Par Self-défense et Arts Martiaux, je pense bien-sûr aux pratiques qui s’y rapportent : martiales, sports de combats, techniques de combat diverses. Mais, je pense aussi à toute action comme à toute pensée qui permet de vivre. Je pense à tout ce qui peut nous permettre de nous éloigner d’une anxiété permanente et possessive.
Un an après Nous ne vieillirons pas ensemble du réalisateur français Maurice Pialat, le réalisateur japonais Norifumi Suzuki sortait Sex & Fury (1973). La même année, toujours en 1973, Bruce Lee, d’origine chinoise, première superstar asiatique internationale, décédait lors du tournage du film Le jeu de la mort.
Trois ans plus tard sortira L’Empire des sens de Nagisa Oshima, autre œuvre cinématographique japonaise.
Quel est le rapport entre Sex & Fury, qui fait partie de la catégorie Pinku Eiga et Yakusa Eiga, où l’histoire se passe à l’ère Meiji, ces autres œuvres et ces artistes? Car Sex & Fury n’est pas un remake du Nous ne vieillirons pas ensemble de Pialat. Encore moins du film Le Jeu de la mort. Et, on imagine peu Marlène Jobert et Jean Yanne, les deux acteurs principaux de ce film de Pialat, ou même Bruce Lee- qui est absent de la filmographie de Pialat- évoluer dans l’époque relatée dans Sex & Fury :
En 1868, au Japon, à l’ère Meiji.
Les titres de ces films les rapprochent, bien-sûr.
L’actrice Reiko IKI dans le rôle d’Ocho.
Celles et ceux qui affronteront Ocho, interprétée par l’actrice Reiko Ike, dans Sex & Fury ne vieilliront pas avec elle même si sa vision dégaine leur désir.
Ad Libido :
Selon le niveau où se situe la libido et le sadisme du spectateur ou de la spectatrice – le film est réservé aux plus de 16 ans– Sex & Fury peut être vu comme un de ces films « druides » qui savent modifier la constitution et la perception des corps et faciliter les fluides ainsi que toute étude les concernant :
Même si les scènes de combats et certaines séquences de jeu sont assez enfantines, la photographie, elle, n’a pas pris une ride. Entre le visage et le corps de Ocho/ l’actrice Reiko Ite et celui de Christina/ l’actrice Christina Lindberg, on a de quoi fuir l’ennui.
Si Reiko Ite est la femme parfaite très au fait de la bassesse et de la violence des hommes, Christina Lindberg, sait très bien ajouter l’innocence à la froideur.
L’actrice Christina Lindberg dans le rôle de Christina.
Cependant, il existe d’autres plaisirs cinéphiliques dans la découverte de ce film.
Tarantino :
Sur la jaquette du dvd, il est spécifié que Tarantino s’est – aussi- inspiré de ce film pour réaliser ses deux Kill Bill (2003 et 2004). Et, cela saute aux yeux tant pour les membres que pour les combats -au sabre- d’Ocho/ Reiko Ite que pour la présence de Christina/l’actrice Christina Lindberg. Laquelle interprétera- en 1974- le rôle de Frigga/Madeleine dans le film Thriller (ou Crime à froid) de Bo Arne Vibenius. Film qui a aussi influencé Tarantino pour le rôle de Elle Driver joué par l’actrice Darryl Hannah dans Kill Bill.
La plupart des hommes de Sex & Fury sont cupides, pervers et, bien-sûr, lubriques. Les hommes honnêtes et idéalistes sont isolés ou minoritaires. Trahis et assassinés. Suzuki nous dépeint donc un Japon corrompu à l’intérieur alors qu’il s’agit d’un Japon de la majestuosité et de l’honneur à l’extérieur :
Ce Japon a défait la Chine et la Russie militairement et se modernise à toute vitesse.
Trois portraits de femmes :
Ocho/ l’actrice Reiko IKI
Dans ce Japon où les femmes sont opprimées, trois portraits de femme dominent dans ce film féministe. Celui d’Ocho ( l’actrice Reiko Iki), intrépide, dure au mâle, orpheline qui a grandi dans la rue après avoir assisté à l’assassinat de son père. Et qui doit son salut au fait d’avoir été recueillie par une femme qui lui a appris à voler et sans doute à se prostituer.
Celui de Christina (l’actrice Christina Lindberg) « l’occidentale » britannique, la jeune femme talentueuse, devenue espionne pour son pays, alors plus grande puissance coloniale, par amour pour revoir…. un Japonais.
Le dernier portrait de femme « dominant » est celui de Yaeji/l’actrice Yoko Mihara, qui campe la femme d’un haut dignitaire japonais. Yaeji est toute respectable jusqu’à ce que l’on comprenne qu’elle perd toute conduite devant le sexe. Et que « sa peau dévore les hommes ».
Protéger ou couper :
Ocho/l’actrice Reiko IKI
Ces trois femmes sont trois tentatives de coexistence avec les hommes de ce Japon. Pour Ocho, le résultat de cette coexistence se décompose de la manière suivante :
Elle protège ou elle coupe.
Soit elle a un homme à venger (son père) ; soit elle est porteuse des dernières volontés d’un homme ; soit elle sauve un homme (« l’anarchiste » Shunosuke interprété par l’acteur Masataka Naruse) poursuivi par la police ; soit elle tue des hommes aussi brutaux que des animaux derrière leurs airs raffinés. Car certains de ces nouveaux aristocrates qui ont réussi sont d’anciens yakusas qui ont réalisé des crimes et sont prêts à tout pour parvenir à leurs fins. Tortures, viols, meurtres, trafic de drogue….
En tuant ces hommes, on pourrait dire qu’Ocho les libère car ils n’ont pas évolué. Ils sont enfermés dans des instincts et des comportements dont ils sont devenus inséparables. Elle, a évolué. Au point qu’elle tient le sabre, arme souvent masculine, mieux que les hommes. Dans Sex & Fury, une femme telle qu’Ocho est le véritable honneur du Japon. Cet honneur vit dans la rue et est orphelin.
Cependant, au contraire de Christina et de Yaeji, aucun désir et aucun amour ne retient Ocho à un homme en particulier. Et, il semble que cela contribue non seulement à en faire une femme libre mais aussi à lui sauver la vie en tant qu’individu. Ce qui, bien-sûr, était un sacré affront adressé au Japon des années 70 (et d’aujourd’hui ?) où le groupe prévaut sur l’individu. Et où la femme se doit d’être mariée à un homme et de baisser les yeux.
Ocho/ L’actrice Reino IKI
Ocho fait tout le contraire. C’est ce qui lui permet, plusieurs années plus tard, de faire toute la lumière sur le meurtre de son père. Et, nous, si nous arrivons à lever les yeux, cela nous permet de regarder ce film autrement après les événements relatifs au harcèlement des femmes ou à des mouvements tels que #balancetonporc.
Que Dalle un livre sur l’actrice et comédienne Béatrice Dalle
Ecrit par Pascal Louvrier et Béatrice Dalle
Hésiter entre la lecture de UCHIDESHI Dans Les Pas du Maitre (Apprendre ce qui ne peut être enseigné) de Maitre Jacques Payet, 8 ème Dan, Shihan, au sein de l’organisation Aikido Yoshinkan. Et la lecture du livre sur l’actrice et comédienne Béatrice Dalle.
Opter pour ce dernier. Et se sentir d’abord éclaboussé par de la poussière de honte. Une fois de plus, avoir cédé aux séductions de la forme. Au lieu de déterrer de soi ces peurs qui nous martèlent les vertèbres.
Nos peurs sont des productions incessantes. Les combattants sont celles et ceux qui, jour après jour, les voient s’amonceler sur leur compteur. Et qui ont appris et apprennent de leurs peurs. Et qui répètent des gestes, parfois des incantations, ou des Savoirs, en vue de leur répondre.
Ce sont des voix qui leur parlent, à toute heure, à eux seuls, et que personne d’autre n’entend, d’abord. Du moins ont-ils souvent cette impression.
Pas de combattant sans peur.
Mais comparer une actrice ou un acteur, Dalle ou autre, à un combattant tel que Maitre Jacques Payet, c’est aussi tenter de vouloir parer un miroir des mêmes mérites et des mêmes héritages que le diamant.
La différence entre les deux reste quand même que, une fois « choisi », l’un (l’actrice ou l’acteur) est si puissamment éclairé, entouré, stylisé, entraîné, conseillé qu’il est presque condamné à réussir.
Je repense à l’actrice Adèle Exarchopoulos tellement mise en valeur par Kechiche dans La Vie d’Adèle ( 2013)que je m’étais dit :
« Si après ça, elle ne réussit pas une belle carrière au cinéma, elle ne pourra pas dire qu’elle n’a pas été aidée ».
La combattante ou le combattant, longtemps, est bien moins entouré que l’actrice ou l’acteur. C’est peut-être, aussi, ce qui le pousse à surgir. Car, soit il restera victime, oublié, dominé ou enfermé. Soit il vivra. En se mettant à vivre, la combattante ou le combattant commence à éblouir celles et ceux qui l’entourent. Parce que vivre, c’est notre histoire à tous. Sauf que pour beaucoup, vivre reste une intention ou une tentation. Alors que pour la combattante ou le combattant, vivre est une action.
L’actrice et l’acteur se mettent à vivre lorsque l’on dit : « Action ! ». La combattante et le combattant vivent parce qu’ils agissent. En dehors du combat. Au cours du combat. Mais, aussi, après le combat.
Le combat, c’est le temps absolu. L’extrême. Aucunfaux semblant possible.
Il y a maintenant un jeu de mot très facile à faire : le contraire du combat, plus que la défaite, c’est le coma. Etre dans le coma, c’est bien-sûr être allongé dans un lit d’hôpital dans un service de réanimation. Peut-être en mourir. Peut-être en sortir. Peut-être en revenir diminué, paralysé ou transformé.
Mais le coma, c’est aussi laisser quelqu’un d’autre ou une substance agir ou faire des rêves à notre place. Puis exécuter au détail près. Comme des rails nous menant vers une destination préétablie par quelqu’un d’autre que nous et à laquelle nous accepterions de nous rendre sans conditions.
A ce stade de cet article, par lequel je me suis laissé « détourner », il faudrait maintenant vraiment parler du livre.
Normalement, ce que j’ai écrit m’a déjà disculpé concernant le fait d’avoir « préféré » d’abord lire cet ouvrage sur Béatrice Dalle. Mais la normalité peut aussi être une folie souvent acceptée par le plus grand nombre. Alors, je vais prendre mes précautions et m’en tenir à ce que j’avais prévu de mettre en préambule.
La lecture de la « biographie » de l’acteur Saïd TAGHMAOUI, SAÏD TAGHMAOUI De La Haine A Hollywood dont j’ai rendu compte il y a quelques jours m’a influencé. Saïd Taghmaoui/ De la Haine A Hollywood
Dans son livre, TAGHMAOUI ne dit pas un mot sur Béatrice Dalle et Joey Starr. Pourtant, il est impossible qu’ils ne se soient croisés.
Ils ont à peu près le même âge. Sont entrés dans le grand bal de la scène médiatique à peu près au même moment même si Dalle fait un peu figure « d’aînée » avec 37°2 de Beineix, sorti en 1986.
Ils ont eu des amis et des intérêts communs : Au moins Le Rap, Les Tags, les graffitis, la banlieue parisienne défavorisée ( Taghmaoui, Morville) Benoit Magimel, les frères Cassel ( Vincent et/ou Rockin’ Squat).
Si leur adresse et leur réussite artistique (TAGHMAOUI, DALLE, Joey Starr/ Morville) doivent à leur présence physique ainsi qu’à leurs origines sociales et personnelles, elles doivent aussi à leur intelligence particulière (du jeu, du texte, pour faire certaines rencontres existentielles et décisives) ainsi qu’à leur travail d’avoir duré alors, qu’au début, dans leur vie mais aussi comme lors de leur arrivée dans le milieu de la musique ou du cinéma, rien ne le garantissait.
Pour le dire simplement et sans mépris : Aucun des trois ne venait d’un milieu social et intellectuel privilégié et, d’une façon ou d’une autre, tous les trois ont connu ce que l’on appelle la « zone ». Que ce soit la prison, les gardes à vue, la drogue, la rue. Dans un pays officiellement démocratique et universel comme la France, celles et ceux qui réussissent et sont aux avant postes de la société ont généralement d’autres profils, d’autres CV, voire d’autres prénoms, que ces trois-là.
Et, avec ces trois-là, aussi, le même « miracle » s’est plus ou moins répété (davantage avec Dalle et Joey Starr en France, toutefois) :
Une fois que chacun de ces trois-là a réussi à bien planter sa tente dans le décor avide de la réussite artistique, économique, commerciale et Jet Set de ce pays, ils sont devenus désirables. Respirables. Par le plus grand nombre. Spectateurs et parasites compris.
Je ne fais pas exception. Au début du livre, avant sa toute première rencontre avec elle, Pascal Louvrier raconte son appréhension vis-à-vis des réactions de Béatrice Dalle qui avait pour réputation d’être imprévisible et, bien-sûr, d’être peu fréquentable. Une fétichiste des options racaille. Ces appréhensions, je les ai longtemps eues vis-à-vis d’elle comme vis-à-vis de Joey Starr . Et les jugements moraux dépréciatifs définitifs -fondés bien-sûr sur des éclats médiatiques et certaines de leurs attitudes- que d’autres ont pu avoir sur eux, je les ai eus aussi.
Et, cela va dans les deux sens : Dalle, pour parler d’elle, ne brille pas non plus par une tolérance de tous les instants pour autrui. Même si elle est capable de gentillesse ou de prendre la défense de celles et ceux qu’elle perçoit comme victime. Lors d’un tournage comme dans la vie.
Car, Dalle « vomit » aussi les tièdes. Et les méritants. Toutes celles et tous ceux qui font de leur mieux et qui, à ses yeux, sont « faibles » ou ne valent pas qu’on s’attarde sur eux : les gens sans particularité évidente, monocordes et lambda qui se fondent dans le décor social comme dans une boite à chaussures.
Ce faisant, elle répète comme d’autres, y compris comme celles et ceux qui l’adorent, certaines injustices et certains préjugés, que, comme ses adorateurs, elle condamnera ailleurs. Et en d’autres circonstances selon des critères sélectionnés par eux. Et par elle.
Cela, c’est le paradoxe permanent du « Star Système » que l’on évolue dans le cinéma hautement commercial ou dans le cinéma d’auteur :
Pour peu que l’on soit admiré et aimé par des personnalités du monde du spectacle, de l’art ou de l’intellect, on sera excusé et défendu contre les bien-pensants et les bons élèves besogneux qui, les abrutis ! , ne peuvent rien faire de mieux- et de plus- que de réfléchir de travers. Comme on pisse sur le sol en ratant l’urinoir ou la cuvette des toilettes. Avant, évidemment, de partir prestement et lâchement, en laissant tout en l’état sans même se laver les mains.
C’est mon principal reproche au livre de Louvrier : cette façon de mettre Dalle sur un piédestal et de, pratiquement, tout justifier et tout accepter de certains de ses actes « déflagrants ».
Je vais néanmoins m’abstenir de frimer dans ces quelques lignes. Au tout début du livre, je me suis bien dit :
« J’aurais pu mieux écrire ». « J’aurais pu mieux faire ».
Mais, par la suite, je me suis avisé que Louvrier a effectué un très gros et très bon travail derecherche. Que ce soit dans les archives mais aussi auprès de Dalle et de quelques personnes qui ont travaillé avec elle et dont certaines sont devenues des proches :
DominiqueBesnehard, l’agent qui l’a découverte et qui est aussi un de ses protecteurs et un de ses proches. Un protecteur dévoué et idéal.
Besnehard a aussi été l’agent de TAGHMAOUI. Mais à lire celui-ci, sa rencontre avec Besnehard a nettement moins été à son avantage.
Du reste, pour avoir lu- avec plaisir- l’ autobiographie Casino d’Hiver de Besnehard ( parue en 2014), je « sais » que TAGHMAOUI ne figure pas parmi les rencontres qui ont le plus marqué Besnehard, humainement et artistiquement. Au contraire de BéatriceDalle, Jean-Claure Brialy, Nathalie Baye, Marlène Jobert ou MauricePialat par exemple.
Je garde d’ailleurs un très bon souvenir de ses pages sur Pialat.
La réalisatrice Claire Denis est aussi « convoquée » pour parler de Béatrice Dalle dans Que Dalle.
Tout comme le photographe Richard Aujard.
Ainsi que le réalisateur Jean-Jacques Beineix, bien-sûr, dont j’avais aimé lire l’autobiographie parue en 2006 : Les Chantiers de la Gloire.
Ma seconde excuse pour avoir choisi de lire Que Dalle avant celui de Sensei Payet est que le livre de celui-ci est sorti récemment. En 2021 pour la version française. Celui consacré à Dalle, en 2008 puis en 2013. Je crois l’avoir acheté en 2013. Cela fait donc huit ans que je l’avais parmi plein d’autres livres. Sur le cinéma et d’autres thèmes.
Entre les années 80-90 et le « récit » parcellaire, de sa relation à ressorts et à sorts avec Joey Starr/ Didier ou avec son premier mari et ses autres amants et mari(s) sans omettre certaines parties judiciaires de sa trajectoire, et les années qui ont suivi, j’ai appris à mieux regarder Dalle et celles et ceux qui lui ressemblent. Pour tout dire : je l’avais toujours fait. Car il n’y a aucune raison pour que, subitement, je sois devenu plus sensé. Elephant Man
Même si je me distingue des mâles alpha et de ces personnes « destroy » ou « rock’n’roll » (femmes ou hommes) qui captent tant le regard de Béatrice Dalle et l’imaginaire des réalisateurs et des photographes comme des stylistes de toutes sortes, ma vie normale et mentale, comme celle de beaucoup d’autres, est moins monocorde et plate qu’elle ne le paraît. Sauf que je le garde pour moi. Par précaution. Par peur.
Mais, aussi, pour protéger les autres.
Car c’est aussi, ça, l’un des très grands secrets de beaucoup de gens normaux : avoir cette capacité, trop grande sans doute, de tenir en laisse certaines folies. Et laisser à d’autres l’initiative de se jeter dans les gueules mais aussi dans les trous de diverses folies que l’on a pu soi-même, suivre, observer, tuyauter, tutoyer, dissimuler. Ou condamner.
Les gens normaux peuvent être de très grands comédiens. Ils le sont tant qu’ils jouent leur vie puis l’oublient. La folie, psychiatrique, comme la dépression, bien-sûr, est régulièrement proche à trop souvent se renier.
Alors, quelques fois, lorsque les gens normaux tombent sur une Béatrice Dalle, ou une autre ou un autre, ça peut aussi leur donner envie de se rapprocher. Mais pas trop près. Car ça leur rappelle quelqu’un. Peut-être, aussi, que ça leur rappelle leur adolescence. L’époque des révoltes, des mutations et des rêves les plus excessifs. Lorsque ça bouge et que ça s’agite. Parce-que, c’est bien connu, le calme, le quotidien et l’immobilité, c’est l’extinction et la soumission assurées. Et, ça, c’est bien-sûr pour les faibles et les moins que rien.
Cette chanson du groupe Soft Cell, sortie en 1981, m’a toujours beaucoup touchée. Bien qu’elle soit moins connue que son tube : Tainted Love.
A nouveau, je viens d’essayer de chanter sur Say Hello, Wave Goodbye en même temps que son interprète, Marc Almond. J’ai probablement chanté faux.
Mais, cette fois, pour la première fois, je suis resté dans « ma » voix. Enfin, je crois m’être au mieux rapproché de ce qui est ma voix. Car, à chaque fois, auparavant, je me faisais aspirer par celle de Marc Almond fuselée pour passer des graves aux aigus. Evidemment, je finissais, à chaque fois, par «m’asphyxier » et racler mes limites vocales. Cela devait être plus que moche à voir et à écouter. Fort heureusement, pour l’instant, je n’ai jamais cru en ma carrière de vocaliste. Même si chanter m’attire depuis des années. Au même titre que faire de la musique.
Chanter, jouer de la musique, écrire, ce sont des activités d’abord humaines, qui, si elles ne permettent pas de devenir « riches » et « célèbres » matériellement, autorisent à être soi-même. Seul ou avec d’autres. Et à vivre, autrement, seul ou avec d’autres, connus, ou inconnus, ce temps qui passe, qui nous occupe ou nous accule. Dans une certaine sincérité.
Il existe plein d’activités humaines. Certaines plus nécessaires que d’autres. Certaines plus volontaires. Et, d’autres, plus interdites. Que ces activités soient bénéfiques ou néfastes, toutes ces activités ont lieu. Nous les faisons. Nous y assistons. Nous en entendons parler. Puis, nous en parlons, en rêvons, tentons de faire pareil. Ou, au contraire, nous nous taisons et nous éloignons. Parfois pour des « bonnes » raisons. D’autres fois, non. Car quelle bonne raison pourrait-il y avoir, si l’on en a envie, de s’interdire de prendre le temps de chanter ou d’apprendre à chanter ? A écrire ? A jouer de la musique ? Si cela nous plait. Si cela nous ouvre à nous-mêmes mais aussi à certaines émotions.
Ce titre, Say Hello, Wave Good Bye raconte une histoire triste. La musique est fort peu dansante. Plutôt nostalgique. J’avais 13 ans lorsqu’elle est sortie, en 1981. Il n’y a rien d’exceptionnel dans le fait de filer une certaine nostalgie lorsque l’on a 13 ans. Une peine d’amour ou d’amitié. Une mauvaise note. Une mauvaise nouvelle dans sa famille.
En 1981, pourtant, j’avais plus été touché par la mort de Bob Marley. Sa musique était familière grâce à la platine disque de mon père depuis plusieurs années. En 1981, j’avais sûrement entendu Tainted Love à la radio. Parmi les tubes. Mais pas Say hello, Wave Good Bye. Et, jamais, je n’aurais entendu ou n’ai entendu de groupes du genre de Soft Cell ou Depeche Mode qui se sont faits connaître à peu près en même temps, à la maison.
Cette musique, ainsi que d’autres, étaient ignorées à la maison. Et dans nos réunions familiales. Je ne pourrais même pas dire qu’elles étaient interdites. Même si ça revenait au même : elles auraient été ignorées, méprisées. Ou, auraient été perçues comme l’empire du mal. Je repense encore, par moments, à ce jour, où, dans un mariage ou une fête antillaise, j’avais remplacé, pour quelques titres un de mes oncles maternels qui était le DJ de cette soirée.
Après plusieurs titres antillais, j’avais décidé placé sur une des platines le titre World in My Eyes…de Depeche Mode. Jusque là, tout s’était bien passé.
Mais, à peine avais-je posé ce titre, que, c’était comme si j’avais balancé du Round Up sur la piste. En moins d’une minute, tous les danseurs et danseuses avaient déguerpi ! Ce n’était pas uniquement une histoire de goût ou de rythme. Mais, aussi, une affaire de prestige et de honte. J’imagine que cela aurait été la honte pour elle si une seule personne avait osé danser sur ce titre. Mizik A Blan ! De la musique de Blanc !
Il est un certain nombre d’activités vis-à-vis desquelles nous avons le même comportement : nous considérons que ce n’est pas pour nous ! Même si rien ne nous interdit de les pratiquer ou de nous en approcher. Si ce n’est notre sentiment d’appartenance à un groupe. Et la conception, assez superficielle, en surface, que nous avons de ce que nous sommes. Je me rappelle encore de mon petit frère, ado, qui écoutait du Rap avec ses copains, et qui, secrètement, en cachette et en ma présence, avec ma « complicité », écoutait….Björk.
Car j’écoutais et j’aimais cette artiste que j’ai d’ailleurs « vue » trois fois en concert. Presque autant de fois que j’ai vu Miles Davis, Me’Shell Nédégeocello, Kassav’ ou Alain Bashung en concert…..
https://youtu.be/sJ7M3ht9rYI
J’ai découvert ou redécouvert Say Hello, Wave Good Bye lors d’un séjour supposé linguistique en Ecosse, à Edimbourg, en 1990. Un séjour affectivement conséquent pour moi.
Dans ce titre, je suis sensible à la tristesse. A cette désillusion amoureuse. Sans doute ou peut-être parce-que lors de ce séjour, j’avais vécu une double rencontre amoureuse. Avant mon départ pour l’Ecosse. Puis durant mon séjour. Deux histoires contraires dont le contenu émotionnel et sentimental m’ont porté pendant des années. Une, plutôt à distance, avec une Marseillaise. Une autre, avec une Parisienne, déjà en couple.
Peu importe que Say Hello, Wave Good Bye raconte une histoire d’amour entre un homme et une femme ou pour un autre homme. Car j’ai plus tard appris, si je ne me trompe, que Marc Almond est homo. Et, s’il ne l’est pas, je n’ai aucune difficulté à croire que ce titre puisse être un classique pour une certaine génération d’hommes voire de femmes homos. Comme je n’avais pas a priori compris, lors de sa sortie, que le tube d’Elton John, I’M still standing, puisse être si important pour les homos touchés, percutés et persécutés par le Sida.
Tout ce que j’avais entendu à l’époque, dans les années 80, c’était un titre plutôt dansant, assez funky. Je n’écoutais pas les paroles. Je ne comprenais pas le contexte. Pourtant, j’avais aussi peur du Sida. Et l’épidémie du Sida me concernait beaucoup. En tant que jeune adulte avec une sexualité. Mais, aussi, en tant qu’infirmier récemment diplômé.
Avec la pandémie du Covid, c’est pareil. Rien ne nous empêche de nous livrer à certaines activités dont nous avons envie et besoin. Même s’il faut savoir se protéger. Car, certaines fois, c’est peut-être, aussi, de certaines de nos apparences dont il vaut mieux savoir se protéger :
Il y a quelques jours, en revenant du travail, sur mon vélo pliant, j’ai découvert tous ces gens à nouveau en terrasse. Il faisait beau. Très beau. Et, moi, même si je savais que tout cela avait existé auparavant. Même si je comprenais ce besoin de sortir à nouveau. Même si j’irai sûrement, aussi, à une de ces terrasses un jour ou l’autre, j’ai néanmoins eu l’impression d’assister à une mise en scène.
J’ai eu l’impression que beaucoup de ces gens que j’ai aperçus, et, parmi eux, sans aucun doute, des amis, des proches ou des collègues, voulaient affirmer que, pour eux, vivre, c’était absolument ça ! Presque revendiquer le droit d’être en terrasse face à face. De fumer. De cloper à l’air libre. De consommer. De refaire les magasins.
Pourquoi je fais le moraliste ? Pourquoi cela m’a-t’il dérangé à ce point alors que je l’ai moi-même fait et refait ? Et que je le referai ?! Moi, aussi, je me rendrai bientôt sur une terrasse en plein Paris…
Je fais le moraliste parce-que, subitement, ce jour-là, et parce-que la pandémie a déja duré un certain temps, je me suis peut-être, et de manière assez provisoire sans doute, aperçu, que, pendant des années, je m’étais accroché à certaines activités qui, finalement, étaient peu nécessaires.
Etre en terrasse, oui, mais pour y vivre quoi et avec qui ?! Juste pour s’y montrer ?!
On peut être en terrasse avec quelqu’un et ne rien vivre de particulier avec elle ou lui. Donc, pourquoi y rester ?! Pourquoi y revenir ?! Pourquoi se l’imposer si ce n’est, principalement, pour être dans la norme ?! Pour faire quelque chose. Pour ne se pas se confronter à notre propre vide. A notre grande tristesse et à notre grande solitude.
Pour ne pas devoir admettre que l’on passe une grande partie de son temps à se vider de notre vitalité et de notre créativité au lieu de lui donner les moyens de s’exprimer et de, véritablement, nous libérer, nous aider.
Pour ne pas voir que l’on tourne régulièrement en rond mais que, comme la majorité des personne que l’on voit et que l’on fréquente agit de même, hé bien, cela nous rassure et nous encourage à continuer de rester sur la même piste de danse.
Il est plus facile et plus commode de faire la fête, d’être en terrasse en plein soleil avec d’autres que d’admettre que l’on est triste et défait. Lorsque l’on est triste et défait.
J’aime sans doute ce titre de Soft Cell (cellule douce) parce-qu’avec lui, comme avec d’autres, je m’autorise à entendre et à chanter ma tristesse et ma peine. Ce qu’il m’en reste. Ou ce que j’en ressens. Si la tristesse d’un Jacques Brel me fait déprimer, celle de Say Hello, Wave Goodbye a plus tendance à me donner un certain envol. Ensuite, si j’ai envie de bercer cette tristesse, de la distancer ou de la percer, j’écouterai du dub, du Reggae, du zouk, du Maloya, ou Miles Davis par exemple.
https://youtu.be/ChZ1QU9pxZE
D’autres préfèreront écouter du Rap, de la musique classique, du Rock, de la musique arabe, de la chanson française ou de la techno. La musique, cet ailleurs qui se joint à nos coups de poings mais aussi à nos soins intérieurs…
Mais quoiqu’il en soit, en terrasse ou non, nous vivrons les mêmes émotions (joie, espoir, tristesse, colère, désir ou dégout) à un moment ou à un autre. L’idéal, ensuite, ce sera de pouvoir les vivre avec d’autres, ces émotions. Que ce soit en terrasse. Ou ailleurs….
Mais si ce que vous êtes en train de lire vous ennuie, ou vous paraît déjà beaucoup trop long. Ou que vous ne savez pas lire. Ou que vous êtes très très fatigué(e)s . Ou que vous manquez de temps. Ou que vous avez faim et envie de passer à table. Ou que vous avez votre ménage ou la vaisselle qui vous traque. Ou que vous êtes en train de mourir. Ou que vous avez votre tiercé ou du compost à aller faire. Alors, et seulement, alors, un diaporama en musique vous attend déjà. Il est tout en bas de l’article. Ce n’était pas la peine de rester là. Pour regarder le diaporama, il vous suffira de descendre à la fin de cet article. Et, ensuite, peut-être, de tout remonter pour lire un peu. Et en savoir un peu plus sur ces images que vous aurez regardées. C’est terminé, les articles où on vous enchaine pendant trois quarts d’heure, pour, à la fin, vous distribuer deux ou trois petites illustrations grossièrement dessinées à la main et qui sentent le renfermé.
Le diaporama dure moins de cinq minutes. Cela est vérifiable scientifiquement ou simplement avec une montre ou un téléphone portable qui marche. Les photos sont éclairées suffisamment. La musique est peut-être adéquate.
En vous souhaitant un bon voyage. Pour les autres, les volontaires ou les condamné(es) de la lecture, ça commence d’abord, ici, par ce titre presqu’engageant….
Pourchassés
J’ai tangué encore un petit peu, ce matin, au moment du petit-déjeuner. Mais ça n’avait peut-être rien à voir avec ces quelques jours passés à Quiberon où, avec mon club d’apnée, nous sommes sortis en mer. Pour….. chasser.
Parce-que, hier soir, ce mercredi, avant d’aller me coucher, pour la première fois depuis mon retour de Quiberon dans la nuit de dimanche à lundi, j’ai recommencé à lire des journaux. Je me « devais » d’être informé.
La Croix. Le Parisien. Le Canard Enchaîné. Un journal « gratuit », compilation des journaux officiels.
Après les avoir parcourus en grande partie, je me suis demandé ce que j’avais appris.
Le Jihadisme en Afrique (Cameroun, Nigeria….). Les groupes terroristes Daech et Al- Qaida étaient toujours vivants et bien portants. « Il reste beaucoup à faire ». Les bombardements de la Palestine par le Premier Ministre israélien Netanyahou « en état de faiblesse ? ». Le retour de Manuel Valls en politique en France après sa parenthèse (également politique) de trois ans à Barcelone.
Le « différend » entre Gérald Darmanin, « notre » Ministre de l’intérieur, et Audrey Pulvar, alliée politique d ‘Anne Hidalgo, actuelle Maire de Paris, et possible candidate aux prochaines élections présidentielles françaises de 2022. « Le paiement sans contact, nouvelle cible des truands ». Le Covid : « vaccination obligatoire : le débat relancé ». « Serial Killer : LE PLUS ANCIEN DETENU DE FRANCE ASSASSINAIT LES BRUNES ». « L’ombre du génocide rwandais plane sur le diocèse de La Rochelle ». « Cinéma : The Father, dans la tête d’Anthony Hopkins », premier film oscarisé de l’auteur FlorianZeller. Un film très « joyeux » à ce que j’ai compris. L’acteur Anthony Hopkins, oscarisé pour ce rôle, est par ailleurs, coïncidence, devenu célèbre pour son rôle d’Hannibal Lecter, un tueur en série, dans le film Le Silence des Agneaux, sorti en 1991. Un film que j’avais aimé voir. Je suis aussi porté sur le sujet des tueurs en série. J’en reparlerai dans d’autres articles. Mais, en attendant, en lisant ces « nouvelles », hier soir, qu’est-ce que j’ai pris ! Mais, aussi, qu’est-ce qui m’avait pris ?!
Des réflexes d’alcoolique
Ce qui m’a pris ? Ce qui m’a repris, plutôt, c’est ce réflexe conditionné de « citoyen », de bon écolier, de mouton ou « d’alcoolique » des mauvaises dynamiques qui, après avoir brouté pendant un laps de temps assez court, une certaine liberté et une certaine détente, se croit invincible. Et se croit obligé de revenir se ligaturer les pensées, l’imaginaire et la sensibilité dans ce brouhaha anthropophage, délétère et auto-recyclé de nos combines et de nos névroses quotidiennes.
Or, comme a pu le dire une personne essayant de se sevrer de l’alcoolisme :
« Si tu bois et que tu as un problème, tu as deux problèmes ! ».
En lisant hier soir ces journaux, c’est étonnant, comme, subitement, j’avais à nouveau beaucoup de problèmes. Des problèmes sur lesquels j’avais très peu de prise, qui me survivraient très certainement et dont j’acceptais, en quelque sorte, de redevenir le spectateur, le consommateur, le goulot, l’idiot, le débiteur massif, intrépide, captif autant qu’impuissant…..
Tout n’est pas mauvais dans le quotidien comme dans un certain nombre de nos routines. Mais il y a néanmoins beaucoup de déchèteries et de vinasses mentales, et autres, et quantité de rustines, d’urines dégradées, avec lesquelles nous nous torchons comme s’il s’agissait de remontants dont nous aurions besoin pour nous exalter. Alors qu’ils nous détruisent.
A Quiberon, des « conditions de chiens » :
A Quiberon, en pleine mer, la mer était assez « sale » : du fait des conditions météos. Courants, houle, vent (entre 30 et 40 nœuds en moyenne). Il y avait une certaine turbidité de l’eau qui rendait la visibilité plutôt mauvaise. A peine trois ou quatre mètres.
Lorsque j’essayais, en surface, d’assurer la sécurité de J-L, qui venait d’effectuer son canard et qui, lesté de ces 7, 8 ou 9 kilos de plomb, s’enfonçait vers le fond, je finissais toujours par le perdre visuellement. Même en « apprenant » un peu à deviner sa trajectoire, sa façon de se diriger dans la profondeur, un peu particulière et peut-être influencé par sa main qu’il portait à son nez pour faire son vasalva :
J-L descendait d’abord en oblique, longue tige tournant son dos au fond, rallongeant la distance qui l’éloignait du fond, puis, adoptant une sorte de demi-tour. Ce qui faisait qu’une fois au fond, à l’horizontale, il partait pratiquement dans le sens opposé de son arrivée.
C’était drôle à voir tant que je le « voyais », mon masque sur mon visage rentré dans l’eau, mon tuba en bouche pour respirer, alors que j’étais allongé à la surface, et que les vagues et le courant, me faisaient un peu dériver sans que je m’en aperçoive.
Puis, lorsque J-L resurgissait quelques mètres plus loin, derrière ou devant moi, c’était ensuite à mon tour de « descendre » avec mes 8 kilos de plomb, palmes, masque, tuba et ma combinaison en néoprène, bien-sûr :
7mm5 pour le torse et le dos ; 5 mm pour la tête et les mains ; 3 mm pour les pieds. Protection thermique utile pour une eau comprise, durant notre séjour, entre 12 et 14 degrés. Et pour des sorties en mer de 1h30 à 2h30.
Plusieurs fois, j’ai eu les pieds engourdis par le froid. Mais cela a été supportable. J’essaierai de trouver des chaussons plus chauds avec la même épaisseur. Car, trop épais, les chaussons peuvent être difficiles à mettre dans les palmes et cela serait inconfortable.
A Loctudy, en Mai 2017, où la température de l’eau avait été anormalement élevée, entre 16 et 18 degrés, je crois, j’ai l’impression qu’il avait pu nous arriver de rester 3 heures ou 3h30 dans l’eau sans que je me ressente du froid.
Mais à Quiberon, et dans les alentours, il y a quelques jours, nous aurions « plongé » dans des conditions de « chien » selon deux chasseurs (F et J), des apnéistes férus de chasses sous-marine que nous avons croisés, amis de J-P, un de nos moniteurs encadrants.
F nous a aussi dit qu’il chassait « toujours, sous le vent ».
Je ne me suis pas particulièrement rendu compte de ces conditions de « chien » mentionnées pas F et J. Si ce n’est, peut-être, en comparant le résultat des chasses à Quiberon avec celles effectuées lors des précédents stages que j’ai effectués auparavant avec le club :
A Loctudy en Mai 2017. Puis en Octobre 2020 à Penmarch.
Bien-sûr, les températures de l’eau en Bretagne sont plus froides, et les marées sont différentes de celles que j’ai pu connaître en Guadeloupe où j’ai passé mes deux premiers niveaux de plongée avec bouteille il y a plusieurs années. Mais les « conditions de chien » mentionnées ici se rapportent à d’autres éléments.
Chasse sous-marine : une chance et un privilège
D’abord, nous étions bien plus nombreux à Loctudy (près d’une trentaine) et déjà moins nombreux à Penmarch (neuf) contre « seulement » six, cette fois, à Quiberon. Mais les conditions de chasse sous-marine étaient sans doute meilleures malgré tout lorsque nous étions allés à Loctudy et à Penmarch. Cette fois-ci, à Quiberon, « nous » nous sommes donc encore plus rabattus que d’habitude sur les araignées de mer. Et sur…. les huîtres.
Lorsque j’écris « nous » : c’est surtout les autres membres du groupe qui ont chassé.
J’ai bien attrapé deux ou trois araignées : rien de plus « facile » même si, à Loctudy en 2017, pour moi, cette « facilité » était « difficile ». Car il s’agissait quand même de s’enfoncer dans l’eau avec une ceinture de plomb autour des reins, sans bouteille de plongée puisqu’il est interdit de chasser avec bouteille. De repérer l’araignée, l’attraper sans se faire pincer les doigts, remonter à la surface et la mettre dans son filet. C’est simple dit comme ça. Mais lorsque l’on n’est pas familier avec la ceinture de plomb, le fait de descendre au fond de la mer, en tenant compte de ses tympans, de son souffle et autres, cela fait un certain nombre de paramètres à enregistrer.
Aujourd’hui, et, pour l’instant, même si je peux et sais attraper des araignées de mer, je ne suis pas un chasseur. Je n’ai pas l’esprit à la chasse lorsque je « plonge » en apnée. Je suis plutôt un contemplatif.
Je comprends l’intelligence, le plaisir, et j’admire l’aptitude d’adaptation étonnante qu’il y a à chasser sous l’eau. En se fondant dans le décor marin. En rusant avec la proie ou le poisson. En composant avec la houle et le courant. En ayant le coup d’œil pour repérer la proie même lorsqu’elle se cache. Et la « tirer » ou la « faire » au moyen de l’arbalète ou du « fusil de chasse » sous-marin.
J’admire ces chasseurs sous-marins capables de passer cinq ou six heures dans l’eau, de s’alimenter et de s’hydrater en pleine mer, juchés sur leur bouée comme si de rien n’était. Comme si c’était pareil que de faire du vélo, un footing ou d’être dans son canapé devant un bon film ou un bon livre.
A Penmarch, en octobre, j’avais aimé ce moment, où durant plusieurs secondes, posé sur le sable, mêlé à l’environnement, au fond de l’eau, à l’agachon, j’avais pu observer, un ou deux poissons, à quelques mètres, sous une petite grotte traversante, sur ma gauche. Les deux poissons se tenaient face au courant.
Ce genre de vision ou d’expérience vécue en apnée, impossible ou invisible pour nous, humains, à l’œil nu depuis la Terre, reste sans doute plus longtemps dans la mémoire. Car, dans nos conditions normales d’existence, sur la terre, et avec nos poumons, nos insuffisances mais aussi nos peurs, nous n’avons pas accès à ce monde.
Je comprends, aussi, la nécessité à apprendre à devenir chasseur sous-marin. Pour se nourrir. Ou nourrir sa famille ou son entourage. En respectant certaines règles : une certaine taille de poisson ou d’araignée. Certaines espèces et pas d’autres. Le sexe, aussi, de telle espèce afin de préserver sa reproduction.
Je comprends évidemment, aussi, la nécessité d’apprendre à préparer, dans la mer, le poisson que l’on a attrapé en l’accrochant d’une certaine façon afin qu’il ne s’échappe pas. En l’éviscérant comme il se doit. Dans mon club d’apnée, il se trouve un certain nombre d’adeptes expérimentés de la chasse sous-marine. Mais aussi de cuisiniers aptes à préparer ce qui a été pêché. Tel le carpaccio de vieille. Y m’a appris à faire des filets sur une vieille. Laquelle avait déjà été écaillée.
On peut trouver ça dégoûtant. Je trouve que c’est plutôt une aptitude à acquérir. Entre rester complètement dépendant de supermarchés, de boites de conserves, de publicités ou d’informations monopolisées- et colonisées- par quelques uns et savoir, si nécessaire, aller pêcher en mer ou ailleurs, avec quelques uns ou seul, je préfèrerais, dans l’idéal, apprendre aussi à chasser ou à pêcher moi-même ce dont j’ai besoin ou peux avoir besoin.
C’est donc une chance et un privilège, pour moi, d’avoir pu être présent lors de ce stage « d’apnée » à Quiberon. Et, encore plus alors que nous sommes encore nombreux à vivre dans les filets de la pandémie du Covid.
Devenir plus autonome :
Même si, pour l’instant, je ne suis pas un chasseur. Et que je « dois » devenir plus autonome. C’est d’ailleurs ça qui est plutôt ma priorité pour l’instant dans l’eau :
Me sentir plus à l’aise sur l’eau et au fond de l’eau. A Quiberon, j’ai commencé à découvrir que ma bouée était aussi ma maison. Car j’ai commencé à la personnaliser selon mes besoins et mes envies. Avec l’aide de mes encadrants du club. Et, d’après ce que j’ai vécu dans l’eau. Avec J-P, j’ai ainsi agrandi la garcette qui relie mon filet à ma bouée. Dans ce filet, je mets des barres de céréales dans leur emballage, des compotes, ma bouteille d’eau ainsi que ma chasse.
J’ai acheté d’autres mousquetons et les ai essayés. J’ai été content à plusieurs reprises, en revoyant la corde épaisse, et jaune, de ma bouée, lestée de plomb, alors que je m’approchais. Parce-que c’était devenu ma maison. Ce n’était pas le cas jusqu’alors. Jusqu’alors, à Loctudy et à Penmarch, c’était principalement ma bouée. Pour être vu, repéré. Pour me poser dessus à certains moments. Pour me déplacer.
Mes oreilles :
J’aimerais mieux faire « passer » mes oreilles. Mes oreilles « passent » suffisamment pour pêcher mais, de par ma petite expérience de plongeur bouteille, je sais qu’elles pourraient passer « mieux » et plus profond :
Pour l’instant, en apnée, je suis limité à une profondeur comprise entre 7 et 10 mètres. Que ce soit en fosse ou en mer. Alors qu’en plongée bouteille, j’ai pu descendre à 40 mètres.
Je déglutis pour faire passer mes oreilles. Vasalva, Frenzel, ça n’agit pas pour moi. J’ai déjà essayé. Je veux bien réessayer mais, tout ce que j’obtiens, c’est des grosses bulles. Et la pression sur mon oreille, principalement la gauche, reste la même.
Mais les conditions entre la plongée avec bouteille et celle en apnée étaient différentes. D’un côté, en plongée bouteille, je dispose de bien plus d’air à disposition et je peux me permettre de prendre mon « temps » pour compenser mes tympans :
Réaliser l’équilibre entre la pression exercée sur mes tympans par tout le poids et le volume de l’eau de la mer et la pression présente dans mes tympans.
De l’autre, chaque fois que j’ai fait de la plongée avec bouteille, je plongeais régulièrement, à raison de trois à quatre plongées par semaine sur plusieurs semaines de suite. Là, où, en apnée, pour l’instant, je pratique des stages de quelques jours séparés dans le temps de plusieurs mois ou de plusieurs années. C’est sans doute trop peu régulier pour que mes tympans aient le temps de se « faire » à la mer. D’autant qu’en apnée, vu que notre réserve d’air disponible est moindre qu’en plongée avec bouteille, nous nous devons en quelque sorte davantage d’être en « osmose » avec nos capacités corporelles et physiologiques:
Nous sommes à la fois plus « libres » (car sans bouteille. En Anglais, apnée se dit Free Dive) mais aussi plus exposés. En cas de « problème » qui nous retiendrait sous l’eau ou nous éloignerait de notre bouée ou du bateau, nous n’avons pas de détendeur d’air à portée de main ou de binôme qui pourrait nous passer son détendeur de secours.
J’ai bien-sûr pensé à une cause psychologique concernant ma difficulté à faire passer mes oreilles, en apnée, au delà des 7 à 10 mètres. Il est vrai que l’expérience de la fosse de vingt mètres reste pour moi assez angoissante. Même si, tête en haut, j’ai pu descendre jusqu’à quinze mètres assez facilement.
Mais une discussion avec ma mère m’a appris qu’enfant, j’avais fait des otites et que j’avais été opéré. Je crois donc que la « rigidité » tympanique que j’ai à l’oreille gauche vient peut-être, tout simplement, de la cicatrice chirurgicale, qui a besoin d’un peu de temps pour être assouplie et mieux « passer » les profondeurs.
En plongée bouteille, j’ai déjà fait l’expérience qu’une fois bien acclimatées, mes oreilles descendent bien, ou « glissent » dans les profondeurs. Toujours en déglutissant.
Il faut se sentir en « conformité » ou en « adéquation » avec ses organes lorsque l’on pratique la plongée avec bouteille. Ou l’apnée.
Une fois que l’on est en adéquation avec nos organes et notre humeur, on peut se rapprocher de grands plaisirs mais aussi du danger.
Le Danger :
La plongée avec bouteille est une discipline technique, exigeante et risquée. Des gens en meurent.
La pratique de l’apnée est tout autant une discipline technique, exigeante et risquée. Mal pratiquée, on peut aussi en mourir.
Pourtant, à Quiberon, lors de ce stage d’apnée il y a quelques jours, comme à Penmarch en octobre dernier ou à Loctudy en Mai 2017, je n’ai pas eu cette impression de risquer ma vie. J’ai deux ou trois explications à cela.
L’expérience :
Comme je l’ai déjà écrit, je ne suis pas un aventurier. Et, je suis plutôt quelqu’un de prudent. Mais j’ai un peu d’expérience en plongée avec bouteille et, désormais, en apnée. Avec mon club en piscine mais, aussi, en mer.
Cependant, comme dans toute discipline risquée ou un peu risquée, il faut aussi savoir se méfier de notre expérience.
Bien des plongeurs avec bouteille, mais aussi des apnéistes, confirmés sont morts en mer. C’est pareil pour des automobilistes, des cyclistes, des piétons ou des professionnels confirmés dans bien des domaines. Il est certaines négligences ou certains excès d’assurance et d’optimisme, qui, lors de certaines circonstances, peuvent avoir des conséquences traumatiques, définitives, ou, si on a un peu de chance, des incidences plus ou moins bénignes. Dans le domaine sportif, pour changer, on peut se rappeler l’accident de ski de l’ancien champion du monde d’automobile, Michael Schumacher. Adepte du ski hors-piste, et sportif d’excellence, Schumacher avait sans aucun doute des aptitudes hors-normes pour la pratique du ski. Mais aussi un certain excès de confiance qui a dû faire partie des conditions qui ont provoqué son grave accident.
Ce revers de l’expérience- l’excès de confiance- peut néanmoins, aussi, me concerner. Comme il peut, aussi, concerner les responsables de l’encadrement de mon club, ainsi, que les autres membres du club, présents avec nous lors de ce stage.
La Confiance :
Si toute entreprise humaine, quelle qu’elle soit, repose sur la confiance que l’on peut avoir dans ses partenaires et encadrants, mais, aussi, en soi-même, il est manifeste que la confiance doit être au rendez-vous lorsqu’une entreprise comportant une part de risque modérée ou élevée est envisagée.
Plusieurs origines
J’avais évidemment confiance dans mon encadrement comme dans mes partenaires de club. Cette confiance a plusieurs origines. Elle vient d’abord de moi : c’est parce-que j’avais un minimum de confiance en moi que j’ai décidé, un jour, personnellement, de m’engager dans cette discipline particulière qu’est l’apnée. Où Il s’agit d’accepter d’arrêter de respirer en ayant la tête et les parties respiratoires, et pas seulement génitales, immergées dans l’eau pendant un certain temps. Et, cette eau peut aussi, avoir, une température variable. Ou comporter du courant.
Or, nous ne sommes pas des poissons. Même si, à une époque très lointaine, l’être humain, avant de devenir ce qu’il est aujourd’hui, a probablement été issu d’un mammifère ou d’un être vivant marin.
Ensuite, plus que dans d’autres disciplines, l’apnée et la plongée avec bouteille se déroulant dans des environnements où nous nous déposons provisoirement à la surface de la vie et de la mort, en arrêtant de respirer, il importe particulièrement d’avoir suffisamment confiance dans celles et ceux qui nous accompagnent dans l’eau pour cette expérience. Ou qui nous proposent d’y évoluer dans certaines conditions.
La confiance ne se commande pas. C’est un peu comme le désir. Une personne peut bien avoir un pedigree exceptionnel. Si, pour une « raison » ou pour une autre (c’est plutôt d’ordre émotionnel, viscéral et instinctif) cette personne certifiée, volontaire, plus ou moins avenante, nous inspire le contraire de ce qu’elle est ou de ce qu’elle représente, nous serons dans la méfiance, sur la défensive, voire dans le refus ou dans la fuite.
La confiance est donc un baromètre et un critère plus qu’important dans la pratique de l’apnée. Et cela ne se contrôle pas toujours très bien.
Mais il est un autre critère qui m’a sauté particulièrement aux yeux cette fois-ci, à Quiberon, et qui s’ajoute à la confiance. Ou qui peut l’aider à advenir.
La Bienveillance :
Si bien des entreprises humaines se réalisent par la violence, fondatrices commedestructrices, ce qui m’a marqué lors de ce stage à Quiberon, c’est cette bienveillance constante qui a servi nos relations. Nous étions un petit groupe de six. Deux encadrants en titre. Deux encadrants plus récents mais néanmoins expérimentés dans l’eau. Et, deux pratiquants plutôt débutants dont je fais partie :
Je veux bien, d’ailleurs, accepter le titre de débutant ou de jeune pousse apnéiste du groupe. Au vu de ma dépendance encore très forte (presqu’une ventouse) envers l’encadrement. Ne serait-ce que pour réaliser un « simple » nœud de chaise ou pour dérouler ma corde correctement dans l’eau sans faire de nœuds.
Ces disparités de parcours et d’expériences marines et apnéistes pourraient d’emblée établir une hiérarchie verticale et monolithique. Et, évidemment, il y avait une hiérarchie établie et commune, acceptée de manière consensuelle. A aucun moment, par exemple, je ne me suis improvisé capitaine ou pilote du Zodiac qui nous a transporté. Comme, à aucun moment, je n’ai contesté l’endroit où ancrer le bateau et où nous allions nous mettre à l’eau : Je suis totalement incompétent dans ces domaines. Et je le sais.
Néanmoins, à terre, comme sur zodiac et dans l’eau, nous restions six personnalités, six individus. Une femme, six hommes. Et, comme nous le savons tous, nous autres, êtres humains, nous pouvons avoir un projet commun. Mais cela ne signifie pas pour autant pour que nous parviendrons à le réaliser ensemble. Même si, sur le papier et en théorie, nous avons tout ce qu’il faut à notre disposition pour concrétiser ce projet :
Les compétences, l’envie, la volonté, le matériel, l’argent, l’expérience….
Car nous avons chacune et chacun nos particularités, nos tempéraments, nos rythmes, nos limites, nos egos, notre susceptibilité, notre façon de ronfler, de manger, de parler, comme notre horaire pour nous rendre aux toilettes. Ou, tout simplement, pour vivre ou travailler avec les autres.
Certains ont besoin de parler tout le temps. D’autres sont régulièrement en activité et dans l’efficacité. D’autres ont aussi besoin de plages de silence, d’inactivité, de lenteur et de calme. Moi, je suis un lent. Mais ça ne m’empêchera pas de me lever à 5h25 du matin pour être à l’heure au petit-déjeuner de 6 heures. Car, pour notre dernière sortie, contrairement aux autres jours où nous prenions notre petit-déjeuner à 8h, celui-ci était à 6h.
En mer, alors, que nous avançons, j’aime bien connaître des moments où le bateau avance et où il n’y a que lui, et la mer, le vent, que l’on entend. Mais, d’autres, préfèrent ou ont absolument besoin de parler dans ces moments-là.
Néanmoins, malgré ces particularités et ces « disparités » de tempéraments et d’expériences marines et maritimes entre nous, notre séjour s’est bien déroulé. Parce-que nous nous étions encordés à une certaine bienveillance mutuelle.
Par la tenue des horaires décidés pour le petit-déjeuner. Pour le briefing de la journée. Pour être avec les autres. Pour réaliser les tâches diverses. Préparer les repas. Faire la vaisselle. Décharger et charger le zodiac. Faire les courses. Pour attraper une assiette ou un verre et le donner à qui en avait besoin à table au moment du repas etc…..
Port Haliguen, Quiberon.
La bienveillance, autant que la confiance et l’expérience ont permis selon moi la bonne réussite de ce séjour à Quiberon. Il était possible de les vivre très concrètement au vu de ces disciplines particulières, plutôt exigeantes, que sont l’apnée et la chasse sous-marine :
On s’aperçoit vite de la personne qui, lorsque l’on aspire à revenir sur le bateau nous tend la main pour prendre notre ceinture de plomb ou a un regard sur nous. Comme de celle ou de celui qui, lorsque l’on remonte à la surface, nous attend. De celle ou celui qui nous prête le mousqueton qu’il a en plus et dont on a besoin.
La bienveillance est aussi nécessaire dans bien d’autres entreprises humaines que ce soit au travail, avec les amis, en couple, son voisinage, avec son enfant etc….
Mais j’ai aussi lu d’autres mots écrits à notre retour pas d’autres membres du groupe pour expliquer la réussite (ressentie par tous) de ce séjour à Quiberon. Je ne les ai pas tous retenus alors que je termine cet article. Mais il y avait :
Bonne humeur, détermination, persévérance, capacité à accepter certaines exigences etc…..
J’ai sans doute plus appris ou réappris lors de ce séjour de quelques jours à Quiberon, avec mon club d’apnée, qu’en lisant hier soir ces journaux avant d’aller me coucher.
Bien-sûr, pour apprendre certains enseignements, il faut être disponible pour eux. On peut n’être que disponible pour les mauvaises nouvelles et n’apprendre que ça :
Que tout va mal et toujours très mal, à chaque instant, partout dans le monde, avec les autres et aussi en soi-même.
On peut choisir de s’orienter uniquement ou principalement avec les mauvaises nouvelles en se disant qu’en se préparant- et en pensant- toujours au pire, ainsi, on se réserve de bonnes surprises. Sauf que, de cette façon, si l’on s’épargne en effet certaines déconvenues et certaines désillusions, on aborde aussi la vie, les événements et les autres avec une certaine dynamique et un certain état d’esprit qui font barrage, frontière ou obstacle à certaines possibilités, élans ou initiatives, repoussées ou dissuadées par notre comportement alors plus proche de l’écueil que de l’accueil.
J’espère avoir un peu plus de bienveillance que ça envers moi-même. Etre plus accueil qu’écueil pour ce que j’ai à vivre. Et, si possible, être suffisamment accueillant envers les autres lorsque ceux-ci sont… bienveillants.
Mais être accueillant envers la bienveillance n’est pas inné. Il est nécessaire de pratiquer régulièrement. Autrement, on a assez vite fait de dériver et de se retrouver, de nouveau, entouré principalement de mauvaises nouvelles. Et, là, toutes le bouées que l’on nous aura jetées ou que l’on aura pu essayer de nous adresser ne suffiront pas.
Je ne suis pas un aventurier. En janvier de cette année, j’ai prononcé cette phrase, parmi d’autres, lors de mon discours de départ de mon précédent service. Service où, à ce jour, je suis resté ancré le plus longtemps : 11 années. Trois ans de jour pour commencer, puis huit de nuit pour finir.
J’ai fait trois fois mon pot de départ en effectifs réduits du fait de la pandémie du Covid. J’ai dit trois fois mon discours. J’ai donc répété cette phrase trois fois : » Je ne suis pas un aventurier ». Certaines phrases, comme les vagues, se répètent. Mais nous ne les écoutons pas toutes. Parce-qu’elles sont trop nombreuses. Parce-qu’elles se ressemblent toutes. Parce-que nous sommes des araignées emportées par les sillons de nos propres toiles. Les vagues, aussi, sont des toiles. Elles accumulent les jours et les nuits plus qu’elles ne reculent devant elles.
J’avais déjà travaillé de nuit ailleurs, auparavant.
Dans les logements où j’ai vécu, toujours en ville, à ce jour, toujours en banlieue parisienne, j’ai un peu oublié la moyenne, mais j’y suis resté six ou sept années. Toujours dans des appartements, exception faite du pavillon que mes parents avaient acheté à Cergy-Pontoise et où nous avions emménagé. J’avais 17 ans. Et, pour moi, alors, quitter Nanterre et notre immeuble de 18 étages, dans notre cité HLM, cela avait été l’exil. M’éloigner d’une trentaine de kilomètres de ma région natale, les Hauts de Seine, pour cette région du Val-d’Oise, alors décrétée « ville nouvelle ».
Depuis l’esplanade de Paris, à quelques minutes à pied du pavillon de mes parents, par temps clair et ciel dégagé, je pouvais apercevoir la grande Arche de la Défense. C’était tout ce qui me restait à peu près, visuellement, comme contact, de Nanterre.
Il suffit de quelques kilomètres de différence par rapport à notre périmètre familier pour avoir l’impression d’être en quelque sorte « excommunié » du paradis où, pourtant, plus d’une fois, on s’est senti à l’étroit. Plus que la distance que l’on met entre soi et les autres, mais aussi entre certains événements et nous, ce qui compte, c’est le choix que l’on fait et le moment de ce choix. Et, je n’avais pas choisi de partir de Nanterre. Pourtant, à 17 ans, j’y partageais ma chambre avec ma petite sœur et mon petit frère. Il y a mieux comme intimité. D’autant que j’avais été fils unique pendant les neuf premières années de ma vie.
A Cergy-Pontoise, et jusqu’à mon départ de chez mes parents, un départ choisi après mon service militaire, j’allais, de nouveau, avoir ma chambre pour moi. J’allais aussi découvrir le calme. Le silence. Le calme et le silence d’une maison, d’un quartier pavillonnaire, d’une presque campagne, contre le tintamarre commun de la cité et de l’immeuble HLM :
Le jeune qui rôde sa mobylette dans la rue et qui enfile les tours de la cité en augmentant graduellement la vitesse de son engin motorisé avec, bien-sûr, le pot d’échappement pétaradant. Le voisin qui attaque son appartement à la chignole pour du bricolage. Les autres qui claquent la porte de leur appartement car celle-ci se ferme mal. Les gens qui s’engueulent. Les représentants qui électrisent subitement l’atmosphère dans l’appartement au moyen de la sonnette de la porte. Comme s’ils étaient chez eux. Les enfants/ les copains qui, depuis la rue, crient pour appeler leur copain afin qu’il descende jouer avec eux. La musique forte :
Même si, à la maison, on écoutait aussi de la musique à un volume sonore plus ou moins élevé, le tube Où sont les femmes ? De Patrick Juvet, mis et remis en selle, par la plutôt jolie fille aînée ( plus âgée que moi) de nos voisins directs, fait partie, à jamais, de mes souvenirs de Nanterre.
Je ne peux même pas dire si j’ai aimé entendre cette chanson : je n’avais tout simplement pas le choix. C’était comme ça. C’était normal. Et, à Cergy-Pontoise, dans ce pavillon acheté par nos parents, c’était exactement le contraire. Bien qu’il s’agissait d’un coin « civilisé », avec marché, médiathèque, piscine et centre commercial à proximité ( même si, comparativement aux Quatre Temps de la Défense, le centre commercial Les Trois Fontaines a d’abord fait un peu « pitié »), j’ai d’abord eu l’impression d’être arrivé dans un coin paumé. Pourtant, il y avait des gens. Et des jeunes de mon âge. Mais je ne les connaissais pas. Et la densité était moindre qu’à Nanterre.
Depuis mon enfance, je n’ai pas trop de problème pour sympathiser avec les autres. C’est peut-être un trait de mon tempérament. Ou, aussi, une résurgence des colonies de vacances et des centres de loisirs où je suis allé dès mes six ans voire plus tôt. Dans la ville de Cergy-Pontoise, en plus de vingt ans, je ne me suis fait aucun ami en dehors du travail. Tous mes amis de Cergy-Pontoise ont un rapport avec mon travail. J’ai en grande partie rejeté cette ville et ce qu’elle pouvait m’offrir dans le domaine associatif, sportif et autre. Pourtant, j’y ai croisé des gens en bien des circonstances.
Si j’avais été un aventurier, en six mois à Cergy-Pontoise, je me serais reconstitué un réseau d’amis pour remplacer celui dont j’avais été séparé à Nanterre. J’aurais fait le tour du monde à vélo ou à la voile. Je serais parti vivre plusieurs années à l’étranger.
Je serais venu habiter dans Paris lorsque les prix, dans l’ancien, à l’achat, étaient encore supportables : avant l’an 2000.
Je suis prudent. Je peux être méticuleux. Et, je peux être, aussi, particulièrement…. lent. Mais je suis, aussi, assez curieux dans les deux sens : un personnage étrange, pas tout à fait conforme, qui n’avance pas au même rythme. Et qui ne pense et ne s’exprime pas toujours comme on pourrait s’y attendre. Ou l’exiger. Qui semble- et qui est- en retrait des autres mais qui, contre toute attente, peut être attentif aux autres de façon plutôt surprenante.
Cela n’est pas calculé. Les horaires des marées hautes et basses de mes pensées suivent des lunes qui, sans doute, sont peut-être moins communes mais sont aussi faites d’écume. Ce qui peut les rendre plus difficiles à cerner comme à prévoir sur le comptoir des échanges relationnels. Or, ce qui est incompréhensible peut dérouter ou faire peur.
Et dans quel domaine, je travaille ? En psychiatrie et en pédopsychiatrie. Soit un domaine où les personnes, les patients mais aussi les collègues, que l’on rencontre peuvent être susceptibles d’agir comme de penser de manière….incompréhensible. On dirait presque que je le fais exprès, de dérouter mon entourage.
Mais, dans la vie, aussi, nous assistons à bien des phénomènes incompréhensibles.
Il m’a fallu plus de dix ans entre le moment où je me suis intéressé à la plongée avec bouteille. Et le moment où je me suis lancé en Guadeloupe jusqu’à y passer mes deux premiers niveaux. Pour l’instant, j’ai effectué 39 plongées avec bouteilles dont deux ou trois à quarante mètres.
Il m’a fallu à peu près le même temps ( plus de dix ans) pour me décider à prendre des cours de théâtre et jouer sur scène mais aussi dans des courts-métrages. Idem pour le roller etc….
Mon univers est sans doute celui d’un homme à l’envers. Pourtant, je sais ce qu’est le fait d’avoir des Devoirs et des engagements. Je n’ai pas beaucoup de leçons à recevoir des autres en matière de Devoirs et d’engagements. Pour cela, il me suffit de considérer ma vie, certains de mes sacrifices, même si je ne les ai d’abord pas toujours reconnus comme tels, et regarder un peu comme d’autres vivent autour de moi, pour savoir que je suis très en règle avec mes Devoirs et mes engagements. Voire, peut-être trop.
La pratique de l’apnée, en club, est devenue concrète pour moi il y a quatre ou cinq ans, maintenant. Après d’autres expériences tant personnelles que professionnelles. Là, aussi, il s’est passé un certain nombre d’années entre le moment où j’ai décidé de faire les démarches pour m’inscrire dans un club d’apnée et le jour où je l’ai fait. Evidemment, avant de faire ça, j’avais déjà lu, ou vu, sur des professionnels de l’apnée. Des « professionnels » au sens commun :
Des pratiquants de l’apnée médiatisés pour leurs performances hors-normes lors de certaines compétitions. Des gens que l’on surnomme souvent « L’homme-poisson », « L’homme-dauphin » etc….
Il y avait des femmes, aussi. Audrey Mestre, en particulier.
Si l’aspect « performance » de l’apnée a pu me séduire, comme un mannequin, un beau blouson éclairé en vitrine ou une vedette de cinéma peut aussi nous séduire, il est un autre aspect qui m’a, je crois, le plus « dragué » dans l’apnée :
La maitrise de soi. Le calme. La contemplation. L’apprentissage et la découverte de mes capacités. L’adaptation à un autre environnement. Adaptation, qui, ensuite, sans même y penser, se transpose, dans ma vie terrestre.
Des aptitudes requises mais qui peuvent aussi être développées, sollicitées, par la pratique de la plongée avec bouteille, de la psychiatrie et de la pédopsychiatrie, du théâtre, du massage bien-être, de la lecture, du journalisme cinéma, de l’écriture, du judo et de tout art martial mais aussi de tout sport de combat, diverses rencontres, la vie de couple, de famille ou le fait d’éduquer/d’essayer d’inspirer son enfant.
Il est courant d’opposer des disciplines qui, a priori, semblent antagonistes ou étrangères les unes aux autres. Entre ces disciplines, ces rôles et ces états, je recherche plutôt une certaine complémentarité.
Les personnes qui me connaissent un peu ne seront pas surprises par ce que j’avance.
J’ajouterai que la pratique de ces diverses disciplines – et d’autres- permet d’approfondir une certaine expérience de l’économie du geste, de la pensée, du calme, de la sincérité envers soi-même pour résumer. Et que cette pratique se réalise en « s’immergeant » en soi-même. Mais aussi en apprenant à observer et à ressentir, ce qui nous entoure (êtres, objets, éléments, événements). Et, aussi, en allant à leur rencontre dans la mesure de nos moyens, de nos limites et de nos connaissances.
Je ne suis pas un aventurier. Des quatre ou cinq jours que je viens de passer à Quiberon avec mon club d’apnée, mon troisième stage avec mon club, et mes trois seules sorties en mer de ce type, je suis revenu avec la sensation d’être un peu plus à l’aise dans l’eau en tant qu’apnéiste. Mais je ne suis pas encore autonome.
« Certains vélos sont faits pour rouler, le mien est fait pour pédaler« .
C’est ce que je me suis dit en revoyant un usager de cette marque de vélo que, cette fois, je laisserai dans l’anonymat. Chaque fois que je croise une personne sur ce genre de vélo, tout autant mécanique que le mien, je perçois en elle une aisance qui se refuse à moi. Pourtant, cela fait trois mois maintenant, à peu près, que j’ai troqué mes trajets de métro contre un vélo pliant. Et, je ne crois pas être si hors de forme que cela. Néanmoins, je m’apparente souvent à un rétro lorsque celle ou celui qui se déplace sur un de ces prototypes le fait avec une tranquillité indifférente. Le pire, peut-être, cela a été en « soulevant » le boulevard Raspail vers la place Denfert Rochereau :
Un homme assis sur cet objet qui m’intrigue filait sans forcer tout en conversant avec une dame pratiquant elle l’escalade au moyen d’un vélo grand format. Et, moi, qui faisais de temps à autre irruption sur leur tracé, j’étais non seulement presque comme une incongruité. Mais je voyais bien qu’après chaque arrêt, j’avais plus de mal qu’eux pour me relancer.
Je n’irai pas jusqu’à arracher les cheveux ou à crever les pneus d’une certaine catégorie de personnes. Car une certaine absence de testostérone résonne en moi pour ce genre de projet en pareilles circonstances. Mais j’ai eu le temps de gamberger. J’accepte facilement que des grandes roues ou des vélos profilés course me négligent ou me fusillent sur place. J’accepte même que des vélib’ lourdauds tractés par des mollets alcooliques me déversent des dizaines de mètres de distance dans la vue. Par contre, je me fais scrupuleux lorsque cette catégorie de vélo pliant me passe dessus ou devant. Car dans ses rayons, il y a comme un chant. Et celui-ci n’est pas bon pour mon entendement.
En attendant, je reste étonné de voir que, quelle que soit la marque, le style du vélo ou la pompe de celle ou celui qui l’emploie, c’est souvent la volonté de la course qui se retrouve. A part quelques touristes sans autre rendez-vous que l’instant. Assez peu, donc, posent le pied ou la cadence afin de faire le mur du temps et de prendre quelques photos.
Sur mon vélo de baltringue, dont la selle descend régulièrement et que je dois donc relever, je suis content de visiter quelques points de vue avant que ceux-ci n’aient disparu. A découvrir dans le diaporama qui suit. La musique a été choisie par ma fille.
Préparatifs pour le stage d’apnée à Quiberon de ce mois de Mai 2021
Choisir, c’est franchir :
En allant ce matin, jeudi de l’Ascension -mais aussi fin du Ramadan cette année pourles musulmans– à la gare St Lazare, à vélo, après une nuit de travail de douze heures, j’ignorais encore que j’écrirais cet article.
Sur le trajet, comme à mon habitude depuis bientôt trois mois maintenant, à l’aller comme au retour, j’ai pris des clichés. Comme chaque fois qu’un endroit, une lumière ou un événement me porte.
J’ai « publié » certaines de ces photos sur ma page Facebook ou sur ma page instagram. Mais, la plupart du temps, j’ai réservé le plus gros de ces photos prises lors de mes trajets pour mon blog, balistiqueduquotidien.com, dans la rubrique :
Vélo Taffe.
Je ne fume pas. J’ai juste un peu crapoté, ado, sur un terrain vague, près du supermarché Sodim, à Nanterre, qui existait, alors, près de la Cité Fernand Léger, une cité d’immeubles HLM de 18 étages, où j’ai grandi jusqu’à mes 17 ans. Et, puis, ça a été tout pour ma prise de nicotine ou de substance par voie respiratoire ou pulmonaire.
Mais j’ai aimé l’idée du jeu de mot avec « Taf », le travail. Et le fait « d’inhaler » du vélo. Parce-que je voulais voir le fait de faire du vélo comme une respiration. Un mode de vie. Comme bien d’autres disciplines.
Au premier plan, à droite, le technicien que j’ai interrogé et qui m’a répondu : » Je ne sais pas pour quel film ! ». Ce matin, vers 9h.
Ce matin, très beau ciel bleu. Une belle lumière, dehors. Et, Place de la Concorde, le tournage d’un film. J’ai interrogé un des techniciens du film qui se dirigeait vers moi. Sans doute le technicien lumière. Celui-ci m’a répondu avec le sourire :
« Je ne sais pas pour quel film ! ».
Dans le camion, blanc, à droite, « Au P’tit coin », lieu de détente ou de relâchement des sphincters. Ce camion fait sans doute aussi partie de la logistique du tournage, car, habituellement, il n’est pas là.
L’article que je suis en train d’écrire est sans aucun doute un film que je me fais et que je suis en train de tourner. Comme chaque fois que je suis inspiré pour écrire. Et que je dispose de suffisamment de temps pour le faire. Je ne vis pas de ce que j’écris. Je le fais donc dès que je peux capter un peu de temps par-ci par là, tout en composant avec ma vie de famille, de couple, de père, de citoyen et d’employé.
Je dois donc concilier constamment plusieurs contraintes. Mais, ce faisant, comme la plupart des amateurs et des gens qui m’entourent et, de par le monde, j’ai ainsi accès à plusieurs vies. Chacun de mes articles est donc un tournage intime et public qui essaie de réunir, de projeter et de rendre attractives mes quelques vies d’ici et d’ailleurs. D’hier, d’aujourd’hui et de demain. Autant que je me souvienne. Pendant que j’ai encore de la mémoire, de l’envie et du plaisir.
A Penmarch’, en octobre 2020, lors de notre stage d’apnée avec mon club.
Cet article sera long. Je l’ai compris tout à l’heure en commençant à y penser chez moi. Alors, qu’au départ, il devait se contenter de faire un retour sur notre stage d’apnée à Penmarch, en Bretagne, en octobre dernier. Car j’avais pris quelques notes que j’ai facilement retrouvées tout à l’heure. J’avais aussi gardé des photos. Cet article devait être court. Il sera long. J’en suis désolé pour les lectrices et les lecteurs pressés. Pour celles et ceux qui ont besoin d’articles courts. Efficaces.
Je « sais » qu’écrire long est « anti-commercial ». Que c’est une mauvaise stratégie pour être beaucoup lu. Mais je ne peux pas et ne veux pas me soumettre à toutes les pyramides des tyrannies. En particulier, à celles qui consistent à faire du buzz à tout prix. A celles qui consistent à privilégier des pensées et des sensations cosmétiques.
Je n’écris pas et ne travaille pas pour l’Oréal. Et, encore moins pour les vitrines des grandes surfaces qu’elles soient de luxe ou non. J’écris comme je vis. Donc, si cet article doit être long, il sera long.
Lors d’un des ateliers d’écriture auxquels j’avais participé à la médiathèque de Cergy-Préfecture, il y a plusieurs années ( il y a plus de dix ans) l’écrivain qui l’animait avait dit :
« On écrit comme on respire ».
Mon initiation à l’Apnée :
Je me suis inscrit à mon club d’apnée, à Colombes, dans les Hauts de Seine, il y a environ quatre ans, maintenant.
Mais je suis arrivé à la pratique de l’apnée…par la plongée avec bouteille. Discipline que j’avais découverte il y a plus de dix ans maintenant. En Guadeloupe.
La plongée avec bouteille fait partie avec le roller de ces disciplines que j’ai découvertes et pratiquées, sur le tard. Alors que j’avais une trentaine d’années.
Ce sont des disciplines vers lesquelles je lorgnais depuis des années, comme j’ai aussi pu lorgner vers la pratique du théâtre pendant des années. Avant, là, aussi, de me décider à me lancer dans cette expérience avec plaisir.
C’est un Antillais, Jean-Charles, alors président et animateur d’un club à Cergy-Pontoise, Les Roller Eagles, qui m’a initié au sein de son club au roller. Je ne suis pas un pratiquant émérite de Roller. Mais, grâce à lui et à plusieurs sorties en club avec lui, j’ai pu faire des sorties d’une vingtaine de kilomètres sur la route, quelques randonnées, mais aussi participer à une ou deux randonnées nocturnes sur Paris. Jean-Charles a un rapport très concret aux rollers. Son enseignement visait à nous rendre aussi autonomes que possible en milieu urbain.
Aujourd’hui, j’ai toujours mes rollers même si je les utilise peu.
C’est un Corse, Stephan, qui, en Guadeloupe, dans la commune de Sainte-Rose, m’a initié à la plongée avec bouteille, dans son club : ALAVAMA.
Pourquoi Sainte-Rose ?
D’une part, parce qu’après avoir vécu une trentaine d’années en France, où je suis né, mes parents, natifs de la Guadeloupe, sont retournés vivre en Guadeloupe et se sont établis à Ste-Rose.
D’autre part, parce-que, après être allé rencontrer plusieurs dirigeants de clubs de plongée, c’est avec Stéphan, qu’humainement, je m’étais d’emblée senti le mieux.
Enfin, son club est un « petit » club. Et non une grosse usine de plongée. Cette particularité m’avait aussi plu.
Jean-Charles, tout comme Stephan, sont deux personnes que j’avais choisies. Or, choisir, c’est franchir….
Relater ça, et les origines de Jean-Charles, d’un côté, et de Stephan, d’un autre côté, est volontaire de ma part. Même si, je me répète :
Ce matin, au départ, en quittant mon service où je retournerai travailler cette nuit à nouveau pour douze heures, j’ignorais que j’allais écrire cet article.
Ce matin, en me rapprochant à vélo de la gare St Lazare, je suis tombé sur l’affiche d’un politicien. Son slogan était le suivant :
Le choix de la sécurité.
J’ai pris le temps de lire ce slogan alors que j’étais arrêté au feu rouge. Peu importe, pour moi, la couleur politique de cet homme. Car nous vivons dans un monde et dans un pays de frontières de toutes sortes :
Et, la pandémie du Covid, ses répercussions économiques et sociales, la géopolitique et d’autres facteurs accroissent de plus en plus les tensions autour et à propos de toutes ces frontières. Certaines frontières et tensions sont plus explicites que d’autres. Certaines sont plus directes que d’autres. Certaines sont plus visibles que d’autres.
Mais qu’on les perçoive ou non, ces frontières et ses tensions pèsent en permanence sur nos vies. Sur nos choix.
Ce politicien n’a pas choisi ce slogan par hasard. Nous avons tous peur de quelque chose. Je ne crois pas aux gens qui n’ont- jamais- peur de rien. Même si certaines personnes ont une assurance terrifiante. Mais il n’y a qu’à voir comment finissent certains despotes, monarques ou dictateurs pour s’apercevoir ou se rappeler que lorsque le Pouvoir, qui reste du sable, leur échappe, ils ont peur et fuient comme tout un chacun.
Enfants ou adultes. Jeunes. Vieux. Gros. Maigres. Yeux bleus, yeux marrons. Blancs ou noirs. Musulmans ou catholiques. Riches ou pauvres. Chômeurs ou travailleurs. Femmes ou hommes. Immigrés ou « nationaux ». Sportifs ou sédentaires. Propriétaires ou locataires. Résidents ou SDF. Cyclistes ou piétons, nous avons tous peur de quelque chose ou de quelqu’un à un moment ou à un autre.
Sauf que si la sécurité devient la seule norme et le seul critère possible, alors, tous les replis communautaires, quels qu’ils soient, se justifient. Ainsi que la peur de l’autre. Comme la peur et le rejet pour toute expérience et toute rencontre qui sort de notre pratique et de nos connaissance familières et connues.
Si je n’avais fait que le choix de la sécurité, jamais, je ne me serais lancé dans la découverte du roller.
Jamais, je ne me serais lancé dans la découverte de la plongée avec bouteille. Et, jamais, je ne me serais lancé dans la découverte de l’apnée. Car ces trois disciplines ( roller, plongée avec bouteille, apnée) font peur, comportent des risques, et ne font pas partie de mon « habitat » naturel ni de mon héritage familial.
Penmarch’, Octobre 2020.
Mon héritage familial : Un héritage d’ Ultra-marins
Les Antillais peuvent aussi être dénommés « ultra-marins » : Nous venons ou sommes originaires de l’Outre-mer. Mais, « ultra-marins », ne signifie pas du tout « sous-marins ».
Il existe bien évidemment des Antillais parfaitement à l’aise sous l’eau, que ce soit des chasseurs sous-marins ou des plongeurs avec bouteille. Mais, d’après mon expérience personnelle et familiale, ces Antillais sont une minorité.
Dans ma famille, nous sommes plutôt des terriens ou des terrestres. Mes parents savent nager, d’accord. Mais, contrairement à d’autres personnes, je n’ai aucun souvenir de vacances ou de journées passées sous l’eau ou sur l’eau avec mes parents.
Par contre, le Foot, la course à pied, le cyclisme voire la boxe, ça, oui, ça fait partie de mon patrimoine familial et culturel. Que ce soit en tant que pratiquant ou en tant que spectateur. Mais le roller, la plongée avec bouteille ou l’apnée, certainement pas.
Je me rappelle encore d’un de mes grands oncles paternels, aujourd’hui décédé, tout étonné, alors que je venais de lui parler d’une sortie plongée récente, d’apprendre que, non, je n’avais pas pêché de poisson ! J’avais alors compris que son rapport à la mer était strictement nourricier. Comme, pour certains hommes, le rapport à la femme peut n’être que strictement sexuel, procréatif ou domestique.
Je me rappelle aussi du mari, aujourd’hui décédé, de ma tante paternelle, pêcheur, me racontant- également en Créole– qu’il avait vu, comme il me voit, certains de ses collègues, tomber à la mer et se noyer sous ses yeux. Et, si je me souviens bien, cet « oncle », très bon marcheur par ailleurs, ne savait pas nager. D’ailleurs, il n’est pas mort en mer. Mais en faisant une mauvaise chute dans des escaliers. Peut-être à cause de son alcoolisme. Plus saoul marin, donc, que sous-marin.
Je me rappelle aussi comme, en Guadeloupe, certains locaux me regardaient comme un élément insolite, alors que depuis le club de plongée de Stephan, je figurais parmi les touristes (les blancs, pour faire simple) se dirigeant vers la mer et le bateau pour aller plonger plus loin.
Et, puis, je suis aussi obligé de rappeler que la mer, pour bien des ultra-marins, cela reste l’élément hostile, d’amnésie et de douleur, le récif qui nous a découpé et « séparé », de par l’esclavage, de la terre originelle : l’Afrique. Même si, depuis, l’Afrique est devenu un continent « autre ». Je connais peu, très peu d’Antillais, qui ont sillonné l’Afrique. Même moi, à ce jour, je ne suis toujours pas allé en Afrique. L’Afrique, pour beaucoup d’ultra-marins, c’est peut-être encore le continent de la défaite, du rejet, du deuil difficile ou impossible. Du reste, en occident, l’image- grossière- de l’Afrique reste régulièrement défigurée et : famine, dictatures, pauvreté, violences et, maintenant, jihadisme….
Par contre, nous sommes nombreux, aux Antilles ou en France, à regarder avec une certaine admiration nos « cousins » d’Amérique. Si Nelson Mandela, en tant que militant, est sûrement un leader africain estimé et reconnu aux Antilles, il me semble qu’à part lui, que nous serons souvent plus facilement inspirés pour admirer et citer des grands leader et des grands héros, noirs américains. Et, ce sera pareil pour des acteurs et des actrices noirs américains ou britanniques. Personnellement, je retiens le nom et « connais » bien plus d’acteurs et d’actrices noirs américains que d’actrices et d’acteurs africains. Cela pour dire jusqu’à quel point nous avons pu être séparés et pouvons continuer de nous séparer de l’Afrique…..
C’est donc dire à quel point, pour moi, le « Moon France » ( jeu de mot avec « Moun Frans », terme péjoratif que j’ai eu le privilège de découvrir dès mes 7 ans en Guadeloupe, pour mon premier séjour de vacances là-bas), le fait de choisir, à un moment donné, de découvrir une discipline comme la plongée avec bouteille, puis l’apnée, a nécessité que j’aille à contre-courant.
La facilité, la simplicité ou la lâcheté aurait évidemment consisté, pour moi, à suivre le courant. A me laisser résoudre et fabriquer selon les exemples et les modèles à ma portée immédiate :
D’après mes modèles familiaux et culturels. Mais aussi sociaux. Ce qui arrive encore constamment.
On peut très bien vivre dans un pays, une région ou une ville où il existe plein de possibilités de découvertes et d’épanouissement et s’en couper complètement. Et, vivre, de façon repliée. En faisant le choix de certaines certitudes. En faisant le choix….de la sécurité :
Je suis resté marqué par ce jeune croisé un jour alors que je venais d’emménager dans la ville d’Argenteuil en 2007. Je cherchais alors, près de la dalle d’Argenteuil, la médiathèque. Le jeune, qui, selon moi, habitait dans le coin, m’avait répondu qu’il ne savait pas où elle se trouvait. Et puis, en tournant la tête, je m’étais aperçu qu’elle était juste là, à quelques mètres de nous. Ouverte. Offerte. Gratuite.
Ce jeune devait passer devant cette médiathèque régulièrement sans le savoir. Je suis persuadé que nous agissons bien des fois comme ce jeune en bien d’autres circonstances. Et, cela, tout au long de notre vie. Et, personnellement, cela m’attriste, voire, m’inquiète.
Prendre la peur comme seul critère pour choisir de vivre et pour sélectionner son environnement comme celles et ceux que l’on va fréquenter revient, à un moment ou à un autre, à se rapprocher davantage de la peur.
Photo prise à Penmarch, lors de notre stage en octobre 2020.
Ce Lundi 9 Mai 2021 :
Ce Lundi 9 Mai, nous étions six à assister et à participer à cette visio-conférence organisée par Yves, le responsable de la section apnée de notre club.
Le but était de préparer notre stage d’apnée à Quiberon la semaine suivante (dans quelques jours).
Comme à son habitude, et avec simplicité, Yves a de nouveau déployé l’étendue de ses compétences.
Etant donné que c’est le premier club d’apnée que je connais, je n’ai pas d’élément de comparaison avec un autre club d’apnée. Mais, régulièrement, je suis admiratif de voir comme Yves, originaire de Bretagne, semble maitriser tant d’éléments :
Météo, maritime et terrestre, topographie des lieux, coût du carburant, planning, coût de l’hébergement, permis bateau, pêche sous-marine, cuisine et préparation de ce que nous avons pêché, matériel….
En outre, il semble inaltérable et infatigable. Ce qui est humainement impossible. Et, pourtant. Dernier couché, premier levé. A Penmarch’, en short et tee-shirt à manches courtes, je l’ai vu profiter d’un temps de pause pour passer la tondeuse autour de sa maison familiale alors que nous étions sortis le matin. J’étais aussi couvert qu’il était en tenue d’été ( en octobre, en Bretagne !) et plus bon pour la sieste que pour le jardinage.
On m’objectera que c’est son rôle. Et que c’est la moindre des choses. Peut-être.
Mais avec une telle aisance, tant d’un point de vue pédagogique, tant sur terre, sur bateau que sous l’eau ?
Hé bien, je vais affirmer que non ! Tout le monde n’est pas comme lui. Et, il faut savoir voir ce que certaines rencontres ont d’exceptionnel même si les personnes concernées s’en défendront souvent.
Un tel engagement, une telle compétence, dans une discipline si technique et potentiellement, si dangereuse, si effrayante, que ce soit en piscine, en fosse ou dans un environnement naturel ? Cela serait donc si banal, que ça ?!
Je vais affirmer- quitte à l’embarrasser- qu’il ne doit pas y avoir tant d’encadrants que ça qui font ça comme lui.
Je vais aussi affirmer que chacun d’entre nous se sentait en….sécurité alors qu’Yves, lundi ( il y a quelques jours) nous parlait, nous présentait le programme, mais, aussi, répondait à nos questions.
Même lorsqu’Yves, a pu nous dire à un moment que, dans tel endroit « il peut y avoir beaucoup de courant ». Mais qu’il suffit de se mettre à tel endroit, derrière la roche, pour se mettre à l’abri.
Tout en l’écoutant, je me suis demandé ce qui faisait que, moi, l’un des moins expérimentés du groupe, je pouvais me sentir si peu inquiet. J’allais quand même me retrouver, lesté de plusieurs kilos, dans une eau dont la température serait comprise entre 14 et 16 degrés, en pleine mer, durant plusieurs heures. Or, tout ce que j’entrevoyais, et attendais, c’était ce moment, où, avec les autres, j’aurais ces tonnes d’eau au dessus de ma tête. Et où je convergerais vers ces cinq ou huit mètres de profondeur, ou un petit peu plus peut-être, avec pour seule réserve et liberté, l’air que j’aurais emmagasiné dans mes poumons, ma tête. Et mes rêves.
A Penmarch, en octobre 2020.
D’accord, j’avais déjà effectué deux stages d’apnée en Bretagne avec le club. Un premier à Loctudy en 2017. Puis, un autre en octobre dernier à Penmarch. Mais cela suffisait-il pour expliquer cette tranquillité que je ressentais en l’écoutant ? Alors que je « savais » que si j’avais raconté à d’autres terriens- même sportifs- que nous avions prévu, avec mon club, de partir en stage d’apnée en Bretagne la semaine prochaine, que certaines et certains d’entre eux prendraient peur ou s’inquiéteraient.
Le choix de la sécurité….
Cet article est déjà long. Dans un autre, je restituerai les notes que j’avais prises lors de notre séjour à Penmarch en octobre dernier.
J’ajouterai avant de conclure celui-ci qu’autour d’Yves, se trouvent donc d’autres pratiquants qui ont déjà une sacrée expérience de chasse sous-marine. Mais, aussi, le doyen du club, Jean-Pierre, plus de 67 ans, et une bonne cinquantaine d’années d’expérience dans le domaine de la chasse sous-marine. Une longévité et une aisance que l’on ne peut qu’admirer. Je me rappelle encore qu’en octobre, alors que, moi, épuisé par les couchers assez tardifs et les réveils assez matinaux, j’avais opté pour arrêter ma «plongée » après deux heures dans l’eau ( température comprise entre 12 et 14 degrés, je crois), Jean-Pierre, lui, dans une mer qui secouait un peu, voltigeait comme un gamin dans son aire de jeu préférée. En pleine forme. Cela ne m’aurait même pas surpris s’il m’avait demandé, étonné :
« Ah, bon ? Tu rentres, déja ? Tu arrêtes de jouer ? ».
Je n’aurais jamais vu ou fait ce genre d’expérience et de rencontre si, toute ma vie, je ne m’étais tenu qu’à des choix de sécurité.
Lien entre terrorisme et immigration : L’avis d’un homme de ménage
Ô, Brûlot !
Il est devenu normal de vivre avec des écrans. L’une des différences entre un animal domestique et un écran, c’est que, souvent, nous devenons volontairement l’animal domestique de nos écrans.
On parle de temps à autre de l’enfer qui serait un endroit monstrueux où l’on souffrirait beaucoup. Et lentement. A petit feu. Je crois que l’enfer, c’est aussi l’endroit, la relation et l’expérience vers laquelle, on se dirige volontairement. Car son accès nous a été rendu très facile, de façon illimitée, et presque gratuite. Parce-que sa présentation est au départ suffisamment séduisante et captivante pour nous attirer. Ensuite, peu à peu, ça se gâte. Et, généralement, lorsque ça se gâte, c’est un peu plus difficile pour s’en extraire.
Ticket pour l’enfer ?
Cet article est-il mon ticket pour l’enfer ? Je devrais peut-être me contenter de faire mon ménage dans mon coin en restant discret. C’est peut-être ce qu’il y a de mieux pour mon karma. Faire le ménage. Me taire. Renifler la poussière en toute discrétion sans me faire remarquer. Et remercier je ne sais qui, je ne sais quoi, de pouvoir bénéficier, en toute tranquillité, de ce grand bonheur qu’ailleurs beaucoup m’envieraient :
Vivre à peu près incognito en ayant un travail, en mangeant à ma faim, dans un pays en paix.
Mais il y a eu contact tout à l’heure avec un écran.
Peu importe que ce soit avec l’écran d’un téléviseur. Peu importe « l’émission ». Ou la chaine de télé. Ainsi que l’heure.
Le fait est que les écrans sont partout : consoles de jeu, smartphones, télévisions, ordinateurs, tablettes etc….
HD, 4K, pixels, 4G, 5G…. La résolution et la qualité de restitution des images- et du son- s’améliore régulièrement. Sensiblement. Il y a même de la sensualité dans cette expérience.
Le rendu de ce que l’on voit, de ce que l’on entend ou de ce que l’on filme, prend en photo ou enregistre est de plus en plus extraordinaire. Et nos moyens de diffusion, aussi.
Je ne vais pas m’en plaindre : j’en profite aussi en tant qu’usager ou en tant que spectateur.
Mais il y a un paradoxe croissant qui semble déranger assez peu. La norme est d’avoir des écrans et des images » de contact » partout en toute circonstance, ainsi que des moyens de distribution et de diffusion de ces écrans et de ces images de « plus en plus faciles ».
Ce qui m’amène à l’expérience, banale, que je viens de faire il y a quelques minutes.
En me rendant à ma séance de kiné, tout à l’heure, je suis tombé, comme lors de mes autres séances, sur la télé allumée, au fond de la salle. Laquelle, diffusait ses images, ses titres et les propos de ses différents intervenants sur le sujet du jour :
Lien entre immigration et terrorisme .
La cause de ce sujet, récemment, (vendredi dernier, je crois), à Rambouillet, dans les Yvelines, une femme flic s’est faite égorger par un homme. Cet homme serait un immigré. Et, le grand débat auquel j’ai cru assister de loin, comme spectateur, alors que j’effectuais ma séance de kiné, c’était :
Il faut à tout prix de nouvelles mesures pour réguler ou interdire l’immigration. Car, sans l’immigration, cet homme, la semaine dernière, n’aurait pas commis ce meurtre monstrueux qui a suscité une très « vive émotion » ou une « très forte émotion » à Rambouillet. Mais aussi ailleurs.
Si j’ai bien résumé.
La semaine dernière, j’avais entendu parler de ce crime. L’avis d’une de mes connaissances avait été le suivant : « Celui qui a fait ça était un enculé ! Ils ont bien fait de le fumer ! ».
Beaucoup de personnes pensent comme lui.
Evidemment, je trouve le meurtre de cette femme, horrible. Qu’elle soit flic ou pas.
Evidemment, je plains la famille et les proches de cette femme. Evidemment, j’ai de la compassion pour sa famille, ses proches ou voisins sans aucun doute durablement traumatisés par cette mort et les conditions de cette mort.
C’est après que je commence à me mêler de ce qui ne me regarde pas. Lorsque, devant cet écran de télévision, tout à l’heure, j’ai aperçu, distraitement, toutes ces personnes en train de « bêler » ou de prétendument débattre à propos du sujet du jour :
Lien entre terrorisme et immigration.
Il y a une forme de colère et d’arbitraire dans mes propos. Je n’ai pas entendu ni écouté toutes les personnes réunies autour de cette table, lors de cette « émission » sur une chaine suivie, regardée et écoutée par des millions de téléspectateurs et d’auditeurs. Et, sans aucun doute que si je l’avais fait, que parmi eux, il en est dont les propos sur le sujet m’auraient rassuré.
Mais ce titre, cette accroche racoleuse, destinée à faire le buzz, Lien entre terrorisme et immigration m’a, dès le départ, avant même d’écouter, placé sur orbite. Ce qui est le but de ce genre de titre et d’accroche. Car à peu près tout le monde en se fiant à sa vie immédiate et quotidienne, a un avis, ou son avis, sur ce genre de sujet.
On se plaint beaucoup moins de la colonisation-volontaire- de nos consciences par les écrans et les images :
On se plaint régulièrement des travers du monde et de la France. Par contre, on se plaint beaucoup moins de la colonisation- volontaire, consentie et facile- de nos consciences par les écrans et les images que l’on voit, que l’on tète, et auxquelles on s’abreuve désormais jour et nuit.
On se plaint beaucoup moins de la désertification, depuis des années, des médiathèques, des lieux de réflexion, de culture, d’enseignement, de formation de la pensée et d’analyse.
L’abondance et la surabondance de culture, même proche, ne suffit pas. Il faut aussi aller vers elle, ses rencontres, ses révélations et ses miracles.
C’est ultra-facile et c’est l’enfer :
Or, désormais, il suffit juste d’allumer et de regarder son écran pour se faire livrer, où que l’on se trouve, quantité d’images et d’informations. Et pour liker. Ou Disliker. Pour kiffer. Ou haïr. Pour encourager. Ou pour harceler.
C’est ultra-facile. Et, c’est l’enfer. Ecran tactile, clavier ergonomique, mode enregistreur, fonction vocale, rien de plus simple, rien de plus facile.
Il y a même tout un tas de cookies, un nom de douceur et de cuisine, que nous avons laissés entrer dans nos vies et qui sont au courant de la composition de nos navigations sur le net.
Un débat facile
Et, rien de plus facile, aussi, pour ces intervenants, ce matin, sur un plateau de télé, pour débattre sur ce sujet :
Lien entre immigration et terrorisme.
Peu importe que ce sujet, sous une autre forme, ait déjà été lancé, relancé et titillé, au siècle passé ou même plusieurs siècles auparavant.
Ce sujet, ou cette thématique « marche ». Fonctionne. C’est un pitch, un scénario qui suscitera toujours de l’intérêt. Et de l’émotion. Et, de l’émotion, on en a toute une nation à disposition, avec le meurtre de cette femme-flic la semaine dernière.
On a déjà le Covid, la gestion du Covid, les vaccins anti-Covid et ce qu’ils suscitent de craintes sanitaires et de polémiques. On va maintenant « varier » , ou faire semblant de varier, à nouveau, avec le sujet du terrorisme et y mêler, cette fois-ci, la sauce de l’immigration.
Les Djs du pire :
Certains de « nos » journalistes, mais aussi certaines de nos élites, sont des Djs du pire.
Ce sont des Djs installés depuis des années, très bien payés, et qui n’ont aucune intention de quitter la scène. Puisque c’est le « public » mais aussi la loi du marché qui décide de leurs « tubes ». Et qui prime.
Car tout le monde a besoin, à un moment ou à un autre, d’un peu de musique pour rythmer sa vie. Pour la séquencer. La rendre moins monotone. Pour la partager.
On aime les mélanges. Dès l’instant où, d’un point de vue éditorial, ça fait du buzz, de l’audimat et du chiffre d’affaires. Que ce soit pour rejeter, exclure, ou pour flirter- à nouveau- avec le fantasme de la pureté:
« Lien entre immigration et terrorisme ».
On aime aussi les mélanges. Lorsqu’il s’agit de saluer, de se féliciter du succès, de la réussite d’une « autre », ou d’un « autre », pourvu que, là, aussi, cela nous rapporte du buzz, de l’audimat et du chiffre d’affaires :
Je pense, ici, bien-sûr, à tous ces enfants et toutes ces personnalités « issues de l’immigration », hier, aujourd’hui et demain, qui contribuent et contribueront à donner une « bonne image de la France ».
« L’image d’une intégration réussie ». « L’image que la démocratie à la Française réussit et produit des miracles ».
Oui, la France produit des miracles
Oui, la France produit des miracles. Je le crois vraiment. Mais en matière de communication et de diffusion des idées et des pensées, la France réussit aussi des miracles de paradoxes selon moi assez meurtriers de façon directe ou indirecte. De façon consciente ou inconsciente. De façon volontaire ou involontaire.
Et, je vais citer quelques uns de ces paradoxes concernant ce thème du jour :
Lien entre immigration et terrorisme.
Il y a quelques mois, Gérald Darmanin, notre Ministre de l’intérieur actuel, était tout content d’accéder à cette nouvelle fonction ministérielle. Je le comprends. Ce nouveau poste, pour lui qui faisait déjà partie du gouvernement en tant que Ministre, était une promotion sociale et personnelle. Promotion bien plus importante, que la mienne, homme de ménage. Fonction- inventée ( je ne suis pas homme de ménage) – à laquelle, pourtant, je ferais sans doute mieux de me tenir :
Car on n’obtient, généralement, que des problèmes, dans sa vie, lorsque l’on sort de son rang social de subalterne. Et, je fais- vraiment- partie des subalternes dans la vie. Des personnes obéissantes qui marchent droit. Qui parlent droit. Et qui respectent tant les lois que les représentants de la loi.
Toute à sa joie, donc, d’avoir été nommé Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est senti autorisé à dire, librement, qu’en tant que « petit fils d’immigré », il était d’autant plus content de cette promotion.
On a bien lu : « petit fils d’immigré ». Alors, voilà. Pour moi, c’est très simple :
Gérald Darmanin, en tant que « petit fils d’immigré », n’aurait jamais dû être Ministre de l’Intérieur ni même Ministre de quoique ce soit en France. Puisqu’aujourd’hui, après le meurtre de cette femme-flic, le grand débat est :
Lien entre immigration et terrorisme.
Donc, pour moi, Darmanin, en tant que « petit fils d’immigré », aurait toujours dû être considéré comme un terroriste avéré et potentiel. Et, donc, aurait toujours dû être exclu des plus hautes fonctions qu’il occupe actuellement en France.
Et, c’est pareil pour Nicolas Sarkozy, un de nos ex-Présidents de la République, un de nos Ex-Ministres. Un de nos hommes politiques français actuels qui continue de compter dans la vie politique française depuis une bonne vingtaine d’années.
Darmanin, notre cher Ministre de l’Intérieur actuel, voit en Sarkozy un modèle. Mais, même, apparemment, notre Président de la République actuel, Emmanuel Macron voit en Sarkozy une personne indispensable. Car, à ce qu’il se raconte entre hommes et femmes de ménage, pour être réélu Président de la République, Emmanuel Macron, aurait forcément besoin de l’appui de Nicolas Sarkozy contre l’électorat de Marine Le pen.
Marine Le Pen est bien-sûr la présidente d’abord du FN. Lequel FN, toujours sa présidence, a été rebaptisé, RN ( pour Rassemblement National). Marine Le Pen, est la fille de Jean-Marie Le Pen ( ex-Président du FN, pour Front National, parti d’Extrême Droite).
Cependant, Nicolas Sarkozy a des origines hongroises. C’est donc, aussi, un autre « immigré d’origine ». Un « immigré d’origine », qui, depuis des années, je crois, a ses appartements dans le 16ème arrondissement de Paris, un arrondissement de privilégiés. Mes informations sont approximatives car, je n’ai jamais habité ou eu les moyens d’habiter dans le 16èmearrondissement de Paris. Je n’ai fait que passer dans certaines rues du 16ème arrondissement ou y prendre le métro. Je ne suis pas encore allé faire le ménage chez lui. Ce qui serait sans doute, pour moi, une très haute marque de distinction sociale, peut-être l’une des plus hautes que je pourrais obtenir dans ma vie.
Sarkozy, lui, de son côté, a été Maire, pendant des années, du 16 ème arrondissement.
Jamais, en tant que personne « d’origine immigrée », Nicolas Sarkozy n’aurait dû avoir cette possibilité. Lien entre immigration et terrorisme. Le titre de ce débat, ce matin, sur une chaine de télévision de grande audience, est explicite.
Je repense à l’extraordinaire acteur Samuel Jackson dans le Django de Tarantino, lorsqu’en plein esclavage, il découvre le Nègre émancipé, Django ( interprété par l’acteur Jamie Foxx), monté sur un cheval « comme les blancs ». Je me sens un petit peu comme Samuel Jackson devant Jamie Foxx en parlant des origines immigrées de Sarkozy ( ou de Darmanin) : selon les règles strictes du Lien entre immigration et terrorisme, jamais Sarkozy et Darmanin, par exemple, n’auraient dû se retrouver là où ils en sont dans la vie publique et politique française actuelle.
Comparer Sarkozy et Darmanin à l’exceptionnel travail d’acteur de Samuel Jackson est peut-être trop flatteur pour eux ( en tant qu’acteurs). Mais, cela illustre mon propos et permet, en même temps, de faire une petite pause d’humour et de détente dans cet article.
Dans la vraie vie, Nicolas Sarkozy, est actuellement condamné par la loi française, la loi de ce pays qu’il « aime » plus que tout. Nicolas Sarkozy a déclaré récemment en couverture du journal Paris Match, un journal français plutôt bien « friqué » et largement diffusé :
« Ils ne nous détruiront pas ». « Ils », ce sont les juges français qui l’ont jugé et condamné entre-autres à un an de prison ferme. Décision dont il a fait appel, lui, le grand amoureux de la France qui s’estime, là, être une victime des instances judiciaires de son pays de chair et de cœur qu’il aurait bien aimé diriger une seconde fois. Et, pourquoi pas, une troisième fois ?!
Pourtant, personne, apparemment, ne lui rappelle :
« Nicolas, en tant que « personne d’origine immigrée », tu t’en es plus que bien sorti dans la vie. Fais comme tous les immigrés attrapés par la justice de notre beau pays la France. Ferme-là ! Arrête de faire ton psychopathe et ton parano qui se croit toujours au dessus des Lois ! Fais ta peine ! Et sois content d’avoir vécu tout ce que tu as vécu ».
Au contraire, je lis que plusieurs personnalités politiques, de droite comme de gauche, lui ont envoyé des messages de soutien contre cet acharnement de la justice « française », dont il serait désormais la victime….
Je lis aussi dans cet article de Paris Match, que, s’il le faut, pour obtenir « justice », Nicolas Sarkozy sollicitera la Cour européenne des Droits de l’homme….
En attendant, « Monsieur » Sarkozy est libre de parader et de faire la couverture de Paris Match. Tandis que n’importe quel immigré ou citoyen lambda convaincu d’un délit, et dépourvu des mêmes moyens de défense et des mêmes appuis que lui, finit en détention( ou est expulsé, s’il s’agit d’un immigré). Ou a pour seul avenir envisageable, le suicide. Combien même il ne s’agit pas d’un terroriste…
Ecrire plus :
Je pourrais écrire plus. Mais, il ne faut surtout pas écrire trop long. Or, j’ai déja écrit beaucoup trop long pour notre époque :
Cela aurait déjà été beaucoup mieux de faire une vidéo avec le même contenu. Cela aurait sûrement «apporté » bien plus de nombre de vues. Mais je suis un aigri et un loser. Ce qui est pire, peut-être, que d’être un immigré potentiellement terroriste.
Et puis, j’ai du ménage à faire chez moi. Je garde cette obsession car personne ne fera ce travail à ma place. Et, puis, c’est ma fonction.
C’est ce travail là que je fais le mieux. Ça, avec prier très fort aussi pour que la rédaction- et la diffusion- de cet article ne me dirige vers les conduits de la dépression et d’une déchéance morale, voire nationale, irréversible. J’ai les ambitions mégalomaniaques que je peux.
Mais, j’ai déjà pris du retard dans mon ménage. Autrement, j’aurais aussi parlé de l’Affaire du petit Grégory. Un meurtre qui a marqué la conscience de la France. Un meurtre toujours irrésolu plus de trente ans après. Un meurtre monstrueux, aussi. Et, où, pour le peu que je sais, parmi les suspects, aucun immigré n’est concerné.
Je pourrais aussi mentionner le palmarès d’Olivier Fourniret, bien Français, et de son ex-compagne, la resplendissante Monique Olivier. Il ne s’agit pas de sportifs médaillés aux jeux olympiques. Mais de personnalités qui ont « accompli » des meurtres monstrueux, aussi. Là aussi, aucun immigré n’est concerné. Mais, ce n’est pas grave. Car il ne s’agit pas de terrorisme. Or, « évidemment », tous les immigrés sont des terroristes potentiels. En attendant de revenir au sujet sous-jacent dans le sujet Lien entre immigration et terrorisme qui est – mais, ça, c’est évidemment, cette fois, ma parano d’homme de ménage dont les pensées sont évidemment pleines de poussière et de déchets qui le croit- qui est que :
« Tous les musulmans et toutes les personnes de couleur sont évidemment des terroristes ».
A notre époque où l’ironie et la nuance peuvent être assez mal comprises, je tiens à prévenir et à préciser que je suis ironique, ici :
Je ne crois pas que tous les musulmans et toutes les personnes de couleur de France et d’ailleurs soient des terroristes. J’utilise l’ironie car je suis véritablement en colère de voir que des élites diverses puissent continuer d’utiliser la peur du terrorisme, de l’autre, de l’étranger, mais aussi l’émotion provoquée par la mort monstrueuse d’une femme flic ou de toute autre personne, comme on peut utiliser un vulgaire produit marketing ! Et, tout ça, pour faire sa comm’, du chiffre, de l’audimat et pour assurer la suite de sa carrière….
Parce-que, il est patent et visible pour tout le monde, que Darmanin et Sarkozy, pour ne citer qu’eux, deux hommes « issus de l’immigration », qui ont « réussi », ne sont ni musulmans ni de couleur.
Cela aurait été quelque chose si Darmanin ou Sarkozy, Macron, ou une personnalité politique française de premier plan ( Le Pen ? ) subitement, décidait de se convertir publiquement à L’Islam. Ou de se mettre en ménage avec un noir ou une noire. Ou un Arabe ou une Arabe. Quel message ce serait !
Mais je m’égare. J’ai inhalé beaucoup trop de vapeurs d’eau de javel ces derniers temps en faisant le ménage. En nettoyant les sols et les chiottes.
Et, je m’égare encore en imaginant que toutes ces élites, politiques et autres, qui participent, sans nuances, à diffuser l’idée et l’image que immigration et terrorisme sont forcément et automatiquement liées, auront une part de responsabilité directe ou indirecte dans les prochaines bavures qui concerneront une fille ou un fils d’origine immigrée. Il leur suffira, alors, de s’indigner lorsque la bavure arrivera et sera médiatisée avec la même émotion que ne l’a été le meurtre monstrueux de cette femme policière à Rambouillet. Et, cela leur permettra de retrouver une virginité morale, et « pure », à toute épreuve.
Et, je m’égare toujours – je discute trop avec mes serpillères- en pensant aussi que ces élites politiques, et autres, qui s’expriment librement, facilement, ont et auront aussi une part de responsabilité directe ou indirecte dans cette cassure de la société française dont elles sont les premières à se plaindre. Mais aussi dont elles savent se servir -tels des marchepieds- pour se rapprocher de leurs desseins personnels.
J’ai l’esprit mal tourné en pensant ça. Et puis, pourquoi m’agiter avec tout ça, ça ne changera rien. A quoi bon me casser le dos à écrire tout ça. Mon corps sera bien plus utile pour remplir et vider des seaux ou pour essorer la serpillère.
Parvenir au Pouvoir et revenir à l’époque exaltante des brûlots :
Tout cela n’a rien de nouveau. Au moyen-âge, déjà, et même avant, sans doute que bien des élites avaient déjà recours aux mêmes méthodes pourvu que celles-ci puissent leur permettre au moins deux choses :
Parvenir au pouvoir. Et revenir à l’époque exaltante des brûlots. ( des textos ?).
Ah, ô !, qu’est-ce que c’est beau, un corps qui brûle sur la place publique ! Le corps d’une personnalité qui nous dérange, qui ne pensait pas comme nous, qui nous contredisait et qui nous mettait peut-être face à certaines vérités qui nous dérangeaient. Mais qui a eu le malheur de se retrouver isolée, ou lâchée, par celles et ceux qui auraient pu la sauver ou le sauver du bûcher.
Lorsque nous serons revenus au monde des brûlots, nous serons peut-être nombreux à regarder le spectacle depuis nos écrans à haute résolution. Nous serons peut-être au boulot. Et, nous nous dirons ou penseront peut-être :
En 1999, il y a 22 ans, j’aidais Vassili, un ancien collègue, à emménager dans son nouvel appartement à Asnières. Nous devions être quatre ou cinq.
Nous nous étions finalement retrouvés tous les deux, lui et moi, à transporter ses meubles depuis son appartement d’Auvers sur Oise jusqu’à son nouvel appartement à Asnières sur Seine. Près de la gare de Bécon les Bruyères. Un appartement de 60 mètres carrés ou un peu plus dans un immeuble ancien des années 30.
A cette époque, j’étais encore locataire. Et je n’avais encore jamais été « propriétaire » moi-même de mon propre appartement…moyennant un crédit immobilier de plusieurs années. Il m’avait fallu du temps pour accepter de changer de mentalité :
Pour passer de locataire où je payais un loyer mensuel. A l’idée d’un crédit immobilier que j’allais m’engager à rembourser tous les mois pendant plus de quinze ans. Car j’avais bénéficié, pour partie, d’un prêt à taux zéro. Ce qui était une nouveauté à l’époque, pour inciter à acheter.
Je connaissais des collègues, souvent en couple avec enfants, qui avaient « acheté » leur maison depuis plusieurs années. Leur exemple et les encouragements de certains d’entre eux avaient fini par me convaincre que c’était une bonne décision, pour moi, à mon tour, bien qu’encore célibataire, « d’acheter » et de devenir propriétaire, même d’une petite surface.
En 1999, j’aurais été incapable d’acheter cet appartement que venait d’acquérir Vassili. Plus âgé que moi d’environ dix années, Vassili avait aussi économisé. Vassili n’est pas du genre « coquet ». Il fait peu de dépenses. Moins que moi. Je crois aussi qu’il avait perçu un peu d’héritage. Son appartement me faisait envie pour sa surface, sa localisation et sa proximité avec Paris. Mais je crois n’avoir jamais eu les moyens de m’en acheter un pareil. A l’époque, je crois qu’il l’avait acheté – moyennant un apport financier et un crédit immobilier- 550 000 francs. A l’époque, ma capacité d’emprunt maximale était de 430 000 francs sur vingt ans. Je m’en étais tenu à un prêt de 350 000 francs pour l’appartement que j’allais acheter ensuite sur plan. Un 23 mètres carrés.
J’aurais sûrement « dû » prendre une surface plus petite que son appartement en cherchant dans l’ancien comme lui. Mais, à l’époque, j’avais besoin d’acheter dans du neuf. Cela me rassurait. J’avais sûrement besoin, aussi, de rester près de ma famille à Cergy-Pontoise :
De ma mère, de ma sœur et de mon frère au moins. Ma sœur avait alors 22 ans et commençait à peine à travailler pour gagner sa vie. Notre frère, lycéen, avait 17 ans. Bientôt, à la demande de notre mère, j’allais finalement accepter de renoncer à ma vie de célibataire et de locataire. Afin de permettre à ma sœur et à mon frère de vivre avec moi dans un F3 que nous allions louer et obtenir de la mairie de Cergy-St–Christophe en moins de trois mois. Ce qui serait impossible aujourd’hui en 2021 où toute demande de location prend facilement deux à trois ans voire plus, je crois, avant d’obtenir une réponse ou d’être satisfaite.
Enfin. En 1999, Vassili et moi en avions chié pour son déménagement. Sortir ses meubles de son appartement d’Auvers sur Oise avait été simple :
C’était au rez de chaussée.
Les monter dans son nouvel appartement avait été plus épuisant :
C’était au quatrième étage sans ascenseur.
Vers la fin, alors que nous avions monté une bonne partie des meubles, cela en devenait comique, Vassili décrétait que tout nouveau meuble qui restait allait finir sa marche :
« A la cave ! ».
J’étais sous le coup d’une rupture amoureuse. Cette rupture amoureuse m’avait donné suffisamment de motivation pour ces travaux de « force ». Mais, malgré elle, à la fin, j’avais approuvé ces décisions de fourguer ce qui restait des meubles…à la cave !
Après que nous ayons eus terminés, Vassili m’avait dit :
« Je te remercie infiniment ». Il avait aussi parlé d’une « reconnaissance éternelle ». Ces propos m’avaient un peu étonné.
Mais il est vrai que, même si par la suite, lui et moi nous sommes modérément revus ou appelés, notre relation est restée. Et, chaque fois que je l’ai sollicité par la suite pour un de mes déménagements, il a toujours été présent.
Depuis 1999, notre monde et nos vies ont plus que changé.
Prince et Michaël Jackson sont morts. Le Rap et internet ont essaimé. Les réseaux sociaux, les sites de rencontres type Tinder, Tok Tok ( Tik Tok ? ), Twitter, Snapchat, Instagram et autres aussi.
Le Ghosting s’est normalisé au même titre que la marchandisation des rapports humains.
On parle des mouvements Me#too et de Balance ton porc.
La numéro 2 de Facebook, une Américaine, Sheryl Sandberg, proclame :
« Le monde irait mieux avec les femmes aux commandes ». Mais aussi :
« Les pays gouvernés par des femmes ont eu les taux de mortalité dus au coronavirus les plus bas » (page 11 du journal « gratuit » Vingt minutes du lundi 22 mars 2021). « (….) Lorsque les hommes réussissent, les gens attribuent cela à leurs compétences. Lorsqu’une femme réussit, on attribue cela à la chance et au travail (….) ».
Toute personne qui a du succès ou une certaine réussite sociale, femme ou homme, blanche ou noire, le doit souvent, à mon avis, en plus de ses compétences, à la chance et au travail.
Chance d’être « arrivé » au bon moment, au bon endroit. « Chance » d’avoir rencontré les bonnes personnes au bon moment. A la place, d’autres, tout autant « compétentes » et « travailleuses » ont plutôt la malchance de rencontrer leur « fossoyeur », leur futur proxénète, leur exploiteur ou la mauvaise substance qui va les liquider.
Mais peu importe que ce que raconte Sheryl Sandberg puisse manquer de nuance ou occulter les travers de la firme puissante (Facebook) qu’elle représente. Comme toute personne qui a réussi (femme ou homme, de couleur blanche ou autre) ses paroles, du fait, de son « succès » auront toujours plus d’éclat et plus de légitimité que ceux de la personne lambda.
Même si Sheryl Sandberg – comme toute personne publique ayant réussi- raconte n’importe quoi. Cela me rappelle ces propos d’un joueur de Foot qui, après avoir rencontré Lilian Thuram, avait dit un jour à son propos :
« C’est un Monsieur ! ».
Là encore, peu importe d’être d’accord avec les positions de Lilian Thuram à propos du racisme, ou d’autre sujets. Puisque son très bon palmarès- récent et encore dans les mémoires– de Footballeur professionnel lui attribuait une aura immédiate. Sauf que si Lilian Thuram avait eu les mêmes idées en n’ayant qu’un CV de Footballeur de quatorzième division, le même footballeur professionnel, en le rencontrant, l’aurait sans doute à peine considéré.
Nous sommes nombreux à avoir ce genre d’attitude. Nous sommes souvent ébahis devant telle personne parce qu’elle a accompli ce que nous aimerions accomplir ou que peu ont accompli. Ce faisant, nous oublions qu’à notre niveau, nous réalisons l’impossible bien plus souvent que nous ne le croyons. Sauf que ce n’est pas médiatisé. Et que nous avons le tort, aussi, de l’oublier ou d’estimer que cela a bien moins de valeur que les actions de toutes ces « grandes personnes » surmédiatisées – souvent très bien entourées– que nous regardons. Parce-que, contrairement à elles, nous ne sommes pas le numéro un ou le numéro deux d’une émission de télé, d’une grande entreprise, d’un média réputé ou d’une équipe de Foot prestigieuse.
Lorsque hier matin, je me suis préparé pour aller donner un coup de main à Vassili pour ce déménagement, j’ai eu un moment de doute. Je me suis demandé pourquoi, à nouveau, j’allais me retrouver dans une situation où nous allions être si peu pour ce déménagement : Même la chaine TF1 serait absente.
En plus, la veille, j’avais commencé à avoir mal au genou au point de me demander si j’allais pouvoir être en capacité d’y participer. J’aime participer à des déménagements. Mais vingt deux ans étaient passés.
Pendant le déménagement, j’ai aussi connu quelques moments de flottement devant l’organisation un peu « empirique » de mon ami Vassili. Lorsqu’arrivés devant la porte du garage donnant accès au double box où nous allions entreposer ses meubles, lui-même ignorait si le camion allait « passer ». Il a aussi exposé quelques limites lorsqu’il s’agissait de piloter le dit-camion.
Le camion ne pouvait pas passer. Et entrer dans le garage. Heureusement que nous avons pris le temps de vérifier tous ensemble au préalable.
J’ai un peu entrevu le moment où ce déménagement supposé être « light » pouvait se transformer en épopée ou en sinistre. Ou en supplice de longue durée.
Finalement, cela s’est bien passé. Il a fallu un peu guider notre ami de temps à autre pour bien diriger le camion. Ainsi que dans les escaliers de l’immeuble en descendant un ou deux meubles volumineux assez lourds. Ou lui rappeler, en pleine pandémie du Covid, la nécessité de porter un masque voire lui en donner un alors que nous nous retrouvions à trois, côte à côte, dans le même camion.
Cependant, vingt deux ans plus tard, à nouveau, tout s’est bien déroulé.
Ce déménagement m’a permis de rencontrer une personne qui s’avère être scénariste de documentaires, être allé plusieurs fois en Afrique et dont la compagne est monteuse. Soit une personne que je suis en principe appelé à revoir.
Et, à la fin, notre ami Vassili, nous a pleinement exprimé sa reconnaissance. Alors que nous n’attendions rien de particulier de lui à ce moment-là, je crois, l’autre ami et moi.
Il m’a semblé que tous les vaccins contre le Covid, et tout ce fatras de certitudes que nous pouvons avoir sur bien des sujets ne valaient alors pas grand chose en comparaison avec ces remerciements de Vassili, cet engagement commun de nos corps pour réaliser ce déménagement, et la concrétisation ou la confirmation de cette amitié.
Sans doute parce-que je suis vieux jeu, has been mais aussi un loser. Car ce n’est certainement pas en m’y prenant comme ça que je passerai à la télé ou deviendrai numéro deux d’un grand média ou d’une grande entreprise.
Ce fut le titre que je n’ai pas cité le 16 mars. Lorsque j’ai marché jusqu’au viaduc où, ce 8 mars 2021, la jeune Alisha Khalid a été battue par deux de ses camarades puis « déchargée » dans la Seine. Où son affaiblissement – du à ses blessures- ajouté à l’hypothermie, l’impuissance et le désespoir sans doute lui ont enlevé sa vie par noyade.
Rété Simp ( « Reste simple »/ « Reste modeste »/ « arrête de te la péter » en créole guadeloupéen mais aussi martiniquais) est un titre de zouk de l’artiste Jean-Michel Rotin qui date des années 90 ou peut-être du début des années 2000. Il faisait alors partie du groupe Energy. Il est le deuxième en partant de la gauche sur la photo.
Je n’avais pas envie de zouker quand j’ai écritMarche jusqu’au viaduc. C’est sûrement pour cela que j’ai alors « oublié » de citer Rété Simp.
Pourtant, ce titre, je l’avais aussi « entendu » alors que je me rapprochais du viaduc sous la A 15. Mais d’autres émotions avaient enserré le dessus de mes pensées. Des émotions que plusieurs personnes – qui ont lu l’article- m’ont aussi exprimé que ce soit par un mot sur ma page Facebook, un « signe » ou un sms.
Avant hier, particulièrement, j’ai passé quelques moments difficiles émotionnellement à « repenser » de près ou de loin, au meurtre d’Alisha. Il arrive aussi que depuis le train que je prends pour aller au travail, j’aperçoive au loin, furtivement, le viaduc sous lequel cela s’est passé.
Au vu de ma sensibilité « augmentée », je me suis demandé si j’étais proche d’un « ressenti traumatique». Mais je crois être « simplement » névrosé. Et touché par ce qui est arrivé.
Les images que « j’ai »
Moi, le cinéphile, je n’ai pas revu beaucoup de films depuis quelques mois. Mais cela a plus à voir avec le contexte Covid qui a remixé nos existences- et en partie nos consciences- depuis un an, maintenant.
Le « nouveau » reconfinement depuis un ou deux jours, à mon avis, m’affecte nettement moins que le tout premier de l’année dernière également au mois de mars. L’année dernière, à la même date, comme la plupart, je me faisais tabasser par l’atmosphère de fin du monde qui menaçait de m’encorner pratiquement à n’importe quel moment avec la puissance du phacochère. Une époque où les masques anti-Covid étaient une denrée rare ou vite épuisée. Et où on se rendait au travail en franchissant les « tranchées » de rues vides la gueule offerte faute de masques. Lesquels ont commencé par être parachutés par milliers dans les supermarchés à partir du début du mois de Mai. J’avais réalisé quelques diaporamas ( Panorama 18 mars-19 avril 2020 )de cette « période » alors étrange et hors norme, aujourd’hui, assez banalisée : aujourd’hui tout le monde a un masque anti-Covid sur lui voire plusieurs de rechange. Et ne pas en porter est un délit. Sauf si l’on fait son footing ou que l’on se déplace à vélo. Ou que l’on est seul en voiture. Ou en famille.
Paris, Place de la Concorde, en allant au travail, ce vendredi ou ce samedi matin.
Ce Mercredi, avant ce nouveau « reconfinement » déclaré, je suis donc allé faire provision de nouveaux blu-ray dans un des magasins où je « m’alimente » près du centre Georges Pompidou. Ce ravitaillement n’a rien à voir avec le nouveau confinement alors encore hypothétique. J’étais alors dans le coin et cela faisait plusieurs mois que je n’étais pas allé dans ce magasin où l’on peut trouver des Blu-Ray et des dvds neufs en promotion.
Les images que j’ai, ces derniers jours, sont principalement faites de ces moments que je vis au quotidien avec mes proches ou d’autres, au travail ou ailleurs. Mais aussi de ces photos que je prends et dont j’ai commencé à parler dans la nouvelle rubrique Vélo Taffe ( Vélo Taffe : une histoire de goudron). C’est peut-être le monde tel que j’aspire encore à le voir.
Il y a peu de livres, aussi, qui m’apportent des images en ce moment. Ainsi, je n’ai pas réussi à terminer Verre cassé d’Alain Mabanckou, livre que j’avais pourtant commencé à lire il y a bientôt deux mois. Alors qu’il me reste seulement trente pages à lire et que je l’ai aimé par endroits. Mais je reste un assidu du Canard Enchaîné et du Télérama que je parcours par « strates ». Et du journal gratuit quand je tombe dessus.
Plusieurs fois par semaine, aussi, depuis plusieurs semaines, j’écoute des podcasts. Pour cela, je peux remercier la technique de plus en plus performante en matière de stockage et de téléchargement de nos smartphones que nous payons si chers. Même si les conditions d’extractions des minerais nécessaires à la construction de nos « doudous-portables » en font aussi l’équivalent de doudous de sang. Surtout en en changeant au bout de quelques mois ou chaque année.
Enfin, grâce à un podcast consacré au photographe « de guerre » Patrick Chauvel -que je ne connaissais pas- je vais peut-être recommencer à lire. Car il a écrit :
Rapporteur de guerre, Sky et un autre livre que j’ai réussi à trouver d’occasion sur le net.
« Tu veux être bon, va où est le carnage » :
Le Maitre d’Arts martiaux Kacem Zoughari a cité cette phrase – en Japonais- d’un de ses anciens Maitres japonais.
J’avais cité cette phrase lors de mon pot de départ pendant mon discours il y a un peu plus de deux mois maintenant dans mon précédent service :
« Tu veux être bon, va où est le carnage ».
Après l’article Marche jusqu’au viaduc, je peux maintenant m’apercevoir un peu plus à quel point j’étais raccord avec cette phrase. Et ce n’est peut-être que le début.
Je n’ai jamais aimé le mois de Mars. Pourtant, le mois de Mars, si je réfléchis maintenant, c’est bien le mois ou le Dieu de la guerre.
Lorsque ce mois de mars a commencé cette année, je me suis dit qu’il allait passer vite compte-tenu de mes divers projets. Et c’est vrai. Même si je ne m’attendais pas à certains événements dans ma ville et dans ma vie comme la mort de la jeune Alisha que je ne connaissais pas.
Aujourd’hui, nous sommes déja le premier jour du printemps, le 21 mars 2021.
Reste simple :
Jean-Michel Rotin, un temps surnommé « le Michaël Jackson » du Zouk, est beaucoup moins connu que le groupe Kassav’ ou le « fameux »…..Francky Vincent. Mais il a apporté une nouveauté en mélangeant la « r’n’b » et le « Rap » avec le zouk dans les années 90. Kassav’ avait frappé plusieurs fois à coups de maillet à partir du milieu des années 80 sur la production musicale antillaise mais aussi mondiale. Scellant l’envolée du Zouk. En Afrique, en Amérique du sud et jusqu’au aux Etats-Unis où un Miles Davis, « un peu » condescendant, avait pu faire la « leçon » à un journaliste :
« Cette musique, ça s’appelle le Zouk. Kassav’, vous connaissez ? ».
Dans les années 90, sans atteindre l’envergure internationale de Kassav’, Rotin était apparu avec son style qui le démarquait d’autres artistes de zouk qui rejouaient la « formule » Zouk sans trop de particularités.
Aujourd’hui, Jean-Michel Rotin fait partie des « vieux » artistes ( les années 90-2000, c’est « loin ») et je ne sais pas si on peut encore le trouver novateur. Mais, à une époque, certains artistes de zouk bonifiaient leur musique lorsque Rotin se retrouvait impliqué à la partition ou dans la production.
Il y a quelques mois, j’ai trouvé une interview de lui. Elle date de plusieurs années, avant la pandémie du Covid. Dans cette interview, il exprimait une certaine amertume envers l’industrie du disque. Il estimait s’être fait arnaquer au moins économiquement du fait de sa « naïveté » et de son « ignorance » lors de sa période fastueuse. Il faisait aussi part de cette période où sa principale activité, comme l’artiste Prince (qu’il cite) était de créer un titre par jour. Mais aussi qu’on lui aurait « dit » qu’il allait « trop loin » dans sa recherche musicale. Cela aurait eu pour effet de brider sa production musicale. D’autant qu’il avait pu lui être reproché d’avoir « dénaturé » le Zouk. Je suis sûr que d’autres personnes –artistes ou non- ailleurs dans le monde pourraient retrouver une partie de leur vie dans ce témoignage. L’artiste Cédric Myton de l’ancien groupe de Reggae Congo ne raconte pas autre chose que Jean-Michel Rotin dans le documentaire Inna De Yard : The Soul of Jamaica réalisé en 2018-2019 par Peter Webber.
Quoiqu’il en soit, aujourd’hui, Rotin a son public. Et ce public comporte plusieurs générations.
Jean-Michel Rotin a d’autres titres bien plus connus que Rété Simp : Lé Ou Lov’ , par exemple, a été un de ses premiers gros tubes. Ou Adié An Nou. Il y a pu aussi y avoir le titre Stop qui, dans sa version studio, m’avait moyennement plu, mais qui sur scène prenait toute sa force. Plus récemment, même si ça date de plusieurs années maintenant, sa reprise du titre Begui Begui Bang avait bien marché à ce que j’avais compris. Et il a fait d’autres tubes.
Un ou une compatriote « opiniâtro- Rotinophile » me reprochera sûrement d’avoir omis une quantité astronomique des tubes produits par Jean-Michel Rotin. Et me fera sûrement remarquer qu’une sérieuse formation de remise à niveau s’impose de manière urgente- et critique- pour moi.
Mais ma priorité, ici, est de parler de Jean-Michel Rotin et de contribuer, selon mes moyens, à le faire connaître un petit peu plus. Je rappelle qu’en France, comme d’autres artistes antillais, Rotin reste bien moins connu que Francky Vincent.
Francky Vincent a aussi œuvré pour la musique antillaise et est loin d’être le grand « niais » ou l’animateur « pour virées tropicales » façon Club Med qu’il a l’air d’être pour certains amies et amis « métros ». Francky Vincent a aussi pu composer des titres engagés sur la société antillaise. Mais, même si je suis très loin d’être à jour, il y a d’autres artistes qui « comptent » en dehors de Francky Vincent et de Kassav’ lorsque l’on parle de Zouk aux Antilles. Jeunes et moins jeunes. Comme le groupe Akiyo dont Kassav’ a utilisé un des titres pour l’ouverture de ses concerts il y a deux ou trois ans. A la fête de l’Humanité par exemple :
Cependant, pour reparler de Jean-Michel Rotin, je trouve que le titre Mwen Ni To reste sous-estimé. Mais je n’étais pas « au pays » à sa sortie pour pouvoir être péremptoire.
Les clips des chanteurs et chanteuses de Zouk peuvent apparaître très kitsch, clichés ou ridicules. Plusieurs révolutions de la pellicule sont sans doute nécessaires.
Toutefois, il faut alors se rappeler que le but du Zouk n’est pas de rivaliser avec le cinéma d’un Wong-Kar-Wai ou d’un Lars Von Trier. Ni de se préparer à effectuer des études de philo ou de sociologie à la fac en réfléchissant à la pensée d’un Cioran ou d’un Durkheim. Mais d’abord de trouver et de donner de la force et du plaisir pour vivre et être ensemble malgré la dureté de la vie. Et, cela part du corps et du bassin. Ce que le groupe Kassav’énonce dans son titre Zouk La Sé Sel Médikaman Nou Ni, un de ses nombreux tubes. Mais aussi au moins…. le réalisateur Quentin Dupieux alias Mr Oizo à travers Duke le flic ripoux- et mélomane- de son film Wrong Cops que l’on put d’abord voir dans une version court-métrage ( 2012-2013). Film dans lequel on peut voir le chanteur Marilyn Manson hilarant dans son rôle de David Dolores Frank.
Le titre Zouk La Sé Sel Médikaman Nou Ni est peut-être moins connu – pour certains « jeunes » et moins jeunes- que le Djadja d’Aya Nakamura. Mais c’est néanmoins un tube mondial. Et presque aussi intergénérationnel que le Sex Machine de James Brown lâché dans les oreilles….en 1966. Si je ne me trompe pas.
https://youtu.be/1UzZUfFUnxY
Enfin, rappelons que Jocelyn Béroard, une des meneuses du groupe Kassav’, faisait partie des chœurs lors de l’enregistrement du titre Rété Simp de Jean-Michel Rotin.
Un Art suprême :
John Coltrane a composé entre autres le titre A Love Supreme.
Pour moi, la musique fait partie des Arts suprêmes. Avant et devant le cinéma. Si les images nous parlent, la musique, elle, est l’étincelle qui peut nous déclencher avec très peu. Qu’un titre ait deux jours, cinq mois ou cinquante ans, si le cuivre dont est fait son rythme, son horizon ou son poids, sont calibrés pour nous, ils peuvent nous suivre jusqu’à la mort. Ou semblent nous avoir toujours attendus.
Parfois, ce même titre parlera aussi à d’autres. Parfois, pas. Mais ça ne changera rien pour nous. Il fera toujours partie de notre appareil vestibulaire et de notre vestiaire. Il sera toujours à notre adresse.
Bien-sûr, tous les arts comptent. Mais un monde sans musiques….
La musique que l’on aime écouter brûle l’horreur. Elle nous aide à la soutenir, à la convertir et à la contourner. Bob Marley a pu chanter :
« Hit me with Music ! ». Il n’a pas chanté : « Frappez-moi avec des mathématiques ! ». Ou « Frappez-moi avec les concepts spécifiques à la Phénoménologie ! ». Même si ces disciplines ont bien-sûr leur rôle à jouer.
La musique peut nous aider à nous redresser. Elle nous entraîne afin de continuer- à vivre- même lorsque l’horreur et la tristesse nous passent et nous repassent dessus.
Pour moi, le rire est pareil. C’est aussi notre révolution : on ne passe pas notre temps qu’à subir et à se réduire. On réagit, aussi. On crée son Big Bang. On anticipe.
Cela ne fait pas de nous des Dieux, des super-héros ou des super puissances. Mais on existe. On apprend à supporter notre matière et les tourments qui peuvent aller avec.
Le rire et la musique nous donnent le droit d’exister. Ce droit n’est pas donné à tout le monde. Il y a des personnes qui en sont privées. Et d’autres qui s’en détournent.
Ce dimanche 21 mars 2021, je ne vais pas me priver.
Depuis quelques jours, je « découvre » Georges Brassens. Jusqu’à maintenant, je n’aimais ni sa voix ni son rythme. Mais, il y a quelques jours, par le titre Je me suis fait tout petit, je crois avoir trouvé une entrée, mon entrée, dans son œuvre. Là où des alpinistes vont trouver une-nouvelle- voie pour escalader une montagne.
Il faut quelques fois un titre pour trouver son propre passage vers un artiste. Comme il faut quelques fois son moment particulier pour trouver son passage vers quelqu’un ou vers une nouvelle discipline.
Ensuite, chef d’œuvre, raté, meurtre, ou massacre, le résultat dépend de la co-composition – ou co-création- des uns et des autres.
De ce que l’on est capable de détecter et de fabriquer. Des ressources que l’on peut –accepter- trouver chez d’autres. Ou leur apporter.
Après Brassens, il y aura le titre Hear my Train A Comin’ de Jimi Hendrix car, pour moi, c’est l’un des meilleurs alliés du titre de John Lee Hooker Oh,Come back, Baby, Please Don’t Go… One More Time.
( il existe différentes versions souvent plus étendues du titre » Hear My Train A Coming »).
Une autre fois, je parlerai peut-être de Dub, de Maloya ou de Miles (Davis).
Paris, ce vendredi 19 mars ou samedi 20 mars 2021, le matin.