Seconde maman
Un adulte, ça ne se trompe jamais.
« Un adulte, ça ne se trompe jamais » mâa dit ma fille, hier. Lorsque jâai essayĂ© de lui faire comprendre quâil pouvait arriver quâun adulte, se trompe. Elle a eu lâassurance de lâinnocente. Sa maitresse le leur avait dit Ă lâĂ©cole. Ma fille appliquait Ă la vie ce que son enseignante leur avait peut-ĂȘtre (jâespĂšre) affirmĂ© Ă propos de certains Savoirs scolaires.
La certitude de ma fille mâa fait sourire. Mais elle a raison. Câest bien le problĂšme. Câest les grandes vacances, ce 4 aout 2021. Des millions de personnes, pour leurs vacances, ont pris des destinations diffĂ©rentes. Assez peu admettront sâĂȘtre trompĂ©es de destination. Câest pareil avec la raison. Nous prenons des destinations diffĂ©rentes. Lorsque nous sortons de certaines limites de la route ou de la raison, nous ne nous en apercevons pas tout de suite.
Sur le papier, administrativement, politiquement, militairement, selon les frontiĂšres et les rĂ©gions, nous sommes une Nation. En pratique, cela peut ĂȘtre diffĂ©rent. Aussi yâa-tâil y a des lois pour nous rĂ©unir ou nous forcer Ă nous rĂ©unir et pour nous donner des rĂšgles communes. Si nous nous en dĂ©marquons, il y a fuite, infraction, condamnation, rĂ©pression ou dĂ©bat.
Devant la pandĂ©mie du Covid – oui, je vais Ă©videmment reparler dâelle â nous, les adultes, nous sommes tous au volant. Et, comme pour les dĂ©parts en week-end ou pour les grandes vacances, nous ne prenons pas les mĂȘmes destinations. De façon volontaire ou involontaire.
Mais un adulte, ça ne se trompe jamais.
La vie et la mort face à certaines modélisations :
Câest pour cette raison quâune fois notre dĂ©cision prise, nous nous heurtons. Les pour et les anti-vaccins.
Pourtant, que lâon soit pour ou contre les vaccins contre le covid, la pandĂ©mie du Covid nous rappelle aussi que la vie et la mort Ă©chappent Ă certaines modĂ©lisations, statistiques et chiffres. Mais nous sommes nombreux Ă ĂȘtre trĂšs sĂ»rs de nous concernant la conduite Ă avoir pour ou contre. MĂȘme si personne ne sait vĂ©ritablement oĂč nous en sommes sur la route de la pandĂ©mie. Ni oĂč nous sommes exactement. Et Ă quel point nous nous situons sur la carte et la courbe de la durĂ©e de la pandĂ©mie.
Le journal  » Le Monde » de ce mercredi 4 aout 2021.
Je ne conteste pas la rĂ©alitĂ© ou les chiffres de la pandĂ©mie du Covid. En France. Dans les rĂ©gions dâoutre-mer oĂč un reconfinement a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© en Martinique, Ă la RĂ©union et sans doute bientĂŽt en Guadeloupe. Je ne conteste pas non plus quâil manque des lits en rĂ©animation. Ainsi que du personnel soignant. Ni que la pĂ©nurie soignante se soit accentuĂ©e depuis la pandĂ©mie et quâun certain nombre de soignants, Ă©puisĂ©s par les conditions de travail dĂ©jĂ difficiles avant la pandĂ©mie, ait fait connaĂźtre leur intention de quitter lâhĂŽpital.
Hier soir, jâai Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© de nâavoir rien de particulier Ă Ă©crire. Peut-ĂȘtre parce-que jâavais Ă©crit le principal de ce que je ressentais dans mon article SĂ©rums de vĂ©ritĂ© . La veille.
Mon ami Raguse mâa envoyĂ© un sms ce matin. Il voulait savoir ce que jâavais dĂ©cidĂ©. Pour lui, comme pour ma compagne, Ă la fin de mon article SĂ©rums de vĂ©ritĂ© , on ignore quelle va ĂȘtre ma dĂ©cision. Ma compagne a parlĂ© en quelque sorte de « suspense ». Pour moi, il nây avait pas de suspense Ă la fin de SĂ©rums de vĂ©ritĂ© .
Le journal  » Les Echos » de ce mercredi 4 aout 2021.
Suspense
Ce matin, jâai appelĂ© pour annuler le rendez-vous que jâavais pour ma premiĂšre injection avec le vaccin Pfizer contre le Covid. La seconde Ă©tait prĂ©vue pour le 24 ou le 25 aout.
Jâai choisi, pour lâinstant, dâĂ©viter de prendre un autre rendez-vous. Si je reprends rendez-vous, jâaimerais ĂȘtre davantage sĂ»r de moi. Ce sera peut-ĂȘtre trop tard ou plus difficile dâobtenir un rendez-vous alors que jâavais assez facilement obtenu ce rendez-vous dans la salle des fĂȘtes de ma ville.
Peut-ĂȘtre que je le regretterai.
Mais je ne pouvais pas, avec les doutes que jâai dans la tĂȘte, concernant les effets indĂ©sirables que jâai lus ou dont jâai entendu parler concernant les vaccins actuels contre le Covid, accepter de recevoir ma premiĂšre injection du vaccin Pfizer . Qui plus est, en prĂ©sence de ma fille. Si jâavais Ă©tĂ© seul ce matin, peut-ĂȘtre que jâaurais raisonnĂ© autrement. Ce nâest pas sĂ»r. Mais le fait dâenvisager que ma fille puisse me voir me faire vacciner contre le Covid, alors que je suis en bonne santĂ©, puis, si ça se passe mal, quâelle fasse lâapprentissage par elle-mĂȘme que la vaccination puisse ĂȘtre nĂ©faste, a encore plus contribuĂ© Ă ce que je me retire, pour lâinstant, de cette campagne de vaccination collective contre le Covid.
Dâautres personnes ont fait ou auraient fait le contraire. Je le sais.
Le journal  » Le Canard Enchainé » de ce mercredi 4 aout 2021.
Expériences
Je sais aussi que je ne suis pas Ă©pidĂ©miologiste. Que je ne dispose pas de chiffres ou de statistiques. Que ma façon de percevoir les Ă©vĂ©nements qui entourent la pandĂ©mie du Covid sont empiriques. MĂȘme si jâessaie de trouver des informations Ă droite Ă gauche, autour de moi. En lisant des journaux, y compris satiriques qui se moquent des anti-vaccins. En lisant sur le net ou en regardant des vidĂ©os aussi sur le net.
Au moment de prendre la dĂ©cision, pour ou contre la vaccination, se croisent des croyances, des logiques. Et, parfois, lâexpĂ©rience. LâexpĂ©rience, ça peut ĂȘtre avoir un proche, une proche ou un moins proche qui a eu le Covid.
Je connais quelques personnes qui ont eu le Covid. Dont mon meilleur ami qui lâavait contractĂ© plusieurs semaines aprĂšs sa compagne. Il y a plusieurs mois. Ce 13 juillet, jâĂ©tais Ă lâenterrement du pĂšre de mon meilleur ami. BientĂŽt 90 ans. Pas Ă lâenterrement de mon meilleur ami.
Je ne fais pas exprÚs de mentionner cette date du 13 juillet, alors que la veille, le gouvernement avait décidé de rendre obligatoire pour les soignants la vaccination anti-Covid. Ces deux dates coïncident. Cette coïncidence fait aussi partie de mon expérience du Covid.
A lâenterrement du pĂšre de mon ami, pour la premiĂšre fois, quelquâun mâa demandĂ© quel Ă©tait mon groupe sanguin. Lorsque jâai rĂ©pondu que jâĂ©tais O positif, il mâa affirmĂ© quâĂȘtre O positif protĂ©geait contre le Covid. Cette croyance mâa Ă©tonnĂ© voire un peu fait sourire. Mais je sais quâelle ferait enrager certains esprits « scientifiques » ou « cartĂ©siens ».
Mon meilleur ami et sa compagne sont partis en vacances, il y a quelques jours. Ils allaient bien tous les deux. Jâai mĂȘme senti mon meilleur ami apaisĂ© aprĂšs le dĂ©cĂšs et le dĂ©part de son pĂšre pour son enterrement en AlgĂ©rie. Cela faisait deux ans que son pĂšre souffrait de la maladie dâAlzheimer. Deux ans que cela le minait. Lui et sa compagne ont Ă ce jour une rĂ©ponse immunologique qui atteste du fait que leur organisme possĂšde encore un nombre trĂšs Ă©levĂ© dâanticorps ou dâantigĂšnes, au delĂ de la moyenne, du fait dâavoir contractĂ© le Covid.
Le journal  » Le Monde » de ce mercredi 4 aout 2021.
Fort heureusement pour moi, ce 4 aout 2021, parmi mes proches et mon entourage direct, toutes celles et tous ceux que je connais qui ont attrapĂ© le Covid lâannĂ©e derniĂšre ou cette annĂ©e au printemps, vont bien ou mieux. Dans une tranche dâĂąge comprise entre 40-45 ans et 55-58 ans. Deux ont frĂŽlĂ© le cadavre. Un, en particulier, « ramassĂ© par terre » (ses propres termes) par le Samu chez lui. Jâai appris Ă cette occasion quâil souffrait dâune certaine insuffisance respiratoire au prĂ©alable. Moi, ce que jâavais remarquĂ© chez ce collĂšgue, plutĂŽt « fort », câĂ©tait surtout son embonpoint et son Ăąge proche de la retraite.
Pareil pour lâautre collĂšgue Ă qui il avait fallu un peu plus de deux mois pour rĂ©cupĂ©rer. Embonpoint certifiĂ© et Ăąge proche de la retraite. On peut sĂ»rement parler pour eux deux de « comorbiditĂ©s ».
Sur les deux, je peux attester que le second, au moins, plusieurs semaines avant dâattraper le Covid, avait un usage allĂ©gĂ© du masque anti-Covid.
Lorsque je mentionne ça, je ne suis pas plus Ă©pidĂ©miologiste quâau dĂ©but de cet article. Je livre une ou deux expĂ©riences. Quelques Ă©lĂ©ments que jâai pu observer.
Mais il y a un autre phĂ©nomĂšne que jâai pu observer au dĂ©but de ma carriĂšre dâinfirmier en psychiatrie. Un phĂ©nomĂšne que jâai appris Ă connaĂźtre. Ce nâest pas venu tout de suite. Je nâavais pas prĂ©vu, en choisissant dâaller travailler en psychiatrie alors que jâavais 24-25 ans, que je ferais ce genre de « dĂ©couverte » parmi dâautres. Cette dĂ©couverte, une fois de plus, nâa rien de scientifique. Je nâai pas de stats, de chiffres, de logiciel de calcul qui permettront de modĂ©liser, protocoliser ce que je vais raconter. Je vais essayer de parler du risque. Mais dâaprĂšs ce que jâai vĂ©cu Ă mon travail dans certaines situations en psychiatrie . Je le rĂ©pĂšte : je ne suis pas Ă©pidĂ©miologiste. Je nâai aucune compĂ©tence pour expliquer ce qui se passe, dâun point de vue clinique, avec la pandĂ©mie. Il y a des personnes, des adultes, bien-sĂ»r, qui, eux, savent. Et ne se trompent pas. Quâils soient scientifiques, politiques ou journalistes. Ou intellectuels. Ou des proches comme des moins proches.
Moi, je doute. Je sais que je peux me tromper. Câest pour cela, que, ce matin, jâai optĂ© pour reculer avant cette premiĂšre injection de Pfizer . Alors quâil y a quelques jours, lorsque jâavais pris rendez-vous, jâĂ©tais content dâavoir pu obtenir un rendez-vous aussi rapide. Jâavais le sentiment dâavoir fait ce quâil fallait. Le timing collait bien. Jâallais pouvoir, mi-septembre, au moment oĂč les sanctions dĂ©cidĂ©es par le gouvernement, allaient se dĂ©clencher plus durement contre celles et ceux qui ne seront pas vaccinĂ©es, ĂȘtre tranquille. Etre dĂ©barrassĂ© de certaines tribulations.
Le journal « Charlie Hebdo » de ce mercredi 4 aout 2021.
Le Risque :
Si je commence Ă essayer de faire de lâhumour en commençant par la phrase connue : « DĂšs que lâon vit, on risque de mourir », bien des personnes prendront trĂšs mal cet humour quâelles estimeront malvenu vu le contexte de la pandĂ©mie. Mais je dĂ©bute quand mĂȘme cette partie par cette allusion parce-que je refuse encore de manquer dâun certain courage pour lâhumour. MĂȘme si ce trait dâhumour sera sĂ»rement trĂšs mal tolĂ©rĂ© par quelques unes et quelques uns.
Mais ce que je veux dire, autre phrase trĂšs connue, câest que « le risque zĂ©ro nâexiste pas ».
En psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie, rĂ©guliĂšrement, constamment, nous rencontrons des patients qui ont un « risque suicidaire » ; un « risque de passage Ă lâacte » ; « un risque de fugue ». Bien-sĂ»r, ce risque est moins, comment dire, sujet aux certitudes de certaines donnĂ©es scientifiques et Ă©pidĂ©miologiques.
Pour le Covid, par exemple, on sait nous dire que tel variant a telle proportion de contagiositĂ©. Ou que, actuellement, le vaccin Pfizer offrirait une protection de 39% face au variant Delta contre plus de 90% face au variant prĂ©cĂ©dent du Coronavirus. Mais, aussi, quâune personne vaccinĂ©e contre le Covid a moins de risques de se retrouver en rĂ©animation ou de dĂ©velopper une forme grave du Covid. Câest chiffrĂ©. ModĂ©lisĂ©. Je ne discute pas ces chiffres et ces statistiques contrairement Ă certaines personnes anti-Vaccin Pfizer , Moderna, et autres vaccins anti-Covid actuels. Je crois Ă ces chiffres. MĂȘme si je ne passe pas mon temps Ă les sniffer comme lâon pourrait sniffer des lignes de crack.
Je vais par contre mâattarder davantage sur ces phĂ©nomĂšnes que tout le monde, ou Ă peu prĂšs, vit plus intensĂ©ment depuis dix huit mois, avec cette pandĂ©mie du Covid :
La peur. LâanxiĂ©tĂ©.
LĂ , aussi, je ne suis pas sociologue, psychologue, chercheur au CNRS ou ailleurs sur ces sujets. Je nâai pas de chiffres ou de statistiques, non plus. Mais mon mĂ©tier, câest de travailler en psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie directement avec des publics (adultes et mineurs) qui peuvent ĂȘtre imprĂ©visibles ou trĂšs imprĂ©visibles. Et, avec lesquels le « risque » est souvent prĂ©sent. Risque de tentative de suicide. Risque de fugue. Risque de passage Ă lâacte auto-agressif et hĂ©tĂ©ro-agressif. Et, comme mes collĂšgues, il est de ma responsabilitĂ©, Ă©videmment, de prĂ©venir ce risque. Comment fait-on ?
Avec des logiciels et des camĂ©ras ? En se menottant Ă eux vingt quatre heures sur vingt quatre ? En les endormant de telle maniĂšre quâils soient incapables de bouger le moindre petit doigt ? En les enfermant dans une prison comme celle du personnage MagnĂ©to dans les X-Men ? En mettant un chien de surveillance devant la porte de leur chambre ?
Peut-ĂȘtre que certaines personnes vous rĂ©pondront que câest sĂ»rement ça. Mais je ne fais pas partie de ces personnes et de ces professionnels.
Ce qui veut dire que, par rapport à ces risques, nous, professionnels, en psychiatrie, « évaluons ». Pour évaluer une situation, il y a deux ou trois instruments cliniques en plus du traitement chimique, il est vrai :
La relation avec le patient. Qui se veut, autant que possible, une relation de confiance .
Lâobservation . Ce que nous voyons du patient. Ce que nous comprenons de lui. Tant ce quâil dit que son comportement et son attitude.
Et, troisiĂšme instrument qui nâa rien de scientifique, qui, comme la relation et une certaine observation ne peuvent pas se modĂ©liser. Je parle bien-sĂ»r deâŠlâintuition .
On va parler un peu plus de lâintuition.
Lâintuition en « psychiatrie » :
« Je ne le sens pas. »
Le gros problĂšme avec lâintuition, câest Ă©videmment, quâelle ne repose sur rien dâautre que notre subjectivitĂ©. Or, question subjectivitĂ©, lorsquâune situation nous stresse ou nous inquiĂšte ou nous excite, on peut se faire des « films ». Imaginer des Ă©vĂ©nements qui, en fait, ne se produisent pas ou ont peu de chances de se produire. Sauf que, nous, on peut-ĂȘtre trĂšs bien persuadĂ© que cela va se produire.
Au dĂ©but de ma carriĂšre en psychiatrie, jâai rencontrĂ© des collĂšgues plus expĂ©rimentĂ©s que moi. Des collĂšgues qui avaient donc, pour eux et elles, lâexpĂ©rience de lâĂąge et du vĂ©cu en psychiatrie.
Je ne compte pas le nombre de fois oĂč, depuis le dĂ©but de ma carriĂšre en psychiatrie mais, aussi, par la suite, dans ma propre vie, des gens sont persuadĂ©s quâune catastrophe va arriver. Tous les signes sont prĂ©sents pour eux. Ils nâattendent que la confirmation de leurs pronostics funestes.
Et, je ne compte plus le nombre de fois oĂč, finalement, la catastrophe maintes fois attendue et annoncĂ©e ne se produit pas. Et, oĂč, les personnes qui y ont cru nâĂ©mettent aucune autocritique. Et en font rien pour apprendre de cela. A chaque nouvelle situation plus ou moins anxiogĂšne, rebelote. Les mĂȘmes, le plus souvent, recommencent Ă avoir peur et Ă imaginer le pire.
Aujourdâhui, je ne nie pas la gravitĂ© de la pandĂ©mie du Covid que peu de personnes, en France, a vu venir. Comme, depuis dix huit mois, je nâai jamais niĂ© la gravitĂ© de la pandĂ©mie du Covid. Par contre, je retrouve dans cette peur et cette anxiĂ©tĂ© massive Ă grande Ă©chelle dont le cercle se resserre de plus en plus autour de nous avec cette vaccination obligatoire et ce passe sanitaire, des points communs avec ces situations que jâai pu vivre en psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie oĂč il y a eu un risque « de ». Pourquoi ?
LĂ , aussi, Ă nouveau, lâexpĂ©rience.
Il y a dix huit mois, nous allions mourir du Covid. Dans un simple coin de rue. CâĂ©tait sĂ»r. Aucune statistique nâest sortie dans ce sens. Mais câest pire.
Le journal  » Charlie Hebdo » de ce mercredi 4 aout 2021.
LâamnĂ©sie immĂ©diate et collective qui permet Ă certaines et certains de recommencer Ă flipper aujourdâhui comme lâannĂ©e derniĂšre avec la pandĂ©mie du Covid se retrouve dans des proportions plus limitĂ©es dans ma psychĂ©. Cela ne fait pas de moi une personne super-intelligente. Jâai une chance sur deux dâavoir fait une grosse connerie en refusant dâaller me faire faire cette injection de vaccin anti-Covid ce matin. Et, on sait assez quels sont les risques, rĂ©els cette fois, auxquels je mâexpose, en plus des risques sanitaires, si, le 15 septembre, je ne suis toujours pas vaccinĂ© contre le Covid.
Des risques Ă©conomiques. Des risques dâexclusion sociale. Des risques de sĂ©parations et de ruptures avec des proches et des moins proches.
Soit des risques dont je préfÚrerais me passer.
Mais, malgrĂ© ces risques, je me rappelle encore que notre mort Ă©tait annoncĂ©e lâannĂ©e derniĂšre. Et que jâai fait partie de celles et ceux qui ont continuĂ© de se rendre Ă leur travail. Entre-autres, sans masque anti-Covid et sans vaccin, pendant plusieurs semaines. Et, dix huit mois plus tard, je suis encore vivant. Je pourrais presque dĂ©poser une rĂ©clamation pour « publicitĂ© mensongĂšre ». Mais, lĂ , je fais de lâhumour plus ou moins noir. LĂ , oĂč je fais moins dâhumour, câest que je nâai pas du tout aimĂ© me faire matraquer et miner mentalement avec des idĂ©es de mort permanentes, imminentes et pĂ©remptoires. Il fallait faire ceci. Il fallait faire cela. Jâai fait ceci. Jâai fait cela. Et, cela ne suffit pas. Il faut, aujourdâhui, que jâen fasse encore plus. Les deux injections. Le passe sanitaire. JusquâĂ quand ? Pour aller oĂč ? Personne ne sait. Il faut le faire, câest tout. Et, ferme ta gueule ! Si, comme moi, lâon a des doutes sur les effets indĂ©sirables des vaccins anti-Covid, câest bien cette impression que donne cette obligation vaccinale assortie de ces inconnues au sujet de ces vaccins. Une impression de :
« Il faut le faire, câest tout. Et, ferme ta gueule ! ».
Et, aujourdâhui, depuis ce 12 juillet 2021, avec le variant Delta, cette vaccination devenue obligatoire pour les soignants et ce passe sanitaire, jâai lâimpression que lâon recommence Ă me servir Ă nouveau la mĂȘme recette. Et que je devrais mâempresser de sauter avec reconnaissance sur cette recette de la peur et de lâanxiĂ©tĂ© et me lĂ©cher les doigts avec.
Phase de relativisation ou phase de déni ? :
Si, ce 4 aout 2021, je me suis finalement prĂ©cipitĂ© pour mâĂ©loigner de ma premiĂšre injection de Pfizer , câest peut-ĂȘtre parce-que, depuis lâannĂ©e derniĂšre, Ă tort ou Ă raison, jâai appris Ă relativiser le danger de la pandĂ©mie du Covid. Au dĂ©but de ma carriĂšre dâinfirmier en psychiatrie, plusieurs fois je me suis fait avoir par ces situations oĂč nous Ă©tions plusieurs Ă envisager le pire. Et, oĂč le pire ne se produisait pas, finalement. Je mâen voulais ensuite de m’ĂȘtre fait avoir par ces poussĂ©es- rĂ©pĂ©tĂ©es- dâanxiĂ©tĂ©. Jâai appris Ă relativiser. Cela ne signifie pas du tout que je banalise les risques suicidaires ou autres. Mais quâau lieu de me faire des films, je prĂ©fĂšre observer. Surveiller. Ou me fier Ă mon intuition. Et vĂ©rifier, si jâen Ă©prouve le besoin, quand ça me vient, afin de comparer les faits avec mon intuition et mes impressions. Puis, me rappeler du rĂ©sultat. Cela a contribuĂ© Ă faire baisser mon « tonus » dâanxiĂ©tĂ©.
LâannĂ©e derniĂšre, nous devions mourir . Je ne suis pas mort. Nous sommes nombreux Ă ĂȘtre encore vivants. Et on dirait que câest pire. Quâil aurait presque mieux valu dĂ©cĂ©der lâannĂ©e derniĂšre afin dâĂ©vacuer dĂ©finitivement cette anxiĂ©tĂ© et cette angoisse gĂ©nĂ©rale et collective qui nous circonscrivent.
Les personnes que je connais qui ont attrapĂ© le Covid lâannĂ©e derniĂšre et cette annĂ©e sont toujours vivantes. Et, elles vont plutĂŽt bien. Elles nâĂ©taient pas vaccinĂ©es contre le Covid. Par contre, concernant les effets indĂ©sirables des vaccins anti-Covid, jâentends parler de trucs bizarres pas trĂšs rassurants. Des vaccins qui, depuis ce 12 juillet, sont devenus obligatoires. Comme je fais maintenant partie des personnes qui rĂ©sistent ou refusent cette vaccination obligatoire, lâautre levier ou lâautre recette est la culpabilisation .
Recette qui complĂšte trĂšs bien la recette de la peur et de lâanxiĂ©tĂ©.
Le levier ou la recette de la culpabilisation :
Que ce soit en tant que personne ou en tant quâinfirmier, je nâai aucun intĂ©rĂȘt ni aucune envie de nuire Ă quiconque, patient ou autre. Et, je nâai rien dâexceptionnel.
Comme je nâai aucune envie de voir les pro-vaccins comme mes ennemis. MĂȘme si je mâattends Ă ce que, dans un an, pour faire large, Ă la mĂȘme date, la pandĂ©mie du Covid aura fait beaucoup de dĂ©gĂąts supplĂ©mentaires, et, surtout, bien plus visibles, dâun point de vue sociĂ©tal, Ă©conomique ou au moins politique.
Mais, de plus en plus, dans un pays oĂč les personnes vaccinĂ©es contre le Covid deviennent la majoritĂ©, et la nouvelle norme, ĂȘtre non-vaccinĂ© signifie sâexposer Ă sâentendre dire ce que ma seconde « maman » officieuse mâa dit ce matin. Alors que je lâappelais pour lui souhaiter son anniversaire.
Mes deux mamans et ma dualité :
Mes deux mamans, lâofficielle et une « trĂšs officieuse », incarnent trĂšs bien ma dualitĂ© actuelle envers la vaccination contre le Covid .
La premiĂšre, lâofficielle, et mĂšre de ma sĆur et de mon frĂšre, est retournĂ©e vivre en Guadeloupe il y a une vingtaine dâannĂ©es avec mon pĂšre. Pendant plusieurs annĂ©es, avant de prendre sa retraite, elle a Ă©tĂ© aide-soignante dans un service de rĂ©animation. CâĂ©tait une personne reconnue pour son professionnalisme et sa gentillesse.
Maman, il y a quelques mois, en mars ou avril, mâa demandĂ© conseil en vue de se faire vacciner. A moi, le fils aĂźnĂ© devenu infirmier. Je nây connaissais pas grand chose. Mon « domaine », câest la psychiatrie et la pĂ©dopsychiatrie. En plus, aprĂšs le matraquage mĂ©diatique trĂšs anxiogĂšne que nous avions tous subis dĂšs mi-mars 2020, jâavais rĂ©ussi Ă retirer mes pensĂ©es des crochets de lâanxiĂ©tĂ© et de lâangoisse avec toutes ces nouvelles relatives au Covid.
Partir passer quelques jours en Bretagne, chez ma seconde maman trĂšs officieuse (elle ne revendique pas ce titre) lâannĂ©e derniĂšre- en juillet 2020- avec ma compagne et notre fille mâavait aidĂ© Ă dĂ©crocher de la mamelle opulente des mauvaises nouvelles dues au Covid.
Mes deux mamans ne se connaissent pas. Elles ne sont pas rencontrĂ©es et je crois aujourdâhui quâelles ne se rencontreront jamais.
Lors de mon mariage en 2013, venue de Guadeloupe, ma mĂšre avait Ă©tĂ© prĂ©sente le mardi Ă la mairie en Seine et Marne. Puis, elle avait repris lâavion quelques jours avant que nous ne fĂȘtions notre mariage ma compagne et moi, le samedi, dans la grande salle de fĂȘtes de la commune, en Bretagne, oĂč ma « seconde » maman, et plusieurs membres de sa famille avaient contribuĂ© au bon dĂ©roulement de lâorganisation des festivitĂ©s. La fĂȘte sâĂ©tait passĂ©e prĂšs de chez elle.
Si ma mĂšre est une femme dĂ©vouĂ©e, sportive, assez solitaire, plutĂŽt timide, assez souvent indĂ©cise et introvertie, ma « seconde » maman est une femme trĂšs accueillante, qui aime recevoir et sait recevoir. Câest aussi une femme de tĂȘte et Ă poigne. Elle est directe et tranche. Câest moi, qui, dans cet article la nomme ma « seconde maman ». Parce-que je reprends les termes employĂ©s par ma compagne. Mais je ne lâappelle pas « maman ». Et, elle ne mâappelle pas « mon fils ». La relation filiale est implicite et, aussi, trĂšs trĂšs officieuse et fluctuante.
Ma « seconde maman » a Ă©tĂ© mon ancienne cadre infirmiĂšre dans le service de pĂ©dopsychiatrie oĂč jâai fait sa connaissance. Deux ans avant quâelle ne dĂ©cide de partir Ă la retraite. AprĂšs son dĂ©part, nous avions Ă©tĂ© plusieurs soignants Ă ĂȘtre invitĂ©s Ă venir passer un week-end chez elle dans sa maison, en Bretagne. Depuis, rĂ©guliĂšrement Ă peu prĂšs chaque annĂ©e, je suis revenu passer quelques jours chez elle et son mari en Ă©tĂ©.
Chaque annĂ©e, avant la pandĂ©mie du Covid, elle partait en voyage Ă lâĂ©tranger avec son mari pendant plusieurs mois. Ma mĂšre nâa jamais fait ça. Et, je nâimagine pas du tout mon pĂšre ouvert Ă ce genre dâaventure.
Sculpture par Jacquette Virginie.
La voix traditionnelle
Je ne connaissais rien aux vaccins anti-Covid lorsque ma mĂšre mâavait sollicitĂ© en mars ou avril 2021 pour un conseil. JâĂ©coutais parler des vaccins anti-Covid de trĂšs loin. Les gestes barriĂšres, masque et lavage de mains, me convenaient trĂšs bien. Je coexistais ainsi avec la pandĂ©mie du coronavirus.
Si jâai acceptĂ© assez facilement de tomber le masque ou de raccourcir les distances corporelles avec certaines personnes, lors de certaines circonstances ( enlacer quelquâun, faire la bise aprĂšs avoir donnĂ© un cadeau, lors dâun barbecueâŠ) cela a Ă©tĂ© en des proportions limitĂ©es. Si jâavais Ă©tĂ© un forcenĂ© de la prĂ©vention du « risque », jâaurais refusĂ©. Lors de ces quelques occasions, aprĂšs une assez rapide rĂ©flexion, jâai souvent estimĂ© que la vie sociale devait prendre le pas sur le risque. Rien de scientifique dans cette attitude. Sauf le fait que jâai eu ce comportement en des proportions sĂ»rement moindres que dâautres.
En me fiant aux expĂ©riences de personnes et de collĂšgues autour de moi, jâavais rĂ©pondu Ă ma mĂšre que jâavais entendu de bons Ă©chos du vaccin Pfizer .
Jâai aussi eu des espoirs avant lâarrivĂ©e du vaccin Johnson & Johnson en avril ou Mai. Une ex-collĂšgue infirmiĂšre, et amie, mâen avait dit du bien. Et puis, lors de sa « diffusion », les Ă©chos concernant le Johnson & Johnson se sont rapidement ternis concernant certains de ses effets indĂ©sirables.
Je crois que les pro-vaccins ne mesurent pas les consĂ©quences de ces revers dus aux effets indĂ©sirables de ces vaccins « attendus » et prĂ©sentĂ©s comme salvateurs, puis, qui « déçoivent » et « inquiĂštent ». Alors que ces revers se rajoutent Ă dâautres revers, colĂšres ou contrariĂ©tĂ©s, accumulĂ©s depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie en mars de lâannĂ©e derniĂšre .
De plus en plus, la facilitĂ© consiste Ă prĂ©senter les anti-vaccins comme des abrutis bornĂ©s et irresponsables. Alors que les raisons de leur dĂ©fiance envers les vaccins sont sĂ»rement un peu plus rĂ©flĂ©chies quâelles ne le semblent.
Pour revenir Ă ma mĂšre : je croyais donc quâelle sâĂ©tait faite vacciner contre le Covid. Ainsi que mon pĂšre. Ma sĆur et mon frĂšre, ainsi que leur compagnon et leur compagne se sont faits vacciner.
Jâai appris il y a quelques jours, en lui parlant au tĂ©lĂ©phone, que, finalement, ni ma mĂšre, ni mon pĂšre, ne se sont faits vacciner. Ils Ă©taient partis pour le faire en se rendant Ă lâaĂ©roport, en Guadeloupe. Peut-ĂȘtre lâaĂ©roport Pole CaraĂŻbes . Mais des manifestants anti-vaccins se trouvaient lĂ . En Ă©coutant leurs arguments, mon pĂšre a alors estimĂ© que les vaccins actuellement proposĂ©s ne sont pas « encore au point » (traduit du CrĂ©ole).
Apprendre ça, dâelle, mâa fait un drĂŽle dâeffet. Un effet non-scientifique qui a eu, sur moi, une certaine influence. Influence non scientifique non plus.
Lors de ma derniĂšre sĂ©ance avec mon thĂ©rapeute â vaccinĂ© contre le Covid- jâavais fait la dĂ©couverte, que, dans ma fratrie, jâĂ©tais finalement le plus « traditionnel ». Ce qui est assez courant lorsque lâon est lâaĂźnĂ© dâune famille.
Je sais que le dernier, mon petit frĂšre, ainsi que sa compagne, se sont faits vacciner contre le Covid afin de pouvoir se rendre en Guadeloupe dans quelques jours. Jâaimerais bien me rendre en Guadeloupe par exemple lâannĂ©e prochaine. Ainsi quâĂ la RĂ©union. Donc, jâai dâabord trouvĂ© que câĂ©tait une bonne nouvelle quâaprĂšs cette vaccination, mon frĂšre, sa compagne et leurs enfants, puissent se rendre en Guadeloupe. Cela fait quelques annĂ©es que nous ne sommes pas allĂ©s voir nos parents en Guadeloupe. Pour moi, cela date de 2014 ou 2015. Mon blog nâexistait pas, alors. Aujourdâhui, si je me rĂ©fĂšre Ă certaines inquiĂ©tudes et certaines tĂ©moignages concernant les effets indĂ©sirables des vaccins anti-Covid, mon frĂšre et sa compagne vont certes pouvoir sans doute se rendre en Guadeloupe (sâils partent avant que la Guadeloupe ne soit reconfinĂ©e) mais leur espĂ©rance de vie pourrait ĂȘtre dĂ©truite.
Sculptures par CĂ©cile Thonus.
Conflit de loyauté et roulette russe :
Ma mĂšre, non vaccinĂ©e, a donc, dâune part deux de ses enfants vaccinĂ©s. Ma sĆur et mon frĂšre. Et, d’autre part, il lui reste un enfant, non vaccinĂ©. Moi. En termes de conflit de loyautĂ© , moi, lâaĂźnĂ©, ou lâĂąne, jâai touchĂ© le jackpot .
CĂŽtĂ© pile, si ces vaccins anti-Covid sont finalement plus protecteurs que nocifs, dâici deux Ă trois ans, cela se confirmera. Avec un peu de chance, si ma mĂšre et mon pĂšre, non vaccinĂ©s, se maintiennent Ă distance du Covid, et que je rĂ©ussis Ă faire pareil, nous devrions ĂȘtre tous Ă peu prĂšs contents dâici deux Ă trois ans. Mais en deux Ă trois ans, il peut se passer beaucoup dâĂ©vĂ©nements. MĂȘme en un an. Et, vu comme on nous parle de la trĂšs grande contagiositĂ© du variant Delta, je mâattends un peu Ă attraper le Covid cette fois-ci.
CĂŽtĂ© face, si ces vaccins anti-Covid se rĂ©vĂšlent vĂ©ritablement nocifs, moi, lâaĂźnĂ©, jâai tout intĂ©rĂȘt Ă assurer Ă ma mĂšre quâun de ses enfants, au moins, nâest pas tombĂ© dans la marmite des effets indĂ©sirables gravissimes des vaccins anti-Covid.
Mais ma mÚre étant comme toutes les mÚres aimantes, aprÚs avoir discuté avec elle, il y a quelques jours du Covid, elle a conclu notre conversation par un :
« Fais attention à toi ».
Lorsque jâavais dĂ©cidĂ© de commencer Ă travailler en psychiatrie, au dĂ©but, ma mĂšre avait essayĂ© Ă plusieurs reprises de mâen dissuader. Elle mâavait expliquĂ© quâelle craignait que je ne devienne « fou ». Câest une croyance trĂšs courante que celle de croire et de penser que travailler en psychiatrie rend fou. Alors que ce serait plutĂŽt le contraire. Travailler en psychiatrie peut aider Ă pacifier nos angoisses et nos folies. A condition dâĂȘtre mentalement et moralement armĂ© et encadrĂ© pour cela. A condition, si nĂ©cessaire, dâaccepter dâĂȘtre aidĂ© par dâautres, collĂšgues, thĂ©rapeutes, patients, rencontres diverses.
Je nâavais eu aucune difficultĂ© Ă me sĂ©parer des inquiĂ©tudes de ma mĂšre. Me diriger vers cette spĂ©cialitĂ© Ă©tait un choix rĂ©flĂ©chi. Jâaimais cette spĂ©cialitĂ© ainsi que les rencontres que jây faisais. Je me sentais bien dans cet univers.
Or, aujourdâhui, me faire vacciner contre le Covid, avec Pfizer, Moderna, Astrazeneca, Johnson & Johnson nâest pas mon choix rĂ©flĂ©chi. Je nâaime pas ce « risque » que je crois entrevoir dans leurs effets secondaires ou indĂ©sirables. LâidĂ©e de me faire injecter ce risque ne me plait pas du tout.
Bon anniversaire :
Pas plus que je nâai fait exprĂšs dâoublier quâaujourdâhui, ma fille serait avec moi, je nâai pas fait exprĂšs non plus dâaccepter le rendez-vous qui mâavait Ă©tĂ© fixĂ© pour ma premiĂšre injection de Pfizer ce 4 aout. Or, le 4 aout est la date anniversaireâŠ.de ma seconde maman, trĂšs « officieuse ».
Quâest-ce qui se fait le jour dâun anniversaire de quelquâun auquel on tient ?
On lui envoie un message. Ou, on lâappelle.
Pour lâappeler, jâai allumĂ© mon tĂ©lĂ©phone portable. Jâai vu que jâavais reçu deux vidĂ©os de ma mĂšre. Dans lâune des vidĂ©os, une femme, vraisemblablement mĂ©decin, et bonne pĂ©dagogue, expliquait devant une foule attentive, les graves risques sanitaires auxquels on sâexposait avec les vaccins anti-Covid actuels. Cette femme que je ne connais pas et que je voyais pour la premiĂšre fois, mettait en garde contre les vaccins anti-Covid. Elle Ă©tait persuasive. Jâai su ensuite que ma mĂšre avait reçu cette vidĂ©o par une cousine du cĂŽtĂ© de mon pĂšre.
Ce matin, donc, quelques minutes avant mon rendez-vous pour ma premiĂšre injection de Pfizer , jâappelle ma « seconde » maman. Je tombe sur elle. Elle est plutĂŽt contente de mâentendre. Je lui souhaite un bon anniversaire. Je lui rĂ©ponds que nous sommes partis quelques jours Ă Amiens. Elle mâapprend : « Jâai de trĂšs bons souvenirs Ă Amiens ».
Lâentente se poursuit. Et puis, comme avec une proche avec laquelle on se sent en confiance (soit le minimum envers une seconde maman, mĂȘme officieuse) je lui parle sans dĂ©tour du fait que, non, nous nâavons pas pu nous rendre aux hortillonnages. Car nous nâavions pas de passe sanitaire. Hortillonnages qui ont ensuite fermĂ© quelques jours suite Ă un dĂ©saccord entre certains bateliers opposĂ©s au passe sanitaire et leur patron. Ma compagne mâa envoyĂ© un extrait dâun article de journal Ă ce sujet.
Mais en parlant de notre non-vaccination Ă ma « seconde » maman trĂšs officieuse, sans mĂȘme y penser, jâavais mis une piĂšce dans le Jukebox. Avec ma mĂšre, le Jackpot du conflit de loyautĂ©. Avec ma seconde maman, le Jukebox de :
« Mais tu vas te retrouver en réa ! ». « Tu as bien vu ce qui se passe en Guadeloupe ?! » (Le nombre de cas de Covid augmente comme à la Martinique et à la Réunion).
« Ne me dis pas que tu ne tâes pas fait vacciner ! ». « Je suis trĂšs Ă©tonnĂ©e ! ».
Sculpture par CĂ©cile Thonus.
Je me suis senti embarrassĂ©. A la fois de me sentir en porte Ă faux. Mais, aussi, que cette conversation, notre premier dĂ©saccord majeur en plusieurs annĂ©es, arrive le jour de son anniversaire. Vraiment, je nâai pas vu venir cette situation.
Ma seconde maman « officieuse » mâa appris quâils Ă©taient tous vaccinĂ©s de leur cĂŽtĂ©. Je la savais vaccinĂ©e contre le Covid. Mais je nâavais pas forcĂ©ment beaucoup Ă©largi le cercle des personnes vaccinĂ©es autour dâelle. MĂȘme si cela se tient mathĂ©matiquement. Si, aujourdâhui, de plus en plus de Français sont vaccinĂ©s et que lâon avoisine les 60 % de personnes vaccinĂ©es en France, il faut bien que de plus en plus de personnes que lâon connaĂźt soient vaccinĂ©es. Mais je vivais encore sur ma petite planĂšte de non-vaccinĂ©s, et, ma seconde maman Ă©tait en train de me rappeler que je vivais bien – encore- sur la mĂȘme planĂšte que tous ces gens de plus en plus vaccinĂ©s.
Je sentais venir en elle la question du complotisme. Je crois mĂȘme quâelle me lâa demandĂ©, directe comme elle est :
« Tu es complotiste ?! ».
Afin de me sauver autant que possible de la mĂ©lasse complotiste, Je me suis appliquĂ© Ă ĂȘtre pĂ©dagogue :
« Je ne crois pas que le dĂ©veloppement des antennes de la 5G va nous tĂ©lĂ©guider ». Jâai dĂ» ĂȘtre assez rapidement convaincant malgrĂ© tout en matiĂšre de complot car, ensuite, la conversation sâest faite sur des bases, je crois, plus rassurantes, pour elle comme pour moi.
Question travail, elle a convenu elle-mĂȘme « quâils » ne pourraient pas me « licencier » au vu de la pĂ©nurie infirmiĂšre importante. Jâai ajoutĂ© que cette pĂ©nurie sâĂ©tait accentuĂ©e depuis la pandĂ©mie du Covid. Je nâai mĂȘme pas pensĂ© Ă rappeler quâil y a quelques mois, encore, dans certains services somatiques, des personnels soignants Ă peine remis du Covid, Ă©taient poussĂ©s Ă revenir travailler tant il manquait de personnel dans certains services.
Dans ses propos, jâai entendu le concentrĂ© de qui est opposĂ© aux personnes contre le vaccin. La peur de la rĂ©a. Une peur que je ne connais pas, pour lâheure. Sans doute parce-que ma mĂšre a travaillĂ© en rĂ©animation. Et que, si la rĂ©animation est synonyme de mort, elle est aussi synonyme de sortie de coma et de retour Ă la vie. Je le sais par ma mĂšre. Sans doute aussi un petit peu par les deux stages que jâavais effectuĂ©s, adulte, dans le service de ma mĂšre. Cela nâavait pas Ă©tĂ© mon choix.
Jâai aussi entendu la peur de la perte Ă©conomique. Je me suis abstenu de dire que ma compagne avait fait ses estimations dans le cas oĂč nous serions mis Ă pied de notre emploi. CâĂ©tait un peu comme si jâavais dĂ©jĂ un peu dĂ©passĂ© cette peur de la perte Ă©conomique et que je la redĂ©couvrais au travers de ma seconde maman.
Une autre peur aurait pu ĂȘtre citĂ©e. Celle de lâexclusion sociale. Des connaissances et des proches. Elle arrivera sans aucun doute. Pas de qui je pense. Pas comme je le pense.
Devant la mĂ©diathĂšque de ma ville ce mercredi 4 aout 2021. MĂ©diathĂšque oĂč ma fille et moi avons nos habitudes.
Ma seconde maman a pris lâexemple de la vaccination contre lâHĂ©patite A (ou B) rendue obligatoire. Je nâai pas discutĂ© cette obligation. Elle mâa dit que la technique ARN actuelle Ă©tait connue depuis dix annĂ©es. Quâelle aurait prĂ©fĂ©rĂ© bĂ©nĂ©ficier de cette nouvelle technique. Mais quâelle avait eu le vaccin Astrazeneca.
Elle a Ă©tĂ© attentive lorsque je lui ai parlĂ© de la mĂ©saventure de certains soignants avec lâAstrazeneca. MĂ©saventure qui pouvait expliquer une partie de cette mĂ©fiance de certains soignants envers ces vaccins anti-Covid.
Je lui ai aussi dit que jâavais lu des tĂ©moignages sur les rĂ©seaux sociaux concernant les effets indĂ©sirables. Et, que lâon ne pouvait pas, dâun cĂŽtĂ© (ça vous rappelle quelque chose ? Jâai expliquĂ© ça dans mon article SĂ©rums de vĂ©ritĂ© ) se rĂ©jouir que, durant le printemps arabe, les rĂ©seaux sociaux avaient pu nous faire parvenir des tĂ©moignages qui dĂ©mentaient la version officielle. Et, lĂ , Ă propos des effets indĂ©sirables des vaccins sur les rĂ©seaux sociaux, dĂ©clarer que tous ces tĂ©moignages Ă©taient bidons. Des tĂ©moignages oĂč une mĂšre nous apprend que sa fille a commencĂ© Ă avoir des rĂšgles peu aprĂšs la vaccination contre le Covid. Ou une femme nous apprend quâaprĂšs sâĂȘtre faite vacciner, ses seins ont commencĂ© Ă produire du lait alors quâelle nâest pas enceinteâŠ.
Bien-sĂ»r, je ne connais pas ces personnes. Je ne sais pas jusquâĂ quel point leur tĂ©moignage est fiable. Je nâai pas de statistiques que je peux donner.
A ma seconde maman qui me disait que, pour chaque vaccination, il y avait un certain nombre de personnes qui connaissaient des effets secondaires, jâai rĂ©pondu quâil Ă©tait vrai que je ne connaissais pas les chiffres ou les proportions de ces effets secondaires. Et que la particularitĂ© des rĂ©seaux sociaux fait peut-ĂȘtre que la façon dont les tĂ©moignages nous parviennent, quasiment en temps rĂ©el, sans filtre, donnait peut-ĂȘtre lâimpression quâil y a plus dâeffets secondaires avec ces vaccins comparativement avec les vaccins prĂ©cĂ©dents contre diverses maladies. Alors quâil y a peut-ĂȘtre pratiquement autant dâeffets secondaires dĂ©sagrĂ©ables ou mortels, proportionnellement, avec ces vaccins anti-Covid quâavec les autres vaccins classiques.
Jâai senti dans le ton de ma seconde maman « officieuse » quâelle Ă©tait intriguĂ©e. JâĂ©tais, moi, plus embarrassĂ© que content de mon effet. Jâavais appelĂ© pour lui souhaiter un bon anniversaire. Je lui trouvais aussi la voix plus rauque et plus essoufflĂ©e que dâhabitude. La derniĂšre fois, câĂ©tait dĂ©jĂ un peu ça. MĂȘme si elle avait toujours le mĂȘme aplomb.
Ma fille Ă©tait en train de jouer dans une autre piĂšce de lâappartement. Je ne pouvais pas rester longtemps et il y avait du monde chez elle. Dont son fils que je connais. Ainsi que sa belle fille, une des amies de celle-ci, la petite fille, que je ne connais pas.
Jâai fini par ajouter :
« Je suis désolé de te parler de ça le jour de ton anniversaire⊠».
Elle :
« Oh, ne tâinquiĂšte pas⊠».
Jâai repris :
« Je te connais ! A un moment de la journée ou dÚs que tu auras pris un verre ou deux, tu vas commencer à en parler ! ».
Elle, avec un petit rire :
« Câest vraiâŠ. ».
Alea Jacta Est. Pourquoi se cacher ?
Vie de couple :
Ce qui mâĂ©tonne parmi certains des proches ou des connaissances aujourdâhui pro-vaccins, câest quâun an plus tĂŽt, se trouvaient parmi eux, celles et ceux, qui, contre les recommandations dâusage contre le Covid faisaient valser certains interdits. Se faire la bise alors quâil Ă©tait prĂ©conisĂ© de ne pas le faire. Rencontrer plusieurs personnes chez soi ou se retrouver Ă plusieurs dans une mĂȘme piĂšce sans masque. Ne pas tenir compte de certaines restrictions en terme de distance kilomĂ©trique.
Mais câest comme si, grĂące ou Ă cause du vaccin anti-covid quâelles ont reçu, certaines de ces connaissances et de ces proches avaient dĂ©ja oubliĂ© que lâannĂ©e derniĂšre, sans se fourrer pour autant la langue dans la bouche de lâautre en permanence, quâen pleine pandĂ©mie du Covid, il avait Ă©tĂ© possible dâĂȘtre en prĂ©sence de temps Ă autre dâun peu de monde.
Aujourdâhui, il semble de plus en plus, que la norme sociale devienne dâĂȘtre entre vaccinĂ©s et entre non-vaccinĂ©s. Ou de juger lâautre Ă un moment donnĂ©.
Je ne me suis pas senti particuliĂšrement jugĂ© ce matin par ma seconde « maman ». Mais je me suis imaginĂ© que je le serais par un de ses proches que je connais ou par quelquâun dâautre qui considĂ©rera que je me suis Ă©garĂ©.
Un autre lieu dâĂ©garement frĂ©quent est le couple. Ma compagne a toujours Ă©tĂ© rĂ©solument contre les vaccins actuels contre le Covid. Elle considĂšre que ce ne sont pas des vaccins. Ils nâen nâont que lâappellation pour elle. Je peux concevoir quâil doit ĂȘtre difficile, au sein dâun couple, dâavoir une attitude diffĂ©rente de lâautre vis-Ă -vis de la vaccination anti-Covid actuelle.
MĂȘme si je ne souscris pas Ă toutes ses explications comme Ă un certain nombre de ces raisonnements, jâai fini par me rapprocher de certains de ses arguments contre les vaccins anti-Covid. Surtout Ă partir du 12 juillet 2021, lorsque le gouvernement a rendu cette vaccination obligatoire pour les soignants . Avant le 12 juillet, je constatais assez distraitement ses partis pris. Ainsi que le fait quâelle regardait beaucoup de vidĂ©os sur le sujet de la pandĂ©mie, des vaccins anti-Covid Je prenais quelques fois le temps de lâĂ©couter et de lâinterroger sans la juger sur le sujet. Je rĂ©futais certains de ses arguments. Mais je ne cherchais pas Ă ce quâelle ait absolument la mĂȘme vision que moi Ă propos des vaccins, du Covid. Dâailleurs, moins je parlais de ces sujets, mieux, je me portais. Mais le 12 juillet a « tout » changĂ© pour moi. Ainsi que le 13 juillet peut-ĂȘtre, aussi, avec lâenterrement du pĂšre de mon meilleur ami.
Par ailleurs, et câest le propre de bien des couples, je crois aussi au fait que ma compagne a lâaptitude dâobserver ou de voir ce que je nâai pas remarquĂ©.
Dans le film Inception de Christopher Nolan , jâavais raillĂ© le comportement du personnage Dominic lâextracteur (Lâacteur LĂ©onardo Dicaprio ), qui, si je me souviens bien, trĂšs en peine de faire le deuil de sa femme Mallorie ( lâactrice Marion Cotillard ) sâenfermait dans une certaine illusion. Une collĂšgue et amie mâavait rĂ©pondu Ă lâĂ©poque que vivre dans une illusion commune Ă©tait courant au sein dâun couple.
VIDEO
Je nâexclue pas lâidĂ©e que, comme le personnage de Dominic , dans Inception , je sois en train de contribuer Ă lâĂ©tablissement et au maintien dâune illusion commune avec ma compagne ainsi quâavec ma mĂšre et, toute autre personne anti-vaccin. Mais, si illusion il y a, les faits, dâici quelques semaines ou quelques mois, viendront apporter leur contradiction extĂ©rieure. Pour lâinstant, jâai trop de contradictions et de doutes en moi pour accepter la vaccination anti-Covid.
Jâai envisagĂ© dâĂȘtre, dans le couple, celui qui allait se faire vacciner contre le Covid. Afin dâĂ©quilibrer pour le quotidien. Pour nous rendre la vie plus simple lorsque les restrictions vont ĂȘtre appliquĂ©es contre celles et ceux qui ne sont pas vaccinĂ©s. Jâestimais que, de nous deux, jâĂ©tais celui qui pouvait le plus faire ça. Jâen ai parlĂ© Ă ma compagne. Elle mâa rĂ©pondu quâelle ne voulait pas que je me « sacrifie ». Tout ce quâelle voulait, câĂ©tait que je ne me fasse pas vacciner avec les vaccins actuels contre le Covid.
Etre pĂšre :
Etre pĂšre, dans un tel contexte, est dĂ©licat. Ce matin, jâai eu un peu de mal Ă ĂȘtre bien disponible pour ma fille. Vu que la dĂ©cision que jâavais prise de renoncer Ă cette premiĂšre injection de Pfizer , mĂȘme si je crois que câĂ©tait la seule que je pouvais prendre aujourdâhui, mâa occupĂ© lâesprit.
Pour lâinstant, comme câest encore les grandes vacances, ma fille ne perçoit pas trop, je pense, toute cette empoigne autour du vaccin et du passe sanitaire entre les pro et les anti-vaccins. Et, je mâapplique Ă ne pas aborder ce sujet devant elle. La seule remarque qui mâa Ă©chappĂ© hier ou avant hier en lisant le journal devant elle a Ă©tĂ© concernant le fait quâavec le dĂ©part des derniĂšres troupes amĂ©ricaines en Afghanistan, les Talibans ont recommencĂ© Ă reprendre possession du pays. Je me suis dit que, prochainement, ce retour des Talibans en Afghanistan allait nous ramener le terrorisme jihadiste et ses attentats.
Dans le Charlie Hebdo de ce mercredi, journal trĂšs critique envers les anti-vaccins, le rĂ©dacteur en chef Riss , dans son Ă©ditorial, pointe « Moi aussi, je commence Ă en avoir marre de la crise du Covid et des interminables dĂ©bats sur les mesures barriĂšres, les vaccins, les anti-vaccins et la peste bubonique » (âŠ.). Puis, il exprime sa crainte dâune proche guerre mondiale. Sujet plus prĂ©occupant que la pandĂ©mie du Covid qui continue de beaucoup nous obsĂ©der.
Ce matin, je suis allĂ© acheter plusieurs journaux afin dâessayer de trouver en eux des rĂ©ponses qui me manquent encore Ă propos de la vaccination anti-Covid. Jâai achetĂ© Les Echos , Le Canard EnchainĂ©, Le New York Times , Le Figaro , Le Monde et Charlie Hebdo , donc.
Le journal  » Le New York Times » de ce mercredi 4 aout 2021.
Les caricatures de Charlie Hebdo Ă propos des anti-vaccins peuvent me faire sourire. Mais elles ne me convainquent pas en faveur de la vaccination. A nouveau, il me manque les certitudes que les journalistes de Charlie Hebdo ont sur le sujet des vaccins actuels. Pareil pour Le Canard EnchaĂźnĂ© que je lis depuis plus dâune vingtaine dâannĂ©es sans doute. Si je comprends son titre Violences et dĂ©rives lors des manifs anti-passe sanitaire (Combien dâantivax positifs au test anti-gĂ©nie ? ), lui, aussi, ne suffit pas Ă me rassurer Ă propos des vaccins actuels contre le Covid.
Je me dis mĂȘme que Charlie Hebdo et Le Canard EnchaĂźnĂ© , comme dâautres journaux, dâautres opinions et dâautres sensibilitĂ©s, sâils se sont trompĂ©s Ă propos de la frĂ©quence des effets indĂ©sirables graves des vaccins contre le Covid, auront du mal Ă le reconnaĂźtre.
Quâest-ce que je peux expliquer Ă ma fille Ă propos de ces pour et de ces contre vaccins anti-Covid ?
Quâil y a, dâun cĂŽtĂ© les mĂ©chants pro-vaccins ? Et, de lâautre cĂŽtĂ©, les gentils anti-vaccins ?
Je ne raisonne pas de cette façon. DerniĂšrement, une de nos voisines, vaccinĂ©e, Ă©tait dâaccord pour accompagner notre fille Ă une exposition sur le Divas organisĂ©e par lâInstitut du Monde Arabe, Ă Paris, et proposĂ©e par le conservatoire de notre ville. Finalement, elle a dĂ» se dĂ©sister pour des raisons familiales. Mais elle mâa dit avoir Ă©tĂ© touchĂ©e par la confiance quâon lui accordait. Et, elle mâa invitĂ© Ă la solliciter, en cas de besoin, ultĂ©rieurement. Je crois quâĂ cĂŽtĂ© des dĂ©boires Ă venir pour les anti-vaccins, quâil y aura aussi des situations dâentraide comme avec notre voisine qui vont se rĂ©pĂ©ter et se dĂ©velopper entre pro-vaccins et anti-vaccins au delĂ de ce qui peut se prĂ©voir.
A ma fille, ce soir, avant quâelle aille se coucher, jâai dit :
« Je nâai pas Ă©tĂ© trĂšs disponible aujourdâhui. JâespĂšre pouvoir faire mieux demain ». Nous avions nĂ©anmoins passĂ© du temps ensemble, Ă©tions sortis faire un tour dans le centre-ville. Elle avait fait un peu de vĂ©lo. Nous Ă©tions allĂ©s Ă la librairie et chez le marchand de primeurs, avions trouvĂ© la mĂ©diathĂšque close. Ma fille a pris cela avec le sourire. Et mâa fait comprendre que pour me faire pardonner, que je me devais de lâemmener jusquâĂ sa chambre en la portant sur mes Ă©paules. Jâai facilement acceptĂ© cette pĂ©nitence.
VIDEO
Mais je savais mâĂȘtre fait emporter par la rĂ©daction de cet article. Hier, nous avions pu regarder entiĂšrement le magnifique manga Les enfants de la mer , rĂ©alisĂ© par Ayumu Watanabe . Aujourdâhui, nous nâavions mĂȘme pas terminĂ© de regarder le premier volet aussi drĂŽle que martial de La LĂ©gende de Fong Sai-Yuk rĂ©alisĂ© par Corey Yuen . Le sujet de la vaccination est devenue une forme dâobsession comme je lâai reconnu tout Ă lâheure en en discutant avec ma compagne.
Mais câest maintenant quâil faut Ă©crire Ă ce sujet. Ma compagne mâa demandĂ© :
« Pour qui ? ». Ou « Pourquoi ? ».
Câest le genre de question Ă ne pas poser Ă un obsĂ©dĂ©. Ou Ă un passionnĂ©.
La pandĂ©mie du Covid nous rappelle la nĂ©cessitĂ© de bien vivre ce que lâon peut bien vivre avec celles et ceux auxquels nous sommes attachĂ©s. Dans un an, le 4 aout 2022, certaines et certains dâentre eux, certaines et certains dâentre eux ne seront peut-ĂȘtre plus lĂ . Moi, je serai peut-ĂȘtre en rĂ©a. Comme patient. Ou comme visiteur.
Franck Unimon, ce mercredi 4 aout 2021.