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La profession infirmière : La Légion étrangère

La profession infirmière : La Légion étrangère

 

« Qui prendra soin des infirmières ? Â»

 

Cette question presque philosophique fait la couverture du numéro 3763 de l’hebdomadaire Télérama de cette semaine. La semaine du 26 février au 4 mars 2022.

 

Depuis que j’ai aperçu cette question une première fois sur la couverture de TĂ©lĂ©rama, celle-ci m’a perfusĂ© au goutte Ă  goutte. Les premiers effets de ce « traitement Â» me poussent Ă  Ă©crire mes rĂ©ponses.

 

La couverture de Télérama, d’abord, donne aussi des réponses et des indications.

 

Sur la couverture du TĂ©lĂ©rama de cette semaine, on aperçoit une femme aux cheveux châtains clairs, la tĂŞte dans les bras. EpuisĂ©e ou accablĂ©e. Elle doit avoir la trentaine tout au plus. En tout cas, elle incarne la jeunesse. Une jeunesse Ă©puisĂ©e ou accablĂ©e. Soit l’exact contraire de ce qu’est supposĂ©e incarner la jeunesse : l’optimisme, la vitalitĂ©, l’insouciance, le rire.

 

Une de ses mains porte un gant bleu. De ces gants utilisés aussi pour se protéger d’éventuelles expositions au sang. Celui des patients dont les infirmières prennent soin.

 

Le bras droit de celle qui nous est prĂ©sentĂ©e comme infirmière semble avoir un peu la chair de poule. Cela peut ĂŞtre dĂ» au froid, Ă  la fatigue. Ou Ă  la peur. Eventuellement protĂ©gĂ©e du sang ou d’autres secrĂ©tions par ses gants bleus, « l’infirmière Â» qui nous est montrĂ©e n’en reste pas moins exposĂ©e Ă  ces autres extrĂŞmes que sont le froid, la fatigue ou la peur. Ou la dĂ©pression. 

 

A ces extrĂŞmes, il faut en rajouter un autre qui combine puissance et impuissance :

 

La solitude.

 

Car l’infirmière est montrĂ©e seule. La mĂŞme photo montrant plusieurs infirmières dans la mĂŞme position parleraient moins de cette solitude. On peut Ă©videmment ĂŞtre seuls en Ă©tant Ă  plusieurs. Mais c’est une sorte de nomenclature : si l’on veut parler de la solitude, il faut isoler quelqu’un.

 

 

Je remercie l’hebdomadaire TĂ©lĂ©rama pour cette couverture. Pour aborder, sur quatre pages, le sujet de la condition des infirmières en France. Dans cet article, on apprend qu’il y a 700 000 infirmières en France. Et on « lit Â» que de plus en plus quittent l’hĂ´pital public ou la profession car dĂ©goutĂ©es par la dĂ©gradation des conditions de travail. Que cette dĂ©gradation s’est prononcĂ©e « depuis 2004 surtout, avec l’instauration de la tarification Ă  l’activitĂ© (T2A), qui, en rĂ©munĂ©rant les Ă©tablissements en fonction des actes mĂ©dicaux, a condamnĂ© les hĂ´pitaux publics aux affres financiers. Et transformĂ© les soignants en marathoniens du soin, fragilisant tout un système de santĂ© qui a dĂ», depuis, endiguer les vagues successives de Covid Â». (TĂ©lĂ©rama numĂ©ro 3763, page 18. Article Mathilde Blottière. Photos d’Anthony Micallef).

 

 

Remerciements et rĂ©serves :

 

Je remercie Télérama pour cet article. Mais j’aurais aimé que, pour changer, que ce soit un homme qui ait écrit cet article. Comme j’aimerais bien, aussi, que le Ministre de la Santé et des affaires familiales et sociales soit plus souvent un homme qu’une femme.

 

Pour le dire autrement : La profession infirmière, la perception que l’on en a mais aussi la perception que l’on peut avoir de certains sujets de sociĂ©tĂ© en France restent subordonnĂ©s Ă  des visions et Ă  des conceptions tombĂ©es et restĂ©es dans les trappes du passĂ©.

 

On retrouve aussi ça parmi les femmes et les hommes politiques de France. Un demi siècle après sa mort, une bonne partie des femmes et des hommes politiques qui aspirent Ă  diriger la France sont lĂ  Ă  aspirer ce qui reste de la momie du GĂ©nĂ©ral De Gaulle. Et font de la rĂ©clame pour leur parti et leur programme en se servant des actes hĂ©roĂŻques et passĂ©s des autres (De Gaulle, Jeanne d’Arc,  Louis XIV, NapolĂ©on, ainsi que des Ă©crivains, des philosophes, des scientifiques qui ont marquĂ© l’Histoire française). 

 

Les personnalitĂ©s du passĂ© qui, aujourd’hui, malgrĂ© leurs travers ou leurs crimes, servent souvent de modèles avaient une vision. Ils croyaient en l’avenir, l’anticipaient, le prĂ©paraient, s’appliquaient Ă  «l’embellir Â». Aujourd’hui, si l’on regarde les femmes et les hommes politiques qui « rĂ©ussissent Â», ils semblent surtout se dĂ©marquer dans l’art d’élaborer des stratĂ©gies pour constituer des alliances, pour obtenir le Pouvoir, mais aussi dans l’art de faire de la rĂ©cupĂ©ration.

 

Des femmes et des hommes politiques qui ont une véritable vision auraient anticipé et fait le nécessaire pour éviter que la profession infirmière, et d’autres professions, soit aussi vulnérable.

Dans le journal  » Le Canard Enchaîné » de ce mercredi 23 février 2022.

 

Malheureusement, je vais aussi devoir ajouter qu’une sociĂ©tĂ© vĂ©ritablement Ă©clairĂ©e saurait aussi parler de la profession infirmière, mais aussi la raconter et la faire parler, Ă  d’autres moments que lorsque ça va mal. Parce-que si l’on peut reprocher aux Ă©lites politiques de France de s’être prĂ©occupĂ©es de surtout prendre soin d’elles, de leurs proches ou de leurs alliĂ©s, on peut aussi reprocher Ă  celles et ceux qui diffusent l’information (donc, parmi eux, des journalistes) de parler principalement de la profession infirmière pour relater ses difficultĂ©s comme ses souffrances rĂ©elles. 

 

Dans notre pays  de grands philosophes et de grands intellectuels, on dirait qu’il est impossible, aussi, de parler de ce que la profession infirmière a rĂ©ussi et rĂ©ussit. On dirait que les très hauts penseurs de ce pays sont incapables de valoriser ou d’expliquer le travail qui peut ĂŞtre rĂ©alisĂ© par la profession infirmière. Une profession qui, pour ĂŞtre exercĂ©e, nĂ©cessite moins d’annĂ©es d’étude que ces Ă©lites n’en n’ont faites, Ă©lites,  qui imposent leur mainmise sur une grande partie des moyens d’expression.

 

 

Je remercie donc Télérama et tous les autres journaux ou hebdomadaires qui ont écrit ou écriront à propos de la profession infirmière. C’est nécessaire et utile. Cela apporte sans aucun doute un réconfort salutaire aux soignants qui se sentent ainsi moins invisibles et moins ignorés.

 

Mais ces articles, celui de Télérama et d’autres média, ne suffiront pas pour que la situation infirmière s’améliore.

Le Télérama numéro 3763, du 26 février 2022 au 4 mars 2022, page 18.

 

« C’était la guerre Â»

 

« Nous sommes en guerre… Â» avait dit le PrĂ©sident Emmanuel Macron  » De Gaulle » ( lequel, d’après les sondages, devrait ĂŞtre réélu cette annĂ©e) pendant son  allocution tĂ©lĂ©visĂ©e pour annoncer le premier confinement dĂ» Ă  la pandĂ©mie du Covid ( Panorama 18 mars-19 avril 2020).

 

C’était en mars 2020. Et, je crois que je travaillais de nuit, dans le service de pédopsychiatrie où j’étais encore à cette époque. J’avais regardé une partie de cette allocution sur la télé du service alors que les jeunes hospitalisés étaient couchés.

 

Cela me paraît déjà très loin. C’était pourtant il y a juste à peine deux ans.

 

Il y a quelques jours, j’ai discutĂ© avec une jeune collègue infirmière intĂ©rimaire. Elle doit avoir 35 ans tout au plus. A peu près l’âge de l’infirmière que l’on voit sur la couverture de TĂ©lĂ©rama. Cette jeune collègue infirmière m’a appris avoir travaillĂ© pendant dix ans dans un service de rĂ©animation dans un hĂ´pital de banlieue près de chez moi que je « connais Â». Quand je lui ai demandĂ© pourquoi elle avait quittĂ© son poste alors que, visiblement, elle aimait « Ă§a Â», elle m’a parlĂ© de la pandĂ©mie du Covid en ces termes :

 

 

«  C’était la guerre…. Â». Le mĂŞme mot utilisĂ© par le PrĂ©sident Emmanuel Macron avant le premier confinement. Pourtant, je n’ai pas fait le rapprochement. Tout simplement parce-que le PrĂ©sident Macron et quelques autres n’ont pas fait la mĂŞme guerre que beaucoup d’autres. Un mĂŞme mot pour deux expĂ©riences opposĂ©es et très diffĂ©rentes.

 

 

Comme principale expĂ©rience d’un service de rĂ©animation, j’ai uniquement les deux stages effectuĂ©s durant ma formation d’infirmier. Ma mère, ancienne aide-soignante dans un service de rĂ©animation, a connu cet univers bien plus que moi.

NĂ©anmoins, lorsque cette jeune collègue, dĂ©jĂ  « ancienne Â» infirmière de rĂ©a m’a dit que « C’était la guerre pendant la pandĂ©mie du Covid », je n’ai pas eu besoin de dĂ©tails supplĂ©mentaires. A aucun moment je n’ai eu le besoin de vĂ©rifier ses propos en lui demandant des exemples. C’était immĂ©diatement concret pour moi. Et, il Ă©tait aussi indiscutable pour moi que cette jeune collègue infirmière, et ses collègues, durant la pandĂ©mie du Covid, avaient traversĂ© des conditions de travail très difficiles. Des conditions de travail insupportables qu’elles avaient dĂ», pourtant, une fois de plus….supporter. Parce-que l’histoire des conditions de travail des infirmières, au moins depuis trente ans, est que, Ă©trangement, la souffrance soignĂ©e par les infirmières semble se « transvaser Â» indĂ©finiment dans leurs propres conditions de travail. Les infirmières soignent des personnes qui souffrent. Mais il semble dĂ©sormais inĂ©luctable que pour soulager les autres, les infirmières doivent accepter de souffrir en plus en plus elles-mĂŞmes. Et porter sur leurs Ă©paules ces peurs, ces souffrances et cette mort que le monde des dĂ©cideurs et des « winner » fuit et dont il se dĂ©barrasse au plus vite.

La souffrance et les Ă©tats de faiblesse, de handicap et de mort, sont en quelque sorte des « dĂ©chets » que l’infirmière est chargĂ©e de prendre dans ses bras. « On » est bien content qu’elle soit lĂ  pour s’en occuper. Mais sans faire de bruit. « On » lui jette quantitĂ© de « dĂ©chets » sur la tĂŞte par le biais d’une colonne verticale depuis plusieurs immeubles de dix huit Ă©tages. Et, c’est Ă  elle de se dĂ©merder avec ça. Elle est « payĂ©e » pour ça. Et, elle devrait mĂŞme remercier pour cette gĂ©nĂ©rositĂ© qui lui est faite d’ĂŞtre salariĂ©e. Alors que ce qu’on lui permet de vivre est bon pour son karma. Du reste, elle a choisi cette vie-lĂ . Alors, qu’elle ne se plaigne pas…

 

La profession infirmière continue d’avoir l’image d’une profession de foi religieuse,  oĂą la crucifixion serait le nirvana de l’infirmière ou de l’infirmier, alors que la sociĂ©tĂ© a Ă©voluĂ©. Et que les ĂŞtres qui dĂ©cident de devenir infirmières et infirmiers ont une autre conception de la vie, une autre façon de concevoir leur vie personnelle et professionnelle, qu’il y a un demi siècle.

 

Et, je peux en parler un peu. A « l’époque Â» de ma mère et d’une de mes tantes (sĹ“ur de ma mère), en rĂ©gion parisienne, il Ă©tait courant qu’une soignante fasse toute sa carrière dans le mĂŞme hĂ´pital, dans un voire dans deux services.

 

 C’était il y a plus de trente ans. OĂą l’aspiration commune, une fois le diplĂ´me d’Etat d’infirmier obtenu, Ă©tait d’obtenir un poste de titulaire. Rares Ă©taient les infirmières et infirmiers qui ne faisaient que « de» l’intĂ©rim ou des vacations. Lorsqu’entre 1989 et 1992, je faisais un peu d’intĂ©rim, Ă  droite Ă  gauche, peu après mon diplĂ´me, parmi les autres intĂ©rimaires, je croisais surtout des infirmiers et des infirmières sensiblement plus âgĂ©es que moi et qui avaient un poste de titulaire ailleurs.

 

Autre anecdote : je me rappelle maintenant, par amour pour ma copine d’alors, ĂŞtre allĂ© rencontrer Ă  son domicile, Ă  Paris, le poète Guillevic, autrement plus âgĂ© que moi. Ce devait ĂŞtre entre 1990 et 1992. Lorsque je lui avais expliquĂ© que je travaillais par intĂ©rim ( je vivais encore chez mes parents et avais repris des Ă©tudes en parallèle), celui-ci, mi-interloquĂ©, mi-contrariĂ©, m’avait en quelque sorte demandĂ© si je « jouais » en quelque sorte avec le travail. J’avais alors senti chez lui une espèce de respect moral du travail salariĂ©. On se devait Ă  son poste de salariĂ©. Le travail Ă©tait un engagement sĂ©rieux. Et pas une sorte de « papillonnage ». A cette Ă©poque, mes missions par intĂ©rim consistaient Ă  faire une mission d’une journĂ©e dans un service. Et, un autre jour, ou une nuit,  dans un tout autre service et dans un autre Ă©tablissement hospitalier Ă  Paris ou en rĂ©gion parisienne. Si l’intĂ©rim existait dĂ©ja dans le monde du travail dans les annĂ©es 90 d’une manière gĂ©nĂ©rale, il Ă©tait moins rĂ©pandu parmi les jeunes infirmières et infirmiers diplĂ´mĂ©s de ma connaissance. La norme, c’Ă©tait d’avoir un poste fixe puisque le diplĂ´me d’Etat d’infirmier, en rĂ©gion parisienne, assurait la sĂ©curitĂ© de l’emploi. Et que c’Ă©tait alors la prioritĂ© : la sĂ©curitĂ© de l’emploi, fonder un couple, faire des enfants, acheter une maison ou un appartement si on pouvait…..

 

 

A l’inverse, depuis Ă  peu près dix ans, environ, en rĂ©gion parisienne, il est devenu assez courant de rencontrer des infirmières et des infirmiers, qui, une fois diplĂ´mĂ©s, prĂ©fèrent ĂŞtre intĂ©rimaires et/ou vacataires. Et, concernant celles et ceux qui sont titulaires de leur poste, ceux ci sont aussi plus mobiles qu’il y a trente ans. Lorsque j’ai commencĂ© Ă  m’établir comme infirmier en psychiatrie il y a bientĂ´t trente ans, j’avais travaillĂ© avec des collègues qui pouvaient rester Ă  leur poste cinq ans ou davantage. Aujourd’hui, selon les services, les plus jeunes infirmières et infirmiers peuvent ne rester que deux ou trois ans puis partir pour un autre service. Ou, Ă©ventuellement, demander une disponibilitĂ©.

 

 

C’est à ce genre d’information que l’on comprend, aussi, qu’une profession change, qu’une façon de l’exercer, mais aussi, de s’affirmer, diffère par rapport à avant.

 

 

RĂ©pondre Ă  la question : « Qui prendra soin des infirmières ? Â»

 

Cette question en couverture de TĂ©lĂ©rama, hebdomadaire qui bĂ©nĂ©ficie d’un lectorat Ă©largi, a l’avantage, comme on dit, de « jeter un pavĂ© dans la mare Â». C’est sans aucun doute le but après la pandĂ©mie du Covid, mal gĂ©rĂ©e, mal anticipĂ©e et mal communiquĂ©e par les Ă©lites au moins politiques, mais aussi scientifiques, de France. Mais aussi après le « scandale Â» provoquĂ© par la publication rĂ©cente du livre Les Fossoyeurs  de Victor Castanet. Livre que je n’ai pas encore lu. Mais dont le peu que je « sais Â» du contenu ne m’étonne pas :

 

J’ai fait quelques vacations, il y a plus de dix ans, dans une clinique psychiatrique gĂ©rĂ©e par le groupe OrpĂ©a. Groupe privĂ© mentionnĂ© dans le livre de Victor Castanet.  Et, en 1988-1989, encore Ă©lève infirmier, j’avais fait des vacations de nuit dans une clinique de rééducation fonctionnelle qui, depuis, est devenue la propriĂ©tĂ© du groupe OrpĂ©a. J’ai donc une « petite Â» idĂ©e des prioritĂ©s du groupe OrpĂ©a concernant les conditions de travail des infirmières.

 

 

Et si certaines élites découvrent en 2022 avec le livre de Victor Castanet qu’il se déroule des événements indésirables et indécents dans certains établissements de santé de France, pour cause de recherche débridée de bénéfices, j’hésite entre le cynisme, l’hypocrisie ou la cécité pour qualifier leur état d’esprit.

 

 

Je crois aussi Ă  la cĂ©citĂ© et Ă  l’ignorance de certaines Ă©lites concernant les très mauvaises conditions de travail dans un certain nombre d’établissements de santĂ© publics et privĂ©s, parce-que devant cette couverture de TĂ©lĂ©rama et cette question « Qui prendra soin des infirmières ? Â» j’en suis arrivĂ© Ă  comprendre que, pour beaucoup de personnes, les infirmières font partie d’une lĂ©gion Ă©trangère.

 

La France, comme d’autres pays, est constituĂ©e de diverses « lĂ©gions Ă©trangères civiles Â» prĂŞtes Ă  donner le meilleur d’elles-mĂŞmes. On pourrait penser que la grandeur d’un pays ou de son dirigeant se mesure- aussi- Ă  sa capacitĂ© Ă  honorer et Ă  prĂ©server « les lĂ©gions Ă©trangères Â» qui se dĂ©mènent. Mais, visiblement, ce n’est pas avec ce genre d’objectifs en tĂŞte qu’est gĂ©rĂ© le pays dans lequel nous sommes.

 

 

Les infirmières travaillent et vivent dans le mĂŞme pays que des millions d’autres personnes qu’elles croisent, soignent, accompagnent, soutiennent, sauvent. Les infirmières  protègent plus de personnes, de tous horizons, qu’elles ne peuvent s’en rappeler. Et elles sont admirĂ©es pour cela.  Pourtant, malgrĂ© ça, elles n’en demeurent pas moins Ă©trangères Ă  cette Nation. Les infirmières peuvent faire penser Ă  des sauveteurs en mer qui, souvent, risqueraient leur vie personnelle et familiale, mais aussi leur santĂ©, pour d’autres qui sont en train de se noyer. Et qui, une fois en bonne santĂ©, oublieraient par qui ils ont Ă©tĂ© sauvĂ©s, trouvant tout Ă  fait normal d’avoir Ă©tĂ© sauvĂ©s, alors qu’eux-mĂŞmes n’ont jamais sauvĂ© et ne sauveront jamais personne.

Le journal  » Le Canard Enchainé » de ce mercredi 23 fĂ©vrier 2022. Au fond, Ă  gauche, Eric Zemmour tentant de noyer Marine Le Pen, PrĂ©sidente du Rassemblement National. A droite de ce tandem, Christiane Taubira, pour le Parti socialiste, et sa bouĂ©e, que, sur sa droite, Anne Hidalgo, Maire de Paris, Ă©galement pro Parti socialiste, vient de percer avec une aiguille. Au dessus, sur le le plongeoir, Le PrĂ©sident Macron attendant le bon moment pour plonger dans la campagne pour les Ă©lections prĂ©sidentielles qui vont dĂ©buter en avril. Devant Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Ă©lu Ă©cologiste. Devant Jadot, Fabien Roussel, reprĂ©sentant du Parti Communiste Français. Au premier plan, agitant les bras, Jean-Luc MĂ©lenchon de la France Insoumise. Derrière lui, Eric Ciotti avec son cou de Boa, n’espĂ©rant qu’une chose, que son « alliĂ©e », ValĂ©rie PĂ©cresse, qui lui a Ă©tĂ© choisie, se noie.

 

 

Jetables, Ă©jectables….

 

 

« Indigènes, ouvrières, colonisĂ©es, secondaires, subalternes, domestiques, nĂ©gligeables, accessoires, jetables, Ă©jectables, banlieues Ă©loignĂ©es Â», on dirait que ces termes sont faciles Ă  juxtaposer avec la profession infirmière.

 

Pour ces quelques raisons, je ne crois pas à un assaut de lucidité spontané des élites en faveur des infirmières.

Je crois que les infirmières sont les personnes les plus compĂ©tentes pour rĂ©pondre Ă  cette question posĂ©e par TĂ©lĂ©rama. Certaines ont commencĂ© Ă  y rĂ©pondre en prĂ©fĂ©rant l’intĂ©rim et les vacations Ă  un poste de titulaire. D’autres en « faisant Â» des enfants. Ou en changeant de mĂ©tier.

 

Si l’on regarde les élites, qui, souvent, servent de modèles, il existe d’autres réponses possibles.

Coronavirus Circus 2ème Panorama 15 avril-18 Mai 2020 par Franck Unimon

 

Franck Unimon, vendredi 25 fĂ©vrier 2022.  

 

 

 

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Mes photos préférées de 2021

Mes  photos prĂ©fĂ©rĂ©es de 2021 

 

Ce sont des moments et des sentiments que j’ai photographiĂ©s avec mon smartphone et mon appareil photo.

 

Au centre commercial des Halles, alors que les magasins étaient fermés pour cause de pandémie du Covid.

 

 

Paris 13 ème. Il faisait assez froid, ce matin là. Pas très loin du spot 13 que je ne connaissais pas encore.

 

 

 

 

 

Près de la Tour Eiffel. Nous pouvions de nouveau sortir sans limitation horaire ou kilométrique.

 

 

Dans un jardin botanique Ă  Amiens.

 

 

Près de la gare du Nord.

 

 

En revenant du travail, je suis tombé sur ce tournage.

 

 

Du cĂ´tĂ© de Montreuil, en allant acheter un cd d’Erykah Badu Ă  quelqu’un.

 

Certaines oeuvres, alors que vous passez en voiture, arrĂŞtent votre regard. Je suis ensuite revenu quelques jours plus tard. Paris, près de la Place d’Italie.

 

 

Non loin du jardin des Tuileries.

 

Un matin en partant au travail. En haut, le « luxe » lumineux et Ă©tincelant de Dalloyau qui reste. En bas, ceux de passage et dans l’ombre, sans qui le luxe plus haut et ailleurs ne tiendrait pas.

 

 

Au spot 13, Paris 13 ème, que C…m’a fait dĂ©couvrir.

 

A Cergy-St-Christophe, dans une rĂ©gion oĂą j’ai passĂ© la deuxième partie de ma vie. Cette mĂ©diathèque m’a connu.

 

 

 

 

Dans Paris, alors que j’allais recevoir ma première ou ma seconde injection de Moderna. J’ai attendu le dernier moment. Lorsque la vaccination est devenue obligatoire ( passe sanitaire ou test nĂ©gatif obligatoire).

 

Paris 13ème.

 

 

Paris, vers St Michel.

 

Paris. Cette religieuse pourrait ĂŞtre celle de l’affiche du film. Cette idĂ©e m’a plu.

 

 » Screws » d’Alexander Vantournhout. Un des Ă©vĂ©nements dans la catĂ©gorie Cirque/Danse de la manifestation Cergy’soit ! A Cergy-PrĂ©fecture ce samedi 25 septembre 2021.

 

A la cathĂ©drale d’Amiens.

 

Sur l’autoroute.

 

A la gare de Cergy St Christophe.

 

Au cimetière le Père Lachaise, le jour de l’enterrement du rĂ©alisateur Jacques Bral.

 

Le croisement entre le film  » Les Oiseaux » de Hitchcock avec le rappeur Jay-Z en « sosie » de l’artiste Basquiat avec sa femme, la chanteuse/comĂ©dienne BeyoncĂ© en arrière plan, tout cela en plein Paris, c’Ă©tait une belle opportunitĂ© Ă  photographier.

 

Du cĂ´tĂ© de Quiberon, avec mon club d’apnĂ©e.

 

J’ai aimĂ© croire que ces deux femmes, confortablement installĂ©es dans leur grand jardin, voient subitement surgir toutes ces personnes inconnues. Au jardin des Tuileries, bien-sĂ»r.

 

Toutes ces photos m’ont donnĂ© faim. Mon club d’apnĂ©e compte des spĂ©cialistes de la chasse sous-marine. Ce qui nous assure, lors des stages, des repas plus qu’amĂ©liorĂ©s. Un seul plat, sur cette table, comporte un mets achetĂ©. Le reste a Ă©tĂ© pĂŞchĂ© ou chassĂ©. Saurez-vous le dĂ©couvrir ?

 

Tout ce pouvoir, toutes ces ambitions, parfois toute cette culture… et tout ce ridicule. Avant qu’on ne les oublie : De gauche Ă  droite, Eric Ciotti, ValĂ©rie PĂ©cresse, Marine Le Pen, et allongĂ© en Nabilla bimbo, Eric Zemmour.

 

Paris 13 ème, au spot 13.

 

« Grâce » au GĂ©nĂ©ral de Gaulle, rĂ©fĂ©rence des femmes et des hommes politiques de France, les Indigènes avaient Ă©tĂ© exclus du dĂ©filĂ© de la victoire sur les Champs ElysĂ©es, Ă  la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Car trop arabes, trop noirs, trop sauvages et trop colonisĂ©s. Ces deux agents de sĂ©curitĂ© auraient pu faire partie des Indigènes. A quelques minutes Ă  pied des Champs ElysĂ©es, je me suis demandĂ© Ă  quoi ils pensaient. Et ce lion, non loin de lĂ , pouvait aussi bien ĂŞtre avec eux, pour s’assurer que tout se passe bien. Autant pour le touriste, le passant que pour celui qui part ou revient de son travail comme moi ce jour-lĂ .

 

Paris, près des Galeries Lafayette.

 

 

 

A la cathĂ©drale d’Amiens.

 

 

 

 

 

Paris, spot 13.

 

 

Paris, spot 13.

 

Paris, spot 13.

 

Paris, spot 13.

 

Gare de Paris St Lazare.

 

Paris, spot 13.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A Cergy PrĂ©fecture. Pendant Cergy, Soit !  » Screws » d’Alexander Vantournhout dans la catĂ©gorie Cirque/ Danse, ce samedi 25 septembre 2021.

 

 » Screws » d’Alexander Vantournhout, ce samedi 25 septembre 2021, Ă  Cergy-PrĂ©fecture, aux Points Communs/Théâtre 95.

 

 

Cergy-Préfecture.

 

 

 

 

Gare du Nord.

 

 

Argenteuil.

 

Argenteuil. Dans le parc du conservatoire.

 

Cergy St Christophe, pendant Cergy, Soit !

 

Quiberon.

 

Franck Unimon, mardi 11 janvier 2022. 

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Panser les attentats- un livre de Marianne Kédia

 Panser les attentats –un livre de Marianne KĂ©dia

 

(Pour ne pas céder à la peur)

 

Détermination et bienveillance

 

 

La couverture dĂ©couvre deux mains l’une dans l’autre. C’est un geste simple. On pourrait se dire qu’il concerne un adulte et un enfant. Mais il s’adresse Ă  tous. Les derniers mots du livre de la psychologue et psychothĂ©rapeute Marianne KĂ©dia sont « dĂ©termination et bienveillance Â».

 

Une dĂ©termination et une bienveillance dont elle entoure son livre et celles et ceux qui le touchent.  Un livre paru en 2016. 2016, cela paraĂ®t loin maintenant. Il y a quelques jours encore, nous fĂŞtions NoĂ«l 2021. Puis a suivi la nouvelle annĂ©e, 2022.

L’année 2016, c’est loin alors que la pandémie du Covid reflue lors de l’hiver. Avec le variant Omicron, ses plus de trente mutations- contre moins de dix pour le variant Delta encore présent du Covid. Alors que plus de cent mille personnes attrapent le Covid tous les jours, que le gouvernement, après le passe sanitaire, aspire désormais à imposer le passe vaccinal et sans doute la vaccination anti-Covid pour les enfants de moins de 11 ans.

 

La mort kilométrique

 

 

En 2016, nous Ă©tions « ailleurs Â». L’assassinat par un terroriste de l’enseignant Samuel Paty, a eu lieu le 16 d’octobre 2020. Mais, dĂ©jĂ ,  en 2020, les attentats terroristes nous semblaient plus loin qu’ en 2016. Peut-ĂŞtre aussi parce-que, comme l’explique Ă©galement Marianne KĂ©dia dans son livre, avec le principe de la « mort kilomĂ©trique Â», notre perception de l’assassinat de Samuel Paty a t’elle Ă©tĂ© influencĂ©e par notre distance avec l’évĂ©nement :

 

Plus la mort est donnée loin de nous, moins elle nous terrorise. Conflans Ste Honorine, où Samuel Paty a été assassiné, c’est une ville de banlieue distante de vingt kilomètres de Paris. Conflans Ste Honorine est une ville de banlieue parisienne moins connue que d’autres.

 

Bien que situĂ©e dans les Yvelines, la ville de Conflans Ste Honorine est moins connue que Versailles ou St Germain en Laye, lesquelles, dĂ©jĂ , font sans doute plus partie de l’histoire- ancienne- ou du Patrimoine de France. MĂŞme si, ces derniers temps, au travers de la candidate aux Ă©lections PrĂ©sidentielles de 2022, ValĂ©rie PĂ©cresse, on entend peut-ĂŞtre un petit peu plus parler de ces deux villes des Yvelines :

 

Saint Germain en Laye et Versailles.

 

Pour ma part, je connais la ville de Conflans Ste Honorine au moins pour y avoir travaillé. Mais aussi pour y avoir vu le guitariste John McLaughlin en concert. Et, une de mes ex y vit sans doute encore. Donc, pour moi, la ville de Conflans Ste Honorine est bien plus qu’un simple nom sur une carte. Je sais également comment m’y rendre. D’ailleurs, j’y suis passé avant hier en train. Mais je fais ici partie d’une minorité même si cette minorité se compte en milliers de personnes.

 

Alors que les attentats du 13 novembre 2015- dont le procès se déroule encore pendant quelques mois, à Paris- avaient eu lieu en plein Paris. Ou à Saint-Denis.

Contrairement Ă   la ville de Conflans Ste Honorine ou de Magnanville (ville situĂ©e dans l’agglomĂ©ration de Mantes la Jolie, Ă  60 kilomètres de Paris, ou en juin 2016, un policier et sa compagne s’étaient faits  assassiner par un terroriste islamiste) Saint Denis, dĂ©jĂ , est une ville de banlieue proche de Paris.

 

Le 13 novembre 2015, les attentats avaient dĂ©butĂ© dans un endroit oĂą peuvent se retrouver beaucoup de personnes de tous les environs dont Paris : Au Stade de France qui peut accueillir un peu plus de 80 000 personnes et oĂą se dĂ©roulent des Ă©vĂ©nements sportifs de masse. Le Stade de France reçoit des Ă©vĂ©nements sportifs qui bĂ©nĂ©ficient d’un retentissement mĂ©diatique mondial. C’est donc un lieu sans doute plus connu dans le monde que Conflans Ste Honorine ou Magnanville.

 

Puis, après le Stade de France, le 13 novembre 2015, les attentats avaient essaimĂ© en plein Paris. Je me rappelle encore oĂą j’étais cette nuit-lĂ  : au travail, dans le 18 ème arrondissement de Paris. J’avais appris la « nouvelle Â» des attentats par ma collègue de nuit, qui, elle-mĂŞme, l’avait appris par son compagnon. Autrement, de notre cĂ´tĂ©, tout Ă©tait calme. Tant dans le service que dans le quartier.

Le lendemain matin, vers 7 heures du matin, j’était rentré chez moi. On rentre chez soi différemment lorsque l’on sait que durant la nuit ont eu lieu des attentats dans la ville où l’on se trouve.

Photo prise ce 22 décembre 2021 au Spot 13, à Paris.

En 2016, quand paraĂ®t ce livre de Marianne KĂ©dia, notre attention, tant gĂ©ographiquement, psychologiquement que chronologiquement, est davantage happĂ©e par les attentats- rapprochĂ©s–  comparativement Ă  aujourd’hui, en 2022.

Rappelons aussi qu’Ă  Nice, le 14 juillet 2016, un attentat terroriste effectuĂ©  » au camion-bĂ©lier » sur la promenade des Anglais- donc pendant les rĂ©jouissances nationales du 14 juillet- avait fait 86 morts et plus de 400 blessĂ©s.

 

Détermination et bienveillance

 

 

En 2016, ces attentats semblaient partis pour muter sans s’arrĂŞter. C’est dans ce contexte que Marianne KĂ©dia a Ă©crit ce livre, Panser les attentats.  En psychologue et psychothĂ©rapeute dont les armes sont faites de….dĂ©termination et de bienveillance. Il faut bien se rappeler que les deux termes- dĂ©termination et bienveillance– sont ici rassemblĂ©s et clĂ´turent le livre. C’est qu’ils prononcent l’intention principale de l’ouvrage. Une personne terroriste, peu importe son idĂ©ologie, islamiste ou autre, est Ă©galement dĂ©terminĂ©e. Mais elle est rarement ou exceptionnellement bienveillante pour autrui lorsqu’elle passe Ă  l’action.

 

Selon le dernier ouvrage de Hugo Micheron, Le Jihadisme Français : Quartier, Syrie, Prisons paru en 2020 (citĂ© comme l’ouvrage actuel de rĂ©fĂ©rence sur le sujet par Charlie Hebdo dans son numĂ©ro de cette semaine), la stratĂ©gie des jihadistes serait dĂ©sormais de privilĂ©gier davantage l’infiltration dans la sociĂ©tĂ© française par le biais de l’action sociale, politique et culturelle surnommĂ©e le « soft power Â».  Par ailleurs, d’autres attentats auraient Ă©tĂ© dĂ©samorcĂ©s Ă  temps par les services dont c’est la fonction.

 

Mais cela ne nous préserve pas pour autant définitivement d’autres attentats. Notre monde continue de se transformer. Et, ce qui se déroule par exemple en Afghanistan avec les Talibans qui ont repris le Pouvoir, ou ailleurs, peut avoir pour conséquence la réalisation d’autres attentats.

 

Les atouts et attraits de cette lecture

 

La prévention

 

Souvent, nous attendons que certains événements nous heurtent. Comme s’ils étaient à jamais improbables ou disparus pour toujours. Comme si nous devions constamment ou régulièrement découvrir ou redécouvrir que certaines violences et certaines catastrophes subsistent et existent. Alors que nous avons la possibilité mais aussi la capacité, en nous informant mais aussi en nous formant, de le savoir voire de nous y préparer.

 

Aujourd’hui, en 2022, on peut aussi lire cet ouvrage Ă  titre prĂ©ventif pour diverses situations – extrĂŞmes- de notre vie courante. La prĂ©vention est une prĂ©caution dont on fait trop souvent l’économie. Je pars du principe qu’il y a de fausses Ă©conomies :

 

A ĂŞtre trop sĂ»rs de soi, certaines fois, on nĂ©glige certains domaines. Et, ensuite, il arrive de se retrouver dans l’embarras, du genre en panne sèche sur l’autoroute Ă  cinquante kilomètres de la première station d’essence, ou en Ă©tat de panique face Ă  une situation rĂ©ellement inquiĂ©tante qui, pourtant, s’était dĂ©jĂ  produite. Dans certains pays tels le Japon, sujet aux tremblements de terre, la population est Ă©duquĂ©e ou entraĂ®nĂ©e de façon Ă  savoir comment rĂ©agir lorsque la terre tremble.  

 

Marianne KĂ©dia le rappelle bien : le terrorisme a pour but de dĂ©truire la cohĂ©sion sociale.

Vu comme ça, la « cohĂ©sion sociale Â», peut faire penser Ă  une chose abstraite, floue et gĂ©nĂ©rale, donc très distante de soi. La « cohĂ©sion sociale Â», on peut penser que c’est les autres Ă  vingt ou trente kilomètres de soi. Ou que cela concerne l’assistante sociale. MĂŞme si c’est vrai, ce qui va se passer Ă  vingt ou trente kilomètres de soi- ou plus proche de soi- aura des effets, d’une façon ou d’une autre, sur nous.

 

Si le but du terrorisme, c’est de dĂ©truire la cohĂ©sion sociale, ce qui nous tue, aussi, d’abord, tous les jours, c’est d’être de plus en plus, chacun dans son camp, Ă©trangers les uns aux autres. Cela a ses avantages : une certaine libertĂ© hors du jugement des autres. Sauf que si nous sommes Ă©trangers les uns ou autres, il arrive aussi que nous soyons aussi des Ă©trangers pour nous-mĂŞmes.

Dans la vie sociale, nous sommes souvent plus superposĂ©s ou amenĂ©s Ă  occuper un espace et un moment qu’ensemble. Donc, dĂ©jĂ , nous sommes plus ou moins quelque peu extĂ©rieurs Ă  une certaine cohĂ©sion sociale :

 

Si une personne dans les transports en commun, ou ailleurs, se fait agresser devant plusieurs tĂ©moins qui restent passifs. Alors que ces tĂ©moins sont numĂ©riquement plus nombreux que le ou les agresseurs, c’est aussi parce-que cette personne qui se fait agresser devant eux leur est « inconnue Â». Distante et inconnue. Etrangère. Le destin de cette victime leur semble d’abord n’avoir aucun rapport avec leur propre destin ou ne serait-ce qu’avec leur rĂ©putation.

 

 

Cependant, je ne passe pas mes jours et mes nuits Ă  guetter l’attentat qui rĂ´de. Je continue de prĂ©fĂ©rer d’autres occupations que celles de « chasseur Â» ou de « pisteur Â» d’attentats. Et puis, je n’ai pas de compĂ©tences ou de dons pour dĂ©tecter les attentats.

 

Par contre, j’ai trouvé dans les propos de Marianne Kédia des réponses qui peuvent s’appliquer, aussi, à bien d’autres situations que des attentats.

 

Trop souvent, la tendance est à cloisonner les disciplines comme les expériences. Alors que ce que l’on apprend dans une discipline ou dans une expérience peut se transposer dans d’autres domaines. C’est pour cela que j’ai lu l’ouvrage de Kédia autant en tant que personne qu’en tant que soignant.

Par exemple, lors de la nuit des attentats du 13 novembre 2015, après avoir appris par son compagnon que des attentats avaient lieu en plein Paris, oĂą notre service d’hospitalisation pĂ©dopsychiatrique pour adolescents se trouve , ma collègue de nuit m’avait alors dit :

 

« J’ai envie d’allumer la tĂ©lĂ© pour regarder les infos…. Â»

 

Ma rĂ©action avait Ă©tĂ© instinctive :

 

« Tu peux. Mais sans moi ! Â».

 

Avant même d’allumer la télé, je savais ce sur quoi nous allions tomber. Regarder la télé, à ce moment-là, c’était se faire gaver comme des oies, en continu, avec des informations anxiogènes. Je ne voyais pas en quoi cela allait ou pouvait m’apporter quoique ce soit de bénéfique. Cette certitude me venait sans aucun doute de mes souvenirs de ces heures passées, chez mes parents, à rester cramponné, pendant des heures, à des programmes télé de plus en plus débiles à mesure que je les regardais. Je m’apercevais que je m’avançais de plus en plus sur l’autoroute du néant de la pensée. Pourtant, je restais fixé, crucifié, devant l’écran.

 

Mes souvenirs des spots d’informations répétitifs de la radio France Info, écoutés à une époque où j’ambitionnais ainsi de m’informer et me cultiver, sont sans doute aussi remontés la nuit du 13 novembre 2015. Lorsque j’ai répondu à ma collègue et amie.

 

A la fin de son livre, Marianne KĂ©dia, donne entre-autres, comme recommandation, de limiter notre exposition Ă  la tĂ©lĂ© en pĂ©riode d’attentats prĂ©cisĂ©ment pour Ă©viter de connaĂ®tre une anxiĂ©tĂ© galopante qui pourrait franchir toutes les frontières. A la place, elle prĂ©conise, Ă  juste titre, de s’informer en lisant des journaux voire, en Ă©coutant la radio (en Ă©vitant les radios qui rĂ©pètent les mĂŞmes flashes en continu).  Car la surinformation fait des dĂ©gâts comme le surarmement.  Marianne KĂ©dia fait ainsi cette analyse :

 

Le plus souvent, lorsque des informations nous sont « donnĂ©es Â»Ă  chaud par rapport Ă  un Ă©vĂ©nement catastrophique ou choquant, ces informations, masquent leur vide par leur rĂ©pĂ©tition industrielle. Elles nous injectent principalement du bruit sonore, des suppositions, de l’agitation et du parasitage qui mettent et maintiennent en alerte. Alors que cet Ă©tat d’hyper-vigilance, de peur et d’alerte maximale n’a aucune utilitĂ© pour la majoritĂ© des personnes qui Ă©coutent ou regardent ces informations. 

 

Marianne KĂ©dia considère que les mĂ©dia, lorsqu’ils se comportent de cette manière, agissent comme un « cerveau traumatisĂ© Â» qui rĂ©pète en boucle la mĂŞme information. Je me dis ce soir qu’à comparer alors certains mĂ©dia Ă  un  « cerveau traumatisĂ© Â» que KĂ©dia est encore trop indulgente. Et qu’elle pense encore en soignante bienveillante et optimiste qui peut aider Ă  guĂ©rir.

 

Je suis peut-ĂŞtre moins bienveillant ou moins optimiste qu’elle car, moi, devant cette banalisation et cette hyperproduction de bruit sonore, de suppositions, d’agitation et de parasitage, je vois surtout ce avec quoi notre civilisation et notre sociĂ©tĂ© nous  Ă©duque, nous nourrit et nous dirige rĂ©gulièrement. Et, il faut des Ă©vĂ©nements plus marquants que d’autres, tel un attentat, une pandĂ©mie ou les fĂŞtes de NoĂ«l avec toute sa mise en scène avec les illuminations, les promotions et les rĂ©clames oĂą, d’un seul coup, on se doit d’être joyeux coĂ»te que coĂ»te pour s’apercevoir de certains aspects disproportionnĂ©s et pathologiques de notre mode de vie.

 

Pedigree, pédagogie

 

Je n’avais jamais entendu parler de Marianne KĂ©dia avant ma lecture rĂ©cente de Ricochets-Un livre de Camille Emmanuelle qui la cite, entre autres. Dans son livre, Camille Emmanuelle cite aussi Patrick Pelloux, lequel avait Ă©galement Ă©crit sur son deuil après les attentats de Charlie Hebdo ( voir L’instinct de vie ). 

 

 

Marianne Kédia, spécialisée dans le traitement des psycho-traumas (ou PTSD dans son appellation anglaise) a également écrit Dissociation et mémoire traumatique et participé à la rédaction de L’aide-mémoire psycho-traumatique.

 

Par ailleurs, elle cite entre autres Bessel A. Van Del Kolk qu’elle présente comme l’un des plus grands spécialistes actuels du syndrome post-traumatique. Lequel a écrit l’ouvrage Le corps n’oublie rien.

 

Diplômée en 2003, Marianne Kédia compte déjà une certaine expérience clinique dans plusieurs univers. Dans le monde de l’entreprise, dans l’Humanitaire, dans des associations et à l’hôpital.

 

J’ai Ă©tĂ© marquĂ© par son engagement dans son travail. Je me demande comment on peut maintenir un tel engagement, sur la durĂ©e, comme elle le fait, lĂ  oĂą elle le fait. Son mĂ©tier est autrement plus Ă©prouvant que d’autres. Pour moi, le mĂ©tier de soignant consiste Ă  « manger de la violence et de la souffrance Â».

 

Son très grand engagement vient-il de son « jeune Â» âge ou d’une passion comme elle le dit ?

 

Quoiqu’il en soit, dans une pĂ©riode de grande violence et de grande souffrance, les personnes qui savent nous divertir, nous faire rĂŞver mais aussi celles qui visent Ă  nous rassurer et nous soigner jouent un rĂ´le prĂ©pondĂ©rant dans une sociĂ©tĂ©. On l’oublie souvent- mĂŞme des soignants l’oublient- mais un soignant joue Ă©galement un rĂ´le fondateur, pacificateur, Ă©galitaire, dĂ©mocratique et stabilisateur dans une sociĂ©tĂ©. Soit l’opposĂ© du terrorisme qu’il soit religieux, intellectuel, Ă©conomique ou politique.  Ou de l’inquisition.

 

L’ouvrage, Panser les attentats (sans doute aussi un jeu de mot avec le verbe « penser Â») de Marianne KĂ©dia est parĂ© de ces vertus fondatrices, pacificatrices, Ă©galitaires, dĂ©mocratiques et stabilisatrices.

 

Son livre se parcourt plutĂ´t facilement. Il est très pĂ©dagogique. L’humour le ponctue dans certains passages. La fin me donne un peu l’impression d’avoir Ă©tĂ© Ă©crite plus rapidement que les trois premiers quarts. Je trouve aussi qu’elle insiste beaucoup pour orienter vers son corps de mĂ©tier, en cas de besoin, les psychologues.  Mais elle connaĂ®t son sujet. Son livre est Ă  avoir, Ă  lire et  Ă  appliquer. Avec dĂ©termination.

 

Franck Unimon, ce dimanche 9 janvier 2022.

 

 

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Pour prendre son temps en main

                         Pour prendre son temps en main

 

« Après la folie des achats de cadeaux de NoĂ«l, la folie du retour des vacances de NoĂ«l… Â»

 

 

C’est ce que je me suis dit, il y a quelques jours. Seulement perchĂ© sur mon petit vĂ©lo pliant achetĂ© dans l’enseigne DĂ©cathlon  l’annĂ©e dernière. Tandis que je me rendais Ă  mon travail depuis la gare St Lazare.

 

Depuis, comme Ă  chaque fois, je m’y suis fait. Puisque je suis aussi fait de cette folie. Nos ennuis avec les autres commencent peut-ĂŞtre – ou toujours- lorsque notre folie est par trop diffĂ©rente de celle des autres. Et qu’elle nous contraint, eux et nous, Ă  nous adapter, Ă  nous adopter, les uns aux autres.

 

A force d’efforts, d’épuisement, de découragement ou peut-être parce-que, précisément, nous n’avons pas du tout envie de faire des efforts, de trop nous fatiguer ou de persister et que nous estimons que c’est aux autres de faire le plus d’efforts, les conflits éclatent. Nos dérailleurs sautent. Nos freins ne fonctionnent plus. Nos phares s’éteignent. Nos cerveaux disjonctent, batterie faible.

 

Ensuite, nous nous escrimons dans l’absolu et la violence, tels des vers de terre emmĂŞlĂ©s les uns aux autres, milliers de spaghettis obsĂ©dĂ©s par cette destination que nous voulons Ă  tout prix atteindre- et au plus vite- hors de l’assiette et surtout hors de portĂ©e de la Grande Fourchette. Comme si cet endroit- hors des bouchĂ©es du nĂ©ant-   nous possĂ©dait. Sauf que les autres ont, aussi, la mĂŞme obsession et sont tout autant possĂ©dĂ©s que nous. Eux, aussi, veulent sortir, par n’importe quel moyen de leur statut de ver de terre ou de spaghetti qui s’enlise dans de la très mauvaise sauce tomate et oĂą toutes les artères, un beau jour, se figent.

 

 

Ce matin, rien de tout ça. Je suis simplement allé emmener ma fille à l’école, à pied, à quelques minutes de chez nous. Je voulais discuter avec le directeur. Mais pas pour lui parler de vers de terre et de spaghettis.

 

Le directeur de l’école était absent dans la cour. Par contre, à l’entrée de l’école, la maitresse de ma fille, et une de ses anciennes maitresses, vérifiaient que chacun ait bien l’attestation sur l’honneur des parents, à la date du jour, spécifiant que, oui, leur enfant avait bien effectué ( ou subi) un autotest antigénique à la maison. Et que celui-ci était bien négatif. Devant moi, j’ai vu un môme d’à peine huit ans, venu seul à l’école, faisant de son mieux pour répondre lorsque la maitresse lui a demandé avec gentillesse s’il avait bien fait un test et s’il avait l’attestation sur l’honneur signée par ses parents. Non, il ne l’avait pas. Elle lui a alors demandé- avec indulgence- d’entrer dans la cour et d’attendre sur le côté.

 

La rentrĂ©e des classes s’est faite ce lundi. Premier cas positif du Covid dans la classe de ma fille. Jusque lĂ , j’en entendais parler ailleurs, dans la classe d’un de mes neveux, dans l’ancien service oĂą je travaillais oĂą, cette semaine, une de mes ex-collègues et amie m’a parlĂ© de cluster. Comme j’avais entendu parler des plus de cent mille cas positifs de Covid par jour depuis les vacances de NoĂ«l. Mais jusque lĂ , nous y avions Ă©chappĂ©. Après m’être fait matraquer, comme tout le monde, par l’abattage mĂ©diatique – et autre-  supra anxiogène, Ă  partir de juillet 2020, j’ai quittĂ© l’aussi gigantesque que tentaculaire tapis mĂ©canique qui semblait n’avoir que pour principale activitĂ© de faire de nous des soldats de plomb qu’il s’agissait de convoyer d’un champs de mines de la peur Ă  d’autres champs de mines de la peur. Je porte des masques, je me lave les mains avec du savon, j’ai fait mes deux injections de Moderna et bientĂ´t trois quand ce sera le moment. Je ne peux pas faire plus. Et je ne veux pas faire plus en matière de folie viscĂ©rale et sociĂ©tale.

 

J’avais beaucoup aimĂ© la phrase du psychiatre Serge Hefez. J’ai retenu ça de celle-ci :

 

« La pandĂ©mie du Covid a plutĂ´t tendance Ă  stabiliser les patients psychotiques et Ă  rendre fous les gens normaux Â».

 

 

Qu’est-ce que nous sommes nombreux Ă  ĂŞtre devenus fous depuis le dĂ©but de cette pandĂ©mie du Covid. Et nous avons encore un très grand potentiel crĂ©atif. Je suis sĂ»r que nous sommes encore Ă©loignĂ©s de nos plus grands chefs d’œuvre en matière de comportement et de raisonnement Ă  propos du Covid. D’abord, en un temps record, nous sommes pratiquement tous devenus Ă©pidĂ©miologistes. Soit la version sanitaire de toutes celles et ceux qui se font les arbitres et les sĂ©lectionneurs Ă©minents de matches de Foot,  de hand, de tennis ou de combat UFC. Comme de toutes celles et ceux qui se font critiques de cinĂ©ma.

 

Un peu plus fou que d’habitude :

 

 

Moi, ce matin, je suis devenu un peu plus fou que d’habitude parce-que :

 

Trois jours de cours ( ce mardi, la maitresse Ă©tait absente l’après-midi et le mardi matin, notre fille est restĂ©e avec nous) trois tests antigĂ©niques ?

 

Mais j’ai su rester calme et digne devant ma fille. Alors qu’elle s’éloignait dans la cour vers son destin d’écolière, j’ai demandé à discuter avec la maitresse.

 

Fort heureusement, nous sommes rapidement arrivés à nous entendre, la maitresse et moi. Et puis, le troisième test était déjà fait.

C’est un mail adressé par la maitresse et le directeur d’école, lu hier soir sur le compte Beneylu, qui a amené une certaine confusion.

 

Et, ce matin, la solution Ă  cette confusion a Ă©tĂ© donnĂ©e par cette pratique ancestrale, traditionnelle, archaĂŻque, primitive et rĂ©volutionnaire :

 

La discussion.

 

 

Une pratique ancestrale, traditionnelle, archaĂŻque, primitive et rĂ©volutionnaire :

 

Prendre le temps de s’adresser Ă  l’autre. De le rencontrer. Lui parler calmement. Lui expliquer qu’il puisse comprendre ce qui nous « motive Â». Lui laisser le temps d’incorporer et d’additionner les informations que nous lui donnons. Des informations qu’il ne peut pas deviner mĂŞme si celles-ci sont Ă©videntes pour nous tant nous avons pu les ruminer. Le laisser respirer. Ne pas le saisir comme on jette de l’huile sur un poĂŞle qui se trouve sur le feu depuis une bonne heure. Parler de manière aussi dĂ©tendue que possible.  Si possible, articuler. Etre Ă©coutĂ© de lui. Ecouter sa rĂ©ponse. Prendre sa rĂ©ponse comme l’on pourrait prendre notre propre pouls. Avoir encore la croyance ou l’optimisme que cette personne en face de nous est aussi sincère que nous.

 

Cela nécessite du temps. Un peu de temps.

 

En moins de trois minutes – je n’ai mĂŞme pas eu le temps de chronomĂ©trer- la discussion Ă©tait terminĂ©e et l’accord trouvĂ©. Je n’ai, Ă  aucun moment, eu l’impression que ces trois minutes de conversation (cinq si l’on inclue la petite attente afin que la maitresse qui accueillait les enfants qui arrivaient puisse se rendre disponible) m’ont demandĂ© un effort surhumain.

 

Je n’ai pas eu besoin de me ronger les ongles, d’allumer une cigarette ou de donner des coups de pied dans la grille ou de hurler devant l’école pour patienter. Et, je n’ai pas eu l’impression, non plus, de passer pour un moins que rien parce-que la maitresse m’a demandé d’attendre un petit peu.

 

Cela valait la peine d’attendre un peu :

 

Ma fille n’avait pas Ă  subir un nouvel autotest antigĂ©nique aujourd’hui après en avoir  dĂ©jĂ  eu un la veille. Mais demain, samedi. Soit tous les deux jours. Au passage, la maitresse de me dire qu’elle compatissait beaucoup avec les enfants. Elle-mĂŞme trouve ça très dur, ces tests Ă  rĂ©pĂ©tition. Merci madame et bonne journĂ©e.

 

Le minimum des corrections

 

En rentrant, je passe saluer cette commerçante. Cela fait des années que, quelques fois, je passe pour discuter un peu avec elle. Cela n’a rien à voir avec de la drague. On peut être un spaghetti ou un ver de terre et avoir d’autres intentions que celle de se reproduire.

 

Il existe des commerçants et des commerçantes qui prennent le temps de discuter avec leur clientèle. Même si cette clientèle ne les a sollicités qu’une fois ou deux. J’ai ce profil.

 

Ce matin, je passe la voir parce-que je me dis que, quand mĂŞme, une nouvelle annĂ©e a commencĂ©. Et, il y a plus d’un mois, je lui avais demandĂ© de me refaire des masques en tissu anti-Covid. Elle m’avait alors rĂ©pondu que certains clients le lui avaient demandĂ©, pour, finalement, ne jamais revenir les acheter. Je lui avais passĂ© commande et lui avais  alors assurĂ© :

« Moi, je reviendrai Â».

 

Je reviens donc aussi pour ça. C’est le minimum des corrections. Elle m’apprend qu’elle n’en fait plus. Elle s’est renseignĂ©e : elle n’a plus le droit d’en vendre car les masques qu’elle fait ne sont pas homologuĂ©s. Pourtant, elle a pris un de ces masques homologuĂ©s, l’a ouvert. Ils sont faits de la mĂŞme manière que les siens. Elle ajoute que certaines entreprises ont beaucoup de stocks de masques en tissus Ă  Ă©couler. Qu’elle pourrait en vendre. Cela lui a peut-ĂŞtre mĂŞme Ă©tĂ© proposĂ©.

 

Je lui demande « Pourquoi vous n’en vendez pas ? Â».

 

Elle me rĂ©pond :

 

« Pour vendre des masques cinq euros alors que je vendais les miens, deux euros ? DĂ©jĂ  que je ne prenais pas d’argent sur la vente de ces masques. Je prenais juste sur mon temps personnel. Mais, lĂ , je ferais ça pour gagner un euro ? Â».

 

Il existe donc, encore, des commerçantes et des commerçants comme cette personne. Mais la suite de notre discussion se fait plus personnelle lorsque je lui demande :

 

« Alors, quels sont vos projets pour cette annĂ©e ? Â»

 

Elle me rĂ©pond : «  Prendre soin de moi Â».

Je lui rĂ©ponds : « C’est un beau projet Â». Elle m’en dit plus alors que je l’interroge. Elle se raconte. Je comprends complètement son expĂ©rience. Et l’encourage. Je lui parle aussi un peu de moi, de ma fille qu’elle « connaĂ®t Â». Tout ce qu’elle me dit m’encourage aussi et concorde avec mes projets de vie. Nous nous apercevons que, malgrĂ© une quarantaine   d’annĂ©es d’écart, certaines de nos expĂ©riences de vie se ressemblent. Elle a Ă©tĂ© une grande prĂ©maturĂ©e Ă  la naissance. Ma fille a Ă©tĂ© une grande prĂ©maturĂ©e Ă  la naissance.

 

Je dĂ©couvre qu’elle Ă©crit, qu’elle peint, qu’elle a fait du théâtre. 

 

Notre conversation aura durĂ© dix minutes. Peut-ĂŞtre quinze. C’est le genre de discussion qui peut devenir le moteur de toute une journĂ©e. Alors que nous passons tant de temps, tous les jours, Ă  nous dĂ©foncer pour des actions et des rĂ©sultats qui ne nous apportent mĂŞme pas le quart de ce que cette discussion m’a donnĂ© ou redonnĂ©. Et c’est comme ça, tous les ans. Presque tous les jours. 

 

Donner du temps psychique

 

 

Tout Ă  l’heure, je vais revoir un ancien collègue, Ă©ducateur spĂ©cialisĂ©. Son pot de dĂ©part Ă  la retraite devait avoir lieu hier dans ce service oĂą nous nous sommes rencontrĂ©s il y a plus de dix ans. Mais il a Ă©tĂ© annulĂ© pour cause de pandĂ©mie du Covid. C’est lui qui, assez embarrassĂ© de me reprendre, m’avait dit, un jour, alors que je faisais passer le temps en regardant mon tĂ©lĂ©phone portable :

 

« Notre travail, c’est de donner du temps psychique Â».

 

 Après avoir publiĂ© cet article, je vais passer le voir chez lui. Comme nous en avons convenu, lui et moi.  Je prendrai le train. Une autre façon de bien prendre mon temps en main.

 

 

Franck Unimon, ce vendredi 7 janvier 2022.

 

 

 

 

 

 

 

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Helie de Saint Marc par Laurent Beccaria

Helie de Saint Marc par Laurent Beccaria

 

 

« Tu veux ĂŞtre bon ?! Va oĂą est le chaos… Â».

 

Nous sommes des millions, en France, Ă  considĂ©rer qu’à partir de ce soir ( ce vendredi 17 dĂ©cembre 2021)  vont dĂ©buter les vacances de NoĂ«l. Et de nombreux prĂ©paratifs, dans cette intention, ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© entamĂ©s.

 

Qu’est-ce qu’on va manger ? Avec qui on va faire la fĂŞte ? Quoi offrir ?

 

Pour certains, Noël et ses vacances sont une période joyeuse. Pour d’autres, il s’agira d’un bataillon de leurres à endurer plus que d’autres jours. Une croix à porter.

Gare de Paris St Lazare, 7 décembre 2021.

 

 

Toutes ces illuminations et ces airs de musique optimistes. Avec ces suggestions de cadeaux qui se dĂ©versent mĂŞme dans  des mĂ©dia « sĂ©rieux Â». ForĂŞts hormonales- et de nitrates- surgies brutalement et Ă  travers lesquelles il s’agira de cheminer comme si tout cela Ă©tait normal. Et qui disparaitront ensuite pour ĂŞtre remplacĂ©es par d’autres tĂ©nors magistraux : les soldes, la galette des rois….

 

HĂ©lie de Saint Marc, lui, ne fĂŞtera pas NoĂ«l. Il est mort en 2013…à 91 ans.  Après plus de 90 NoĂ«l. C’est une longĂ©vitĂ© Ă©tonnante pour un homme qui a fait beaucoup plus que de dĂ©corer des sapins de NoĂ«l.

 

Il a envoyé quelques hommes au sapin, en a vu d’autres se faire harponner par lui. Et, lui-même, dans sa jeunesse, avait évité de peu sa transformation en sapin. C’était pendant la Seconde Guerre Mondiale, dans un camp de concentration nazi. Il avait à peu près vingt ans. Puis en Indochine. Il y avait eu, aussi, la Guerre d’Algérie….

 

Les dĂ©corations militaires qu’ HĂ©lie de Saint Marc avait reçues ne venaient pas d’un magasin vendant des articles pour NoĂ«l.  

 

Je serai peut-être décédé bien avant mes 91 ans, moi qui bénéficie encore de la sécurité sociale, d’une certaine sécurité de l’emploi et qui réussis à manger à ma faim. Mais aussi à me plaindre, à être insatisfait. Et si, un jour, on parle un petit peu plus de moi que lui et de toutes celles et tous ceux qui lui ont ressemblé, qui lui ressemblent ou lui ressembleront, noirs, blancs, jaunes, arabes, hétérosexuels ou homosexuels, transgenres ou queer, femmes, hommes ou enfants, cela ne changera rien aux faits.

 

Les faits sont que HĂ©lie de Saint Marc, comme celles et ceux qui lui ressemblent, pour moi, est une très grande personne. Beaucoup plus que moi. Et, obtenir plus de « popularitĂ© Â» que lui, si cela arrivait, n’y changera rien.

L’Ă©crivaine Annie Ernaux, vraisemblablement en 1963.

 

Soyons prĂ©cis : c’est ce que j’ai cru entrevoir chez l’homme qu’a Ă©tĂ© HĂ©lie de Saint Marc, malgrĂ© son parcours de militaire qui me fait Ă©crire ça. Certaines de ses…valeurs. Il aura Ă©tĂ© un homme engagĂ© et un rĂ©sistant. Il existe diffĂ©rentes formes de rĂ©sistances. Pour moi, lorsque Annie Ernaux, dans sa nouvelle, L’évĂ©nement, raconte son avortement clandestin, en 1963, alors qu’elle a une vingtaine d’annĂ©es, dans le pĂ©rimètre de Rouen, je vois aussi une rĂ©sistante.

Et, lorsqu’en Guadeloupe, le musicien Vélo, joue du Gwo-Ka, alors que ce genre de musique est alors mal perçu ( ou le Maloya à la Réunion à une certaine époque), je vois aussi un résistant.

 

Aujourd’hui, le mot RĂ©silience, beaucoup transmis par Boris Cyrulnik, est souvent « dictĂ© Â» comme une Ă©vidence, mĂŞlĂ©s parmi d’autres termes qui seraient nos boussoles et nos idĂ©aux communs et immĂ©diats :

 

Humanité, tolérance, bienveillance, être une famille, entraide, solidarité, écologie, démocratie, égalité, liberté, écoute, assistance, conseil, rebondir…

 

Les personnes résistantes sont celles qui s’aperçoivent que la pensée dominante est un échec. Et que le chaos auquel cette pensée obéit ne fera rien sortir de bon ou de meilleur chez l’être humain.

 

« Tu veux ĂŞtre bon ?! Va oĂą est le chaos…. Â». Cette phrase ne signifie pas :

 

« Fais-toi plaisir, Ă©crase tout le monde autour de toi parce-que tu es très fort et que tu as beaucoup de pouvoir Â».

 

Cette phrase ne signifie pas : « Bâtis un empire de carnage Ă  ton image et prends ton pied absolu sans te retourner. Et sans jamais te prĂ©occuper des autres ou te consacrer Ă  eux Â».

 

Contexte de lecture

 

HĂ©lie de Saint Marc, un prĂ©nom et un nom  inconnus, aujourd’hui.

 

Comparativement au variant Omicron de la pandémie du Covid. Au rappeur Orelsan .

Gare de Paris St Lazare, 7 décembre 2021. En haut à droite, au dessus de la sortie, une affiche montrant le rappeur Orelsan pour la promotion de son nouvel album  » Civilisation ».

 

 

Pardon pour la chronologie mais j’essaie de trouver des actualitĂ©s qui parlent ou parleront rapidement au plus grand nombre :

 

Ouvrage dirigé par Zineb El Razhaoui, ancienne journaliste de  » Charlie Hebdo », dans lequel elle recueille 13 témoignages de victimes ou de proches de victimes des attentats islamistes du 13 novembre 2015 à Paris. Elle fait aussi le portrait du meneur de ces attentats.

Le procès des attentats islamistes du 13 novembre 2015 ; Le candidat aux Ă©lections prĂ©sidentielles polĂ©miste-journaliste-Ă©crivain-extrĂ©miste de droite-futur papa Eric Zemmour ; la pĂ©nurie infirmière et mĂ©dicale ;

 

 

L’hebdomadaire TĂ©lĂ©rama de ce 15 dĂ©cembre 2021.

 

 

le refus du passe sanitaire et de l’obligation vaccinale en Guadeloupe et dans d’autres rĂ©gions de France et d’outre-mer ;

 

 

Le journal  » Charlie Hebdo » de ce 15 décembre 2021.

 

 

la normalisation des relations de certains pays du Machrek tels le Maroc avec IsraĂ«l ; L’emprise croissante de la Chine sur Hong-Kong et dans le Monde ; L’incarcĂ©ration Ă  la prison de la SantĂ© de Claude GuĂ©ant , l’ancien Ministre de l’intĂ©rieur très sĂ»r de lui, de l’ex PrĂ©sident de la RĂ©publique, Nicolas Sarkozy pour dĂ©tournement de fonds ; L’accusation de viol portĂ©e Ă  l’encontre de personnalitĂ©s populaires ( masculines) telles que Nicolas Hulot, ancien Ministre mais aussi animateur de tĂ©lĂ© vedette, Yannick Agnel, ancien champion olympique de natation ; La Turquie qui brĂ»le ou ampute les doigts de certains de ses Ă©crivains afin qu’ils ne puissent plus Ă©crire ; La sonde Parker Solar Probe, de la NASA, qui a « touchĂ© le soleil pour la première fois Â» (La sonde lancĂ©e en 2018  «   a franchi une bordure symbolique appelĂ©e la frontière d’Alfvèn Â» situĂ©e Ă  15 millions de kilomètres de la surface du Soleil Â». Article de France info publiĂ© le 16 dĂ©cembre 2021) ; la sortie du « nouveau Â» film Matrix RĂ©surrections ce 22 dĂ©cembre 2021. La mort rĂ©cente de Pierre Rabhi, Ă©cologiste modèle, homophobe et assez misogyne.  

 

 

Première page de couverture du journal  » Charlie Hebdo » de ce 8 dĂ©cembre 2021. Avec, Ă  gauche, l’homme politique, Eric Ciotti, au centre, la femme politique ValĂ©rie PĂ©cresse, Ă  droite, la femme politique Marine Le Pen et, allongĂ©, Ă  plat ventre, Eric Zemmour ex-journaliste, polĂ©miste, Ă©crivain qui s’est dĂ©clarĂ© rĂ©cemment candidat aux Ă©lections prĂ©sidentielles de 2022.

 

 

Hélie de Saint Marc n’appartient plus à cette époque. Mais je cite ces quelques événements car je crois que connaître un peu le contexte qui entoure une lecture peut rajouter du relief et une certaine profondeur à un article.

 

La couverture de l’hebdomadaire TĂ©lĂ©rama de ce 15 dĂ©cembre 2021. Le rappeur Joey Starr, un des meneurs du groupe de Rap NTM ou SuprĂŞme NTM y est montrĂ© en première page. Aujourd’hui, le groupe NTM n’existe plus. Mais un film consacrĂ© au groupe  » Les SuprĂŞmes » d’Audrey Estrougou est sorti au cinĂ©ma le 24 novembre 2021 et marche plutĂ´t bien en salle. Par ailleurs, Joey Starr, depuis cette photo en 1988, est depuis devenu un acteur et un comĂ©dien ( tant au cinĂ©ma qu’au théâtre) reconnus. Ce que rien en particulier ne laissait prĂ©sager lorsque le groupe NTM a sorti ses premiers albums dans les annĂ©es 90, Joey Starr se faisant plus « connaĂ®tre » pour ses frasques ainsi que pour sa musique et ses prestations scĂ©niques.

 

 

Ma « dĂ©couverte Â» de HĂ©lie de Saint Marc  :

J’avais « entendu Â» parler de HĂ©lie de Saint Marc sans doute un peu avant sa mort.

 

« Tu veux ĂŞtre bon ?! Va oĂą est le chaos Â» n’est pas de lui.

 

Le Maitre Kacem Zoughari en couverture d’un prĂ©cĂ©dent numĂ©ro de la très bonne revue d’Arts martiaux, Yashima.

 

 Cette phrase- Ă  laquelle j’ai dĂ©jĂ  fait rĂ©fĂ©rence- a Ă©tĂ© prononcĂ©e par Kacem Zoughari, Maitre d’Arts martiaux, lorsqu’il avait Ă©tĂ© interviewĂ© pour le magazine Yashima par LĂ©o Tamaki, un autre Maitre d’Arts Martiaux. Un des Maitres d’Arts Martiaux de Kacem Zoughari , devenu un Sensei lui-mĂŞme, lui avait donnĂ© un jour ce « conseil Â».

 

 

 HĂ©lie de Saint Marc n’était ni prĂŞtre, ni rappeur, ni Maitre d’Arts Martiaux :

Il a Ă©tĂ© rĂ©sistant, dĂ©portĂ© dans un camp de concentration nazi, militaire, lĂ©gionnaire parachutiste, officier. Il a avait Ă©tĂ© entachĂ© par sa participation au putsch des gĂ©nĂ©raux en AlgĂ©rie en 1961 qui s’est opposĂ© au GĂ©nĂ©ral de Gaulle. CondamnĂ© pour cela Ă  faire de la prison. Puis rĂ©habilitĂ© après plusieurs annĂ©es d’incarcĂ©ration. Enfin, il est devenu Ă©crivain et ses livres, oĂą il raconte « ses Â» guerres et ses Ă©poques, sont bien cotĂ©s.

Je n’en n’ai lu aucun pour l’instant par contre j’ai lu cette biographie que lui a consacrĂ©, de son vivant, un des membres de sa famille, Laurent Beccaria, historien, ainsi que cet ouvrage qui retranscrivait sa rencontre avec un ancien officier nazi :

Notre Histoire avec August Von Kageneck , conversations recueillies par Etienne de Montety.  

 

Autant que je le comprenne, HĂ©lie de Saint Marc n’a jamais eu d’ambitions politiques et n’a jamais cherchĂ© Ă  se montrer dans les mĂ©dia ou  Ă  participer Ă  une Ă©mission de tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ©. Il Ă©tait plutĂ´t Ă  l’opposĂ© de ce mode de « vie Â».

 

Ce qui le différencie complètement d’un Général de Gaulle, son aîné de plusieurs années, qui avait désobéi au Maréchal Pétain en entrant dans la Résistance, c’est son absence d’ambition et stratégie politique. C’est aussi ce qui le sépare de certains des généraux qu’il avait rejoints lors du putsch des généraux en Algérie en 1961. C’est, entre autres, ce qui ressort de cette biographie.

 

Qu’ai-je retenu de cette biographie ?

 

Si le variant Omicron de la pandĂ©mie du Covid est de aujourd’hui le variant dont on parle de plus en plus depuis le dĂ©but officiel de cette pandĂ©mie en France en mars 2020, j’avais lu ou commencĂ© Ă  lire cet ouvrage lorsque le variant Delta de la pandĂ©mie Ă©tait dominant. Peut-ĂŞtre avant l’obligation vaccinale comme celle du passe sanitaire dĂ©cidĂ©e par le PrĂ©sident Macron et son gouvernement ce 12 juillet.  

 

J’ai terminé sa lecture il y a maintenant deux ou trois mois. Je me rappelle d’un jeune Hélie de Saint Marc, issu d’une famille vivant dans les environs de Bordeaux depuis plusieurs générations, plutôt d’un bon milieu social. Une famille cultivée. Catholique pratiquante. Je me rappelle d’un père (celui de Hélie de Saint Marc) avocat ou notaire, ôtant son chapeau avec respect lorsqu’il croisait des juifs forcés par le gouvernement Pétain à porter l’étoile jaune.

 

Je me souviens d’un jeune Hélie de Saint Marc plus à l’aise pour parcourir la région à vélo que pour réaliser des prouesses intellectuelles à l’école. Le travail scolaire lui demandant beaucoup d’efforts afin d’obtenir des résultats moyens ou corrects. Par contre, le jeune Hélie, qui avait au moins un frère, lisait avec admiration les récits de certains grands hommes ou aventuriers.

 

 

Lorsque l’Allemagne nazie envahit la France jusqu’à se rĂ©pandre Ă  Bordeaux, c’est la colère qui anime le jeune HĂ©lie de Saint Marc. Dans cet ouvrage ou dans Notre Histoire, il rappellera comme il avait alors fait l’expĂ©rience douloureuse – voire traumatique- et s’en rappellera plus tard, qu’un grand empire Ă©tabli et semblant parti pour durer peut pĂ©ricliter en très peu de temps. La France d’aujourd’hui n’est peut-ĂŞtre qu’une vitrine de NoĂ«l pour touristes, consommateurs, extrĂ©mistes ou terroristes et apparaĂ®t assez souvent comme la spectatrice un peu consultĂ©e des dĂ©cisions prises par les plus grandes Puissances (La Chine, les Etats Unis, la Russie, Le Japon, l’Allemagne, IsraĂ«l…). Le rĂ©cent ratĂ© oĂą l’Australie a prĂ©fĂ©rĂ©, finalement, rompre le contrat par lequel elle s’était engagĂ©e Ă  acheter des sous-marins nuclĂ©aires Ă  la France au bĂ©nĂ©fice des Etats-Unis et de la Grande Bretagne « prouve Â» Ă  quel point la France a reculĂ© ou recule dans le classement des Nations qui « comptent Â».

 

 Mais la France des annĂ©es 1940 Ă©tait encore une des plus grandes Puissances mondiales. Ainsi qu’une des plus grandes Puissances coloniales. C’est dans cette France et dans sa mĂ©moire concrète et directe qu’HĂ©lie de Saint Marc est nĂ© et a grandi. MĂ©moire d’autant plus concrète qu’il Ă©tait nĂ© dans l’hexagone et qu’il avait suffisamment d’aisance et de conscience sociale et intellectuelle pour en ressentir une certaine fiertĂ©.

Mes grands parents paternels et maternels, de la même génération qu’Hélie de Saint Marc, tous nés en Guadeloupe, un peu plus de cinquante ans après l’abolition de l’esclavage, dans un milieu social rural, manuel, modeste voire pauvre, avaient très certainement une autre perception de la France. Mais aussi de leur propre importance dans le monde en tant que personnes.

 

 

 

 

Extrait du journal  » Charlie Hebdo » du 15 décembre 2021 à propos du refus, en Guadeloupe, de la vaccination anti-Covid et du passe sanitaire obligatoires.

 

 

Bien-sĂ»r, ĂŞtre issu d’un milieu modeste et « sinistrĂ© Â» n’empĂŞche pas, malgrĂ© tout, d’être pourvu d’une certaine conscience de soi et de s’accorder de l’importance. Mais cela nĂ©cessite sĂ»rement une très grande confiance en soi, une pulsion de vie particulièrement dĂ©veloppĂ©e, voire hors norme, un farouche optimisme en mĂŞme temps que certaines qualitĂ©s ou vertus d’opportunisme. Soit des aptitudes qui peuvent ĂŞtre prĂ©sentes en beaucoup d’entre nous. Encore faut-il s’autoriser Ă  les exprimer. Or, ce qui opprime et refrène aussi, beaucoup, les ĂŞtres, c’est toute cette armada de censures et d’interdits qu’ils se sont copieusement entraĂ®nĂ©s Ă  assimiler pour ĂŞtre acceptĂ©s ou aimĂ©s.

 

 

A telle époque et dans telle région, il s’agira d’adopter telle religion pour être bien vu ou pour éviter la mort et l’humiliation économique, sociale ou physique.

Ailleurs, ce sera telle langue plutĂ´t qu’une autre. Ou telles mĹ“urs. Aller Ă  contre-courant de ces normes et de ces pensĂ©es dominantes nĂ©cessite plus que de la chance et de la « simple Â» volontĂ©. C’est l’une des raisons pour lesquelles, après avoir Ă©tĂ© des fidèles croyants, nous sommes majoritairement des consommateurs et des exĂ©cutants.

 

Parce qu’être lucide en permanence, s’opposer,  rĂ©sister (la crĂ©ativitĂ© culturelle et artistique font partie de la rĂ©sistance) ou devenir un meneur exige des efforts particuliers. Efforts qui ne sont pas toujours louĂ©s, compris, encouragĂ©s ou partagĂ©s par nos familiers ou proches. Efforts qui ne rencontrent pas toujours le succès et la reconnaissance….

 

Le contraire du mot « consommateur Â», c’est peut-ĂŞtre, dans sa version active et radicale, de devenir un transformateur. Et dans sa version plus sociable et plus indulgente, cela consiste Ă  essayer de devenir un transmetteur.

Première page du New York Times du 8 décembre 2021.

 

 

La résistance

 

 

RĂ©sister, s’affirmer, c’est donc, Ă  un moment ou Ă  un autre,  ĂŞtre prĂŞt, si nĂ©cessitĂ©, Ă  s’exiler mĂŞme si cela peut devenir dangereux. Parce-que s’exposer Ă  l’inconnu et Ă  l’isolement pour une durĂ©e indĂ©terminĂ©e est une aventure dangereuse.

 

C’est  pourtant ce que va faire le jeune HĂ©lie de Saint Marc. Sa connaissance de la rĂ©gion va d’abord faire de lui un messager opportun, et de confiance, pour la rĂ©sistance française. Un univers d’hommes  plus âgĂ©s que lui. Dans un mouvement de rĂ©sistance bien organisĂ©.

En lisant ce livre, je dĂ©couvrirai que si l’on a souvent une image idĂ©alisĂ©e a posteriori de la rĂ©sistance comme d’une action collective hĂ©roĂŻque et bien structurĂ©e, qu’il Ă©tait,  aussi, des mouvements de rĂ©sistance si mal organisĂ©s qu’un certain nombre de leurs membres, pourtant exemplaires, se sont fait attraper ou tuer comme des amateurs. Leur tort Ă©tant d’avoir confiĂ© trop facilement leur vie Ă  des meneurs…incompĂ©tents en termes d’organisation. Ce qui,  aujourd’hui, pourrait aussi nous faire penser Ă   des cadres, des entraĂ®neurs, des conjoints, des amis, des proches, des professionnels ou des chefs d’entreprise (ou d’Etats) incompĂ©tents.

 

Dans le numĂ©ro du journal Le Parisien d’hier, je suis retombĂ© sur ce fait divers arrivĂ© le 8 juin 2018 Ă  Argenteuil, dans ma ville, dans le centre commercial CĂ´tĂ© Seine. Un centre commercial que je n’aime pas et, oĂą, le 8 juin 2018, une mère a perdu un de ses jeunes enfants. Son erreur ? Avoir fait confiance Ă  l’ascenseur qui permettait d’accĂ©der Ă  l’étage supĂ©rieur. Des ascenseurs dans des immeubles ou dans des centres commerciaux, nous en prenons tous. Celui-ci a « lâchĂ© Â» sur plus de deux mètres. Le mĂ´me n’a pas eu le temps de sortir. Il est mort Ă©crasĂ© sous les yeux de sa mère et de son jeune frère. Trois ans plus tard, aucun des responsables des diverses entreprises chargĂ©es de la maintenance de l’ascenseur n’a eu Ă  s’expliquer devant un tribunal. Chacune des entreprises renvoie Ă  l’autre Ă  la responsabilitĂ© de la dĂ©faillance.

 

Voici ce que m’évoque, aujourd’hui, ces rĂ©sistantes et rĂ©sistants, qui, hier, comme aujourd’hui, confient ou confieront facilement leur vie Ă  certains dĂ©cideurs ou dirigeants qui, de leur cĂ´tĂ©, affirmeront que tout va bien se passer sans, par ailleurs,  prendre le temps et la prĂ©caution de vĂ©ritablement s’impliquer afin que tout se dĂ©roule comme prĂ©vu ou puisse ĂŞtre rĂ©solu en cas d’imprĂ©vu.

 

Hélie de Saint Marc, lui-même, fera cette expérience en cherchant à s’affranchir du mouvement de résistance qui l’a initié. Il voudra s’engager davantage et tombera, comme d’autres volontaires, dans une embuscade qui le déportera dans un camp de concentration. Bien que moins robuste que d’autres, il y survivra deux fois. Une première fois grâce à l’entraide concrète dont il bénéficiera du fait de certaines amitiés et relations. Et, une seconde fois parce qu’un homme plus âgé que lui, un Lithuanien, je crois, taillé pour le travail de mineur, et aussi voleur intrépide de nourriture, décidera de le prendre sous sa protection et de partager avec lui ses vols alimentaires.

 

 

Lorsque l’on apprend dĂ©jĂ  « Ă§a Â» de HĂ©lie de Saint Marc, comme de ceux qui l’environnent et qui vivent cela avec lui, on comprend mieux ce qu’il faut avoir comme parcours et ressources en soi pour ĂŞtre un rĂ©sistant.

 

Mais on peut ĂŞtre un hĂ©ros et un rĂ©sistant et avoir des convictions idĂ©ologiques contraires. Cela arrivera Ă  HĂ©lie de Saint Marc qui croisera Jean-Marie Le Pen, « le père de Â», qui sera un de « ses Â» lieutenants et un de ses « subordonnĂ©s Â». La biographie de Beccaria s’étend peu sur cette connaissance de Saint Marc en Indochine, je crois. Mais il ressort que Saint Marc ne partage pas les buts de l’OAS et, plus tard, de l’ExtrĂŞme droite fasciste. MĂŞme s’il a pu connaĂ®tre et combattre aux cĂ´tĂ©s de certains de ses futurs membres et meneurs.

 

Pour comprendre ce qui lui prend d’être du cĂ´tĂ© des gĂ©nĂ©raux qui, en AlgĂ©rie, organisent le Putsch en 1961 contre le GĂ©nĂ©ral de Gaulle, il faut savoir ce qui s’est passĂ© en Indochine :

 

Lorsque la France, après avoir fait de certains asiatiques ses alliĂ©s et ses soldats (des villages), les abandonne sur place après avoir perdu la guerre, faisant d’eux les victimes des  vainqueurs.

En AlgĂ©rie, l’histoire se rĂ©pète avec les harkis et les tergiversations autant politiques que militaires de De Gaulle ainsi que ses visions coloniales pour ne pas dire colonialistes. Saint Marc est dĂ©crit comme un idĂ©aliste qui s’attache aux indigènes en toute sincĂ©ritĂ© comme Ă  leur loyautĂ© et qui croit aussi Ă  une rĂ©elle Ă©galitĂ© des droits entre AlgĂ©riens et pieds noirs. Alors que le gouvernement français de l’époque voudrait tantĂ´t garder l’AlgĂ©rie française telle quelle ou la « rendre Â» au FLN alors que, militairement, la France serait en train de gagner la guerre. Et que des soldats français, après avoir « perdu Â» face aux nazis et après avoir perdu la guerre d’Indochine voudraient, pour leur honneur et celui de la France, imposer cette victoire française.

 

Je ne suis pas pro-AlgĂ©rie française et encore moins pro-OAS. Mais j’ai aussi appris que le FLN a aussi produit des horreurs. Et, je crois que le Martiniquais Frantz Fanon, psychiatre de rĂ©fĂ©rence ( sur lequel le rĂ©alisateur d’origine haĂŻtienne Raoul Peck serait en train de rĂ©aliser un film), très engagĂ© auprès du FLN, a eu une certaine  « chance Â» de mourir- jeune, Ă  39 ans- d’une leucĂ©mie avant l’indĂ©pendance de l’AlgĂ©rie. Car l’AlgĂ©rie qu’il a dĂ©fendue comme d’autres, un demi siècle plus tard, n’est pas devenue la dĂ©mocratie – plutĂ´t laĂŻque- pour laquelle il s’était battu. L’AlgĂ©rie devenue indĂ©pendante en 1962, peu après sa mort,  semble l’avoir plutĂ´t rapidement « oubliĂ©e Â».

 

 

 

La jouissance du danger

 

 

Parler, un peu, de HĂ©lie de Saint de Marc ,  c’est aussi parler de cette  «  jouissance du danger Â» qui pousse certaines personnes Ă  agir comme elles le font. Cette jouissance du danger, dans sa partie la plus visible, serait d’abord propre aux rĂ©sistants, combattants civils et autres, aux militaires, mais aussi sans doute Ă  bien des membres de certains groupes d’intervention tels que le RAID, le GIGN, les SAS, la BRI, dans le banditisme et le grand  banditisme, dans les organisations terroristes.

 

 Mais, Ă©galement, aussi Ă  celles et ceux qui participent Ă  certaines actions militantes :

 

Sea Sheperd ;

 

Txai Surui ? la jeune indigène brĂ©silienne de 24 ans, prĂ©sente Ă  la rĂ©cente COP de Glasow, en novembre, consacrĂ©e au rĂ©chauffement climatique et Ă  l’épuisement des ressources de la planète, qui a affirmĂ©, après la jeune suĂ©doise, Greta Thunberg :

 

« La planète nous dit que nous n’avons plus le temps Â».

 

 Nous pouvons aussi penser aux personnes qui vivent certaines passions. Mais aussi certaines addictions.

Cinquantenaire de Marmottan, à la cigale, à Paris, ce vendredi 3 décembre 2021.

 

Le 3 décembre dernier, dans la salle- remplie- de concerts de la Cigale, le service Marmottan spécialisé dans le traitement des addictions fêtait son cinquentenaire.

 

Sur place, j’ai eu l’impression qu’étaient présentes principalement des personnes préoccupées directement par le sujet des addictions. Soit en tant que professionnels de santé. Soit en tant qu’usagers s’étant sevrés ou ayant du mal- et cherchant- à se décrocher de leur(s) addiction (s).

 

 

Je ne peux pas avoir de certitude mais j’ai eu l’impression que la majorité des personnes de ce pays, la pensée dominante, se sent assez peu concernée directement par ce sujet. Et qu’entendre parler de Marmottan ou de tout autre service dévoué aux addictions n’est pas la priorité de la majorité qui dispose de la pensée dominante. A moins d’y être obligée.

J’ai bien prĂ©vu de consacrer un article sur Ă  ce cinquentanaire de Marmottan dès que cela sera possible. Mais je m’attends Ă  ce qu’il soit en grande partie parcouru par des professionnels de santĂ© des addictions ou par des personnes qui ont envie d’entreprendre de mieux faire le tri parmi leurs addictions. 

 

Une addiction particulière :

 

Pourtant, l’être humain est porteur d’une addiction particulière : celle de la destruction d’autrui, de son environnement comme de sa propre autodestruction. Et, cela, peu importe son niveau intellectuel, social, politique ou son histoire.  Invariablement, l’être humain  retourne Ă  cette addiction de destruction et d’autodestruction.

 

Les fêtes de ce Noël, et d’autres festivités, permettront à certaines et certains de vivre la courte trêve de cette addiction.

Paris, décembre 2021.

 

 

Donc, finalement, avec ou sans sapin, ces fêtes de Noël ont du bon. De même que la lecture de cette biographie d’Hélie de Saint Marc.

 

 

Franck Unimon, ce samedi 18 décembre 2021.

 

 

 

 

 

 

 

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Ricochets-Un livre de Camille Emmanuelle

                             Ricochets– un livre de Camille Emmanuelle

Black Fridays

 

La Black Fridays de ce mois de novembre 2021 se termine dans quelques heures. On reparle peu à peu de la pandémie du Covid qui reprend. En Autriche et en Australie, des mesures gouvernementales ont été prises pour obliger les non vaccinés à se vacciner contre le Covid. Confinement forcé, peines d’emprisonnement, contrôles de police sur la route. Dans le New York Times de ce mercredi 17 novembre, j’ai appris que les non-vaccinés étaient rendus responsables de la reprise de la pandémie du Covid. Pandémie qui nous a fait vivre notre premier confinement pour raisons sanitaires en France en mars 2020. Mais j’ai l’impression que la perspective d’un reconfinement et la peur du Covid semblent très loin des attentions des Français dans l’Hexagone. Même si la troisième dose du vaccin commence à s’étendre aux moins de 65 ans. Environ 80 pour cent de la population dans l’Hexagone est vaccinée contre le Covid. Nous sommes encore nombreux à porter des masques. J’ai l’impression que peu de personnes en France envisagent ou acceptent l’idée d’être à nouveau confinées. Depuis fin aout à peu près, le sujet de la pandémie du Covid s’est dissous. Et, cette nouvelle remontée du Covid associée à une pénurie de lits dans les hôpitaux mais aussi à une accentuation de la pénurie soignante ( 1200 postes infirmiers seraient inoccupés en région parisienne), semblent encore très loin de la portée du plus grand nombre.

 

Les attentats islamistes, c’est un petit peu pareil. Le procès des attentats du 13 novembre 2015 a dĂ©butĂ© en septembre. Il durera jusqu’en Mai 2022. Cependant, Ă  part certaines personnes directement concernĂ©es ou touchĂ©es, et assidues, le sujet apparaĂ®t moins prĂ©sent dans la conscience immĂ©diate de la majoritĂ©. D’abord, pour l’instant, et rĂ©cemment, il y a eu moins – ou pas- d’attentats islamistes Ă  proximitĂ©. Ensuite, nous avons aussi envie et besoin d’air. Donc de « voir Â» et de « vivre Â» autre chose que des attentats et du Covid.

 

A priori. 

 

Psycho-traumatologie

 

A ceci près que, parmi mes sujets « d’intĂ©rĂŞt Â», il y a ce que l’on appelle la psycho-traumatologie. « Tu aimes vraiment ce qui est mĂ©dico-lĂ©gal Â» m’a redit rĂ©cemment mon collègue- cadre au travail, sans doute après m’avoir vu avec le livre Ricochets de Camille Emmanuelle.

 

Il est arrivĂ© que ma compagne se moque de moi en voyant les films ou les livres, assez « chargĂ©s Â», que je regarde et lis pendant mes heures de repos. J’aime la poĂ©sie et la fantaisie. Je peux ĂŞtre très naĂŻf. Très ou trop gentil. Et mĂŞme niais. Puis, il y a une partie de moi, restĂ©e dans la noirceur, dont la mèche s’allume quelques fois et que je suis. Jusqu’à la psychose ou ailleurs. Ce n’est pas très bien dĂ©fini. Mais je sais que cela fait partie de ma normalitĂ© et sĂ»rement aussi de ma mĂ©moire. C’est sans doute cela qui m’a menĂ© Ă  Camille Emmanuelle.

 

Je ne « connaissais Â» pas Camille Emmanuelle.  J’ai tendance Ă  croire que si elle et moi, nous nous Ă©tions croisĂ©s avant la lecture de son ouvrage, que cela aurait fait flop. Je le crois car en lisant son Ricochets, il est une partie d’elle et de son monde qui m’a rappelĂ© comme je suis extĂ©rieur Ă  certaines Ă©lites ainsi qu’à certaines rĂ©ussites. Je ne devrais pas mentionner ça. Parce-que, fondamentalement, et moralement, au vu du sujet de son ouvrage, cela est dĂ©placĂ©. LĂ , je donne le premier rĂ´le Ă  mon ego alors que le premier rĂ´le, c’est foncièrement elle et ce qu’elle a donnĂ©, ce qu’elle nous a donnĂ© de sa vie, avec son ouvrage. Mais je le fais car cela fait aussi partie des impressions que j’ai pu avoir en la lisant. Je me dis que d’autres personnes pourraient aussi avoir ces impressions. Et qu’une fois que j’aurai exprimĂ© ça, je pourrais d’autant mieux faire ressortir tout ce que son livre apporte.

 

Elites et réussites

 

J’ai parlĂ© « d’élites Â» et de « rĂ©ussites Â» car, jusqu’au 7 janvier 2015 (et aussi un peu avant lors d’un Ă©vĂ©nement traumatique antĂ©rieur), son parcours personnel et le mien me semblent deux opposĂ©s. Elle, belle jeune femme, milieu social aisĂ©, bonne Ă©lève, aimĂ©e, assurĂ©e, encouragĂ©e Ă  partir Ă  l’assaut de ses aspirations Ă  Paris. Clopes, alcool, Ă  l’aise dans son corps, soirĂ©es parisiennes, les bonnes rencontres au bon moment pour sa carrière professionnelle. Moi, banlieusard, corsetĂ© par les croyances traditionnalistes de mes parents, antillais d’origine modeste et rurale immigrĂ©s en mĂ©tropole, refugiĂ©s dans l’angoisse du Monde extĂ©rieur et dans la mĂ©fiance vis-Ă -vis du blanc (alors, la femme blanche !) pas si Ă  l’aise que ça dans mon corps. MalgrĂ© ce que mes origines antillaises «Vas-y Francky, c’est bon ! Â» pourraient laisser prĂ©tendre ou supposer.

 

On aime dire que les « contraires s’attirent Â». Mais il ne faut pas exagĂ©rer.

 

Devant une Camille Emmanuelle dans une soirĂ©e ou ailleurs, je me fais « confiance Â» pour me prĂ©senter Ă  mon dĂ©savantage ou m’éteindre complètement. Il n’y aurait qu’en ignorant la prĂ©sence ou le regard d’une personne pareille que je pourrais vĂ©ritablement ĂŞtre moi-mĂŞme, au meilleur. De ce fait, je n’ai pas Ă©voluĂ© dans les domaines oĂą elle a pu Ă©voluer mĂŞme si j’en ai eu ou en ai le souhait. Ce n’est pas de son fait. Mais parce-que je me suis plein de fois censurĂ© tout seul et que je continue de le faire studieusement en « bon » Ă©lĂ©ment qui a bien appris comment Ă©chouer avant d’atteindre certains horizons. 

 

Je parle aussi « d’élites Â» parce-que, lorsque le 7 janvier 2015, deux terroristes sont venus tuer plusieurs personnes dans les locaux du journal Charlie Hebdo, ils sont aussi venus s’en prendre Ă  des Ă©lites intellectuelles et/ou artistiques ou culturelles. Et, ça, je crois que c’est assez oubliĂ©.

 

Charlie Hebdo

 

Je lis Le Canard Enchainé depuis plus de vingt ans. Le Canard Enchainé est un peu le cousin de Charlie Hebdo. Les deux hebdomadaires ont bien sûr leur identité propre. Mais ils ont en commun leur indépendance d’esprit. Un certain humour et une certaine capacité critique (supérieure à la moyenne) envers le monde qui nous entoure et celles et ceux qui le dirigent.

 

Avant le 7 janvier 2015, j’avais acheté une fois Charlie Hebdo. Pour essayer. Philippe Val en était encore le rédacteur chef. Je n’avais pas aimé le style. Les articles. J’ai peut-être gardé ce numéro malgré tout parmi d’autres journaux.

 

Les caricatures de Mahomet, les menaces de mort, les pressions sur Charlie Hebdo mais aussi au Danemark m’étaient passées plutôt au dessus de la tête. Je n’avais pas d’avis particulier. J’étais spectateur de ce genre d’informations comme pour d’autres informations.

 

Le 7 janvier 2015, c’était le premier jour des soldes. Chez nous, je crois, ma compagne m’apprend l’attentat « de Â» Charlie Hebdo. Je lui rĂ©ponds aussitĂ´t :

 

« C’est très grave ! Â».

 

Le 11 janvier, je n’étais pas Ă  la manifestation pour soutenir Charlie Hebdo pour deux raisons. Je « savais Â» qu’il y aurait beaucoup de monde. Donc, j’ai estimĂ© que Charlie Hebdo bĂ©nĂ©ficierait de « suffisamment Â» de soutien dehors.

 

Ensuite, il Ă©tait Ă©vident pour moi que cet engouement se dĂ©gonflerait. Et que soutenir Charlie Hebdo, cela signifiait le faire sur la durĂ©e. A partir de lĂ , j’ai commencĂ© Ă  acheter chaque semaine Charlie Hebdo. Et Ă  le lire. Je me suis Ă©tonnĂ© de voir que les articles me plaisaient. Soit j’étais devenu un autre lecteur. Soit la qualitĂ© des articles avait changĂ©. J’ai trouvĂ© le niveau des articles tellement bon qu’il m’est arrivĂ© de les trouver meilleurs que ceux du Canard EnchainĂ©. J’ai attribuĂ© ça Ă  un rĂ©flexe de survie de la part de la rĂ©daction de Charlie Hebdo. On se rappelle que l’équipe rĂ©dactionnelle qui restait avait d’autant plus tenu Ă  maintenir la survie de l’hebdomadaire en continuant de paraĂ®tre malgrĂ© tout. Et que le numĂ©ro d’après l’attentat avait Ă©tĂ© publiĂ© dans un tirage augmentĂ© et avait Ă©tĂ© disponible pendant plusieurs semaines. Les gens faisaient la queue pour « avoir Â» son numĂ©ro de Charlie Hebdo. Voire se battaient.

 

Je ne me suis pas battu pour avoir ce numéro. J’ai attendu. Et, un jour, une collègue amie m’en a acheté un numéro. Il est même possible que j’aie deux fois ce numéro de Charlie Hebdo.

 

Je n’ai pas Ă©crit ou mis sur ma page Facebook ou autre : Je suis Charlie. Si je crois Ă  la sincĂ©ritĂ© de celles et ceux qui l’ont dit ou Ă©crit, pour moi, on peut ĂŞtre « pour Â» Charlie sans le dire. MĂŞme si je ne suis pas toujours d’accord ou n’ai pas toujours Ă©tĂ© d’accord avec certains points de vue de Charlie Hebdo. Mais je ne suis pas toujours d’accord avec ma famille, mes amis ou mes collègues, non plus.

Et puis, l’expérience d’un attentat, ça change beaucoup la perception que l’on a des autres et de soi-même. Charlie Hebdo vit désormais sans doute dans au moins deux bunkers. Celui qui le protège des menaces extérieures. Et celui, sûrement plus épais, à l’intérieur duquel se sont soudés celles et ceux qui ont vécu l’attentat du 7 janvier 2015.

 

Hormis le dessinateur Cabu qui officiait autant dans Charlie Hebdo que dans Le Canard EnchainĂ©, je n’avais pas de journaliste de Charlie Hebdo auquel j’aurais pu ĂŞtre « habituĂ© Â» ou particulièrement attachĂ©. Il en est un, nĂ©anmoins, que j’avais rencontrĂ© une ou deux fois, des annĂ©es avant l’attentat, car il Ă©tait l’ami d’une amie. Ou mĂŞme l’ami de deux amies : Philippe Lançon, l’auteur de Le Lambeau.

 

Je veux bien croire que je me souvenais bien plus de lui que lui, de moi. Envers Philippe Lançon, j’avais des sentiments contrariĂ©s. Pour moi, lors de cette rencontre il y a plus de vingt ans, il Ă©tait mĂ»r de trop d’assurance. Sauf qu’il avait rĂ©ussi lĂ  oĂą j’aurais aimĂ© rĂ©ussir. Dans le journalisme. Je trouvais qu’il Ă©crivait très bien. Mais nous n’étions dĂ©jĂ  plus du mĂŞme monde lorsque nous nous Ă©tions croisĂ©s. L’élite, dĂ©jĂ . J’aurais peut-ĂŞtre pu, par le biais d’une de nos deux amies communes, le solliciter. Mais je n’en n’avais pas envie. J’ai compris seulement rĂ©cemment que j’étais un peu comme mon grand-père paternel, ancien maçon, dĂ©cĂ©dĂ© aujourd’hui. Mon grand-père paternel avait construit sa maison pratiquement tout seul. A Petit-Bourg, en Guadeloupe. Je n’aime pas contracter de dette morale envers autrui. Je prĂ©fère construire ma « maison Â» seul mĂŞme si cela va me compliquer l’existence. Sauf que dans les domaines professionnels oĂą j’aurais voulu construire, seul, mĂŞme travailleur et plus ou moins douĂ©, on n’arrive Ă  rien. Il faut entrer dans un rĂ©seau. S’en faire accepter. Il faut savoir se faire aimer. Ce que je ne sais pas ou ne veux pas faire. Je suis peut-ĂŞtre trop nĂ©vrosĂ©.

 

Dans son livre, Camille Emmanuel Ă©voque Philippe Lançon. Ainsi que son frère, Arnaud. Je les ai vus tous les deux il y a quelques mois Ă  l’anniversaire d’une amie commune. Je n’avais pas prĂ©vu, en lisant l’ouvrage de Camille Emmanuel, qu’elle allait aussi les Ă©voquer. Et, les quelques passages oĂą elle parle d’eux m’ont donc d’autant plus « parlĂ© Â».

 

D’un cĂ´tĂ©, il y avait ce que je « savais Â» de l’évĂ©nement de Charlie Hebdo. De l’autre cĂ´tĂ©, il y avait la rencontre humaine et directe, lors de cet anniversaire, oĂą il n’a jamais Ă©tĂ© fait mention, par quiconque, du 7 janvier 2015. « Mieux Â» : lors de cet anniversaire, j’ai en quelque sorte « sympathisĂ© Â» avec Arnaud, sans arrière pensĂ©e. Pour dĂ©couvrir plus ou moins ensuite, lors de l’arrivĂ©e de celui-ci, qu’il Ă©tait le frère de Philippe. Je me rappelle de la façon dont Arnaud a saluĂ© son frère Ă  l’arrivĂ©e de celui-ci. De quelques Ă©changes avec l’un et l’autre. Ce fut humainement agrĂ©able. Ma contrariĂ©tĂ©- rentrĂ©e- envers Philippe n’était plus ou n’avait plus de raison d’être. Le voir, lĂ , pour cette amie, en « sachant Â» ce qu’il avait reçu le 7 janvier 2015. Et puis, j’avais aussi changĂ©. On s’accroche par moments Ă  des impressions ou Ă  un certain ressentiment dont on fait une complète vĂ©ritĂ©. Alors que l’on a Ă  peine aperçu celle ou celui que l’on juge.

 

Ricochets :

 

En tant qu’infirmier en psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie, j’ai travaillĂ© avec quelques psychiatres et pĂ©dopsychiatres. Un des pĂ©dopsychiatres que j’ai le plus admirĂ© avait dit un jour que, mĂŞme dans les milieux favorisĂ©s, il y a des gens qui souffrent. J’ai parlĂ© « d’élites Â», de « rĂ©ussites Â» concernant Camille Emmanuelle parce-que j’estime ne pas faire partie de son Ă©lite ou ne pas avoir connu certaines de ses rĂ©ussites.

 

Cela dit, Ă  aucun moment, je ne l’ai perçue comme une « pleureuse Â». Je n’envie pas ce qu’elle a vĂ©cu le 7 janvier 2015 et ensuite. Et dont elle nous fait le rĂ©cit. Car le 7 janvier 2015, elle est dĂ©jĂ  la femme de Luz, l’un des dessinateurs de Charlie Hebdo. Celui dont c’était l’anniversaire et qui est arrivĂ© en retard, ce jour-lĂ . Ce qui lui a sauvĂ© la vie : les deux terroristes quittaient le journal lorsqu’il arrivait. Il les a vus tirer en l’air dehors et sans doute crier : « On a vengĂ© le prophète ! Â».

 

Je « connaissais Â» Ă  peine Luz avant le 7 janvier 2015.

 

Je ne connaissais pas l’appellation « Ricochets Â» ou « victime par ricochet Â» avant ce tĂ©moignage de Camille Emmanuelle. Quelques semaines avant de me retrouver devant son livre dans une mĂ©diathèque, j’avais lu un article sur son livre.

 

Sur son livre, on la voit en photo. Je me suis demandĂ© et me demande la raison pour laquelle on voit sa photo. Pour faire face ? Pour lui donner un visage en tant que victime ? Et, donc, pour la personnaliser, l’humaniser ?

 

Je ne me suis pas posĂ© ces questions lorsque j’ai lu l’ouvrage que Patrick Pelloux, -qu’elle mentionne aussi- a Ă©crit après l’attentat de Charlie Hebdo. (Voir  L’instinct de vie ). 

 

Comme Camille Emmanuelle est une belle femme, je me suis aussi dit que c’était peut-ĂŞtre une manière de montrer qu’il peut y avoir un abĂ®me entre l’image et son vĂ©cu traumatique. Nous sommes dans une sociĂ©tĂ© d’images et de vitrines. Son livre vient Ă©ventrer quelques vitrines. Dans son livre, assez vite, elle va parler de son addiction au vin comme une consĂ©quence de son mal ĂŞtre. Ce qui, immĂ©diatement, me faire penser Ă  Claire Touzard, la journaliste. Celle-ci, pourtant, n’a pas un vĂ©cu traumatique dĂ» Ă  un attentat. Mais je n’ai pas pu m’empĂŞcher de « rapprocher Â» leurs deux addictions Ă  l’alcool. Addictions que je vois aussi comme les addictions de femmes « modernes Â», occidentales, libĂ©rĂ©es ou officiellement libĂ©rĂ©es, Ă©duquĂ©es, parisiennes ou urbanisĂ©es, plutĂ´t jeunes, plutĂ´t blanches, et souvent attractives et très performantes socialement.

 

Quelques impressions et remarques sur Ricochets :

 

Assez vite, en lisant Ricochets, je me suis avisé que pour que son histoire d’amour avec Luz soit aussi forte au moment de l’attentat, c’est qu’elle devait être récente. Peu après, Camille Emmanuelle nous apprend qu’ils étaient mariés depuis un an à peu près. Se mariant assez vite après leur rencontre.

L’Amour permet de combattre ensemble bien des épreuves. C’est ce que l’on peut se dire en lisant son témoignage. Pourtant, il est des amours qui, même sincères, ne tiennent pas devant certaines épreuves. Camille Emmanuelle cite ce couple qu’elle rencontre, Maisie et Simon, particulièrement esquinté par l’attentat du Bataclan. Physiquement et psychologiquement. Au point que la rupture est un moment envisagée par Maisie.

 

Si les dĂ©cès et les sĂ©vères « injures Â» physiques dus aux attentats causent des traumas, l’ouvrage de Camille Emmanuelle « rĂ©habilite Â» la lĂ©gitimitĂ© de la psychologie et de la psychiatrie Ă  aider et soigner après des Ă©vĂ©nements comme un attentat. Puisque ce sont deux des disciplines reconnues pour soigner ces « blessures invisibles Â» qui, parce qu’elles le sont – dans notre monde oĂą seul ce qui se « voit Â», se « montre Â» et se « compte Â» est prioritaire – restent minimisĂ©es ou niĂ©es. Or, ces blessures peuvent persister très longtemps. Dans un article que j’ai lu il y a une ou deux semaines maintenant, le tĂ©moignage d’une des victimes de l’attentat du bataclan, non blessĂ©e physiquement, Ă©tait citĂ©.

Dans ce témoignage, cette femme racontait qu’au départ, elle s’estimait quasi-chanceuse par rapport aux autres, décédés ou gravement blessés. Sauf que, six ans plus tard, elle n’avait pas pu reprendre son travail du fait de son stress post-traumatique.

 

Etre soignant

 

En lisant Ricochets et le mal que Camille Emmanuelle s’est donnĂ©e pour « sauver Â» son mari, j’ai bien sĂ»r pensĂ© au mĂ©tier de soignant. On rĂ©sume souvent le rĂ´le de soignant Ă  celle ou celui dont c’est le mĂ©tier. Or, ce qu’entreprend Camille Emmanuelle, au quotidien – et d’autres personnes dĂ©sormais appelĂ©es « personnes aidantes Â» – c’est un travail de soignant. On pourrait se dire qu’il est donc « normal Â» qu’elle flanche Ă  certains moments vu que ce n’est pas son mĂ©tier. Sauf que je n’ai aucun problème pour admettre qu’il puisse exister des personnes non-formĂ©es qui peuvent ĂŞtre de très bons soignants dans certains domaines : les Ă©tudes ne nous apprennent pas l’empathie ou Ă  ĂŞtre sensibles et rĂ©ceptifs Ă  certaines relations ou situations.

 

Et puis, dans tous les couples et dans toutes les familles, il y a des personnes qui sont des « soignants Â» ou des « personnes aidantes Â» officieuses. La diffĂ©rence, c’est qu’avec son mari, Camille Emmanuelle dĂ©couvre ce rĂ´le de manière intensive. « Intrusive Â».

 

Il est toujours très difficile-ou impossible- de faire concilier sa vie affective amoureuse ou amicale avec un rĂ´le de soignant dans son couple. Une absence d’empathie crĂ©e une froideur affective assez incompatible avec l’acte soignant. Mais trop d’empathie crĂ©e une surcharge de responsabilitĂ©s et expose Ă  ce que connaĂ®t Camille Emmanuelle :

 

Une trop grande identification à ce que ressent son mari. Des angoisses. La dépression….

Dans Ricochets, un psychiatre lui explique que la relation fusionnelle de leur couple cause aussi ses tourments.

Dans notre mĂ©tier de soignant, nous sommes « sensibilisĂ©s Â» Ă  la nĂ©cessitĂ© de mettre certaines « limites Â» ou un certain « cadre Â» entre l’autre et nous. MĂŞme si – ou surtout si- nous avons spontanĂ©ment une grande empathie pour l’autre que nous « soignons Â» ou essayons d’aider.

 

Au travail, j’aime me rappeler de temps en temps le nombre d’intervenants que nous sommes. Car ĂŞtre Ă  plusieurs nous permet, aussi, de nous rĂ©partir la charge Ă©motionnelle d’une « situation Â». Seule Ă  la maison avec son mari, puis avec leur fille, Camille Emmanuelle a moins cette possibilitĂ© d’être relayĂ©e. Mais l’aurait-elle eue qu’elle l’aurait probablement refusĂ©e. Si l’Amour peut aider Ă  surmonter certaines Ă©preuves, le sens du Devoir permet, aussi, de le croire. Surtout lorsque l’on est dans l’action.

 

 

Etre dans l’action

Vers la fin de son livre, Camille Emmanuelle « rencontre Â» (soit via Skype ou en consultation) un psychiatre ou une psychologue qui lui explique que son Hyper-vigilance post attentat 2015 s’explique très facilement. La menace de mort a persistĂ© bien après le 7 janvier 2015. Sauf que l’hyper-vigilance, ça use.

 

C’est seulement lorsque le journaliste Philippe Lançon a commencĂ© Ă  aller mieux que son frère , Arnaud, qui venait le voir tous les jours Ă  l’hĂ´pital, s’était autorisĂ© Ă  s’occuper de lui. Et Ă  consulter pour lui. Camille Emmanuelle a Ă©galement ressenti ça. Et, moi, je me suis aperçu en lisant Ricochets que j’avais ressenti ça pour ma fille, prĂ©maturĂ©e, qui avait passĂ© deux mois et demi Ă  l’hĂ´pital dès sa naissance. Tous les jours, nous allions la voir Ă  l’hĂ´pital.  C’est trois Ă  quatre ans après cette pĂ©riode que j’ai commencĂ© Ă  penser Ă  consulter. Et que je me suis dit que nous aurions dĂ» le faire bien plus tĂ´t. Dans la situation de ma compagne et moi, il n’y avait pas eu d’attentat mais il y avait bien eu un trauma : il y a des naissances plus heureuses et plus simples. Or, nous avions comptĂ© sur nos propres forces, ma compagne et moi, pour cette naissance difficile.

 

Et, il y a un autre point commun, ici, entre notre expĂ©rience et celles de certaines victimes d’attentats : si  parmi les gens qui nous entourent, certains ont d’abord exprimĂ© une rĂ©elle empathie, ensuite, la situation a en quelque sorte  Ă©tĂ©  rapidement « classifiĂ©e Â» pour eux. Ils sont restĂ©s extĂ©rieurs Ă  l’expĂ©rience, pensant que cela coulait de source pour nous, et ont vaquĂ© Ă  leurs occupations. Parce-que ce n’est pas la première fois qu’il y a eu un attentat. Qu’il y a la « rĂ©silience Â». Ou que l’on est suffisamment « fort Â» et que l’on va « rebondir Â». Ou ĂŞtre « proactif Â». Ou, aussi, parce-que cette situation les mettait mal Ă  l’aise ou leur faisait peur : «  Je ne sais pas quoi dire… Â».

 

Comme Camille Emmanuelle, sans doute, avec son mari après les attentats, je n’ai pas recherchĂ© et n’aurais pas aimĂ© que l’on me plaigne Ă  la naissance de ma fille. En outre, je mentionne ici sa prĂ©maturitĂ© mais ordinairement je ne le mentionne pas. Je n’aimerais pas devoir en permanence parler de ce sujet. Et, c’est sĂ»rement pour lui Ă©chapper que je me suis beaucoup impliquĂ© en reprenant des cours de théâtre au conservatoire un peu avant sa naissance (environ dix heures de cours par semaine). Et que trois ans plus tard, alors que ma fille allait mieux, j’ai perdu de façon Ă©tonnante ce « besoin Â» de faire du théâtre.

 

On peut trouver indĂ©cent que je rapproche de cette expĂ©rience d’attentats ce que j’ai pu vivre avec la naissance de ma fille. Moi, je crois que certaines expĂ©riences de vie ont en quelque sorte des « troncs communs Â». Et que, mĂŞme si certaines situations sont bien sĂ»r plus extrĂŞmes que d’autres, qu’elles ont nĂ©anmoins une certaine parentĂ© avec d’autres situations de vie. Dans son livre, Camille Emmanuelle relève bien que l’expĂ©rience traumatique de son viol par soumission chimique, en 2012, aux Etats-Unis, l’a sans doute prĂ©parĂ©e Ă  pouvoir d’autant plus facilement se mettre Ă  la place de son mari après les attentats du 7 Janvier 2015. MĂŞme si, Ă©videmment, elle se serait bien passĂ©e de ce viol. MĂŞme si son mari n’a pas Ă©tĂ© violĂ© et a toujours conservĂ© son intĂ©gritĂ© corporelle intacte.

Elle nomme aussi les trois attitudes adoptées par l’être humain face à un stress ou un danger extrême:

Fight, Flight or Freeze : Se battre, fuir ou se figer.

Une psychiatre ou une psychologue qu’elle interroge explique que ces trois attitudes humaines sont normales. Et que se battre, selon les situations, n’est pas toujours l’attitude qui permet de rester en vie.

 

Une sorte de conclusion :

 

L’ouvrage de Camille Emmanuelle m’a plusieurs fois fait penser au livre Je ne lui ai pas dit au revoir : Des enfants de dĂ©portĂ©s parlent de Claudine Vegh, paru en 1996, seul ouvrage, je crois, Ă  ce jour, de cette…pĂ©dopsychiatre.

 

Des attentats, une enfant prématurée, la déportation…on peut se demander quels rapports ces sujets ont-ils à voir ensemble.

 

Le Deuil.

 

D’ailleurs, pour moi, Ă  plusieurs reprises, l’attentat « de Â» Charlie Hebdo a imposĂ© Ă  celles et ceux qui sont restĂ©s, un deuil impossible. Initialement, d’ailleurs, avant de commencer Ă  Ă©crire cet article, j’avais prĂ©vu de commencer par ça :

 

Par écrire Le Deuil impossible.

 

Mais ce n’est pas ce que raconte Camille Emmanuelle dans son livre. Ce n’est pas ce que l’existence de ma fille raconte, non plus. Claudine Vegh, par contre… mais son ouvrage est à lire.

 

Camille Emmanuelle donne aussi des conseils pour celles et ceux qui se retrouveraient dans la même situation qu’elle. Si elle rencontre des avocats, d’autres victimes directes ou par ricochets, des psychiatres, psychologues, mais aussi d’autres personnes, ce qui lui permet, aussi, de reposer un peu sa conscience, elle donne quelques coups de pouce.

 

Elle conseille de ne pas recourir à l’alcool ou à une quelconque substance (cannabis ou autre) peu de temps après un événement traumatique. Pour cause de risque d’addiction.

Même la prescription classique de lexomil serait à éviter. Il semblerait que la prescription de bêta bloquants pourrait être préconisée selon les individus.

 

Elle conseille d’éviter de se livrer dans les média. Pour cause d’amplification d’un effet boomerang de nos propos sous l’effet de l’émotion. Elle fait aussi un travail de recherche sur les effets des réseaux sociaux (ou les média) après qu’un de ses articles ait été lu plus de …600 000 fois après l’attentat de Charlie Hebdo.

 

Elle raconte aussi les dĂ©saffections de certaines personnes proches, et les simples connaissances devenues des proches. 

 

J’ai retenu, dans ce qui l’avait aidĂ© et qui l’aide :

 

Ecrire, regarder (ou lire) des fictions, faire du Yoga, faire de la boxe anglaise, consulter, déménager, quitter Paris, trouver un endroit calme, faire l’amour avec son mari/ou sa femme (lorsque c’est possible), dormir, reprendre le travail…

 

Elle cite aussi plusieurs auteurs ou psychologues ou psychiatres reliés au trauma. J’ai mémorisé en particulier l’ouvrage Panser les attentats de Marianne Kédia.

 

Franck Unimon, ce dimanche 21 novembre 2021.

 

 

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Une semaine qui commence bien

Gare d’Argenteuil, ce lundi 8 novembre 2021 au matin.

 

Une semaine qui commence bien

 

On l’oublie mais….il se passe toujours quelque chose. Je ne devais pas être dans ce train, ce matin. Cela s’est décidé tôt. Avant d’emmener la petite à l’école. Les vacances de la Toussaint étaient terminées.

 

Hier après-midi, j’étais allé voir l’adaptation au théâtre par Daniel Muret du film Garde à vue de Claude Miller. J’en reparlerai. Cette adaptation m’a peut-être influencé.

 

Même si j’avais déjà la volonté d’aller là où je suis allé bien avant ça.

 

Alors que je m’approchais de la gare d’Argenteuil, ce matin, le train omnibus arrivait. Je l’ai pris. Pour aller à Paris, au procès des attentats du 13 novembre 2015.

 

J’allais Ă©couter un podcast sur mon tĂ©lĂ©phone portable puis je me suis dit :

 

«  Non. Je vais prendre le temps de regarder les gens Â».

 

Une gare plus loin, je l’ai vu arriver sans masque. Mais Ă§a ne m’a pas marquĂ©. Il avait un grand sourire. D’origine asiatique. La trentaine ou la quarantaine. Une doudoune jaune. Propre sur lui.

 

Le train est reparti. Il a commencĂ© :

 

« Excusez-moi de vous solliciter (ou de vous dĂ©ranger….) Â».

 

Il a commencĂ© comme un mendiant mais a bifurquĂ© sur :

 

« Depuis deux ans, au moins (…..) Macron, quel bouffon ! (….) Respirez librement. Enlevez vos masques, vos muselières (….) Â».

 

Il a expliquĂ© qu’il s’adressait aux gens qui avaient Ă©teint leur tĂ©lĂ© et « allumĂ© Â» leur cerveau. Il a parlĂ© de la peur qui permettait de nous faire accepter n’importe quoi.

 

« Ă§a se met en place, gentiment… Â». En face de moi, la femme assise près de la fenĂŞtre, dans le sens de la marche, a levĂ© les yeux au ciel lorsqu’elle entendu ça. Comme si elle se sentait mal.

 

Il a poursuivi :

 

« Il y a deux ans, si on nous avait dit : Pour aller au restaurant, il vous faut dĂ©cliner votre identitĂ©, vous auriez dit : « Quoi ?! On est dans quel pays ?! En CorĂ©e du Nord ?! En Chine ?! Â».

 

Pour conclure, il a dit :

 

« Je vais passer parmi vous pour recueillir vos sourires et vos encouragements… Â».

Il est parti dans le sens opposé. Ce qui fait que je ne l’ai plus revu. La femme assise en face de moi s’est levée, puis, elle est partie aussi. Ils étaient peut-être amants. Il aura tout fait pour la faire revenir et ça aura marché.

 

Ils étaient à peine partis tous les deux que des contrôleurs sont arrivés. Je ne sais toujours pas quoi penser de cette coïncidence. Près de notre rangée, un contrôleur d’une quarantaine d’années, les cheveux courts, a fait claquer son brassard fluo de contrôleur autour de son biceps…comme un flic. Cela fait maintenant un ou deux ans que les contrôleurs ont ce genre de brassard. On sent bien que ce brassard a fait monter chez certains leur niveau de virilité mais aussi un certain sentiment d’invulnérabilité. Et c’est pareil chez les femmes contrôleuses.

 

Je n’ai rien contre les flics.

 

Très vite, deux des collègues du contrĂ´leur lui ont fait signe, devant. Lui et peut-ĂŞtre un ou deux autres de ses collègues sont alors partis en renfort. J’ai cru Ă  du rĂ©pit. Mais après avoir rĂ©glĂ© leur affaire, ils sont revenus cinq minutes plus tard :

« ContrĂ´le de vos titres de transport, s’il vous plait Â». Un de ses collègues plus jeunes a prĂ©sentĂ© sa machine afin que nous lui soumettions notre pass navigo. Il a dit bonjour Ă  chacun d’entre nous. J’ai Ă©tĂ© le dernier Ă  sortir mon pass navigo, dĂ©jĂ  lassĂ© par ce dĂ©but de journĂ©e.

Gare de Paris St-Lazare, lundi 8 novembre 2021, au matin.

 

Sur le quai de la gare St Lazare, j’ai aperçu plusieurs contrôleurs qui entouraient un homme. Puis, alors que je suivais le flot des voyageurs, j’ai vu arriver, à contre-courant, plusieurs membres de la police ferroviaire dans leur tenue bleue. Ils longeaient le train.

Il était bientôt neuf heures du matin. Le trajet avait été plus long que d’habitude. Cela m’avait retardé.

 

Je ne vois pas encore très bien quel rapport ces différents événements pouvaient-ils avoir entre eux.

 

Franck Unimon, lundi 8 novembre 2021.

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La Profession infirmière

                                    La Profession infirmière

 

« Les deux tiers des soignants suspendus sont revenus au travail une fois vaccinĂ©s Â», a indiquĂ© Mardi le Ministre de la SantĂ©, Olivier VĂ©ran.

 

Nous sommes le mercredi 27 octobre 2021. Et, il est 23h19 alors que je commence la rĂ©daction de cet article dont j’ai eu l’idĂ©e ce matin en me levant. Cet article Ă©tait ma première idĂ©e. Deux autres sont arrivĂ©es ensuite. Mais, d’abord, j’ai tenu en prioritĂ© Ă  Ă©crire sur la quatrième idĂ©e. Sur le film d’animation MĂŞme les souris vont au paradis/ un film d’animation de Jan Bubenicek et Denisa Grimmova  vu samedi dernier lors du festival du cinĂ©ma tchèque. Car celui-ci est sorti aujourd’hui.

 

La journĂ©e est passĂ©e. J’ai pris du temps sur la rĂ©daction de mon article consacrĂ© Ă  MĂŞme les souris vont au paradis. Puis, ma compagne est partie chercher notre fille au centre de loisirs. Après son coucher, j’ai parcouru plusieurs journaux papier achetĂ©s le jour-mĂŞme :

 

Les Echos ; Le Canard EnchainĂ© ; Charlie Hebdo ; Le Parisien.

 

Et, me revoilĂ  au dessus du clavier.

 

« L’admiration et le respect Â» :

 

Je n’ai pas encore parcouru L’HumanitĂ© et le New York Times du jour. J’ai dĂ©laissĂ© le journal La Croix lors de l’achat des journaux. J’en ai eu pour un peu plus de 18 euros.  C’est un coĂ»t alors que plein d’informations circulent « gratuitement Â» et « librement Â» sur internet. Cette information selon laquelle «  les deux tiers des soignants suspendus sont revenus au travail une fois vaccinĂ©s Â», je l’avais lue incidemment sur le net alors que j’étais au travail. Hier, peut-ĂŞtre plutĂ´t qu’avant hier. Et, j’avais aussitĂ´t retenu cette information.

 

Parce-que je suis directement concerné en tant que soignant.

 

Je peux comprendre que la mĂŞme information ait Ă©chappĂ© Ă  beaucoup d’autres gens qui, vaccinĂ©s ou non contre le Covid, en ont assez d’entendre parler de vaccins, de Covid, de passe sanitaire et de pandĂ©mie. D’autant qu’il convient de rĂ©tablir une vĂ©ritĂ© qui date de bien avant la pandĂ©mie du Covid :

 

Si beaucoup de personnes admirent souvent les personnels soignants- ce qui n’empĂŞche pas par ailleurs d’insulter, de menacer, de dĂ©noncer, d’agresser ou de cracher sur ces mĂŞmes personnels soignants-  c’est aussi parce-que, dans la vie courante, la majoritĂ© des gens prĂ©fèrent aller au restaurant, dans une salle de concert ou au cinĂ©ma plutĂ´t que dans un hĂ´pital ou dans une clinique. Alors, savoir que des personnes a priori sensĂ©es et frĂ©quentables optent comme lieu de travail constant, jusqu’à leur dĂ©part Ă  la retraite ou jusqu’à leur mort pour l’hĂ´pital et la clinique, cela force l’admiration ou le respect.

Je peux aussi comprendre que cette dĂ©claration (  » les deux tiers des soignants suspendus sont revenus au travail une fois vaccinĂ©s » ) soit passĂ©e inaperçue pour beaucoup de gens car nous sommes en pleines vacances de la Toussaint depuis bientĂ´t une semaine. Ceux qui le peuvent et qui le souhaitent sont partis en week-end prolongĂ© ou en congĂ©s. D’autant que, depuis quelques mois, nous pouvons Ă  nouveau ( depuis le 9 juin ? ) circuler Ă  peu près librement dans toute la France et dans un certain nombre de pays en dehors dès lors que l’on est vaccinĂ© contre le Covid et/ou que l’on peut prĂ©senter son pass sanitaire valide. Et, plus simplement, la pĂ©riode des vacances est une pĂ©riode oĂą, gĂ©nĂ©ralement, on a besoin de couper avec les « actualitĂ©s ». Je ne suis pas en vacances. C’est peut-ĂŞtre aussi pour cette raison que je suis tombĂ© aussi facilement sur cette dĂ©claration/information d’abord sur le net puis dans un journal. 

 

Ce mercredi, je retrouve cette information-dĂ©claration selon laquelle «  les deux tiers des soignants suspendus sont revenus au travail une fois vaccinĂ©s Â»  Ă©crite noir sur blanc dans le journal Les Echos . Un article concis et discret. Je l’ai aussi pris en photo.

Le journal  » Les Echos » de ce mercredi 27 octobre 2021.

 

 

Pourquoi payer des journaux alors que l’on peut retrouver certaines informations gratuitement sur internet ?

 

Au moins parce qu’en payant, je lis encore à peu près ce que je veux lire dans des journaux. Au lieu de subir des thématiques d’informations ou publicitaires que je recevrais ensuite systématiquement parce-que, sur internet, j’aurais lu tel ou tel article s’y rapportant. La gratuité sur internet, mais aussi ailleurs, est souvent intéressée. Que cet intérêt soit partagé ou non.

 

J’achète aussi des journaux parce qu’en choisissant les journaux que j’achète, j’ai accès Ă  plus d’informations, dans diffĂ©rents domaines, que celles que j’obtiens et trouve sur internet ou dans les journaux gratuits mis Ă  notre « disposition Â» dans les gares.  Je suis aussi un « traditionnel Â» pour lequel le contact physique avec le papier du journal et du livre est nĂ©cessaire pour un meilleur plaisir de lecture. Je tiens un blog Ă  dĂ©faut de ne pas avoir de rubrique ( de chronique, plutĂ´t) dans un journal papier; une expĂ©rience que j’ai connue il y a plusieurs annĂ©es puis qui s’est interrompue pour raisons Ă©conomiques et, sans doute, usure du rĂ©dacteur en chef.

 

Alors, 18 euros dans des journaux, c’est un coût. Mais la gratuité peut être une économie trompeuse.

 

« Les deux tiers des soignants suspendus sont revenus au travail une fois vaccinĂ©s Â»

 

Dans cinq ans peut-être, cette phrase toute seule sera énigmatique pour beaucoup de ses lecteurs. Aujourd’hui, nous savons encore qu’il est question du vaccin contre le Covid.

 

Cela m’a soulagé de relire cette phrase- que j’avais lue sur internet- dans le journal Les Echos tout à l’heure. Non par plaisir de reparler du Covid, de la pandémie, des vaccins anti-Covid, des soignants suspendus pour refus de cette vaccination mais aussi pour refuser le passe sanitaire.

Mais parce-que c’était, pour moi, une information officielle et vérifiable. Il y a sans doute des gens qui considèreront qu’il ne faut pas se fier aux journaux d’une façon générale ou du journal Les Echos. Moi, malgré mes réserves envers le pass sanitaire, malgré mon acceptation tardive de la vaccination anti-Covid, je me fie à cette information dans le journal Les Echos. Je peux donc continuer mon article en partant de cette information.

 

Lorsqu’hier ou avant hier, au travail,  j’ai lu ce «  Les deux tiers des soignants suspendus sont revenus au travail une fois vaccinĂ©s Â», je l’ai gardĂ© pour moi. Pourtant, aussitĂ´t, j’ai vu dans cette phrase un sentiment de satisfaction. Et de victoire politique plus que de victoire sanitaire.

Il y a, de toute façon, en rĂ©gion parisienne, un peu plus de 800 postes infirmiers vacants. Et le retour de ces soignants qui retrouvent leur poste après leur vaccination ne comblera pas cette pĂ©nurie. Une pĂ©nurie chronique et  bien antĂ©rieure Ă  la pandĂ©mie du Covid. 

Page 6, du journal « LibĂ©ration » de ce mercredi 27 octobre 2021. Le Ministre de la SantĂ©, Olivier VĂ©ran, s’exprime.

 

 

Sans doute ai-je l’esprit mal tournĂ©. Sans doute que le Ministre de la SantĂ©, qui a prononcĂ© cette phrase  (ce que je n’avais pas remarquĂ© lorsque je l’avais lue sur internet) est-il fondamentalement sincère et avant tout rĂ©ellement concernĂ© par la SantĂ©, y compris celle des soignants. Cependant, dans ce rapport de force entre le gouvernement et certains soignants- une minoritĂ©- Ă  propos de cette vaccination anti-Covid dans le contexte de la pandĂ©mie du Covid, j’ai du mal Ă  croire Ă  une sincĂ©ritĂ© totalement dĂ©sintĂ©ressĂ©e du gouvernement.

 

Ma défiance ne vient pas de nulle part. Elle vient de ce que je vois, de ce que j’entends, de ce que je comprends et de ce que je vis depuis une trentaine d’années dans la profession infirmière.

 

La profession infirmière

 

J’ai obtenu mon diplôme d’Etat d’infirmier en 1989 après trente trois mois d’études. Il y a plus de trente ans. Les soignants de la génération de ma mère (ma mère était aide-soignante) faisaient souvent pratiquement toute leur carrière dans un même service. Voire dans deux. J’ai connu cinq établissements employeurs différents en bientôt trente ans d’expérience en Santé Mentale. En psychiatrie et en pédopsychiatrie. Sans compter les hôpitaux et les cliniques où, avant d’être titulaire, il avait pu m’arriver d’être intérimaire ou vacataire pour une journée ou pour une nuit. Pendant quelques années, j’ai aussi donné des cours à des étudiantes et étudiants infirmiers dans cinq ou six écoles ou instituts de soins infirmiers. En région parisienne.

 

Mon esprit « mal tournĂ© Â» Ă  l’encontre de cette phrase du Ministre de la SantĂ© actuel- qui n’existait pas Ă  un tel niveau politique lorsque j’ai dĂ©butĂ©- provient sĂ»rement de ce dĂ©calage entre lui et moi. Le temps. Les diffĂ©rents Ă©tablissements et services oĂą je suis passĂ©. Les collègues que j’ai connus et que je connais encore. Qu’ils soient restĂ©s en rĂ©gion parisienne ou soient partis en province. Des femmes. Des hommes. Des mères. Des pères. Des divorcĂ©(es). Des mariĂ©(es).  Des veuves. Mes expĂ©riences. Tout cela s’intercale, Ă  un moment ou Ă  un autre, entre moi et  des phrases. Qu’elles viennent d’un homme politique, d’un directeur d’hĂ´pital, d’un cadre ou d’un collègue.

 

 

J’ai dĂ» participer Ă  dix manifestations infirmières en plus de trente ans de diplĂ´me. Je me suis syndiquĂ© très tardivement. A plus de 45 ans. Je suis un adhĂ©rent syndiquĂ© qui paie sa cotisation. MĂŞme si je sollicite certaines fois « mon Â» syndicat pour avoir certaines rĂ©ponses, je ne suis pas un membre actif du syndicat mĂŞme si cela m’a Ă©tĂ© proposĂ©. Dans les services oĂą j’ai travaillĂ© et lĂ  oĂą je travaille, je me perçois comme un Ă©lĂ©ment modĂ©rateur. AffirmĂ©. Mais modĂ©rateur. Je n’aime pas les embrouilles Ă  deux balles. Je ne suis pas la personne la  mieux informĂ©e sur les  derniers ragots qui sont les combustibles du moment  dans un service.

 

 

Hier ou avant hier :

 

Hier ou avant hier, avec mes collègues infirmiers, nous avons discutĂ© du mĂ©tier. De la pĂ©nurie infirmière. Mes trois autres collègues infirmiers, mes aĂ®nĂ©s de plusieurs annĂ©es, sont plus proches de la retraite que moi. A deux mois ou deux ans de le retraite. Une femme. Deux hommes. Je suis, moi, selon les calculs, selon les projets, selon ce que j’estime raisonnable, Ă  8 ou 10 ans de la retraite. Si je tiens. Si cela vaut le coup et le coĂ»t. Si je vais suffisamment bien. Si j’ai encore suffisamment envie de ce travail. Pour l’instant, lĂ  oĂą je suis, j’ai envie de ce travail. 

 

 

La Revalorisation salariale

 

Un de mes collègues a affirmé sa certitude que la trop faible valorisation salariale expliquait la pénurie infirmière. Selon lui, si les infirmières et les infirmiers étaient mieux payés, beaucoup plus de personnes décideraient de faire des études d’infirmier.

 

Cette revendication est l’équivalente de la demande d’une augmentation du pouvoir d’achat que les gouvernements agitent rĂ©gulièrement devant nous qui devons faire des efforts pour joindre les deux bouts.

 

Le métier d’infirmier fait en effet partie des métiers sous-payés. Régulièrement, des collègues rappellent que l’évolution de salaire des personnels infirmiers n’a pas suivi l’évolution du coût de la vie. Il y a près de vingt ans, maintenant, une collègue ( sans enfant), mon aînée de quelques années, m’avait raconté qu’elle avait bien perçu la réduction de son pouvoir d’achat avec les années. Une collègue et qui, alors, habitait à dix minutes en voiture de notre lieu de travail.

 

Je ne vais donc pas contester le fait que l’augmentation salariale du mĂ©tier d’infirmier est nĂ©cessaire et plus que bienvenue. Ce Ă   quoi, on me rĂ©pondra que nous avons eu une prime exceptionnelle pouvant aller jusqu’à 1500 euros ( pour celles et ceux qui l’ont eu) l’annĂ©e dernière en juin ou juillet 2020. Pour rĂ©compenser nos efforts pendant les trois premiers mois de la pandĂ©mie du Covid et du confinement. Face au manque de matĂ©riel, au manque de personnel, aux heures de travail supplĂ©mentaires, Ă  la contamination par le Covid….

 

Prime Ă  laquelle s’est rajoutĂ©e le Plan SĂ©gur, soit une augmentation de 183 euros sur le salaire. J’ai oubliĂ© si c’est une prime ou une modification du traitement indiciaire. Et, une autre augmentation, un peu plus consĂ©quente, d’environ 300 ou 400 euros est prĂ©vue pour bientĂ´t, Ă  la fin de ce mois d’octobre, dans les lieux de soins. Dans les hĂ´pitaux. Dans les cliniques ?

Je n’ai pas bien compris si cette augmentation concerne les infirmiers de catĂ©gorie A comme les infirmiers de catĂ©gorie B. Je suis en catĂ©gorie B, la catĂ©gorie « historique Â». Une catĂ©gorie vouĂ©e Ă  disparaĂ®tre, considĂ©rĂ©e comme « active Â». Alors que la catĂ©gorie A, créée plus rĂ©cemment ( il y a environ 15 ans) classĂ©e comme « sĂ©dentaire Â» est en principe mieux payĂ©e mais aussi obligĂ©e de travailler plus longtemps que la B avant de pouvoir partir Ă  la retraite avec une pension complète. Depuis une dizaine d’annĂ©e, tous les nouveaux infirmiers diplĂ´mĂ©s sont d’emblĂ©e en catĂ©gorie A et ont, aussi, le niveau Licence. A mon « Ă©poque Â», le diplĂ´me d’Etat d’infirmier, obtenu en trente trois mois, correspondait Ă  un niveau BTS, ce qui Ă©quivaut Ă  un niveau Bac + 2.

 

Les infirmiers de catégorie A ont fait 36 mois d’études, je crois.

Le Ministre de la Santé, Olivier Véran, dans le journal Libération de ce mercredi 27 octobre 2021.

 

AttractivitĂ© du mĂ©tier d’infirmier : Je ne crois pas Ă  la revalorisation salariale

 

Selon moi, une augmentation salariale serait évidemment plus qu’appréciée par l’ensemble de la profession déjà en fonction. Mais, ai-je dit à mon collègue, je ne crois pas que le fait d’augmenter le salaire des infirmiers ferait venir beaucoup plus de monde à la profession.

 

J’ai dit quelque chose comme :

 

« MĂŞme si tu augmentes le salaire de 1000 euros, il y a plein de gens qui refuseront de faire ce mĂ©tier. Ne serait-ce que parce qu’il y a beaucoup de gens qui n’ont pas envie de travailler dans le sang, le pipi et le caca Â».

 

Mon collègue était très sûr de lui. Payer plus cher les infirmiers amènerait plus de nouvelles et de nouveaux collègues.

Puis, de lui-mĂŞme, il nous raconte une de ses expĂ©riences, dans le service oĂą il travaillait prĂ©cĂ©demment, oĂą un bĂ©bĂ© Ă©tait mort dans ses bras. Et, oĂą un autre avait fait un infarctus dans ses bras. J’ai alors repris mon raisonnement :

 

« Tu vois, il y a des gens, mĂŞme si tu les paies 5000 euros par mois, ils ne voudront pas vivre ce genre de situation Â».

 

J’ai ensuite continué d’amener ce que je pense du métier. Je n’ai même pas eu envie de débattre du sujet de la vocation évoquée par ce même collègue, devenu infirmier par vocation.

 

La Vocation :

 

J’ai déjà dit et écrit ce que je pense de ce mot. Je comprends que des collègues l’emploient pour eux. Pour ma part, ce mot m’est insupportable.

 

Le stade  de la  Â« vocation Â» est justement celui qui permet de dĂ©considĂ©rer le mĂ©tier d’infirmier depuis des annĂ©es voire depuis des gĂ©nĂ©rations. N’oublions pas que nous vivons dans une sociĂ©tĂ© matĂ©rialiste ou tout est prĂ©texte Ă  faire de l’argent et Ă  en faire dĂ©penser. Et oĂą, travailler ou agir gratuitement, permet très facilement Ă  quelqu’un de faire des Ă©conomies ou du profit sur notre dos. 

 

Discours imaginaire que m’inspire la « vocation Â» :

 

« Untel a la vocation donc on peut le faire travailler comme un chien. Un verre d’eau, un peu de pain, cinq minutes pour sa pause dĂ©jeuner, le pipi et le lavage de main, et elle ou il repart. C’est vraiment bien, la vocation ! Â»

 

 

 

Extrait de l’article  » Hublo, et les heures sup dĂ©collent Ă  l’hosto » du journal  » Le Canard Enchainé » de ce mercredi 27 octobre 2021.

Bien-sĂ»r, il est des institutions, il y a eu des institutions et des hiĂ©rarchies qui ont « respectĂ© Â» l’idĂ©e de la « vocation Â». Mais cela est fonction des services, des Ă©poques, des rĂ©gions, des personnalitĂ©s. Cela fait beaucoup de paramètres pour que soit respectĂ©e la « vocation Â». Malheureusement, ce que j’ai le plus souvent vu, c’est que le personnel soignant qui supporte d’être compressĂ© par des conditions de travail difficiles, de plus en plus difficiles, et qui reste fidèle au poste, sera de plus en plus compressĂ©. Sa charge de travail continuera d’augmenter au lieu de s’allĂ©ger si ce personnel attend d’autrui

(ses collègues, sa hiérarchie ou son institution) que cette charge de travail s’allège d’elle-même.

 

A moins d’avoir des horaires de travail de bureau, les horaires de travail du personnel infirmier peuvent ĂŞtre très contraignantes. Il y a des personnes qui veulent ĂŞtre de repos tous les samedis et les dimanches, les jours fĂ©riĂ©s et dormir chez eux la nuit. Ou qui veulent pouvoir se lever les matins Ă  7h. A 7 heures du matin,  Ă  l’hĂ´pital, il y a des infirmiers qui terminent leur nuit de travail. Et d’autres qui ont dĂ©jĂ  commencĂ© leur journĂ©e de travail. On peut d’abord se dire qu’en commençant Ă  7 heures du matin ou un peu avant, que cela permet de terminer sa journĂ©e de travail plus tĂ´t. C’est vrai. Mais la fatigue nous suit aussi avec les annĂ©es.

 

Et puis, notre société a changé ainsi que la façon de s’impliquer dans le métier.

Haut de l’article prĂ©cĂ©dent. Dans le journal  » Le Canard EnchaĂ®né » de ce mercredi 27 octobre 2021.

 

 

La sociĂ©tĂ© a changĂ© ainsi que la façon de s’impliquer dans le mĂ©tier :

 

Lorsque j’ai commencé à travailler comme infirmier par intérim ou en tant que vacataire, toute infirmière et tout infirmier que je croisais était titulaire de son poste quelque part. Peu importe la spécialité, que ce soit en soins somatiques ou en psychiatrie, de jour ou de nuit. Toutes les camarades et les camarades de ma promotion, des promotions précédentes et suivantes, aspiraient à avoir un poste de titulaire.

 

Depuis cinq ou dix ans, au moins, il est devenu frĂ©quent de croiser des infirmières et des infirmiers diplĂ´mĂ©s depuis moins de cinq ans qui font uniquement de l’intĂ©rim et/ou des vacations. Ou, en psychiatrie adulte, de voir des infirmières et des infirmiers quitter assez rapidement- avant cinq ans d’exercice- les services d’hospitalisation psychiatriques  pour, par exemple, des postes dans des CMP ( centre mĂ©dico-psychologiques). 

 Â« Avant Â», il Ă©tait plus courant que les jeunes diplĂ´mĂ©s ou les personnes qui venaient d’obtenir un poste y restent plus de cinq ans.

 

Ce qui n’a pas changĂ© :

 

Ce qui n’a pas changé, c’est la grande féminisation du métier. Cette féminisation explique selon moi, en partie, la raison pour laquelle, aussi, le métier d’infirmier est mal payé.

 

J’étais resté sur le chiffre de 78 pour cent de femmes dans la profession infirmière. Notre collègue infirmière a tenu à dire que, tout de même, le métier s’était masculinisé. J’ai admis que cela s’était partiellement produit. Sans doute dans certains services plutôt que dans d’autres. Mais que lorsque l’on regardait dans l’ensemble, la profession infirmière reste majoritairement féminine. En psychiatrie, par exemple, l’équipe infirmière avec laquelle j’ai débuté dans le service où j’ai été titularisé, au début des années 90, était parfaitement mixte et constituée de collègues qui avaient entre cinq et dix ans d’expérience professionnelle. Du personnel infirmier autant masculin que féminin sur une équipe de 14 ou 15 infirmiers.

 

Il y avait peut-être même 8 infirmiers pour 7 infirmières. Il faut aussi rappeler qu’à cette époque le diplôme d’infirmier psy (ISP) existait encore. Et, sans doute que ce diplôme attirait plus d’hommes que le diplôme d’Etat d’infirmier que j’ai passé.

Trois ans plus tard, dans le même service, plusieurs collègues masculins étaient partis. L’équipe s’était non seulement féminisée mais aussi rajeunie. Des collègues infirmières tout juste diplômées venaient remplacer des collègues soit masculins et expérimentés, ou des collègues féminins mais tout autant expérimentés.

 

C’était il y a plus de vingt ans, maintenant. Il n’y a qu’aujourd’hui, dans le service oĂą je travaille depuis moins d’un an, donc plus de vingt ans plus tard,  oĂą j’ai retrouvĂ© une Ă©quipe, cette fois,  plus masculine que fĂ©minine.

 

Les conditions de travail dans bien des services n’ont pas changĂ©. Car, lorsque l’on parle de « changement Â» d’une situation, c’est pour parler des amĂ©liorations.

 

Il y a sûrement eu des améliorations en matériel, en formation. Mais en conditions de travail des infirmiers, cela s’est plutôt dégradé. C’était déjà limite il y a vingt ou trente ans dans certains services. Aujourd’hui, c’est pire. Et, avant la pandémie du Covid.

 

 

Le choix des jeunes infirmiers diplômés en faveur de l’intérim s’explique pour moi de cette façon. On peut voir l’intérim comme le moyen de se faire une expérience dans différents établissements afin de bien arrêter son choix sur un service et un établissement à un moment donné. Cela arrive encore. Mais ce recours à l’intérim, souvent, lorsque j’en ai parlé avec des intérimaires venant travailler dans le service où j’étais en poste, était justifié par la possibilité de décider de son planning. Et, aussi, de pouvoir partir très vite d’un service si cela déplaisait ou était trop difficile.

 

Mais c’est mieux de donner quelques exemples de ce que ce métier peut provoquer comme engagement chez les professionnels qui l’exercent.

Je mets une partie de la première page du journal  » Le Parisien » de ce mercredi 27 octobre 2021 pour deux raisons. La première est pour la sĂ©rie « Germinal » qui bĂ©nĂ©ficie de très bonnes critiques. Avec, au premier plan, l’acteur qui avait un des rĂ´les principaux dans la très bonne sĂ©rie policière  » Engrenages ». S’il vaut mieux, pour sa survie et sa santĂ©, ĂŞtre infirmier que mineur, je me demande quels points communs on peut trouver malgrĂ© tout entre le travail de mineur et celui d’infirmier lorsque certaines conditions de travail deviennent particulièrement difficiles. Ensuite, il y a cette interview de StĂ©phane Bancel, patron de Moderna. Dans cette interview, on reparle du Covid et des vaccins contre le Covid. La fabrication du vaccin Moderna, son efficacitĂ© officiellement dĂ©montrĂ©e contre le Covid associĂ©e Ă  la rĂ©ussite Ă©conomique de StĂ©phane Bancel lui confère une « autorité » officieuse pour donner son avis sur la vaccination pour les jeunes enfants, sujet hautement sensible. Peut-ĂŞtre StĂ©phane Bancel a-t’il raison. Mais pour qui se prend-il pour s’avancer de cette manière alors qu’il n’est pas Ministre de la SantĂ© ?! Il a le droit de penser qu’il faut ou que l’on peut vacciner les jeunes enfants contre le Covid avec le Moderna. Par contre, ce n’est pas Ă  lui de souffler au gouvernement ce qu’il doit dĂ©cider ou faire en matière de vaccination infantile. Mais il se le permet ici, fort de son succès personnel et Ă©conomique avec le vaccin Moderna. A lire son interview, StĂ©phane Bancel se rajoute Ă  la longue liste de toutes celles et ceux qui sont très sĂ»rs d’eux concernant la façon de s’y prendre avec le Covid et la pandĂ©mie. En lisant son interview, on apprend que, selon lui, si  » les gens font leur rappel, je pense qu’Ă  partir de l’Ă©tĂ© 2022, ils retrouveront une vie complètement normale (…..) Les non-vaccinĂ©s, eux, courent toujours un risque ». Soit une autre façon de dire que tout est sous contrĂ´le avec le vaccin Moderna. Mais, aussi, qu’il est possible de pratiquement tout contrĂ´ler dans la vie.

 

Le don de soi et le sens du Devoir :

 

Dans le mĂ©tier d’infirmier, comme dans d’autres mĂ©tiers, celle ou celui qui fera bien plus que ce qui lui est demandĂ© aura le privilège de s’esquinter Ă  ses risques et pĂ©rils. S’il ou si elle a la chance d’avoir des collègues et une hiĂ©rarchie engagĂ©s Ă  ses cĂ´tĂ©s, le professionnel trouvera des soutiens et des compensations. Cependant, en tant que soignant, confier sa santĂ© Ă  la chance alors que par ailleurs, celles et ceux qui dĂ©cident des conditions dans lesquelles nous devons travailler, eux, s’en remettent Ă  des chiffres pour Ă©valuer notre travail, c’est très mal prendre soin de soi.

 

Les chiffres, certains chiffres, peuvent ĂŞtre des repères. Sauf que ce sont certains chiffres, plutĂ´t que d’autres, qui sont retenus comme critères prioritaires. Et, ces chiffres choisis deviennent des empires irrĂ©vocables. Il est question de faire des Ă©conomies. Alors, on ferme des lits. On remplace moins le personnel. Ailleurs, on Ă©tablit que, finalement, il y a besoin de moins de personnel qu’il n’y en a. Et, comme le personnel soignant est un personnel capable de donner beaucoup de lui-mĂŞme, et au delĂ  de lui-mĂŞme, en continuant de toucher le mĂŞme salaire, le compte est bon pour celles et ceux qui dĂ©cident quels chiffres il faut regarder en prioritĂ© pour gĂ©rer un service. Ailleurs, le personnel peut  accepter de toucher plus d’argent en Ă©tant moins nombreux. Ce qui n’est pas forcĂ©ment mieux. Mais il est volontaire. Or, on le sait, le volontariat est un gage de « bonne santé » au travail. Jamais, bien-sĂ»r, le fait de gagner de l’argent ou d’avoir besoin de gagner suffisamment ou sensiblement plus d’argent, au dĂ©triment de sa santĂ© et de sa vie privĂ©e, n’oblige ou ne contraint qui que ce soit Ă  ĂŞtre volontaire pour accepter de beaucoup ( trop) travailler. Ou de simplement continuer de travailler alors que des conditions de travail se dĂ©gradent. 

Il y a maintenant un mois bientĂ´t, j’ai discutĂ© avec un infirmier, un peu plus plus âgĂ© que moi, qui, en plus de son poste de titulaire dans un hĂ´pital semi-privĂ© ou privĂ©, fait des vacations Ă  cĂ´tĂ© dans deux ou trois autres Ă©tablissements. Sa femme, Ă©galement infirmière, travaillait aussi beaucoup m’a-t’il appris mĂŞme si moins que lui. Il faisait ça depuis des annĂ©es, maintenant.

Pragmatique, celui-ci m’a expliquĂ© :

 » J’ai besoin de gagner 5000 Ă  6000 euros par mois afin de conserver un certain mode de vie ». « Cela m’a permis de rembourser en moins de dix ans ( au lieu de 15 ou 16 ans) mon crĂ©dit immobilier. Maintenant, j’ai un grand appartement sur Paris ». 

Lui et sa femme, sans enfants, avaient achetĂ© cet appartement il y a Ă  peu près une dizaine d’annĂ©es. Auparavant, ils logeaient tous les deux dans une location qu’ils avaient obtenu grâce Ă  l’Ă©quivalent du 1 pour cent patronal. D’oĂą un loyer plus « doux » que ceux pratiquĂ©s depuis Ă  peu près une vingtaine d’annĂ©es, maintenant. Au fait, j’ai lu dans le supplĂ©ment gratuit du journal Â Â» Les Echos » de ce mercredi 27 octobre 2021 que :

 » 743 000 personnes sont en attente d’un logement social en Ă®le-de-France ».

Le supplément gratuit du journal  » Les Echos » de ce mercredi 27 octobre 2021.

 

 

Dans cet article intitulĂ© 92 Des Ă©lus de gauche contre la crise du logement en Ile-de-France, on peut aussi lire que

 » Cette crise touche aussi les foyers issus de la classe moyenne, dont les revenus sont trop Ă©levĂ©s pour espĂ©rer obtenir un logement social et trop faibles pour accĂ©der Ă  la propriĂ©tĂ© Ă  Paris ou dans la petite couronne. 

C’est le cas notamment des fonctionnaires territoriaux, ou des infirmiers, qui ne peuvent pas toujours loger près de leur lieu de travail, explique Jacqueline Belhomme, maire de Malakoff ». 

 » Si l’on n’agit pas, ils seront 1 million Ă  la fin du mandat municipal« , annonce Michel LeprĂŞtre, prĂ©sident de l’intercommunalitĂ© Grand Orly Seine Bièvre ( Val-de-Marne). 

La première page du journal  » Les Echos » de ce mercredi 27 octobre 2021.

 

C’est aussi en première page de ce numĂ©ro du journal Les Echos que l’on apprend le  » triomphe boursier de la voiture Ă©lectrique Tesla » du PDG amĂ©ricain Elon Musk. Et qu’avec  » 1.OOO milliards de dollars de capitalisation boursière, Tesla vaut dĂ©sormais davantage que tous les constructeurs traditionnels rĂ©unis. Et cent fois plus que le français Renault ( premier constructeur automobile français) ». A la page 18, le journal Les Echos nous raconte le parcours d’Elon Musk jusqu’Ă  son succès en bourse depuis la cotation de l’entreprise Tesla en 2010. Il y a 11 ans. 

Dans un autre article, sur la mĂŞme page du journal Les Echos, on peut lire Elon Musk, l’homme qui vaut plus que Nike Ă  lui tout seul. Puis, juste en dessous :

 » Le patron de Tesla est dĂ©sormais l’homme le plus riche de la planète, avec une fortune estimĂ©e Ă  289 milliards de dollars ». 

Le journal  » Les Echos » de ce mercredi 27 octobre 2021.

 

En comparaison, avec ses 5000 Ă  6000 euros par mois, cet infirmier qui a pu, avec sa femme, en cumulant les heures de travail par-ci, par-lĂ , en plus de son poste titulaire, se payer son grand appartement Ă  Paris en moins de dix ans, apparaĂ®t d’un seul coup bien plus que microscopique. Pourtant, j’ai trouvĂ© les choix de cet infirmier et de sa femme plutĂ´t exemplaires. En termes d’anticipation et de rĂ©alisme. Lui qui avait pu me dire aussi que travailler autant, pour gagner aussi « bien » sa vie, avait aussi nĂ©cessitĂ©, nĂ©cessitait de sa part, des sacrifices. Mais qu’il ne les regrettait pas. Ce que je pouvais comprendre- sans tout Ă  fait l’envier- puisque, devant moi, il Ă©tait encore suffisamment bien portant. Et qu’il avait pu se payer, avec sa femme, l’appartement qu’il souhaitait. Mais aussi des croisières. Certains investissements immobiliers dans son pays d’origine. Des repas dans des restaurants. Quelques jours plus tard, pour fĂŞter son anniversaire, il avait un repas prĂ©vu dans un restaurant en haut de la Tour Montparnasse. « Un très bon restaurant », m’avait-il dit. Je n’ai pas encore regardĂ© les prix de ce restaurant. Mais j’imagine que ce restaurant est plus cher qu’un repas dans un restaurant kebab ou dans un Mac Do. 

Au dĂ©but de ma carrière, et mĂŞme avant l’obtention de mon diplĂ´me d’infirmier lorsque mon niveau d’Ă©tudes (dès la fin de ma première annĂ©e d’Ă©tudes), m’avait donnĂ© l’Ă©quivalence du diplĂ´me d’aide soignant, j’avais commencĂ© Ă  rencontrer, lors de vacations effectuĂ©es dans des cliniques, des infirmières et des infirmiers titulaires et qui, en parallèle, travaillaient dans un autre Ă©tablissement. Pour payer leurs impĂ´ts. Pour rembourser les crĂ©dits de leur maison.

C’Ă©tait il y a plus de trente ans. J’avais 20 ou 21 ans. 

Le salaire d’une infirmière, aujourd’hui, au plus haut, après trente ans d’anciennetĂ©, c’est souvent moins de 3000 euros tous les mois. Allez, disons 3500 euros par mois en poussant très fort. Si l’on ajoute les primes. Les Ă©ventuelles nĂ©gociations de salaire. Si l’on travaille dans le privĂ©, avec les week-end travaillĂ©s, les jours fĂ©riĂ©s travaillĂ©s. Selon les horaires que l’on fait. Et, encore, il est possible que des collègues me disent que je suis optimiste. Je touche moins de 3000 euros par mois après bientĂ´t trente ans d’activitĂ© professionnelle . Sans les primes. J’habite dans une ville de banlieue, dans le Val d’Oise, Ă  Argenteuil. Une ville situĂ©e Ă  11 minutes de la gare de Paris St Lazare par le train direct. Et  qui n’est pas connue pour ĂŞtre la plus chère au mètre carrĂ© dès lors qu’il s’agit d’acheter dans l’immobilier. Y compris dans le Val d’Oise. 

 

Entre l’exemple de la rĂ©ussite d’un Elon Musk; celle de ce collègue infirmier qui tourne tous les mois Ă  5000 ou 6000 euros avec son emploi fixe et ses vacations Ă  cĂ´tĂ©; et moi avec mon salaire, moindre, on a dĂ©ja trois mondes, trois modes de vie, très violemment diffĂ©rents. Et trois salaires aussi très violemment opposĂ©s. Pourtant, tous les trois, Elon Musk, ce collègue infirmier et moi, nous sommes travailleurs.

Mais la valeur ajoutée au travail que, chacun, nous produisons, est très différente.

Pourtant, que ces  secteurs dans lequel Elon Musk Ă©volue, dans lequel StĂ©phane Bancel, PDG de Moderna, Ă©volue, ou celui dans lequel, le collègue infirmier Ă  5000-6000 euros et moi, nous Ă©voluons, tous ces secteurs ont leur utilitĂ©. Mais d’après certains chiffres, l’entreprise d’Elon Musk et celle que reprĂ©sente StĂ©phane Bancel ont beaucoup plus d’importance et beaucoup plus de valeur boursière et commerciale que celle  » l’hĂ´pital, la clinique, un lieu de soins » dans laquelle ce collègue infirmier, moi et beaucoup d’autres Ă©voluons. D’après certaines valeurs ( commerciales, boursières et autres), ce collègue infirmier et moi, dès lors que nous avons fait le choix de devenir et de rester infirmiers, nous avons dĂ©cidĂ© d’accepter de faire partie des ratĂ©s du monde et de la sociĂ©tĂ©.

 

Et, si ce collègue infirmier et moi, au regard de ces chiffres, sommes dĂ©ja des personnes et des travailleurs dĂ©risoires, il existe encore des milliers, des millions de personnes plutĂ´t ( dans le milieu infirmier, hospitalier, en clinique, dans des services mĂ©dico-sociaux ou dans d’autres sphères professionnelles rĂ©munĂ©rĂ©es) qui sont encore bien plus dĂ©favorisĂ©es que nous. Et qui sont donc encore plus dĂ©considĂ©rĂ©es que nous. 

 

Aujourd’hui, et depuis des annĂ©es, les mondes d’Elon Musk et de StĂ©phane Bancel sont supposĂ©s reprĂ©senter les seuls mondes valables de la modernitĂ© et du futur. Ce collègue infirmier et moi, et beaucoup d’autres, avec ou sans notre blouse, sommes supposĂ©s reprĂ©senter un monde ancien. Donc dĂ©passĂ©. Donc contournable. Donc dispensable. Il faut une pandĂ©mie, une crise ou une catastrophe extrĂŞme, spĂ©ciale ou Ă©pouvantable (des attentats, un tsunami, un gĂ©nocide, une guerre, une catastrophe nuclĂ©aire, un tremblement de terre, une inondation exceptionnelle avec beaucoup de morts….) pour se rappeler que des professions et des mĂ©tiers ( pas seulement soignants) anciens et traditionnels ont aussi leur importance dans une sociĂ©tĂ© qui se dit et se veut moderne, Ă©voluĂ©e, libre et dĂ©mocratique. 

 

Or, nous sommes dans une sociĂ©tĂ© pour laquelle ĂŞtre moderne, cela signifie ĂŞtre amnĂ©sique; avoir une mĂ©moire partielle et sĂ©lective, briquer certains chiffres, administrer et s’agenouiller seulement devant une horreur plus grande, plus incontournable et plus durable que la nĂ´tre. 

 

D’autres chiffres, nĂ©anmoins, restent des chiffres fantĂ´mes. Inexistants. Ils n’apparaissent jamais. Le mĂ©tier d’infirmier fait partie des mĂ©tiers apaisants, curatifs mais aussi prĂ©ventifs et rĂ©gulateurs d’une sociĂ©tĂ©. Combien de suicides Ă©vitĂ©s, combien de meurtres et d’agressions Ă©vitĂ©s parce-qu’ un patient a Ă©tĂ© bien reçu, a pu ĂŞtre bien soignĂ© par des soignants suffisamment en forme, suffisamment nombreux, disponibles et attachĂ©s Ă  leur mĂ©tier ?

 

Ce genre de chiffres n’apparaĂ®t pas. Ils n’existent pas. Ce travail ne compte pas. On nous parle, Ă  l’hĂ´pital, d’écrire ce que nous faisons. Mais, d’une part, on ne peut pas tout Ă©crire. On ne peut pas Ă©crire et faire et vivre. D’autre part, pourquoi Ă©crire Ă  des personnes qui, de toutes façons, savent surtout voir et lire certains chiffres en particulier ?!

 

 

Je terminerai avec le chiffre deux.

 

Le journal  » Libération » de ce mercredi 27 octobre 2021.

 

Le chiffre deux :

Il y a deux ou trois semaines, maintenant, j’ai participĂ© Ă  une formation. Son but Ă©tait de prĂ©senter l’institution aux nouveaux arrivants qu’elle emploie. Nouveaux arrivants dont je fais partie. Cela m’a donnĂ© l’occasion de dĂ©couvrir de nouveaux lieux mais aussi de rencontrer d’autres personnes employĂ©es Ă©galement par l’institution.Dont Sue….mère de plusieurs enfants, qui doit avoir au moins deux enfants. Sue est agent administratif dans l’institution. Cependant, en discutant avec elle vers la fin de la formation, j’ai appris qu’elle avait Ă©tĂ© aide-soignante pendant près de 15 ans. Dans un service de gĂ©riatrie ou un EHPAD. En quelques minutes, elle m’a alors racontĂ© comment les mercredis, au lieu d’être trois aides soignantes, elle se retrouvait toute seule pour faire les toilettes des patients. Les patients Ă  soulever. L’épaule qui s’abĂ®me. L’arrĂŞt de travail. L’obligation de se faire opĂ©rer. Le chirurgien qui lui dit :

 

« Si vous reprenez le travail, je serai obligĂ© de vous opĂ©rer l’autre Ă©paule Â».

Les dĂ©marches ensuite aux Prudhommes. Des dĂ©marches difficiles, longues, qui ne lui ont pas tout fait donnĂ© raison. La perte irrĂ©versible d’une partie de la mobilitĂ© de son Ă©paule. 

 

Ce qu’il  y a de notable pour moi, en plus de la destruction de son corps et de son moral, c’est que cette histoire, je sais qu’elle a dĂ©jĂ  existĂ© il y a vingt ou trente ans. J’ai dĂ©jĂ  fait des toilettes. J’ai portĂ© et soulevĂ© des patientes et des patients pour faire des toilettes dans un service de gĂ©riatrie. C’est beaucoup plus difficile Ă  porter que les chiffres avec lesquels on nous tape dessus depuis des annĂ©es.

 

Ensuite, il y a Dei…une ancienne collègue que j’ai connue il y a vingt ans dans un de mes prĂ©cĂ©dents services. Dans un service de soins et d’accueil urgents en pĂ©dopsychiatrie. Dei habite et travaille maintenant dans le sud de la France. Son travail lui plait beaucoup. A seulement dix minutes en voiture de chez elle.

« De toute façon, j’ai toujours Ă©tĂ© dans des services près de chez moi Â» me dit-elle.

 

Dei… est infirmière dans un service gĂ©riatrie. Des journĂ©es de travail de 12 heures. Ce qu’elle aime beaucoup, c’est le « relationnel Â» avec les patients. Et transmettre aux autres collègues. Elle me dit que travailler en pĂ©dopsychiatrie lui a beaucoup appris. Je comprends.

Je sais aussi, depuis trente ans, que s’il y avait plus de personnel dans les services de gériatrie, ce serait très gratifiant d’y travailler pour le relationnel. Mais, classiquement, les services de gériatrie manquent de personnel depuis trente ans. Les jeunes infirmiers diplômés fuient les services de gériatrie.

 

 Lorsque Dei travaille, elle est responsable de….84 patients rĂ©partis sur trois services. Dei…m’explique, de bonne humeur, que dans chacun des services, il y a trois aides-soignantes. Divisons 84 par trois, cela donne quoi ? 28 patients par service.

Je n’ai pas poussé pour demander à Dei…si les patients sont suffisamment valides pour se déplacer ou pour se laver en toute autonomie. Déjà, pour moi, une infirmière toute seule pour 84 patients, pendant 12 heures, il y a quelque chose qui cloche. Mais c’est normal. Et ça, ça ne dérange pas nos grands vertébrés des chiffres.

Je ne connaissais pas ce chiffre de 84 patients pour une infirmière avant que Dei…ne me le donne. Malheureusement, ce chiffre comme celui de 3 aides soignantes pour 28 patients ne m’étonne pas, ne m’étonne plus. Avec ce que j’ai pu connaĂ®tre ou entendre ailleurs. Alors que je devrais ĂŞtre Ă©tonnĂ©. Mais, mĂŞme pour moi, ce chiffre est devenu « normal Â». Ensuite, lorsque cela dĂ©rapera, si ça dĂ©rape, on nous parlera de maltraitance d’une soignante ou du personnel.

 

Je lui demande :  » Il y a toujours des kilos de mĂ©dicaments Ă  donner aux patients ? ». Dei semble alors rĂ©aliser :  » Ah, lĂ , lĂ . C’est vrai qu’il y a beaucoup de mĂ©dicaments Ă  donner… ». Trente ans sont passĂ©s pourtant depuis la dernière fois oĂą j’ai travaillĂ© dans un service de gĂ©riatrie. 

 

Sur ses 12 heures de travail, Dei…me dit sans amertume que, normalement, elles/ils ont droit Ă  « deux heures de pause Â». Mais que, vu le travail Ă  faire, elles/ils ne peuvent jamais prendre ces deux heures de pause.

OĂą sont nos grands pratiquants du chiffre ? Qu’attendent-ils pour rapidement corriger ce genre de dĂ©sordre ? Comment peuvent-ils accepter que ça continue ? Sans doute que ces chiffres-lĂ  ne leur ont pas Ă©tĂ© communiquĂ©s ou ne leur parlent pas. Sans doute aussi que ce que connaissent Dei…et ses collègues font partie des exceptions. Dans tous les autres services de gĂ©riatrie de France, c’est certainement beaucoup mieux.

 

Mieux ? Dei m’apprend que, lorsqu’elle reprend le travail après plusieurs jours de repos, qu’elle arrive Ă  6h30.( Au lieu de 7h30 qui est son horaire de dĂ©but normal). Afin de pouvoir bien prendre le temps de lire les dossiers des patients. Je l’écoute. Je ne dis rien. Dei…est heureuse comme ça. Cela fait un peu plus de trois ans qu’elle travaille lĂ .  Elle ne souffre pas. Et, tout le monde est content. Celles et ceux qui pelotent leurs chiffres en permanence et qui font une bonne affaire en Ă©tant dispensĂ©s de rĂ©munĂ©rer tout ce travail abattu gratis par Dei et toutes les infirmières et les personnels soignants et mĂ©dicaux-sociaux qui lui ressemblent et qui se comptent par….mince, je n’ai pas les chiffres. Donc, ça ne compte pas.

Dei m’apprend aussi que plusieurs de ses collègues ont prĂ©fĂ©rĂ© quitter le service. PlutĂ´t que de devoir accepter de se faire vacciner contre le Covid. Elle ne sait pas oĂą ces anciennes collègues sont parties travailler. Ni comment elles s’en sortent financièrement…. 

Ma compagne, Ă©galement infirmière, a Ă©tĂ© suspendue il y a quelques semaines pour avoir maintenu son refus de la vaccination anti-Covid  ainsi que du pass sanitaire. Elle a touchĂ© son salaire du mois d’octobre tout Ă  l’heure. Le gouvernement a appliquĂ© ce qu’il avait annoncĂ© cet Ă©tĂ© en cas de persistance du refus des soignants de se faire vacciner contre le Covid Ă  compter du 15 octobre 2021. Ma compagne a touchĂ© pour ce mois d’octobre la somme de 246 euros.

La première page du journal L’HumanitĂ© de ce mercredi 27 octobre 2021 nous montre ( Ă  Dieppe)  » des gilets jaunes déçus des mesures du gouvernement ( qui) relancent le mouvement« . Avec ce titre :

Pouvoir d’Achat  » Trois ans après, c’est pire ». En dernière page du journal L’HumanitĂ©, un article intitulĂ© Catherine Corsini porte la parole des soignants raconte le passage Ă  la rĂ©daction de la rĂ©alisatrice dont le dernier film, La Fracturesorti ce mercredi, raconte, en passant par un service d’urgence hospitalier, les « violences policières » et la « lutte des classes ». 

Le journal  » L’Humanité » de ce mercredi 27 octobre 2021.

Le Journal L’HumanitĂ©

 

Après avoir Ă©voquĂ© Elon Musk , lequel incarne le fracas de la rĂ©ussite sociale et Ă©conomique, et du monde de la bourse et de l’entreprise,  cette image du journal l’HumanitĂ© nous ramène Ă  un mĂ©dia, emblĂ©matique du Parti communiste français mais aussi d’un monde tous deux dĂ©suets, conquĂ©rants hiers ( autant qu’un Elon Musk aujourd’hui) mais qui feraient maintenant trainer leur extinction depuis très ( trop) longtemps.   LĂ  aussi, le contraste est très violent entre la vie de ces gilets jaunes ( dont quelques tĂ©moignages dans le journal L’HumanitĂ© nous expliquent qu’ils doivent survivre chaque mois avec des sommes comprises entre 830 et 1200 euros par mois) et les triomphes financiers ( et autres) au lance-flammes d’un Elon Musk. Ou d’un StĂ©phane Bancel, PDG de Moderna. 

Devant cette première page de L’HumanitĂ©, comme les quelques autres fois oĂą j’ai pu le lire, mes sentiments restent partagĂ©s. Je ne sais pas si le journal est vraiment sincère et aussi optimiste et combattif que je devrais l’ĂŞtre ou que j’aurais dĂ» toujours l’ĂŞtre.

Je ne sais pas si  les causes qu’il embrasse sont des causes qui ressemblent Ă  des causes largement perdues d’avance parce-que le journal lui-mĂŞme a l’air de tenter le tout pour le tout pour survivre. Et qu’il n’a pas les moyens – auxquels il essaie encore de croire- pour vĂ©ritablement rĂ©sister et changer la donne d’une situation ou d’une cause. 

Je ne sais donc pas qui, ici, des gilets jaunes, qui avaient créé un mouvement ( qui avait surpris beaucoup  de « monde » au sein des partis politiques, des syndicats et les mĂ©dia) de contestation sociale, durable, très populaire et très influent il y a trois ans, ou du journal L’HumanitĂ©, a le plus besoin de l’autre ?

Le journal l’HumanitĂ© qui persiste dans une contrĂ©e, une croyance et un langage annexes dont beaucoup de monde a oubliĂ© ou rejetĂ© l’usage et l’existence ?

Ou le mouvement des gilets jaunes qui, lui, s’Ă©tait retrouvĂ© privĂ© de ses appels d’air par l’instauration des mesures gouvernementales de confinement, de couvre-feu, de restriction de dĂ©placement gĂ©ographique et d’interdictions de rassemblement pour cause, officiellement, d’urgence sanitaire en raison de la pandĂ©mie du Covid Ă  partir du mois de mars 2020 ?   ( voir Gilets jaunes, samedi 14 mars 2020)

Pourtant, bien des infirmières et des infirmiers pourraient se reconnaĂ®tre dans cet article du journal de l’HumanitĂ© Ă  propos des gilets jaunes comme dans ce titre :  » MĂŞme avec deux salaires, c’est difficile ».

Journal de l’HumanitĂ© de ce mercredi 27 octobre 2021.

 

Mais, peut-ĂŞtre que plus que sa mise en page et son langage ringards, que ce qui est le plus reprochĂ© instinctivement Ă  l’HumanitĂ©, c’est la dĂ©faite, la fuite ou la trahison d’une vraie gauche sociale, humanitaire et universelle en laquelle beaucoup trop d’entre nous ont fait l’erreur de croire.

Une faute que le journal L’HumanitĂ© porte plus que d’autres mĂ©dia sur ses colonnes. Telle la croix que le Christ a dĂ» porter lui-mĂŞme. A ceci près que le Christ, s’il a souffert sur le trajet de son supplice, s’il a agonisĂ©,  a bien fini par partir. MĂŞme si, c’Ă©tait pour, officiellement, revenir et ressusciter ensuite. Alors que le journal L’HumanitĂ©, lui, mĂŞme crucifiĂ©, dĂ©savouĂ© et dĂ©sertifiĂ©, ne trĂ©passe pas.

 

Le pass sanitaire 

 

Le pass sanitaire, lui, devait s’arrĂŞter en novembre de cette annĂ©e. DĂ©sormais, le gouvernement parle , pour cause de « vigilance sanitaire », d’une prolongation du pass sanitaire jusqu’en juin 2022. Ce qui impliquera, bien-sĂ»r, de devoir rester Ă  jour question vaccination anti-Covid. Et, donc, sans doute pour des millions de Français de recevoir une troisième injection de vaccin anti-Covid entre-temps. On a l’impression que depuis le premier confinement, le gouvernement passe rĂ©gulièrement son temps Ă  demander aux Français de faire plus d’efforts pour le mettre Ă  l’aise, lui. Afin qu’il puisse garder une bonne marge de manoeuvre, confortable, afin de fournir de son cĂ´tĂ© assez peu d’efforts. Ou pour donner l’illusion et se donner l’illusion qu’il fait de grands efforts lorsqu’il fait quelques gestes. On dirait presque que le gouvernement souffre beaucoup plus que les Français de la pandĂ©mie du Covid et de toutes les mesures restrictives qui en ont dĂ©coulĂ© depuis l’annĂ©e dernière. Et que c’est plus au chevet du gouvernement qu’il faudrait ĂŞtre qu’Ă  celui des Français. 

 

Dans le journal Les Echos de ce mercredi 27 octobre 2021, Ă  nouveau, le philosophe Gaspard Koenig, prĂ©sident du think tank GenerationLibre s’exprime sur le sujet de la longĂ©vitĂ© du pass sanitaire dans son article intitulĂ© Vigilance sanitaire et privation de libertĂ©s. 

Le journal  » Les Echos » de ce mercredi 27 octobre 2021.

 

Dans cet article, Koenig Ă©crit entre-autres :

 » (….) Pourtant, le gouvernement envisage le renforcement du passe, en le conditionnant Ă  une troisième dose, en donnant aux directeurs d’Ă©cole des pouvoirs de vĂ©rification ( charmante conception de l’instruction publique) ( ….) ».

 

 » (…..) Le ministre de la SantĂ©, qui s’engageait encore en janvier dernier devant la Commission des lois Ă  ne pas recourir au passe, explique aujourd’hui que celui-ci restera en vigueur tant que  » le Covid ne disparaĂ®t pas de nos vies ». Autant dire pour toujours. Car la « vigilance sanitaire » pourra indĂ©finiment ĂŞtre justifiĂ©e par un nouveau variant ou sous-variant, une reprise Ă©pidĂ©mique ici ou lĂ , une Ă©nième dose de rappel, ou simplement la probabilitĂ© d’apparition d’un nouveau virus. Si l’on accepte ce raisonnement, on discutera bientĂ´t de vigilance sĂ©curitaire ou environnementale. On nous privera de libertĂ©  » au cas où ». François Sureau Ă©voque dĂ©ja la « dĂ©rive autoritaire » de nos sociĂ©tĂ©s ( …..) ».

 

 » (…) Le plus grand danger est celui de l’accoutumance. LassĂ©s de ces dĂ©bats anxiogènes, la plupart de nos concitoyens se rĂ©signent. Nous nous habituons Ă  demander une autorisation pour vivre notre vie et Ă  nous fliquer les uns les autres. Le gouvernement trouve bien pratique de nous laisser un fil Ă  la patte : pourquoi nous Ă©pargner une servitude que nous semblons rechercher ? (….) ». 

La « variation » infirmière

 

Bien-sĂ»r, Sue, l’ancienne aide-soignante, et Dei et toutes celles et tous ceux qui ont travaillĂ© ou qui travaillent dans des conditions Ă  peu près Ă©quivalentes, si on leur prĂ©sente un micro se sentiront souvent illĂ©gitimes pour donner leur avis. Ou seront mal Ă  l’aise pour exprimer ce qu’un Ministre, un directeur d’hĂ´pital, une psychologue ou un mĂ©decin pourra ou saura dire s’il a ou si elle a Ă  s’exprimer Ă  propos de son propre travail. Donc, lĂ , aussi, ce qu’ont vĂ©cu ou vivent Sue et Dei au travail, dans un service de gĂ©riatrie ou dans un autre service Ă  l’hĂ´pital ou dans une clinique, ça ne compte pas. ça n’existe pas. Il n’y a pas de chiffres pour ça. On va me parler du nombre des arrĂŞts de travail. Mais toutes les fois oĂą Sue, avant de se dĂ©molir l’Ă©paule, avait trop portĂ© ou s’Ă©tait retrouvĂ©e seule. Toutes les fois oĂą Dei a acceptĂ© l’inacceptable qu’elle trouve tellement normal qu’elle ne m’en a pas parlĂ©. Cela n’est pas comptabilisĂ©. Cette comptabilitĂ© destructrice se dĂ©compte dans le corps et dans le moral des soignants.

 

La profession infirmière, une profession qui avance, Ă©clairĂ©e par des chiffres qui lui tombent dessus, avec lesquels elle doit faire. Et se taire. Telle une femme battue qui va s’en prendre une si elle se met Ă  parler et Ă  penser. 

 

Franck Unimon, Jeudi 28 octobre 2021.

 

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Moderna J + 5

Photo prise à Paris, dans le 13ème, vendredi 8 octobre 2021.

    

                                      Moderna J + 5

 

Je dois me pousser ce soir pour écrire. Aussi, cet article devrait-il être court…..

 

Je m’explique mon manque d’entrain, sĂ»rement passager, par le fait d’avoir pris beaucoup de notes lors de mes deux jours de formation hier et avant hier. Mais aussi par le fait que ces dix derniers jours, j’ai multipliĂ© les contacts sociaux directs. Famille, amis mais aussi dans un contexte professionnel. Ou/Et par le fait d’avoir Ă©crit beaucoup d’articles en aout et en septembre. A peu près 15 articles Ă  chaque fois.

 

 

J’ai sûrement besoin de faire une petite pause alors que plusieurs sujets m’attendent. Cependant la régularité a son importance. Et, je crois qu’il me faut faire l’effort de parler encore un peu de la deuxième injection de Moderna que j’ai reçue ce lundi 4 octobre 2021. Parce-que, plus tard, j’aurai sans doute oublié ou préfèrerai me concentrer sur d’autres thèmes.

Photo prise le mercredi 6 octobre 2021, Ă  Villeneuve le Comte.

 

 

Ce soir, nous sommes samedi 9 octobre 2021. Nous sommes bien Ă  J + 5.  Lundi, dans deux jours, je devrais recevoir ou avoir reçu ma carte du « club Â» des vaccinĂ©s contre le Covid.

 

Je me sens bien.  A J+ 2 (mercredi), j’ai pensĂ© Ă©crire mais je n’ai pas pu me rendre disponible. Je n’ai pas ressenti de fièvre après ma seconde injection comme après ma première. Et, le soir de ma deuxième injection ( le lundi) comme j’en parle un peu Ă  la fin de mon article Consentement , je m’étais rendu Ă  un cinĂ© dĂ©bat Ă  la salle Jean Gabin, Ă  Argenteuil. Pour voir le nouveau film de Jean-Gabriel PĂ©riot inspirĂ© de l’ouvrage de Didier Eribon :

 

Retour Ă  Reims

 

D’ailleurs, je n’ai toujours pas Ă©crit Ă  propos de ce cinĂ©-dĂ©bat comme Ă  propos du « spectacle Â» Screws vu le samedi 25 septembre 2021 Ă  Cergy-PrĂ©fecture lors de l’évĂ©nement Cergy, soit ! 

 

Avoir un dossier sous le bras

 

Le mardi, le lendemain de ma seconde injection et de cette soirĂ©e cinĂ© dĂ©bat, je partais dĂ©jeuner avec Lucifer, une ancienne collègue.  Lorsqu’avant notre rendez-vous, celle-ci m’avait demandĂ© par sms si cela allait, je lui avais rĂ©pondu que j’avais «  un peu mal au bras et Ă  l’aisselle Â». Lucifer, alors, avait su me rassurer :

 

« EspĂ©rons que tu y survivras mais sur une courte durĂ©e ça devrait aller….( sourire). A tout Ă  l’heure Â».

Paris, vendredi 8 octobre 2021, l’Ă©glise Sainte-Eugène-Sainte-CĂ©cile.

 

Dans la vie courante, Lucifer est une personne charmante. Ce qui ne l’empĂŞche pas d’avoir un certain humour. Un humour que je prĂ©fère aux immersions catastrophĂ©es ou fatalistes Ă  visĂ©e rĂ©pĂ©titive. 

 

Si j’ai pu m’accommoder d’une petite tachycardie, en me disant qu’elle rĂ©sultait plus de la fatigue ( due Ă  quelques heures de sommeil en moins) que de l’injection, je n’ai pas aimĂ© voir cette hypertrophie de mes ganglions sous mon aisselle. Bien-sĂ»r, j’ai dĂ©duit de ce « gonflement Â» que mes dĂ©fenses immunitaires se mettaient au travail sous l’effet du vaccin. Je n’ai pas craint particulièrement pour ma vie. Mais cette rĂ©action visible et palpable m’a bien confirmĂ© que ce vaccin avait opĂ©rĂ© une certaine transformation dans mon organisme. J’ai dĂ©jĂ  reçu d’autres vaccins. C’était la première fois que j’assistais Ă  cette rĂ©action.

 

Je ne me suis pas trop inquiĂ©tĂ©. Et, aujourd’hui, cette « boursouflure Â» sous l’aisselle correspondant au bras qui a Ă©tĂ© piquĂ© Ă  deux reprises (le 13 septembre puis ce 4 octobre) a pratiquement disparu. Reste peut-ĂŞtre une petite sensibilitĂ© sous l’aisselle si j’appuie. Mais rien qui ne m’empĂŞche de dormir, de manger, d’écrire ou de lire.  Ou de faire ce que j’ai prĂ©vu de faire.

La Grande synagogue de Paris, rue Sainte Victoire, vendredi 8 octobre 2021.

 

Etre confiant

 

Concernant ma santĂ©, je devrais ĂŞtre confiant Ă  cent pour cent. D’autant qu’hier, j’ai effectuĂ© un nouveau test antigĂ©nique, soit le sixième depuis avril de cette annĂ©e. Si, cette fois, la pharmacie oĂą je me suis rendu a appliquĂ© le protocole qui consiste Ă  attendre 25 minutes avant de communiquer le rĂ©sultat, contre moins de cinq minutes les trois dernières fois oĂą j’ai passĂ© un test antigĂ©nique Ă  deux autres endroits, le rĂ©sultat du test antigĂ©nique a Ă©tĂ© identique Ă  toutes les autres fois : NĂ©gatif.

L’étudiant en chirurgie dentaire qui a effectué le test antigénique a su être doux. J’aurai donc passé six tests antigéniques. Les trois première fois avec des femmes. J’affirme ce soir que les hommes qui ont réalisé les tests antigéniques ont été les plus doux.

J’affirme aussi que l’étudiant en mĂ©decine qui m’a fait la deuxième injection intramusculaire l’a mieux rĂ©ussie que l’étudiante en mĂ©decine qui m’avait fait la première. Cela pour dire de nouveau, Ă  notre Ă©poque oĂą le verbe « dĂ©construire Â»- pour dĂ©construire les stĂ©rĂ©otypes et les prĂ©jugĂ©s- est facilement utilisĂ© que la douceur et la dĂ©licatesse ne sont pas la propriĂ©tĂ© dĂ©terminĂ©e et exclusive des femmes.

 

Toutefois, depuis plusieurs semaines, il est plutĂ´t facile de se sentir confiant, je trouve. On nous parle nettement moins de la pandĂ©mie du Covid, de ses morts et des patients qu’elle envoie en rĂ©animation. On nous laisse plus comprendre que les chiffres de la pandĂ©mie sont en baisse en France. Il faut les chercher dans les journaux, les articles qui parlent du Covid. Alors qu’au mois d’aout encore, le thème astral du Covid et son horoscope nous sautaient facilement aux yeux dans les mĂ©dia mais aussi dans les rĂ©seaux sociaux :

 

« Travail : Aujourd’hui, vous aurez beaucoup de rĂ©ussite dans ce que vous entreprendrez. Amour : Vous avez laissĂ© un grand vide derrière vous. SantĂ© : Rien ne vous est impossible Â».

Paris, vendredi 8 octobre 2021.

 

 MĂŞme les Ă©ventuelles consĂ©quences- en termes de pĂ©nurie de personnel dans le secteur hospitalier dĂ©jĂ  touchĂ© par le manque de personnel avant la pandĂ©mie du Covid- des suspensions des soignants qui ont refusĂ© de se faire vacciner sont gommĂ©es des prĂ©occupations premières.

 

En plus, il fait plutĂ´t beau ces  derniers jours. Lorsqu’il ne pleut pas. Les restaurants sont ouverts, les cinĂ©mas etc…. il faut juste fournir son passe sanitaire ou un rĂ©sultat nĂ©gatif de moins de 72 heures Ă  un test antigĂ©nique ou PCR ou un document officiel attestant que l’on a attrapĂ© le Covid il y a plus de 11 jours ( et moins de 6 mois ?).

 

Paris, vendredi 8 octobre 2021.

 

Donc, ça « roule Â» dans l’ensemble. Et ça fait aussi du bien de voir que ça roule autour de soi lorsque l’on marche dans les rues en plein Paris. Lorsque l’on entre dans un commerce. Ou quand on prend le mĂ©tro pour se rendre Ă  sa formation aux heures de pointe.  BientĂ´t, je reprendrai mes entraĂ®nements d’apnĂ©e avec mon club. Puisque, jusque lĂ , je ne pouvais pas. Vu que je n’étais pas vaccinĂ© contre le Covid. Je retournerai un peu plus souvent au cinĂ©ma. Je suis finalement moins pressĂ© pour aller voir le dernier James Bond avec l’acteur Daniel Craig, Mourir peut attendre. Car les Ă©chos sont un peu amers Ă  l’encontre de ce dernier James Bond  avec l’acteur Daniel Craig, pour la dernière fois dans le rĂ´le.

 

Et, moi, avec Daniel Craig, dans le rĂ´le, je reste accrochĂ© Ă  son tout premier, dans le remake de Casino Royale ; oĂą la franchise mais aussi lui-mĂŞme avaient beaucoup Ă  prouver. Par ailleurs, le casting autour de lui Ă©tait variĂ©, Ă©quilibrĂ© et très bon :

 

Mikkelsen, Bankolé, Dench, Abkarian, Green…

 

Aujourd’hui, on ne sait pas qui va succéder à Daniel Craig dans le rôle de James Bond. La pandémie est toujours là. D’ailleurs, si ce James Bond ne sort que maintenant, c’est à cause de la pandémie du Covid.

 

NĂ©anmoins, d’autres sujets d’inquiĂ©tude dans le monde persistent ou s’intensifient (l’eau, certaines pĂ©nuries alimentaires mais aussi de vĂŞtements et de chaussures, l’augmentation du prix du gaz et de l’électricitĂ©, les grosses coupures d’électricitĂ© connues par la Chine, l’emprise des GAFAM….) mais nous pouvons encore, pour plusieurs d’entre nous, encore nous demander qui pourrait bien ĂŞtre le prochain acteur qui va jouer James Bond. L’acteur Tom Hardy ? A un moment, j’avais entendu parler de l’acteur Idriss Elba…

 

Je n’ai pas encore Ă©coutĂ© le podcast oĂą l’acteur Daniel Craig explique qu’en « devenant Â» James Bond, sa vie privĂ©e Ă©tait devenue impossible et qu’il devait laisser ses rideaux fermĂ©s lorsqu’il Ă©tait Ă  son domicile. Je me rappelle par contre d’une interview lue sans doute avant le premier confinement oĂą il confirmait sa dĂ©cision d’arrĂŞter de jouer James Bond. Affirmant :

 

« Je prĂ©fèrerais m’ouvrir les veines Â».

 

 

Mourir peut attendre

 

Hier après-midi, après la fin de ma formation de deux jours, j’ai changĂ© mon itinĂ©raire de retour afin de continuer de discuter avec un de mes collègues. Cela m’a donnĂ© l’idĂ©e de passer dans un des magasins de Tang Frères. Vingt Ă  trente mètres avant d’y arriver,  je me suis arrĂŞtĂ© devant ces affiches. Mon collègue a alors commentĂ© :

 

« Ils cherchent vraiment Ă  faire peur aux gens Â».

Paris, 8 octobre 2021.

J’ai aussitôt pris des photos en me disant que ces affiches seront vraisemblablement assez vite arrachées. Mon collègue m’a imité.

 

 

 

Le fait est que je ne sais pas quoi penser devant ces affiches. Pour les personnes convaincues par les bienfaits des vaccins anti-Covid que nous avons reçus ( Astrazeneca, Moderna, Pfizer, Johnson & Johnson ), il n’y a pas photo. Ce genre d’affiches est Ă  ranger dans le casier « fake news Â», « complotisme Â», « irrationnel Â».

 

Le soir mĂŞme, sur le net, j’ai tapĂ© deux noms parmi ces « tĂŞtes d’affiche Â». Dont le dĂ©funt Maxime Beltra, dont j’avais « entendu Â» parler. J’ai « trouvĂ© Â» un extrait d’un article du journal LibĂ©ration qui expliquait qu’après une recherche un peu plus approfondie qu’il ressortait que le jeune Maxime Beltra Ă©tait officiellement dĂ©cĂ©dĂ© suite Ă  une allergie alimentaire. En mangeant au restaurant des aliments pour lesquels il avait une allergie connue. D’oĂą l’œdème de Quincke lĂ©tal. Il Ă©tait envisagĂ© que l’allergie alimentaire associĂ©e Ă  la vaccination avait pu provoquer la mort. Mais, fondamentalement, l’allergie alimentaire Ă©tait la principale cause de dĂ©cès officielle. Je me suis nĂ©anmoins demandĂ© ce qui avait pu pousser Maxime Beltra Ă  aller manger au restaurant une nourriture Ă  laquelle il se savait allergique. Mais l’être humain est aussi plein de paradoxes et de mystères. Et, pas plus que je ne suis devenu Ă©pidĂ©miologiste depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie du Covid, je ne suis devenu inspecteur de police, mĂ©decin lĂ©giste ou analyste de laboratoire.

Photo prise Ă  Paris, ce vendredi 8 octobre 2021.

 

 

Pour certains, en parlant de Maxime Beltra et d’autres personnes qui seraient décédées suite à une injection de vaccin anti-Covid, je refuse de voir l’évidence. Pour d’autres, je m’attarde trop sur des détails et des coïncidences.

 

Mais si je prends aussi le temps de « parler Â» de ces affiches, ce soir, c’est parce-que, plus tard, dans un avenir plus ou moins proche, six mois, deux ans ou trois, ou quatre, ou plus, sortiront des explications irrĂ©futables tant Ă  propos des vaccins anti-Covid actuels que de certaines de ces morts. Et, si je suis encore en vie et que je souhaite alors revenir Ă  ce que nous vivons maintenant, je pourrai toujours revenir Ă  ces quelques informations que je laisse ce soir. Très certainement que je me dirai alors :

 

« C’est dommage de ne pas avoir Ă©crit davantage ce soir-lĂ  ou sur ce genre de sujets Ă  cette Ă©poque…. Â».

Paris, ce vendredi 8 octobre 2021.

 

Franck Unimon, ce samedi 9 octobre 2021.

 

 

 

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Corona Circus

Consentement

Le verso du questionnaire prĂ© vaccinal que j’ai rempli hier avant ma deuxième injection de Moderna.

 

 

                                              Consentement

 

Retour Ă  la normale

 

 

Le mĂ©decin qui  a certifiĂ© ce lundi 4 octobre 2021 m’avoir examinĂ© et m’avoir transmis  « toutes les informations liĂ©es Ă  la vaccination pour la Covid-19 Â» et m’avoir informĂ© que mon « cycle vaccinal est terminĂ© Â» est gynĂ©cologue.

 

Je l’ai dĂ©couvert sur l’écran de tĂ©lĂ©viseur plat derrière les deux hĂ´tesses d’accueil. En ramenant mon « questionnaire de consultation prĂ© vaccinale Â» que j’avais rempli recto verso. Comme cela m’avait Ă©tĂ© rappelĂ© par l’hĂ´tesse Ă  laquelle je m’étais adressĂ©. Une femme d’une vingtaine d’annĂ©es, mesurant environ 1m60, montĂ©e sur des talons hauts, qui me l’avait tendu. 

 

Celle-ci avait d’abord Ă©tĂ© un peu surprise lorsque je lui avais appris la raison de ma venue :

 

Ma deuxième vaccination anti Covid.

 

Cela était sûrement tellement loin des principaux motifs de consultation désormais. Puisque nous étions le quatre octobre 2021 et que la majorité des Français s’était déja fait vacciner. Et puis, la pandémie du Covid est dépassée comme sujet d’actualité depuis fin aout, début septembre. Elle pensait peut-être davantage au décès, la veille, pour cancer, une mort normale et habituelle, de Bernard Tapie, 78 ans.

Bernard Tapie, Ex-Ministre, ex- homme d’affaires, ex-PDG, ex-Patron de l’équipe de Foot de l’OM, ex patron de la Vie Claire, l’équipe cycliste de Greg Lemond et de Bernard Hinault , ex-acteur. Un homme qui avait tout rĂ©ussi en partant de peu. Au dĂ©but de sa vie, il aurait tout aussi bien pu ĂŞtre hĂ´te d’accueil durant quelques temps. Peut-ĂŞtre que cette hĂ´tesse, aussi, Ă©tait-elle une future Bernadette Tapie. Qu’est-ce qu’on en sait ?! Tout est possible.

Photo prise ce lundi 4 octobre 2021, Paris.

 

Derrière les deux hĂ´tesses, en ramenant mon questionnaire de consultation prĂ©-vaccinale, j’ai regardĂ© celui qui m’avait « examinĂ© Â» puis, quelques minutes plus tard, signifiĂ© que mon cycle « vaccinal Ă©tait terminĂ© Â». Il ne me regardait pas.

Sur l’écran de tĂ©lĂ©viseur, aussi plat que j’aurais voulu avoir le ventre, on pouvait le voir s’exprimer sans le son. Les questions qu’on lui posait Ă©taient retranscrites sur l’écran de mĂŞme que ses rĂ©ponses. Les yeux bleus, une alliance dorĂ©e au doigt, plutĂ´t mince, la quarantaine, il parlait en s’aidant beaucoup de ses mains. Il parlait « fertilitĂ© Â» en tant qu’expert ; il expliquait qu’ici, dans le centre de soins oĂą je me trouvais, une Ă©quipe pluridisciplinaire suivait du dĂ©but jusqu’à la fin les personnes qui consultaient. Qu’il s’agisse de couples et femmes mariĂ©es. Ou de femmes vivant seules et ayant des difficultĂ©s Ă  enfanter. En Ă©voquant cette dernière situation, «  des femmes vivant seules Â», il a eu un mouvement de la main qui signifiait que, pour lui, cette situation particulière qu’une partie de la sociĂ©tĂ© rejetait et critiquait encore, n’était pas un sujet. Qu’il Ă©tait en quelque sorte un praticien et un homme ouvert. Et/ ou qu’il avait rĂ©flĂ©chi d’un point de vue Ă©thique Ă  ce propos.

 

Le voir sans le son me donnait l’impression d’être plus réaliste dans ma façon de le percevoir. Cet homme était peut-être un futur politicien mais il donnait l’impression d’être sincère. Même si la sincérité peut être une action éphémère. Devant des caméras ou face au temps. Bernard Tapie, aussi, avait su et pu être sincère.

 

La sincĂ©ritĂ© :

 

Un homme d’une cinquantaine d’annĂ©es attendait, assis, près du lieu de vaccination au mĂŞme Ă©tage que la dernière fois. Au 7ème.  Après m’avoir expĂ©diĂ© au 7ème ciel en m’accompagnant jusqu’à l’ascenseur, en se servant de son badge et en appuyant sur le bouton, l’hĂ´tesse d’accueil avait tournĂ© les talons pour retourner Ă  son poste, son casque tĂ©lĂ©phonique de rĂ©ception toujours sur sa tĂŞte. Au 7 Ă¨me,  en sortant de l’ascenseur, je n’avais qu’à suivre et me diriger vers le fond en passant devant un premier poste d’accueil vide.

 

L’homme assis m’a rĂ©pondu qu’il venait de se faire vacciner. Non, il n’avait pas eu mal. Ni cette fois-ci, ni la première fois. J’allais toquer Ă  la porte comme la fois prĂ©cĂ©dente, le 13 septembre, lorsqu’il m’a dit qu’ils allaient bientĂ´t venir  de toute façon.

 

Deux ou trois minutes plus tard, un jeune homme en blouse blanche est sorti pour lui dire qu’il pouvait y aller s’il se sentait bien. Oui, il se sentait bien. J’ai constaté à voix haute :

 

« La dernière fois, nous avions des jeunes femmes, aujourd’hui, nous avons des Rugbymen ! Â». Celui qui se tenait debout face Ă  moi devait faire 1m90 pour près de cent kilos. Un vrai physique d’athlète. Il a pris ma remarque avec le sourire :

 

« Pourquoi, ça ne vous plait pas ? Â». J’ai dĂ©menti. Je remarquais simplement le contraste. Sans pour autant m’attarder. La dernière fois, des jeunes femmes plutĂ´t mignonnes et minces ( Marcher pour ne pas mourir). Cette fois,  un presque  Conan le Barbare  en blouse blanche venait Ă  ma rencontre.

 

A l’intérieur, un autre homme en blouse blanche, assis devant un ordinateur. Moins taillé mais plus quand même que les jeunes femmes croisées trois semaines plus tôt pour ma première injection. Et d’un abord a priori moins avenant. Ou plus stressé, sans le montrer. Donc, capable peut-être d’une grande maitrise de soi. Ou, tout simplement rigide.

 

Photo prise Ă  Paris, ce lundi 4 octobre 2021.

 

Douceur et indulgence

 

Deux jours plus tôt, je m’étais décidé à passer un test antigénique à une heure étudiée afin qu’il me dure suffisamment pour certaines démarches. Telles que pouvoir me rendre à un déjeuner le lendemain (ce mardi 5 octobre) avec une ancienne collègue et amie.

 Je n’avais pas oubliĂ© l’expĂ©rience dĂ©sagrĂ©able qu’un nouveau test antigĂ©nique, rĂ©alisĂ© par une charmante Ă©tudiante en mĂ©decine de 4ème annĂ©e, avait Ă©tĂ© pour moi avant ma première injection de Moderna. Or, deux jours plus tĂ´t, soit le 2 octobre, l’étudiant en mĂ©decin 2ème annĂ©e qui avait pratiquĂ© le test antigĂ©nique pour une des pharmacies de ma ville s’y Ă©tait bien pris. Et, je l’avais fĂ©licitĂ©. Visiblement, il n’était pas familier avec ce genre de compliment. En repartant ce 2 octobre, après ce test antigĂ©nique au rĂ©sultat Ă  nouveau nĂ©gatif, j’avais considĂ©rĂ© que l’on attribue trop facilement la douceur aux femmes. Alors que pour ĂŞtre doux mais aussi indulgent envers les autres, il faut d’abord savoir l’être vis-Ă -vis de soi-mĂŞme.

 

Il y a des femmes, soignantes ou non, qui sont brutales. J’avais repensĂ© Ă  cette aide-soignante qui, avant une opĂ©ration, il  y a plusieurs annĂ©es, m’avait rasĂ© une petite partie de mon corps Ă  sec. Car elle estimait que j’avais laissĂ© trop de poils près du champ opĂ©ratoire en me rasant. Je m’étais rasĂ© la veille au soir avec douceur et mousse.

Elle, le matin avant le passage au bloc, sous prĂ©texte d’augmentation de l’efficacitĂ©, m’avait administrĂ© des gestes rapides et agressifs. Mais loin d’être aussi parfaits qu’elle le croyait. Mais elle avait « fait Â». Elle avait fait son Ĺ“uvre. Je n’avais pas pu m’empĂŞcher de penser que cette femme d’une bonne trentaine d’annĂ©es, pas très jolie, au lit, devait ĂŞtre un très mauvais coup. MĂŞme en Ă©tant mère plusieurs fois.

 

 

La  rĂ©pĂ©tition de tests antigĂ©niques ( ou de tests PCR) des millions de fois lors de la pandĂ©mie du Covid peut malheureusement se concilier avec un certain nombre de manĹ“uvres « nasales Â» indĂ©licates. Car, si depuis mes deux premiers tests antigĂ©niques, ou Ă  chaque fois on instillait une tige dans chaque narine alors que maintenant on le fait dans une seule (pour quelle raison ?), la pratique rĂ©gulière ne suffit pas pour ĂŞtre « doux Â» ou « douce Â». Et, bien supporter un test indĂ©licat n’est pas le bon critère :

Lorsque, plus jeune, j’ai commencĂ© Ă  me raser, je trouvais ça parfaitement normal de finir le visage en sang. Pour moi, c’était ça, ĂŞtre un homme. Ensuite, j’ai appris qu’on pouvait se raser dans la douceur et avoir du plaisir Ă  le faire. Mais, aussi, qu’être dur avec soi-mĂŞme lorsque cela est inutile et injustifiĂ© ne fait pas de nous une personne plus rĂ©sistante qu’une autre face Ă  une vĂ©ritable adversitĂ© ou  Ă  l’imprĂ©vu. Je ne suis ni un guerrier, ni un aventurier, ni un meneur, ni un hĂ©ros mais je me considère plus rĂ©sistant et plus constant dans l’effort qu’à cette Ă©poque oĂą je me rasais jusqu’au sang et oĂą je bĂ©nĂ©ficiais pourtant d’une forme et d’une force athlĂ©tique supĂ©rieures Ă  celles dont je dispose aujourd’hui. Parce qu’aujourd’hui , je crois mieux savoir et mieux reconnaĂ®tre ce qui est vĂ©ritablement essentiel. Et ce qui l’est moins. Pour cela, j’ai appris. Certaines fois en prenant des coups. D’autres fois en rĂ©flĂ©chissant et en observant. D’autres fois, encore, en acceptant de me faire davantage confiance. Et, aussi, en apprenant Ă  mieux m’aimer. Pour moi, c’est aussi ça, ĂŞtre capable de douceur et d’indulgence pour soi-mĂŞme comme pour les autres. Cela ne signifie pas ĂŞtre parfait Ă  toute heure ni tout savoir ou ĂŞtre un gĂ©nie.

 

 

Cependant, pour ĂŞtre plus ou moins « doux Â» ou « douce Â», il faut non seulement avoir l’intention et la disposition pour l’être.  Etre suffisamment Ă  l’aise au contact de l’autre. Mais, aussi, ĂŞtre suffisamment « doux Â» ou « douce Â» pour soi-mĂŞme. 

Et, lorsque l’on fait des multitudes de tests Ă  la chaĂ®ne, comment rester « douce Â» et « doux Â» si, en plus, dès le dĂ©part, cela est une notion et une sensation que l’on ignore ? Que l’on banalise ? Que l’on standardise avec des trucs et des tics  de langage et de comportement. Ces « Vous allez bien ? Â» ou ces «  ça va ? Â» que l’on ne pense pas mais que l’on inocule aux autres en n’attendant d’eux qu’une seule chose : qu’ils nous rĂ©ponde de manière toute aussi standardisĂ©e : «  Oui, ça va Â». « Oui, je vais bien Â». MĂŞme si elles ressentent le contraire.

 

Voilà le genre de question que l’expérience d’un simple test antigénique peut m’inspirer.

 

 

Faire pire que la douceur et l’indulgence

 

Photo prise Ă  Paris, ce lundi 4 octobre 2021.

Cependant, ce 4 octobre, j’ai fait pire. J’ai fait le professeur.

 

Alors que je m’asseyais tout en rĂ©pondant au rugbyman en blouse blanche, j’ai d’emblĂ©e prĂ©cisĂ© que je n’aimais pas du tout les tests antigĂ©niques. Ou j’ai demandĂ© s’il faisait « mal Â».  Car il venait de m’apprendre que l’on allait quand mĂŞme me faire un test antigĂ©nique au prĂ©alable. J’ai marquĂ© mon Ă©tonnement. Le test antigĂ©nique que j’avais passĂ© samedi Ă©tait encore valable….puis, j’ai ajoutĂ© :

 

« Ă§a va vous ramener de l’argent ! Â». LĂ©gère dĂ©nĂ©gation sans dĂ©bat. Je me suis Ă  nouveau laissĂ© faire.

 

 

L’étudiant en médecine de quatrième année (j’ai demandé) m’a assuré qu’il ferait attention. Je l’ai trouvé sincère et attaché à faire de son mieux. Dans la foulée, je les ai informés, lui et son prochain, que j’étais infirmier en psychiatrie. Ce que je n’avais pas fait lors de ma première injection.

 

En psychiatrie ?

 

Cela a intrigué celui qui s’occupait de moi. Il a voulu savoir ce qui me plaisait à travailler en psychiatrie. Même si je me suis dit que c’était sa façon de détourner mon attention afin que le test antigénique se fasse telle une formalité, j’ai néanmoins répondu.

 

Pour penser. Pour ĂŞtre Ă©gal Ă  moi-mĂŞme. Et non faire du travail Ă  la chaine. A ses cĂ´tĂ©s, son collègue, Ă©galement Ă©tudiant en mĂ©decine 4ème annĂ©e, ne disait rien. Il Ă©tait nĂ©anmoins ouvertement le plus directif des deux. On aurait dit que, autant, le premier, essayait d’entrer en relation, d’être « sympa Â», autant, lui, semblait estimer que tout cela Ă©tait une perte de temps. Qu’il fallait surtout avancer.

 

Etre en quatrième annĂ©e de mĂ©decine, cela peut impressionner le grand public. Il est vrai que faire des Ă©tudes de mĂ©decine, c’est faire partie de l’élite. Et puis, ce sont des Ă©tudes difficiles. Il faut donc ĂŞtre une « tĂŞte Â» et aussi avoir le cĹ“ur solide et endurant pour ces Ă©tudes longues, Ă  très grande responsabilitĂ© et très concrètes. Il faut l’admettre. Je n’ai jamais envisagĂ© de faire mĂ©decine. Et, je ne crois pas avoir  souhaitĂ© le devenir.

 

Mais, ĂŞtre en quatrième annĂ©e d’études de mĂ©decine, ça donnait et ça donne peut-ĂŞtre encore aujourd’hui l’équivalence pour travailler comme…infirmier. Et, ĂŞtre en quatrième annĂ©e de mĂ©decine, cela ne donne pas l’expĂ©rience. L’expĂ©rience du mĂ©tier. Mais, aussi, de la vie. Je peux faire encore plus simple :

 

J’ai bien sĂ»r croisĂ© un certain nombre de mĂ©decins, de diffĂ©rentes spĂ©cialitĂ©s, de par mon mĂ©tier et de par ma vie. En tant que collègues. Ou en tant que « spĂ©cialistes Â» que j’ai pu consulter. Il y a des compĂ©tences mĂ©dicales ou chirurgicales Ă©videntes qu’un mĂ©decin acquiert. NĂ©anmoins, cela ne signifie pas qu’un mĂ©decin a raison sur tout et sait tout bien faire. Et tout le temps. Et tout seul.

 

Il y a des très bons mĂ©decins et des très bons chirurgiens qui, sortis de leur excellence de praticien, font partie des ordures mĂ©nagères ou, aussi, des handicapĂ©s relationnels et Ă©motionnels. Il y a des mĂ©decins et des chirurgiens corrects, passables, et qui, par contre, vont ĂŞtre « bons Â» ou «  très bons Â» dans le relationnel. Et, puis, il y a les autres mĂ©decins et chirurgiens qui savent surtout vous rappeler et se rappeler qu’ils le sont. Mais qui, en pratique, sont plutĂ´t Ă  surveiller ou Ă  savoir remettre Ă  leur place. Et qui, sans les gardes boue que sont leurs collègues (mĂ©dicaux, paramĂ©dicaux et autres) tiendraient modĂ©rĂ©ment la route. Soit en termes de diagnostic. Soit en termes de comportement. Il s’agit d’une minoritĂ©. Mais cette minoritĂ© existe et est active comme dans toutes les professions.

 

Je ne suis pas anti-médecin. Je suis surtout contre cette idée qu’être médecin ou chirurgien revient à s’estimer au delà du réel. Au delà de l’autre. Tels ces pilotes d’avion de chasse qui se sentent au dessus de toutes celles et tous ceux qui évoluent à terre et qui, c’est vrai, seraient incapables de faire décoller un simple avion.

 

Photo prise ce lundi 4 octobre 2021, Ă  Paris.

 

Je ne sais ni faire dĂ©coller un avion. Encore moins piloter une unitĂ© de soins. Je n’ai pas pris de cours. Je n’ai mĂŞme pas essayĂ© de le faire. J’ai plutĂ´t fait de mon mieux pour Ă©viter de me retrouver Ă  cette place ou dans ce rĂ´le de pilote, de meneur ou de cadre. Ce que j’essaie de faire aussi bien que possible, c’est bichonner mon autonomie de pensĂ©e, d’action et ma complĂ©mentaritĂ© avec les autres :

les médecins inclus jusqu’à la femme ou l’homme de ménage.

 

 

Et, si je ne sais ni faire dĂ©coller un avion ni piloter une unitĂ©, je sais contribuer, avec d’autres, jusqu’à un certain point, de façon Ă  ce que l’avion ait la quantitĂ© de carburant nĂ©cessaire. Pour que le vol se dĂ©roule Ă  peu près dans les meilleures conditions jusqu’à destination. Qu’il s’agisse d’un vol court, long, facile ou difficile. Je sais aussi participer de manière Ă  ce qu’il y ait le moins de conflit possible au sein de l’équipe. Cela peut compter par moments autant voire plus que l’aptitude technique « pure Â» et dĂ©cisionnelle. MĂŞme si la mĂ©galomanie de tout un tas de personnages Ă©clipse rapidement ou frĂ©quemment ce fait.

 

La mégalomanie de certains personnages réels

 

 

 Cette mĂ©galomanie n’est pas exclusive aux mĂ©decins, chirurgiens ou Ă  certains pilotes d’avions de chasse. Mais on peut la trouver chez quelques unes et quelques uns d’entre eux.

 

C’est pour cela que lorsque mon « piqueur Â» a commencĂ© et que nous Ă©tions toujours en train de discuter, j’ai tenu Ă  ĂŞtre aussi concret que possible dans mes explications. Quant Ă  ce qui m’a donnĂ© et me donne envie de continuer de travailler en psychiatrie. Et, lorsque je dis « psychiatrie Â», je pense aussi bien « psychiatrie Â» que « pĂ©dopsychatrie Â». Car, pour moi, contrairement Ă  ce que peuvent penser des collègues « psy Â» (infirmiers ou autres) , ces deux spĂ©cialitĂ©s ou ces deux disciplines se complètent. Plus qu’elles ne s’opposent. La polyvalence professionnelle et personnelle, pas seulement en tant qu’infirmier (puisque je suis aussi journaliste et pratiquant dans d’autres domaines que celui de la santĂ© mentale et heureusement pour ma propre santĂ© mentale) est un des meilleurs antidotes qui soient contre la mĂ©galomanie, l’autosatisfaction ou, plus simplement, contre la connerie humaine dont l’étendue est  beaucoup plus vaste que sa durĂ©e de vie.

 

 

A cet étudiant en quatrième année de médecine (mais aussi à son collègue auquel je m’adressais tout autant voire davantage lorsque je parlais ) j’ai ainsi raconté qu’il arrive que des personnes au départ opposées à l’idée de travailler en psychiatrie, finalement, se ravisent.

 

J’ai parlĂ© d’un de mes anciens collègues, psychiatre, qui, initialement, avait prĂ©vu de travailler dans le somatique jusqu’à ce que , lors de son stage avec le SAMU, « tombe Â» sur une femme qui prĂ©sentait tous les signes cliniques- donc objectifs- du coma ou de la mort.  Pour, finalement, renaĂ®tre Ă  la vie. Une patiente « hystĂ©rique Â». Cette expĂ©rience l’avait destabilisĂ©. Quelques annĂ©es plus tard, je faisais sa connaissance dans le service de pĂ©dopsychiatrie oĂą je venais d’arriver. Aujourd’hui, cet ancien collègue travaille dans son cabinet, en libĂ©ral.

 

Mais j’ai persistĂ©. Evidemment, ai-je expliquĂ© Ă  l’étudiant en mĂ©decine qui s’occupait de mon bras, si l’on prĂ©fère « faire du chiffre Â», ou que l’on a besoin de faire de « l’abattage Â» ; ou de faire carrière ; ou que l’on estime qu’en « psychiatrie, on ne fait rien ! Â», on prĂ©fèrera travailler dans le somatique. Et, le travail somatique est bien sĂ»r honorable. Et nĂ©cessaire. Intellectualiser, philosopher, parler des schĂ©mas de l’inconscient, de l’histoire familiale ou des lapsus, c’est très bien. Mais cela ne suffira pas pour se sortir – et se guĂ©rir- d’une plaie par arme blanche ou par arme de guerre, d’une septicĂ©mie, d’un diabète, d’une pandĂ©mie ou de toute autre urgence mĂ©dicale ou chirurgicale. Donc, chaque discipline, somatique, comme mentale, a son importance dans les Ă©tapes de guĂ©rison mais aussi de deuil d’un patient/client comme de sa famille.  

 

Encore une fois, mon but n’est pas d’opposer mais, au contraire, d’unifier tout en discernant bien à quel moment il faut savoir à quelle discipline il faut mieux s’en remettre.

 

L’oubli du « professeur Â» Franck :

 

Il y a nĂ©anmoins un aspect indispensable que j’ai oubliĂ© dans mon laĂŻus :

 

Pour travailler en psychiatrie ou en pĂ©dopsychiatrie, il faut aussi accepter de se voir en face sans maquillage et sans dĂ©tour. Il faut accepter d’apprendre Ă  se connaĂ®tre. Je n’ai pas citĂ© la phrase d’une ancienne Ă©lève infirmière stagiaire, dans un de mes prĂ©cĂ©dents services de psychiatrie adulte, alors que je l’avais ensuite recroisĂ©e. Elle m’avait dit avoir finalement optĂ© pour aller travailler dans un service de rĂ©animation parce qu’elle prĂ©fĂ©rait «  se refouler par la technique Â».

 

 

Se refouler par la technique et par des cascades de gestes et d’actions, c’est ce que vont préférer bien des personnes. Soignantes ou non-soignantes. Il est souvent des gens, dans la vie, qui me déconcertent par cette façon qu’ils ont de choisir d’ignorer ce qui, pour moi, fait partie des règles élémentaires de la vie et de la relation humaine. Ces personnes ont évidemment d’autres priorités. Et, pour elles, je parais sans aucun doute très retardé et très déficitaire dans d’autres domaines. Pour caricaturer, dans le domaine de l’informatique ou du bricolage. Deux univers où j’admets être assez limité.

 

 

 

Partant de ce genre de logique,  cette vaccination anti-Covid, pour certaines personnes, c’est juste une aiguille, une seringue et un produit. Avec, on entre dans le corps des gens. Et, c’est tout. Au suivant comme l’a chantĂ© Jacques Brel. On ne sait pas exactement ce qu’il y a dans ces vaccins ? Mais c’est pareil pour tout un tas de mĂ©dicaments que l’on avale rĂ©gulièrement sans se poser de questions. C’est pareil pour les cigarettes que l’on fume. Pour les alcools et pour beaucoup de boissons que l’on rachète avec gourmandise. Comme pour ce que l’on peut accepter de manger et d’acheter pour soi-mĂŞme, des proches ou des collègues qui nous feront plutĂ´t remarquer que ça manque si on en procure en trop petites quantitĂ©s.  Vis-vis de ces vaccins anti-Covid, c’est un peu pareil. Nous vivons Ă  l’ère des centrales nuclĂ©aires. Des Ă©manations de nos usines et de nos millions ou milliards de voitures. Alors, on peut bien se faire injecter quelques vaccins contre le Covid sans trop savoir ce qu’il y a dedans.

 

 

Au vu de cette courte description de notre mode de vie, on comprend facilement ou l’on comprendra facilement plus tard la raison pour laquelle, tant de personnes ont pu aussi facilement accepter ces vaccins anti-Covid. Moi, malgrĂ© mes doutes, j’ai acceptĂ© d’abord la première injection de ce vaccin. Puis, la seconde trois semaines plus tard. J’aurai « rĂ©sistĂ© Â» deux ou trois mois. Après avoir annulĂ© une première injection prĂ©vue le 4 aout de cette annĂ©e dans ma ville avec le Pfizer. Après l’annonce gouvernementale faite aux soignants de se faire vacciner au plus tard pour  le 15 octobre. Soit dans dix jours maintenant. En incluant les 7 jours après la seconde vaccination pour que la vaccination soit effective. Donc, pour moi, ma vaccination anti-Covid sera considĂ©rĂ©e effective le 11 octobre. Quatre jours avant la limite fixĂ©e par le gouvernement. On note la rĂ©pĂ©tition du chiffre 4. Je ne l’ai pas fait exprès. 4 aout. 4 octobre. 4 jours avant la limite. Mais cette rĂ©pĂ©tition du chiffre 4 n’efface pas mes doutes quant aux effets secondaires de cette vaccination anti-Covid. Mes doutes font partie de mes limites d’individu. Car j’ai toujours connaissance de mes limites.

Photo prise ce lundi 4 octobre 2021, Ă  Paris.

Mes doutes et mes limites

 

Mes doutes quant Ă  ce vaccin anti-Covid que j’ai dĂ©cidĂ© « d’accepter Â» sous la contrainte, malgrĂ© ce que j’ai pu signer, subsistent en partie.

 

Je connais des personnes très intelligentes, très courageuses, et de profil différent, qui se sont faites vacciner contre le Covid.

 

Je connais aussi des personnes aussi intelligentes, aussi courageuses et de profil diffĂ©rent, qui persistent dans leur refus de ces vaccins anti-Covid. Le fait que ces personnes opposĂ©es  Ă  ces vaccins soient maintenant minoritaires ne diminue pas, pour moi, leur intelligence ou leur courage.

 

Ma compagne continue de résider dans son refus et est aujourd’hui suspendue de son travail depuis une semaine. Elle a reçu la semaine dernière un courrier en recommandé avec accusé de réception le lui notifiant.

Depuis,  elle a aussi Ă©tĂ© priĂ©e, par courrier, de contacter «  dans les plus brefs dĂ©lais Â» le service DRH de son hĂ´pital afin de dire ce qu’elle a prĂ©vu pour son schĂ©ma vaccinal anti-Covid. Mais, aussi, pour faire savoir si elle souhaite prendre une disponibilitĂ© ou poser des jours de congĂ©s.

 

 A aucun moment, je n’ai,  essayĂ© de la convaincre de se faire vacciner. J’ai bien-sĂ»r donnĂ© mes arguments contradictoires, que j’estimais fiables, en faveur de ces vaccins anti-Covid.

 

 

Cependant, ce mardi 5 octobre 2021, après avoir reçu ma deuxième injection de Moderna,  je demeure incapable de dire si son attitude est hĂ©roĂŻque et avisĂ©e. Et si la mienne est  lâche et incohĂ©rente au vu de mes doutes. Ou si son attitude est bornĂ©e et la mienne, sage et avisĂ©e.

 

Il y a des personnes qui « savent Â» ou sont sĂ»res de savoir, mĂ©decins ou autres, avec certitude. Que ce soit pour les vaccins anti-Covid actuels ou contre eux. Tant mieux pour ces personnes. Moi, je conserve une part de doute quant aux effets secondaires Ă  moyen terme ou Ă  long terme de ces vaccins anti-Covid actuels.

 

Je vois bien que toutes les personnes que je connais qui se sont faites vacciner contre le Covid vont bien actuellement et depuis plusieurs semaines et plusieurs mois. Et leur nombre a beaucoup augmenté ces derniers mois puisqu’aujourd’hui, la majorité des Français est vaccinée.

 

Il est même des personnes qui, d’elles-mêmes, ont fait en sorte de recevoir une troisième injection de vaccin anti-Covid alors qu’elles ne correspondent pas aux critères actuels pour bénéficier de cette troisième injection de rappel.

J’ai lu rĂ©cemment dans un numĂ©ro du New York Times  de fin septembre un article oĂą des AmĂ©ricaines racontaient comment et pourquoi elles ( c’était deux femmes qui avaient acceptĂ© de se faire photographier) avaient dĂ©cidĂ© de recevoir une troisième injection de vaccin anti-Covid. Qui en mentant et en se faisant passer pour quelqu’un qui recevait sa première injection. Qui en tentant sa chance dans une pharmacie oĂą aucune question n’avait Ă©tĂ© posĂ©e au prĂ©alable.

Journal  » Le New York Times » de ce mardi 21 septembre 2021. Page 6, article  » Unwilling to wait for a booster shot ».

 

Vous voulez une injection de Pfizer ? Pas de problème, on vous en fait une.

 

Dans le  » New York Times » de ce mardi 21 septembre 2021, une des amĂ©ricaines qui a acceptĂ© de tĂ©moigner Ă  visage dĂ©couvert quant au fait qu’elle a devancĂ© l’appel pour recevoir une troisième injection de vaccin anti-Covid.

 

Toujours le  » New York Times » de ce mardi 21 septembre 2021, trois pages plus loin, page 9.

 

 

 

 

A cĂ´tĂ© de ça, en Afrique et dans d’autres rĂ©gions pauvres du monde, des populations restent sous-vaccinĂ©es contre le Covid. Mais pas uniquement. MĂŞme aux Etats-Unis, il y aurait 25 pour cent de la population qui serait non-vaccinĂ©e contre le Covid par refus de la vaccination anti-Covid. On pourrait grossièrement penser que cela fait partie des restes de la pensĂ©e du prĂ©cĂ©dent PrĂ©sident amĂ©ricain Donald Trump qui minimisait la gravitĂ© de la pandĂ©mie. Mais mĂŞme sans lui, il y avait des sceptiques aux Etats-Unis et ailleurs ( en France, aussi :  j’en ai rencontrĂ© deux ce week-end- un couple- et ils ne sont pas soignants. Pour moi, ce couple, dĂ©jĂ  rencontrĂ© avant la pandĂ©mie, a toute sa tĂŞte et est intelligent, mesurĂ© et cultivĂ©) contre ces vaccins anti-Covid mais, aussi, contre la gravitĂ© de cette pandĂ©mie.

 

Et, même sans Donald Trump, aussi, on peut décider ou choisir de se faire vacciner contre le Covid et rester opposé au pass sanitaire. Lequel, en France, va durer ou continuer de frapper au delà du 15 novembre alors qu’il était supposé disparaître rapidement.

 

Mon thérapeute, vacciné contre le Covid, m’a dit être également opposé au pass sanitaire. Il n’est probablement pas le seul, vacciné par choix et par raison, à être opposé au pass sanitaire.

 

Un petit monde

 

 

Je n’ai pas discutĂ© de ça avec les deux Ă©tudiants en mĂ©decine. Après ma seconde injection, hier, j’ai complimentĂ© celui qui m’avait piquĂ©. J’ai ensuite demandĂ© Ă  celui qui se taisait :

 

« Pourquoi la deuxième injection dans le mĂŞme bras que la première fois ? Je croyais qu’il fallait une alternance… Â».

 

Il m’a répondu que cela n’empêchait pas. Et qu’il valait mieux piquer dans le bras dont je me servais moins.

 

Avant de partir, je leur ai dit :

 

« Peut-ĂŞtre que l’on se reverra (en tant que collègues). Vous savez, le monde hospitalier est un petit monde… Â».

 

En sortant, je suis allĂ© m’asseoir Ă  cĂ´tĂ© d’un couple âgĂ© arrivĂ© entre-temps. Je leur ai demandĂ© si c’était leur seconde injection. Avec un petit rire, l’homme a rĂ©pondu :

 

« Nous, c’est pour le rappel… Â». J’avais oubliĂ© que, si, rien n’a encore Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© en France pour « proposer Â» une troisième injection de vaccin anti-Covid (gĂ©nĂ©ralement avec un vaccin Ă  ARN messager comme le Pfizer ou le Moderna) aux personnes vaccinĂ©es Ă  partir de 30 ans comme cela se fait depuis quelques semaines en IsraĂ«l, modèle sanitaire de la France contre la pandĂ©mie, après avoir constatĂ© une flambĂ©e retour de la pandĂ©mie face au variant Delta qui a fait chuter le taux d’efficacitĂ© des vaccins anti-Covid (principalement le Pfizer en IsraĂ«l Ă  ce que j’ai compris), pour l’instant, en France, cette troisième injection s’adresse principalement aux personnes âgĂ©es dĂ©jĂ  vaccinĂ©es ou immuno dĂ©primĂ©es. Ce couple âgĂ© entrait dans la première catĂ©gorie.

 

L’un et l’autre m’ont répondu que cela s’était bien passé pour eux lors des deux premières injections. A part peut-être que, lui, avait beaucoup dormi après la seconde injection.

 

La femme m’a rĂ©pondu qu’ils avaient fait leurs premières injections en fĂ©vrier. A l’écouter, cela faisait dĂ©ja « longtemps Â». Il est vrai que la pandĂ©mie du Covid a Ă©tĂ© officialisĂ©e en France mi-mars 2020 et que j’ai l’impression que c’était dĂ©jĂ  il y a longtemps. Alors que c’était seulement il y a un an et demi.

 

Pour partir, après ma seconde injection, je suis passé par les escaliers. Puis, je suis retourné jusqu’à la gare St Lazare à pied. Cette fois-ci, dès l’aller, j’étais venu à pied depuis St Lazare.

Ce restaurant me semble bien sympathique. Photo prise ce lundi 4 octobre 2021, Ă  Paris.

 

Deux ou trois ans Ă  vivre :

 

Selon certaines rumeurs, croyances ou affirmations, maintenant que j’ai reçu ma deuxième injection de vaccin anti-Covid dans le bras, il me resterait deux Ă  trois ans Ă  vivre. Je pourrais aussi perdre en fertilitĂ©. Dès lors que je suis « BiberonnĂ© Â» par le vaccin, on pourrait, grâce au produit prĂ©sent dans le vaccin, me suivre Ă  la trace au moyen de la Wifi. Mais aussi prendre le contrĂ´le de mes pensĂ©es grâce Ă  la 5G. Mais je pourrais aussi mourir demain, après-demain, brutalement. Puisque le but de cette « expĂ©rimentation de masse Â» serait de rĂ©aliser une « extinction de masse Â». Pour crĂ©er un nouveau monde. Et une autre Ă©conomie.

 

On peut se marrer ou s’inquiéter de ces rumeurs, croyances, affirmations….

 

Toutefois, il est un fait incontestable. Depuis la pandémie du Covid, notre monde ou notre rapport au monde, plutôt, a changé de façon perceptible par nous-mêmes. La pandémie, je crois, nous a amené à avoir plus conscience de nous mêmes comme de certains de nos choix. Et, si pour certains, ces choix se font dans un certain optimisme, pour d’autres, ces choix s’éloignent radicalement du sentiment de légèreté ou du plaisir.

 

Et, moi, même si je suis en désaccord avec la vision de ma compagne concernant la pandémie et les vaccins, mais aussi concernant l’attitude à avoir envers la vie et ce qui nous reste ou nous resterait à vivre, il est des points où je reste très sceptique et où, d’une certaine façon, je la rejoins.

La Banque BNP-Paribas, photo prise à Paris ce lundi 4 octobre 2021. Les affaires marchent plutôt bien pour les banques depuis le début de la pandémie du Covid.

 

Le scepticisme, lorsqu’il persiste, est-il une chorĂ©graphie morbide ou une autre forme grave de septicĂ©mie ?

 

Le laboratoire français Sanofi et la pandémie du Covid….

 

Sanofi, le laboratoire français de recherche, un des poids lourds mondiaux entre-autres dans la fabrication de vaccins, avait déjà beaucoup de retard pour fabriquer et produire son vaccin contre le Covid. Ce retard, associé à des gros cadeaux financiers à ses actionnaires il y a quelques mois, a provoqué certaines railleries dans les média il y a quelques mois.

 

Pendant que les vaccins Ă©trangers Astrazeneca, Moderna,  Pfizer puis Johnson & Johnson dĂ©barquaient en masse Ă  compter du dĂ©but de l’annĂ©e 2021 (janvier ou fĂ©vrier, je crois), le laboratoire Sanofi, lui,  pourtant Ă  a pointe de la recherche dans le monde, accusait un gros retard. Son vaccin Ă©tait annoncĂ© pour la fin de l’annĂ©e comme on peut annoncer la sortie mondiale d’un blockbuster dans des salles de cinĂ©ma Ă  la fin de l’annĂ©e.

 

La pandémie du Covid fait des petits ( des variants), fauche des gens dans le monde, rend malade et le laboratoire Sanofi bosse sur son vaccin qui sera performant- c’est annoncé- à la fin de l’année 2021. Dans deux mois. En décembre.

 

Et puis, arrive cette rentrée en septembre 2021 et, courant septembre, il y a moins de deux semaines, Sanofi nous apprend avoir renoncé. ( article du journal La Croix de ce mercredi 29 septembre 2021).

 

J’ai lu que Thomas Triomphe (un nom bien choisi) le vice-prĂ©sident de la « Branche vaccins de Sanofi Â» « expiquait Â» (expliquait) que si son vaccin sortait lors de ce mois de dĂ©cembre 2021 sur le marchĂ© que ce serait en quelque sorte trop tard. Que cela n’offrirait rien de mieux ou de plus que ce qui existe dĂ©jĂ  avec Astrazenaca, Pfizer, Moderna, Johnson & Johnson. Oui, oui, les rĂ©sultats des tests de son vaccin sont concluants. Il serait aussi performant que les vaccins dĂ©jĂ  prĂ©sents contre le Covid

( Astrazeneca, Moderna, Johnson & Johnson et Pfizer). Mais ça n’apporterait « rien Â» ou ça ne « servirait Ă  rien Â» de le sortir en dĂ©cembre comme prĂ©vu. Surtout que Sanofi prĂ©cise participer, de toute façon, Ă  la fabrication de plusieurs de ces vaccins en leur faisant bĂ©nĂ©ficier de sa logistique :

 

«  Le laboratoire français n’est cependant pas totalement absent dans cette lutte contre la pandĂ©mie, puisqu’il produit dĂ©jĂ  des vaccins pour ses concurrents Pfizer BioNtech ( Ă  Francfort), Johnson & Johnson (Ă  Marcy-L’Etoile, près de Lyon) et Moderna ( aux Etats-Unis). « Nous sommes la seule entreprise au monde Ă  le faire Â», estime le vice-prĂ©sident de Sanofi. Une trentaine de millions de doses viennent de sortir des chaines de production et il en prĂ©voit 500 millions «  dans les mois qui viennent Â» ( Ă  nouveau, le mĂŞme article Contre le Covid, Sanofi mise sur la vaccination de rappel, dans le journal La Croix de ce mercredi 29 septembre 2021. Dans la rubrique : Economie, page 11.)

 

Il est reprochĂ© ou a Ă©tĂ© reprochĂ© Ă  certaines personnes rĂ©fractaires aux vaccins anti-Covid d’être «complotistes Â», « irresponsables Â»,  » irrationnelles », d’être « plus ou moins dĂ©rangĂ©es mentalement» et Ă©goĂŻstes.

Par contre, j’ai lu ou entendu assez peu de critiques envers ce tour de magie effectuĂ© par Sanofi en pleine pandĂ©mie du Covid. Oui, Sanofi continue de s’atteler, plus que jamais d’ailleurs, Ă  d’autres domaines de recherches en utilisant la technique ARN messager pour soigner d’autres maladies ( « dans l’immunologie, l’oncologie, les maladies rares Â», le journal La croix, toujours ce mĂŞme article du mercredi 29 septembre 2021). Car cette technique de soin a de l’avenir. D’ailleurs, Sanofi a rachetĂ© «  la Biotech amĂ©ricaine Translate Bio, pour 2,7 milliards d’euros, avec qui il travaille dans le dĂ©veloppement de vaccins Â» ( toujours dans le mĂŞme article du journal La Croix de ce mercredi 29 septembre 2021).

 

 

Et, oui, en dĂ©cembre, Sanofi sortira en principe un vaccin anti-Covid mais « classique Â» qui viendra alors renforcer l’offre vaccinale dĂ©jĂ  assurĂ©e par Astrazeneca, Moderna, Pfizer et Johnson& Johnson. Sanofi n’a rien Ă  se reprocher. Et, entre les lignes, si le laboratoire entend toujours trouver des remèdes Ă  d’autres maladies graves, ce que je comprends, surtout, c’est que Sanofi cherche ce qu’il pourrait bien mettre sur le marchĂ© afin d’empocher un maximum d’argent. Car le terme « sur le marchĂ© Â» figurait bien dans l’article que j’ai lu lorsqu’il Ă©tait question du retrait du vaccin de Sanofi. Retrait que le laboratoire avait prĂ©parĂ©. En se comportant comme un candidat de The Voice, qui, s’auto-Ă©liminant presque, encourageait, une ou deux semaines plus tĂ´t,  Ă  se tourner vers les autres candidats :

 

Astrazeneca, Moderna, Pfizer et Johnson & Johnson.

 

Sanofi, aujourd’hui, peut dire ou faire dire ce qu’il veut à ses représentants puis, ensuite, tranquillement, changer d’avis. Sanofi, économiquement, technologiquement et d’un point de vue judiciaire peut se le permettre. Il fait partie des poids lourds, aussi puissants voire plus puissants que les gouvernements. Ce revirement de Sanofi en est une démonstration. Sanofi se rétracte pour faire sortir son vaccin à ARN messager contre le Covid, aucune sanction, aucune critique, aucune pression. Par contre, la petite infirmière qui refuse de se faire vacciner contre le Covid, elle, on peut l’éclater. On peut se le permettre. On peut même lui reprocher son refus et lui montrer qu’en Afrique et dans certaines régions pauvres, les gens meurent du Covid et aimeraient qu’on leur fournisse ces vaccins anti-Covid qu’elle se permet de refuser.

 

D’un cĂ´tĂ©, on a le cynisme d’un laboratoire qui nous parle de « marchĂ© Â», donc de profit, et qui privilĂ©gie sa stratĂ©gie commerciale afin de se « positionner Â» sur d’autres marchĂ©s plus porteurs. Tandis que des millions de personnes pourraient bĂ©nĂ©ficier, dans les rĂ©gions pauvres ou moins pauvres des vaccins anti-Covid que ce laboratoire puissant ( Sanofi) a mis autant de temps Ă  fabriquer. En supposant qu’il y est vĂ©ritablement parvenu. Car qui va aller vĂ©rifier que Sanofi a vraiment menĂ© Ă  terme la fabrication de ce vaccin anti-Covid ?!

D’un autre cĂ´tĂ©, on  a des personnes presque pauvres en ce sens qu’elles ont très peu de moyen de pression ou de contre-pouvoir contre leurs employeurs ou leurs gouvernements qui, du fait de leur conviction personnelle, se font emmurer car elles refusent ces vaccins anti-Covid dont elles se mĂ©fient.

 

Si ce parallèle entre le cynisme permissif d’un laboratoire comme Sanofi et l’attitude des réfractaires aux vaccins anti-Covid actuels peut apparaître déplacé et critiquable, ce que j’admets, il est un domaine où de simples expériences dans la vie courante peuvent, je crois, autoriser, une nouvelle fois, à nuancer la légitimité de cette forme de répression exercée légalement maintenant contre celles et ceux qui se refusent aux vaccins anti-Covid.

Photo prise Ă  Paris, ce lundi 4 octobre 2021.

 

De simples expériences dans la vie courante….

 

 

Depuis le début de la rédaction, hier, de cet article sur le consentement, je ne me suis pas transformé en épidémiologiste. Ni en pilote d’avion de chasse. Ni en scientifique émérite travaillant dans un laboratoire comme Sanofi. Je n’ai donc aucun bagage et aucune compétence scientifique, politique ou même économique de poids. Je suis un rien du tout comme des millions d’autres rien du tout de ce monde.

 

Ce « rien du tout Â» que je suis, facile Ă  faire taire, Ă  Ă©clater, si besoin Ă©tait, se rappelle ceci.

 

Entre le mois d’avril 2021 et ce mois d’octobre 2021, j’ai eu Ă  passer cinq tests antigĂ©niques. A chaque fois, je ne me sentais pas malade. Je n’en n’éprouvais pas le besoin. Mais j’y ai nĂ©anmoins Ă©tĂ© contraint Ă  chaque fois. Cinq fois. Deux fois, d’abord, Ă  une semaine d’intervalle parce-que je faisais partie des « cas contacts Â» au travail. Au moins deux de mes collègues, au travail, ont attrapĂ© le Covid dans mon service. Deux tests antigĂ©niques, une tige dans chaque narine, deux fois de suite. Pour quel rĂ©sultat :

 

NĂ©gatif !

 

On va m’expliquer ou il a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© expliquĂ© que l’on peut très bien ĂŞtre nĂ©gatif Ă  un test antigĂ©nique et avoir contractĂ© le Covid sans s’en ĂŞtre aperçu. Ou, aussi, qu’il y a eu et qu’il aussi des « faux nĂ©gatifs Â». Que le test antigĂ©nique n’est pas très sĂ»r. Seulement Ă  « 65% Â». Alors que le test PCR, lui, serait plus fiable. Alors, on va dire que les deux premières fois oĂą j’ai eu Ă  passer des tests antigĂ©niques alors que je me sentais bien, n’avais pas de fièvre et portais des masques anti-Covid de prĂ©vention en prĂ©sence d’un public (collègues ou autres dans un lieu fermĂ©), qu’il valait mieux s’assurer quand mĂŞme que tout allait bien.

 

Mais cela n’était pas suffisant. Première injection de Moderna le 13 septembre et, Ă  nouveau, au prĂ©alable, il faut subir un test antigĂ©nique. Car on ne sait jamais. Je me sentais mal ? J’avais de la fièvre ? Non. Nous sommes le 13 septembre 2021. La pandĂ©mie du Covid a Ă©tĂ© officialisĂ©e en France 18 mois plus tĂ´t donc on commence quand mĂŞme Ă  avoir un peu d’expĂ©rience concernant les symptĂ´mes du Covid. Et, on a Ă©tĂ© largement informĂ© de l’existence de la pandĂ©mie du Covid, mais, ce n’est pas grave : on va faire un nouveau test antigĂ©nique. RĂ©sultat ? NĂ©gatif pour la troisième fois. J’ai droit Ă  ma première injection de Moderna Ă  la suite.

Le 2 octobre, de moi-mĂŞme, je pars faire un test antigĂ©nique. Je me sens mal ? Non. Seulement, afin de me rendre Ă  un endroit donnĂ©, je sais qu’il me faut un test antigĂ©nique rĂ©cent au rĂ©sultat nĂ©gatif. RĂ©sultat ? NĂ©gatif. Il s’agit du 4 ème test antigĂ©nique que je fais. Et, pour la quatrième fois de suite, le rĂ©sultat est nĂ©gatif.

 

Il m’a semblĂ© que le rĂ©sultat d’un test antigĂ©nique Ă©tait valable 72 heures. «  A ce qu’on dit Â». Je passe le test antigĂ©nique le 2 octobre après 13h, vers 13h30, j’arrive hier ( le 4 octobre vers 10h30) pour ma seconde injection de Moderna. Et, lĂ , on m’apprend que, malgrĂ© tout, je dois refaire un nouveau test antigĂ©nique avant la seconde injection. 5ème test antigĂ©nique. Cinquième rĂ©sultat nĂ©gatif. Faux nĂ©gatif ? J’ai pu ĂŞtre contaminĂ© sans le savoir ?

 

Fin juillet, je me suis fait prescrire une sĂ©rologie Covid. RĂ©sultat : nĂ©gatif. DĂ©but septembre, je me fais Ă  nouveau prescrire une sĂ©rologie Covid. RĂ©sultat : nĂ©gatif.

 

 

Cinq tests antigéniques et deux sérologies Covid entre mars-avril de cette année et ce 4 octobre 2021, soit en 7 mois, je suis à chaque fois négatif, je porte des masques anti-Covid régulièrement. Depuis le début de la pandémie en France en Mars 2020, j’ai réduit ma vie sociale comme beaucoup de gens. J’embrasse bien moins de personnes qu’auparavant pour les convenances sociales. Mais les résultats à mes différents tests de contrôle pourraient être de faux résultats négatifs. Et puis, je pourrais être porteur du Covid sans m’en rendre compte…..

 

Pour remĂ©dier Ă  cela, il y a une solution : le vaccin anti-Covid et le pass sanitaire dĂ©sormais obligatoires…..

Un peu de Ben Hur dans un monde de brutes. Photo prise Ă  Paris, ce lundi 4 octobre 2021.

 

On peut et on le droit d’être pro-vaccin comme de se sentir protĂ©gĂ© par la vaccination anti-Covid. Mais, comment ne pas avoir le sentiment d’être baladĂ© et d’être privĂ© de certaines libertĂ©s pour des raisons injustifiĂ©es depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie du Covid après ça ?!

 

Il y a bientĂ´t deux semaines maintenant, je n’ai pas pu me rendre Ă  une exposition sur la cĂ©ramique près de l’église St Sulpice. Il fallait prĂ©senter son pass sanitaire ou un test antigĂ©nique rĂ©cent. Comme d’habitude, je portais un masque anti-Covid comme lors de toute manifestation publique. Laquelle exposition se dĂ©roulait sous des tentes Ă  l’extĂ©rieur. Comment pourrais-je me laisser convaincre que, vraiment, le pass sanitaire ou la vaccination anti-Covid Ă©tait indispensable afin de se rendre Ă  cette exposition alors que je portais un masque anti-Covid ? Alors que dans certains magasins plus frĂ©quentĂ©s, en intĂ©rieur, on peut entrer avec un simple masque anti-Covid sur le visage ?

 

 

Lorsque je relate ça, je ne suis pas dans la rumeur, la croyance ou le complot. Je parle de la vie courante. D’expériences concrètes que n’importe qui peut faire ou a pu faire depuis le début de la pandémie du Covid. Donc, même si l’on est pro-vaccin anti Covid, il me semble que l’on se doit, aussi, de voir ça. Et de comprendre que lorsque des gens, ensuite, ont des doutes ou refusent de se faire vacciner contre le Covid, que ces gens, ne sont pas si décérébrés que cela. Par moments, j’ai un peu l’impression que pour certains, se faire vacciner leur délivre comme une autorisation d’absence de pensée et d’observation. Ces personnes sont vaccinées, donc le vaccin anti-Covid injecté va penser et observer pour elles.

 

Ces vaccins anti-Covid sont, je l’espère, plus bénéfiques que néfastes, mais je ne crois pas qu’ils vont penser et regarder le monde mieux que je ne suis capable de le faire.

 

 

Mais, partons du principe, pour ma part, puisque j’ai encore quelques doutes à propos de ces vaccins anti-Covid que je n’ai donc plus que deux à trois ans à vivre, désormais.

Photo prise Ă  Paris, ce lundi 4 octobre 2021.

 

Randonnées

 

J’entends vivre au mieux lors de ces deux Ă  trois ans qu’il me resterait Ă  vivre. Puisqu’en acceptant ces vaccins anti-Covid, il semblerait que j’aie choisi de vivre petit au lieu de vivre Tapie; lequel Bernard Tapie, en dĂ©cĂ©dant Ă  78 ans, a eu la grande classe de profiter d’une espĂ©rance de vie qui pourrait ĂŞtre supĂ©rieure Ă  la mienne de plus de vingt ans !

 

Avant le jour de ma mort, j’espère que j’aurais pu me procurer une bonne paire de chaussures confortables et rĂ©sistantes. Car la mort est une randonnĂ©e très longue dont le terrain peut ĂŞtre variĂ©. Ce terrain est peut-ĂŞtre aquatique ? Toujours est-il qu’avant d’atteindre Paris St Lazare, je suis entrĂ© dans un grand magasin. Grand en ce sens qu’il s’agit de magasin de plusieurs Ă©tages oĂą l’on vend des chaussures et des vĂŞtements assez branchĂ©s, plutĂ´t pour jeunes. Le magasin Citadium , sĂ»rement bien plus frĂ©quentĂ© que la mĂ©diathèque de ma ville, et oĂą, pourtant, j’ai pu entrer facilement avec un simple masque anti-Covid sur le visage. Alors que je le rappelle, dans la petite mĂ©diathèque de ma ville d’Argenteuil, ce 4 octobre 2021 et sans doute encore pour plusieurs semaines, il faut, depuis le 9 aout, fournir un pass sanitaire ou un test antigĂ©nique ou PCR rĂ©cent au rĂ©sultat nĂ©gatif de moins de 72 heures. Cependant, mĂŞme vaccinĂ© et mĂŞme porteur d’un test antigĂ©nique rĂ©cent au rĂ©sultat nĂ©gatif, j’ai dĂ©cidĂ© la semaine dernière que je ne retournerais pas dans « ma Â» mĂ©diathèque tant qu’il y aurait ces consignes absurdes de rĂ©tention ou d’exclusion sociale plus que de prĂ©vention sanitaire. Et, cela, de manière tout Ă  fait lĂ©gale puisque le gouvernement a «  dit que Â».

 

 

 

En attendant, hier, au lieu de me rendre peut-ĂŞtre plus tard dans « ma Â» mĂ©diathèque, je suis entrĂ© dans le magasin Citadium. Car toutes ces mesures « bienveillantes Â» et prĂ©ventives contre le Covid sont aussi lĂ  pour ça. Pour nous convaincre que nous avons beaucoup de chance de pouvoir consommer. Pouvoir aller consommer dans certains endroits, c’est aujourd’hui un très grand privilège. MĂŞme si, auparavant, il y a Ă  peine deux ans,  on consommait dĂ©jĂ  comme des gorets et sans avoir Ă  demander la permission Ă  l’entrĂ©e. On passait dĂ©jĂ  Ă  la caisse tout autant. Sauf que lĂ , on peut mĂŞme se sentir soulagĂ© car, enfin, les magasins, les restaurants et autres sont Ă  nouveau ouverts. Et nous pouvons y retourner.  Durant la pandĂ©mie, les forĂŞts environnantes sont restĂ©es ouvertes. Mais il y en a de moins en moins. Et ce n’est pas cela qui nous intĂ©resse. On prend beaucoup mieux l’air et l’on se change bien mieux les idĂ©es en faisant les magasins ou en allant au restaurant. Ou en boite.

 

Malgré mes propos, j’ai bien sûr du plaisir à me rendre dans certains magasins et au restaurant.

Hier,  d’ailleurs, dans le magasin Citadium, les vendeurs, un petit peu comme l’étudiant en mĂ©decine qui m’a piquĂ©, sont sensiblement formĂ©s au relationnel avec la clientèle. C’est devenu courant dĂ©sormais, pour un vendeur ou une vendeuse, d’être aussi « friendly Â».

 

J’ai ainsi discutĂ© pendant un bon quart d’heure avec une vendeuse enthousiaste et sympathique d’un stand Ă  propos d’un article qui ne figurait pas dans ce qu’elle vendait :

Le vélo pliant de la marque Brompton.

Photo prise à Paris, fin septembre 2021. Au centre de la photo, le cycliste à casque jaune se déplace sur un vélo pliant de la marque Brompton.

 

Je me dĂ©placerai peut-ĂŞtre en Brompton quand je serai mort. Et quand je ne pourrai pas pĂ©daler, mes bonnes chaussures- que j’ai repĂ©rĂ©es mais que je n’ai pas achetĂ©es- me permettront de continuer de marcher. Je me rendrai peut-ĂŞtre dans une salle de cinĂ©ma ou dans une mĂ©diathèque.  Pas dans celle de ma ville puisque l’on continuera sans doute de rĂ©clamer le pass sanitaire un ou test antigĂ©nique rĂ©cent Ă  l’entrĂ©e.

 

Photo prise Ă  Paris, ce 1er octobre 2021. Il semble que la fresque sur le mur soit la reproduction d’une oeuvre de Tignous, un des journalistes de Charlie Hebdo, assassinĂ© avec plusieurs de ses collègues et amis en janvier 2015 lors d’un attentat terroriste islamiste. C’est un hasard si la femme qui passe en ce moment-lĂ  est vĂŞtue de cette manière. Ce n’Ă©tait pas calculĂ© de ma part. Sur la gauche, on peut apercevoir l’affiche du film  » Mourir peut attendre » le prochain James Bond qui sortira demain, ce mercredi 6 octobre 2021.

 

 

Ce mercredi 6 octobre  (demain) sortira Mourir peut attendre, le dernier James Bond avec l’acteur Daniel Craig. Un film que je compte aller voir.

Photo prise à Paris, ce lundi 4 octobre 2021, vers 8h30 du matin. La route est barrée en raison du procès des attentats du 13 novembre 2015.

 

Entre le procès des attentats du 13 novembre 2015 auquel j’aimerais me rendre ;  les articles que j’ai prĂ©vus d’écrire comme celui Ă  propos du film Retour Ă  Reims de Jean-Gabriel PĂ©riot, inspirĂ© du livre de Didier Eribon que je suis allĂ© voir hier soir  Ă  Argenteuil au cinĂ©ma Jean Gabin en prĂ©sence de Jean-Gabriel PĂ©riot ;  Ă  dix minutes Ă  pied de chez moi, près de la mĂ©diathèque de ma ville.

Au centre, le réalisateur Jean-Gabriel Périot, au cinéma Jean Gabin, à Argenteuil, ce lundi 4 octobre 2021, après la projection de son film  » Retour à Reims », inspiré du livre de Didier Eribon.

 

 

 

Il y a aussi des séjours que j’aimerais faire à Limoges, Berlin, en Algérie, en Guadeloupe et à la Réunion pour commencer et quelques autres projets, j’ai de quoi randonner. Pour cela, il me faudra des bonnes chaussures, un jour ou un autre. Ensuite, j’écrirai de nouveaux articles qui, je l’espère, feront aussi marcher des lectrices et des lecteurs avec plaisir. Ainsi qu’avec leur plein consentement.

Photo prise Ă  Paris, ce 1er octobre 2021.

 

Franck Unimon, ce mardi  5 octobre 2021.