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Le cinema-a ciel ouvert ( https://www.cinemacielouvert.fr ) a Ă©tĂ© crĂ©Ă© Ă Aulnay Sous Bois par l’acteur Steve Tientcheu et le scĂ©nariste Tarik Laghdiri .
Cinema- Ă Ciel ouvert.
La boite noire du cinĂ©ma est ici lĂ pour dĂ©visser les cercueils dans lesquels les corps, autrement, sont Ă l’Ă©tat de flaques superposĂ©es les unes sur les autres. Au point qu’elles finissent par se ressembler toutes.
Au lieu d’ĂȘtre enfermĂ© ou de rester paralysĂ© Ă l’intĂ©rieur de nos histoires, grĂące au cinĂ©ma, il va ĂȘtre possible de se mettre Ă circuler ailleurs et diffĂ©remment. PlutĂŽt que de rester plantĂ©, lĂ , dans un dĂ©cor de plus en plus sourd Ă ses habitants. Et, on va les faire germer ces histoires que l’on est les mieux habilitĂ©s Ă raconter. Puisque, ces histoires, nous les connaissons. Nous les arrosons tous les jours et tous les soirs.
Parce-que ces histoires, ce sont nos adresses postales, mentales, corporelles et culturelles. Nos omoplates. Nos réservoirs. Sans elles, nous ne tenons pas.
J’Ă©cris « nous ». Mais c’est d’abord d’eux, bien-sĂ»r, dont je parle : les fondateurs et les participants impliquĂ©s dans ce projet inspirĂ© de leur vĂ©cu dans la ville d’Aulnay sous Bois. Et, j’Ă©cris « nous » parce-que je m’identifie Ă ce que je comprends du projet.
« Ciel ouvert« .
Presqu’un mot de passe.  » A ciel ouvert ». Comme Ă flanc de ciel.  » Ciel oĂč vers ». Le ciel est presqu’un cierge que l’on allume pour une priĂšre ou mieux y voir. « Ciel oĂč vert ». Le vert, l’espoir. Vers…vers Ă peu prĂšs tout ce que l’on veut. « Ciel ouvert »/  » Ă coeur ouvert », quelle diffĂ©rence ?
On ne choisit pas les histoires qui nous marquent. Mais on peut choisir de sâen servir.
Ce vendredi 20 aout 2021, Ă la ferme du Vieux-Pays, Ă Aulnay-sous-bois, Steve Tientcheu et Tarik Laghdiri nous parlent du projet le cinĂ©ma- A ciel ouvert . C’est Ă partir de sa pĂ©piniĂšre qu’est arrivĂ© ce projet de court-mĂ©trage : La ChimĂšre.
La ChimĂšre est le premier court-mĂ©trage que Steve Tientcheu va rĂ©aliser avec des personnes dâAulnay sous Bois. Il a crĂ©Ă© une association : C’est une Dinguerie.
Quatorze personnes ont été sélectionnées aprÚs un casting.
Le tournage débutera ce lundi 23 aout 2021. Il durera six jours.
Ce vendredi 20 aout 2021, je découvre Tarik Laghdiri. Je « connais » un peu plus Steve.
Je crois que câest le rĂ©alisateur Yassine Qnia– dont le premier long mĂ©trage De Bas Ă©tage est sorti rĂ©cemment au cinĂ©ma- qui, le premier, mâavait parlĂ© du documentaire La Mort de Danton (2011) dâAlice Diop.
Dans ce documentaire, Alice Diop faisait un portrait de Steve alors quâil avait pris lâinitiative de «fuguer » de sa citĂ©, dâabord en secret de ses amis et de son quartier. Afin de suivre une formation de comĂ©dien au cours Simon, Ă Paris.
Yassine Qnia venait alors de réaliser son court-métrage Fais Croquer.
A partir de La Mort de Danton, jâavais « suivi » assez rĂ©guliĂšrement lâĂ©volution Ă lâĂ©cran de Steve Tientcheu (Qui Vive, Les misĂ©rables 2Ăšme partie , Qu’un sang impur… La Nuit Des Rois-un film de Philippe LacĂŽte).
Câest lors du tournage du court-mĂ©trage Molii co-rĂ©alisĂ© en 2013 par Carine May, Mourad Boudaoud, Hakim Zouhani et Yassine Qnia, quâen passant lors dâune nuit de tournage, jâavais rencontrĂ© Steve Tientcheu la premiĂšre fois.
Huit ans plus tard, ce vendredi 20 aout 2021, par lâentremise de lâattachĂ©e de presse Jamila Ouzahir, je revois donc Steve Tientcheu avec Tarik Laghdiri. Ils me parlent de La ChimĂšre et du projet autour.
Pour cela, jâai fait le dĂ©placement jusquâĂ la ferme du Vieux-Pays dâAulnay Sous Bois, leur ville de naissance et de domiciliation.
La ferme du Vieux-Pays est lâendroit quâils ont tous les deux choisi afin de prĂ©parer les acteurs de leur film.
Je connais mal le dĂ©partement du 93. Je nây ai jamais vĂ©cu. Jây suis toujours passĂ©. Mais jâai connu la citĂ© HLM jusquâĂ mes 17 ans Ă Nanterre. Jâai toujours habitĂ© en banlieue parisienne. Lorsque jâaurais pu venir habiter Ă Paris, jâai eu peur de mây perdre et jâai « fui » en restant vivre en banlieue parisienne.
Par mon mĂ©tier dâinfirmier en pĂ©dopsychiatrie et en psychiatrie, je suis immergĂ© depuis des annĂ©es, mĂȘme si cela peut ĂȘtre seulement pour quelques heures, dans lâenvers de toutes sortes de cycles et dâhistoires. MĂȘme si je parle et raisonne comme un intello, avec un Français dit « soutenu » et « posĂ© », je crois ĂȘtre dâune autre contrĂ©e que bien des professionnels du journalisme cinĂ©ma que jâai pu rencontrer en France jusquâalors. Peut-ĂȘtre parce-que, contrairement Ă eux, il y a eu un peu moins de possibilitĂ©s de retrait et de zones tampons entre mon corps, ma vie, et certaines souffrances et violences qui composent notre monde.
Cela ne fait pas de moi pour autant une personne exemplaire. Cependant, en apprenant ce projet de Steve Tientcheu et de Tarik Laghdiri, jâai eu envie de venir. Cela a Ă©tĂ© un plaisir pour moi dâĂȘtre passĂ©, en mĂȘme temps quâune forme de devoir et de responsabilitĂ©. Pour eux deux bien sĂ»r mais aussi pour les autres personnes impliquĂ©es dans ce projet. Et, je pense aussi aux actrices et aux acteurs que jâai croisĂ©s et photographiĂ©s et filmĂ©s durant leur sĂ©ance de Yoga, la derniĂšre phase de leur prĂ©paration, avec la prof, Estelle.
Je « devais » venir le samedi. Mais cette sĂ©ance de prĂ©paration avant le dĂ©but du tournage de La ChimĂšre a Ă©tĂ© annulĂ©e. Steve me dira au cours de lâinterview que la prĂ©paration a Ă©tĂ© « intense ». Et que pour laisser souffler les acteurs avant le « grand jour », cette sĂ©ance a donc Ă©tĂ© effacĂ©e.
Pour ĂȘtre prĂ©sent ce vendredi Ă cette derniĂšre phase de la prĂ©paration dâavant tournage, je suis donc venu avec ma fille puisquâelle Ă©tait avec moi au lieu dâĂȘtre au centre de loisirs. CâĂ©tait la premiĂšre fois que je lâemmĂšnais avec moi pour une interview. Et, jâai trĂšs vite pensĂ© Ă la faire participer. On lâentendra poser une question Ă Steve dans une des vidĂ©os.
Si jâĂ©tais venu ce samedi, je serais arrivĂ© seul le matin, aprĂšs avoir travaillĂ©, avec mon visage de la nuit. Ces conditions changent une histoire. Mais aussi le regard que lâon peut avoir sur un Ă©vĂ©nement ainsi que celui que les autres peuvent porter sur nous. On ne dĂ©cide jamais au dĂ©part du regard que les autres ont sur nous. Quelles que soient les intentions et les circonstances qui nous amĂšnent. Bonnes ou mauvaises.
En Ă©coutant et en regardant Steve et Tarik dans ce que jâai filmĂ©, on se fera facilement une idĂ©e de leur volontĂ© de dĂ©coller et de se dĂ©coller de certaines frontiĂšres. Telle une note de musique imaginaire qui se sortirait de toute entrave et se maintiendrait sur toute la durĂ©e. JusquâĂ ce quâelle parvienne Ă ses auditeurs et ses auditrices.
En regardant Steve Ă lâimage, on comprendra de quoi on parle lorsque lâon dit dâune actrice ou dâun acteur quâelle ou quâil a une « prĂ©sence ». Ou quâelle ou quâil « dĂ©gage quelque chose ».

AprĂšs avoir photographiĂ© Steve plusieurs fois ce vendredi, tout en l’interviewant, je nâai pu mâempĂȘcher de me dire que les professionnels du cinĂ©ma qui ont pu penser ou qui continuent de penser quâun acteur noir est plus difficile Ă Ă©clairer- et donc Ă filmer- ont surtout les muscles trapĂšzes de la paresse beaucoup trop dĂ©veloppĂ©s.
A la fin de lâinterview, jâai remerciĂ© Tarik et Steve. Ils mâont alors rĂ©pondu :
« Câest nous qui te remercions ! ».
Pourtant, en repartant de cette ferme et de cette ChimĂšre, je me suis rappelĂ© Ă quel point jâavais besoin dâextĂ©rieur, de fantaisie, dâoptimisme et de constance. Vivre en permanence le contraire revient Ă ĂȘtre en prison. Et, la prison est lâun des thĂšmes de leur film.
Merci donc Ă Steve Tientcheu et Ă Tarik Laghdiri. A Jamila Ouzahir. A la prof de Yoga, Estelle. Mais aussi aux actrices et aux acteurs pour leur accueil. Ainsi que pour les photos et les images que jâai pu prendre dâeux durant leur sĂ©ance de yoga. Si je les « chambre » un petit peu en les montrant dans certaines postures, quâils sachent quâĂ leur place, je nâaurais pas fait mieux. Mais aussi que je les envie dâavoir bĂ©nĂ©ficiĂ© dâune telle prĂ©paration et de pouvoir vivre une expĂ©rience pareille.
Un autre article suivra aprĂšs celui-ci avec d’autres photos, d’autres vidĂ©os. Car cela aurait fait trop Ă mettre dans un seul article. Et puis, je tenais Ă en publier un avant que ne commence le tournage…
Franck Unimon, ce dimanche 22 aout 2021 ( avec la participation d’Emmi Unimon).
2 réponses sur « Le cinema-A ciel ouvert avec Steve Tientcheu et Tarik Laghdiri »
[…] Une photo a Ă©tĂ© prise Ă Argenteuil. Sur une autre, Ă Aulnay sous Bois, Ă la ferme du Vieux-pays, on peut voir Steve Tientcheu, acteur, et Tarik Laghdiri, scĂ©nariste ( Le cinema-A ciel ouvert avec Steve Tientcheu et Tarik Laghdiri). […]
[…] Il y avait trop Ă dire dans un seul article aprĂšs ma rencontre avec Steve Tientcheu et Tarik Laghdiri, Ă Aulnay sous Bois, ce vendredi 20 aout 2021. ( Le cinema-A ciel ouvert avec Steve Tientcheu et Tarik Laghdiri ). […]