« C’est fou comme nos enfants sont la projection de notre inconscient…. ».
C’est ce que j’ai raconté il y’a plusieurs semaines à une collègue et amie, familière avec ce temps particulier- et faux ami- qu’est l’inconscient. Notre inconscient nous suit à la trace autant que notre sang. Où que nous soyons, quoique nous fassions, sa présence luit en nous tant que nous sommes en vie. Et même au delà. Et même avant ça. Que cela nous plaise ou non. L’inconscient est comme ça : ce n’est pas un squatteur, qui, une fois le printemps arrivé, peut être limogé. C’est plutôt lui qui vous limoge. Vous croyez que vous venez pour lui. Il peut très vite vous démontrer que c’est lui qui vous a fait venir.
« C’est fou comme nos enfants sont la projection de notre inconscient… ». J’avais dit cette phrase à cette amie calmement. A la fois avec lucidité mais aussi avec la naïveté de celui qui croit qu’en la prononçant, cette phrase allait le protéger. Nos enfants viennent de nous. Et même s’ils se séparent de nous un jour, ils nous ressembleront. A-t’on vu les enfants de l’eau devenir de la pierre ou de la terre ? Peut-être. Mais notre mémoire de ce temps-là a disparu ou nous a été volé. Et nous n’en savons rien. Nous n’en saurons peut-être jamais rien. Sauf, peut-être, au moment de mourir. Mais il sera trop tard pour le dire. A moins peut-être d’avoir déjà dit beaucoup malgré soi de son vivant. On dit beaucoup malgré soi de son vivant. Et il est souvent une ou plusieurs personnes, même si c’est discrètement, qui s’en souviendront.
Lorsque je nous regarde, nous les parents et les adultes, nous sommes devenus depuis longtemps complètement dépendants de nos écrans : Cela a commencé par la télévision. Puis les ordinateurs, les téléphones portables, les smartphones et les tablettes sont arrivés.
Je me rappelle encore de ce slogan publicitaire en faveur du téléphone portable à peu près au milieu des années 90 : « Et téléphoner devient un sixième sens ». Cela nous avait fait ricaner mon meilleur ami et moi. Jamais on ne nous y prendrait. C’était ce que je croyais. On peut réussir à arrêter de fumer ou de boire de l’alcool sous certaines conditions et si on prêt pour cela. Il nous est désormais beaucoup plus difficile de décrocher de nos écrans. Il y a et il y aura toujours une personne ou une raison pour nous entraîner et pour nous pousser à continuer de fixer un de nos écrans. Dans les transports, au travail, en voiture, à la maison, à la sortie des écoles, dans les commerces, à la piscine, au cinéma, dans les médiathèques, dans les lieux de rencontres et de loisirs, dans les aéroports, à l’hôpital, en pleine nature. Partout.
Nos écrans sont devenus un sixième sens mais aussi un cinquième membre. Un cinquième membre inséparable de notre organisme ou un membre de notre famille. La greffe a plus que pris. Impossible de revenir en arrière. Nous sommes dans le mouvement et bien d’autres applications et usages pratiques ou addictifs sont à venir. Se barricader loin des écrans est possible de temps à autre pour faire retraite ou en cas de fuite. Mais s’en dispenser durablement semble maintenant synonyme de grand danger pour notre santé physique et mentale. Ou semble être la marque de l’esprit réactionnaire qui a peur du changement et idéalise le passé et ses abysses. Avec nos multiples écrans, nous sommes tels des mutants jouissant de nos super pouvoirs. Pour en bénéficier le plus possible en en subissant le moins possible les revers, nous devrions apprendre à contrôler nos super pouvoirs. Encore faut-il le vouloir car nos écrans sont si attractifs. Et nos enfants, eux, pendant ce temps, captivés par nous comme on peut l’être par le soleil ou par à peu près tout ce qui brille, claque et est nouveau, nous voient captivés par ces écrans magiques qui, ils le savent, un jour, seront les leurs. Alors, comme nous, ils passeront des heures et des heures sur des écrans et, quelques fois peut-être, s’ils se rappellent encore un peu de nous, ils nous y chercheront.
Synonymes un film de Nadav Lapid ( Au cinéma le 27 mars 2019).
« On m’a tout pris ! ».
Yoav a pourtant tout pour lui : Jeune, beau, ancien soldat émérite, cultivé, polyglotte, aimé de ses parents et de sa petite amie, il est un des fleurons de l’utopie socialiste israélienne. Mais il se montre inapte à égaler le modèle de Jason Bourne.
« On m’a tout pris ! ». Yoav, un des héritiers de l’avenir d’Israël, a décidé de quitter son pays, Israël. « Que vas-tu faire ici ? » lui demande un de ses amis. « Je vais être Français » répond t’il dans un Français littéraire, bourgeois et daté.
A lui seul, Yoav résiste à l’expérience et à l’héritage de celles et ceux qui « savent », telle Ruth Elias, rescapée de la Shoah, et qui, à la fin de son témoignage dans le documentaire Les QuatreSœurs de Claude Lanzmann ( sorti en 2017) affirme :
« Je me sens en sécurité en Israël » ; « Je me battrai pour Israël et mes fils aussi ».
A lui seul, Yoav réfracte l’éclat de ce miracle économique et technologique israélien qui peut faire la couverture d’un hebdomadaire tel Challenges ( numéro 600 du 7 au 13 mars 2019).
Yoav, la trentaine à peine, veut couper les ponts avec son passé et son pays car ils se sont emparés de son désir. Et c’est en redevenant animal, un animal en fuite, qu’il espère redevenir quelqu’un.
En l’an 2000, dans le portrait qu’elle fait du travail de Frantz Fanon sur les effets de la colonisation française sur les peuples opprimés, l’auteure Alice Cherki cite Lacan à la suite de Fanon :
« Leur inconscient n’était pas celui de leurs souvenirs d’enfance, cela se juxtaposait seulement, leur enfance était rétroactivement vécue dans nos catégories familiales (françaises). C’était l’inconscient qu’on leur avait vendu en même temps que les lois de la colonisation ».
Entre exil et voyage pathologique, Yoav essaie de fuir les effets de la colonisation de son propre pays, Israël, sur son inconscient. Et pour cela, il va se donner du mal car, enfin, « être français » est son désir.
La présentation du film est alambiquée ? Difficile à suivre ? Allez voir le film, vous comprendrez. J’étais arrivé avec quelques minutes de retard à la projection du film la première fois. L’attachée de presse m’avait expliqué un peu désolée : « Le film a commencé depuis un moment. Je ne peux pas vous laisser entrer. Vous n’allez pas comprendre… ». Je m’étais mis à rire devant elle, soudainement un peu embarrassée.
L’attachée de presse avait raison. Je l’ai compris en arrivant, en avance cette fois-ci, lors d’une seconde projection de presse : Yoav ne comprend pas ce qui lui arrive. Le spectateur peut aussi avoir du mal à comprendre ce film ainsi que ces deux autres personnages, Emile et Caroline (les acteurs Quentin Dolmaire et Louise Chevillotte très bien dans leur genre), dont le jeu affecté- au même titre que celui de Yoav – interprété par Tom Mercier- en prime abord dérange, puis étonne, puis captive. Car ces trois-là, Yoav, Emile et Caroline se protègent de la vie dans un cocon qu’ils se font sur mesure. Au même titre que d’autres – juifs israéliens et d’ailleurs- que Yoav rencontre en plein Paris et qui s’accommodent chacun à leur façon de la névrose qui les occupe. Cela donne lieu à quelques scènes que l’on qualifiera de délirantes, comiques, tristes ou surréalistes selon la sensibilité qui nous instruit ou nous occulte. Mais, pour cela, il faudra tenir à ce film- comme à Yoav et aux autres protagonistes- jusqu’au bout.
Synonymes, inspiré de la « vie du réalisateur à Paris au début des années 2000 » est un film sans ambiguïté : La France, malgré ses problèmes, reste selon Nadav Lapid un pays où la vie est une chance pour celle ou celui qui parvient à s’y intégrer.
L’eau du robinet est étonnamment bonne à Center parcs.
Hier soir, par curiosité, lors de notre promenade, je suis allé vérifier combien de personnes se trouvaient dans le centre aquatique : 900 !
Nous avons rencontré une copine de l’école de notre fille. Elle était avec ses parents et ses deux sœurs. J’ai reconnu le père que je salue quelques fois à la sortie de l’école. Souriant et sympathique, celui-ci m’a dit : « ça change d’Argenteuil, hein ? ». J’ai acquiescé poliment.
Ce matin, record absolu : un peu moins de 400 personnes à notre arrivée. Comme les autres fois, nous commençons à peine à enlever nos chaussures à l’entrée qu’une vingtaine de personnes nous rejoint.
Lors de notre premier jour, j’avais entendu un employé du Center Parcs dire qu’il y’avait plein de casiers hors services. Nous en faisons l’expérience ce matin. Ma compagne a beau apposer son badge sur une dizaine de vestiaires différents: Cela ne marche pas.
Nous réussissons à trouver une employée. Elle repart avec notre badge pour le tester. A son retour quelques minutes plus tard, elle me répond que notre badge est toujours actif. Mais elle constate –aussi- qu’elle n’arrive pas à fermer un quelconque casier avec celui-ci. Elle me propose de fermer notre casier avec son badge et de revenir la voir lorsque nous partirons. Elle termine son service à midi m’apprend t’elle. Il est alors onze heures. Je lui explique que nous resterons au centre aquatique bien après midi. Elle me propose alors de solliciter ses autres collègues qui prendront sa suite. L’idée de devoir solliciter ses collègues et de dépendre de la confiance qu’ils voudront ou pourront bien m’accorder est pour moi à éviter. Je décline cordialement et décide de caser les affaires de ma compagne et de ma fille dans mon casier que je réussis à ouvrir et à fermer de nouveau.
Ce matin, notre régularité au centre aquatique est récompensée. Notre fille a moins peur. Et elle découvre avec plaisir les joies des toboggans : Black Slide, Wide Slide, Jet Slide pour les enfants de son âge. D’abord avec moi. Puis, seule. Ensuite, nous allons tenter l’expérience de toboggans où, pour les enfants de son âge, la compagnie d’un adulte lors de la descente du toboggan est obligatoire.
Lorsque nous sortons vers 13h30, je revois le Mac Do posté stratégiquement devant le centre aquatique. Des parents y déjeunent avec leurs enfants. D’autres personnes y commandent leur repas sur une des bornes prévues à cet effet. Nous n’en faisons pas partie. Il y’a d’autres restaurants dans ce Center Parcs. Mais le Mac Do est le plus proche du centre aquatique. Plus proche que la boulangerie où je me dirige pour acheter nos deux baguettes quotidiennes. Le Mac Do est aussi plus proche du centre aquatique que le supermarché Proxy qui jouxte la boulangerie. Devant moi ce matin, une clientèle allemande. Mais il m’a semblé que la clientèle de ce Center Parcs était majoritairement française. Du moins celle que nous avons pu croiser et entendre parler.
Aujourd’hui, ma compagne et moi faisons rapidement notre bilan comptable. Vu que nous sommes venus avec quelques provisions, nous aurons peu dépensé lors de nos quatre jours à Center Parcs : 30 euros grosso modo. Si l’on excepte les 30 euros d’essence à l’aller pour faire le plein qui sera suffisant pour rentrer.
Nous aurions sans doute dépensé davantage s’il avait fait plus beau. En raison du ciel gris et de la pluie, nous nous sommes concentrés sur le centre aquatique -compris dans le forfait- et sur une petite promenade à pied l’après-midi avant de rentrer. Pas de passage dans l’un des magasins. Pas de commande de repas ou de restaurant. Pas de Mac Do. Et la télé est restée muette. Une radio aurait été bienvenue. Je m’en avise ce jeudi soir en mettant de la musique. Seul journal d’information : Le Canard Enchaîné. J’ai été étonné hier lorsque ma compagne m’a appris que Le Canard Enchaîné était en vente dans le rayon presse du supermarché Proxy.
L’expérience Center Parcs se terminera demain matin. J’en retire que cela peut être bien de retourner à l’Aquaboulevard avec ma fille. Et que cela peut être agréable et reposant à condition d’y rester quelques jours comme nous et ensuite de repartir ailleurs.
Depuis, nous sommes rentrés de Center Parcs. Et en discutant avec d’autres parents de l’école où se rend ma fille, j’ai découvert que plusieurs d’entre eux s’étaient rendus ou allaient se rendre au même Center Parcs. Ces parents faisaient l’éloge de Center Parcs :
« Il a fait beau » ; « Nous avons loué des vélos et nous avons pu faire des balades » ; « Nous avons fait du mini-golf » ; « Il y’a plein de choses à faire ! ». Devant eux, je me suis à chaque fois écrasé et les ai écoutés poliment. Plutôt qu’hypocrite, mon attitude avait à voir avec une sorte de pénitence : A Center Parcs, il est indéniable que la majorité des parents que nous avons croisés tenaient à transmettre le meilleur à leurs enfants. C’est ce que je me suis rappelé en découvrant l’enthousiasme de ces parents à me parler de Center Parcs. Et je me suis aussi rappelé que moi, si j’ai accepté de me rendre à Center Parcs, c’est parce-que je fais désormais partie de cette catégorie de parents.
Franck Unimon, ce lundi 25 mars 2019, « loin » de Center Parcs. Enfin, c’est ce que je crois.
« Nous sommes comme une petite famille et tout le monde nous déteste. Et, en même temps, cela met du piment dans ma vie. Tout ce que font mes anciens amis me semble terne et sans intérêt ».
Dans le documentaire Exit-La Vie après la haine, la réalisatrice Karen Winther retrouve le professeur Tore Bjorgo (professeur et directeur en Norvège d’un centre de recherche sur les Extrémismes) qu’elle avait rencontré alors qu’elle était encore dans la mouvance fasciste. Celui-ci avait pris des notes.
Guro Sibeko, l’amie alors militante de gauche, qui a aidé Karen Winther à sortir du fanatisme en l’hébergeant durant quelques temps lui dit dans le documentaire :
« Tu étais triste et frustrée. Et tu ne captais rien. Tu voulais qu’on te dise quoi faire et quoi penser. C’est comme si tu attendais de nouvelles personnes qui auraient réfléchi à ta place ». Avec un sourire figé, Karen Winther regarde Guro Sibeko tandis que celle-ci se remémore la Karen qu’elle était alors. Guro Sibeko est une Madame. Ainsi qu’une résistante. Qui la connaît ? J’ignore, si, à la place de Guro Sibeko, j’aurais eu le courage ou l’envie de recevoir chez moi une Karen Winther passée par l’extrême droite. Karen Winther fut-elle une de mes anciennes amies ou connaissances. En effet, il arrive que l’on craigne que l’amie ou la connaissance « égarée » et désemparée que l’on recueille afin de l’aider se révèle une menace qui, finalement, empoigne notre foyer.
Il y a plusieurs années, à Paris, lors d’une soirée, j’avais croisé une personne persuadée que lors de la Seconde Guerre Mondiale, elle aurait fait partie de la résistance. Nous étions plusieurs autour de lui lorsque cet homme avait affirmé :
« Lorsque je rencontre quelqu’un, je me demande toujours si cette personne aurait fait partie de la résistance ».
J’avais jalousé l’assurance de cet homme. Je l’avais aussi trouvé très prétentieux. Je n’étais pas allé jusqu’à me demander si cet homme lisait à travers moi mieux que je ne me décryptais moi-même. Des personnes que je considère très intelligentes, très cultivées et très sûres d’elles-mêmes parmi mes connaissances et rencontres, ou dont je lis et « vois » les engagements, défendent des valeurs que j’estime proches des miennes. Cela me fait du bien même si, paradoxalement, partager des valeurs communes est insuffisant pour être proche d’une autre personne. Néanmoins, parfois, je me demande ce qui retient ces personnes de penser et de réagir tout à fait différemment : comme des personnes d’extrême droite, des fanatiques ou n’importe quel terroriste. Je me demande quels sont leurs « gardes fous ». Je me demande ce qui empêche les super héros Superman, Black Panther, Wonder Woman et Ororo, celles et ceux qui, dans la vraie vie, à mes yeux, leur ressemblent, d’être du côté des sadiques et des fascistes.
On aimerait que la bravoure morale qui différencierait les héros des salopards soit aussi nette, lorsqu’elle s’exprime, que la lame de la baïonnette ou du rasoir. Mais je sais que l’être humain reste insaisissable. Et aussi que toute personne a ses limites. Un film comme Apocalypse Now de Coppola nous a montré ça. Mais aussi Stalker de Tarkovski.
Une erreur d’appréciation fréquente consiste à considérer comme « cons » ou « idiots » toutes celles et tous ceux qui défendent des valeurs contraires aux nôtres. A mon avis, Spike Lee, dans son dernier film BlacKkKlansman( film récemment oscarisé et dont je parle dans la rubrique Cinéma de ce blog) fait cette erreur. Dans son film, la majorité des racistes et adhérents du KuKLuxKlan sont des abrutis. Des très dangereux abrutis mais des abrutis quand même.
Un téléfilm en deux parties, Alias Caracalla, au Cœur de la Résistance réalisé par Alain Tasma en 2013 est inspiré du livre Alias Caracalla, écrit en 2009 par Daniel Cordier, ancien secrétaire de Jean Moulin. Ce livre de Daniel Cordier est depuis sa parution devenu une référence et un exemple sur l’Histoire de la résistance en France lors de la Seconde Guerre Mondiale. Daniel Cordier, comme d’autres résistants connus ou anonymes, est un Monsieur. Pourtant, au début de son engagement dans la résistance, si j’ai bien compris, Cordier, bien que très cultivé, était plutôt antisémite. Vu que je n’ai pas encore pris le temps de lire intégralement son ouvrage, j’ignore encore ce qui lui a permis de changer d’opinion intellectuelle et morale et de cesser d’être antisémite.
Pour expliquer la complaisance de certaines et certains dans leur rôle de bourreaux et d’extrémistes envers leurs victimes et boucs émissaires, certains « spécialistes » souligneraient peut-être davantage le manque d’intelligence émotionnelle et d’empathie, ou un certain mépris pour ces facultés. Pour certaines et certains , l’intelligence émotionnelle et l’empathie, une certaine forme de sentimentalisme, sont des marques de faiblesse. Etre « dur » au mal, inflexible et tranchant est valorisé. On peut retrouver ces valeurs dans le corps militaire, en politique, dans un certain rapport au sport, dans le monde du travail, dans certaines relations familiales, amicales, ombilicales et amoureuses ou l’on se montre « dur comme le cuir » ou « dur à cuire ». Les « héroïnes » et les « héros » qui incarnent ces valeurs avec « réussite » sont montrés en exemple et courtisés. Celles et ceux que ces modèles bousillent sont relégués dans les divisions de l’oubli ou on leur fournit un mandat de déplacement avec aller simple pour une destination si possible inconnue de tous et éloignée de tout. Nous voulons des winners. We Shall overcome ! Si Nou Moli Nou Mo ! (Si on se ramollit, on crève !).
On peut souhaiter critiquer cette mentalité quelque peu « bourrine » et assassine et préférer louer tout ce qui a trait à « l’émotionnel », à la poésie, au sentimentalisme, à la sensibilité et à la « communication ». Mais ce serait manquer de réalisme. Ce serait oublier que bien des entreprises humaines ont eu besoin et ont besoin de l’engagement de la force brute et de l’expérience de personnes dures au mal afin de survivre et de réussir. Le film Green Book de Peter Farrely a lors des derniers Oscars (ce dimanche 24 février 2019) été diversement apprécié par certaines personnalités et journalistes. J’ai prévu de donner mon avis sur ce film dans ce blog. En attendant, dans le film Green Book, je constate que lorsque le Dr Shirley décide de se rendre dans les Etats Unis racistes, il choisit Tony Lip comme homme à tout faire. Et qui est Tony Lip ? Plutôt un bourrin et un homme dur au mal. Pas du tout un esthète et un intellectuel. En cela, le film me semble « juste » :
il est quelques circonstances dans la vie où se contenter d’observer et de pratiquer les manières polies nous réduit au statut de proie et de victime.
En outre, Tony Lip est néanmoins un homme dont certains des principes et valeurs rejoignent ceux du Dr Shirley.
Dans le documentaire Exit-La vie après la haine, David Vallat, ex-jihadiste au sein du GIA, auteur du livre Terreur de jeunesse, affirme :
« Lorsque vous êtes Jihadiste, vous n’avez pas peur de mourir. Vous souhaitez mourir ».
Alors qu’il est en prison, David Vallat lit deux livres par jour. Il découvre que la vie est faite de nuances dès son arrestation où, durant quatre jours, on le traite correctement. Il s’attendait à être brutalisé. Il comprend que la doctrine jihadiste lui a menti. Il explique aussi avoir vécu une « énorme dépression » et ressenti une « angoisse terrible » en sortant de prison. Car il était alors isolé et complètement déconnecté. Et il se demandait par quoi il pourrait bien remplacer le vide idéologique laissé par l’abandon du jihadisme. Il dit l’avoir remplacé par une histoire d’amour et par le travail.
Au cours du documentaire, Angela King révèle, en entendant une autre extrémiste repentie, qu’avant de devenir extrémiste, elle aussi s’était faite violer et qu’elle en avait conçu une grande colère. Plusieurs de ces anciens extrémistes racontent la difficulté à quitter leur milieu activiste : eux comme leurs familles sont menacés et l’ont été. Ils sont obligés de se cacher, de changer de région ou de pays. De cercle relationnel.
On cite souvent le film American History X (1998) de Tony Kaye pour parler de l’extrémisme contemporain. Il est d’autres films qui en parlent- aussi- très « bien » et, voire, jusqu’au terrorisme : L’attentat de Ziad Doueri, Le Ciel attendra de Marie-Castille Mention Schaar, Un Français de Diastème , Incendies de Denis Villeneuve ou Nocturama de Bertrand Bonello en font partie.
D’après le documentaire Exit-La Vie après la Haine, il ressort que le fanatisme, l’extrémisme et le terrorisme deviennent les équivalents d’une addiction. D’une passion. D’une transe au cours de laquelle on se sent supérieur à celles et ceux qui sont extérieurs à notre groupe ; d’une identité sociale ; d’une forme de pensée automatique qui prend le dessus sur une certaine aptitude au discernement et à l’autocritique.
L’autocritique, l’autocensure, la capacité à prendre l’initiative d’une décision contradictoire et/ou bienveillante comme ces deux codétenus turcs qui ont secouru Manuel Bauer, ces détenues noires qui ont protégé Angela King, le journaliste qui a rencontré et fait douter Ingo Hasselbach, Guro Sibeko et son petit ami d’alors qui avaient recueilli Karen Winther sont des actes de résistance. Des actes de résistance réalisés par des Mesdames et des Messieurs et toutes celles et ceux qui leur ressemblent, connus ou inconnus. Et Manuel Bauer, Ingo Hasselbach, Angela King, Karen Winther, David Vallat, même si leurs actions passées sont repoussantes sont aussi d’une façon ou d’une autre des Mesdames, des Messieurs et des résistants : dans ce documentaire, ils ne nous parlent pas de celles et ceux qu’ils ont pu côtoyer et dont ils ont pu être proches alors qu’ils étaient fascistes, terroristes ou néo-nazis et qui ont préféré rester dans le « mouvement » même s’ils avaient, eux aussi, des doutes. Par conformisme ou par peur des représailles.
A l’école Robespierre où j’ai commencé ma scolarité puis ensuite ailleurs au collège, au lycée et dans ma cité où j’ai grandi, j’ignore dans quelle proportion celles et ceux que j’ai croisés sont devenus extrémistes, néonazis, fascistes ou résistants. Mais je sais , qu’elles et ils se fassent un jour connaître ou non, qu’il en est bien quelques unes et quelques uns parmi eux qui quelque part ou en ce moment sont des Mesdames et des Messieurs qui rejettent « l’ensaignement ».
Ces immeubles que l’on aperçoit font partie de la cité ou de l’allée Fernand Léger où j’ai habité de mes 4 ans à mes 17 ans. Notre immeuble se trouve hors-champ, sur la droite. A notre « époque », jusqu’en 1985, les immeubles étaient plutôt de couleur gris/marron. Sur la gauche, au sein du bâtiment un peu allongé, il y avait le supermarché Sodim ensuite remplacé par un Félix Potin. Les photos pour cet article ont été prises quelques jours avant sa rédaction.
Ces immeubles au premier plan n’existaient pas à mon « époque ». A leur place, il y avait sans doute un terrain vague. Les grandes tours que l’on aperçoit tout au fond, en revanche, étaient bien là dans les années 80. On les appelait les « Tours rondes ».
Nous sommes ici non loin du stade d’athlétisme Jean Guimier que j’ai fréquenté. Ainsi que sa piste en tartan de 400 mètres qui a remplacé la piste en cendrée de 350 mètres où j’avais débuté l’athlétisme et qui se trouvait juste à côté du lycée Joliot Curie, de la mairie mais aussi de la bibliothèque de Nanterre. Le stade Jean Guimier, lui, se trouve plus près du grand parc de Nanterre ( dont j’ai toujours eu du mal à retenir le nom officiel), du collège Evariste Gallois où je suis ensuite allé….et du quartier de la Défense qui se trouve à dix à quinze minutes à pied.
Le grand immeuble qui tranche tout au fond, c’est, si je ne me trompe l’immeuble appelé » Défense 2000″. C’est déja le quartier de la Défense. Et une toute autre population que celle que je « connaissais » et côtoyais au quotidien. Un autre monde. La seule fois où je suis entré dans cette immeuble, c’était pour essayer de faire « fortune » en faisant du porte à porte avec mon meilleur ami, son frère et un autre ami. J’ai oublié ce que nous avions essayé de vendre. Mais, de toute façon, cela n’a pas marché.
Le stade Jean Guimier où j’ai effectué un certain nombre de séances d’athlétisme et aussi d’où nous partions pour aller courir au parc se trouve, hors champ, sur la gauche à moins de cent mètres.
Les Fontenelles.
Une adresse bien connue de moi ( mon meilleur ami y a vécu avec ses parents, ses frères et ses soeurs) qui se trouve près du collège Evariste Gallois.
Des collégiens devant le collège Evariste Gallois, destiné à être fermé : Ce collège est devenu un échec pédagogique. A mon époque (au début des années 80) ce n’était pas le cas.
Cette dame et « son » enfant marchent dans la cité Fernand Léger. J’ai souvent pris ce chemin pour aller faire des courses au Sodim ou au Félix Potin. Sauf que, comme la plupart des enfants de mon âge, je coupais en marchant sur la pelouse sur la gauche.
La Tour 17. Là où j’ai vécu de mes 4 ans à mes 17 ans. Jusqu’en 1985. Face au groupe scolaire Robespierre, situé sur la droite. Il n’y avait qu’à traverser la rue pour aller à l’école primaire.
Le Groupe scolaire Robespierre, où je suis allé à la maternelle, située sur la droite. Puis, à l’école primaire, du CP au CM2, pour moi, au fond, à gauche.
Derrière cette dame à l’horizon, il y avait une sorte de terrain de foot sans herbe. Que de la pierre, avec des buts. Nous jouions, là. L’immeuble que l’on voit derrière cette dame est soit la tour 13 ou la tour 14. Ma « fiancée » de l’école primaire, Malika, habitait là avec sa famille, sa soeur Fatima, ses frères Hassan et Lionel. Sur la droite, et dans le prolongement, derrière l’immeuble, il y avait l’usine Citroën, toujours en activité. Pour moi, elle faisait juste partie du décor. Car mes parents et aucune des personnes que je « connaissais », n’y travaillait.
Ce panneau n’existait pas à notre « époque ».A notre arrivée, la cité Fernand Léger était pratiquement « fermée » : une route la ceinturait de l’intérieur et on ne pouvait la prendre- et en sortir- qu’à un seul endroit qui se trouvait, je crois, avant le supermarché. Puis, il a été décidé de « l’ouvrir ». Néanmoins, à notre « époque », ce rond-point, pour moi, n’existait pas.
Près des berges de la Seine, à Colombes, non loin du parc de l’île « marrante » derrière nous. Parc où se trouvent la patinoire, la piscine etc…..
Franck Unimon, ce lundi 18 mars 2019. L’école Robespierre, 3ème et dernière partie.
« Tu as l’air de t’ennuyer ? » me demande gentiment ma compagne alors que nous sommes dans l’eau. J’élude poliment. Hier soir, après avoir déposé notre voiture au parking à l’entrée de Center Park comme le veut le règlement, j’avais fait un peu de repérage. Un peu plus de quatre cents personnes se trouvaient alors au centre aquatique Aquamundo. Il était un peu plus de 19h. Ce chiffre m’avait semblé élevé. Comme hier, le temps sera couvert et pluvieux durant notre séjour. Et assez frais. Il faisait environ 6 degrés hier soir.
Nous sommes un peu plus de six cents ce matin dans le centre aquatique. Dans le bassin où nous nous trouvons, j’ai l’impression de me trouver à Calcutta, dans le Gange, parmi des milliers d’Indiens. L’environnement me fait la même impression que l’Aquaboulevard plusieurs décennies plus tôt et je subis un véritable ippon mental. Les endroits sont des robots qui se déplacent et se mettent dans les dispositions qu’on leur demande.
En plus de cela, l’eau, plus ou moins propre, est froide. J’ai du mal à me faire à cet écart entre cette apparence de climat et de décor tropical et cette sensation de douche froide. Pour arriver jusqu’au bassin, nous avons dû fouler plusieurs dalles humides dont l’état me convainc qu’elles transforment les pieds en pieds à verrues. Autour de moi, les gens sont contents. Tout le monde est content. J’agrémente mon retour à l’Aquaboulevard, car je persiste à penser que nous sommes bien à l’Aquaboulevard, de regards circulaires. Ces regards circulaires me permettent d’enregistrer les données correspondant à notre présence ici. Le toit rappelle le dôme du film Hunger Games. Dans l’eau, immergée jusqu’au nombril, une employée de Center Park, en bermuda noir et tee-shirt rouge, prend des gens en photo. Service payant. Je me demande depuis combien de temps elle patauge dans l’eau. Un Maître-nageur, blasé, assis sur son siège un peu surélevé, porte des embouts en caoutchouc dans les deux oreilles. Quelques minutes plus tôt, alors qu’elle était à moins de cinquante centimètres de moi, ma compagne a dû forcer la voix pour que je comprenne ce qu’elle me disait. Bien que nous soyons un certain nombre à nous côtoyer dans l’eau, chacun est dans sa bulle avec son prochain, sa progéniture ou sa famille. Dans une sorte de voisinage cordial et tout autant indifférent.
Lorsque je me décide à découvrir un peu plus le centre acoustique, pardon, le centre aquatique, je croise un autre maître-nageur puis un suivant. Quelle que soit l’action qu’il est alors en train d’entreprendre, déambuler, être assis ou rester immobile et surveiller, chacun semble avoir, depuis très longtemps, renoncé à prendre la peine de saluer les usagers. Il y’a tellement de monde. Tellement de bruit. Tellement d’agitation.
A « l’écart », dans un bassin privatisé, trois personnes font de l’aquagym au son d’une musique choisie. Un homme a l’air d’être le moniteur face à deux femmes. Ils sont tous les trois sérieux, silencieux et concentrés. Cela fait marrer deux adolescents qui passent par là et regardent ça de haut. Puis, les deux adolescents s’éloignent, sûrement en direction d’un toboggan ou de la rivière sauvage. Les panneaux préconisent de rester assis ou de se mettre sur le dos et interdisent de porter des lunettes de natation. Mais plusieurs personnes, dont des mineurs, portent lunettes de natation et/ou se lancent allégrement tête la première en se mettant sur le ventre.
Après environ une heure trente dans le centre aquatique, nous partons. Les bons côtés sont que nous reviendrons. L’accès au centre aquatique est compris dans le forfait. Cette régularité permet de mieux se familiariser avec les éléments. Notre fille s’est plutôt bien amusée. Je referai du toboggan et de la rivière sauvage. Alors que nous sortons, je regarde le compteur afin de voir si en venant plus tard, nous aurions été plus à l’aise : 602 personnes. Donc, pas de regret. Autres bons côtés : le pain vendu est bon et à un tarif acceptable. 1 euro 20 la baguette. 1,95 euro, la Florentine faite avec de la farine de levain. J’appréhendais la miche de pain industrielle. Et j’étais prêt à sortir de l’Aquaboulevard, pardon, du Center Park, pour en acheter s’il le fallait. Enfin, lorsque j’allume mon téléphone portable pour la première fois de la journée, il est un peu plus de 14h.
Franck Unimon à Center Park, fin de la 2ème partie.
Center Park est une pensée. Je me suis réveillé ce matin avec cette idée dans la tête après notre première nuit de séjour. Il en reste trois autres à venir.
En bas de « notre » cottage, ma compagne et notre fille sont déjà debout. Notre fille est joyeuse. Cela s’entend. Lors de ces vacances scolaires, j’ai accepté de faire un séjour dans une pensée. Pour des raisons pratiques :
« Ce n’est pas loin en voiture. Ça change. En plus, il y’a tout sur place et il y’a plein de choses à faire » ; « Et puis, pour les enfants, il y’a de l’espace. Ils sont contents ! ».
Il a été répondu à ma compagne qu’en dehors de Center Park, la première ville accessible est assez loin et sans intérêt.
Mais il y’a d’autres avantages à partir en vacances à Center Park : « Ce n’est pas trop cher ». Même si tout y est conçu pour que la note se rallonge. Une fondue savoyarde livrée coûte près de vingt euros pour une personne sachant que seules les commandes à partir de deux fondues sont acceptées. L’accès à la Wifi est payant.
Cependant, pour des raisons sociales et de bonne intelligence, l’absence de Wifi et les conditions du séjour- le côté isolé de Central Park- sont un bienfait : Le témoignage – très enthousiaste- de ma sœur le soir de notre arrivée coïncidait avec leur retour d’un autre Center Park. Quelques heures plus tôt, son enthousiasme avait failli être écrasé par l’arbre de cinq mètres tombé sur le pare-brise de leur véhicule alors qu’ils quittaient le Center Park. Le vent soufflait encore assez fort hier (jusqu’à cent kilomètres heures et plus) et l’état d’alerte orange était encore en cours lorsqu’ils avaient dû partir « avant dix heures » de leur Center Park. Heureusement, personne n’a été blessé dans la voiture.
Mais cela ne doit pas nous détourner des arguments en faveur de Center Park.
Et puis : « Toi qui dis que les gens sont trop connectés et passent trop de temps sur internet et sur leur téléphone portable » ; « Si tu n’es pas content, organise-nous un voyage et paie le nous…si tu as de l’argent ». « Organiser tout ça m’a demandé du temps… ».
J’en rajoute un peu.
Notre départ pour Center Park s’est passé différemment et de façon plus détendue. Mais il est vrai qu’organiser un séjour quelque part, cela demande du travail. Depuis plusieurs semaines, je savais que nous allions quelque part. J’ai appris quelques heures avant de prendre la voiture où nous allions. J’avais un petit peu supposé que cela pouvait être Central Park. J’espérais me tromper. Je l’ai accepté car c’est une expérience à vivre. Et aussi parce-que, avant les lieux, il était pour moi plus important de partir avec ma compagne et notre fille.
Ceci étant dit, Center Park et l’Aquaboulevard, pour moi, sont le même genre d’endroit. Et, cela, depuis des décennies. Au moins depuis ce jour où j’avais accepté d’accompagner une amie parisienne toute contente de découvrir avec moi l’Aquaboulevard, métro Balard. Soit pratiquement au bout opposé de mon lieu de domicile. J’habitais alors Cergy-Pontoise. A peine arrivés dans l’enceinte de l’Aquaboulevard, j’avais été déconcerté. D’abord, il avait fallu payer l’entrée. J’en avais été informé. Citadin de naissance, je suis familier avec la fréquentation des piscines. Ce qui fera sourire et grimacer les puristes ou les pratiquants des rivières, des lacs et des mers. Mais j’étais aussi un Antillais de France. J’étais peut-être un « faux » antillais (oui, car il est supposé exister des « vrais » et des « faux » antillais ou des « bounty » si l’on préfère : noirs dehors et blancs à l’extérieur ) cependant, j’avais déjà mis les pieds plusieurs mois, plusieurs fois, en Guadeloupe. Et je savais qu’en dehors de la pensée de l’Aquaboulevard qui entendait rivaliser (ou faire oublier) avec la nature tropicale originale, il y’avait beaucoup mieux. Je l’avais déjà vu et vécu plusieurs fois sans payer. Et là, je me retrouvais entouré de plein de gens heureux à qui l’Aquaboulevard donnait à vivre du merveilleux. Un peu comme si on vendait trois à quatre fois plus cher à une clientèle nombreuse la mauvaise copie d’un mets original. Un peu comme si on convainquait des milliers de personnes que le Reggae de Pierpoljak ou de Yannick Noah est deux cent fois supérieur à celui de Bob Marley ou de Black Uhuru de l’époque de Michaël Rose et de la paire Sly Dunbar& Robbie Shakespeare.
A l’Aquaboulevard, j’avais fait au mieux pour mettre mes réserves en veilleuse devant mon amie Gavroche. Car, là aussi, le plus important pour moi était d’être avec elle. Etant donné sa grande perspicacité, il est possible qu’elle m’ait néanmoins démasqué. Pourtant, je crois aussi, et c’est en principe une des grandes leçons de notre enfance, qu’il en faut peu pour se distraire. Avec cette amie et d’autres comparses, quelques années plus tôt, à son initiative je pense après avoir vu d’autres enfants le faire, nous avions bien passé une après-midi à nous amuser à glisser sur des planches en carton depuis le haut d’une colline d’Edimbourg, en Ecosse. Nous avions entre 19 et 23 ans. Et, aujourd’hui encore, parmi tous les loisirs et les moyens de distraction que nous utilisons, gratuits ou payants, sportifs ou non, je m’étonne par moments, qu’une fois adultes, nous ayons à ce point pu avoir rejeté un jeu comme celui de la balle au prisonnier. Bien entendu, je n’en parle pas à mon entourage, professionnel comme personnel car il est désormais évident pour tout le monde que nous avons d’autres envies- telles que faire les courses et les magasins- ainsi que tant d’autres priorités.
Toutefois, quelle surprise avec Center Park, des années plus tard, de revenir à ce qui ressemble à un même point de départ mais cette fois-ci avec femme et enfant. Et d’être là plus par devoir, par esprit de conciliation et de bon sens que parce-que cela correspond à un de mes projets.
Franck Unimon à Center Park. Fin de la 1ère Partie.