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                                                   Immobilier

Il claudique mais ça n’empĂȘche pas de marcher ensemble. Je l’ai connu alors qu’il Ă©tait gĂ©rant d’un supermarchĂ© prĂšs de chez moi. Il le tenait avec autoritĂ© depuis sa caisse. Avec un regard d’aigle. Il disait Ă  peine bonjour. Ou du bout des lĂšvres. Normal, pour un aigle.

 

Puis, il a arrĂȘtĂ©. Il a changĂ© de projet.  Alors, il a pris un peu plus le temps de discuter avec moi lorsque l’on a continuĂ© de se croiser. Puisque nous habitons Ă  peu prĂšs dans le mĂȘme quartier. Dans le supermarchĂ©, pendant des annĂ©es, il avait travaillĂ© de 5h Ă  21h. Il m’avait demandĂ© :

 

« Tu l’aurais fait ?! Â». Je lui avais confirmĂ© que je ne l’aurais pas fait.

Un autre jour, il m’a appris qu’il achetait des appartements aux enchĂšres. Une fois, il m’a proposĂ© d’y aller avec lui. Au tribunal de Pontoise. J’ai dĂ©clinĂ©. Peut-ĂȘtre mes principes ou ma disponibilitĂ©. Racheter Ă  bas prix ce qui a pu constituer le projet et la vie des gens. Ou je n’étais tout simplement pas prĂȘt Ă  tenter cette aventure.

 

Je l’ai recroisĂ© tout Ă  l’heure Ă  la boulangerie. Je venais de prendre mes baguettes. Lui, il sortait de la piĂšce du boulanger. Comme s’il Ă©tait chez lui. Il m’a reconnu malgrĂ© mon masque anti-Covid. Il avait du pain dans la bouche.

 

Les murs de cette boulangerie sont restĂ©s vides pendant plusieurs annĂ©es. Une fois, j’y avais achetĂ© une confiture faite maison, payĂ©e cinq euros. Une arnaque. Une de mes collĂšgues en avait rigolĂ© avec moi. Puis, il a rachetĂ© les murs. Il m’a expliquĂ© un jour son principe : Il loue. C’est Ă  celui qui tient la boulangerie de faire en sorte que son commerce marche !

 

Alors que nous nous Ă©loignons de la boulangerie, il me demande si le pain est bon. J’ai les bras remplis de baguettes. J’ai oubliĂ© de prĂ©voir un sac. Je rĂ©ponds que le pain est trĂšs bon dans cette boulangerie.

 

Comme il me rappelle ĂȘtre seulement propriĂ©taire des murs, j’en profite pour bĂ©nĂ©ficier de sa connaissance du marchĂ© immobilier dans notre ville d’Argenteuil. RĂ©cemment, en lisant par dessus l’épaule d’une personne qui regardait son tĂ©lĂ©phone portable, j’ai appris que le journal Les Ă©chos se demandait si ce deuxiĂšme reconfinement allait faire baisser les prix. L’article des Echos expliquait qu’avant ce deuxiĂšme reconfinement, les acheteurs avaient recommencĂ© Ă  se manifester. Mais, là
.

 

Pour lui, Covid ou non, la vie continue. Il touche et dĂ©place son masque rĂ©guliĂšrement Ă  pleine main tout en me parlant. 500 euros la location pour 10 mĂštres carrĂ©s. 600 euros de loyer pour un 25-30 mĂštres carrĂ©s. Pour 38 mĂštres carrĂ©s ? 800 euros. Il m’explique qu’investir dans l’immobilier Ă  Argenteuil vaut le coup. Y habiter, non.

1200 demandes de location par jour m’apprend-t’il. Il m’approuve lorsque je dis qu’Argenteuil attire car c’est une ville proche de Paris.

Au centre, le maire de la ville d’Argenteuil, Georges Mothron, lors de la journĂ©e d’ouverture de la saison 2020-2021 au centre culturel Le Figuier Blanc.

 

 

Je pars acheter Le Canard EnchaĂźnĂ©. En premiĂšre page d’un journal, j’aperçois un article qui parle de l’attentat jihadiste rĂ©cent Ă  Vienne. Si les Viennois sont, et je le comprends facilement, sous le choc, ici, et ailleurs, on est loin de tout ça.

 

Par contre, je connais quelqu’un qui est encore sous le choc. Une commerçante prùs de chez moi.

 

Elle a ouvert son commerce il y a Ă  peine deux mois. Il a l’air d’assez bien marcher. Ce week-end, quelqu’un a essayĂ© de partir avec la caisse mais, aussi, de s’envoler avec ce qu’elle vend. De l’alimentaire. Elle m’a appris ça ce matin. J’ai d’abord pensĂ© Ă  cette pĂ©riode de plusieurs mois qui avait prĂ©cĂ©dĂ© l’ouverture de son magasin. PĂ©riode durant laquelle des travaux avaient Ă©tĂ© effectuĂ©s. Mais quand je repasse la voir, elle me dit que c’était comme si la personne connaissait les lieux et avait la clĂ©. Aucune effraction. Elle ne sait pas si elle va rester.  Je la comprends : il y a quelques semaines, elle a dĂ» coopĂ©rer avec une fuite d’eau. Et, maintenant, ce cambriolage sans effraction. Les voleurs ont rĂ©ussi Ă  ouvrir la porte de devant mais ont Ă©chouĂ© Ă  faire monter le rideau de fer.

 

Au commissariat oĂč elle est allĂ©e porter plainte, on lui a rĂ©pondu que lors de ce week-end de la Toussaint, il y avait eu beaucoup d’infractions. L’agence immobiliĂšre qui gĂšre les murs s’est contentĂ©e de lui rĂ©pondre qu’elle lui avait remis des clĂ©s et qu’elle est fermĂ©e le dimanche. La propriĂ©taire ne s’est pas manifestĂ©e.

 

 

Franck Unimon, ce mercredi 4 novembre 2020.

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