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En Concert

Marc Crofts Klezmer Ensemble au MAJH ( MusĂ©e d’art et d’histoire du judaĂŻsme) 15 Mai 2025

 

 

Marc Crofts Klezmer Ensemble au MAJH ce 15 Mai 2025. Photo©Franck.Unimon

Marc Crofts Klezmer Ensemble au MAJH ( MusĂ©e d’art et d’histoire du JudaĂŻsme) 15 Mai 2025

Je ne connaissais pas le MAJH pourtant situĂ© dans le quartier du Marais Ă  Paris. Ce 15 Mai 2025, une statue vous interpelle dans la cour, l’épĂ©e brisĂ©e.

Dans la cour intérieure du MAJH ce 15 Mai 2025. Photo©Franck.Unimon

C’est la loyautĂ© du Capitaine Dreyfus ( 1859-1935) dont la mĂ©moire est ici statufiĂ©e.

En venant ici ce jeudi 15 Mai, je « sais Â» ce qui se passe depuis le 7 octobre 2023 en IsraĂ«l et en Palestine. En Palestine et en IsraĂ«l.

Il m’arrive aussi de penser Ă  la sĂ©rie Hatufim de Gideon Raff diffusĂ©e entre 2010 et 2012..

Je ne suis pas juif et je ne vois pas pour quelle raison j’aurais dĂ» l’ĂȘtre spĂ©cifiquement ce soir-lĂ .

Le Klezmer ne fait pas plus partie de mes terres. MĂȘme s’il me reste peut-ĂȘtre encore un peu du film Gadjo Dilo rĂ©alisĂ© en 1997 par Tony Gatlif. Ou du titre Pagamenska du groupe Oi Va Voi Ă©coutĂ© il y a plus d’une quinzaine d’annĂ©es.

Ce 15 Mai 2025, Ă  peu prĂšs libre de toutes mes guerres intĂ©rieures et postĂ©rieures, je viens  Ă©couter de la musique et voir des artistes dont je n’avais jamais entendu parler deux mois plus tĂŽt.

C’est le label Zamora Productions qui m’a mis sur la piste du Marc Crofts Klezmer Ensemble en m’envoyant leur album Urban Myths. Un album dont j’ai croisĂ© un peu les timbres avant de venir les Ă©couter sur scĂšne.

Le label Zamora Productions est Ă©galement engagĂ© derriĂšre les artistes Lagon Nwar, Okali mais aussi sur le dernier album de Rocio Marquez. Des artistes dont j’ai parlĂ© dans d’autres articles. ( Voir Lagon Nwar au cafĂ© de la danse ce 31 mars 2025, et Rocio Marquez au Théùtre Zingaro ) .

A une Ă©poque ou des vedettes musicales comme Billie Eilish, Charli XcX, Rosalia, Theodora, Ronisia ou Little Simz suscitent ferveur populaire au sein des jeunesses ( de 14 Ă  25 ans) en ayant trĂšs peu de musiciens sur scĂšne et toujours des paroles dans leurs compositions, je fais peut-ĂȘtre partie d’un public qui surfe sur un passĂ© de plus en plus Ă©loignĂ© et qui peut encore, les problĂšmes de mĂ©moire aidant, feindre de l’ignorer.

Mais l’amateur de musique que je suis se rappelle que celles et ceux qui savent jouer Ă©coutent et apprĂ©cient souvent des artistes a priori plutĂŽt sĂ©parĂ©s de leur univers. Miles Davis avait Ă©coutĂ© aussi bien du Chopin que le Zouk de Kassav’. Bob Marley avait Ă©coutĂ© James Brown. Nina Simone aurait voulu ĂȘtre une pianiste classique. Johnny Halliday et Jacques Brel Ă©taient trĂšs proches. Gainsbourg Ă©tait connu pour son bagage musical.

Pour ma part, je n’ai pas peur d’écouter des titres sans paroles comme des artistes que je connais Ă  peine.  

Les musiciens du Marc Crofts Klezmer Ensemble sont bien plus jeunes que moi qui suis nĂ© en 1968. Pourtant, Seraphim Von Werra, l’un des musiciens du Marc Crofts Klezmer Ensemble, a un air de Jacques Brel. Mais il ne chantera pas. C’est Marc Crofts qui s’en chargera sur deux ou trois titres en interprĂ©tant non du Jacques Brel mais de la musique Klezmer. C’est aussi lui qui prĂ©sentera les titres avec humour et Ă©rudition, rappelant en cela que la musique est un moteur culturel et de transmission. On en apprendra ainsi un peu sur les titres sans doute bien plus ĂągĂ©s que je ne le suis mais aussi sur les membres de l’ensemble qui, en dehors de ces mythes urbains, ont intĂ©grĂ© des projets musicaux bien diffĂ©rents de celui de ce soir-lĂ .

Sans doute le lieu, sans doute l’acoustique, sans doute l’intimisme de la salle, sans doute les thĂšmes et l’époque Ă©voquĂ©s ou invoquĂ©s ont-ils contribuĂ© Ă  faire de ce concert une page d’évasion et de rĂ©pit. Mais il y a aussi ce plaisir et cette Ă©coute qu’ont eus les musiciens entre eux et qu’il Ă©tait impossible d’égarer. On ne peut que leur souhaiter de continuer de jouer le plus longtemps possible avec une telle belle volontĂ©.

Mon diaporama de ce concert avec un des titres (Rozmarin Nign) du Marc Crofts Klezmer Ensemble sera ma conclusion.

Article et photos©Franck.Unimon.

 

Balistique du quotidien, ce jeudi 26 juin 2025. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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FantÎme de Goût

Paris Tea Festival 15 Juin 2025

Au Paris Tea Festival, Cité Universitaire, ce 15 Juin 2025. Photo©Franck.Unimon

Paris Festival Tea 15 Juin 2025

FantÎme de nos goûts, le thé est une apparition.

A moins qu’il ne soit un peu tout ce que l’on croit, une forme de superstition, une force en apesanteur, selon les tempĂ©ratures oĂč il nous libĂšre.

Quelques heures avant de me rendre au Paris Festival Tea Ă  la CitĂ© Universitaire, j’étais pourtant bien plus terre Ă  terre :

Je n’avais plus envie d’y aller.

Ma journée fournie en déplacements de la veille. Le trajet depuis Argenteuil, ma ville de banlieue.

Un lieu de plus oĂč j’irais gesticuler. Et oĂč j’allais bien-sĂ»r dĂ©penser de l’argent aprĂšs m’ĂȘtre acquittĂ© du droit d’entrĂ©e. Vingt euros pour moi, quinze pour les Ă©tudiants.

Je prévoyais une arnaque. Une manifestation faite pour attirer les gogos.

Au Paris Tea Festival, Cité Universitaire, 15 Juin 2025. Photo©Franck.Unimon

Le thĂ© fait vendre de plus en plus. J’ai lu quelque part sur un site qui lui est consacrĂ© qu’il serait la deuxiĂšme boisson la plus bue dans le Monde aprĂšs l’eau. Cela Ă©tait dĂ©clarĂ© fiĂšrement sans rappeler que sans eau le thĂ© perd beaucoup et aussi que les ressources mondiales en eau s’amenuisent avec la pollution due Ă  la croissance industrielle de nombreux pays, la dĂ©forestation, le gaspillage, le rĂ©chauffement climatique. Et qu’il existe dĂ©jĂ  certaines tensions entre certains pays pour s’accaparer certaines rĂ©serves d’eau telles celles entre l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie.

Mais ce festival, le premier festival de thĂ© auquel je me rendais, Ă©tait d’abord une fenĂȘtre. Et pour puiser mes conclusions, il me fallait aller sur place, passer de l’autre cĂŽtĂ© de mes filtres.

Le thĂ© a commencĂ© pour moi en sachets Lipton Ă  l’adolescence. Pour le petit dĂ©jeuner avec plusieurs morceaux de sucre blanc. Mais aussi avec du miel. Comme alternative aux boissons chocolatĂ©es de mon enfance dont je m’étais lassĂ©.

C’était le chocolat en poudre ou en granulĂ©s avec du lait de vache, dĂ©ja avec des morceaux (jusqu’à quatre) de sucre blanc. Il y a eu l’Ovomaltine, le Nesquik, le Banania, le Benco, le Poulain, rarement le Van Houten. Il y a eu le morceau de beurre qui se foudroie dans le coin du bol de chocolat chaud et que l’on boit. Il y a eu le lait sucrĂ© concentrĂ© auquel on ajoutait  du chocolat en poudre et de l’eau chaude.

Il y a aussi eu un peu de chicorĂ©e, un peu de cafĂ© au lait bien sucrĂ©. Et lors de sĂ©jours en Grande-Bretagne, le thĂ© au lait qui me donnait un peu l’impression de devenir un aristocrate.

Puis, un jour, il y a Ă   peu prĂšs quinze ans, est arrivĂ© le thĂ© en vrac.

Comment ? Pourquoi ?  OĂč ? Qui ? 

Je ne m’en souviens pas. Je ne me souviens pas non plus quand j’ai arrĂȘtĂ© de plonger du sucre dans mon thĂ©.

 Mais je me rappelle du premier magasin oĂč je suis devenu assidu afin d’y acheter du thĂ© en vrac :

La Route du ThĂ© au 5, rue de la Montagne Sainte Genevieve dans le 5Ăšme arrondissement. J’ai dĂ» y entrer par curiositĂ© un jour oĂč j’étais seul dans les environs. J’y retourne encore mĂȘme si, depuis, en parallĂšle, je vais aussi voir ailleurs :

L’ Autre ThĂ©, Le Palais des ThĂ©s ,  Le Conservatoire des HĂ©misphĂšres, Lupicia ainsi que quelques sites. Cette polygamie du thĂ© ne suscite aucun conflit particulier dans ma vie personnelle tant que le thĂ© m’amĂ©liore.  

Je suis aussi passĂ© Ă  Mariage FrĂšres et chez Damman FrĂšres  puisque l’on en parlait beaucoup. J’ai trouvĂ© Mariage FrĂšres cher voire trĂšs cher, plutĂŽt prĂ©tentieux. Une sorte de yacht statique de l’aisance sociale et matĂ©rielle qui ne garantit pas pour autant l’excellence annoncĂ©e. A moins d’ĂȘtre prĂȘt Ă  payer le prix fort pour certains de leurs thĂ©s. Il y a finalement tellement d’histoires comme celle-lĂ  oĂč la suffisance convainc bien des privilĂ©giĂ©s qu’ils ont toujours le meilleur Ă  portĂ©e de main. 

AprĂšs plusieurs annĂ©es de frĂ©quentation de La Route du ThĂ©, j’ai connu chez Mariage FrĂšres pourtant si rĂ©putĂ© une dĂ©sillusion en matiĂšre de Sencha. Il y avait mieux mais il fallait vraiment mettre le prix. Je crois que l’on Ă©tait dans les 90 ou 100 euros ou plus pour cent grammes de thĂ©.

Je n’ai pas peur de payer entre 25 et 40 euros les 50 ou les 100 grammes de thĂ©. Je peux mĂȘme payer encore un peu plus si je suis sĂ»r de l’endroit et de ce que j’ y achĂšte.

Je reste pour l’instant rĂ©servĂ© concernant Damman FrĂšres car j’y suis allĂ© une seule fois de mĂ©moire.

Pour choisir notre thĂ© en vrac, notre nez et notre mĂ©moire gustative comptent autant voire plus que les commentaires et l’assurance de certains vendeurs qui sont Ă  mon avis beaucoup plus des agents commerciaux que de rĂ©els conseillers. Pour peu que l’endroit soit assez luxueux et prĂ©sente bien, on peut avoir l’impression d’entrer dans une bijouterie oĂč l’on est reçu par des orfĂšvres du goĂ»t et d’un vocabulaire millĂ©simĂ© alors qu’il peut s’agir de simples Ă©lĂ©ments de langage et du protocole.

Le vendeur et le gĂ©rant de La Route du ThĂ© oĂč je retourne est originaire d’Afghanistan. Il m’a racontĂ© un peu son histoire et son arrivĂ©e en France Ă  la suite de son frĂšre il y a quelques semaines lorsque je suis allĂ© le rejoindre dans le restaurant vietnamien oĂč il avait l’habitude de dĂ©jeuner. Il m’a offert le repas. J’étais un peu fatiguĂ© et j’avais dĂ©jĂ  un peu dĂ©jeunĂ© mais je n’ai pas refusĂ©. A ce jour, je n’ai pas connu d’expĂ©rience similaire dans les autres maisons de thĂ© que j’ai connues plus rĂ©cemment.

La premiĂšre fois que je suis entrĂ© Ă  La Route du thĂ©, je commençais sans doute dĂ©ja Ă  m’éloigner de plus en plus des grandes surfaces et des magasins bondĂ©s et bruyants oĂč nous sommes des prisonniers en libertĂ© conditionnelle. Nos cellules et nos matricules sont nos cartes bancaires ainsi que nos tĂ©lĂ©phones portables. Nous sommes supposĂ©s choisir et nous faire plaisir alors que nous ne faisons que nous assujettir et nous enfermer un peu plus.

A La Route du thĂ©, il n’y avait pas de queue Ă  la caisse. Pas de foule. Je pouvais prendre le temps de sentir le thĂ© que j’allais acheter. Discuter, me faire conseiller.

J’ai commencĂ© par des thĂ©s aromatisĂ©s. Des thĂ©s noirs. Dont certains ont beaucoup plu Ă  mes collĂšgues tels Les fleurs de feu, Les Cavaliers afghans, Ispahan
.

Et puis, un beau jour, ces thĂ©s se sont tus dans ma bouche. J’ai d’abord cru que c’était une mauvaise production. Le vendeur m’a dĂ©trompĂ©. Quelqu’un m’avait recommandĂ© de boire du thĂ© vert. A moi qui buvais encore du thĂ© noir aromatisĂ© avec du sucre.

Je me suis rappelĂ© d’un collĂšgue qui avait louĂ© le GemmaĂŻcha.

J’ai essayĂ© le GemmaĂŻcha alors que je buvais trĂšs peu de thĂ© vert japonais lors de mon premier sĂ©jour au Japon en 1999 mĂȘme si j’en Ă©tais revenu avec de la cĂ©ramique- que j’ai toujours- mais sans thé .

Aujourd’hui, cela doit faire une dizaine d’annĂ©es que je bois du thĂ© vert japonais. Du Sencha ou du Gyokuro. Je n’arrive pas Ă  me dĂ©loger de ces thĂ©s-lĂ . Je me vois comme un intĂ©griste voire un raciste gustatif en matiĂšre de thĂ©. Car souvent lorsque  j’essaie un autre genre de thĂ© affirmĂ©, je le quitte.

Au Paris Tea Festival ce 15 Juin 2025. Photo©Franck.Unimon

Au Paris Tea Festival, on nous a remis Ă  l’entrĂ©e une petite tasse nous permettant de goĂ»ter Ă  peu prĂšs tous les thĂ©s prĂ©sentĂ©s. J’ai dĂ» approcher entre vingt Ă  quarante thĂ©s. Des thĂ©s noirs, des thĂ©s verts, des thĂ©s d’Afrique, des thĂ©s de Chine, de CorĂ©e du Sud, du Japon, d’Iran.

J’ai croisĂ© un vendeur espagnol qui vivait en Chine depuis une dizaine d’annĂ©es. Un autre d’origine polonaise qui avait vĂ©cu Ă  TaĂŻwan et qui vendait sa cĂ©ramique. Un autre vendeur de cĂ©ramique Ă©tait d’origine tchĂšque. J’ai croisĂ© un Instagrammeur qui publiait rĂ©guliĂšrement Ă  propos des Ă©vĂ©nements liĂ©s au thĂ©. Un spĂ©cialiste du Japon et du thĂ© qui m’a appris que je pouvais le solliciter si je cherchais un article Ă  me faire ramener du Japon.

J’ai discutĂ© pendant un moment avec une des vendeuses, Ă©galement formatrice en thĂ©, des Jardins de GaĂŻa qui a pris le temps de me servir plusieurs thĂ©s ainsi qu’à un autre visiteur comme moi qui « travaille dans la mode Â». C’est avec elle que j’ai dĂ©couvert le shiboridashi.

Au Paris Tea Festival ce 15 Juin 2025. Photo©Franck.Unimon

Plus loin, un revendeur m’a appris que la Bretagne se prĂȘtait bien Ă  la culture du thĂ© vert japonais en raison de son climat et de ses terres acides. Il m’a aussi parlĂ© du dĂ©calage entre la maison de thĂ© qu’il reprĂ©sentait au Paris Festival Tea et certains de leurs agriculteurs partenaires qui privilĂ©giaient la quantitĂ© au lieu de la qualitĂ©. D’autres personnes Ă©taient lĂ  pour prospecter et nouer des contacts en vue de dĂ©velopper leur business. J’ai aussi relevĂ© la place stratĂ©gique occupĂ©e par la marque Brita connue depuis des annĂ©es pour ses carafes filtrantes.

Au Paris Tea Festival ce 15 Juin 2025. Le stand Brita était bien-sûr mieux rangé. Photo©Franck.Unimon

Le Paris Festival Tea a été une opportunité pour présenter la derniÚre nouveauté de la marque Brita.

Venu principalement pour le thĂ©, je n’avais pas envisagĂ© la prĂ©sence de cĂ©ramique. Si j’ai Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© de trouver des artisans ou des revendeurs europĂ©ens qui « proposaient Â» des piĂšces de cĂ©ramique plutĂŽt sĂ©duisantes et rĂ©ussies, deux stands m’ont particuliĂšrement plu dont celui reprĂ©sentant les poteries Hagi Ware d’un Japonais rĂ©sidant aux Pays-Bas depuis 2024 :

Shujiro Tanaka pour le site Tanaka-NL. J’ai appris que la technique Hagi Ware dĂ©coulait du savoir faire de potiers corĂ©ens.

J’ai aussi aimĂ© le travail de Inge Nielsen qui s’inspire de la poterie chinoise et de JĂ©rĂ©my KĂ©ala qui s’inspire, lui, de la poterie japonaise.

MĂȘme si l’univers du thĂ© est un marchĂ© Ă©conomique ( on m’a rappelĂ© la spĂ©culation actuelle Ă  propos du matcha)  qui repose sur la concurrence et des conditions de travail Ă©prouvantes, je trouve rĂ©confortant que dans notre monde de console Nintendo Switch seconde gĂ©nĂ©ration, de jeux en ligne, de vidĂ©os snapchat, de rĂ©seaux sociaux et de tĂ©lĂ©phones portables toujours disponibles et toujours en activitĂ© qu’il y ait des personnes qui prennent le temps de se faire du thĂ© et de se rencontrer Ă  travers lui.

Initialement disposĂ© Ă  rester deux heures au Paris Tea Festival, j’y suis finalement restĂ© plus de quatre heures ! Sans assister Ă  une seule des confĂ©rences ainsi qu’à aucun des ateliers.

Le reste, c’est mon diaporama qui le racontera.

 

Franck Unimon/ Balistique du quotidien, ce mercredi 18 juin 2025.

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self-défense/ Arts Martiaux

Ellis Amdur Ă  AsniĂšres sur Seine ce 24 avril 2025

Ellis Amdur à AsniÚres sur Seine ce 24 avril 2025. Tout au fond, Jean-Marc Chamot. Photo©Franck.Unimon

 

A l’initiative de Jean-Marc Chamot, Ellis Amdur Ă©tait Ă  AsniĂšres sur Seine ce 24 avril 2025. J’ai un ou deux de ses livres chez moi que je n’ai toujours pas pris le temps de lire. Je suis parti avec ma fille assister Ă  ce stage qu’il animait dans le dojo de Jean-Marc Chamot avec celui-ci. Ce qui m’a aussi permis de rencontrer ce dernier pour la premiĂšre fois.

 

J’ai Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© par la stature imposante de Ellis Amdur. Cette particularitĂ© physique mise Ă  part, j’ai vu un homme impliquĂ© dans ce qu’il faisait, rigoureux, au fait de ce qu’il enseignait et nĂ©anmoins accessible.

 

En regardant ces photos et en les choisissant plusieurs semaines plus tard pour cet article, je remarque son regard, sa prĂ©sence et son aisance pour manier son arme avec ses deux mains. Le bokken a beau ĂȘtre une arme factice en bois, on se convainc facilement que dans ses mains celle-ci pourrait tuer ou au moins mutiler.

 

Je crois que le diaporama parlera suffisamment de lui-mĂȘme pour en dire davantage Ă  propos de cette intervention d’Ellis Amdur. C’est en réécoutant tout Ă  l’heure le titre Brothers in Arms du groupe Dire Straits que je me suis senti suffisamment inspirĂ© pour Ă©crire cet article et le publier.

Brothers in Arms date de 1995.  MĂȘme si elle peut parler Ă  tous les Ăąges comme d’autres titres, c’est une chanson de vieillots comme moi , ne nous illusionnons pas. Aujourd’hui, seul Captain America, en sortant de la banquise de son coma, pourrait trouver cette chanson futuriste ou rĂ©volutionnaire. Elle appartient Ă  un autre rĂ©gime musical que celui de l’électro, du Rap et de la Pop qui font dĂ©sormais les tendances musicales les plus courantes. Et on la trouvera trĂšs peu utilisĂ©e sur Tik Tok ou Instagram comme bande son.

Cependant, j’ai estimĂ© que « poser Â» un titre de Charli XCX ou de Lala & Ce avec ce diaporama aurait moins bien collĂ© mĂȘme si j’ai Ă©tĂ© un moment tentĂ© de le faire.

Franck Unimon, ce vendredi 6 juin 2025.

 

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En Concert

Rocio Marquez au Théùtre Zingaro

Rocio Marquez au Théùtre Zingaro, 8 avril 2025. Photo©Franck.Unimon

Rocio Marquez au Théùtre Zingaro

Sourds, nous le sommes devenus. A partir de quand ?

Dans les tumultes devenus nos chambres et nos pensĂ©es, nous l’avons oubliĂ©.

Je ne fais pas exception. Cependant, quelques fois, pour des raisons particuliĂšres, nos cellules s’ouvrent. Nous parvenons Ă  prendre des issues oĂč les limites permutent et oĂč nous Ă©chappons Ă  nos (ab)surditĂ©s derriĂšre lesquelles nous vivons camouflĂ©s la plupart du temps.

Rocio Marquez au Théùtre Zingaro ce 8 avril 2025. Photo©Franck.Unimon

La musique fait partie des substituts de notre mĂ©moire.  Le film Sinners de Ryan Coogler sorti rĂ©cemment nous apprend que la musique est capable de dĂ©chirer le voile qui sĂ©pare les morts des vivants, qu’elle peut guĂ©rir mais qu’elle peut aussi attirer le diable.

Dans Sinners, le Blues est Ă  l’honneur. Cette musique, comme d’autres, sort du ventre. Il s’agit d’un chant braquĂ© au garrot comme le flamenco entendu Ă  travers Rocio Marquez ce 8 avril dernier.

Rocio Marquez au Théùtre Zingaro ce 8 avril 2025. Photo©FrancK.Unimon

Ce 8 avril dernier, plutĂŽt que damnĂ©, j’ai eu l’impression de faire partie des privilĂ©giĂ©s Ă  assister Ă  ce concert sous le chapiteau du théùtre Zingaro lors du festival Fragile. J’avais ratĂ© Rocio Marquez l’annĂ©e derniĂšre lors de ses prestations avec Bronquio pour leur album Tercer Cielo. Je ne voulais pas recommencer pour la sortie de son nouvel album Himno Vertical.

Rocio Marquez au Théùtre Zingaro ce 8 avril 2025. Photo©Franck.Unimon

Franck Unimon, ce 6 Mai 2025.

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Sur scĂšne

Le théùtre Zingaro ce 8 avril 2025

Le théùtre Zingaro, ce 8 avri 2025l aprÚs le concert de Rocio Marquez. Photo©Franck.Unimon

Le théùtre Zingaro ce 8 avril 2025

 

Ils sont lĂ , tout en bois, immobiles. Ils flottent Ă  plusieurs mĂštres au dessus de nous, esprits ou vaisseaux prĂȘts Ă  charger pour ces voyages que nous avions imaginĂ©s. Mais nous les avons abandonnĂ©s ou oubliĂ©s. Par le corps et la peur. Par facilitĂ©, aussi.

Au Théùtre Zingaro, ce 8 avril 2025. Photo©Franck.Unimon

 

Ils ne descendront pas. C’est Ă  nous de percevoir l’éclat qui leur reste et, pour eux et par eux, de faire le nĂ©cessaire avant de renaĂźtre en poussiĂšre.

Sous le chapiteau du théùtre Zingaro, ce 8 avril 2025. Photo©Franck.Unimon

Je ne devrais pas avoir Ă  le dire mais le théùtre Zingaro est un endroit Ă©trange. C’est le contraire d’un supermarchĂ© du divertissement. MĂȘme s’il s’est adaptĂ© Ă  l’économie et Ă  notre environnement commerçant. Mappemonde du Temps, il nous promet ou nous propose encore notre possible affranchissement. Pourvu que l’on soit aussi proche de notre Ă©tat de conscience que l’on peut l’ĂȘtre de la sortie d’une bouche de mĂ©tro.

 Autrement, nous repartirons titubant en continuant Ă  nous Ă©clabousser de nos dĂ©faites et de nos blessures comme nous sommes venus. Mais au moins, nous aurons essayĂ©, ici aussi, de nous libĂ©rer en mettant un pas devant l’autre. Ce sera dĂ©jĂ  mieux que rien.

Pour quelques jours ou quelques heures encore, le festival Fragile se déroute au théùtre Zingaro. Plusieurs artistes y sont déjà passés.

J’ai ratĂ© Mayra Andrade ainsi que MolĂ©cule. Rodolphe Burger, Mehdi Haddab et Sofiane SaĂŻdi, que j’ai dĂ©jĂ  « vus Â», ont fait partie de la liste. Aucune de ces tĂȘtes d’affiche, Ă  ce que je sache, ne fait de publicitĂ© pour une marque de voiture Ă©lectrique ou de slip hybride.

Aucune d’entre elle n’occupe une activitĂ© rĂ©munĂ©rĂ©e d’influenceur ou d’influenceuse sur les rĂ©seaux sociaux. Ces musiciennes, musiciens, chanteuses et chanteurs existent et se produisent sans bling-bling, sans rattrapage visuel, et, pour l’instant, sans intelligence artificielle.

Celles et ceux qui tendent encore l’oreille ou cherchent un peu ont entendu parler d’elles ou d’eux. Pour les autres, c’est l’ignorance. Car ce n’est pas du Rap et c’est peut-ĂȘtre, tout simplement, aussi, une musique « de Â» vieux et « pour Â» les vieux.

Car je suis vieux, c’est Ă©vident. Et, comme beaucoup de vieux, je fais mon maximum pour l’ignorer et pour ne pas me faire repĂ©rer. J’ai un trĂšs bon maquillage. Cependant, comme tous les vieux, je laisse derriĂšre moi un faisceau d’indices qui me ressemblent et me signalent : « Tu vois lĂ -bas, c’est un vieux Â».

Je dois me faire une raison et continuer d’apprendre à me raccorder aux autres tant que cela est possible.

Ce n’est pas facile.

C’est beaucoup plus facile de se faire livrer Ă  domicile d’un simple clic, de suivre la file devant soi mais aussi de s’énivrer d’algorithmes sans file d’attente. Cela m’est encore arrivĂ© rĂ©cemment. J’ai Ă  nouveau pris une bonne cuite d’algorithmes jusqu’à trois heures du matin. Ensuite, je me suis vomi. Je me suis senti minable de m’ĂȘtre laissĂ© aller une nouvelle fois malgrĂ© tout ce que je savais et connaissais dĂ©jĂ  de l’expĂ©rience.

On se dit que l’on va passer juste quelques minutes Ă  regarder pour se distraire un peu. On se convainc que l’on a la maitrise du Temps et qu’on l’a bien mĂ©ritĂ© : Le Temps.

On a encore la capacitĂ© de regarder l’heure qu’il est. Puis, on voit que l’heure passe mais on se rassure. On n’a toujours pas compris que le Temps n’appartenait Ă  personne. Mais ce n’est pas trĂšs grave. On « a Â» du Temps. On se sent bien comme on est. Devant nous passent les images et les « contenus Â» sans dĂ©rangement dĂ©sagrĂ©able ni rupture dans une parfaite, propre – et artificielle- continuitĂ©. Ce qui est tellement diffĂ©rent de ce que l’on vit d’ordinaire ou survient toujours une moisissure et une contrariĂ©tĂ© quelconque mais toujours viscĂ©rale.

Bien-sĂ»r, si l’on faisait le ratio entre le nombre d’heures passĂ©es Ă  regarder ces images et ce que l’on en a retenu, on s’apercevrait que l’on a perdu « notre Â» Temps. Mais dans ces moments-lĂ , on est trĂšs loin d’ĂȘtre fort en calcul mental. Car on est alors beaucoup plus proche d’ĂȘtre d’un « bon Â» cul mental reliĂ© Ă  nos besoins d’état rĂ©gressif et vĂ©gĂ©tatif. Et tout cela grĂące Ă  notre petit Ă©cran que nous pouvons transporter partout oĂč nous allons et oĂč nous le dĂ©cidons.

Mais pour aller au théùtre Zingaro, cela ne marcherait pas.  Car pour s’y rendre, il faut rester sobre, ĂȘtre encore capable de regarder autre chose que son Ă©cran. Etre volontaire pour employer « son Â» temps autrement. Et se dĂ©placer.

Le théùtre Zingaro, ce 8 avril 2025 aprÚs le concert de Rocio Marquez. Photo©Franck.Unimon

Afin d’y voir Rocio Marquez ce 8 avril, je me suis dĂ©placĂ©. Environ trois quarts d’heure de trajet par les transports en commun. De banlieue Ă  banlieue en passant par Paris. Du Val d’Oise Ă  la Seine Saint Denis.

En convenant au prĂ©alable avec ma fille qu’elle resterait Ă  la maison faire ses devoirs le temps que sa mĂšre rentre du travail une Ă  deux heures plus tard. J’aurais vraiment voulu emmener ma fille mais elle avait ses « devoirs Â» pour l’école le lendemain. Pour elle, cette soirĂ©e aurait fini tardivement.

J’ai vraiment bien fait de partir plus tĂŽt. Au théùtre Zingaro, on commence Ă  l’heure. J’ai eu le temps de m’installer, de retrouver cette disposition des tables et des places faite de telle maniĂšre Ă  ce que l’on se sente Ă  l’aise ici mais, aussi, Ă  ce que l’on puisse saluer et converser avec les autres personnes venues comme nous assister au mĂȘme spectacle.

C’est seulement la deuxiĂšme fois que je viens au théùtre Zingaro malgrĂ© ce que j’en avais entendu pendant des annĂ©es. C’est sans doute mieux que rien.

L’ article sur le concert de Rocio Marquez ce 8 avril au théùtre Zingaro est pour bientĂŽt.

Rocio Marquez au théùtre Zingaro, ce 8 avril 2025. Photo©Franck.Unimon

Franck Unimon, ce samedi 12 avril 2025.

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En Concert

Lagon Nwar au café de la danse ce 31 mars 2025

Le Groupe Lagon Nwar au Café de la danse ce lundi 31 mars 2025, Paris. Photo©Franck.Unimon

Lagon Nwar au Café de la danse ce 31 mars 2025

Un texte est une peau dont on se dĂ©barrasse. Et certaines sont plus tenaces que d’autres.

Le 31 mars 2025 aura Ă©tĂ© cette journĂ©e oĂč a eu lieu Ă  l’hĂŽpital Georges Pompidou, Ă  Paris, la quatriĂšme journĂ©e scientifique de la CUMP (cellule d’urgence mĂ©dico psychologique destinĂ©e Ă  s’occuper des victimes de situation sanitaire exceptionnelle et potentiellement psycho-traumatisante) Ă  laquelle je suis allĂ© assister. J’y ai aussi pris des photos. Un peu plus de cent cinquante professionnels de la SantĂ© ( psychologues, infirmiĂšres et infirmiers, psychiatres, autres…) Ă©taient prĂ©sents.

C’est aussi lors de cette journĂ©e que nous avons appris que la meneuse du Rassemblement National (ex Front National), Marine Le Pen, a Ă©tĂ© condamnĂ©e, elle et certains des membres de son parti politique, pour dĂ©tournements rĂ©pĂ©tĂ©s, pendant  plusieurs annĂ©es ( douze), de fonds publics Ă  hauteur de quatre millions d’euros.

Cet argent a été employé pour des emplois fictifs.

Marine Le Pen a dĂ©cidĂ© de faire appel car cette condamnation, si elle s’appliquait, la rendrait inĂ©ligible lors des prochaines Ă©lections PrĂ©sidentielles de 2027.

Elle et ses partisans « menacent » de son innocence. Ils affirment aussi que le rĂ©sultat de ce jugement est « politique » et mensonger et qu’il signifie que la dĂ©mocratie en France est en danger car  elle et ils estiment que c’est elle, la victime du « systĂšme ».

Marine Le Pen a entre autres dĂ©clarĂ© qu’elle ne se laisserait pas faire et a prĂ©cisĂ© :  » Je suis combattive ». 

Les juges qui, eux, ont dĂ©montrĂ© sa culpabilitĂ© sont dĂ©sormais -pour certains d’entre eux dont une femme- sous protection policiĂšre. Car ils sont « coupables » de l’avoir dĂ©clarĂ©e  » coupable », elle, Marine Le Pen, et plusieurs membres et proches de son parti politique. 

Cette « pression » ou cette façon qu’ont Marine Le Pen et ses partisans – sincĂšres ou intĂ©ressĂ©s- de vouloir faire plier et diriger, de façon brutale et autoritaire, le monde et les autres Ă  leur volontĂ©, en cherchant Ă  intimider ou Ă  dĂ©truire, font un peu penser au moins au style du PrĂ©sident amĂ©ricain Donald Trump lorsqu’il avait perdu- et contestĂ©- le rĂ©sultat des prĂ©cĂ©dentes Ă©lections amĂ©ricaines et alors que réélu rĂ©cemment, il veut aujourd’hui rĂ©genter, distribuer et imposer des taxes au monde entier. Comme si le monde Ă©tait une piĂšce montĂ©e dont il serait le pĂątissier et le commerçant et qu’il entendrait la dĂ©couper- et la vendre- comme il l’entendrait en fonction des personnes qu’il aurait dĂ©cidĂ© d’inviter (en leur faisant payer l’accĂšs Ă  son salon ou Ă  son jardin) Ă  son anniversaire.

Mais ce 31 mars 2025, il y a aussi eu heureusement des événements plus réconfortants et plus démocratiques :

il y a aussi eu le concert du groupe Lagon Nwar au Café de la Danse, du cÎté de Bastille, dans un des arrondissements trÚs prisés et festifs de Paris.

Le groupe Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025, au Café de la Danse. Photo©Franck.Unimon

Le CafĂ© de la danse est une belle salle de concert intimiste, trĂšs agrĂ©able, de cinq cents places assises, oĂč la scĂšne est proche et la musique est rĂ©elle, ouverte et sans menaces. C’est en y retournant que je me suis rappelĂ© y ĂȘtre allĂ© une premiĂšre fois une vingtaine d’annĂ©es plus tĂŽt afin d’aller y voir Susheela Raman dont on entend moins parler aujourd’hui. Et le groupe Lagon Nwar est sans doute inconnu pour beaucoup de personnes.

Le groupe Lagon Nwar au Café de la Danse, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

 

Je l’ai connu ou en ai entendu parler parce-que la chanteuse et musicienne rĂ©unionnaise Ann’ O’Aro en fait partie.

 

 

Ann’OAro du groupe Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025 au CafĂ© de la Danse. Photo©Franck.Unimon

J’ai commencĂ© Ă  Ă©couter Ann’ O’Aro Ă  partir de son premier album ( voir l’article Ann O’Aro  ). Et l’annĂ©e derniĂšre, pour la premiĂšre fois, je l’avais vue en concert. J’étais arrivĂ© en retard. Le concert m’avait beaucoup plu. Mais je n’avais pu prendre de photos dans les meilleures conditions.

Je suis allĂ© au concert de Lagon Nwar sans avoir Ă©coutĂ© leur album. Les critiques Ă  son sujet Ă©taient bonnes mais de toute façon, j’étais confiant. Et curieux.

Le groupe Lagon Nwar au Café de la Danse, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Le groupe Lagon Nwar est le rassemblement de plusieurs artistes dĂ©jĂ  rodĂ©s par d’autres projets. La jeune spectatrice d’Ă  peine vingt ans apparemment venue seule de province, groupie du saxophoniste, qui Ă©tait assise Ă  ma droite, m’a ainsi appris que celui-ci jouait avec Clara YsĂ© que je connais pour l’instant uniquement de nom.

Elle m’a d’ailleurs fortement recommandĂ© d’aller voir Clara YsĂ© Ă  l’Olympia en m’informant qu’il ne restait plus beaucoup de places pour son concert.

Le saxophoniste de Lagon Nwar s’appelle Quentin Biardeau et durant la prestation, il s’est aussi occupĂ© des synthĂ©tiseurs. Il est aussi celui qui, dĂšs le dĂ©but, nous a amusĂ© avec son humour :

« On va vous jouer tous les morceaux de l’album et ensuite vous allez l’acheter Â».

Le groupe Lagon Nwar au Café de la Danse, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

A la batterie, au chant et au KoundĂ©, il y avait Marcel BalbonĂ© du Burkina Faso dont l’allure avec ses lunettes noires au dĂ©but du concert faisait penser Ă  une sorte de Stevie Wonder.

 

Le groupe Lagon Nwar au Café de la Danse, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Puis, il y avait Valentin Ceccaldi comme bassiste. Aucun(e) guitariste n’était prĂ©vu et ce « fantĂŽme » ne nous a pas manquĂ© durant le concert puisque dĂšs le dĂ©but, le groupe Lagon Nwar nous a possĂ©dĂ©. Si les critiques de leur album, que j’ai donc achetĂ© aprĂšs leur concert et me suis fait dĂ©dicacĂ© par Ann’ O’Aro, sont trĂšs bonnes, leur concert a Ă©tĂ©, selon moi, bien meilleur.

 

Le groupe Lagon Nwar au Café de la danse, lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Car ces musiciens font partie de ces artistes qui déploient leurs sortilÚges sur scÚne.

Le groupe Okali qui avait assuré leur premiÚre partie était trÚs bon.

Le groupe Okali au Café de la Danse, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Okali, fait de la chanteuse GaĂ«lle Minali d’origine camerounaise et de Florent Sorin pour les instruments, nous ayant donnĂ© une performance simple et toute autant mĂ©morable.

Gaëlle Minali du groupe Okali, Café de la Danse, lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

 Si la voix et la prĂ©sence de GaĂ«lle Minali ont pu toucher aussi par sa puissance et son Ă©lĂ©gance, l’accompagnement musical de Florent Sorin a aussi su faire mouche. Alors qu’il est trĂšs difficile d’assurer une premiĂšre partie et que, pour ma part, je ne m’attendais pas Ă  ĂȘtre aussi agrĂ©ablement surpris par Okali. Et, comme je l’ai ensuite dit Ă  Florent Sorin passĂ© prĂšs de nous, j’aurais facilement « pris » pour quinze Ă  trente minutes de musique supplĂ©mentaire du groupe Okali. Lequel est ensuite restĂ© pour assister comme nous au concert de Lagon Nwar.

Concernant Ann’O’Aro dont la prĂ©sence s’impose mĂȘme lorsqu’elle sort du « chant », je me suis demandĂ© comment une telle captation sonore pouvait par moments sortir d’un si petit corps.

Le groupe Lagon Nwar, lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

25 euros la place pour voir Okali puis Lagon Nwar en me trouvant au premier rang, place non numérotée, à moins de dix mÚtres de la scÚne, en plein Paris ce 31 mars.

J’aime me rappeler ce genre de chiffres et d’heur-eux-montant. Cela a pour moi une fonction et une affection incantatoire. Et me rappelle qu’il n’est pas nĂ©cessaire d’aller se tire-bouchonner pendant des heures Ă  l’entrĂ©e d’une grande salle de concert. Tout cela afin de venir scruter et ausculter sur grand Ă©cran, au milieu des aĂ©ropages multipliĂ©s d’autres buffles comme moi, une artiste ou un artiste dont la place de concert aura coĂ»tĂ© le triple ou le quadruple ou davantage. MĂȘme si l’on sera content, malgrĂ© tout, d’ĂȘtre allĂ© « voir » cet/cette artiste ( voir l’article  Rosalia au festival LOLLAPALOOZA 2023).

Certaines fois, la surpopulation prĂ©sente Ă  certains concerts et festivals peut nous exposer au triple pontage. Surtout si l’on rajoute que ces festivitĂ©s peuvent nous priver d’apporter un peu d’eau pour de prĂ©tendues raisons de sĂ©curitĂ© mais aussi exiger une assez bonne condition physique voire peut-ĂȘtre un peu de matĂ©riel d’alpinisme ou de randonnĂ©e- mais toujours un moyen de paiement infaillible- car elles peuvent aller se nicher Ă  des endroits modĂ©rĂ©ment pratiques d’accĂšs oĂč la pluie et la boue parfois nous apportent en plus leur souffle et leurs secondes peaux.

Rien de cela ce 31 mars dans la salle de concert couverte du CafĂ© de la Danse. Une ambiance dĂ©tendue. Un public qui aurait pu ĂȘtre familial (j’ai aperçu un petit au dĂ©but du concert qui n’avait pas plus de dix ans) et Ann’ O’Aro, comme lors du prĂ©cĂ©dent concert l’annĂ©e derniĂšre, a invitĂ© Ă  la danse. Que ce soit lorsque Ann’ O’Aro ou Marcel BalbonĂ© qui chantent – ensemble ou sĂ©parĂ©ment-dans leur langue natale ou en Français, le public a suivi.

Au concert de Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Il y a mĂȘme eu un spectateur, qui, le temps d’un morceau, s’est fait le premier danseur de tous, parmi nous qui Ă©tions assis, au point que l’on a pu croire que cela avait Ă©tĂ© prĂ©vu par le groupe.

 

 

Au concert de Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

 

Au concert de Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

 

 

Au concert de Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

 

Au concert de Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

D’autres spectateurs sont arrivĂ©s plus tard pour danser. Certains avec Ann’ O’Aro, artĂšre et vigile mobile du groupe.

Cette fois, j’ai rĂ©ussi Ă  desserrer le frein Ă  main car j’ai plus de mal qu’avant Ă  me laisser faire. Je suis parvenu Ă  dĂ©poser mon appareil photo et Ă  quitter mon siĂšge. Je m’en serais voulu d’avoir manquĂ© une fois de plus cette occasion. De seulement continuer d’endurer et d’entretenir cette expĂ©rience quotidienne et exclusive du spectateur.

Un concert oĂč les artistes sont proches, jouent (trĂšs) bien, mieux que sur leur album, et oĂč de l’imprĂ©vu, en plus, reste possible, est un trĂšs bon concert. Un concert que l’on pourrait regretter d’avoir ratĂ©.

Au concert de Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Mais bientĂŽt, je vous parlerai un peu du concert de Rocio MarquĂšz- autre voix tenace et persistante- que je suis depuis allĂ© voir et Ă©couter, enfin, au théùtre Zingaro, alors que je l’avais ratĂ©e l’annĂ©e derniĂšre lorsqu’elle Ă©tait passĂ©e en concert ailleurs avec Bronquio.

 

Franck Unimon, ce jeudi 10 avril 2025.

 

 

 

 

 

 

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Pour les Poissons Rouges

Jorja smith en concert cet été et les détournements de fonds publics de Marine Le Pen

 Jorja Smith en concert cet Ă©tĂ© et les dĂ©tournements de fonds publics de Marine Le Pen

Tout Ă  l’heure, Ă  la Fnac, j’ai eu de la chance. Il y avait peu de monde Ă  faire la queue Ă  la billetterie. Il Ă©tait environ 15h. Un jeudi.

Mais il n’y avait plus de place pour Jorja Smith avec la billetterie de la Fnac. EpuisĂ©. Sold out.

Dans le train pour Argenteuil, sur mon tĂ©lĂ©phone portable, j’ai quand mĂȘme regardĂ© sur la billetterie du festival. Apparemment, il Ă©tait encore possible d’acheter des places.

J’ai voulu me mettre dans les meilleures conditions pour aller voir ce concert. J’ai commencĂ© Ă  regarder la place la plus chĂšre qui nous permet de « chiller Â», d’avoir un espace rĂ©servĂ©, aĂ©rĂ©, et d’ĂȘtre bien placĂ© sur « le cĂŽtĂ© droit de la scĂšne Â» sans avoir besoin de venir trĂšs longtemps Ă  l’avance. 149 euros la place. Ou, plutĂŽt, 149 euros pour le billet de ce samedi 23 aout dans ces conditions.

J’ai hĂ©sitĂ©.

Ce qui m’a fait hĂ©siter, c’est la ribambelle de questionnaires qu’il faut dĂ©sormais remplir chaque fois que l’on veut acheter certains billets pour des spectacles sur internet. Notre nom, notre adresse, notre date de naissance, notre genre sexuel, notre position prĂ©fĂ©rĂ©e, la taille de nos pieds, la date de nos derniĂšres rĂšgles, notre couleur dĂ©testĂ©e, si l’on veut une assurance annulation/remboursement (15 euros, ici).

Au moment de payer, il y avait toujours quelque chose qui coinçait. Ça devait se sentir que je ne me livrais pas sincùrement.

Puis, j’ai rĂ©ussi Ă  passer Ă  l’étape suivante. LĂ  oĂč l’on commençait Ă  me demander les coordonnĂ©es de ma carte bancaire. A ce moment-lĂ , j’étais dans le train. Je me suis dit que je n’allais pas faire ça dans le train. Si j’avais pu payer par paypal, j’aurais peut-ĂȘtre pris la place. 149 euros.

Lorsque je suis arrivĂ© Ă  Argenteuil, quelques minutes plus tard, je me suis dit que l’annĂ©e derniĂšre, j’avais trĂšs bien pu tolĂ©rer de « rater » le concert de Lana Del Rey Ă  l’ouverture du festival Rock en Seine. Je pouvais trĂšs bien recommencer pour Jorja Smith cette annĂ©e. 149 euros.

Pour l’instant, je les ai, ces 149 euros. Sauf que je suis dĂ©jĂ  juste dans mes comptes ce mois-ci. Et nous sommes le 3. Je suis encore crĂ©diteur. Mais il va me falloir faire attention. Ma superbe voiture Ă©lectronique actuellement clouĂ©e sur place – des paramĂštres Ă©lectroniques de sĂ©curitĂ© plus sophistiquĂ©s que moi et que je ne sais pas dĂ©sactiver estiment que je n’ai pas le droit de m’en servir et elle reste stationnĂ©e dans le noir sur la place de parking que je loue–  me coĂ»te 272 euros de crĂ©dit tous les mois. Et, en plus, je paie une assurance spĂ©ciale  de 55 euros mensuels dessus.

Je me suis dit que je pouvais utiliser ces 149 euros mieux. Et autrement.

Si j’avais le fric, si je n’avais pas besoin de faire des acrobaties comptables pour donner ces 149 euros, j’aurais pris ce billet pour voir Jorja Smith entre-autres dans les meilleures conditions possibles. Mais je me suis dit qu’il fallait soit ĂȘtre aisĂ© financiĂšrement, soit renoncer Ă  ses vacances, ĂȘtre nourri, logĂ©, donc vivre encore chez ses parents ou ĂȘtre dĂ©sespĂ©rĂ© pour accepter de donner 149 euros «pour » Jorja Smith.

Mais mes parents sont repartis vivre en Guadeloupe pour leur retraite il y a plusieurs annĂ©es. Et je suis mariĂ© et pĂšre de famille. Il est donc nĂ©cessaire que je m’assume financiĂšrement ne serait-ce que pour donner- un peu- le change. 

Et j’ose encore croire que ma vie vaudra encore quelque chose mĂȘme si je ne « vois » pas Jorja Smith sur scĂšne ce 23 aout 2025. D’ailleurs, c’est elle qui fera tout son possible pour venir me voir. Elle se dĂ©placera sans aucun doute jusqu’Ă  mon domicile aprĂšs sa prestation. Elle prendra un train de la ligne J depuis la gare St Lazare. Elle se sera renseignĂ©e auparavant ou je la guiderai par sms. Et si elle a un empĂȘchement, elle se sentira tenue de me passer un coup de fil. Impossible pour elle de repartir comme ça. Trop douloureux. Car je suis irrĂ©sistible.

 

Le groupe Okali au Café de la danse, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Et puis, un peu de « logique » : ce lundi 31 mars, il y a trois jours, pour voir deux trĂšs bons concerts au CafĂ© de la Danse, prĂšs de Bastille, d’abord  celui du groupe Okali puis du groupe Lagon Nwar avec  entre-autres la chanteuse, musicienne et poĂ©tesse Ann’ O’Aro, il m’a suffi de payer 25 euros. J’étais dans une trĂšs bonne salle de concert, intimiste, assis au premier rang Ă  moins de dix mĂštres de la scĂšne. Et, j’ai pu prendre toutes les photos que je voulais sans ĂȘtre bousculĂ©. 500 personnes maximum, assises et bien disciplinĂ©es au CafĂ© de la danse, contre les milliers de spectatrices et spectateurs debout au festival Rock en Seine en Aout dans quelques mois.

Trois membres du groupe Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025 au café de la danse. Photo©Franck.Unimon

 

Et, ce 8 avril, dans quelques jours, cette fois ce sera sous le chapiteau du Théùtre Zingaro, que j’irai enfin voir la chanteuse Rocio Marquez en concert. Je l’avais ratĂ©e l’annĂ©e derniĂšre en concert lorsqu’elle Ă©tait passĂ©e avec Bronquio.

Je « sais » que le concert de Rocio Marquez sera exceptionnel. Pour ce concert, j’ai pris le tarif le plus cher, me mettant au plus prĂšs de la « scĂšne, avec personne devant moi. Une place assise et numĂ©rotĂ©e. Pour cela, j’ai payé 39 euros.

Rien qu’avec ces deux concerts, je n’atteins toujours pas la barre des 149 euros minimum que me coĂ»terait celui de Jorja Smith et des autres artistes prĂ©sents ce jour-lĂ  Ă  Rock en Seine. Et je sais que j’ai des courses alimentaires Ă  faire, peut-ĂȘtre demain, sur le marchĂ© d’Argenteuil.

MalgrĂ© mes plus de trente annĂ©es- la retraite se rapproche- d’expĂ©rience en tant qu’infirmier psychiatrique qui me valent un salaire supĂ©rieur Ă  celui de mes collĂšgues plus jeunes  (infirmiers mais aussi psychologues) et malgrĂ© le fait que mon pouvoir d’achat reste « dopĂ© » par le fait que ma compagne et moi mettons en commun nos salaires pour nos dĂ©penses, je n’ai pas le droit Ă  l’erreur en matiĂšre de gestion. Mais, comme beaucoup de personnes, j’en fais un certain nombre. Jusqu’à ce que cela ne soit plus possible.

Marine Le Pen, elle, mais aussi un certain nombre de ses électrices et électeurs- dont désormais un certain nombre de soignants- voient ça autrement. Pour eux, les détournements de fonds publics répétés pendant plusieurs années par Marine Le Pen et plusieurs de ses relations et proches de son parti sont inventés par « le systÚme » ou sont des informations dérisoires. Des manoeuvres destinées à éviter les « vrais » sujets.

Plus de 4 millions d’euros de fonds publics ont Ă©tĂ© dĂ©tournĂ©s. C’est une des conclusions apportĂ©es par le tribunal correctionnel rĂ©cemment.

Mais selon Marine Le Pen et ses « partisans », cela serait des mensonges ou une Kabbale contre elle car elle est si proche du but : devenir PrĂ©sidente de la RĂ©publique. 

Pour elle et son camp, « le systĂšme a sorti ( ou employĂ©) la bombe nuclĂ©aire » contre eux. 

Pourtant, je pense que jusqu’Ă  maintenant, Marine Le Pen avait beaucoup flirtĂ© avec la justice et s’en Ă©tait toujours trĂšs bien tirĂ©e jusque lĂ . Elle a dĂ» se croire dĂ©finitivement immunisĂ©e contre ses lois.

Je pense aussi que Marine Le Pen aime le fric. Et qu’elle en a dĂ©jĂ  pas mal. Or, les Ă©lectrices et les Ă©lecteurs qui votent pour elle ont tendance Ă  le minimiser.  Entre- autres parce qu’ils sont en colĂšre et ont reportĂ© sur elle beaucoup de leurs espoirs.

Je pense que bien des Ă©lectrices et des Ă©lecteurs en manque de pouvoir d’achat et de reconnaissance sociale ou autre croient que Marine Le Pen est comme eux et vit comme eux. Ou pour eux.

Non, elle n’est pas comme eux. Tout Ă  l’heure, j’ai repensĂ© Ă  ces images que j’avais pu voir de Marine Le Pen il y a quelques annĂ©es alors qu’elle passait ses vacances en ThaĂŻlande. J’avais trouvĂ© paradoxal que cette personne et cette figure politique frontale qui ne voit que par la France pour les Français parte passer des vacances en ThaĂŻlande, dans un pays Ă©tranger et d’étrangers. Au lieu de les passer en France. 

Aujourd’hui, j’aurais tendance Ă  croire qu’elle y Ă©tait sĂ»rement en vacances comme le colon peut ĂȘtre en vacances dans un pays Ă©tranger. En infantilisant les autochtones, en les rĂ©sumant Ă  leurs apparences, en feignant de les trouver sympathiques dĂšs l’instant oĂč ils restent Ă  leur place contrairement Ă  ce qui se passe dans le film Parasites. 

 Je crois qu’elle Ă©tait venue chercher en ThaĂŻlande du tourisme rĂ©crĂ©atif  et superficiel  ambiance club med et lambada. MĂȘme si la lambada est sĂ»rement peu prisĂ©e en ThaĂŻlande.

J’ai beaucoup de mal Ă  l’imaginer allant vĂ©ritablement Ă  la rencontre des autres. Je la vois plutĂŽt comme la vacanciĂšre  restant dans sa bulle de champagne avec des gens comme elle et pensant comme elle, se faisant bronzer dans un transat ou participant Ă  des safaris et Ă  des sauteries pour touristes prĂ©servĂ©s.

 Je ne la vois pas partant faire du trek Ă  pied, faisant du stop, lavant ses chaussettes et ses culottes Ă  la main ou allant se recueillir dans un quelconque monastĂšre qu’elle aurait atteint Ă  la sueur de son front aprĂšs avoir gravi 10 000 marches  afin d’y pratiquer l’introspection. A moins d’y avoir Ă©tĂ© menĂ©e et Ă©ventĂ©e par des porteurs- Ă©trangers- tout le trajet durant.

Enfin, je doute que ses vacances en ThaĂŻlande aient Ă©tĂ© les mĂȘmes que celles que puissent s’offrir un bon nombre de ses Ă©lectrices et ses Ă©lecteurs.

Je ne peux imaginer Marine Le Pen que dans des hĂŽtels de luxe ou du personnel se plie au doigt et Ă  l’Ɠil  devant toutes ses volontĂ©s pendant qu’elle maintient ses doigts de pied en Ă©ventail et qu’une ou deux manucures Ă©trangĂšres s’en occupent avec application.

Cependant, je ne crois pas particuliĂšrement que les jeunes et moins jeunes qui iront piĂ©tiner Ă  Rock en Seine cette annĂ©e votent plus que d’autres pour Marine Le Pen ou Eric Zemmour ou Marion MarĂ©chal ou Bruno Retailleau ou Eric Ciotti. Par contre, je crois qu’à ma place ( elle et moi avons un ou deux ans d’écart), Marine Le Pen aurait payĂ© cette place de 149 euros pour aller voir Jorja Smith ou se la serait faite offrir. D’ailleurs, le festival se dĂ©roule dans la ville de St Cloud. Ce n’est pas trĂšs loin de sa maison et de sa cellule familiale. Elle s’y rendra peut-ĂȘtre tandis que moi, soit je resterai Ă  Argenteuil ce jour-lĂ , soit je serai au travail finalement afin de pouvoir continuer de payer mes charges et mes crĂ©dits. Et je ne crois pas un moment, et ne le souhaite pas, qu’elle viendra me voir ou me passera le moindre coup de fil. 

Franck Unimon, ce jeudi 3 avril 2025. 

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English version

Parent’s Praise

 

Photography©Franck.Unimon

Parent’s Praise

I readily accept that other parents may be “ better” than I am with their children.

My work day ended at midnight yesterday. I was back home and became a father again this morning. I did my best.

This morning, when my daughter saw me standing up, she walked towards me, smiling, and said:

“ I Just wanted to give you a kiss” or “ I wanted to hold you in my arms”.

My daughter came to hug me and fell on me. When this kind of moment comes, many parents like me are pleased. They tell themselves that they have been good parents since the birth of their children. They think everything is fine. They may also consider that it is really worth being parents. Despite the work and all the commitments that this may involve.

How many true joys do we live in one existence ?  How many joys, at first superb, turn out to be false, derisory, disappointing, deleterious or funereal ?

The attachment of a child is hardly questionable. It is always or often “right”, massive, without calculation, immediate and at the same time very surprising. But also temporary.

Because we are not always available. We are not always well-inspired and well-disposed as parents. As parents and individuals officially “responsible”, “mature” and “ conscious”, we have a number of injunctions and dead ends in our heads. Injunctions and dead ends that we as parents must “ inculcate”.

Injunctions and dead ends that we as parents must also know how to preserve them from.

Preserving them.

To “ make” children, we stop using condoms and any other contraceptive means. And once our children are sown, taken from the “void”, born, present and exposed, we as parents must also know how to preserve them.

We must know how to prevent them.

This morning, I did everything to be as receptive as possible when my daughter was telling me of her good mood and her very good disposition towards me. We were the first day of the weekend, on Saturday. The time of week when she is not at school and even though she has her homework, she will be able to relax and spend time with her parents. Since this weekend, I do not work.

So I listened and looked at my daughter. I also had to do some storage reminders. The two packets of paper tissues and the two sheets I had seen near her school bag were not to remain on the floor.

But it all went well. My daughter went to her swimming class with her mother. And I, “ the match by the fire”, I didn’t get angry. I started my breakfast trying to estimate the time at my fingertips so that I could take some time to write or perhaps go to the market next door.

I did not tell my daughter and my partner about my work day the day before. I tell them little about my work. I usually choose to distinguish between the two worlds. Professional and personal. The mental and emotional. Even if the two atmospheres certainly permeate me. I separate them or do my best to separate them when I am in either. It’s about finding ways out.

But this morning, I was thinking about this almost 15-year old who came out of football training last night and got stabbed in the shoulder to have his mobile phone stolen.

Aorta ruptured. Three cardiac arrests. I heard the news last night while at work. It happened between 8 p.m and 9 p.m.

Despite the mysterious pulmonary embolism I had in late 2023, cardiac arrest is not my field. But I work in a kind of open space where you can see and hear almost in real time the situations announced and the means deployed to deal with them. And then, before I went into psychiatry in 1992, I had first been a trained nurse for somatic care.

The young man was attacked in a good or very good district of Paris. This information was publicized a few hours later.

Almost 15 years old, stabbed for a mobile phone. Both attackers were reportedly arrested.

I imagine two boys slightly older than the victim. I would say:

No more than 20 years old and having already assaulted other people or having a criminal record.

I thought that you really had to live day by day, and again, to hope to get through life by stealing mobile phones until you were ready to kill, pardon, to attack with a knife, for that.

We are really in the immediate result by breaking into, at all costs. For a mobile phone, one is ready to put in shreds younger by stabbing.

The victim’s life is ruined. That of the parents ( who were present at the hospital where their son was) is ruined. The lives of relatives and witnesses may also be ruined. For a mobile phone that will now remain unconnected, offline and in evidence.

Perhaps some people – now rather old at least- still remember the Nokia advertising when the mobile phone was first marketed to the general public in the 1990s. It said :

“Connecting People
”.

The anger of parents and relatives will prevent them from seeing that the life of the aggressors is probably as messed up or was already.

Last night, I tried to imagine what my father’s attitude would be in front of these two attackers. I thought maybe I’d go visit one of the two men regularly in the parlor, in prison, after the conviction. Let’s say once a month. To look at him, to listen to him. To inflict the true sentence on him. To humanize or re-humanize him. To talk about my daughter. Show him two or three pictures of her. One of her, small, against me, and a recent before her death after being stabbed for a mobile phone.

On the street, unless you’re in a settling of scores where you see the other as an enemy or an official rival who takes that status, I think the aggressors most often go after strangers. People they have never seen and will never see again in principle because they live in very different areas and rhythms even opposed and they cross each other by “ opportunism” of for predatory purposes ( here for aggression). Which is very practical to “forget” or trivialize the event since we do not see again or more, “ in principle”, the victim. So we have less to confront with the violence of what we did. We can be all the more convinced that this is part of the past or that the victim has not suffered too much or that she/he will recover from it since we do not have to witness her/his agony.

But I’m probably going too far. The parents and relatives of the young person will be angry and will stay there, for some, for years, so as not to get depressed.

How do you get over that as a parent ? While everything was going well or better where it was going as usual, in an instant, because he was on this street rather than another one, their son got stabbed in the middle of Paris.

No parent can prepare for that. Nor can you keep your child in the same place all the time. So being a parent is a gamble. Nothing is definitively assured despite encouraging promises and all the parental work committed from the beginning. After several years, all this suddenly explodes in your face and throughout your body like a pressure cooker. And, in front of you, there are the aggressors or perpetrators ( people you had never seen, never met before) when they are arrested and tried, who force you to brutally take knowledge of this :

You must trade the oppressive disappearance of a loved one, educated and chosen ( your child) for the imposed and incongruous presence of these strangers. Individuals you have never invoked nor chosen and on whom you will have to rely through their story. A story that you will have to endure and discover during their trial when there is one.

Photography©Franck.Unimon

Franck Unimon, Monday 27  of January 2025 for the English version based on the French version of Saturday 25 January 2025.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Eloge des parents

Photo©Franck.Unimon

Eloge des parents

 

J’admets trĂšs facilement que d’autres parents puissent ĂȘtre «meilleurs » que moi avec leurs enfants. 

AprĂšs ma journĂ©e de travail terminĂ©e hier soir Ă  minuit, je suis redevenu un pĂšre ce matin. J’ai fait comme j’ai pu. 

Lorsque ce matin, ma fille m’a vu debout, elle s’est engagĂ©e vers moi, souriante, en me disant :

« Justement, je voulais te faire un bisou Â» ou «  Je voulais te prendre dans mes bras Â».

Ma fille est venue me faire un cĂąlin en se plaquant contre moi. Lorsque ce genre de moment arrive, beaucoup de parents, comme moi, sont plutĂŽt contents ou satisfaits. Ils se disent que tout ce qu’ils ont fait et font depuis la naissance de leurs enfants a portĂ© ou porte.

Ils se disent qu’ils sont des « bons Â» parents et que tout va bien. Ils peuvent aussi se dire qu’ĂȘtre parent, cela vaut vraiment le coup. MalgrĂ© le travail et tous les engagements que cela peut impliquer.

Combien de joies vĂ©ritables vivons-nous dans une existence ? Combien de joies, en prime abord, superbes, s’avĂšrent-elles ensuite factices, dĂ©risoires, dĂ©cevantes, dĂ©lĂ©tĂšres ou funĂšbres ?

L’attachement d’un enfant, c’est difficilement contestable. C’est toujours ou souvent « juste Â», massif, sans calcul, spontanĂ©, immĂ©diat et en mĂȘme temps trĂšs surprenant.

Mais également passager.

Car nous ne sommes pas toujours disponibles. Nous ne sommes pas toujours bien inspirés et bien disposés en tant que parents.

En tant que parents et individus officiellement « responsables », «mĂ»rs » et « conscients », nous avons un certain nombre d’injonctions et d’impasses dans la tĂȘte dont, en principe, l’enfant est encore dĂ©livrĂ© ou dĂ©sintĂ©ressĂ©. Des injonctions et des impasses qu’en tant que parents nous devons leur « inculquer » mais Ă  des dosages et des frĂ©quences supportables. Des injonctions et des impasses dont nous devons aussi, en tant que parents, savoir les prĂ©server.

 

Les préserver.

 

On cesse d’utiliser un prĂ©servatif et tout moyen contraceptif pour faire des enfants et, une fois, qu’ils sont semĂ©s, prĂ©levĂ©s du nĂ©ant, nĂ©s, prĂ©sents et exposĂ©s, il nous faut aussi, en tant que parents, savoir les prĂ©server.

 

Savoir les prévenir.

 

Ce matin, j’ai tout fait pour ĂȘtre aussi rĂ©ceptif que possible lorsque ma fille me faisait part de sa bonne humeur et de ses trĂšs bonnes dispositions Ă  mon Ă©gard. Nous Ă©tions le premier jour du week-end, le samedi. La pĂ©riode de la semaine oĂč elle n’a pas Ă©cole et oĂč, mĂȘme si elle a ses devoirs scolaires Ă  faire, elle va pouvoir aussi se relĂącher et passer du temps avec ses parents. Puisque ce week-end, je ne travaille pas.

 

Je l’ai donc regardĂ©e et Ă©coutĂ©e. J’ai aussi dĂ» faire quelques rappels de rangement. Les deux paquets de mouchoirs en papier et les deux feuilles que j’avais aperçus prĂšs de son sac d’école ne devaient pas rester par terre dans le salon.

 

Mais tout s’est bien passĂ©. Ma fille est partie dĂ©tendue Ă  son cours de piscine avec sa mĂšre et , moi, «  l’allumette prĂšs du feu Â», je ne me suis pas fĂąchĂ©.

j’ai commencĂ© Ă  prendre mon petit dĂ©jeuner en essayant d’évaluer le temps Ă  ma portĂ©e afin de prendre le temps d’écrire ou, peut-ĂȘtre, d’aller sur le marchĂ© Ă  cĂŽtĂ© de chez nous.

 

Je n’ai pas parlĂ© Ă  ma fille ni Ă  ma compagne de ma journĂ©e de travail de la veille. Je leur parle assez peu de mon travail. J’opte gĂ©nĂ©ralement pour bien distinguer les deux univers. Le professionnel et le personnel. Le mental et l’émotionnel.

 

MĂȘme si les deux atmosphĂšres m’imprĂšgnent bien sĂ»r, je les disjoins ou fais de mon mieux afin de les sĂ©parer lorsque je me trouve dans l’une ou l’autre. Il s’agit de savoir se mĂ©nager des issues.

 

Mais ce matin encore, je repensais Ă  ce jeune de presque 15 ans, qui, hier soir, sortait de son entraĂźnement de football et qui s’est fait planter Ă  l’épaule pour se faire voler son tĂ©lĂ©phone portable. Rupture de l’aorte. Trois arrĂȘts cardiaques.

J’ai entendu la « nouvelle Â» hier soir, alors que j’étais au travail. C’est arrivĂ© entre 20 heures et 21 heures.

 

MalgrĂ© la mystĂ©rieuse embolie pulmonaire ( Le mystĂšre du Covid : Covid et embolie pulmonaire ) que j’ai faite fin 2023, Les arrĂȘts cardiaques ne sont pas mon domaine. Mais je travaille dans une sorte d’Open Space oĂč l’on assiste et entend presque en temps rĂ©el les situations annoncĂ©es et les moyens dĂ©ployĂ©s pour y faire face. Et puis, avant d’opter pour la psychiatrie Ă  partir de 1992, j’avais d’abord Ă©tĂ© un infirmier formĂ© pour les soins somatiques.

 

Le jeune s’est fait agresser non « loin Â» du lieu de travail de ses parents qui ont une situation sociale plutĂŽt Ă©levĂ©e. Dans un bon voire un trĂšs bon arrondissement de Paris.

 

Vers 23h30, hier soir, je suis allĂ© voir le collĂšgue mĂ©decin chef urgentiste le plus expĂ©rimentĂ© pour lui demander des « nouvelles». Celui-ci m’a confirmĂ© que le pronostic vital Ă©tait mauvais voire trĂšs mauvais.

 

Presque 15 ans, planté à coups de couteau pour un téléphone portable.

 

Les deux agresseurs auraient Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s. J’imagine deux garçons Ă  peine plus ĂągĂ©s que la victime. Je dirais : pas plus de 20 ans et ayant dĂ©jĂ  agressĂ© d’autres personnes ou ayant dĂ©jĂ  un casier judiciaire.

 

Je me suis dit qu’il fallait vraiment vivre au jour le jour, et encore, pour espĂ©rer s’en sortir dans la vie en volant des tĂ©lĂ©phones portables jusqu’à ĂȘtre prĂȘt Ă  tuer, pardon, Ă  agresser Ă  coups de couteau, pour cela. On est vraiment dans le rĂ©sultat immĂ©diat par effraction, coĂ»te que coĂ»te. Pour un tĂ©lĂ©phone portable, on est prĂȘt Ă  mettre en charpie un plus jeune Ă  coups de couteau.

 

La vie de la victime est bousillĂ©e. Celle des parents (qui Ă©taient prĂ©sents hier soir Ă  l’hĂŽpital oĂč se trouvait leur fils) est bousillĂ©e. Celle des proches et ou de certains tĂ©moins est peut-ĂȘtre aussi bousillĂ©e. Pour un tĂ©lĂ©phone portable qui restera dĂ©sormais sans rĂ©seau, hors connexion, et Ă  l’état de piĂšce Ă  conviction.

 

La colĂšre des parents et des proches les empĂȘchera de voir que la vie des agresseurs est sans doute aussi bousillĂ©e ou qu’elle l’était dĂ©jĂ  auparavant.

Cette nuit, j’ai un peu essayĂ© d’imaginer quelle serait mon attitude de pĂšre devant ces deux agresseurs. Je me suis dit que j’irais peut-ĂȘtre visiter l’un des deux rĂ©guliĂšrement au parloir, en prison, aprĂšs la condamnation. Disons, une fois par mois. Pour le regarder, l’écouter. Pour lui infliger sans doute la vraie sentence. Pour l’humaniser ou le rĂ©-humaniser.

Pour lui parler de ma fille. Lui montrer deux ou trois photos d’elle. Une d’elle, petite, contre moi et une rĂ©cente avant sa mort aprĂšs avoir reçu des coups de couteau. Pour un tĂ©lĂ©phone portable.

Dans la rue, Ă  moins d’ĂȘtre dans un rĂšglement de comptes oĂč l’on voit l’autre comme un ennemi officiel qui accepte ou qui endosse ce statut, je crois que les agresseurs s’en prennent le plus souvent Ă  des inconnus. Des personnes qu’ils n’ont jamais vues et qu’ils ne reverront en principe jamais puisqu’ils vivent dans des aires et des rythmes trĂšs diffĂ©rents voire opposĂ©s et qu’ils se croisent soit par « opportunisme » ou Ă  des buts de prĂ©dation (ici, pour l’agression). Ce qui est bien pratique pour « oublier » ou banaliser ensuite l’évĂ©nement puisque l’on ne revoit pas ou plus, « en principe », la victime. On a donc moins Ă  se confronter Ă  la violence de ce que l’on a fait. On peut d’autant plus se convaincre que cela fait partie du passĂ© ou que la victime n’a pas trop souffert ou qu’elle s’en remettra puisque l’on n’a pas Ă  assister Ă  son agonie.

 

Mais je vais sans doute beaucoup trop loin. Les parents et les proches du jeune seront dans la colÚre et y resteront, pour certains, pendant des années, afin de ne pas déprimer.

 

Comment peut-on se relever de ça en tant que parents ? Alors que tout allait bien ou mieux oĂč se dĂ©roulait comme d’habitude, en un instant, parce qu’il Ă©tait dans cette rue-lĂ  plutĂŽt que dans une autre, leur fils s’est fait poignarder en plein Paris.

 

Aucun parent ne peut se prĂ©parer Ă  ça. Et on ne peut pas non plus couver son enfant en permanence. Etre parent reste donc un pari. Rien n’est dĂ©finitivement assurĂ© malgrĂ© des promesses encourageantes et tout le travail parental engagĂ© depuis le dĂ©but.  AprĂšs plusieurs annĂ©es, tout cela vous explose subitement en plein visage ainsi que dans tout le corps telle une cocotte- minute. Et face Ă  vous, il y a les agresseurs ou les auteurs de l’acte (des gens que vous n’aviez jamais vus, jamais rencontrĂ©s) lorsqu’ils sont arrĂȘtĂ©s et jugĂ©s, qui vous obligent Ă  prendre violemment conscience de ça :

 

 Il vous faut troquer la disparition brutale d’un ĂȘtre cher, Ă©duquĂ© et choisi (votre enfant) contre la prĂ©sence imposĂ©e de ces inconnus que vous n’avez pas choisis, sur lesquels vous allez devoir en quelque sorte vous appuyer, et qu’il vous faut dĂ©couvrir, Ă©couter et regarder lors de leur procĂšs lorsqu’il y en a un.

Photo©Franck.Unimon

Franck Unimon, samedi 25 janvier 2025.

 

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Soixante photos du Japon juillet 2024/ Sixty shots of Japan July 2024

 

 

Soixante photos du Japon Juillet 2024/ Sixty shots of Japan July 2024

Inosaki, Himeji, Tokyo, Kyoto, Hiroshima, Kurashiki
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Quelques mois aprĂšs mon second sĂ©jour au Japon, je retourne sur les talons de ces photos que j’y ai prises durant ces trois semaines. Ni dĂ©tresse ni nostalgie dans ces instants qui m’inspirent ce « retour Â».

Il faut bien quelques semaines, quelques mois voire quelques annĂ©es pour pouvoir mieux regarder certains moments. Et celles et ceux qui savent prendre leur temps comme leur pouls le comprendront certainement. Pour les autres, cela viendra peut-ĂȘtre plus tard. J’ai dĂ©jĂ  publiĂ© au moins deux articles sur mon blog sur ce sĂ©jour que je dois cette fois-ci au Masters Tour proposĂ© et organisĂ© depuis plusieurs annĂ©es par LĂ©o Tamaki. Mais cette fois, c’est peut-ĂȘtre le moment de faire autrement la synthĂšse de ce que j’ai vĂ©cu lors de ce sĂ©jour au Japon.

 

En 1999, lors de mon premier voyage au Japon, les rĂ©seaux sociaux n’existaient pas et les tĂ©lĂ©phones portables que nous avions ne permettaient pas de naviguer sur internet, de filmer ou de prendre des photos. Et je n’avais pas de blog. Il me reste les photos papier de ce sĂ©jour ainsi que divers objets, impressions et souvenirs que j’en avais rapportĂ©s. Mais je n’avais rien Ă©crit ni publiĂ©.

Aujourd’hui, c’est diffĂ©rent. Nous pouvons presque quotidiennement faire savoir Ă  d’autres personnes quel grand gĂ©nie nous sommes et la chance qu’elles ont toutes de nous connaĂźtre, jour aprĂšs jour. MĂȘme s’il est parfois nĂ©cessaire de savoir le leur rappeler rĂ©guliĂšrement :

Les meilleures rĂ©ussites comme les pires initiatives peuvent dĂ©sormais se diffuser vingt quatre heures sur vingt quatre sur les rĂ©seaux sociaux et sur le net en un tour de piste. Certaines de ces derniĂšres sont tenaces et rĂ©pĂ©titives tandis que les premiĂšres peuvent rapidement se faire avaler par cette obligation et cette obsession de la nouveautĂ© et d’originalitĂ© censĂ©es dĂ©finir la valeur de notre personnalitĂ© et de notre vie.

Il n’existe pas de sĂ©rum dĂ©finitif Ă  ce sĂ©bum narcissique. On peut s’assagir et ĂȘtre lucide quelques temps puis recommencer Ă  gesticuler dans le courant environnant. Car cela signifie aussi que l’on est une personne « normale Â» jusqu’à un certain point : que l’on ressemble Ă  une majoritĂ©.

Lorsque l’on dĂ©cide de se rendre au Japon pour quelques semaines en partant de la France, on « sait Â» que l’on multiplie les probabilitĂ©s pour s’extraire de ce que l’on connaĂźt et peut-ĂȘtre de ce que l’on est habituellement en France ou en occident.

La langue et les codes sociaux sont différents, les croyances aussi sans doute.

L’Anglais d’Oxford ou d’ailleurs y reste assez peu parlĂ© et l’Espagnol ou le CrĂ©ole n’y seront d’aucune aide. On y est quelque peu dĂ©pouillĂ©. Mais pas toujours de ce que l’on croit. Car il se peut que l’on se fasse dĂ©pouiller, comme lors de tout vĂ©ritable voyage et de toute vĂ©ritable rencontre, d’une partie de nos insuffisantes connaissances sur le monde sur celles et ceux qui nous entourent et, bien-sĂ»r, sur nous-mĂȘmes.

J’ai Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© aprĂšs mon retour du Japon qu’il me soit demandĂ© par plusieurs personnes si j’y avais bien mangĂ©. J’ai eu l’impression que c’était la premiĂšre fois, aprĂšs un de mes voyages, que l’on avait autant besoin de s’assurer que l’on y mangeait bien.

Je peux rĂ©pondre Ă  nouveau que j’ai trĂšs facilement trouvĂ© de quoi me satisfaire d’un point de vue alimentaire sur le territoire nippon. Et que je n’ai pas eu Ă  errer dans des bas fonds interlopes afin de trouver des dealers mafieux Ă  mĂȘme de me revendre au marchĂ© noir des denrĂ©es alimentaires typiquement françaises que je puisse serrer dans mes bras avant de les confier Ă  mon estomac.  

Cet Ă©tĂ©, j’ai bien remarquĂ© sur place que le Japon Ă©tait en effet devenu une destination plus touristique qu’en 1999. Lors de mon premier voyage, les touristes Ă©taient « clairsemĂ©s Â» et j’en avais peu rencontrĂ©. Cette annĂ©e, il Ă©tait plus frĂ©quent d’en croiser. Et Ă  la gare de Kyoto, j’ai mĂȘme eu la surprise de tomber sur une famille de compatriotes guadeloupĂ©ens qui se promenait dans les galeries commerçantes.

Il faut nĂ©anmoins prĂ©ciser que cette annĂ©e, notre sĂ©jour s’est dĂ©roulĂ© en pleine pĂ©riode touristique, lors du mois de juillet alors qu’en 1999, j’étais venu en septembre.

J’ai aussi trouvĂ© qu’il y avait nettement plus de ressortissants chinois, qu’ils soient simples touristes ou habitants. Cela m’a marquĂ© compte-tenu des diffĂ©rends culturels et politiques qui peuvent exister ou ont pu exister entre la Chine et le Japon.

Le Japon est un pays riche et ambitieux tant historiquement, culturellement qu’économiquement. AppelĂ© «  Le pays du Soleil Levant Â», il est peut-ĂȘtre aussi le pays des contraires ordonnĂ©s. 

Aussi, soixante photos dans un diaporama afin de laisser le meilleur aperçu possible de ce sĂ©jour au Japon, c’est assez peu. Mais je crois que l’on dit qu’une image vaut autant que dix mille mots. Il est possible que je me sois trompĂ© sur le chiffre exact. Je sais par contre qu’au dĂ©part, ce diaporama devait contenir cent photos. J’aimais bien le chiffre cent. Peut-ĂȘtre parce-qu’il est proche en sonoritĂ© du mot « sang Â».

Sauf que, sur les plus de 8000 photos prises lĂ -bas, je me suis retrouvĂ© avec 176 photos. Cela faisait beaucoup trop. Trop de sang. J’ai donc coupĂ©. Surtout qu’aujourd’hui, il faut savoir livrer du concentrĂ©. Je ferai peut-ĂȘtre un autre diaporama aprĂšs celui-lĂ .

Comme musique, je voulais d’abord mettre du Dub. Pendant environ deux jours, j’ai Ă©coutĂ© plusieurs titres de Brain Damage et de Manutention. J’ai Ă©tĂ© beaucoup tentĂ© de rĂ©utiliser un des titres de Brain Damage dont je ne me lasse pas.

Finalement, ce matin, je me suis rappelĂ© de Rosalia que j’étais allĂ© voir en concert en Ă©tĂ© 2023 Ă  l’hippodrome de Longchamp avant de partir ensuite travailler de nuit.

Le titre La Combi Versace m’a rapidement convaincu. On s’attend peu, je crois, Ă  retrouver apposĂ©e une telle musique et la langue espagnole « sur Â» des photos relatives au Japon. On est le plus souvent tentĂ©, en tant qu’occidental admiratif, de l’accoler Ă  une musique solennelle ou qui inspire certaines attitudes de respect ou supposĂ©es zen.

J’ai bien Ă©videmment du respect pour le Japon et je suis sensible Ă  la recherche du zen. Mais je crois que ce titre de Rosalia sert trĂšs bien ce diaporama car il a parmi ses avantages le fait, je crois, de reprĂ©senter l’avenir, d’ĂȘtre entraĂźnant et plein de vie. Il est aussi composĂ© et interprĂ©tĂ© par une femme qui a ses idĂ©es et qui s’exprime dans une autre langue que l’incontournable langue anglaise de beaucoup de nos titres prĂ©fĂ©rĂ©s. Et le dĂ©cĂšs rĂ©cent de Quincy Jones est lĂ  pour nous le remĂ©morer.

Je cite feu Quincy Jones. Mais il ne manquera pas de personnes pour se rappeler de lui ou pour Ă©couter sa musique qui, d’une façon ou d’une autre, est une mĂ©moire, sa mĂ©moire. Par contre, en Ă©coutant de la musique ce matin afin d’en choisir une pour ce diaporama, j’ai pensĂ© Ă  toutes ces personnes qui n’ont plus ou qui n’ont pas la possibilitĂ© de connaĂźtre ce plaisir qui est simplement d’écouter de la musique qu’elles aiment et de se laisser entraĂźner par elle et qui partiront sans laisser de mĂ©moire. Car elles vivent dans une trop grande pauvretĂ© ou dans une trop grande violence.

C’est une trĂšs grande libertĂ© et un grand privilĂšge que de pouvoir Ă©couter de la musique, « sa Â» musique, lorsqu’on le souhaite comme de pouvoir l’emporter avec soi dans son tĂ©lĂ©phone portable, sur son ordinateur ou dans un baladeur numĂ©rique. De se mettre oĂč l’on veut et de l’écouter voire de la faire Ă©couter et de la vivre avec d’autres.

Je ne suis pas certain que l’on s’en rappelle toujours. Ce diaporama est aussi là pour m’aider à m’en rappeler. Car j’ai besoin de m’en rappeler.

Franck Unimon, ce mercredi 13 novembre 2024.