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Les Kage-Shihans : Les Maitres de l’ombre aux pratiques supérieures

Photo prise le 5 décembre 2020. Au bout, l’Opéra Garnier.

Les Kage-Shihans ou « Maîtres de l’ombre aux pratiques supérieures »

 

 

 

Tous ces Maitres……

 

 

En parcourant hier le numéro 4 de la revue Aikido Self & Dragon Special, je suis à nouveau tombé sur des Maitres d’Arts martiaux présentés dans des interviews. Ou nommés par les uns et les autres. Laurent Boucher, Daniel Blanchet, Ellis Amdur, Robert Paturel…

 

 

Ensuite, quand je l’ai pu, j’ai fait quelques recherches sur internet. J’ai lu quelques résumés ou des commentaires sur certains ouvrages. J’ai regardé un peu le site de Sensei Laurent Boucher qui a fondé son CDRAM (Centre de Développement et de Recherche sur les Arts Martiaux). Avant la lecture de son interview par Germain Chamot, fils de Sensei et Sensei lui-même, je crois, je ne connaissais pas Laurent Boucher. J’ignorais où se trouvait son CDRAM. Dans la Drôme.

 

Je vais me répéter : avec tous ces Maitres, je ne savais pas par lequel commencer. Même si j’ai débuté en rencontrant Sensei Jean-Pierre Vigneau Sensei Jean-Pierre Vignau : Un Monde à part à la fin de l’année dernière et qu’il est prévu que j’interviewe, dans quelques jours, Sensei Léo Tamaki ( L’Apparition). 

 

C’est en commençant à lire les liens sur son parcours que m’a adressé Léo Tamaki avant que je ne l’interviewe, que j’ai découvert, entre-autres, l’expression Kage-Shihan « Maitre de l’ombre aux pratiques supérieures ». Expression que Léo Tamaki, lui-même, a lue dans des écrits de Sensei Henry Plée. Maitre  d’Arts martiaux décédé en 2014, que je n’ai jamais rencontré mais dont je connaissais l’existence plusieurs années avant sa mort.

 

Kage-Shihan est une expression que j’aime beaucoup et je remercie déjà Léo Tamaki de me l’avoir indirectement transmise.

 

Il est bien d’autres Maitres d’Arts martiaux que je n’ai pas cités. Et, si je ne nomme que des hommes pour l’instant, j’espère bien, aussi, pouvoir citer des Senseï femmes dans cet univers où la gente masculine reste souvent surreprésentée que ce soit en Europe ou ailleurs. Peut-être, tout simplement parce qu’historiquement et sociologiquement, c’étaient plutôt les hommes qui partaient faire la guerre. Aujourd’hui encore, il  reste assez mal vu pour un homme de manquer de courage et de calme en certaines circonstances.

Photo prise ce vendredi 15 janvier 2021, près de la gare St Lazare.

 

Mais évitons tout malentendu : je tiens à croiser et à nommer des Sensei femmes non pour me mettre bien et me faire bien voir aujourd’hui où «  ça fait bien » d’être homme et de se dire féministe. Mais par strict intérêt personnel :

 

Par sa  pratique voire sa maitrise d’un Art Martial, une femme peut d’autant plus démontrer, même si je n’aime pas ces termes de « démontrer ou de faire ses preuves », comme celui-ci est « efficace » ou peut être « efficace ». Même si je n’aime pas ce terme « d’efficacité » non plus.

 

Enfin, à titre encore plus personnel, j’aspire aussi à rencontrer des Sensei femmes dans les Arts martiaux parce-que, idéalement, l’enfant que je suis resté aurait souhaité que sa mère, celle qui m’a enfanté et éduqué, ait cette faculté martiale. Ma mère a beaucoup de vertus et je lui dois la vie- et le peu que j’ai de raison- de bien des façons. Mais elle a, à mon avis, très peu d’aptitudes martiales. Sa constante anxiété de mère et de personne  explique peut-être sa piété ardente ainsi que toutes les piétés du monde tant modérées qu’extrêmes. Elle a su et pu trouver néanmoins une certaine protection en la personne de mon père. Sauf que celui-ci vit sous la tutelle d’une certaine violence mais aussi d’une autre force d’anxiété, toutes deux ventriloques, dont semble bannie l’amnistie et où perdurent déni et amnésie. 

Mon père a évidemment également ses vertus. Sans doute qu’une d’entre-elle est de m’avoir appris que toute vertu a un prix. Si j’écris aujourd’hui avec une relative aisance, originalité incluse, comme avec une certaine discipline, c’est sans nul doute en partie grâce à lui.  

J’ai été le fidèle enfant aîné des mes parents pendant des années. Cette folie et cette névrose familiale, héritée et transmise depuis plusieurs générations, a souvent servi de magnésie à mes mains alors que j’escaladais la vie. Et, je suis aujourd’hui père. Donc, j’ai plutôt intérêt à bien assurer mes prises dans ce que je transmets à ma fille.

 

 Idéalement, j’aimerais transmettre ça :

 

La Maitrise de soi, le discernement, la combattivité, des capacités d’adaptation à son environnement proche et lointain, l’optimisme, la persévérance, le relâchement….

 

Je crois que ce sont quelques  unes des aptitudes que la pratique d’un art martial ou de plusieurs arts martiaux permet de découvrir et de développer en soi.

 

 

Mais je ne parle ici, et pour l’instant, « que » des Maitres d’Arts martiaux. Il est aussi bien d’autres Maitres dans d’autres domaines qui sont selon moi à peu près équivalents quand il s’agit de bien vivre. En dehors d’une guerre,  d’une famine, d’une émeute ou d’un champ de bataille.

 

Pour moi, les humoristes sont aussi des Maitres. Ou en voie de l’être ou de le devenir. Je n’ai pas encore parlé du spectacle de l’humoriste Haroun  passé à Argenteuil il y a quelques mois. Avant notre confinement partiel actuel.

 

J’ai beaucoup aimé lire, aussi, récemment, l’interview d’Alex Lutz dans l’hebdomadaire Télérama. Un artiste dont tout ce que j’ai pu voir ou entrevoir, jusqu’à maintenant, m’a épaté ou beaucoup plu.

Je me sens aussi très proche de l’univers de l’humoriste Blanche Gardin. Même si je suis régulièrement inquiet pour  elle lorsque je la « vois » sur scène. Je lui trouve une sensibilité un peu trop proche de celle de la chanteuse décédée Amy Winehouse. Lorsque j’avais regardé le documentaire que lui a consacré le réalisateur  Asif Kapadia, en voyant Amy Winehouse, en concert, je m’étais dit que j’aurais été très embarrassé par son mal-être si j’avais été présent dans la salle. Je crois que j’aurais été incapable d’apprécier sa performance artistique. Mes ouïes et mon cerveau se seraient faits emporter par les cataractes de sa souffrance évidente pour ne pas dire protubérante. Blanche Gardin, qui a déjà vécu plus longtemps que Winehouse, oscille à mes yeux entre l’abysse intime et l’autodérision grand public. Mais, pour l’instant, elle me fait beaucoup plus rire qu’Amy Winehouse.

 

 

Il y a beaucoup d’autres Maitres et Maitresses en termes d’humour. Et, là aussi, je ne sais pas toujours par où commencer tant il y en a en France et ailleurs.

 

Cependant, il y a aussi les conteurs. Que l’on parle  du Malien Amadou Hampâté Bâ ou du Breton Per  Jakez Hélias. Je parle ici de conteurs et d’écrivains décédés mais il y en aussi des vivants.

Il y a par exemple les écrivains Alain Mabanckou, Dany Laferrière (auteur entre-autres, non pas de Comment faire l’amour avec un nègre sans se suicider mais bien de Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer ).  On peut lire ici mon avis sur un des livres de Laferrière ( Dany Laferrière-Tout bouge autour de moi )

Beaucoup d’autres écrivains ou auteurs sont aussi des Maitres.

 

Hier soir, j’ai lu quelques lignes du dernier ouvrage La Sardine et le Diamant ( de l’utilité de l’ordre et du désordre » de la scientifique Catherine Bréchignac. Je ne la connaissais pas. J’ai été époustouflé. Et, je me suis dit que son livre serait peut-être le prochain que j’achèterais.  Voici un extrait de son livre :

 

« (….) Fasciné par la beauté de l’ordre, l’homme le traque et découvre qu’il est pluriel : il est statique, dynamique, local ou s’étend à perte de vue (…..). Ce livre raconte l’attrait qu’exerce l’ordre sur l’homme, la recherche de la raison d’être de la répétition de l’organisation (….). L’ordre se dévoile dans la nature. Il est perçu à la faveur d’un vol d’oiseaux migrateurs (….). Il suffit alors d’une perturbation locale de direction, provoquée par un très petit nombre, pour entraîner l’ensemble dans un mouvement collectif aux morphologies changeantes (….). L’ordre peut aussi être dynamique. Ainsi, les planètes ne gravitent pas en désordre autour du soleil (….). L’être vivant, qui ne semble pourtant pas être le propre de l’ordre mais plutôt son contraire, est issu de l’ordonnancement des quatre bases moléculaires qui composent l’ADN de ses parents. L’expression tu es «  la chair de ma chair », « le sang de mon sang » n’est en fait que :

« tu es l’ordre de mon ordre ».

 

 

Pour moi, parmi les participants actuels de la course en solitaire en bateau du Vendée Globe, il y ‘a des Maitres de l’ombre. Y compris au sein de ceux qui ont dû abandonner.

 

 

En musique, c’est pareil, il y a plein de Maitres qui peuvent nous correspondre et nous atteindre. Qu’ils soient Morts ou vivants. Assez « âgés » ou jeunes. Peu importe leur genre musical ou leur origine ethnique ou culturelle. Spontanément, je pense à Miles Davis et à Jacques Pellen car je tiens ici à les citer. Mais tout le monde a son panthéon de chanteurs et de musiciens qui l’entretient et l’entraîne dans la vie.  

Photo prise ce vendredi 15 janvier 2021, après avoir effectué mes démarches administratives pour mon nouvel emploi.

 

Il y a plein de Maitres (femmes et hommes) partout et dans les univers les plus divers. Mais il s’agit de les trouver. Il s’agit de les « voir ». Il s’agit d’aller vers eux car ils ne sautent pas aux yeux. Il est plutôt rare que ce soit leurs œuvres ou leurs actions dont on voit le plus la pub ou la promotion dans les gares, dans les rues, sur les réseaux sociaux ou sur internet. C’est en cela que je vois aussi ces Maitres qui ne relèvent pas d’un Art martial comme des sortes de Kage-Shihan.

 

Pourtant, je crois que ce sont tous ces Kage-shihans (martiaux et non-martiaux) qui peuvent davantage nous rassurer et continuer de nous éduquer en notre époque anxiogène.

 

Même si chaque époque connait ses vibratos anxiogènes.

 

Ce qui est souvent le plus accessible, immédiatement,  à gros tirages et à gros débits, c’est rarement l’exemple ou la présence d’un Maitre (femme ou homme) qui apaise, encourage et nuance malgré des peurs et des menaces réelles et supposées.

 

Photo prise ce vendredi 15 janvier 2021.

 

Ce qui nous saute régulièrement au visage et à la tête, de façon massive, c’est la poudre aux yeux. Le shoot d’adrénaline. Une certaine facilité. Et on finit par se laisser prendre en main plus ou moins. Par se laisser guider puisque tout est organisé et que l’on est dans une certaine norme ainsi qu’une certaine forme de présent et d’avenir commun avec d’autres.  C’est mieux que rien. Et, puis, ça nous fait vibrer, bouger, et ressentir quelque chose. Ça nous change les idées, et c’est vrai.

 

C’est  pareil pour le chef-d’œuvre au cinéma. Il est souvent plus rare,  plus confidentiel et plus tardif que le « blockbuster » qui fait rapidement un « carton », dont tout le monde va parler, qui écrase d’autres films et les  empêche d’exister comme d’être découverts.

 

La peur et l’anxiété générales, lorsqu’elles s’imposent et remplissent tous les murs de nos pensées font le même effet que plusieurs blockbusters. Plus rien d’autre ne semble exister. Plus rien d’autre ne semble pouvoir exister. Plus rien d’autre ne semble devoir exister. Hé bien, si ! Il existe des Maitres de l’ombre, un peu partout autour de soi, comme en soi-même, qui permettent d’éviter de se faire annihiler ou mettre en boite ou en bière comme à l’intérieur d’une boite de conserve (ou d’un cercueil) par une peur et  une anxiété  permanentes et indélébiles. Et, il s’agit de savoir aussi les débusquer, ces Maitres de l’ombre. Il s’agit aussi de les solliciter. De rechercher, de préférer mais aussi d’exiger leurs enseignements et leur présence.

 

Au lieu de se contenter d’attendre que le bonheur – ou le suicide- nous soit livré.

 

Franck Unimon, ce vendredi 15 janvier 2021.

 

 

 

 

 

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