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Cergy, Soit ! Une expérience paranormale

Ecole de la Lanterne, à Cergy St Christophe, ce samedi 26 septembre 2021.

                       Cergy, Soit ! Une expérience paranormale

 

La manifestation Cergy, Soit !

 

On a parfois l’impression que certaines musiques n’agissent plus sur nous. Et que c’est pareil pour certains lieux. Du temps est passé et on peut en changer comme on change de souliers.

 

La manifestation Cergy, Soit ! ne dira presque rien à celles et ceux pour qui la ville de Cergy-Pontoise, en tant que ville de banlieue, c’est très loin de Paris. Mais j’ai vécu à Cergy Pontoise pendant quelques années. L’une des premières éditions de Cergy, Soit ! à laquelle j’étais allé, s’était passée il y a une vingtaine d’années. Dans le parc derrière la préfecture, à Cergy Préfecture. C’étaient beaucoup de spectacles gratuits. Du théâtre de rue mais aussi des acrobaties. Il y avait beaucoup de monde. Ma prof de théâtre, d’alors, Véronique, avait joué une femme enceinte avec “sa” compagnie, Théâtre en stock. Je me souviens encore de sa prestation. Ailleurs, un acrobate s’était laissé glisser tête en bas depuis le haut d’une barre à toute vitesse pour s’arrêter à ras du sol.

Cergy, Soit ! était une nouvelle très belle initiative. Mais j’étais l’un des moins bons candidats pour m’en apercevoir. Son nom, pour commencer, m’apparaissait un peu alambiqué.

 

Ensuite, fréquemment aimanté tel le junkie par Paris, ahuri, je ne voyais pas qu’il se trouvait à Cergy-Pontoise des aventures à ma portée. ( voir mon article sur le film J’ai aimé vivre là- un film de Régis Sauder).  Je trouvais cette ville plutôt vide. Fabriquée pour dormir. Mais aussi pour éloigner des meilleures opportunités qui ne pouvaient se trouver qu’à Paris. J’avais quelques petites circonstances atténuantes pour croire que le meilleur se trouvait en dehors de Cergy-Pontoise :

 

Plusieurs de mes collègues n’allaient jamais ou très peu à Paris.

Mes amis habitaient à Paris. Même si quelques uns, par la suite, partirent vivre en province.

 Les trains et les RER de banlieue  que je prenais avaient tous Paris pour terminus ou l’avaient pour destination. Ainsi que tous les trains et RER de banlieue que je prenais et qui me permettaient de  rentrer chez moi.

Il était plus facile, même si c’était un peu long, de se rendre en transports en commun à Paris depuis Cergy que pour aller dans certaines villes de banlieue avoisinantes. Pour aller à Pontoise, Auvers sur Oise, l’Isle Adam, Taverny, Herblay….

A moins d’avoir le permis et de conduire. Or, je n’étais pas pressé de passer le permis et « d’avoir » une voiture.

La faculté de Cergy-Pontoise, récente, dépendait encore de l’université de Paris X, à Nanterre. Pour mon premier cours de DEUG d’Anglais LCE après mes études d’infirmier, je m’étais présenté à la face (mais aussi à la fac )  de Cergy-Pontoise, à Cergy Préfecture. A une station de RER de chez mes parents chez qui j’habitais encore, à Cergy St Christophe.

Devant la fac de Cergy-Pontoise, j’avais compris que les cours se déroulaient à la Fac de Nanterre et j’avais ensuite pris le train pour Nanterre Université.

 

Prédation ?

Parvis de Cery-Préfecture, ce samedi 26 septembre 2021. Au fond, derrière le dragon, la préfecture du Val d’Oise.

La première fois que j’étais allé à Cergy,  soit !  Je n’avais pas pris de photos. Je n’y avais même pas pensé. Même avec le meilleur appareil photo dans les mains, je n’aurais pas su voir quoi photographier. Je ne voyais pas. Je ne voyais pas parce-que mon imaginaire était bridé  par un ailleurs que j’inventais et voulais voir…ailleurs et avant celui qui se trouvait devant moi.

Dans cet ailleurs, il y avait eu une ou deux histoires d’amour impossibles. Dont une à Marseille. Puis, une autre en Australie. Ensuite, sur Cergy-Pontoise, j’avais aussi très bien poursuivi ma carrière de spécialiste d’histoires d’amour à la “mords-moi-le-noeud” : collectionneur de rendez-vous manqués avec une championne toute catégories de l’ambiguïté,  amant finalement délaissé de femme mariée et de jeune maman, courtisan émérite précisément de celle qui ne pouvait pas me correspondre….

Pendant plusieurs années, j’ai su me confectionner des trajets sentimentaux encore plus venimeux que certains trajets en  transports en communs inter-banlieues qui peuvent cumuler les correspondances tirées par les cheveux. Au lieu de faire simple. Un ami, qui habitait alors à Sarcelles, m’avait un jour appris cette expression qu’il avait reçue de sa mère :

 

Toi, tu n’as pas besoin d’aide pour te foutre dans la merde !

On se fout assez régulièrement dans la merde tout seul parce-que l’on croit surtout, que, plus ce sera difficile et compliqué, mieux ce sera. Que la souffrance et la difficulté sont nos principaux atouts  pour nous confirmer que ce que l’on “vit” ou “obtient” est “bien”, valable et durable. Comme dans les contes de fée. Mais ce qui est surtout durable ensuite, c’est les embrouilles, les malentendus, la solitude.

Parce-que, finalement, dans ces conditions, on invente assez peu l’ailleurs.

Dans la vraie vie, on voit l’ailleurs ou on ne le voit pas. On l’entend ou on ne l’entend pas. On le prend ou on ne le prend pas.  C’est comme sur un quai, faire en sorte régulièrement de pouvoir seulement prendre le train d’après ou celui d’après pour ensuite se mettre en retard. Alors que l’on pourrait assez facilement prendre le bon train et être à l’heure ou en avance.

 

Train et appareil photo

J’ai eu plusieurs appareils photos compacts « grand public ». Et, aujourd’hui, nous avons des téléphones portables qui « font » de très bonnes photos et avec lesquels nous pouvons même filmer et enregistrer. C’était un peu moins le cas en 2007 quand j’ai quitté Cergy-Pontoise. Mais les appareils photos et les caméras existaient déjà depuis longtemps.

 

On dit qu’il faut faire pour apprendre. Mais on peut faire pendant des années sans rien apprendre. Entre 2007 et aujourd’hui, ma technique photographique a peu évolué. Si l’on me prêtait un appareil photo un peu sophistiqué nécessitant des réglages, j’aurais beaucoup de mal pour apprendre à m’en servir correctement. Cependant, ma façon de faire des photos a changé. J’aime le fait que la photo nous permette d’avoir un rapport particulier ou privilégié avec l’instant, le silence, la lumière, le cadre. En prenant une photo, on « sait » que ce que l’on prend ne reviendra plus.

 

Prédation ? Si l’intention est seulement de se servir de l’autre ou de lui nuire, alors qu’il est vulnérable et innocent, on pourrait parler de prédation.

Mais si l’intention est de préserver et de révéler ce qui est négligé et banalisé alors que c’est « beau », « drôle », « insolite », « touchant »,  «  éphémère », « vivant » ou « contrariant à propos de notre époque », la photo peut se justifier pour des raisons morales, de mémoire ou esthétiques.

 

Sur l’autoroute A15

Parvis de Cery-Préfecture, ce samedi 26 septembre 2021.

 

J’avais prévu de retourner à Cergy, Soit ! Cette année. Puis, je l’avais oublié. Jusqu’à ce que ma sœur me propose d’y aller avec nos enfants. Ce samedi 26 septembre 2021, tous les cinq, nous avons pris l’autoroute A15 dans ma voiture. Celle que j’avais déjà en partant de Cergy-Pontoise. Et, nous sommes allés nous garer, près de l’Esplanade de Paris, des « douze colonnes » à quelques minutes à pied de l’école de la Lanterne où se passaient plusieurs des événements de cette après-midi.

 

L’école de la Lanterne, fermée maintenant depuis une dizaine d’années à ce que j’ai ensuite appris par une bénévole, est maintenant le « bureau » de l’association de la Lanterne. Une association plus portée, je crois, sur des événements artistiques, culturels et écologiques.

 

Cependant, l’autre particularité de l’école de la Lanterne, c’est qu’elle avait été l’école primaire de ma sœur et de mon frère. Et qu’elle se trouve à deux ou trois minutes à pied du pavillon pour lequel nous avions quitté notre appartement HLM de Nanterre.

Ce samedi 26 septembre 2021 s’est donc transformé pour moi en une machine à remonter le temps. Ma voiture. L’autoroute A15. Ma sœur et nos enfants. Le pavillon où nous avions vécu plusieurs années avec nos parents qu’ils ne le revendent pour partir retourner vivre en Guadeloupe au début des années 2000. Les 12 colonnes de l’Esplanade de Paris depuis lesquelles on peut apercevoir Le quartier de La Défense et, derrière, l’Arc de Triomphe.

L’école de la Lanterne. Une lanterne, ça éclaire.  Le titre The Payback de James Brown. La musique de James Brown fait partie de ces musiques que mon père m’a transmises par ses disques vinyles. Dont le titre Sex Machine dont il avait le 45 tours ou le 33 tours. Mon père dont l’anniversaire se répète tous les 3 octobre. Un jour après moi. Lui, en Guadeloupe, à Petit-Bourg. Moi, en France, à Nanterre. 1944. 1968. 

 

Nostalgie ?

 

J’aurais pu le penser si certains sentiments n’avaient été que les miens. Seulement, après avoir présenté nos passes sanitaires ou test antigénique négatif récent,  nous étions à peine entrés dans l’école de la lanterne, que nous sommes allés assister à la fin d’un concours de tags. J’ai alors demandé confirmation à ma sœur. La musique que nous entendions était bien du Rap américain des années 90-2000. Sur notre droite, à quelques mètres, un homme d’une quarantaine d’années dansait en écoutant les sons. Lesquels sons lui rappelaient vraisemblablement toute une époque. Il faisait beau. L’ambiance générale était parfaitement détendue. Il n’y avait pas trop de monde.

 

 

Des œuvres remarquables

 

Après quelques minutes, nous avons décidé de poursuivre notre « visite ». Je suis alors tombé sur quelques œuvres remarquables. Dont celle du collectif “TSF”. ( je ne suis pas sûr de l’orthographe”)

 

 

Un petit peu plus loin, un artiste ( Sitou) terminait sa fresque. Sa particularité était qu’il écoutait le titre Payback de James Brown ! Difficile de faire plus « ancien » aujourd’hui ou, en France, on écoute « beaucoup », parmi les artistes français des personnes comme Jul, Booba, Niska, Orelsan, Soolking, Damso, Soprano, Aya Nakamura, PNL,  Slimane,  et d’autres….

 

Je connais plus le nom de la plupart de ces artistes que leur discographie,  et même si je me désole de ne plus vraiment danser depuis quinze ou vingt ans, je peux aimer des morceaux de ces artistes sans pour autant avoir envie de bouger en les entendant.

 

Ce titre de James Brown, Payback, je le « connais ».  Je l’avais rangé derrière moi comme on peut regarder une ville ou un paysage s’éloigner dans le rétroviseur de notre voiture alors que l’on roule. Et, quelques années me séparaient déja de Payback ce samedi 26 septembre 2021.  Mais, là, parce-que mis à un volume suffisamment élevé, Payback m’a rappelé à l’ordre.

Parce-que dans la voix de « James », il y a un appel :

 

«  Tu vas te lever. Tu vas te bouger. Tu existes. Tu vas danser. Tu vas vivre. Tu n’as pas le choix».

C’est un appel péremptoire. C’est peut-être aussi dans cette chanson qu’il constatait que plusieurs artistes d’alors l’imitaient sans pour autant lui verser les royalties qu’ils lui devaient. Et qu’il leur intimait : «  Virez ma voix de vos disques ! ». J’avais lu un article à  ce sujet il y a plusieurs années. Je vivais peut-être encore à Cergy-Pontoise lors de la lecture de cet article. 

 

Sur son échafaudage, à deux ou trois mètres au dessus de nous, tout en terminant sa fresque, l’artiste Sitou, lui,  par moments, dansait en écoutant The  Payback. Et, de mon côté, j’ai senti qu’à ce moment-là, seule la musique comptait.

Pour voir d’autres photos relatives  à cette manifestationPhotos Cergy, Soit ! Samedi 26 septembre 2021

 

Franck Unimon, dimanche 3 octobre 2021.

 

 

 

 

 

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