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Moon France

Qui ĂŞtes vous ?

Piscine de Roubaix, juillet 2019.

Qui ĂŞtes-vous ?

 

La première fois, c’était Ă  la mĂ©diathèque. Je venais d’arriver dans la ville. M…une bibliothĂ©caire, partie Ă  la retraite il y a quelques annĂ©es, m’avait parlĂ© de lui. De ce professeur de percussions d’origine antillaise, au conservatoire. C’était en Avril ou Mai 2007. La jeune Alisha ( Marche jusqu’au viaduc )Ă©tait alors bĂ©bĂ© ou pas encore nĂ©e. Ses deux futurs camarades et  meurtriers qui , le 8 mars 2021, la piĂ©geraient, la tabasseraient et la jetteraient dans la Seine, Ă  Argenteuil, près du viaduc sous la A15, Ă  une vingtaine de minutes Ă  pied depuis chez moi, devaient alors Ă  peine marcher. Bien-sĂ»r, en 2007, j’ignorais tout de cette future histoire. J’avais bien d’autres histoires en tĂŞte que j’ai aujourd’hui oubliĂ©es pour la plupart.  

 

En 2007 ou 2008, j’étais allĂ© le rencontrer au conservatoire. Et, nous avions sympathisĂ© et discutĂ©. Il m’avait parlĂ© de son Maitre, Mamady Keita, dĂ©cĂ©dĂ© ce mois de juillet 2021 soit quelques semaines avant Jacob Desvarieux ( J’ai revu quelqu’un…). Par la suite, j’avais bien pris un ou deux cours de djembĂ© avec lui. Mais je suis peu douĂ©. Je rĂŞve bien mieux la musique que je ne la joue. Je n’ai pas de bonnes mains ni les oreilles et le cerveau ou la patience et l’intelligence qu’il faut devant un instrument de musique. Ainsi que la constance et la consistance nĂ©cessaires Ă  l’épuisement de mes dĂ©fauts.

 

Par contre, j’écris comme d’autres jouent de la musique ou pratiquent un art martial ou de combat. A jeun. Au réveil. A peu près à n’importe quelle heure. De manière répétitive.

 

Même si mes articles sont ratés, mauvais, transportent des idées claironnées dans le désert ou donnent sur des impasses, cela ne me décourage pas. Je vais recommencer. Je vais repartir. Je ne peux pas faire autrement. Cela a peut-être à voir avec le fait qu’écrire me vient de ma jeunesse et que j’y ai concentré ce qu’il m’en reste.

 

Parler, c’est difficile. On peut raconter des histoires Ă  l’oral mais il faut une bonne voix. Ou bien savoir s’en servir. La mienne ne porte pas. Elle endort et se mĂ©lange dans les dĂ©tails, bĂ©tails incontrĂ´lĂ©s rapidement hors de portĂ©e des fusils de l’attention de l’auditoire. Un auditoire a besoin d’être captif. Pas de se dissĂ©miner en partant Ă  la chasse d’un fou qui court partout en mĂŞme temps. 

 

Un fou, contrairement à ce que l’on croit, ça écoute. Ça écoute tout. Trop. Et ça croit beaucoup, aussi. C’est pour cela qu’il est fou. Il y a des gentils fous et des méchants fous.

 

Lorsque je lui ai envoyé un sms hier soir, cela faisait plusieurs mois que je ne lui avais pas parlé. La dernière fois, c’était quelques jours ou quelques semaines avant qu’il ne prenne sa retraite du conservatoire de musique. Si j’étais plus allé le voir de temps en temps de façon amicale et en amateur de musique, j’avais aussi pris la précaution d’emmener ma fille le voir deux ou trois fois. Elle devait avoir deux ou trois ans, lorsque, entre deux cours, alors qu’il était disponible, pour elle, il avait joué quelques airs au djembé. Plus tard, toujours entre deux cours, ou entre deux tours, il l’avait faite jouer un peu et lui avait donné une petite initiation musicale.

 

Mon sms Ă  peine envoyĂ©, hier soir j’ai reçu sa rĂ©ponse par sms :

 

« Qui ĂŞtes vous ? Â». Puis, j’ai vu qu’il avait essayĂ© de me joindre. J’ai dĂ©cidĂ© de le rappeler. Après que je me sois prĂ©sentĂ©, il m’a presque engueulĂ©.

 

« Pourquoi tu m’envoies un sms au lieu de m’appeler ?! Tu m’envoies un truc, il faut que je clique sur un lien ! Avec toutes les arnaques qu’il y a par tĂ©lĂ©phone ! Â».

 

Je lui ai expliquĂ© que je n’étais pas très disponible pour discuter. Il m’a rĂ©pondu :

 

« Y’a pas de problème ! Â».

 

Trente minutes plus tard, nous étions encore au téléphone. Il m’a appris qu’il continuait de donner des cours de musique dans une association où il enseignait depuis vingt ans. Il approche des 70 ans.

 

Il m’a appris comment, pendant plus de vingt ans, il avait fait deux heures de route à l’aller, deux fois par semaine, pour se rendre au conservatoire où je l’avais rencontré. Et comme il arrivait fatigué avant même de commencer à donner ses cours. Mais, aussi, là où il avait commencé à donner des cours dans la ville avant d’être embauché au conservatoire.

 

Parce qu’un fou, ça sait interroger et faire parler les gens.  Parce qu’un fou, ça permet Ă  un autre fou de livrer une part de sa folie. Parce qu’entre fous, on se reconnaĂ®t, on se comprend et on se fait confiance. On se livre peu face Ă  quelqu’un dont la folie correspond assez peu aux valeurs et aux dĂ©tours de la nĂ´tre.

 

Un professeur de conservatoire, c’est souvent une personne ou un professionnel, dont on imagine très peu la vie. A moins de le connaître. Sauf s’il en parle. Parce qu’en général, un professeur de conservatoire enseigne une discipline si rigoureuse que l’on a d’autres priorités que d’aller renifler son derrière afin de savoir ce qu’il a mangé, quand et avec qui. Mais, lui, m’a toujours parlé de quelques unes de ses expériences.

 

Hier soir, j’ai donc entendu qu’il avait été batteur à Pigalle pendant cinq ans dans un orchestre entre 1979 et 1984. Il m’a décrit une ambiance de Far west et dit que s’il écrivait un jour un livre, il raconterait ça plutôt que ce qu’il a pu apprendre des gens au travers de ses élèves du conservatoire. Moi, j’aurais bien aimé qu’il raconte aussi ce qu’il avait vu au conservatoire.

 

Far West à Pigalle ou histoires de conservatoire, deux histoires et deux mondes s’opposent. Je n’ai pas pû m’empêcher de penser qu’un éditeur ou un producteur de film opterait pour le Far West à Pigalle. C’est plus vendeur. C’est plus attractif.

 

Mais ça m’a fait réfléchir.

 

Parfois, nous racontons des histoires parce que ce sont celles qui nous ont le plus marquĂ©es et elles sont marquantes. Ce faisant, nous dĂ©laissons d’autres histoires qui finissent par disparaĂ®tre. Alors qu’elles sont peut-ĂŞtre aussi marquantes que les autres que nous retenons ou prĂ©fĂ©rons. Qui suis-je pour croire et dĂ©cider qu’une histoire vaut autant ou plus qu’une autre ?

 

Un fou et un auteur.

 

Franck Unimon, ce samedi 14 aout 2021.

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Moon France Musique

J’ai revu quelqu’un…

CathĂ©drale d’Amiens, juillet 2021.

                                           J’ai revu quelqu’un….

 

Il y a quelques jours, j’ai revu quelqu’un. Ce n’était pas dans une église. Je l’avais appelé il y a quelques mois. Nous avions discuté.

 

Il ne me connaissait pas.

 

Je lui avais donné mon nom et le prénom de ma mère qu’il aurait dû connaître. Il ne se souvenait pas d’elle.

 

Alors, j’avais sorti d’autres prénoms et d’autres noms du jeu de cartes de ma mémoire. Parmi eux, un certain nombre de carrés d’as. Il connaissait bien ces cartes. C’était bien lui que j’avais rencontré il y a plus de trente ans. J’avais croisé sa mère, aussi. Une petite femme pleine d’autorité qui connaissait ma mère et me saluait.

 

Après quelques minutes, il s’était excusé. Il avait du travail. Je n’avais pas insisté. Mais j’avais été un peu contrarié que ce simple échange lui suffise.

 

Nous nous sommes finalement vus il y a quelques jours. Quand il s’est approché, à petits pas vers moi, nous nous sommes regardés. C’est plus par déduction que nous avons compris qui nous étions. Lui et moi étions détendus. J’étais assis, lui, debout face à moi. Autour de nous, les personnes présentes sont devenues transparentes et silencieuses bien qu’elles aient continué à parler entre elles à voix haute.

 

Lorsqu’il a enlevé son masque anti-Covid, je ne l’ai pas reconnu. Je suis pourtant assez physionomiste. Mais, à part les yeux et le regard peut-être, dans la rue, je serais passé à côté de lui. Il avait le crâne rasé. Avait minci. Une petite moustache taillée. Et portait la marque autour du cou de celles et ceux qui ont été gravement malades et pour lesquels une chirurgie lourde avait été nécessaire. Un cancer était passé par là. J’avais aussi appris qu’il avait été de celles et ceux qui avaient attrapé le Covid cette année, en mars-avril. Il avait été arrêté plusieurs semaines puis avait repris.

 

De lui, j’avais le souvenir d’un homme très assuré, très bon professionnel. Qui savait ce qu’il faisait. C’était ce qui émanait de lui. Même si nous n’avions pas vraiment passé de temps ensemble, il avait été un peu un modèle pour cela.

 

Un jour, il y a plus de trente ans, s’adressant Ă  quelqu’un que je devais connaĂ®tre il avait dit, très content :

 

« Tu veux voir ma caisse ?! Â». A cette Ă©poque, tout juste adulte, je n’avais pas le permis. J’étais Ă  cet âge oĂą, avec les premiers salaires, la voiture, les copains et les copines, on sort la nuit et on « profite Â» de la vie. J’avais tout Ă  apprendre pratiquement.

 

Nous avons repris nos marques en reparlant du passĂ©. Nous avons Ă©changĂ© Ă  nouveau des noms et des prĂ©noms inconnus Ă  notre entourage immĂ©diat. Alors que parmi ces collègues immĂ©diats se trouvaient vraisemblablement des personnes qui le connaissaient intimement depuis des annĂ©es, maintenant.  Et, moi, le « nouveau Â», celui qui faisait moins que son âge, j’arrivais avec ça.

 

Lorsque j’ai mentionnĂ© la date de notre dernière rencontre, 1989, le collègue avec lequel je venais de terminer une deuxième nuit de travail de suite, un « nouveau Â» comme moi, mais un petit peu plus ancien dans le service, s’est exclamĂ© :

 

« En 1989, j’avais deux ans ! Â».

 

Ma fille a désormais un peu plus que deux ans. Tout à l’heure, avec elle, j’ai de nouveau regardé quelques vidéos de Jacob Desvarieux, l’un des fondateurs du groupe de Zouk Kassav’, décédé il y a quelques jours.

J’en ai parlĂ© dans un de mes articles rĂ©cents intitulĂ© : Jacob Desvarieux. Dans mon blog, on trouvera d’autres articles relatifs Ă  Kassav’ dans la catĂ©gorie Moon France.

 

Sur Youtube, je suis tombĂ© sur cette vidĂ©o de quelques minutes lors de l’enterrement de Jacob Desvarieux. Quatre hommes en costume portent son cercueil et se mettent Ă  zouker sur un de ses  titres : KavaliĂ© O Dam. ( Pour ĂŞtre plus exact : ces quatre hommes dansent le quadrille dans sa version crĂ©ole)

Ma fille Ă©tait assise sur mes genoux alors que nous regardions ça. J’ai trouvĂ© ça beau ! ça m’a…touchĂ©. Et encore plus parce-que je pouvais regarder ça avec ma fille.  Elle m’a demandĂ© oĂą Ă©tait Jacob Desvarieux, ou, pourquoi il Ă©tait dans le cercueil. Je lui ai alors rĂ©pondu :

« Parce qu’il est mort Â».

En regardant cette vidĂ©o, j’aurais aussi bien aimĂ© ĂŞtre le dĂ©funt qu’ĂŞtre Ă  la place d’un de ces quatre hommes qui portent le cercueil.  

 

Sur une autre vidĂ©o, un homme interrogĂ© a dit ce que la mort de Desvarieux lui faisait. On aurait dit un pĂŞcheur d’une soixantaine d’annĂ©es. Il s’est exprimĂ© en CrĂ©ole. J’ai pris l’initiative de traduire ses propos Ă  ma fille…  jusqu’à ce qu’elle me fasse comprendre que cela l’agaçait. Je lui ai alors demandĂ© en souriant :

« Ah, bon ! Ou Konèt PalĂ© KrĂ©yol ?! Â» (« Ah, bon, tu sais parler CrĂ©ole ?! Â»).

 

Je fais attention à l’usage du Créole avec ma fille. Afin qu’il ne soit pas un geste de colère. Je le parle mal mais je sais ce qu’une langue peut créer en soi de sensible. Et je le réserve à des moments agréables avec elle. Lecture de contes. Quelques formulations.

 

Le décès de Jacob Desvarieux a été une bonne occasion, de plus, de filer la langue créole sur le comptoir de ces instants vécus avec ma fille. Si je le pouvais, je parlerais aussi le Créole réunionnais et haïtien en plus d’autres langues. Dont L’Arabe et le Japonais.

 

J’ai Ă©tĂ© Ă©tonnĂ©, en Ă©voquant devant mon collègue masquĂ© certains prĂ©noms et noms d’anciens collègues avec lesquels il avait travaillĂ© directement, qu’il martèle plusieurs fois, ce verdict :

 

« Il est mort ! Â».

 

Au point que j’ai fini par lui dire, presque Ă©tonnĂ© :

 

« Mais, on finit par mourir un jour, de toutes façons ?! Â».

 

Il m’a regardé en silence, comme s’il disposait d’un plan secret pour éviter ça. Mais qu’il le gardait pour lui. Ou qu’il était encore trop tôt pour en parler. J’ai alors compris la raison pour laquelle il reculait la date de son départ à la retraite prévu initialement pour cette année.

 

Je ne suis pas fort. Mais je trouve que l’on fait aussi toute une histoire avec la mort. C’est ce que je me suis dit en regardant ces quelques vidéos sur Jacob Desvarieux. J’avais oublié de parler de ses solos de guitares qui, lors des concerts de Kassav’, étaient un passage obligé. Et, personne ne s’en plaignait.

 

Afin de coller Ă  notre Ă©poque, j’ai aussi pris le temps de regarder avec ma fille quelques vidĂ©os de Billie Eilish. Ce sera peut-ĂŞtre son futur d’adolescente. Billie Eilish doit aujourd’hui avoir Ă  peu près l’âge que j’avais lorsque j’avais rencontrĂ© mon aĂ®nĂ© Ă  la Maison de Nanterre, vers le milieu ou Ă  la  fin de mes annĂ©es d’études d’infirmier. C’Ă©tait aussi la pĂ©riode oĂą Kassav’ et le Zouk, d’une manière gĂ©nĂ©rale, dĂ©bordaient aux Antilles. 

 

J’ai Ă©tĂ© un peu gĂŞnĂ© par quelques postures et images de la demoiselle Elish. Pour ma fille qui est encore en dessous de l’âge de l’adolescence.

J’ai compris assez facilement ce qui peut expliquer le succès de la jeune femme (Billie Eilish) :

La maitrise de l’image et du son. Certaines provocations et mimiques Ă  connotation sexuelle ou sensuelle ou comment titiller les tĂ©tons et les limites. Le style vestimentaire. La voix Ă©raillĂ©e et supportĂ©e par la technique. L’énergie spĂ©cifique Ă  cet « Ă˘ge Â» de la vie. Les thèmes interprĂ©tĂ©s comme artiste et personne plutĂ´t que comme une victime claustrĂ©e. Le fait aussi qu’elle chante en Anglais. Dans l’article consacrĂ© Ă  Desvarieux et Kassav’, j’ai appris tout Ă  l’heure que des pressions avaient Ă©tĂ© exercĂ©es sur le groupe afin qu’il chante…en Français. Comme La Compagnie CrĂ©ole. Cette volontĂ© comme ce projet sont pour moi inconcevables. MĂŞme si je sais qu’une artiste comme l’Islandaise Björk a aussi dĂ» son succès international Ă  l’usage de l’Anglais ( comparativement Ă  l’artiste Mari Boine); ou que Bob Marley a dĂ» transposer ses idĂ©es depuis son argot jamaĂŻcain Ă  travers le garrot d’une langue anglaise plus accessible au grand public, le rythme d’une musique a aussi ses règles et ses conditions pour que ses auteurs et ses interprètes restent en adĂ©quation avec lui !   

Eilish, « native » de la langue anglaise n’a pas eu Ă  subir ce genre de chantage de l’industrie du disque. 

Sur scène, accompagnée de deux ou trois musiciens et de machines dévouées, Eilish se sert de sa voix et de son corps tels des processeurs qui lui obéissent au doigt et à l’œil.

 

Ensuite, Eilish est dĂ©ja arrivĂ©e Ă  ce stade de la cĂ©lĂ©britĂ© oĂą celle-ci recycle l’enthousiasme du public qui, en grossissant, attire de nouvelles personnes. Comme moi qui, après avoir aperçu un ou deux articles rĂ©cemment Ă  son sujet, ai dĂ©cidĂ© de pousser la porte numĂ©rique de Youtube afin de me faire une idĂ©e. Pourquoi ? Parce-que sur le mĂŞme journal oĂą figurait un hommage Ă  Desvarieux se trouvait aussi un article sur Eilish et que c’était la deuxième fois en moins de dix jours que dans un journal, je la voyais soit en couverture ou dans les colonnes d’un article.

 

De Billie Eilish ( existe-t’il un rapport avec Billie Holiday ?), Ă  Jacob Desvarieux et Kassav’ en passant par cet aĂ®nĂ© de dix ans- et collègue- revu trente ans plus tard, il y a de multiples façons de se rencontrer soi-mĂŞme. Et de se voir. Je me suis senti un peu malade Ă  la suite de ma rencontre avec cet aĂ®nĂ©. Je me suis mĂŞme demandĂ© si, Ă  son contact chargĂ©, j’avais attrapĂ© le Covid. Non pour son Ă©tat de santĂ©. Mais pour son Ă©tat d’esprit.

 

La mort de Jacob Desvarieux ne m’a pas mis dans cet Ă©tat d’esprit. Pour Billie Eilish, on verra selon la façon dont elle dĂ©cèdera. J’espère bien-sĂ»r que ce sera le plus tard possible pour elle et que ce sera une assez belle mort.

Une mort Ă  la Amy Winehouse me catastrophe. J’ai l’impression d’être le tĂ©moin privilĂ©giĂ© et impuissant d’une dĂ©tresse en direct. Et je n’aime pas ça !  

Pour nous avoir aussi Ă©vitĂ© ça, Ă  nouveau un très grand merci Ă  Jacob Desvarieux. Comme on dit en CrĂ©ole, MĂ©ci On Pil !

 

Franck Unimon, ce vendredi 13 aout 2021

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Corona Circus

Immunité et amnésie collective

 

Photo prise à Paris, vraisemblablement près de la Place Monge. Photo©Franck.Unimon

Immunité et amnésie collective

 

Pour un retour Ă  une vie normale

 

Cette vidéo est repassée plusieurs fois. Comme bien d’autres passagers, je n’y ai pas fait plus attention que ça. Désormais, dans les trains de banlieue, il y a aussi des écrans. On y voit des images nous présentant, sans le son, les attraits de la région d’île de France et certains événements.

 

On y voyait une jeune femme brune plutĂ´t charmante, seule, portant un maillot et, sur son visage, les couleurs de l’équipe française de Football. Elle nous souriait devant ce qui pouvait faire penser au Stade de France d’avant un match. Cela se terminait par une phrase qui disait Ă  peu près :

 

« Pour revenir Ă  une vie normale, et recommencer Ă  tous nous amuser, vaccinons-nous contre le Covid Â».

C’est Ă  ce « clip » que je fais allusion. Il est Ă  nouveau rediffusĂ© depuis quelques jours. Mais je ne saurai dire quand. J’ai pris cette photo ce mercredi 1er septembre 2021 près de la ligne 14. Le clip est bien-sĂ»r rediffusĂ© dans d’autres lieux de transports. Sans doute comme un rappel avant le 15 septembre 2021. Date Ă  partir de laquelle toute personne non vaccinĂ©e ou non en cours de vaccination anti-covid risque d’ĂŞtre licenciĂ©e, mise Ă  pied, suspendue…. Le clip se termine avec la phrase :  » A chaque vaccination, c’est la vie qui reprend ». Phrase que j’avais oubliĂ©e mais dont j’avais retenu le message Ă  ma façon comme on peut le lire dans cet article.

 

Il y avait le même genre de clip pour les festivals de musique. Avec le même message. C’était le début de l’été, peut-être avant le début des grandes vacances. A cette période de l’année, où, traditionnellement et souvent, en France, on aspire particulièrement à vivre à l’extérieur.

 

Maintenant que j’y repense, à peu près deux mois plus tard, cette campagne d’information et de prévention était un slogan. Le public incité à la vaccination anti-Covid était peut-être féminin mais surtout jeune adulte. Dans une moyenne d’âge comprise entre celui où l’on est autorisé à se rendre seul à un stade de foot jusqu’à, disons, 25 ou 26 ans. Cette tranche de la vie où l’on est supposé insouciant, sans enfants et sans charges particulières. Où l’on aime circuler, sortir et consommer et où l’on a, en principe, la possibilité de le faire.

Près des Colonnes de Burren. Photo©Franck.Unimon

 

C’est peut-être aussi pour ces raisons que je ne m’étais pas du tout senti concerné. Cette époque de la vie était pour moi plutôt révolue. Si j’avais été une femme charmante et jeune à une époque, je ne l’étais plus depuis des années. Cela fait des années que plus personne ne m’a invité au restaurant ou proposé d’aller danser en boite de nuit.

 

Il y avait aussi des années que je n’étais allé dans un stade de foot. Et, en plus, je n’étais pas du tout pressé de me faire vacciner contre le Covid.

 

Notre Dame

 

Il y avait eu,  aussi, finalement, Ă  peu près le mĂŞme genre de publicitĂ© pour la cathĂ©drale Notre Dame de Paris. C’était après son incendie- en avril 2019- qui avait beaucoup Ă©mu. Et qui avait Ă©tĂ© très mĂ©diatisĂ© de par le monde quelques annĂ©es plus tĂ´t. Pour des appels Ă  dons afin de permettre sa reconstruction.

 

 

Je me rappelle d’une affiche sur un mur avant d’aller prendre la ligne 12 du mĂ©tro en partant pour le travail. Cette grande affiche montrait un jeune d’une vingtaine d’annĂ©es avec cette phrase :

 

« Parce-que c’est Notre Dame Â».

 

Là aussi, je ne m’étais pas senti concerné. Je n’avais jamais fait que passer devant Notre Dame et je ne me rappelle pas y être entré une seule fois avant son incendie.

 

Depuis le 12 juillet 2021, je le rĂ©pète comme je bute contre cette information, la campagne de vaccination contre le Covid m’a assez brutalement rattrapĂ©. Les mesures dĂ©cidĂ©es par le gouvernement ont organisĂ© une sorte de parcours flĂ©chĂ© directif vers les centres de vaccination anti-Covid et l’acceptation du passe sanitaire numĂ©risĂ©. Le passe sanitaire n’est autre que la version amĂ©liorĂ©e,  quelque peu totalitaire, de ces attestations de dĂ©placement provisoire que nous devions remplir Ă  chaque fois, sur un formulaire papier. Lorsque nous sortions de chez nous Ă  partir du premier confinement de mars 2020. L’annĂ©e dernière. Ce genre d’attestation Ă  remplir et Ă  prĂ©senter Ă©tait une Première, pour nous, Français, nĂ©s après la Seconde Guerre Mondiale. Pour nous, de telles mesures de restriction faisaient plutĂ´t partie des manuels d’histoire.

J’avais gardĂ© quelques uns de ces formulaires. Je crois qu’il s’agit de la première version papier ou de l’une des toutes premières versions papier d’attestation de dĂ©placement que nous avions Ă  remplir lors du premier confinement en mars 2020. L’annĂ©e dernière, j’en avais souvent plusieurs exemplaires vierges sur moi.

 

 

 

Avec le passe sanitaire, nous avons franchi d’un seul coup plusieurs paliers supplémentaires dans l’auto-surveillance et l’autojustification de nos déplacements. Nous avons accepté un peu plus ou un peu mieux de nous retrouver derrière certains verrous.

 

 

Seuil psychologique

 

 

Cette obligation indirecte, mais concrète, de la vaccination anti-Covid et de l’acceptation du passe sanitaire m’a amené devant mon seuil psychologique. Nous avons tous un seuil psychologique à partir duquel, chacune et chacun, nous devenons plus ou moins sidérés, nous fuyons, nous résistons, nous piétinons ou remettons en cause ce que l’on nous propose ou ce que l’on tente de nous imposer.

 

Dernièrement, j’ai Ă©crit que mon refus pour l’instant de la vaccination anti-Covid et du passe sanitaire obligatoire (puisque les deux ont Ă©tĂ© menottĂ©s ensemble par notre gouvernement) a fait de moi l’équivalent d’un aborigène exclu de la civilisation des spectateurs et des consommateurs dont je faisais partie jusque lĂ . ( Paris sans passe : Atterrissage ethnique), un article Ă©crit ce 11 aout 2021.

Gare St Lazare. Photo©Franck.Unimon

 

 

Avoir mauvaise conscience

 

 

Je vais me reprendre Ă  ce sujet. J’ai pu avoir mauvaise conscience lors du mouvement des gilets jaunes. Leurs manifestations persistantes, chaque week-end, ont pu durer plusieurs mois sans que je ne participe Ă  aucune d’entre-elles. Alors que je les approuvais. MĂŞme si, par ailleurs, certaines personnalitĂ©s et certains agissements ou dĂ©rapages m’ont laissĂ© perplexe. Et, Il avait fallu qu’en sortant du travail, je tombe fortuitement sur celle qui allait ĂŞtre- Ă  ce jour- la dernière manifestation des gilets jaunes avant le premier confinement de mars 2020 pour que j’assiste un peu, malgrĂ© moi, en  direct, Ă  l’Ă©vĂ©nement. Et pour y participer un peu Ă  ma façon en restant quelques minutes et en prenant des photos.

Sans cette circonstance imprĂ©vue, j’avais toujours eu une bonne ou une mauvaise raison pour me tenir Ă©loignĂ© du mouvement des gilets jaunes. Ma mĂ©fiance et ma rĂ©serve envers les mouvements de foule, et pour la façon dont ils peuvent ĂŞtre rĂ©cupĂ©rĂ©s et utilisĂ©s. Pour ne parler que de ça. Raisons pour lesquelles, par exemple, je n’avais pas participĂ© en janvier 2015 Ă  la marche Je suis Charlie après les attentats. Je savais qu’il y aurait beaucoup de monde Ă  cette marche. Et puis, pour moi, « ĂŞtre un Charlie Â» devait ĂŞtre un acte durable plutĂ´t qu’un acte « cutanĂ© Â» : une rĂ©action Ă©pidermique Ă  très court terme non suivie d’un engagement sur la durĂ©e.

MĂŞme si, bien-sĂ»r, cette manifestation spontanĂ©e après les attentats Ă©tait nĂ©cessaire et qu’elle Ă©tait aussi constituĂ©e de personnes qui sont restĂ©es des « Charlie Â» depuis.

Pour moi, « être un Charlie » a consistĂ©, après les attentats, plutĂ´t qu’Ă  le dire et Ă  le montrer lors de cette marche d’après les attentats, Ă  me mettre Ă  acheter chaque semaine, voire Ă  m’abonner  Ă  cet hebdomadaire. Et, six ans plus tard,  alors mĂŞme que depuis plusieurs semaines, Charlie raille et caricature lourdement les personnes comme moi qui se refusent Ă  la vaccination anti-Covid, je n’en continue pas moins de l’acheter et de le parcourir. MĂŞme si sur certains sujets auparavant, j’avais pu ĂŞtre en dĂ©saccord avec quelques uns de leurs points de vue.

Manifestation des gilets jaunes, ce 14 mars 2020, quelques jours avant le premier confinement de mars 2020. Photo©Franck.Unimon

 

Mais envers le mouvement des gilets jaunes et d’autres mouvements sociaux qui les ont précédés, et par lesquels j’ai pu, aurais pu ou aurais dû me sentir concerné, j’étais resté spectateur. J’avais perpétué ma vie de spectateur, de commentateur et de consommateur. Alors que ces personnes qui manifestaient, gilets jaunes ou autres, elles, étaient alors arrivées à ce seuil psychologique que je crois connaitre actuellement devant cette vaccination anti-Covid et ce passe sanitaire.

 

 

 

Manifestation des gilets jaunes, ce 14 mars 2020, quelques jours avant le premier confinement de mars 2020. Photo©Franck.Unimon

 

 

L’être humain est fait de paradoxes

L’attestation de dĂ©placement dĂ©rogatoire dans sa version papier telle qu’elle a pu Ă©voluer ensuite. En bas Ă  droite, on peut remarquer l’invitation Ă  tĂ©lĂ©charger un QR Code. On en Ă©tait, alors, encore, Ă  une situation optionnelle. J’ai oubliĂ© quand ce genre de formulaire a commencĂ© Ă  apparaitre. Probablement après juin 2020.

 

Photo prise en novembre 2020 Ă  la gare de Lyon. Mais, si je me rappelle bien, ce genre d’invitation sous cette forme, Ă  tĂ©lĂ©charger l’application Tousanti-Covid sur notre tĂ©lĂ©phone portable, existait dĂ©ja plusieurs mois auparavant dans d’autres gares parisiennes.

 

 

On peut toutefois ĂŞtre spectateur, consommateur et  militant, rĂ©sistant ou engagĂ©. C’est aussi lĂ  oĂą je tiens Ă  me reprendre. L’être humain est fait de tant de paradoxes. Des paradoxes que l’informatisation et la modĂ©lisation de nos vies cherchent et parviennent assez Ă  refouler jusqu’au moment oĂą survient ce seuil psychologique, cette limite qui est notre vĂ©ritable identitĂ©.

 

Au Jardin des Tuileries. Photo©Franck.Unimon

 

 

Par exemple, je crois que parmi les personnes aujourd’hui pro-vaccin anti Covid, il s’en trouve un certain nombre qui, avant l’arrivĂ©e des vaccins anti-Covid, avaient pris quelques libertĂ©s avec les mesures restrictives dĂ©cidĂ©es par le gouvernement. Que ce soit pour le nombre de kilomètres autorisĂ© hors de chez soi. Pour les motifs de dĂ©placement hors de chez soi. Pour le fait de se retrouver en compagnie de plus de personnes qu’il ne l’était autorisĂ© par le gouvernement pour lutter contre la pandĂ©mie du Covid. Mais aussi pour le respect de certaines règles de distanciation sociale. Il doit bien y avoir un certain nombre de personnes, qui, bien avant leur vaccination contre le Covid, avaient dĂ©ja pris dans leurs bras des proches ou des collègues ; ou s’étaient embrassĂ©es- ou plus- en dĂ©pit des mesures prĂ©conisĂ©es de distanciation sociale. Et, c’est aussi parmi ces personnes aujourd’hui que l’on trouvera les plus grands critiques envers les rĂ©ticents Ă  la vaccination anti-Covid, aujourd’hui perçus comme celles et ceux qui emmerdent tout le monde et qui retardent le retour Ă  la « vie normale Â».

 

Pour l’instant, je n’ai pas retrouvĂ© la date de cette photo. Mais j’opterais pour dire que je l’ai prise l’annĂ©e dernière, en 2020. Entre juin et dĂ©cembre 2020.

 

Immunité collective

L’annĂ©e dernière, entre mars 2020 et juin 2020, je croyais que la pandĂ©mie du Covid serait passagère. Je croyais Ă  un retour Ă  « notre vie normale ». MĂŞme si je m’attendais Ă  ce que, de plus en plus, les masques anti-Covid ou de « protection respiratoire », fassent dĂ©sormais partie de notre culture. MĂŞme si je pensais, paradoxalement, que la pandĂ©mie du Covid allait contribuer Ă  changer notre monde.

HĂ© bien, maintenant, je vais Ă©crire que, mĂŞme si nous parvenons Ă  une immunitĂ© collective, telle qu’elle nous est louĂ©e afin de permettre la sortie de cette pandĂ©mie, je ne crois pas Ă  notre retour «  Ă  la vie normale Â». A notre vie « d’avant Â». Je n’y crois pas. Ce n’est pas pour cette raison, au dĂ©part, que je rechigne Ă  me faire vacciner contre le Covid. Mais, pendant que j’aborde ce sujet de la « responsabilitĂ© Â» supposĂ©e des anti-vaccins dans la longĂ©vitĂ© de la pandĂ©mie, je me dis qu’il faut aussi aller au delĂ  et aborder ce sujet au passage.

 

 

 

Très certainement que beaucoup de personnes, en vacances ou non, mais vaccinĂ©es, croient encore qu’une fois que tout le monde sera vaccinĂ© contre le Covid, que notre vie deviendra ou redeviendra meilleure. Moi, je trouve que les Ă©vĂ©nements nous dĂ©montrent dĂ©ja le contraire. Par exemple, je n’oublie pas que les manifestations des gilets jaunes qui avaient lieu chaque semaine depuis des mois, ont dĂ» s’arrĂŞter avec le premier confinement dĂ©cidĂ© par notre gouvernement et dĂ©butĂ© mi-mars 2020 en raison de la pandĂ©mie du Covid. Cette coĂŻncidence, entre la prioritĂ© sanitaire, indiscutable, donnĂ©e Ă  la pandĂ©mie Covid, et, en mĂŞme temps, l’interdiction des rassemblements et des manifestations des gilets jaunes m’a toujours dĂ©rangĂ©. Car cette coĂŻncidence a aussi Ă©tĂ© bien commode, trop commode, pour permettre Ă  notre gouvernement de se dĂ©barrasser facilement du mouvement des gilets jaunes.

Depuis, le gouvernement a aussi obtenu du plus grand nombre dans l’hexagone, volontaire ou contraint, de se faire vacciner contre le Covid. Et d’accepter le passe sanitaire. A partir de lĂ , le gouvernement actuel et celui qui lui succèdera (car j’ai beaucoup de mal Ă  imaginer que le PrĂ©sident Macron puisse ĂŞtre réélu/ et je ne vois pas « la fille de son père Â» se faire Ă©lire. Je crois qu’elle a Ă©puisĂ© tous ses jokers. Mais, bien entendu, je peux me tromper)  n’aura de cesse de nous faire admettre encore plus de contraintes. Elle est lĂ , notre amnĂ©sie collective. Dans le fait d’oublier de plus en plus tout ce que nous avons acceptĂ© depuis des annĂ©es et que nous aurions dĂ» refuser. Bien avant la pandĂ©mie du Covid. Laquelle pandĂ©mie n’a fait que montrer davantage comme nous pouvons ĂŞtre dociles. Après ça, comme dans un restaurant ou dans un magasin, un gouvernement (pas seulement celui de Macron) mais aussi des entreprises ou toutes sortes d’idĂ©ologues plus ou moins bienveillants n’ont plus qu’à consulter le menu,  sonder, passer commande et se ( faire) servir.

Pour cet article, j’ai d’abord utilisĂ© des photos que j’avais prises entre mars et juin 2020. Et d’autres que j’avais prises par la suite. Principalement, entre juin et dĂ©cembre 2020. On pourra retrouver quelques unes de ces photos dans des diaporamas-panoramas « rangĂ©s » dans la catĂ©gorie Corona Circus de ce blog. Avec un premier diaporama-panorama qui « couvre » la pĂ©riode Mars-avril 2020 ( Panorama 18 mars-19 avril 2020 ). On pourra lire mes premières impressions concernant la pandĂ©mie du Covid avant qu’elle ne soit officialisĂ©e en mars 2020 ici Coronavirus, un article que j’avais Ă©crit le 24 fĂ©vrier 2020. 

 

 

Cet article Ă©crit en plein mois d’aout peut faire l’effet d’un très grand coup de fouet mortifère. Ce n’est pourtant pas son but. Soit un paradoxe de plus, sans aucun doute. Comme rĂ©digĂ© plus haut, on peut ĂŞtre consommateur, spectateur et, par ailleurs, en certaines circonstances et Ă  d’autres moments, ĂŞtre militant, rĂ©sistant, engagĂ©. Cela peut ĂŞtre par le biais de l’humour, de la poĂ©sie, de l’art en gĂ©nĂ©ral. Ou dans le simple fait de porter et de prĂŞter attention Ă  quelqu’un d’autre que soi Ă  un moment oĂą elle ou il en a besoin ou peut en avoir en besoin. Il existe bien des façons diffĂ©rentes- et persistantes- de faire primer sa conscience et son humanitĂ© avant tout. Y compris malgrĂ© soi. 

 

Je viens de m’apercevoir que cet article est le 300 ème que j’ai Ă©crit depuis la crĂ©ation de mon blog, il y a deux ou trois ans. Je me devais donc de particulièrement le soigner. C’est donc pour cette raison qu’entre sa première version cette nuit, vers une heure du matin, et ce matin un peu avant midi, je l’ai un peu complĂ©tĂ©e et modifiĂ©e. 

Franck Unimon, ce jeudi 12 aout 2021.

 

 

 

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La pandĂ©mie du Covid dans les rĂ©gions d’Outre-mer

 

 

La pandémie du Covid dans les régions d’Outre-Mer

 

Echanger des points de vue avec des amis comporte des risques. Les disputes et les ruptures font partie des risques. Mais il en est un autre peut-ĂŞtre beaucoup plus grand.

Celui qui consiste à se croire très intelligent en leur compagnie. Le nombre de fois où l’on se sent autorisé à s’imaginer particulièrement perspicace ne se compte pas avec nos amis. Puisque, généralement, le plus souvent, ils pensent comme nous. Lorsque cela n’est plus possible, certains quittent ce statut d’amis. Soit de leur propre initiative soit de la nôtre.

 

Je viens de connaĂ®tre un de ces moments oĂą, Ă  nouveau, je me suis senti pousser une intelligence particulière. Je n’avais pas prĂ©vu ça. Comme je n’avais pas prĂ©vu de l’écrire dans un article ce matin. Ce matin, j’avais d’autres ambitions que de « paraĂ®tre Â» dans un article. Mais l’échange que je viens d’avoir par sms avec mon ami Raguse en a dĂ©cidĂ© autrement. Pour le pire ou le meilleur. Avec lui ou avec d’autres.

 

Raguse et la pandémie aux Antilles

 

Tout à l’heure, mon ami Raguse m’a sollicité pour avoir mon avis concernant l’essor de la pandémie aux Antilles. Depuis quelques jours, dans les médias, il se parle de plus en plus du confinement strict et du couvre-feu décidés récemment par le gouvernement aux Antilles. Du fait que les touristes qui s’y trouvent sont encouragés à rentrer en France.

 

On parle aussi du faible taux de vaccination anti-Covid là-bas. De la défiance d’une grande partie de la population envers les vaccins anti-Covid. Tandis qu’en France, on doit maintenant approcher les plus de 60 % de personnes vaccinées contre le Covid, dans les régions Outre-mer telles que les Antilles où la Réunion, ce taux tombe à environ 20 %.

Alors que le variant Delta du Covid fait de plus en plus parler de lui et couche de plus en plus de monde dans ces rĂ©gions et ailleurs. Aux Antilles, on parle de services hospitaliers surchargĂ©s, de renforts en personnels soignants ( mais aussi de renforts policiers ) venus de mĂ©tropole. Donc, d’une catastrophe sanitaire en cours sous les tropiques. Les « tropiques Â» sont habituellement plutĂ´t synonymes de paradis, d’évasion et de dĂ©tente. LĂ , ils deviendraient plutĂ´t synonymes de mouroirs et de mouchoirs.

 

Je l’ai dĂ©jĂ  Ă©crit : je suis bien-sĂ»r embarrassĂ© devant ces chiffres de « cas de Covid Â» en augmentation. Que ce soit aux Antilles oĂą j’ai de la famille, Ă  la RĂ©union, mais aussi en France. Mon propre frère a prĂ©vu de se rendre en Guadeloupe avec sa compagne et leurs deux enfants. Et, il y a quelques jours, bien que lui et sa compagne soient vaccinĂ©s et aient prĂ©vu de passer deux tests PCR, un quarante huit heures avant leur vol, et un autre le jour-mĂŞme, afin d’augmenter leurs chances, mon frère ne savait pas s’ils pourraient dĂ©coller pour la Guadeloupe la semaine prochaine.

 

Cela, c’était avant que l’on apprenne que les touristes Ă©taient maintenant incitĂ©s Ă  quitter les Antilles. Partir des Antilles serait plus « simple Â» pour certains touristes qui y sont que pour d’autres Ă  ce que j’ai lu. La compagnie Air France serait plus facilement joignable et  accommodante. La compagnie Air CaraĂŻbes, aux billets d’avions moins chers, ne rĂ©pondrait pas.

 

Le journal  » Le Parisien » de ce mercredi 11 aout 2021.

 

Mon ami Raguse m’a posĂ© tout Ă  l’heure en guise de bonjour (il ne m’a mĂŞme pas dit bonjour) la question suivante que beaucoup d’autres personnes se posent peut-ĂŞtre :

 

« Je comprends bien la dĂ©fiance des antillais vis Ă  vis de l’Etat français mais l’hĂ©catombe actuelle en Guadeloupe et Martinique pose la question de la vaccination…et ses consĂ©quences bĂ©nĂ©fiques sur le nombre de victimes….Qu’en penses-tu ? Bonne journĂ©e ! Bizz Â».

 

Je sortais de ma douche lorsque j’ai lu ça après ma deuxième nuit de travail. Nuit de travail dont je suis revenu assez poussivement tout Ă  l’heure en pĂ©dalant sur mon vĂ©lo. J’ai mĂŞme croisĂ© un « vĂ©lo Brompton Â» tout fringant qui m’a allumĂ© alors que je me rapprochais de la gare de St Lazare.

 

Mais en lisant ce sms de mon ami Raguse, tout Ă  l’heure, mon Q.I n’a fait qu’un tour. D’abord, sa question amenait entre nous une nouvelle discussion parmi d’autres. Ensuite, mes origines antillaises et mon statut de « non vaccinĂ© Â» m’ont attribuĂ© le rĂ´le du candidat idĂ©al pour en dĂ©battre avec lui. Impossible pour moi de me dĂ©filer.

 

J’ai d’abord rĂ©pondu :

 

« Tu as peut-ĂŞtre raison pour la vaccination. Mais nous ne sommes pas Ă  leur place. La Guadeloupe, c’est une Ă®le qui se trouve Ă  des milliers de kilomètres de l’hexagone. Et oĂą l’on perçoit donc les Ă©vĂ©nements et la vie depuis un autre point de vue. Et puis, la France a un terrible passif avec, au moins, la Guadeloupe et la Martinique : Le chlordĂ©cone.

Lorsque tu as vĂ©cu ça, cette horreur sanitaire, comment peux-tu faire confiance Ă  la France ? Pareil pour la PolynĂ©sie et les essais nuclĂ©aires aux consĂ©quences sanitaires non vĂ©ritablement reconnues par la France. Comment, après ça, rĂ©ussir Ă  faire confiance Ă  la France ? Â».

 

Raguse a alors ajoutĂ© :

 

« Oui, je suis d’accord. C’est pour ça que je parlais de leur lĂ©gitime dĂ©fiance vis-Ă -vis de l’Etat français…. Â».

 

Alors, je ne sais pas ce qui m’a pris. C’est peut-ĂŞtre l’effet de la fatigue ou mon Q.I inversĂ© qui m’ont dĂ©sinhibĂ© peut-ĂŞtre pour le pire. Je me suis alors mis Ă  Ă©crire :

 

« Il est très facile depuis notre regard ethno-centrĂ© et nombriliste de juger les autres. Que ce soit les autres qui sont aux Antilles ou dans d’autres rĂ©gions du monde. Mais t’écrire ça ne m’empĂŞche pas de « regarder Â» le dĂ©compte et l’essor de la pandĂ©mie aux Antilles et en PolynĂ©sie. Cependant, ce qui me dĂ©range aussi, c’est ce business autour des vaccins :

S’il y a peu de gens vaccinĂ©s aux Antilles, ça veut aussi dire qu’il y a lĂ -bas un marchĂ© Ă  conquĂ©rir. Je n’arrive pas Ă  savoir ce qui est le pire. Et, c’est encore plus inquiĂ©tant d’être aujourd’hui incapable de savoir ce qui est le pire :

 

Penser, comme je le fais, que les vaccins anti-Covid pourraient être une nouvelle espèce de produits de consommation envers lesquels nous allons développer une dépendance. Comme envers nos téléphones portables et nos ordinateurs et internet. Ils (les vaccins anti-Covid) seraient donc les produits de consommation parfaits. Indispensables et salvateurs mais à durée limitée. On en changerait tous les ans ou tous les six mois en prenant un nouveau forfait. Comme avec un nouveau téléphone portable de plus en plus sophistiqué chaque année.

 

Ou, le pire est-il que ce projet soit déjà l’avenir pour au moins une ou plusieurs entreprises?

Ce matin, lorsque je suis optimiste, je me dis que la pandémie du Covid va durer trois ou quatre ans. Puis, je me dis que je me leurre. Et, qu’elle va plutôt durer une cinquantaine d’années ou plus. Comme la grippe.

Lorsque l’on voit tout ce que nous avons perdu en libertĂ©s (ne serait-ce que de dĂ©placement) depuis dix huit mois, cela fait très peur pour la suite. D’autant que le Covid bouffe d’abord en prioritĂ© les plus âgĂ©s, donc les reprĂ©sentants et la mĂ©moire d’un autre monde. D’une autre façon de vivre. Mais dans dix Ă  vingt ans, celles et ceux qui naitront ne connaitront rien de cette vie sans Covid que nous aurons connue. Et, pour le plus grand nombre d’entre eux, ça sera normal de vivre avec ces vaccins peut-ĂŞtre devenus mensuels ou quotidiens contre toute sortes de maladies dangereuses. Peut-ĂŞtre mĂŞme que la durĂ©e de vie moyenne de l’humanitĂ© aura-t’elle diminuĂ© pratiquement de moitiĂ©. Le monde sera alors peuplĂ© de jeunes travailleurs et de jeunes consommateurs dynamiques. Ce qui soutiendra l’économie de marché…tu m’as interrogĂ©. Je te rĂ©ponds spontanĂ©ment sans me censurer après deux nuits de travail. Je t’embrasse Â».

 

 

Un dĂ©lire de plus de Franck Unimon, ce jeudi 12 aout 2021. Avec le concours involontaire de l’ami Raguse  qui n’est peut-ĂŞtre qu’un prĂ©texte ou mon invention afin de pouvoir Ă©crire n’importe quoi.

 

 

 

 

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Vélo Taffe : Certains vélos sont faits pour rouler

 

Photo prise début aout 2021.

 

                            VĂ©lo Taffe : Certains vĂ©los sont faits pour rouler

 

J’ai travaillé cette nuit. Ce matin, pour retourner à la gare, comme je le fais depuis quelques mois, j’ai pris mon vélo pliant. Je ne suis toujours pas vacciné.

 

Je suis bien-sûr embarrassé de savoir que dans des pays pauvres, des gens meurent du Covid faute de ne pas pouvoir bénéficier de vaccins anti-Covid comme nous en avons à disposition en France, pays qui fait encore partie des pays riches.

Journal « L’Humanité » de ce mercredi 11 aout 2021.

 

Je suis bien-sûr embarrassé par la montée inquiétante du nombre de cas Covid en Guadeloupe, en Martinique ou à la Réunion. Les média, il y a quelques jours, relevaient une réticence ou un refus de la vaccination anti-Covid en Guadeloupe, en Martinique et à la Réunion.

 

J’ai appris le « durcissement Â» des mesures de confinement dans ces rĂ©gions d’Outre-mer dont je suis plusieurs fois originaire. Je me dis qu’une moindre application locale des gestes barrières a sans doute permis cette extension de la pandĂ©mie. Mais le tourisme aussi : il y Ă©tait encore permis assez facilement il y a quelques mois.

 

Je ne conteste pas les chiffres du Covid dans le monde.

 

Ce matin, pour la première fois, je me suis demandĂ© si le dĂ©ni de la pandĂ©mie- et de sa gravitĂ©- par certains pouvait avoir une relation avec une mouvance comme celle des « adeptes Â» de Trump, le prĂ©cĂ©dent PrĂ©sident des Etats-Unis. Soit une mouvance Ă©manant d’un homme Puissant de par son ancien poste de PrĂ©sident de la toujours Première Puissance Mondiale mais aussi de par sa richesse en tant qu’homme d’affaires.  

 

C’est ce titre dans le New York Times que j’ai achetĂ© tout Ă  l’heure qui m’a donnĂ© cette idĂ©e :

No bottom in sight for Covid denial écrit par Paul Krugman, une personne que je ne connais pas.

« New York Times » de ce mercredi 11 aout 2021.

 

La traduction approximative de ce titre pourrait ĂŞtre : Le dĂ©ni du Covid est un puits sans fond ou sans limites.

 

Une façon de dire que celles et ceux qui sont dans le dĂ©ni du Covid, et de sa gravitĂ©, trouveront toujours des raisons et des façons de s’opposer aux arguments qu’on leur donnera pour les convaincre de la rĂ©alitĂ© et de la gravitĂ© de cette pandĂ©mie. Une sorte d’hĂ©morragie qu’aucun anticoagulant de ce monde ne pourra jamais arrĂŞter. 

Le  » Charlie Hebdo » de ce mercredi 11 aout 2021.

 

J’ai entendu une infectiologue affirmer qu’avec le variant Delta du Coronavirus qui est en train de prendre ses appartements en France que personne, cette fois-ci, ne pourrait Ă©chapper Ă  cette quatrième vague de la pandĂ©mie :

 

Selon les propos de cette experte, soit on attraperait le Covid. Soit on pourrait s’en sortir en étant vacciné avec Pfizer, Moderna, Astrazeneca, Johnson & Johnson. Nous désignons ces vaccins anti-Covid par les noms des laboratoires qui les fabriquent et/ou les commercialisent.

 

Laboratoires et noms qu’elle n’a pas forcĂ©ment citĂ©s dans son intervention mais que, dĂ©sormais, tout le monde « connaĂ®t Â» maintenant en France, je pense. Une pandĂ©mie, la maladie et la mort font partie des meilleures publicitĂ©s qui soient. Et, cela, bien avant cette pandĂ©mie du Covid.

 

Avant de passer Ă  la suite : Je ne me sens aucune affinitĂ© ou proximitĂ© avec une personnalitĂ© ou un personnage comme Trump, le prĂ©cĂ©dent PrĂ©sident des Etats-Unis. 

Maintenant que c’est Ă©crit

Hier, j’ai effectuĂ© ma première sortie sans passe sanitaire. J’en parle dans un autre article.( Paris sans passe : Atterrissage ethnique)

 

Après avoir écrit ça, on pourrait se demander pourquoi je persiste à ne pas me faire vacciner contre le Covid. Cette nuit, ma collègue, vaccinée avec Pfizer, m’a rappelé les embolies constatées lors des premières vaccinations avec l’Astrazeneca au début de cette année 2021.

 

Bien-sĂ»r, il y a pour moi, une inquiĂ©tude concernant certains effets indĂ©sirables assez immĂ©diats et plutĂ´t graves. Mais, aussi, envers des effets indĂ©sirables aussi graves, et encore inconnus- et peut-ĂŞtre uniquement imaginaires– Ă  ce jour, plus tard.

 

Foncièrement, je ne fais que deux choses, me semble-t’il :

 

Douter et essayer de gagner du temps.

 

Faire la Roue

 

Peut-ĂŞtre que faire la roue me permet de continuer de douter en gagnant du temps.

 

Pourtant, je ne doute pas de la pandémie du Covid. Ni de sa gravité possible.

 

Par contre, je doute des vaccins anti-Covid actuels. Pour moi, actuellement, le risque (leurs effets secondaires) Ă  accepter avec ces vaccins que l’on nous propose- et que l’on nous impose- m’apparaĂ®t Ă  tort ou Ă  raison plus grand que leur fameux « bĂ©nĂ©fice Â» que l’on nous assure.

 

En Anglais, je pourrais dire : « I Don’t buy it ! Â». En CrĂ©ole : «  An Pa Ka Pran Sa ! Â». Dans ces conditions de doute, aujourd’hui, je ne suis pas preneur du risque que l’on me « demande Â» ou que l’on veut « m’imposer Â» de prendre avec les vaccins anti-Covid actuels.

 

On dira d’une personne comme moi qu’elle ne sait pas ce qu’elle veut. Qu’elle est illogique, conne ou irresponsable. Ou irrationnelle. Je ne peux pas contester totalement cette perception. C’est celle des autres. Elle ne m’appartient pas.

 » Le Canard Enchainé » de ce mercredi 11 aout 2021.

 

 

La roue a sa propre volontĂ©. Une fois lancĂ©e, elle nous entraĂ®ne avec le moindre effort. Une fois portĂ©e par elle, on pourrait mourir, ĂŞtre blessĂ©, ĂŞtre pris d’un malaise, ou sain et sauf  et continuer d’avancer encore sur plusieurs mètres avant de commencer Ă  le rĂ©aliser. Sauf, bien-sĂ»r, si l’on est mort ou que l’on perd conscience.  

 

Il n’y a rien Ă  comprendre dans ce qui fait le mouvement d’une roue, d’une pensĂ©e ou d’une intuition. Soit on l’admet, soit on fait corps avec elle, soit on la rejette ou l’on se heurte Ă  elle. La roue a ses rythmes, ses cycles. On peut la trouver suicidaire. On peut comparer la roue Ă  la roulette russe. ça peut ĂŞtre vrai. Ça peut aussi ĂŞtre faux.  C’est aussi par elle que l’on arrive Ă  certains endroits et Ă  certaines dĂ©cisions qui nous sauvent et que la science n’a pas prĂ©vu et ne peut pas prĂ©voir. La science, si elle aide, sauve, soigne et peut aiguiller, n’est pas la propriĂ©taire et la maitresse exclusive de toutes les trajectoires. Un ĂŞtre humain, sur un vĂ©lo, n’ira jamais aussi droit que n’a pas pu le calculer la science afin de parvenir Ă  une certaine destination.

 

Cependant, faire corps avec la roue ne signifie pas se perdre en elle ou s’y enfermer définitivement. En faisant corps avec la roue, on peut vivre et réaliser des actes extraordinaires et inconcevables pour qui pense et marche au pas. Mais se confondre avec la roue, au point de ne plus être capable de faire la différence entre elle et soi, c’est se consigner dans la folie, le suicide ou de la maladie.

 

Avec le rĂ©chauffement climatique, l’invasion de l’Afghanistan par les Talibans, les troubles en Ethiopie, la pandĂ©mie du Covid, le durcissement du confinement en Martinique et en Guadeloupe, le couvre-feu en PolynĂ©sie française, et le meurtre du père Olivier Maire, l’arrivĂ©e du Footballeur Lionel Messi dans l’Ă©quipe du Paris St Germain comptent parmi les principales Unes de ce mercredi 11 aout 2021.

 

Pas de logique forcément

 

Il n’y a pas de logique, forcément, dans le fait que, ce matin, j’ai décidé d’attendre ce cycliste que j’avais d’abord très facilement dépassé. Pour lui parler et l’interroger. Et, bien-sûr, rien ne me prédisposait en particulier à cette rencontre. Rien non plus ne garantissait qu’il accepte de prendre le temps de discuter avec moi. Certains cyclistes sont très fermés, assez condescendants ou, plus simplement, pressés.

 

En partant de mon travail ce matin, j’ignorais que j’allais le rencontrer. Et, si j’avais pédalé à une certaine allure ou décidé de prendre un autre parcours pour me rendre à la gare, nous ne nous serions pas croisés.

 

Il avançait sur un de ces vĂ©los mĂ©caniques et pliants de la marque Brompton que j’ai dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©s :

 

« Certains vĂ©los sont faits pour rouler. Le mien est fait pour pĂ©daler Â».

 

Même s’il avançait vraiment doucement, ou peut-être parce qu’il avançait vraiment plus doucement que tous les autres usagers de cette marque de vélo que j’ai pu croiser, il m’a pris l’envie de lui parler.

 

Contrairement à la plupart des cyclistes que je rencontre, quelle que soit leur marque et leur type de vélo, il portait un masque noir anti-pollution. Et peut-être anti-Covid. Et, son vélo, à l’inverse de la majorité des vélos Brompton que j’ai pu croiser, avait un guidon en T.

 

Il m’a très vite appris qu’il avait la version sportive. A la fois la plus lĂ©gère et la plus chère. Il se sentait bien avec ce type de guidon et avait dĂ©jĂ  parcouru cinquante kilomètres avec. Il se sentait tellement bien dessus que, pour tous ses dĂ©placements, il avait dĂ©sormais dĂ©laissĂ© son VTC classique  Ă  sept vitesses.

Il a reconnu qu’il fallait mettre le prix pour l’acheter. Mais que l’effort financier se justifiait. Il a acquiescĂ© lorsque je lui ai sorti ma formule :

 

« Certains vĂ©los sont faits pour pĂ©daler. Celui-ci est fait pour rouler Â».

 

Il avait fait le choix de n’avoir que deux vitesses. Au lieu des six recommandées. Pour alléger davantage son vélo qui devait pourtant être bien plus léger que le mien au poids déjà confortable (12 kilos).

 

Puis, il m’a dit qu’il était étonné par la très grande réactivité de ces vélos. J’ai pu en témoigner pour en avoir fait plusieurs fois l’expérience.

 

Après un à deux kilomètres de discussion et de promenade tranquille ensemble, il m’a prévenu qu’il allait tourner à droite après l’hôtel Le Lutétia. Je l’ai salué et l’ai remercié. Nous nous sommes souhaités une bonne journée.

 

Certains vélos sont faits pour rouler. Sans se poser de questions. Un de mes anciens cousins, du côté de ma mère, Marcel Lollia, était surnommé Vélo. Je ne l’ai jamais rencontré. J’étais ado lorsqu’il est décédé.

 

Vélo n’était pas un cycliste. C’était un joueur de Gwo-Ka. Une référence. Son nom ne dira rien à beaucoup de personnes en France et dans le monde. Y compris parmi beaucoup de mes amis et de mes connaissances, passées, présentes et futures.

 

Sa vie n’a pas du tout Ă©tĂ© linĂ©aire. Elle n’a rien Ă  voir avec ma propre vie. La campagne, la musique apprise sĂ»rement en autodidacte, peu lettrĂ©, la rue, l’alcool, les nuits blanches, d’abord la mauvaise rĂ©putation, puis la reconnaissance, la maladie,  la mort dans la pauvretĂ© avant la soixantaine. Tout ce que je fuis comme beaucoup de personnes.

 

Mais son nom et son histoire sont restés. Et, plusieurs années après sa mort, il continue d’inspirer. Au contraire de la majorité d’entre nous qui, devant la roue, estiment qu’elle est juste là pour avancer. Et, rien d’autre. Une roue, c’est fait pour rouler.

 

 

Franck Unimon, ce mercredi 11 aout 2021.

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Paris sans passe : Atterrissage ethnique

Photo prise Ă  Paris, ce mardi 10 aout 2021.

Paris sans passe : Atterrissage ethnique

 

Atterrissage « ethnique Â»

 

 

Ce mardi 1O aout 2021 a Ă©tĂ© ma première sortie sur Paris depuis l’instauration du passe sanitaire. Mon atterrissage a eu un caractère « ethnique Â».  Je me suis senti tel un aborigène exclu d’une certaine civilisation :

 

Celle des spectateurs et des consommateurs.

Oeuvre actuellement en cours Ă  Chatelet les Halles de l’artiste Hopare. Photo prise ce mardi 10 aout 2021.

 

Et cette civilisation, pour continuer d’exister, me marcherait spontanément sur la figure sans faire attention mais aussi en toute ignorance.

 

« Cela ne tient qu’à toi ! Â» ou «  C’est toi qui l’as choisi, ne te plains pas ! Â» mais aussi, « Ton comportement est dĂ©lirant ! Â» pourraient ĂŞtre quelques unes des voix  disponibles afin de commenter ma sĂ©paration d’avec la vie normale.

 

Mais aussi celle-ci :

 

« On dirait que tu prends du plaisir dans cette situation ! Â».

 

Je ne prends pas de plaisir à cette situation. Même si les nouvelles contraintes qu’elle m’inflige ou qu’elle m’apporte vont m’obliger à faire le tri. A renoncer. Et aussi à me montrer créatif.

Une autre oeuvre de l’artiste Hopare. C’Ă©tait en Mai 2019 lors d’une journĂ©e portes ouvertes d’ateliers d’artistes Ă  Argenteuil. C’Ă©tait avant la PandĂ©mie. Photo prise vers le 25 Mai 2019.

 

Il y a encore quelques semaines, je faisais encore partie de cette civilisation. Je préfèrerais continuer à me mouler dans le mouvement général comme je l’ai toujours fait dans les grandes lignes. Je n’ai pas un palmarès très impressionnant en tant que militant. Et encore moins une activité underground que je pourrais proposer à la vente, à mon avantage, à une maison d’édition ou à une galerie d’art.

 

Un dĂ©lire « normal Â»

 

Quant Ă  mon « dĂ©lire Â»â€¦.je le considère comme une rĂ©action tout Ă  fait normale vu ce que nous vivons depuis dix huit mois, maintenant. Parce-que, depuis dix huit mois et la dĂ©claration officielle de la pandĂ©mie du Covid, ce que nous vivons tous est dĂ©lirant. Donc, quoi de plus normal que de dĂ©lirer dans une situation dĂ©lirante. Les gestes barrières ci-dessous ne sont pas dĂ©lirants pour moi. Je les applique– voire les rappelle– du mieux que je le peux depuis le dĂ©but de leur « prescription« . Ce que je trouve dĂ©lirant, c’est le climat voire toute cette culture de pensĂ©es et de certitudes contradictoires et antagonistes qui peuvent se dĂ©velopper autour de cet Ă©vĂ©nement qu’est la pandĂ©mie du Covid. Mais aussi de voir comme un « simple » virus a suffi depuis dix huit mois Ă  nous aliĂ©ner de plus en plus, nous les ĂŞtres si « modernes » et si « libres »

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

 

MalgrĂ© cela, le plus inquiĂ©tant pour moi serait de rencontrer quelqu’un qui m’affirmerait qu’elle ou qu’il se sent comme un festivalier en plein carnaval dans toute cette ambiance qui nous aspire le cerveau comme un tirebouchon peut extraire le bouchon de liège d’une bouteille de vin. Le pop Ă  l’ouverture ne garantit pas que l’on conservera toute sa cervelle mĂŞme si le goĂ»t et le trou sont divins.

 

Sauf qu’il y a maintenant, depuis l’établissement par notre gouvernement du passe sanitaire, trois grandes tentes qui parsèment le pays ainsi que les territoires français Ă  l’extĂ©rieur de l’hexagone :

 

Celles où le délire consiste à penser que les vaccins actuels contre le Covid, tels qu’ils ont été conçus, leur donne une immunité totale ou parfaite.

Et, celles oĂą des personnes comme moi ne font pas suffisamment confiance aux vaccins actuels. Qui pensent que ces vaccins offrent une protection limitĂ©e. Et que cette protection, ensuite, se paiera peut-ĂŞtre  au prix fort avec des consĂ©quences sur la santĂ© de celles et ceux qui auront choisi de les adopter.

 

Il y a une troisième tente oĂą l’on entre encore sans QR Code, sans PCR et sans test antigĂ©nique prĂ©alables. On y  trouve des vaccinĂ©s et des non-vaccinĂ©s qui s’acceptent et comprennent les raisons et les choix des autres. MĂŞme s’ils sont diffĂ©rents et, a priori, opposĂ©s.

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

 

Néanmoins, pour moi, depuis dix huit mois, tout le monde délire avec le Covid.

Fièvre ou pas fièvre. Réa ou pas.

 

Et celle ou celui qui affirmera avoir toujours, depuis le début, eu la même lucidité et le même calme est une personne qui se ment ou qui raconte des histoires. Peu importe sa fonction.

 

Seulement, maintenant, surtout depuis le 12 juillet 2021 et les annonces du gouvernement,  je fais partie de cette minoritĂ© qui dĂ©lire d’une façon « dissonante Â» par rapport Ă  la majoritĂ©. Or, le nombre est dominant et l’emporte mĂŞme en dĂ©mocratie.

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

Je devrais marcher au pas et rejoindre le plus grand nombre de mes semblables vaccinĂ©s. 

 

Je pourrais plus facilement faire autrement si j’avais de très grands pouvoirs telles certaines personnalités de ce monde. Celles et ceux qui sont riches, qui disposent de forts pouvoirs d’influences, qui dirigent une entreprise, un pays ou une armée. Une armée de l’ombre ou officielle.

 

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

Je ne fais pas partie de cette minorité dominante, qui sait attaquer et aussi se défendre. Les seules armées que je puisse peut-être récupérer et diriger, et encore, c’est celles de la diarrhée et de la logorrhée. La diarrhée et la logorrhée de la peur, de l’inaction et de l’ignorance.

 

La majorité dormante

 

J’ai plutôt, longtemps, fait partie et fais toujours partie de la majorité dormante. Et confiante.

 

Il n’y a que maintenant que je commence Ă  vraiment me mĂ©fier. Et, c’est peut-ĂŞtre dĂ©jĂ  trop tard. En tout cas, pour les personnes comme moi, vaccinĂ©es et non-vaccinĂ©es. Parce-que pour Ă©viter le passe sanitaire et le projet de sociĂ©tĂ© qu’il  dessine- vu que mĂŞme des personnes vaccinĂ©es y sont opposĂ©es- il aurait fallu refuser, avant d’en devenir dĂ©pendants, au moins internet et la tĂ©lĂ©phonie mobile tels qu’ils se sont dĂ©veloppĂ©s. Ou apprendre Ă  les maitriser davantage. Ne pas les laisser aux mains de quelques unes et quelques uns qui sont les dirigeants d’aujourd’hui et encore de demain.

 

 Et, c’était il y a trente ans ou un peu moins, qu’il aurait fallu faire ça. S’interposer. Mettre davantage de garde-fous. Je ne l’ai pas fait.  

 

Il y a trente ans ou un peu moins, nous avions aussi d’autres préoccupations. Nous avons toujours eu d’autres préoccupations. En ce moment, beaucoup d’entre nous ont bien d’autres préoccupations.

 

Et, puis, internet, c’était fantastique. Oui, c’était fantastique.  Et, c’est toujours fantastique. Mais le fantastique peut avoir un prix très Ă©levĂ© selon les projets des dĂ©cideurs. Pour moi, ce mardi 10 aout 2021, son prix a Ă©tĂ© des situations inĂ©dites. Et, ce n’est que le dĂ©but.

 

Des situations inédites

 

Pénis flots

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

 

Devoir trouver, en plein Paris, un jardin ouvert pour aller y pisser en toute discrĂ©tion mais aussi en toute dignitĂ© ?

 

Parce qu’il faut fournir un passe sanitaire pour entrer dans un café ou dans un restaurant afin d’y demander si l’on peut utiliser leurs toilettes. Gracieusement ou contre une petite pièce voire une consommation.

Depuis, j’ai commencé à faire des recherches en vue de m’acheter des péniflows. Afin de pouvoir me balader avec incognito, je devrai arrêter de porter des shorts en été, alors que cela fait partie de mes plaisirs. Pisser tranquillement et proprement tout en marchant dans Paris, cela deviendra assurément un de mes plus forts plaisirs. A condition d’éviter la palpation en cas de vérification et de palpitation identitaire.

 

Ma seule consolation pour l’instant : mĂŞme des aviateurs ont Ă  rĂ©soudre ce problème de besoin urinaire en plein vol.

 

En attendant, un mouvement de résistance de la vessie reste à structurer. Mais je crains que cela ne soit au dessus de mes forces. Car j’aime pisser en plein vol.

 

Persona non grata

 

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

Etre persona non grata devant les salles de cinéma. Je me demande à quoi va bien me servir ma carte mensuelle illimitée que je possède depuis une vingtaine d’années. Car je n’envisage pas de me faire trifouiller les narines pour un test PCR ou antigénique le matin ou quarante huit heures avant une séance de cinéma. Il fut une période où j’allais au cinéma 7 jours sur 7. Heureusement que je n’en suis plus là même si je le regrette un peu. Il y a tant de films que j’aimerais aller voir.

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

 

Par contre, si je l’avais voulu, j’aurais pu entrer Ă  la Fnac. LĂ , peu importe le nombre de personnes qui s’y trouvent, le masque anti-Covid « suffit Â». Extraordinaire. Je croyais que le gouvernement, très confiant dans l’explosion des commandes sur internet durant le premier confinement, allait tout axer lĂ  dessus pour maintenir la dynamique de la consommation. Mais l’un n’empĂŞche pas l’autre. On peut, et, autoriser un accès « plus ou moins libre Â» Ă  la Fnac avec un simple masque. Et, en mĂŞme temps voir coexister les achats sur internet. Mais une salle de cinĂ©ma, avec un simple masque anti-Covid, c’est impossible. Et, entrer dans une salle de cinĂ©ma sans visage, sans tĂŞte et sans vessie, est-ce possible?

Dans une salle de théâtre ?

Photo prise ce mardi 1O aout 2021.

 

MalgrĂ© ça, certaines allĂ©es et venues ailleurs sont possibles sans passe sanitaire. Dans une bibliothèque près du complexe de cinĂ©ma oĂą je n’aurais pas pu entrer, le passe sanitaire n’est pas obligatoire. J’ai pu entrer dans une grande pharmacie parisienne. 

 

Photo prise Ă  Paris, ce mardi 10 aout 2021. Ce n’est pas dans cette pharmacie que je suis allĂ© ce mardi.

 

 

Pour retourner voir les colonnes de Buren. Je n’ai pas senti de tension particulière autour de moi. C’est plutôt moi qui, par moments, ai eu l’impression d’être un dangereux agent contaminant en circulation dans Paris. Je me demande combien de temps, sans passe sanitaire, je vais pouvoir continuer de me permettre ce genre d’infiltration clandestine comme celle d’aujourd’hui.

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2O21.

 

 

Je me suis aussi demandé dans quelle mesure certains des films à l’affiche que je ne verrai pas, parlent d’une situation plus ou moins proche de celle que l’on peut vivre aujourd’hui sans passe sanitaire.

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

On n’exige pas encore de passe sanitaire pour regarder les affiches.

 

Franck Unimon, ce mardi 10 aout et ce mercredi 11 aout 2021.

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Argenteuil

Seine de crime

Photo prise ce lundi 9 aout 2021.

 

Seine de crime

 

 

C’était le jour. Il m’a fallu plusieurs mois pour passer avec ma fille devant ce viaduc.

 

Viaduc où, le 8 mars de cette année, la jeune Alisha, piégée par une amie de son lycée, avait été passée à tabac puis jetée quelques mètres plus bas dans la Seine. Fleuve dans lequel elle a décédé en état de choc sous les effets conjugués de l’hypothermie, de l’épuisement et du désespoir.

 

C’était la troisième fois dans ma vie, aujourd’hui, que je repassais devant ce viaduc.

 

J’ai connu cet endroit par ce crime.

 

Autrement, près de lĂ  se trouve un chemin de halage, le long de la Seine, qui mène Ă  peu près jusqu’à St-Denis en partant d’Argenteuil.  Des gens s’y promènent, font leur footing ou y circulent Ă  vĂ©lo. Au dessus de ce viaduc, l’autoroute A15 qui dirige vers le Val d’Oise au delĂ  dans un sens. Et vers Paris et d’autres dĂ©partements d’île de France dans l’autre sens. De l’autre cĂ´tĂ© de la Seine, Gennevilliers et sa zone portuaire et industrielle avec ses containers. Un lieu de croisements et de directions. Un dĂ©potoir, aussi.

 

Je sais qu’il ne faut pas rester sur de mauvaises impressions. Mais, jusque là, je n’étais pas prêt à les traverser avec ma fille. C’est fait. Ce viaduc est à Argenteuil où nous habitons.

 

Après avoir rejoint la ville d’Epinay sur Seine, nous sommes allés jusqu’au centre équestre de Villeneuve la Garenne.

 

A notre retour, je me suis arrêté un peu pour prendre cette photo. Sans dire un seul mot de ce qui s’était passé là. A la place, j’ai rappelé à ma fille que pour repartir il y avait une côte à monter. Elle a essayé de la franchir sur son vélo. Mais c’était trop difficile pour elle. Je suis descendu de mon vélo et l’ai attendue. Nous avons continué à pied jusqu’à ce que nous puissions remonter tous les deux sur notre vélo pour rentrer.

 

Alisha n’est pas remontĂ©e. Et, elle n’est pas rentrĂ©e. ( Marche jusqu’au viaduc)

 

Franck Unimon, ce mardi 10 aout 2021.

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Cinéma

Le Chat du Rabbin- un dessin animé de Joann Sfar et Antoine Delesvaux

            Le Chat du Rabbin un dessin animĂ© de Joann Sfar et Antoine Delesvaux

 

 

Personne n’est mort dans d’indĂ©centes souffrances. Tandis que ma fille et moi, hier, regardions cĂ´te Ă  cĂ´te  cette adaptation en dessin animĂ© de Joann Sfar de sa bande dessinĂ©e avec le concours d’Antoine Delesvaux.

 

Cette information a son importance car, lorsque l’on fait un rĂ©sumĂ© de l’histoire du Chat du Rabbin, pour moins que ça,  certains souffriraient beaucoup et (nous) feraient la tĂŞte :

 

 A Alger, du temps de la colonisation, vers 1930, un Rabbin vit avec sa fille adolescente, le chat de celle-ci et un perroquet.

 

 

Le chat mate sa maitresse dont il est amoureux. Et jaloux du perroquet. Lequel perroquet, sitĂ´t que le Rabbin et la fille de celui-ci se sont Ă©loignĂ©s, se fait  engloutir par le fĂ©lin de compagnie. A partir de lĂ , le chat met Ă  parler. A courtiser sa maitresse. Mais aussi Ă  contester la religion juive de son Maitre comme celle du Maitre de son Maitre. Nous en sommes Ă  peine Ă  dix minutes du dĂ©but du dessin animĂ©.

 

 

 

Pour moi, c’est une fable sur la tolérance et l’originalité. Mais, pour certains regards, cette œuvre est une compilation de sacrilèges et justifierait la mort ou un châtiment.

 

Ce dessin animé a été réalisé en 2011. Pourtant, en 2021, nous avons encore la chance, en France, de pouvoir le regarder chez soi ou ailleurs sans être en danger. Sans se poser de questions à propos des voisins qui pourraient nous dénoncer ou nous regarder de travers.

 

Alors, j’en ai doublement profité. Tout en réfléchissant. Je reste admiratif par l’aptitude des auteurs de bande dessinée à pouvoir nous captiver avec quelques bulles. Si leur habilité technique et leur graphisme me plaisent, c’est aussi leur coup d’œil qui me marque.

 

On peut aussi dire ça d’un peintre, d’une réalisatrice de film, d’une chorégraphe, d’une pièce de théâtre, d’un romancier ou de n’importe quelle œuvre qui représente la vie humaine, mais avec une bande dessinée, l’auteur ( le scénariste et le dessinateur) nous font souvent entrer par le trou de la serrure. Et, bien avant que cela ne soit sexuel, on commence très jeune à vouloir entrer ou regarder par le trou de la serrure.

 

Devant Le Chat du Rabbin, je me suis demandé quelle jeunesse avait eus celles et ceux qui vont un jour décider de s’en prendre aux dessinatrices et aux dessinateurs. La bande dessinée correspond à des moments de liberté et d’émerveillement silencieux et étendus dans mon enfance. A la bibliothèque et dans l’hyper-marché ou mes parents faisaient leurs courses pour le mois. J’avais alors carte blanche. Les seuls impératifs étaient de tenir compter de l’horaire de fermeture et d’ouverture et de faire attention aux livres.

 

Il m’est impossible de me rappeler toutes les images et tous les thèmes que l’on m’aurait interdit d’approcher par ces bandes dessinées s’il avait existé une quelconque brigade de sécurité ou de censure.

Aucune bande dessinée que j’aie pu lire ne m’a incité à trucider qui que ce soit. Ou à faire des menaces.

 

Cette adaptation de Chat du Rabbin, pour moi, n’est « que Â» l’extension d’une bande dessinĂ©e. Personne ne m’a implantĂ© dans la tĂŞte qu’une bande dessinĂ©e reprĂ©sentait le mal absolu ou que cela pouvait me dĂ©voyer. J’ai donc eu très peu d’efforts Ă  fournir pour aller vers ce dessin animĂ©. Sans avoir Ă  le voir Ă  contre-courant de tout ce que l’on aurait pu m’imposer  et m’apprendre Ă  propos du monde qui m’entoure.

 

Il y a sans doute des symboles que je n’ai pas perçus à propos de ce chat par exemple. Qui rappelle peut-être le chat des pharaons ou qui en est peut-être une réincarnation. Mais cela ne fait rien.

 

 

Le Chat du Rabbin montre deux sortes de pratiques religieuses. L’une, perforante et intransigeante. L’autre, plus accueillante et plus décontractée. Au passage, le trait condescendant et raciste de Hergé se fait croquer au travers de ses personnages Tintin et Milou. C’est un moment drôle parmi d’autres qui délimite aussi les époques. Dans ma jeunesse, Tintin faisait encore partie des bandes dessinées les plus lues avec Astérix et Obélix et Les Aventures de Lucky Luke. BD à côté desquelles on pouvait trouver les Gaston Lagaffe, Valérian, Philémon, Hamster Jovial, Spirou et tous les Pif Gadget, Rahan, Zembla, Blek Le Roc ainsi que les comics. Avant que l’encre des mangas ne se dépose dans la boite crânienne des lecteurs. Ou que les comics ne connaissent aussi leur mutation. Parce qu’il y a un écart entre un Alan Moore et un Stan Lee.

 

J’ai arrĂŞtĂ© de lire de la BD pour  les livres « sĂ©rieux Â». Il y a aussi une explication pratique : le format des bandes dessinĂ©es sauf peut-ĂŞtre si l’on est cultivateur de manga.

 

Sfarr, comme Sattouf  ou Satrapi, j’ai peu lu leurs bds. Hormis les deux ou trois premiers volumes de L’Arabe du Futur de Sattouf. C’est le cinĂ©ma qui me met leurs planches devant les yeux.

 

Il y a une autre explication au fait que je lise moins de bandes dessinĂ©es qu’auparavant :

 

Leurs territoires sont immenses.  Je ne sais pas par quel pays, ni quelle rĂ©gion commencer. C’est pareil avec les jeux vidĂ©os et les livres de science fiction.

 

Devant l’adaptation en dessin animĂ©  de Le Chat du Rabbin, cela n’avait pas d’importance.

 

 

 

Franck Unimon, ce vendredi 6 aout 2021.

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Corona Circus

Les gens comme moi ou C’est toute une histoire

 

Les Gens comme moi ou C’est tout une histoire

Un film, c’est au moins vingt quatre images seconde. Le temps d’écrire cette phrase, lors d’une simple vidéo, on s’est déjà enfilé bien plus que vingt quatre images par seconde.

 

Les films, les séries, les vidéos mais aussi les pubs que nous gobons quotidiennement nous imprègnent de toutes ces images et de toutes ces impressions.

 

Avec internet et, bientĂ´t, « l’apport Â» de la 5 G, nous allons flirter de plus en plus souvent, de manière volontaire, imposĂ©e, mais aussi stĂ©rĂ©otypĂ©e, avec beaucoup plus d’images et beaucoup plus d’impressions en très peu de temps. A un point qu’il est difficile de concevoir. Me dire que l’on maitrise ce genre de consommation revient un peu Ă  me dire que l’on maitrise encore parfaitement une situation après voir bu plusieurs verres de rhum. Si les effets de l’ivresse due aux images se manifestent diffĂ©remment, ils n’en sont pas moins prĂ©sents. D’autant que nous sommes aujourd’hui dans une Ă©poque oĂą il faut aller vite et en grandes quantitĂ©s. Pour Ă  peu près tout.

 

Faire partie du passé

Les gens comme moi font partie du passĂ©. Parce qu’ils font encore partie des « anciens mondes Â». Ces mondes oĂą l’on respecte le Temps. Sans doute trop  et mal, « nid-Ă©a-li-sons Â» pas trop, non plus. IL y a aussi du bon dans notre monde actuel. Si j’insiste autant sur Ces mondes oĂą l’on essaie, comme on peut, de composer avec le Temps, c’est parce-que, pour moi, il existe d’autres Temps que celui des montres, de l’économie et de l’informatique.

 

Il y a aussi le Temps  des contes. De la folie. Des âges, des Ă©poques, des langues, des rythmes, des corps et des mĂ©moires diffĂ©rentes. Ce Temps-lĂ , n’est pas toujours admis dans notre monde d’aujourd’hui. Sauf si ce Temps sert un projet viable. S’il parvient Ă  devenir un produit. Un produit que l’on pourra « proposer Â» au plus grand nombre. Rapidement. Pour rĂ©pondre Ă  un « besoin Â». Pour faire carrière. Pour placer son nom dans l’Histoire.

 

MĂŞme si cette Histoire doit ĂŞtre courte.  

 

Le temps d’écrire et de lire ces quelques phrases de mon article, on en a dĂ©ja bouffĂ© des images vidĂ©os de toutes sortes.  Toutefois, je ne vais pas essayer de rivaliser, au travers de mes articles, avec l’afflux gigantesque de vidĂ©os, d’images, mais aussi de flots de mots et de pensĂ©es qui circulent constamment, dans nos tĂŞtes, autour de nous ou devant nos yeux et nos Ă©crans. D’abord, c’est inhumain et impossible. Ensuite, je suis fatiguĂ©. Et puis, je fais aussi partie des insectes cinĂ©philes.

 

Contracter mes articles

 

Par contre, je vais contracter mes articles. Cela devrait soulager beaucoup de personnes. Ce sera l’équivalent de mon « Birth of the cool Â» de Miles Davis. Lorsque celui-ci, face au Be-Bop, avait optĂ© pour ralentir le tempo de sa musique. Par la suite, Miles avait pu faire des titres très longs (jusqu’à trente minutes) sans aucune parole bien-sĂ»r. Donc, tout ce qu’il faut, pour qu’aujourd’hui, face Ă  la mĂŞme expĂ©rience, un maximum de personnes se cognent la tĂŞte contre les murs et voient cette aventure comme la plus sadique des tortures. Imaginez : A notre Ă©poque actuelle du zapping, du ghosting, des muqueuses de la 5 G toutes proches et toutes lubrifiĂ©es, de l’hyper-connectĂ©, proposer Ă  la majoritĂ© d’entre nous d’écouter un morceau de musique de vingt Ă  trente minutes. Sans bandes annonces au prĂ©alable. En Version originale. Sans dĂ©bat. Sans pub. Sans pop-corn.  Sans coca-cola. Sans bla-bla. Sans paroles. En se taisant. Avec rien d’autre que soi dans la bouche.

 

Je crois que ce serait l’horreur pour beaucoup. Il y a vingt à trente ans, déjà, c’était sûrement comme ça. Alors, aujourd’hui…..

 

Nous sommes dans le monde des vignettes et des capsules. Faire court. Efficace. Direct dans le lard. Dans le cĹ“ur. Dans le pĂ©nis. Le vagin. Le clitoris. C’est ça qui est bon ! ça, c’ est cool ! T’as vu ?!  Comme sur un ring de boxe ou dans un cercle de MMA. Pas de place ni de temps mort pour les baltringues. Tu t’es cru, oĂą ?! Nous,  on veut des K.O ! Bien fait pour ta gueule ! Faire des yeux de biche Ă  quelqu’un, cela peut-ĂŞtre joli et tendre. Un pied de biche, aussi. Mais, dĂ©foncer la gueule de quelqu’un, ses rotules Ă  coups de pieds de biche, c’est « mieux Â» ! ça fait plus de bien que la poĂ©sie ! MĂŞme en costume cravate, en robe Ă  paillettes, avec des vĂŞtements de marques et un carnet d’adresses select,  On est des poètes, oui. De la panique et des kicks. On n’est pas lĂ  pour te tailler une bavette.

 

Avec de tels espoirs et de tels projets parmi nos modèles dominants, il n’y a donc rien d’ étonnant à ce que dans certaines manifestations, il y ait des débordements, de la casse mais aussi des bavures, des flash-balls, du LBD et des éborgnements. Notre monde et notre époque ne vantent pas les vertus de la lenteur et du cérémonial du thé. Ou, alors, seulement, pour l’apparence, l’exotisme, faire du scoutisme ou lors d’un contrat à signer. Par intérêt. Ou par décret. C’est tout.

 

Insecte cinéphile

 

Mais je ne peux pas dire du mal des images de toutes sortes comme de toutes espèces. Je fais partie des insectes cinĂ©philes.  Avant que le grand insecticide tout puissant ne me neutralise et ne me convertisse en glucide, je m’en vais poursuivre.

 

Aimer les images ou aimer quelqu’un, ne signifie pas qu’il faille tout lui passer. Ou qu’il faille tout accepter de lui. Et prendre tout ce qui vient de lui- ou d’elle- comme la vérité absolue et définitive.

 

C’est vrai pour les images que l’on regarde et voit. Comme de ce que l’on lit et entend.

Il faut savoir faire le tri. Mais c’est très difficile, et ce sera de plus en plus difficile, que d’apprendre Ă  faire le tri. Dans la nature, en certains temps reculĂ©s, par certains cĂ´tĂ©s, c’était peut-ĂŞtre plus « facile Â». Mais, en raison, lĂ  aussi, de certains dangers, et aussi en vue de dĂ©nicher ou de nous rapprocher de certaines opportunitĂ©s, nous avons oubliĂ© ou nous n’avons pas appris ce que c’était.

 

Biais cognitifs

 

Dans son livre Petit guide de contre-manipulation (comprendre, dĂ©celer et contrer les manipulateurs) Christophe Caupenne, « ancien chef du pĂ´le nĂ©gociation du RAID pendant onze ans, après 25 ans passĂ©s dans la police Â» parle, page 107, des biais cognitifs. Vous n’avez vu aucune vidĂ©o sur ce sujet ? Et, aucun algorithme ne vous en a proposĂ© ?! Alors, cette petite rasade de mon article- grâce Ă  l’ouvrage de Caupenne– vous est spĂ©cialement dĂ©diĂ©e :

 

« (….) ils ( les biais cognitifs) affectent de multiples domaines comme la perception, l’évaluation d’une situation, les relations sociales, la prise de dĂ©cision, les logiques de causalitĂ©, le jugement ou la comprĂ©hension statistique. Ces biais cognitifs ne sont gĂ©nĂ©ralement pas conscients et constituent parfois des travers de l’expertise ou de la logique. Certains d’entre eux sont, en revanche, particulièrement manipulatoires pour qui sait s’en servir Â».

 

Puis, Caupenne parle de plusieurs biais cognitifs. Le premier qu’il aborde est L’effet de primautĂ© (Short term-store effect) :

 

« On n’a pas deux fois l’occasion de faire une bonne impression Â».

 

Après cette citation, Caupenne continue par la phrase suivante :

 

« Difficile de changer d’avis quand on s’est fait une première impression d’une situation ou d’une personne ! Une perception sĂ©lective des informations s’opère alors afin de privilĂ©gier celles qui vont dans le sens de l’impression de dĂ©part Â».

 

L’engagement :

 

Ailleurs, j’avais entendu parler (c’est moi, Franck, qui reprends la « parole Â» dans cet article) de la notion d’engagement.

 

Une fois que l’on s’est engagé moralement et corporellement dans une certaine action ou décision, c’est plus difficile de se rétracter. Pour moi, Caupenne parle aussi de ça dans ce chapitre. Lorsque l’on s’engage, c’est plus difficile de se rétracter. Car, s’engager, c’est s’avancer physiquement, donc, dans le temps, dans l’espace et dans la géographie du monde. Mais, c’est aussi s’avancer, se découvrir, s’exposer, se présenter, aussi socialement. Face au monde. Parfois sans protections. Ou avec ce sentiment d’être sans protection. Et, donc, d’être à la merci d’un ennemi potentiel, visible ou invisible, repérable ou non.

 

Faire le contraire, s’engager puis se rétracter en permanence, c’est passer son temps à faire du surplace. Il y a de ça dans la peur, dans l’anxiété et dans la phobie.

Cependant, s’engager puis se rétracter, c’est aussi se contredire et risquer de perdre du crédit. Mais, c’est donc, aussi, à un moment ou à un autre, si cette tendance est trop lourde et prononcée, régresser. Voire, cela correspond aussi à choisir de mourir là où l’on est. Tel que l’on est. Avec celles et ceux qui nous entourent et font le choix de rester avec nous ou près de nous.

 

Dans cette action de s’engager, il y a en fait résumée une grande partie de l’Histoire de l’Humanité comme de la plupart de nos décisions.

S’engager, c’est accepter les consĂ©quences, bonnes ou mauvaises, de nos actions et de nos dĂ©cisions. Donc, devoir ou savoir accepter, après s’être engagĂ©, que l’on s’est trompĂ© – si l’on s’est trompĂ©– de direction ou de choix peut ĂŞtre difficile. Car il faudra faire son deuil. Car il faudra changer de comportement. Repartir vers  un inconnu auquel il faudra apprendre Ă  s’adapter. Alors que tout ce que l’on voulait, c’était s’établir. Se poser une bonne fois pour toutes. Et, ĂŞtre tranquille. Sans dĂ©ranger. Et sans ĂŞtre dĂ©rangĂ©.

 

Accepter que l’on s’est trompĂ© de direction sur la route et que l’on a fait cinq ou kilomètres de trop est assez facile Ă  accepter si l’on est confortablement installĂ© dans sa voiture ou sur sa moto.  Et que tout va bien. Cela est plus difficile Ă  accepter si l’on est Ă  pied dans un endroit inconnu, qu’il commence Ă  pleuvoir, et que l’on a faim et soif depuis trois heures et rien Ă  manger.

 

Les idéalistes

 

Les gens comme moi, existent. Ce sont des idĂ©alistes. Mais c’est une autre histoire. Celle oĂą,  hier soir, j’ai Ă  nouveau eu envie de me faire vacciner contre le Covid.  Je ne sais pas encore pourquoi. MalgrĂ© mes rĂ©ticences. MalgrĂ© ce que j’ai lu de dĂ©favorable contre les effets indĂ©sirables des vaccins anti-Covid actuels.

 

L’effet de mes doutes, peut-ĂŞtre, routes possibles vers l’ailleurs ? C’est beaucoup plus simple pour celles et ceux qui ont des certitudes. Pour ou contre ces vaccins que l’on nous propose contre le Covid actuellement.

 

Mon besoin d’ailleurs ?  Un besoin qui dĂ©passe mes pulsions- encouragĂ©es- de consommateur attardĂ© et lambda. Car il n’y a rien d’évoluĂ© dans le comportement du consommateur lambda. MĂŞme ultra-connectĂ© et renseignĂ© sur « ce Â» qu’il achète.  Car, souvent, et assez vite, il achète de l’oubli ou l’oubli de lui-mĂŞme. Qu’il soit seul en consommant ou accompagnĂ©. Car consommer aide Ă  oublier le Temps. Cela peut ĂŞtre si difficile de composer avec le Temps. Lui, si vorace de notre mortalitĂ© et de nos vulnĂ©rabilitĂ©s.

 

Je le rappelle : jusqu’au 12 juillet de cette annĂ©e (il y a trois semaines) je regardais les vaccins actuels contre le Covid de très loin. Un peu comme des fusĂ©es ou des satellites en orbite autour de la terre qui nous retransmettent certaines images du monde :  

 

Les Pfizer, Moderna, Astrazeneca, Johnson & Johnson pour les appeler par leurs noms de fusées, de laboratoires ou de joueurs de foot. Je n’avais pas le projet d’entrer dans ce match, dans ces fusées et ces navettes. De me faire vacciner. Et encore moins de me faire encore un peu plus encoder que je ne le suis déjà. En surfant instamment sur internet. En utilisant ma carte bancaire, mon pass navigo et mon téléphone portable. Comme tout le monde.

 

Je prĂ©fĂ©rais attendre. Car, ce que j’entendais Ă  propos des effets secondaires des voyages dans ces navettes (les vaccins)  m’incitait Ă  la prudence. Et, je me sentais très bien sur terre avec mes gestes barrières tels que le port du masque, le lavage des mains. J’avais survĂ©cu Ă  l’enfer de l’annĂ©e dernière.

 

En plus, j’avais ajouté- intégré- un troisième geste barrière devenu si courant que je l’ai oublié. Depuis quatre mois ou plus, j’effectue la plus grande partie de mes trajets jusqu’à mon travail à vélo. C’est un sacré geste barrière et d’immunité, le déplacement à vélo. D’une part, je suis dehors et je roule exceptionnellement –jamais- au sein d’un peloton d’un millier de personnes contre lesquelles je me frotte, épaule contre épaule. D’autre part, j’effectue une activité physique régulière, gratifiante et stimulante pour mon organisme et mon état mental.

Immuno-déprimés

Pour cette pandémie du Covid, on sait nous parler du risque élevé de contagiosité et de conséquences graves voire mortelles du Covid. Sort désormais réservé- presque l’équivalent d’une damnation- principalement à celles et à tous ceux qui ne sont pas et ne seraient pas vaccinés.

 

Par contre, on ne nous dit rien, une nouvelle fois, sur l’état de santĂ© psycho-social de la personne qui contracte le Covid. On ne nous dit jamais si la personne qui a contractĂ© le Covid Ă©tait immuno dĂ©primĂ©e. Cela ne compte pas. Comme, lorsqu’une personne se tue Ă  moto ou au volant de sa voiture, on saura nous parler du nombre de tuĂ©s et d’accidentĂ©s, de la vitesse Ă  laquelle celles et ceux-ci roulaient. De la quantitĂ© d’alcool qu’ils avaient dans le sang. Bien-sĂ»r, tout cela est plus qu’important.  Car cela influe sur nos comportements, sur nos capacitĂ©s physiques, physiologiques et cognitives comme sur nos perceptions du risque et du danger.

Par contre, on nous parlera peu ou jamais de l’état de fatigue physique. Et, encore moins, de la santé morale des personnes au volant ou au guidon de leur deux roues au moment de l’accident. Si elles étaient déprimées ou suicidaires. Ça ne compte pas. On constatera que ces personnes se sont écrasées. Qu’elles ont tué telle personne. Qu’elles avaient tant de telle substance dans l’organisme. Ces informations comptent bien-sûr.

 

Par contre, dans notre monde hyper-connectĂ© oĂą l’on tient beaucoup aux informations « rĂ©elles Â» et de première main. OĂą beaucoup de gens cherchent souvent reconnaissance, complaisance et rĂ©confort en multipliant les doubles clics, savoir si ces personnes qui se sont tuĂ©es ou blessĂ©es au volant ou sur leur deux roues, Ă©taient dĂ©primĂ©es ou suicidaires, ce type d’information est une autre histoire. Une histoire anecdotique. C’est une autre histoire que des gens comme moi croient aussi importantes que le reste. Une autre histoire que j’essaie aussi d’apprendre et de connaĂ®tre. MĂŞme si je sais que je suis has been. De plus en plus has been.

 

Franck Unimon, ce vendredi 6 aout 2021.

 

 

 

 

 

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Seconde maman

 

                                       Seconde maman

Un adulte, ça ne se trompe jamais.

 

 

« Un adulte, ça ne se trompe jamais Â» m’a dit ma fille, hier. Lorsque j’ai essayĂ© de lui faire comprendre qu’il pouvait arriver qu’un adulte, se trompe. Elle a eu l’assurance de l’innocente. Sa maitresse le leur avait dit Ă  l’école. Ma fille appliquait Ă  la vie ce que son enseignante leur avait peut-ĂŞtre (j’espère) affirmĂ© Ă  propos de certains Savoirs scolaires.

 

La certitude de ma fille m’a fait sourire. Mais elle a raison. C’est bien le problème. C’est les grandes vacances, ce 4 aout 2021. Des millions de personnes, pour leurs vacances, ont pris des destinations différentes. Assez peu admettront s’être trompées de destination. C’est pareil avec la raison. Nous prenons des destinations différentes. Lorsque nous sortons de certaines limites de la route ou de la raison, nous ne nous en apercevons pas tout de suite.

 

Sur le papier, administrativement, politiquement, militairement, selon les frontières et les rĂ©gions, nous sommes une Nation. En pratique, cela peut ĂŞtre diffĂ©rent. Aussi y’a-t’il  y a des lois pour nous rĂ©unir ou nous forcer Ă  nous rĂ©unir et pour nous donner des règles communes. Si nous nous en dĂ©marquons, il y a fuite, infraction, condamnation, rĂ©pression ou dĂ©bat.

 

Devant la pandĂ©mie du Covid – oui, je vais Ă©videmment reparler d’elle – nous, les adultes, nous sommes tous au volant. Et, comme pour les dĂ©parts en week-end ou pour les grandes vacances, nous ne prenons pas les mĂŞmes destinations. De façon volontaire ou involontaire.

 

Mais un adulte, ça ne se trompe jamais.  

 

La vie et la mort face Ă  certaines modĂ©lisations :

 

C’est pour cette raison qu’une fois notre décision prise, nous nous heurtons. Les pour et les anti-vaccins.

Pourtant, que l’on soit pour ou contre les vaccins contre le covid, la pandĂ©mie du Covid nous rappelle aussi que la vie et la mort Ă©chappent Ă  certaines modĂ©lisations, statistiques et chiffres. Mais nous sommes nombreux Ă  ĂŞtre très sĂ»rs de nous concernant la conduite Ă  avoir pour ou contre. MĂŞme si personne ne sait vĂ©ritablement oĂą nous en sommes sur la route de la pandĂ©mie. Ni oĂą nous sommes exactement. Et Ă  quel point nous nous situons sur la carte et la courbe de la durĂ©e de la pandĂ©mie.  

 

Le journal  » Le Monde » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

Je ne conteste pas la réalité ou les chiffres de la pandémie du Covid. En France. Dans les régions d’outre-mer où un reconfinement a été décidé en Martinique, à la Réunion et sans doute bientôt en Guadeloupe. Je ne conteste pas non plus qu’il manque des lits en réanimation. Ainsi que du personnel soignant. Ni que la pénurie soignante se soit accentuée depuis la pandémie et qu’un certain nombre de soignants, épuisés par les conditions de travail déjà difficiles avant la pandémie, ait fait connaître leur intention de quitter l’hôpital.

 

Hier soir, j’ai Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© de n’avoir rien de particulier Ă  Ă©crire. Peut-ĂŞtre parce-que j’avais Ă©crit le principal de ce que je ressentais dans mon article SĂ©rums de vĂ©ritĂ© . La veille. 

Mon ami Raguse m’a envoyĂ© un sms ce matin. Il voulait savoir ce que j’avais dĂ©cidĂ©. Pour lui, comme pour ma compagne, Ă  la fin de mon article SĂ©rums de vĂ©ritĂ©, on ignore quelle va ĂŞtre ma dĂ©cision. Ma compagne a parlĂ© en quelque sorte de « suspense Â». Pour moi, il n’y avait pas de suspense Ă  la fin de SĂ©rums de vĂ©ritĂ©.

 

Le journal  » Les Echos » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

Suspense

 

 

Ce matin, j’ai appelé pour annuler le rendez-vous que j’avais pour ma première injection avec le vaccin Pfizer contre le Covid. La seconde était prévue pour le 24 ou le 25 aout.

J’ai choisi, pour l’instant, d’éviter de prendre un autre rendez-vous. Si je reprends rendez-vous, j’aimerais être davantage sûr de moi. Ce sera peut-être trop tard ou plus difficile d’obtenir un rendez-vous alors que j’avais assez facilement obtenu ce rendez-vous dans la salle des fêtes de ma ville.

 

Peut-ĂŞtre que je le regretterai.

 

 

Mais je ne pouvais pas, avec les doutes que j’ai dans la tête, concernant les effets indésirables que j’ai lus ou dont j’ai entendu parler concernant les vaccins actuels contre le Covid, accepter de recevoir ma première injection du vaccin Pfizer. Qui plus est, en présence de ma fille. Si j’avais été seul ce matin, peut-être que j’aurais raisonné autrement. Ce n’est pas sûr. Mais le fait d’envisager que ma fille puisse me voir me faire vacciner contre le Covid, alors que je suis en bonne santé, puis, si ça se passe mal, qu’elle fasse l’apprentissage par elle-même que la vaccination puisse être néfaste, a encore plus contribué à ce que je me retire, pour l’instant, de cette campagne de vaccination collective contre le Covid.

 

D’autres personnes ont fait ou auraient fait le contraire. Je le sais.

 

Le journal  » Le Canard Enchainé » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

 

Expériences

 

Je sais aussi que je ne suis pas épidémiologiste. Que je ne dispose pas de chiffres ou de statistiques. Que ma façon de percevoir les événements qui entourent la pandémie du Covid sont empiriques. Même si j’essaie de trouver des informations à droite à gauche, autour de moi. En lisant des journaux, y compris satiriques qui se moquent des anti-vaccins. En lisant sur le net ou en regardant des vidéos aussi sur le net.

 

Au moment de prendre la décision, pour ou contre la vaccination, se croisent des croyances, des logiques. Et, parfois, l’expérience. L’expérience, ça peut être avoir un proche, une proche ou un moins proche qui a eu le Covid.

 

Je connais quelques personnes qui ont eu le Covid. Dont mon meilleur ami qui l’avait contracté plusieurs semaines après sa compagne. Il y a plusieurs mois. Ce 13 juillet, j’étais à l’enterrement du père de mon meilleur ami. Bientôt 90 ans. Pas à l’enterrement de mon meilleur ami.

 

Je ne fais pas exprès de mentionner cette date du 13 juillet, alors que la veille, le gouvernement avait décidé de rendre obligatoire pour les soignants la vaccination anti-Covid. Ces deux dates coïncident. Cette coïncidence fait aussi partie de mon expérience du Covid.

A l’enterrement du père de mon ami, pour la première fois, quelqu’un m’a demandĂ© quel Ă©tait mon groupe sanguin. Lorsque j’ai rĂ©pondu que j’étais O positif, il m’a affirmĂ© qu’être O positif protĂ©geait contre le Covid. Cette croyance m’a Ă©tonnĂ© voire un peu fait sourire. Mais je sais qu’elle ferait enrager certains esprits « scientifiques Â» ou « cartĂ©siens Â».

 

Mon meilleur ami et sa compagne sont partis en vacances, il y a quelques jours. Ils allaient bien tous les deux. J’ai même senti mon meilleur ami apaisé après le décès et le départ de son père pour son enterrement en Algérie. Cela faisait deux ans que son père souffrait de la maladie d’Alzheimer. Deux ans que cela le minait. Lui et sa compagne ont à ce jour une réponse immunologique qui atteste du fait que leur organisme possède encore un nombre très élevé d’anticorps ou d’antigènes, au delà de la moyenne, du fait d’avoir contracté le Covid.

 

Le journal  » Le Monde » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

Fort heureusement pour moi, ce 4 aout 2021, parmi mes proches et mon entourage direct, toutes celles et tous ceux que je connais qui ont attrapĂ© le Covid l’annĂ©e dernière ou cette annĂ©e au printemps, vont bien ou mieux. Dans une tranche d’âge comprise entre 40-45 ans et 55-58 ans. Deux ont frĂ´lĂ© le cadavre. Un, en particulier, « ramassĂ© par terre Â» (ses propres termes) par le Samu chez lui. J’ai appris Ă  cette occasion qu’il souffrait d’une certaine insuffisance respiratoire au prĂ©alable. Moi, ce que j’avais remarquĂ© chez ce collègue, plutĂ´t « fort Â», c’était surtout son embonpoint et son âge proche de la retraite.

Pareil pour l’autre collègue Ă  qui il avait fallu un peu plus de deux mois pour rĂ©cupĂ©rer. Embonpoint certifiĂ© et âge proche de la retraite.  On peut sĂ»rement parler pour eux deux de «  comorbiditĂ©s Â».

 

 Sur les deux, je peux attester que le second, au moins, plusieurs semaines avant d’attraper le Covid, avait un usage allĂ©gĂ© du masque anti-Covid.

 

Lorsque je mentionne ça, je ne suis pas plus épidémiologiste qu’au début de cet article. Je livre une ou deux expériences. Quelques éléments que j’ai pu observer.

 

Mais il y a un autre phĂ©nomène que j’ai pu observer au dĂ©but de ma carrière d’infirmier en psychiatrie. Un phĂ©nomène que j’ai appris Ă  connaĂ®tre. Ce n’est pas venu tout de suite. Je n’avais pas prĂ©vu, en choisissant d’aller travailler en psychiatrie alors que j’avais 24-25 ans, que je ferais ce genre de « dĂ©couverte Â» parmi d’autres. Cette dĂ©couverte, une fois de plus, n’a rien de scientifique. Je n’ai pas de stats, de chiffres, de logiciel de calcul qui permettront de modĂ©liser, protocoliser ce que je vais raconter. Je vais essayer de parler du risque. Mais d’après ce que j’ai vĂ©cu Ă  mon travail dans certaines situations en  psychiatrie. Je le rĂ©pète : je ne suis pas Ă©pidĂ©miologiste. Je n’ai aucune compĂ©tence pour expliquer ce qui se passe, d’un point de vue clinique, avec la pandĂ©mie. Il y a des personnes, des adultes, bien-sĂ»r, qui, eux, savent. Et ne se trompent pas. Qu’ils soient scientifiques, politiques ou journalistes. Ou intellectuels. Ou des proches comme des moins proches.

 

Moi, je doute. Je sais que je peux me tromper. C’est pour cela, que, ce matin, j’ai opté pour reculer avant cette première injection de Pfizer. Alors qu’il y a quelques jours, lorsque j’avais pris rendez-vous, j’étais content d’avoir pu obtenir un rendez-vous aussi rapide. J’avais le sentiment d’avoir fait ce qu’il fallait. Le timing collait bien. J’allais pouvoir, mi-septembre, au moment où les sanctions décidées par le gouvernement, allaient se déclencher plus durement contre celles et ceux qui ne seront pas vaccinées, être tranquille. Etre débarrassé de certaines tribulations.

 

Le journal « Charlie Hebdo » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

Le Risque :

Si je commence Ă  essayer de faire de l’humour en commençant par la phrase connue : « Dès que l’on vit, on risque de mourir Â», bien des personnes prendront très mal cet humour qu’elles estimeront malvenu vu le contexte de la pandĂ©mie. Mais je dĂ©bute quand mĂŞme cette partie par cette allusion parce-que je refuse encore de manquer d’un certain courage pour l’humour. MĂŞme si ce trait d’humour sera sĂ»rement très mal tolĂ©rĂ© par quelques unes et quelques uns.

 

Mais ce que je veux dire, autre phrase très connue, c’est que «  le risque zĂ©ro n’existe pas Â».

 

En psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie, rĂ©gulièrement, constamment, nous rencontrons des patients qui ont un « risque suicidaire Â» ; un « risque de passage Ă  l’acte Â» ; « un risque de fugue Â». Bien-sĂ»r, ce risque est moins, comment dire, sujet aux certitudes de certaines donnĂ©es scientifiques et Ă©pidĂ©miologiques.

 

Pour le Covid, par exemple, on sait nous dire que tel variant a telle proportion de contagiosité. Ou que, actuellement, le vaccin Pfizer offrirait une protection de 39% face au variant Delta contre plus de 90% face au variant précédent du Coronavirus. Mais, aussi, qu’une personne vaccinée contre le Covid a moins de risques de se retrouver en réanimation ou de développer une forme grave du Covid. C’est chiffré. Modélisé. Je ne discute pas ces chiffres et ces statistiques contrairement à certaines personnes anti-Vaccin Pfizer, Moderna, et autres vaccins anti-Covid actuels. Je crois à ces chiffres. Même si je ne passe pas mon temps à les sniffer comme l’on pourrait sniffer des lignes de crack.

 

Je vais par contre m’attarder davantage sur ces phĂ©nomènes que tout le monde, ou Ă  peu près, vit plus intensĂ©ment depuis dix huit mois, avec cette pandĂ©mie du Covid :

 

La peur. L’anxiété.

 

LĂ , aussi, je ne suis pas sociologue, psychologue, chercheur au CNRS ou ailleurs sur ces sujets. Je n’ai pas de chiffres ou de statistiques, non plus. Mais mon mĂ©tier, c’est de travailler en psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie directement avec des publics (adultes et mineurs) qui peuvent ĂŞtre imprĂ©visibles ou très imprĂ©visibles. Et, avec lesquels le « risque Â» est souvent prĂ©sent. Risque de tentative de suicide. Risque de fugue. Risque de passage Ă  l’acte auto-agressif et hĂ©tĂ©ro-agressif. Et, comme mes collègues, il est de ma responsabilitĂ©, Ă©videmment, de prĂ©venir ce risque. Comment fait-on ?

 

Avec des logiciels et des camĂ©ras ? En se menottant Ă  eux vingt quatre heures sur vingt quatre ? En les endormant de telle manière qu’ils soient incapables de bouger le moindre petit doigt ? En les enfermant dans une prison comme celle du personnage MagnĂ©to dans les X-Men ? En mettant un chien de surveillance devant la porte de leur chambre ?

 

Peut-être que certaines personnes vous répondront que c’est sûrement ça. Mais je ne fais pas partie de ces personnes et de ces professionnels.

 

Ce qui veut dire que, par rapport Ă  ces risques, nous, professionnels, en psychiatrie, « Ă©valuons Â». Pour Ă©valuer une situation, il y a deux ou trois instruments cliniques en plus du traitement chimique, il est vrai :

 

La relation avec le patient. Qui se veut, autant que possible, une relation de confiance.

 

L’observation. Ce que nous voyons du patient. Ce que nous comprenons de lui. Tant ce qu’il dit que son comportement et son attitude.

 

Et, troisième instrument qui n’a rien de scientifique, qui, comme la relation et une certaine observation ne peuvent pas se modéliser. Je parle bien-sûr de…l’intuition.

On va parler un peu plus de l’intuition.

 

 

L’intuition en « psychiatrie Â» :

« Je ne le sens pas. Â»

 

 

Le gros problème avec l’intuition, c’est Ă©videmment, qu’elle ne repose sur rien d’autre que notre subjectivitĂ©. Or, question subjectivitĂ©, lorsqu’une situation nous stresse ou nous inquiète ou nous excite, on peut se faire des « films Â». Imaginer des Ă©vĂ©nements qui, en fait, ne se produisent pas ou ont peu de chances de se produire. Sauf que, nous, on peut-ĂŞtre très bien persuadĂ© que cela va se produire.

 

Au début de ma carrière en psychiatrie, j’ai rencontré des collègues plus expérimentés que moi. Des collègues qui avaient donc, pour eux et elles, l’expérience de l’âge et du vécu en psychiatrie.

 

Je ne compte pas le nombre de fois où, depuis le début de ma carrière en psychiatrie mais, aussi, par la suite, dans ma propre vie, des gens sont persuadés qu’une catastrophe va arriver. Tous les signes sont présents pour eux. Ils n’attendent que la confirmation de leurs pronostics funestes.

 

Et, je ne compte plus le nombre de fois oĂą, finalement, la catastrophe maintes fois attendue et annoncĂ©e ne se produit pas. Et, oĂą, les personnes qui y ont cru n’émettent aucune autocritique. Et en font rien pour apprendre de cela. A chaque nouvelle situation plus ou moins anxiogène, rebelote. Les mĂŞmes, le plus souvent, recommencent Ă  avoir peur et Ă  imaginer le pire. 

 

Aujourd’hui, je ne nie pas la gravitĂ© de la pandĂ©mie du Covid que peu de personnes, en France, a vu venir. Comme, depuis dix huit mois, je n’ai jamais niĂ© la gravitĂ© de la pandĂ©mie du Covid. Par contre, je retrouve dans cette peur et cette anxiĂ©tĂ© massive Ă  grande Ă©chelle dont le cercle se resserre de plus en plus autour de nous avec cette vaccination obligatoire et ce passe sanitaire, des points communs avec ces situations que j’ai pu vivre en psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie oĂą il y a eu un risque « de Â». Pourquoi ?

 

Là, aussi, à nouveau, l’expérience.

 

Il y a dix huit mois, nous allions mourir du Covid. Dans un simple coin de rue. C’était sûr. Aucune statistique n’est sortie dans ce sens. Mais c’est pire.

Le journal  » Charlie Hebdo » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

L’amnésie immédiate et collective qui permet à certaines et certains de recommencer à flipper aujourd’hui comme l’année dernière avec la pandémie du Covid se retrouve dans des proportions plus limitées dans ma psyché. Cela ne fait pas de moi une personne super-intelligente. J’ai une chance sur deux d’avoir fait une grosse connerie en refusant d’aller me faire faire cette injection de vaccin anti-Covid ce matin. Et, on sait assez quels sont les risques, réels cette fois, auxquels je m’expose, en plus des risques sanitaires, si, le 15 septembre, je ne suis toujours pas vacciné contre le Covid.

 

Des risques économiques. Des risques d’exclusion sociale. Des risques de séparations et de ruptures avec des proches et des moins proches.

 

Soit des risques dont je préfèrerais me passer.

 

Mais, malgrĂ© ces risques, je me rappelle encore que notre mort Ă©tait annoncĂ©e l’annĂ©e dernière. Et que j’ai fait partie de celles et ceux qui ont continuĂ© de se rendre Ă  leur travail. Entre-autres, sans masque anti-Covid et sans vaccin, pendant plusieurs semaines. Et, dix huit mois plus tard, je suis encore vivant. Je pourrais presque dĂ©poser une rĂ©clamation pour « publicitĂ© mensongère Â». Mais, lĂ , je fais de l’humour plus ou moins noir. LĂ , oĂą je fais moins d’humour, c’est que je n’ai pas du tout aimĂ© me faire matraquer et miner mentalement avec des idĂ©es de mort permanentes, imminentes et pĂ©remptoires. Il fallait faire ceci. Il fallait faire cela. J’ai fait ceci. J’ai fait cela. Et, cela ne suffit pas. Il faut, aujourd’hui, que j’en fasse encore plus. Les deux injections. Le passe sanitaire. Jusqu’à quand ? Pour aller oĂą ? Personne ne sait. Il faut le faire, c’est tout. Et, ferme ta gueule ! Si, comme moi,  l’on a des doutes sur les effets indĂ©sirables des vaccins anti-Covid, c’est bien cette impression que donne cette obligation vaccinale assortie de ces inconnues au sujet de ces vaccins. Une impression de :

 

« Il faut le faire, c’est tout. Et, ferme ta gueule ! Â».

 

 

Et, aujourd’hui, depuis ce 12 juillet 2021, avec le variant Delta, cette vaccination devenue obligatoire pour les soignants et ce passe sanitaire, j’ai l’impression que l’on recommence Ă  me servir Ă  nouveau la mĂŞme recette. Et que je devrais m’empresser de  sauter avec reconnaissance sur cette recette de la peur et de l’anxiĂ©tĂ© et me lĂ©cher les doigts avec.

 

 Phase de relativisation ou phase de dĂ©ni ? :

 

Si, ce 4 aout 2021, je me suis finalement prĂ©cipitĂ© pour m’éloigner de ma première injection de Pfizer, c’est peut-ĂŞtre parce-que, depuis l’annĂ©e dernière, Ă  tort ou Ă  raison, j’ai appris Ă  relativiser le danger de la pandĂ©mie du Covid. Au dĂ©but de ma carrière d’infirmier en psychiatrie, plusieurs fois je me suis fait avoir par ces situations oĂą nous Ă©tions plusieurs Ă  envisager le pire. Et, oĂą le pire ne se produisait pas, finalement. Je m’en voulais ensuite de m’ĂŞtre fait avoir par ces poussĂ©es- rĂ©pĂ©tĂ©es- d’anxiĂ©tĂ©. J’ai appris Ă  relativiser. Cela ne signifie pas du tout que je banalise les risques suicidaires ou autres. Mais qu’au lieu de me faire des films, je prĂ©fère observer. Surveiller. Ou me fier Ă  mon intuition. Et vĂ©rifier, si j’en Ă©prouve le besoin, quand ça me vient, afin de comparer les faits avec mon intuition et mes impressions. Puis, me rappeler du rĂ©sultat. Cela a contribuĂ© Ă  faire baisser mon « tonus Â» d’anxiĂ©tĂ©.

L’année dernière, nous devions mourir. Je ne suis pas mort. Nous sommes nombreux à être encore vivants. Et on dirait que c’est pire. Qu’il aurait presque mieux valu décéder l’année dernière afin d’évacuer définitivement cette anxiété et cette angoisse générale et collective qui nous circonscrivent.

 

Les personnes que je connais qui ont attrapé le Covid l’année dernière et cette année sont toujours vivantes. Et, elles vont plutôt bien. Elles n’étaient pas vaccinées contre le Covid. Par contre, concernant les effets indésirables des vaccins anti-Covid, j’entends parler de trucs bizarres pas très rassurants. Des vaccins qui, depuis ce 12 juillet, sont devenus obligatoires. Comme je fais maintenant partie des personnes qui résistent ou refusent cette vaccination obligatoire, l’autre levier ou l’autre recette est la culpabilisation.

 

 

Recette qui complète très bien la recette de la peur et de l’anxiété.

 

 

Le levier ou la recette de la culpabilisation :

 

Que ce soit en tant que personne ou en tant qu’infirmier, je n’ai aucun intĂ©rĂŞt ni aucune envie de nuire Ă  quiconque, patient ou autre. Et, je n’ai rien d’exceptionnel. 

 

Comme je n’ai aucune envie de voir les pro-vaccins comme mes ennemis. Même si je m’attends à ce que, dans un an, pour faire large, à la même date, la pandémie du Covid aura fait beaucoup de dégâts supplémentaires, et, surtout, bien plus visibles, d’un point de vue sociétal, économique ou au moins politique.

 

Mais, de plus en plus, dans un pays oĂą les personnes vaccinĂ©es contre le Covid deviennent la majoritĂ©, et la nouvelle norme, ĂŞtre non-vaccinĂ© signifie s’exposer Ă  s’entendre dire ce que ma seconde « maman Â» officieuse m’a dit ce matin. Alors que je l’appelais pour lui souhaiter son anniversaire.

Mes deux mamans et ma dualitĂ© :

Mes deux mamans, l’officielle et une « très officieuse Â», incarnent très bien ma dualitĂ© actuelle envers la vaccination contre le Covid.

 

La première, l’officielle, et mère de ma sœur et de mon frère, est retournée vivre en Guadeloupe il y a une vingtaine d’années avec mon père. Pendant plusieurs années, avant de prendre sa retraite, elle a été aide-soignante dans un service de réanimation. C’était une personne reconnue pour son professionnalisme et sa gentillesse.

Maman, il y a quelques mois, en mars ou avril, m’a demandĂ© conseil en vue de se faire vacciner. A moi, le fils aĂ®nĂ© devenu infirmier. Je n’y connaissais pas grand chose. Mon « domaine Â», c’est la psychiatrie et la pĂ©dopsychiatrie. En plus, après le matraquage mĂ©diatique très anxiogène  que nous avions tous subis dès mi-mars  2020, j’avais rĂ©ussi Ă  retirer mes pensĂ©es des crochets de l’anxiĂ©tĂ© et de l’angoisse avec toutes ces nouvelles relatives au Covid.

Partir passer quelques jours en Bretagne, chez ma seconde maman très officieuse (elle ne revendique pas ce titre) l’année dernière- en juillet 2020- avec ma compagne et notre fille m’avait aidé à décrocher de la mamelle opulente des mauvaises nouvelles dues au Covid.

 

Mes deux mamans ne se connaissent pas. Elles ne sont pas rencontrées et je crois aujourd’hui qu’elles ne se rencontreront jamais.

Lors de mon mariage en 2013, venue de Guadeloupe, ma mère avait Ă©tĂ© prĂ©sente le mardi Ă  la mairie en Seine et Marne. Puis, elle avait repris l’avion quelques jours avant que nous ne fĂŞtions notre mariage ma compagne et moi, le samedi, dans la grande salle de fĂŞtes de la commune, en Bretagne, oĂą ma « seconde Â» maman, et plusieurs membres de sa famille avaient contribuĂ© au bon dĂ©roulement de l’organisation des festivitĂ©s. La fĂŞte s’était passĂ©e près de chez elle.

 

Si ma mère est une femme dĂ©vouĂ©e, sportive, assez solitaire, plutĂ´t timide, assez souvent indĂ©cise et introvertie, ma « seconde Â» maman est une femme très accueillante, qui aime recevoir et sait recevoir. C’est aussi une femme de tĂŞte et Ă  poigne. Elle est directe et tranche. C’est moi, qui, dans cet article la nomme ma « seconde maman Â». Parce-que je reprends les termes employĂ©s par ma compagne. Mais je ne l’appelle pas « maman Â». Et, elle ne m’appelle pas « mon fils Â». La relation filiale est implicite et, aussi, très très officieuse et fluctuante.

Ma « seconde maman Â» a Ă©tĂ© mon ancienne cadre infirmière dans le service de pĂ©dopsychiatrie oĂą j’ai fait sa connaissance.  Deux ans avant qu’elle ne dĂ©cide de partir Ă  la retraite. Après son dĂ©part, nous avions Ă©tĂ© plusieurs soignants Ă  ĂŞtre invitĂ©s Ă  venir passer un week-end chez elle dans sa maison, en Bretagne. Depuis, rĂ©gulièrement Ă  peu près chaque annĂ©e, je suis revenu passer quelques jours chez elle et son mari en Ă©tĂ©.

Chaque année, avant la pandémie du Covid, elle partait en voyage à l’étranger avec son mari pendant plusieurs mois. Ma mère n’a jamais fait ça. Et, je n’imagine pas du tout mon père ouvert à ce genre d’aventure.

Sculpture par Jacquette Virginie.

 

 

La voix traditionnelle

 

 

Je ne connaissais rien aux vaccins anti-Covid lorsque ma mère m’avait sollicité en mars ou avril 2021 pour un conseil. J’écoutais parler des vaccins anti-Covid de très loin. Les gestes barrières, masque et lavage de mains, me convenaient très bien. Je coexistais ainsi avec la pandémie du coronavirus.

 

Si j’ai acceptĂ© assez facilement de tomber le masque ou de raccourcir les distances corporelles avec certaines personnes, lors de certaines circonstances ( enlacer quelqu’un,  faire la bise après avoir donnĂ© un cadeau, lors d’un barbecue…) cela a Ă©tĂ© en des proportions limitĂ©es. Si j’avais Ă©tĂ© un forcenĂ© de la prĂ©vention du « risque Â», j’aurais refusĂ©. Lors de ces quelques occasions, après une assez rapide rĂ©flexion, j’ai souvent estimĂ© que la vie sociale devait prendre le pas sur le risque. Rien de scientifique dans cette attitude. Sauf le fait que j’ai eu ce comportement en des proportions sĂ»rement moindres que d’autres.

 

En me fiant aux expĂ©riences de personnes et de collègues autour de moi, j’avais  rĂ©pondu Ă  ma mère que j’avais entendu de bons Ă©chos  du vaccin Pfizer.

 

J’ai aussi eu des espoirs avant l’arrivĂ©e du vaccin Johnson & Johnson en avril ou Mai. Une ex-collègue infirmière, et amie, m’en avait dit du bien. Et puis,  lors de sa « diffusion Â», les Ă©chos concernant le Johnson & Johnson se sont rapidement ternis concernant certains de ses effets indĂ©sirables.

 

Je crois que les pro-vaccins ne mesurent pas les consĂ©quences de ces revers dus aux effets indĂ©sirables de ces vaccins « attendus Â» et prĂ©sentĂ©s comme salvateurs, puis, qui « déçoivent Â» et « inquiètent Â». Alors que ces revers se rajoutent Ă  d’autres revers, colères ou contrariĂ©tĂ©s, accumulĂ©s depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie en mars de l’annĂ©e dernière.

 

De plus en plus, la facilité consiste à présenter les anti-vaccins comme des abrutis bornés et irresponsables. Alors que les raisons de leur défiance envers les vaccins sont sûrement un peu plus réfléchies qu’elles ne le semblent.

 

Pour revenir Ă  ma mère : je croyais donc qu’elle s’était faite vacciner contre le Covid. Ainsi que mon père. Ma sĹ“ur et mon frère, ainsi que leur compagnon et leur compagne se sont faits vacciner.

 

 

J’ai appris il y a quelques jours, en lui parlant au tĂ©lĂ©phone, que, finalement, ni ma mère, ni mon père, ne se sont faits vacciner. Ils Ă©taient partis pour le faire en se rendant Ă  l’aĂ©roport, en Guadeloupe. Peut-ĂŞtre l’aĂ©roport Pole CaraĂŻbes. Mais des manifestants anti-vaccins se trouvaient lĂ . En Ă©coutant leurs arguments, mon père a alors estimĂ© que les vaccins actuellement proposĂ©s ne sont pas « encore au point Â» (traduit du CrĂ©ole).  

 

Apprendre ça, d’elle, m’a fait un drôle d’effet. Un effet non-scientifique qui a eu, sur moi, une certaine influence. Influence non scientifique non plus.

Lors de ma dernière sĂ©ance avec mon thĂ©rapeute – vaccinĂ© contre le Covid- j’avais fait la dĂ©couverte, que, dans ma fratrie, j’étais finalement le plus « traditionnel Â». Ce qui est assez courant lorsque l’on est l’aĂ®nĂ© d’une famille.

 

Je sais que le dernier, mon petit frère, ainsi que sa compagne, se sont  faits vacciner contre le Covid afin de pouvoir se rendre en Guadeloupe dans quelques jours. J’aimerais bien me rendre en Guadeloupe par exemple l’annĂ©e prochaine. Ainsi qu’à la RĂ©union. Donc, j’ai d’abord trouvĂ© que c’était une bonne nouvelle qu’après cette vaccination, mon frère, sa compagne et leurs enfants, puissent se rendre en Guadeloupe. Cela fait quelques annĂ©es que nous ne sommes pas allĂ©s voir nos parents en Guadeloupe. Pour moi, cela date de 2014 ou 2015. Mon blog n’existait pas, alors. Aujourd’hui, si je me rĂ©fère Ă  certaines inquiĂ©tudes et certaines tĂ©moignages concernant les effets indĂ©sirables des vaccins anti-Covid, mon frère et sa compagne vont certes pouvoir sans doute se rendre en Guadeloupe (s’ils partent avant que la Guadeloupe ne soit reconfinĂ©e) mais leur espĂ©rance de vie pourrait ĂŞtre dĂ©truite.

Sculptures par Cécile Thonus.

 

 

Conflit de loyautĂ© et roulette russe :

Ma mère, non vaccinĂ©e, a donc, d’une part deux de ses enfants vaccinĂ©s. Ma sĹ“ur et mon frère. Et, d’autre part, il lui reste un enfant, non vaccinĂ©. Moi. En termes de conflit de loyautĂ©, moi, l’aĂ®nĂ©, ou l’âne, j’ai touchĂ© le jackpot.

 

Côté pile, si ces vaccins anti-Covid sont finalement plus protecteurs que nocifs, d’ici deux à trois ans, cela se confirmera. Avec un peu de chance, si ma mère et mon père, non vaccinés, se maintiennent à distance du Covid, et que je réussis à faire pareil, nous devrions être tous à peu près contents d’ici deux à trois ans. Mais en deux à trois ans, il peut se passer beaucoup d’événements. Même en un an. Et, vu comme on nous parle de la très grande contagiosité du variant Delta, je m’attends un peu à attraper le Covid cette fois-ci.

 

Côté face, si ces vaccins anti-Covid se révèlent véritablement nocifs, moi, l’aîné, j’ai tout intérêt à assurer à ma mère qu’un de ses enfants, au moins, n’est pas tombé dans la marmite des effets indésirables gravissimes des vaccins anti-Covid.

 

Mais ma mère Ă©tant comme toutes les mères aimantes, après avoir discutĂ© avec elle, il y a quelques jours du Covid, elle a conclu notre conversation par un :

 

« Fais attention Ă  toi Â».

 

Lorsque j’avais dĂ©cidĂ© de commencer Ă  travailler en psychiatrie, au dĂ©but, ma mère avait essayĂ© Ă  plusieurs reprises de m’en dissuader. Elle m’avait expliquĂ© qu’elle craignait que je ne devienne « fou Â». C’est une croyance très courante que celle de croire et de penser que travailler en psychiatrie rend fou. Alors que ce serait plutĂ´t le contraire. Travailler en psychiatrie peut aider Ă  pacifier nos angoisses et nos folies. A condition d’être mentalement et moralement armĂ© et encadrĂ© pour cela. A condition, si nĂ©cessaire, d’accepter d’être aidĂ© par d’autres, collègues, thĂ©rapeutes, patients, rencontres diverses.

 

Je n’avais eu aucune difficulté à me séparer des inquiétudes de ma mère. Me diriger vers cette spécialité était un choix réfléchi. J’aimais cette spécialité ainsi que les rencontres que j’y faisais. Je me sentais bien dans cet univers.

 

Or, aujourd’hui, me faire vacciner contre le Covid, avec Pfizer, Moderna, Astrazeneca, Johnson & Johnsonn’est pas mon choix rĂ©flĂ©chi. Je n’aime pas ce « risque Â» que je crois entrevoir dans leurs effets secondaires ou indĂ©sirables. L’idĂ©e de me faire injecter ce risque ne me plait pas du tout. 

 

Bon anniversaire :

Pas plus que je n’ai fait exprès d’oublier qu’aujourd’hui, ma fille serait avec moi, je n’ai pas fait exprès non plus d’accepter le rendez-vous qui m’avait Ă©tĂ© fixĂ© pour ma première injection de Pfizer ce 4 aout. Or, le 4 aout est la date anniversaire….de ma seconde maman, très  Â« officieuse Â».

 

Qu’est-ce qui se fait le jour d’un anniversaire de quelqu’un auquel on tient ?

On lui envoie un message. Ou, on l’appelle.

 

Pour l’appeler, j’ai allumé mon téléphone portable. J’ai vu que j’avais reçu deux vidéos de ma mère. Dans l’une des vidéos, une femme, vraisemblablement médecin, et bonne pédagogue, expliquait devant une foule attentive, les graves risques sanitaires auxquels on s’exposait avec les vaccins anti-Covid actuels. Cette femme que je ne connais pas et que je voyais pour la première fois, mettait en garde contre les vaccins anti-Covid. Elle était persuasive. J’ai su ensuite que ma mère avait reçu cette vidéo par une cousine du côté de mon père.

 

Ce matin, donc, quelques minutes avant mon rendez-vous pour ma première injection de Pfizer, j’appelle ma « seconde Â» maman. Je tombe sur elle. Elle est plutĂ´t contente de m’entendre. Je lui souhaite un bon anniversaire. Je lui rĂ©ponds que nous sommes partis quelques jours Ă  Amiens. Elle m’apprend : « J’ai de très bons souvenirs Ă  Amiens Â».

L’entente se poursuit. Et puis, comme avec une proche avec laquelle on se sent en confiance (soit le minimum envers une seconde maman, même officieuse) je lui parle sans détour du fait que, non, nous n’avons pas pu nous rendre aux hortillonnages. Car nous n’avions pas de passe sanitaire. Hortillonnages qui ont ensuite fermé quelques jours suite à un désaccord entre certains bateliers opposés au passe sanitaire et leur patron. Ma compagne m’a envoyé un extrait d’un article de journal à ce sujet.

 

Mais en parlant de notre non-vaccination Ă  ma « seconde Â» maman très officieuse, sans mĂŞme y penser, j’avais mis une pièce dans le Jukebox. Avec ma mère, le Jackpot du conflit de loyautĂ©. Avec ma seconde maman, le Jukebox de :

 

« Mais tu vas te retrouver en rĂ©a ! Â». « Tu as bien vu ce qui se passe en Guadeloupe ?! Â» (Le nombre de cas de Covid augmente comme Ă  la Martinique et Ă  la RĂ©union).

« Ne me dis pas que tu ne t’es pas fait vacciner ! Â». «  Je suis très Ă©tonnĂ©e ! Â».

 

Sculpture par Cécile Thonus.

 

Je me suis senti embarrassé. A la fois de me sentir en porte à faux. Mais, aussi, que cette conversation, notre premier désaccord majeur en plusieurs années, arrive le jour de son anniversaire. Vraiment, je n’ai pas vu venir cette situation.

 

Ma seconde maman « officieuse Â» m’a appris qu’ils Ă©taient tous vaccinĂ©s de leur cĂ´tĂ©. Je la savais vaccinĂ©e contre le Covid. Mais je n’avais pas forcĂ©ment beaucoup Ă©largi le cercle des personnes vaccinĂ©es autour d’elle. MĂŞme si cela se tient mathĂ©matiquement. Si, aujourd’hui, de plus en plus de Français sont vaccinĂ©s et que l’on avoisine les 60 % de personnes vaccinĂ©es en France, il faut bien que de plus en plus de personnes que l’on connaĂ®t soient vaccinĂ©es.  Mais je vivais encore sur ma petite planète de non-vaccinĂ©s, et, ma seconde maman Ă©tait en train de me rappeler que je vivais bien  – encore- sur la mĂŞme planète que tous ces gens de plus en plus vaccinĂ©s.

 

Je sentais venir en elle la question du complotisme. Je crois mĂŞme qu’elle me l’a demandĂ©, directe comme elle est :

 

« Tu es complotiste ?! Â».

 

 

Afin de me sauver autant que possible de la mĂ©lasse complotiste, Je me suis appliquĂ© Ă  ĂŞtre pĂ©dagogue :

 

«  Je ne crois pas que le dĂ©veloppement des antennes de la 5G va nous tĂ©lĂ©guider Â». J’ai dĂ» ĂŞtre assez rapidement convaincant malgrĂ© tout en matière de complot car, ensuite, la conversation s’est faite sur des bases, je crois, plus rassurantes, pour elle comme pour moi.

 

Question travail, elle a convenu elle-mĂŞme « qu’ils Â» ne pourraient pas me « licencier Â» au vu de la pĂ©nurie infirmière importante. J’ai ajoutĂ© que cette pĂ©nurie s’était accentuĂ©e depuis la pandĂ©mie du Covid. Je n’ai mĂŞme pas pensĂ© Ă  rappeler qu’il y a quelques mois, encore,  dans certains services somatiques, des personnels soignants Ă  peine remis du Covid, Ă©taient poussĂ©s Ă  revenir travailler tant il manquait de personnel dans certains services.

 

Dans ses propos, j’ai entendu le concentré de qui est opposé aux personnes contre le vaccin. La peur de la réa. Une peur que je ne connais pas, pour l’heure. Sans doute parce-que ma mère a travaillé en réanimation. Et que, si la réanimation est synonyme de mort, elle est aussi synonyme de sortie de coma et de retour à la vie. Je le sais par ma mère. Sans doute aussi un petit peu par les deux stages que j’avais effectués, adulte, dans le service de ma mère. Cela n’avait pas été mon choix.

 

J’ai aussi entendu la peur de la perte économique. Je me suis abstenu de dire que ma compagne avait fait ses estimations dans le cas où nous serions mis à pied de notre emploi. C’était un peu comme si j’avais déjà un peu dépassé cette peur de la perte économique et que je la redécouvrais au travers de ma seconde maman.

 

 

Une autre peur aurait pu être citée. Celle de l’exclusion sociale. Des connaissances et des proches. Elle arrivera sans aucun doute. Pas de qui je pense. Pas comme je le pense.

Devant la médiathèque de ma ville ce mercredi 4 aout 2021. Médiathèque où ma fille et moi avons nos habitudes.

 

Ma seconde maman a pris l’exemple de la vaccination contre l’Hépatite A (ou B) rendue obligatoire. Je n’ai pas discuté cette obligation. Elle m’a dit que la technique ARN actuelle était connue depuis dix années. Qu’elle aurait préféré bénéficier de cette nouvelle technique. Mais qu’elle avait eu le vaccin Astrazeneca.

 

Elle a été attentive lorsque je lui ai parlé de la mésaventure de certains soignants avec l’Astrazeneca. Mésaventure qui pouvait expliquer une partie de cette méfiance de certains soignants envers ces vaccins anti-Covid.

 

Je lui ai aussi dit que j’avais lu des tĂ©moignages sur les rĂ©seaux sociaux concernant les effets indĂ©sirables. Et, que l’on ne pouvait pas, d’un cĂ´tĂ© (ça vous rappelle quelque chose ? J’ai expliquĂ© ça dans mon article SĂ©rums de vĂ©ritĂ©) se rĂ©jouir que, durant le printemps arabe, les rĂ©seaux sociaux avaient pu nous faire parvenir des tĂ©moignages qui dĂ©mentaient la version officielle. Et, lĂ , Ă  propos des effets indĂ©sirables des vaccins sur les rĂ©seaux sociaux, dĂ©clarer que tous ces tĂ©moignages Ă©taient bidons. Des tĂ©moignages oĂą une mère nous apprend que sa fille a commencĂ© Ă  avoir des règles peu après la vaccination contre le Covid. Ou une femme nous apprend qu’après s’être faite vacciner, ses seins ont commencĂ© Ă  produire du lait alors qu’elle n’est pas enceinte….

 

 

Bien-sûr, je ne connais pas ces personnes. Je ne sais pas jusqu’à quel point leur témoignage est fiable. Je n’ai pas de statistiques que je peux donner.

 

A ma seconde maman qui me disait que, pour chaque vaccination, il y avait un certain nombre de personnes qui connaissaient des effets secondaires,  j’ai rĂ©pondu qu’il Ă©tait vrai que je ne connaissais pas les chiffres ou les proportions de ces effets secondaires. Et que la particularitĂ© des rĂ©seaux sociaux fait peut-ĂŞtre que la façon dont les tĂ©moignages nous parviennent, quasiment en temps rĂ©el,  sans filtre, donnait peut-ĂŞtre l’impression qu’il y a plus d’effets secondaires avec ces vaccins comparativement avec les vaccins prĂ©cĂ©dents contre diverses maladies. Alors qu’il y a peut-ĂŞtre pratiquement autant d’effets secondaires dĂ©sagrĂ©ables ou mortels, proportionnellement, avec ces vaccins anti-Covid qu’avec les autres vaccins classiques. 

 

J’ai senti dans le ton de ma seconde maman « officieuse Â» qu’elle Ă©tait intriguĂ©e. J’étais, moi, plus embarrassĂ© que content de mon effet. J’avais appelĂ© pour lui souhaiter un bon anniversaire. Je lui trouvais aussi la voix plus rauque et plus essoufflĂ©e que d’habitude. La dernière fois, c’était dĂ©jĂ  un peu ça. MĂŞme si elle avait toujours le mĂŞme aplomb.

 

Ma fille était en train de jouer dans une autre pièce de l’appartement. Je ne pouvais pas rester longtemps et il y avait du monde chez elle. Dont son fils que je connais. Ainsi que sa belle fille, une des amies de celle-ci, la petite fille, que je ne connais pas.

 

J’ai fini par ajouter :

« Je suis dĂ©solĂ© de te parler de ça le jour de ton anniversaire… Â».

Elle :

« Oh, ne t’inquiète pas… Â».

J’ai repris :

« Je te connais ! A un moment de la journĂ©e ou dès que tu auras pris un verre ou deux, tu vas commencer Ă  en parler ! Â».

Elle, avec un petit rire :

« C’est vrai…. Â».

 

Alea Jacta Est. Pourquoi se cacher ?

 

Vie de couple :

Ce qui m’étonne parmi certains des proches ou des connaissances aujourd’hui pro-vaccins, c’est qu’un an plus tôt, se trouvaient parmi eux, celles et ceux, qui, contre les recommandations d’usage contre le Covid faisaient valser certains interdits. Se faire la bise alors qu’il était préconisé de ne pas le faire. Rencontrer plusieurs personnes chez soi ou se retrouver à plusieurs dans une même pièce sans masque. Ne pas tenir compte de certaines restrictions en terme de distance kilométrique.

Mais c’est comme si, grâce ou Ă  cause du vaccin anti-covid qu’elles ont reçu,  certaines de ces connaissances et  de ces proches avaient dĂ©ja oubliĂ© que l’annĂ©e dernière, sans se fourrer pour autant la langue dans la bouche de l’autre en permanence, qu’en pleine pandĂ©mie du Covid, il avait Ă©tĂ© possible d’être en prĂ©sence de temps Ă  autre d’un peu de monde. 

 

Aujourd’hui, il semble de plus en plus, que la norme sociale devienne d’être entre vaccinés et entre non-vaccinés. Ou de juger l’autre à un moment donné.

 

Je ne me suis pas senti particulièrement jugĂ© ce matin par ma seconde « maman Â». Mais je me suis imaginĂ© que je le serais par un de ses proches que je connais ou par quelqu’un d’autre qui considĂ©rera que je me suis Ă©garĂ©.

 

Un autre lieu d’égarement fréquent est le couple. Ma compagne a toujours été résolument contre les vaccins actuels contre le Covid. Elle considère que ce ne sont pas des vaccins. Ils n’en n’ont que l’appellation pour elle. Je peux concevoir qu’il doit être difficile, au sein d’un couple, d’avoir une attitude différente de l’autre vis-à-vis de la vaccination anti-Covid actuelle.

 

MĂŞme si je ne souscris pas Ă  toutes ses explications comme Ă  un certain nombre de ces raisonnements, j’ai fini par me rapprocher de certains de ses arguments contre les vaccins anti-Covid. Surtout Ă  partir du 12 juillet 2021, lorsque le gouvernement a rendu cette vaccination obligatoire pour les soignants. Avant le 12 juillet, je constatais assez distraitement ses partis pris. Ainsi que le fait qu’elle regardait beaucoup de vidĂ©os sur le sujet de la pandĂ©mie, des vaccins anti-Covid Je prenais quelques fois le temps de l’écouter et de l’interroger sans la juger sur le sujet. Je rĂ©futais certains de ses arguments. Mais je ne cherchais pas Ă  ce qu’elle ait absolument la mĂŞme vision que moi  Ă  propos des vaccins, du Covid. D’ailleurs, moins je parlais de ces sujets, mieux, je me portais. Mais le 12 juillet a « tout Â» changĂ© pour moi. Ainsi que le 13 juillet peut-ĂŞtre, aussi, avec l’enterrement du père de mon meilleur ami.

 

Par ailleurs, et c’est le propre de bien des couples, je crois aussi au fait que ma compagne a l’aptitude d’observer ou de voir ce que je n’ai pas remarqué.

 

 

Dans le film Inception  de Christopher Nolan, j’avais raillĂ© le comportement du personnage Dominic l’extracteur(L’acteur LĂ©onardo Dicaprio), qui, si je me souviens bien, très en peine de faire le deuil de sa femme Mallorie  ( l’actrice Marion Cotillard) s’enfermait dans une certaine illusion. Une collègue et amie m’avait rĂ©pondu Ă  l’époque que vivre dans une illusion commune Ă©tait courant au sein d’un couple.

 

Je n’exclue pas l’idĂ©e que, comme le personnage de Dominic, dans Inception, je sois en train de contribuer Ă  l’établissement et au maintien  d’une illusion commune avec ma compagne ainsi qu’avec ma mère et, toute autre personne anti-vaccin. Mais, si illusion il y a, les faits, d’ici quelques semaines ou quelques mois, viendront apporter leur contradiction extĂ©rieure. Pour l’instant, j’ai trop de contradictions et de doutes en moi pour accepter la vaccination anti-Covid.

 

J’ai envisagĂ© d’être, dans le couple, celui qui allait se faire vacciner contre le Covid. Afin d’équilibrer pour le quotidien. Pour nous rendre la vie plus simple lorsque les restrictions vont ĂŞtre appliquĂ©es contre celles et ceux qui ne sont pas vaccinĂ©s. J’estimais que, de nous deux, j’étais celui qui pouvait le plus faire ça. J’en ai parlĂ© Ă  ma compagne. Elle m’a rĂ©pondu qu’elle ne voulait pas que je me « sacrifie Â». Tout ce qu’elle voulait, c’était que je ne me fasse pas vacciner avec les vaccins actuels contre le Covid.

 

Etre père :

Etre père, dans un tel contexte, est délicat. Ce matin, j’ai eu un peu de mal à être bien disponible pour ma fille. Vu que la décision que j’avais prise de renoncer à cette première injection de Pfizer, même si je crois que c’était la seule que je pouvais prendre aujourd’hui, m’a occupé l’esprit.

 

Pour l’instant, comme c’est encore les grandes vacances, ma fille ne perçoit pas trop, je pense, toute cette empoigne autour du vaccin et du passe sanitaire entre les pro et les anti-vaccins. Et, je m’applique Ă  ne pas aborder ce sujet devant elle. La seule remarque qui m’a Ă©chappĂ© hier ou avant hier en lisant le journal devant elle a Ă©tĂ© concernant le fait qu’avec le dĂ©part des dernières troupes amĂ©ricaines en Afghanistan, les Talibans ont recommencĂ© Ă  reprendre possession du pays. Je me suis dit que, prochainement, ce retour des Talibans en Afghanistan allait nous ramener le terrorisme jihadiste  et ses attentats.

 

Dans le Charlie Hebdo de ce mercredi, journal très critique envers les anti-vaccins, le rĂ©dacteur en chef Riss, dans son Ă©ditorial, pointe «  Moi aussi, je commence Ă  en avoir marre de la crise du Covid et des interminables dĂ©bats sur les mesures barrières, les vaccins, les anti-vaccins et la peste bubonique Â» (….). Puis, il exprime sa crainte d’une proche guerre mondiale. Sujet plus prĂ©occupant que la pandĂ©mie du Covid qui continue de beaucoup nous obsĂ©der.  

 

Ce matin, je suis allé acheter plusieurs journaux afin d’essayer de trouver en eux des réponses qui me manquent encore à propos de la vaccination anti-Covid. J’ai acheté Les Echos, Le Canard Enchainé, Le New York Times, Le Figaro, Le Monde et Charlie Hebdo, donc.

 

Le journal  » Le New York Times » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

 

Les caricatures de Charlie Hebdo Ă  propos des anti-vaccins peuvent me faire sourire. Mais elles ne me convainquent pas en faveur de la vaccination. A nouveau, il me manque les certitudes que les journalistes de Charlie Hebdo ont sur le sujet des vaccins actuels. Pareil pour Le Canard EnchaĂ®nĂ© que je lis depuis plus d’une vingtaine d’annĂ©es sans doute. Si je comprends son titre Violences et dĂ©rives lors des manifs anti-passe sanitaire(Combien d’antivax positifs au test anti-gĂ©nie ?), lui, aussi, ne suffit pas Ă  me rassurer Ă  propos des vaccins actuels contre le Covid.

 

Je me dis mĂŞme que Charlie Hebdo et Le Canard EnchaĂ®nĂ©, comme d’autres journaux, d’autres opinions et d’autres sensibilitĂ©s,  s’ils se sont trompĂ©s Ă  propos de la frĂ©quence des effets indĂ©sirables graves des vaccins contre le Covid, auront du mal Ă  le reconnaĂ®tre.

 

Qu’est-ce que je peux expliquer Ă  ma fille Ă  propos de ces pour et de ces contre vaccins anti-Covid ?

 

Qu’il y a, d’un cĂ´tĂ© les mĂ©chants pro-vaccins ? Et, de l’autre cĂ´tĂ©, les gentils anti-vaccins ?

 

Je ne raisonne pas de cette façon. Dernièrement, une de nos voisines, vaccinée, était d’accord pour accompagner notre fille à une exposition sur le Divas organisée par l’Institut du Monde Arabe, à Paris, et proposée par le conservatoire de notre ville. Finalement, elle a dû se désister pour des raisons familiales. Mais elle m’a dit avoir été touchée par la confiance qu’on lui accordait. Et, elle m’a invité à la solliciter, en cas de besoin, ultérieurement. Je crois qu’à côté des déboires à venir pour les anti-vaccins, qu’il y aura aussi des situations d’entraide comme avec notre voisine qui vont se répéter et se développer entre pro-vaccins et anti-vaccins au delà de ce qui peut se prévoir.

 

A ma fille, ce soir, avant qu’elle aille se coucher, j’ai dit :

« Je n’ai pas Ă©tĂ© très disponible aujourd’hui. J’espère pouvoir faire mieux demain Â». Nous avions nĂ©anmoins passĂ© du temps ensemble, Ă©tions sortis faire un tour dans le centre-ville. Elle avait fait un peu de vĂ©lo. Nous Ă©tions allĂ©s Ă  la librairie et chez le marchand de primeurs, avions trouvĂ© la mĂ©diathèque close. Ma fille a pris cela avec le sourire. Et m’a fait comprendre que pour me faire pardonner, que je me devais de l’emmener jusqu’à sa chambre en la portant sur mes Ă©paules. J’ai facilement acceptĂ© cette pĂ©nitence.

 

Mais je savais m’être fait emporter par la rĂ©daction de cet article. Hier, nous avions pu regarder entièrement le magnifique manga Les enfants de la mer, rĂ©alisĂ© par Ayumu Watanabe . Aujourd’hui, nous n’avions mĂŞme pas terminĂ© de regarder le premier volet aussi drĂ´le que martial de La LĂ©gende de Fong Sai-Yuk rĂ©alisĂ© par Corey Yuen.   Le sujet de la vaccination est devenue une forme d’obsession comme je l’ai reconnu tout Ă  l’heure en en discutant avec ma compagne.

 

Mais c’est maintenant qu’il faut Ă©crire Ă  ce sujet. Ma compagne m’a demandĂ© :

« Pour qui ? Â». Ou «  Pourquoi ? Â».

C’est le genre de question à ne pas poser à un obsédé. Ou à un passionné.

 

La pandémie du Covid nous rappelle la nécessité de bien vivre ce que l’on peut bien vivre avec celles et ceux auxquels nous sommes attachés. Dans un an, le 4 aout 2022, certaines et certains d’entre eux, certaines et certains d’entre eux ne seront peut-être plus là. Moi, je serai peut-être en réa. Comme patient. Ou comme visiteur.

 

Franck Unimon, ce mercredi 4 aout 2021.