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La pandĂ©mie du Covid dans les rĂ©gions d’Outre-mer

 

 

La pandĂ©mie du Covid dans les rĂ©gions d’Outre-Mer

 

Echanger des points de vue avec des amis comporte des risques. Les disputes et les ruptures font partie des risques. Mais il en est un autre peut-ĂȘtre beaucoup plus grand.

Celui qui consiste Ă  se croire trĂšs intelligent en leur compagnie. Le nombre de fois oĂč l’on se sent autorisĂ© Ă  s’imaginer particuliĂšrement perspicace ne se compte pas avec nos amis. Puisque, gĂ©nĂ©ralement, le plus souvent, ils pensent comme nous. Lorsque cela n’est plus possible, certains quittent ce statut d’amis. Soit de leur propre initiative soit de la nĂŽtre.

 

Je viens de connaĂźtre un de ces moments oĂč, Ă  nouveau, je me suis senti pousser une intelligence particuliĂšre. Je n’avais pas prĂ©vu ça. Comme je n’avais pas prĂ©vu de l’écrire dans un article ce matin. Ce matin, j’avais d’autres ambitions que de « paraĂźtre Â» dans un article. Mais l’échange que je viens d’avoir par sms avec mon ami Raguse en a dĂ©cidĂ© autrement. Pour le pire ou le meilleur. Avec lui ou avec d’autres.

 

Raguse et la pandémie aux Antilles

 

Tout Ă  l’heure, mon ami Raguse m’a sollicitĂ© pour avoir mon avis concernant l’essor de la pandĂ©mie aux Antilles. Depuis quelques jours, dans les mĂ©dias, il se parle de plus en plus du confinement strict et du couvre-feu dĂ©cidĂ©s rĂ©cemment par le gouvernement aux Antilles. Du fait que les touristes qui s’y trouvent sont encouragĂ©s Ă  rentrer en France.

 

On parle aussi du faible taux de vaccination anti-Covid lĂ -bas. De la dĂ©fiance d’une grande partie de la population envers les vaccins anti-Covid. Tandis qu’en France, on doit maintenant approcher les plus de 60 % de personnes vaccinĂ©es contre le Covid, dans les rĂ©gions Outre-mer telles que les Antilles oĂč la RĂ©union, ce taux tombe Ă  environ 20 %.

Alors que le variant Delta du Covid fait de plus en plus parler de lui et couche de plus en plus de monde dans ces rĂ©gions et ailleurs. Aux Antilles, on parle de services hospitaliers surchargĂ©s, de renforts en personnels soignants ( mais aussi de renforts policiers ) venus de mĂ©tropole. Donc, d’une catastrophe sanitaire en cours sous les tropiques. Les « tropiques Â» sont habituellement plutĂŽt synonymes de paradis, d’évasion et de dĂ©tente. LĂ , ils deviendraient plutĂŽt synonymes de mouroirs et de mouchoirs.

 

Je l’ai dĂ©jĂ  Ă©crit : je suis bien-sĂ»r embarrassĂ© devant ces chiffres de « cas de Covid Â» en augmentation. Que ce soit aux Antilles oĂč j’ai de la famille, Ă  la RĂ©union, mais aussi en France. Mon propre frĂšre a prĂ©vu de se rendre en Guadeloupe avec sa compagne et leurs deux enfants. Et, il y a quelques jours, bien que lui et sa compagne soient vaccinĂ©s et aient prĂ©vu de passer deux tests PCR, un quarante huit heures avant leur vol, et un autre le jour-mĂȘme, afin d’augmenter leurs chances, mon frĂšre ne savait pas s’ils pourraient dĂ©coller pour la Guadeloupe la semaine prochaine.

 

Cela, c’était avant que l’on apprenne que les touristes Ă©taient maintenant incitĂ©s Ă  quitter les Antilles. Partir des Antilles serait plus « simple Â» pour certains touristes qui y sont que pour d’autres Ă  ce que j’ai lu. La compagnie Air France serait plus facilement joignable et  accommodante. La compagnie Air CaraĂŻbes, aux billets d’avions moins chers, ne rĂ©pondrait pas.

 

Le journal  » Le Parisien » de ce mercredi 11 aout 2021.

 

Mon ami Raguse m’a posĂ© tout Ă  l’heure en guise de bonjour (il ne m’a mĂȘme pas dit bonjour) la question suivante que beaucoup d’autres personnes se posent peut-ĂȘtre :

 

« Je comprends bien la dĂ©fiance des antillais vis Ă  vis de l’Etat français mais l’hĂ©catombe actuelle en Guadeloupe et Martinique pose la question de la vaccination
et ses consĂ©quences bĂ©nĂ©fiques sur le nombre de victimes
.Qu’en penses-tu ? Bonne journĂ©e ! Bizz Â».

 

Je sortais de ma douche lorsque j’ai lu ça aprĂšs ma deuxiĂšme nuit de travail. Nuit de travail dont je suis revenu assez poussivement tout Ă  l’heure en pĂ©dalant sur mon vĂ©lo. J’ai mĂȘme croisĂ© un « vĂ©lo Brompton Â» tout fringant qui m’a allumĂ© alors que je me rapprochais de la gare de St Lazare.

 

Mais en lisant ce sms de mon ami Raguse, tout Ă  l’heure, mon Q.I n’a fait qu’un tour. D’abord, sa question amenait entre nous une nouvelle discussion parmi d’autres. Ensuite, mes origines antillaises et mon statut de « non vaccinĂ© Â» m’ont attribuĂ© le rĂŽle du candidat idĂ©al pour en dĂ©battre avec lui. Impossible pour moi de me dĂ©filer.

 

J’ai d’abord rĂ©pondu :

 

« Tu as peut-ĂȘtre raison pour la vaccination. Mais nous ne sommes pas Ă  leur place. La Guadeloupe, c’est une Ăźle qui se trouve Ă  des milliers de kilomĂštres de l’hexagone. Et oĂč l’on perçoit donc les Ă©vĂ©nements et la vie depuis un autre point de vue. Et puis, la France a un terrible passif avec, au moins, la Guadeloupe et la Martinique : Le chlordĂ©cone.

Lorsque tu as vĂ©cu ça, cette horreur sanitaire, comment peux-tu faire confiance Ă  la France ? Pareil pour la PolynĂ©sie et les essais nuclĂ©aires aux consĂ©quences sanitaires non vĂ©ritablement reconnues par la France. Comment, aprĂšs ça, rĂ©ussir Ă  faire confiance Ă  la France ? Â».

 

Raguse a alors ajoutĂ© :

 

« Oui, je suis d’accord. C’est pour ça que je parlais de leur lĂ©gitime dĂ©fiance vis-Ă -vis de l’Etat français
. Â».

 

Alors, je ne sais pas ce qui m’a pris. C’est peut-ĂȘtre l’effet de la fatigue ou mon Q.I inversĂ© qui m’ont dĂ©sinhibĂ© peut-ĂȘtre pour le pire. Je me suis alors mis Ă  Ă©crire :

 

« Il est trĂšs facile depuis notre regard ethno-centrĂ© et nombriliste de juger les autres. Que ce soit les autres qui sont aux Antilles ou dans d’autres rĂ©gions du monde. Mais t’écrire ça ne m’empĂȘche pas de « regarder Â» le dĂ©compte et l’essor de la pandĂ©mie aux Antilles et en PolynĂ©sie. Cependant, ce qui me dĂ©range aussi, c’est ce business autour des vaccins :

S’il y a peu de gens vaccinĂ©s aux Antilles, ça veut aussi dire qu’il y a lĂ -bas un marchĂ© Ă  conquĂ©rir. Je n’arrive pas Ă  savoir ce qui est le pire. Et, c’est encore plus inquiĂ©tant d’ĂȘtre aujourd’hui incapable de savoir ce qui est le pire :

 

Penser, comme je le fais, que les vaccins anti-Covid pourraient ĂȘtre une nouvelle espĂšce de produits de consommation envers lesquels nous allons dĂ©velopper une dĂ©pendance. Comme envers nos tĂ©lĂ©phones portables et nos ordinateurs et internet. Ils (les vaccins anti-Covid) seraient donc les produits de consommation parfaits. Indispensables et salvateurs mais Ă  durĂ©e limitĂ©e. On en changerait tous les ans ou tous les six mois en prenant un nouveau forfait. Comme avec un nouveau tĂ©lĂ©phone portable de plus en plus sophistiquĂ© chaque annĂ©e.

 

Ou, le pire est-il que ce projet soit dĂ©jĂ  l’avenir pour au moins une ou plusieurs entreprises?

Ce matin, lorsque je suis optimiste, je me dis que la pandĂ©mie du Covid va durer trois ou quatre ans. Puis, je me dis que je me leurre. Et, qu’elle va plutĂŽt durer une cinquantaine d’annĂ©es ou plus. Comme la grippe.

Lorsque l’on voit tout ce que nous avons perdu en libertĂ©s (ne serait-ce que de dĂ©placement) depuis dix huit mois, cela fait trĂšs peur pour la suite. D’autant que le Covid bouffe d’abord en prioritĂ© les plus ĂągĂ©s, donc les reprĂ©sentants et la mĂ©moire d’un autre monde. D’une autre façon de vivre. Mais dans dix Ă  vingt ans, celles et ceux qui naitront ne connaitront rien de cette vie sans Covid que nous aurons connue. Et, pour le plus grand nombre d’entre eux, ça sera normal de vivre avec ces vaccins peut-ĂȘtre devenus mensuels ou quotidiens contre toute sortes de maladies dangereuses. Peut-ĂȘtre mĂȘme que la durĂ©e de vie moyenne de l’humanitĂ© aura-t’elle diminuĂ© pratiquement de moitiĂ©. Le monde sera alors peuplĂ© de jeunes travailleurs et de jeunes consommateurs dynamiques. Ce qui soutiendra l’économie de marché tu m’as interrogĂ©. Je te rĂ©ponds spontanĂ©ment sans me censurer aprĂšs deux nuits de travail. Je t’embrasse Â».

 

 

Un dĂ©lire de plus de Franck Unimon, ce jeudi 12 aout 2021. Avec le concours involontaire de l’ami Raguse  qui n’est peut-ĂȘtre qu’un prĂ©texte ou mon invention afin de pouvoir Ă©crire n’importe quoi.

 

 

 

 

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Vélo Taffe : Certains vélos sont faits pour rouler

 

Photo prise début aout 2021.

 

                            VĂ©lo Taffe : Certains vĂ©los sont faits pour rouler

 

J’ai travaillĂ© cette nuit. Ce matin, pour retourner Ă  la gare, comme je le fais depuis quelques mois, j’ai pris mon vĂ©lo pliant. Je ne suis toujours pas vaccinĂ©.

 

Je suis bien-sûr embarrassé de savoir que dans des pays pauvres, des gens meurent du Covid faute de ne pas pouvoir bénéficier de vaccins anti-Covid comme nous en avons à disposition en France, pays qui fait encore partie des pays riches.

Journal « L’Humanité » de ce mercredi 11 aout 2021.

 

Je suis bien-sûr embarrassé par la montée inquiétante du nombre de cas Covid en Guadeloupe, en Martinique ou à la Réunion. Les média, il y a quelques jours, relevaient une réticence ou un refus de la vaccination anti-Covid en Guadeloupe, en Martinique et à la Réunion.

 

J’ai appris le « durcissement Â» des mesures de confinement dans ces rĂ©gions d’Outre-mer dont je suis plusieurs fois originaire. Je me dis qu’une moindre application locale des gestes barriĂšres a sans doute permis cette extension de la pandĂ©mie. Mais le tourisme aussi : il y Ă©tait encore permis assez facilement il y a quelques mois.

 

Je ne conteste pas les chiffres du Covid dans le monde.

 

Ce matin, pour la premiĂšre fois, je me suis demandĂ© si le dĂ©ni de la pandĂ©mie- et de sa gravitĂ©- par certains pouvait avoir une relation avec une mouvance comme celle des « adeptes Â» de Trump, le prĂ©cĂ©dent PrĂ©sident des Etats-Unis. Soit une mouvance Ă©manant d’un homme Puissant de par son ancien poste de PrĂ©sident de la toujours PremiĂšre Puissance Mondiale mais aussi de par sa richesse en tant qu’homme d’affaires.  

 

C’est ce titre dans le New York Times que j’ai achetĂ© tout Ă  l’heure qui m’a donnĂ© cette idĂ©e :

No bottom in sight for Covid denial Ă©crit par Paul Krugman, une personne que je ne connais pas.

« New York Times » de ce mercredi 11 aout 2021.

 

La traduction approximative de ce titre pourrait ĂȘtre : Le dĂ©ni du Covid est un puits sans fond ou sans limites.

 

Une façon de dire que celles et ceux qui sont dans le dĂ©ni du Covid, et de sa gravitĂ©, trouveront toujours des raisons et des façons de s’opposer aux arguments qu’on leur donnera pour les convaincre de la rĂ©alitĂ© et de la gravitĂ© de cette pandĂ©mie. Une sorte d’hĂ©morragie qu’aucun anticoagulant de ce monde ne pourra jamais arrĂȘter. 

Le  » Charlie Hebdo » de ce mercredi 11 aout 2021.

 

J’ai entendu une infectiologue affirmer qu’avec le variant Delta du Coronavirus qui est en train de prendre ses appartements en France que personne, cette fois-ci, ne pourrait Ă©chapper Ă  cette quatriĂšme vague de la pandĂ©mie :

 

Selon les propos de cette experte, soit on attraperait le Covid. Soit on pourrait s’en sortir en Ă©tant vaccinĂ© avec Pfizer, Moderna, Astrazeneca, Johnson & Johnson. Nous dĂ©signons ces vaccins anti-Covid par les noms des laboratoires qui les fabriquent et/ou les commercialisent.

 

Laboratoires et noms qu’elle n’a pas forcĂ©ment citĂ©s dans son intervention mais que, dĂ©sormais, tout le monde « connaĂźt Â» maintenant en France, je pense. Une pandĂ©mie, la maladie et la mort font partie des meilleures publicitĂ©s qui soient. Et, cela, bien avant cette pandĂ©mie du Covid.

 

Avant de passer Ă  la suite : Je ne me sens aucune affinitĂ© ou proximitĂ© avec une personnalitĂ© ou un personnage comme Trump, le prĂ©cĂ©dent PrĂ©sident des Etats-Unis. 

Maintenant que c’est Ă©crit

Hier, j’ai effectuĂ© ma premiĂšre sortie sans passe sanitaire. J’en parle dans un autre article.( Paris sans passe : Atterrissage ethnique)

 

AprĂšs avoir Ă©crit ça, on pourrait se demander pourquoi je persiste Ă  ne pas me faire vacciner contre le Covid. Cette nuit, ma collĂšgue, vaccinĂ©e avec Pfizer, m’a rappelĂ© les embolies constatĂ©es lors des premiĂšres vaccinations avec l’Astrazeneca au dĂ©but de cette annĂ©e 2021.

 

Bien-sĂ»r, il y a pour moi, une inquiĂ©tude concernant certains effets indĂ©sirables assez immĂ©diats et plutĂŽt graves. Mais, aussi, envers des effets indĂ©sirables aussi graves, et encore inconnus- et peut-ĂȘtre uniquement imaginaires– Ă  ce jour, plus tard.

 

FonciĂšrement, je ne fais que deux choses, me semble-t’il :

 

Douter et essayer de gagner du temps.

 

Faire la Roue

 

Peut-ĂȘtre que faire la roue me permet de continuer de douter en gagnant du temps.

 

Pourtant, je ne doute pas de la pandémie du Covid. Ni de sa gravité possible.

 

Par contre, je doute des vaccins anti-Covid actuels. Pour moi, actuellement, le risque (leurs effets secondaires) Ă  accepter avec ces vaccins que l’on nous propose- et que l’on nous impose- m’apparaĂźt Ă  tort ou Ă  raison plus grand que leur fameux « bĂ©nĂ©fice Â» que l’on nous assure.

 

En Anglais, je pourrais dire : « I Don’t buy it ! Â». En CrĂ©ole : «  An Pa Ka Pran Sa ! Â». Dans ces conditions de doute, aujourd’hui, je ne suis pas preneur du risque que l’on me « demande Â» ou que l’on veut « m’imposer Â» de prendre avec les vaccins anti-Covid actuels.

 

On dira d’une personne comme moi qu’elle ne sait pas ce qu’elle veut. Qu’elle est illogique, conne ou irresponsable. Ou irrationnelle. Je ne peux pas contester totalement cette perception. C’est celle des autres. Elle ne m’appartient pas.

 » Le Canard Enchainé » de ce mercredi 11 aout 2021.

 

 

La roue a sa propre volontĂ©. Une fois lancĂ©e, elle nous entraĂźne avec le moindre effort. Une fois portĂ©e par elle, on pourrait mourir, ĂȘtre blessĂ©, ĂȘtre pris d’un malaise, ou sain et sauf  et continuer d’avancer encore sur plusieurs mĂštres avant de commencer Ă  le rĂ©aliser. Sauf, bien-sĂ»r, si l’on est mort ou que l’on perd conscience.  

 

Il n’y a rien Ă  comprendre dans ce qui fait le mouvement d’une roue, d’une pensĂ©e ou d’une intuition. Soit on l’admet, soit on fait corps avec elle, soit on la rejette ou l’on se heurte Ă  elle. La roue a ses rythmes, ses cycles. On peut la trouver suicidaire. On peut comparer la roue Ă  la roulette russe. ça peut ĂȘtre vrai. Ça peut aussi ĂȘtre faux.  C’est aussi par elle que l’on arrive Ă  certains endroits et Ă  certaines dĂ©cisions qui nous sauvent et que la science n’a pas prĂ©vu et ne peut pas prĂ©voir. La science, si elle aide, sauve, soigne et peut aiguiller, n’est pas la propriĂ©taire et la maitresse exclusive de toutes les trajectoires. Un ĂȘtre humain, sur un vĂ©lo, n’ira jamais aussi droit que n’a pas pu le calculer la science afin de parvenir Ă  une certaine destination.

 

Cependant, faire corps avec la roue ne signifie pas se perdre en elle ou s’y enfermer dĂ©finitivement. En faisant corps avec la roue, on peut vivre et rĂ©aliser des actes extraordinaires et inconcevables pour qui pense et marche au pas. Mais se confondre avec la roue, au point de ne plus ĂȘtre capable de faire la diffĂ©rence entre elle et soi, c’est se consigner dans la folie, le suicide ou de la maladie.

 

Avec le rĂ©chauffement climatique, l’invasion de l’Afghanistan par les Talibans, les troubles en Ethiopie, la pandĂ©mie du Covid, le durcissement du confinement en Martinique et en Guadeloupe, le couvre-feu en PolynĂ©sie française, et le meurtre du pĂšre Olivier Maire, l’arrivĂ©e du Footballeur Lionel Messi dans l’Ă©quipe du Paris St Germain comptent parmi les principales Unes de ce mercredi 11 aout 2021.

 

Pas de logique forcément

 

Il n’y a pas de logique, forcĂ©ment, dans le fait que, ce matin, j’ai dĂ©cidĂ© d’attendre ce cycliste que j’avais d’abord trĂšs facilement dĂ©passĂ©. Pour lui parler et l’interroger. Et, bien-sĂ»r, rien ne me prĂ©disposait en particulier Ă  cette rencontre. Rien non plus ne garantissait qu’il accepte de prendre le temps de discuter avec moi. Certains cyclistes sont trĂšs fermĂ©s, assez condescendants ou, plus simplement, pressĂ©s.

 

En partant de mon travail ce matin, j’ignorais que j’allais le rencontrer. Et, si j’avais pĂ©dalĂ© Ă  une certaine allure ou dĂ©cidĂ© de prendre un autre parcours pour me rendre Ă  la gare, nous ne nous serions pas croisĂ©s.

 

Il avançait sur un de ces vĂ©los mĂ©caniques et pliants de la marque Brompton que j’ai dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©s :

 

« Certains vĂ©los sont faits pour rouler. Le mien est fait pour pĂ©daler Â».

 

MĂȘme s’il avançait vraiment doucement, ou peut-ĂȘtre parce qu’il avançait vraiment plus doucement que tous les autres usagers de cette marque de vĂ©lo que j’ai pu croiser, il m’a pris l’envie de lui parler.

 

Contrairement Ă  la plupart des cyclistes que je rencontre, quelle que soit leur marque et leur type de vĂ©lo, il portait un masque noir anti-pollution. Et peut-ĂȘtre anti-Covid. Et, son vĂ©lo, Ă  l’inverse de la majoritĂ© des vĂ©los Brompton que j’ai pu croiser, avait un guidon en T.

 

Il m’a trĂšs vite appris qu’il avait la version sportive. A la fois la plus lĂ©gĂšre et la plus chĂšre. Il se sentait bien avec ce type de guidon et avait dĂ©jĂ  parcouru cinquante kilomĂštres avec. Il se sentait tellement bien dessus que, pour tous ses dĂ©placements, il avait dĂ©sormais dĂ©laissĂ© son VTC classique  Ă  sept vitesses.

Il a reconnu qu’il fallait mettre le prix pour l’acheter. Mais que l’effort financier se justifiait. Il a acquiescĂ© lorsque je lui ai sorti ma formule :

 

« Certains vĂ©los sont faits pour pĂ©daler. Celui-ci est fait pour rouler Â».

 

Il avait fait le choix de n’avoir que deux vitesses. Au lieu des six recommandĂ©es. Pour allĂ©ger davantage son vĂ©lo qui devait pourtant ĂȘtre bien plus lĂ©ger que le mien au poids dĂ©jĂ  confortable (12 kilos).

 

Puis, il m’a dit qu’il Ă©tait Ă©tonnĂ© par la trĂšs grande rĂ©activitĂ© de ces vĂ©los. J’ai pu en tĂ©moigner pour en avoir fait plusieurs fois l’expĂ©rience.

 

AprĂšs un Ă  deux kilomĂštres de discussion et de promenade tranquille ensemble, il m’a prĂ©venu qu’il allait tourner Ă  droite aprĂšs l’hĂŽtel Le LutĂ©tia. Je l’ai saluĂ© et l’ai remerciĂ©. Nous nous sommes souhaitĂ©s une bonne journĂ©e.

 

Certains vĂ©los sont faits pour rouler. Sans se poser de questions. Un de mes anciens cousins, du cĂŽtĂ© de ma mĂšre, Marcel Lollia, Ă©tait surnommĂ© VĂ©lo. Je ne l’ai jamais rencontrĂ©. J’étais ado lorsqu’il est dĂ©cĂ©dĂ©.

 

VĂ©lo n’était pas un cycliste. C’était un joueur de Gwo-Ka. Une rĂ©fĂ©rence. Son nom ne dira rien Ă  beaucoup de personnes en France et dans le monde. Y compris parmi beaucoup de mes amis et de mes connaissances, passĂ©es, prĂ©sentes et futures.

 

Sa vie n’a pas du tout Ă©tĂ© linĂ©aire. Elle n’a rien Ă  voir avec ma propre vie. La campagne, la musique apprise sĂ»rement en autodidacte, peu lettrĂ©, la rue, l’alcool, les nuits blanches, d’abord la mauvaise rĂ©putation, puis la reconnaissance, la maladie,  la mort dans la pauvretĂ© avant la soixantaine. Tout ce que je fuis comme beaucoup de personnes.

 

Mais son nom et son histoire sont restĂ©s. Et, plusieurs annĂ©es aprĂšs sa mort, il continue d’inspirer. Au contraire de la majoritĂ© d’entre nous qui, devant la roue, estiment qu’elle est juste lĂ  pour avancer. Et, rien d’autre. Une roue, c’est fait pour rouler.

 

 

Franck Unimon, ce mercredi 11 aout 2021.

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Paris sans passe : Atterrissage ethnique

Photo prise Ă  Paris, ce mardi 10 aout 2021.

Paris sans passe : Atterrissage ethnique

 

Atterrissage « ethnique Â»

 

 

Ce mardi 1O aout 2021 a Ă©tĂ© ma premiĂšre sortie sur Paris depuis l’instauration du passe sanitaire. Mon atterrissage a eu un caractĂšre « ethnique Â».  Je me suis senti tel un aborigĂšne exclu d’une certaine civilisation :

 

Celle des spectateurs et des consommateurs.

Oeuvre actuellement en cours Ă  Chatelet les Halles de l’artiste Hopare. Photo prise ce mardi 10 aout 2021.

 

Et cette civilisation, pour continuer d’exister, me marcherait spontanĂ©ment sur la figure sans faire attention mais aussi en toute ignorance.

 

« Cela ne tient qu’à toi ! Â» ou «  C’est toi qui l’as choisi, ne te plains pas ! Â» mais aussi, « Ton comportement est dĂ©lirant ! Â» pourraient ĂȘtre quelques unes des voix  disponibles afin de commenter ma sĂ©paration d’avec la vie normale.

 

Mais aussi celle-ci :

 

« On dirait que tu prends du plaisir dans cette situation ! Â».

 

Je ne prends pas de plaisir Ă  cette situation. MĂȘme si les nouvelles contraintes qu’elle m’inflige ou qu’elle m’apporte vont m’obliger Ă  faire le tri. A renoncer. Et aussi Ă  me montrer crĂ©atif.

Une autre oeuvre de l’artiste Hopare. C’Ă©tait en Mai 2019 lors d’une journĂ©e portes ouvertes d’ateliers d’artistes Ă  Argenteuil. C’Ă©tait avant la PandĂ©mie. Photo prise vers le 25 Mai 2019.

 

Il y a encore quelques semaines, je faisais encore partie de cette civilisation. Je prĂ©fĂšrerais continuer Ă  me mouler dans le mouvement gĂ©nĂ©ral comme je l’ai toujours fait dans les grandes lignes. Je n’ai pas un palmarĂšs trĂšs impressionnant en tant que militant. Et encore moins une activitĂ© underground que je pourrais proposer Ă  la vente, Ă  mon avantage, Ă  une maison d’édition ou Ă  une galerie d’art.

 

Un dĂ©lire « normal Â»

 

Quant Ă  mon « dĂ©lire Â»â€Š.je le considĂšre comme une rĂ©action tout Ă  fait normale vu ce que nous vivons depuis dix huit mois, maintenant. Parce-que, depuis dix huit mois et la dĂ©claration officielle de la pandĂ©mie du Covid, ce que nous vivons tous est dĂ©lirant. Donc, quoi de plus normal que de dĂ©lirer dans une situation dĂ©lirante. Les gestes barriĂšres ci-dessous ne sont pas dĂ©lirants pour moi. Je les applique– voire les rappelle– du mieux que je le peux depuis le dĂ©but de leur « prescription« . Ce que je trouve dĂ©lirant, c’est le climat voire toute cette culture de pensĂ©es et de certitudes contradictoires et antagonistes qui peuvent se dĂ©velopper autour de cet Ă©vĂ©nement qu’est la pandĂ©mie du Covid. Mais aussi de voir comme un « simple » virus a suffi depuis dix huit mois Ă  nous aliĂ©ner de plus en plus, nous les ĂȘtres si « modernes » et si « libres »

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

 

MalgrĂ© cela, le plus inquiĂ©tant pour moi serait de rencontrer quelqu’un qui m’affirmerait qu’elle ou qu’il se sent comme un festivalier en plein carnaval dans toute cette ambiance qui nous aspire le cerveau comme un tirebouchon peut extraire le bouchon de liĂšge d’une bouteille de vin. Le pop Ă  l’ouverture ne garantit pas que l’on conservera toute sa cervelle mĂȘme si le goĂ»t et le trou sont divins.

 

Sauf qu’il y a maintenant, depuis l’établissement par notre gouvernement du passe sanitaire, trois grandes tentes qui parsĂšment le pays ainsi que les territoires français Ă  l’extĂ©rieur de l’hexagone :

 

Celles oĂč le dĂ©lire consiste Ă  penser que les vaccins actuels contre le Covid, tels qu’ils ont Ă©tĂ© conçus, leur donne une immunitĂ© totale ou parfaite.

Et, celles oĂč des personnes comme moi ne font pas suffisamment confiance aux vaccins actuels. Qui pensent que ces vaccins offrent une protection limitĂ©e. Et que cette protection, ensuite, se paiera peut-ĂȘtre  au prix fort avec des consĂ©quences sur la santĂ© de celles et ceux qui auront choisi de les adopter.

 

Il y a une troisiĂšme tente oĂč l’on entre encore sans QR Code, sans PCR et sans test antigĂ©nique prĂ©alables. On y  trouve des vaccinĂ©s et des non-vaccinĂ©s qui s’acceptent et comprennent les raisons et les choix des autres. MĂȘme s’ils sont diffĂ©rents et, a priori, opposĂ©s.

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

 

Néanmoins, pour moi, depuis dix huit mois, tout le monde délire avec le Covid.

FiĂšvre ou pas fiĂšvre. RĂ©a ou pas.

 

Et celle ou celui qui affirmera avoir toujours, depuis le dĂ©but, eu la mĂȘme luciditĂ© et le mĂȘme calme est une personne qui se ment ou qui raconte des histoires. Peu importe sa fonction.

 

Seulement, maintenant, surtout depuis le 12 juillet 2021 et les annonces du gouvernement,  je fais partie de cette minoritĂ© qui dĂ©lire d’une façon « dissonante Â» par rapport Ă  la majoritĂ©. Or, le nombre est dominant et l’emporte mĂȘme en dĂ©mocratie.

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

Je devrais marcher au pas et rejoindre le plus grand nombre de mes semblables vaccinĂ©s. 

 

Je pourrais plus facilement faire autrement si j’avais de trĂšs grands pouvoirs telles certaines personnalitĂ©s de ce monde. Celles et ceux qui sont riches, qui disposent de forts pouvoirs d’influences, qui dirigent une entreprise, un pays ou une armĂ©e. Une armĂ©e de l’ombre ou officielle.

 

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

Je ne fais pas partie de cette minoritĂ© dominante, qui sait attaquer et aussi se dĂ©fendre. Les seules armĂ©es que je puisse peut-ĂȘtre rĂ©cupĂ©rer et diriger, et encore, c’est celles de la diarrhĂ©e et de la logorrhĂ©e. La diarrhĂ©e et la logorrhĂ©e de la peur, de l’inaction et de l’ignorance.

 

La majorité dormante

 

J’ai plutĂŽt, longtemps, fait partie et fais toujours partie de la majoritĂ© dormante. Et confiante.

 

Il n’y a que maintenant que je commence Ă  vraiment me mĂ©fier. Et, c’est peut-ĂȘtre dĂ©jĂ  trop tard. En tout cas, pour les personnes comme moi, vaccinĂ©es et non-vaccinĂ©es. Parce-que pour Ă©viter le passe sanitaire et le projet de sociĂ©tĂ© qu’il  dessine- vu que mĂȘme des personnes vaccinĂ©es y sont opposĂ©es- il aurait fallu refuser, avant d’en devenir dĂ©pendants, au moins internet et la tĂ©lĂ©phonie mobile tels qu’ils se sont dĂ©veloppĂ©s. Ou apprendre Ă  les maitriser davantage. Ne pas les laisser aux mains de quelques unes et quelques uns qui sont les dirigeants d’aujourd’hui et encore de demain.

 

 Et, c’était il y a trente ans ou un peu moins, qu’il aurait fallu faire ça. S’interposer. Mettre davantage de garde-fous. Je ne l’ai pas fait.  

 

Il y a trente ans ou un peu moins, nous avions aussi d’autres prĂ©occupations. Nous avons toujours eu d’autres prĂ©occupations. En ce moment, beaucoup d’entre nous ont bien d’autres prĂ©occupations.

 

Et, puis, internet, c’était fantastique. Oui, c’était fantastique.  Et, c’est toujours fantastique. Mais le fantastique peut avoir un prix trĂšs Ă©levĂ© selon les projets des dĂ©cideurs. Pour moi, ce mardi 10 aout 2021, son prix a Ă©tĂ© des situations inĂ©dites. Et, ce n’est que le dĂ©but.

 

Des situations inédites

 

PĂ©nis flots

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

 

Devoir trouver, en plein Paris, un jardin ouvert pour aller y pisser en toute discrĂ©tion mais aussi en toute dignitĂ© ?

 

Parce qu’il faut fournir un passe sanitaire pour entrer dans un cafĂ© ou dans un restaurant afin d’y demander si l’on peut utiliser leurs toilettes. Gracieusement ou contre une petite piĂšce voire une consommation.

Depuis, j’ai commencĂ© Ă  faire des recherches en vue de m’acheter des pĂ©niflows. Afin de pouvoir me balader avec incognito, je devrai arrĂȘter de porter des shorts en Ă©tĂ©, alors que cela fait partie de mes plaisirs. Pisser tranquillement et proprement tout en marchant dans Paris, cela deviendra assurĂ©ment un de mes plus forts plaisirs. A condition d’éviter la palpation en cas de vĂ©rification et de palpitation identitaire.

 

Ma seule consolation pour l’instant : mĂȘme des aviateurs ont Ă  rĂ©soudre ce problĂšme de besoin urinaire en plein vol.

 

En attendant, un mouvement de rĂ©sistance de la vessie reste Ă  structurer. Mais je crains que cela ne soit au dessus de mes forces. Car j’aime pisser en plein vol.

 

Persona non grata

 

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

Etre persona non grata devant les salles de cinĂ©ma. Je me demande Ă  quoi va bien me servir ma carte mensuelle illimitĂ©e que je possĂšde depuis une vingtaine d’annĂ©es. Car je n’envisage pas de me faire trifouiller les narines pour un test PCR ou antigĂ©nique le matin ou quarante huit heures avant une sĂ©ance de cinĂ©ma. Il fut une pĂ©riode oĂč j’allais au cinĂ©ma 7 jours sur 7. Heureusement que je n’en suis plus lĂ  mĂȘme si je le regrette un peu. Il y a tant de films que j’aimerais aller voir.

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

 

Par contre, si je l’avais voulu, j’aurais pu entrer Ă  la Fnac. LĂ , peu importe le nombre de personnes qui s’y trouvent, le masque anti-Covid « suffit Â». Extraordinaire. Je croyais que le gouvernement, trĂšs confiant dans l’explosion des commandes sur internet durant le premier confinement, allait tout axer lĂ  dessus pour maintenir la dynamique de la consommation. Mais l’un n’empĂȘche pas l’autre. On peut, et, autoriser un accĂšs « plus ou moins libre Â» Ă  la Fnac avec un simple masque. Et, en mĂȘme temps voir coexister les achats sur internet. Mais une salle de cinĂ©ma, avec un simple masque anti-Covid, c’est impossible. Et, entrer dans une salle de cinĂ©ma sans visage, sans tĂȘte et sans vessie, est-ce possible?

Dans une salle de thĂ©Ăątre ?

Photo prise ce mardi 1O aout 2021.

 

MalgrĂ© ça, certaines allĂ©es et venues ailleurs sont possibles sans passe sanitaire. Dans une bibliothĂšque prĂšs du complexe de cinĂ©ma oĂč je n’aurais pas pu entrer, le passe sanitaire n’est pas obligatoire. J’ai pu entrer dans une grande pharmacie parisienne. 

 

Photo prise Ă  Paris, ce mardi 10 aout 2021. Ce n’est pas dans cette pharmacie que je suis allĂ© ce mardi.

 

 

Pour retourner voir les colonnes de Buren. Je n’ai pas senti de tension particuliĂšre autour de moi. C’est plutĂŽt moi qui, par moments, ai eu l’impression d’ĂȘtre un dangereux agent contaminant en circulation dans Paris. Je me demande combien de temps, sans passe sanitaire, je vais pouvoir continuer de me permettre ce genre d’infiltration clandestine comme celle d’aujourd’hui.

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2O21.

 

 

Je me suis aussi demandĂ© dans quelle mesure certains des films Ă  l’affiche que je ne verrai pas, parlent d’une situation plus ou moins proche de celle que l’on peut vivre aujourd’hui sans passe sanitaire.

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

On n’exige pas encore de passe sanitaire pour regarder les affiches.

 

Franck Unimon, ce mardi 10 aout et ce mercredi 11 aout 2021.

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Argenteuil

Seine de crime

Photo prise ce lundi 9 aout 2021.

 

Seine de crime

 

 

C’était le jour. Il m’a fallu plusieurs mois pour passer avec ma fille devant ce viaduc.

 

Viaduc oĂč, le 8 mars de cette annĂ©e, la jeune Alisha, piĂ©gĂ©e par une amie de son lycĂ©e, avait Ă©tĂ© passĂ©e Ă  tabac puis jetĂ©e quelques mĂštres plus bas dans la Seine. Fleuve dans lequel elle a dĂ©cĂ©dĂ© en Ă©tat de choc sous les effets conjuguĂ©s de l’hypothermie, de l’épuisement et du dĂ©sespoir.

 

C’était la troisiĂšme fois dans ma vie, aujourd’hui, que je repassais devant ce viaduc.

 

J’ai connu cet endroit par ce crime.

 

Autrement, prĂšs de lĂ  se trouve un chemin de halage, le long de la Seine, qui mĂšne Ă  peu prĂšs jusqu’à St-Denis en partant d’Argenteuil.  Des gens s’y promĂšnent, font leur footing ou y circulent Ă  vĂ©lo. Au dessus de ce viaduc, l’autoroute A15 qui dirige vers le Val d’Oise au delĂ  dans un sens. Et vers Paris et d’autres dĂ©partements d’üle de France dans l’autre sens. De l’autre cĂŽtĂ© de la Seine, Gennevilliers et sa zone portuaire et industrielle avec ses containers. Un lieu de croisements et de directions. Un dĂ©potoir, aussi.

 

Je sais qu’il ne faut pas rester sur de mauvaises impressions. Mais, jusque lĂ , je n’étais pas prĂȘt Ă  les traverser avec ma fille. C’est fait. Ce viaduc est Ă  Argenteuil oĂč nous habitons.

 

AprĂšs avoir rejoint la ville d’Epinay sur Seine, nous sommes allĂ©s jusqu’au centre Ă©questre de Villeneuve la Garenne.

 

A notre retour, je me suis arrĂȘtĂ© un peu pour prendre cette photo. Sans dire un seul mot de ce qui s’était passĂ© lĂ . A la place, j’ai rappelĂ© Ă  ma fille que pour repartir il y avait une cĂŽte Ă  monter. Elle a essayĂ© de la franchir sur son vĂ©lo. Mais c’était trop difficile pour elle. Je suis descendu de mon vĂ©lo et l’ai attendue. Nous avons continuĂ© Ă  pied jusqu’à ce que nous puissions remonter tous les deux sur notre vĂ©lo pour rentrer.

 

Alisha n’est pas remontĂ©e. Et, elle n’est pas rentrĂ©e. ( Marche jusqu’au viaduc)

 

Franck Unimon, ce mardi 10 aout 2021.

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Cinéma

Le Chat du Rabbin- un dessin animé de Joann Sfar et Antoine Delesvaux

            Le Chat du Rabbin un dessin animĂ© de Joann Sfar et Antoine Delesvaux

 

 

Personne n’est mort dans d’indĂ©centes souffrances. Tandis que ma fille et moi, hier, regardions cĂŽte Ă  cĂŽte  cette adaptation en dessin animĂ© de Joann Sfar de sa bande dessinĂ©e avec le concours d’Antoine Delesvaux.

 

Cette information a son importance car, lorsque l’on fait un rĂ©sumĂ© de l’histoire du Chat du Rabbin, pour moins que ça,  certains souffriraient beaucoup et (nous) feraient la tĂȘte :

 

 A Alger, du temps de la colonisation, vers 1930, un Rabbin vit avec sa fille adolescente, le chat de celle-ci et un perroquet.

 

 

Le chat mate sa maitresse dont il est amoureux. Et jaloux du perroquet. Lequel perroquet, sitĂŽt que le Rabbin et la fille de celui-ci se sont Ă©loignĂ©s, se fait  engloutir par le fĂ©lin de compagnie. A partir de lĂ , le chat met Ă  parler. A courtiser sa maitresse. Mais aussi Ă  contester la religion juive de son Maitre comme celle du Maitre de son Maitre. Nous en sommes Ă  peine Ă  dix minutes du dĂ©but du dessin animĂ©.

 

 

 

Pour moi, c’est une fable sur la tolĂ©rance et l’originalitĂ©. Mais, pour certains regards, cette Ɠuvre est une compilation de sacrilĂšges et justifierait la mort ou un chĂątiment.

 

Ce dessin animĂ© a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© en 2011. Pourtant, en 2021, nous avons encore la chance, en France, de pouvoir le regarder chez soi ou ailleurs sans ĂȘtre en danger. Sans se poser de questions Ă  propos des voisins qui pourraient nous dĂ©noncer ou nous regarder de travers.

 

Alors, j’en ai doublement profitĂ©. Tout en rĂ©flĂ©chissant. Je reste admiratif par l’aptitude des auteurs de bande dessinĂ©e Ă  pouvoir nous captiver avec quelques bulles. Si leur habilitĂ© technique et leur graphisme me plaisent, c’est aussi leur coup d’Ɠil qui me marque.

 

On peut aussi dire ça d’un peintre, d’une rĂ©alisatrice de film, d’une chorĂ©graphe, d’une piĂšce de thĂ©Ăątre, d’un romancier ou de n’importe quelle Ɠuvre qui reprĂ©sente la vie humaine, mais avec une bande dessinĂ©e, l’auteur ( le scĂ©nariste et le dessinateur) nous font souvent entrer par le trou de la serrure. Et, bien avant que cela ne soit sexuel, on commence trĂšs jeune Ă  vouloir entrer ou regarder par le trou de la serrure.

 

Devant Le Chat du Rabbin, je me suis demandĂ© quelle jeunesse avait eus celles et ceux qui vont un jour dĂ©cider de s’en prendre aux dessinatrices et aux dessinateurs. La bande dessinĂ©e correspond Ă  des moments de libertĂ© et d’émerveillement silencieux et Ă©tendus dans mon enfance. A la bibliothĂšque et dans l’hyper-marchĂ© ou mes parents faisaient leurs courses pour le mois. J’avais alors carte blanche. Les seuls impĂ©ratifs Ă©taient de tenir compter de l’horaire de fermeture et d’ouverture et de faire attention aux livres.

 

Il m’est impossible de me rappeler toutes les images et tous les thĂšmes que l’on m’aurait interdit d’approcher par ces bandes dessinĂ©es s’il avait existĂ© une quelconque brigade de sĂ©curitĂ© ou de censure.

Aucune bande dessinĂ©e que j’aie pu lire ne m’a incitĂ© Ă  trucider qui que ce soit. Ou Ă  faire des menaces.

 

Cette adaptation de Chat du Rabbin, pour moi, n’est « que Â» l’extension d’une bande dessinĂ©e. Personne ne m’a implantĂ© dans la tĂȘte qu’une bande dessinĂ©e reprĂ©sentait le mal absolu ou que cela pouvait me dĂ©voyer. J’ai donc eu trĂšs peu d’efforts Ă  fournir pour aller vers ce dessin animĂ©. Sans avoir Ă  le voir Ă  contre-courant de tout ce que l’on aurait pu m’imposer  et m’apprendre Ă  propos du monde qui m’entoure.

 

Il y a sans doute des symboles que je n’ai pas perçus Ă  propos de ce chat par exemple. Qui rappelle peut-ĂȘtre le chat des pharaons ou qui en est peut-ĂȘtre une rĂ©incarnation. Mais cela ne fait rien.

 

 

Le Chat du Rabbin montre deux sortes de pratiques religieuses. L’une, perforante et intransigeante. L’autre, plus accueillante et plus dĂ©contractĂ©e. Au passage, le trait condescendant et raciste de HergĂ© se fait croquer au travers de ses personnages Tintin et Milou. C’est un moment drĂŽle parmi d’autres qui dĂ©limite aussi les Ă©poques. Dans ma jeunesse, Tintin faisait encore partie des bandes dessinĂ©es les plus lues avec AstĂ©rix et ObĂ©lix et Les Aventures de Lucky Luke. BD Ă  cĂŽtĂ© desquelles on pouvait trouver les Gaston Lagaffe, ValĂ©rian, PhilĂ©mon, Hamster Jovial, Spirou et tous les Pif Gadget, Rahan, Zembla, Blek Le Roc ainsi que les comics. Avant que l’encre des mangas ne se dĂ©pose dans la boite crĂąnienne des lecteurs. Ou que les comics ne connaissent aussi leur mutation. Parce qu’il y a un Ă©cart entre un Alan Moore et un Stan Lee.

 

J’ai arrĂȘtĂ© de lire de la BD pour  les livres « sĂ©rieux Â». Il y a aussi une explication pratique : le format des bandes dessinĂ©es sauf peut-ĂȘtre si l’on est cultivateur de manga.

 

Sfarr, comme Sattouf  ou Satrapi, j’ai peu lu leurs bds. Hormis les deux ou trois premiers volumes de L’Arabe du Futur de Sattouf. C’est le cinĂ©ma qui me met leurs planches devant les yeux.

 

Il y a une autre explication au fait que je lise moins de bandes dessinĂ©es qu’auparavant :

 

Leurs territoires sont immenses.  Je ne sais pas par quel pays, ni quelle rĂ©gion commencer. C’est pareil avec les jeux vidĂ©os et les livres de science fiction.

 

Devant l’adaptation en dessin animĂ©  de Le Chat du Rabbin, cela n’avait pas d’importance.

 

 

 

Franck Unimon, ce vendredi 6 aout 2021.

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Corona Circus

Les gens comme moi ou C’est toute une histoire

 

Les Gens comme moi ou C’est tout une histoire

Un film, c’est au moins vingt quatre images seconde. Le temps d’écrire cette phrase, lors d’une simple vidĂ©o, on s’est dĂ©jĂ  enfilĂ© bien plus que vingt quatre images par seconde.

 

Les films, les séries, les vidéos mais aussi les pubs que nous gobons quotidiennement nous imprÚgnent de toutes ces images et de toutes ces impressions.

 

Avec internet et, bientĂŽt, « l’apport Â» de la 5 G, nous allons flirter de plus en plus souvent, de maniĂšre volontaire, imposĂ©e, mais aussi stĂ©rĂ©otypĂ©e, avec beaucoup plus d’images et beaucoup plus d’impressions en trĂšs peu de temps. A un point qu’il est difficile de concevoir. Me dire que l’on maitrise ce genre de consommation revient un peu Ă  me dire que l’on maitrise encore parfaitement une situation aprĂšs voir bu plusieurs verres de rhum. Si les effets de l’ivresse due aux images se manifestent diffĂ©remment, ils n’en sont pas moins prĂ©sents. D’autant que nous sommes aujourd’hui dans une Ă©poque oĂč il faut aller vite et en grandes quantitĂ©s. Pour Ă  peu prĂšs tout.

 

Faire partie du passé

Les gens comme moi font partie du passĂ©. Parce qu’ils font encore partie des « anciens mondes Â». Ces mondes oĂč l’on respecte le Temps. Sans doute trop  et mal, « nid-Ă©a-li-sons Â» pas trop, non plus. IL y a aussi du bon dans notre monde actuel. Si j’insiste autant sur Ces mondes oĂč l’on essaie, comme on peut, de composer avec le Temps, c’est parce-que, pour moi, il existe d’autres Temps que celui des montres, de l’économie et de l’informatique.

 

Il y a aussi le Temps  des contes. De la folie. Des Ăąges, des Ă©poques, des langues, des rythmes, des corps et des mĂ©moires diffĂ©rentes. Ce Temps-lĂ , n’est pas toujours admis dans notre monde d’aujourd’hui. Sauf si ce Temps sert un projet viable. S’il parvient Ă  devenir un produit. Un produit que l’on pourra « proposer Â» au plus grand nombre. Rapidement. Pour rĂ©pondre Ă  un « besoin Â». Pour faire carriĂšre. Pour placer son nom dans l’Histoire.

 

MĂȘme si cette Histoire doit ĂȘtre courte.  

 

Le temps d’écrire et de lire ces quelques phrases de mon article, on en a dĂ©ja bouffĂ© des images vidĂ©os de toutes sortes.  Toutefois, je ne vais pas essayer de rivaliser, au travers de mes articles, avec l’afflux gigantesque de vidĂ©os, d’images, mais aussi de flots de mots et de pensĂ©es qui circulent constamment, dans nos tĂȘtes, autour de nous ou devant nos yeux et nos Ă©crans. D’abord, c’est inhumain et impossible. Ensuite, je suis fatiguĂ©. Et puis, je fais aussi partie des insectes cinĂ©philes.

 

Contracter mes articles

 

Par contre, je vais contracter mes articles. Cela devrait soulager beaucoup de personnes. Ce sera l’équivalent de mon « Birth of the cool Â» de Miles Davis. Lorsque celui-ci, face au Be-Bop, avait optĂ© pour ralentir le tempo de sa musique. Par la suite, Miles avait pu faire des titres trĂšs longs (jusqu’à trente minutes) sans aucune parole bien-sĂ»r. Donc, tout ce qu’il faut, pour qu’aujourd’hui, face Ă  la mĂȘme expĂ©rience, un maximum de personnes se cognent la tĂȘte contre les murs et voient cette aventure comme la plus sadique des tortures. Imaginez : A notre Ă©poque actuelle du zapping, du ghosting, des muqueuses de la 5 G toutes proches et toutes lubrifiĂ©es, de l’hyper-connectĂ©, proposer Ă  la majoritĂ© d’entre nous d’écouter un morceau de musique de vingt Ă  trente minutes. Sans bandes annonces au prĂ©alable. En Version originale. Sans dĂ©bat. Sans pub. Sans pop-corn.  Sans coca-cola. Sans bla-bla. Sans paroles. En se taisant. Avec rien d’autre que soi dans la bouche.

 

Je crois que ce serait l’horreur pour beaucoup. Il y a vingt Ă  trente ans, dĂ©jĂ , c’était sĂ»rement comme ça. Alors, aujourd’hui
..

 

Nous sommes dans le monde des vignettes et des capsules. Faire court. Efficace. Direct dans le lard. Dans le cƓur. Dans le pĂ©nis. Le vagin. Le clitoris. C’est ça qui est bon ! ça, c’ est cool ! T’as vu ?!  Comme sur un ring de boxe ou dans un cercle de MMA. Pas de place ni de temps mort pour les baltringues. Tu t’es cru, oĂč ?! Nous,  on veut des K.O ! Bien fait pour ta gueule ! Faire des yeux de biche Ă  quelqu’un, cela peut-ĂȘtre joli et tendre. Un pied de biche, aussi. Mais, dĂ©foncer la gueule de quelqu’un, ses rotules Ă  coups de pieds de biche, c’est « mieux Â» ! ça fait plus de bien que la poĂ©sie ! MĂȘme en costume cravate, en robe Ă  paillettes, avec des vĂȘtements de marques et un carnet d’adresses select,  On est des poĂštes, oui. De la panique et des kicks. On n’est pas lĂ  pour te tailler une bavette.

 

Avec de tels espoirs et de tels projets parmi nos modĂšles dominants, il n’y a donc rien d’ Ă©tonnant Ă  ce que dans certaines manifestations, il y ait des dĂ©bordements, de la casse mais aussi des bavures, des flash-balls, du LBD et des Ă©borgnements. Notre monde et notre Ă©poque ne vantent pas les vertus de la lenteur et du cĂ©rĂ©monial du thĂ©. Ou, alors, seulement, pour l’apparence, l’exotisme, faire du scoutisme ou lors d’un contrat Ă  signer. Par intĂ©rĂȘt. Ou par dĂ©cret. C’est tout.

 

Insecte cinéphile

 

Mais je ne peux pas dire du mal des images de toutes sortes comme de toutes espĂšces. Je fais partie des insectes cinĂ©philes.  Avant que le grand insecticide tout puissant ne me neutralise et ne me convertisse en glucide, je m’en vais poursuivre.

 

Aimer les images ou aimer quelqu’un, ne signifie pas qu’il faille tout lui passer. Ou qu’il faille tout accepter de lui. Et prendre tout ce qui vient de lui- ou d’elle- comme la vĂ©ritĂ© absolue et dĂ©finitive.

 

C’est vrai pour les images que l’on regarde et voit. Comme de ce que l’on lit et entend.

Il faut savoir faire le tri. Mais c’est trĂšs difficile, et ce sera de plus en plus difficile, que d’apprendre Ă  faire le tri. Dans la nature, en certains temps reculĂ©s, par certains cĂŽtĂ©s, c’était peut-ĂȘtre plus « facile Â». Mais, en raison, lĂ  aussi, de certains dangers, et aussi en vue de dĂ©nicher ou de nous rapprocher de certaines opportunitĂ©s, nous avons oubliĂ© ou nous n’avons pas appris ce que c’était.

 

Biais cognitifs

 

Dans son livre Petit guide de contre-manipulation (comprendre, dĂ©celer et contrer les manipulateurs) Christophe Caupenne, « ancien chef du pĂŽle nĂ©gociation du RAID pendant onze ans, aprĂšs 25 ans passĂ©s dans la police Â» parle, page 107, des biais cognitifs. Vous n’avez vu aucune vidĂ©o sur ce sujet ? Et, aucun algorithme ne vous en a proposĂ© ?! Alors, cette petite rasade de mon article- grĂące Ă  l’ouvrage de Caupenne– vous est spĂ©cialement dĂ©diĂ©e :

 

« (
.) ils ( les biais cognitifs) affectent de multiples domaines comme la perception, l’évaluation d’une situation, les relations sociales, la prise de dĂ©cision, les logiques de causalitĂ©, le jugement ou la comprĂ©hension statistique. Ces biais cognitifs ne sont gĂ©nĂ©ralement pas conscients et constituent parfois des travers de l’expertise ou de la logique. Certains d’entre eux sont, en revanche, particuliĂšrement manipulatoires pour qui sait s’en servir Â».

 

Puis, Caupenne parle de plusieurs biais cognitifs. Le premier qu’il aborde est L’effet de primautĂ© (Short term-store effect) :

 

« On n’a pas deux fois l’occasion de faire une bonne impression Â».

 

AprĂšs cette citation, Caupenne continue par la phrase suivante :

 

« Difficile de changer d’avis quand on s’est fait une premiĂšre impression d’une situation ou d’une personne ! Une perception sĂ©lective des informations s’opĂšre alors afin de privilĂ©gier celles qui vont dans le sens de l’impression de dĂ©part Â».

 

L’engagement :

 

Ailleurs, j’avais entendu parler (c’est moi, Franck, qui reprends la « parole Â» dans cet article) de la notion d’engagement.

 

Une fois que l’on s’est engagĂ© moralement et corporellement dans une certaine action ou dĂ©cision, c’est plus difficile de se rĂ©tracter. Pour moi, Caupenne parle aussi de ça dans ce chapitre. Lorsque l’on s’engage, c’est plus difficile de se rĂ©tracter. Car, s’engager, c’est s’avancer physiquement, donc, dans le temps, dans l’espace et dans la gĂ©ographie du monde. Mais, c’est aussi s’avancer, se dĂ©couvrir, s’exposer, se prĂ©senter, aussi socialement. Face au monde. Parfois sans protections. Ou avec ce sentiment d’ĂȘtre sans protection. Et, donc, d’ĂȘtre Ă  la merci d’un ennemi potentiel, visible ou invisible, repĂ©rable ou non.

 

Faire le contraire, s’engager puis se rĂ©tracter en permanence, c’est passer son temps Ă  faire du surplace. Il y a de ça dans la peur, dans l’anxiĂ©tĂ© et dans la phobie.

Cependant, s’engager puis se rĂ©tracter, c’est aussi se contredire et risquer de perdre du crĂ©dit. Mais, c’est donc, aussi, Ă  un moment ou Ă  un autre, si cette tendance est trop lourde et prononcĂ©e, rĂ©gresser. Voire, cela correspond aussi Ă  choisir de mourir lĂ  oĂč l’on est. Tel que l’on est. Avec celles et ceux qui nous entourent et font le choix de rester avec nous ou prĂšs de nous.

 

Dans cette action de s’engager, il y a en fait rĂ©sumĂ©e une grande partie de l’Histoire de l’HumanitĂ© comme de la plupart de nos dĂ©cisions.

S’engager, c’est accepter les consĂ©quences, bonnes ou mauvaises, de nos actions et de nos dĂ©cisions. Donc, devoir ou savoir accepter, aprĂšs s’ĂȘtre engagĂ©, que l’on s’est trompĂ© – si l’on s’est trompĂ©– de direction ou de choix peut ĂȘtre difficile. Car il faudra faire son deuil. Car il faudra changer de comportement. Repartir vers  un inconnu auquel il faudra apprendre Ă  s’adapter. Alors que tout ce que l’on voulait, c’était s’établir. Se poser une bonne fois pour toutes. Et, ĂȘtre tranquille. Sans dĂ©ranger. Et sans ĂȘtre dĂ©rangĂ©.

 

Accepter que l’on s’est trompĂ© de direction sur la route et que l’on a fait cinq ou kilomĂštres de trop est assez facile Ă  accepter si l’on est confortablement installĂ© dans sa voiture ou sur sa moto.  Et que tout va bien. Cela est plus difficile Ă  accepter si l’on est Ă  pied dans un endroit inconnu, qu’il commence Ă  pleuvoir, et que l’on a faim et soif depuis trois heures et rien Ă  manger.

 

Les idéalistes

 

Les gens comme moi, existent. Ce sont des idĂ©alistes. Mais c’est une autre histoire. Celle oĂč,  hier soir, j’ai Ă  nouveau eu envie de me faire vacciner contre le Covid.  Je ne sais pas encore pourquoi. MalgrĂ© mes rĂ©ticences. MalgrĂ© ce que j’ai lu de dĂ©favorable contre les effets indĂ©sirables des vaccins anti-Covid actuels.

 

L’effet de mes doutes, peut-ĂȘtre, routes possibles vers l’ailleurs ? C’est beaucoup plus simple pour celles et ceux qui ont des certitudes. Pour ou contre ces vaccins que l’on nous propose contre le Covid actuellement.

 

Mon besoin d’ailleurs ?  Un besoin qui dĂ©passe mes pulsions- encouragĂ©es- de consommateur attardĂ© et lambda. Car il n’y a rien d’évoluĂ© dans le comportement du consommateur lambda. MĂȘme ultra-connectĂ© et renseignĂ© sur « ce Â» qu’il achĂšte.  Car, souvent, et assez vite, il achĂšte de l’oubli ou l’oubli de lui-mĂȘme. Qu’il soit seul en consommant ou accompagnĂ©. Car consommer aide Ă  oublier le Temps. Cela peut ĂȘtre si difficile de composer avec le Temps. Lui, si vorace de notre mortalitĂ© et de nos vulnĂ©rabilitĂ©s.

 

Je le rappelle : jusqu’au 12 juillet de cette annĂ©e (il y a trois semaines) je regardais les vaccins actuels contre le Covid de trĂšs loin. Un peu comme des fusĂ©es ou des satellites en orbite autour de la terre qui nous retransmettent certaines images du monde :  

 

Les Pfizer, Moderna, Astrazeneca, Johnson & Johnson pour les appeler par leurs noms de fusĂ©es, de laboratoires ou de joueurs de foot. Je n’avais pas le projet d’entrer dans ce match, dans ces fusĂ©es et ces navettes. De me faire vacciner. Et encore moins de me faire encore un peu plus encoder que je ne le suis dĂ©jĂ . En surfant instamment sur internet. En utilisant ma carte bancaire, mon pass navigo et mon tĂ©lĂ©phone portable. Comme tout le monde.

 

Je prĂ©fĂ©rais attendre. Car, ce que j’entendais Ă  propos des effets secondaires des voyages dans ces navettes (les vaccins)  m’incitait Ă  la prudence. Et, je me sentais trĂšs bien sur terre avec mes gestes barriĂšres tels que le port du masque, le lavage des mains. J’avais survĂ©cu Ă  l’enfer de l’annĂ©e derniĂšre.

 

En plus, j’avais ajoutĂ©- intĂ©grĂ©- un troisiĂšme geste barriĂšre devenu si courant que je l’ai oubliĂ©. Depuis quatre mois ou plus, j’effectue la plus grande partie de mes trajets jusqu’à mon travail Ă  vĂ©lo. C’est un sacrĂ© geste barriĂšre et d’immunitĂ©, le dĂ©placement Ă  vĂ©lo. D’une part, je suis dehors et je roule exceptionnellement –jamais- au sein d’un peloton d’un millier de personnes contre lesquelles je me frotte, Ă©paule contre Ă©paule. D’autre part, j’effectue une activitĂ© physique rĂ©guliĂšre, gratifiante et stimulante pour mon organisme et mon Ă©tat mental.

Immuno-déprimés

Pour cette pandĂ©mie du Covid, on sait nous parler du risque Ă©levĂ© de contagiositĂ© et de consĂ©quences graves voire mortelles du Covid. Sort dĂ©sormais rĂ©servĂ©- presque l’équivalent d’une damnation- principalement Ă  celles et Ă  tous ceux qui ne sont pas et ne seraient pas vaccinĂ©s.

 

Par contre, on ne nous dit rien, une nouvelle fois, sur l’état de santĂ© psycho-social de la personne qui contracte le Covid. On ne nous dit jamais si la personne qui a contractĂ© le Covid Ă©tait immuno dĂ©primĂ©e. Cela ne compte pas. Comme, lorsqu’une personne se tue Ă  moto ou au volant de sa voiture, on saura nous parler du nombre de tuĂ©s et d’accidentĂ©s, de la vitesse Ă  laquelle celles et ceux-ci roulaient. De la quantitĂ© d’alcool qu’ils avaient dans le sang. Bien-sĂ»r, tout cela est plus qu’important.  Car cela influe sur nos comportements, sur nos capacitĂ©s physiques, physiologiques et cognitives comme sur nos perceptions du risque et du danger.

Par contre, on nous parlera peu ou jamais de l’état de fatigue physique. Et, encore moins, de la santĂ© morale des personnes au volant ou au guidon de leur deux roues au moment de l’accident. Si elles Ă©taient dĂ©primĂ©es ou suicidaires. Ça ne compte pas. On constatera que ces personnes se sont Ă©crasĂ©es. Qu’elles ont tuĂ© telle personne. Qu’elles avaient tant de telle substance dans l’organisme. Ces informations comptent bien-sĂ»r.

 

Par contre, dans notre monde hyper-connectĂ© oĂč l’on tient beaucoup aux informations « rĂ©elles Â» et de premiĂšre main. OĂč beaucoup de gens cherchent souvent reconnaissance, complaisance et rĂ©confort en multipliant les doubles clics, savoir si ces personnes qui se sont tuĂ©es ou blessĂ©es au volant ou sur leur deux roues, Ă©taient dĂ©primĂ©es ou suicidaires, ce type d’information est une autre histoire. Une histoire anecdotique. C’est une autre histoire que des gens comme moi croient aussi importantes que le reste. Une autre histoire que j’essaie aussi d’apprendre et de connaĂźtre. MĂȘme si je sais que je suis has been. De plus en plus has been.

 

Franck Unimon, ce vendredi 6 aout 2021.

 

 

 

 

 

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Seconde maman

 

                                       Seconde maman

Un adulte, ça ne se trompe jamais.

 

 

« Un adulte, ça ne se trompe jamais Â» m’a dit ma fille, hier. Lorsque j’ai essayĂ© de lui faire comprendre qu’il pouvait arriver qu’un adulte, se trompe. Elle a eu l’assurance de l’innocente. Sa maitresse le leur avait dit Ă  l’école. Ma fille appliquait Ă  la vie ce que son enseignante leur avait peut-ĂȘtre (j’espĂšre) affirmĂ© Ă  propos de certains Savoirs scolaires.

 

La certitude de ma fille m’a fait sourire. Mais elle a raison. C’est bien le problĂšme. C’est les grandes vacances, ce 4 aout 2021. Des millions de personnes, pour leurs vacances, ont pris des destinations diffĂ©rentes. Assez peu admettront s’ĂȘtre trompĂ©es de destination. C’est pareil avec la raison. Nous prenons des destinations diffĂ©rentes. Lorsque nous sortons de certaines limites de la route ou de la raison, nous ne nous en apercevons pas tout de suite.

 

Sur le papier, administrativement, politiquement, militairement, selon les frontiĂšres et les rĂ©gions, nous sommes une Nation. En pratique, cela peut ĂȘtre diffĂ©rent. Aussi y’a-t’il  y a des lois pour nous rĂ©unir ou nous forcer Ă  nous rĂ©unir et pour nous donner des rĂšgles communes. Si nous nous en dĂ©marquons, il y a fuite, infraction, condamnation, rĂ©pression ou dĂ©bat.

 

Devant la pandĂ©mie du Covid – oui, je vais Ă©videmment reparler d’elle – nous, les adultes, nous sommes tous au volant. Et, comme pour les dĂ©parts en week-end ou pour les grandes vacances, nous ne prenons pas les mĂȘmes destinations. De façon volontaire ou involontaire.

 

Mais un adulte, ça ne se trompe jamais.  

 

La vie et la mort face Ă  certaines modĂ©lisations :

 

C’est pour cette raison qu’une fois notre dĂ©cision prise, nous nous heurtons. Les pour et les anti-vaccins.

Pourtant, que l’on soit pour ou contre les vaccins contre le covid, la pandĂ©mie du Covid nous rappelle aussi que la vie et la mort Ă©chappent Ă  certaines modĂ©lisations, statistiques et chiffres. Mais nous sommes nombreux Ă  ĂȘtre trĂšs sĂ»rs de nous concernant la conduite Ă  avoir pour ou contre. MĂȘme si personne ne sait vĂ©ritablement oĂč nous en sommes sur la route de la pandĂ©mie. Ni oĂč nous sommes exactement. Et Ă  quel point nous nous situons sur la carte et la courbe de la durĂ©e de la pandĂ©mie.  

 

Le journal  » Le Monde » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

Je ne conteste pas la rĂ©alitĂ© ou les chiffres de la pandĂ©mie du Covid. En France. Dans les rĂ©gions d’outre-mer oĂč un reconfinement a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© en Martinique, Ă  la RĂ©union et sans doute bientĂŽt en Guadeloupe. Je ne conteste pas non plus qu’il manque des lits en rĂ©animation. Ainsi que du personnel soignant. Ni que la pĂ©nurie soignante se soit accentuĂ©e depuis la pandĂ©mie et qu’un certain nombre de soignants, Ă©puisĂ©s par les conditions de travail dĂ©jĂ  difficiles avant la pandĂ©mie, ait fait connaĂźtre leur intention de quitter l’hĂŽpital.

 

Hier soir, j’ai Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© de n’avoir rien de particulier Ă  Ă©crire. Peut-ĂȘtre parce-que j’avais Ă©crit le principal de ce que je ressentais dans mon article SĂ©rums de vĂ©ritĂ© . La veille. 

Mon ami Raguse m’a envoyĂ© un sms ce matin. Il voulait savoir ce que j’avais dĂ©cidĂ©. Pour lui, comme pour ma compagne, Ă  la fin de mon article SĂ©rums de vĂ©ritĂ©, on ignore quelle va ĂȘtre ma dĂ©cision. Ma compagne a parlĂ© en quelque sorte de « suspense Â». Pour moi, il n’y avait pas de suspense Ă  la fin de SĂ©rums de vĂ©ritĂ©.

 

Le journal  » Les Echos » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

Suspense

 

 

Ce matin, j’ai appelĂ© pour annuler le rendez-vous que j’avais pour ma premiĂšre injection avec le vaccin Pfizer contre le Covid. La seconde Ă©tait prĂ©vue pour le 24 ou le 25 aout.

J’ai choisi, pour l’instant, d’éviter de prendre un autre rendez-vous. Si je reprends rendez-vous, j’aimerais ĂȘtre davantage sĂ»r de moi. Ce sera peut-ĂȘtre trop tard ou plus difficile d’obtenir un rendez-vous alors que j’avais assez facilement obtenu ce rendez-vous dans la salle des fĂȘtes de ma ville.

 

Peut-ĂȘtre que je le regretterai.

 

 

Mais je ne pouvais pas, avec les doutes que j’ai dans la tĂȘte, concernant les effets indĂ©sirables que j’ai lus ou dont j’ai entendu parler concernant les vaccins actuels contre le Covid, accepter de recevoir ma premiĂšre injection du vaccin Pfizer. Qui plus est, en prĂ©sence de ma fille. Si j’avais Ă©tĂ© seul ce matin, peut-ĂȘtre que j’aurais raisonnĂ© autrement. Ce n’est pas sĂ»r. Mais le fait d’envisager que ma fille puisse me voir me faire vacciner contre le Covid, alors que je suis en bonne santĂ©, puis, si ça se passe mal, qu’elle fasse l’apprentissage par elle-mĂȘme que la vaccination puisse ĂȘtre nĂ©faste, a encore plus contribuĂ© Ă  ce que je me retire, pour l’instant, de cette campagne de vaccination collective contre le Covid.

 

D’autres personnes ont fait ou auraient fait le contraire. Je le sais.

 

Le journal  » Le Canard Enchainé » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

 

Expériences

 

Je sais aussi que je ne suis pas Ă©pidĂ©miologiste. Que je ne dispose pas de chiffres ou de statistiques. Que ma façon de percevoir les Ă©vĂ©nements qui entourent la pandĂ©mie du Covid sont empiriques. MĂȘme si j’essaie de trouver des informations Ă  droite Ă  gauche, autour de moi. En lisant des journaux, y compris satiriques qui se moquent des anti-vaccins. En lisant sur le net ou en regardant des vidĂ©os aussi sur le net.

 

Au moment de prendre la dĂ©cision, pour ou contre la vaccination, se croisent des croyances, des logiques. Et, parfois, l’expĂ©rience. L’expĂ©rience, ça peut ĂȘtre avoir un proche, une proche ou un moins proche qui a eu le Covid.

 

Je connais quelques personnes qui ont eu le Covid. Dont mon meilleur ami qui l’avait contractĂ© plusieurs semaines aprĂšs sa compagne. Il y a plusieurs mois. Ce 13 juillet, j’étais Ă  l’enterrement du pĂšre de mon meilleur ami. BientĂŽt 90 ans. Pas Ă  l’enterrement de mon meilleur ami.

 

Je ne fais pas exprÚs de mentionner cette date du 13 juillet, alors que la veille, le gouvernement avait décidé de rendre obligatoire pour les soignants la vaccination anti-Covid. Ces deux dates coïncident. Cette coïncidence fait aussi partie de mon expérience du Covid.

A l’enterrement du pĂšre de mon ami, pour la premiĂšre fois, quelqu’un m’a demandĂ© quel Ă©tait mon groupe sanguin. Lorsque j’ai rĂ©pondu que j’étais O positif, il m’a affirmĂ© qu’ĂȘtre O positif protĂ©geait contre le Covid. Cette croyance m’a Ă©tonnĂ© voire un peu fait sourire. Mais je sais qu’elle ferait enrager certains esprits « scientifiques Â» ou « cartĂ©siens Â».

 

Mon meilleur ami et sa compagne sont partis en vacances, il y a quelques jours. Ils allaient bien tous les deux. J’ai mĂȘme senti mon meilleur ami apaisĂ© aprĂšs le dĂ©cĂšs et le dĂ©part de son pĂšre pour son enterrement en AlgĂ©rie. Cela faisait deux ans que son pĂšre souffrait de la maladie d’Alzheimer. Deux ans que cela le minait. Lui et sa compagne ont Ă  ce jour une rĂ©ponse immunologique qui atteste du fait que leur organisme possĂšde encore un nombre trĂšs Ă©levĂ© d’anticorps ou d’antigĂšnes, au delĂ  de la moyenne, du fait d’avoir contractĂ© le Covid.

 

Le journal  » Le Monde » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

Fort heureusement pour moi, ce 4 aout 2021, parmi mes proches et mon entourage direct, toutes celles et tous ceux que je connais qui ont attrapĂ© le Covid l’annĂ©e derniĂšre ou cette annĂ©e au printemps, vont bien ou mieux. Dans une tranche d’ñge comprise entre 40-45 ans et 55-58 ans. Deux ont frĂŽlĂ© le cadavre. Un, en particulier, « ramassĂ© par terre Â» (ses propres termes) par le Samu chez lui. J’ai appris Ă  cette occasion qu’il souffrait d’une certaine insuffisance respiratoire au prĂ©alable. Moi, ce que j’avais remarquĂ© chez ce collĂšgue, plutĂŽt « fort Â», c’était surtout son embonpoint et son Ăąge proche de la retraite.

Pareil pour l’autre collĂšgue Ă  qui il avait fallu un peu plus de deux mois pour rĂ©cupĂ©rer. Embonpoint certifiĂ© et Ăąge proche de la retraite.  On peut sĂ»rement parler pour eux deux de «  comorbiditĂ©s Â».

 

 Sur les deux, je peux attester que le second, au moins, plusieurs semaines avant d’attraper le Covid, avait un usage allĂ©gĂ© du masque anti-Covid.

 

Lorsque je mentionne ça, je ne suis pas plus Ă©pidĂ©miologiste qu’au dĂ©but de cet article. Je livre une ou deux expĂ©riences. Quelques Ă©lĂ©ments que j’ai pu observer.

 

Mais il y a un autre phĂ©nomĂšne que j’ai pu observer au dĂ©but de ma carriĂšre d’infirmier en psychiatrie. Un phĂ©nomĂšne que j’ai appris Ă  connaĂźtre. Ce n’est pas venu tout de suite. Je n’avais pas prĂ©vu, en choisissant d’aller travailler en psychiatrie alors que j’avais 24-25 ans, que je ferais ce genre de « dĂ©couverte Â» parmi d’autres. Cette dĂ©couverte, une fois de plus, n’a rien de scientifique. Je n’ai pas de stats, de chiffres, de logiciel de calcul qui permettront de modĂ©liser, protocoliser ce que je vais raconter. Je vais essayer de parler du risque. Mais d’aprĂšs ce que j’ai vĂ©cu Ă  mon travail dans certaines situations en  psychiatrie. Je le rĂ©pĂšte : je ne suis pas Ă©pidĂ©miologiste. Je n’ai aucune compĂ©tence pour expliquer ce qui se passe, d’un point de vue clinique, avec la pandĂ©mie. Il y a des personnes, des adultes, bien-sĂ»r, qui, eux, savent. Et ne se trompent pas. Qu’ils soient scientifiques, politiques ou journalistes. Ou intellectuels. Ou des proches comme des moins proches.

 

Moi, je doute. Je sais que je peux me tromper. C’est pour cela, que, ce matin, j’ai optĂ© pour reculer avant cette premiĂšre injection de Pfizer. Alors qu’il y a quelques jours, lorsque j’avais pris rendez-vous, j’étais content d’avoir pu obtenir un rendez-vous aussi rapide. J’avais le sentiment d’avoir fait ce qu’il fallait. Le timing collait bien. J’allais pouvoir, mi-septembre, au moment oĂč les sanctions dĂ©cidĂ©es par le gouvernement, allaient se dĂ©clencher plus durement contre celles et ceux qui ne seront pas vaccinĂ©es, ĂȘtre tranquille. Etre dĂ©barrassĂ© de certaines tribulations.

 

Le journal « Charlie Hebdo » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

Le Risque :

Si je commence Ă  essayer de faire de l’humour en commençant par la phrase connue : « DĂšs que l’on vit, on risque de mourir Â», bien des personnes prendront trĂšs mal cet humour qu’elles estimeront malvenu vu le contexte de la pandĂ©mie. Mais je dĂ©bute quand mĂȘme cette partie par cette allusion parce-que je refuse encore de manquer d’un certain courage pour l’humour. MĂȘme si ce trait d’humour sera sĂ»rement trĂšs mal tolĂ©rĂ© par quelques unes et quelques uns.

 

Mais ce que je veux dire, autre phrase trĂšs connue, c’est que «  le risque zĂ©ro n’existe pas Â».

 

En psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie, rĂ©guliĂšrement, constamment, nous rencontrons des patients qui ont un « risque suicidaire Â» ; un « risque de passage Ă  l’acte Â» ; « un risque de fugue Â». Bien-sĂ»r, ce risque est moins, comment dire, sujet aux certitudes de certaines donnĂ©es scientifiques et Ă©pidĂ©miologiques.

 

Pour le Covid, par exemple, on sait nous dire que tel variant a telle proportion de contagiositĂ©. Ou que, actuellement, le vaccin Pfizer offrirait une protection de 39% face au variant Delta contre plus de 90% face au variant prĂ©cĂ©dent du Coronavirus. Mais, aussi, qu’une personne vaccinĂ©e contre le Covid a moins de risques de se retrouver en rĂ©animation ou de dĂ©velopper une forme grave du Covid. C’est chiffrĂ©. ModĂ©lisĂ©. Je ne discute pas ces chiffres et ces statistiques contrairement Ă  certaines personnes anti-Vaccin Pfizer, Moderna, et autres vaccins anti-Covid actuels. Je crois Ă  ces chiffres. MĂȘme si je ne passe pas mon temps Ă  les sniffer comme l’on pourrait sniffer des lignes de crack.

 

Je vais par contre m’attarder davantage sur ces phĂ©nomĂšnes que tout le monde, ou Ă  peu prĂšs, vit plus intensĂ©ment depuis dix huit mois, avec cette pandĂ©mie du Covid :

 

La peur. L’anxiĂ©tĂ©.

 

LĂ , aussi, je ne suis pas sociologue, psychologue, chercheur au CNRS ou ailleurs sur ces sujets. Je n’ai pas de chiffres ou de statistiques, non plus. Mais mon mĂ©tier, c’est de travailler en psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie directement avec des publics (adultes et mineurs) qui peuvent ĂȘtre imprĂ©visibles ou trĂšs imprĂ©visibles. Et, avec lesquels le « risque Â» est souvent prĂ©sent. Risque de tentative de suicide. Risque de fugue. Risque de passage Ă  l’acte auto-agressif et hĂ©tĂ©ro-agressif. Et, comme mes collĂšgues, il est de ma responsabilitĂ©, Ă©videmment, de prĂ©venir ce risque. Comment fait-on ?

 

Avec des logiciels et des camĂ©ras ? En se menottant Ă  eux vingt quatre heures sur vingt quatre ? En les endormant de telle maniĂšre qu’ils soient incapables de bouger le moindre petit doigt ? En les enfermant dans une prison comme celle du personnage MagnĂ©to dans les X-Men ? En mettant un chien de surveillance devant la porte de leur chambre ?

 

Peut-ĂȘtre que certaines personnes vous rĂ©pondront que c’est sĂ»rement ça. Mais je ne fais pas partie de ces personnes et de ces professionnels.

 

Ce qui veut dire que, par rapport Ă  ces risques, nous, professionnels, en psychiatrie, « Ă©valuons Â». Pour Ă©valuer une situation, il y a deux ou trois instruments cliniques en plus du traitement chimique, il est vrai :

 

La relation avec le patient. Qui se veut, autant que possible, une relation de confiance.

 

L’observation. Ce que nous voyons du patient. Ce que nous comprenons de lui. Tant ce qu’il dit que son comportement et son attitude.

 

Et, troisiĂšme instrument qui n’a rien de scientifique, qui, comme la relation et une certaine observation ne peuvent pas se modĂ©liser. Je parle bien-sĂ»r de
l’intuition.

On va parler un peu plus de l’intuition.

 

 

L’intuition en « psychiatrie Â» :

« Je ne le sens pas. Â»

 

 

Le gros problĂšme avec l’intuition, c’est Ă©videmment, qu’elle ne repose sur rien d’autre que notre subjectivitĂ©. Or, question subjectivitĂ©, lorsqu’une situation nous stresse ou nous inquiĂšte ou nous excite, on peut se faire des « films Â». Imaginer des Ă©vĂ©nements qui, en fait, ne se produisent pas ou ont peu de chances de se produire. Sauf que, nous, on peut-ĂȘtre trĂšs bien persuadĂ© que cela va se produire.

 

Au dĂ©but de ma carriĂšre en psychiatrie, j’ai rencontrĂ© des collĂšgues plus expĂ©rimentĂ©s que moi. Des collĂšgues qui avaient donc, pour eux et elles, l’expĂ©rience de l’ñge et du vĂ©cu en psychiatrie.

 

Je ne compte pas le nombre de fois oĂč, depuis le dĂ©but de ma carriĂšre en psychiatrie mais, aussi, par la suite, dans ma propre vie, des gens sont persuadĂ©s qu’une catastrophe va arriver. Tous les signes sont prĂ©sents pour eux. Ils n’attendent que la confirmation de leurs pronostics funestes.

 

Et, je ne compte plus le nombre de fois oĂč, finalement, la catastrophe maintes fois attendue et annoncĂ©e ne se produit pas. Et, oĂč, les personnes qui y ont cru n’émettent aucune autocritique. Et en font rien pour apprendre de cela. A chaque nouvelle situation plus ou moins anxiogĂšne, rebelote. Les mĂȘmes, le plus souvent, recommencent Ă  avoir peur et Ă  imaginer le pire. 

 

Aujourd’hui, je ne nie pas la gravitĂ© de la pandĂ©mie du Covid que peu de personnes, en France, a vu venir. Comme, depuis dix huit mois, je n’ai jamais niĂ© la gravitĂ© de la pandĂ©mie du Covid. Par contre, je retrouve dans cette peur et cette anxiĂ©tĂ© massive Ă  grande Ă©chelle dont le cercle se resserre de plus en plus autour de nous avec cette vaccination obligatoire et ce passe sanitaire, des points communs avec ces situations que j’ai pu vivre en psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie oĂč il y a eu un risque « de Â». Pourquoi ?

 

LĂ , aussi, Ă  nouveau, l’expĂ©rience.

 

Il y a dix huit mois, nous allions mourir du Covid. Dans un simple coin de rue. C’était sĂ»r. Aucune statistique n’est sortie dans ce sens. Mais c’est pire.

Le journal  » Charlie Hebdo » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

L’amnĂ©sie immĂ©diate et collective qui permet Ă  certaines et certains de recommencer Ă  flipper aujourd’hui comme l’annĂ©e derniĂšre avec la pandĂ©mie du Covid se retrouve dans des proportions plus limitĂ©es dans ma psychĂ©. Cela ne fait pas de moi une personne super-intelligente. J’ai une chance sur deux d’avoir fait une grosse connerie en refusant d’aller me faire faire cette injection de vaccin anti-Covid ce matin. Et, on sait assez quels sont les risques, rĂ©els cette fois, auxquels je m’expose, en plus des risques sanitaires, si, le 15 septembre, je ne suis toujours pas vaccinĂ© contre le Covid.

 

Des risques Ă©conomiques. Des risques d’exclusion sociale. Des risques de sĂ©parations et de ruptures avec des proches et des moins proches.

 

Soit des risques dont je préfÚrerais me passer.

 

Mais, malgrĂ© ces risques, je me rappelle encore que notre mort Ă©tait annoncĂ©e l’annĂ©e derniĂšre. Et que j’ai fait partie de celles et ceux qui ont continuĂ© de se rendre Ă  leur travail. Entre-autres, sans masque anti-Covid et sans vaccin, pendant plusieurs semaines. Et, dix huit mois plus tard, je suis encore vivant. Je pourrais presque dĂ©poser une rĂ©clamation pour « publicitĂ© mensongĂšre Â». Mais, lĂ , je fais de l’humour plus ou moins noir. LĂ , oĂč je fais moins d’humour, c’est que je n’ai pas du tout aimĂ© me faire matraquer et miner mentalement avec des idĂ©es de mort permanentes, imminentes et pĂ©remptoires. Il fallait faire ceci. Il fallait faire cela. J’ai fait ceci. J’ai fait cela. Et, cela ne suffit pas. Il faut, aujourd’hui, que j’en fasse encore plus. Les deux injections. Le passe sanitaire. Jusqu’à quand ? Pour aller oĂč ? Personne ne sait. Il faut le faire, c’est tout. Et, ferme ta gueule ! Si, comme moi,  l’on a des doutes sur les effets indĂ©sirables des vaccins anti-Covid, c’est bien cette impression que donne cette obligation vaccinale assortie de ces inconnues au sujet de ces vaccins. Une impression de :

 

« Il faut le faire, c’est tout. Et, ferme ta gueule ! Â».

 

 

Et, aujourd’hui, depuis ce 12 juillet 2021, avec le variant Delta, cette vaccination devenue obligatoire pour les soignants et ce passe sanitaire, j’ai l’impression que l’on recommence Ă  me servir Ă  nouveau la mĂȘme recette. Et que je devrais m’empresser de  sauter avec reconnaissance sur cette recette de la peur et de l’anxiĂ©tĂ© et me lĂ©cher les doigts avec.

 

 Phase de relativisation ou phase de dĂ©ni ? :

 

Si, ce 4 aout 2021, je me suis finalement prĂ©cipitĂ© pour m’éloigner de ma premiĂšre injection de Pfizer, c’est peut-ĂȘtre parce-que, depuis l’annĂ©e derniĂšre, Ă  tort ou Ă  raison, j’ai appris Ă  relativiser le danger de la pandĂ©mie du Covid. Au dĂ©but de ma carriĂšre d’infirmier en psychiatrie, plusieurs fois je me suis fait avoir par ces situations oĂč nous Ă©tions plusieurs Ă  envisager le pire. Et, oĂč le pire ne se produisait pas, finalement. Je m’en voulais ensuite de m’ĂȘtre fait avoir par ces poussĂ©es- rĂ©pĂ©tĂ©es- d’anxiĂ©tĂ©. J’ai appris Ă  relativiser. Cela ne signifie pas du tout que je banalise les risques suicidaires ou autres. Mais qu’au lieu de me faire des films, je prĂ©fĂšre observer. Surveiller. Ou me fier Ă  mon intuition. Et vĂ©rifier, si j’en Ă©prouve le besoin, quand ça me vient, afin de comparer les faits avec mon intuition et mes impressions. Puis, me rappeler du rĂ©sultat. Cela a contribuĂ© Ă  faire baisser mon « tonus Â» d’anxiĂ©tĂ©.

L’annĂ©e derniĂšre, nous devions mourir. Je ne suis pas mort. Nous sommes nombreux Ă  ĂȘtre encore vivants. Et on dirait que c’est pire. Qu’il aurait presque mieux valu dĂ©cĂ©der l’annĂ©e derniĂšre afin d’évacuer dĂ©finitivement cette anxiĂ©tĂ© et cette angoisse gĂ©nĂ©rale et collective qui nous circonscrivent.

 

Les personnes que je connais qui ont attrapĂ© le Covid l’annĂ©e derniĂšre et cette annĂ©e sont toujours vivantes. Et, elles vont plutĂŽt bien. Elles n’étaient pas vaccinĂ©es contre le Covid. Par contre, concernant les effets indĂ©sirables des vaccins anti-Covid, j’entends parler de trucs bizarres pas trĂšs rassurants. Des vaccins qui, depuis ce 12 juillet, sont devenus obligatoires. Comme je fais maintenant partie des personnes qui rĂ©sistent ou refusent cette vaccination obligatoire, l’autre levier ou l’autre recette est la culpabilisation.

 

 

Recette qui complĂšte trĂšs bien la recette de la peur et de l’anxiĂ©tĂ©.

 

 

Le levier ou la recette de la culpabilisation :

 

Que ce soit en tant que personne ou en tant qu’infirmier, je n’ai aucun intĂ©rĂȘt ni aucune envie de nuire Ă  quiconque, patient ou autre. Et, je n’ai rien d’exceptionnel. 

 

Comme je n’ai aucune envie de voir les pro-vaccins comme mes ennemis. MĂȘme si je m’attends Ă  ce que, dans un an, pour faire large, Ă  la mĂȘme date, la pandĂ©mie du Covid aura fait beaucoup de dĂ©gĂąts supplĂ©mentaires, et, surtout, bien plus visibles, d’un point de vue sociĂ©tal, Ă©conomique ou au moins politique.

 

Mais, de plus en plus, dans un pays oĂč les personnes vaccinĂ©es contre le Covid deviennent la majoritĂ©, et la nouvelle norme, ĂȘtre non-vaccinĂ© signifie s’exposer Ă  s’entendre dire ce que ma seconde « maman Â» officieuse m’a dit ce matin. Alors que je l’appelais pour lui souhaiter son anniversaire.

Mes deux mamans et ma dualitĂ© :

Mes deux mamans, l’officielle et une « trĂšs officieuse Â», incarnent trĂšs bien ma dualitĂ© actuelle envers la vaccination contre le Covid.

 

La premiĂšre, l’officielle, et mĂšre de ma sƓur et de mon frĂšre, est retournĂ©e vivre en Guadeloupe il y a une vingtaine d’annĂ©es avec mon pĂšre. Pendant plusieurs annĂ©es, avant de prendre sa retraite, elle a Ă©tĂ© aide-soignante dans un service de rĂ©animation. C’était une personne reconnue pour son professionnalisme et sa gentillesse.

Maman, il y a quelques mois, en mars ou avril, m’a demandĂ© conseil en vue de se faire vacciner. A moi, le fils aĂźnĂ© devenu infirmier. Je n’y connaissais pas grand chose. Mon « domaine Â», c’est la psychiatrie et la pĂ©dopsychiatrie. En plus, aprĂšs le matraquage mĂ©diatique trĂšs anxiogĂšne  que nous avions tous subis dĂšs mi-mars  2020, j’avais rĂ©ussi Ă  retirer mes pensĂ©es des crochets de l’anxiĂ©tĂ© et de l’angoisse avec toutes ces nouvelles relatives au Covid.

Partir passer quelques jours en Bretagne, chez ma seconde maman trĂšs officieuse (elle ne revendique pas ce titre) l’annĂ©e derniĂšre- en juillet 2020- avec ma compagne et notre fille m’avait aidĂ© Ă  dĂ©crocher de la mamelle opulente des mauvaises nouvelles dues au Covid.

 

Mes deux mamans ne se connaissent pas. Elles ne sont pas rencontrĂ©es et je crois aujourd’hui qu’elles ne se rencontreront jamais.

Lors de mon mariage en 2013, venue de Guadeloupe, ma mĂšre avait Ă©tĂ© prĂ©sente le mardi Ă  la mairie en Seine et Marne. Puis, elle avait repris l’avion quelques jours avant que nous ne fĂȘtions notre mariage ma compagne et moi, le samedi, dans la grande salle de fĂȘtes de la commune, en Bretagne, oĂč ma « seconde Â» maman, et plusieurs membres de sa famille avaient contribuĂ© au bon dĂ©roulement de l’organisation des festivitĂ©s. La fĂȘte s’était passĂ©e prĂšs de chez elle.

 

Si ma mĂšre est une femme dĂ©vouĂ©e, sportive, assez solitaire, plutĂŽt timide, assez souvent indĂ©cise et introvertie, ma « seconde Â» maman est une femme trĂšs accueillante, qui aime recevoir et sait recevoir. C’est aussi une femme de tĂȘte et Ă  poigne. Elle est directe et tranche. C’est moi, qui, dans cet article la nomme ma « seconde maman Â». Parce-que je reprends les termes employĂ©s par ma compagne. Mais je ne l’appelle pas « maman Â». Et, elle ne m’appelle pas « mon fils Â». La relation filiale est implicite et, aussi, trĂšs trĂšs officieuse et fluctuante.

Ma « seconde maman Â» a Ă©tĂ© mon ancienne cadre infirmiĂšre dans le service de pĂ©dopsychiatrie oĂč j’ai fait sa connaissance.  Deux ans avant qu’elle ne dĂ©cide de partir Ă  la retraite. AprĂšs son dĂ©part, nous avions Ă©tĂ© plusieurs soignants Ă  ĂȘtre invitĂ©s Ă  venir passer un week-end chez elle dans sa maison, en Bretagne. Depuis, rĂ©guliĂšrement Ă  peu prĂšs chaque annĂ©e, je suis revenu passer quelques jours chez elle et son mari en Ă©tĂ©.

Chaque annĂ©e, avant la pandĂ©mie du Covid, elle partait en voyage Ă  l’étranger avec son mari pendant plusieurs mois. Ma mĂšre n’a jamais fait ça. Et, je n’imagine pas du tout mon pĂšre ouvert Ă  ce genre d’aventure.

Sculpture par Jacquette Virginie.

 

 

La voix traditionnelle

 

 

Je ne connaissais rien aux vaccins anti-Covid lorsque ma mĂšre m’avait sollicitĂ© en mars ou avril 2021 pour un conseil. J’écoutais parler des vaccins anti-Covid de trĂšs loin. Les gestes barriĂšres, masque et lavage de mains, me convenaient trĂšs bien. Je coexistais ainsi avec la pandĂ©mie du coronavirus.

 

Si j’ai acceptĂ© assez facilement de tomber le masque ou de raccourcir les distances corporelles avec certaines personnes, lors de certaines circonstances ( enlacer quelqu’un,  faire la bise aprĂšs avoir donnĂ© un cadeau, lors d’un barbecue
) cela a Ă©tĂ© en des proportions limitĂ©es. Si j’avais Ă©tĂ© un forcenĂ© de la prĂ©vention du « risque Â», j’aurais refusĂ©. Lors de ces quelques occasions, aprĂšs une assez rapide rĂ©flexion, j’ai souvent estimĂ© que la vie sociale devait prendre le pas sur le risque. Rien de scientifique dans cette attitude. Sauf le fait que j’ai eu ce comportement en des proportions sĂ»rement moindres que d’autres.

 

En me fiant aux expĂ©riences de personnes et de collĂšgues autour de moi, j’avais  rĂ©pondu Ă  ma mĂšre que j’avais entendu de bons Ă©chos  du vaccin Pfizer.

 

J’ai aussi eu des espoirs avant l’arrivĂ©e du vaccin Johnson & Johnson en avril ou Mai. Une ex-collĂšgue infirmiĂšre, et amie, m’en avait dit du bien. Et puis,  lors de sa « diffusion Â», les Ă©chos concernant le Johnson & Johnson se sont rapidement ternis concernant certains de ses effets indĂ©sirables.

 

Je crois que les pro-vaccins ne mesurent pas les consĂ©quences de ces revers dus aux effets indĂ©sirables de ces vaccins « attendus Â» et prĂ©sentĂ©s comme salvateurs, puis, qui « déçoivent Â» et « inquiĂštent Â». Alors que ces revers se rajoutent Ă  d’autres revers, colĂšres ou contrariĂ©tĂ©s, accumulĂ©s depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie en mars de l’annĂ©e derniĂšre.

 

De plus en plus, la facilitĂ© consiste Ă  prĂ©senter les anti-vaccins comme des abrutis bornĂ©s et irresponsables. Alors que les raisons de leur dĂ©fiance envers les vaccins sont sĂ»rement un peu plus rĂ©flĂ©chies qu’elles ne le semblent.

 

Pour revenir Ă  ma mĂšre : je croyais donc qu’elle s’était faite vacciner contre le Covid. Ainsi que mon pĂšre. Ma sƓur et mon frĂšre, ainsi que leur compagnon et leur compagne se sont faits vacciner.

 

 

J’ai appris il y a quelques jours, en lui parlant au tĂ©lĂ©phone, que, finalement, ni ma mĂšre, ni mon pĂšre, ne se sont faits vacciner. Ils Ă©taient partis pour le faire en se rendant Ă  l’aĂ©roport, en Guadeloupe. Peut-ĂȘtre l’aĂ©roport Pole CaraĂŻbes. Mais des manifestants anti-vaccins se trouvaient lĂ . En Ă©coutant leurs arguments, mon pĂšre a alors estimĂ© que les vaccins actuellement proposĂ©s ne sont pas « encore au point Â» (traduit du CrĂ©ole).  

 

Apprendre ça, d’elle, m’a fait un drîle d’effet. Un effet non-scientifique qui a eu, sur moi, une certaine influence. Influence non scientifique non plus.

Lors de ma derniĂšre sĂ©ance avec mon thĂ©rapeute – vaccinĂ© contre le Covid- j’avais fait la dĂ©couverte, que, dans ma fratrie, j’étais finalement le plus « traditionnel Â». Ce qui est assez courant lorsque l’on est l’aĂźnĂ© d’une famille.

 

Je sais que le dernier, mon petit frĂšre, ainsi que sa compagne, se sont  faits vacciner contre le Covid afin de pouvoir se rendre en Guadeloupe dans quelques jours. J’aimerais bien me rendre en Guadeloupe par exemple l’annĂ©e prochaine. Ainsi qu’à la RĂ©union. Donc, j’ai d’abord trouvĂ© que c’était une bonne nouvelle qu’aprĂšs cette vaccination, mon frĂšre, sa compagne et leurs enfants, puissent se rendre en Guadeloupe. Cela fait quelques annĂ©es que nous ne sommes pas allĂ©s voir nos parents en Guadeloupe. Pour moi, cela date de 2014 ou 2015. Mon blog n’existait pas, alors. Aujourd’hui, si je me rĂ©fĂšre Ă  certaines inquiĂ©tudes et certaines tĂ©moignages concernant les effets indĂ©sirables des vaccins anti-Covid, mon frĂšre et sa compagne vont certes pouvoir sans doute se rendre en Guadeloupe (s’ils partent avant que la Guadeloupe ne soit reconfinĂ©e) mais leur espĂ©rance de vie pourrait ĂȘtre dĂ©truite.

Sculptures par CĂ©cile Thonus.

 

 

Conflit de loyautĂ© et roulette russe :

Ma mĂšre, non vaccinĂ©e, a donc, d’une part deux de ses enfants vaccinĂ©s. Ma sƓur et mon frĂšre. Et, d’autre part, il lui reste un enfant, non vaccinĂ©. Moi. En termes de conflit de loyautĂ©, moi, l’aĂźnĂ©, ou l’ñne, j’ai touchĂ© le jackpot.

 

CĂŽtĂ© pile, si ces vaccins anti-Covid sont finalement plus protecteurs que nocifs, d’ici deux Ă  trois ans, cela se confirmera. Avec un peu de chance, si ma mĂšre et mon pĂšre, non vaccinĂ©s, se maintiennent Ă  distance du Covid, et que je rĂ©ussis Ă  faire pareil, nous devrions ĂȘtre tous Ă  peu prĂšs contents d’ici deux Ă  trois ans. Mais en deux Ă  trois ans, il peut se passer beaucoup d’évĂ©nements. MĂȘme en un an. Et, vu comme on nous parle de la trĂšs grande contagiositĂ© du variant Delta, je m’attends un peu Ă  attraper le Covid cette fois-ci.

 

CĂŽtĂ© face, si ces vaccins anti-Covid se rĂ©vĂšlent vĂ©ritablement nocifs, moi, l’aĂźnĂ©, j’ai tout intĂ©rĂȘt Ă  assurer Ă  ma mĂšre qu’un de ses enfants, au moins, n’est pas tombĂ© dans la marmite des effets indĂ©sirables gravissimes des vaccins anti-Covid.

 

Mais ma mĂšre Ă©tant comme toutes les mĂšres aimantes, aprĂšs avoir discutĂ© avec elle, il y a quelques jours du Covid, elle a conclu notre conversation par un :

 

« Fais attention Ă  toi Â».

 

Lorsque j’avais dĂ©cidĂ© de commencer Ă  travailler en psychiatrie, au dĂ©but, ma mĂšre avait essayĂ© Ă  plusieurs reprises de m’en dissuader. Elle m’avait expliquĂ© qu’elle craignait que je ne devienne « fou Â». C’est une croyance trĂšs courante que celle de croire et de penser que travailler en psychiatrie rend fou. Alors que ce serait plutĂŽt le contraire. Travailler en psychiatrie peut aider Ă  pacifier nos angoisses et nos folies. A condition d’ĂȘtre mentalement et moralement armĂ© et encadrĂ© pour cela. A condition, si nĂ©cessaire, d’accepter d’ĂȘtre aidĂ© par d’autres, collĂšgues, thĂ©rapeutes, patients, rencontres diverses.

 

Je n’avais eu aucune difficultĂ© Ă  me sĂ©parer des inquiĂ©tudes de ma mĂšre. Me diriger vers cette spĂ©cialitĂ© Ă©tait un choix rĂ©flĂ©chi. J’aimais cette spĂ©cialitĂ© ainsi que les rencontres que j’y faisais. Je me sentais bien dans cet univers.

 

Or, aujourd’hui, me faire vacciner contre le Covid, avec Pfizer, Moderna, Astrazeneca, Johnson & Johnsonn’est pas mon choix rĂ©flĂ©chi. Je n’aime pas ce « risque Â» que je crois entrevoir dans leurs effets secondaires ou indĂ©sirables. L’idĂ©e de me faire injecter ce risque ne me plait pas du tout. 

 

Bon anniversaire :

Pas plus que je n’ai fait exprĂšs d’oublier qu’aujourd’hui, ma fille serait avec moi, je n’ai pas fait exprĂšs non plus d’accepter le rendez-vous qui m’avait Ă©tĂ© fixĂ© pour ma premiĂšre injection de Pfizer ce 4 aout. Or, le 4 aout est la date anniversaire
.de ma seconde maman, trĂšs  Â« officieuse Â».

 

Qu’est-ce qui se fait le jour d’un anniversaire de quelqu’un auquel on tient ?

On lui envoie un message. Ou, on l’appelle.

 

Pour l’appeler, j’ai allumĂ© mon tĂ©lĂ©phone portable. J’ai vu que j’avais reçu deux vidĂ©os de ma mĂšre. Dans l’une des vidĂ©os, une femme, vraisemblablement mĂ©decin, et bonne pĂ©dagogue, expliquait devant une foule attentive, les graves risques sanitaires auxquels on s’exposait avec les vaccins anti-Covid actuels. Cette femme que je ne connais pas et que je voyais pour la premiĂšre fois, mettait en garde contre les vaccins anti-Covid. Elle Ă©tait persuasive. J’ai su ensuite que ma mĂšre avait reçu cette vidĂ©o par une cousine du cĂŽtĂ© de mon pĂšre.

 

Ce matin, donc, quelques minutes avant mon rendez-vous pour ma premiĂšre injection de Pfizer, j’appelle ma « seconde Â» maman. Je tombe sur elle. Elle est plutĂŽt contente de m’entendre. Je lui souhaite un bon anniversaire. Je lui rĂ©ponds que nous sommes partis quelques jours Ă  Amiens. Elle m’apprend : « J’ai de trĂšs bons souvenirs Ă  Amiens Â».

L’entente se poursuit. Et puis, comme avec une proche avec laquelle on se sent en confiance (soit le minimum envers une seconde maman, mĂȘme officieuse) je lui parle sans dĂ©tour du fait que, non, nous n’avons pas pu nous rendre aux hortillonnages. Car nous n’avions pas de passe sanitaire. Hortillonnages qui ont ensuite fermĂ© quelques jours suite Ă  un dĂ©saccord entre certains bateliers opposĂ©s au passe sanitaire et leur patron. Ma compagne m’a envoyĂ© un extrait d’un article de journal Ă  ce sujet.

 

Mais en parlant de notre non-vaccination Ă  ma « seconde Â» maman trĂšs officieuse, sans mĂȘme y penser, j’avais mis une piĂšce dans le Jukebox. Avec ma mĂšre, le Jackpot du conflit de loyautĂ©. Avec ma seconde maman, le Jukebox de :

 

« Mais tu vas te retrouver en rĂ©a ! Â». « Tu as bien vu ce qui se passe en Guadeloupe ?! Â» (Le nombre de cas de Covid augmente comme Ă  la Martinique et Ă  la RĂ©union).

« Ne me dis pas que tu ne t’es pas fait vacciner ! Â». «  Je suis trĂšs Ă©tonnĂ©e ! Â».

 

Sculpture par CĂ©cile Thonus.

 

Je me suis senti embarrassĂ©. A la fois de me sentir en porte Ă  faux. Mais, aussi, que cette conversation, notre premier dĂ©saccord majeur en plusieurs annĂ©es, arrive le jour de son anniversaire. Vraiment, je n’ai pas vu venir cette situation.

 

Ma seconde maman « officieuse Â» m’a appris qu’ils Ă©taient tous vaccinĂ©s de leur cĂŽtĂ©. Je la savais vaccinĂ©e contre le Covid. Mais je n’avais pas forcĂ©ment beaucoup Ă©largi le cercle des personnes vaccinĂ©es autour d’elle. MĂȘme si cela se tient mathĂ©matiquement. Si, aujourd’hui, de plus en plus de Français sont vaccinĂ©s et que l’on avoisine les 60 % de personnes vaccinĂ©es en France, il faut bien que de plus en plus de personnes que l’on connaĂźt soient vaccinĂ©es.  Mais je vivais encore sur ma petite planĂšte de non-vaccinĂ©s, et, ma seconde maman Ă©tait en train de me rappeler que je vivais bien  – encore- sur la mĂȘme planĂšte que tous ces gens de plus en plus vaccinĂ©s.

 

Je sentais venir en elle la question du complotisme. Je crois mĂȘme qu’elle me l’a demandĂ©, directe comme elle est :

 

« Tu es complotiste ?! Â».

 

 

Afin de me sauver autant que possible de la mĂ©lasse complotiste, Je me suis appliquĂ© Ă  ĂȘtre pĂ©dagogue :

 

«  Je ne crois pas que le dĂ©veloppement des antennes de la 5G va nous tĂ©lĂ©guider Â». J’ai dĂ» ĂȘtre assez rapidement convaincant malgrĂ© tout en matiĂšre de complot car, ensuite, la conversation s’est faite sur des bases, je crois, plus rassurantes, pour elle comme pour moi.

 

Question travail, elle a convenu elle-mĂȘme « qu’ils Â» ne pourraient pas me « licencier Â» au vu de la pĂ©nurie infirmiĂšre importante. J’ai ajoutĂ© que cette pĂ©nurie s’était accentuĂ©e depuis la pandĂ©mie du Covid. Je n’ai mĂȘme pas pensĂ© Ă  rappeler qu’il y a quelques mois, encore,  dans certains services somatiques, des personnels soignants Ă  peine remis du Covid, Ă©taient poussĂ©s Ă  revenir travailler tant il manquait de personnel dans certains services.

 

Dans ses propos, j’ai entendu le concentrĂ© de qui est opposĂ© aux personnes contre le vaccin. La peur de la rĂ©a. Une peur que je ne connais pas, pour l’heure. Sans doute parce-que ma mĂšre a travaillĂ© en rĂ©animation. Et que, si la rĂ©animation est synonyme de mort, elle est aussi synonyme de sortie de coma et de retour Ă  la vie. Je le sais par ma mĂšre. Sans doute aussi un petit peu par les deux stages que j’avais effectuĂ©s, adulte, dans le service de ma mĂšre. Cela n’avait pas Ă©tĂ© mon choix.

 

J’ai aussi entendu la peur de la perte Ă©conomique. Je me suis abstenu de dire que ma compagne avait fait ses estimations dans le cas oĂč nous serions mis Ă  pied de notre emploi. C’était un peu comme si j’avais dĂ©jĂ  un peu dĂ©passĂ© cette peur de la perte Ă©conomique et que je la redĂ©couvrais au travers de ma seconde maman.

 

 

Une autre peur aurait pu ĂȘtre citĂ©e. Celle de l’exclusion sociale. Des connaissances et des proches. Elle arrivera sans aucun doute. Pas de qui je pense. Pas comme je le pense.

Devant la mĂ©diathĂšque de ma ville ce mercredi 4 aout 2021. MĂ©diathĂšque oĂč ma fille et moi avons nos habitudes.

 

Ma seconde maman a pris l’exemple de la vaccination contre l’HĂ©patite A (ou B) rendue obligatoire. Je n’ai pas discutĂ© cette obligation. Elle m’a dit que la technique ARN actuelle Ă©tait connue depuis dix annĂ©es. Qu’elle aurait prĂ©fĂ©rĂ© bĂ©nĂ©ficier de cette nouvelle technique. Mais qu’elle avait eu le vaccin Astrazeneca.

 

Elle a Ă©tĂ© attentive lorsque je lui ai parlĂ© de la mĂ©saventure de certains soignants avec l’Astrazeneca. MĂ©saventure qui pouvait expliquer une partie de cette mĂ©fiance de certains soignants envers ces vaccins anti-Covid.

 

Je lui ai aussi dit que j’avais lu des tĂ©moignages sur les rĂ©seaux sociaux concernant les effets indĂ©sirables. Et, que l’on ne pouvait pas, d’un cĂŽtĂ© (ça vous rappelle quelque chose ? J’ai expliquĂ© ça dans mon article SĂ©rums de vĂ©ritĂ©) se rĂ©jouir que, durant le printemps arabe, les rĂ©seaux sociaux avaient pu nous faire parvenir des tĂ©moignages qui dĂ©mentaient la version officielle. Et, lĂ , Ă  propos des effets indĂ©sirables des vaccins sur les rĂ©seaux sociaux, dĂ©clarer que tous ces tĂ©moignages Ă©taient bidons. Des tĂ©moignages oĂč une mĂšre nous apprend que sa fille a commencĂ© Ă  avoir des rĂšgles peu aprĂšs la vaccination contre le Covid. Ou une femme nous apprend qu’aprĂšs s’ĂȘtre faite vacciner, ses seins ont commencĂ© Ă  produire du lait alors qu’elle n’est pas enceinte
.

 

 

Bien-sĂ»r, je ne connais pas ces personnes. Je ne sais pas jusqu’à quel point leur tĂ©moignage est fiable. Je n’ai pas de statistiques que je peux donner.

 

A ma seconde maman qui me disait que, pour chaque vaccination, il y avait un certain nombre de personnes qui connaissaient des effets secondaires,  j’ai rĂ©pondu qu’il Ă©tait vrai que je ne connaissais pas les chiffres ou les proportions de ces effets secondaires. Et que la particularitĂ© des rĂ©seaux sociaux fait peut-ĂȘtre que la façon dont les tĂ©moignages nous parviennent, quasiment en temps rĂ©el,  sans filtre, donnait peut-ĂȘtre l’impression qu’il y a plus d’effets secondaires avec ces vaccins comparativement avec les vaccins prĂ©cĂ©dents contre diverses maladies. Alors qu’il y a peut-ĂȘtre pratiquement autant d’effets secondaires dĂ©sagrĂ©ables ou mortels, proportionnellement, avec ces vaccins anti-Covid qu’avec les autres vaccins classiques. 

 

J’ai senti dans le ton de ma seconde maman « officieuse Â» qu’elle Ă©tait intriguĂ©e. J’étais, moi, plus embarrassĂ© que content de mon effet. J’avais appelĂ© pour lui souhaiter un bon anniversaire. Je lui trouvais aussi la voix plus rauque et plus essoufflĂ©e que d’habitude. La derniĂšre fois, c’était dĂ©jĂ  un peu ça. MĂȘme si elle avait toujours le mĂȘme aplomb.

 

Ma fille Ă©tait en train de jouer dans une autre piĂšce de l’appartement. Je ne pouvais pas rester longtemps et il y avait du monde chez elle. Dont son fils que je connais. Ainsi que sa belle fille, une des amies de celle-ci, la petite fille, que je ne connais pas.

 

J’ai fini par ajouter :

« Je suis dĂ©solĂ© de te parler de ça le jour de ton anniversaire
 Â».

Elle :

« Oh, ne t’inquiĂšte pas
 Â».

J’ai repris :

« Je te connais ! A un moment de la journĂ©e ou dĂšs que tu auras pris un verre ou deux, tu vas commencer Ă  en parler ! Â».

Elle, avec un petit rire :

« C’est vrai
. Â».

 

Alea Jacta Est. Pourquoi se cacher ?

 

Vie de couple :

Ce qui m’étonne parmi certains des proches ou des connaissances aujourd’hui pro-vaccins, c’est qu’un an plus tĂŽt, se trouvaient parmi eux, celles et ceux, qui, contre les recommandations d’usage contre le Covid faisaient valser certains interdits. Se faire la bise alors qu’il Ă©tait prĂ©conisĂ© de ne pas le faire. Rencontrer plusieurs personnes chez soi ou se retrouver Ă  plusieurs dans une mĂȘme piĂšce sans masque. Ne pas tenir compte de certaines restrictions en terme de distance kilomĂ©trique.

Mais c’est comme si, grĂące ou Ă  cause du vaccin anti-covid qu’elles ont reçu,  certaines de ces connaissances et  de ces proches avaient dĂ©ja oubliĂ© que l’annĂ©e derniĂšre, sans se fourrer pour autant la langue dans la bouche de l’autre en permanence, qu’en pleine pandĂ©mie du Covid, il avait Ă©tĂ© possible d’ĂȘtre en prĂ©sence de temps Ă  autre d’un peu de monde. 

 

Aujourd’hui, il semble de plus en plus, que la norme sociale devienne d’ĂȘtre entre vaccinĂ©s et entre non-vaccinĂ©s. Ou de juger l’autre Ă  un moment donnĂ©.

 

Je ne me suis pas senti particuliĂšrement jugĂ© ce matin par ma seconde « maman Â». Mais je me suis imaginĂ© que je le serais par un de ses proches que je connais ou par quelqu’un d’autre qui considĂ©rera que je me suis Ă©garĂ©.

 

Un autre lieu d’égarement frĂ©quent est le couple. Ma compagne a toujours Ă©tĂ© rĂ©solument contre les vaccins actuels contre le Covid. Elle considĂšre que ce ne sont pas des vaccins. Ils n’en n’ont que l’appellation pour elle. Je peux concevoir qu’il doit ĂȘtre difficile, au sein d’un couple, d’avoir une attitude diffĂ©rente de l’autre vis-Ă -vis de la vaccination anti-Covid actuelle.

 

MĂȘme si je ne souscris pas Ă  toutes ses explications comme Ă  un certain nombre de ces raisonnements, j’ai fini par me rapprocher de certains de ses arguments contre les vaccins anti-Covid. Surtout Ă  partir du 12 juillet 2021, lorsque le gouvernement a rendu cette vaccination obligatoire pour les soignants. Avant le 12 juillet, je constatais assez distraitement ses partis pris. Ainsi que le fait qu’elle regardait beaucoup de vidĂ©os sur le sujet de la pandĂ©mie, des vaccins anti-Covid Je prenais quelques fois le temps de l’écouter et de l’interroger sans la juger sur le sujet. Je rĂ©futais certains de ses arguments. Mais je ne cherchais pas Ă  ce qu’elle ait absolument la mĂȘme vision que moi  Ă  propos des vaccins, du Covid. D’ailleurs, moins je parlais de ces sujets, mieux, je me portais. Mais le 12 juillet a « tout Â» changĂ© pour moi. Ainsi que le 13 juillet peut-ĂȘtre, aussi, avec l’enterrement du pĂšre de mon meilleur ami.

 

Par ailleurs, et c’est le propre de bien des couples, je crois aussi au fait que ma compagne a l’aptitude d’observer ou de voir ce que je n’ai pas remarquĂ©.

 

 

Dans le film Inception  de Christopher Nolan, j’avais raillĂ© le comportement du personnage Dominic l’extracteur(L’acteur LĂ©onardo Dicaprio), qui, si je me souviens bien, trĂšs en peine de faire le deuil de sa femme Mallorie  ( l’actrice Marion Cotillard) s’enfermait dans une certaine illusion. Une collĂšgue et amie m’avait rĂ©pondu Ă  l’époque que vivre dans une illusion commune Ă©tait courant au sein d’un couple.

 

Je n’exclue pas l’idĂ©e que, comme le personnage de Dominic, dans Inception, je sois en train de contribuer Ă  l’établissement et au maintien  d’une illusion commune avec ma compagne ainsi qu’avec ma mĂšre et, toute autre personne anti-vaccin. Mais, si illusion il y a, les faits, d’ici quelques semaines ou quelques mois, viendront apporter leur contradiction extĂ©rieure. Pour l’instant, j’ai trop de contradictions et de doutes en moi pour accepter la vaccination anti-Covid.

 

J’ai envisagĂ© d’ĂȘtre, dans le couple, celui qui allait se faire vacciner contre le Covid. Afin d’équilibrer pour le quotidien. Pour nous rendre la vie plus simple lorsque les restrictions vont ĂȘtre appliquĂ©es contre celles et ceux qui ne sont pas vaccinĂ©s. J’estimais que, de nous deux, j’étais celui qui pouvait le plus faire ça. J’en ai parlĂ© Ă  ma compagne. Elle m’a rĂ©pondu qu’elle ne voulait pas que je me « sacrifie Â». Tout ce qu’elle voulait, c’était que je ne me fasse pas vacciner avec les vaccins actuels contre le Covid.

 

Etre pĂšre :

Etre pĂšre, dans un tel contexte, est dĂ©licat. Ce matin, j’ai eu un peu de mal Ă  ĂȘtre bien disponible pour ma fille. Vu que la dĂ©cision que j’avais prise de renoncer Ă  cette premiĂšre injection de Pfizer, mĂȘme si je crois que c’était la seule que je pouvais prendre aujourd’hui, m’a occupĂ© l’esprit.

 

Pour l’instant, comme c’est encore les grandes vacances, ma fille ne perçoit pas trop, je pense, toute cette empoigne autour du vaccin et du passe sanitaire entre les pro et les anti-vaccins. Et, je m’applique Ă  ne pas aborder ce sujet devant elle. La seule remarque qui m’a Ă©chappĂ© hier ou avant hier en lisant le journal devant elle a Ă©tĂ© concernant le fait qu’avec le dĂ©part des derniĂšres troupes amĂ©ricaines en Afghanistan, les Talibans ont recommencĂ© Ă  reprendre possession du pays. Je me suis dit que, prochainement, ce retour des Talibans en Afghanistan allait nous ramener le terrorisme jihadiste  et ses attentats.

 

Dans le Charlie Hebdo de ce mercredi, journal trĂšs critique envers les anti-vaccins, le rĂ©dacteur en chef Riss, dans son Ă©ditorial, pointe «  Moi aussi, je commence Ă  en avoir marre de la crise du Covid et des interminables dĂ©bats sur les mesures barriĂšres, les vaccins, les anti-vaccins et la peste bubonique Â» (
.). Puis, il exprime sa crainte d’une proche guerre mondiale. Sujet plus prĂ©occupant que la pandĂ©mie du Covid qui continue de beaucoup nous obsĂ©der.  

 

Ce matin, je suis allĂ© acheter plusieurs journaux afin d’essayer de trouver en eux des rĂ©ponses qui me manquent encore Ă  propos de la vaccination anti-Covid. J’ai achetĂ© Les Echos, Le Canard EnchainĂ©, Le New York Times, Le Figaro, Le Monde et Charlie Hebdo, donc.

 

Le journal  » Le New York Times » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

 

Les caricatures de Charlie Hebdo Ă  propos des anti-vaccins peuvent me faire sourire. Mais elles ne me convainquent pas en faveur de la vaccination. A nouveau, il me manque les certitudes que les journalistes de Charlie Hebdo ont sur le sujet des vaccins actuels. Pareil pour Le Canard EnchaĂźnĂ© que je lis depuis plus d’une vingtaine d’annĂ©es sans doute. Si je comprends son titre Violences et dĂ©rives lors des manifs anti-passe sanitaire(Combien d’antivax positifs au test anti-gĂ©nie ?), lui, aussi, ne suffit pas Ă  me rassurer Ă  propos des vaccins actuels contre le Covid.

 

Je me dis mĂȘme que Charlie Hebdo et Le Canard EnchaĂźnĂ©, comme d’autres journaux, d’autres opinions et d’autres sensibilitĂ©s,  s’ils se sont trompĂ©s Ă  propos de la frĂ©quence des effets indĂ©sirables graves des vaccins contre le Covid, auront du mal Ă  le reconnaĂźtre.

 

Qu’est-ce que je peux expliquer Ă  ma fille Ă  propos de ces pour et de ces contre vaccins anti-Covid ?

 

Qu’il y a, d’un cĂŽtĂ© les mĂ©chants pro-vaccins ? Et, de l’autre cĂŽtĂ©, les gentils anti-vaccins ?

 

Je ne raisonne pas de cette façon. DerniĂšrement, une de nos voisines, vaccinĂ©e, Ă©tait d’accord pour accompagner notre fille Ă  une exposition sur le Divas organisĂ©e par l’Institut du Monde Arabe, Ă  Paris, et proposĂ©e par le conservatoire de notre ville. Finalement, elle a dĂ» se dĂ©sister pour des raisons familiales. Mais elle m’a dit avoir Ă©tĂ© touchĂ©e par la confiance qu’on lui accordait. Et, elle m’a invitĂ© Ă  la solliciter, en cas de besoin, ultĂ©rieurement. Je crois qu’à cĂŽtĂ© des dĂ©boires Ă  venir pour les anti-vaccins, qu’il y aura aussi des situations d’entraide comme avec notre voisine qui vont se rĂ©pĂ©ter et se dĂ©velopper entre pro-vaccins et anti-vaccins au delĂ  de ce qui peut se prĂ©voir.

 

A ma fille, ce soir, avant qu’elle aille se coucher, j’ai dit :

« Je n’ai pas Ă©tĂ© trĂšs disponible aujourd’hui. J’espĂšre pouvoir faire mieux demain Â». Nous avions nĂ©anmoins passĂ© du temps ensemble, Ă©tions sortis faire un tour dans le centre-ville. Elle avait fait un peu de vĂ©lo. Nous Ă©tions allĂ©s Ă  la librairie et chez le marchand de primeurs, avions trouvĂ© la mĂ©diathĂšque close. Ma fille a pris cela avec le sourire. Et m’a fait comprendre que pour me faire pardonner, que je me devais de l’emmener jusqu’à sa chambre en la portant sur mes Ă©paules. J’ai facilement acceptĂ© cette pĂ©nitence.

 

Mais je savais m’ĂȘtre fait emporter par la rĂ©daction de cet article. Hier, nous avions pu regarder entiĂšrement le magnifique manga Les enfants de la mer, rĂ©alisĂ© par Ayumu Watanabe . Aujourd’hui, nous n’avions mĂȘme pas terminĂ© de regarder le premier volet aussi drĂŽle que martial de La LĂ©gende de Fong Sai-Yuk rĂ©alisĂ© par Corey Yuen.   Le sujet de la vaccination est devenue une forme d’obsession comme je l’ai reconnu tout Ă  l’heure en en discutant avec ma compagne.

 

Mais c’est maintenant qu’il faut Ă©crire Ă  ce sujet. Ma compagne m’a demandĂ© :

« Pour qui ? Â». Ou «  Pourquoi ? Â».

C’est le genre de question Ă  ne pas poser Ă  un obsĂ©dĂ©. Ou Ă  un passionnĂ©.

 

La pandĂ©mie du Covid nous rappelle la nĂ©cessitĂ© de bien vivre ce que l’on peut bien vivre avec celles et ceux auxquels nous sommes attachĂ©s. Dans un an, le 4 aout 2022, certaines et certains d’entre eux, certaines et certains d’entre eux ne seront peut-ĂȘtre plus lĂ . Moi, je serai peut-ĂȘtre en rĂ©a. Comme patient. Ou comme visiteur.

 

Franck Unimon, ce mercredi 4 aout 2021.  

 

 

 

 

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Sérums de vérité-Lundi 2 aout 2021

Paris, ce dimanche 1er aout 2021, vers 19h.

 

                     SĂ©rums de vĂ©ritĂ©- Lundi 2 aout 2021

Etat de fatigue

 

Tant qu’elle n’est pas destinĂ©e Ă  la torture, la fatigue peut avoir du bon. J’ai travaillĂ© deux nuits de suite. Mais ce n’est pas Ă  ces deux nuits que j’attribue mon Ă©tat de fatigue actuel depuis quelques jours. Le travail de nuit a des consĂ©quences connues. Tel un certain Ă©tat d’épuisement, de ralentissement de la pensĂ©e, de difficultĂ©s Ă  la concentration, d’isolement social et affectif, de dĂ©pression et de variation de l’humeur, de prise de poids, d’augmentation de la consommation de tabac, de repas dĂ©sĂ©quilibrĂ©s, de « dĂ©sorientation Â» hormonale. Ces quelques consĂ©quences- et d’autres- sont vĂ©cues et parĂ©es diffĂ©remment selon les personnes et leur aptitude immĂ©diate, ou prolongĂ©e, Ă  rĂ©cupĂ©rer du travail de nuit. Et, aussi, Ă  accepter comme Ă  aimer le travail de nuit.

 

Je travaille de nuit par alternance, tantĂŽt de nuit et tantĂŽt de jour. Cette alternance me plait. D’autant qu’à partir de l’ñge de mes vingt ans, Ă  la fin des annĂ©es 80, j’ai commencĂ© Ă  apprendre Ă  travailler de nuit. Je crois donc suffisamment bien me « connaĂźtre Â» lorsque je travaille de nuit en 2021. Ce que je peux faire et ce que je ne peux pas faire. Comment et jusqu’à quand. Et avec qui. A quel rythme et dans quelles conditions. Mais, aussi, comment je peux rĂ©cupĂ©rer au mieux, ensuite, de mes nuits de travail. Physiquement. Mais, aussi, voire, surtout, mentalement.

 

Lorsque je travaille de nuit, comme de jour, je sais aussi quand dĂ©bute ma nuit ou ma journĂ©e de travail. Ainsi que, quand elle va se terminer. Ce qui me permet assez facilement, en fonction de comment se passe le travail, et comment je me sens, de savoir si j’ai besoin de souffler. Et quand il me faut prendre une pause. Avant d’ĂȘtre K.O, hors de propos ou hors sujet, Ă  la merci de l’accident, de la blessure, de l’imprĂ©vu ou du dĂ©rapage.

 

Donc, mĂȘme si le travail de nuit contribue Ă  mon Ă©tat de fatigue actuelle, et que j’ai repris le travail par deux nuits aprĂšs prĂšs d’un mois de vacances, ce n’est pas Ă  cela que je pense. Mais Ă  la frĂ©quence de rĂ©daction de mes articles ces deux Ă  trois derniĂšres semaines. Il m’a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dit que j’écrivais beaucoup. Et trĂšs long. La semaine derniĂšre, mon ami Raguse me l’a redit. Mais, ces deux Ă  trois derniĂšres semaines, je dĂ©gaine mes articles pour mon blog plus vite que d’habitude. Comme si j’allais bientĂŽt mourir ou que je sentais qu’il y a actuellement une pĂ©riode particuliĂšre de la vie Ă  saisir.

 

La fatigue, lorsqu’elle n’est pas une torture, est une ouverture. Elle permet une certaine « crĂ©ativitĂ© Â».  Nous « poussons et repoussons Â» en permanence. La fatigue fait partie de ces Ă©tats, encore assez proches du rĂȘve oĂč certaines idĂ©es n’ont pas encore disparu. Et se dĂ©marquent assez de nos automatismes. On se censure moins. On est plus spontanĂ©. On attend moins de « rĂ©sultat Â» ou de reconnaissance. On vit dans l’instant. On est soi-mĂȘme dans la tachypsychie. Un peu exaltĂ©. MĂ©galomane sans doute. Tout va bien. C’est une espĂšce de narcose hors de l’eau. Ce que l’on appelle en psy ĂȘtre un peu « hypomane Â». Cela n’a rien Ă  voir avec le mĂ©nage, le fait d’ĂȘtre pyromane ou avec les phĂ©romones. Mais plutĂŽt avec  une sensible accĂ©lĂ©ration du dĂ©bit de nos actions, de nos paroles et notre activitĂ© cĂ©rĂ©brale. Nous faisons des petits ponts Ă  nos mĂ©ninges. Nous dribblons nos dĂ©fenses sans recours au moindre euphorisant extĂ©rieur avant qu’elles ne s’installent pour la journĂ©e.

 

 On va peut-ĂȘtre faire tenir, une fois de plus, un convoi entier d’ñneries et de phrases stĂ©riles et vides dans un article dont deux ou trois lecteurs vont ensuite s’imposer la lecture par devoir, amusement ou par curiositĂ© ( « Regarde, c’est un assez bon exemple de la symptomatologie clinique de l’hypomanie. Ça fait penser Ă  un petit poisson rouge qui tourne Ă  toute vitesse dans son bocal. Tu le poses dans son blog, il tourne en rond et il a l’impression de parcourir des steppes immenses. C’est fascinant
. Â»).

 

Mais on prĂ©fĂšrera ça malgrĂ© tout- Ă©crire des Ăąneries de façon artisanale– Ă  aller se ranger dans les rayon de la Fnac (car j’ai eu subitement trĂšs envie de le faire tout Ă  l’heure) pour aller y voir s’il y a des affaires et des achats pour soi en Blu-Rays ou cds. Blu-Rays et cds qui seraient venus s’ajouter aux tas d’autres blu-rays et cds que j’ai dĂ©jĂ  et que je n’ai pas encore pris le temps de regarder ou d’écouter ou que j’ai mĂȘme pu oublier. Tout Ă  l’heure, donc, j’ai Ă©tĂ© Ă  deux doigts de passer Ă  la fnac. Il y a toujours une affaire ou deux Ă  faire Ă  la Fnac ou dans un magasin quelconque.  Mais, je pourrais toujours y aller un autre jour. Alors que l’ñne et le tenbrak que je suis, eux, sont impatients de s’exprimer. Et, tous les deux, main dans la main, me font maintenant faire un gentil tour de manĂšge.

 

Deux doigts :

La semaine derniĂšre, au tĂ©lĂ©phone, j’ai aussi dit Ă  mon ami Raguse :

 

« J’ai l’impression que c’est Ă  partir de maintenant que mon  blog balistiqueduquotidien.com va commencer Ă  prendre de l’essor Â». Raguse m’a Ă©coutĂ© comme un humain Ă©coute un Ăąne. Avec indulgence. Sans le contredire. Il aurait pu prendre un coup de sabot.

 

 

 

Nous sommes au dĂ©but du mois d’aoĂ»t. La plupart des gens sont en vacances et veulent profiter de leurs vacances ou/ et des jeux olympiques de Tokyo qui se dĂ©roulent avec un an de retard Ă  cause de la pandĂ©mie du Covid. Les prochains jeux olympiques se dĂ©rouleront normalement Ă  Paris en 2024.

L’annĂ©e a Ă©tĂ© difficile et mes articles ne sont pas tous compatibles avec l’esprit des vacances. Que ce soit au mois d’aoĂ»t oĂč lorsque l’on reprend le travail. Sauf que je crois que mes articles, malgrĂ© mes dĂ©fauts et malgrĂ© leurs dĂ©fauts, parlent de la vie. Et pas seulement de moi. Avec une certaine sincĂ©ritĂ©, une constance et un engagement d’ñne qui, je crois, finiront pas l’emporter.

 

 

 

Ce n’est pas seulement une question de quantitĂ© d’articles. Ni d’humilitĂ©. Car ce que j’écris peut passer pour aussi bornĂ© que prĂ©tentieux et l’est trĂšs certainement.

 

 Mais c’est surtout une question de temps passĂ© Ă  pratiquer l’écriture.

 

Et d’esprit critique.

 

Envers moi-mĂȘme comme envers ce que je vois, ce que je vis et que d’autres peuvent voir et vivre aussi. Sauf qu’ils ne prendront pas le temps de l’écrire. De « le pratiquer Â».  Qu’ils ne le voudront pas ou n’oseront pas le faire. Alors qu’il s’agit de moments qui comptent pour moi. Je n’écris rien d’exceptionnel. Mais je l’écris parce-que le crois important. Je le crois parce-que je suis un Ăąne. C’est tout. C’est la diffĂ©rence entre un Ăąne et une personne normale et raisonnable.

 

 

C’est comme une personne qui, en passant, prendrait aujourd’hui une photo d’un endroit ou d’une personne avec deux doigts voire un seul. Avec un simple clic. Un geste ordinaire que tout le monde peut faire. Mais que, souvent, seule une minoritĂ© prend le temps de faire. Parce qu’elle a l’envie, le plaisir et la sensibilitĂ© pour prendre le temps de le faire. Alors que la majoritĂ© a souvent ou toujours autre chose Ă  faire ou ne voit pas l’intĂ©rĂȘt de le faire. C’est ce que j’essaie de faire avec ces articles. Un jour, une kinĂ© m’a appris que certains gestes disparaissaient parce-que nous ne les faisons plus. ça m’a marquĂ©. Peut-ĂȘtre parce-que,  ce que je fais, c’est surtout Ă©crire et photographier de la mĂ©moire. La rechercher. Essayer d’écrire des histoires. EspĂ©rer que d’autres aimeront les lire ou les Ă©couter. Et, si possible, autant que possible, faire de l’humour.

 

On conviendra donc assez facilement que mes articles et le nom de mon blog, balistiqueduquotidien.com , sont assez raccord avec ces intentions.

 

 

PremiĂšre injection du vaccin anti-Covid :

Tout mon laĂŻus sur le travail de nuit et ses Ă©ventuelles consĂ©quences temporaires ou dĂ©finitives paraissait peut-ĂȘtre hors sujet avec la pandĂ©mie actuelle. Il existe pourtant des similitudes avec notre Ă©tat d’esprit envers la pandĂ©mie, la vaccination anti-Covid et le passe sanitaire. Que l’on soit pour ou contre.

 

Je suis Ă  deux doigts de me dĂ©sister avant la premiĂšre injection du vaccin anti-Covid cette semaine. Tout Ă  l’heure, j’ai reçu un sms de rappel pour mon rendez-vous. J’ai eu l’impression de me rapprocher de mon intronisation sur la chaise Ă©lectrique ou de la guillotine.  Dans mon long article 1er aout 2021, je conclue que, quelle que soit notre dĂ©cision pour ou contre la vaccination Covid, qu’il importe de la prendre «  en son Ăąme et conscience Â». Et non sous l’effet ou l’emprise de la peur.

 

J’ai plusieurs raisons – ou plusieurs absurditĂ©s- qui me poussent dans le cerveau au point d’envisager Ă  nouveau de reculer avant de me faire inoculer ce vaccin anti-Covid. Et, hier soir, alors que je pĂ©dalais sur mon vĂ©lo et remontais le boulevard Raspail, afin de me rendre Ă  ma deuxiĂšme nuit de travail, je me suis mĂȘme demandĂ© si je devenais parano. AprĂšs quelques coups de pĂ©dale, j’ai Ă©tĂ© indulgent avec moi-mĂȘme. Je me suis dĂ©cidĂ© Ă  conclure que j’étais Ă©gal Ă  moi-mĂȘme : NĂ©vrosĂ©, obsessionnel. Plus que parano. Encore Ă  plusieurs cycles de distance de la lune du She’s lost control du groupe Joy Division.

 

Je ne cherche pas Ă  faire monter le nombre de vues de mon blog en parlant de mon nouveau revirement Ă  propos de l’injection de ce vaccin anti-Covid.  MĂȘme si, actuellement, sur les rĂ©seaux sociaux et dans les mĂ©dia traditionnels (tĂ©lĂ©vision, journaux papier) il est plus tendance de parler des « anti-vaccins Â» ou de se dire « anti-vaccin Â» pour susciter l’attention et de l’intĂ©rĂȘt.

Si je partage certains doutes et certaines critiques de bien d’autres contre les vaccins anti-Covid et l’obligation du passe sanitaire dĂ©cidĂ©e par notre gouvernement, je crois aussi que se dire anti-vaccin et anti-passe sanitaire permet Ă  quelques unes et quelques uns de mieux se montrer ou d’ĂȘtre entourĂ©s. C’est une opportunitĂ© parmi d’autres pour faire parler de soi. Certaines personnes- une minoritĂ©- se sont bien fait passer pour des victimes des attentats du Bataclan.

 

Ce n’est pas la premiĂšre fois ni la derniĂšre fois que cela arrive : gueuler ou bien se placer pour exister et se faire de la pub. Puis, finalement, si ça devient trop difficile ou si ce n’est plus trĂšs rentable, changer d’opinion, de stratĂ©gie, de couverture ou d’alliance. Ce genre d’attitude existait bien avant la pandĂ©mie du Covid. Les ĂȘtres humains n’ont pas changĂ© depuis l’annĂ©e derniĂšre. C’est notre vie qui a changĂ© depuis l’annĂ©e derniĂšreau travers de certains Ă©vĂ©nements et de certains tournants qui sont pour nous tous des sĂ©rums de vĂ©ritĂ©.

 

Certains Ă©vĂ©nements et tournants qui sont pour nous tous des sĂ©rums de vĂ©ritĂ© :

 

Depuis l’annĂ©e derniĂšre, la pandĂ©mie du Covid nous a jetĂ© dans la mĂȘme nasse. Et, dans cette nasse, comme envers le travail de nuit, nous rĂ©agissons les uns et les autres, diffĂ©remment. Il y a eu d’autres Ă©vĂ©nements qui nous ont marquĂ©s ces quarante derniĂšres annĂ©es. Pas seulement ces dix huit derniers mois Des Ă©vĂ©nements technologiques, Ă©pidĂ©miologiques, meurtriers et idĂ©ologiques ou culturels. Je pense par exemple :

 

Au dĂ©veloppement du tĂ©lĂ©phone mobile. Aujourd’hui, il est normal qu’un mĂŽme de dix ans ou moins se balade avec un tĂ©lĂ©phone portable. Il y a quarante ans, nous en Ă©tions au tĂ©lĂ©phone fixe Ă  fil Ă  domicile et aux cabines tĂ©lĂ©phoniques Ă  piĂšces voire Ă  carte. C’est un autre monde. Mais ce monde, nous sommes encore nombreux Ă  l’avoir connus. Ce monde nous a influencĂ© et Ă©duquĂ© d’une certaine façon. Je pourrais faire la mĂȘme comparaison entre le balai ou l’aspirateur d’il y a quarante ans et les diffĂ©rentes dĂ©clinaisons de l’aspirateur Dysond’aujourd’hui.  

 

Mais il y a bien-sĂ»r le dĂ©veloppement d’internet, tel que nous le connaissons aujourd’hui avec les rĂ©seaux sociaux et tout le reste. Le darknet, aussi, est et aura Ă©tĂ© un Ă©vĂ©nement. Je parle d’évĂ©nement technologique. Mais internet est  aussi bien-sĂ»r un Ă©vĂ©nement Ă©conomique et sociĂ©tal. Un tournant. Nous sommes lĂ  aussi encore assez nombreux Ă  avoir grandi hors de ce monde. Alors que nos enfants, petits-enfants et descendants, eux, naissent et grandissent dans ce monde oĂč les interactions entre les uns et les autres peuvent ĂȘtre trĂšs diffĂ©rentes de ce que les plus « anciens Â» ont pu connaĂźtre. Je ne critique pas cette Ă©volution mĂȘme si le dĂ©veloppement de certains comportements grĂące ou Ă  cause de ces Ă©vĂ©nements me dĂ©range.

 

L’épidĂ©mie du Sida, aussi, avait Ă©tĂ© un Ă©vĂ©nement marquant. Les attentats du 11 septembre 2001. Les attentats de « Charlie Hebdo Â», de l’hyper-cacher de Vincennes, du Stade de France, du bataclan, aussi, et d’autres Ă©vĂ©nements relatifs Ă  cette guerre idĂ©ologique (Ă  Nice, ailleurs, ou l’assassinat de Samuel Paty), les gilets jaunes font partie des Ă©vĂ©nements marquants. Il y en a bien-sĂ»r eu d’autres.

 

Toutefois, il y a aussi eu des Ă©vĂ©nements publics heureux marquants. Dans le domaine culturel ou artistique, du fait du contexte de la pandĂ©mie du Covid, je pense au film Matrix ou au lapsus que j’ai fait derniĂšrement en citant le groupe Massive Attack et son album vĂ©nĂ©neux, Mezzanine.

 

Massive Attaque :

Devant ces innovations technologiques majeures et irrĂ©versibles que sont internet, le web et la tĂ©lĂ©phonie mobile, je n’avais pas du tout brillĂ© par ma rapiditĂ© Ă  les adopter. Je m’étais montrĂ© trĂšs critique et plutĂŽt rĂ©fractaire aux dĂ©buts de leur commercialisation. Bien-sĂ»r, ces innovations technologiques, comme aujourd’hui l’électronique dans les voitures et les technologies wifi et bluetooth nous avaient trĂšs vite Ă©tĂ© vantĂ©es comme trĂšs pratiques et indispensables. Et, aujourd’hui, si j’ai suivi comme le plus grand nombre, et suis content de ce que plusieurs innovations technologiques majeures peuvent me permettre de faire et de vivre (telle l’expĂ©rience de ce blog), je reste aussi assez critique envers certains de leurs travers. Comme envers certaines des habitudes et dĂ©pendances que nous contractons envers elles. MĂȘme si c’est pour rester un usager dĂ©pendant et quotidien de ces technologies.

 

Mais, que l’on parle d’internet, de tĂ©lĂ©phonie mobile, des attentats ou d’autres tournants de notre Histoire, mĂȘme s’il s’agit d’évĂ©nements marquants, sauf si l’on a connu un proche ou quelqu’un mort dans les attentats, il s’agit principalement d’évĂ©nements extĂ©rieurs Ă  notre corps. Ou que, plus ou moins Ă  notre rythme, sauf Ă©videmment pour les attentats, nous avons, pour une raison ou une autre, fini par intĂ©grer dans notre vie. Et, c’est ce que j’ai fait.

 

Or, avec les vaccins anti-covid, et la pandĂ©mie du Covid, mon rythme d’intĂ©gration n’est pas respectĂ©. Mes possibilitĂ©s de repli, non. Je peux couper mon tĂ©lĂ©phone portable pour quelques heures. Pas avec ce vaccin, une fois que son contenu aura Ă©tĂ© introduit dans mon corps. Et, en plus, pour des « raisons sanitaires Â», on tente de me forcer la main.  Depuis l’annĂ©e derniĂšre. Avant mĂȘme que ne soient fabriquĂ©s ces vaccins anti-Covid qui rassurent une partie d’entre nous- et inquiĂštent une autre partie d’entre nous- en raison des conditions et de la rapiditĂ© de leur fabrication.

 

Qui a raison ? Les pour ou les contre ? Plus tard, nous le saurons vraiment. Mais, en attendant, que l’on soit pour ou contre, tout le monde ou Ă  peu prĂšs,  sera d’accord pour dire que depuis l’annĂ©e derniĂšre et le premier confinement que nous avons connus en mars 2020, la pandĂ©mie du Covid a Ă©tĂ© pour tous une
massive attaque.

Le journal  » Les Echos » de ce lundi 2 aout 2021.

 

Attention ! Depuis internet et la tĂ©lĂ©phonie mobile, nous avons commencĂ© Ă  apprendre qu’avec les ĂȘtres humains, certaines rumeurs et dĂ©sinformations vont encore plus vite que la vitesse de la lumiĂšre. Tant l’ĂȘtre humain a des pensĂ©es, des croyances, des suppositions et des certitudes qui lui traversent la tĂȘte en permanence. Comme dans une sorte de tentative incessante de recrĂ©er le Big Bang des origines de la vie sur Terre.

 

Et, dĂ©sormais « grĂące Â» ou « Ă  cause Â» d’internet et de la tĂ©lĂ©phonie mobile, l’ĂȘtre humain a dĂ©sormais la possibilitĂ©, avec un seul doigt, ou deux, ou simplement avec la voix, de balancer rapidement, massivement et de façon illimitĂ©e, sans faire le tri, Ă  un maximum de gens, tout et son contraire. De rĂ©vĂ©lations du genre Wikileaks ou de l’affaire Snowden Ă  la rumeur de bouche ou de quartier qui n’aurait pas survĂ©cu Ă  l’épreuve de la chasse d’eau dans les chiottes avant internet.

 

Lorsque l’on voit ce que l’ĂȘtre humain peut faire de pire depuis son clavier d’ordinateur, on est content que nos claviers personnels soient encore dĂ©pourvus du bouton rouge capable d’envoyer des bombes de fragmentation ou des drones cellulaires suite Ă  un dĂ©saccord Ă  propos d’une vidĂ©o ou d’un artiste sur Youtube.

 

Tout cela simplement pour dire que le groupe Massive Attack n’est en aucun cas un groupe qui avait annoncĂ© la pandĂ©mie du Covid 19 ou qui est reliĂ© de prĂšs ou de loin Ă  son Ă©mergence comme Ă  son Ă©volution actuelle.

 

Une fatigue proche du seuil de la torture :

 

Et, si je parle de massive attaque (ou, plutĂŽt, d’attaque massive) de la pandĂ©mie du Covid depuis l’annĂ©e derniĂšre, c’est parce-que je crois que ses consĂ©quences depuis l’annĂ©e derniĂšre peuvent bien faire penser Ă  certains des effets- majorĂ©s- du travail de nuit que j’ai citĂ©s au dĂ©but de cet article. Mais ces effets sont majorĂ©s, et massifs, car la fatigue que nous pouvons ressentir du fait de cette pandĂ©mie du Covid, que l’on soit pro ou anti-vaccin, se rapproche maintenant ou se maintient Ă  un seuil proche de celui de la torture. Et, nous ne sommes pas tous Ă©gaux ni tous prĂ©parĂ©s de la mĂȘme façon face Ă  la torture. Nous voulons pouvoir dormir et sortir tranquillement.

 

Dans le premier volet de Matrix, rappelez-vous ou regardez le film, Cypher ou Mr Reagan ( l’acteur Joe Pantoliano)  l’un des « rebelles Â», proche de MorphĂ©us, en a assez de se battre contre la Matrice. Et, il ne croit plus ĂȘtre l’élu. Il jalouse mĂȘme NĂ©o, le nouveau venu (interprĂ©tĂ© par Keanu Reeves, Ă©lu dans Matrix, damnĂ© vingt ans plus tard dans John Wick. On peut dire que le karma de l’acteur Keanu Reeves ou des scĂ©naristes s’est inversĂ©).

https://youtu.be/6gL0xQHI0wo

 

D’une certaine façon, on pourrait se dire que tout ce que dĂ©sire Cypher, mĂȘme s’il sait que cet univers est factice, c’est des vacances, avec restaurant, plage Ă  volontĂ© et tous ces loisirs et distractions que l’on peut rechercher dans les magasins ou pendant des week-end ou des vacances. Cypher en a assez de vivre dans le rationnement, la fuite, la grisaille. Il en a assez de s’opposer au Pouvoir arachnĂ©en de la Matrice qui s’infiltre jusque dans les pores. AtmosphĂšre angoissante, mais aussi pulsatile et agressive, que reflĂšte bien la musique de l’album Mezzanine du groupe Massive Attack dont un titre ou deux figure au gĂ©nĂ©rique du film Matrix.

 

 

Vacances, j’oublie tout :

 

Sauf que la vie est aussi faite d’essais, de nuances et de prudence. Dans Matrix, les « mĂ©chants Â» sont mĂ©chants. Et les gentils sont gentils. Le film est moins subtil que le Brazil de Terry Gilliam(1985)  qui lui est antĂ©rieur de 14 annĂ©es ou que le Blade Runner de Ridley Scott encore plus « vieux Â» ( rĂ©alisĂ© en 1982). Deux films, deux chefs d’Ɠuvre, qui parleraient trĂšs bien aux gens de notre Ă©poque, en pleine pandĂ©mie du Covid.

 

La pandémie du Covid, comme certains états de fatigue, agit sur nous tels certains sérums de vérité.

Le journal « Le Figaro » de ce lundi 2 aout 2021.

 

Depuis la pandĂ©mie du Covid et l’annĂ©e derniĂšre, pour sauver notre peau, nous sommes de plus en plus contraints de nous dĂ©couvrir tels que nous sommes et tels que les autres autour de nous sont vĂ©ritablement. SpontanĂ©ment, on pense bien-sĂ»r au pire chez l’ĂȘtre humain. A certaines dĂ©sillusions Ă  venir sur soi, des collĂšgues ou des proches. On peut aussi s’attendre au pire en termes de comportements en cas de confrontation entre des pro vaccin et des anti-vaccins. Puisque ce lundi, par exemple, les journaux papiers Le Figaro et L’Opinion relatent que «  le mouvement des anti-passe sanitaire s’amplifie Â» passant de 110 000 Ă  204 000 en trois semaines (Le Figaro). Le journal L’Opinion de ce lundi 2 aout 2021, toujours, Ă©crit sur sa premiĂšre page au dessus de son titre La nouvelle menace des antipass :

 

« Les manifestations contre l’arsenal sanitaire anti-Covid ont rĂ©uni 205 000 personnes ce samedi. Un chiffre encore modeste mais en augmentation, qui fait craindre une rentrĂ©e sociale animĂ©e Â».

 

Le journal « L’Opinion » de ce lundi 2 aout 2021.

 

Mais, on peut ĂȘtre vacancier et pro-vaccin et, pour autant, partager le point de vue d’anti-vaccins.  Ou s’entraider.

 

Et puis, Faire des pauses, savoir en faire en vacances ou ailleurs, y compris avec des personnes qui ont fait un autre choix que le nĂŽtre, c’est aussi ce qui peut permettre de ne pas totalement dĂ©primer, paniquer ou dĂ©raper durant cette pandĂ©mie.

On peut aussi ĂȘtre anti-vaccin et comprendre que d’autres aient choisi de se faire vacciner.

 

Mais pourquoi suis-je finalement Ă  deux doigts de me dĂ©sister pour mon rendez-vous prĂ©vu pour ma premiĂšre injection ?

 

 

Le journal  » Le Monde » de ce lundi 2 aout 2021.

 

Trop de doutes

Parce-que, j’ai encore trop de doutes concernant le « bien Â» que peuvent me faire ces vaccins anti-Covid.

 

Parce-que j’ai dĂ©jĂ  du mal passer le cap d’accepter de me faire vacciner deux fois contre le Covid. Aussi, savoir qu’une troisiĂšme injection est d’ores et dĂ©jĂ  prĂ©vue aprĂšs les deux premiĂšres en moins d’un an, me rend le passage vers la vaccination encore plus difficile.

Il est assez ironique que dans mon mĂ©tier, en psychiatrie, sujet hautement sensible, il nous arrive de donner un traitement Ă  un patient ou de « l’enfermer Â» contre son grĂ©. Alors que cela peut le choquer ou choquer une partie de la population qui considĂšre qu’il y a au minimum un abus de pouvoir et une maltraitance des institutions psychiatriques et du corps mĂ©dical et soignant qui y exerce. Et, de se retrouver, comme moi, dans la situation, avec cette vaccination anti-Covid, dans une situation presqu’analogue. OĂč je me retrouve Ă  la place de celle ou celui qui refuse de prendre un traitement et qui doit le prendre.

Le rapprochement m’a troublĂ©.

Pourtant, il existe quand mĂȘme quelques diffĂ©rences entre les deux situations. Je n’ai pas de trouble psychiatrique de nature Ă  troubler l’ordre public (c’est Ă©tonnant d’écrire ça vu le contexte et certaines oppositions entre anti-vaccin et pro-vaccin) Ă  mettre ma vie en danger. Je n’ai pas de dĂ©ni de mes troubles. Je suis nĂ©vrosĂ© et anxieux, ce qui peut se comprendre au vu du contexte de la pandĂ©mie du Covid.

Pour ce qui est de mettre la vie d’autrui en danger en refusant de me faire vacciner, cela va devenir un dĂ©bat public et non le dĂ©bat de Franck Unimon versus la sociĂ©tĂ©. Je ne suis pas seul contre la norme de tous. Il est bien d’autres personnes, sans troubles psychiatriques, et sans troubles du comportement (sauf s’ils manifestent d’une certaine façon condamnĂ©e par la loi) qui sont Ă©galement anti-vaccins ou trĂšs mĂ©fiants envers les vaccins anti-Covid. Avec des arguments que certains trouvent irrecevables. Mais jusqu’Ă  quel point et jusqu’Ă  quand ces arguments vont-ils rester irrecevables ?

Les traitements que nous donnons, par voie injectable, contre le grĂ© des patients, le sont en situation de crise et d’agitation du patient. Un Ă©tat de crise et d’agitation incompatible avec la vie en sociĂ©tĂ©. Y compris, gĂ©nĂ©ralement, avec ses proches et son entourage. Etat d’agitation ou de crise que je ne connais pas. Les voisins de mon immeuble ne se mettent pas Ă  raser les murs en me voyant rentrer chez moi. La police, Ă  ce jour, ni cette nuit, ne sera pas appelĂ©e en raison du tapage nocturne rĂ©pĂ©tĂ© auquel je me livrerai car, depuis ma fenĂȘtre, rĂ©guliĂšrement- entre trois heures et cinq heures du matin- je me mettrai Ă  hurler des chansons de Jacob Desvarieux afin de continuer d’honorer sa mĂ©moire.

 

Et puis, il y a l’intention que nous avons envers le patient au travers de notre relation avec lui. Feu Scapin, il y a une vingtaine d’annĂ©es, avait pu me dire quelque chose :

 

« Un jour, on s’apercevra peut-ĂȘtre que ces mĂ©dicaments (fabriquĂ©s par des laboratoires comme les vaccins anti-covid actuels) que l’on donne aux patients sont en fait des saloperies. Ce qui fera la diffĂ©rence, ce sera la façon dont on s’est comportĂ© avec les patients Â».

Dans la situation actuelle avec les vaccinations anti-Covid devenus obligatoire, s’il y a un discours officiel de bienveillance et d’utilitĂ© publique pour les justifier et encourager les vaccinations, la relation est toute autre entre les laboratoires, le gouvernement et les citoyens, en bonne santĂ©, que celle qui peut exister entre des soignants et des patients.

Si un rapport de force dominant/dominé existe aussi entre soignants et patients

(certains professionnels et certaines institutions de soins prĂ©fĂšrent dĂ©sormais que l’on parle plutĂŽt de « clients Â» au lieu de « patients Â»), il est nĂ©anmoins principalement mu par des buts sanitaires qui , il est vrai, peuvent ĂȘtre rĂ©pressifs pour le « bien public Â». Mais le traitement par injection lors des crises n’est pas systĂ©matique. Tous les patients de psychiatrie ne sont pas en crise.  Et il y a bien des patients en psychiatrie avec lesquels il n’y a pas ou peu de confrontation. 

Alors que pendant cette crise de la pandĂ©mie du Covid et de l’obligation des vaccins anti-Covid, et du passe sanitaire, les intentions sanitaires de la vaccination anti-Covid, si elles sont faciles Ă  comprendre, sont aussi « influencĂ©es Â» par des intĂ©rĂȘts Ă©conomiques et politiques.

 

Désenchanté

 

 

Parce qu’apprendre ceci me dĂ©senchante davantage Ă  propos des vaccins anti-Covid actuels :

 

Dans le journal Les Echos de ce lundi 2 aout 2021, page 4, que «  Aux Etats-Unis, le port du masque en intĂ©rieur est Ă  nouveau recommandĂ© car la vaccination n’empĂȘcherait pas la transmission du virus en cas de variant Delta. En France, Delta est en pleine ascension Â» « Ă§a ne finira donc jamais Â» ( 
..) «  C’est un sacrĂ© coup portĂ© au moral des autoritĂ©s sanitaires. En France, Emmanuel Macron a tout misĂ© sur la ruĂ©e vers les vaccins depuis le 12 juillet, en rendant obligatoire le pass sanitaire pour l’accĂšs aux restaurants et aux cinĂ©mas en contraignant les soignants Ă  recevoir leurs deux injections pour continuer Ă  travailler Â». (
..) « (
.) Des Ă©tudes israĂ©liennes montrant que la vaccination rĂ©duisait d’environ 90% le risque d’ĂȘtre porteur du virus au niveau de la sphĂšre nasopharyngĂ©e. C’était avant Delta Â».  Â«Las, d’autres Ă©tudes rĂ©centes Ă©branlent un peu plus la perspective d’un retour rapide Ă  la normale. Selon le ministĂšre de la SantĂ© israĂ©lien, le vaccin Pfizer demeure trĂšs efficace contre le risque d’hospitalisation au bout de six mois de campagne vaccinale, mais la protection contre le risque d’infection n’est plus que de 39% Â».

 

Parce-que si j’ai regrettĂ© qu’il manque de gardes fous Ă  propos des informations qui circulent sur le net dans tous les sens, et qu’il devient, ensuite, trĂšs difficile de faire le tri, je crois Ă  cette information, lue sur le net, qui explique que des soignants, directement ou indirectement, ont fait la mauvaise expĂ©rience de certains effets secondaires dĂ©sagrĂ©ables ou graves du vaccin Astrazeneca en  fĂ©vrier 2021. Ce qui peut expliquer la raison pour laquelle un certain nombre de soignants (aide soignants et infirmiers, ceux les plus « ciblĂ©s Â» depuis ce 12 juillet par le gouvernement) se soient depuis mĂ©fiĂ©s des vaccins actuels. Le vaccin Astrazeneca est depuis, avec le Johnson & Johnson, le moins populaire des vaccins contre le Covid au sein de la population française. Pfizer et Moderna (ce dernier, actuellement, semble moins disponible que le Pfizer) ont plus la cote. Le vaccin français, fabriquĂ© par Sanofi, avec une autre technique que le Pfizer et le Moderna, est plutĂŽt prĂ©vu pour la fin de cette annĂ©e.

 

Si je me mĂ©fie des informations qui viennent d’internet, articles ou vidĂ©os sur youtube, il m’est aussi devenu de plus en plus difficile de banaliser le nombre ou la frĂ©quence de tĂ©moignages affirmant les effets graves ou mortels de certaines vaccinations contre le Covid. Comme il m’est devenu difficile de continuer de croire que certains de ces tĂ©moignages trouvĂ©s sur Facebook de personnes vaccinĂ©es contre le Covid ou de proches de personnes vaccinĂ©es contre le Covid, soient tous des tĂ©moignages bidonnĂ©s par des gens qui veulent s’inventer une vie ou une notoriĂ©tĂ©.

On ne peut pas, d’un cĂŽtĂ©, avoir dit beaucoup de bien des rĂ©seaux sociaux lors des printemps arabes pour la libertĂ© d’expression et les tĂ©moignages qu’ils ont pu permettre, et, lĂ , en pleine pandĂ©mie du Covid et en pleine polĂ©mique Ă  propos des vaccins anti-Covid, dĂ©cider que, cette fois, tout ce qui se dit et peut se dire sur les rĂ©seaux sociaux contre ces vaccins est forcĂ©ment inventĂ© et complotiste.

 

MĂȘme si certains tĂ©moignages et montages vidĂ©os sont privĂ©s du lustre ou de l’aura de certains mĂ©dia officiels ou sont mĂȘme ridicules, grossiers ou assez ennuyants Ă  regarder j’ai « appris Â» que la vĂ©ritĂ©, une certaine vĂ©ritĂ©, peut aussi venir de celle ou de celui qui manque de charisme ; qui s’exprime maladroitement et beaucoup moins bien que celles et ceux dont l’image, l’écriture et la parole en public sont le mĂ©tier.

 

Et puis, pour conclure, parce-que cet article, une fois de plus, est long, Ă  la fin de mon article 1er aout 2021, j’écrivais que j’avais deux choix. Le second, le plus radical, est d’arrĂȘter de travailler.

 

Le premier, le plus consensuel, consiste Ă  me faire vacciner pour avoir une certaine tranquillitĂ© pour circuler. Mais quelle tranquillitĂ© ?! Pfizer, le vaccin « star Â» du moment contre le Covid, qui tombe Ă  39 % d’efficacitĂ© ?! En plus de devoir accepter des Ă©ventuels effets indĂ©sirables inconnus 48 heures aprĂšs ou plusieurs mois ou plusieurs annĂ©es plus tard ?! Tout ça, pour, bientĂŽt, de toute façon, Ă  la fin de la grande rĂ©crĂ©ation  des vacances se reconfiner ou ĂȘtre reconfinĂ© ?! Comment dormir tranquillement et partir ensuite se faire vacciner en apprenant ça ?! MĂȘme si nous sommes au dĂ©but du mois d’aoĂ»t, en pleine pĂ©riode de grandes vacances ?!

 

Le journal  » Libération » de ce lundi 2 aout 2021.

 

L’idĂ©e folle- et idiote- que je commence de plus en plus Ă  avoir, c’est que les personnes qui survivront au Covid (car Ă©pargnĂ©es ou aprĂšs l’avoir attrapĂ©) seront sĂ»rement celles qui auront le plus de chances de se sortir de cette pandĂ©mie du Covid. Au contraire des personnes qui se seront faites vacciner pour, en principe, mieux se protĂ©ger de la pandĂ©mie
..si je m’en tiens Ă  la chute de ce pourcentage de protection du vaccin Pfizer et de certains tĂ©moignages de personnes vaccinĂ©es ou de proches de personnes vaccinĂ©es. Lorsque je suis tombĂ© il  y a quelques jours sur le tĂ©moignage d’Eric Clapton qui tĂ©moigne (dans une vidĂ©o en Anglais non traduite et non sous-titrĂ©e) de sa mauvaise expĂ©rience de vaccination contre le Covid avec l’Astrazeneca, je me suis dit qu’il avait besoin de pub. Que l’on peut ĂȘtre surnommĂ© « God Â» par les amateurs de musique et ne rien y connaĂźtre en matiĂšre de vaccins et d’effets secondaires. Mais c’était encore un des effets de mon dĂ©ni. Le dĂ©ni est un bon moyen de dĂ©fense lorsque l’on a du mal Ă  accepter l’énormitĂ© d’une certaine « vĂ©ritĂ© Â». On se convainc facilement que celles et ceux qui essaient de nous  dire une certaine vĂ©ritĂ© sont des « charlots Â» et des illuminĂ©s : les anti-vaccin.

 

Lùché sur la toile de ma folie

 

 

L’autre idĂ©e folle que j’ai depuis quelques jours, c’est que j’envie les personnes – j’en connais quelques unes- qui ont attrapĂ© le Covid et qui vont bien maintenant. Car, mĂȘme si elles ont « dĂ©gustĂ© Â» (elles m’ont racontĂ©), aujourd’hui, pour moi, elles sont dotĂ©es d’une protection immunologique en laquelle je crois plus que dans celle proposĂ©e et imposĂ©e par les vaccins actuels contre le Covid.

 

Et, comme je suis maintenant lĂąchĂ© sur la toile de ma folie, je crois aussi que cette pandĂ©mie du Covid, Ă  cause des choix faits par nos dirigeants politiques en faveur de ces vaccins anti-Covid « limites Â», va peut-ĂȘtre modifier la gĂ©opolitique mondiale. Les vaccins chinois et russes contre le Covid, je ne sais pas ce qu’ils valent. Mais les habitants des pays pauvres qui auront Ă©chappĂ© au Covid ou qui lui auront survĂ©cu, sans les vaccins actuels contre le Covid, vont peut-ĂȘtre s’en sortir mieux que certains d’entre « nous Â», les habitants des pays riches et « Ă©voluĂ©s Â» qui auront pu se faire vacciner : myocardites, thromboses, dĂ©cĂšs
.

 

Mon raisonnement est dĂ©lirant. Quand je pense aux personnes que je connais qui se sont faites vacciner contre le Covid et qui pensent forcĂ©ment le contraire, mon raisonnement est dĂ©lirant.  VoilĂ  un des effets courants de la pandĂ©mie du Covid. On essaie de trouver une explication, une direction Ă  ce qui est en train de se passer. Et on raconte- ou on Ă©crit- n’importe quoi !

 

 

Je ne me sens pas angoissĂ© plus que ça par le Variant Delta annoncĂ© comme plus contagieux qui va «envahir Â» la France bientĂŽt. Je suis sur la petite barque de ma raison en train de dĂ©lirer et d’essayer de recoller les morceaux du puzzle de vents gigantesques dont je dĂ©chiffre Ă  peine le faisceau ou l’ombre. Je vais sĂ»rement me ramasser tout cela bientĂŽt en pleine figure. Une certaine prise de conscience de ma parano. Ou la confirmation de ce que des personnes essaient de nous dire depuis des mois Ă  propos de ces vaccins anti-Covid.

 

Mais dĂ©lirer m’empĂȘche pour l’instant de dĂ©primer et d’avoir peur  sans aucun doute. Une sorte de dĂ©lire au sec qui ne m’empĂȘche pas de faire mon travail correctement et d’avoir des interactions sociales adĂ©quates avec le plus grand nombre. Mais, dĂ©lirer, ça peut aussi pousser Ă  avoir un comportement suicidaire.

 

Je vais sortir provisoirement de ce dĂ©lire. Je vais sortir de cet article. Pour l’instant, c’est le mieux que je puisse faire.

 

 

Franck Unimon, ce lundi 2 aout 2021.  

 

 

 

 

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1er Aout 2021

1er Aout 2021

L’influenceur et le voyant

 

Mon ami Raguse est revenu de ses vacances il y a un ou deux jours. AprĂšs avoir lu mon article ConnaĂźtre son corps, il m’a laissĂ© un message tĂ©lĂ©phonique dans lequel il me disait en plaisantant :

 

« Tu m’as donnĂ© envie de me faire vacciner contre le Covid. Tu vas devenir influenceur
. Â».

 

Je l’ai rappelĂ© et lui ai Ă  mon tour laissĂ© un message dans lequel je lui disais en rigolant :

 

« Si, moi, je deviens influenceur, alors, toi, tu es peut-ĂȘtre un futur voyant Â».

 

Depuis, lui et moi nous sommes parlés directement au téléphone. Sauf que, pour moi, les voyants sont devenus ou redevenus plus ou moins rouges.

 

Je me sentais bien un petit peu « mouton Â» en concluant vers la fin de  ConnaĂźtre son corps que j’allais me faire vacciner contre le Covid. Mais je me sentais davantage avisĂ© et rĂ©aliste. Je ne suis pas John Rambo, capable de vivre des mois ou des annĂ©es en pleine forĂȘt, en montagne ou ailleurs, en pleine nature, seul ou avec d’autres, Ă  l’écart ou me mĂ©fiant de la jungle de la civilisation et de sa « modernitĂ© Â». Et de ses lois de plus en plus indĂ©nombrables et coercitives capables de dĂ©membrer un ou plusieurs de mes semblables considĂ©rĂ©s comme jetables ou nuisibles. Pas plus que je ne suis le soldat Onada, soldat japonais fanatisĂ© durant la Seconde Guerre mondiale. Je n’ai pas encore vu le film, sorti rĂ©cemment, d’Arthur Hariri mais j’avais dĂ©ja entendu parler de cette histoire avant que le film ne soit portĂ© au cinĂ©ma.

 

 

Peut-ĂȘtre qu’à partir de maintenant, nos sociĂ©tĂ©s humaines vont-elles de plus en plus se peupler de Rambo, d’Onoda ou, plus « simplement Â» de survivalistes. Parmi lesquels, oui, on trouve et on trouvera des complotistes, des illuminĂ©s, des paranos, des extrĂ©mistes comme il peut y en avoir quelques unes et quelques uns dans notre monde admirable mais sous d’autres prĂ©sentations.

 

On peut ĂȘtre pro ou anti-vaccin contre le Covid. On peut ĂȘtre pour ou contre le passe sanitaire. C’est du reste, ce que nous sommes devenus en quelques mois. DivisĂ©s et de plus en plus en conflit sur ces deux questions. D’ailleurs, pour rigoler, je propose aujourd’hui de remplacer nos justificatifs d’identitĂ©s et nos diplĂŽmes et compĂ©tences officielles et officieuses par ces simples informations qui nous rĂ©sument trĂšs bien dĂ©sormais : Monsieur et Madame pour ou anti-vaccin. Et, Monsieur et Madame pour ou contre le passe sanitaire.

 

DĂ©lirer

 

Pourquoi s’emmerder avec des subtilitĂ©s vu que ces deux sujets nous font dĂ©lirer. Car le terme dĂ©lirer est celui qui convient le mieux, je crois ? Bien-sĂ»r, je pense Ă  un dĂ©lire collectif. 

 

La peur est un miroir. La douleur, aussi. Et, pendant que nous nous tournons vers ces deux miroirs faits de multiples tiroirs reliĂ©s Ă  nos entrailles, j’ai l’impression que nous faisons de notre mieux pour ignorer que le monde vers lequel nous nous dirigeons, ou que nous acceptons de mieux en mieux, est un monde qui semble avant tout obsĂ©dĂ© par l’élaboration de plus en plus sophistiquĂ©e, et sur mesure, de nos futures dĂ©pendances.

 

 

« En son Ăąme et conscience Â»

 

J’t’emmerde, une ex-collĂšgue et amie, est aujourd’hui vaccinĂ©e contre le Covid. Elle m’a appris ça cette semaine alors que je l’appelais Ă  la « rescousse Â», comme j’ai appelĂ© d’autres personnes avant elle. Afin qu’elles me donnent leur avis Ă  propos de cette vaccination contre le Covid maintenant imposĂ©e. MĂȘme si, officiellement, notre gouvernement, n’a pas rendu la vaccination obligatoire.

 

Il y a deux ou trois mois, J’t’emmerde Ă©tait rĂ©solument contre. Finalement, c’est en accompagnant une amie partie se faire vacciner, qu’une fois sur place, inspirĂ©e, sans rendez-vous, elle l’a fait. En m’expliquant :

 

« Il n’y avait que comme ça que ça pouvait marcher pour moi ! Â».

 

J’t’emmerde n’a pas eu d’inquiĂ©tude particuliĂšre ni trop d’effets secondaires dĂ©sagrĂ©ables avec le vaccin Pfizer, le laboratoire « phare Â» depuis plusieurs mois. Comparativement au vaccin Astrazeneca qui a mauvaise rĂ©putation ou au Johnson & Johnson qui, dĂšs ses dĂ©buts de diffusion (en Avril ou Mai ?) a connu des ratĂ©s en termes d’effets secondaires, la majoritĂ© des personnes que je « connais Â» qui se sont faites vacciner par « le Â» Pfizer estime que cela s’est bien passĂ©. 

 

Je savais que le compagnon de J’t’emmerde avait toujours Ă©tĂ© pour la vaccination anti-Covid. J’ai plusieurs fois constatĂ©, d’ailleurs, de façon empirique, que les femmes, y compris au sein des couples, semblent plus mĂ©fiantes envers la vaccination anti-Covid telle qu’on nous l’a proposĂ©e pendant des mois, et maintenant telle qu’on nous l’impose aussi depuis mi-juillet 2021.

 

MĂȘme si, bien-sĂ»r, je connais des femmes vaccinĂ©es contre le Covid ou qui l’ont fait spontanĂ©ment. Et qui ont Ă©tĂ© Ă  l’aise avec le fait de se faire vacciner. Il y a des personnes- hommes et femmes- qui se sentent protĂ©gĂ©es en se faisant vacciner contre le Covid. Et il y a d’autres personnes, qui, au contraire, se sentent protĂ©gĂ©es en Ă©vitant de se faire vacciner avec les vaccins que l’on nous propose actuellement contre le Covid.

 

Ma compagne a toujours été résolument contre la vaccination avec les vaccins actuels. RéguliÚrement, elle me fait parvenir et fait parvenir des liens vers des vidéos de témoignages ou de documentaires ou des personnes démontrent exactement le contraire de tout ce que le gouvernement mais aussi les laboratoires et bien des médecins disent en faveur des vaccins actuels contre le Covid.

 

A ce stade de mon article, on pourrait se dire :

 

« Je comprends qu’il doute Â» ; « Il n’a qu’à porter ses couilles et prendre ses responsabilitĂ©s ! Â» ; «  On s’en branle ! L’urgence sanitaire passe avant tout ! Â». Ou, mieux puisque c’est le discours officiel : « L’intĂ©rĂȘt collectif l’emporte sur les petits atermoiements individuels d’untel et untel. Moi, aussi, j’ai un ovaire (ou un testicule) qui est contre la vaccination anti-Covid. Et, alors ?! Ce n’est pas pour autant que je l’ai Ă©coutĂ© ! Â».

 

 

C’est lĂ  oĂč arrive la suite. Suite Ă  laquelle je suis plus permĂ©able que d’autres sans doute parce-que je branle trop souvent de la tĂȘte.

 

J’t’emmerde n’a aucun regret de s’ĂȘtre faite vacciner contre le Covid. Elle a prĂ©cisĂ© ( c’est important, je le souligne) :

 

Ailleurs, dans d’autres rĂ©gions du monde plus dĂ©favorisĂ©es, on meurt du Covid car les populations n’ont pas nos vaccins anti-Covid.

 

Se faire vacciner lui a permis de partir en vacances Ă  l’étranger. Elle n’avait pas envie de devoir subir des PCR ou des tests antigĂ©niques Ă  la frontiĂšre ainsi que des pĂ©riodes d’isolement et d’observation de plusieurs jours en partant en vacances ou en en revenant. Je la comprends. En Mars, Ă  une semaine d’intervalle, car j’étais cas contact supposĂ© ou rĂ©el, j’ai dĂ» faire deux tests antigĂ©niques. Je n’ai pas du tout aimĂ© me faire enfoncer des bĂątonnets dans les narines. Et, je ne comprends pas qu’il n’existe pas un moyen de diagnostic moins intrusif que celui-ci pour tester les cas-contacts.

 

Mais J’t’emmerde a aussi admis que si elle avait vĂ©cu dans une rĂ©gion comportant une faible densitĂ© humaine. Et qu’elle pouvait se dispenser de travailler pour des raisons Ă©conomiques, ou, simplement, pour s’alimenter, au jour d’aujourd’hui, au vu des vaccins proposĂ©s, tels qu’ils sont proposĂ©s, elle se serait abstenue de se faire vacciner contre le Covid. Parce-qu’il existe, et il n’y a rien de complotiste lĂ -dedans, certaines inconnues quant aux effets Ă  plus ou moins longs termes des vaccins actuels contre le Covid ou la Covid. Et, ici, dĂ©libĂ©rĂ©ment, je prends le parti de ne pas mentionner certains effets secondaires, rares, mais gravissimes voire mortels, constatĂ©s aprĂšs une vaccination anti-Covid. MĂȘme si je suis plutĂŽt peinĂ© pour les proches de ces personnes vraisemblablement dĂ©cĂ©dĂ©es aprĂšs une vaccination anti-covid, ici, je ne vais pas regarder plus loin que le bout de mon nez et de mon nombril. Je me plie Ă  la logique et Ă  l’expĂ©rience selon laquelle la totalitĂ© des personnes vaccinĂ©es contre le covid que je connais sont aujourd’hui vivantes et en bonne santĂ©. Ce qui doit reprĂ©senter une bonne vingtaine de personnes et sans doute bien plus que ça. Car je n’ai pas fait de sondage exhaustif autour de moi. Je ne me suis pas rĂ©veillĂ© en pleine nuit pour joindre toutes les personnes que je connais ou ai pu rencontrer pour les appeler et leur demander :

« Tu t’es fait vacciner contre le Covid ? Quel vaccin ? Lequel ?! Quand ?! Comment ça va ?! Â».

 NĂ©anmoins, toutes les personnes, au travail ou ailleurs, qui me rĂ©pondent s’ĂȘtre faites vacciner contre le Covid, il y a quelques semaines ou plusieurs mois, vont bien Ă  ce jour.

 

Il n’en demeure pas moins que, pour moi, la vaccination anti-Covid actuelle s’apparente Ă  une expĂ©rience de « parachutisme longue durĂ©e Â». Mais j’ai sans doute trop d’imagination et de nĂ©vrose – Ă  dĂ©faut de cirrhose- dans mon foie. J’ai peut-ĂȘtre trop les foies, malgrĂ© moi. 

 

Parachutisme longue durée

 

 

Personne, aujourd’hui, je crois, ne peut affirmer dans quel Ă©tat de santĂ© se trouveront celles et ceux qui se sont faits et se feront vacciner contre le Covid dans deux ou trois ans.  Nous partons du principe que celles et ceux qui ne se font pas vacciner contre le Covid prennent immĂ©diatement, alors que j’écris, plus de risques et font courir de toutes façons  plus de risques et beaucoup trop de risques Ă  leurs semblables. Et Ă  eux-mĂȘmes.

 

Deux ou trois ans de perspective, c’est pourtant une perspective courte pour une Ă©poque oĂč, sauf accidents, sauf maladies graves, catastrophes ou assassinats, l’ĂȘtre humain peut vivre plutĂŽt vieux. Nous savons que nous pouvons vivre plutĂŽt vieux. Et plutĂŽt « bien Â» que mal.  Au moins jusqu’à 70 ans dans les pays riches, dĂ©mocratiques et progressistes.

 

Nous sommes dans un pays riche, démocratique et progressiste.

 

Et, cela fait peut-ĂȘtre partie de la composante actuelle du « dĂ©lire Â» des anti-vaccins.

 

HabituĂ©s que nous sommes Ă  l’idĂ©e que nous pouvons vivre vieux voire trĂšs vieux et que nous pourrons peut-ĂȘtre profiter de notre retraite dans un certain confort, cette histoire de vaccination obligatoire avec des vaccins que nous connaissons mal ou peu, exige en quelque sorte de nous de nous jeter dans le vide depuis un avion en plein vol. Sans visibilitĂ©. Ou avec assez peu de visibilitĂ©. Cocher la proposition qui correspond le mieux Ă  notre Ă©tat d’esprit.

 

Car on nous dit en quelque sorte :

 

« L’avion, c’est la pandĂ©mie du Covid. On ne connaĂźt pas trĂšs bien cet avion. On ne connaĂźt pas trĂšs bien non plus l’exacte personnalitĂ© du pilote ou des pilotes. Ni leur nombre ou leur expĂ©rience en nombre d’heures de vol.

On ne sait pas Ă  quelle compagnie ils appartiennent. On la dĂ©couvre au jour au jour. On ne sait pas quel genre de carburant ce pilote ou ces pilotes utilisent. Et s’il en reste encore beaucoup dans le rĂ©servoir de leur engin.

Mais si tout le monde reste dans l’avion, la pandĂ©mie du covid va continuer de circuler et va devenir de plus en plus virulente.  Et tuer de plus en plus de monde. Donc, il faut  que tout le monde, maintenant, se comporte de façon solidaire et responsable. Et sorte le plus possible de l’avion pour sauter dans le vide.

En temps normal, et par ciel dĂ©gagĂ©, on pourrait prendre le temps de vous apprendre Ă   sauter en parachute. En apercevant, au loin, la terre ferme. Pour celles et ceux qui le souhaitent. D’ailleurs, on vous dit et on vous rĂ©pĂšte depuis des mois comment sauter dans le vide avec ces tous nouveaux parachutes que l’on vient de fabriquer. Mais certaines et certains d’entre vous sont des vrais connards, des Ă©goĂŻstes, des idiots et des idiotes mais aussi des ĂȘtres complĂštement irrationels et illogiques !  C’est vrai, on vous demande de sauter dans le vide. Et aprĂšs ?! En plus, il y a un peu de brouillard.  C’est vrai. On ne sait pas trop oĂč nous nous trouvons exactement. Mais soyons et soyez optimistes. Faisons un peu de sophrologie. Imaginez.

 

Peut-ĂȘtre que vous arriverez sur une belle plage. Peut-ĂȘtre que vous arrivez sur l’üle aux caĂŻmans Ă  l’heure du dĂ©jeuner. Mais, en principe, non. Car nos recherches ont bien Ă©tĂ© modĂ©lisĂ©es sur ordinateur, testĂ©es, et tout et tout.

 

DerniĂšre petite chose : nos parachutes (les vaccins Pfizer et autres), on ne sait pas exactement quelle est la durĂ©e exacte de leur soliditĂ©. En principe, c’est du solide. Mais, peut-ĂȘtre que leur toile peut se dĂ©chirer avant que vous ne touchiez le sol. Car le type de saut en parachute que l’on vous propose n’est pas un saut en parachute ordinaire. C’est un saut en parachute qui durera peut-ĂȘtre deux Ă  trois ans avant de bien arriver sur la terre ferme. On ne sait pas bien. Personne, Ă  l’heure actuelle, ne peut le prĂ©dire ou le prĂ©voir. Sauf si c’est une voyante ou un voyant. Ou une personne qui vous ment.( LĂ , aussi, selon l’état d’esprit qui est le nĂŽtre, chacun fera son choix entre ces deux Ă©ventualitĂ©s).

 

 Au fait, il est de plus en plus probable, alors que vous serez dans les airs avec votre premier parachute ( les deux premiĂšres injections de Pfizer, Moderna, Aztrazeneca ou l’injection unique du Johnson & Johnson) que l’on vous demande de prendre des parachutes supplĂ©mentaires. On vous informera lorsque ce sera le moment. Faites-nous confiance. Tout va bien se passer ! Â».

 

 

A la lecture de ce passage sur le « parachutisme Â», on croira peut-ĂȘtre que je prends ce que nous vivons Ă  la lĂ©gĂšre avec la pandĂ©mie du Covid. Ou que je m’oppose catĂ©goriquement Ă  la vaccination anti-Covid telle qu’elle nous est proposĂ©e ou imposĂ©e actuellement. Et, qu’en tant qu’infirmier, je suis totalement irresponsable, indigne et immoral. Alors, la suite de l’article va essayer de dissiper ces Ă©ventuels malentendus.

 

Mes Doutes

J’exprime surtout mes doutes, en fait. Et, d’une certaine façon, mon inquiĂ©tude, aussi. Devant un monde en train de s’établir, devant nos yeux, au travers de la pandĂ©mie. Et de la peur qu’elle nous fait secrĂ©ter Ă  profusion. Ce monde, en train de s’établir devant nous  a aussi pour projet d’interdire le doute.

 

 

Bien-sĂ»r, il y a un temps pour le doute. Et, un temps oĂč il faut se dĂ©cider. Lorsqu’un avion va s’écraser, si on peut, quand on peut, dĂšs qu’on le peut, on saute de l’avion ou on en sort. Et, j’ai assez moi-mĂȘme insistĂ© quant au fait que beaucoup des informations qui inquiĂštent ou font peur Ă  propos des vaccins actuels contre le Covid ( alors que nous devrions davantage nous inquiĂ©ter de la pandĂ©mie et de son expansion) viennent souvent d’internet et qu’il manque certains gardes fous pour que l’on me trouve trĂšs ambivalent. Un coup, oui. Un coup, non. Il faut se dĂ©cider, Mr Unimon !

 

Un certain nombre de personnes, pour toutes sortes de raisons qui leur sont propres, estiment avoir eu le temps nĂ©cessaire et suffisant pour dĂ©cider de se faire vacciner contre le Covid. C’est comme pour le mariage. Il y a des gens qui dĂ©cident trĂšs vite de se marier et de faire des enfants. D’autres qui gambergent davantage. Parce qu’ils ont besoin de davantage de temps. Et, celles et ceux-lĂ  peuvent ĂȘtre aussi responsables et consciencieux que les premiers.

 

En tant que soignant, bien-sĂ»r, je suis muselĂ© au moins par ma responsabilitĂ© envers les patients. On me « tient Â» bien avec cette responsabilitĂ©. J’ai Ă©tĂ© volontaire pour prendre ce genre de responsabilitĂ©. Personne ne m’a forcĂ©.

 

Etre soignant et transmettre ou prendre le risque de transmettre le Covid ou la Covid aux patients que je suis supposĂ© aider Ă  aller mieux, cela revient presque Ă  ĂȘtre assimilĂ© « au meurtrier dans la clinique Â». Ou Ă  l’irresponsable crĂ©atif.

 

On peut facilement imaginer un film d’horreur oĂč tous les patients trĂ©passeraient en prĂ©sence du soignant ou de la soignante qui aurait sur eux l’effet du gaz mortel ou du cinĂ©phile qui leur ferait assister Ă  la derniĂšre sĂ©ance d’un film trĂšs particulier. Celui de leurs derniers instants de vie.

 

Soit le contraire du but recherchĂ© lorsque l’on se rend dans un lieu de soins quel qu’il soit. Somatique ou de SantĂ© mentale.

Et, de ce point de vue-lĂ , si je suis cohĂ©rent, de moi-mĂȘme, soit, je me fais vacciner contre le Covid ou la Covid. Car, je « sais Â», qu’il me serait difficile, si un patient ou une patiente au dĂ©part nĂ©gatif au Covid dĂ©cĂ©dait ensuite du Covid aprĂšs que moi ou un autre soignant ( non vaccinĂ© contre le Covid ) s’en soit occupĂ©, de pouvoir prouver ou d’ĂȘtre sĂ»r que je n’y suis pour rien. Pourquoi ?

 

Parce-que, de mĂȘme qu’il y a une grande contagiositĂ© du virus du Covid ou de la Covid, selon le variant, il y a aussi une part d’irrationnalitĂ©,  aussi, chez les pro-vaccins.

 

Pour caricaturer : On dirait presque que, pour certains pro-vaccins, dĂ©sormais, le simple fait de les regarder dans les yeux, alors que l’on n’est pas vaccinĂ© soi-mĂȘme contre le Covid, pourrait suffire Ă  les tuer ou Ă  dĂ©cimer une population environnante en situation de vulnĂ©rabilitĂ©. Peu importe que l’on porte un masque. Peu importe que l’on se lave les mains. Peu importe que l’on reste peu de temps « prĂšs Â» de la personne vulnĂ©rable. Il faut ĂȘtre vaccinĂ©. Autrement, tout ce que nous touchons et approchons, au lieu de se transformer en or ou en pĂ©trole, va se transformer inĂ©luctablement en pierre tombale.

 

A notre Ă©poque, de plus en plus digitalisĂ©e, mais aussi de plus en plus impersonnelle, oĂč l’on se fĂ©licite que le premier confinement dĂ» au Covid a favorisĂ© la croissance du tĂ©lĂ©travail, on remercierait presque la pandĂ©mie du Covid de contribuer Ă  l’accĂ©lĂ©ration de la dĂ©sertification des rencontres et des relations humaines.

 

Les manifestations des Gilets jaunes

 

 

Je n’ai participĂ© Ă  aucune manif des gilets jaunes. J’en ai mĂȘme conçu une certaine forme de culpabilitĂ©. Par hasard, il se trouve qu’en sortant de mon travail, un jour oĂč je n’étais pas supposĂ© travailler, je suis « tombĂ© Â» sur la derniĂšre manifestation officielle des gilets jaunes Ă  Paris. J’en avais profitĂ© pour prendre des photos.

Si je reparle des gilets jaunes, c’est parce-que je n’ai pas oubliĂ© que, sans la pandĂ©mie du Covid et les mesures de confinement dues au Covid, les manifestations des gilets jaunes auraient continuĂ©. Elles se seraient peut-ĂȘtre essoufflĂ©es ou auraient continuĂ©, par certains aspects, Ă  se radicaliser. Mais, dans le fond, le mouvement des gilets jaunes disait- ou, plutĂŽt, rappelait– dĂ©jĂ  que le fonctionnement de notre monde moderne, au moins dans notre pays riche, Ă©galitaire et dĂ©mocratique, Ă©tait aussi Ă©galitaire et dĂ©mocratique
en vitrine.

 

Aujourd’hui, avec les thĂ©matiques du vaccin anti-Covid, ceux qui sont pour, ceux qui sont contre, et pareil pour le passe sanitaire, qui se retrouvent, Ă  un moment ou Ă  un autre dans nos conversations privĂ©es, professionnelles ou publiques, on a l’impression qu’un mouvement comme celui des gilets jaunes est devenu anecdotique. Et, que, finalement, ce mouvement relevait d’un caprice. Et non de l’urgence de crĂ©er ou de faire revenir une sociĂ©tĂ© plus Ă©galitaire et dĂ©mocratique.

 

Donc, pour moi, ces nouvelles interdictions, menaces et pressions assurĂ©es et dĂ©lĂ©guĂ©es par notre gouvernement ( et je ne suis pas plus anti- Macron que cela) « sous couvert d’urgence sanitaire Â» en faveur du passe sanitaire sont une Ă©tape supplĂ©mentaire et un renforcement de la destruction dĂ©mocratique.

 

L’urgence sanitaire

 

Il m’est impossible de nier l’urgence sanitaire actuelle. Je ne fais pas partie de celles et ceux qui vont jusqu’à douter du caractĂšre rĂ©el de la pandĂ©mie. Ou qui pensent que le dĂ©veloppement des antennes de la 5G va contribuer, grĂące aux produits contenus dans les vaccins anti-Covid actuels, de mieux nous espionner et nous tĂ©lĂ©guider.

Je ne crois pas au fait que la pandémie du Covid ait pour visée de réduire drastiquement la population mondiale en opérant une sélection au coup par coup parmi les survivants qui vont rester aprÚs la vaccination anti-Covid.

 

Mais je constate quand mĂȘme que cette pandĂ©mie sanitaire, et les mesures choisies au moins par notre gouvernement pour y rĂ©pondre, sont aussi bien pratiques pour museler d’éventuelles oppositions. Et, paranoĂŻa ou non de ma part, cette coĂŻncidence me dĂ©range beaucoup. D’autant que, dĂšs le premier confinement de l’annĂ©e derniĂšre, confinement que je n’ai jamais contestĂ©, j’ai Ă©tĂ© dĂ©rangĂ© par la suppression de certaines de nos libertĂ©s. J’ai eu quand mĂȘme un peu l’impression qu’une partie de ma vie- et ce n’était pas du fait de la pandĂ©mie- m’était enlevĂ©e. Que je me devais de donner ou d’apporter des justificatifs pour des actions simples et quotidiennes telles que faire des courses ou aller voir quelqu’un, lĂ  ou aller voir quelqu’un avant la pandĂ©mie, cela Ă©tait toujours allĂ© de soi. 

 

Mais, lĂ  aussi, on me rappellera que c’était parce-que que la situation sanitaire le nĂ©cessitait.

 

Dans six mois ou un an, aussi, on pourra toujours me  faire la mĂȘme rĂ©ponse.  C’est ça qui est « bien Â», avec cette pandĂ©mie du Covid.

 

Soyons cyniques : si j’étais un dirigeant ou une personne avide de pouvoir. Et que, pour mes besoins et mes intĂ©rĂȘts personnels, il me faut exercer un certain pouvoir sur le plus de monde possible autour de moi afin de me sentir bien, cette pandĂ©mie du Covid est bien pratique. Je vais mĂȘme en rajouter. Si je suis ce genre de personne qui veut exercer un certain pouvoir, qui a besoin d’exercer un certain pouvoir, sur le plus grand nombre, j’ai mĂȘme plutĂŽt intĂ©rĂȘt Ă  ce que cette pandĂ©mie du Covid dure aussi le plus longtemps, ou suffisamment. Parce-que, de cette maniĂšre,  «  grĂące Ă  la pandĂ©mie Â», qu’est-ce que je peux imposer  autour de moi au plus grand nombre, avec le moindre effort.

 

Alors, Ă©videmment, comme, selon moi, le caractĂšre rĂ©el de cette pandĂ©mie sanitaire du Covid est indiscutable, il s’agit de trouver le bon dosage, entre, d’une part des prĂ©cautions et des mesures que l’on peut justifier au « nom du Covid Â». Et les bĂ©nĂ©fices divers (Ă©conomiques, politiques ou autres) que je pourrais en tirer en tant que dirigeant.

 

La simple ou le simple vaccinĂ©, elle ou lui, en tirera pour bĂ©nĂ©fice de se sentir protĂ©gĂ© ou d’avoir le sentiment d’avoir fait de son mieux pour protĂ©ger les autres. Ainsi que de pouvoir partir en vacances ou de se rendre Ă  l’extĂ©rieur en subissant le moins de contrĂŽles, le moins d’interdits et le moins d’exclusions possibles dans sa vie ordinaire.

C’est bien-sĂ»r important.

 

Mais si l’on gratte un peu : notre rĂȘve, dans notre vie, ce sera finalement ça ?! Pouvoir se protĂ©ger, protĂ©ger les autres et pouvoir subir le moins possible de contrĂŽles, d’interdits et d’exclusions possibles dans notre vie ordinaire ?!

On appelle ça une grande avancĂ©e ?!

 

On pourra me rĂ©pondre que c’est provisoire. Bien-sĂ»r. Mais pendant combien de temps ?! C’est lĂ  oĂč je (re)commence Ă  bien douter. Parce-que, c’est « bien Â» de signaler que les mesures prises pour le passe sanitaire, les inĂ©galitĂ©s et les conflits qu’il va crĂ©er, est nuisible pour la dĂ©mocratie. Et de souhaiter qu’il soit supprimĂ© au plus vite dĂšs que la crise sanitaire sera passĂ©e. Mais, en attendant, certains dispositifs et rĂ©flexes de contrĂŽle s’établissent et nous apprenons de mieux en mieux, et de plus en plus, Ă  nous y conformer. Mais, aussi, Ă  nous y rĂ©fĂ©rer. Et, ce n’est pas forcĂ©ment le meilleur de l’ĂȘtre humain qui y est encouragĂ© :

 

Le jugement pĂ©remptoire et dĂ©finitif de l’autre. L’exclusion. La dĂ©nonciation. L’encouragement Ă  l’insulte et Ă  la menace verbale, physique, digitale ou Ă©conomique ?

 

 

Mais, bien-sĂ»r, je dĂ©lire. Je n’ai mĂȘme pas encore Ă©tĂ© vaccinĂ© contre le Covid. Ni attrapĂ© le Covid. Mais je dĂ©lire dĂ©jĂ .

 

Deux choix pour conclure :

 

 

Pour conclure artificiellement, car, le sujet de la pandĂ©mie du Covid et les diverses maniĂšres dont celle-ci fait se croiser et se confronter nos certitudes et nos croyances les plus intimes, est loin d’ĂȘtre tari.

 

Pour ou contre la vaccination anti-Covid ?

 

Si je suis cohĂ©rent avec moi-mĂȘme, j’ai deux choix.

 

Me faire vacciner pour « gagner Â» du temps et m’éviter et amortir certaines contrariĂ©tĂ©s brutales nouvelles et inĂ©dites dans mon quotidien. Je crois que, parmi les vaccinĂ©s et les vaccinĂ©es, actuels et futurs, il se trouve et se trouvera des personnes qui doutent comme moi. Sans pour autant ĂȘtre des complotistes, des illuminĂ©s, des connards, des illogiques ou autres traquenards auto-dĂ©prĂ©ciatifs.

 

 

DĂ©cider de moi-mĂȘme d’arrĂȘter de travailler Ă  un moment donnĂ©. Avant de me retrouver dans une situation oĂč je serais, par exemple, contre une institution, des lois, des reprĂ©sentants ou des exĂ©cutants de ces nouvelles lois qui entourent le dĂ©corum du passe sanitaire et de cette vaccination obligatoire.

 

Cette deuxiĂšme option, je prĂ©fĂšrerais l’éviter. Pour des raisons Ă©conomiques Ă©videntes. Afin d’éviter la contrainte rĂ©pĂ©tĂ©e de bien des situations d’exclusion- ou de dĂ©chĂ©ance- que j’ai trĂšs certainement, pour l’instant, beaucoup de mal Ă  imaginer. Tant l’ĂȘtre humain peut se montrer crĂ©atif – afin de se servir  des protocoles qui l’encadrent- lorsqu’il s’agit d’exercer un peu de pouvoir sur autrui pour mieux se sentir exister.

 

Cette deuxiĂšme option m’offrirait pourtant l’avantage de me procurer cette marge de recul et de nuance envers ces vaccins anti-Covid dont j’ai, si je m’écoute, encore besoin. Et de pouvoir rĂ©pondre aux pro-vaccins qu’en acceptant de m’exclure d’un certain corps social, il sera plus difficile de me reprocher d’ĂȘtre la brebis galeuse fautive de colporter le virus et de rendre malade une sociĂ©tĂ© (la nĂŽtre) dĂ©jĂ  malade avant la pandĂ©mie du Coronavirus. Mais malade de bien autre chose que la pandĂ©mie du Covid qui n’est sans doute que, l’un de ces rĂ©vĂ©lateurs, parmi d’autres, de la maladie de notre sociĂ©tĂ©. Et de notre monde.

 

Cette deuxiĂšme option m’offrirait aussi l’avantage de pouvoir crĂ©er plus facilement, une vie- mais aussi une mort- qui me convient davantage sur mesure. Au lieu de cette vie ( la mienne ) dont semble vouloir encore plus dĂ©cider- et s’emparer- une sociĂ©tĂ© dont les rĂȘves diffĂšrent apparemment de plus en plus des miens.

 

Quoiqu’il en soit, comme l’a si bien rĂ©sumĂ© J’t’emmerde,  Ă  la fin de notre conversation, vaccin ou pas vaccin il faut choisir «  en son Ăąme et conscience Â».

 

Si la peur est un miroir, je crois que, autant que possible, si on le peut,  quand on le peut, il vaut mieux Ă©viter de prendre une dĂ©cision sous l’effet de la peur. Et, ensuite, accorder de soi-mĂȘme nos actions avec cette dĂ©cision. Trancher. Et s’y tenir.

 

Quelle que soit cette décision. Vaccin ou pas vaccin.

 

Et, je crois que ce sera sĂ»rement en fonction de ce principe, que je dĂ©ciderai, ou non, d’aller me faire vacciner contre le ou la Covid lors de ce mois d’aout 2021.

 

Franck Unimon, ce dimanche 1er aout 2021.