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Saint Omer un film d’Alice Diop sorti au cinéma ce 23 novembre 2022

Saint Omer, un film d’Alice Diop sorti au cinéma ce mercredi 23 novembre 2022.

 

 

Chaque crime nous rappelle que nous restons au bord de l’abîme. Nous avons beau courir.

On comprend donc, facilement, que pour écrire le scénario de Saint Omer, sa première œuvre de fiction, la réalisatrice Alice Diop ( La Mort de Danton, La Permanence, Nous ) se soit entourée de sa monteuse Amrita David et de l’écrivaine Marie Ndiaye.

 

Puisque Saint Omer relate le procès d’un fait divers où, en 2015,  une mère avait « déposé » en pleine nuit sa fille de 15 mois au bord de la mer à Berck sur Mer, provoquant ainsi sa mort par noyade.

 

 Saint Omer est d’abord un film de femmes. Un film où tous les premiers postes sont occupés par des femmes :

 

La réalisatrice, les scénaristes, la mère infanticide Laurence Coly, le personnage principal et double de la réalisatrice, les mères de Laurence Coly comme du personnage principal (Rama), la juge, l’avocate de l’accusée…

 

A cette sorte de solidarité féminine ou de sororité, Alice Diop a ajouté les renforts de la littérature (dont Marguerite Duras et Marie Ndiaye), un travail d’archives (les femmes tondues à la fin de la Seconde Guerre mondiale, des images de la vie familiale passée du personnage principal) ainsi que son intimité et son expérience de ce procès auquel elle avait assisté alors qu’elle était enceinte.

L’héroïne, Rama ( l’actrice Kayije Kagame) est ainsi romancière en plus d’être enseignante, mais a aussi du mal à accepter sa première grossesse lorsqu’elle part assister au procès de Laurence Coly, la mère infanticide. 

Rama ( l’actrice Kayije Kagame)

 

 

Lorsque le réalisateur Jeff Nichols avait fait Take Shelter, la menace qu’il redoutait pour son enfant à venir était extérieure. En cela, Nichols avait peut-être mis en scène une expérience et une peur plutôt masculines face à une naissance à venir. Par ailleurs, Jeff Nichols, sans que cela soit un reproche de le souligner, est un homme blanc dans un monde de blancs.

 

Alice Diop, elle, nous parle en peurs intérieures. Elle a réalisé Saint Omer en devenant ou après être devenue mère pour la première fois, d’un enfant métis, en étant une femme noire dans un monde de blancs, à commencer par la France.

Je me rappelle que dans Nous, si je ne me trompe, elle nous avait appris que son père, parti du Sénégal pour venir travailler et résider en France et qui y avait vu naître ses enfants, avait accusé le coup en silence lorsqu’elle l’avait informé qu’elle avait l’intention de faire sa vie en France.

 

Il y avait donc pour Alice Diop au moins deux contraintes personnelles de taille à devenir mère en France. D’une part, l’incertitude concernant l’avenir lorsque l’on est une femme noire en France. Déjà, être une femme, en soi, reste une situation ou un état qui expose à certaines violences ne serait-ce que dans le monde du travail. D’autre part, être noire, rajoute à cette incertitude.

Ensuite, il y avait le fait, pour elle, de contredire le souhait de son père.

Et, sans doute devrais-je aussi rajouter (j’ai tendance à l’oublier du fait de sa réussite en tant que réalisatrice) qu’Alice Diop a eu aussi à faire ou a sans doute à faire avec la contrainte initiale d’avoir grandi dans un milieu de classe moyenne en banlieue parisienne, à Aulnay Sous Bois. Par là, je fais allusion aux codes sociaux à intégrer qui ont sans doute été différents de ceux qu’elle connaissait (et qu’elle connaît) lorsqu’elle s’est lancée dans une carrière dans le cinéma qui compte parmi beaucoup de ses intervenants des personnes d’un milieu socio-économique et ou culturel plutôt élevé ou favorisé.

 

 

Le Fait divers

 

Lorsqu’arrive ce fait divers d’une mère infanticide, très vite, qu’Alice Diop devine être d’origine sénégalaise, tout comme elle,  elle est enceinte pour la première fois de sa vie. La réalisatrice l’explique au moins dans cette interview que l’on peut lire dans le journal Libération sorti ce mercredi 23 novembre.

 

Toujours dans cette interview, Alice Diop explique aussi avoir été particulièrement attirée par ce fait divers. Ce qui est contraire à ses habitudes, elle qui prise assez peu ce genre d’événements.

Ce fait divers la décide à se rendre au procès contre l’avis de son compagnon et sans rien en dire à quiconque par ailleurs. Elle est alors sans projet de film sur le sujet à cette époque.

 

Une expérience hors normes

 

 

Pour le peu que j’arrive à en connaître, la grossesse est une expérience hors normes mais aussi hors morale. Il existe bien des injonctions morales ou sociales qui dictent ce qu’une femme et un homme devraient faire  ou ressentir lors de ces expériences et de ces étapes de la vie. Mais, dans les faits, cela peut se passer autrement. Une femme alors qu’elle est enceinte, peut être ambivalente et avoir  des idées de mort. Certaines psychoses se déclarent aussi lors de la grossesse. On parle alors de psychose puerpérale.

 Saint Omer raconte aussi ça. Comment une femme, éduquée, brillante intellectuellement, très câline avec des enfants qu’elle avait pu garder pendant deux à trois ans, peut, « in fine », dissimuler autant que possible sa grossesse, accoucher seule, prendre un train, réserver une chambre d’hôtel, puis, en pleine nuit, équipée d’une lampe frontale, partir déposer son enfant au bord de la plage alors que la marée monte.

 

Dans son interview, toujours dans le journal Libération de ce 23 novembre 2022, Alice Diop dit que la journaliste du journal Le Monde qui avait écrit sur ce fait divers s’est reprochée a postériori d’avoir écrit que cette mère avait « déposé » son enfant. Et qu’elle aurait dû écrire « Noyé ». Alice Diop précise dans l’interview  que si cette journaliste avait écrit « Noyé son enfant », qu’il n’y aurait pas eu de film.

 

Un procès est aussi une expérience qui peut s’avérer être hors normes. Mais Saint Omer n’est pas le procès d’une grossesse.

 

Film de femmes et ouvertement en faveur d’une meilleure représentation des Noirs dans le cinéma français (Rama, le personnage principal, est enseignante et plutôt taciturne, ce qui nous change de la femme de ménage ou de la doudou rigolote), Saint Omer laisse également place à certaines réminiscences traumatiques.

Laurence Coly ( l’actrice Guslagie Malanda)

 

 

La première fois que Laurence Coly ( l’actrice Guslagie Malanda), l’accusée, est emmenée à la cour, et attachée dans le dos, pour le début de son procès, il m’a été impossible de ne pas penser à l’esclavage. Pendant quelques secondes, avant que la juge ne prenne la parole, Laurence Coly fait alors penser soit à la femme esclave que l’on va vendre ou à celle que l’on va livrer à la vindicte publique.

 

Mais Alice Diop avait prévenu dès le début de son film, avec ces images des femmes tondues à la libération et ce commentaire qui dit que « Les héros (donc des hommes) » qui tondent ces femmes sont des « héros sans imagination ». Diop nous dit que si ces femmes ont commis l’irréparable, qu’il y a une autre façon de s’y prendre avec elles qu’en procédant à cette humiliation publique qui laissera en elles une « flétrissure ».

 

Saint Omer cherche donc à comprendre cette mère infanticide plus qu’à la bannir.

 

La Puissance féminine

 

 

Pour cela, j’avais déjà commencé à en parler, je comprends qu’Alice Diop ait eu besoin de deux autres personnes avec elle pour le scénario et le portrait de cette femme. D’un côté, Amrita David, sa monteuse depuis plusieurs films. Et Marie Ndiaye, l’écrivaine, mais aussi mère, je crois, de deux enfants également métis et l’aînée (12 ans les séparent) de quelques années d’Alice Diop.

 

Selon moi, cette mère infanticide, d’après ce que j’en vois dans Saint Omer ,est psychotique. Pour sa froideur, pour sa façon de parler de sa fille comme d’un objet fonctionnel ou une mécanique. Pour sa manière de faire plus que d’être ou de vivre.

Je remarque aussi que cette mère se sépare de sa fille lorsqu’elle a quinze mois, soit, lorsque celle-ci commençait peut-être à marcher et, donc,  à devenir autonome et à pouvoir commencer à se séparer d’elle.

 

Avec Marie Ndiaye, cette femme devient quelque peu une femme puissante. Je me trompe peut-être en écrivant ça. Peut-être ou sans doute que cette idée de puissance provient-elle des trois femmes scénaristes. Mais, avant même de savoir que Marie Ndiaye avait participé à l’écriture du scénario, j’ai trop senti cette empreinte ou ce « label » de la puissance de Marie Ndiaye sans avoir pour autant lu un seul de ses livres.

 

Sûrement parce-que s’il peut y avoir une certaine forme de puissance, dans le fait, pour cette femme, d’aller à l’encontre de l’entendement : exposer ou offrir son enfant à la mort.

Pour moi, la puissance est avant tout ou doit être avant tout destinée à la vie. Je sais bien que c’est faux : il est bien des puissances qui s’exercent sur autrui et plutôt au bénéfice de la destruction et de la mort. Et pas seulement dans Harry Potter et Black Panther….

Alors, je dirais que j’ai du mal avec cette « puissance » attribuée à cette mère et à cette femme car, contrairement à Duras, citée dans le film, je ne la trouve pas sublime.

 

Les mères dans Saint Omer

 

 

Pour reprendre des propos du compagnon de Rama, Adrien ( l’acteur Thomas de Porquery), les mères dans le film sont plutôt « cassées ». Adrien parle alors de la mère de Rama quand il lui explique:

« Ta mère est cassée ».

Mais la mère de Laurence Coly, même si elle essaie de faire bonne figure, l’est également. Mais pas de la même façon que la mère de Rama. Si la mère de Laurence Coly reste sûre de son fait comme de la bonne éducation qu’elle a pu lui donner, la mère de Rama est plutôt une mère défaite. On a plutôt envie de ramener la première à la raison mais on « devine » que celle-ci se montrera si combattive qu’il sera sûrement impossible d’y parvenir. Alors que l’on a assez envie de prendre la seconde dans nos bras afin de tenter de la consoler. Sauf que cela est aussi impossible car cette mère reste suffisamment forte pour résister à ce réconfort et s’éloigner.

Dans Saint Omer , Laurence Coly, qui a été une enfant parfaite et une élève brillante, parle peut-être telle que ces deux mères auraient certaines fois voulu le faire si cela avait été possible pour elles dans un monde d’hommes. Saint Omer nous suggère peut-être que pour que la parole soit donnée aux femmes, dans notre monde d’hommes, qu’il leur faut d’abord passer par le crime. 

Personne ne cherche à entendre ou à savoir ce que pense ou ressent une élève brillante et sans histoire. Comme personne ne cherche à savoir ce que pense ou ressent la mère de Rama, lorsque dans le film, parée de ses bijoux et de sa belle robe et apparaissant comme une femme brillante et parfaite, grosse de sa tristesse que seule l’enfant Rama vit et perçoit, elle apporte un repas de réjouissance pour les convives attablés. 

Le seul trait d’humour, involontaire et « forcément » très noir, du film intervient lorsque Laurence Coly raconte qu’une fois arrivée à Saint Omer, c’est une femme, « guide touristique », qui lui a appris où se trouvait la mer. J’essaie d’imaginer un peu, sans y arriver, l’effroi de cette guide après la nouvelle de l’infanticide. Cette guide était peut-être une mère ou envisageait peut-être de le devenir un jour. 

 

Paroles d’homme

J’ai écrit au début de cet article que Saint Omer est un film de femmes. Cela est nécessaire pour tenter de rétablir certaines injustices. Mais c’est aussi le travers du film.

D’abord, j’ai du mal avec cette citation de Duras à propos de l’affaire Grégory car, pour le peu que je sais, rien ne prouve comme l’avait affirmé Duras que la mère du petit Grégory ait véritablement été l’auteure du crime.

 

Ensuite, en tant qu’homme, pour ma part, j’aurais plutôt tendance à fuir une femme qui ressemble à Laurence Coly. Je ne parle même pas de la mère qui a tué ou « offert » son enfant à la mer. Je parle de la psychose, de sa froideur, de sa psychorigidité…

 

Lorsque Luc Dumontet, son ex compagnon, parle des « jalousies » de Laurence Coly, capable d’être en colère «pendant plusieurs jours », j’imagine des scènes de jalousie aussi obstinées que brusques et incompréhensibles. Ce genre d’attitude ne me donne pas vraiment envie d’avoir une relation avec une personne pareille. Mais pour qui l’a, ce genre de relation est particulièrement difficile.

 

Dans le film, j’ai donc trouvé particulièrement violente cette scène où l’avocate ( Maitre Vaudenay jouée par Aurélia Petit) de Laurence Coly balance en public à l’ancien compagnon de celle-ci ( Luc Dumontet, joué par l’acteur Xavier Maly) qu’il a été d’une « grande lâcheté » !

 

Cette avocate, Maitre Vaudenay, commence par prévenir cet homme qu’elle n’est pas là pour le juger car la couleur de sa robe est noire et non rouge, comme celle de la juge. Puis, finalement, brusquement, Maitre Vaudenay juge Luc Dumontet ( l’ancien compagnon de Laurence Coly) en public. Pour moi, cette femme avocate tond en public l’ancien compagnon de l’accusée.

 

Que cet homme ait été lâche, qu’il ait préféré cacher sa relation ou disposer de cette femme et future mère infanticide, soit. Par contre, tout lui reprocher comme s’il avait eu, lui, la capacité de tenir tête à cette femme qui (là, je rejoins l’idée de sa puissance) est le contraire d’une femme docile et qui, qui plus est, est psychotique….

 

Cet ex compagnon que j’ai vu dans Saint Omer, lorsqu’il raconte cette période heureuse avec Laurence Coly ( l’actrice Guslagie Malanda) et leur enfant m’a beaucoup donné l’impression d’un homme qui ne savait vraiment pas avec quelle genre de personnalité il se trouvait. Et qu’il était, au fond, complètement dépassé alors qu’il vivait, lui, le grand bonheur passé qu’il raconte à la cour.

En cela, cet homme est semblable à beaucoup de personnes, femmes comme hommes, qui, peuvent connaître des moments importants avec une personne, qui, malgré ou du fait de l’intimité partagée avec elle, ignorent beaucoup d’elle. Pas une seule fois, lorsque Luc Dumontet, l’ancien compagnon de Laurence Coly témoigne, il ne prononce le mot « Psychose » ou ne semble se dire, ou comprendre, que celle-ci puisse avoir eue une personnalité « un peu » pathologique. 

 

Et, un homme qui raconte, comme cet ex compagnon le fait, qu’un homme de son époque ne s’occupe pas des enfants ou ne sait pas s’en occuper, va spontanément s’en remettre à la femme et à la mère pour cela, ne me paraît pas être un homme lâche. C’est un homme limité, archaïque ou dépassé, si l’on veut. Mais pas plus lâche que bien d’autres.

 

Je le pense d’autant plus qu’assez régulièrement, je m’interroge à propos de certaines personnalités ( masculines) en essayant de les imaginer en train de s’occuper de leurs enfants, bébés. Et, j’ai quelques fois bien des doutes- fondés ou infondés- concernant leurs capacités de «nursing » : se lever en pleine nuit lorsque bébé pleure, changer sa couche, préparer son biberon, lui donner son biberon,  prendre bébé dans ses bras, être avec lui à la maison ou sortir avec lui, lui parler….

 

Si je vois Laurence Coly, l’accusée, comme psychotique, paradoxalement, je ne la vois pas « folle » comme son avocate la voit. Je crois que l’avocate de Laurence Coly se rassure beaucoup en voyant sa cliente, Laurence Coly, « seulement » comme  folle. Parce-que si elle est folle, cela veut dire qu’elle est vulnérable, à soigner et à protéger. Moi, je ne crois pas que Laurence Coly soit aussi vulnérable que son avocate la voit. On a une petite idée de l’aplomb- mais aussi de la maitrise- dont elle peut être capable lorsqu’elle répond à l’avocat général ( l’acteur Robert Cantarella) qui fait beaucoup plus le poids que son ancien compagnon n’était sans doute capable de le faire dans leur intimité.

Je ne suis pas persuadé que dans le « couple » que Laurence Coly a formé avec Luc Dumontet, que celle-ci ait toujours été la personne dominée. Malgré la différence du nombre d’années, malgré la différence de statut social et de couleur de peau.

 

Laurence Coly (l’actrice Guslagie Malanda)

 

 Mais il est plus facile à Maitre Vaudenay de voir l’ex compagnon de sa cliente comme un « lâche » qui a failli à ses responsabilités et, disons le une bonne fois pour toutes, comme un homme à qui il a manqué une bonne paire de couilles. Car c’est ça- en d’autres termes- que l’avocate de Laurence Coly dit à l’ancien compagnon de celle-ci.

Par ailleurs, je suis étonné que l’ex compagnon de Laurence Coly ne soit, lui, défendu par personne dans la cour. 

 

Mais il n’y a pas que ce portrait de cet homme « lâche » et sans couilles qui m’a dérangé dans Saint Omer.

 

Le compagnon ( Adrien, joué par l’acteur Thomas de Pourquery)  de l’héroïne est plutôt sympathique. Il a une bonne tête, c’est un zicos ( musicien) il est ouvert, poli, sociable, solide, patient, compréhensif. Mais c’est un faire valoir. Il est juste là pour arrondir les angles, pour servir de confident et de doudou rassurant lorsque Rama, l’héroïne, craque et à juste titre. A force de rester à proximité de l’abime, celui-ci finit par prendre la forme de notre visage et de notre regard.

Rama ( Kayije Kagame) avec son compagnon Adrien (Thomas de Pourquery)

 

 

Le compagnon de Rama serait l’homme parfait mais aussi un père attentif et présent. Mais cet homme parfait, tel qu’il est, me dérange beaucoup. Je ne vois pas très bien où se trouve l’Amour dans ce couple mixte et « moderne ». Je ne vois pas très bien ce qui donne envie à cet homme d’être avec cette femme si taciturne. Je ne vois pas très bien ce qui donne de la vie à leur relation de couple.

 

 

L’autre homme que l’on voit dans le film, c’est l’avocat général. Bon. Il fait son travail. On a donc, d’un côté, un homme lâche qui est pire qu’un pauvre type et qui n’a plus qu’à aller se suicider après s’être fait exécuter publiquement – et froidement- par l’avocate de son ex compagne. On a un homme parfait qui fait office de faire valoir. Et un homme qui fait son travail de procureur. Au suivant.

 

 

On pourrait ajouter le juge d’instruction plus ou moins raciste que l’on voit un peu témoigner et qui a ou aurait livré, clés en mains, à l’accusée sa méthode de défense. Juge d’instruction remis en cause par l’avocat général qui fait plutôt bien son travail de procureur, il me semble.

 

Et puis, surtout peut-être, il y a le père de l’accusée, absent au procès, au contraire de la mère. Le père qui s’est fâché avec elle lorsque celle-ci a pris la décision d’arrêter des études de droit pour faire de la philo. Le père qui a, dès lors, arrêté de la soutenir financièrement et moralement. Poussant ainsi sa fille à trouver des solutions pour s’en sortir économiquement.

 

Il y a aussi le père disparu de Rama.

Enfin, il y a les femmes, les enfants et les hommes migrants qui se noient en mer en essayant de la traverser. Des personnes que l’on ne voit pas, que l’on ne rencontrera pas, et qui, pour certains, tombent dans les filets des nombres dont on déverse de temps à autre le contenu en nous apprenant que tant de personnes sont mortes en mer, après que les flotteurs de leur embarcation se soient dégonflés comme, récemment, avec le Viking Océan, entre l’Angleterre et la France. Si l’on peut faire à peu près tout dire au « personnage » incarné par Laurence Coly ou lui prêter une bonne partie de nos projections, de notre attraction comme de notre répulsion, selon ce qu’elle nous inspire, les circonstances de la découverte du cadavre de la petite Lily sont néanmoins relatées dans Saint Omer  par la juge et Présidente ( l’actrice Valérie Dreville). C’est un pêcheur qui découvre le cadavre et qui croit, au départ, qu’il s’agit du corps d’un enfant migrant.

 

On peut  penser que Laurence Coly avait tout pour réussir. Qu’elle était du bon côté de la mer comme on peut être dans le bon quartier d’une ville, à la bonne époque, dans la bonne école, et réunir les meilleures conditions qui soient pour réussir en étant la même personne. Le film Atlantique de Mati Diop peut aussi, un moment, se profiler dans l’horizon de notre mémoire. 

Car on peut considérer que réussir à bien accoucher revient à bien traverser la mer pour se retrouver du bon côté de la vie- et, qu’alors que le plus dur a été accompli, que Laurence Coly, elle, en quelques minutes, détruit ce pour quoi d’autres vont prendre tous les risques, voire mourir, sans l’obtenir. Traverser la mer, obtenir une meilleure vie. Donner la vie. Laurence Coly s’en détourne car, pour elle, la Sénégalaise partie en France poursuivre des études supérieures, cela lui rendra la vie plus facile…

 

L’accusée est décrite à la fin du film, par son avocate, comme une « femme fantôme ». Mais, pour moi, les hommes aussi sont des fantômes dans cette histoire. Mais aussi dans ce film.

 

J’ai aussi été perplexe devant les pleurs de l’accusée à la fin du film. Les pleurs.

 

Les pleurs et les femmes

 

J’espère que l’on ne va pas essayer de se convaincre que parce-que cette accusée pleure à la fin du film, qu’elle en est plus humaine. Ou qu’elle rejoint enfin, le cercle des êtres humains. Et qu’il y a donc de l’espoir pour la personne qu’elle est en tant qu’être humain. Laurence Coly n’a jamais cessé d’être humaine. Mais son humanité menace la nôtre. 

 

Je me demande la raison pour laquelle l’accusée pleure à la fin du film. Elle peut avoir été réellement émue. Elle peut, aussi, pleurer parce-que son avocate, par sa plaidoirie, plus brillante que les suggestions faites par l’instruction plus ou moins raciste, lui indique ainsi comment se comporter. L’accusée pleure au bon moment. Ce qui pourrait inciter à penser qu’elle véritablement des «nôtres». Sauf que même sans pleurs, elle était déjà des « nôtres ». 

 

Dans Saint Omer , Alice Diop nous montre une femme qui a déposé son enfant devant la mer. Devant cette femme, je dépose mes doutes. Devant le film, je suis partagé mais je suis content qu’il existe et qu’il ait eu des prix. Les acteurs jouent bien. L’actrice Guslagie Malanda ( Laurence Coly) se détache. Mais j’ai aussi beaucoup aimé le jeu de l’acteur Xavier Maly ( Luc Dumontel) car bien jouer «un lâche » est un exercice plutôt difficile.

 

Franck Unimon, ce jeudi 24 novembre 2022

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En Concert

En concert avec Pongo à la Cigale, ce vendredi 18 novembre 2022

Pongo, à la Cigale, ce vendredi 18 novembre 2022. Photo©️Franck.Unimon

En concert avec Pongo à la Cigale ce vendredi 18 novembre 2022.

 

 

Pongo m’était encore inconnue cet été. Dans mon entourage, personne ne la connaît. Cela a été pareil lorsque j’ai parlé récemment de l’humoriste Tania Dutel ( que j’ai envie d’aller revoir) ou de Hollie Cook. Trois femmes, chacune d’une trentaine d’années, plutôt émancipées. Je ne l’ai pas fait exprès.

 

Si Pongo est angolaise, Tania Dutel est française ( L’humoriste Tania Dutel sur scène à la Nouvelle Eve)  et Hollie Cook ( En concert avec Hollie Cook au Trabendo), elle, Anglaise.

 

C’est en écoutant le podcast Musicaline d’une poignée de minutes, il y a environ deux mois, que j’ai « découvert »  Pongo. La journaliste racontait qu’à l’âge de 15 ans, Pongo avait fait un tube mondial, Wegue Wegue pour la FIFA. Mais son nom n’avait pas été crédité. J’ai écouté Wegue Wegue, tout à l’heure, le titre ne stimule pas ma mémoire. Il y a 15 ans, nous étions en 2007.

 

Après Wegue Wegue, durant une quinzaine d’années, Pongo a vécu de petits boulots afin de subvenir aux besoins de ses sœurs. ( Selon wikipédia, Pongo et sa famille auraient fui la guerre civile en Angola en venant vivre au Portugal. Cependant, quelques années après leur arrivée, son père aurait abandonné le foyer. Si cela est avéré, je l’ignorais lors du concert à la Cigale hier soir)

 

Un jour, Pongo s’est entendue chanter à la radio pour le titre Wegue Wegue.  Cela l’aurait décidée à se remettre dans la musique.

 

Dans ce podcast daté du 31 mars 2022 où Pongo était surnommée La Guerrière du Kuduro, la journaliste louait son énergie ainsi que ses dansants mélanges musicaux.

Kuduro, le Semba ( musique angolaise), Zouk, Rap, Afrobeat, Dance Hall jamaïcain… quelques extraits de titres de Pongo avaient suivi :

 

Wegue Wegue, Bruxos, Doudou, Hey Linda

 

La journaliste disait que Pongo était capable de faire « trois fois le tour du monde » dans une seule chanson.

 

Quelques jours plus tard, j’achetais son album, sorti cette année : Sakidila.  

 

Je l’ai tout de suite aimé. Cela fait quelques années, maintenant, que le Kuduro a jailli. Et, même s’il a pu m’arriver de le côtoyer, je n’avais jamais pris le temps de l’écouter de près.

 

La musique de Pongo ne se cantonne pas au Kuduro. Puisqu’il y est question de mélanges. Mais son album me permet de m’y rendre en partie. Même si, au départ, en l’entendant chanter, je l’ai crue Nigériane car j’avais cru reconnaître l’Afrobeat de Fela pour la façon de chanter mais aussi une certaine agressivité dans le rythme. Si la musique de Hollie Cook berce, celle de Pongo, perce.  

Pongo, à la Cigale, ce vendredi 18 novembre 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

 

J’étais allé seul aux concerts de Zentone ( En concert avec Zentone à la Maroquinerie) et de Hollie Cook. Ce vendredi, j’ai invité deux amies, Zara et Tu piges ?! ou Tu Piges ?! et Zara à venir avec moi.

Deux à trois semaines plus tôt, Tu Piges ?! et un autre ami, Radio Langue de Pute, m’avaient expliqué qu’ils avaient pour habitude de partir à trois en concert avec une autre amie. Et qu’à tour de rôle, chacun faisait découvrir aux deux autres un artiste.

 

L’idée m’avait plu. Je l’ai assez rapidement mise en pratique avec le concert de Pongo. Car à trop attendre, certains projets ne se font pas. La preuve :

Comme j’avais un peu trop traîné pour acheter les places, il n’y en n’avait plus lorsque je me suis présenté dans cette chaine de magasins plus que connue pour vendre des produits culturels. Deux semaines avant le concert.

 

Je parle de cette chaine de magasins très connue qui ouvre aussi désormais le dimanche et qui figurait, lors du confinement dû à la pandémie du Covid, sur la liste des commerces essentiels. Tandis que les salles de concert, de théâtre, les salles de cinéma, les bibliothèques et les médiathèques municipales, les musées et les écoles avaient dû rester fermées pour raisons sanitaires ou nécessiter la présentation d’un passe sanitaire valide.

 

Je fais allusion à cette chaine de magasins qui vend aussi, maintenant, des produits électroménagers, en plus d’ordinateurs, de vélos électriques….

 

J’ai été bien contrarié lorsque la jeune vendeuse de cette chaine de magasins essentielle m’a appris qu’il n’y avait plus de places de concert disponibles quinze jours avant la date. J’avais trop attendu. Mais j’ai persisté à chercher.

 

Je suis tombé sur l’application Dice que je ne connaissais absolument pas. J’ai pu acheter trois places sur Dice, à 30 euros la place. Tout semblait en règle.  J’ai même reçu une facture que j’ai imprimée. Mais cette transaction uniquement numérique me changeait de ce que j’avais toujours connu et de ce que je préfère :

 

Le contact humain. Même si on ne peut pas dire que le contact humain avec une vendeuse ou un vendeur de places de concert soit très souligné étant donné le nombre important de clients qu’ils voient défiler. Etant donné, aussi, le peu de plaisir qu’il peut y avoir dans le fait de répéter la tâche standardisée qui consiste à vendre des places de concert- ou du rêve- à un prix parfois élevé. Sans compter que, souvent sans doute, les vendeuses et vendeurs de places de concerts et de spectacles divers ont  à répondre plusieurs fois aux mêmes questions comme si c’était la première fois que celles-ci leur étaient posées.

 

Je peux confirmer que Dice m’a permis de me rendre au concert de Pongo mais aussi d’y inviter Zara et Tu Piges ?! Radio Langue de pute ayant déjà prévu d’aller émettre dans une certaine région de France, il n’a pas pu venir avec nous cette fois-ci. J’ai donc fait profiter Zara de la place qui me restait.

 

Ce vendredi soir, avant de retrouver Tu Piges ?! et Zara à la cantine de la Cigale, cette fois, je suis allé acheter des protections auditives à la Baguetterie, un magasin de musique, rue Victor Massé. Même si, en le mentionnant, je fais là une forme de publicité, je la crois utilitaire pour des raisons sanitaires ainsi que musicales. 

Ce vendredi, pour la première fois depuis que j’ai commencé à aller à des concerts, J’ai décidé de mettre le prix dans des protections auditives.  Vu que j’ai envie de retourner à d’autres concerts. Et que j’ai besoin d’être près de la scène pour faire des photos.

 

Pour à peu près 50 euros, j’ai acheté les Fcking Loud 25 de la marque Crescendo que j’essayais pour la première fois et qui m’ont apporté un  confort acoustique aussi étonnant que plaisant. A la fin du concert de Pongo, au bar de la Cigale, j’ai pu obtenir gratuitement des protections auditives. Mais celles que j’ai achetées protègent et mes oreilles et la qualité du son.

 

Il existe des protections auditives moins chères. Il existe un autre modèle, très recommandé, qui coûte environ 30 euros.

Pongo, à la Cigale, ce vendredi 18 novembre 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

Lors du concert, dans la salle de la Cigale, ce qui m’a très vite étonné, c’est le nombre de femmes présentes. On aurait dit qu’il y avait plus de femmes que d’hommes à ce concert. Ou, que c’était peut-être une soirée entre femmes qui avait finalement « mâle tourné » puisqu’il se trouvait quand même des hommes.

 

Si j’ai remarqué que la moyenne d’âge générale du public se situait entre 20 et 30 ans, Tu Piges ?! et Zara m’ont ensuite dit avoir vu des spectateurs plus âgés. Mais pas dans la fosse où je me trouvais et où Tu Piges ?! a passé un peu de temps avec moi avant de retourner rejoindre Zara au balcon.

Tu Piges ?! et moi avant le début du concert de Pongo, à la Cigale, ce vendredi 18 novembre 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

 

Je m’attendais aussi à rencontrer un public plus noir ou majoritairement noir. Cela a été  l’inverse. Le public était majoritairement, et très largement, blanc. Et, si je poussais plus loin dans l’idée reçue, je dirais qu’à voir ce public blanc aussi présent au concert de Pongo, la preuve est à nouveau faite que la danse mais surtout certaines musiques se sont véritablement démocratisées et ne sont plus uniquement le  « patrimoine » de communautés noires ou arabes. Comparativement aux années 80 ou 90 par exemple.

 

Je vais ici m’avancer à affirmer qu’une artiste comme Pongo, dans les années 80 ou 90 aurait sans doute compté un public plus « foncé ». Pour cela, je me fie à l’histoire de groupes comme Kassav’ par exemple, qui, lors de ses premiers concerts à Paris, avait gagné son succès grâce aux communautés noires présentes en France, en particulier antillaises et d’Outremer et sans doute aussi africaines ( lien vers mon compte-rendu sur le documentaire réalisé par Benjamin Marquet sur  Kassav’ ). Au vu de la réussite par la suite de Kassav’ également dans des pays d’Afrique noire.

 

Et, je me rappelle aussi d’un concert du groupe de Reggae Black Uhuru à la fin des années 80, je crois, à l’Elysée Montmartre. Si j’avais finalement renoncé à profiter (une erreur de ma part ! ) de ma place que j’avais achetée et que j’avais très facilement revendue, je me rappelle d’avoir alors été étonné par la foule de Rastas ou de personnes en possédant certaines des caractéristiques majeures, en particulier les dreadlocks qui n’étaient pas là pour faire décoration.

Et, mon souvenir est que la foule que j’avais aperçue sur place devant la salle de concert était majoritairement et indiscutablement noire. Pour moi, qui suis noir, cela avait presque été un choc sociologique de me retrouver subitement devant un tel concentré de personnes noires. Au point que je m’étais demandé d’où sortaient tous ces « Rastas » que je voyais rarement, dans de telles proportions, dans ma vie ordinaire. Et où se cachaient-ils habituellement ? Dans des caves ?

 

Autre découverte hier soir : si, dans mon entourage, personne ne connaît Pongo, dans la salle, pleine, beaucoup de monde la connaissait. Ainsi que ses titres. La salle de concerts de la Cigale est une « petite » salle de concerts par comparativement à quelques paquebots sonores mais elle accueille néanmoins beaucoup plus de monde que certains bureaux de vote.

 

La première partie du concert a été assurée par le DJ Lazy Flaw. C’était plutôt plaisant. Mais on connaît le « principe » des premières parties. Ce n’est pas pour elles que l’on vient. Alors, on patiente poliment. Un peu comme si l’on attendait la fin d’un cours ou du ruisseau qui va nous mener à la mer en opinant de temps en temps. Par moments, on se dit même que ce n’est pas trop mal à condition, toutefois, que cela se termine bientôt.  Ce qui a fini par arriver avec le DJ Lazy Flaw.

 

Après « l’entracte », les deux musiciens de Pongo sont arrivés tranquillement. D’abord la DJ et choriste, aussi élégante que discrète. Et le batteur, simple mais adéquat.

Pongo, à la Cigale, ce vendredi 18 novembre. Photo©️Franck.Unimon

 

 

Pongo ? Son entrée sur scène a suffi pour capter  l’attention de la salle. Je ne crois pas qu’elle avait commencé à chanter lorsqu’elle a produit cet effet. Elle est arrivée, elle a peut-être dit quelques mots. Tout le public était déjà branché sur elle.

 

Pongo a commencé par le titre Doudou. Lorsque j’écris « commencé », ce n’était pas juste chanter. Mais aussi danser, s’emparer de la scène et faire corps avec elle.

 

On ne peut pas rester indifférent lorsque l’on voit danser comme Pongo le fait. Si l’on aime la danse. Si, pour soi, danser, c’est se libérer, se défaire des regards, du découragement, se sensibiliser à la transe. Et projeter sa vitalité.

 

Un peu sur l’arrière scène, entre la DJ choriste et le batteur, il y avait une sorte de carré noir un peu surélevé sur lequel, plusieurs fois, Pongo est venue s’installer comme sur une machine à danser destinée à nous secouer et à promouvoir ce temps que nous allions passer ensemble.

 

Les titres étaient courts ou m’ont semblé courts mais pratiquement aucun n’a raté son sort. Nous attraper, nous faire danser. Pongo a régulièrement ponctué la fin de ses chansons de roucoulements et interpellé le public en l’appelant  » La Famille ! « .

Pongo, à la Cigale, ce vendredi 18 novembre 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

 

Un spectateur a remis un bouquet de fleurs à Pongo. Le public a manifesté son amour. Pongo a été très émue au point de pleurer un peu. Il m’a semblé que beaucoup de féministes étaient à la Cigale au concert de Pongo. A commencer par Zara et Tu Piges ?!

 

 

Vers la fin du concert, Pongo a invité le public à venir sur scène avec elle à deux reprises. Il y a eu foule à chaque fois. Entre les deux, Pongo est descendue dans la fosse pour chanter au milieu du public.

 

La seconde fois sur scène, avec tout ce public à nouveau venu la rejoindre, cela a été drôle de voir la tête d’un des agents de sécurité qui se serait bien passé de tout ce bordel.

Pongo a enlacé quelques spectatrices et spectateurs. Pongo a aussi fait intervenir deux danseuses, séparément mais aussi ensemble. Chacune avait de solides arguments. Personne, je crois, n’a contesté ce qu’elles avaient à dire et elles l’ont dit. Pongo, à côté, ne faisait pas de la figuration. Il lui suffisait d’un mouvement ou deux pour réaffirmer sa présence.

 

Le concert a été extraordinaire. Et, je suis d’autant plus content qu’il a beaucoup plu à Zara et à Tu Piges ?!

J’espère que cet article et mes photos contribueront à prolonger cette impression d’extraordinaire mais aussi à donner envie d’écouter Pongo ou de danser avec elle en concert.

 

Pour rendre compte au mieux avec mes photos de l’atmosphère du concert, il m’a semblé qu’il fallait, cette fois-ci, opter pour un diaporama. Et, j’ai choisi le titre Bruxos de Pongo  qui est un de mes préférés et celui que j’avais en tête lorsque j’étais en quête des places de concert.

 

Les photos du concert viennent dans un certain désordre. J’ai délibérément évité de suivre la chronologie exacte du déroulement du concert. Je crois que c’est mieux comme ça et j’espère que cela vous plaira.

 

 

Franck Unimon, ce samedi 19 novembre 2022.

 

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Cinéma

Retour à Séoul un film de Davy Chou au cinéma le 25 janvier 2023

Retour à Séoul un film de Davy Chou au cinéma le 25 janvier 2023.

 

 

Retour à Séoul aurait pu avoir pour sous-titre : Le Prix du Matin calme.

 

 

Alors qu’il est en quête d’harmonie, le loup occidental  croit l’apercevoir dans certains pays d’Asie. Si l’on fait partie de ces personnes attirées par l’Asie au moins pour cette « raison » ou cette croyance, on envie la jeune Freddie lorsqu’elle arrive en Corée du sud au début du film. Freddie est alors notre alibi et notre double. Bien que d’origine et d’apparence coréenne, elle a toujours vécu en France et parle à peine Coréen. C’est une jeune femme dans la vingtaine très à l’aise pour les relations sociales. Au lieu de se regarder dans un miroir en attendant que quelqu’un vienne à elle, c’est elle qui s’avance vers les autres.

 

L’actrice Park Ji-Min II dans le rôle de Freddie.

 

Sa facilité pour entrer en contact, en abattant les distances, avec les jeunes Coréens surprend (et cela nous surprend tout autant). Mais cela les fascine aussi et semble leur simplifier la vie. Tels les timides invités d’une soirée ou d’une  société, ces jeunes Coréens semblent avoir toujours attendu que quelqu’un comme Freddie les rejoigne et  fasse pour eux le premier pas, les autorisant en cela à s’avancer ensuite.

 

Le pays du Matin Calme serait donc un de ces endroits où l’harmonie est obtenue en maintenant, dès son plus jeune âge, chaque individu à l’envers de soi sur  un socle.

 

Freddie, « la jeune étrangère », est celle qui provient du hors champ de cette éducation à la Coréenne. Laquelle éducation, pour garantir l’harmonie sociale d’un pays, n’en n’enferme pas moins ses citoyens. Le pays tout entier est leur prison et s’étend jusqu’à leur espace social, émotionnel, corporel et mental.

 

« Tu es une personne très triste » lui dira pourtant plus tard en Français Tena ( l’actrice Guka Han, également auteure du livre Le jour où le désert est entré dans la ville ) une de ses amies coréennes pourtant peu portée sur l’extravagance. Comme si le fait d’avoir laissé filer cette tristesse hors de son bol intérieur était une grande tare sociale en Corée du sud. Ou que le secret de cette trop grande liberté de Freddie, d’abord entraînante et extraordinaire, avait pour elle le tort d’avoir été révélé.

 

L’armature des convenances est telle qu’il convient de toujours aller bien et de savoir garder pour soi certaines émotions afin de ne pas incommoder les autres avec celles-ci. Rien ne doit dépasser ou déborder.

 

Le pays du Matin Calme est peut-être le pays où l’on aspire parfois à extraire de soi ce que l’on ressent afin de l’exprimer mais où le risque reste trop grand de se retrouver dévalué, aux yeux des autres ou à nos propres yeux, si l’on se confie tel que l’on est. Car nos secrets nous protègent.

 

Or, Freddie, elle, déborde et se livre allégrement comme une enfant tandis que les jeunes Coréens alentour se tiennent bien et à l’abri du jugement des autres.

 

La récréation, pour Freddie, dès lors, se fait courte. Après les premiers temps de l’exaltation de la découverte de la Corée du Sud, il lui faut aussi passer aux choses sérieuses.

Freddie ( l’actrice Park Jin-Min II) alors qu’elle cherche le Centre Hammond.

De d’abord libérée par rapport à ses rencontres coréennes, car Française, Freddie trouve ensuite sa propre prison. Celle de l’histoire de son adoption. Car elle est née Coréenne. Ses amis coréens lui parlent du centre Hammond qui aide les enfants coréens adoptés à retrouver leurs parents biologiques.

 

A partir de là, Retour à Séoul cesse d’être la comparaison amusante mais aussi embarrassante – Freddie se montre par moments assez rude ( tant en Français qu’en Anglais ) envers certaines mœurs coréennes-  entre deux cultures, Coréenne et Française, pour devenir le récit de la fabrication « en accéléré » d’une nouvelle identité.

 

Freddie est spécifiquement Française au début du film. A la fin du film, sa part coréenne sera établie.

 

Le processus, sur plusieurs années, sera plusieurs fois déconcertant et difficile.

L’acteur OH Kwang-ROK qui incarne le père biologique de Freddie suivi par celle-ci ( l’actrice Park Ji-Min II) et son amie coréenne Tena ( l’actrice Guka Han)

 

Il contiendra aussi son lot de dérives. Car tant que l’on fait semblant et que l’on raffole de l’instant et sans attente particulière, ce que l’on vit est sans conséquences. Par contre, lorsque l’on s’expose au Temps des autres et que l’on en attend des réponses….

 

Freddie ne peut pas se soustraire à cet autre voyage. Celui de son histoire personnelle et de son identité pour lequel ses parents adoptifs français, malgré tout leur Amour et tous leurs efforts, restent et redeviennent deux étrangers.

 

Après plusieurs voyages au Japon, pays proche, celui de Freddie en Corée du Sud, plus personnel et moins exotique, est le voyage de la maturité.

 

Presque paradoxalement, l’inconnu de ses origines qui construit sa quête, le handicap d’être Française comme celui de peu parler la langue coréenne vont aussi lui permettre de prendre des décisions, comme de mener une vie, dont elle aurait sûrement été incapable si elle avait toujours vécu en Corée et toujours été « seulement » Coréenne.

 

Pour réaliser ce film, Davy Chou s’est inspiré librement de la vie de Laure Badufle qui a participé à la conception du scénario. Aujourd’hui, Laure Badufle est devenue Coach professionnelle de l’Ecole Française de Coaching, enseignante de Yoga Kundalini et co-présidente de la Fédération Française FFKY. Elle a aussi « créé le programme Adoption Mastermind pour accompagner adopté.e.s et adoptants à travers les défis de l’adoption et travaille avec des associations en France et à l’étranger ( Racines Coréennes, La Voix des Adoptés, G.O.A’ L (….) ».   

 

Dans le film Retour à Séoul, L’actrice (Park Ji-Min II) qui incarne Freddie passe par un spectre de regards et d’émotions qui la rendent tantôt attachante, tantôt agaçante mais aussi cruelle, froide ou effrayante. Parfois, elle scrute voire sectionne du regard ses interlocuteurs comme des insectes de passage ou de transition mais aussi comme si elle voulait se réincarner dans leur histoire personnelle. On ne la quitte pas des yeux tant son jeu est convaincant.

Freddie, en plein repas avec sa famille biologique du côté de son père qu’elle a retrouvé. Face à elle, son amie Coréenne, Tena ( l’actrice Guka Han) qui lui sert d’interprète.

 

A la fin du film, Freddie demeure une personne assez insaisissable. Peut-être parce qu’elle est devenue un être humain plus libre et plus heureux en achevant bien sa mue en tant que Coréenne. 

 

 

 

Retour à Séoul sortira au cinéma le 25 janvier 2023.  

 

Franck Unimon, ce vendredi 18 novembre 2022.

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self-défense/ Arts Martiaux

Le Maitre Anarchiste Itsuo Tsuda au Dojo Tenshin avec Manon Soavi ce mardi 8 novembre 2022

Paris, 13ème arrondissement. Octobre ou novembre 2022. Photo©️Franck.Unimon

Le Maître Anarchiste Itsuo Tsuda au Dojo Tenshin avec Manon Soavi ce mardi 8 novembre 2022.

 

Nous grouillons de rêves et d’envies. Rassurés par ces décors que nous connaissons, et qui nous décorent aussi, comme par ce mode de vie que nous sommes encore nombreux à avoir pu conserver, nous continuons, souvent, comme « avant ».

 

Même si nous savons tout ce qui se raconte et perce au travers de certains événements :

 

L’évaporation des possibilités fossiles- et autres- de notre environnement.

 

Nous ne parvenons pas à nous empêcher de répéter les mêmes erreurs car c’est ainsi que nous avons appris à persister. Nous sommes habitués, aussi, à ce que les malheurs se forment un peu partout autour de nous. L’Histoire de l’Humanité est faite de cette capacité à continuer.

 

Et, puis, aussi, nous sommes munis de nos plus grandes espérances. Dont celle d’être épargné.

 

Quelques fois, ou peut-être souvent, je me donne la leçon avec ce genre de pensée. Je «regarde » celles et ceux qui ont agi tout à fait différemment de moi lorsqu’ils se sont engagés tel, en ce moment, un Frantz Fanon. Je sais que ma vie n’est pas la leur. Pourtant, je ne peux m’empêcher de me dire certaines fois que, comparativement à ces personnes, je manque d’audace et de courage.

 

Résigné, dominé, apeuré, angoissé, trop raisonnable, trop prudent ou trop réaliste, je sais qu’une de ces caractéristiques ou toutes me désignent à un moment ou à un autre. Alors que nous vivons beaucoup de moments, seul ou à plusieurs, dans une seule journée. Peu m’importe, lors de ces instants de défaillance, ce que d’autres peuvent distinguer ou ont pu distinguer de moi de plutôt flatteur ou favorable. Car, alors, ma conscience m’appelle et me tranche avec mes/ses exigences.

 

Fort heureusement, il existe des solutions de repli, des opérations de sursis.

Un mot (« sursis») qui rime bien avec celui de la survie. Ainsi qu’avec la catharsis.

To Think out of the box

 

« To think out of the box » : On pourrait traduire cette phrase par « Sortir des sentiers battus». Mais, dit comme ça, c’est plat. Peut-être du fait de la plus grande variation des accents toniques dans la langue anglaise. Plutôt que « Sortir des sentiers battus », je préférerais l’expression « Sortir des barreaux ». Des barreaux intérieurs. 

 

Ce mardi 8 novembre, j’ai essayé de « Think out of the box ». Pour cela, j’ai été stratégique. La veille, ma cervelle avait fait en sorte que je reste chez moi. Afin de pouvoir passer du temps avec ma fille jusqu’au coucher. Ainsi, le lendemain soir, j’ai pu plus facilement sortir de mes remparts pour retourner au Dojo Tenshin où Manon Soavi nous a présenté son premier livre :

 

Le Maître Anarchiste Itsuo Tsuda ( Savoir vivre l’utopie).

A quelques mètres de l’entrée du bâtiment qui sert d’écrin au Dojo Tenshin, ce mardi 8 novembre 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

Déchaussés dès l’entrée, Dans cet espace sauvé du bruit et du réduit, nous sommes un peu plus d’une cinquantaine assis, dont deux ou trois enfants d’à peu près d’une dizaine d’années, ainsi que la veuve de Maitre Noro , sur le tatami du Dojo Tenshin lorsque Manon Soavi commence à nous parler.

Au dojo Tenshin, ce mardi 8 novembre 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

 

Aujourd’hui, certains termes comme  « être zen », «  le Ki » et d’autres états enseignés par les Arts Martiaux sont des recettes tombées dans l’escarcelle du libéralisme nous dit Manon Soavi. On peut ainsi lire des conseils pour « être zen » ou le devenir dans un magazine féminin comme Biba. A quand des sachets de zen instantanés que l’on pourra bientôt trouver dans des distributeurs à côté de sodas et de pop corn aurait pu ironiser Manon Soavi ?! 

 

Manon Soavi, ce mardi 8 novembre 2022 au Dojo Tenshin. Photo©️Franck.Unimon

 

Ailleurs, nous dit aussi Manon Soavi,  « l’Anarchie » est devenue synonyme de « chaos ».

 

 

Manon Soavi nous explique que l’expérience concrète de ces termes et de ces pratiques est très éloignée de ce qui en est présenté régulièrement sur la place publique et publicitaire. Ce faisant, elle nous rappelle d’une certaine façon la différence qui existe entre un pratiquant et un consommateur.

 

L’un et l’autre se font des destins très différents après une rencontre.

 

 

En quittant le Dojo Tenshin plus tard ce mardi soir, je serai particulièrement « content », en reprenant le métro, de tomber sur cette publicité que j’avais préalablement repérée et rencontrée. Présente depuis quelques jours dans notre environnement, le message de cette publicité qui se veut sûrement antiraciste et moderne car une femme noire y figure est au moins une incitation à la dépendance, ainsi qu’un rappel que la femme ( se) doit d’être une mère disponible pour ses enfants.

Paris, ce mardi 8 novembre 2022, dans le métro. Photo©️Franck.Unimon

Cette pub qui se veut « cool » et qui est facilement visible et accessible contrefait complètement certaines finalités du Zen. Mais elle convaincra sûrement certaines personnes.

 

Les personnes crédules qui prendront le contenu de cette publicité au pied de la lettre feront une autre expérience du Zen que celle vécue par Régis Soavi, le père de Manon Soavi, lorsque celui-ci, pratiquant d’Arts Martiaux depuis des années, avait rencontré Itsuo Tsuda, le Japonais « né en Corée », dans les années 70.

 

Itsuo Tsuda, en pleine séance.

 

Cette rencontre, nous dit Manon Soavi avant hier soir, a tout changé pour Régis Soavi. Mais, cela peut sans doute se comprendre au moins pour deux raisons :

 

Régis Soavi, un homme déja en rupture, a rencontré en Itsuo Tsuda un autre homme en rupture qui, comme lui, voire plus que lui, était allé encore plus loin dans la rupture avec ce qu’il refusait du monde ou de la société. En 1970, à l’âge de 56 ans, Itsuo Tsuda avait ainsi rompu avec son emploi de salarié pour se lancer davantage dans l’aventure du Ki, du Katsugen Undo (ou mouvement régénérateur) comme de leur enseignement.

 

Une rupture favorable à la vie et à l’être humain.

 

 

Dans cette attitude ou cette posture de rupture, nous sommes donc à l’opposé de celle du consommateur ou du citoyen qui obéit, se laisse berner, affaiblir, diluer ou soumet son corps, son travail, sa vie, son entourage et son salaire à des décisions qui peuvent être prises sans  lui en échange d’une sécurité et d’une préservation supposées qui lui seraient alors, de fait, garanties. Même lorsque ce qui est ou sera exigé de lui est contraire à ses valeurs.

 

Nous vivons dans un monde qui nous pousse à la dissociation. Un monde qui nous apprend régulièrement à adorer et à préférer la peur.

 

D’un côté, il nous est dit que nous sommes libres, égaux et responsables et plein de possibilités. D’un autre côté, nous vivons dans des sentiments d’impasse et d’impuissance qui contredisent ces messages.

 

Itsuo Tsuda, lui, a très tôt refusé ce mode de vie. En rupture à l’âge de seize ans avec son père, riche entrepreneur, comme avec les horreurs de la Seconde Guerre Mondiale portées par les Japonais en Corée, il est parti vivre en France une première fois dans les années 30, en plein Front populaire.

 

Manon Soavi, au Dojo Tenshin, ce mardi 8 novembre 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

Ce mardi 8 novembre 2022, au Dojo Tenshin, devant nous, Manon Soavi continue de dérouler devant nous une partie de l’histoire d’Itsuo Tsuda comme celle des quelques rencontres qu’il y a faites et qui ont changé sa vie en France ou ailleurs. Tel Marcel Mauss…

 

Plus tard, Itsuo Tsuda rencontrera Ueshiba sensei et deviendra un de ses élèves étudiant l’Aikido avec celui-ci jusqu’à sa mort en 1969. Itsuo Tsuda apprendra aussi le Seitai et le Katsugen Undo ( ou mouvement régénérateur) avec Maitre Noguchi mais aussi le Nô avec Maitre Hosada.

 

 

Dix années durant, par la suite, Régis Soavi deviendra un des élèves de Maitre Itsuo Tsuda. Maitre faisant partie des Kage Shihan ( Maitres de l’ombre) selon Maitre Henri Plée. Manon Soavi mentionne cette affirmation de Maitre Henri Plée dans son livre que j’ai feuilleté ce mardi soir avant de l’acheter.

 

On peut être l’élève d’un Maitre d’Arts Martiaux ou de toute autre discipline ou rester celui de réclames publicitaires permanentes et renouvelées.

 

Certaines de nos relations et rencontres peuvent être des réclames publicitaires permanentes et renouvelées.

 

Mais, viendra peut-être le moment, un jour, où l’on deviendra un Maitre soi-même dans un domaine quelconque qu’il s’agisse de celui de l’illusion ou de l’éducation.  

 

Une éducation hors système

Manon Soavi, au Dojo Tenshin, ce mardi 8 novembre 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

Avant l’édition de ce livre, Manon Soavi a débuté l’Aïkido à l’âge de six (elle en a désormais quarante) avec son père et fait l’apprentissage d’autres Arts martiaux. Elle a connu une éducation hors du système scolaire, une carrière de concertiste de piano pendant dix ans. Le Dojo Tenshin, d’ailleurs, accueille régulièrement des enfants éduqués en dehors du système scolaire ( Un sujet qui m’interpelle et dont je n’ai pas encore pris le temps de discuter avec Régis et Manon Soavi).

C’est peut-être pour cela qu’il y a sans doute une continuité dans le fait que ce soit quelqu’un comme elle qui, un jour, se soit décidée à écrire sur Itsuo Tsuda.

Au début, l’intention de Manon Soavi était d’écrire un article sur Itsuo Tsuda. L’article est devenu un livre.

Au Dojo Tenshin, ce mardi 8 novembre 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

Lorsque ce mardi, j’ai demandé à Manon Soavi combien de temps lui avait été nécessaire pour écrire ce livre, elle m’a répondu :

 

« Il  y a deux réponses ».

 

Un an et demi pour la rédaction. Rédaction facilitée par le confinement dû à la pandémie du Covid.

Et plus de trente ans si l’on considère le fait que, dès sa naissance, elle a baigné dans les enseignements d’Itsuo Tsuda qui ont marqué le temps et l’existence de son père et de sa mère.

 

Manon Soavi avait deux ans lorsque Itsuo Tsuda est mort en 1984. Il l’a prise dans ses bras mais elle ne s’en souvient pas. Elle connaît de lui ce que « la légende familiale » lui a raconté m’a t’elle précisé en souriant. Le reste, elle est allée le chercher et l’a en partie trouvé. Car Itsuo Tsuda n’a pas tout dit.

 

Celles et ceux qui comptent nous disent rarement tout. C’est souvent à nous de raconter ce qui reste. 

 

L’Anarchie

 

Sur le tatami, ce mardi, Manon Soavi nous dit qu’il y a de la provocation dans le titre de son livre car les termes « Maitre » et « Anarchiste » ne collent pas ensemble. L’anarchie vise à échapper à toutes formes de domination autant comme personne dominée que comme personne dominatrice. Elle nous parle des conséquences du patriarcat. De la nécessité de l’ « empowerment ». Plus tard, après sa parole, j’ai vu que, dans son livre, elle cite des extraits d’ouvrages de Mona Chollet, une auteure féministe ( J’ai lu Réinventer l’Amour de Mona Chollet ). D’ailleurs, du 27 septembre au 16 novembre de cette année, une de ses œuvres, Sorcières, a été lue sur scène.

 

Une commémoration

 

Après sa présentation, Manon Soavi répondra qu’au Japon, Itsuo Tsuda, est un inconnu. Très en rupture avec les instances officielles du Japon, cette indépendance lui a aussi valu l’anonymat dans son pays. Malgré ce qu’il a pu connaître et accomplir de son vivant tant en termes de pratiques, d’enseignement que de parutions.

 

Au Dojo Tenshin, ce mardi 8 novembre 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

Itsuo Tsuda a écrit une dizaine de livres en Français. Son premier livre, Le Non-Faire ,  est paru en 1973.

 

Inconnu ou ignoré au Japon, Manon Soavi nous a parlé, aussi, de son initiative, en 2013, d’organiser à Paris une commémoration pour les cent ans de la naissance d’Itsuo Tsuda (né en 1914).

 

Elle avait alors réussi à contacter des anciens élèves d’Itsuo Tsuda. Et, très vite, ceux-ci lui avaient assuré qu’ils seraient présents. Alors que près de trente années étaient passées depuis le décès de « l’inconnu » Itsuo Tsuda. Cette réaction spontanée de plusieurs de ses anciens élèves, puis leurs témoignages ensuite, ont attesté de l’importance qu’il avait pu avoir pour eux.

 

 

Je me demande maintenant quelle réclame publicitaire -ou quel article que j’ai pu acheter- il y a trente ans a pu avoir sur moi, le même effet. Pourtant, en trente ans, j’ai vu,  « connu » et « aimé » un certain nombre de réclames publicitaires et d’articles que j’ai pu acheter dans un de nos innombrables temples de la consommation.

 

Toujours dans ces préparatifs afin de commémorer Itsuo Tsuda, un ou une de ses  ancien(ne)s élèves a donné à Manon Soavi le numéro de téléphone d’une ancienne élève  :

 

Madeleine D. Laquelle, durant une année hébergea Itsuo Tsuda et sa femme chez elle et son mari, en région parisienne. Car Itsuo Tsuda fut pendant une année en situation irrégulière d’un point de vue administratif. Et, il avait alors obligation de quitter le territoire de la France.

En hébergeant Itsuo Tsuda et sa femme, cette ancienne élève et son mari, furent aussi des personnes de « rupture ». Et, à travers eux, on pense évidemment à des résistants ou à tout individu, qui, lors d’une guerre ou d’un péril imminent, a protégé et cache chez lui des personnes vulnérables ou grandement exposées aux travers de certaines Lois.

 

En « donnant » à Manon Soavi une des calligraphies d’Itsuo Tsuda en lui disant « Continuez », cette ancienne élève (Madeleine D.) a perpétué le travail de transmission du Katsugen Undō. 

Au Dojo Tenshin, ce mardi 8 novembre 2022. Prochain stage de Katsugen Undo du 9 au 11 décembre 2022.

 

 

L’édition d’un livre

 

 

Si Itsuo Tsuda a écrit à peu près une dizaine de livres (tous écrits en Français), Manon Soavi voit dans la parution de son propre livre Le Maitre Anarchiste Itsuo Tsuda, une transposition du Non-Faire professé par celui-ci.

 

Au Dojo Tenshin, ce mardi 8 novembre 2022. Livres de Itsuo Tsuda.

 

 

Une année durant, elle avait sollicité des maisons d’édition sans suite. Puis, finalement, un nouveau membre du Dojo a parlé de ce projet à un éditeur avec lequel il faisait zazen.

 

Et, c’est finalement l’éditeur, intéressé, qui a relancé Manon Soavi. La suite de cette histoire s’est probablement enclenchée ce mardi depuis le dojo Tenshin.

J’avais pratiquement fini d’écrire cet article deux jours après cette soirée au Dojo Tenshin. Puis, un défaut de connexion à internet m’a empêché de le publier avant aujourd’hui. Entretemps, ce lundi ( il y a trois jours) à une projection de presse, je suis allé voir le prochain film de Davy Chou qui se déroule en Corée du sud :  Retour à Séoul. Retour à Séoul  sortira au cinéma le 25 janvier 2023. Itsuo Tsuda, Japonais, était né en Corée. C’est cette coïncidence qui m’interpelle maintenant alors que j’ai déjà écrit mon article sur ce film ( Retour à Séoul un film de Davy Chou au cinéma le 25 janvier 2023). Une coïncidence que j’avais oubliée en allant voir le film ce lundi.  

 

 

Franck Unimon, ce jeudi 17 novembre 2022.

 

 

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Sur scène

L’humoriste Tania Dutel sur scène à la Nouvelle Eve

Ce jeudi 3 novembre 2022, devant l’entrée de la Nouvelle Eve.

L’humoriste Tania Dutel sur scène à la Nouvelle Eve

 

Ce jeudi soir, deuxième semaine des vacances de la Toussaint, il y a assez peu de monde dans le métro, ligne 12, qui m’emmène dans le 9ème arrondissement de Paris à la station Pigalle. Une fois dehors, deux videurs d’un sexodrome  m’indiquent obligeamment la route :

 

« La rue Pierre Fontaine,  après le Monoprix, c’est tout de suite à gauche ! ».

 

Depuis mon enfance, je suis déjà passé par Pigalle. Mais je ne connais pas la rue Pierre Fontaine. Cette rue où se trouve pourtant le Bus Palladium ( en travaux) non loin du cabaret Chez Moune, des endroits qui ont marqué l’Histoire de la nuit et de la vie artistique et culturelle de Paris. Et du monde occidental.

 

Je connais encore moins la salle la Nouvelle Eve où joue Tania Dutel ce jeudi soir et, ce, pour plusieurs semaines encore. Pour me diriger vers la Nouvelle Eve, je tourne le dos au Moulin rouge qui s’éloigne derrière moi.

 

Je ne l’ai pas fait exprès mais aller voir Tania Dutel, cela va bien avec le fait d’être allé voir Hollie Cook en concert la semaine dernière ( En concert avec Hollie Cook au Trabendo) dont le titre Postman en particulier continue sa route dans ma tête.

La salle de la Nouvelle Eve, depuis le balcon, non loin des toilettes, ce jeudi 3 novembre 2022, avant la prestation de Tania Dutel. La troisième table, en partant de la gauche, juste devant la scène, à côté des marches, c’est là où était « ma » place. J’ai demandé aux deux personnes attablées derrière moi de bien vouloir veiller sur mon sac. Ce qu’elles ont facilement accepté de faire. Photo©️Franck.Unimon

 

C’est par des vidéos sur internet que j’ai découvert Tania Dutel, 33 ans, il y a deux ou trois mois. Depuis des mois, par saccades, je regarde sur internet des sketches d’humoristes à Montreux ou ailleurs. Il y a les humoristes connus ou que « tout le monde » connaît. Et, il y a les autres qui marchent assez bien ou qui montent mais qui sont moins connus.

 

J’ai déja vu trois ou quatre humoristes sur scène dans le « passé » :

 

Jamel Debbouze, Dieudonné. C’était il y a plus de 12 ans.  Haroun a été le petit dernier, il y a à peu près deux ans entre deux confinements dus à la pandémie du Covid.

 

Mais je n’ai pas vu assez d’humoristes sur scène. Pas autant que je le voudrais ou l’aurais voulu. Cela fait des années que je me dis qu’il faudrait que je prenne le temps de le faire véritablement. Le seul en scène de l’humoriste est un exercice particulier. Si j’ai compris que le solo permet mieux à un certain type d’artiste de se trouver et de s’exprimer, je vois aussi le métier d’humoriste solo, sur scène, comme un métier colossal.

 

Pour moi, l’humoriste solo est l’artiste qui doit en faire des tonnes. Rire de soi, rire des autres, redonner le moral, être dans une forme physique olympique, dans un état d’intelligence et de vivacité monumental, et de tous les instants… au moins pour la façade sur scène ou lors d’une émission ou d’une interview.

 

Et répéter cela.

 

 

Redonner aussi, constamment ou régulièrement, de soi une image qui peut nous enfermer dans un certain type de rôle et de comportement. Dans le rôle de celle ou de celui qui se doit d’être toujours plein(e) de vie, d’être un marsupilami ou une super héroïne à temps complet, qui arrive toujours à resurgir à la surface et doit être léger ou légère même si, intérieurement, elle ou il touche le fond ou les bas-fonds. 

 

On aime beaucoup les histoires de celles et ceux qui « rebondissent » et qui nous offrent les  bouquets recomposés de leurs « résiliences ». Cela nous rassure et nous inspire. Parfois, aussi, cela nous rend fainéants.

Tania Dutel, sur scène à la Nouvelle Eve, ce jeudi 3 novembre 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

Je vois aussi le métier d’humoriste comme celui ou existe une grande dépendance aux rires du public. Puisqu’un humoriste qui ferait peur à son public ou qui le ferait pleurer aurait raté son cœur de cible. Hier soir, Tania Dutel nous a raconté cette fois où, sur scène, elle avait connu un échec total au point de devoir prendre la décision de couper court à son spectacle pour annoncer plus tôt l’artiste qui la suivait. C’est pour ce genre « d’anecdotes » en filigrane et d’expériences personnelles que sa prestation d’hier soir m’a plu.

Pourtant, malgré les risques qu’il comporte, j’aime le rire. Et j’ai besoin de lui. Il m’a aidé à me sortir un peu un certain nombre de fois de la glue de mes inquiétudes et de mes obsessions. Et c’est probablement pour cela que nous sommes beaucoup à tenir à celles et ceux qui nous font rire. Pour nous aider à reprendre un peu pied, ainsi que notre souffle, et à nous extirper un peu des marécages de nos fors intérieurs.

 

Tania Dutel, à la Nouvelle Eve, ce jeudi 3 novembre 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

Certaines personnes, lorsqu’elles tombent amoureuses de quelqu’un plutôt que d’une autre, disent que ça ne s’explique pas. Que c’est comme ça. C’est peut-être un peu pareil avec le fait de rire devant l’humour d’une personne au détriment de l’humour d’une autre personne.

 

Même si je ne crois pas tant que ça aux mystères tant dans le domaine de l’Amour que du rire. Pour moi, il y a bien une ou plusieurs raisons pour expliquer le fait que l’on aime ou que l’on désire une personne plutôt qu’une autre. Même lorsqu’il vaudrait mieux s’abstenir de le faire.

Comme il y a sûrement aussi une ou plusieurs raisons pour expliquer le fait que l’on va plus facilement rire devant l’humour d’une personne plutôt que devant celui d’une autre. Mais, là, il m’est difficile de savoir s’il vaudrait mieux, certaines fois, s’abstenir de rire devant un certain humour plutôt que devant un autre.

 

 

Lorsque j’ai parlé un peu autour de moi de Tania Dutel, on m’a demandé qui c’était. Et, j’ai été étonné car j’avais vu deux ou trois vidéos d’elle, ou plus. Je les avais trouvées drôles et bien pensées et comme elles semblaient avoir beaucoup de vues, j’ai cru que cela voulait dire que Tania Dutel était  très connue.

 

Tania Dutel, à la Nouvelle Eve, ce jeudi 3 novembre 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

Hier soir, Tania Dutel, au début de son spectacle, s’est présentée comme quelqu’un qui avait eu un Bac scientifique, qui était arrivée à 19 ans à Paris depuis sa région du Beaujolais  où vivaient un peu plus de mille habitants où tout le monde « se connaît ». Deux sœurs, deux frères ou j’en ai peut-être rajouté une ou un de trop. Une mère un peu « plus » imposante que le père qui sait à quoi s’en tenir juste par une inflexion de la voix de la mère.

 

Concernant son style d’humour, j’ai récemment envoyé le lien d’une de ses vidéos à deux de mes proches. Une de mes proches a comparé Tania Dutel à Blanche Gardin.

 

J’aime beaucoup Blanche Gardin.

 

Mais lorsque je regarde et écoute Tania Dutel, je vois Tania Dutel. Tania Dutel a par exemple sa façon personnelle de dire :

 

« C’est assez hilarant ».

Tania Dutel, à la Nouvelle Eve, ce jeudi 3 novembre 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

 

En tout cas, la file d’attente que j’ai trouvée ce jeudi soir devant la salle de la Nouvelle Eve ne doutait pas des pouvoirs humoristiques de Tania Dutel. Et, moi, depuis longtemps, je vois la scène comme un sérum de vérité suprême. Une prestation scénique permet à un artiste de mieux se défendre…ou de se défaire. Pour connaître la vérité de ce spectacle, la place a coûté 22 euros.

 

Si, hier soir, nous avons été devant « une petite salle » comme le dira Tania Dutel en voyant la centaine de personnes présentes, le public a été assez varié. Couples homos et lesbiens, couples hétéros, amis hétéros et homos, personnes seules ou célibataires ? Les plus jeunes devaient avoir dans les 25 ans et les plus âgés, une bonne quarantaine d’années, de l’étudiant (e) à l’employé (e).

 

Je sortais des toilettes, en haut de la salle, au balcon, lorsque j’ai entendu l’arrivée de Tania Dutel sur scène. J’ai eu à peine le temps de revenir m’asseoir à ma place, juste devant la scène, lorsque Tania Dutel m’a interrogé. Qu’est-ce que je faisais ? Comment je m’appelais ? J’étais seul ?

 

Même si j’ai été surpris, j’ai été assez à l’aise pour répondre.  Cela fait partie du jeu du stand up et des spectateurs du premier rang. Et, Tania Dutel ne m’a pas trop poursuivi. Mais ce genre d’échange crée un lien particulier avec l’artiste sur scène. Durant quelques secondes, la spectatrice ou le spectateur vit un peu l’expérience de l’artiste qui se met à nu et à risque devant un public pendant plus d’une heure. Même s’il y a des « trucs » comme on dit dans la profession et que les années d’entraînement permettent de « faire » le spectacle, l’imprévu persiste. Puisque c’est le principe du spectacle vivant. D’ailleurs, Tania Dutel nous dira qu’au début, elle avait prévu de faire autre chose.

 

Tania Dutel, à la Nouvelle Eve, ce jeudi 3 novembre 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

 

Tania Dutel a sollicité aussi deux ou trois autres spectatrices et spectateurs. Même si j’avais déjà observé cette aptitude chez d’autres artistes sur scène, j’ai été étonné par sa facilité pour écouter les réponses de son public. Comme pour retenir le prénom des spectatrices et spectateurs avec lesquels elle avait « conversé » un peu devant nous. A la fin du spectacle, je crois me souvenir qu’elle se rappellera de mon prénom.

 

Lors de son stand up qui a duré près d’une heure trente, avec une mise en scène minimale, un micro, un pied de micro, un tabouret, une lampe, un cahier, un thermos dans lequel elle ne boira rien, Tania Dutel a été espiègle, enfant, charmante, surprenante, bienveillante et très attentive à son public. Il a été question au moins de viol, de boulimie, d’anorexie, de sexualité, des relations entre les femmes et les hommes, du corps des femmes, de sa physiologie. De quoi gêner un petit peu au cours d’un apéro ou d’un barbecue lors d’une rencontre familiale ou amicale.

 

Il est possible que certaines sensibilités trouvent outranciers les sujets abordés par Tania Dutel ainsi que sa manière de le faire. Et, c’est sûrement une question de mesure mais je n’arrive pas à les trouver indécents ou déplacés.  Et, comme elle l’a expliqué, elle ne peut pas plaire à tout le monde même en faisant  de son mieux pour mettre les formes.

En racontant des situations très intimes comme le veut le stand up, Dutel table sur le fait qu’il peut se trouver dans le public des personnes qui ont vécu la même chose qu’elle et qui sont prêtes à ce que cela « sorte » de la bouche d’un( e) artiste.

 

Cela explique-t’il le fait que, très vite, le public présent, tant féminin que masculin, ait ri avec conviction ?

 

En tout cas, le public, dans sa grande majorité, a adhéré. Pour ma part, j’ai souvent souri. Peut-être ai-je moins ri que d’autres car je peux avoir un temps de décalage avec le réel. Mais aussi parce-que j’avais « vu » et entendu une partie des répliques de Tania Dutel sur internet.

 

Après le spectacle, nous sommes quelques uns à attendre Tania Dutel à la sortie. Elle arrive, prend le temps de discuter avec nous.

Tania Dutel s’est lancée dans le métier depuis 2009 et fait du stand up comme elle le pratique désormais depuis 2017. Pendant la représentation, alors qu’elle parlait de « pénis de sang et de pénis de chair », elle s’est aperçue que je la prenais en photo. Après s’être assurée que je n’étais pas en train de la filmer – car c’est interdit- elle m’avait demandé de la photographier plutôt à la fin du spectacle. J’avais alors posé mon appareil photo.

 

Tania Dutel, à la Nouvelle Eve, ce jeudi 3 novembre 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

Lors de ces quelques échanges avec elle, dans la rue Fontaine, je lui explique avoir pris ces photos pour parler d’elle- en bien- dans mon blog. Elle ne pouvait pas le savoir. Lors d’un passage de son spectacle, elle nous a raconté comment elle s’était faite « défoncer » par certains internautes qui n’avaient pas aimé un de ses sketchs ou un de ses spectacles. De ce fait, depuis, elle ne lit plus les commentaires sous ses vidéos. L’humoriste Elodie Poux a fait un sketch que je trouve réussi sur les « haters », ces personnes qui manquent de courage,  ou simplement de maturité et d’autocensure, lorsqu’elles parcourent un clavier en restant bien abritées dans la pénombre et dans l’anonymat. 

 

Comme d’autres spectatrices et spectateurs présents dans la rue Fontaine, hier soir, j’ai  remercié Tania Dutel pour son spectacle. Ainsi que pour son courage à parler, seule sur scène, de tous ces sujets. Alors que nous, spectateurs, nous pouvons avoir l’impression que c’est facile à faire. Je l’ai saluée puis je suis parti. Avant de revenir pour lui demander un selfie. Il est dommage, qu’avec l’éclairage, il y ait plus d’ombre sur son visage que sur le mien mais au moins, la photo et son sourire sont là.

Avec Tania Dutel, après son spectacle à la Nouvelle Eve, ce jeudi 3 novembre 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

 

Franck Unimon, ce vendredi 4 novembre 2022.