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Les 24 heures du Samouraï 2024

Au dojo d’Herblay, ce dimanche 19 Mai 2024, quelques minutes après la fin des 24 heures du Samouraï. Photo©Franck.Unimon

 

Les 24 heures du Samouraï 2024

Il pleuvait ce dimanche 19 mai 2024 autour de midi alors que nos colonnes peuplaient le dojo d’Herblay. Sur les tatamis, nous étions plus de deux cents à continuer de nous orienter sur la pirogue de la fatigue. Des hommes mais aussi des femmes, nous étions majoritairement en kimono.

Romain Anselmo, Karaté Kyokushinkai, au dojo d’Herblay ce dimanche 19 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon

Guidés par l’expert en karaté Kyokushinkai, Romain Anselmo, et aiguisés par le couteau de nos kiaï, nous nous enfoncions encore un peu plus dans ce qui restait de ces quelques minutes où tout allait bientôt s’arrêter. Avec une ou un partenaire, nous avons effectué des séances de low kick. Mais nous nous sommes aussi donnés des coups de poing réciproquement dans le gong de notre ceinture abdominale. Nous avons aussi fait des pompes. L’expert donnait le rythme. Amusé, il nous a informé qu’il lui avait été demandé de mettre de l’intensité. Léo Tamaki, sur le tatamis avec nous, a ajouté dans le même humour qu’il lui avait été demandé de nous «achever».

Au dojo d’Herblay, ce dimanche 19 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon

Pour quelqu’un d’extérieur, nous aurions pu passer pour des fanatiques ou des fantassins du passé. Mais si une Divinité attentive aux Arts Martiaux s’était trouvée dans les parages ou quelque part dans le Val d’Oise, elle serait peut-être venue nous apporter les croissants.

L’édition 2024 des 24 heures du Samouraï allait bientôt se terminer, notre vie recommencer et je retournerais bientôt à mes chansons de Lana Del Rey dont je suis devenu toqué depuis à peu près deux mois. Mais, entretemps, comme l’année dernière ( Les 24 heures du Samouraï au dojo d’Herblay ce 20 et ce 21 Mai 2023, 2ème édition ) avec beaucoup d’autres revenus cette année, j’aurais participé à cette manifestation.

Sensei Seisuke Adanyia, au dojo d’Herblay, ce samedi 18 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon

Pourtant, quelques jours plus tôt, je m’étais interrogé sur les raisons qui me poussaient à y participer à nouveau. Je me sentais physiquement fatigué et je l’étais. L’épreuve d’effort que j’avais faite le lundi avait été estimée modérément convaincante «pour un sportif Â» par le pneumologue qui me l’avait prescrite. Je me savais entraîné sportivement a minima. J’avais très peu et irrégulièrement pratiqué tant en karaté avec Maitre Jean-Pierre Vignau qu’avec mon club d’apnée.

Ma seule constance sportive était faite de ces quelques kilomètres à vélo que je faisais depuis trois ou quatre mois pour me rendre au travail et de mon penchant spontané pour la marche. Pour marcher, il est plus simple d’avoir des pieds et l’arthrose de mes deux gros orteils avait été à nouveau confirmée par un cliché radio. Mais, aujourd’hui, il n’existe pas de réparation de l’arthrose. Les principales solutions- temporaires- consistent en des infiltrations, des soins locaux de confort (froid, antalgiques divers), le repos, la diminution ou l’absence de toute pratique qui privilégie les impacts pour les pieds. Du côté de la chirurgie, il y a bien l’arthrodèse mais je m’y oppose. Et, je n’ai plus envie de m’entourer les pieds avec de l’élastoplaste afin de protéger mes gros orteils par syndactylie.

Je pouvais donc être exposé par moments à une certaine douleur et je devais faire attention en revenant aux 24 heures du Samouraï.  Pourquoi m’imposer ça ?

J’ai commencé à m’inspecter. Et à m’injecter des pensées dans lesquelles je me disais que les Arts Martiaux sont pour moi un essai de virilité, pour me la raconter ou me rassurer en tant qu’homme. Mais aussi que mon attrait pour les Arts Martiaux reposait sur une admiration puérile que j’avais conservée depuis les films de Bruce Lee. Et que, dans les faits, c’était plus le spectacle des Arts Martiaux et les films réalisés à leur sujet (de Bruce Lee à Jackie Chan en passant par The Blade et tous les films asiatiques ou non s’y rapportant) qui m’avaient fait entrer dans une fantasmagorie fantastique, divertissante et captivante qui m’avaient donné envie de croire que je voulais en faire partie. Alors que, « pour de vrai Â», ce que je voulais vraiment, c’était rester tranquillement à la maison pour regarder des films, des combats ou des spectacles d’Arts martiaux et en parler ensuite, fasciné.

On s’aime comme on peut. Et, sans me haïr forcément, je peux être assez exigeant envers moi-même. Mais peut-être moins que le pneumologue qui m’avait bien fait sourire trois jours avant les 24 heures du Samouraï.

L’année dernière, j’avais participé aux 24 heures du Samouraï avec une contracture musculaire à la cuisse. Mon kiné m’avait déconseillé d’y participer :

« C’est comme jeter une pièce en l’air… Â».

Ce mercredi, trois jours avant Les 24 heures du Samouraï édition 2024, je revoyais le pneumologue car, en novembre 2023, j’ai fait une embolie pulmonaire assez grave. Grave aussi parce-qu’il s’était passé deux semaines entre le moment où j’avais consulté la première fois (parce-que je me sentais anormalement essouflé avec une douleur costale persistante côté droit) et le moment où le (bon) diagnostic a été fait.

Mais grave, aussi, parce-que le pneumologue n’arrive pas à comprendre comment, moi, qui « n’ai pas le profil », j’ai pu faire une embolie pulmonaire :

Je ne fume pas. Je bois très peu d’alcool. Je suis plutôt sportif. Je n’ai pas de cancer. Je n’ai pas eu d’affection grave ou récente. En résumé, je suis ce que l’on appelle une personne en bonne voire en très bonne santé.

Mercredi, je faisais donc de mon mieux pour rassurer le pneumologue. On appelle ça, la transparence. Il se demandait s’il arrêtait de me prescrire les anticoagulants. Il n’avait pas d’argument pour les maintenir au vu de mes résultats. Mais il hésitait. Ça se voyait.

Alors, je l’ai aidé. Je lui ai parlé de mon projet de prendre l’avion au mois de juillet pour partir au Japon. Aussitôt, le pneumologue m’a répondu :

« Ã§a n’est pas logique d’arrêter un traitement anti-coagulant quelques jours avant un vol long courrier ..».

Je comprenais sa logique même s’il est à mon avis beaucoup trop anxieux. Mais si je suis optimiste, je ne suis pas pneumologue.

Aussi, je lui ai donné un petit coup de pouce supplémentaire :

Je lui ai parlé des 24 heures du Samouraï auxquels j’allais participer trois jours plus tard.

Sensei Seisuke Adanyia, au dojo d’Herblay, ce samedi 18 mai 2024. Photo©Franck.Unimon

Le pneumologue ne savait pas ce que c’était. Je lui en ai expliqué le principe :

Pendant vingt quatre heures, des experts en Arts Martiaux interviennent et on peut participer au nombre de séances que l’on veut. Ce n’est pas une compétition.

 Il m’a demandé où ça se passait. J’ai cru qu’il allait être nécessaire que je lui situe la ville d’Herblay sur une carte. Ce n’était pas par envie de sa part d’y participer. J’ai plutôt eu l’impression de lui parler d’un événement d’un autre monde.

Même s’il portait un masque anti-Covid (il consulte dans un hôpital parisien de l’AP-HP), j’ai bien vu dans les yeux du pneumologue qu’il aurait presque pu se cogner le front contre son bureau devant ce que je lui disais. Moi, je lui parlais projets et perspectives. Lui, il était conditionné pour penser en termes de risques pour ma santé.

Parfaitement synchrone avec sa mécanique mentale inquiète, le pneumologue m’a parlé des risques d’hémorragie en cas de coups ou de blessure lors de la pratique durant ces 24 heures du Samouraï. Puisque je suis sous anti-coagulants depuis six mois.

Une hémorragie à la suite d’un coup ou d’une blessure est bien-sûr une possibilité. Mais, pour moi, ce n’est pas une fatalité.

Sans que le pneumologue s’en aperçoive, et bien qu’il me soit plutôt sympathique, son anxiété excessive lui donnait un caractère implacable. L’inquisition n’était pas très loin.

Puisque nous étions là « pour parler Â» et que le pneumologue s’appliquait à me démontrer et à m’expliquer, de manière éducative, les risques hypothétiques ou probables que j’encourais, j’ai fini par lui dire en toute décontraction :

« Mais lorsque je me rends régulièrement à mon travail à vélo, j’ai bien plus de risques de me faire percuter par une voiture -ou un (e) autre cycliste-. Je ne vais pourtant pas arrêter de faire du vélo pour cette raison ».

Le pneumologue s’est alors dépêché de modérer ses ardeurs anxieuses. Il m’a néanmoins laissé sous anti-coagulants en diminuant la dose. Il m’a prescrit un scanner et une scintigraphie. Il m’a dit que si ces examens étaient normaux, qu’il envisagerait d’arrêter les anti-coagulants. Autrement….

Alors que j’écris cet article quelques jours après les 24 heures du Samouraï, tout va bien. Le partenaire, lors des 24 heures du Samouraï, qui m’a donné un mauvais coup malencontreusement a d’abord été embarrassé bien qu’ignorant de l’épouvante magnitude 6 qu’il aurait pu provoquer chez le pneumologue. Mais je peux dire que je suis reparti des 24 heures du Samouraï avec uniquement une certaine fatigue, compréhensive, pour principal « désagrément Â».

Et puis, un mauvais coup ou deux en s’entraînant, cela peut arriver. Afin de se préserver, il faut d’abord s’assurer que l’on se rend sur un tatami avec l’état d’esprit adéquat et que les autres en face sont dans le même état d’esprit.

Sensei Seisuke Adanyia, face à lui, sur la droite, Léo Tamaki, ce samedi 18 Mai 2024, au dojo d’Herblay. Photo©Franck.Unimon

Je ne suis pas venu aux 24 heures du Samouraï en me disant que j’allais tout (me) casser et devenir champion du monde. Les experts invités et, d’abord, les organisateurs de cet événement, sont aussi sur cette ligne. A partir de là, organisateurs et experts attirent à eux un public qui, à plus de 90 %, leur ressemblent. Je me rappelle encore de celui avec lequel j’avais pratiqué un peu de Ju-Jitsu brésilien au début des années 2000. Je venais alors d’un autre club où j’avais fait l’expérience du judo pendant une dizaine d’années avec Pascal Fleury comme prof.

Mon prof de Ju jitsu-brésilien était un très bon prof, un très bon pratiquant. J’ai de très bons souvenirs des quelques combats d’entraînement que j’ai pu faire avec lui au sol.

Mais mon prof de Ju-jitsu brésilien- qui s’entraînait tous les jours- aimait trop la baston. Il était chaud pour se battre n’importe quand. Il y prenait son pied. Cela transparaissait dans ses propos. Et, nous étions aux débuts de la médiatisation du MMA, de l’enthousiasme qu’il y avait à propos des combats Ultimate et des frères Gracie. C’était désormais « Ã§a Â» qui faisait fantasmer ou une personnalité comme celle du boxeur Mike Tyson qui détruisait ses adversaires.

Celle ou celui qui aime la baston ou qui a absolument besoin de se prouver quelque chose au travers de la baston finit plus ou moins par se trouver directement ou indirectement enfermé dedans comme dans une prison. Et, mon prof de Ju-Jitsu brésilien avait dans son cours au moins un ou deux mecs (de moins de trente ans) qui s’y croyaient parce-qu’ils ne croyaient en rien d’autre en dehors du Ju-Jitsu brésilien. Et, d’abord, parce-qu’ils croyaient très peu en eux-mêmes. Et puis, j’arrivais aussi avec ma ceinture marron de Judoka et sans doute aussi que je transportais avec moi une certaine assurance. J’étais plus jeune. Plus physique. Plus explosif. En meilleure condition.  Je me souviens m’être plus blessé durant cette année où j’avais pratiqué le Ju-jitsu brésilien qu’en dix ans de Judo où il m’était pourtant arrivé de me blesser.

On peut avoir besoin de rehausser son estime de soi au travers d’un sport ou d’un Art martial. Beaucoup d’expériences, de rencontres ou de découvertes faites lors de la pratique d’un Art martial, d’un sport de combat (ou autres) sont susceptibles de nous aider à nous révéler à nous-mêmes certaines de nos compétences en termes de combat. 

Mais lorsque l’on en arrive à toujours avoir besoin de se démarquer ou d’écraser toutes celles et tous ceux que l’on trouve devant soi sur un tatami ou dans un ring, c’est problématique. Ou cela le deviendra. En MMA, on le voit avec les excès d’un Conor McGregor. Et, dans une autre discipline, j’ai l’impression que l’ancien champion du monde automobile Michael Schumacher doit son tragique accident de ski au même genre d’excès. Dans ce besoin constant, névrotique ou suicidaire, de prouver ou de se prouver que l’on peut être meilleur ou plus fort que les autres ou que l’on peut toujours franchir et dépasser les limites qui effraient ou font fuir le reste du monde. Alors que ce qui nous pousse à agir de la sorte, c’est souvent notre terreur de la mort ou de notre anéantissement.

J’ai de l’admiration pour Georges St Pierre, dont j’ai aimé le livre Le Sens du combat car c’est non seulement un très grand champion (et reconnu comme tel de manière assez unanime) mais aussi un combattant plutôt qu’un bastonneur :

Il n’a pas besoin de parader ou de rappeler tout le temps son palmarès.

Mais cette introduction a beaucoup empiété sur le récit des 24 heures du Samouraï, édition 2024. Je la crois nécessaire afin de donner une « conscience » à cette expérience des 24 heures du Samouraï. Afin de ne pas résumer cette expérience à de la prouesse martiale ou physique. Mais je comprendrais que cette introduction soit vue comme la partie la plus ennuyante de l’article.

Je n’ai pas fait beaucoup de recherches mais j’ai l’impression que les 24 heures du Samouraï sont actuellement un événement unique en France. S’il existe des stages ou des rencontres d’experts ou de Maitres d’Arts Martiaux en France et dans le monde, je crois que, seul, en France, l’événement les 24 heures du Samouraï permet de rencontrer autant d’experts et de Maitres d’Arts martiaux et de pratiquer sous leur conduite dans ces conditions. Il s’agit donc d’une expérience unique et qui, pour, l’instant, reste annuelle. Peut-être qu’un jour, l’événement deviendra-t’il semestriel. Car si les Arts martiaux dits traditionnels connaissent une désaffection grandissante, ils persistent et ont leur public. Et les 24 heures du Samouraï, dans la continuité du magazine Yashima, à nouveau proposé à la vente lors de l’événement, accueillent aussi d’autres pratiques martiales connotées comme « moins traditionnelles Â».

C’est ainsi que, par exemple, cette année comme l’année dernière, est intervenu un expert en Penchak Silat ( Alvin Guinanao cette année, Ronan Datausse l’année dernière) . Ou qu’un autre, David Pierre-Louis, expert en grappling et en Ju-jitsu brésilien, assez proche de la sphère MMA, était intervenu l’année dernière.

Je ne serais pas du tout étonné si l’année prochaine, intervenait (ce serait « bien Â») Richard Douieb, référence du Krav Maga ou un représentant de cette discipline.

Tanguy Le Vourc’h, un des organisateurs des 24 heures du Samouraï, ce samedi 18 Mai 2024 au dojo d’Herblay. Photo©Franck.Unimon

J’aimerais aussi, que les 24 heures du Samouraï propose une ou deux expertes. Mais je me doute que les organisateurs de l’événement sont bien plus au fait que moi de la difficulté qu’il y a à trouver une experte (ou deux) qui réponde à leurs critères dans un univers où la plupart des experts sont encore plus souvent des hommes que des amazones. 

Cette année, chaque séance a duré deux heures au lieu d’une heure quinze l’année dernière.

Au « menu », nous avions Sensei Seisuke Adanyia, pratiquant du karaté Shorinryu ; Sifu Didier Beddar pour le Kung Fu Wing Chun ; Alvin Guinanao pour le Penchak Silat, Raphael Couet pour le Hapkido ; Ludovic Rallo pour la Luta Livre ; Ben Boehli pour le Taekwondo ; Erwan Cloarec pour le Xingyiquan ; Nicolas Lorber pour le Shinjukai Karatedo ; Léo Tamaki pour l’Aïkido et pour finir Romain Anselmo pour le karaté Kyokushinkai.

 

Sensei Seisuke Adanyia et Léo Tamaki, dojo d’Herblay, ce samedi 18 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon
Sensei Seisuke Adanyia au dojo d’Herblay, samedi 18 mai 2024. Photo©Franck.Unimon

Les 24 heures du Samouraï permettent de découvrir des Maitres et des experts dont je n’avais jamais entendu parler. Sensei Seisuke Adanyia fait partie, pour moi, de ces « inconnus Â». Arrivé en retard, j’ai assisté à une partie de sa séance et j’y suis resté étranger.

Mais j’ai été marqué par sa façon de souligner l’importance de marcher d’une certaine façon dans la vie de tous les jours afin de pouvoir être prêt en cas d’attaque.

Virginie, l’assistante de Sifu Didier Beddar, ce samedi 18 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon

Après avoir reconnu Virginie, l’assistante de Sifu Didier Beddar, cela m’a fait de l’effet de voir celui-ci quelques mètres plus loin en train de faire des abdominaux, derrière le grand rideau, quelques minutes avant son intervention. C’est ce que l’on appelle donner l’exemple.

Sifu Didier Beddar, ce samedi 18 Mai 2024, dojo d’Herblay, quelques minutes avant son intervention. Photo©Franck.Unimon

Sifu Didier Beddar nous a donné une séance où j’ai eu l’illusion, comparativement à l’année dernière, d’être plus à l’aise.

J’ai eu l’impression que le Kung Fu Wing Chun, c’est d’abord une très bonne garde qui limite beaucoup la possibilité des coups de poing. Et, là, on entre dans le sujet des systèmes. Chaque Art martial et chaque type de combat est un système. Un système de gestes, un système de pensées. Et le combattant, c’est celui qui apprend à maitriser et à développer le mieux possible son propre système de combat afin de piéger dedans son adversaire. On le comprend facilement en regardant Sifu Didier Beddar nous faire ses démonstrations. Il fait penser à un marionnettiste. Et, évidemment, la marionnette, c’est la personne qui lui fait face.

Sifu Didier Beddar, dojo d’Herblay, samedi 18 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon
Sifu Didier Beddar et Virginie, dojo d’Herblay, ce samedi 18 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon
Sifu Didier Beddar et Virginie, dojo d’Herblay, ce samedi 18 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon

J’aimerais aussi voir comment ça se passe avec des attaques de jambe en Wing Chun. Je sais que Sifu Didier Beddar est aussi très fort en jambes.

Sifu Didier Beddar et Léo Tamaki, écoutant le Paris Taiko Ensemble, dojo d’Herblay, samedi 18 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon

S’exprimant en Anglais, Alvin Guinanao a peut-être beaucoup parlé et beaucoup fait d’humour mais on a bien vu qu’il avait son Penchak Silat chevillé au corps.

Alvin Guinanao au centre, dojo d’Herblay, samedi 18 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon
Alvin Guinanao, dojo d’Herblay, samedi 18 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon
Alvin Guinanao, dojo d’Herblay, samedi 18 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon

J’ai aimé chez lui, comme chez d’autres, le fait qu’il ait sa perception personnelle de son système de combat. Il ne se contente pas de le répliquer. J’ai aussi aimé le fait qu’il souligne que certaines postures de combat du Penchak Silat proviennent de certains modes de vie spécifiques à la culture du pays d’origine du Penchak Silat : on peut adopter un style de combat particulier mais il faudra aussi assimiler qu’il peut nous être impossible de bouger exactement comme certains de nos modèles. Notre corps et l’histoire que nous avons avec lui nous offre certaines possibilités que la pratique d’un Art martial (ou une autre discipline) peut nous permettre de découvrir et de développer. Mais notre corps a aussi ses limites culturelles comme physiques.

Raphael Couet, dojo d’Herblay, samedi 18 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon

Raphael Couet m’a fait un peu peur. Lorsqu’il a nous dit, avec le sourire, de «taper dans la rotule Â».

Raphael Couet, dojo d’Herblay, samedi 18 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon
Raphael Couet, dojo d’Herblay, samedi 18 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon

Bien qu’il soit sympathique, ces deux heures avec lui ont été magistrales pour comprendre que le hapkido, ce n’est pas pour les rigolos. Je l’avais déjà saisi l’année dernière où la séance m’avait déjà beaucoup plu. Mais on était ouvertement, comme déjà avec le Penchak Silat, dans un Art martial de destruction.

Ludovic Rallo, dojo d’Herblay, samedi 18 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon

Si le Penchak Silat et le Hapkido me sont apparus comme des axes de destruction, la Luta Livre, avec Ludovic Rallo, elle, était , finalement, assez proche du Kung Fu Wing Chun, pour cette façon de coller à l’adversaire, de le suivre et de le retourner. Alors qu’au travers du Penchak Silat et du Hapkido, on cisaille, on casse, on fracasse et on percute, en luta Livre, on danse, on projette, on anesthésie et on finit par étrangler, par immobiliser ou par casser une corde ou une articulation chez l’adversaire. Fatigué bien qu’il ne soit que 21H30, j’ai assisté à toute la séance. La Luta Livre m’a fait penser à un mélange de Lutte de sumo, de judo, de ju-jitsu brésilien. Ludovic Rallo m’a semblé particulièrement affûté d’un point de vue gymnique.

Ludovic Rallo, dojo d’Herblay, samedi 18 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon
Ludovic Rallo et Léo Tamaki, dojo d’Herblay, samedi 18 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon
Lors de la séance de Luta Livre avec Ludovic Rallo, dojo d’Herblay, samedi 18 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon

Décidément trop fatigué, j’ai opté pour aller me reposer une heure trente après le début -à minuit- de la séance de Taekwondo de Ben Boehli. Mais j’ai aimé que celui-ci insiste pour que le travail se fasse en qualité sans recherche de la vitesse.

Ben Boehli, dojo d’Herblay, samedi 18 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon

 

Ben Boehli, dojo d’Herblay, samedi 18 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon

J’étais de retour pour l’intervention d’Erwan Cloarec. Et très intrigué. Auparavant, je m’étais douché et j’avais bénéficié de vingt minutes de shiatsu.

Le stand Shiatsu au dojo d’Herblay durant les 24 heures du Samouraï. Photo©Franck.Unimon
Erwan Cloarec, dojo d’Herblay, dimanche 19 mai 2024. Photo©Franck.Unimon
Erwan Cloarec, dojo d’Herblay, dimanche 19 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon
Erwan Cloarec, dojo d’Herblay, dimanche 19 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon
Erwan Cloarec, dojo d’Herblay, dimanche 19 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon

A 2h30 du matin, j’ai beaucoup aimé la simplicité d’Erwan Cloarec, sa modestie, son humour et son autodérision. Alors que ce qu’il nous a montré et fait pratiquer était aussi ardu que le Tai Chi Chuan démontré l’année dernière par Sifu Didier Beddar.

Nicolas Lorber lors des 24 heures du Samouraï au dojo d’Herblay. Photo©Franck.Unimon

A 5h du matin, je n’ai pas été réceptif au début de la séance de Nicolas Lorber. Et, comme je me sentais à nouveau fatigué, je suis reparti faire un tour dans mon sac de couchage pendant 1H30 à nouveau.

La salle de repos lors des 24 heures du Samouraï. Photo©Franck.Unimon
Un participant endormi lors des 24 heures du Samouraï. Photo©Franck.Unimon

Je voulais être présent pour l’intervention de Léo Tamaki  et je l’ai été.

Léo Tamaki, dojo d’Herblay, dimanche 19 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon

« La puissance vient de l’intérieur, l’imperceptible, vient des extrémités Â».

Il était entre 7h30 et 9h30 quand j’ai entendu cette phrase et l’on se serait presque cru dans un débat télévisé de l’émission Droit de réponse avec Michel Polac. Je restitue ça avec humour mais cette remarque m’a beaucoup plu.

Léo Tamaki, dojo d’Herblay, dimanche 19 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon
Léo Tamaki, dojo d’Herblay, dimanche 19 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon
Léo Tamaki, dojo d’Herblay, dimanche 19 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon
Léo Tamaki, dojo d’Herblay, dimanche 19 Mai 2924. Photo©Franck.Unimon

J’ai beaucoup aimé, aussi, le fait que Léo parle de « l’autre » ou de l’adversaire, comme d’une personne qu’il ne faut pas déranger et laisser dans son élan tout en s’effaçant, pour, bien-sûr, ensuite, le maitriser.

Léo Tamaki, dojo d’Herblay, dimanche 19 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon
Léo Tamaki, dojo d’Herblay, dimanche 19 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon
Léo Tamaki, dojo d’Herblay, dimanche 19 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon

C’est encore Léo, je crois, qui a parlé de l’agresseur comme étant une proie. Cette inversion de pensée m’a aussi plu. De voir celle ou celui qui agresse comme étant la proie que l’on attend, finalement.

J’étais peu attiré par le karaté Kyokushinkai que je voyais surtout comme un karaté très dur et j’y suis vraiment allé pour voir. Lors de l’événement, j’avais discuté avec un adepte de cette forme de karaté qui ne croyait pas au combat au sol. J’ai compris que, pour lui, être au sol, signifiait être mort ou vaincu. Je n’ai pas pensé à lui parler des frères Gracie.

Ce jeune pratiquant ( ceinture noire) s’est aussi montré étonné et admiratif devant le fait qu’à mon âge, bientôt 56 ans, je me sois décidé à commencer le karaté ( le karaté Shotokan où je suis ceinture jaune). Sa remarque m’a étonné. Un quart de siècle nous séparait.

Je crois attacher moins d’importance à ma ceinture jaune que certaines personnes qui la voient. Parce-que je ne cours pas après la ceinture noire mais plutôt après l’expérience. Ou, plutôt, après la conscience. Mais c’est peut-être une excuse de vieux pour masquer sa diminution et sa faiblesse physique.

Il y avait d’autres quinquagénaires dans le dojo. Même si la moyenne d’âge des pratiquantes et pratiquants devait se situer dans les 35-40 ans. Il y avait même deux ou trois jeunes pré-adolescents parmi nous.

Romain Anselmo, dojo d’Herblay, dimanche 19 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon
Romain Anselmo, dojo d’Herblay, dimanche 19 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon

J’ai été agréablement surpris par la séance de karaté Kyokushinkai. Crier des Kiaï et apprendre à donner des Low Kick un dimanche matin après plusieurs heures de pratique martiale, je suis volontaire.

Les séances de deux heures, entrecoupées de pauses de 15 à 30 minutes, ont rendu plus faciles, je crois, le fait de se reposer entre deux séances, si on le souhaitait. Cependant, cela imposait aux intervenants de savoir maintenir l’intérêt des participants. Pour cela, certains horaires étaient plus délicats que d’autres. Mais j’ai l’impression que, dans l’ensemble, les experts sont parvenus à faire oublier ces deux heures.

Pour le mental et pour ma santé physique, les 24 heures du Samouraï m’ont été bénéfiques. Ils m’ont permis de me faire une idée plus précise de mon état de santé général. Je n’ai pas eu de problème particulier. J’ai participé à six interventions sur dix.  Ce qui me convient. Je trouve que cela m’a bien préparé pour le Masters Tour en Juillet.  J’ai eu quelques discussions. J’ai à nouveau fait des photos.

J’ai aussi à nouveau beaucoup apprécié que l’on nous remette en arrivant ce sac qui contient une bouteille d’eau minérale de 1,5 litre, une pomme, une banane et une orange ainsi que le service restauration qui nous propose à un tarif très fréquentable de quoi très bien manger.

Lors des 24 heures du Samouraï, au dojo d’herblay, samedi 18 Mai 2024. J’ai tout mangé. Photo©Franck.Unimon
Eux aussi, ont tout mangé. Au centre, Ludovic Rallo, quelques heures avant sa séance de Luta Livre, samedi 18 Mai 2024, dojo d’Herblay. Photo©Franck.Unimon

Comme il est aussi très agréable de pouvoir rester dormir à l’intérieur du dojo, dans une partie dédiée. Ou d’entendre le Paris Taiko Ensemble.

Le Paris Taiko Ensemble, dojo d’Herblay, lors des 24 heures du Samouraï. Photo©Franck.Unimon

A l’image de l’année dernière, durant ces 24 heures, j’ai choisi de rester dans le dojo pendant toute la durée de l’événement et mon téléphone portable était éteint la plupart du temps.

La suite de cet article se fera en principe avec le Masters Tour de cet été et quelques uns des organisateurs et participants présents lors de ces 24 heures.

Avec Issei et Léo Tamaki, dojo d’Herblay, dimanche 19 Mai 2024. Photo©Franck.Unimon

Dans ce diaporama, vous pourrez retrouver la plupart de ces photos avec d’autres ( bonus) que je n’ai pas pu insérer dans cet article.

Franck Unimon, vendredi 24 Mai 2024.

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Musique

Je suis devenu un toqué de Lana Del Rey quelques jours avant les 24 heures du Samouraï

Pochette de l’album NFR! de Lana Del Rey.

Je suis devenu un toqué de Lana Del Rey quelques jours avant les 24 heures du Samouraï

 

Bonjour ou bonsoir, ma situation est presque désespérée. Et, j’envisage, bientôt,  peut-être, de devoir composer le 15 afin de demander des secours au Samu. Sauvez-moi.

Voici mon problème. J’aime, entre-autres, écouter de la musique. Je pratique très irrégulièrement les Arts martiaux. C’est peut-être d’ailleurs pour cela que je me suis mis dans cette situation apparemment inextricable.

Je suis un être de bientôt 56 ans, du genre masculin, hétéro-normé, conformé, chloroformé, noir, d’origine antillaise, sobre de l’usage comme de la fréquentation de toutes substances stupéfiantes et illégales, éduqué dans le zouk, le Kompa, le Reggae et la Soul par mes parents.

Cependant, depuis quelques semaines maintenant, j’écoute et fais écouter à mon domicile une artiste blanche, américaine, de plus de vingt ans ma cadette que je n’ai jamais rencontrée, qui n’est ni de mon âge ni de mes coutumes et dont les admirateurs se cachent.

Ce n’est pas la première fois que je parle d’elle ( Quand j’écoute de la musique : Lana Del Rey). Et,  je suis en train d’écouter un de ses albums ( Chemtrails Over The Country Club ) alors que je publie cet article.

Cette artiste a un public. Puisque les places pour son premier concert à l’Olympia se seraient vendues en une minute et trente secondes et que toutes les places pour son unique concert en France, cet été, au mois d’Aout, en île de France, se sont rapidement vendues et que certaines réapparaîtront vraisemblablement sur le marché noir avec le bon tempo. Il m’arrive, de temps à autre, de manière impulsive et puérile de « chercher Â» une place pour ce concert prévu cet été.

Je n’ai pas de problème d’appétit ou de sommeil. Je continue d’effectuer mon travail dans des conditions satisfaisantes. Personne, pour l’instant, dans mon entourage proche et limitrophe n’a remarqué de changement notable ou préoccupant dans mon comportement.

J’ai toujours prévu de participer à la troisième édition des 24 heures du Samouraï dans quelques jours, le 17 et le 18 Mai au dojo d’Herblay, comme de me rendre durant trois semaines au Japon cet été au Masters Tour organisé et proposé par Léo Tamaki également à l’œuvre- avec d’autres- dans la préparation des 24 heures du Samouraï ( Les 24 heures du Samouraï au dojo d’Herblay ce 20 et ce 21 Mai 2023, 2ème édition).

 

Sauf que, chaque fois que je parle de cette artiste, autour de moi, et, peu importe l’âge de la personne à qui je m’adresse, les réponses que j’obtiens sont décourageantes malgré les millions d’album vendus. Peut-être qu’il se trouvera, aux 24 heures du Samouraï les 17 et 18 Mai, mais aussi lors du Masters Tour cet été, parmi les participantes et les participants, ainsi que parmi les intervenants, des admiratrices et admirateurs de Lana Del Rey.

Je ferai mon enquête.

Mais, pour l’instant, lorsque, subitement, plein d’espoir, je demande à mon interlocuteur ou à mon interlocutrice :

 Â« Tu connais Lana Del Rey ? » ou sa variante «  Tu aimes la musique de Lana Del Rey ? », j’hérite à chaque fois de la même réponse polie mais aussi imperturbable qu’une esquive ou un ippon :

« Je dois connaître ses deux ou trois tubes… Â».

Ses deux ou trois tubes ? Ce ne sont pas eux qui m’importent. Depuis que je me suis mis à écouter Lana Del Rey par hasard, je n’ai pas encore réécouté ses deux ou trois tubes (Video Games et Born to die).

Pour l’instant, seul le bibliothécaire de mon travail où j’ai emprunté par curiosité, parce-qu’il était devant moi, le dernier album de Lana Del Rey , a comprimé un air de contentement lorsque je lui ai parlé de mon plaisir à l’écouter. Le contentement de celles et ceux qui, rigoureusement et constamment, font de leur mieux pour combattre la routine et l’enfermement sans être pour autant les personnes les plus à l’aise pour converser et pour expliciter une Å“uvre ou un kata. 

Le bibliothécaire ne sera pas présent aux 24 heures du Samouraï 2024 où je serais bien étonné. En tout cas, il ne m’en a pas parlé. Et, moi, non plus.

Alors, je suis, là, comme un mendiant esseulé en train de quêter un quignon de discussion à propos de Lana Del Rey. Je n’ai pas encore opté pour me rapprocher de groupes d’admirateurs de Lana Del Rey. Je reste très conservateur en termes de relations sociales ainsi que très méfiant envers les excès réalisés  grâce aux réseaux sociaux.

Il m’arrive néanmoins, sur le net, d’essayer de dénicher des informations supplémentaires sur ses textes. Bien-sûr, j’ai déjà lu et relu la page wikipédia qui est consacrée à sa biographie. Je ne l’ai pas encore imprimée. Je n’en suis pas à acheter des posters, des mugs ou des tee-shirts à son image ou des éditions spéciales de ses albums (j’ai vu que cela était possible)  car cela ne fait pas partie de mon carburant. Par contre, quand je le peux, au travail ou dans le train, je sors mon baladeur, et, je me mets un petit coup de Lana Del Rey dans les oreilles et dans la tête.

 

Mais peut-être suis-je en train d’endurer un juste châtiment que j’ai mérité car, en me mettant à écouter Lana Del Rey, je suis tombé bien bas alors que j’avais «  tout Â» pour réussir…

C’était mieux avant ?

Hier soir, en effet, un événement vraiment très grave s’est produit.

Plein d’enthousiasme, j’avais commencé à écouter l’un des derniers albums de Marcus Miller, Laid Black (2018). Un album parmi la quarantaine ou cinquantaine (centaine ?) de Cds que j’ai amassés grâce à des emprunts- pour certains prolongés- dans plusieurs médiathèques ces trois dernières semaines ou ces deux derniers mois.

La pochette de l’album Laid Black de Marcus Miller.

Marcus Miller que j’ai vu deux fois en concert. Marcus Miller qui a joué en concert avec Miles Davis à partir de 1981 et qui a composé la plupart de ses derniers titres.

Marcus Miller ! L’un des derniers protégés de Miles !

 Cela se passe bien avec le premier morceau, Trip Trap.

Puis, Que Sera Sera deuxième titre de l’album Laid Black de Marcus Miller, sur lequel chante Selah Sue ( Selah Sue !), a commencé depuis à peine deux minutes que j’en ai assez.

Marcus Miller est devenu depuis des années (peut-être depuis la mort de Miles en 1991) une Majesté musicale illustre et incontournable.

Mais, hier soir, j’ai plaqué Marcus Miller, pour, à la place, remettre dans mon lecteur Cd un  » vulgaire » album de Lana Del Rey :

Norman Fucking Rockwell ! ou NFR ! 

Si j’avais une platine disque, j’aurais effectué exactement les mêmes gestes avec les disques vinyles. Je le sais.

Pourtant, tout, sur la pochette de l’album de Marcus Miller est présent pour me retenir. Le beau visage et le regard direct, conquérant, assuré ou séducteur du « Grand » Marcus Miller avec son beau chapeau et que l’on devine torse nu/Le terme « Black » et le jeu de mot Laid Back-Laid Black et le tampon Blue Note, référence musicale absolue du Jazz.

La pochette de l’album NFR ! ou Norman Fucking Rockwell ! de Lana Del Rey emprunté à la médiathèque de mon travail.

En face, la couverture de l’album de Lana Del Rey, énigmatique, spontanément, me parle et m’attire moins. Cette main tendue de Lana Del Rey vers nous avec ses ongles vernis en jaune. Ce drapeau américain derrière elle. Ce voilier sur la mer et ce jeune homme qui n’est pas Norman Rockwell mais que l’on est poussé à prendre comme tel. Ce ciel au dessus d’eux qui s’avère avoir été peint, détail dont je me suis aperçu seulement lorsque j’ai voulu faire une photo de cette pochette pour cet article.

Si j’avais dû choisir entre les deux albums en me fiant à leurs couvertures, j’aurais opté pour Laid Black de Marcus Miller. Mais même si le visuel d’un artiste est capital, on écoute encore la musique ou, du moins, peut-être que pour moi, ce que j’entends peut encore l’emporter sur ce que je vois d’un artiste musical dans certaines conditions.

Je vais également ajouter que j’ai déjà été « déçu » plusieurs fois par Marcus Miller depuis la mort de Miles Davis. Tant en concert que dans ses albums. J’ai l’impression qu’il jouait mieux lorsqu’il composait pour Miles ou lorsqu’il se mettait à son service. Je trouve que sa maitrise technique mégalomaniaque prend trop de place et que, faute d’alter-ego sur scène et en studio, que sa musique est devenue académique, ennuyante, même si imposante, et qu’elle fait surtout plaisir à celles et ceux qui pensent et intellectualisent la musique beaucoup plus qu’ils ne la ressentent.

Je crois que beaucoup de celles et ceux qui aiment aujourd’hui la musique de Marcus Miller sont aussi identiques à celles et ceux qui se rendent à un Opéra pour s’y montrer et faire œuvre de mondanités. Hyper-intellectualisme et mondanité sont ce que je reproche à Marcus Miller et ce dont, pour l’instant, la musique de Lana Del Rey, me semble encore préservée.

Aujourd’hui, et depuis des années, plus personne, parmi les musiciens expérimentés de poids, aujourd’hui, n’est présent pour exiger de Marcus Miller qu’il fasse montre de créativité. Alors que Lana Del Rey, elle, est encore inspirée. Il est vrai aussi qu’elle est bien plus jeune et que Marcus Miller a mangé tellement de musique et composé pour tellement d’artistes. Je manque peut-être tout simplement de gratitude pour Marcus. Mais je doute que lui soit en attente d’une quelconque gratitude de quiconque. Ou cela signifierait qu’il a pris sa retraite or il ne l’a pas prise. Ou peut-être que je ne comprends plus ou ne suis plus de ses « combats ». L’un de nous deux a vieilli plus que l’autre. Au point qu’aujourd’hui, j’en suis à écouter Lana Del Rey.

J’avais déjà  écouté l’album Norman Fucking Rockwell ! deux ou trois fois. Et, de façon impérieuse, hier soir, j’ai voulu connaître la raison pour laquelle on parlait de cet album comme d’un des chefs-d’œuvre de Lana Del Rey.  Alors que je lui préfère pour l’instant très largement son dernier album Did you know that there’s a tunnel under Ocean Blvd ou son album Lust for Life. Deux albums que j’ai écoutés pour la première fois il y a à peu près un mois maintenant.

 Hier soir, j’ai éteint la lumière, et, dans l’obscurité, assis dans mon fauteuil avec la musique qui sortait des enceintes derrière moi, j’ai réécouté plusieurs des titres de Norman Fucking Rockwell. L’Anglais chanté, je le comprends assez peu alors je n’ai pas tout avalé. Même si Lana Del Rey a un élan vocal, qui, sans être monacal, est beaucoup plus facile à suivre que celui d’un chanteur de Heavy Metal ou d’une rappeuse type Nicki Minaj. Les termes « Bitch Â» et « Fuck Â», lorsqu’ils sont arrivent, sont très faciles à comprendre. Ce n’est pas d’eux dont je parle.

Alors que les plages de Norman Fucking Rockwell  s’étendaient, j’ai repensé au dernier album de l’artiste Adele que j’avais emprunté en même temps que le dernier de Lana Del Rey ainsi qu’à l’album Sorore du trio français Vitaa/Amel Bent/Camélia Jordana. Comparer des artistes et établir entre eux des hiérarchies est trompeur tant leurs univers et leurs intentions peuvent être différentes mais aussi parce-que des artistes qui nous semblent dissemblables peuvent très bien s’entendre :

Bob Marley écoutait James Brown. Miles Davis écoutait Bob Marley, Chopin autant que le zouk de Kassav’. Et Jacques Brel et Johnny Halliday étaient potes. 

Par ailleurs, j’ai appris que bien des chanteuses et des chanteurs de « variétés Â» dont on peut trouver les titres ou les Å“uvres ringards sont souvent beaucoup plus au fait de la musique qu’on ne peut le croire et ont des textes bien plus recherchés que l’idée que l’on s’en fait a priori.  Il se trouve « simplement Â», que, eux, c’est dans le domaine de la variété qu’ils ont pu percer comme d’autres, au cinéma, parviennent à faire une carrière en restant dans le registre ( comique, érotique, spectaculaire ou patibulaire) pour lequel on leur propose invariablement des rôles.

Mais en réentendant le titre Venice Bitch, j’ai eu une idée de ce qui m’entraîne chez Lana Del Rey.

La musicalité, le format.

Lana Del Rey n’a pas peur de la musique. Elle ne fait pas que chanter et jouer avec sa voix en se cramponnant à « son Â» territoire. Sur un de ses titres, elle est capable de citer John Denver et sur un autre  les Kings of Leon mais aussi…Sun Ra. Sur un autre, elle fait un duo avec l’artiste The Weeknd. J’ai aussi « vu Â» (sur internet) qu’elle a chanté en duo avec Billie Eilish mais aussi avec Chris Isaak.

Sur son album Norman Fucking Rockwell (oui, j’ai fait des recherches pour connaître le sens du nom de cet album) le titre Venice Bitch, lui, dure plus de 9 minutes.

Lorsque l’on décide, en tant que chanteuse considérée plus ou moins comme « pop Â» de faire un morceau d’une telle longueur, cela signifie que l’on ne va pas chercher à le calibrer pour en faire un tube destiné aux fuseaux horaires de la radio et des boites de nuit (ou dance floor).

Sur ce titre, Lana Del Rey fait beaucoup mieux que de se contenter de lécher le mot « Bitch Â» pendant neuf minutes. La musique est, là aussi, une particule sonore entière et tentaculaire. Ce n’est pas un bruit de fond ou un prétexte pour « sortir Â» Lana Del Rey de son silence et nous faire entendre la cour de sa jolie voix.

Je ne dirais pas que Venice Bitch va suffire à me faire revoir l’album Norman Fucking Rockwell à la hausse. Par contre, il me confirme que l’artiste Lana Del Rey (qui semble sortir un album tous les deux ans voire presque tous les ans) est tout sauf un artifice. Et, je comprends, lorsqu’on a pris la peine de vraiment l’écouter, que l’on ait plaisir à continuer de le faire.

 

Je crois que Miles serait tout à fait d’accord avec ça. Et, peut-être  Marcus Miller aussi. Lana Del Rey, elle, serait peut-être embarrassée. Ce qui me rendrait sa musique encore plus attachante.

 

Franck Unimon, ce jeudi 9 Mai 2024.

 

 

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En Concert

Mélissa Laveaux en concert à l’Espace 1789 ce 6 octobre 2023

 

Mélissa Laveaux, à l’Espace 1789, le 6 octobre 2023. Photo©Franck.Unimon

Mélissa Laveaux en concert à l’espace 1789 ce 6 octobre 2023

La première fois, sa voix aurait pu sortir d’un coquillage ou d’un nombril posté près du cartilage de mes oreilles. Elle contenait la gnole de l’enfance et ce Créole d’Haïti sur lequel j’avais pu voir danser et dansé dans les soirées antillaises de métropole mais aussi pendant les vacances estivales en Guadeloupe. Comme elle semblait presque miauler et que le Créole Haïtien reste pour moi une langue à ellipses, les paroles de Mélissa Laveaux me paraissaient très éloignées des sujets des œuvres du réalisateur Raoul Peck lorsqu’il parle de leur pays.

L’entrée de l’Espace 1789, ce 6 octobre 2023. Photo©Franck.Unimon

Lorsque, quelques années plus tard, je me suis rendu à ce concert en octobre 2023, à l’Espace 1789 de St Ouen en Seine St Denis, j’avais appris entre-temps que Mélissa Laveaux était largement majeure et plus offensive  que les mélodies de comptines auxquelles certains de ses titres peuvent faire penser. Aussi n’ai-je pas été surpris, à la fois par sa réactivité devant les tentations transphobes d’un des spectateurs comme par la découverte, par celui-ci, que Mélissa Laveaux était autre qu’une artiste « du soleil » venue chauffer l’ambiance de notre début de soirée.

Mélissa Laveaux, à l’Espace 1789, ce 6 octobre 2023. Photo©Franck.Unimon

 

Entre plusieurs chansons, Mélissa Laveaux s’est montrée cultivée, attachée à l’Histoire, presque pédagogique et aussi ironique- ou humoristique- se moquant de manière répétée de cette anxiété assez généralisée qui se dorait, alors, concernant l’invasion des punaises de lit dans la ville de Paris, quelques mois avant l’organisation des Jeux Olympiques de 2024.

 

Mélissa Laveaux et Elise Blanchard ( basse, choeurs), le 6 octobre à l’Espace 1789. Photo©Franck.Unimon
Julien Cavard ( guitare, claviers, flûte, saxophone, choeurs) à l’Espace 1789, ce 6 octobre avec Mélissa Laveaux. Photo©Franck.Unimon
Mélissa Laveaux, ce 6 octobre 2023 à l’Espace 1789. Photo©Franck.Unimon
Mélissa Laveaux à l’Espace 1789, ce 6 octobre 2023. Photo©Franck.Unimon
Martin Wangermée ( batterie), Mélissa Laveaux ( chant, guitare), Julien Cavard ( guitare, clavier, flûte, saxophone, choeurs) et Elise Blanchard ( basse, choeurs) après le concert ce 6 octobre à l’Espace 1789. Photo©Franck.Unimon
Avec Martin Wangermée, batteur, après le concert, ce 6 octobre 2023 à l’Espace 1789. Photo©Franck.Unimon
Avec Elise Blanchard ( basse et choeurs) après le concert à l’Espace 1789, ce 6 octobre. Je sais que j’ai un air peu recommandable mais Elise Blanchard est très bien et je n’ai pas d’autre photo à disposition. Photo©Franck.Unimon
Mélissa Laveaux, après le concert, ce 6 octobre, à l’Espace 1789. Photo©Franck.Unimon

Après le concert, patiemment, Mélissa Laveaux a pris le temps de dédicacer et de vendre ses albums à son public. Ce qui m’a donné la possibilité de trouver un air de ressemblance à une des spectatrices avec l’humoriste Fanny Ruwet. Mais ce n’était pas elle.

 

Mélissa Laveaux a hésité avant de me donner son accord  pour que je sois pris en photo avec elle. Elle a finalement accepté en m’en donnant la raison, personnelle. Et, moi, j’ai alors hésité pour montrer ces quelques photos et pour m’occuper de cet article avant de le lui envoyer comme nous en avions convenu ensemble. Plusieurs mois sont passés depuis et je me suis dit que cet article à propos du concert de Mélissa Laveaux devait être publié sur mon blog comme ceux que j’ai écrits sur d’autres artistes en concert ( Tricky à l’Olympia ce 6 mars 2024, Rhizomes : Quartier Général en concert à la Cave Dimière d’Argenteuil…). Ne serait-ce que pour une question d’égalité.

Avec Mélissa Laveaux, ce 6 octobre 2023 à l’Espace 1789, après le concert. Photo©Franck.Unimon

 

Franck Unimon, ce jeudi 9 Mai 2024.