocation pour le métier d’infirmier comme le fait d’être « bienveillant » par effet de ruissèlement parce-que je suis infirmier en pédopsychiatrie et en psychiatrie.
Certains tortionnaires ont pu être et sont des médecins ou des soignants. Je pourrais très bien faire partie de ces tortionnaires.
Pour simplifier, « L’ère » nazie a donnĂ© de « bons » exemples de mĂ©decins tortionnaires. Et, malheureusement, je n’ai aucune difficultĂ© Ă concevoir que lors du gĂ©nocide des Tutsi au Rwanda, en 1994, des soignants hutus aient participĂ© au massacre. Dès lors qu’une forme de folie meurtrière devient « normale », « fĂ©conde » et « collective », toutes les catĂ©gories sociales et professionnelles peuvent se rĂ©vĂ©ler zĂ©lĂ©es et entreprenantes pour participer au « grand projet » qu’est un gĂ©nocide. C’est un vĂ©ritable film d’horreur mais pour de vrai.
Il ne suffit pas de porter une blouse blanche pour devenir bienveillant. On a une certaine bienveillance et attention en soi, de manière spontanée et stimulée, qui, ensuite, selon le domaine professionnel et économique où l’on exerce, et selon la conscience que l’on a de soi et des autres, va et peut se développer ou non en fonction des conditions de travail qui sont les nôtres que l’on accepte ou que l’on refuse.
J’aurais pu être tout autant quelqu’un de bienveillant et exercer en tant que journaliste ou avocat.
Une journaliste comme Laurence Lacour ( autrice de Le bûcher des innocents) un journaliste comme Ted Conover ( auteur de Là où la terre ne vaut rien) ou Joseph Kessel lorsqu’il a écritAvec les Alcooliques anonymes ont à mon avis une bienveillance supérieure à bien des personnes.
La bienveillance part d’eux. Ensuite, ils sont parvenus à la monnayer ou à en faire un métier mais aussi un moteur de leur carrière.
Moi, j’en suis au stade où je pense que ma bienveillance voire ma « sur » bienveillance est un moyen, aussi, pour moi, de distraire ma violence. Ou de l’utiliser à des fins que j’estime plus utiles et réparatrices. C’est une façon de la maintenir à distance. Par devoir et aussi par choix. Parce-que savoir ordonner sa propre violence au point de savoir l’utiliser afin d’en faire une œuvre d’art ou une œuvre socialement responsable et collective, c’est donné à peu de personnes :
Le plus souvent, lorsque l’on est coutumier de l’usage de la violence, soit on détruit son entourage, ses relations et son environnement et/ou soit on se détruit soi-même.
Picasso et Miles Davis étaient des personnes violentes et destructrices. Mais malgré tout, ils ont pu créer et c’est ce que beaucoup préfèrent retenir et admirer. A mon sens, Amy Winehouse s’est autodétruite quasiment en direct live et c’est la raison pour laquelle j’ai beaucoup de mal à comprendre comment des gens ont pu avoir du plaisir à assister à certains de ses concerts. Et, j’ai du mal à aimer sa musique pour les mêmes raisons. Une musique que je trouve en plus excessivement rétro comme corsetée dans une époque qui ne pouvait pas la retenir.
Par extension, je ne crois donc pas que les soignants en blouse blanche soient des êtres totalement pacifiés et expurgés de tout conflit intérieur et intrapsychique. Leur blouse blanche leur sert de digue ou de barrage, comme le kimono ou le hakama pour d’autres, et la profession que servent ces blouses blanches a des codes, des interdits, dont on peut retrouver des équivalents dans la Loi ou dans une religion qui donnent un cadre, des repères et des guides.
Le but de ce cadre, de ces repères et de ces guides, c’est d’éviter que la sauvagerie ne prenne le dessus sur l’Humanité et de permettre à cette dernière de subsister, de s’exprimer et de se consolider le plus possible.
Mais tout excès, même lorsqu’il s’agit de bienveillance, est à atténuer.
C’est peut-être pour cela que, instinctivement, de plus en plus, je me rapproche des Arts Martiaux bien-sûr mais aussi….des armes blanches.
Acheter un iaitĹŤ :

Je n’étais pas du tout venu au Japon avec l’intention d’acheter un iaitō.
Lorsque Léo en parlait dans ses mails plusieurs mois avant ce Masters Tour 2024, je ne me sentais pas du tout concerné. Je voyais cela comme une espèce d’excentricité coûteuse et décorative. Ou comme une recherche du spectaculaire. Je pensais aussi au katana posé sur un mur pour faire joli ou pour intimer :
«Mon secret, c’est que je suis un samouraï, une personne très redoutable, car j’ai un katana commandé sur internet accroché au mur dans mon salon ».
J’ai quelques fois la naïveté de croire que les personnes les plus redoutables sont aussi celles qui savent se rendre parfaitement indétectables et se fondre dans la masse. On l’a très bien « vu » (malheureusement) avec les terroristes islamistes ces dernières années.
Et puis, un des participants du Masters Tour a choisi un iaitĹŤ devant moi dans la boutique Sakuraya.
Curieux, je l’ai regardé faire. Il a été conseillé par Issei.
Ensuite, puisque j’étais là , autant en profiter pour toucher. J’en ai sorti un ou deux de leur fourreau avec autant de précaution que mes mains mal habitées le pouvaient.
J’ai ressenti quelque chose. J’ai ressenti de la vie. Ce n’était pas un objet ni un geste inerte. C’était une action qui, le fait de sortir et de manier cette arme, de manière répétée, apprise, maitrisée, pouvait faire grandir en moi un certain apaisement.
Je peux vraiment dire que c’est ce que j’ai ressenti plus que ce que j’ai vu ou l’envie de posséder une « arme » qui m’a incité à faire cette acquisition mais aussi à m’embarrasser ensuite à la porter d’hôtel en hôtel, de shinkansen en shinkansen jusqu’à l’aéroport.
Alors que voyager léger et le moins encombré possible facilitait beaucoup nos déplacements avec nos bagages.
Lorsque je suis reparti de la boutique Sakuraya, tout, dans l’attitude solennelle du vendeur expĂ©rimentĂ© m’indiquait que j’avais achetĂ© un objet important. Ou qu’il me confiait un objet important.

A mon retour en France, j’ai commencĂ© Ă chercher des cours de iaido. Et, quotidiennement, je sors mon iaitĹŤ. Miles Davis disait qu’un musicien a besoin de toucher son instrument tous les jours. Je me dis que ce iaitĹŤ n’est pas un objet de dĂ©coration et doit (me) devenir un corps familier. Je fais sĂ»rement des erreurs grossières et ridicules lorsque je l’emploie en attendant de prendre des cours. Mais je le prĂ©serve de la poussière.
Quelques jours après avoir achetĂ© « ce » iaitĹŤ, j’aurais aimĂ© m’ĂŞtre aussi fiĂ© Ă ce que je ressentais en touchant un Jeans Ă Kurashiki. J’ y ai dĂ©laissĂ© un Jeans auquel je continue de penser depuis.
Car j’ai voulu me raisonner. Je porte très occasionnellement des Jeans. Et je n’avais aucune intention d’acheter une paire de Jeans en venant au Japon. Or, j’en avais dĂ©jĂ achetĂ© deux.
J’ai un moment envisagé de faire le trajet Tokyo-Kurashiki pour aller le chercher. Ce qui aurait ramené ce Jeans quasiment au prix d’un diamant !
J’ai quand même vécu beaucoup de bons moments là -bas. Alors, pourquoi, à certains moments ai-je disparu du groupe ?

La vie en groupe, première semaine :
J’ai écrit qu’un certain nombre de participantes et participants sont restés entre eux. J’ai néanmoins bénéficié aussi des avantages du groupe ou des petits groupes en diverses circonstances.
Durant la première semaine, je me suis abreuvé principalement aux groupes. Je suivais le groupe dans lequel je me trouvais. Que ce soit pour prendre le shinkansen, le train, le bus, les visites. Prendre un verre.
C’était très agréable. Je faisais le touriste. Cela me permettait de socialiser. Cela était très confortable et je n’avais pas beaucoup à réfléchir sur ce qui m’environnait. Tout ce que j’avais à faire, c’était être à l’heure et faire avec les autres ou comme tous les autres.
Au préalable, j’avais toutefois effectué le minimum. J’avais pensé à retirer des yens en espèces dès le début de mon séjour par 50 000 yens (environ 260 euros au cours actuel de 1 euro = 171 yens, un taux très avantageux pour l’euro). J’avais acheté un téléphone portable reconditionné qui acceptait la carte e-sim et j’étais relié en permanence (et très facilement) aux divers groupes whatsApp du Masters Tour 2024.
Nos journées étaient quotidiennement rythmées par l’engrais des informations qui venaient régulièrement fertiliser nos messageries whatsApp.
La vie en groupe, deuxième semaine : Ne Pas déranger
En début de deuxième semaine, j’avais digéré le décalage horaire et avais commencé à comprendre dans quel pays je me trouvais. Dont certaines de ses règles liées à la ponctualité qui consiste à être en avance de dix à quinze bonnes minutes. Ainsi que le principe « Ne pas déranger » rappelé régulièrement par Léo et Issei.
Mais, surtout, j’ai alors fait une grande découverte :
J’étais devenu un bovidé.
Je me contentais de suivre et de boire à grands traits quand on me le disait et là où l’on me disait quand le faire. Moi, qui, en 1999, sans internet et la téléphonie mobile actuelle, avais pu circuler seul, une semaine durant au Japon, prendre le shinkansen, aller à Kyoto, Hiroshima. Dans le Japon de 1999 qui était bien moins touristique que celui « retrouvé » cette année où on a pu facilement entendre parler Français, Anglais ou Américain. Mais où j’ai aussi pu croiser un Ukrainien qui y vit depuis une dizaine d’années ainsi que des Nigérians.
C’est probablement au début de cette deuxième semaine que j’ai vraiment vu que certaines et certains préféraient rester entre eux pratiquant d’une certaine façon le « chacun pour soi ».
A cela s’est additionné un certain état d’esprit « sauve qui peut ». L’esprit « sauve qui peut », c’est cette tension ou cette anxiété, voire cette quasi-épouvante perçue dans le regard de certains au moment de prendre le shinkansen ou lorsqu’il s’agissait de se déplacer avec nos bagages dans les correspondances des gares. La peur ou l’inquiétude de se perdre. De rester à quai. Ou dans le shinkansen.
Sans le groupe.
Ces observations m’ont amenĂ© Ă rĂ©flĂ©chir Ă celui que j’Ă©tais et que j’avais oubliĂ© : j’aime ĂŞtre en relation avec les gens mais pas Ă n’importe quelle condition. Et je n’aime pas me sentir enfermĂ© dans un groupe.

La vie en groupe, troisième semaine : « On dirait qu’il fait tout le temps, la gueule ! ».
Lors de la première semaine du Masters Tour environ, j’avais été surpris d’apprendre par un participant que certaines personnes avaient l’impression que je faisais « tout le temps, la gueule ! ».
J’avais répondu à ce participant qu’en une semaine de Masters Tour, j’avais appris ça :
« Si les gens étaient (plus) sereins, ils ne pratiqueraient pas des Arts Martiaux ».
Une remarque que j’avais étendue aussi aux pratiquantes et pratiquants d’apnée.
J’avais ensuite ajouté que ces personnes qui s’étaient formalisées à mon sujet étaient très peu venues me parler.
Mais, rétrospectivement, ces personnes avaient peut-être un peu raison en ce sens que je ne me suis pas forcé à sourire. Et qu’il est d’autres moments où j’ai pu rester très sérieux ou concentré.
D’un autre côté, je comprends que des participants et des participantes soient venus en couple, en famille, entre potes ou partenaires du même club ou aient opté pour se réunir en personnes de la même discipline. Ce voyage sera pour eux mémorable et leur a sans aucun doute- je le crois et je l’espère- réservé des moments très privilégiés.
Pour ma part, même si, dans l’idéal, j’aurais aimé faire autrement, je continue de croire que j’ai pris la meilleure décision en venant seul au Japon pour ce Masters Tour 2024. Au vu du rythme et du nombre de nos visites, de nos marches, de nos changements d’hôtel, de la chaleur humide (plus de trente degrés tous les jours en moyenne), de la variabilité de nos horaires selon les circonstances, de la nécessité de s’adapter, de suivre les messages sur les boucles WhatsApp, des entraînements, je trouve qu’il est difficile de pouvoir s’y ajuster au mieux tout en conservant, par ailleurs, une vie de famille ou de couple harmonieuse, douillette et paisible.
On pourra me dire qu’une vie de couple et de famille est rarement harmonieuse, douillette et paisible et que le Masters Tour peut aussi permettre d’apprendre à se concentrer sur l’essentiel.
Je répondrais qu’il m’a manqué le courage, l’optimisme, la force, la folie mais aussi la générosité pour venir avec ma compagne et ma fille à ce Masters Tour 2024.
Je me souviens aussi m’être senti devenir assez irritable ou susceptible en début de troisième semaine. Et de moins bien supporter d’éventuelles contraintes relatives au groupe. Qu’il s’agisse de faire en groupe ou de « téter » l’anxiété ou la fébrilité de quelqu’un dans le groupe.
Donc, tout ce qui, en troisième semaine, m’a semblĂ© facultatif concernant le groupe est assez facilement passĂ© davantage au second plan. J’en aussi eu assez d’ĂŞtre celui qui va vers les autres participantes et participants du Masters Tour.
Je suis sûrement devenu nettement plus solo, plus égocentrique, donc peut-être encore plus bizarre et plus incompréhensible pour quelques unes ou quelques uns lors de cette troisième et dernière semaine.
Parallèlement à cela, je me suis davantage ouvert au pays, à mon rythme ainsi qu’à mes inspirations pour continuer à le découvrir.
J’ai un temps voulu aller à Yokohama. Mais durant les deux derniers jours de notre périple, je me suis avisé que j’avais à peine vu Shinjuku. Et en me rendant à Harajuku (où j’étais aussi passé en principe en 1999), je me suis aperçu que j’avais tout à découvrir.
Du Japon que j’avais aperçu en 1999, exceptĂ© Hiroshima et l’Ă®le de Miyajima, je n’ai rien reconnu.
Cette première partie s’arrête là . La seconde partie parlera des Maitres que nous avons rencontrés. Des impressions qu’il me reste ou que je me suis fait d’eux.
Il me semble que cette première partie est la plus difficile à lire et à avaler. Mais je crois que sans cette première partie, mon « récit » aurait été incomplet et artificiel.
Franck Unimon, dimanche 11 aout 2024.