Catégories
Apnée self-défense/ Arts Martiaux

Je ne suis pas un aventurier

 

Port Haliguen, Quiberon. Mai 2021.

 

 

 

                                               Je ne suis pas un aventurier

 

Je ne suis pas un aventurier. En janvier de cette annĂ©e, j’ai prononcĂ© cette phrase, parmi d’autres, lors de mon discours de dĂ©part de mon prĂ©cĂ©dent service. Service oĂą, Ă  ce jour, je suis restĂ© ancrĂ© le plus longtemps : 11 annĂ©es. Trois ans de jour pour commencer, puis huit de nuit pour finir.

 

J’ai fait trois fois mon pot de dĂ©part en effectifs rĂ©duits du fait de la pandĂ©mie du Covid. J’ai dit trois fois mon discours. J’ai donc rĂ©pĂ©tĂ© cette phrase trois fois :  » Je ne suis pas un aventurier ». Certaines phrases, comme les vagues, se rĂ©pètent. Mais nous ne les Ă©coutons pas toutes. Parce-qu’elles sont trop nombreuses. Parce-qu’elles se ressemblent toutes. Parce-que nous sommes des araignĂ©es emportĂ©es par les sillons de nos propres toiles. Les vagues, aussi, sont des toiles. Elles accumulent les jours et les nuits plus qu’elles ne reculent devant elles.

 

J’avais dĂ©jĂ  travaillĂ© de nuit ailleurs, auparavant. 

 

Dans les logements oĂą j’ai vĂ©cu, toujours en ville, Ă  ce jour, toujours en banlieue parisienne, j’ai un peu oubliĂ© la moyenne, mais j’y suis restĂ© six ou sept annĂ©es. Toujours dans des appartements,  exception faite du pavillon que mes parents avaient achetĂ© Ă  Cergy-Pontoise et oĂą nous avions emmĂ©nagĂ©. J’avais 17 ans. Et, pour moi, alors, quitter Nanterre et notre immeuble de 18 Ă©tages, dans notre citĂ© HLM, cela avait Ă©tĂ© l’exil. M’éloigner d’une trentaine de kilomètres de ma rĂ©gion natale, les Hauts de Seine, pour cette rĂ©gion du Val-d’Oise, alors dĂ©crĂ©tĂ©e « ville nouvelle Â».

 

 

Depuis l’esplanade de Paris, à quelques minutes à pied du pavillon de mes parents, par temps clair et ciel dégagé, je pouvais apercevoir la grande Arche de la Défense. C’était tout ce qui me restait à peu près, visuellement, comme contact, de Nanterre.

 

Il suffit de quelques kilomètres de diffĂ©rence par rapport Ă  notre pĂ©rimètre familier pour avoir l’impression d’être en quelque sorte « excommuniĂ© Â» du paradis oĂą, pourtant, plus d’une fois, on s’est senti Ă  l’étroit. Plus que la distance que l’on met entre soi et les autres, mais aussi entre certains Ă©vĂ©nements et nous, ce qui compte, c’est le choix que l’on fait et le moment de ce choix. Et, je n’avais pas choisi de partir de Nanterre. Pourtant, Ă  17 ans, j’y partageais ma chambre avec ma petite sĹ“ur et mon petit frère. Il y a mieux comme intimitĂ©. D’autant que j’avais Ă©tĂ© fils unique pendant les neuf premières annĂ©es de ma vie.

 

A Cergy-Pontoise, et jusqu’à mon dĂ©part de chez mes parents, un dĂ©part choisi après mon service militaire, j’allais, de nouveau, avoir ma chambre pour moi. J’allais aussi dĂ©couvrir le calme. Le silence. Le calme et le silence d’une maison, d’un quartier pavillonnaire, d’une presque campagne, contre le tintamarre commun de la citĂ© et de l’immeuble HLM :

 

Le jeune qui rĂ´de sa mobylette dans la rue et qui enfile les tours de la citĂ© en augmentant graduellement la vitesse de son engin motorisĂ© avec, bien-sĂ»r, le pot d’échappement pĂ©taradant. Le voisin qui attaque son appartement Ă  la chignole pour du bricolage. Les autres qui claquent la porte de leur appartement car celle-ci se ferme mal. Les gens qui s’engueulent. Les reprĂ©sentants qui Ă©lectrisent subitement l’atmosphère dans l’appartement au moyen de la sonnette de la porte. Comme s’ils Ă©taient chez eux. Les enfants/ les copains qui, depuis la rue, crient pour appeler leur copain afin qu’il descende jouer avec eux. La musique forte :

MĂŞme si, Ă  la maison, on Ă©coutait aussi de la musique Ă  un volume sonore plus ou moins Ă©levĂ©, le tube OĂą sont les femmes ? De Patrick Juvet, mis et remis en selle, par la plutĂ´t jolie fille aĂ®nĂ©e ( plus âgĂ©e que moi) de nos voisins directs, fait partie, Ă  jamais, de mes souvenirs de Nanterre.

 

Je ne peux mĂŞme pas dire si j’ai aimĂ© entendre cette chanson : je n’avais tout simplement pas le choix. C’était comme ça. C’était normal. Et, Ă  Cergy-Pontoise, dans ce pavillon achetĂ© par nos parents, c’était exactement le contraire. Bien qu’il s’agissait d’un coin « civilisĂ© Â», avec marchĂ©, mĂ©diathèque, piscine et centre commercial Ă  proximitĂ© ( mĂŞme si, comparativement aux Quatre Temps de la DĂ©fense, le centre commercial Les Trois Fontaines a d’abord fait un peu « pitiĂ© Â»), j’ai d’abord eu l’impression d’être arrivĂ© dans un coin paumĂ©. Pourtant, il y avait des gens. Et des jeunes de mon âge. Mais je ne les connaissais pas. Et la densitĂ© Ă©tait moindre qu’à Nanterre.

 

Depuis mon enfance, je n’ai pas trop de problème pour sympathiser avec les autres. C’est peut-être un trait de mon tempérament. Ou, aussi, une résurgence des colonies de vacances et des centres de loisirs où je suis allé dès mes six ans voire plus tôt. Dans la ville de Cergy-Pontoise, en plus de vingt ans, je ne me suis fait aucun ami en dehors du travail. Tous mes amis de Cergy-Pontoise ont un rapport avec mon travail. J’ai en grande partie rejeté cette ville et ce qu’elle pouvait m’offrir dans le domaine associatif, sportif et autre. Pourtant, j’y ai croisé des gens en bien des circonstances.

 

Si j’avais été un aventurier, en six mois à Cergy-Pontoise, je me serais reconstitué un réseau d’amis pour remplacer celui dont j’avais été séparé à Nanterre. J’aurais fait le tour du monde à vélo ou à la voile. Je serais parti vivre plusieurs années à l’étranger.

Je serais venu habiter dans Paris lorsque les prix, dans l’ancien, Ă  l’achat, Ă©taient encore supportables : avant l’an 2000.

 

Je suis prudent. Je peux ĂŞtre mĂ©ticuleux. Et, je peux ĂŞtre, aussi, particulièrement…. lent.  Mais je suis, aussi, assez curieux dans les deux sens : un personnage Ă©trange, pas tout Ă  fait conforme, qui n’avance pas au mĂŞme rythme. Et qui ne pense et ne s’exprime pas toujours comme on pourrait s’y attendre. Ou l’exiger. Qui semble- et qui est- en retrait des autres mais qui, contre toute attente, peut ĂŞtre attentif aux autres de façon plutĂ´t surprenante.

 

Cela n’est pas calculé. Les horaires des marées hautes et basses de mes pensées suivent des lunes qui, sans doute, sont peut-être moins communes mais sont aussi faites d’écume. Ce qui peut les rendre plus difficiles à cerner comme à prévoir sur le comptoir des échanges relationnels. Or, ce qui est incompréhensible peut dérouter ou faire peur.

 

Et dans quel domaine, je travaille ? En psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie. Soit un domaine oĂą les personnes, les patients mais aussi les collègues, que l’on rencontre peuvent ĂŞtre susceptibles d’agir comme de penser de manière….incomprĂ©hensible. On dirait presque que je le fais exprès, de dĂ©router mon entourage. 

 

Mais, dans la vie, aussi, nous assistons à bien des phénomènes incompréhensibles.

 

Incompréhensibles. Mais, aussi, parfois, incompressibles.

 

 

Il m’a fallu plus de dix ans entre le moment où je me suis intéressé à la plongée avec bouteille. Et le moment où je me suis lancé en Guadeloupe jusqu’à y passer mes deux premiers niveaux. Pour l’instant, j’ai effectué 39 plongées avec bouteilles dont deux ou trois à quarante mètres.

 

Il m’a fallu à peu près le même temps ( plus de dix ans) pour me décider à prendre des cours de théâtre et jouer sur scène mais aussi dans des courts-métrages. Idem pour le roller etc….

 

 

Mon univers est sans doute celui d’un homme Ă  l’envers. Pourtant, je sais ce qu’est le fait d’avoir des Devoirs et des engagements. Je n’ai pas beaucoup de leçons Ă  recevoir des autres en matière de Devoirs et d’engagements. Pour cela, il me suffit de considĂ©rer ma vie, certains de mes sacrifices, mĂŞme si je ne les ai d’abord pas toujours reconnus comme tels, et regarder un peu comme d’autres vivent autour de moi, pour savoir que je suis très en règle avec mes Devoirs et mes engagements. Voire, peut-ĂŞtre trop.

 

 

La pratique de l’apnĂ©e, en club, est devenue concrète pour moi il y a quatre ou cinq ans, maintenant. Après d’autres expĂ©riences tant personnelles que professionnelles. LĂ , aussi, il s’est passĂ© un certain nombre d’annĂ©es entre le moment oĂą j’ai dĂ©cidĂ© de  faire les dĂ©marches pour m’inscrire dans un club d’apnĂ©e et le jour oĂą je l’ai fait. Evidemment, avant de faire ça, j’avais dĂ©jĂ  lu, ou vu, sur des professionnels de l’apnĂ©e. Des « professionnels Â» au sens commun :

 

Des pratiquants de l’apnĂ©e mĂ©diatisĂ©s pour leurs performances hors-normes lors de certaines compĂ©titions. Des gens que l’on surnomme souvent « L’homme-poisson Â», « L’homme-dauphin Â» etc….

Il y avait des femmes, aussi. Audrey Mestre, en particulier.

 

Si l’aspect « performance Â» de l’apnĂ©e a pu me sĂ©duire, comme un mannequin, un beau blouson Ă©clairĂ© en vitrine ou une vedette de cinĂ©ma peut aussi nous sĂ©duire, il est un autre aspect qui m’a, je crois, le plus « draguĂ© Â» dans l’apnĂ©e :

 

La maitrise de soi. Le calme. La contemplation. L’apprentissage et la découverte de mes capacités. L’adaptation à un autre environnement. Adaptation, qui, ensuite, sans même y penser, se transpose, dans ma vie terrestre.

 

Des aptitudes requises mais qui peuvent aussi être développées, sollicitées, par la pratique de la plongée avec bouteille, de la psychiatrie et de la pédopsychiatrie, du théâtre, du massage bien-être, de la lecture, du journalisme cinéma, de l’écriture, du judo et de tout art martial mais aussi de tout sport de combat, diverses rencontres, la vie de couple, de famille ou le fait d’éduquer/d’essayer d’inspirer son enfant.

 

Il est courant d’opposer des disciplines qui, a priori, semblent antagonistes ou étrangères les unes aux autres. Entre ces disciplines, ces rôles et ces états, je recherche plutôt une certaine complémentarité.

 

Les personnes qui me connaissent un peu ne seront pas surprises par ce que j’avance.

 

J’ajouterai que la pratique de ces diverses disciplines – et d’autres- permet d’approfondir une certaine expĂ©rience de l’économie du geste, de la pensĂ©e, du calme, de la sincĂ©ritĂ© envers soi-mĂŞme pour rĂ©sumer. Et que cette pratique se rĂ©alise en « s’immergeant Â» en soi-mĂŞme. Mais aussi en apprenant Ă  observer et Ă  ressentir, ce qui nous entoure (ĂŞtres, objets, Ă©lĂ©ments, Ă©vĂ©nements). Et, aussi, en allant Ă  leur rencontre dans la mesure de nos moyens, de nos limites et de nos connaissances.

 

 

Je ne suis pas un aventurier. Des quatre ou cinq jours que je viens de passer à Quiberon avec mon club d’apnée, mon troisième stage avec mon club, et mes trois seules sorties en mer de ce type, je suis revenu avec la sensation d’être un peu plus à l’aise dans l’eau en tant qu’apnéiste. Mais je ne suis pas encore autonome.

Ă  suivre….

 

Franck Unimon, ce mardi 25 Mai 2021.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Catégories
Corona Circus self-défense/ Arts Martiaux Vélo Taffe

Vélo taffe : photos du 10 Mars au 10 Mai 2021.

 

 

« Certains vĂ©los sont faits pour rouler, le mien est fait pour pĂ©daler« . 

 

C’est ce que je me suis dit en revoyant un usager de cette marque de vĂ©lo que, cette fois, je laisserai dans l’anonymat. Chaque fois que je croise une personne sur ce genre de vĂ©lo, tout autant mĂ©canique que le mien, je perçois en elle une aisance qui se refuse Ă  moi. Pourtant, cela fait trois mois maintenant, Ă  peu près, que j’ai troquĂ© mes trajets de mĂ©tro contre un vĂ©lo pliant. Et, je ne crois pas ĂŞtre si hors de forme que cela. NĂ©anmoins, je m’apparente souvent Ă  un rĂ©tro lorsque celle ou celui qui se dĂ©place sur un de ces prototypes le fait avec une tranquillitĂ© indiffĂ©rente. Le pire, peut-ĂŞtre, cela a Ă©tĂ© en « soulevant » le boulevard Raspail vers la place Denfert Rochereau :

Un homme assis sur cet objet qui m’intrigue filait sans forcer tout en conversant avec une dame pratiquant elle l’escalade au moyen d’un vĂ©lo grand format. Et, moi, qui faisais de temps Ă  autre irruption sur leur tracĂ©, j’Ă©tais non seulement presque comme une incongruitĂ©. Mais je voyais bien qu’après chaque arrĂŞt, j’avais plus de mal qu’eux pour me relancer. 

Je n’irai pas jusqu’Ă  arracher les cheveux ou Ă  crever les pneus d’une certaine catĂ©gorie de personnes. Car une certaine absence de testostĂ©rone rĂ©sonne en moi pour ce genre de projet en pareilles circonstances. Mais j’ai eu le temps de gamberger. J’accepte facilement que des grandes roues ou des vĂ©los profilĂ©s course me nĂ©gligent ou me fusillent sur place. J’accepte mĂŞme que des vĂ©lib’ lourdauds tractĂ©s par des mollets alcooliques me dĂ©versent des dizaines de mètres de distance dans la vue. Par contre, je me fais scrupuleux lorsque cette catĂ©gorie de vĂ©lo pliant me passe dessus ou devant. Car dans ses rayons, il y a comme un chant. Et celui-ci n’est pas bon pour mon entendement.

 

En attendant, je reste Ă©tonnĂ© de voir que, quelle que soit la marque, le style du vĂ©lo ou la pompe de celle ou celui qui l’emploie, c’est souvent la volontĂ© de la course qui se retrouve. A part quelques touristes sans autre rendez-vous que l’instant. Assez peu, donc, posent le pied ou la cadence afin de faire le mur du temps et de prendre quelques photos.

Sur mon vĂ©lo de baltringue, dont la selle descend rĂ©gulièrement et que je dois donc relever, je suis content de visiter quelques points de vue avant que ceux-ci n’aient disparu. A dĂ©couvrir dans le diaporama qui suit. La musique a Ă©tĂ© choisie par ma fille. 

A bientĂ´t !

 

Franck Unimon, ce dimanche 16 Mai 2021.

 

 

 

 

 

 

 

Catégories
Apnée self-défense/ Arts Martiaux

PrĂ©paratifs pour le stage d’apnĂ©e Ă  Quiberon, Mai 2021

Place de la Concorde, ce matin, vers 9h.

 

 

Préparatifs pour le stage d’apnée à Quiberon de ce mois de Mai 2021

 

Choisir, c’est franchir :

En allant ce matin, jeudi de l’Ascension -mais aussi fin du Ramadan cette annĂ©e pour les musulmans–  Ă  la gare St Lazare, Ă  vĂ©lo, après une nuit de travail de douze heures, j’ignorais encore que j’écrirais cet article.

 

Sur le trajet, comme à mon habitude depuis bientôt trois mois maintenant, à l’aller comme au retour, j’ai pris des clichés. Comme chaque fois qu’un endroit, une lumière ou un événement me porte.

 

J’ai « publiĂ© Â» certaines de ces photos sur ma page Facebook ou sur ma page instagram. Mais, la plupart du temps, j’ai rĂ©servĂ© le plus gros de ces photos prises lors de mes trajets pour mon blog, balistiqueduquotidien.com, dans la rubrique :

 

Vélo Taffe.

 

Je ne fume pas. J’ai juste un peu crapoté, ado, sur un terrain vague, près du supermarché Sodim, à Nanterre, qui existait, alors, près de la Cité Fernand Léger, une cité d’immeubles HLM de 18 étages, où j’ai grandi jusqu’à mes 17 ans. Et, puis, ça a été tout pour ma prise de nicotine ou de substance par voie respiratoire ou pulmonaire.

 

Mais j’ai aimĂ© l’idĂ©e du jeu de mot avec « Taf Â», le travail. Et le fait « d’inhaler Â» du vĂ©lo. Parce-que je voulais voir le fait de faire du vĂ©lo comme une respiration. Un mode de vie. Comme bien d’autres disciplines.

 

Au premier plan, Ă  droite, le technicien que j’ai interrogĂ© et qui m’a rĂ©pondu :  » Je ne sais pas pour quel film ! ». Ce matin, vers 9h.

 

Ce matin, très beau ciel bleu. Une belle lumière, dehors. Et, Place de la Concorde, le tournage d’un film. J’ai interrogĂ© un des techniciens du film qui se dirigeait vers moi. Sans doute le technicien lumière. Celui-ci m’a rĂ©pondu avec le sourire :

 

« Je ne sais pas pour quel film ! Â».

 

Dans le camion, blanc, Ă  droite, « Au P’tit coin », lieu de dĂ©tente ou de relâchement des sphincters. Ce camion fait sans doute aussi partie de la logistique du tournage, car, habituellement, il n’est pas lĂ .

 

L’article que je suis en train d’écrire est sans aucun doute un film que je me fais et que je suis en train de tourner. Comme chaque fois que je suis inspirĂ© pour Ă©crire. Et que je dispose de suffisamment de temps pour le faire. Je ne vis pas de ce que j’écris. Je le fais donc dès que je peux capter un peu de temps par-ci par lĂ , tout en composant avec ma vie de famille, de couple, de père,  de citoyen et d’employĂ©.

 

Je dois donc concilier constamment plusieurs contraintes. Mais, ce faisant, comme la plupart des amateurs et des gens qui m’entourent et, de par le monde, j’ai ainsi accès à plusieurs vies. Chacun de mes articles est donc un tournage intime et public qui essaie de réunir, de projeter et de rendre attractives mes quelques vies d’ici et d’ailleurs. D’hier, d’aujourd’hui et de demain. Autant que je me souvienne. Pendant que j’ai encore de la mémoire, de l’envie et du plaisir.

 

A Penmarch’, en octobre 2020, lors de notre stage d’apnĂ©e avec mon club.

 

Cet article sera long. Je l’ai compris tout à l’heure en commençant à y penser chez moi. Alors, qu’au départ, il devait se contenter de faire un retour sur notre stage d’apnée à Penmarch, en Bretagne, en octobre dernier. Car j’avais pris quelques notes que j’ai facilement retrouvées tout à l’heure. J’avais aussi gardé des photos. Cet article devait être court. Il sera long. J’en suis désolé pour les lectrices et les lecteurs pressés. Pour celles et ceux qui ont besoin d’articles courts. Efficaces.

 

Je « sais Â» qu’écrire long est « anti-commercial Â». Que c’est une mauvaise stratĂ©gie pour ĂŞtre beaucoup lu. Mais je ne peux pas et ne veux pas me  soumettre Ă  toutes les pyramides des tyrannies. En particulier, Ă  celles qui consistent Ă  faire du buzz Ă  tout prix. A celles qui consistent Ă  privilĂ©gier des pensĂ©es et des sensations cosmĂ©tiques.

 

Je n’écris pas et ne travaille pas pour l’OrĂ©al. Et, encore moins pour les vitrines des grandes surfaces qu’elles soient de luxe ou non. J’écris comme je vis. Donc, si cet article doit ĂŞtre long, il sera long.

 

Lors d’un des ateliers d’écriture auxquels j’avais participĂ© Ă  la mĂ©diathèque de Cergy-PrĂ©fecture, il y a plusieurs annĂ©es ( il y a plus de dix ans) l’écrivain qui l’animait avait dit :

 

« On Ă©crit comme on respire Â».

 

Mon initiation Ă  l’ApnĂ©e :

 

Je me suis inscrit à mon club d’apnée, à Colombes, dans les Hauts de Seine, il y a environ quatre ans, maintenant.

 

Mais je suis arrivĂ© Ă  la pratique de l’apnĂ©e…par la plongĂ©e avec bouteille. Discipline que j’avais dĂ©couverte il y a plus de dix ans maintenant. En Guadeloupe. 

 

 

La plongée avec bouteille fait partie avec le roller de ces disciplines que j’ai découvertes et pratiquées, sur le tard. Alors que j’avais une trentaine d’années.

 

Ce sont des disciplines vers lesquelles je lorgnais depuis des années, comme j’ai aussi pu lorgner vers la pratique du théâtre pendant des années. Avant, là, aussi, de me décider à me lancer dans cette expérience avec plaisir.

 

C’est un Antillais, Jean-Charles, alors président et animateur d’un club à Cergy-Pontoise, Les Roller Eagles, qui m’a initié au sein de son club au roller. Je ne suis pas un pratiquant émérite de Roller. Mais, grâce à lui et à plusieurs sorties en club avec lui, j’ai pu faire des sorties d’une vingtaine de kilomètres sur la route, quelques randonnées, mais aussi participer à une ou deux randonnées nocturnes sur Paris. Jean-Charles a un rapport très concret aux rollers. Son enseignement visait à nous rendre aussi autonomes que possible en milieu urbain.

 

Aujourd’hui, j’ai toujours mes rollers même si je les utilise peu.

 

C’est un Corse, Stephan, qui, en Guadeloupe, dans la commune de Sainte-Rose, m’a initiĂ© Ă  la plongĂ©e avec bouteille, dans son club : ALAVAMA.

 

Pourquoi Sainte-Rose ?

 

D’une part, parce qu’après avoir vécu une trentaine d’années en France, où je suis né, mes parents, natifs de la Guadeloupe, sont retournés vivre en Guadeloupe et se sont établis à Ste-Rose.

D’autre part, parce-que, après être allé rencontrer plusieurs dirigeants de clubs de plongée, c’est avec Stéphan, qu’humainement, je m’étais d’emblée senti le mieux.

Enfin, son club est un « petit Â» club. Et non une grosse usine de plongĂ©e. Cette particularitĂ© m’avait aussi plu.

 

Jean-Charles, tout comme Stephan, sont deux personnes que j’avais choisies. Or, choisir, c’est franchir….

 

Relater ça, et les origines de Jean-Charles, d’un cĂ´tĂ©, et de Stephan, d’un autre cĂ´tĂ©, est volontaire de ma part. MĂŞme si, je me rĂ©pète :

 

Ce matin, au départ, en quittant mon service où je retournerai travailler cette nuit à nouveau pour douze heures, j’ignorais que j’allais écrire cet article.

 

 

Ce matin, en me rapprochant Ă  vĂ©lo de la gare St Lazare, je suis tombĂ© sur l’affiche d’un politicien. Son slogan Ă©tait le suivant :

 

Le choix de la sécurité.

 

J’ai pris le temps de lire ce slogan alors que j’étais arrĂŞtĂ© au feu rouge. Peu importe, pour moi, la couleur politique de cet homme. Car nous vivons dans un monde et dans un pays de frontières de toutes sortes :

 

Culturelle, sociale, ethnique, sexuelle, intellectuelle, politique, Ă©conomique, religieuse, militaire, mentale….

 

Et, la pandĂ©mie du Covid, ses rĂ©percussions Ă©conomiques et sociales, la gĂ©opolitique et d’autres facteurs accroissent de plus en plus les tensions autour et Ă  propos de toutes ces frontières. Certaines frontières et tensions sont plus explicites que d’autres. Certaines sont plus directes que d’autres. Certaines sont plus visibles que d’autres.

Mais qu’on les perçoive ou non, ces frontières et ses tensions pèsent en permanence sur nos vies. Sur nos choix. 

 

 

Ce politicien n’a pas choisi ce slogan par hasard. Nous avons tous peur de quelque chose. Je ne crois pas aux gens qui n’ont- jamais- peur de rien. MĂŞme si certaines personnes ont une assurance terrifiante. Mais il n’y a qu’Ă  voir comment finissent certains despotes, monarques ou dictateurs pour s’apercevoir ou se rappeler que lorsque le Pouvoir, qui reste du sable, leur Ă©chappe, ils ont peur et fuient comme tout un chacun.

 Enfants ou adultes. Jeunes. Vieux. Gros. Maigres. Yeux bleus, yeux marrons. Blancs ou noirs. Musulmans ou catholiques. Riches ou pauvres. ChĂ´meurs ou travailleurs. Femmes ou hommes. ImmigrĂ©s ou « nationaux Â». Sportifs ou sĂ©dentaires. PropriĂ©taires ou locataires. RĂ©sidents ou SDF. Cyclistes ou piĂ©tons, nous avons tous peur de quelque chose ou de quelqu’un Ă  un moment ou Ă  un autre. 

 

Sauf que si la sécurité devient la seule norme et le seul critère possible, alors, tous les replis communautaires, quels qu’ils soient, se justifient. Ainsi que la peur de l’autre. Comme la peur et le rejet pour toute expérience et toute rencontre qui sort de notre pratique et de nos connaissance familières et connues.

 

Si je n’avais fait que le choix de la sécurité, jamais, je ne me serais lancé dans la découverte du roller.

Jamais, je ne me serais lancĂ© dans la dĂ©couverte de la plongĂ©e avec bouteille. Et, jamais, je ne me serais lancĂ© dans la dĂ©couverte de l’apnĂ©e. Car ces trois disciplines ( roller, plongĂ©e avec bouteille, apnĂ©e) font peur, comportent des risques, et ne font pas partie de mon « habitat Â» naturel ni de mon hĂ©ritage familial.

 

Penmarch’, Octobre 2020.

 

Mon hĂ©ritage familial : Un hĂ©ritage d’ Ultra-marins

Les Antillais peuvent aussi ĂŞtre dĂ©nommĂ©s « ultra-marins Â» : Nous venons ou sommes originaires de l’Outre-mer. Mais, « ultra-marins Â», ne signifie pas du tout « sous-marins Â».

 

Il existe bien évidemment des Antillais parfaitement à l’aise sous l’eau, que ce soit des chasseurs sous-marins ou des plongeurs avec bouteille. Mais, d’après mon expérience personnelle et familiale, ces Antillais sont une minorité.

 

Dans ma famille, nous sommes plutôt des terriens ou des terrestres. Mes parents savent nager, d’accord. Mais, contrairement à d’autres personnes, je n’ai aucun souvenir de vacances ou de journées passées sous l’eau ou sur l’eau avec mes parents.

 

Par contre, le Foot, la course à pied, le cyclisme voire la boxe, ça, oui, ça fait partie de mon patrimoine familial et culturel. Que ce soit en tant que pratiquant ou en tant que spectateur. Mais le roller, la plongée avec bouteille ou l’apnée, certainement pas.

 

Je me rappelle encore d’un de mes grands oncles paternels, aujourd’hui dĂ©cĂ©dĂ©, tout Ă©tonnĂ©, alors que je venais de lui parler d’une sortie plongĂ©e rĂ©cente, d’apprendre que, non, je n’avais pas pĂŞchĂ© de poisson ! J’avais alors compris que son rapport Ă  la mer Ă©tait strictement nourricier. Comme, pour certains hommes, le rapport Ă  la femme peut n’être que strictement sexuel, procrĂ©atif ou domestique.

 

Je me rappelle aussi du mari, aujourd’hui dĂ©cĂ©dĂ©, de ma tante paternelle, pĂŞcheur, me racontant- Ă©galement en CrĂ©ole– qu’il avait vu, comme il me voit, certains de ses collègues, tomber Ă  la mer et se noyer sous ses yeux. Et, si je me souviens bien, cet « oncle Â», très bon marcheur par ailleurs, ne savait pas nager. D’ailleurs, il n’est pas mort en mer. Mais en faisant une mauvaise chute dans des escaliers. Peut-ĂŞtre Ă  cause de son alcoolisme. Plus saoul marin, donc, que sous-marin

 

Je me rappelle aussi comme, en Guadeloupe, certains locaux me regardaient comme un élément insolite, alors que depuis le club de plongée de Stephan, je figurais parmi les touristes (les blancs, pour faire simple) se dirigeant vers la mer et le bateau pour aller plonger plus loin.

 

Et, puis, je suis aussi obligĂ© de rappeler que la mer, pour bien des ultra-marins, cela reste l’élĂ©ment hostile, d’amnĂ©sie et de douleur, le rĂ©cif qui nous a dĂ©coupĂ© et « sĂ©parĂ© Â», de par l’esclavage, de la terre originelle : l’Afrique. MĂŞme si, depuis, l’Afrique est devenu un continent « autre Â». Je connais peu, très peu d’Antillais, qui ont sillonnĂ© l’Afrique. MĂŞme moi, Ă  ce jour, je ne suis toujours pas allĂ© en Afrique. L’Afrique, pour beaucoup d’ultra-marins, c’est peut-ĂŞtre encore le continent de la dĂ©faite, du rejet, du deuil difficile ou impossible. Du reste, en occident, l’image- grossière- de l’Afrique reste rĂ©gulièrement dĂ©figurĂ©e et : famine, dictatures, pauvretĂ©, violences et, maintenant, jihadisme….

 

Par contre, nous sommes nombreux, aux Antilles ou en France, Ă  regarder avec une certaine admiration nos « cousins » d’AmĂ©rique. Si Nelson Mandela, en tant que militant, est sĂ»rement un leader africain estimĂ© et reconnu aux Antilles, il me semble qu’Ă  part lui, que nous serons souvent plus facilement inspirĂ©s pour admirer et citer des grands leader et des grands hĂ©ros, noirs amĂ©ricains. Et, ce sera pareil pour des acteurs et des actrices noirs amĂ©ricains ou britanniques. Personnellement, je retiens le nom et « connais » bien plus d’acteurs et d’actrices noirs amĂ©ricains que d’actrices et d’acteurs africains. Cela pour dire jusqu’Ă  quel point nous avons pu ĂŞtre sĂ©parĂ©s et pouvons continuer de nous sĂ©parer de l’Afrique…..

 

 

C’est donc dire Ă  quel point, pour moi, le « Moon France Â» ( jeu de mot avec « Moun Frans Â», terme pĂ©joratif que j’ai eu le privilège de dĂ©couvrir dès mes 7 ans en Guadeloupe, pour mon premier sĂ©jour de vacances lĂ -bas), le fait de choisir, Ă  un moment donnĂ©, de dĂ©couvrir une discipline comme la plongĂ©e avec bouteille, puis l’apnĂ©e, a nĂ©cessitĂ© que j’aille Ă  contre-courant.

 

La facilitĂ©, la simplicitĂ© ou la lâchetĂ© aurait Ă©videmment consistĂ©, pour moi, Ă  suivre le courant. A me laisser rĂ©soudre et fabriquer selon les exemples et les modèles Ă  ma portĂ©e immĂ©diate :

 

D’après mes modèles familiaux et culturels. Mais aussi sociaux. Ce qui arrive encore constamment.

 

On peut très bien vivre dans un pays, une région ou une ville où il existe plein de possibilités de découvertes et d’épanouissement et s’en couper complètement. Et, vivre, de façon repliée. En faisant le choix de certaines certitudes. En faisant le choix….de la sécurité :

 

Je suis restĂ© marquĂ© par ce jeune croisĂ© un jour alors que je venais d’emmĂ©nager dans la ville d’Argenteuil en 2007. Je cherchais alors, près de la dalle d’Argenteuil, la mĂ©diathèque. Le jeune, qui, selon moi, habitait dans le coin, m’avait rĂ©pondu qu’il ne savait pas oĂą elle se trouvait. Et puis, en tournant la tĂŞte, je m’Ă©tais aperçu qu’elle Ă©tait juste lĂ , Ă  quelques mètres de nous. Ouverte. Offerte. Gratuite.

Ce jeune devait passer devant cette mĂ©diathèque rĂ©gulièrement sans le savoir. Je suis persuadĂ© que nous agissons bien des fois comme ce jeune en bien d’autres circonstances. Et, cela, tout au long de notre vie. Et, personnellement, cela m’attriste, voire, m’inquiète. 

 

Prendre la peur comme seul critère pour choisir de vivre et pour sélectionner son environnement comme celles et ceux que l’on va fréquenter revient, à un moment ou à un autre, à se rapprocher davantage de la peur.

Photo prise Ă  Penmarch, lors de notre stage en octobre 2020.

 

Ce Lundi 9 Mai 2021 :

Ce Lundi 9 Mai, nous étions six à assister et à participer à cette visio-conférence organisée par Yves, le responsable de la section apnée de notre club.

 

Le but était de préparer notre stage d’apnée à Quiberon la semaine suivante (dans quelques jours).

 

Comme à son habitude, et avec simplicité, Yves a de nouveau déployé l’étendue de ses compétences.

 

Etant donnĂ© que c’est le premier club d’apnĂ©e que je connais, je n’ai pas d’élĂ©ment de comparaison avec un autre club d’apnĂ©e. Mais, rĂ©gulièrement, je suis admiratif de voir comme Yves, originaire de Bretagne, semble maitriser tant d’élĂ©ments :

 

MĂ©tĂ©o, maritime et terrestre, topographie des lieux, coĂ»t du carburant, planning, coĂ»t de l’hĂ©bergement, permis bateau, pĂŞche sous-marine, cuisine et prĂ©paration de ce que nous avons pĂŞchĂ©, matĂ©riel….

 

En outre, il semble inaltĂ©rable et infatigable. Ce qui est humainement impossible. Et, pourtant. Dernier couchĂ©, premier levĂ©. A Penmarch’, en short et tee-shirt Ă  manches courtes, je l’ai vu profiter d’un temps de pause pour passer la tondeuse autour de sa maison familiale alors que nous Ă©tions sortis le matin. J’Ă©tais aussi couvert qu’il Ă©tait en tenue d’Ă©tĂ© ( en octobre, en Bretagne !) et plus bon pour la sieste que pour le jardinage.

 

On m’objectera que c’est son rôle. Et que c’est la moindre des choses. Peut-être.

 

Mais avec une telle aisance, tant d’un point de vue pĂ©dagogique, tant sur terre, sur bateau que sous l’eau ?

 

HĂ© bien, je vais affirmer que non ! Tout le monde n’est pas comme lui. Et, il faut savoir voir ce que certaines rencontres ont d’exceptionnel mĂŞme si les personnes concernĂ©es s’en dĂ©fendront souvent.

 

Un tel engagement, une telle compĂ©tence,  dans une discipline si technique et potentiellement, si dangereuse, si effrayante, que ce soit en piscine, en fosse ou dans un environnement naturel ? Cela serait donc si banal, que ça ?!

Je vais affirmer- quitte à l’embarrasser- qu’il ne doit pas y avoir tant d’encadrants que ça qui font ça comme lui.

 Je vais aussi affirmer que chacun d’entre nous se sentait en….sĂ©curitĂ© alors qu’Yves, lundi ( il y a quelques jours) nous parlait, nous prĂ©sentait le programme, mais, aussi, rĂ©pondait Ă  nos questions.

 

MĂŞme lorsqu’Yves, a pu nous dire Ă  un moment que, dans tel endroit «  il peut y avoir beaucoup de courant Â». Mais qu’il suffit de se mettre Ă  tel endroit, derrière la roche, pour se mettre Ă  l’abri.

 

Tout en l’écoutant, je me suis demandé ce qui faisait que, moi, l’un des moins expérimentés du groupe, je pouvais me sentir si peu inquiet. J’allais quand même me retrouver, lesté de plusieurs kilos, dans une eau dont la température serait comprise entre 14 et 16 degrés, en pleine mer, durant plusieurs heures. Or, tout ce que j’entrevoyais, et attendais, c’était ce moment, où, avec les autres, j’aurais ces tonnes d’eau au dessus de ma tête. Et où je convergerais vers ces cinq ou huit mètres de profondeur, ou un petit peu plus peut-être, avec pour seule réserve et liberté, l’air que j’aurais emmagasiné dans mes poumons, ma tête. Et mes rêves.

 

A Penmarch, en octobre 2020.

 

D’accord, j’avais dĂ©jĂ  effectuĂ© deux stages d’apnĂ©e en Bretagne avec le club. Un premier Ă  Loctudy en 2017. Puis, un autre en octobre dernier Ă  Penmarch. Mais cela suffisait-il pour expliquer cette tranquillitĂ© que je ressentais en l’écoutant ? Alors que je « savais Â» que si j’avais racontĂ© Ă  d’autres terriens- mĂŞme sportifs- que nous avions prĂ©vu, avec mon club, de partir en stage d’apnĂ©e en Bretagne la semaine prochaine, que certaines et certains d’entre eux prendraient peur ou s’inquiĂ©teraient.

 

Le choix de la sécurité….

 

Cet article est déjà long. Dans un autre, je restituerai les notes que j’avais prises lors de notre séjour à Penmarch en octobre dernier.

 

J’ajouterai avant de conclure celui-ci qu’autour d’Yves, se trouvent donc d’autres pratiquants qui ont dĂ©jĂ  une sacrĂ©e expĂ©rience de chasse sous-marine. Mais, aussi, le doyen du club, Jean-Pierre, plus de 67 ans, et une bonne cinquantaine d’annĂ©es d’expĂ©rience dans le domaine de la chasse sous-marine. Une longĂ©vitĂ© et une aisance que l’on ne peut qu’admirer. Je me rappelle encore qu’en octobre, alors que, moi, Ă©puisĂ© par les couchers assez tardifs et les rĂ©veils assez matinaux, j’avais optĂ© pour arrĂŞter ma «plongĂ©e Â» après deux heures dans l’eau ( tempĂ©rature comprise entre 12 et 14 degrĂ©s, je crois), Jean-Pierre, lui, dans une mer qui secouait un peu, voltigeait comme un gamin dans son aire de jeu prĂ©fĂ©rĂ©e. En pleine forme. Cela ne m’aurait mĂŞme pas surpris s’il m’avait demandĂ©, Ă©tonnĂ© : 

« Ah, bon ? Tu rentres, dĂ©ja ? Tu arrĂŞtes de jouer ? ». 

 

Je n’aurais jamais vu ou fait ce genre d’expérience et de rencontre si, toute ma vie, je ne m’étais tenu qu’à des choix de sécurité.

 

Penmarch, octobre 2020.

 

Franck Unimon, ce jeudi 13 Mai 2021.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Catégories
Cinéma Pour les coquines et les coquins

Brigitte Lahaie en podcast

                                             

                                                   Brigitte Lahaie en podcast

 

 

Tout à l’heure, après avoir arrêté d’écrire, j’ai continué d’écouter un podcast consacré à l’ancienne actrice porno, Brigitte Lahaie.

Au tout dĂ©but, dans les annĂ©es 90 peut-ĂŞtre, pour moi, Brigitte Lahaie Ă©tait « juste Â» une actrice française de film X entrevue après d’autres actrices ou d’autres femmes dĂ©nudĂ©es. Elle n’Ă©tait pas nĂ©cessairement celle qui me faisait le plus fantasmer.  

Et puis, plus tard, j’avais compris en lisant une interview, peut-ĂŞtre, que c’était une femme intelligente. Bien consciente de ce qu’elle pouvait susciter chez un homme comme fantasme et…dotĂ©e d’humour. J’étais tombĂ© sur une de ses rĂ©parties :

« Et, je saute Lahaie ?! Â».

Depuis la lecture de cette rĂ©partie, pour moi, Lahaie, c’est ça : une femme qui a fait du X mais qui est intelligente. Et drĂ´le.

Mais peut-ĂŞtre, aussi, que depuis que j’avais entendu parler d’elle la première fois dans les annĂ©es 90 (ou 80 ?) que ma sexualitĂ© avait un petit peu Ă©voluĂ©. Et que c’Ă©tait aussi moi qui Ă©tais devenu un tout petit peu plus intelligent et drĂ´le. 

D’autres annĂ©es sont encore passĂ©es depuis les annĂ©es 90 ou 80. Et puis,  je suis tombĂ© sur ce podcast, il  y a quelques jours. Je l’ai donc tĂ©lĂ©chargĂ© avec bien d’autres podcast sur bien d’autres sujets.

Je n’avais pas envie de mater Brigitte Lahaie :

 C’était la femme intelligente que je voulais entendre. 

Ce fut assez drĂ´le d’écouter ce podcast. Sauf que le comique de situation n’est pas venu de Brigitte Lahaie.

 

Dans cette Ă©mission appelĂ©e Mauvais Genres passĂ©e sur la radio France Culture le 2 Mai 2020, Lahaie Ă©tait entourĂ©e de spĂ©cialistes du X qui Ă©taient majoritairement des hommes apparemment sexagĂ©naires. ( Lahaie, nĂ©e en 1955, si je ne me trompe, a, elle…65 ans au moment de l’Ă©mission).

Il y avait aussi une femme qui, elle,  peut-ĂŞtre plus jeune ( environ la quarantaine ?) Ă©tait sĂ»rement plus concernĂ©e par l’image de la femme, la place de la femme mais aussi, bien-sĂ»r, la libĂ©ration de la femme. Et par la façon dont la carrière de Lahaie au cinĂ©ma mais aussi dont les engagements ensuite avaient pu contribuer Ă  la libĂ©ration de la femme. En Occident, et, en particulier, en France

Depuis une vingtaine d’annĂ©es, Brigitte Lahaie est animatrice radio. Elle a Ă©crit deux livres. Elle est considĂ©rĂ©e comme l’une des rares anciennes actrices pornos Ă  avoir pu jouer dans des films de la filière dite classique ou traditionnelle. Mais aussi Ă  avoir rĂ©ussi sa reconversion professionnelle après la fin de sa carrière d’actrice. Ce que ne sont pas parvenues Ă  faire par exemple feu Karen Bach/Lancaume et RaffaĂ«la Anderson, hĂ©roĂŻnes de l’adaptation cinĂ©matographique du livre Baise-Moi de Virginie Despentes. Un livre que j’avais lu. Et un film que j’avais vu au cinĂ©ma Ă  sa sortie et qui m’avait « plu ». 

 

Dans le podcast, Lahaie dit par exemple ĂŞtre inquiète d’assister Ă  une certaine rĂ©gression concernant les mĹ“urs sexuelles. Et du fait que l’on puisse dire aujourd’hui que prendre la pilule, pour une femme, n’est pas un acte « naturel Â». Lahaie de demander, alors :

« Parce-que faire douze enfants et mourir en couches, c’est naturel pour une femme ?! Â».

 

Les hommes prĂ©sents avec elle pour la radio France Culture, spĂ©cialistes de sa filmographie, et sans doute de bien d’autres films pornos, eux, Ă©taient très polis, et très Ă©rudits.

Pourtant, ils faisaient penser Ă  des hommes qui s’étaient sĂ»rement masturbĂ©s après avoir regardĂ© Lahaie- ou d’autres actrices du X- sur grand Ă©cran ou devant la tĂ©lĂ© bien des annĂ©es auparavant. Sans rien en dire :

J’ai eu beaucoup de mal à croire que ces hommes soient des hommes ayant eu ou ayant encore une sexualité épanouie. Et, ils étaient là, à parler de tel film porno réalisé par tel réalisateur, avec tel acteur et Brigitte Lahaie. S’empressant de citer leurs connaissances. Sauf que, même cultivés, très cultivés, ils étaient restés les spectateurs et les admirateurs d’une carrière cinématographique pornographique.

Celle de Brigitte Lahaie. Alors qu’elle, cette carrière, elle l’avait vĂ©cue. Les pĂ©nĂ©trations avaient bien eu lieu. Ainsi que les jouissances. Et, ils Ă©taient lĂ  Ă  en parler comme si de rien n’Ă©tait. J’avais donc l’impression d’entendre des adorateurs qui, Ă  tour de rĂ´le, se pressaient follement pour placer leur  pièce, ou leur feulement, dans l’horodateur du regard de Brigitte Lahaie. Pour se faire connaĂ®tre -et voir- par une femme qui avait disparu depuis «longtemps Â» des Ă©crans qui les avaient marquĂ©s et qui, pourtant, se trouvait devant eux : Brigitte Lahaie.

 

Brigitte Lahaie a bien expliquĂ© que sa carrière dans le X devait beaucoup au fait qu’elle avait en elle une blessure. Elle recherchait de l’amour dans le regard de son père. Elle rejetait aussi le fait d’avoir une vie bien rangĂ©e….

 

Dans cette Ă©mission, comme ailleurs sans doute, Lahaie expliquait que tourner des films de X, Ă  l’époque oĂą elle en avait tournĂ©, jusqu’ aux annĂ©es 80, lui avait permis d’apprendre Ă  s’aimer. Et qu’elle avait eu du plaisir Ă  s’exhiber devant la camĂ©ra. Elle voyait d’ailleurs un certain gâchis lorsque, plus tard, certaines actrices françaises, telles Clara Morgane et Laure Sainclair, dĂ©clareraient avoir fait du X pendant un temps « juste pour le travail Â». En affirmant ne pas avoir eu de plaisir particulier.  Devant la camĂ©ra, elle, Lahaie avait du plaisir mĂŞme si elle dĂ©ment avoir Ă©tĂ© amoureuse de ses partenaires. Et, Lahaie d’ajouter dans l’émission que «  toute femme peut arriver Ă  jouir si elle trouve (ou rencontre) une bonne langue Â». Il n y avait pas de prĂ©tention ni de provocation de sa part. Mais elle explicitait l’idĂ©e que l’on fait mieux son travail lorsque l’on a du plaisir Ă  le faire. 

 

A la limite, je l’ai trouvĂ©e assez sèche par moments avec ces messieurs. Mais c’était peut-ĂŞtre parce qu’elle avait dĂ©jĂ  beaucoup rencontrĂ© de ces hommes qu’elle « passionne Â». Et qu’il lui importait de les raisonner ou de les aider Ă  raisonner plutĂ´t que d’avoir Ă  les aider Ă  dĂ©bander.

Mais c’était drôle d’imaginer non Brigitte Lahaie dans ses tenues intimes ou ses postures d’écran – même si, ensuite, j’ai regardé un peu quels films d’elle je pourrais éventuellement trouver ou acheter d’elle- mais ces spécialistes qui semblaient retenir leur envie derrière leurs propos qui se voulaient domestiqués. Comme si parler de X en face d’une ancienne vedette du porno pouvait se faire comme on peut discuter du solfège dans un conservatoire. Mais je dois le reconnaître :

Je n’aimerais pas avoir Ă  me confesser devant une ancienne professionnelle du porno cousine de Brigitte de Lahaie. Une telle personne sait mieux que quiconque saisir l’octave du dĂ©sir qui nous attire comme de celui que l’on enclave.

 

 

 

Chez moi, depuis des annĂ©es, j’ai le film La Nuit des TraquĂ©es de Jean Rollin. Un film que j’ai dĂ©jĂ  regardĂ© un peu. Ou entièrement. J’ai oubliĂ©. Mais dont j’ai un bon souvenir esthĂ©tique. Et qui fait partie des films que Lahaie continue de prĂ©fĂ©rer.

 

 

Ce podcast m’a mis de bonne humeur.

 

 

Franck Unimon, ce vendredi 30 avril 2021. 

Catégories
Argenteuil Pour les Poissons Rouges

Avant de rentrer

 

                                                        Avant de rentrer

 

Avant de rentrer, j’ai passé quelques minutes dans la rue à remuer le ciel.

 

Je trouve que depuis le mois de mars, il y a, de nouveau, comme l’annĂ©e dernière, une très belle luminositĂ© dehors. Et, tout Ă  l’heure près du boulevard oĂą se trouve notre immeuble, en regardant vers la gare, le ciel Ă©tait beau. ChargĂ© de nuages et d’histoires. ClairsemĂ© de liserĂ©s de lumière. Avec le soleil, qui, cachĂ© par les nuages, devenait lune.

Et les gens passaient à pied sans regarder pour aller à la gare. Les voitures tournaient. Les bus passaient. Pendant que d’autres personnes, debout, faisaient la queue devant le laboratoire d’analyses médicales.

 

Je me suis dit que c’était parce-que, nous, les êtres humains, nous sommes devenus incapables de faire attention à ce qui se passe dans le ciel, mais aussi de l’admirer, que nous sommes devenus malades. Que nous avons besoin de faire des analyses. Que nous avons besoin de toutes sortes de drogues. Que nous avons besoins de consoles de jeux.

 

J’ai profité de ces quelques minutes, dehors, à prendre des photos et à essayer de saisir le soleil. Même si, en soi, cette partie de la ville n’est pas jolie.

 

Car je me suis dit que tant que j’étais capable d’être content de moments pareils, que tout allait bien. Que je me portais encore suffisamment bien. Même si, je suis aussi régulièrement et souvent toutes ces personnes qui, en bien des circonstances, partent faire des analyses médicales. Prennent des drogues. Tournent dans leur voiture. Prennent le bus.

 

Sans regarder.

 

 

Franck Unimon, ce vendredi 30 avril 2021.

 

Catégories
Corona Circus Crédibilité self-défense/ Arts Martiaux

Lien entre l’immigration et le terrorisme : l’avis d’un homme de mĂ©nage

 

Lien entre terrorisme et immigration : L’avis d’un homme de mĂ©nage

 

Ă”, BrĂ»lot !

 

Il est devenu normal de vivre avec des écrans. L’une des différences entre un animal domestique et un écran, c’est que, souvent, nous devenons volontairement l’animal domestique de nos écrans.

 

On parle de temps à autre de l’enfer qui serait un endroit monstrueux où l’on souffrirait beaucoup. Et lentement. A petit feu. Je crois que l’enfer, c’est aussi l’endroit, la relation et l’expérience vers laquelle, on se dirige volontairement. Car son accès nous a été rendu très facile, de façon illimitée, et presque gratuite. Parce-que sa présentation est au départ suffisamment séduisante et captivante pour nous attirer. Ensuite, peu à peu, ça se gâte. Et, généralement, lorsque ça se gâte, c’est un peu plus difficile pour s’en extraire.

 

 

Ticket pour l’enfer ?

 

 

Cet article est-il mon ticket pour l’enfer ? Je devrais peut-ĂŞtre me contenter de faire mon mĂ©nage dans mon coin en restant discret. C’est peut-ĂŞtre ce qu’il y a de mieux pour mon karma. Faire le mĂ©nage. Me taire. Renifler la poussière en toute discrĂ©tion sans me faire remarquer. Et remercier je ne sais qui, je ne sais quoi, de pouvoir bĂ©nĂ©ficier, en toute tranquillitĂ©, de ce grand bonheur qu’ailleurs beaucoup m’envieraient :

 

 Vivre Ă  peu près incognito en ayant un travail, en mangeant Ă  ma faim, dans un pays en paix.

 

Mais il y a eu contact tout à l’heure avec un écran.

 

Peu importe que ce soit avec l’écran d’un tĂ©lĂ©viseur. Peu importe « l’émission Â». Ou la chaine de tĂ©lĂ©. Ainsi que l’heure.

 

Le fait est que les Ă©crans sont partout : consoles de jeu, smartphones, tĂ©lĂ©visions, ordinateurs, tablettes etc….

 

HD, 4K, pixels, 4G, 5G…. La résolution et la qualité de restitution des images- et du son- s’améliore régulièrement. Sensiblement. Il y a même de la sensualité dans cette expérience.

 

Le rendu de ce que l’on voit, de ce que l’on entend ou de ce que l’on filme, prend en photo ou enregistre est de plus en plus extraordinaire. Et nos moyens de diffusion, aussi.

 

Je ne vais pas m’en plaindre : j’en profite aussi en tant qu’usager ou en tant que spectateur.

 

Mais il y a un paradoxe croissant qui semble dĂ©ranger assez peu. La norme est d’avoir des Ă©crans et des images  » de contact » partout en toute circonstance, ainsi que des moyens de distribution et de diffusion de ces Ă©crans et de ces images de « plus en plus faciles Â».  

 

Ce qui m’amène à l’expérience, banale, que je viens de faire il y a quelques minutes.

En me rendant Ă  ma sĂ©ance de kinĂ©, tout Ă  l’heure, je suis tombĂ©, comme lors de mes autres sĂ©ances, sur la tĂ©lĂ© allumĂ©e, au fond de la salle. Laquelle, diffusait ses images, ses titres et les propos de ses diffĂ©rents intervenants sur le sujet du jour :

 

Lien entre immigration et terrorisme .

 

La cause de ce sujet, rĂ©cemment, (vendredi dernier, je crois), Ă  Rambouillet, dans les Yvelines, une femme flic s’est faite Ă©gorger par un homme. Cet homme serait un immigrĂ©. Et, le grand dĂ©bat auquel j’ai cru assister de loin, comme spectateur, alors que j’effectuais ma sĂ©ance de kinĂ©, c’était :

 

Il faut Ă  tout prix de nouvelles mesures pour rĂ©guler ou interdire l’immigration. Car, sans l’immigration, cet homme, la semaine dernière, n’aurait pas commis ce meurtre monstrueux qui a suscitĂ© une très « vive Ă©motion Â» ou une « très forte Ă©motion Â» Ă  Rambouillet. Mais aussi ailleurs.

 

Si j’ai bien résumé.

 

 

La semaine dernière, j’avais entendu parler de ce crime. L’avis d’une de mes connaissances avait Ă©tĂ© le suivant : « Celui qui a fait ça Ă©tait un enculĂ© ! Ils ont bien fait de le fumer ! Â».

Beaucoup de personnes pensent comme lui.

 

Evidemment, je trouve le meurtre de cette femme, horrible. Qu’elle soit flic ou pas.

Evidemment, je plains la famille et les proches de cette femme. Evidemment, j’ai de la compassion pour sa famille, ses proches ou voisins sans aucun doute durablement traumatisés par cette mort et les conditions de cette mort.

 

C’est après que je commence Ă  me mĂŞler de ce qui ne me regarde pas. Lorsque, devant cet Ă©cran de tĂ©lĂ©vision, tout Ă  l’heure, j’ai aperçu, distraitement, toutes ces personnes en train de « bĂŞler Â» ou de prĂ©tendument dĂ©battre Ă  propos du sujet du jour :

 

Lien entre terrorisme et immigration.

 

Il y a une forme de colère et d’arbitraire dans mes propos. Je n’ai pas entendu ni Ă©coutĂ© toutes les personnes rĂ©unies autour de cette table, lors de cette « Ă©mission Â» sur une chaine suivie, regardĂ©e et Ă©coutĂ©e par des millions de tĂ©lĂ©spectateurs et d’auditeurs. Et, sans aucun doute que si je l’avais fait, que parmi eux, il en est dont les propos sur le sujet m’auraient rassurĂ©.

 

Mais ce titre, cette accroche racoleuse, destinĂ©e Ă  faire le buzz, Lien entre terrorisme et immigration m’a, dès le dĂ©part, avant mĂŞme d’écouter, placĂ© sur orbite. Ce qui est le but de ce genre de titre et d’accroche. Car Ă  peu près tout le monde en se fiant Ă  sa vie immĂ©diate et quotidienne, a un avis, ou son avis, sur ce genre de sujet. 

 

On se plaint beaucoup moins de la colonisation-volontaire- de nos consciences par les Ă©crans et les images :

 

On se plaint régulièrement des travers du monde et de la France. Par contre, on se plaint beaucoup moins de la colonisation- volontaire, consentie et facile- de nos consciences par les écrans et les images que l’on voit, que l’on tète, et auxquelles on s’abreuve désormais jour et nuit.

 

 

On se plaint beaucoup moins de la dĂ©sertification, depuis des annĂ©es, des mĂ©diathèques, des lieux de rĂ©flexion, de culture,  d’enseignement, de formation de la pensĂ©e et d’analyse.

 

L’abondance et la surabondance de culture, même proche, ne suffit pas. Il faut aussi aller vers elle, ses rencontres, ses révélations et ses miracles.

 

 

C’est ultra-facile et c’est l’enfer :

 

 

Or, désormais, il suffit juste d’allumer et de regarder son écran pour se faire livrer, où que l’on se trouve, quantité d’images et d’informations. Et pour liker. Ou Disliker. Pour kiffer. Ou haïr. Pour encourager. Ou pour harceler.

 

C’est ultra-facile. Et, c’est l’enfer. Ecran tactile, clavier ergonomique, mode enregistreur, fonction vocale, rien de plus simple, rien de plus facile.

 

Il y a même tout un tas de cookies, un nom de douceur et de cuisine, que nous avons laissés entrer dans nos vies et qui sont au courant de la composition de nos navigations sur le net.

 

Un débat facile

 

 

Et, rien de plus facile, aussi, pour ces intervenants, ce matin, sur un plateau de tĂ©lĂ©, pour dĂ©battre sur ce sujet :

 

Lien entre immigration et terrorisme.

 

 

Peu importe que ce sujet, sous une autre forme, ait déjà été lancé, relancé et titillé, au siècle passé ou même plusieurs siècles auparavant.

 

Ce sujet, ou cette thĂ©matique « marche Â». Fonctionne. C’est un pitch, un scĂ©nario qui suscitera toujours de l’intĂ©rĂŞt. Et de l’émotion. Et, de l’émotion, on en a toute une nation Ă  disposition, avec le meurtre de cette femme-flic la semaine dernière.

 

On a dĂ©jĂ  le Covid, la gestion du Covid, les vaccins anti-Covid et ce qu’ils suscitent de craintes sanitaires et de polĂ©miques. On va maintenant « varier Â» , ou faire semblant de varier, Ă  nouveau, avec le sujet du terrorisme et y mĂŞler, cette fois-ci, la sauce de l’immigration.

 

Les Djs du pire :

 

 

Certains de « nos Â» journalistes, mais aussi certaines de nos Ă©lites, sont des Djs du pire.  

 

Ce sont des Djs installĂ©s depuis des annĂ©es, très bien payĂ©s, et qui n’ont aucune intention de quitter la scène. Puisque c’est le « public Â» mais aussi la loi du marchĂ© qui dĂ©cide de leurs « tubes ». Et qui prime.

 

Car tout le monde a besoin, à un moment ou à un autre, d’un peu de musique pour rythmer sa vie. Pour la séquencer. La rendre moins monotone. Pour la partager.

 

On aime les mĂ©langes. Dès l’instant oĂą, d’un point de vue Ă©ditorial, ça fait du buzz, de l’audimat et du chiffre d’affaires. Que ce soit pour rejeter, exclure, ou pour flirter- Ă  nouveau- avec le fantasme de la puretĂ©:

« Lien entre immigration et terrorisme Â».

 

On aime aussi les mĂ©langes. Lorsqu’il s’agit de saluer, de se fĂ©liciter du succès, de la rĂ©ussite d’une « autre Â», ou d’un « autre Â», pourvu que, lĂ , aussi, cela nous rapporte du buzz, de l’audimat et du chiffre d’affaires :

 

Je pense, ici, bien-sĂ»r, Ă  tous ces enfants et toutes ces personnalitĂ©s « issues de l’immigration Â», hier, aujourd’hui et demain, qui contribuent et contribueront Ă  donner une « bonne image de la France Â». 

« L’image d’une intĂ©gration rĂ©ussie Â». « L’image que la dĂ©mocratie Ă  la Française rĂ©ussit et produit des miracles Â».

 

Oui, la France produit des miracles

 

 

Oui, la France produit des miracles. Je le crois vraiment. Mais en matière de communication et de diffusion des idées et des pensées, la France réussit aussi des miracles de paradoxes selon moi assez meurtriers de façon directe ou indirecte. De façon consciente ou inconsciente. De façon volontaire ou involontaire.

 

 

Et, je vais citer quelques uns de ces paradoxes concernant ce thème du jour :

 

Lien entre immigration et terrorisme.

 

Il y a quelques mois, GĂ©rald Darmanin, notre Ministre de l’intĂ©rieur actuel, Ă©tait tout content d’accĂ©der Ă  cette nouvelle fonction ministĂ©rielle. Je le comprends. Ce nouveau poste, pour lui qui faisait dĂ©jĂ  partie du gouvernement en tant que Ministre, Ă©tait une promotion sociale et personnelle. Promotion bien plus importante, que la mienne, homme de mĂ©nage. Fonction- inventĂ©e ( je ne suis pas homme de mĂ©nage) – Ă  laquelle, pourtant, je ferais sans doute mieux de me tenir :

 

Car on n’obtient, généralement, que des problèmes, dans sa vie, lorsque l’on sort de son rang social de subalterne. Et, je fais- vraiment- partie des subalternes dans la vie. Des personnes obéissantes qui marchent droit. Qui parlent droit. Et qui respectent tant les lois que les représentants de la loi.

 

Toute Ă  sa joie, donc, d’avoir Ă©tĂ© nommĂ© Ministre de l’IntĂ©rieur, GĂ©rald Darmanin, s’est senti autorisĂ© Ă  dire, librement, qu’en tant que « petit fils d’immigrĂ© Â», il Ă©tait d’autant plus content de cette promotion.

 

On a bien lu : « petit fils d’immigrĂ© Â». Alors, voilĂ . Pour moi, c’est très simple :

 

GĂ©rald Darmanin, en tant que « petit fils d’immigrĂ© Â», n’aurait jamais dĂ» ĂŞtre Ministre de l’IntĂ©rieur ni mĂŞme Ministre de quoique ce soit en France. Puisqu’aujourd’hui, après le meurtre de cette femme-flic, le grand dĂ©bat est :

 

Lien entre immigration et terrorisme.

 

Donc, pour moi, Darmanin, en tant que « petit fils d’immigrĂ© Â», aurait toujours dĂ» ĂŞtre considĂ©rĂ© comme un terroriste avĂ©rĂ© et potentiel. Et, donc, aurait toujours dĂ» ĂŞtre exclu des plus hautes fonctions qu’il occupe actuellement en France.

 

 

Et, c’est pareil pour Nicolas Sarkozy, un de nos ex-Présidents de la République, un de nos Ex-Ministres. Un de nos hommes politiques français actuels qui continue de compter dans la vie politique française depuis une bonne vingtaine d’années.

 Darmanin, notre cher Ministre de l’IntĂ©rieur actuel,  voit en Sarkozy un modèle. Mais, mĂŞme, apparemment, notre PrĂ©sident de la RĂ©publique actuel, Emmanuel Macron voit en Sarkozy une personne indispensable. Car, Ă  ce qu’il se raconte entre hommes et femmes de mĂ©nage, pour ĂŞtre réélu PrĂ©sident de la RĂ©publique, Emmanuel Macron, aurait forcĂ©ment besoin de l’appui de Nicolas Sarkozy contre l’électorat de Marine Le pen.

Marine Le Pen est bien-sĂ»r la prĂ©sidente d’abord du FN. Lequel FN, toujours sa prĂ©sidence, a Ă©tĂ© rebaptisĂ©,  RN ( pour Rassemblement National). Marine Le Pen, est la fille de Jean-Marie Le Pen ( ex-PrĂ©sident du FN, pour Front National, parti d’ExtrĂŞme Droite).

 

Cependant, Nicolas Sarkozy a des origines hongroises. C’est donc, aussi, un autre Â«  immigrĂ© d’origine Â». Un « immigrĂ© d’origine », qui, depuis des annĂ©es, je crois, a ses appartements dans le 16ème arrondissement de Paris, un arrondissement de privilĂ©giĂ©s. Mes informations sont approximatives car, je n’ai jamais habitĂ© ou eu les moyens d’habiter dans le 16èmearrondissement de Paris. Je n’ai fait que passer dans certaines rues du 16ème arrondissement ou y prendre le mĂ©tro. Je ne suis pas encore allĂ© faire le mĂ©nage chez lui. Ce qui serait sans doute, pour moi, une très haute marque de distinction sociale, peut-ĂŞtre l’une des plus hautes que je pourrais obtenir dans ma vie.

Sarkozy, lui, de son côté, a été Maire, pendant des années, du 16 ème arrondissement.

Jamais, en tant que personne « d’origine immigrĂ©e Â», Nicolas Sarkozy n’aurait dĂ» avoir cette possibilitĂ©. Lien entre immigration et terrorisme. Le titre de ce dĂ©bat, ce matin, sur une chaine de tĂ©lĂ©vision de grande audience, est explicite.

 

Je repense Ă  l’extraordinaire acteur Samuel Jackson dans le Django de Tarantino, lorsqu’en plein esclavage, il dĂ©couvre le Nègre Ă©mancipĂ©,  Django ( interprĂ©tĂ© par l’acteur Jamie Foxx), montĂ© sur un cheval « comme les blancs ». Je me sens un petit peu comme Samuel Jackson devant Jamie Foxx en parlant des origines immigrĂ©es de Sarkozy ( ou de Darmanin) : selon les règles strictes du Lien entre immigration et terrorisme, jamais Sarkozy et Darmanin, par exemple, n’auraient dĂ» se retrouver lĂ  oĂą ils en sont dans la vie publique et politique française actuelle. 

 

Comparer Sarkozy et Darmanin Ă  l’exceptionnel travail d’acteur de Samuel Jackson est peut-ĂŞtre trop flatteur pour eux ( en tant qu’acteurs). Mais, cela illustre mon propos et permet, en mĂŞme temps, de faire une petite pause d’humour et de dĂ©tente dans cet article

 

Dans la vraie vie, Nicolas Sarkozy, est actuellement condamnĂ© par la loi française, la loi de ce pays qu’il « aime Â» plus que tout. Nicolas Sarkozy a dĂ©clarĂ© rĂ©cemment en couverture du journal Paris Match,  un journal français plutĂ´t bien « friquĂ© Â» et largement diffusĂ© :

« Ils ne nous dĂ©truiront pas Â». « Ils », ce sont les juges français qui l’ont jugĂ© et condamnĂ© entre-autres Ă  un an de prison ferme. DĂ©cision dont il a fait appel, lui, le grand amoureux de la France qui s’estime, lĂ , ĂŞtre une victime des instances judiciaires de son pays de chair et de cĹ“ur qu’il aurait bien aimĂ© diriger une seconde fois. Et, pourquoi pas, une troisième fois ?!

 

Pourtant, personne, apparemment, ne lui rappelle :

 

« Nicolas, en tant que « personne d’origine immigrĂ©e Â», tu t’en es plus que bien sorti dans la vie. Fais comme tous les immigrĂ©s attrapĂ©s par la justice de notre beau pays la France. Ferme-lĂ  ! ArrĂŞte de faire ton psychopathe et ton parano qui se croit toujours au dessus des Lois !  Fais ta peine ! Et sois content d’avoir vĂ©cu tout ce que tu as vĂ©cu Â».

 

Au contraire, je lis que plusieurs personnalitĂ©s politiques, de droite comme de gauche, lui ont envoyĂ© des messages de soutien contre cet acharnement de la justice « française Â», dont il serait dĂ©sormais la victime….

Je lis aussi dans cet article de Paris Match, que, s’il le faut, pour obtenir « justice », Nicolas Sarkozy sollicitera la Cour europĂ©enne des Droits de l’homme….

En attendant, « Monsieur » Sarkozy est libre de parader et de faire la couverture de Paris Match. Tandis que n’importe quel immigrĂ© ou citoyen lambda convaincu d’un dĂ©lit, et dĂ©pourvu des mĂŞmes moyens de dĂ©fense et des mĂŞmes appuis que lui, finit en dĂ©tention( ou est expulsĂ©, s’il s’agit d’un immigrĂ©). Ou a pour seul avenir envisageable, le suicide. Combien mĂŞme il ne s’agit pas d’un terroriste…

 

Ecrire plus :

 

Je pourrais Ă©crire plus. Mais, il ne faut surtout pas Ă©crire trop long. Or, j’ai dĂ©ja Ă©crit beaucoup trop long pour notre Ă©poque :

Cela aurait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© beaucoup mieux de faire une vidĂ©o avec le mĂŞme contenu. Cela aurait sĂ»rement «apportĂ© Â» bien plus de nombre de vues. Mais je suis un aigri et un loser. Ce qui est pire, peut-ĂŞtre, que d’être un immigrĂ© potentiellement terroriste.

Et puis, j’ai du mĂ©nage Ă  faire chez moi. Je garde cette obsession car personne ne fera ce travail Ă  ma place. Et, puis, c’est ma fonction.

C’est ce travail là que je fais le mieux. Ça, avec prier très fort aussi pour que la rédaction- et la diffusion- de cet article ne me dirige vers les conduits de la dépression et d’une déchéance morale, voire nationale, irréversible. J’ai les ambitions mégalomaniaques que je peux.

 

 Mais, j’ai dĂ©jĂ  pris du retard dans mon mĂ©nage. Autrement, j’aurais aussi parlĂ© de l’Affaire du petit GrĂ©gory. Un meurtre qui a marquĂ© la conscience de la France. Un meurtre toujours irrĂ©solu plus de trente ans après. Un meurtre monstrueux, aussi. Et, oĂą, pour le peu que je sais, parmi les suspects, aucun immigrĂ© n’est concernĂ©.

 

Je pourrais aussi mentionner le palmarès d’Olivier Fourniret, bien Français, et de son ex-compagne, la resplendissante Monique Olivier. Il ne s’agit pas de sportifs mĂ©daillĂ©s aux jeux olympiques. Mais de personnalitĂ©s qui ont « accompli » des meurtres monstrueux, aussi. LĂ  aussi, aucun immigrĂ© n’est concernĂ©. Mais, ce n’est pas grave. Car il ne s’agit pas de terrorisme. Or, « évidemment », tous les immigrĂ©s sont des terroristes potentiels. En attendant de revenir au sujet sous-jacent dans le sujet Lien entre immigration et terrorisme  qui est – mais, ça, c’est Ă©videmment, cette fois, ma parano d’homme de mĂ©nage dont les pensĂ©es sont Ă©videmment pleines de poussière et de dĂ©chets qui le croit- qui est que :

« Tous les musulmans et toutes les personnes de couleur sont Ă©videmment des terroristes Â». 

A notre Ă©poque oĂą l’ironie et la nuance peuvent ĂŞtre assez mal comprises, je tiens Ă  prĂ©venir et Ă  prĂ©ciser que je suis ironique, ici :

Je ne crois pas que tous les musulmans et toutes les personnes de couleur de France et d’ailleurs soient des terroristes. J’utilise l’ironie car je suis vĂ©ritablement en colère de voir que des Ă©lites diverses puissent continuer d’utiliser la peur du terrorisme, de l’autre, de l’Ă©tranger, mais aussi l’Ă©motion provoquĂ©e par la mort monstrueuse d’une femme flic ou de toute autre personne, comme on peut utiliser un vulgaire produit marketing ! Et, tout ça, pour faire sa comm’, du chiffre, de l’audimat et pour assurer la suite de sa carrière….

 

Parce-que, il est patent et visible pour tout le monde, que Darmanin et Sarkozy, pour ne citer qu’eux, deux hommes « issus de l’immigration Â», qui ont « rĂ©ussi Â», ne sont ni musulmans ni de couleur.

Cela aurait Ă©tĂ© quelque chose si Darmanin ou Sarkozy,  Macron, ou une personnalitĂ© politique française de premier plan ( Le Pen ? )  subitement, dĂ©cidait de se convertir publiquement Ă  L’Islam.  Ou de se mettre en mĂ©nage avec un noir ou une noire. Ou un Arabe ou une Arabe. Quel message ce serait !

 

Mais je m’égare. J’ai inhalé beaucoup trop de vapeurs d’eau de javel ces derniers temps en faisant le ménage. En nettoyant les sols et les chiottes.

Et, je m’égare encore en imaginant que toutes ces Ă©lites, politiques et autres, qui participent, sans nuances, Ă  diffuser l’idĂ©e et l’image que immigration et terrorisme sont forcĂ©ment et automatiquement liĂ©es, auront une part de responsabilitĂ© directe ou indirecte dans les prochaines bavures qui concerneront une fille ou un fils d’origine immigrĂ©e. Il leur suffira, alors, de s’indigner lorsque la bavure arrivera et sera mĂ©diatisĂ©e avec la mĂŞme Ă©motion que ne l’a Ă©tĂ© le meurtre monstrueux de cette femme policière Ă  Rambouillet. Et, cela leur permettra de retrouver une virginitĂ© morale, et « pure », Ă  toute Ă©preuve.

 

Et, je m’Ă©gare toujours – je discute trop avec mes serpillères- en pensant aussi que ces Ă©lites politiques, et autres, qui s’expriment librement, facilement, ont et auront aussi une part de responsabilitĂ© directe ou indirecte dans cette cassure  de la sociĂ©tĂ© française dont elles sont les premières Ă  se plaindre. Mais aussi dont elles savent se servir -tels des marchepieds- pour se rapprocher de leurs desseins personnels.

J’ai l’esprit mal tournĂ© en pensant ça. Et puis, pourquoi m’agiter avec tout ça, ça ne changera rien. A quoi bon me casser le dos Ă  Ă©crire tout ça. Mon corps sera bien plus utile pour  remplir et vider des seaux ou pour essorer la serpillère.

 

Parvenir au Pouvoir et revenir Ă  l’époque exaltante des brĂ»lots :

 

 

Tout cela n’a rien de nouveau. Au moyen-âge, dĂ©jĂ , et mĂŞme avant, sans doute que bien des Ă©lites avaient dĂ©jĂ  recours aux mĂŞmes mĂ©thodes pourvu que celles-ci puissent leur permettre au moins deux choses :

 

Parvenir au pouvoir. Et revenir à l’époque exaltante des brûlots. ( des textos ?).

Ah, Ă´ !,  qu’est-ce que c’est beau, un corps qui brĂ»le sur la place publique ! Le corps d’une personnalitĂ© qui nous dĂ©range, qui ne pensait pas comme nous, qui nous contredisait et qui nous mettait peut-ĂŞtre face Ă  certaines vĂ©ritĂ©s qui nous dĂ©rangeaient. Mais qui a eu le malheur de se retrouver isolĂ©e, ou lâchĂ©e, par celles et ceux qui auraient pu la sauver ou le sauver du bĂ»cher.

 

Lorsque nous serons revenus au monde des brĂ»lots, nous serons peut-ĂŞtre nombreux Ă  regarder le spectacle depuis nos Ă©crans Ă  haute rĂ©solution. Nous serons peut-ĂŞtre au boulot. Et, nous nous dirons ou penseront peut-ĂŞtre :

 

« Comme c’est beau ! Â».

 

 

Franck Unimon, ce lundi 26 avril 2021.

 

 

 

 

 

 

Catégories
Corona Circus Vélo Taffe

VĂ©lo Taffe : Petit Crochet par le musĂ©e d’Orsay

 

 

  VĂ©lo Taffe : Petit crochet par le musĂ©e d’Orsay

 

Ce matin, en sortant du travail, j’ai eu envie de changer un peu d’itinĂ©raire.  GĂ©nĂ©ralement, je passe         « devant Â» le musĂ©e d’Orsay Ă  l’aller comme au retour.

 

Pendant mes premiers trajets Vélo Taffe, non loin du musée, j’avais aperçu, je crois, Manuel Valls, l’ancien Premier Ministre, qui revenait de son footing. Debout, au bord de la route, attendant de pouvoir passer, il transpirait sans maquillage. Mais aussi sans micro et sans caméra.

Pour surprenante qu’ait Ă©tĂ© cette image en passant Ă  vĂ©lo devant lui de retour du travail, je l’avais trouvĂ©e complètement raccord. Manuel Valls, si c’Ă©tait lui, après sa tentative politique manquĂ©e en Espagne,  ne se trouvait pas n’importe oĂą dans Paris.  

Je n’avais pas rebroussé chemin pour vérifier.

 

Chacune de ces sculptures a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e Ă  la fin du 19ème siècle. Celle de gauche reprĂ©sente l’Afrique. Celle de droite, peut-ĂŞtre celle de l’AmĂ©rique du Nord, si je ne me trompe. Les six sculptures sont des figures fĂ©minines. La plupart d’entre elles portent des armes mĂŞme si elles portent des fruits ou sont accompagnĂ©es d’animaux plutĂ´t connus pour ĂŞtre pacifiques. Ces figures fĂ©minines sont donc loin d’ĂŞtre des incarnations de femmes passives ou soumises mĂŞme si leur poitrine, averse opulente et dĂ©couverte, pourrait d’abord faire penser Ă  des crĂ©atures seulement lascives et dĂ©saltĂ©rantes.

 

Ce matin, en passant, pour changer, rue de Lille, j’ai eu envie de m’arrêter devant le musée d’Orsay.

 

 

On peut prier jour et nuit. Si on ne croit ni dans la Vie, ni en soi, nos prières sont des cendres et des cercueils. Et nos rêves, des poudrières. A moins d’un miracle.

 

Mais les miracles, ça ne court ni les réseaux sociaux, ni les magasins. Il n’existe pas de promotion ou de bons plans pour attraper un miracle ou de livreurs précaires pour nous en apporter après avoir passé commande.

 

Il existe peut-être beaucoup plus de miracles inconnus que de miracles dont nous avons entendu parler. Mais nos miracles, il nous faut, malgré tout, le plus souvent, aller les chercher nous-mêmes.

 

Je n’ai rien contre les religions. Le recueillement, la méditation, l’introspection, la respiration, la contemplation, la transe, ce sont des états de conscience que j’approche partiellement. Que ce soit par la lecture, la musique, l’apnée sportive, l’écriture….

 

Il y a quelques jours, au travail, deux de mes collègues implantés depuis plus longtemps que moi dans mon nouveau service, ont commencé à vitupérer contre certaines conséquences de la pandémie du Covid:

 

A cause d’elle «  nous sommes des esclaves ! Â» affirmaient-ils dans un mĂŞme souffle inspirĂ© et catĂ©gorique.

 

J’étais assis face Ă  eux. AussitĂ´t après les avoir entendus, je leur ai dit calmement :

 

« C’est vrai que nous avons perdu des libertĂ©s depuis le Covid. Mais je prĂ©fère encore vivre aujourd’hui qu’en 1800. En 1800, je n’aurais pas pu ĂŞtre lĂ  en train de travailler. Sans compter toutes ces libertĂ©s dont on se prive tout seuls…. Â».

 

Mes deux collègues, un de mon âge, et l’autre plus âgé de plusieurs années, proche de la retraite, se sont tus. Pourtant, ce ne sont pas des timides.

 

Le quotidien, c’est de la banquise. Une fois que ça t’encercle, ça peut te saisir. Il faut de l’agilité, de l’anticipation mais aussi une certaine mobilité pour éviter que ça te piège. Pour percer des trous aux endroits où c’est possible. Pour repérer les trous qui existent déjà. Pour s’assurer que sont restés suffisamment ouverts ceux qui avaient été décelés. Et pour passer à travers afin de reprendre son souffle ou pour rejoindre la surface.

 

Pour cela, il faut aussi être un peu curieux. Ou simplement préoccupé de sa survie.

 

Quelques fois, dans l’eau, on peut apercevoir des corps aux regards gelĂ©s dont les reflets crient : « Nous sommes vivants ! Â». Il est très facile de les croire. Ils sont si beaux.

 

L’Art fait partie des trous dans la banquise.

Au premier plan, une sculpture qui reprĂ©sente l’OcĂ©anie. Cette figure Ă©voque assez le peuple aborigène.

 

 

C’est peut-être pour cette raison que, même fermé, ce matin, le musée d’Orsay m’a donné envie de m’arrêter. Il est resté silencieux pendant les quelques minutes que j’ai passées près de lui. J’en ai profité pour me raconter des histoires avec ces statues.

 

Certains petits crochets font du bien.

 

 

Franck Unimon, ce samedi 24 avril 2021.

 

 

 

Catégories
Argenteuil Corona Circus Moon France Musique

Chemin de halage

Sur le chemin de halage entre Argenteuil et Epinay sur Seine. Vers Argenteuil et la A15, ce mercredi 7 avril 2021, un peu avant midi.

                                                      Chemin de halage

 

Je suis parti interroger mon corps. J’avais besoin d’informations. Il a bien voulu se laisser faire. Même si, au préalable, il m’a fallu tout un tas de préparatifs. C’en était ridicule. C’était beaucoup plus simple lorsque j’étais plus jeune.

Mais, lĂ , avais-je les bonnes chaussures ? Mes chaussettes Ă©taient-elles assez minces pour ne pas trop martyriser mes petits pieds ? Car les baskets, pendant le footing, avec le poids du corps et l’afflux du sang, ça comprime.

La veste. Avais-je la bonne veste ? Non, pas ce k-Way- lĂ  dans lequel j’allais suer tel un champignon rissolĂ© mais plutĂ´t celle en goretex. Si je l’avais achetĂ©e, c’était bien pour qu’elle me serve. Ah, oui, mes clĂ©s. Juste celles dont j’avais besoin. Je n’aime pas quand ça fait bling-bling quand je cours. Peut-ĂŞtre parce-que je crains que l’on confonde le bruit des clochettes avec celui du mouvement de recul de mes testicules.

Et, la petite compote, facile à avaler, ça peut servir en cas d’hypoglycémie. Avale-donc un peu d’eau avant de partir. Tu as la bouche sèche. Et un petit bout de chocolat, aussi, car la matinée est avancée. Tu as pris ton petit-déjeuner il y a plus de quatre heures. Et, on dirait que tu commences à avoir faim…

 

J’ai rajouté un masque anti-covid que j’ai mis dans une de mes poches. J’ai ouvert la porte de l’appartement et me suis engagé sur le palier….une pensée.

 

J’allais partir sans mes clés posées à l’entrée.

 

J’ai attrapĂ© mes clĂ©s, un peu contrariĂ©. Enfin, j’étais prĂŞt. Un vrai mariĂ©. 

 

Dehors, la tempĂ©rature extĂ©rieure Ă©tait de 7 degrĂ©s. Mais, plus froid, ça n’aurait rien changĂ©. Je reste Ă©tonnĂ© de voir que certaines personnes attendent qu’il fasse chaud pour sortir le vĂ©lo ou faire un peu de sport. « Viens, on va se mettre au sport, il fait beau, aujourd’hui Â». Mais lorsque les tempĂ©ratures augmentent, notre corps se dĂ©shydrate plus vite. C’est rapidement la transe ou le sauna. Il faut ĂŞtre entraĂ®nĂ©, condamnĂ© ou se prĂ©parer Ă  aller courir dans le dĂ©sert pour sortir faire du sport en pleine chaleur. Ou, bien-sĂ»r, ne rien changer Ă  sa vie sportive habituelle lorsque l’on a en une. Cela est assez oubliĂ©, mais l’un des propos du sport est aussi de nous prĂ©parer Ă  nous adapter Ă  notre environnement immĂ©diat (rivière, escalade, barrière de corail ou autre obstacle naturel ou mental se trouvant sur notre passage…). Cela dĂ©passe le simple fait de perdre des calories et du gras afin d’ĂŞtre suffisamment « slim » pour la sĂ©ance plage ou photo. La pratique sportive, seule, ne suffit pas Ă  faire de nous des aventuriers ou des guerriers redoutables. Mais elle peut nous aider Ă  nous Ă©lever au delĂ  de certaines de nos faiblesses.

 

Ces faiblesses peuvent aussi bien ĂŞtre d’avoir le souffle court ou d’avoir le rĂ©flexe de facilement croire ou penser que tout ce qui vient de nous est forcĂ©ment nul. Pratiquer rĂ©gulièrement et Ă  son rythme. En restant proche de la limite du plaisir. Cette règle est valable pour beaucoup de disciplines. 

 

A « l’ancienne Â» :

 

Je fais toujours mes footing Ă  « l’ancienne Â» : comme je l’ai appris Ă  l’adolescence.

Pas d’écouteurs dans les oreilles. Pas de podomètre. Pas de cardio frĂ©quencemètres, de montre connectĂ©e. Je prĂ©fère. 

Si je laisse mon téléphone portable allumé, c’est davantage pour connaître la distance parcourue, peut-être en cas d’appel ou de message important. Ou pour faire des photos. Surtout, aujourd’hui. Il fait beau. Et, ce matin, vers 7h, j’ai repensé au viaduc où la jeune Alisha est morte le 8 mars dernier.

 

Si je ne disais que ça, je paraitrais être sous l’emprise d’un atavisme morbide.

 

Inconsolable

 

 

Lorsque ce matin, j’ai eu l’idée d’y retourner, j’ai d’abord pensé appeler cet article Inconsolable. Dans la musique que j’écoute désormais, Jimi Hendrix avait remplacé Agnès Obel depuis longtemps. Agnès Obel dont un critique avait écrit, il y a quelques années, qu’au début d’un de ses concerts, concert auquel il avait assisté, il avait d’abord eu l’impression qu’elle sortait d’un réfrigérateur. Tant sa musique était froide. Si j’avais aimé et envié cet humour, le critique avait néanmoins remarqué qu’à mesure de l’écoute, la musique d’Obel avait fini par l’atteindre.

 

En Ă©coutant Jimi Hendrix, ce laveur de solo, ce technicien de toute notre surface cĂ©rĂ©brale mais aussi crĂ©pusculaire, j’avais fini par comprendre la raison pour laquelle, mĂŞme si j’ai dansĂ© sur ses titres, j’ai toujours conservĂ© une rĂ©serve envers Prince, ce gĂ©nie musical. Je me rappelle d’un article oĂą l’on parlait de la guitare de Prince, comme de son « arme de destruction massive Â». Mettez vos oreilles au contact du coffret Songs for Groovy Children , lors des concerts donnĂ©s par Jimi Hendrix fin 1969, dĂ©but 1970 et vous changerez d’avis. Prince devait avoir 12 ou 13 ans en 1969. Il a sĂ»rement entendu parler de ce concert, et encore plus d’Hendrix.

Quand je pense qu’il a fallu payer « seulement Â» 6 dollars ( les dollars de l’époque) pour voir Hendrix en concert en 1969.

 

Un de mes collègues m’a dit rĂ©cemment : « Lorsque des gens disent que Prince Ă©tait un très grand guitariste, ils mentent. MĂŞme si c’était un gĂ©nie Â». On peut trouver ce jugement ingrat. A moins d’avoir Ă©coutĂ© Hendrix et de se rappeler, Ă  nouveau, qu’Eric « God Â» Clapton, lui-mĂŞme, avait pris peur en dĂ©couvrant Hendrix sur scène en Angleterre, dans son royaume uni. J’ai lu que Clapton peut raconter qu’il avait en quelque sorte trouvĂ© son rythme de croisière avec son groupe (loin d’être des musiciens amateurs) et qu’il se croyait Ă©tabli. Lorsque Hendrix, arrivant des Etats-Unis, a dĂ©barquĂ© sur scène. Hendrix qui avait, Ă  ses dĂ©buts, tournĂ© un peu avec Ike Turner, avant que celui-ci, selon certains dires, en aurait eu assez. Car Hendrix prenait trop de solos. En Ă©coutant le coffret de Songs For Groovy Children, la durĂ©e des titres ( plusieurs dĂ©passent la dizaine de minutes) et la « longueur » des solos de Jimi Hendrix, on peut s’amuser Ă  imaginer la tĂŞte d’Ike Turner s’il avait Ă©tĂ© sur scène dans ces moments-lĂ . 

Hendrix n’Ă©tait pas un artiste de foire. Et il Ă©tait encore moins prĂŞt Ă  rester enfermĂ© dans une cage tel un hamster auquel on viendrait parler de temps en temps. Sa musique, dans ce coffret, m’a tellement consolĂ© qu’en l’écoutant, j’avais envie de pleurer. Le bibliothĂ©caire Ă  qui j’en ai parlĂ© a paru surpris. Alors qu’il avait Ă©tĂ© le premier Ă  avoir un air un peu navrĂ©, lorsqu’il y a quelques mois, je m’Ă©tais dĂ©cidĂ© Ă  emprunter une anthologie de Johnny Halliday. Oui, Johnny Halliday. Dans un magazine de musique rĂ©putĂ©, j’avais lu une bonne critique sur un de ses albums qui datait des annĂ©es 60 ou 70. Je « savais » peut-ĂŞtre dĂ©ja que Johnny avait sollicitĂ© Hendrix afin que celui-ci fasse sa première partie. Par contre, je savais beaucoup moins que Johnny et Jacques Brel Ă©taient très proches. Dans la musique, comme en art et dans la vie d’une façon gĂ©nĂ©rale, les gens les plus ouverts et les plus rock’n’roll, peuvent ressembler assez  peu Ă  celles et ceux Ă  qui l’on s’attendait en prime abord. 

Bien que nos yeux soient souvent des guichets ouverts, nous regardons souvent celles et ceux qui nous entourent tels des aveugles…

 

Tout amateur de musique attend ces moments oĂą l’artiste va lâcher un solo. Et oĂą ce solo le saisira le plus longtemps possible. Dans le coffret Songs for Groovy Children, Hendrix en lâche, des solos. Ce faisant, il les tient en laisse bien au delĂ  de la durĂ©e rĂ©glementaire. Et, sa voix ! Ce Blues. Solo/voix, solo/voix. Cela pourrait ĂŞtre deux personnes. C’en est une. Et, avec Hendrix, ses deux autres musiciens, basse, chant, batterie qui suivent et sont loin d’être des scissions secondaires.

 

 

Cependant, avant Jimi Hendrix, j’avais réécoutĂ© le Zouk de Jean-Michel Rotin. Un autre style. Un artiste plus « rĂ©cent », encore vivant, que j’ai sans doute très mal prĂ©sentĂ©.

 

 

Depuis, Jimi a Ă©tĂ© remplacĂ© ( le coffret Songs for Groovy Children, fastueux) par le concert d’Aretha Franklin Live at filmore West. J’ai empruntĂ© ce cd, avec d’autres, avant que le nouveau confinement dĂ» Ă  la pandĂ©mie ne « close Â» Ă  nouveau les mĂ©diathèques et autres lieux estimĂ©s « non essentiels Â».

Non-essentiels :

 

 Les deux artistes, Jimi Hendrix et Aretha Franklin ont rĂ©alisĂ© ces performances sur scène vraisemblablement dans le mĂŞme festival, mais Ă  un ou deux ans d’intervalle.

 

 

On imagine un certain nombre de duos entre deux artistes que l’on aime bien. Même si, souvent pour des histoires d’ego et de sous, la plupart de ces duos ou de ces collaborations, sont morts nés. Un artiste en plein épanouissement poursuit souvent une trajectoire vers ce qu’il pense être son chemin. Et, personne ne peut ou ne doit le faire en dévier, sauf s’il le décide. Aretha Franklin, par exemple, à ce que j’ai lu, toute croyante et fervente chanteuse de Gospel qu’elle était, n’aspirait à rien d’autre qu’être la meilleure et a considéré d’autres chanteuses comme ses rivales, forcément moins légitimes qu’elle (Natalie Cole, Diana Ross….)

 

 Ce matin, j’ai pensĂ© Ă  un duo Jimi Hendrix/ Aretha Franklin. Il n’y avait peut-ĂŞtre pas de rivalitĂ© entre les deux. Je ne sais pas s’ils se sont parlĂ©s ou rencontrĂ©s.

 

Après Aretha Franklin, j’ai écouté le dernier album d’Aya Nakamura. Aujourd’hui, Aya Nakamura est une vedette internationale. On a pu voir des images du footballeur brésilien, Neymar, superstar du Foot, et de l’équipe du PSG, danser sur son titre Djadja. Youtube n’existait pas à l’époque d’Aretha Franklin et de Jimi Hendrix.

 

 

 

J’aime la musique d’Aya Nakamura. Et ce n’est pas la première fois que je la cite. Mais en dĂ©couvrant son album (achetĂ©  hier Ă  la Fnac St Lazare demeurĂ©e ouverte, en pleine pandĂ©mie du Covid, alors que la mĂ©diathèque de ma ville, pour les mĂŞmes raisons, a Ă©tĂ© obligĂ©e de fermer son accès au public depuis samedi dernier), j’ai bien Ă©tĂ© obligĂ© de constater que, comme me l’avait fait remarquer un des employĂ©s de la mĂŞme Fnac il y a environ deux ans, les paroles des chansons d’Aya Nakamura sont loin d’être…. des.prophĂ©ties.  Les gros mots ne me dĂ©rangent pas. C’est surtout le projet des textes :

 

«  Je t’ai aimĂ©. Tu m’as dĂ©sirĂ©. Tu m’as menti. Tu m’as trahi. Tu m’as pris pour une conne. Tu parles sur moi. Tiens, prends, ça dans ta figure. Et encore, ça. Je suis libre, j’ai de la fibre, je t’emmerde. Et je peux vivre sans toi. En plus, j’ai beaucoup de succès. Et, toi, tu n’as rien. Qui te connaĂ®t ?!  Tchip !».

 

ça fait trois albums que ça dure, et ça peut encore continuer comme ça longtemps puisque ses chansons ont du succès. Je ne discute pas les atouts de sa musique. En Ă©coutant ses paroles, je comprends qu’une certaine jeunesse, en grande partie fĂ©minine dans un monde encore rĂ©glĂ© par et pour les hommes, puisse s’identifier Ă  ses Ă©mois ainsi qu’Ă  ses « exploits » ( sexuels, affectifs, Ă©conomiques ou autres).

Et puis, la musique d’Aya Nakamura donne particulièrement envie de danser, toutes gĂ©nĂ©rations confondues. Ce qui est important pour toute personne qui aime danser ou qui est plutĂ´t Ă  l’aise pour le faire. Ce que peut avoir beaucoup de mal Ă  comprendre toutes celles et ceux, pour qui, le simple fait de taper nerveusement du pied suffit pour danser. Mais aussi celles et ceux qui voudraient dĂ©cortiquer du Shakespeare ou, pourquoi pas, du CĂ©saire, en toute circonstance.

La musique d’Aya Nakamura emballe tout le corps Ses titres, limitĂ©s Ă  3 ou 4 minutes, semblent Ă©tudiĂ©s pour ça. Ses phrases sont très simples Ă  retenir. Et, j’imagine très facilement un public conquis rĂ©pĂ©ter ses paroles en choeur en plein concert avec une très grande spontanĂ©itĂ© libĂ©ratrice. Et, aussi, frondeuse. 

 

Je constate bien, depuis que j’ai commencĂ© Ă  Ă©couter son album hier que deux ou trois titres me pendent Ă  l’oreille, tels Doudou ou Mon chĂ©ri, au moins. Si bien que je dois faire un effort pour remettre l’album d’Aretha Franklin afin de bien choisir le titre que je compte vous prĂ©senter. Alors que, spontanĂ©ment, j’ai surtout envie de remettre le Cd d’Aya Nakamura. Alors que je « sais Â» comme l’album live d’Aretha Franklin est plus que bon. Et qu’Aya Nakamura n’approchera sans doute jamais de sa voix les contrĂ©es et les inspirations qu’Aretha est allĂ©e chercher et a fait descendre sur terre pour qu’on puisse les entendre. Mais aussi, que mĂŞme en matière de « vice »,  Soeur Aretha Ă©tait encore bien plus indocile que petite soeur Aya. Amen.

 

Travailler, travailler, travailler :

 

Je ne doute pas non plus qu’Aya Nakamura soit une travailleuse dans sa veine artistique et musicale. Ainsi que celles et ceux qui l’entourent et la conseillent plutôt bien.

 

 

 

Dans le dernier numĂ©ro du magazine Self &Dragon, il est demandĂ© au comĂ©dien Bruno Putzulu, un comĂ©dien dont j’aime beaucoup le travail et que j’avais aimĂ© voir au cinĂ©ma dans le film L’Appât, film qui m’avait marquĂ© Ă  sa sortie au dĂ©but des annĂ©es 90, de feu Bertrand Tavernier- rĂ©alisateur dĂ©cĂ©dĂ© rĂ©cemment – les conseils qu’il pourrait donner Ă  quelqu’un voulant se lancer dans le mĂ©tier de comĂ©dien.

 

 

Pour pouvoir espĂ©rer rĂ©ussir dans le mĂ©tier de comĂ©dien, Putzulu commence par rĂ©pondre qu’il conseillerait Ă  un (e) apprenti( e ) comĂ©dien (ne) de :

« Travailler, travailler, travailler Â».

Putzulu connaĂ®t Ă©videmment son sujet. Mais je vais pourtant le contredire. D’abord, en tant que comĂ©dien, mĂŞme s’il vit de son mĂ©tier, il fait partie de ces très bons comĂ©diens, qui sont Ă  mon avis sous-employĂ©s. Des comĂ©diens auxquels on ne propose pas des « grands rĂ´les Â» leur permettant d’étaler vĂ©ritablement ce qu’ils savent faire. Parce-que l’on ne pense pas Ă  eux. Parce-que l’on ne les choisit pas. Et, cela n’a rien Ă  voir avec leur capacitĂ© de travail.

 

Et que l’on ne me parle pas de la « grâce Â». Parce-que, personne ne trouve Samuel Jackson ou Joey Starr ou Jean-Pascal Zadi Tout simplement Noir), ni mĂŞme Omar Sy Yao, Police-un film d’Anne Fontaine ) gracieux. Pourtant, personne, aujourd’hui, ne contestera leur « particularitĂ© Â», leur « originalitĂ© Â», leur « style Â», leur « personnalitĂ© Â» ou leur « talent Â». Parce-que, entre leurs dĂ©buts, et maintenant, ils ont chacun, de diffĂ©rentes façons, rencontrĂ© le succès. Et se sont rendus « dĂ©sirables ». 

 

Et, le succès, tout comme le dĂ©sir, lorsque tu Ă©volues dans un domaine artistique et public, ça se respecte voire ça se gère ou ça se craint. Car cela reprĂ©sente un jackpot Ă©conomique potentiel si tu fais partie du « deal » ou de l’entourage immĂ©diat du poulain ou de la pouliche qui est très en vue ou qui peut remporter d’autres grands prix. 

 

Que tu t’appelles Aya Nakamura, Aretha Franklin ou Jean-Pascal Zadi. Peu importe le message que tu passes ou que tu essaies de faire passer. Peu importe que, dans le cas d’une Aretha Franklin, Martin Luther King soit venu dormir chez ton père, lors de certains meeting, ou que tu aies fait des concerts, gratuitement, en soutien pour le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis dans les années 60. Ou que, comme Aya Nakamura, tu parles de ruptures sentimentales, et de mecs qui n’assurent pas.

 

Le succès, ça se respecte, et, il n’y a pas de règle Ă©tablie pour y parvenir. On peut se dĂ©foncer toute sa vie pour rĂ©ussir. Y compris avec son derrière. Et Ă©chouer. C’est ça, le secret que tout le monde connaĂ®t. Et pour enterrer un peu plus l’idĂ©e selon laquelle, la grâce permettrait de diffĂ©rencier une personne qui en a d’une autre qui en serait dĂ©pourvue, on va se rappeler que, pour certaines et certains, la grâce est tout de mĂŞme bien mise sur orbite, ou « aidĂ©e », par l’entourage stratĂ©gique que l’on connaĂ®t, et le moment, aussi, oĂą l’on apparaĂ®t en public. Ensuite, c’est Ă  nous de jouer. Soit on fait tout de travers. Soit on « fait le travail » pour lequel on a Ă©tĂ© prĂ©parĂ©. 

 

Cependant, pour rĂ©ussir, il faut bien, Ă  un moment ou Ă  un autre, rencontrer, dĂ©cider ou dĂ©rider quelqu’un qui jettera sur notre trajet un peu de cette de poudre magique qui nous permettra de rĂ©ussir. Et, rĂ©ussir, qu’on le veuille ou non, cela signifiera toujours rĂ©ussir Ă©conomiquement. 

Ce que n’ont toujours pas compris quantitĂ©s d’idĂ©alistes et d’abrutis- dont je fais partie- qui se condamnent d’eux-mĂŞmes. C’est parce-que je me suis condamnĂ© Ă  faire partie des invisibles et des ratĂ©s du box-office Ă©conomique que je fais partie des abrutis.  

 

 

Si des professions comme les professions soignantes sont maltraitĂ©es de manière rĂ©pĂ©tĂ©e, c’est aussi, parce-que, Ă  moins d’ĂŞtre une personnalitĂ© très mĂ©diatisĂ©e ( ça existe parmi quelques soignants gĂ©nĂ©ralement mĂ©decins ou psychologues), la majoritĂ© des soignants sont des anonymes, donc, Ă©loignĂ©s du « succès » public mais, surtout, Ă©conomique. Lorsque l’on contribue Ă  sauver une vie, par exemple, cela ne fait pas des millions d’entrĂ©es au box-office. Cela ne fait pas vendre de la pub, du pop corn ou du coca-cola. Il n’existe pas de festival de Cannes du soin qui serait convoitĂ© et visitĂ© par des millions de spectateurs, avec limousine, grandes cĂ©lĂ©britĂ©s et retransmission mĂ©diatisĂ©e dans le monde entier de l’Ă©vĂ©nement. Alors, au mieux, on « admire » les soignants ou on les applaudit. Et, tout ordinairement, on peut les nĂ©gliger. On peut aussi les plaindre car cela ne coĂ»te pas grand chose non plus. Pourtant, les soignants, comme bien d’autres gens, des artistes inconnus, ou d’autres personnes exerçant dans d’autres professions, sont des travailleurs. Mais pas de petite poudre magique pour eux afin d’amĂ©liorer leur statut ou leurs conditions de travail. Pour eux, et pour tant d’autres- les invisibles et les ratĂ©s du box-office de la rĂ©ussite Ă©conomique- la vie sera dure. Les conditions de travail. Le salaire. L’Ă©pargne ou la retraite. La santĂ©. Tout sera susceptible d’ĂŞtre dur ou de le devenir pour eux, s’ils n’apprennent pas Ă  encaisser et Ă  esquiver.

A un moment donnĂ©, soit, on sait encaisser. Soit, on se fait lessiver. 

Enfin, si les polars connaissent autant de succès, c’est aussi parce qu’ils racontent souvent l’histoire de grâces et d’innocences qui ont été saccagées. Et nous connaissons, intimement, ce genre de vérités. Donc, travailler, travailler, travailler, ne suffit pas.

 

C’est Ă©tonnant comme le simple fait de reprendre les footing peut  vous dĂ©vergonder. J’étais plus Ă©teint que ça en partant courir ce matin.

La « petite » Aya Nakamura, elle, avait compris tout ça bien plus tĂ´t que moi, et sans avoir besoin de faire des footing. C’est pour ça qu’elle a rĂ©ussi et, qu’aujourd’hui, elle peut nous faire danser.

 

 

 

La librairie Presse Papier :

Il y a quelques jours, un collègue habitant aussi dans ma ville, a un moment fait allusion Ă  la mort d’Alisha ( Marche jusqu’au viaduc). Mais c’était pour lui un Ă©vĂ©nement comme un autre. Il a vite occupĂ© ses pensĂ©es Ă  tenir sa tasse de cafĂ© ou Ă  d’autres sujets. ( Quelques jours plus tard, sans que cela ait Ă©videmment de rapport avec le dĂ©cès de la jeune Alisha,  j’apprenais que ce collègue avait attrapĂ© le Covid)

Ce matin, en allant acheter le journal dans la librairie du centre-ville, j’ai pris le temps de discuter avec le gérant et un habitué. Les deux hommes se connaissent bien visiblement. Le premier habite Argenteuil depuis quarante ans. Le second, enseignant à la retraite, est né à Argenteuil. Militant, je l’ai déjà vu distribuer des tracts à la sortie de l’école. Il m’a appris ce matin être à l’origine de la création du salon du livre d’Argenteuil. Mais aussi de l’association Lire sous les couvertures.

 

Mais il m’a appris davantage : la voie expresse qui, aujourd’hui, coupe les Argenteuillais des berges de la Seine n’existait pas avant….1970. Grosso modo, lorsque Jimi Hendrix a fait son concert fin 1969 et dĂ©but 1970 ( le concert d’Aretha Franklin date de 1971), il existait une promenade le long de la Seine. On organisait mĂŞme des cross sur cette promenade qui aurait existĂ© de 1820 Ă  1970.

 

Sur le chemin de halage, vers Argenteuil, ce mercredi 7 avril 2021. Sur la fin de mon footing, de retour d’Epinay Sur Seine. C’est sous ce viaduc que le 8 mars, Alisha….

 

 

Tout Ă  son rĂ©cit, D m’a parlĂ© du chemin de halage du cĂ´tĂ© du viaduc. Marcheur, D s’est enthousiasmĂ© pour le travail « extraordinaire Â» qui avait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© sur ce chemin de halage pour le rendre agrĂ©able. Il m’a confirmĂ© brièvement. Oui, c’était bien lĂ , sous le viaduc qu’il y avait eu le fait divers….puis, il a poursuivi son argumentaire concernant la façon dont l’amĂ©nagement de la ville Ă©tait mal gĂ©rĂ©. D m’a appris qu’il avait un blog, très bien fait, alimentĂ© rĂ©gulièrement, dans lequel il parlait d’Argenteuil. Il m’a invitĂ© Ă  le lire. Je lui ai aussi parlĂ© du mien mais cela n’a pas paru lui parler plus que ça. Je ne sais pas si D prĂ©fère Ă©couter Aya Nakamura ou lire son blog. Je ne sais pas non plus si elle en a un. Par contre, en quittant la librairie, je savais que j’allais retourner au viaduc. J’ai un moment pensĂ© Ă  faire le parcours Ă  vĂ©lo afin de bien profiter de la Seine sans trop me fatiguer. Puis, je me suis rapidement dit que ce serait une bonne occasion de reprendre le footing. Afin de voir oĂą j’en Ă©tais.

 

Le chemin de halage :

Je m’étais mis en tête de courir trente minutes pour une reprise. Sans aucune idée du temps qu’il me faudrait pour arriver au viaduc.

 

Les dix premières minutes ont été un peu inconfortables. Car mon corps n’était plus habitué au footing. Mais, très vite, j’ai perçu que mon cœur, lui, était au rendez-vous. Peut-être les effets de mes trajets à vélo depuis bientôt deux mois depuis la gare St-Lazare pour aller à la travail. A chaque fois, à l’aller comme au retour, trente minutes de vélo.

 

 

Il m’a fallu douze minutes, à allure douce, pour arriver au viaduc. J’avais le soleil de face. J’ai continué sur le chemin de halage jusqu’à arriver à Epinay sur Seine, ville de tournage de cinéma. Mais ville, aussi, où se trouve une clinique psychiatrique où il a pu m’arriver de faire des vacations. Je pouvais alors m’y rendre en environ vingt minutes en voiture. Là, j’avais mis à peu près trente trois minutes en footing. A vélo, j’en aurais sûrement pour 20 minutes, peut-être quinze, par le chemin de halage. Le centre Aqua92 de Villeneuve-la-Garenne, où les trois fosses et le bassin de 2,20 de profondeur, permettent de pratiquer apnée et plongée n’était pas si loin que ça. Même s’il devait rester quinze à vingt minutes de footing pour y arriver.

 

Je me suis arrêté pour marcher. Prendre le temps de souffler. Quelques photos. Après dix minutes, je suis reparti en sens inverse. A l’aller comme au retour, les gens que j’ai croisés, promeneurs, coureurs, étaient enclins à dire bonjour. L’absorption des relations sociales par le confinement et la pandémie favorisaient peut-être ces échanges simples.

 

 

Je prenais des photos de ce « bateau-Ă©cole » lorsque G…, me voyant faire, a ouvert la porte pour me renseigner. Elle m’a donnĂ© quelques explications, m’a remis une brochure avec les tarifs. Puis, je suis reparti.

 

Je commençais à en avoir plein les cuisses. L’acide lactique. Ça m’a étonné parce-que je ne courais pas particulièrement vite. Cela devait venir du manque d’entraînement, sans doute.

 

A l’approche du viaduc, j’ai ralenti. Encore quelques photos. J’étais près du mur des fleurs à la mémoire d’Alisha, lorsque la sirène du premier mercredi du mois a retenti. Je ne pouvais pas filmer meilleure minute de silence qu’avec cette sirène.

 

 

 

Devant tout ce bleu, tout ce soleil, je me suis dit que la mort d’Alisha, d’une certaine manière était un sacrifice. Et, qu’est-ce qu’un sacrifice, si ce n’est une mort- ou un soleil- qui permet à d’autres de vivre ou qui leur indique le chemin qu’ils doivent suivre pour continuer de vivre ?

 

Photo ce mercredi 7 avril 2021, depuis l’endroit oĂą le 8 mars, Alisha a Ă©tĂ© poussĂ©e dans la Seine après avoir Ă©tĂ© tabassĂ©e.

 

 

Après la minute de silence, j’ai fait le tour du viaduc dans le sens inverse de la dernière fois sans m’attarder. En faisant ça instinctivement, j’ai eu la soudaine impression de défaire le cercle de la mort.

 

MĂŞme endroit que la photo prĂ©cĂ©dente, ce mercredi 7 avril 2021. En regardant dans la direction d’Epinay-sur-Seine.

 

Evidemment, je n’irai pas expliquer ça aux parents d’Alisha, ni à ses proches ou à celles et ceux qui l’ont connue de près. Et, je ne crois pas que j’aimerais que quelqu’un vienne me tenir ce genre de propos si je perdais une personne chère.

 

Ce mercredi 7 avril 2021, en rentrant sur Argenteuil vers la fin de mon footing.

 

 

Pourtant, sans cette mort le 8 mars, je ne serais pas venu jusqu’à ce viaduc. Je n’aurais peut-être jamais pris ce chemin de halage alors que cela fait déjà 14 ans que je vis à Argenteuil.

Ce chemin de halage, je l’avais supposé depuis Epinay Sur Seine où je m’étais rendu en voiture ou à vélo. Mais sans savoir qu’il pouvait aller jusqu’à Argenteuil.

Et, j’avais dĂ©jĂ  entendu un Argenteuillais, adepte du footing, en parler, il y a trois ou quatre annĂ©es, mais cela Ă©tait restĂ© très abstrait pour moi. Je n’imaginais pas un tel chemin, aussi Ă©tendu, aussi large, aussi agrĂ©able. Et, Ă  travers tout le bleu de ce mercredi 7 avril,  je comprends qu’Alisha, le 8 mars, ait pu très facilement accepter de suivre celle qui a servi d’appât, comme le titre du film de Bertrand Tavernier qui avait Ă©tĂ© inspirĂ© d’un fait divers. 

Lorsque je suis venu ici pour la première fois ( Marche jusqu’au viaduc ),  il faisait plus sombre. Et je m’Ă©tais dit qu’Alisha avait vraiment dĂ» se sentir en confiance pour venir dans un endroit pareil. Mais le 8 mars, il faisait peut-ĂŞtre beau.

 

Lorsque l’on compare les photos que j’ai faites de cet endroit la première fois que j’y suis venu, le 16 mars, avec celles de ce mercredi 7 avril, on remarque que la lumière et l’atmosphère sont très opposĂ©es. Ce mercredi 7 avril, la lumière est très belle. J’ai postĂ© une des photos de ce jour, prise depuis le chemin de halage ( celle qui ouvre cet article) sur ma page Facebook, et elle a plu Ă  plusieurs personnes. Elle me plait aussi. Tout ce bleu. Ce soleil. 

Comme ces photos prises deux jours diffĂ©rents, malgrĂ© tout le bĂ©ton dont l’ĂŞtre humain s’entoure, notre nature se lĂ©zarde et mue. Ces mues ne sautent pas aux yeux Ă  première vue. Elles sont d’abord invisibles, souterraines, imperceptibles, lĂ©gitimes ou illĂ©gitimes. Mais elles surviendront, pour le pire ou le meilleur, si elles trouvent un moyen ou un chemin pour s’affirmer et s’affranchir de nos secrets.  De nos codes. De nos limites.

Ces mues, nos changements, de comportement, tenteront de s’adapter et de s’habituer au grand jour et au monde. Ils seront parfois aussi violents qu’Ă©phĂ©mères. On peut d’abord penser Ă  des crimes ou Ă  des actes monstrueux. Mais on peut aussi penser Ă  certaines carrières fulgurantes :

Jimi Hendrix est mort ultra-cĂ©lèbre Ă  27 ans alors qu’il ne pratiquait la guitare que depuis une douzaine d’annĂ©es…… on nous parle encore d’Amy Winehouse, de Janis Joplin, de tel acteur ou tel actrice « parti(e) trop vite… » . On peut aussi penser Ă  des aventuriers de l’extrĂŞme morts trop jeunes tels que l’apnĂ©iste LoĂŻc Leferme . Ou mĂŞme Ă  l’apnĂ©iste… Audrey Mestre.

 

En m’éloignant du viaduc, un homme noir d’une soixante d’années semblant venir de nulle part, partait comme moi. Il marchait et avait du mal à remonter la pente. Il avait baissé son masque anti-covid sûrement pour mieux reprendre son souffle. Je l’ai dépassé en reprenant mon trot. Ce faisant, je l’ai salué. Il m’a répondu, un peu étonné. Puis, je l’ai distancé. Je serai peut-être ce vieil homme, un jour.

 

Lorsque j’ai retrouvé la route d’Epinay, en allant vers Argenteuil, un bus 361 m’a dépassé. Puis, j’en ai un croisé un autre un peu plus loin. A l’aller, aussi, j’avais croisé un 361. Cet itinéraire est vraiment bien desservi par le bus.

 

En rentrant chez moi, je suis repassé devant le hammam. Il avait l’air ouvert. Je me suis dit que j’y retournerais. Et que cela me permettrait, aussi, de profiter de leur très bon thé à la menthe.

 

Franck Unimon, ce mercredi 7 avril 2021.( complété et finalisé ce mardi 13 avril 2021).

 

 

 

 

 

 

Catégories
Corona Circus Vélo Taffe

Vélo taffe : Jimi Hendrix contre le Covid

 

            VĂ©lo Taffe : Jimi Hendrix contre le Covid

 

Il faisait entre 3 et 6 degrés ce matin, lorsque j’ai quitté le travail sur mon vélo.

 

Depuis quelques jours, les températures se sont refroidies. Alors que jeudi après-midi, on aurait presque pu croire à une journée d’été.

 

L’écart entre les tempĂ©ratures du matin et celles de l’après-midi « mouche Â» dĂ©sormais rĂ©gulièrement les dix degrĂ©s ou davantage. Cependant, comme l’annĂ©e dernière, Ă  la mĂŞme Ă©poque, la luminositĂ© extĂ©rieure est vaste et belle lorsqu’elle nous interpelle.

 

C’est peut-être la luminosité intérieure qui se fait parfois repasser selon ce que l’on vit.

 

Mon moral se maintient malgrĂ© l’avancement d’une semaine, ce vendredi, des vacances scolaires de Pâques. Pour cause de pandĂ©mie sanitaire due au Covid, vedette presque planĂ©taire : on en parle moins en Afrique, par exemple oĂą l’on connaĂ®t d’autres brides.

 

L’annĂ©e dernière, Ă  la mĂŞme Ă©poque, comme beaucoup en France, je croyais la pandĂ©mie du Covid passagère. Aujourd’hui, la sĂ©rie des variants du Covid, les seconds couteaux de la pandĂ©mie, se multiplie et se rallonge. Afin d’essayer de contrer un certain nombre de râteaux, la course Ă  la vaccination, comme aux tests de dĂ©pistage, s’intensifie. En une semaine, j’ai dĂ» me faire trifouiller les narines deux fois pour un  test antigĂ©nique :

 

Deux de mes collègues, Ă  une semaine d’intervalle, ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©s positifs. L’un, sans Ă©quivoque. L’autre, avait une « trace Â».  Avant ça, Ă  part une sĂ©rologie sanguine de dĂ©pistage effectuĂ©e dans mon prĂ©cĂ©dent service il y a plus de six mois, je n’avais pas eu Ă  faire d’examen. Alors que lĂ , en une semaine, je me suis retrouvĂ© deux fois « cas contact Â».  Pareil pour les « variants Â». Encore des termes qui vont devenir de plus en plus populaires et entrer dans les consciences. Alors que nous Ă©tions une majoritĂ© Ă  les ignorer il y a encore un an et demi. Il y a un an et demi, malgrĂ© nos contraintes, nos peurs et nos insatisfactions, nous vivions davantage pour le plaisir. Aujourd’hui, le Devoir nous dicte davantage comment nous sommes supposĂ©s vivre et nous comporter.

 

Il y a plus de vingt ans, en Guadeloupe, un de mes oncles paternels avec lequel je discutais, m’avait affirmĂ© : « Il n’y a pas de plaisir dans la vie, Franck ! Â». A l’époque, j’avais rigolĂ©.

 

Je relate ça pour la mĂ©moire. Parce-que lorsque la pandĂ©mie du Covid sera passĂ©e – et ça passera mĂŞme si Ă  mon avis ça durera au delĂ  de cet Ă©tĂ© -on oubliera.

 

On oubliera parce-que notre mémoire se fera loger par d’autres événements moins drôles que le Covid. Oui, c’est possible.

 

Mon moral se maintient.

 

Même si je suis resté en région parisienne contrairement à d’autres qui ont filé sur la route, ou par train, dès qu’ils ont pu, après l’annonce du reconfinement et l’avance des vacances de Pâques. A ne pas confondre avec l’avance sur recettes.

 

On ne parle plus aujourd’hui d’applaudir les soignants, depuis son balcon, Ă  vingt heures. Pourtant, pour les soignants touchĂ©s par le Covid ou confrontĂ©s directement Ă  des conditions de travail rendues particulièrement difficiles par la pandĂ©mie, la situation est identique voire pire que celle de l’annĂ©e dernière. Pour sincères qu’aient pu ĂŞtre ces applaudissements, et je crois qu’un certain nombre des applaudissements de l’annĂ©e dernière Ă©taient sincères, leur abandon et leur oubli reflètent Ă  mon avis Ă  la fois un dĂ©couragement gĂ©nĂ©ral, un certain Ă©puisement aussi, mais aussi le traitement qui a souvent Ă©tĂ© celui des soignants. Et de toute personne dont le mĂ©tier consiste Ă  traverser des pics de souffrance et de violence avec leur blouse, leurs compĂ©tences techniques, mais aussi leurs engagements physiques, mentaux, Ă©motionnels et culturels :

 

On leur assure une admiration ainsi qu’une certaine distance prudente et sĂ©curisĂ©e. En attendant- en exigeant- d’eux qu’ils fassent le boulot pour lequel ils ont Ă©tĂ© embauchĂ©s. Sans toujours vraiment regarder ce que cela peut leur coĂ»ter car on a d’autres choses Ă  faire. Et puis, ils l’ont bien cherchĂ© (les soignants) Ă  choisir ce mĂ©tier. Donc, qu’ils ne se plaignent pas ! C’est dĂ©jĂ  bien qu’ils aient un travail et qu’on les paie Ă  peu près correctement et plus que d’autres. Peu importe que la profession de soignant puisse imposer des contraintes qui feraient fuir ou vomir un certain nombre de ces « autres Â» ( pipi, caca, la vue du sang, les crachats, les plaies, la maladie, la mort, les insultes, les menaces de mort, les horaires de travail, les diverses hiĂ©rarchies omniscientes et incendiaires. Ah, la jolie carrière- politique ?- de Martin Hirsch/ Ah, la parfaite dĂ©monstration de dĂ©ontologie, de justice et de dĂ©mocratie que le jugement des labos Servier pour « l’affaire » du Mediator etc….).

 

 

Mon moral se maintient parce-que j’ai dĂ©jĂ  « connu Â» ça l’annĂ©e dernière. Pour ce qui est de la pandĂ©mie. MĂŞme si, j’avais connu un peu, aussi, celle du Sida, Ă  la fin des annĂ©es 80. J’avais 18 ans en 1986.

 

 

Mon moral se maintient vis-Ă -vis de la pandĂ©mie du Covid mĂŞme si cette fois-ci, plus de personnes, et plus jeunes, se font manifestement contaminer par « Lui Â» ou par « Elle Â». Et on ne parle pas des magazines  Lui et Elle,  ici, mĂŞme si, bien-sĂ»r, je l’aurais prĂ©fĂ©rĂ©.

 

 

Mon moral se maintient parce-que je sors pour le travail. Le seul télétravail qui me convienne a priori, c’est celui que j’effectue actuellement alors que j’écris, à des heures qui me conviennent, selon mes possibilités, mes envies et mes besoins.

 

J’ai aussi le moral parce-que j’ai des masques. Parce-que j’ai un vĂ©lo et je fais quelques  photos qui me permettent de voir la vie et les rues « autrement Â». De ruser avec une certaine fatalitĂ©. Parce-que j’ai une vie affective chez moi, aussi. Parce-que j’ai des amis. Une famille. Parce-que j’écris. Parce-que je lis. Oui, je me rĂ©pète parce-que rĂ©pĂ©ter ce qui nous fait du bien en renforce les effets.

Parce-que j’écoute des podcast. Parce-que mon travail me plait comme me plait l’alternance de jour comme de nuit.

 

Parce-que j’écoute de la musique. Beaucoup Jimi Hendrix, depuis quelques jours. Je le redécouvre. C’est plus stimulant de l’écouter que d’écouter du Jacques Brel que j’aime entendre mais que je délaisse pour le moment. C’est étonnant.

 

J’ai commencĂ© Ă  réécouter Jimi Hendrix d’abord par le coffret de Cds Songs for Groovy Children empruntĂ© il y a plus d’un mois Ă  la mĂ©diathèque de ma ville.  Oui, la culture, l’accès Ă  la culture, les discussions avec les bibliothĂ©caires, font aussi du bien, mĂŞme derrière un masque. Mais, depuis hier soir, la mĂ©diathèque de ma ville, est de nouveau fermĂ©e au public. On peut rĂ©server sur le site de la mĂ©diathèque et venir chercher sur place, Ă  certains horaires, les documents que l’on aura prĂ©alablement rĂ©servĂ©s. Pour cela, il faut une connexion Ă  internet et, bien-sĂ»r, savoir se servir d’internet.

 

Jimi Hendrix, c’est de la musique de « vieux Â». Je me le dis bien en l’écoutant. Car je « devrais Â» plutĂ´t parler d’Eddy de Pretto, de Lous and The Yakuzas, deux artistes français parmi bien d’autres qui « marchent Â» bien en France, de plus en plus, et que je n’ai pas encore pris le temps de vraiment Ă©couter. Comme je n’ai toujours pas pris le temps de m’initier Ă  beaucoup de jeux vidĂ©os, au rĂ©tro gaming. Alors que je suis « rĂ©tro Â».  DatĂ©. DĂ©passĂ©.

 

Mais je veux bien ĂŞtre rĂ©tro s’il faut dire ça pour continuer d’écouter Jimi Hendrix et d’autres. Cela ne m’empĂŞchera pas ensuite d’aller fouiller dans la musique des « jeunes Â».

 

Jimi Hendrix, c’est de la musique de vieux, donc, mais qu’est-ce que j’aimerais ĂŞtre vieux comme sa musique pendant encore plusieurs annĂ©es !

 

On pensera peut-être au titre Voodo Chile de Jimi Hendrix contre le Covid. Mais ce n’est pas à lui que je pense en premier. Même si je peux comprendre que l’on titube en écoutant ce tube.

 

Je vous invite par exemple Ă  Ă©couter  les titres  » Machine Gun »  et  » Foxey Lady », dans leur intĂ©gralitĂ© et leurs diverses dĂ©clinaisons, dans le coffret  » Songs for Groovy Children ». C’Ă©tait il y a 51 ans. Assez peu de grands artistes « d’aujourd’hui », pourtant, la ramèneraient devant Jimi Hendrix. 

 

Voici quelques photos prises ce matin en rentrant du travail. Je me suis dit ce matin que j’avais vraiment bien fait de m’acheter ce vĂ©lo pliant il y a bientĂ´t deux mois. MĂŞme si je continue de lorgner sur les vĂ©los Brompton. Cette marque- ou quelqu’un qui connaĂ®t un de ses dĂ©cideurs- devrait penser Ă  me sponsoriser vu le nombre de fois, dĂ©jĂ , oĂą je la cite. Un peu tel l’amateur qui repère une belle mĂ©canique qui sort de l’ordinaire mais qu’il ne peut s’offrir. Je devrais peut-ĂŞtre dĂ©marcher un de ses reprĂ©sentants. En leur disant que je veux bien rouler pour les solos de Jimi et pour  un de leurs vĂ©los.

 

Franck Unimon, ce dimanche 4 avril 2021, dimanche de Pâques.  

 

 

Du côté de St-Germain des Prés.

 

 

 

 

 

 

Place Vendome.

 

 

 

 

Vers l’OpĂ©ra Garnier.

 

 

Sur la gauche, Galeries Lafayette ou Grand magasin Printemps ? En haut Ă  gauche, l’actrice d’un « seul » rĂ´le, Sharon Stone ( « Basic Instinct ») « encadre » un article  » DĂ©radicalisation. EnquĂŞte sur un fiasco » avec l’artiste Lous and The Yakuza qui pose en modèle pour une marque de vĂŞtement ou de chaussures, orientĂ©e sport.

 

 

Salle de cinĂ©ma fermĂ©e, comme toutes les autres accessibles au public, depuis des mois. Bar d’images fermĂ© près de la gare St Lazare plus que dĂ©sertĂ© pour raisons sanitaires liĂ©es au Covid.

 

 

 

 

Contrairement Ă  la salle de cinĂ©ma prĂ©cĂ©dente ou Ă  la salle de concerts de l’Olympia, l’enseigne Fnac Ă©tait encore ouverte il y a quelques jours.

 

 

 

 

Vue depuis une des sorties de la gare St Lazare, Paris.

 

 

Dans la gare St-Lazare.

 

 

 

 

 » Hear my Train A Comin’  » : ).

 

 

Catégories
Corona Circus Vélo Taffe

Vélo Taffes : photos de février-mars 2021

 

VĂ©lo taffes : Photos de fĂ©vrier-mars 2021. 

 

 » Tu m’as abandonnĂ© ! Je suis devant la BNP… « . 

Une cousine africaine parlait au tĂ©lĂ©phone, de l’autre cĂ´tĂ© de la rue, il y a quelques heures, Ă  Argenteuil. Avant le couvre-feu. Elle portait un tailleur, des talons aiguilles, et malgrĂ© son masque anti-covid, personne, pas mĂŞme un reprĂ©sentant de la BNP, n’aurait pu hypothĂ©quer le bel arrangement de son apparence. 

Quelques mètres plus haut, j’ai croisĂ© une autre cousine. Alors qu’elle s’Ă©loignait, et distançait peu Ă  peu un cousin de l’âge de son père, celui-ci a regardĂ© son postĂ©rieur. Il Ă©tait aussi large qu’un avenir limitrophe mais encore trop proche des frontières d’un pays qu’il ne pourrait jamais atteindre. Et, il le savait. 

 

Ces remarques n’ont rien Ă  voir avec la rubrique VĂ©lo Taffe puisque je revenais Ă  pied – et bredouille- du magasin Babou lorsque j’ai assistĂ© Ă  ces deux micro-scènes de la vie courante. Mais je les trouve amusantes. Beaucoup plus que ce qui concerne les campagnes de vaccination et les vaccins anti-covid      ( Pfizer, Moderna, Astrazeneca, Sputnik V, Johnson&Johnson) ou la manière dont il aurait fallu ou dont il faudrait s’occuper de l’Ă©pidĂ©mie du Covid. Peut-ĂŞtre que de mĂŞme qu’il y a trois ou quatre opĂ©rateurs de tĂ©lĂ©phonie mobile qui se rĂ©partissent le marchĂ© des tĂ©lĂ©phones portables en France, qu’il y aura bientĂ´t trois ou quatre labos qui se rĂ©partiront le marchĂ© de notre santĂ© en France ou dans le monde. Mais nous sommes encore un petit peu loin de tout ça.

 

Il y a deux ou trois jours, maintenant, je suis tombĂ© devant chez moi sur un couple d’amis. Nous nous sommes reconnus malgrĂ© nos masques.

Ils dĂ©couvraient le magasin de produits exotiques africains qui a ouvert il y a bientĂ´t six mois maintenant. Ils Ă©taient lĂ  Ă  regarder la vitrine sans trop oser y entrer quand j’y repense maintenant. Ils m’ont demandĂ© si les articles alimentaires Ă©taient bons. Oui. Ce magasin marche plutĂ´t bien. Nous saluons rĂ©gulièrement la commerçante.

Je n’avais pas croisĂ© ces amis depuis un moment. Ils habitent Ă  une dizaine de minutes de chez nous.

En discutant avec eux, j’ai compris qu’ils n’Ă©taient plus sortis de chez eux depuis plusieurs semaines ou plusieurs mois. Lui, m’a dit :  » On respecte les consignes ». Ils m’ont expliquĂ© qu’ils pouvaient travailler depuis chez eux. Moi, j’avais un peu l’impression qu’ils sortaient de leur caisson de cryogĂ©nisation. MĂŞme s’ils Ă©taient parfaitement prĂ©sentables et que nous avons eu une conversation tout Ă  fait convenable, comme « auparavant ». Ils avaient toujours la mĂŞme syntaxe. Au moins en apparence.  Car j’ai compris avec eux qu’il existait des comportements radicalement opposĂ©s par rapport Ă  cet Ă©vĂ©nement qu’est le Covid. Ou la Covid. Y compris au sein des couples.

Le Covid nous met devant nos rapports personnels avec la mort. Il y a très peu de mise en scène possible avec nos angoisses. Ce couple d’amis Ă©tait apparemment encore uni et raccord par rapport Ă  ce sujet. Lui, avait attrapĂ© des cheveux blancs depuis la dernière fois que je l’avais rencontrĂ©. Cela n’a peut-ĂŞtre aucun rapport avec l’Ă©pidĂ©mie mais ça m’a fait un drĂ´le d’effet. 

Je ne leur ai pas dit que le matin, dans une pharmacie Ă  OdĂ©on, j’avais passĂ© mon premier test antigĂ©nique. Car un de mes collègues Ă©tait prĂ©sumĂ© positif au Covid. Et que, comme mes autres collègues, j’avais Ă©tĂ© considĂ©rĂ©  » cas contact ». J’ai eu le rĂ©sultat au bout de quinze minutes comme deux employĂ©s sympathiques des impĂ´ts dont l’un des collègues avait attrapĂ© le Covid :

Nous Ă©tions tous les trois nĂ©gatifs. 

Pour moi, le pire de l’angoisse, comme je l’ai rĂ©pĂ©tĂ© Ă  ce couple d’amis, mĂŞme si depuis les variants du Covid se multiplient et que de plus en plus d’enfants l’attrapent apparemment( six classes ont Ă©tĂ© fermĂ©es dans l’Ă©cole de ma fille après qu’un enfant ou une personne ait Ă©tĂ© positive au Covid dans chacune de ces classes), ça a Ă©tĂ© au mois de mars de l’annĂ©e dernière.  

Les premières semaines du premier confinement de l’annĂ©e dernière avaient Ă©tĂ© les plus angoissantes. Je continuais comme aujourd’hui d’aller au travail. Et, au dĂ©part, il y avait une pĂ©nurie de masques. Jusqu’au dĂ©but du mois de Mai oĂą les masques avaient commencĂ© Ă  ĂŞtre « parachutĂ©s » dans les supermarchĂ©s et les pharmacies.

Puis, Ă  partir de mi-juillet de l’annĂ©e dernière, en partant quelques jours en vacances, je m’Ă©tais un peu plus « sĂ©paré » de l’angoisse. MĂŞme si je continue de vivre masquĂ© lorsque je sors de chez moi. 

Mais lorsque je suis Ă  vĂ©lo pour partir au travail, je retire mon masque pour pĂ©daler. Pour Ă©crire aussi, sans doute. 

 

Quelques remarques complĂ©mentaires Ă  propos de l’expĂ©rience vĂ©lo pliant 

Pour ce deuxième article de la rubrique VĂ©lo Taffe après ( VĂ©lo Taffe : une histoire de goudron), je joins des photos prises pendant mon trajet de travail lors de ces mois de fĂ©vrier-mars 2021.

Si ma lampe avant- fixĂ©e Ă  mon vĂ©lo lors de la vente- ne marche dĂ©ja plus sans doute du fait des piles, je continue mes parcours Ă  vĂ©lo pour aller au travail. Je viens de commander une lampe avant et une lampe arrière de la marque Lezyne que je ne connaissais pas. Je me suis fiĂ© au site d’un magasin de vĂ©lo devant lequel je passe, boulevard Raspail, en allant au travail. Magasin, ou plutĂ´t chaine de magasins, que je ne connaissais pas non plus avant ces itinĂ©raires Ă  vĂ©lo : En selle Marcel

Sur la route, je croise diffĂ©rentes sortes de vĂ©los. Pliants, non pliants, course, non-course, vĂ©lib. Je me demande si, un jour, un type ou deux ou trois types de vĂ©los s’imposeront. En espĂ©rant que ce ne soit pas le VĂ©lib actuel. « Le » Brompton, dans les vĂ©los pliants, continue d’avoir une aura particulière Ă  mes yeux. Depuis mon premier article, j’ai appris en discutant un peu Ă  un feu rouge avec un « bromptonien » que si le vĂ©lo est très bien, ses accessoires coĂ»tent cher : 35 euros pour changer une plaquette de freins ? Mais ses pièces durent peut-ĂŞtre plus longtemps.

Le Brompton a aussi pour particularitĂ© d’avoir des roues de 16 pouces. Contre 20 pour mon vĂ©lo pliant (je m’Ă©tais trompĂ© en disant que c’Ă©tait des roues de 26 pouces). Concernant son prix, j’ai vu sur le site de En Selle Marcel qu’il est possible de payer son Brompton en quatre fois sans frais. Mais il faut quand mĂŞme pouvoir donner 300 Ă  400 euros quatre mois de suite. Une seule mensualitĂ© de 400 euros, pour un Brompton, Ă©quivaut presque au prix de mon vĂ©lo B’Twin. 

Je reste tout autant perplexe devant le nombre de tĂŞtes recouvertes par le casque de la marque Kask. Plus de cent cinquante euros, près de deux cents euros ou plus, le casque. On le leur aura peut-ĂŞtre offert. 

 

Je croise aussi assez frĂ©quemment des livreurs Deliveroo ou Uber Eats Ă  vĂ©lo. Je m’applique gĂ©nĂ©ralement Ă  les laisser passer. Leurs conditions de travail sont si difficiles. 

Pour mes premiers trajets « vĂ©lo taffe », je passais par le carrefour de l’OdĂ©on, un endroit très sensible pour la circulation. Que ce soit Ă  vĂ©lo ou Ă  pied. J’ai changĂ© de parcours et je m’en trouve mieux. MĂŞme si le Boulevard Raspail m’apparait encore un peu long Ă  monter. 

 

Les photos seront sĂ»rement un peu dans le dĂ©sordre. 

Franck Unimon, ce mercredi 31 mars 2021. 

 

 

Cette photo a Ă©tĂ© prise il y a plusieurs semaines, maintenant. Il s’agit du théâtre de l’OdĂ©on oĂą des banderoles sont toujours prĂ©sentes comme on le verra sur deux photos plus rĂ©centes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Théâtre de l’OdĂ©on, ce vendredi 26 mars 2021.