
Hino Akira Sensei au Cercle Tissier, ce samedi 3 septembre 2022.
Cette après-midi, je suis allĂ© participer au stage animĂ© par Hino Akira Sensei au Cercle Tissier. Au 108, rue de Fontenay, Ă Vincennes, Ă cĂ´tĂ© d’un restaurant. J’avais entendu parler de ce stage « par » LĂ©o Tamaki sur les rĂ©seaux sociaux ou en lisant son interview ( par LĂ©o Tamaki lui-mĂŞme) dans le magazine Yashima de ce mois de juillet.

Le stage avait débuté ce matin. Pour se terminer demain soir.
Comme je n’étais pas certain de pouvoir me faire aux enseignements du Sensei, je me suis inscrit à une seule séance avec lui :
C’était de l’Aïkido mais ce n’était pas de l’Aïkido. Normal, puisqu’il s’agit de sa méthode, le Hino Budo. Une méthode très simple et, pourtant, souvent, on pouvait se tromper en tentant de la réaliser.

Je me suis dĂ©cidĂ© Ă participer car je suis attirĂ© par les Arts Martiaux ( Arts Martiaux : un article inspirĂ© par Maitre Jean-Pierre Vignau ; Les MaĂ®tres de l’AĂŻkido ; Marcher jusqu’Ă un Maitre de Kung Fu Wing Chun traditionnel ).
Parce-que Hino Akira Sensei vit au Japon.
Récemment, une collègue m’a demandé ce que je ferais lorsque je serais à la retraite. Parmi mes projets, il y avait l’écriture, la pratique de l’apnée, ma fille, les voyages et les Arts Martiaux.
Les Arts Martiaux sont un voyage en eux-mêmes. Je ne comprends pas qu’autant de personnes autour de moi puissent l’ignorer.
Dernièrement, aussi, une connaissance m’a informé qu’elle n’était pas du tout intéressée par les Arts Martiaux. J’ai d’abord reçu cette information avec résignation comme un uppercut. Puis, j’ai réfléchi et je me suis dit qu’il faudrait, lorsque j’en aurais la possibilité désormais de demander à ces personnes peu ou pas intéressées par les Arts Martiaux ce qui les rebute autant dedans.
Même si j’ai déja une partie de ma réponse. Les Arts Martiaux sont aujourd’hui délaissés au profit de sports tels que le Crossfit ou le fitness car l’expérience de la guerre appartient au passé. La guerre en Ukraine, c’est encore trop loin même si l’on en subit les conséquences. Et puis, nous avons déjà « vu » des guerres avoir lieu ailleurs. Un peu comme les éruptions de ces volcans dont les effets les plus directs se maintiennent dans l’enclos de ces pays que l’on regarde.
Par ailleurs, nous sommes pratiquement tous des citadins. Bien plus qu’il y a un demi siècle. Lorsque l’on habite depuis des années dans une ville, dans un pays riche et officiellement démocratique, on se fait à l’idée que l’ordre et la paix y sont abrités et garantis pour toujours. Et qu’en cas de danger, on bénéficiera d’alertes, d’aides, d’une justice et de protections efficaces.
Le MMA, le Krav Maga et la Self-Défense sont bien des disciplines qui prennent de l’essor mais elles comptent quand même plus de spectateurs que de pratiquants. Et, sans aucun doute qu’une partie de leurs pratiquants est passée au préalable par le tamis d’un ou de plusieurs Arts martiaux ou sports de combats.
D’ailleurs, Hino Akira Sensei, avant de devenir Maitre, comme tous les Maitres, j’ai fini par le savoir, est passé par l’apprentissage de plusieurs Arts Martiaux : Karaté, Aikido, Iaido…..
(re)venir au Cercle Tissier ce samedi après-midi, c’est dĂ©jĂ en soi se rapprocher d’une Histoire et d’un avenir. Et, aujourd’hui, cela l’a Ă©tĂ© davantage avec la prĂ©sence de Hino Akira Sensei, 74 ans.

La Présence
Pour nous qui sommes habitués à des vies souvent stéréotypées, prendre connaissance et développer notre présence est toute une démarche. Pour cela, il faut aller à la rencontre de certaines personnes et de certaines expériences possibles en certains lieux. Cette après-midi, nous étions environ une soixantaine de personnes, peut-être un peu plus, sur le tatamis. A venir de Moselle, de Perpignan, de Lorraine, de Lyon, de Reims ou d’ailleurs. Je suis venu d’Argenteuil. ( Argenteuil, une ville de banlieue parisienne qui reste à affranchir).
J’ai croisé des élèves de Maitre Léo Tamaki qui participent à ses cours au dojo 5 à Paris ( Dojo 5). J’ai aussi croisé des pratiquants de combat russe, de karaté shotokan, de Tai Jitsu, d’Aïkido….
Il y avait plus d’hommes que de femmes. En moyenne d’âge, j’opterais pour 40-45 ans.
Une fois sur place, il s’agit d’essayer d’assimiler ce que le Maitre nous enseigne. Le Maitre s’exprime en Japonais et, régulièrement, Léo Tamaki, traduit.

Le terme « Maitre » dérange peut-être celles et ceux qui ne pratiquent pas du tout les Arts Martiaux. Et, ils voient peut-être ce terme comme l’équivalent de la soumission à un prêtre, à un rabbin ou à un imam. La « couverture » laïque de la France explique peut-être aussi cette forme de rejet pour les Arts Martiaux. Car je me rappelle maintenant la ferveur religieuse et spirituelle de Maitre Ueshiba. Ou de Maitre Shioda.
Et, il est vrai que les Arts Martiaux ont aussi Ă voir avec une aspiration et une dimension au moins spirituelle, philosophique voire, parfois, mystique.

Mais être présent, sur le tatamis, c’est être vivant, plus que soumis, lorsque l’on pratique. C’est oublier, abandonner, cette femme ou cet homme stéréotypé que l’on s’est attribué comme identité.
Ce n’est pas facile.

Il faut répéter plusieurs fois pour se libérer de nos propres conduites. Des conduites plus ou moins serviles qui nous ont servi et qui nous servent en société mais qui nous séparent de nous mêmes, aussi. Nous faisons régulièrement trop d’efforts lorsque cela n’est pas nécessaire. Nous respirons aussi assez mal et nous nous épuisons pour des tâches qui n’en valent pas vraiment la peine. Et lorsque nous avons véritablement besoin du meilleur de nos forces tant morales que physiques, nous sommes absents ou parvenons difficilement à surmonter certains obstacles pourtant à notre portée.
C’est sans doute ça qui m’attire dans les Arts Martiaux, la recherche de la justice et de l’économie au travers du geste et du souffle juste. Et, Hino Akira Senseï, ainsi que celles et ceux qui l’entourent ce samedi après-midi, est une des portes possibles vers cela.
Hormis LĂ©o Tamaki, croisĂ© deux ou trois fois, et avec qui j’ai pu correspondre, je ne connaissais personne Ă ce stage. Les Arts Martiaux me semblent aussi un bon moyen de rencontrer d’autres personnes. Ce samedi après-midi, j’ai eu la chance de pouvoir pratiquer avec des personnes diffĂ©rentes. Laurent Sikirdji a fait partie de ces personnes « diffĂ©rentes ». J’ai aimĂ© travailler avec lui et d’autant plus tenu Ă le prendre en photo qu’il est en quelque sorte le photographe de l’Ă©vĂ©nement. Et que, souvent, les photographes, sont celles et ceux qui nous assurent de bons souvenirs de notre image alors que leur propre visage reste invisible.

Mais j’ai aussi eu la chance de me faire corriger une fois par Hino Akira Sensei. Ce moment de correction est resté pour moi intimidant. D’un côté, j’ai été content que le Maitre prenne un peu de temps pour moi. D’un autre côté, j’ai craint de lui faire perdre son temps et ne suis pas certain d’avoir « réussi » même après qu’il ait acquiescé.

Apprendre à se relâcher, à s’enlever de la force, à sentir que s’assembler à l’autre sans à coups permet de le renverser ou de le « déstructurer » a été une découverte plaisante, pas toujours évidente.
A la fin du cours, Hino Akira Sensei a demandé si nous avions des questions. Quelqu’un a demandé si faire de la musculation en parallèle pouvait aider. Sensei a répondu qu’il pouvait faire comme il le souhaitait.
Après le salut, Hino Akira Sensei s’est prêté au moment des photos et des dédicaces. J’ai vu fleurir les passeports de pratiquants. Ainsi que quelques exemplaires de livres écrits par Sensei tel que Don’t Think, Listen to the bodydont un stagiaire, pratiquant de karaté shotokan, m’a dit le plus grand bien.

Après m’être douché, et être sorti du Cercle Tissier, lorsque je retrouve la ville de Vincennes, animée, agréable, en cette journée du forum des associations qui se termine, j’ai l’impression de revenir d’un autre monde. D’une autre dimension.
Une fois rentré chez moi, dès que j’ai pu, j’ai pris le petit parapluie de ma fille. Puis, j’ai essayé de lui apprendre le peu que j’avais appris.
Franck Unimon, ce dimanche 4 septembre 2022.