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Quiberon, Mai 2021.

Quiberon, Port Haliguen, mois de Mai 2021. Sur le zodiac, alors que nous partons en mer, sûrement sur l’île de Hoat.

 

                        Quiberon, Mai 2021.

 

 

Cet article fait suite à l’article Je ne suis pas un aventurier publié un peu plus tôt cette semaine. Lequel article était déjà la suite de….Préparatifs pour le stage d’apnée à Quiberon, Mai 2021 . On peut aussi voir ou revoir l’interview filmée qu’un ami et moi avions faite ( avant que je ne m’inscrive dans mon club actuel d’apnée), de l’apnéiste Guillaume Néry et sa compagne Julie Gautier en 2016, je crois : Interview des apnéistes Julie Gautier et Guillaume Néry en 2016 

 

Mais si ce que vous êtes en train de lire vous ennuie, ou vous paraît déjà beaucoup trop long. Ou que vous ne savez pas lire. Ou que vous êtes très très fatigué(e)s . Ou que vous manquez de temps.  Ou que vous avez faim et envie de passer à table. Ou que vous avez votre ménage ou la vaisselle qui vous traque. Ou que vous êtes en train de mourir. Ou que vous avez votre tiercé ou du compost à aller faire. Alors, et seulement, alors, un diaporama en musique  vous attend déjà. Il est tout en bas de l’article. Ce n’était pas la peine de rester là. Pour regarder le diaporama, il vous suffira de descendre à la fin de cet article. Et, ensuite, peut-être, de tout remonter pour lire un peu. Et en savoir un peu plus sur ces images que vous aurez regardées. C’est terminé, les articles où on vous enchaine pendant trois quarts d’heure, pour, à la fin, vous distribuer deux ou trois petites illustrations grossièrement dessinées à la main et qui sentent  le renfermé.

 

Le diaporama dure moins de cinq minutes. Cela est vérifiable scientifiquement ou simplement avec une montre ou un téléphone portable qui marche. Les photos sont éclairées suffisamment. La musique est peut-être adéquate.

 

 

En vous souhaitant un bon voyage. Pour les autres, les volontaires ou les condamné(es) de la lecture, ça commence d’abord, ici, par ce titre presqu’engageant….

 

Pourchassés

 

 

J’ai tangué encore un petit peu, ce matin, au moment du petit-déjeuner. Mais ça n’avait peut-être rien à voir avec ces quelques jours passés à Quiberon où, avec mon club d’apnée, nous sommes sortis en mer.  Pour….. chasser.

 

Parce-que, hier soir, ce mercredi, avant d’aller me coucher, pour la première fois depuis mon retour de Quiberon dans la nuit de dimanche à lundi, j’ai recommencé à lire des journaux. Je me « devais Â» d’être informé.

 

La Croix. Le Parisien. Le Canard Enchaîné. Un journal « gratuit Â», compilation des journaux officiels.

 

Après les avoir parcourus en grande partie, je me suis demandé ce que j’avais appris.

 

Le Jihadisme en Afrique (Cameroun, Nigeria….). Les groupes terroristes Daech et Al- Qaida étaient toujours vivants et bien portants. « Il reste beaucoup à faire Â». Les bombardements de la Palestine par le Premier Ministre israélien Netanyahou «  en état de faiblesse ? Â». Le retour de Manuel Valls en politique en France après sa parenthèse (également politique) de trois ans à Barcelone.

Le « différend Â» entre Gérald Darmanin, Â« notre Â» Ministre de l’intérieur, et Audrey Pulvar, alliée politique d ‘Anne Hidalgo, actuelle Maire de Paris, et possible candidate aux prochaines élections présidentielles françaises de 2022. «  Le paiement sans contact, nouvelle cible des truands Â». Le Covid : « vaccination obligatoire : le débat relancé Â». « Serial Killer : LE PLUS ANCIEN DETENU DE FRANCE ASSASSINAIT LES BRUNES Â». « L’ombre du génocide rwandais plane sur le diocèse de La Rochelle Â». « Cinéma : The Father, dans la tête d’Anthony Hopkins Â», premier film oscarisé de l’auteur Florian Zeller. Un film très « joyeux Â» à ce que j’ai compris. L’acteur Anthony Hopkins, oscarisé pour ce rôle, est par ailleurs, coïncidence, devenu célèbre pour son rôle d’Hannibal Lecter, un tueur en série, dans le film Le Silence des Agneaux, sorti en 1991. Un film que j’avais aimé voir. Je suis aussi porté sur le sujet des tueurs en série. J’en reparlerai dans d’autres articles. Mais, en attendant, en lisant ces « nouvelles Â», hier soir, qu’est-ce que j’ai pris ! Mais, aussi, qu’est-ce qui m’avait pris ?!

 

 

 

Des réflexes d’alcoolique

 

Ce qui m’a pris ? Ce qui m’a repris, plutôt, c’est ce réflexe conditionné de « citoyen Â», de bon écolier, de mouton ou « d’alcoolique Â» des mauvaises dynamiques qui, après avoir brouté pendant un laps de temps assez court, une certaine liberté et une certaine détente, se croit invincible. Et se croit obligé de revenir se ligaturer les pensées, l’imaginaire et la sensibilité dans ce brouhaha anthropophage, délétère et auto-recyclé de nos combines et de nos névroses quotidiennes.

 

Or, comme a pu le dire une personne essayant de se sevrer de l’alcoolisme :

 

« Si tu bois et que tu as un problème, tu as deux problèmes ! Â».

 

En lisant hier soir ces journaux, c’est étonnant, comme, subitement, j’avais à nouveau beaucoup de problèmes. Des problèmes sur lesquels j’avais très peu de prise, qui me survivraient très certainement et dont j’acceptais, en quelque sorte, de redevenir le spectateur, le consommateur, le goulot, l’idiot, le débiteur massif,  intrépide, captif autant qu’impuissant…..

 

Tout n’est pas mauvais dans le quotidien comme dans un certain nombre de nos routines. Mais il y a néanmoins beaucoup de déchèteries et de vinasses mentales, et autres, et quantité de rustines, d’urines dégradées, avec lesquelles nous nous torchons comme s’il s’agissait de remontants dont nous aurions besoin pour nous exalter. Alors qu’ils nous détruisent.

 

A Quiberon, des « conditions de chiens » :

 

 

 

A Quiberon,  en pleine mer, la mer était assez « sale Â» : du fait des conditions météos. Courants, houle, vent (entre 30 et 40 nÅ“uds en moyenne). Il y avait une certaine turbidité de l’eau qui rendait la visibilité plutôt mauvaise. A peine trois ou quatre mètres.

Lorsque j’essayais, en surface, d’assurer la sécurité de J-L, qui venait d’effectuer son canard et qui, lesté de ces 7, 8 ou 9 kilos de plomb, s’enfonçait vers le fond, je finissais toujours par le perdre visuellement. Même en « apprenant Â» un peu à deviner sa trajectoire, sa façon de se diriger dans la profondeur, un peu particulière et peut-être influencé par sa main qu’il portait à son nez pour faire son vasalva :

 

J-L descendait d’abord en oblique, longue tige tournant son dos au fond, rallongeant la distance qui l’éloignait du fond, puis, adoptant une sorte de demi-tour. Ce qui faisait qu’une fois au fond, à l’horizontale, il partait pratiquement dans le sens opposé de son arrivée.

C’était drôle à voir tant que je le « voyais Â», mon masque sur mon visage rentré dans l’eau, mon tuba en bouche pour respirer, alors que j’étais allongé à la surface, et que les vagues et le courant, me faisaient un peu dériver sans que je m’en aperçoive.

 

Puis, lorsque J-L resurgissait quelques mètres plus loin, derrière ou devant moi, c’était ensuite à mon tour de « descendre Â» avec mes 8 kilos de plomb, palmes, masque, tuba et ma combinaison en néoprène, bien-sûr :

7mm5 pour le torse et le dos ; 5 mm pour la tête et les mains ; 3 mm pour les pieds. Protection thermique utile pour une eau comprise, durant notre séjour, entre 12 et 14 degrés. Et pour des sorties en mer de 1h30 à 2h30.

 

Plusieurs fois, j’ai eu les pieds engourdis par le froid. Mais cela a été supportable. J’essaierai de trouver des chaussons plus chauds avec la même épaisseur. Car, trop épais, les chaussons peuvent être difficiles à mettre dans les palmes et cela serait inconfortable.

 

A Loctudy, en Mai 2017, où la température de l’eau avait été anormalement élevée, entre 16 et 18 degrés, je crois, j’ai l’impression qu’il avait pu nous arriver de rester 3 heures ou 3h30 dans l’eau sans que je me ressente du froid.

 

Mais à Quiberon, et dans les alentours, il y a quelques jours, nous aurions « plongé Â» dans des conditions de « chien Â» selon deux chasseurs (F et J), des apnéistes férus de chasses sous-marine que nous avons croisés, amis de J-P, un de nos moniteurs encadrants.

 

F nous a aussi dit qu’il chassait « toujours, sous le vent Â».

 

Je ne me suis pas particulièrement rendu compte de ces conditions de « chien Â» mentionnées pas F et J. Si ce n’est, peut-être, en comparant le résultat des chasses à Quiberon avec celles effectuées lors des précédents stages que j’ai effectués auparavant avec le club :

 

A Loctudy en Mai 2017. Puis en Octobre 2020 à Penmarch.

 

Bien-sûr, les températures de l’eau en Bretagne sont plus froides, et les marées sont différentes de celles que j’ai pu connaître en Guadeloupe où j’ai passé mes deux premiers niveaux de plongée avec bouteille il y a plusieurs années. Mais les « conditions de chien Â» mentionnées ici se rapportent à d’autres éléments.

 

 

Chasse sous-marine : une chance et un privilège

 

 

D’abord, nous étions bien plus nombreux à Loctudy (près d’une trentaine) et déjà moins nombreux à Penmarch (neuf) contre « seulement Â» six, cette fois, à Quiberon. Mais les conditions de chasse sous-marine étaient sans doute meilleures malgré tout lorsque nous étions allés à Loctudy et à Penmarch. Cette fois-ci, à Quiberon, « nous Â» nous sommes donc encore plus rabattus que d’habitude sur les araignées de mer. Et sur…. les huîtres.

 

Lorsque j’écris « nous Â» : c’est surtout les autres membres du groupe qui ont chassé.

 

J’ai bien attrapé deux ou trois araignées : rien de plus « facile Â» même si, à Loctudy en 2017, pour moi, cette « facilité Â» était « difficile Â». Car il s’agissait quand même de s’enfoncer dans l’eau avec une ceinture de plomb autour des reins, sans bouteille de plongée puisqu’il est interdit de chasser avec bouteille. De repérer l’araignée, l’attraper sans se faire pincer les doigts, remonter à la surface et la mettre dans son filet. C’est simple dit comme ça. Mais lorsque l’on n’est pas familier avec la ceinture de plomb, le fait de descendre au fond de la mer, en tenant compte de ses tympans, de son souffle et autres, cela fait un certain nombre de paramètres à enregistrer.

 

 

Aujourd’hui, et, pour l’instant, même si je peux et sais attraper des araignées de mer, je ne suis pas un chasseur. Je n’ai pas l’esprit à la chasse lorsque je « plonge Â» en apnée. Je suis plutôt un contemplatif.

Je comprends l’intelligence, le plaisir, et j’admire l’aptitude d’adaptation étonnante qu’il y a à  chasser sous l’eau. En se fondant dans le décor marin. En rusant avec la proie ou le poisson. En composant avec la houle et le courant. En ayant le coup d’œil pour repérer la proie même lorsqu’elle se cache. Et la « tirer Â» ou la « faire Â» au moyen de l’arbalète ou du « fusil de chasse Â» sous-marin.

J’admire ces chasseurs sous-marins capables de passer cinq ou six heures dans l’eau, de s’alimenter et de s’hydrater en pleine mer, juchés sur leur bouée comme si de rien n’était. Comme si c’était pareil que de faire du vélo, un footing ou d’être dans son canapé devant un bon film ou un bon livre.

 

A Penmarch, en octobre, j’avais aimé ce moment, où durant plusieurs secondes, posé sur le sable, mêlé à l’environnement, au fond de l’eau, à l’agachon, j’avais pu observer, un ou deux poissons, à quelques mètres, sous une petite grotte traversante, sur ma gauche. Les deux poissons se tenaient face au courant.

 

Ce genre de vision ou d’expérience vécue en apnée, impossible ou invisible pour nous, humains, à l’œil nu depuis la Terre, reste sans doute plus longtemps dans la mémoire. Car, dans nos conditions normales d’existence, sur la terre, et avec nos poumons, nos insuffisances mais aussi nos peurs, nous n’avons pas accès à ce monde.

 

 

 

Je comprends, aussi, la nécessité à apprendre à devenir chasseur sous-marin. Pour se nourrir. Ou nourrir sa famille ou son entourage. En respectant certaines règles : une certaine taille de poisson ou d’araignée. Certaines espèces et pas d’autres. Le sexe, aussi, de telle espèce afin de préserver sa reproduction.

 

Je comprends évidemment, aussi, la nécessité d’apprendre à préparer, dans la mer, le poisson que l’on a attrapé en l’accrochant d’une certaine façon afin qu’il ne s’échappe pas. En l’éviscérant comme il se doit. Dans mon club d’apnée, il se trouve un certain nombre d’adeptes expérimentés de la chasse sous-marine. Mais aussi de cuisiniers aptes à préparer ce qui a été pêché. Tel le carpaccio de vieille. Y m’a appris à faire des filets sur une vieille. Laquelle avait déjà été écaillée.

 

On peut trouver ça dégoûtant. Je trouve que c’est plutôt une aptitude à acquérir. Entre rester complètement dépendant de supermarchés,  de boites de conserves, de publicités ou d’informations monopolisées- et colonisées- par quelques uns et savoir, si nécessaire, aller pêcher en mer ou ailleurs, avec quelques uns ou seul, je préfèrerais, dans l’idéal, apprendre aussi à chasser ou à pêcher moi-même ce dont j’ai besoin ou peux avoir besoin.

 

 

C’est donc une chance et un privilège, pour moi, d’avoir pu être présent lors de ce stage « d’apnée Â» à Quiberon.  Et, encore plus alors que nous sommes encore nombreux à vivre dans les filets de la pandémie du Covid.

 

Devenir plus autonome :

 

Même si, pour l’instant, je ne suis pas un chasseur. Et que je « dois Â» devenir plus autonome. C’est d’ailleurs ça qui est plutôt ma priorité pour l’instant dans l’eau :

 

Me sentir plus à l’aise sur l’eau et au fond de l’eau. A Quiberon, j’ai commencé à découvrir que ma bouée était aussi ma maison. Car j’ai commencé à la personnaliser selon mes besoins et mes envies. Avec l’aide de mes encadrants du club. Et, d’après ce que j’ai vécu dans l’eau. Avec J-P, j’ai ainsi agrandi la garcette qui relie mon filet à ma bouée. Dans ce filet, je mets des barres de céréales dans leur emballage, des compotes, ma bouteille d’eau ainsi que ma chasse.

 

J’ai acheté d’autres mousquetons et les ai essayés. J’ai été content à plusieurs reprises, en revoyant la corde épaisse, et jaune, de ma bouée, lestée de plomb, alors que je m’approchais. Parce-que c’était devenu ma maison. Ce n’était pas le cas jusqu’alors. Jusqu’alors, à Loctudy et à Penmarch, c’était principalement ma bouée. Pour être vu, repéré. Pour me poser dessus à certains moments. Pour me déplacer.

 

Mes oreilles :

 

J’aimerais mieux faire « passer Â» mes oreilles. Mes oreilles « passent Â» suffisamment pour pêcher mais, de par ma petite expérience de plongeur bouteille, je sais qu’elles pourraient passer « mieux Â» et plus profond :

 

Pour l’instant, en apnée, je suis limité à une profondeur comprise entre 7 et 10 mètres.  Que ce soit en fosse ou en mer. Alors qu’en plongée bouteille, j’ai pu descendre à 40 mètres.

 

Je déglutis pour faire passer mes oreilles. Vasalva, Frenzel, ça n’agit pas pour moi. J’ai déjà essayé. Je veux bien réessayer mais, tout ce que j’obtiens, c’est des grosses bulles. Et la pression sur mon oreille, principalement la gauche, reste la même.

 

Mais les conditions entre la plongée avec bouteille et celle en apnée étaient différentes. D’un côté, en plongée bouteille, je dispose de bien plus d’air à disposition et je peux me permettre de prendre mon « temps Â» pour compenser mes tympans :

 

Réaliser l’équilibre entre la pression exercée sur mes tympans par tout le poids et le volume de l’eau de la mer et la pression présente dans mes tympans.

 

De l’autre, chaque fois que j’ai fait de la plongée avec bouteille, je plongeais régulièrement, à raison de trois à quatre plongées par semaine sur plusieurs semaines de suite. Là, où, en apnée, pour l’instant, je pratique des stages de quelques jours séparés dans le temps de plusieurs mois ou de plusieurs années. C’est sans doute trop peu régulier pour que mes tympans aient le temps de se « faire Â» à la mer. D’autant qu’en apnée, vu que notre réserve d’air disponible est moindre qu’en plongée avec bouteille, nous nous devons en quelque sorte davantage d’être en « osmose Â» avec nos capacités corporelles et physiologiques:

 

Nous sommes à la fois plus « libres Â» (car sans bouteille. En Anglais, apnée se dit Free Dive) mais aussi plus exposés. En cas de « problème Â» qui nous retiendrait sous l’eau ou nous éloignerait de notre bouée ou du bateau, nous n’avons pas de détendeur d’air à portée de main ou de binôme qui pourrait nous passer son détendeur de secours.

 

J’ai bien-sûr pensé à une cause psychologique concernant ma difficulté à faire passer mes oreilles, en apnée, au delà des 7 à 10 mètres. Il est vrai que l’expérience de la fosse de vingt mètres reste pour moi assez angoissante. Même si, tête en haut, j’ai pu descendre jusqu’à quinze mètres assez facilement.

Mais une discussion avec ma mère m’a appris qu’enfant, j’avais fait des otites et que j’avais été opéré. Je crois donc que la « rigidité Â» tympanique que j’ai à l’oreille gauche vient peut-être, tout simplement, de la cicatrice chirurgicale, qui a besoin d’un peu de temps pour être assouplie et mieux « passer Â» les profondeurs.

 

En plongée bouteille, j’ai déjà fait l’expérience qu’une fois bien acclimatées, mes oreilles descendent bien, ou « glissent Â» dans les profondeurs. Toujours en déglutissant.

 

Il faut se sentir en « conformité Â» ou en « adéquation Â» avec ses organes lorsque l’on pratique la plongée avec bouteille. Ou l’apnée.

 

Une fois que l’on est en adéquation avec nos organes et  notre humeur, on peut se rapprocher de grands plaisirs mais aussi du danger.

 

Le Danger :

 

La plongée avec bouteille est une discipline technique, exigeante et risquée.  Des gens en meurent.

La pratique de l’apnée est tout autant une discipline technique, exigeante et risquée. Mal pratiquée, on peut aussi en mourir.

 

Pourtant, à Quiberon, lors de ce stage d’apnée il y a quelques jours, comme à Penmarch en octobre dernier ou à Loctudy en Mai 2017, je n’ai pas eu cette impression de risquer ma vie. J’ai deux ou trois explications à cela.

 

L’expérience :

Comme je l’ai déjà écrit, je ne suis pas un aventurier. Et, je suis plutôt quelqu’un de prudent. Mais j’ai un peu d’expérience en plongée avec bouteille et, désormais, en apnée. Avec mon club en piscine mais, aussi, en mer.

 

Cependant, comme dans toute discipline risquée ou un peu risquée, il faut aussi savoir se méfier de notre expérience.

 

Bien des plongeurs avec bouteille, mais aussi des apnéistes, confirmés sont morts en mer. C’est pareil pour des automobilistes, des cyclistes, des piétons  ou des professionnels confirmés dans bien des domaines. Il est certaines négligences ou certains excès d’assurance et d’optimisme, qui, lors de certaines circonstances, peuvent avoir des conséquences traumatiques, définitives, ou, si on a un peu de chance, des incidences plus ou moins bénignes. Dans le domaine sportif, pour changer, on peut se rappeler l’accident de ski de l’ancien champion du monde d’automobile, Michael Schumacher. Adepte du ski hors-piste, et sportif d’excellence, Schumacher avait  sans aucun doute des aptitudes hors-normes pour la pratique du ski. Mais aussi un certain excès de confiance qui a dû faire partie des conditions qui ont provoqué son grave accident.

 

Ce revers de l’expérience- l’excès de confiance- peut néanmoins, aussi, me concerner. Comme il peut, aussi, concerner les responsables de l’encadrement de mon club, ainsi, que les autres membres du club, présents avec nous lors de ce stage.

 

 

 

La Confiance :

 

Si toute entreprise humaine, quelle qu’elle soit, repose sur la confiance que l’on peut avoir dans ses partenaires et encadrants, mais, aussi, en soi-même, il est manifeste que la confiance doit être au rendez-vous lorsqu’une entreprise comportant une part de risque modérée ou élevée est envisagée.

 

 

Plusieurs origines

 

J’avais évidemment confiance dans mon encadrement comme dans mes partenaires de club. Cette confiance a plusieurs origines. Elle vient d’abord de moi : c’est parce-que j’avais un minimum de confiance en moi que j’ai décidé, un jour, personnellement, de m’engager dans cette discipline particulière qu’est l’apnée. Où Il s’agit d’accepter d’arrêter de respirer en ayant la tête et les parties respiratoires, et pas seulement génitales, immergées dans l’eau pendant un certain temps. Et, cette eau peut aussi, avoir, une température variable. Ou comporter du courant.

 

Or, nous ne sommes pas des poissons. Même si, à une époque très lointaine, l’être humain, avant de devenir ce qu’il est aujourd’hui, a probablement été issu d’un mammifère ou d’un être vivant marin.

 

Ensuite, plus que dans d’autres disciplines, l’apnée et la plongée avec bouteille se déroulant dans des environnements où nous nous déposons provisoirement à la surface de la vie et de la mort, en arrêtant de respirer, il importe particulièrement d’avoir suffisamment confiance dans celles et ceux qui nous accompagnent dans l’eau pour cette expérience. Ou qui nous proposent d’y évoluer dans certaines conditions.

 

La confiance ne se commande pas. C’est un peu comme le désir. Une personne peut bien avoir un pedigree exceptionnel. Si, pour une « raison Â» ou pour une autre (c’est plutôt d’ordre émotionnel, viscéral et instinctif) cette personne certifiée, volontaire, plus ou moins avenante, nous inspire le contraire de ce qu’elle est ou de ce qu’elle représente, nous serons dans la méfiance, sur la défensive, voire dans le refus ou dans la fuite.

 

 

La confiance est donc un baromètre et un critère plus qu’important dans la pratique de l’apnée.  Et cela ne se contrôle pas toujours très bien.

 

Mais il est un autre critère qui m’a sauté particulièrement aux yeux cette fois-ci, à Quiberon, et qui s’ajoute à la confiance. Ou qui peut l’aider à advenir.

 

 

La Bienveillance :

 

Si bien des entreprises humaines se réalisent par la violence, fondatrices comme destructrices, ce qui m’a marqué lors de ce stage à Quiberon, c’est cette bienveillance constante qui a servi nos relations. Nous étions un petit groupe de six. Deux encadrants en titre. Deux encadrants plus récents mais néanmoins expérimentés dans l’eau. Et, deux pratiquants plutôt débutants dont je fais partie :

 

Je veux bien, d’ailleurs, accepter le titre de débutant ou de jeune pousse apnéiste du groupe. Au vu de ma dépendance encore très forte (presqu’une ventouse) envers l’encadrement. Ne serait-ce que pour réaliser un « simple Â» nÅ“ud de chaise ou pour dérouler ma corde correctement dans l’eau sans faire de nÅ“uds.

 

 

Ces disparités de parcours et d’expériences marines et apnéistes pourraient d’emblée établir une hiérarchie verticale et monolithique. Et, évidemment, il y avait une hiérarchie établie et commune, acceptée de manière consensuelle. A aucun moment, par exemple, je ne me suis improvisé capitaine ou pilote du Zodiac qui nous a transporté. Comme, à aucun moment, je n’ai contesté l’endroit où ancrer le bateau et où nous allions nous mettre à l’eau : Je suis totalement incompétent dans ces domaines. Et je le sais.

 

 

Néanmoins, à terre, comme sur zodiac et dans l’eau, nous restions six personnalités, six individus. Une femme, six hommes. Et, comme nous le savons tous, nous autres, êtres humains, nous pouvons avoir un projet commun. Mais cela ne signifie pas pour autant  pour que nous parviendrons à le réaliser ensemble. Même si, sur le papier et en théorie, nous avons tout ce qu’il faut à notre disposition pour concrétiser ce projet :

 

Les compétences, l’envie, la volonté, le matériel, l’argent, l’expérience….

 

Car nous avons chacune et chacun nos particularités, nos tempéraments, nos rythmes, nos limites, nos egos, notre susceptibilité, notre façon de ronfler, de manger, de parler, comme notre horaire pour nous rendre aux toilettes. Ou, tout simplement, pour vivre ou travailler avec les autres.  

 

Certains ont besoin de parler tout le temps. D’autres sont régulièrement en activité et dans l’efficacité. D’autres ont aussi besoin de plages de silence, d’inactivité, de lenteur et de calme. Moi, je suis un lent. Mais ça ne m’empêchera pas de me lever à 5h25 du matin pour être à l’heure au petit-déjeuner de 6 heures. Car, pour notre dernière sortie, contrairement aux autres jours où nous prenions notre petit-déjeuner à 8h, celui-ci était à 6h.

 

En mer, alors, que nous avançons, j’aime bien connaître des moments où le bateau avance et où il n’y a que lui, et la mer, le vent, que l’on entend. Mais, d’autres, préfèrent ou ont absolument besoin de parler dans ces moments-là.

 

Néanmoins, malgré ces particularités et ces « disparités Â» de tempéraments et d’expériences marines et maritimes entre nous, notre séjour s’est bien déroulé. Parce-que nous nous étions encordés à une certaine bienveillance mutuelle.

 

Par la tenue des horaires décidés pour le petit-déjeuner. Pour le briefing de la journée. Pour être avec les autres. Pour réaliser les tâches diverses. Préparer les repas. Faire la vaisselle. Décharger et charger le zodiac. Faire les courses. Pour attraper une assiette ou un verre et le donner à qui en avait besoin à table au moment du repas etc…..

Port Haliguen, Quiberon.

 

La bienveillance, autant que la confiance et l’expérience ont permis selon moi la bonne réussite de ce séjour à Quiberon. Il était possible de les vivre très concrètement au vu de ces disciplines particulières, plutôt exigeantes, que sont l’apnée et la chasse sous-marine :

 

On s’aperçoit vite de la personne qui, lorsque l’on aspire à revenir sur le bateau nous tend la main pour prendre notre ceinture de plomb ou a un regard sur nous. Comme de celle ou de celui qui, lorsque l’on remonte à la surface, nous attend. De celle ou celui qui nous prête le mousqueton qu’il a en plus et dont on a besoin.

 

 

La bienveillance est aussi nécessaire dans bien d’autres entreprises humaines que ce soit au travail, avec les amis, en couple, son voisinage, avec son enfant etc….

 

Mais j’ai aussi lu d’autres mots écrits à notre retour pas d’autres membres du groupe pour expliquer la réussite (ressentie par tous) de ce séjour à Quiberon. Je ne les ai pas tous retenus alors que je termine cet article. Mais il y avait :

 

Bonne humeur, détermination,  persévérance, capacité à accepter certaines exigences etc…..

 

J’ai sans doute plus appris ou réappris lors de ce séjour de quelques jours à Quiberon, avec mon club d’apnée, qu’en lisant hier soir ces journaux avant d’aller me coucher.

 

Bien-sûr, pour apprendre certains enseignements, il faut être disponible pour eux. On peut n’être que disponible pour les mauvaises nouvelles et n’apprendre que ça :

 

 Que tout va mal et toujours très mal, à chaque instant, partout dans le monde, avec les autres et aussi en soi-même.

 

On peut choisir de s’orienter uniquement ou principalement avec les mauvaises nouvelles en se disant qu’en se préparant- et en pensant- toujours au pire, ainsi, on se réserve de bonnes surprises. Sauf que, de cette façon, si l’on s’épargne en effet certaines déconvenues et certaines désillusions, on aborde aussi la vie, les événements et les autres avec une certaine dynamique et un certain état d’esprit qui font barrage, frontière ou obstacle à certaines possibilités, élans ou initiatives, repoussées ou dissuadées par notre comportement alors plus proche de l’écueil que de l’accueil.

 

J’espère avoir un peu plus de bienveillance que ça envers moi-même. Etre plus accueil qu’écueil pour ce que j’ai à vivre. Et, si possible, être suffisamment accueillant envers les autres lorsque ceux-ci sont… bienveillants.

 

Mais être accueillant envers la bienveillance n’est pas inné. Il est nécessaire de pratiquer régulièrement. Autrement, on a assez vite fait de dériver et de se retrouver, de nouveau, entouré principalement de mauvaises nouvelles. Et, là, toutes le bouées que l’on nous aura jetées ou que l’on aura pu essayer de nous adresser ne suffiront pas.

 

Franck Unimon, ce jeudi 27 Mai 2021.

 

 

 

 

 

 

 

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Je ne suis pas un aventurier

 

Port Haliguen, Quiberon. Mai 2021.

 

 

 

                                               Je ne suis pas un aventurier

 

Je ne suis pas un aventurier. En janvier de cette année, j’ai prononcé cette phrase, parmi d’autres, lors de mon discours de départ de mon précédent service. Service où, à ce jour, je suis resté ancré le plus longtemps : 11 années. Trois ans de jour pour commencer, puis huit de nuit pour finir.

 

J’ai fait trois fois mon pot de départ en effectifs réduits du fait de la pandémie du Covid. J’ai dit trois fois mon discours. J’ai donc répété cette phrase trois fois :  » Je ne suis pas un aventurier ». Certaines phrases, comme les vagues, se répètent. Mais nous ne les écoutons pas toutes. Parce-qu’elles sont trop nombreuses. Parce-qu’elles se ressemblent toutes. Parce-que nous sommes des araignées emportées par les sillons de nos propres toiles. Les vagues, aussi, sont des toiles. Elles accumulent les jours et les nuits plus qu’elles ne reculent devant elles.

 

J’avais déjà travaillé de nuit ailleurs, auparavant. 

 

Dans les logements où j’ai vécu, toujours en ville, à ce jour, toujours en banlieue parisienne, j’ai un peu oublié la moyenne, mais j’y suis resté six ou sept années. Toujours dans des appartements,  exception faite du pavillon que mes parents avaient acheté à Cergy-Pontoise et où nous avions emménagé. J’avais 17 ans. Et, pour moi, alors, quitter Nanterre et notre immeuble de 18 étages, dans notre cité HLM, cela avait été l’exil. M’éloigner d’une trentaine de kilomètres de ma région natale, les Hauts de Seine, pour cette région du Val-d’Oise, alors décrétée « ville nouvelle Â».

 

 

Depuis l’esplanade de Paris, à quelques minutes à pied du pavillon de mes parents, par temps clair et ciel dégagé, je pouvais apercevoir la grande Arche de la Défense. C’était tout ce qui me restait à peu près, visuellement, comme contact, de Nanterre.

 

Il suffit de quelques kilomètres de différence par rapport à notre périmètre familier pour avoir l’impression d’être en quelque sorte « excommunié Â» du paradis où, pourtant, plus d’une fois, on s’est senti à l’étroit. Plus que la distance que l’on met entre soi et les autres, mais aussi entre certains événements et nous, ce qui compte, c’est le choix que l’on fait et le moment de ce choix. Et, je n’avais pas choisi de partir de Nanterre. Pourtant, à 17 ans, j’y partageais ma chambre avec ma petite sÅ“ur et mon petit frère. Il y a mieux comme intimité. D’autant que j’avais été fils unique pendant les neuf premières années de ma vie.

 

A Cergy-Pontoise, et jusqu’à mon départ de chez mes parents, un départ choisi après mon service militaire, j’allais, de nouveau, avoir ma chambre pour moi. J’allais aussi découvrir le calme. Le silence. Le calme et le silence d’une maison, d’un quartier pavillonnaire, d’une presque campagne, contre le tintamarre commun de la cité et de l’immeuble HLM :

 

Le jeune qui rôde sa mobylette dans la rue et qui enfile les tours de la cité en augmentant graduellement la vitesse de son engin motorisé avec, bien-sûr, le pot d’échappement pétaradant. Le voisin qui attaque son appartement à la chignole pour du bricolage. Les autres qui claquent la porte de leur appartement car celle-ci se ferme mal. Les gens qui s’engueulent. Les représentants qui électrisent subitement l’atmosphère dans l’appartement au moyen de la sonnette de la porte. Comme s’ils étaient chez eux. Les enfants/ les copains qui, depuis la rue, crient pour appeler leur copain afin qu’il descende jouer avec eux. La musique forte :

Même si, à la maison, on écoutait aussi de la musique à un volume sonore plus ou moins élevé, le tube Où sont les femmes ? De Patrick Juvet, mis et remis en selle, par la plutôt jolie fille aînée ( plus âgée que moi) de nos voisins directs, fait partie, à jamais, de mes souvenirs de Nanterre.

 

Je ne peux même pas dire si j’ai aimé entendre cette chanson : je n’avais tout simplement pas le choix. C’était comme ça. C’était normal. Et, à Cergy-Pontoise, dans ce pavillon acheté par nos parents, c’était exactement le contraire. Bien qu’il s’agissait d’un coin « civilisé Â», avec marché, médiathèque, piscine et centre commercial à proximité ( même si, comparativement aux Quatre Temps de la Défense, le centre commercial Les Trois Fontaines a d’abord fait un peu « pitié Â»), j’ai d’abord eu l’impression d’être arrivé dans un coin paumé. Pourtant, il y avait des gens. Et des jeunes de mon âge. Mais je ne les connaissais pas. Et la densité était moindre qu’à Nanterre.

 

Depuis mon enfance, je n’ai pas trop de problème pour sympathiser avec les autres. C’est peut-être un trait de mon tempérament. Ou, aussi, une résurgence des colonies de vacances et des centres de loisirs où je suis allé dès mes six ans voire plus tôt. Dans la ville de Cergy-Pontoise, en plus de vingt ans, je ne me suis fait aucun ami en dehors du travail. Tous mes amis de Cergy-Pontoise ont un rapport avec mon travail. J’ai en grande partie rejeté cette ville et ce qu’elle pouvait m’offrir dans le domaine associatif, sportif et autre. Pourtant, j’y ai croisé des gens en bien des circonstances.

 

Si j’avais été un aventurier, en six mois à Cergy-Pontoise, je me serais reconstitué un réseau d’amis pour remplacer celui dont j’avais été séparé à Nanterre. J’aurais fait le tour du monde à vélo ou à la voile. Je serais parti vivre plusieurs années à l’étranger.

Je serais venu habiter dans Paris lorsque les prix, dans l’ancien, à l’achat, étaient encore supportables : avant l’an 2000.

 

Je suis prudent. Je peux être méticuleux. Et, je peux être, aussi, particulièrement…. lent.  Mais je suis, aussi, assez curieux dans les deux sens : un personnage étrange, pas tout à fait conforme, qui n’avance pas au même rythme. Et qui ne pense et ne s’exprime pas toujours comme on pourrait s’y attendre. Ou l’exiger. Qui semble- et qui est- en retrait des autres mais qui, contre toute attente, peut être attentif aux autres de façon plutôt surprenante.

 

Cela n’est pas calculé. Les horaires des marées hautes et basses de mes pensées suivent des lunes qui, sans doute, sont peut-être moins communes mais sont aussi faites d’écume. Ce qui peut les rendre plus difficiles à cerner comme à prévoir sur le comptoir des échanges relationnels. Or, ce qui est incompréhensible peut dérouter ou faire peur.

 

Et dans quel domaine, je travaille ? En psychiatrie et en pédopsychiatrie. Soit un domaine où les personnes, les patients mais aussi les collègues, que l’on rencontre peuvent être susceptibles d’agir comme de penser de manière….incompréhensible. On dirait presque que je le fais exprès, de dérouter mon entourage. 

 

Mais, dans la vie, aussi, nous assistons à bien des phénomènes incompréhensibles.

 

Incompréhensibles. Mais, aussi, parfois, incompressibles.

 

 

Il m’a fallu plus de dix ans entre le moment où je me suis intéressé à la plongée avec bouteille. Et le moment où je me suis lancé en Guadeloupe jusqu’à y passer mes deux premiers niveaux. Pour l’instant, j’ai effectué 39 plongées avec bouteilles dont deux ou trois à quarante mètres.

 

Il m’a fallu à peu près le même temps ( plus de dix ans) pour me décider à prendre des cours de théâtre et jouer sur scène mais aussi dans des courts-métrages. Idem pour le roller etc….

 

 

Mon univers est sans doute celui d’un homme à l’envers. Pourtant, je sais ce qu’est le fait d’avoir des Devoirs et des engagements. Je n’ai pas beaucoup de leçons à recevoir des autres en matière de Devoirs et d’engagements. Pour cela, il me suffit de considérer ma vie, certains de mes sacrifices, même si je ne les ai d’abord pas toujours reconnus comme tels, et regarder un peu comme d’autres vivent autour de moi, pour savoir que je suis très en règle avec mes Devoirs et mes engagements. Voire, peut-être trop.

 

 

La pratique de l’apnée, en club, est devenue concrète pour moi il y a quatre ou cinq ans, maintenant. Après d’autres expériences tant personnelles que professionnelles. Là, aussi, il s’est passé un certain nombre d’années entre le moment où j’ai décidé de  faire les démarches pour m’inscrire dans un club d’apnée et le jour où je l’ai fait. Evidemment, avant de faire ça, j’avais déjà lu, ou vu, sur des professionnels de l’apnée. Des « professionnels Â» au sens commun :

 

Des pratiquants de l’apnée médiatisés pour leurs performances hors-normes lors de certaines compétitions. Des gens que l’on surnomme souvent « L’homme-poisson Â», « L’homme-dauphin Â» etc….

Il y avait des femmes, aussi. Audrey Mestre, en particulier.

 

Si l’aspect « performance Â» de l’apnée a pu me séduire, comme un mannequin, un beau blouson éclairé en vitrine ou une vedette de cinéma peut aussi nous séduire, il est un autre aspect qui m’a, je crois, le plus « dragué Â» dans l’apnée :

 

La maitrise de soi. Le calme. La contemplation. L’apprentissage et la découverte de mes capacités. L’adaptation à un autre environnement. Adaptation, qui, ensuite, sans même y penser, se transpose, dans ma vie terrestre.

 

Des aptitudes requises mais qui peuvent aussi être développées, sollicitées, par la pratique de la plongée avec bouteille, de la psychiatrie et de la pédopsychiatrie, du théâtre, du massage bien-être, de la lecture, du journalisme cinéma, de l’écriture, du judo et de tout art martial mais aussi de tout sport de combat, diverses rencontres, la vie de couple, de famille ou le fait d’éduquer/d’essayer d’inspirer son enfant.

 

Il est courant d’opposer des disciplines qui, a priori, semblent antagonistes ou étrangères les unes aux autres. Entre ces disciplines, ces rôles et ces états, je recherche plutôt une certaine complémentarité.

 

Les personnes qui me connaissent un peu ne seront pas surprises par ce que j’avance.

 

J’ajouterai que la pratique de ces diverses disciplines – et d’autres- permet d’approfondir une certaine expérience de l’économie du geste, de la pensée, du calme, de la sincérité envers soi-même pour résumer. Et que cette pratique se réalise en « s’immergeant Â» en soi-même. Mais aussi en apprenant à observer et à ressentir, ce qui nous entoure (êtres, objets, éléments, événements). Et, aussi, en allant à leur rencontre dans la mesure de nos moyens, de nos limites et de nos connaissances.

 

 

Je ne suis pas un aventurier. Des quatre ou cinq jours que je viens de passer à Quiberon avec mon club d’apnée, mon troisième stage avec mon club, et mes trois seules sorties en mer de ce type, je suis revenu avec la sensation d’être un peu plus à l’aise dans l’eau en tant qu’apnéiste. Mais je ne suis pas encore autonome.

à suivre….

 

Franck Unimon, ce mardi 25 Mai 2021.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Corona Circus self-défense/ Arts Martiaux Vélo Taffe

Vélo taffe : photos du 10 Mars au 10 Mai 2021.

 

 

« Certains vélos sont faits pour rouler, le mien est fait pour pédaler« . 

 

C’est ce que je me suis dit en revoyant un usager de cette marque de vélo que, cette fois, je laisserai dans l’anonymat. Chaque fois que je croise une personne sur ce genre de vélo, tout autant mécanique que le mien, je perçois en elle une aisance qui se refuse à moi. Pourtant, cela fait trois mois maintenant, à peu près, que j’ai troqué mes trajets de métro contre un vélo pliant. Et, je ne crois pas être si hors de forme que cela. Néanmoins, je m’apparente souvent à un rétro lorsque celle ou celui qui se déplace sur un de ces prototypes le fait avec une tranquillité indifférente. Le pire, peut-être, cela a été en « soulevant » le boulevard Raspail vers la place Denfert Rochereau :

Un homme assis sur cet objet qui m’intrigue filait sans forcer tout en conversant avec une dame pratiquant elle l’escalade au moyen d’un vélo grand format. Et, moi, qui faisais de temps à autre irruption sur leur tracé, j’étais non seulement presque comme une incongruité. Mais je voyais bien qu’après chaque arrêt, j’avais plus de mal qu’eux pour me relancer. 

Je n’irai pas jusqu’à arracher les cheveux ou à crever les pneus d’une certaine catégorie de personnes. Car une certaine absence de testostérone résonne en moi pour ce genre de projet en pareilles circonstances. Mais j’ai eu le temps de gamberger. J’accepte facilement que des grandes roues ou des vélos profilés course me négligent ou me fusillent sur place. J’accepte même que des vélib’ lourdauds tractés par des mollets alcooliques me déversent des dizaines de mètres de distance dans la vue. Par contre, je me fais scrupuleux lorsque cette catégorie de vélo pliant me passe dessus ou devant. Car dans ses rayons, il y a comme un chant. Et celui-ci n’est pas bon pour mon entendement.

 

En attendant, je reste étonné de voir que, quelle que soit la marque, le style du vélo ou la pompe de celle ou celui qui l’emploie, c’est souvent la volonté de la course qui se retrouve. A part quelques touristes sans autre rendez-vous que l’instant. Assez peu, donc, posent le pied ou la cadence afin de faire le mur du temps et de prendre quelques photos.

Sur mon vélo de baltringue, dont la selle descend régulièrement et que je dois donc relever, je suis content de visiter quelques points de vue avant que ceux-ci n’aient disparu. A découvrir dans le diaporama qui suit. La musique a été choisie par ma fille. 

A bientôt !

 

Franck Unimon, ce dimanche 16 Mai 2021.

 

 

 

 

 

 

 

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Apnée self-défense/ Arts Martiaux

Préparatifs pour le stage d’apnée à Quiberon, Mai 2021

Place de la Concorde, ce matin, vers 9h.

 

 

Préparatifs pour le stage d’apnée à Quiberon de ce mois de Mai 2021

 

Choisir, c’est franchir :

En allant ce matin, jeudi de l’Ascension -mais aussi fin du Ramadan cette année pour les musulmans–  Ã  la gare St Lazare, à vélo, après une nuit de travail de douze heures, j’ignorais encore que j’écrirais cet article.

 

Sur le trajet, comme à mon habitude depuis bientôt trois mois maintenant, à l’aller comme au retour, j’ai pris des clichés. Comme chaque fois qu’un endroit, une lumière ou un événement me porte.

 

J’ai « publié Â» certaines de ces photos sur ma page Facebook ou sur ma page instagram. Mais, la plupart du temps, j’ai réservé le plus gros de ces photos prises lors de mes trajets pour mon blog, balistiqueduquotidien.com, dans la rubrique :

 

Vélo Taffe.

 

Je ne fume pas. J’ai juste un peu crapoté, ado, sur un terrain vague, près du supermarché Sodim, à Nanterre, qui existait, alors, près de la Cité Fernand Léger, une cité d’immeubles HLM de 18 étages, où j’ai grandi jusqu’à mes 17 ans. Et, puis, ça a été tout pour ma prise de nicotine ou de substance par voie respiratoire ou pulmonaire.

 

Mais j’ai aimé l’idée du jeu de mot avec « Taf Â», le travail. Et le fait « d’inhaler Â» du vélo. Parce-que je voulais voir le fait de faire du vélo comme une respiration. Un mode de vie. Comme bien d’autres disciplines.

 

Au premier plan, à droite, le technicien que j’ai interrogé et qui m’a répondu :  » Je ne sais pas pour quel film ! ». Ce matin, vers 9h.

 

Ce matin, très beau ciel bleu. Une belle lumière, dehors. Et, Place de la Concorde, le tournage d’un film. J’ai interrogé un des techniciens du film qui se dirigeait vers moi. Sans doute le technicien lumière. Celui-ci m’a répondu avec le sourire :

 

« Je ne sais pas pour quel film ! Â».

 

Dans le camion, blanc, à droite, « Au P’tit coin », lieu de détente ou de relâchement des sphincters. Ce camion fait sans doute aussi partie de la logistique du tournage, car, habituellement, il n’est pas là.

 

L’article que je suis en train d’écrire est sans aucun doute un film que je me fais et que je suis en train de tourner. Comme chaque fois que je suis inspiré pour écrire. Et que je dispose de suffisamment de temps pour le faire. Je ne vis pas de ce que j’écris. Je le fais donc dès que je peux capter un peu de temps par-ci par là, tout en composant avec ma vie de famille, de couple, de père,  de citoyen et d’employé.

 

Je dois donc concilier constamment plusieurs contraintes. Mais, ce faisant, comme la plupart des amateurs et des gens qui m’entourent et, de par le monde, j’ai ainsi accès à plusieurs vies. Chacun de mes articles est donc un tournage intime et public qui essaie de réunir, de projeter et de rendre attractives mes quelques vies d’ici et d’ailleurs. D’hier, d’aujourd’hui et de demain. Autant que je me souvienne. Pendant que j’ai encore de la mémoire, de l’envie et du plaisir.

 

A Penmarch’, en octobre 2020, lors de notre stage d’apnée avec mon club.

 

Cet article sera long. Je l’ai compris tout à l’heure en commençant à y penser chez moi. Alors, qu’au départ, il devait se contenter de faire un retour sur notre stage d’apnée à Penmarch, en Bretagne, en octobre dernier. Car j’avais pris quelques notes que j’ai facilement retrouvées tout à l’heure. J’avais aussi gardé des photos. Cet article devait être court. Il sera long. J’en suis désolé pour les lectrices et les lecteurs pressés. Pour celles et ceux qui ont besoin d’articles courts. Efficaces.

 

Je « sais Â» qu’écrire long est « anti-commercial Â». Que c’est une mauvaise stratégie pour être beaucoup lu. Mais je ne peux pas et ne veux pas me  soumettre à toutes les pyramides des tyrannies. En particulier, à celles qui consistent à faire du buzz à tout prix. A celles qui consistent à privilégier des pensées et des sensations cosmétiques.

 

Je n’écris pas et ne travaille pas pour l’Oréal. Et, encore moins pour les vitrines des grandes surfaces qu’elles soient de luxe ou non. J’écris comme je vis. Donc, si cet article doit être long, il sera long.

 

Lors d’un des ateliers d’écriture auxquels j’avais participé à la médiathèque de Cergy-Préfecture, il y a plusieurs années ( il y a plus de dix ans) l’écrivain qui l’animait avait dit :

 

« On écrit comme on respire Â».

 

Mon initiation à l’Apnée :

 

Je me suis inscrit à mon club d’apnée, à Colombes, dans les Hauts de Seine, il y a environ quatre ans, maintenant.

 

Mais je suis arrivé à la pratique de l’apnée…par la plongée avec bouteille. Discipline que j’avais découverte il y a plus de dix ans maintenant. En Guadeloupe. 

 

 

La plongée avec bouteille fait partie avec le roller de ces disciplines que j’ai découvertes et pratiquées, sur le tard. Alors que j’avais une trentaine d’années.

 

Ce sont des disciplines vers lesquelles je lorgnais depuis des années, comme j’ai aussi pu lorgner vers la pratique du théâtre pendant des années. Avant, là, aussi, de me décider à me lancer dans cette expérience avec plaisir.

 

C’est un Antillais, Jean-Charles, alors président et animateur d’un club à Cergy-Pontoise, Les Roller Eagles, qui m’a initié au sein de son club au roller. Je ne suis pas un pratiquant émérite de Roller. Mais, grâce à lui et à plusieurs sorties en club avec lui, j’ai pu faire des sorties d’une vingtaine de kilomètres sur la route, quelques randonnées, mais aussi participer à une ou deux randonnées nocturnes sur Paris. Jean-Charles a un rapport très concret aux rollers. Son enseignement visait à nous rendre aussi autonomes que possible en milieu urbain.

 

Aujourd’hui, j’ai toujours mes rollers même si je les utilise peu.

 

C’est un Corse, Stephan, qui, en Guadeloupe, dans la commune de Sainte-Rose, m’a initié à la plongée avec bouteille, dans son club : ALAVAMA.

 

Pourquoi Sainte-Rose ?

 

D’une part, parce qu’après avoir vécu une trentaine d’années en France, où je suis né, mes parents, natifs de la Guadeloupe, sont retournés vivre en Guadeloupe et se sont établis à Ste-Rose.

D’autre part, parce-que, après être allé rencontrer plusieurs dirigeants de clubs de plongée, c’est avec Stéphan, qu’humainement, je m’étais d’emblée senti le mieux.

Enfin, son club est un « petit Â» club. Et non une grosse usine de plongée. Cette particularité m’avait aussi plu.

 

Jean-Charles, tout comme Stephan, sont deux personnes que j’avais choisies. Or, choisir, c’est franchir….

 

Relater ça, et les origines de Jean-Charles, d’un côté, et de Stephan, d’un autre côté, est volontaire de ma part. Même si, je me répète :

 

Ce matin, au départ, en quittant mon service où je retournerai travailler cette nuit à nouveau pour douze heures, j’ignorais que j’allais écrire cet article.

 

 

Ce matin, en me rapprochant à vélo de la gare St Lazare, je suis tombé sur l’affiche d’un politicien. Son slogan était le suivant :

 

Le choix de la sécurité.

 

J’ai pris le temps de lire ce slogan alors que j’étais arrêté au feu rouge. Peu importe, pour moi, la couleur politique de cet homme. Car nous vivons dans un monde et dans un pays de frontières de toutes sortes :

 

Culturelle, sociale, ethnique, sexuelle, intellectuelle, politique, économique, religieuse, militaire, mentale….

 

Et, la pandémie du Covid, ses répercussions économiques et sociales, la géopolitique et d’autres facteurs accroissent de plus en plus les tensions autour et à propos de toutes ces frontières. Certaines frontières et tensions sont plus explicites que d’autres. Certaines sont plus directes que d’autres. Certaines sont plus visibles que d’autres.

Mais qu’on les perçoive ou non, ces frontières et ses tensions pèsent en permanence sur nos vies. Sur nos choix. 

 

 

Ce politicien n’a pas choisi ce slogan par hasard. Nous avons tous peur de quelque chose. Je ne crois pas aux gens qui n’ont- jamais- peur de rien. Même si certaines personnes ont une assurance terrifiante. Mais il n’y a qu’à voir comment finissent certains despotes, monarques ou dictateurs pour s’apercevoir ou se rappeler que lorsque le Pouvoir, qui reste du sable, leur échappe, ils ont peur et fuient comme tout un chacun.

 Enfants ou adultes. Jeunes. Vieux. Gros. Maigres. Yeux bleus, yeux marrons. Blancs ou noirs. Musulmans ou catholiques. Riches ou pauvres. Chômeurs ou travailleurs. Femmes ou hommes. Immigrés ou « nationaux Â». Sportifs ou sédentaires. Propriétaires ou locataires. Résidents ou SDF. Cyclistes ou piétons, nous avons tous peur de quelque chose ou de quelqu’un à un moment ou à un autre. 

 

Sauf que si la sécurité devient la seule norme et le seul critère possible, alors, tous les replis communautaires, quels qu’ils soient, se justifient. Ainsi que la peur de l’autre. Comme la peur et le rejet pour toute expérience et toute rencontre qui sort de notre pratique et de nos connaissance familières et connues.

 

Si je n’avais fait que le choix de la sécurité, jamais, je ne me serais lancé dans la découverte du roller.

Jamais, je ne me serais lancé dans la découverte de la plongée avec bouteille. Et, jamais, je ne me serais lancé dans la découverte de l’apnée. Car ces trois disciplines ( roller, plongée avec bouteille, apnée) font peur, comportent des risques, et ne font pas partie de mon « habitat Â» naturel ni de mon héritage familial.

 

Penmarch’, Octobre 2020.

 

Mon héritage familial : Un héritage d’ Ultra-marins

Les Antillais peuvent aussi être dénommés « ultra-marins Â» : Nous venons ou sommes originaires de l’Outre-mer. Mais, « ultra-marins Â», ne signifie pas du tout « sous-marins Â».

 

Il existe bien évidemment des Antillais parfaitement à l’aise sous l’eau, que ce soit des chasseurs sous-marins ou des plongeurs avec bouteille. Mais, d’après mon expérience personnelle et familiale, ces Antillais sont une minorité.

 

Dans ma famille, nous sommes plutôt des terriens ou des terrestres. Mes parents savent nager, d’accord. Mais, contrairement à d’autres personnes, je n’ai aucun souvenir de vacances ou de journées passées sous l’eau ou sur l’eau avec mes parents.

 

Par contre, le Foot, la course à pied, le cyclisme voire la boxe, ça, oui, ça fait partie de mon patrimoine familial et culturel. Que ce soit en tant que pratiquant ou en tant que spectateur. Mais le roller, la plongée avec bouteille ou l’apnée, certainement pas.

 

Je me rappelle encore d’un de mes grands oncles paternels, aujourd’hui décédé, tout étonné, alors que je venais de lui parler d’une sortie plongée récente, d’apprendre que, non, je n’avais pas pêché de poisson ! J’avais alors compris que son rapport à la mer était strictement nourricier. Comme, pour certains hommes, le rapport à la femme peut n’être que strictement sexuel, procréatif ou domestique.

 

Je me rappelle aussi du mari, aujourd’hui décédé, de ma tante paternelle, pêcheur, me racontant- également en Créole– qu’il avait vu, comme il me voit, certains de ses collègues, tomber à la mer et se noyer sous ses yeux. Et, si je me souviens bien, cet « oncle Â», très bon marcheur par ailleurs, ne savait pas nager. D’ailleurs, il n’est pas mort en mer. Mais en faisant une mauvaise chute dans des escaliers. Peut-être à cause de son alcoolisme. Plus saoul marin, donc, que sous-marin

 

Je me rappelle aussi comme, en Guadeloupe, certains locaux me regardaient comme un élément insolite, alors que depuis le club de plongée de Stephan, je figurais parmi les touristes (les blancs, pour faire simple) se dirigeant vers la mer et le bateau pour aller plonger plus loin.

 

Et, puis, je suis aussi obligé de rappeler que la mer, pour bien des ultra-marins, cela reste l’élément hostile, d’amnésie et de douleur, le récif qui nous a découpé et « séparé Â», de par l’esclavage, de la terre originelle : l’Afrique. Même si, depuis, l’Afrique est devenu un continent « autre Â». Je connais peu, très peu d’Antillais, qui ont sillonné l’Afrique. Même moi, à ce jour, je ne suis toujours pas allé en Afrique. L’Afrique, pour beaucoup d’ultra-marins, c’est peut-être encore le continent de la défaite, du rejet, du deuil difficile ou impossible. Du reste, en occident, l’image- grossière- de l’Afrique reste régulièrement défigurée et : famine, dictatures, pauvreté, violences et, maintenant, jihadisme….

 

Par contre, nous sommes nombreux, aux Antilles ou en France, à regarder avec une certaine admiration nos « cousins » d’Amérique. Si Nelson Mandela, en tant que militant, est sûrement un leader africain estimé et reconnu aux Antilles, il me semble qu’à part lui, que nous serons souvent plus facilement inspirés pour admirer et citer des grands leader et des grands héros, noirs américains. Et, ce sera pareil pour des acteurs et des actrices noirs américains ou britanniques. Personnellement, je retiens le nom et « connais » bien plus d’acteurs et d’actrices noirs américains que d’actrices et d’acteurs africains. Cela pour dire jusqu’à quel point nous avons pu être séparés et pouvons continuer de nous séparer de l’Afrique…..

 

 

C’est donc dire à quel point, pour moi, le « Moon France Â» ( jeu de mot avec « Moun Frans Â», terme péjoratif que j’ai eu le privilège de découvrir dès mes 7 ans en Guadeloupe, pour mon premier séjour de vacances là-bas), le fait de choisir, à un moment donné, de découvrir une discipline comme la plongée avec bouteille, puis l’apnée, a nécessité que j’aille à contre-courant.

 

La facilité, la simplicité ou la lâcheté aurait évidemment consisté, pour moi, à suivre le courant. A me laisser résoudre et fabriquer selon les exemples et les modèles à ma portée immédiate :

 

D’après mes modèles familiaux et culturels. Mais aussi sociaux. Ce qui arrive encore constamment.

 

On peut très bien vivre dans un pays, une région ou une ville où il existe plein de possibilités de découvertes et d’épanouissement et s’en couper complètement. Et, vivre, de façon repliée. En faisant le choix de certaines certitudes. En faisant le choix….de la sécurité :

 

Je suis resté marqué par ce jeune croisé un jour alors que je venais d’emménager dans la ville d’Argenteuil en 2007. Je cherchais alors, près de la dalle d’Argenteuil, la médiathèque. Le jeune, qui, selon moi, habitait dans le coin, m’avait répondu qu’il ne savait pas où elle se trouvait. Et puis, en tournant la tête, je m’étais aperçu qu’elle était juste là, à quelques mètres de nous. Ouverte. Offerte. Gratuite.

Ce jeune devait passer devant cette médiathèque régulièrement sans le savoir. Je suis persuadé que nous agissons bien des fois comme ce jeune en bien d’autres circonstances. Et, cela, tout au long de notre vie. Et, personnellement, cela m’attriste, voire, m’inquiète. 

 

Prendre la peur comme seul critère pour choisir de vivre et pour sélectionner son environnement comme celles et ceux que l’on va fréquenter revient, à un moment ou à un autre, à se rapprocher davantage de la peur.

Photo prise à Penmarch, lors de notre stage en octobre 2020.

 

Ce Lundi 9 Mai 2021 :

Ce Lundi 9 Mai, nous étions six à assister et à participer à cette visio-conférence organisée par Yves, le responsable de la section apnée de notre club.

 

Le but était de préparer notre stage d’apnée à Quiberon la semaine suivante (dans quelques jours).

 

Comme à son habitude, et avec simplicité, Yves a de nouveau déployé l’étendue de ses compétences.

 

Etant donné que c’est le premier club d’apnée que je connais, je n’ai pas d’élément de comparaison avec un autre club d’apnée. Mais, régulièrement, je suis admiratif de voir comme Yves, originaire de Bretagne, semble maitriser tant d’éléments :

 

Météo, maritime et terrestre, topographie des lieux, coût du carburant, planning, coût de l’hébergement, permis bateau, pêche sous-marine, cuisine et préparation de ce que nous avons pêché, matériel….

 

En outre, il semble inaltérable et infatigable. Ce qui est humainement impossible. Et, pourtant. Dernier couché, premier levé. A Penmarch’, en short et tee-shirt à manches courtes, je l’ai vu profiter d’un temps de pause pour passer la tondeuse autour de sa maison familiale alors que nous étions sortis le matin. J’étais aussi couvert qu’il était en tenue d’été ( en octobre, en Bretagne !) et plus bon pour la sieste que pour le jardinage.

 

On m’objectera que c’est son rôle. Et que c’est la moindre des choses. Peut-être.

 

Mais avec une telle aisance, tant d’un point de vue pédagogique, tant sur terre, sur bateau que sous l’eau ?

 

Hé bien, je vais affirmer que non ! Tout le monde n’est pas comme lui. Et, il faut savoir voir ce que certaines rencontres ont d’exceptionnel même si les personnes concernées s’en défendront souvent.

 

Un tel engagement, une telle compétence,  dans une discipline si technique et potentiellement, si dangereuse, si effrayante, que ce soit en piscine, en fosse ou dans un environnement naturel ? Cela serait donc si banal, que ça ?!

Je vais affirmer- quitte à l’embarrasser- qu’il ne doit pas y avoir tant d’encadrants que ça qui font ça comme lui.

 Je vais aussi affirmer que chacun d’entre nous se sentait en….sécurité alors qu’Yves, lundi ( il y a quelques jours) nous parlait, nous présentait le programme, mais, aussi, répondait à nos questions.

 

Même lorsqu’Yves, a pu nous dire à un moment que, dans tel endroit «  il peut y avoir beaucoup de courant Â». Mais qu’il suffit de se mettre à tel endroit, derrière la roche, pour se mettre à l’abri.

 

Tout en l’écoutant, je me suis demandé ce qui faisait que, moi, l’un des moins expérimentés du groupe, je pouvais me sentir si peu inquiet. J’allais quand même me retrouver, lesté de plusieurs kilos, dans une eau dont la température serait comprise entre 14 et 16 degrés, en pleine mer, durant plusieurs heures. Or, tout ce que j’entrevoyais, et attendais, c’était ce moment, où, avec les autres, j’aurais ces tonnes d’eau au dessus de ma tête. Et où je convergerais vers ces cinq ou huit mètres de profondeur, ou un petit peu plus peut-être, avec pour seule réserve et liberté, l’air que j’aurais emmagasiné dans mes poumons, ma tête. Et mes rêves.

 

A Penmarch, en octobre 2020.

 

D’accord, j’avais déjà effectué deux stages d’apnée en Bretagne avec le club. Un premier à Loctudy en 2017. Puis, un autre en octobre dernier à Penmarch. Mais cela suffisait-il pour expliquer cette tranquillité que je ressentais en l’écoutant ? Alors que je « savais Â» que si j’avais raconté à d’autres terriens- même sportifs- que nous avions prévu, avec mon club, de partir en stage d’apnée en Bretagne la semaine prochaine, que certaines et certains d’entre eux prendraient peur ou s’inquiéteraient.

 

Le choix de la sécurité….

 

Cet article est déjà long. Dans un autre, je restituerai les notes que j’avais prises lors de notre séjour à Penmarch en octobre dernier.

 

J’ajouterai avant de conclure celui-ci qu’autour d’Yves, se trouvent donc d’autres pratiquants qui ont déjà une sacrée expérience de chasse sous-marine. Mais, aussi, le doyen du club, Jean-Pierre, plus de 67 ans, et une bonne cinquantaine d’années d’expérience dans le domaine de la chasse sous-marine. Une longévité et une aisance que l’on ne peut qu’admirer. Je me rappelle encore qu’en octobre, alors que, moi, épuisé par les couchers assez tardifs et les réveils assez matinaux, j’avais opté pour arrêter ma «plongée Â» après deux heures dans l’eau ( température comprise entre 12 et 14 degrés, je crois), Jean-Pierre, lui, dans une mer qui secouait un peu, voltigeait comme un gamin dans son aire de jeu préférée. En pleine forme. Cela ne m’aurait même pas surpris s’il m’avait demandé, étonné : 

« Ah, bon ? Tu rentres, déja ? Tu arrêtes de jouer ? ». 

 

Je n’aurais jamais vu ou fait ce genre d’expérience et de rencontre si, toute ma vie, je ne m’étais tenu qu’à des choix de sécurité.

 

Penmarch, octobre 2020.

 

Franck Unimon, ce jeudi 13 Mai 2021.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Cinéma Pour les coquines et les coquins

Brigitte Lahaie en podcast

                                             

                                                   Brigitte Lahaie en podcast

 

 

Tout à l’heure, après avoir arrêté d’écrire, j’ai continué d’écouter un podcast consacré à l’ancienne actrice porno, Brigitte Lahaie.

Au tout début, dans les années 90 peut-être, pour moi, Brigitte Lahaie était « juste Â» une actrice française de film X entrevue après d’autres actrices ou d’autres femmes dénudées. Elle n’était pas nécessairement celle qui me faisait le plus fantasmer.  

Et puis, plus tard, j’avais compris en lisant une interview, peut-être, que c’était une femme intelligente. Bien consciente de ce qu’elle pouvait susciter chez un homme comme fantasme et…dotée d’humour. J’étais tombé sur une de ses réparties :

« Et, je saute Lahaie ?! Â».

Depuis la lecture de cette répartie, pour moi, Lahaie, c’est ça : une femme qui a fait du X mais qui est intelligente. Et drôle.

Mais peut-être, aussi, que depuis que j’avais entendu parler d’elle la première fois dans les années 90 (ou 80 ?) que ma sexualité avait un petit peu évolué. Et que c’était aussi moi qui étais devenu un tout petit peu plus intelligent et drôle. 

D’autres années sont encore passées depuis les années 90 ou 80. Et puis,  je suis tombé sur ce podcast, il  y a quelques jours. Je l’ai donc téléchargé avec bien d’autres podcast sur bien d’autres sujets.

Je n’avais pas envie de mater Brigitte Lahaie :

 C’était la femme intelligente que je voulais entendre. 

Ce fut assez drôle d’écouter ce podcast. Sauf que le comique de situation n’est pas venu de Brigitte Lahaie.

 

Dans cette émission appelée Mauvais Genres passée sur la radio France Culture le 2 Mai 2020, Lahaie était entourée de spécialistes du X qui étaient majoritairement des hommes apparemment sexagénaires. ( Lahaie, née en 1955, si je ne me trompe, a, elle…65 ans au moment de l’émission).

Il y avait aussi une femme qui, elle,  peut-être plus jeune ( environ la quarantaine ?) était sûrement plus concernée par l’image de la femme, la place de la femme mais aussi, bien-sûr, la libération de la femme. Et par la façon dont la carrière de Lahaie au cinéma mais aussi dont les engagements ensuite avaient pu contribuer à la libération de la femme. En Occident, et, en particulier, en France

Depuis une vingtaine d’années, Brigitte Lahaie est animatrice radio. Elle a écrit deux livres. Elle est considérée comme l’une des rares anciennes actrices pornos à avoir pu jouer dans des films de la filière dite classique ou traditionnelle. Mais aussi à avoir réussi sa reconversion professionnelle après la fin de sa carrière d’actrice. Ce que ne sont pas parvenues à faire par exemple feu Karen Bach/Lancaume et Raffaëla Anderson, héroïnes de l’adaptation cinématographique du livre Baise-Moi de Virginie Despentes. Un livre que j’avais lu. Et un film que j’avais vu au cinéma à sa sortie et qui m’avait « plu ». 

 

Dans le podcast, Lahaie dit par exemple être inquiète d’assister à une certaine régression concernant les mÅ“urs sexuelles. Et du fait que l’on puisse dire aujourd’hui que prendre la pilule, pour une femme, n’est pas un acte « naturel Â». Lahaie de demander, alors :

« Parce-que faire douze enfants et mourir en couches, c’est naturel pour une femme ?! Â».

 

Les hommes présents avec elle pour la radio France Culture, spécialistes de sa filmographie, et sans doute de bien d’autres films pornos, eux, étaient très polis, et très érudits.

Pourtant, ils faisaient penser à des hommes qui s’étaient sûrement masturbés après avoir regardé Lahaie- ou d’autres actrices du X- sur grand écran ou devant la télé bien des années auparavant. Sans rien en dire :

J’ai eu beaucoup de mal à croire que ces hommes soient des hommes ayant eu ou ayant encore une sexualité épanouie. Et, ils étaient là, à parler de tel film porno réalisé par tel réalisateur, avec tel acteur et Brigitte Lahaie. S’empressant de citer leurs connaissances. Sauf que, même cultivés, très cultivés, ils étaient restés les spectateurs et les admirateurs d’une carrière cinématographique pornographique.

Celle de Brigitte Lahaie. Alors qu’elle, cette carrière, elle l’avait vécue. Les pénétrations avaient bien eu lieu. Ainsi que les jouissances. Et, ils étaient là à en parler comme si de rien n’était. J’avais donc l’impression d’entendre des adorateurs qui, à tour de rôle, se pressaient follement pour placer leur  pièce, ou leur feulement, dans l’horodateur du regard de Brigitte Lahaie. Pour se faire connaître -et voir- par une femme qui avait disparu depuis «longtemps Â» des écrans qui les avaient marqués et qui, pourtant, se trouvait devant eux : Brigitte Lahaie.

 

Brigitte Lahaie a bien expliqué que sa carrière dans le X devait beaucoup au fait qu’elle avait en elle une blessure. Elle recherchait de l’amour dans le regard de son père. Elle rejetait aussi le fait d’avoir une vie bien rangée….

 

Dans cette émission, comme ailleurs sans doute, Lahaie expliquait que tourner des films de X, à l’époque où elle en avait tourné, jusqu’ aux années 80, lui avait permis d’apprendre à s’aimer. Et qu’elle avait eu du plaisir à s’exhiber devant la caméra. Elle voyait d’ailleurs un certain gâchis lorsque, plus tard, certaines actrices françaises, telles Clara Morgane et Laure Sainclair, déclareraient avoir fait du X pendant un temps « juste pour le travail Â». En affirmant ne pas avoir eu de plaisir particulier.  Devant la caméra, elle, Lahaie avait du plaisir même si elle dément avoir été amoureuse de ses partenaires. Et, Lahaie d’ajouter dans l’émission que «  toute femme peut arriver à jouir si elle trouve (ou rencontre) une bonne langue Â». Il n y avait pas de prétention ni de provocation de sa part. Mais elle explicitait l’idée que l’on fait mieux son travail lorsque l’on a du plaisir à le faire. 

 

A la limite, je l’ai trouvée assez sèche par moments avec ces messieurs. Mais c’était peut-être parce qu’elle avait déjà beaucoup rencontré de ces hommes qu’elle « passionne Â». Et qu’il lui importait de les raisonner ou de les aider à raisonner plutôt que d’avoir à les aider à débander.

Mais c’était drôle d’imaginer non Brigitte Lahaie dans ses tenues intimes ou ses postures d’écran – même si, ensuite, j’ai regardé un peu quels films d’elle je pourrais éventuellement trouver ou acheter d’elle- mais ces spécialistes qui semblaient retenir leur envie derrière leurs propos qui se voulaient domestiqués. Comme si parler de X en face d’une ancienne vedette du porno pouvait se faire comme on peut discuter du solfège dans un conservatoire. Mais je dois le reconnaître :

Je n’aimerais pas avoir à me confesser devant une ancienne professionnelle du porno cousine de Brigitte de Lahaie. Une telle personne sait mieux que quiconque saisir l’octave du désir qui nous attire comme de celui que l’on enclave.

 

 

 

Chez moi, depuis des années, j’ai le film La Nuit des Traquées de Jean Rollin. Un film que j’ai déjà regardé un peu. Ou entièrement. J’ai oublié. Mais dont j’ai un bon souvenir esthétique. Et qui fait partie des films que Lahaie continue de préférer.

 

 

Ce podcast m’a mis de bonne humeur.

 

 

Franck Unimon, ce vendredi 30 avril 2021. 

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Argenteuil Pour les Poissons Rouges

Avant de rentrer

 

                                                        Avant de rentrer

 

Avant de rentrer, j’ai passé quelques minutes dans la rue à remuer le ciel.

 

Je trouve que depuis le mois de mars, il y a, de nouveau, comme l’année dernière, une très belle luminosité dehors. Et, tout à l’heure près du boulevard où se trouve notre immeuble, en regardant vers la gare, le ciel était beau. Chargé de nuages et d’histoires. Clairsemé de liserés de lumière. Avec le soleil, qui, caché par les nuages, devenait lune.

Et les gens passaient à pied sans regarder pour aller à la gare. Les voitures tournaient. Les bus passaient. Pendant que d’autres personnes, debout, faisaient la queue devant le laboratoire d’analyses médicales.

 

Je me suis dit que c’était parce-que, nous, les êtres humains, nous sommes devenus incapables de faire attention à ce qui se passe dans le ciel, mais aussi de l’admirer, que nous sommes devenus malades. Que nous avons besoin de faire des analyses. Que nous avons besoin de toutes sortes de drogues. Que nous avons besoins de consoles de jeux.

 

J’ai profité de ces quelques minutes, dehors, à prendre des photos et à essayer de saisir le soleil. Même si, en soi, cette partie de la ville n’est pas jolie.

 

Car je me suis dit que tant que j’étais capable d’être content de moments pareils, que tout allait bien. Que je me portais encore suffisamment bien. Même si, je suis aussi régulièrement et souvent toutes ces personnes qui, en bien des circonstances, partent faire des analyses médicales. Prennent des drogues. Tournent dans leur voiture. Prennent le bus.

 

Sans regarder.

 

 

Franck Unimon, ce vendredi 30 avril 2021.

 

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Corona Circus Crédibilité self-défense/ Arts Martiaux

Lien entre l’immigration et le terrorisme : l’avis d’un homme de ménage

 

Lien entre terrorisme et immigration : L’avis d’un homme de ménage

 

Ô, Brûlot !

 

Il est devenu normal de vivre avec des écrans. L’une des différences entre un animal domestique et un écran, c’est que, souvent, nous devenons volontairement l’animal domestique de nos écrans.

 

On parle de temps à autre de l’enfer qui serait un endroit monstrueux où l’on souffrirait beaucoup. Et lentement. A petit feu. Je crois que l’enfer, c’est aussi l’endroit, la relation et l’expérience vers laquelle, on se dirige volontairement. Car son accès nous a été rendu très facile, de façon illimitée, et presque gratuite. Parce-que sa présentation est au départ suffisamment séduisante et captivante pour nous attirer. Ensuite, peu à peu, ça se gâte. Et, généralement, lorsque ça se gâte, c’est un peu plus difficile pour s’en extraire.

 

 

Ticket pour l’enfer ?

 

 

Cet article est-il mon ticket pour l’enfer ? Je devrais peut-être me contenter de faire mon ménage dans mon coin en restant discret. C’est peut-être ce qu’il y a de mieux pour mon karma. Faire le ménage. Me taire. Renifler la poussière en toute discrétion sans me faire remarquer. Et remercier je ne sais qui, je ne sais quoi, de pouvoir bénéficier, en toute tranquillité, de ce grand bonheur qu’ailleurs beaucoup m’envieraient :

 

 Vivre à peu près incognito en ayant un travail, en mangeant à ma faim, dans un pays en paix.

 

Mais il y a eu contact tout à l’heure avec un écran.

 

Peu importe que ce soit avec l’écran d’un téléviseur. Peu importe « l’émission Â». Ou la chaine de télé. Ainsi que l’heure.

 

Le fait est que les écrans sont partout : consoles de jeu, smartphones, télévisions, ordinateurs, tablettes etc….

 

HD, 4K, pixels, 4G, 5G…. La résolution et la qualité de restitution des images- et du son- s’améliore régulièrement. Sensiblement. Il y a même de la sensualité dans cette expérience.

 

Le rendu de ce que l’on voit, de ce que l’on entend ou de ce que l’on filme, prend en photo ou enregistre est de plus en plus extraordinaire. Et nos moyens de diffusion, aussi.

 

Je ne vais pas m’en plaindre : j’en profite aussi en tant qu’usager ou en tant que spectateur.

 

Mais il y a un paradoxe croissant qui semble déranger assez peu. La norme est d’avoir des écrans et des images  » de contact » partout en toute circonstance, ainsi que des moyens de distribution et de diffusion de ces écrans et de ces images de « plus en plus faciles Â».  

 

Ce qui m’amène à l’expérience, banale, que je viens de faire il y a quelques minutes.

En me rendant à ma séance de kiné, tout à l’heure, je suis tombé, comme lors de mes autres séances, sur la télé allumée, au fond de la salle. Laquelle, diffusait ses images, ses titres et les propos de ses différents intervenants sur le sujet du jour :

 

Lien entre immigration et terrorisme .

 

La cause de ce sujet, récemment, (vendredi dernier, je crois), à Rambouillet, dans les Yvelines, une femme flic s’est faite égorger par un homme. Cet homme serait un immigré. Et, le grand débat auquel j’ai cru assister de loin, comme spectateur, alors que j’effectuais ma séance de kiné, c’était :

 

Il faut à tout prix de nouvelles mesures pour réguler ou interdire l’immigration. Car, sans l’immigration, cet homme, la semaine dernière, n’aurait pas commis ce meurtre monstrueux qui a suscité une très « vive émotion Â» ou une « très forte émotion Â» à Rambouillet. Mais aussi ailleurs.

 

Si j’ai bien résumé.

 

 

La semaine dernière, j’avais entendu parler de ce crime. L’avis d’une de mes connaissances avait été le suivant : « Celui qui a fait ça était un enculé ! Ils ont bien fait de le fumer ! Â».

Beaucoup de personnes pensent comme lui.

 

Evidemment, je trouve le meurtre de cette femme, horrible. Qu’elle soit flic ou pas.

Evidemment, je plains la famille et les proches de cette femme. Evidemment, j’ai de la compassion pour sa famille, ses proches ou voisins sans aucun doute durablement traumatisés par cette mort et les conditions de cette mort.

 

C’est après que je commence à me mêler de ce qui ne me regarde pas. Lorsque, devant cet écran de télévision, tout à l’heure, j’ai aperçu, distraitement, toutes ces personnes en train de « bêler Â» ou de prétendument débattre à propos du sujet du jour :

 

Lien entre terrorisme et immigration.

 

Il y a une forme de colère et d’arbitraire dans mes propos. Je n’ai pas entendu ni écouté toutes les personnes réunies autour de cette table, lors de cette « Ã©mission Â» sur une chaine suivie, regardée et écoutée par des millions de téléspectateurs et d’auditeurs. Et, sans aucun doute que si je l’avais fait, que parmi eux, il en est dont les propos sur le sujet m’auraient rassuré.

 

Mais ce titre, cette accroche racoleuse, destinée à faire le buzz, Lien entre terrorisme et immigration m’a, dès le départ, avant même d’écouter, placé sur orbite. Ce qui est le but de ce genre de titre et d’accroche. Car à peu près tout le monde en se fiant à sa vie immédiate et quotidienne, a un avis, ou son avis, sur ce genre de sujet. 

 

On se plaint beaucoup moins de la colonisation-volontaire- de nos consciences par les écrans et les images :

 

On se plaint régulièrement des travers du monde et de la France. Par contre, on se plaint beaucoup moins de la colonisation- volontaire, consentie et facile- de nos consciences par les écrans et les images que l’on voit, que l’on tète, et auxquelles on s’abreuve désormais jour et nuit.

 

 

On se plaint beaucoup moins de la désertification, depuis des années, des médiathèques, des lieux de réflexion, de culture,  d’enseignement, de formation de la pensée et d’analyse.

 

L’abondance et la surabondance de culture, même proche, ne suffit pas. Il faut aussi aller vers elle, ses rencontres, ses révélations et ses miracles.

 

 

C’est ultra-facile et c’est l’enfer :

 

 

Or, désormais, il suffit juste d’allumer et de regarder son écran pour se faire livrer, où que l’on se trouve, quantité d’images et d’informations. Et pour liker. Ou Disliker. Pour kiffer. Ou haïr. Pour encourager. Ou pour harceler.

 

C’est ultra-facile. Et, c’est l’enfer. Ecran tactile, clavier ergonomique, mode enregistreur, fonction vocale, rien de plus simple, rien de plus facile.

 

Il y a même tout un tas de cookies, un nom de douceur et de cuisine, que nous avons laissés entrer dans nos vies et qui sont au courant de la composition de nos navigations sur le net.

 

Un débat facile

 

 

Et, rien de plus facile, aussi, pour ces intervenants, ce matin, sur un plateau de télé, pour débattre sur ce sujet :

 

Lien entre immigration et terrorisme.

 

 

Peu importe que ce sujet, sous une autre forme, ait déjà été lancé, relancé et titillé, au siècle passé ou même plusieurs siècles auparavant.

 

Ce sujet, ou cette thématique « marche Â». Fonctionne. C’est un pitch, un scénario qui suscitera toujours de l’intérêt. Et de l’émotion. Et, de l’émotion, on en a toute une nation à disposition, avec le meurtre de cette femme-flic la semaine dernière.

 

On a déjà le Covid, la gestion du Covid, les vaccins anti-Covid et ce qu’ils suscitent de craintes sanitaires et de polémiques. On va maintenant « varier Â» , ou faire semblant de varier, à nouveau, avec le sujet du terrorisme et y mêler, cette fois-ci, la sauce de l’immigration.

 

Les Djs du pire :

 

 

Certains de « nos Â» journalistes, mais aussi certaines de nos élites, sont des Djs du pire.  

 

Ce sont des Djs installés depuis des années, très bien payés, et qui n’ont aucune intention de quitter la scène. Puisque c’est le « public Â» mais aussi la loi du marché qui décide de leurs « tubes ». Et qui prime.

 

Car tout le monde a besoin, à un moment ou à un autre, d’un peu de musique pour rythmer sa vie. Pour la séquencer. La rendre moins monotone. Pour la partager.

 

On aime les mélanges. Dès l’instant où, d’un point de vue éditorial, ça fait du buzz, de l’audimat et du chiffre d’affaires. Que ce soit pour rejeter, exclure, ou pour flirter- à nouveau- avec le fantasme de la pureté:

« Lien entre immigration et terrorisme Â».

 

On aime aussi les mélanges. Lorsqu’il s’agit de saluer, de se féliciter du succès, de la réussite d’une « autre Â», ou d’un « autre Â», pourvu que, là, aussi, cela nous rapporte du buzz, de l’audimat et du chiffre d’affaires :

 

Je pense, ici, bien-sûr, à tous ces enfants et toutes ces personnalités « issues de l’immigration Â», hier, aujourd’hui et demain, qui contribuent et contribueront à donner une « bonne image de la France Â». 

« L’image d’une intégration réussie Â». « L’image que la démocratie à la Française réussit et produit des miracles Â».

 

Oui, la France produit des miracles

 

 

Oui, la France produit des miracles. Je le crois vraiment. Mais en matière de communication et de diffusion des idées et des pensées, la France réussit aussi des miracles de paradoxes selon moi assez meurtriers de façon directe ou indirecte. De façon consciente ou inconsciente. De façon volontaire ou involontaire.

 

 

Et, je vais citer quelques uns de ces paradoxes concernant ce thème du jour :

 

Lien entre immigration et terrorisme.

 

Il y a quelques mois, Gérald Darmanin, notre Ministre de l’intérieur actuel, était tout content d’accéder à cette nouvelle fonction ministérielle. Je le comprends. Ce nouveau poste, pour lui qui faisait déjà partie du gouvernement en tant que Ministre, était une promotion sociale et personnelle. Promotion bien plus importante, que la mienne, homme de ménage. Fonction- inventée ( je ne suis pas homme de ménage) – à laquelle, pourtant, je ferais sans doute mieux de me tenir :

 

Car on n’obtient, généralement, que des problèmes, dans sa vie, lorsque l’on sort de son rang social de subalterne. Et, je fais- vraiment- partie des subalternes dans la vie. Des personnes obéissantes qui marchent droit. Qui parlent droit. Et qui respectent tant les lois que les représentants de la loi.

 

Toute à sa joie, donc, d’avoir été nommé Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est senti autorisé à dire, librement, qu’en tant que « petit fils d’immigré Â», il était d’autant plus content de cette promotion.

 

On a bien lu : « petit fils d’immigré Â». Alors, voilà. Pour moi, c’est très simple :

 

Gérald Darmanin, en tant que « petit fils d’immigré Â», n’aurait jamais dû être Ministre de l’Intérieur ni même Ministre de quoique ce soit en France. Puisqu’aujourd’hui, après le meurtre de cette femme-flic, le grand débat est :

 

Lien entre immigration et terrorisme.

 

Donc, pour moi, Darmanin, en tant que « petit fils d’immigré Â», aurait toujours dû être considéré comme un terroriste avéré et potentiel. Et, donc, aurait toujours dû être exclu des plus hautes fonctions qu’il occupe actuellement en France.

 

 

Et, c’est pareil pour Nicolas Sarkozy, un de nos ex-Présidents de la République, un de nos Ex-Ministres. Un de nos hommes politiques français actuels qui continue de compter dans la vie politique française depuis une bonne vingtaine d’années.

 Darmanin, notre cher Ministre de l’Intérieur actuel,  voit en Sarkozy un modèle. Mais, même, apparemment, notre Président de la République actuel, Emmanuel Macron voit en Sarkozy une personne indispensable. Car, à ce qu’il se raconte entre hommes et femmes de ménage, pour être réélu Président de la République, Emmanuel Macron, aurait forcément besoin de l’appui de Nicolas Sarkozy contre l’électorat de Marine Le pen.

Marine Le Pen est bien-sûr la présidente d’abord du FN. Lequel FN, toujours sa présidence, a été rebaptisé,  RN ( pour Rassemblement National). Marine Le Pen, est la fille de Jean-Marie Le Pen ( ex-Président du FN, pour Front National, parti d’Extrême Droite).

 

Cependant, Nicolas Sarkozy a des origines hongroises. C’est donc, aussi, un autre Â«  immigré d’origine Â». Un « immigré d’origine », qui, depuis des années, je crois, a ses appartements dans le 16ème arrondissement de Paris, un arrondissement de privilégiés. Mes informations sont approximatives car, je n’ai jamais habité ou eu les moyens d’habiter dans le 16èmearrondissement de Paris. Je n’ai fait que passer dans certaines rues du 16ème arrondissement ou y prendre le métro. Je ne suis pas encore allé faire le ménage chez lui. Ce qui serait sans doute, pour moi, une très haute marque de distinction sociale, peut-être l’une des plus hautes que je pourrais obtenir dans ma vie.

Sarkozy, lui, de son côté, a été Maire, pendant des années, du 16 ème arrondissement.

Jamais, en tant que personne « d’origine immigrée Â», Nicolas Sarkozy n’aurait dû avoir cette possibilité. Lien entre immigration et terrorisme. Le titre de ce débat, ce matin, sur une chaine de télévision de grande audience, est explicite.

 

Je repense à l’extraordinaire acteur Samuel Jackson dans le Django de Tarantino, lorsqu’en plein esclavage, il découvre le Nègre émancipé,  Django ( interprété par l’acteur Jamie Foxx), monté sur un cheval « comme les blancs ». Je me sens un petit peu comme Samuel Jackson devant Jamie Foxx en parlant des origines immigrées de Sarkozy ( ou de Darmanin) : selon les règles strictes du Lien entre immigration et terrorisme, jamais Sarkozy et Darmanin, par exemple, n’auraient dû se retrouver là où ils en sont dans la vie publique et politique française actuelle. 

 

Comparer Sarkozy et Darmanin à l’exceptionnel travail d’acteur de Samuel Jackson est peut-être trop flatteur pour eux ( en tant qu’acteurs). Mais, cela illustre mon propos et permet, en même temps, de faire une petite pause d’humour et de détente dans cet article

 

Dans la vraie vie, Nicolas Sarkozy, est actuellement condamné par la loi française, la loi de ce pays qu’il « aime Â» plus que tout. Nicolas Sarkozy a déclaré récemment en couverture du journal Paris Match,  un journal français plutôt bien « friqué Â» et largement diffusé :

« Ils ne nous détruiront pas Â». « Ils », ce sont les juges français qui l’ont jugé et condamné entre-autres à un an de prison ferme. Décision dont il a fait appel, lui, le grand amoureux de la France qui s’estime, là, être une victime des instances judiciaires de son pays de chair et de cÅ“ur qu’il aurait bien aimé diriger une seconde fois. Et, pourquoi pas, une troisième fois ?!

 

Pourtant, personne, apparemment, ne lui rappelle :

 

« Nicolas, en tant que « personne d’origine immigrée Â», tu t’en es plus que bien sorti dans la vie. Fais comme tous les immigrés attrapés par la justice de notre beau pays la France. Ferme-là ! Arrête de faire ton psychopathe et ton parano qui se croit toujours au dessus des Lois !  Fais ta peine ! Et sois content d’avoir vécu tout ce que tu as vécu Â».

 

Au contraire, je lis que plusieurs personnalités politiques, de droite comme de gauche, lui ont envoyé des messages de soutien contre cet acharnement de la justice « française Â», dont il serait désormais la victime….

Je lis aussi dans cet article de Paris Match, que, s’il le faut, pour obtenir « justice », Nicolas Sarkozy sollicitera la Cour européenne des Droits de l’homme….

En attendant, « Monsieur » Sarkozy est libre de parader et de faire la couverture de Paris Match. Tandis que n’importe quel immigré ou citoyen lambda convaincu d’un délit, et dépourvu des mêmes moyens de défense et des mêmes appuis que lui, finit en détention( ou est expulsé, s’il s’agit d’un immigré). Ou a pour seul avenir envisageable, le suicide. Combien même il ne s’agit pas d’un terroriste…

 

Ecrire plus :

 

Je pourrais écrire plus. Mais, il ne faut surtout pas écrire trop long. Or, j’ai déja écrit beaucoup trop long pour notre époque :

Cela aurait déjà été beaucoup mieux de faire une vidéo avec le même contenu. Cela aurait sûrement «apporté Â» bien plus de nombre de vues. Mais je suis un aigri et un loser. Ce qui est pire, peut-être, que d’être un immigré potentiellement terroriste.

Et puis, j’ai du ménage à faire chez moi. Je garde cette obsession car personne ne fera ce travail à ma place. Et, puis, c’est ma fonction.

C’est ce travail là que je fais le mieux. Ça, avec prier très fort aussi pour que la rédaction- et la diffusion- de cet article ne me dirige vers les conduits de la dépression et d’une déchéance morale, voire nationale, irréversible. J’ai les ambitions mégalomaniaques que je peux.

 

 Mais, j’ai déjà pris du retard dans mon ménage. Autrement, j’aurais aussi parlé de l’Affaire du petit Grégory. Un meurtre qui a marqué la conscience de la France. Un meurtre toujours irrésolu plus de trente ans après. Un meurtre monstrueux, aussi. Et, où, pour le peu que je sais, parmi les suspects, aucun immigré n’est concerné.

 

Je pourrais aussi mentionner le palmarès d’Olivier Fourniret, bien Français, et de son ex-compagne, la resplendissante Monique Olivier. Il ne s’agit pas de sportifs médaillés aux jeux olympiques. Mais de personnalités qui ont « accompli » des meurtres monstrueux, aussi. Là aussi, aucun immigré n’est concerné. Mais, ce n’est pas grave. Car il ne s’agit pas de terrorisme. Or, « évidemment », tous les immigrés sont des terroristes potentiels. En attendant de revenir au sujet sous-jacent dans le sujet Lien entre immigration et terrorisme  qui est – mais, ça, c’est évidemment, cette fois, ma parano d’homme de ménage dont les pensées sont évidemment pleines de poussière et de déchets qui le croit- qui est que :

« Tous les musulmans et toutes les personnes de couleur sont évidemment des terroristes Â». 

A notre époque où l’ironie et la nuance peuvent être assez mal comprises, je tiens à prévenir et à préciser que je suis ironique, ici :

Je ne crois pas que tous les musulmans et toutes les personnes de couleur de France et d’ailleurs soient des terroristes. J’utilise l’ironie car je suis véritablement en colère de voir que des élites diverses puissent continuer d’utiliser la peur du terrorisme, de l’autre, de l’étranger, mais aussi l’émotion provoquée par la mort monstrueuse d’une femme flic ou de toute autre personne, comme on peut utiliser un vulgaire produit marketing ! Et, tout ça, pour faire sa comm’, du chiffre, de l’audimat et pour assurer la suite de sa carrière….

 

Parce-que, il est patent et visible pour tout le monde, que Darmanin et Sarkozy, pour ne citer qu’eux, deux hommes « issus de l’immigration Â», qui ont « réussi Â», ne sont ni musulmans ni de couleur.

Cela aurait été quelque chose si Darmanin ou Sarkozy,  Macron, ou une personnalité politique française de premier plan ( Le Pen ? )  subitement, décidait de se convertir publiquement à L’Islam.  Ou de se mettre en ménage avec un noir ou une noire. Ou un Arabe ou une Arabe. Quel message ce serait !

 

Mais je m’égare. J’ai inhalé beaucoup trop de vapeurs d’eau de javel ces derniers temps en faisant le ménage. En nettoyant les sols et les chiottes.

Et, je m’égare encore en imaginant que toutes ces élites, politiques et autres, qui participent, sans nuances, à diffuser l’idée et l’image que immigration et terrorisme sont forcément et automatiquement liées, auront une part de responsabilité directe ou indirecte dans les prochaines bavures qui concerneront une fille ou un fils d’origine immigrée. Il leur suffira, alors, de s’indigner lorsque la bavure arrivera et sera médiatisée avec la même émotion que ne l’a été le meurtre monstrueux de cette femme policière à Rambouillet. Et, cela leur permettra de retrouver une virginité morale, et « pure », à toute épreuve.

 

Et, je m’égare toujours – je discute trop avec mes serpillères- en pensant aussi que ces élites politiques, et autres, qui s’expriment librement, facilement, ont et auront aussi une part de responsabilité directe ou indirecte dans cette cassure  de la société française dont elles sont les premières à se plaindre. Mais aussi dont elles savent se servir -tels des marchepieds- pour se rapprocher de leurs desseins personnels.

J’ai l’esprit mal tourné en pensant ça. Et puis, pourquoi m’agiter avec tout ça, ça ne changera rien. A quoi bon me casser le dos à écrire tout ça. Mon corps sera bien plus utile pour  remplir et vider des seaux ou pour essorer la serpillère.

 

Parvenir au Pouvoir et revenir à l’époque exaltante des brûlots :

 

 

Tout cela n’a rien de nouveau. Au moyen-âge, déjà, et même avant, sans doute que bien des élites avaient déjà recours aux mêmes méthodes pourvu que celles-ci puissent leur permettre au moins deux choses :

 

Parvenir au pouvoir. Et revenir à l’époque exaltante des brûlots. ( des textos ?).

Ah, ô !,  qu’est-ce que c’est beau, un corps qui brûle sur la place publique ! Le corps d’une personnalité qui nous dérange, qui ne pensait pas comme nous, qui nous contredisait et qui nous mettait peut-être face à certaines vérités qui nous dérangeaient. Mais qui a eu le malheur de se retrouver isolée, ou lâchée, par celles et ceux qui auraient pu la sauver ou le sauver du bûcher.

 

Lorsque nous serons revenus au monde des brûlots, nous serons peut-être nombreux à regarder le spectacle depuis nos écrans à haute résolution. Nous serons peut-être au boulot. Et, nous nous dirons ou penseront peut-être :

 

« Comme c’est beau ! Â».

 

 

Franck Unimon, ce lundi 26 avril 2021.

 

 

 

 

 

 

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Vélo Taffe : Petit Crochet par le musée d’Orsay

 

 

  Vélo Taffe : Petit crochet par le musée d’Orsay

 

Ce matin, en sortant du travail, j’ai eu envie de changer un peu d’itinéraire.  Généralement, je passe         « devant Â» le musée d’Orsay à l’aller comme au retour.

 

Pendant mes premiers trajets Vélo Taffe, non loin du musée, j’avais aperçu, je crois, Manuel Valls, l’ancien Premier Ministre, qui revenait de son footing. Debout, au bord de la route, attendant de pouvoir passer, il transpirait sans maquillage. Mais aussi sans micro et sans caméra.

Pour surprenante qu’ait été cette image en passant à vélo devant lui de retour du travail, je l’avais trouvée complètement raccord. Manuel Valls, si c’était lui, après sa tentative politique manquée en Espagne,  ne se trouvait pas n’importe où dans Paris.  

Je n’avais pas rebroussé chemin pour vérifier.

 

Chacune de ces sculptures a été réalisée à la fin du 19ème siècle. Celle de gauche représente l’Afrique. Celle de droite, peut-être celle de l’Amérique du Nord, si je ne me trompe. Les six sculptures sont des figures féminines. La plupart d’entre elles portent des armes même si elles portent des fruits ou sont accompagnées d’animaux plutôt connus pour être pacifiques. Ces figures féminines sont donc loin d’être des incarnations de femmes passives ou soumises même si leur poitrine, averse opulente et découverte, pourrait d’abord faire penser à des créatures seulement lascives et désaltérantes.

 

Ce matin, en passant, pour changer, rue de Lille, j’ai eu envie de m’arrêter devant le musée d’Orsay.

 

 

On peut prier jour et nuit. Si on ne croit ni dans la Vie, ni en soi, nos prières sont des cendres et des cercueils. Et nos rêves, des poudrières. A moins d’un miracle.

 

Mais les miracles, ça ne court ni les réseaux sociaux, ni les magasins. Il n’existe pas de promotion ou de bons plans pour attraper un miracle ou de livreurs précaires pour nous en apporter après avoir passé commande.

 

Il existe peut-être beaucoup plus de miracles inconnus que de miracles dont nous avons entendu parler. Mais nos miracles, il nous faut, malgré tout, le plus souvent, aller les chercher nous-mêmes.

 

Je n’ai rien contre les religions. Le recueillement, la méditation, l’introspection, la respiration, la contemplation, la transe, ce sont des états de conscience que j’approche partiellement. Que ce soit par la lecture, la musique, l’apnée sportive, l’écriture….

 

Il y a quelques jours, au travail, deux de mes collègues implantés depuis plus longtemps que moi dans mon nouveau service, ont commencé à vitupérer contre certaines conséquences de la pandémie du Covid:

 

A cause d’elle «  nous sommes des esclaves ! Â» affirmaient-ils dans un même souffle inspiré et catégorique.

 

J’étais assis face à eux. Aussitôt après les avoir entendus, je leur ai dit calmement :

 

« C’est vrai que nous avons perdu des libertés depuis le Covid. Mais je préfère encore vivre aujourd’hui qu’en 1800. En 1800, je n’aurais pas pu être là en train de travailler. Sans compter toutes ces libertés dont on se prive tout seuls…. Â».

 

Mes deux collègues, un de mon âge, et l’autre plus âgé de plusieurs années, proche de la retraite, se sont tus. Pourtant, ce ne sont pas des timides.

 

Le quotidien, c’est de la banquise. Une fois que ça t’encercle, ça peut te saisir. Il faut de l’agilité, de l’anticipation mais aussi une certaine mobilité pour éviter que ça te piège. Pour percer des trous aux endroits où c’est possible. Pour repérer les trous qui existent déjà. Pour s’assurer que sont restés suffisamment ouverts ceux qui avaient été décelés. Et pour passer à travers afin de reprendre son souffle ou pour rejoindre la surface.

 

Pour cela, il faut aussi être un peu curieux. Ou simplement préoccupé de sa survie.

 

Quelques fois, dans l’eau, on peut apercevoir des corps aux regards gelés dont les reflets crient : « Nous sommes vivants ! Â». Il est très facile de les croire. Ils sont si beaux.

 

L’Art fait partie des trous dans la banquise.

Au premier plan, une sculpture qui représente l’Océanie. Cette figure évoque assez le peuple aborigène.

 

 

C’est peut-être pour cette raison que, même fermé, ce matin, le musée d’Orsay m’a donné envie de m’arrêter. Il est resté silencieux pendant les quelques minutes que j’ai passées près de lui. J’en ai profité pour me raconter des histoires avec ces statues.

 

Certains petits crochets font du bien.

 

 

Franck Unimon, ce samedi 24 avril 2021.

 

 

 

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Chemin de halage

Sur le chemin de halage entre Argenteuil et Epinay sur Seine. Vers Argenteuil et la A15, ce mercredi 7 avril 2021, un peu avant midi.

                                                      Chemin de halage

 

Je suis parti interroger mon corps. J’avais besoin d’informations. Il a bien voulu se laisser faire. Même si, au préalable, il m’a fallu tout un tas de préparatifs. C’en était ridicule. C’était beaucoup plus simple lorsque j’étais plus jeune.

Mais, là, avais-je les bonnes chaussures ? Mes chaussettes étaient-elles assez minces pour ne pas trop martyriser mes petits pieds ? Car les baskets, pendant le footing, avec le poids du corps et l’afflux du sang, ça comprime.

La veste. Avais-je la bonne veste ? Non, pas ce k-Way- là dans lequel j’allais suer tel un champignon rissolé mais plutôt celle en goretex. Si je l’avais achetée, c’était bien pour qu’elle me serve. Ah, oui, mes clés. Juste celles dont j’avais besoin. Je n’aime pas quand ça fait bling-bling quand je cours. Peut-être parce-que je crains que l’on confonde le bruit des clochettes avec celui du mouvement de recul de mes testicules.

Et, la petite compote, facile à avaler, ça peut servir en cas d’hypoglycémie. Avale-donc un peu d’eau avant de partir. Tu as la bouche sèche. Et un petit bout de chocolat, aussi, car la matinée est avancée. Tu as pris ton petit-déjeuner il y a plus de quatre heures. Et, on dirait que tu commences à avoir faim…

 

J’ai rajouté un masque anti-covid que j’ai mis dans une de mes poches. J’ai ouvert la porte de l’appartement et me suis engagé sur le palier….une pensée.

 

J’allais partir sans mes clés posées à l’entrée.

 

J’ai attrapé mes clés, un peu contrarié. Enfin, j’étais prêt. Un vrai marié. 

 

Dehors, la température extérieure était de 7 degrés. Mais, plus froid, ça n’aurait rien changé. Je reste étonné de voir que certaines personnes attendent qu’il fasse chaud pour sortir le vélo ou faire un peu de sport. « Viens, on va se mettre au sport, il fait beau, aujourd’hui Â». Mais lorsque les températures augmentent, notre corps se déshydrate plus vite. C’est rapidement la transe ou le sauna. Il faut être entraîné, condamné ou se préparer à aller courir dans le désert pour sortir faire du sport en pleine chaleur. Ou, bien-sûr, ne rien changer à sa vie sportive habituelle lorsque l’on a en une. Cela est assez oublié, mais l’un des propos du sport est aussi de nous préparer à nous adapter à notre environnement immédiat (rivière, escalade, barrière de corail ou autre obstacle naturel ou mental se trouvant sur notre passage…). Cela dépasse le simple fait de perdre des calories et du gras afin d’être suffisamment « slim » pour la séance plage ou photo. La pratique sportive, seule, ne suffit pas à faire de nous des aventuriers ou des guerriers redoutables. Mais elle peut nous aider à nous élever au delà de certaines de nos faiblesses.

 

Ces faiblesses peuvent aussi bien être d’avoir le souffle court ou d’avoir le réflexe de facilement croire ou penser que tout ce qui vient de nous est forcément nul. Pratiquer régulièrement et à son rythme. En restant proche de la limite du plaisir. Cette règle est valable pour beaucoup de disciplines. 

 

A « l’ancienne Â» :

 

Je fais toujours mes footing à « l’ancienne Â» : comme je l’ai appris à l’adolescence.

Pas d’écouteurs dans les oreilles. Pas de podomètre. Pas de cardio fréquencemètres, de montre connectée. Je préfère. 

Si je laisse mon téléphone portable allumé, c’est davantage pour connaître la distance parcourue, peut-être en cas d’appel ou de message important. Ou pour faire des photos. Surtout, aujourd’hui. Il fait beau. Et, ce matin, vers 7h, j’ai repensé au viaduc où la jeune Alisha est morte le 8 mars dernier.

 

Si je ne disais que ça, je paraitrais être sous l’emprise d’un atavisme morbide.

 

Inconsolable

 

 

Lorsque ce matin, j’ai eu l’idée d’y retourner, j’ai d’abord pensé appeler cet article Inconsolable. Dans la musique que j’écoute désormais, Jimi Hendrix avait remplacé Agnès Obel depuis longtemps. Agnès Obel dont un critique avait écrit, il y a quelques années, qu’au début d’un de ses concerts, concert auquel il avait assisté, il avait d’abord eu l’impression qu’elle sortait d’un réfrigérateur. Tant sa musique était froide. Si j’avais aimé et envié cet humour, le critique avait néanmoins remarqué qu’à mesure de l’écoute, la musique d’Obel avait fini par l’atteindre.

 

En écoutant Jimi Hendrix, ce laveur de solo, ce technicien de toute notre surface cérébrale mais aussi crépusculaire, j’avais fini par comprendre la raison pour laquelle, même si j’ai dansé sur ses titres, j’ai toujours conservé une réserve envers Prince, ce génie musical. Je me rappelle d’un article où l’on parlait de la guitare de Prince, comme de son « arme de destruction massive Â». Mettez vos oreilles au contact du coffret Songs for Groovy Children , lors des concerts donnés par Jimi Hendrix fin 1969, début 1970 et vous changerez d’avis. Prince devait avoir 12 ou 13 ans en 1969. Il a sûrement entendu parler de ce concert, et encore plus d’Hendrix.

Quand je pense qu’il a fallu payer « seulement Â» 6 dollars ( les dollars de l’époque) pour voir Hendrix en concert en 1969.

 

Un de mes collègues m’a dit récemment : « Lorsque des gens disent que Prince était un très grand guitariste, ils mentent. Même si c’était un génie Â». On peut trouver ce jugement ingrat. A moins d’avoir écouté Hendrix et de se rappeler, à nouveau, qu’Eric « God Â» Clapton, lui-même, avait pris peur en découvrant Hendrix sur scène en Angleterre, dans son royaume uni. J’ai lu que Clapton peut raconter qu’il avait en quelque sorte trouvé son rythme de croisière avec son groupe (loin d’être des musiciens amateurs) et qu’il se croyait établi. Lorsque Hendrix, arrivant des Etats-Unis, a débarqué sur scène. Hendrix qui avait, à ses débuts, tourné un peu avec Ike Turner, avant que celui-ci, selon certains dires, en aurait eu assez. Car Hendrix prenait trop de solos. En écoutant le coffret de Songs For Groovy Children, la durée des titres ( plusieurs dépassent la dizaine de minutes) et la « longueur » des solos de Jimi Hendrix, on peut s’amuser à imaginer la tête d’Ike Turner s’il avait été sur scène dans ces moments-là. 

Hendrix n’était pas un artiste de foire. Et il était encore moins prêt à rester enfermé dans une cage tel un hamster auquel on viendrait parler de temps en temps. Sa musique, dans ce coffret, m’a tellement consolé qu’en l’écoutant, j’avais envie de pleurer. Le bibliothécaire à qui j’en ai parlé a paru surpris. Alors qu’il avait été le premier à avoir un air un peu navré, lorsqu’il y a quelques mois, je m’étais décidé à emprunter une anthologie de Johnny Halliday. Oui, Johnny Halliday. Dans un magazine de musique réputé, j’avais lu une bonne critique sur un de ses albums qui datait des années 60 ou 70. Je « savais » peut-être déja que Johnny avait sollicité Hendrix afin que celui-ci fasse sa première partie. Par contre, je savais beaucoup moins que Johnny et Jacques Brel étaient très proches. Dans la musique, comme en art et dans la vie d’une façon générale, les gens les plus ouverts et les plus rock’n’roll, peuvent ressembler assez  peu à celles et ceux à qui l’on s’attendait en prime abord. 

Bien que nos yeux soient souvent des guichets ouverts, nous regardons souvent celles et ceux qui nous entourent tels des aveugles…

 

Tout amateur de musique attend ces moments où l’artiste va lâcher un solo. Et où ce solo le saisira le plus longtemps possible. Dans le coffret Songs for Groovy Children, Hendrix en lâche, des solos. Ce faisant, il les tient en laisse bien au delà de la durée réglementaire. Et, sa voix ! Ce Blues. Solo/voix, solo/voix. Cela pourrait être deux personnes. C’en est une. Et, avec Hendrix, ses deux autres musiciens, basse, chant, batterie qui suivent et sont loin d’être des scissions secondaires.

 

 

Cependant, avant Jimi Hendrix, j’avais réécouté le Zouk de Jean-Michel Rotin. Un autre style. Un artiste plus « récent », encore vivant, que j’ai sans doute très mal présenté.

 

 

Depuis, Jimi a été remplacé ( le coffret Songs for Groovy Children, fastueux) par le concert d’Aretha Franklin Live at filmore West. J’ai emprunté ce cd, avec d’autres, avant que le nouveau confinement dû à la pandémie ne « close Â» à nouveau les médiathèques et autres lieux estimés « non essentiels Â».

Non-essentiels :

 

 Les deux artistes, Jimi Hendrix et Aretha Franklin ont réalisé ces performances sur scène vraisemblablement dans le même festival, mais à un ou deux ans d’intervalle.

 

 

On imagine un certain nombre de duos entre deux artistes que l’on aime bien. Même si, souvent pour des histoires d’ego et de sous, la plupart de ces duos ou de ces collaborations, sont morts nés. Un artiste en plein épanouissement poursuit souvent une trajectoire vers ce qu’il pense être son chemin. Et, personne ne peut ou ne doit le faire en dévier, sauf s’il le décide. Aretha Franklin, par exemple, à ce que j’ai lu, toute croyante et fervente chanteuse de Gospel qu’elle était, n’aspirait à rien d’autre qu’être la meilleure et a considéré d’autres chanteuses comme ses rivales, forcément moins légitimes qu’elle (Natalie Cole, Diana Ross….)

 

 Ce matin, j’ai pensé à un duo Jimi Hendrix/ Aretha Franklin. Il n’y avait peut-être pas de rivalité entre les deux. Je ne sais pas s’ils se sont parlés ou rencontrés.

 

Après Aretha Franklin, j’ai écouté le dernier album d’Aya Nakamura. Aujourd’hui, Aya Nakamura est une vedette internationale. On a pu voir des images du footballeur brésilien, Neymar, superstar du Foot, et de l’équipe du PSG, danser sur son titre Djadja. Youtube n’existait pas à l’époque d’Aretha Franklin et de Jimi Hendrix.

 

 

 

J’aime la musique d’Aya Nakamura. Et ce n’est pas la première fois que je la cite. Mais en découvrant son album (acheté  hier à la Fnac St Lazare demeurée ouverte, en pleine pandémie du Covid, alors que la médiathèque de ma ville, pour les mêmes raisons, a été obligée de fermer son accès au public depuis samedi dernier), j’ai bien été obligé de constater que, comme me l’avait fait remarquer un des employés de la même Fnac il y a environ deux ans, les paroles des chansons d’Aya Nakamura sont loin d’être…. des.prophéties.  Les gros mots ne me dérangent pas. C’est surtout le projet des textes :

 

«  Je t’ai aimé. Tu m’as désiré. Tu m’as menti. Tu m’as trahi. Tu m’as pris pour une conne. Tu parles sur moi. Tiens, prends, ça dans ta figure. Et encore, ça. Je suis libre, j’ai de la fibre, je t’emmerde. Et je peux vivre sans toi. En plus, j’ai beaucoup de succès. Et, toi, tu n’as rien. Qui te connaît ?!  Tchip !».

 

ça fait trois albums que ça dure, et ça peut encore continuer comme ça longtemps puisque ses chansons ont du succès. Je ne discute pas les atouts de sa musique. En écoutant ses paroles, je comprends qu’une certaine jeunesse, en grande partie féminine dans un monde encore réglé par et pour les hommes, puisse s’identifier à ses émois ainsi qu’à ses « exploits » ( sexuels, affectifs, économiques ou autres).

Et puis, la musique d’Aya Nakamura donne particulièrement envie de danser, toutes générations confondues. Ce qui est important pour toute personne qui aime danser ou qui est plutôt à l’aise pour le faire. Ce que peut avoir beaucoup de mal à comprendre toutes celles et ceux, pour qui, le simple fait de taper nerveusement du pied suffit pour danser. Mais aussi celles et ceux qui voudraient décortiquer du Shakespeare ou, pourquoi pas, du Césaire, en toute circonstance.

La musique d’Aya Nakamura emballe tout le corps Ses titres, limités à 3 ou 4 minutes, semblent étudiés pour ça. Ses phrases sont très simples à retenir. Et, j’imagine très facilement un public conquis répéter ses paroles en choeur en plein concert avec une très grande spontanéité libératrice. Et, aussi, frondeuse. 

 

Je constate bien, depuis que j’ai commencé à écouter son album hier que deux ou trois titres me pendent à l’oreille, tels Doudou ou Mon chéri, au moins. Si bien que je dois faire un effort pour remettre l’album d’Aretha Franklin afin de bien choisir le titre que je compte vous présenter. Alors que, spontanément, j’ai surtout envie de remettre le Cd d’Aya Nakamura. Alors que je « sais Â» comme l’album live d’Aretha Franklin est plus que bon. Et qu’Aya Nakamura n’approchera sans doute jamais de sa voix les contrées et les inspirations qu’Aretha est allée chercher et a fait descendre sur terre pour qu’on puisse les entendre. Mais aussi, que même en matière de « vice »,  Soeur Aretha était encore bien plus indocile que petite soeur Aya. Amen.

 

Travailler, travailler, travailler :

 

Je ne doute pas non plus qu’Aya Nakamura soit une travailleuse dans sa veine artistique et musicale. Ainsi que celles et ceux qui l’entourent et la conseillent plutôt bien.

 

 

 

Dans le dernier numéro du magazine Self &Dragon, il est demandé au comédien Bruno Putzulu, un comédien dont j’aime beaucoup le travail et que j’avais aimé voir au cinéma dans le film L’Appât, film qui m’avait marqué à sa sortie au début des années 90, de feu Bertrand Tavernier- réalisateur décédé récemment – les conseils qu’il pourrait donner à quelqu’un voulant se lancer dans le métier de comédien.

 

 

Pour pouvoir espérer réussir dans le métier de comédien, Putzulu commence par répondre qu’il conseillerait à un (e) apprenti( e ) comédien (ne) de :

« Travailler, travailler, travailler Â».

Putzulu connaît évidemment son sujet. Mais je vais pourtant le contredire. D’abord, en tant que comédien, même s’il vit de son métier, il fait partie de ces très bons comédiens, qui sont à mon avis sous-employés. Des comédiens auxquels on ne propose pas des « grands rôles Â» leur permettant d’étaler véritablement ce qu’ils savent faire. Parce-que l’on ne pense pas à eux. Parce-que l’on ne les choisit pas. Et, cela n’a rien à voir avec leur capacité de travail.

 

Et que l’on ne me parle pas de la « grâce Â». Parce-que, personne ne trouve Samuel Jackson ou Joey Starr ou Jean-Pascal Zadi Tout simplement Noir), ni même Omar Sy Yao, Police-un film d’Anne Fontaine ) gracieux. Pourtant, personne, aujourd’hui, ne contestera leur « particularité Â», leur « originalité Â», leur « style Â», leur « personnalité Â» ou leur « talent Â». Parce-que, entre leurs débuts, et maintenant, ils ont chacun, de différentes façons, rencontré le succès. Et se sont rendus « désirables ». 

 

Et, le succès, tout comme le désir, lorsque tu évolues dans un domaine artistique et public, ça se respecte voire ça se gère ou ça se craint. Car cela représente un jackpot économique potentiel si tu fais partie du « deal » ou de l’entourage immédiat du poulain ou de la pouliche qui est très en vue ou qui peut remporter d’autres grands prix. 

 

Que tu t’appelles Aya Nakamura, Aretha Franklin ou Jean-Pascal Zadi. Peu importe le message que tu passes ou que tu essaies de faire passer. Peu importe que, dans le cas d’une Aretha Franklin, Martin Luther King soit venu dormir chez ton père, lors de certains meeting, ou que tu aies fait des concerts, gratuitement, en soutien pour le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis dans les années 60. Ou que, comme Aya Nakamura, tu parles de ruptures sentimentales, et de mecs qui n’assurent pas.

 

Le succès, ça se respecte, et, il n’y a pas de règle établie pour y parvenir. On peut se défoncer toute sa vie pour réussir. Y compris avec son derrière. Et échouer. C’est ça, le secret que tout le monde connaît. Et pour enterrer un peu plus l’idée selon laquelle, la grâce permettrait de différencier une personne qui en a d’une autre qui en serait dépourvue, on va se rappeler que, pour certaines et certains, la grâce est tout de même bien mise sur orbite, ou « aidée », par l’entourage stratégique que l’on connaît, et le moment, aussi, où l’on apparaît en public. Ensuite, c’est à nous de jouer. Soit on fait tout de travers. Soit on « fait le travail » pour lequel on a été préparé. 

 

Cependant, pour réussir, il faut bien, à un moment ou à un autre, rencontrer, décider ou dérider quelqu’un qui jettera sur notre trajet un peu de cette de poudre magique qui nous permettra de réussir. Et, réussir, qu’on le veuille ou non, cela signifiera toujours réussir économiquement. 

Ce que n’ont toujours pas compris quantités d’idéalistes et d’abrutis- dont je fais partie- qui se condamnent d’eux-mêmes. C’est parce-que je me suis condamné à faire partie des invisibles et des ratés du box-office économique que je fais partie des abrutis.  

 

 

Si des professions comme les professions soignantes sont maltraitées de manière répétée, c’est aussi, parce-que, à moins d’être une personnalité très médiatisée ( ça existe parmi quelques soignants généralement médecins ou psychologues), la majorité des soignants sont des anonymes, donc, éloignés du « succès » public mais, surtout, économique. Lorsque l’on contribue à sauver une vie, par exemple, cela ne fait pas des millions d’entrées au box-office. Cela ne fait pas vendre de la pub, du pop corn ou du coca-cola. Il n’existe pas de festival de Cannes du soin qui serait convoité et visité par des millions de spectateurs, avec limousine, grandes célébrités et retransmission médiatisée dans le monde entier de l’événement. Alors, au mieux, on « admire » les soignants ou on les applaudit. Et, tout ordinairement, on peut les négliger. On peut aussi les plaindre car cela ne coûte pas grand chose non plus. Pourtant, les soignants, comme bien d’autres gens, des artistes inconnus, ou d’autres personnes exerçant dans d’autres professions, sont des travailleurs. Mais pas de petite poudre magique pour eux afin d’améliorer leur statut ou leurs conditions de travail. Pour eux, et pour tant d’autres- les invisibles et les ratés du box-office de la réussite économique- la vie sera dure. Les conditions de travail. Le salaire. L’épargne ou la retraite. La santé. Tout sera susceptible d’être dur ou de le devenir pour eux, s’ils n’apprennent pas à encaisser et à esquiver.

A un moment donné, soit, on sait encaisser. Soit, on se fait lessiver. 

Enfin, si les polars connaissent autant de succès, c’est aussi parce qu’ils racontent souvent l’histoire de grâces et d’innocences qui ont été saccagées. Et nous connaissons, intimement, ce genre de vérités. Donc, travailler, travailler, travailler, ne suffit pas.

 

C’est étonnant comme le simple fait de reprendre les footing peut  vous dévergonder. J’étais plus éteint que ça en partant courir ce matin.

La « petite » Aya Nakamura, elle, avait compris tout ça bien plus tôt que moi, et sans avoir besoin de faire des footing. C’est pour ça qu’elle a réussi et, qu’aujourd’hui, elle peut nous faire danser.

 

 

 

La librairie Presse Papier :

Il y a quelques jours, un collègue habitant aussi dans ma ville, a un moment fait allusion à la mort d’Alisha ( Marche jusqu’au viaduc). Mais c’était pour lui un événement comme un autre. Il a vite occupé ses pensées à tenir sa tasse de café ou à d’autres sujets. ( Quelques jours plus tard, sans que cela ait évidemment de rapport avec le décès de la jeune Alisha,  j’apprenais que ce collègue avait attrapé le Covid)

Ce matin, en allant acheter le journal dans la librairie du centre-ville, j’ai pris le temps de discuter avec le gérant et un habitué. Les deux hommes se connaissent bien visiblement. Le premier habite Argenteuil depuis quarante ans. Le second, enseignant à la retraite, est né à Argenteuil. Militant, je l’ai déjà vu distribuer des tracts à la sortie de l’école. Il m’a appris ce matin être à l’origine de la création du salon du livre d’Argenteuil. Mais aussi de l’association Lire sous les couvertures.

 

Mais il m’a appris davantage : la voie expresse qui, aujourd’hui, coupe les Argenteuillais des berges de la Seine n’existait pas avant….1970. Grosso modo, lorsque Jimi Hendrix a fait son concert fin 1969 et début 1970 ( le concert d’Aretha Franklin date de 1971), il existait une promenade le long de la Seine. On organisait même des cross sur cette promenade qui aurait existé de 1820 à 1970.

 

Sur le chemin de halage, vers Argenteuil, ce mercredi 7 avril 2021. Sur la fin de mon footing, de retour d’Epinay Sur Seine. C’est sous ce viaduc que le 8 mars, Alisha….

 

 

Tout à son récit, D m’a parlé du chemin de halage du côté du viaduc. Marcheur, D s’est enthousiasmé pour le travail « extraordinaire Â» qui avait été réalisé sur ce chemin de halage pour le rendre agréable. Il m’a confirmé brièvement. Oui, c’était bien là, sous le viaduc qu’il y avait eu le fait divers….puis, il a poursuivi son argumentaire concernant la façon dont l’aménagement de la ville était mal géré. D m’a appris qu’il avait un blog, très bien fait, alimenté régulièrement, dans lequel il parlait d’Argenteuil. Il m’a invité à le lire. Je lui ai aussi parlé du mien mais cela n’a pas paru lui parler plus que ça. Je ne sais pas si D préfère écouter Aya Nakamura ou lire son blog. Je ne sais pas non plus si elle en a un. Par contre, en quittant la librairie, je savais que j’allais retourner au viaduc. J’ai un moment pensé à faire le parcours à vélo afin de bien profiter de la Seine sans trop me fatiguer. Puis, je me suis rapidement dit que ce serait une bonne occasion de reprendre le footing. Afin de voir où j’en étais.

 

Le chemin de halage :

Je m’étais mis en tête de courir trente minutes pour une reprise. Sans aucune idée du temps qu’il me faudrait pour arriver au viaduc.

 

Les dix premières minutes ont été un peu inconfortables. Car mon corps n’était plus habitué au footing. Mais, très vite, j’ai perçu que mon cœur, lui, était au rendez-vous. Peut-être les effets de mes trajets à vélo depuis bientôt deux mois depuis la gare St-Lazare pour aller à la travail. A chaque fois, à l’aller comme au retour, trente minutes de vélo.

 

 

Il m’a fallu douze minutes, à allure douce, pour arriver au viaduc. J’avais le soleil de face. J’ai continué sur le chemin de halage jusqu’à arriver à Epinay sur Seine, ville de tournage de cinéma. Mais ville, aussi, où se trouve une clinique psychiatrique où il a pu m’arriver de faire des vacations. Je pouvais alors m’y rendre en environ vingt minutes en voiture. Là, j’avais mis à peu près trente trois minutes en footing. A vélo, j’en aurais sûrement pour 20 minutes, peut-être quinze, par le chemin de halage. Le centre Aqua92 de Villeneuve-la-Garenne, où les trois fosses et le bassin de 2,20 de profondeur, permettent de pratiquer apnée et plongée n’était pas si loin que ça. Même s’il devait rester quinze à vingt minutes de footing pour y arriver.

 

Je me suis arrêté pour marcher. Prendre le temps de souffler. Quelques photos. Après dix minutes, je suis reparti en sens inverse. A l’aller comme au retour, les gens que j’ai croisés, promeneurs, coureurs, étaient enclins à dire bonjour. L’absorption des relations sociales par le confinement et la pandémie favorisaient peut-être ces échanges simples.

 

 

Je prenais des photos de ce « bateau-école » lorsque G…, me voyant faire, a ouvert la porte pour me renseigner. Elle m’a donné quelques explications, m’a remis une brochure avec les tarifs. Puis, je suis reparti.

 

Je commençais à en avoir plein les cuisses. L’acide lactique. Ça m’a étonné parce-que je ne courais pas particulièrement vite. Cela devait venir du manque d’entraînement, sans doute.

 

A l’approche du viaduc, j’ai ralenti. Encore quelques photos. J’étais près du mur des fleurs à la mémoire d’Alisha, lorsque la sirène du premier mercredi du mois a retenti. Je ne pouvais pas filmer meilleure minute de silence qu’avec cette sirène.

 

 

 

Devant tout ce bleu, tout ce soleil, je me suis dit que la mort d’Alisha, d’une certaine manière était un sacrifice. Et, qu’est-ce qu’un sacrifice, si ce n’est une mort- ou un soleil- qui permet à d’autres de vivre ou qui leur indique le chemin qu’ils doivent suivre pour continuer de vivre ?

 

Photo ce mercredi 7 avril 2021, depuis l’endroit où le 8 mars, Alisha a été poussée dans la Seine après avoir été tabassée.

 

 

Après la minute de silence, j’ai fait le tour du viaduc dans le sens inverse de la dernière fois sans m’attarder. En faisant ça instinctivement, j’ai eu la soudaine impression de défaire le cercle de la mort.

 

Même endroit que la photo précédente, ce mercredi 7 avril 2021. En regardant dans la direction d’Epinay-sur-Seine.

 

Evidemment, je n’irai pas expliquer ça aux parents d’Alisha, ni à ses proches ou à celles et ceux qui l’ont connue de près. Et, je ne crois pas que j’aimerais que quelqu’un vienne me tenir ce genre de propos si je perdais une personne chère.

 

Ce mercredi 7 avril 2021, en rentrant sur Argenteuil vers la fin de mon footing.

 

 

Pourtant, sans cette mort le 8 mars, je ne serais pas venu jusqu’à ce viaduc. Je n’aurais peut-être jamais pris ce chemin de halage alors que cela fait déjà 14 ans que je vis à Argenteuil.

Ce chemin de halage, je l’avais supposé depuis Epinay Sur Seine où je m’étais rendu en voiture ou à vélo. Mais sans savoir qu’il pouvait aller jusqu’à Argenteuil.

Et, j’avais déjà entendu un Argenteuillais, adepte du footing, en parler, il y a trois ou quatre années, mais cela était resté très abstrait pour moi. Je n’imaginais pas un tel chemin, aussi étendu, aussi large, aussi agréable. Et, à travers tout le bleu de ce mercredi 7 avril,  je comprends qu’Alisha, le 8 mars, ait pu très facilement accepter de suivre celle qui a servi d’appât, comme le titre du film de Bertrand Tavernier qui avait été inspiré d’un fait divers. 

Lorsque je suis venu ici pour la première fois ( Marche jusqu’au viaduc ),  il faisait plus sombre. Et je m’étais dit qu’Alisha avait vraiment dû se sentir en confiance pour venir dans un endroit pareil. Mais le 8 mars, il faisait peut-être beau.

 

Lorsque l’on compare les photos que j’ai faites de cet endroit la première fois que j’y suis venu, le 16 mars, avec celles de ce mercredi 7 avril, on remarque que la lumière et l’atmosphère sont très opposées. Ce mercredi 7 avril, la lumière est très belle. J’ai posté une des photos de ce jour, prise depuis le chemin de halage ( celle qui ouvre cet article) sur ma page Facebook, et elle a plu à plusieurs personnes. Elle me plait aussi. Tout ce bleu. Ce soleil. 

Comme ces photos prises deux jours différents, malgré tout le béton dont l’être humain s’entoure, notre nature se lézarde et mue. Ces mues ne sautent pas aux yeux à première vue. Elles sont d’abord invisibles, souterraines, imperceptibles, légitimes ou illégitimes. Mais elles surviendront, pour le pire ou le meilleur, si elles trouvent un moyen ou un chemin pour s’affirmer et s’affranchir de nos secrets.  De nos codes. De nos limites.

Ces mues, nos changements, de comportement, tenteront de s’adapter et de s’habituer au grand jour et au monde. Ils seront parfois aussi violents qu’éphémères. On peut d’abord penser à des crimes ou à des actes monstrueux. Mais on peut aussi penser à certaines carrières fulgurantes :

Jimi Hendrix est mort ultra-célèbre à 27 ans alors qu’il ne pratiquait la guitare que depuis une douzaine d’années…… on nous parle encore d’Amy Winehouse, de Janis Joplin, de tel acteur ou tel actrice « parti(e) trop vite… » . On peut aussi penser à des aventuriers de l’extrême morts trop jeunes tels que l’apnéiste Loïc Leferme . Ou même à l’apnéiste… Audrey Mestre.

 

En m’éloignant du viaduc, un homme noir d’une soixante d’années semblant venir de nulle part, partait comme moi. Il marchait et avait du mal à remonter la pente. Il avait baissé son masque anti-covid sûrement pour mieux reprendre son souffle. Je l’ai dépassé en reprenant mon trot. Ce faisant, je l’ai salué. Il m’a répondu, un peu étonné. Puis, je l’ai distancé. Je serai peut-être ce vieil homme, un jour.

 

Lorsque j’ai retrouvé la route d’Epinay, en allant vers Argenteuil, un bus 361 m’a dépassé. Puis, j’en ai un croisé un autre un peu plus loin. A l’aller, aussi, j’avais croisé un 361. Cet itinéraire est vraiment bien desservi par le bus.

 

En rentrant chez moi, je suis repassé devant le hammam. Il avait l’air ouvert. Je me suis dit que j’y retournerais. Et que cela me permettrait, aussi, de profiter de leur très bon thé à la menthe.

 

Franck Unimon, ce mercredi 7 avril 2021.( complété et finalisé ce mardi 13 avril 2021).

 

 

 

 

 

 

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Vélo taffe : Jimi Hendrix contre le Covid

 

            Vélo Taffe : Jimi Hendrix contre le Covid

 

Il faisait entre 3 et 6 degrés ce matin, lorsque j’ai quitté le travail sur mon vélo.

 

Depuis quelques jours, les températures se sont refroidies. Alors que jeudi après-midi, on aurait presque pu croire à une journée d’été.

 

L’écart entre les températures du matin et celles de l’après-midi « mouche Â» désormais régulièrement les dix degrés ou davantage. Cependant, comme l’année dernière, à la même époque, la luminosité extérieure est vaste et belle lorsqu’elle nous interpelle.

 

C’est peut-être la luminosité intérieure qui se fait parfois repasser selon ce que l’on vit.

 

Mon moral se maintient malgré l’avancement d’une semaine, ce vendredi, des vacances scolaires de Pâques. Pour cause de pandémie sanitaire due au Covid, vedette presque planétaire : on en parle moins en Afrique, par exemple où l’on connaît d’autres brides.

 

L’année dernière, à la même époque, comme beaucoup en France, je croyais la pandémie du Covid passagère. Aujourd’hui, la série des variants du Covid, les seconds couteaux de la pandémie, se multiplie et se rallonge. Afin d’essayer de contrer un certain nombre de râteaux, la course à la vaccination, comme aux tests de dépistage, s’intensifie. En une semaine, j’ai dû me faire trifouiller les narines deux fois pour un  test antigénique :

 

Deux de mes collègues, à une semaine d’intervalle, ont été déclarés positifs. L’un, sans équivoque. L’autre, avait une « trace Â».  Avant ça, à part une sérologie sanguine de dépistage effectuée dans mon précédent service il y a plus de six mois, je n’avais pas eu à faire d’examen. Alors que là, en une semaine, je me suis retrouvé deux fois « cas contact Â».  Pareil pour les « variants Â». Encore des termes qui vont devenir de plus en plus populaires et entrer dans les consciences. Alors que nous étions une majorité à les ignorer il y a encore un an et demi. Il y a un an et demi, malgré nos contraintes, nos peurs et nos insatisfactions, nous vivions davantage pour le plaisir. Aujourd’hui, le Devoir nous dicte davantage comment nous sommes supposés vivre et nous comporter.

 

Il y a plus de vingt ans, en Guadeloupe, un de mes oncles paternels avec lequel je discutais, m’avait affirmé : « Il n’y a pas de plaisir dans la vie, Franck ! Â». A l’époque, j’avais rigolé.

 

Je relate ça pour la mémoire. Parce-que lorsque la pandémie du Covid sera passée – et ça passera même si à mon avis ça durera au delà de cet été -on oubliera.

 

On oubliera parce-que notre mémoire se fera loger par d’autres événements moins drôles que le Covid. Oui, c’est possible.

 

Mon moral se maintient.

 

Même si je suis resté en région parisienne contrairement à d’autres qui ont filé sur la route, ou par train, dès qu’ils ont pu, après l’annonce du reconfinement et l’avance des vacances de Pâques. A ne pas confondre avec l’avance sur recettes.

 

On ne parle plus aujourd’hui d’applaudir les soignants, depuis son balcon, à vingt heures. Pourtant, pour les soignants touchés par le Covid ou confrontés directement à des conditions de travail rendues particulièrement difficiles par la pandémie, la situation est identique voire pire que celle de l’année dernière. Pour sincères qu’aient pu être ces applaudissements, et je crois qu’un certain nombre des applaudissements de l’année dernière étaient sincères, leur abandon et leur oubli reflètent à mon avis à la fois un découragement général, un certain épuisement aussi, mais aussi le traitement qui a souvent été celui des soignants. Et de toute personne dont le métier consiste à traverser des pics de souffrance et de violence avec leur blouse, leurs compétences techniques, mais aussi leurs engagements physiques, mentaux, émotionnels et culturels :

 

On leur assure une admiration ainsi qu’une certaine distance prudente et sécurisée. En attendant- en exigeant- d’eux qu’ils fassent le boulot pour lequel ils ont été embauchés. Sans toujours vraiment regarder ce que cela peut leur coûter car on a d’autres choses à faire. Et puis, ils l’ont bien cherché (les soignants) à choisir ce métier. Donc, qu’ils ne se plaignent pas ! C’est déjà bien qu’ils aient un travail et qu’on les paie à peu près correctement et plus que d’autres. Peu importe que la profession de soignant puisse imposer des contraintes qui feraient fuir ou vomir un certain nombre de ces « autres Â» ( pipi, caca, la vue du sang, les crachats, les plaies, la maladie, la mort, les insultes, les menaces de mort, les horaires de travail, les diverses hiérarchies omniscientes et incendiaires. Ah, la jolie carrière- politique ?- de Martin Hirsch/ Ah, la parfaite démonstration de déontologie, de justice et de démocratie que le jugement des labos Servier pour « l’affaire » du Mediator etc….).

 

 

Mon moral se maintient parce-que j’ai déjà « connu Â» ça l’année dernière. Pour ce qui est de la pandémie. Même si, j’avais connu un peu, aussi, celle du Sida, à la fin des années 80. J’avais 18 ans en 1986.

 

 

Mon moral se maintient vis-à-vis de la pandémie du Covid même si cette fois-ci, plus de personnes, et plus jeunes, se font manifestement contaminer par « Lui Â» ou par « Elle Â». Et on ne parle pas des magazines  Lui et Elle,  ici, même si, bien-sûr, je l’aurais préféré.

 

 

Mon moral se maintient parce-que je sors pour le travail. Le seul télétravail qui me convienne a priori, c’est celui que j’effectue actuellement alors que j’écris, à des heures qui me conviennent, selon mes possibilités, mes envies et mes besoins.

 

J’ai aussi le moral parce-que j’ai des masques. Parce-que j’ai un vélo et je fais quelques  photos qui me permettent de voir la vie et les rues « autrement Â». De ruser avec une certaine fatalité. Parce-que j’ai une vie affective chez moi, aussi. Parce-que j’ai des amis. Une famille. Parce-que j’écris. Parce-que je lis. Oui, je me répète parce-que répéter ce qui nous fait du bien en renforce les effets.

Parce-que j’écoute des podcast. Parce-que mon travail me plait comme me plait l’alternance de jour comme de nuit.

 

Parce-que j’écoute de la musique. Beaucoup Jimi Hendrix, depuis quelques jours. Je le redécouvre. C’est plus stimulant de l’écouter que d’écouter du Jacques Brel que j’aime entendre mais que je délaisse pour le moment. C’est étonnant.

 

J’ai commencé à réécouter Jimi Hendrix d’abord par le coffret de Cds Songs for Groovy Children emprunté il y a plus d’un mois à la médiathèque de ma ville.  Oui, la culture, l’accès à la culture, les discussions avec les bibliothécaires, font aussi du bien, même derrière un masque. Mais, depuis hier soir, la médiathèque de ma ville, est de nouveau fermée au public. On peut réserver sur le site de la médiathèque et venir chercher sur place, à certains horaires, les documents que l’on aura préalablement réservés. Pour cela, il faut une connexion à internet et, bien-sûr, savoir se servir d’internet.

 

Jimi Hendrix, c’est de la musique de « vieux Â». Je me le dis bien en l’écoutant. Car je « devrais Â» plutôt parler d’Eddy de Pretto, de Lous and The Yakuzas, deux artistes français parmi bien d’autres qui « marchent Â» bien en France, de plus en plus, et que je n’ai pas encore pris le temps de vraiment écouter. Comme je n’ai toujours pas pris le temps de m’initier à beaucoup de jeux vidéos, au rétro gaming. Alors que je suis « rétro Â».  Daté. Dépassé.

 

Mais je veux bien être rétro s’il faut dire ça pour continuer d’écouter Jimi Hendrix et d’autres. Cela ne m’empêchera pas ensuite d’aller fouiller dans la musique des « jeunes Â».

 

Jimi Hendrix, c’est de la musique de vieux, donc, mais qu’est-ce que j’aimerais être vieux comme sa musique pendant encore plusieurs années !

 

On pensera peut-être au titre Voodo Chile de Jimi Hendrix contre le Covid. Mais ce n’est pas à lui que je pense en premier. Même si je peux comprendre que l’on titube en écoutant ce tube.

 

Je vous invite par exemple à écouter  les titres  » Machine Gun »  et  » Foxey Lady », dans leur intégralité et leurs diverses déclinaisons, dans le coffret  » Songs for Groovy Children ». C’était il y a 51 ans. Assez peu de grands artistes « d’aujourd’hui », pourtant, la ramèneraient devant Jimi Hendrix. 

 

Voici quelques photos prises ce matin en rentrant du travail. Je me suis dit ce matin que j’avais vraiment bien fait de m’acheter ce vélo pliant il y a bientôt deux mois. Même si je continue de lorgner sur les vélos Brompton. Cette marque- ou quelqu’un qui connaît un de ses décideurs- devrait penser à me sponsoriser vu le nombre de fois, déjà, où je la cite. Un peu tel l’amateur qui repère une belle mécanique qui sort de l’ordinaire mais qu’il ne peut s’offrir. Je devrais peut-être démarcher un de ses représentants. En leur disant que je veux bien rouler pour les solos de Jimi et pour  un de leurs vélos.

 

Franck Unimon, ce dimanche 4 avril 2021, dimanche de Pâques.  

 

 

Du côté de St-Germain des Prés.

 

 

 

 

 

 

Place Vendome.

 

 

 

 

Vers l’Opéra Garnier.

 

 

Sur la gauche, Galeries Lafayette ou Grand magasin Printemps ? En haut à gauche, l’actrice d’un « seul » rôle, Sharon Stone ( « Basic Instinct ») « encadre » un article  » Déradicalisation. Enquête sur un fiasco » avec l’artiste Lous and The Yakuza qui pose en modèle pour une marque de vêtement ou de chaussures, orientée sport.

 

 

Salle de cinéma fermée, comme toutes les autres accessibles au public, depuis des mois. Bar d’images fermé près de la gare St Lazare plus que déserté pour raisons sanitaires liées au Covid.

 

 

 

 

Contrairement à la salle de cinéma précédente ou à la salle de concerts de l’Olympia, l’enseigne Fnac était encore ouverte il y a quelques jours.

 

 

 

 

Vue depuis une des sorties de la gare St Lazare, Paris.

 

 

Dans la gare St-Lazare.

 

 

 

 

 » Hear my Train A Comin’  » : ).