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Coronavirus

 

 

Coronavirus : un petit sursis pour l’homme, un grand profit pour les pharmacies.

 

 

Je me trouvais du cĂ´tĂ© de la Gare du Nord. Je me suis dit que j’allais essayer de me procurer un numĂ©ro d’El Watan. Depuis que dans le 8ème arrondissement de Paris, j’ai croisĂ© un journaliste d’El Watan, je me suis mis en tĂŞte de le lire. C’était avant d’interviewer le rĂ©alisateur Abdel Raouf Dafri dont j’ai dĂ©jĂ  reparlĂ© rĂ©cemment. ( A Voir absolument ).

 

A entendre ce journaliste, il était facile de l’acheter dans un kiosque à journaux. C’était il y a plusieurs semaines. Toujours dans le 8 ème arrondissement, j’ai recroisé ce journaliste il y a quelques jours alors que je me rendais à la projection de presse du film Brooklyn Secret (Brooklyn Secret.) Mais avant que je puisse lui exposer mes difficultés pour trouver à la vente ce journal qui le rémunérait, il avait disparu.

 

Dans un point presse bien pourvu du 13ème arrondissement où on ne le vend plus depuis une dizaine d’années, on m’avait suggéré que j’avais mes chances à Barbès. C’est là que des anciens clients de ce point presse se rendraient désormais pour acheter El Watan.

 

Je me suis imaginĂ© que j’avais mes chances Ă  la Gare du Nord. Puisque c’est proche de Barbès. Je me suis trompĂ©. A la place, le vendeur a fait de l’humour. El Watan ? L’AlgĂ©rie ? J’ai commencĂ© moi aussi Ă  faire de l’humour :

« Vous savez que l’AlgĂ©rie existe ? Â». Il m’a rĂ©pondu sans dĂ©tour :

« Je sais que l’armĂ©e existe…je suis algĂ©rien Â».

Il m’a confirmĂ© qu’il Ă©tait probable que El Watan soit en vente Ă  Barbès. Mais je ne me voyais pas aller jusqu’à Barbès. Je me suis contentĂ© du New York Time  et de El Pais.

 

Par paresse, je lis très peu de presse étrangère. C’est un tort. C’est un tort de se contenter du minimum de ce que l’on sait et de ce que l’on a pu apprendre ou commencé à apprendre à l’école ou ailleurs. De rester dans son confort. C’est comme ça qu’ensuite, avec l’habitude, le quotidien, notre regard sur nous-mêmes et sur notre environnement se rétrécit et qu’après on pleure sur soi-même parce-que notre vie est pourrie. Qu’il ne s’y passe jamais rien ou pas suffisamment selon nous.

Mais, lĂ , j’ai achetĂ© The New York Times  et El Pais. MĂŞme si je savais que je les lirais très partiellement, cela me permettrait dĂ©jĂ  de partir ailleurs.

J’ai plus feuilletĂ© le New York Times car mon manque de pratique de l’Espagnol m’handicapait avec El Pais.

 

Dans le train du retour, je me suis assis à quelques mètres d’un SDF bouffi par l’alcool que je connais de vue. Je crois qu’il réside dans ma ville. Une dame venait de lui donner de l’argent. Mais dès qu’il m’a aperçu près de lui, il m’a sollicité et en a redemandé. A défaut d’argent, il m’a d’abord demandé l’heure car il ne pouvait pas voir. Puis, il a fini par me demander de lui donner un journal. Pour lire. Pour s’informer. Il avait manifestement envie de parler à quelqu’un. Lorsque je lui ai dit que les journaux étaient en Anglais et en Espagnol, il a renoncé. Par contre, lorsque quelques minutes plus tard, un autre homme est venu faire la manche dans le même wagon en passant parmi les voyageurs, il l’a aussitôt menacé et lui a dit de se casser. L’autre homme a poursuivi son œuvre avec le sourire.

 

Ce matin, je suis passĂ© Ă  la pharmacie. Je savais que je n’y trouverais pas El Watan. Aussi me suis-je abstenu de le demander. J’étais lĂ  pour acheter une lotion capillaire pour ma compagne. J’ai dĂ©jĂ  fait « pire Â» :

Je devais avoir à peine une vingtaine d’années lorsque ma mère m’avait demandé de lui acheter une paire de collants. Cela ne m’avait pas dérangé. Depuis le temps que ma mère m’envoyait faire des courses. J’étais ressorti du supermarché et, dans les rues de Pointe-à-Pitre, j’avais rapidement compris que certaines personnes qui m’avaient croisé avaient des yeux de drones leur permettant de voir parfaitement à travers le sac en plastique transparent que je portais en toute décontraction.

 

Ce matin, pas de collant parmi mes achats. J’étais à la caisse quand j’ai entendu un homme plus jeune que moi demander à une autre caisse un masque FFP2. J’ai aussitôt fait le rapprochement avec le coronavirus Covid-19 bien que, sans cet homme, j’aurais été incapable de savoir le définir de cette façon.

Devant moi, le pharmacien qui me servait m’a rĂ©pondu qu’il allait voir s’il en restait. Il m’a d’abord dit qu’un masque coĂ»tait 2,99 euros, l’unitĂ©. Puis, revenant avec trois masques, il m’a prĂ©sentĂ© ses excuses : un masque coĂ»tait 3,99 euros. Je les ai nĂ©anmoins pris tous les trois.

 

Le pharmacien m’a confirmĂ© que, oui, c’était bien les masques prĂ©ventifs pour le coronavirus. Il m’a dit qu’il espĂ©rait que cela allait s’arranger. Il m’a rĂ©pondu qu’ils n’en n’avaient pas toujours mais qu’il y avait en ce moment une certaine demande surtout des touristes. Il se trouve que les seuls touristes « reconnaissables Â» que j’ai pu voir dans cette pharmacie parisienne sont asiatiques. Peut-ĂŞtre chinois. Peut-ĂŞtre japonais.

 

Jusqu’à maintenant, j’ai entendu parler du coronavirus Covid-19 sans m’en inquiĂ©ter plus que ça. Mais, ce matin, je me suis dit que cela pouvait ĂŞtre bien de « s’équiper Â». En sachant que, selon les dires de ce pharmacien un masque a une durĂ©e d’efficacitĂ© de 8 heures. Il serait donc convenable si l’épidĂ©mie du coronavirus arrive en France qu’elle soit très rapide. Ou d’avoir de quoi acheter un nombre plutĂ´t consĂ©quent de masques. Mais je me suis dit ça après avoir quittĂ© la pharmacie et après avoir payĂ© les trois masques. Parce qu’en reprenant le mĂ©tro, j’ai pris le temps de lire le journal gratuit distribuĂ© devant la pharmacie. J’ai jetĂ© ce journal depuis. Mais je me souviens qu’après un match laborieux, le PSG, hier, a battu Bordeaux 4-3 au parc des Princes. Que El Matador « Cavani Â» a marquĂ© son 200ème but avec le PSG toutes compĂ©titions confondues. Que Neymar a trouvĂ© le moyen d’écoper d’un second carton jaune et de se faire exclure. Il sera donc absent pour le prochain match face Ă  Dijon. Qu’au dĂ©but du match, des supporters avaient montrĂ© une pancarte demandant Ă  M’bappĂ©, Neymar et Marquinhos de « porter leurs couilles Â».

A part ça, l’équipe de France de Rugby, en battant le Pays de Galles, confirmait qu’elle était une très belle équipe. Et puis, tout au début du journal, le coronavirus en Italie. L’inquiétude en Europe. Deux morts.

En rentrant, j’ai regardé à nouveau Le New York Times et El Pais. Hier, dans Le New York Times, j’avais pris le temps de lire l’article consacré à l’acteur, scénariste et réalisateur américain Ben Affleck qui parlait de son addiction à l’alcool. Au fait que son propre père était devenu sobre alors qu’il avait 19 ans. L’alcoolisme de son frère Casey, que l’on n’a plus vu depuis quelques temps sur les écrans, était aussi mentionné.

 

 

C’est sur El Pais que j’ai vu l’article dont s’est sans doute inspiré le journal gratuit d’aujourd’hui concernant le coronavirus. Entre-temps, les près de 4 euros par masque avaient commencé à me peser. Lorsque j’en ai discuté avec ma compagne, j’ai été obligé de me rendre compte que je m’étais fait arnaquer. Comme d’autres. Près de 4 euros pour un masque qui ressemble à un petit slip jetable pour bébé et dont le coût à la fabrication doit se compter en centimes et peut-être même en micro-centimes. Pour un slip jetable qui est peut-être fabriqué en Chine, ce qui serait comique en plus.

 

L’anxiĂ©tĂ© et l’esprit de prĂ©vention avaient encore frappĂ©. Lorsque ce n’est pas sous forme de pub sur le net, dans la boite Ă  lettres, Ă  la tĂ©lĂ©, au cinĂ©ma, Ă  la radio, dans la rue, dans les transports en commun, sur le tĂ©lĂ©phone portable, la tablette ou Ă  la banque, c’est sous forme de terrorisme, d’extrĂ©misme politique, de catastrophe, de meurtres ou d’épidĂ©mie sanitaire qu’ils s’infiltrent. Avant que le moindre virus n’ait eu le temps de visiter nos poumons, nous sommes dĂ©jĂ  contaminĂ©s par l’anxiĂ©tĂ© et l’achat de prĂ©vention qui sont une forme de crachat civil rĂ©servĂ© Ă  ces ĂŞtres civilisĂ©s et socialisĂ©s que nous sommes. Jusqu’à ce qu’une rupture de stock apparaisse….

 

Mais je crois encore que je rĂ©ussirai Ă  me rendre Ă  Barbès afin d’y trouver El Watan avant que le coronavirus ne trouve l’adresse de mon organisme.  

 

Franck Unimon, lundi 24 février 2020.

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Cinéma Ecologie

Système K

Photos pour cet article issues du site Allociné.

     

                                             

Produits de l’énergie du KO, ils sont les diadèmes Ă©loignĂ©s de nos rĂŞves bĂŞta-bloquĂ©s. Celles et ceux qui sont lĂ  mais que l’on ne voit pas. MĂŞme s’ils Ă©taient Ă  notre portĂ©e, cela ne changerait pas :

Le regard de l’occident est toujours cet oxydant rayant de la carte leurs matières premières et leur laissant pour sacs Ă  main des freins aux Ă©clats toxiques. Et nous rĂ©pĂ©tons cet accident car nous sommes cet occident.   

 

Plusieurs annĂ©es après Staff Benda Bilili (Au delĂ  des apparences) qui avait rĂ©pandu de la vibration ondulante sur le festival de Cannes avec ses musiciens en chaise ambulante, Renaud Barret revient une nouvelle fois. On pouvait reprocher Ă  l’entraĂ®nant Staff Benda Bilili qu’il avait corĂ©alisĂ© avec Florent de la Tullaye – que l’on retrouve dans le gĂ©nĂ©rique de son Système K –  de nous montrer «  en corps Â» des noirs musiciens au rythme et au membre plus roulants que la misère,  le dĂ©sespoir et la violence.  Kate Moss s’en souvient peut-ĂŞtre. Il y manquait Ă  peine Franck Vincent pour que la fĂŞte soit complète. Si on ne peut pas un peut s’amuser de temps en temps….

 

Pour sĂ»r, Staff Benda Bilili Ă©tait bien plus qu’une animation en caisson hyperbare rĂ©alisĂ©e pour le Club Med. Mais avec  Système K, oĂą l’on aperçoit Kinshasa entre les barres, Renaud Barret signe un documentaire sincère et attachant. Nous ne sommes plus sur les Champs ElysĂ©es Ă  la sortie d’un flacon d’eau de toilette luxueuse. Nous ne sommes plus en train de pleurer une Star du Basket disparue dans un accident d’hĂ©licoptère, ou occupĂ©s Ă  frissonner d’avance devant le grand dĂ©barquement prĂ©sumĂ© du coronavirus chinois qui viendra bientĂ´t nous anĂ©antir et nous diviser pour avoir espĂ©rer destituer le PrĂ©sident AmĂ©ricain Donald Trump qui a pu rĂ©cupĂ©rer son double permis Ă  tweet illimitĂ©.  Au lieu de choisir la marque Apple plutĂ´t que Huawei.

 

Dans Système K, Nous sommes souvent dans la rue, entre le camion Iveco, le taxi moto sur lequel on monte Ă  trois,  la vente d’une reproduction de la Joconde, de sacs en plastique remplis d’eau, dans le pays des quatre barrages oĂą une grande partie de la population vit sans eau courante (100 francs le bidon d’eau) et sans Ă©lectricitĂ©.

 

Censure, rĂ©pression, superstitions et vĂ©nalitĂ© de l’église et de l’Etat sont  un programme permanent ainsi qu’une seule certitude : L’instant prĂ©sent.

 

En face, Renaud Barret choisit de nous montrer la vitalitĂ© des performances de certains artistes, quelques moments de leur conscience et certaines de leurs rencontres avec la population qui les environne. «  Des artistes, ici Ă  Kin ? Â» demande un homme.

 

On y croise d’abord Freddy Tsimba qui explique plus tard avoir eu la chance de percer «  le mur invisible Â» qui sĂ©pare l’artiste solitaire et pauvre de celui qui est reconnu internationalement et estime avoir la responsabilitĂ© de laisser la porte ouverte derrière lui.

On y voit GĂ©raldine qui accepte de respirer des «  fumĂ©es toxiques Â» lorsqu’elle crĂ©e et qui a compris qu’elle Ă©tait « liĂ©e Ă  la fumĂ©e Â».

BĂ©ni, orphelin de père belge et de mère congolaise quand il avait six ans, aimerait quitter ce pays de « merde Â» ( la RDC ) mais explique que les Belges et lui, «  On ne se comprend pas Â» et, aussi, qu’il s’est « synchronisĂ© avec le plastique Â». Suivent d’autres performances et d’autres artistes.

Devant Système K, on ne sait pas si l’on est devant notre futur ou devant le passé. Mais ce qui est sûr, c’est que ce système est déjà le présent de certaines et certains d’entre nous.

 

Je me demande ce qu’en a pensé la très bonne revue Awotélé consacrée aux cinémas d’Afrique.

Franck Unimon, ce jeudi 13 fĂ©vrier 2020. 

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Cinéma Ecologie

Marche avec les loups

Photo issue du site allociné comme les suivantes.

Pour cause de Selfie hier ( film réalisé par Thomas Bidegain et Marc Fitoussi), ce matin, je suis allé voir le documentaire Marche avec les loups de et avec Jean-Michel Bertrand. Avant qu’il disparaisse sans doute rapidement des écrans.

 

Afin d’avoir le droit d’obtenir ma place dans une salle de cinĂ©ma et voir marcher Jean-Michel Bertrand dans les Alpes et le Jura,  j’ai d’abord dĂ» accepter d’entrer dans les transports en commun parisiens bondĂ©s aux heures de pointe.

Il y a plusieurs annĂ©es, quelqu’un m’avait rĂ©sumĂ© de cette façon une « soirĂ©e qui craint Â» :

« C’est une soirĂ©e oĂą tu payes dix balles l’entrĂ©e, oĂą il n’ y a pas de meuf et oĂą tu sais qu’à un moment donnĂ©, quelqu’un va s’embrouiller avec un autre Â».

 

Ce matin, il n y a pas eu de torsion de vocabulaire ou d’action circulaire dans le train Bombardier. Mais il y a eu une promiscuité intermittente avec une certaine haleine testamentaire ou avec un abcès dentaire. Je n’ai pas cherché à en savoir plus.

En pleine inquiĂ©tude Ă  propos de la Chine qui, en plus d’être de plus en prĂ©sentĂ©e comme une menace fantĂ´me et visible d’un point de vue Ă©conomique et identitaire, nous « envoie Â» maintenant sa grippe mortuaire, il a fallu refaire connaissance avec la persistance. 

 

Au dĂ©but de son documentaire rĂ©alisĂ© en 2018, Jean-Michel Bertrand nous apprend ĂŞtre parti marcher dans les Alpes « pendant trois ans et avec une seule obsession : croiser le regard des loups». On le suit donc dans les Alpes et le Jura, plutĂ´t en hiver,  jusqu’à moins dix neuf degrĂ©s. Son voyage ressemble au chemin de Compostelle vers la vie sauvage. MĂŞme si Jean-Michel Bertrand nous le dit :

 

«  La frontière entre le sauvage et ce qui ne l’est pas est illusoire Â». Il est vrai que dans une soirĂ©e qui « craint Â» ou dans des transports en commun dĂ©goulinant de monde, vouloir s’asseoir peut revenir Ă  prendre le risque de s’exposer Ă  un coup de rasoir. Mais on est très loin de tout ça dans le documentaire de Jean-Michel Bertrand. Alchimie de l’homme du « passĂ© Â» et de l’homme  «connectĂ© Â» avec son matĂ©riel de campeur de pointe,  ses camĂ©ras automatiques et son tĂ©lĂ©phone portable qui lui transmet des images et des vidĂ©os en temps rĂ©el, Il nous guide dans un monde oubliĂ© parce-que nous l’avons fui et abandonnĂ© pour le profit total de la modernitĂ©. Et aussi parce-que nous sommes originaires d’autres cultures du monde.

 

 

 

Lorsque l’on regarde Jean-Michel Bertrand, on se dit que l’électricitĂ© rime aussi avec l’obscuritĂ©  d’un certain nombre de nos activitĂ©s qui nous semblent si importantes. Alors que si l’on prenait vraiment le temps de faire le tri, on s’apercevrait que bien avant l’invention du GPS, d’internet et de nos applications mobiles, nous nous Ă©tions dĂ©jĂ  perdus. La comĂ©die Selfie  parle de ça d’une autre façon.

Jean-Michel Bertrand nous dit aussi :

 

« La force du loup, c’est le groupe Â». On retrouve ça chez bien des groupes humains hostiles comme amicaux. Pourtant, on dit aussi que nous vivons de plus en plus dans une sociĂ©tĂ© individualiste oĂą c’est « chacun pour soi Â». Et, lors de mon trajet de quelques minutes dans mon train bondĂ© de ce matin pour rejoindre Paris,  puis dans le mĂ©tro, seules les personnes qui se connaissaient dĂ©jĂ  sont restĂ©es ensemble. Toutes les autres, la majoritĂ©, ont juste composĂ© les unes avec les autres comme elles le pouvaient, le temps du trajet, sans se rencontrer. Avant de rencontrer celles et ceux avec lesquels elles sont prĂ©sumĂ©es ĂŞtre ensemble au travail, Ă  la maison, dans un commerce ou dans une administration.  

 

Et c’est comme ça tous les jours depuis des années. On peut être hyper-connecté mais sans se calculer. Sauf pour s’insulter, s’épier ou pour se menacer.

 

 

Marche avec les loups, c’est le contraire de ça. MĂŞme si Jean-Michel Bertrand est le seul humain que l’on voit au premier plan. Il nous donne son avis sur cette haine pour le loup qui provient selon lui de croyances mĂ©diĂ©vales. Il nous parle du loup mais je me dis que d’autres dĂ©fendent les requins et les ours comme lui, dĂ©fend le loup. Et, bien-sĂ»r, j’ai repensĂ© au livre de Nastassja Martin, Croire aux fauves . Ainsi qu’au film The Ride de StĂ©phanie Gillard. Ce sont des Ĺ“uvres-frontières entre le passĂ© et le prĂ©sent. Entre l’inhumain et l’humain. Entre l’innommable et l’inhumĂ©. 

Jean-Michel Bertrand cite Robert Hainard, un Ă©cologiste oubliĂ© qui, devant la destruction de la nature, a pu dire ou Ă©crire :

« On me tue mon infini Â».

 

On peut voir ce documentaire de Jean-Michel Bertrand comme seulement fait de très belles images de la nature, de loups et d’autres animaux. On peut le voir comme un Into the Wild décaféiné et monastique. Comme un manifeste pro-loup, ce qui a beaucoup déplu à certaines personnes qui ont voulu empêcher sa sortie. ( Je crois que Jean-Michel Bertrand a aussi reçu des menaces de mort).

 

Mais on peut aussi voir Marche avec les loups comme une Ĺ“uvre qui s’escrime Ă  nous faire percevoir l’infini. Ce qui est quand mĂŞme beaucoup mieux que d’attendre de retrouver le quai , dans un train ou dans un mĂ©tro bondĂ©, alors que celui-ci est arrĂŞtĂ© sur la voie ferrĂ©e plutĂ´t que sur la voie lactĂ©e.  

 

Franck Unimon, mardi 28 janvier 2020. 

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Ecologie Puissants Fonds/ Livres

Croire aux fauves

 

                                                      Croire aux fauves

Terminer un livre. Il n y a pas plus illusoire. Il y a l’idée d’une victoire. Alors que chaque livre devrait nous éjecter de ce genre de croyance. Etre une frontière, une trajectoire. Et nous rapprocher du rêve.

 

Mais nous ne rĂŞvons plus, nous dit Nastassja Martin dans son livre, Croire aux fauves. Nous laissons les atomes et les pixels de nos vies modernes rĂŞver des traces Ă  notre place.

 

A la fin de ma lecture de Croire aux fauves, il y a quelques jours, j’étais hĂ©bĂ©tĂ© :

 

J’étais incapable de me sortir -d’en parler- de ce livre de 151 pages de taille moyenne.

 

Depuis, j’ai cherchĂ© un autre mĂ©dicament, commencĂ© Ă  tourner d’autres pages sans rĂ©ussir Ă  me dĂ©cider vraiment :

 

Les Chamans ( Hier et Aujourd’hui) de Jean-Patrick Costa.

 

L’Apothéose des vaincus ( Philosophie et champ jazzistique) de Christian Béthune.

 

Catherine Ringer Et les Rita Mitsouko de Stan Cuesta (avec une préface d’Alfredo Arias)

 

Ecrit sur la bouche de Claude Olievenstein

 

Deep de James Nestor

 

L’An V de la RĂ©volution algĂ©rienne de Frantz Fanon dont Abdel Raouf Dafri m’a parlĂ© lors de son interview pour son film Qu’un sang impur… qui sort demain ( Interview en apnĂ©e avec Abdel Raouf Dafri ). 

 

Mon père, ce tueur de Thierry Crouzet

 

 

Alors, je passe un peu d’un livre Ă  un autre, comme un alpiniste passerait d’une montagne Ă  une autre. Dans le Ecrit sur la bouche d’Olivenstein, publiĂ© en 1995, il y a cette phrase, page 15 : « La bouche garde le souvenir de notre passĂ© (…) Â».

Cela peut correspondre avec ce qu’écrit Nastassja Martin en 2019 dans son livre Croire aux fauves, page 113 :

 

«  Le fauve mord la mâchoire pour rendre la parole Â».

 

 

Dans Deep, je suis tombĂ© sur ce passage qui raconte que le Capitaine Cook avait embarquĂ© pour un de ses voyages, le chef d’une tribu «  primitive Â». Non seulement, celui-ci lui avait fait dĂ©couvrir un certain nombre de « mondes Â» (d’autres contrĂ©es)  en les lui montrant sur la carte. Mais, quel que soit l’endroit oĂą ils se trouvaient sur la mer, ce « chef Â» restait capable de situer exactement sur la carte l’endroit oĂą se trouvait son « pays Â».

Toujours dans le mĂŞme livre, James Nestor nous parle d’une autre tribu (aborigène ?) qui, dans son langage quotidien, intĂ©grait en permanence les points cardinaux : nord, sud, ouest, est.

 

Si je me fie Ă  ma pensĂ©e cartĂ©sienne d’occidental parisien Ă©duquĂ©, « normal Â», bornĂ© et « responsable Â» de 2020, je dirais que ces sujets et ces livres font partie de mes envies d’exotisme du moment en pleine pĂ©riode des soldes d’hiver. Et que Nastassja Martin, anthropologue, brillante Ă©tudiante, Ă©lève de Philippe Descola, formĂ©e Ă  la psychanalyse, sĂ»rement une très belle femme Ă  «  l’origine Â», très bonne alpiniste, russophone et sans doute capable de parler d’autres langues en plus du Français,  d’un ( très) bon milieu social, guidĂ©e par son arrogance et son sentiment de supĂ©rioritĂ©, s’est Ă  nouveau  aventurĂ©e sur un territoire encore sauvage, dans les montagnes du Kamtchatka ; a fait le voyage de trop en aout 2015 et est tombĂ©e sur un ours qui l’a dĂ©figurĂ©e. Elle lui a rĂ©sistĂ© et, les yeux fermĂ©s, avec son piolet, a rĂ©ussi Ă  le blesser. Autrement, il l’aurait sans doute tuĂ©e. L’ours s’est Ă©chappĂ©. Nastassja Martin est une combattante et une survivante. Elle raconte ce que cette rencontre lui a donnĂ© dans la peur et dans la douleur. Sans voyeurisme et sans exhibitionnisme.

 

Si je laisse tomber cette corde de pensĂ©e, je dirais que je suis en ce moment incapable de regarder un film et de me fixer sur un livre parce-que la poussĂ©e animiste du livre de Nastassja Martin m’épouse et me rappelle une histoire perdue qui vient de loin. Mais je ne l’ai pas encore Ă©crite :

Nous sommes surtout douĂ©s, dĂ©sormais, pour savoir nous repĂ©rer et nous rĂ©pĂ©ter dans des administrations et des magasins. Pour nous cantonner Ă  certaines de nos fonctions et  Ă  certaines actions Ă  des horaires et des pĂ©riodes paramĂ©trĂ©s. Alors que pour vivre nous devrions plus nous inspirer de nos rĂŞves que des murs qui nous regardent.

 

 

Nastassja Martin, encore, dans son Croire aux fauves, page 121 :

 

 

«  (….) personne n’a Ă©coutĂ© Antonin Artaud qui, pourtant, avait raison. Il faut sortir de l’aliĂ©nation que produit notre civilisation. Mais la drogue, l’alcool, la mĂ©lancolie et in fine la folie et/ou la mort ne sont pas une solution, il faut trouver autre chose. C’est ce que j’ai cherchĂ© dans les forĂŞts du nord, ce que je n’ai que partiellement trouvĂ©, ce que je continue de traquer Â».

 

 

 

Franck Unimon, ce mardi 21 janvier 2020.

 

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Ecologie Puissants Fonds/ Livres

Une autre fin du monde est possible

 

 

 

 

 

 

 

  • Les revoilĂ  ! 

 

Il y a maintenant deux ou trois ans, la lecture de leur livre Comment tout peut s’effondrer. Petit manuel de collapsologie Ă  l’usage des gĂ©nĂ©rations prĂ©sentes m’avait assommĂ©. Et puis, sous l’effet du dĂ©ni sans doute, la vie avait continuĂ©.

 

Mais les revoilĂ  avec un nouveau livre :

Une autre fin du monde est possible ( vivre l’effondrement et pas seulement y survivre) et, cette fois, Pablo Servigne et Raphaël Stevens sont rejoints par Gauthier Chapelle pour la rédaction de ce livre. Et j’ai remis ça. J’ai également lu cet ouvrage. Cela m’a pris plus d’un mois. Bien que ce livre puisse se lire en moins d’une semaine.

Tout autant fourni en bibliographies et références diverses, Une autre fin du monde est possible ( vivre l’effondrement et pas seulement y survivre) est typiquement le genre de livre dont vous ne parlez pas autour de vous à moins de vouloir prendre le risque de passer pour fou, parano, extrémiste, séropositif, négatif, pessimiste ou pour celle ou celui qui a subitement pété plusieurs plombs ou plusieurs câbles en même temps. Le sujet a très mauvaise haleine et transmet des très très mauvaises vibrations. Et cela ne se perçoit peut-être pas dans mes articles mais, dans la vie, j’aime plutôt rire et faire rire.

 

  • obĂ©ir

 

 

C’est vraisemblablement pour ces quelques raisons que depuis la fin de sa lecture il y a plusieurs jours maintenant, je me suis abstenu d’en parler. Et que je me suis lancé dans la lecture de Leçons de danse, leçons de vie de Wayne Byars, un ouvrage plus rassurant et pourtant complémentaire avec le récent ouvrage de Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle.

Une autre fin du monde est possible est typiquement le genre de livre dont vous ne parlez pas autour de vous, lorsque vous vivez parmi des gens «normaux », mais qui vous réveille en pleine nuit pour écrire à son sujet. C’est ce qui est en train de m’arriver. Cela m’est bien sûr arrivé pour d’autres articles différents et plus joyeux, mais c’est ce qui m’arrive pour ce livre. Il est 4h35 et tout à l’heure, ce livre m’a en quelque sorte dit ( oui, certains livres et certains mots me parlent) :

« Franck, le moment est arrivĂ© pour toi de parler de moi. C’est mon tour ! J’ai suffisamment attendu ». Et j’ai dĂ©cidĂ© d’obĂ©ir. 

 

  • Le SymptĂ´me Take Shelter

 

 

Le réalisateur Jeff Nichols, au festival de Cannes en 2011.

 

 

 

J’aimerais encore que ma façon de réagir à la lecture de ce livre soit dû au symptôme Take Shelter, titre du film du réalisateur Jeff Nichols où l’acteur Michael Shannon, père de famille et fils d’une schizophrène, commence à avoir des visions d’une catastrophe à venir. Et, malgré la désapprobation générale de la communauté et l’incompréhension de sa femme (l’actrice Jessica Chastain), celui-ci décide, en s’endettant, de construire un abri pour sa fille et sa femme.

Dans Take Shelter, il s’agit d’une catastrophe naturelle qui touche leur région ( au Texas, je crois) et non d’un effondrement mondial. Mais à Cannes, alors que mon collègue journaliste, Johan, et moi l’interviewions- je faisais l’interprète- pour le magazine cinéma Brazil, Jeff Nichols nous avait expliqué qu’en devenant père lui-même, il avait commencé à percevoir le monde comme pouvant être particulièrement menaçant.

Lorsque j’avais lu le précédent ouvrage de Pablo Servigne et Raphaël Stevens Comment tout peut s’effondrer, j’étais moi-même devenu père. Et les trois auteurs de Une autre fin du monde est possible précisent aussi être malgré tout devenus pères. L’âge des enfants n’est pas précisé mais je suppose que nous parlons à chaque fois d’enfants de moins de dix ans, soit un âge où, dans l’espèce humaine, les enfants sont particulièrement vulnérables. Et leurs parents aussi sans doute. Cette précision « psychologique » permettra peut-être de mieux faire comprendre mon état d’esprit alors que j’écris sur cet ouvrage.

 

  • Nous sommes peut-ĂŞtre des oies

 

Pour le reste, selon Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle, ainsi que pour d’autres (scientifiques, auteurs et militants….), l’espèce humaine, en 2019, devant l’effondrement serait à peu près équivalente à celle de ces oies qui, la veille du repas de Noël, estimeraient que tout va pour le mieux car elles sont particulièrement choyées. Ou à ces proies et ces victimes qui, alors qu’elles se rendent à un événement heureux ou anodin, vivent peu après une très mauvaise expérience qui se révèlera définitive ou traumatisante.

 

  • Plusieurs types de rĂ©actions d’oies

 

Devant de telles suggestions d’avenir que nos trois auteurs ( et d’autres) justifient largement, on a le choix entre plusieurs types de réactions :

Déni, colère, dépression, renoncement, acceptation….. et Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chappelle le savent pour l’avoir vécu eux-mêmes. Dans Comment tout peut s’effondrer, ils expliquaient par exemple que leurs relations avaient pu se tendre avec plusieurs de leurs proches.

Dans Une autre fin du monde est possible, ils évoquent un moment cette conséquence relationnelle et affective, page 264 :

« Qui n’a pas déjà éprouvé des difficultés à trouver oreille attentive lorsqu’il s’agit de parler d’un possible effondrement ? Lorsqu’on découvre tout cela, surtout si c’est dans la solitude, le premier réflexe est de vouloir le partager rapidement avec des proches pour se sentir moins seul, ou parce qu’on les aime et qu’on estime que cette information est capitale pour leur sécurité. Mais attention, lorsque les autres ne sont pas prêts à entendre (et c’est souvent le cas) les réactions sont souvent désagréables tout comme le sentiment de solitude et d’incompréhension qui peut en découler. La première chose à faire est peut-être de prendre le temps d’intégrer tout cela pour soi. Ceux qui n’ont pas la chance d’avoir des proches sensibles à cette thématique peuvent échanger facilement à travers les réseaux sociaux. Lire un article, un commentaire, un livre ou un documentaire sur un sujet que l’on croyait tabou, et en parler librement, redonne du baume au cœur ».

 

  • Une oie tâte du doigt deux groupes d’entraide

 

J’ai lu et voulu que ce livre soit moins « bon » que le précédent. A un moment, en allant voir deux des sites de groupes d’entraide qu’ils citent, je me suis dit qu’il y avait un côté sectaire tout de même dans leur façon de réagir. Mais cela fait aussi partie du déni de vouloir voir le mal et des sectes dès qu’il s’agit de changer de comportement et de vision sur notre vie et sur le monde.

 

  • En coloc au colloque

 

Récemment, un spécialiste des addictions qui intervenait lors d’un colloque organisé sur le thème de « Spiritualité et addictions » m’a donné cette réponse simple afin de faire la différence entre un groupe ou un lieu bienveillant et une secte ou un groupe jihadiste (ou extrémiste) qui proposeraient leur « aide » :

 

Liberté, Gratuité et Charité.

 

  • Dans l’arrondissement de la brèche

 

Il peut en effet ĂŞtre difficile Ă  la fois de continuer de vivre sa vie en s’abstenant de raser les murs tout en se disant- en mĂŞme temps- que ce monde que nous voyons et que nous avons toujours connu- et construit mentalement- malgrĂ© ses apparences de perpĂ©tuitĂ© toute puissante, a en son foyer une brèche d’éphĂ©mère et d’illusoire et que celle-ci grandit de jour en jour que l’on s’en aperçoive ou non. Pour moi, le suicide de Christine Renon, la directrice d’Ă©cole maternelle publique de Pantin dans le 93 rĂ©cemment, la dĂ©gradation des conditions de travail dans l’Ă©cole publique,  la dĂ©gradation continue des conditions de travail dans l’hĂ´pital public depuis plus d’une vingtaine d’annĂ©es, la dĂ©gradation des conditions de travail dans la police font partie de l’effondrement. 

Servigne et Stevens l’avaient déjà bien expliqué dans Comment tout peut s’effondrer :

L’effondrement a déjà commencé. Que l’on parle du réchauffement climatique ou de la détérioration de notre monde dans les domaines sociologiques, culturels, politiques, économiques et militaires. Avant la grande catastrophe que tout le monde pourra « voir » à l’œil nu ou subir éventuellement, l’effondrement est avant tout une succession de disparitions, de dégradations et de tragédies dont on s’est accommodé ou dont on s’accommode jour après jour.

 

  • Les vers puissants

 

Les hommes politiques ( et j’écris « hommes » parce qu’à ce jour, hormis quelques exceptions, les principaux dirigeants politiques de notre monde sont et ont été des hommes) et les « Puissants » resteront sur la lancée de leur vision archaïque du monde comme ils le font depuis des siècles. Au mieux, ils réagiront dans l’urgence.

Servigne, Stevens et Chapelle nous expliquent ( après d’autres sans doute) que «Les trente glorieuses » qui ont suivi la Seconde Guerre Mondiale et qui nous ont toujours été décrites comme une période de grande croissance économique seront peut-être surnommées plus tard « Les trente affreuses » d’un point de vue écologique. Or, nous sommes toujours calés sur ce modèle de développement économique et industriel qui consiste à asservir et exploiter la terre, les êtres (humains et non humains), leur vitalité et leur richesse comme si celles-ci étaient illimitées et négligeables et qu’elles pourraient être remplacées par des innovations technologiques ou éventuellement être retrouvées en abondance sur une autre planète.

 

  • Compost de pommes et solutions

 

Dans Une autre fin du monde, vivre l’effondrement (et pas seulement y survivre) Servigne, Stevens et Chapelle s’attachent à proposer des solutions.

 

Parmi elles, l’entraide, la solidaritĂ©, ĂŞtre dans l’art et dans la culture, le retour Ă  une certaine spiritualitĂ© mais aussi rĂ©apprendre Ă  vivre avec la nature et selon la nature.

Les trois auteurs nous rappellent comme nous sommes devenus des citadins forcenés de plus en plus connectés et, pourtant, nous sommes de plus en plus coupés de nous-mêmes et des autres humains et non-humains.

On peut les trouver paradoxaux- peut-être afin de nous rassurer- comme ils peuvent à la fois envisager le pire et dire qu’il y aura beaucoup de morts et de souffrance, évoquer la possible émergence de bandes armées, et, en même temps, donner l’impression , à les lire, qu’en cas de catastrophe, il nous « suffira » de rester des personnes civilisées et de faire un travail sur nous-mêmes pour nous en sortir. Alors que ce sera vraisemblablement, un « peu » la panique et la barbarie à certains endroits :

 

  • Nomade’s land 

« L’avenir risque d’être en grande partie nomade » écrivent-ils par exemple (page 264, encore apparemment).

 

  • Superbe parano orientĂ©e sud-ouest avec vue dĂ©gagĂ©e sur la mer, proche de toutes commoditĂ©s

 

RĂ©sumĂ© comme je viens de le faire, ce livre continuera peut-ĂŞtre de passer pour l’ouvrage rĂ©sultant d’un « complot » de survivalistes bobos permettant, il est vrai, l’essor lucratif d’une Ă©conomie de la survie au mĂŞme titre que le Bio, dĂ©sormais, est devenu une très bonne niche Ă©conomique- et un très bon investissement comme la fonte de la banquise- pour certains entrepreneurs, certains politiques, certains financiers et certains meneurs religieux ou sectaires. 

 

  • Les premières impressions…

 

On peut aussi rester sur l’impression première qui consiste à voir dans ces «histoires » d’effondrement l’expression d’une certaine parano affirmée qui ferait son coming out. La parano, on le sait, étant cette logique, qui, à partir de certains faits réels, se confectionne et affectionne une seule vérité, la sienne, et repousse voire assujettit ou détruit sans pitié les autres vérités.

Franck Unimon, ce vendredi 18 octobre 2019.

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Argenteuil Ecologie

Il fait beau

 

Il fait beau

 

Il fait beau. Nous revenons de la médiathèque. Nous avons aussi pu emprunter la première saison des séries P’tit Quinquin de Bruno Dumont et de The Handmaid’s Tale (La Servante Ecarlate ) crééé par Bruce Miller comme quelques dvds pour enfants.

 

 

« Excusez-moi…. ». Un monsieur d’une soixantaine d’années nous croise.

« Je voudrais aller au Val d’Argenteuil ». Mais nous sommes à Argenteuil centre ville.

Où veut-il aller ? Il ne sait pas. Dans une des poches extérieures de son gilet, plusieurs stylos. Mais aucun plan de signalisation pour le guider.

A-t’il une adresse ? Non. Je lui répète qu’il y’a aussi une gare au Val d’Argenteuil. Il m’explique qu’il a pris le bus pour arriver ici.

A-t’il un numéro de téléphone où appeler ? Non plus. « J’ai appelé tout à l’heure mais il n’y’avait personne ». Il n’a pas de téléphone sur lui.

« Je peux aller au Val d’Argenteuil à pied… ». Je lui réponds que ça va faire loin. Il me remercie, me salue, et me dit qu’il va continuer plus loin un peu au petit bonheur la chance.

 

 

 

 

Une semaine plus tôt, il faisait aussi beau lorsque je suis allé découvrir ce nouveau lieu à Argenteuil centre-ville, derrière la médiathèque  Aragon et Elsa Triolet :

Smile.

 

 

 

Son ouverture était annoncée par un grand panneau au dessus du toit. Elle a été récemment saluée dans la presse. Anciennement, une grande salle de Fitness se trouvait là. Cela n’a pas marché. Auparavant, à Argenteuil, il y’avait un petit magasin La Vie Claire près du commissariat municipal. Il avait fermé à mon arrivée à Argenteuil en 2007 ou peu de temps après celle-ci. Quelques personnes qui l’ont connu m’ont raconté qu’on n’y trouvait pas de fruits. Et qu’il était vraiment petit. En 2007, dans les commerces, la tendance bio était moins développée qu’aujourd’hui ou des enseignes certifiées bio sont de plus en plus visibles (Biocoop, La Vie Claire, Les Nouveaux Robinsons, Naturalia, Bio C Bon pour les principales).

Et en 2007, même les supermarchés et les hypermarchés « traditionnels » n’avaient pas encore dédié une partie de leurs rayons à ce nouveau marché comme aujourd’hui. Ce petit magasin La Vie Claire était donc trop en avance pour son époque dans Argenteuil, la ville aux plus de cent mille habitants, qui semble souvent captive- ou fautive- d’une hérédité mal réputée.

 

 

 

 

Mais douze ans ont passé, même à Argenteuil, et Smile , ce lieu éco-responsable, ouvert mi-juillet vient désormais combler un manque présent à Argenteuil comme  ailleurs.

 

 

La caissière présente au magasin ce jour-là m’explique qu’ils sont plusieurs à s’être associés pour ouvrir cet endroit. Ils en avaient assez d’aller chercher ailleurs ce dont ils avaient besoin. Il est vrai qu’à ma connaissance, la première grande surface Bio la plus proche, Naturéo, ouverte il y’a deux ans environ, se trouve à Cormeilles en Parisis, dans cette zone qui touche le Val d’Argenteuil et Sartrouville.

 

 

 

Smile ressemble à cet endroit que ses concepteurs auraient voulu avoir en tant qu’usagers.

 

 

Pour se rendre à Naturéo,  grande surface domiciliée à Cormeilles en Parisis, il faut généralement être véhiculé. Le lieu est assez éloigné de la gare du Val d’Argenteuil. On peut bien-sûr s’y rendre à vélo (en vingt à trente minutes à peu près) depuis Argenteuil centre ville à condition de souhaiter un peu parfaire sa condition physique. Le magasin Smile, lui, est dans le centre ville d’Argenteuil, au 55 de la rue Antonin-Georges Belin. Dans le prolongement du bureau principal de la Banque postale qui a fermé cet été et a été remplacé pour partie par le nouveau bureau qui a ouvert dans le centre commercial Quai de Seine. Tandis que le second bureau de la Banque Postale, plus petit, non loin de là, sera celui où ont auront lieu les rendez-vous avec les conseillers.

Depuis la gare d’Argenteuil centre-ville, Smile est accessible à pied en quinze minutes. Autrement, un certain nombre de bus depuis la gare s’arrête soit devant la mairie et la médiathèque à cinq minutes à pied de Smile. Tandis que d’autres s’arrêtent encore un peu plus près ( à une centaine de mètres) de Smile. N’oublions pas que les transports en commun (bus et train) font partie des points forts d’Argenteuil.

 

 

Il y’a assez peu de monde lorsque je viens dĂ©couvrir le “sourire”. Mais je m’y sens aussitĂ´t très bien. Plusieurs commerces ont tentĂ© leur chance Ă  Argenteuil ces dix dernières annĂ©es dans le centre-ville. Certains ont pĂ©riclitĂ© après deux ou trois annĂ©es. D’autres ont aussitĂ´t marchĂ©. J’ai l’intuition que Smile fera partie de ces derniers. D’autant que l’idĂ©e a Ă©tĂ© très bien pensĂ©e par les vingt associĂ©s qui habitent majoritairement Ă  Argenteuil.

En plus du magasin de produits en vrac, Smile offre un café-cantine, un espace de travail partagé et une restauration. Et ça sent très bon lors de mon passage pendant qu’une bonne musique d’ambiance décore la pièce en la présence, à un moment donné, de feu Kassé Mady Diabaté.

 

 

Labels Bio, Zéro déchet, production locale (dans une distance comprise entre 50 et 200 kms d’Argenteuil) et commerce équitable sont deux des « critères minimum » retenus pour « chaque produit ».

Des événements sont prévus : « Fabrication de produits naturels et économiques pour la maison et le corps ; Recycler, réparer et transformer ses objets du quotidien ; Culture : débats, concerts, projections, jeux, expositions artistiques… ; Solidarité : Gratiferia, Disco-Soupe, bourses aux graines, aux livres, aux jouets…. ».

 

D’autres initiatives écologiques et bio existaient déjà à Argenteuil sous la forme d’une AMAP près du conservatoire une fois par semaine, d’un marchand de primeurs bio, du marché de la Colonie et de certains événements qui s’y déroulent comme d’une vente de légumes (et de fruits ?) bio les mardis après-midis à la gare d’Argenteuil centre par exemple. Mais avec Smile, pour la première fois, un lieu écologique et bio « pérenne » s’ouvre à Argenteuil :

Du lundi au samedi de 9h30 Ă  19h30 pour le magasin. (09 88 02 26 79)

Du lundi au mercredi de 8h00 à 22H30, du jeudi au samedi de 8h00 à minuit et le dimanche de 11h à 23H00 pour le café cantine et l’espace de travail partagé. (09 88 02 26 87).

 

 

En discutant avec les deux personnes qui tiennent la restauration ce jour-là, j’apprends que Smile va prochainement chercher de nouveaux associés afin de réunir une somme avoisinant les 30 000 euros, je crois, afin de concrétiser davantage le projet.

L’un des deux restaurateurs est particulièrement confiant :

Ouvert mi-juillet, Smile marche dĂ©jĂ  plutĂ´t bien en plein mois d’aoĂ»t alors que les gens sont en vacances. Ce mĂŞme restaurateur est persuadĂ© que les autres enseignes bio type Naturallia, Vie Claire et autres s’inspireront ensuite de leur modèle. Je ne peux pas et ne souhaite pas le contredire :

S’il se trouve assez peu de monde lors de ma découverte des lieux, je confirme avoir croisé quelques personnes, comme moi-même, qui, de toute évidence, étaient déjà en quête d’un endroit pareil. Et l’espace couvert plutôt conséquent et agréable que Smile peut mettre à disposition de ses usagers et futurs habitués est un de ses autres atouts indéniables.

 

 

Smile a une adresse mail : contact@smile.company, a visiblement un site , smile.company et est Ă©galement sur FB et Twitter : facebook.com/SmileCompanyFr/ et @SmileCompany1.

Cet article est la suite de Argenteuil.

 

Il fait beau.

 

Franck Unimon, samedi 24 aout 2019.