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Paris sans passe : Atterrissage ethnique

Photo prise Ă  Paris, ce mardi 10 aout 2021.

Paris sans passe : Atterrissage ethnique

 

Atterrissage « ethnique Â»

 

 

Ce mardi 1O aout 2021 a Ă©tĂ© ma première sortie sur Paris depuis l’instauration du passe sanitaire. Mon atterrissage a eu un caractère « ethnique Â».  Je me suis senti tel un aborigène exclu d’une certaine civilisation :

 

Celle des spectateurs et des consommateurs.

Oeuvre actuellement en cours Ă  Chatelet les Halles de l’artiste Hopare. Photo prise ce mardi 10 aout 2021.

 

Et cette civilisation, pour continuer d’exister, me marcherait spontanément sur la figure sans faire attention mais aussi en toute ignorance.

 

« Cela ne tient qu’à toi ! Â» ou «  C’est toi qui l’as choisi, ne te plains pas ! Â» mais aussi, « Ton comportement est dĂ©lirant ! Â» pourraient ĂŞtre quelques unes des voix  disponibles afin de commenter ma sĂ©paration d’avec la vie normale.

 

Mais aussi celle-ci :

 

« On dirait que tu prends du plaisir dans cette situation ! Â».

 

Je ne prends pas de plaisir à cette situation. Même si les nouvelles contraintes qu’elle m’inflige ou qu’elle m’apporte vont m’obliger à faire le tri. A renoncer. Et aussi à me montrer créatif.

Une autre oeuvre de l’artiste Hopare. C’Ă©tait en Mai 2019 lors d’une journĂ©e portes ouvertes d’ateliers d’artistes Ă  Argenteuil. C’Ă©tait avant la PandĂ©mie. Photo prise vers le 25 Mai 2019.

 

Il y a encore quelques semaines, je faisais encore partie de cette civilisation. Je préfèrerais continuer à me mouler dans le mouvement général comme je l’ai toujours fait dans les grandes lignes. Je n’ai pas un palmarès très impressionnant en tant que militant. Et encore moins une activité underground que je pourrais proposer à la vente, à mon avantage, à une maison d’édition ou à une galerie d’art.

 

Un dĂ©lire « normal Â»

 

Quant Ă  mon « dĂ©lire Â»â€¦.je le considère comme une rĂ©action tout Ă  fait normale vu ce que nous vivons depuis dix huit mois, maintenant. Parce-que, depuis dix huit mois et la dĂ©claration officielle de la pandĂ©mie du Covid, ce que nous vivons tous est dĂ©lirant. Donc, quoi de plus normal que de dĂ©lirer dans une situation dĂ©lirante. Les gestes barrières ci-dessous ne sont pas dĂ©lirants pour moi. Je les applique– voire les rappelle– du mieux que je le peux depuis le dĂ©but de leur « prescription« . Ce que je trouve dĂ©lirant, c’est le climat voire toute cette culture de pensĂ©es et de certitudes contradictoires et antagonistes qui peuvent se dĂ©velopper autour de cet Ă©vĂ©nement qu’est la pandĂ©mie du Covid. Mais aussi de voir comme un « simple » virus a suffi depuis dix huit mois Ă  nous aliĂ©ner de plus en plus, nous les ĂŞtres si « modernes » et si « libres »

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

 

MalgrĂ© cela, le plus inquiĂ©tant pour moi serait de rencontrer quelqu’un qui m’affirmerait qu’elle ou qu’il se sent comme un festivalier en plein carnaval dans toute cette ambiance qui nous aspire le cerveau comme un tirebouchon peut extraire le bouchon de liège d’une bouteille de vin. Le pop Ă  l’ouverture ne garantit pas que l’on conservera toute sa cervelle mĂŞme si le goĂ»t et le trou sont divins.

 

Sauf qu’il y a maintenant, depuis l’établissement par notre gouvernement du passe sanitaire, trois grandes tentes qui parsèment le pays ainsi que les territoires français Ă  l’extĂ©rieur de l’hexagone :

 

Celles où le délire consiste à penser que les vaccins actuels contre le Covid, tels qu’ils ont été conçus, leur donne une immunité totale ou parfaite.

Et, celles oĂą des personnes comme moi ne font pas suffisamment confiance aux vaccins actuels. Qui pensent que ces vaccins offrent une protection limitĂ©e. Et que cette protection, ensuite, se paiera peut-ĂŞtre  au prix fort avec des consĂ©quences sur la santĂ© de celles et ceux qui auront choisi de les adopter.

 

Il y a une troisième tente oĂą l’on entre encore sans QR Code, sans PCR et sans test antigĂ©nique prĂ©alables. On y  trouve des vaccinĂ©s et des non-vaccinĂ©s qui s’acceptent et comprennent les raisons et les choix des autres. MĂŞme s’ils sont diffĂ©rents et, a priori, opposĂ©s.

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

 

Néanmoins, pour moi, depuis dix huit mois, tout le monde délire avec le Covid.

Fièvre ou pas fièvre. Réa ou pas.

 

Et celle ou celui qui affirmera avoir toujours, depuis le début, eu la même lucidité et le même calme est une personne qui se ment ou qui raconte des histoires. Peu importe sa fonction.

 

Seulement, maintenant, surtout depuis le 12 juillet 2021 et les annonces du gouvernement,  je fais partie de cette minoritĂ© qui dĂ©lire d’une façon « dissonante Â» par rapport Ă  la majoritĂ©. Or, le nombre est dominant et l’emporte mĂŞme en dĂ©mocratie.

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

Je devrais marcher au pas et rejoindre le plus grand nombre de mes semblables vaccinĂ©s. 

 

Je pourrais plus facilement faire autrement si j’avais de très grands pouvoirs telles certaines personnalités de ce monde. Celles et ceux qui sont riches, qui disposent de forts pouvoirs d’influences, qui dirigent une entreprise, un pays ou une armée. Une armée de l’ombre ou officielle.

 

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

Je ne fais pas partie de cette minorité dominante, qui sait attaquer et aussi se défendre. Les seules armées que je puisse peut-être récupérer et diriger, et encore, c’est celles de la diarrhée et de la logorrhée. La diarrhée et la logorrhée de la peur, de l’inaction et de l’ignorance.

 

La majorité dormante

 

J’ai plutôt, longtemps, fait partie et fais toujours partie de la majorité dormante. Et confiante.

 

Il n’y a que maintenant que je commence Ă  vraiment me mĂ©fier. Et, c’est peut-ĂŞtre dĂ©jĂ  trop tard. En tout cas, pour les personnes comme moi, vaccinĂ©es et non-vaccinĂ©es. Parce-que pour Ă©viter le passe sanitaire et le projet de sociĂ©tĂ© qu’il  dessine- vu que mĂŞme des personnes vaccinĂ©es y sont opposĂ©es- il aurait fallu refuser, avant d’en devenir dĂ©pendants, au moins internet et la tĂ©lĂ©phonie mobile tels qu’ils se sont dĂ©veloppĂ©s. Ou apprendre Ă  les maitriser davantage. Ne pas les laisser aux mains de quelques unes et quelques uns qui sont les dirigeants d’aujourd’hui et encore de demain.

 

 Et, c’était il y a trente ans ou un peu moins, qu’il aurait fallu faire ça. S’interposer. Mettre davantage de garde-fous. Je ne l’ai pas fait.  

 

Il y a trente ans ou un peu moins, nous avions aussi d’autres préoccupations. Nous avons toujours eu d’autres préoccupations. En ce moment, beaucoup d’entre nous ont bien d’autres préoccupations.

 

Et, puis, internet, c’était fantastique. Oui, c’était fantastique.  Et, c’est toujours fantastique. Mais le fantastique peut avoir un prix très Ă©levĂ© selon les projets des dĂ©cideurs. Pour moi, ce mardi 10 aout 2021, son prix a Ă©tĂ© des situations inĂ©dites. Et, ce n’est que le dĂ©but.

 

Des situations inédites

 

Pénis flots

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

 

Devoir trouver, en plein Paris, un jardin ouvert pour aller y pisser en toute discrĂ©tion mais aussi en toute dignitĂ© ?

 

Parce qu’il faut fournir un passe sanitaire pour entrer dans un café ou dans un restaurant afin d’y demander si l’on peut utiliser leurs toilettes. Gracieusement ou contre une petite pièce voire une consommation.

Depuis, j’ai commencé à faire des recherches en vue de m’acheter des péniflows. Afin de pouvoir me balader avec incognito, je devrai arrêter de porter des shorts en été, alors que cela fait partie de mes plaisirs. Pisser tranquillement et proprement tout en marchant dans Paris, cela deviendra assurément un de mes plus forts plaisirs. A condition d’éviter la palpation en cas de vérification et de palpitation identitaire.

 

Ma seule consolation pour l’instant : mĂŞme des aviateurs ont Ă  rĂ©soudre ce problème de besoin urinaire en plein vol.

 

En attendant, un mouvement de résistance de la vessie reste à structurer. Mais je crains que cela ne soit au dessus de mes forces. Car j’aime pisser en plein vol.

 

Persona non grata

 

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

Etre persona non grata devant les salles de cinéma. Je me demande à quoi va bien me servir ma carte mensuelle illimitée que je possède depuis une vingtaine d’années. Car je n’envisage pas de me faire trifouiller les narines pour un test PCR ou antigénique le matin ou quarante huit heures avant une séance de cinéma. Il fut une période où j’allais au cinéma 7 jours sur 7. Heureusement que je n’en suis plus là même si je le regrette un peu. Il y a tant de films que j’aimerais aller voir.

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

 

Par contre, si je l’avais voulu, j’aurais pu entrer Ă  la Fnac. LĂ , peu importe le nombre de personnes qui s’y trouvent, le masque anti-Covid « suffit Â». Extraordinaire. Je croyais que le gouvernement, très confiant dans l’explosion des commandes sur internet durant le premier confinement, allait tout axer lĂ  dessus pour maintenir la dynamique de la consommation. Mais l’un n’empĂŞche pas l’autre. On peut, et, autoriser un accès « plus ou moins libre Â» Ă  la Fnac avec un simple masque. Et, en mĂŞme temps voir coexister les achats sur internet. Mais une salle de cinĂ©ma, avec un simple masque anti-Covid, c’est impossible. Et, entrer dans une salle de cinĂ©ma sans visage, sans tĂŞte et sans vessie, est-ce possible?

Dans une salle de théâtre ?

Photo prise ce mardi 1O aout 2021.

 

MalgrĂ© ça, certaines allĂ©es et venues ailleurs sont possibles sans passe sanitaire. Dans une bibliothèque près du complexe de cinĂ©ma oĂą je n’aurais pas pu entrer, le passe sanitaire n’est pas obligatoire. J’ai pu entrer dans une grande pharmacie parisienne. 

 

Photo prise Ă  Paris, ce mardi 10 aout 2021. Ce n’est pas dans cette pharmacie que je suis allĂ© ce mardi.

 

 

Pour retourner voir les colonnes de Buren. Je n’ai pas senti de tension particulière autour de moi. C’est plutôt moi qui, par moments, ai eu l’impression d’être un dangereux agent contaminant en circulation dans Paris. Je me demande combien de temps, sans passe sanitaire, je vais pouvoir continuer de me permettre ce genre d’infiltration clandestine comme celle d’aujourd’hui.

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2O21.

 

 

Je me suis aussi demandé dans quelle mesure certains des films à l’affiche que je ne verrai pas, parlent d’une situation plus ou moins proche de celle que l’on peut vivre aujourd’hui sans passe sanitaire.

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

On n’exige pas encore de passe sanitaire pour regarder les affiches.

 

Franck Unimon, ce mardi 10 aout et ce mercredi 11 aout 2021.

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Les gens comme moi ou C’est toute une histoire

 

Les Gens comme moi ou C’est tout une histoire

Un film, c’est au moins vingt quatre images seconde. Le temps d’écrire cette phrase, lors d’une simple vidéo, on s’est déjà enfilé bien plus que vingt quatre images par seconde.

 

Les films, les séries, les vidéos mais aussi les pubs que nous gobons quotidiennement nous imprègnent de toutes ces images et de toutes ces impressions.

 

Avec internet et, bientĂ´t, « l’apport Â» de la 5 G, nous allons flirter de plus en plus souvent, de manière volontaire, imposĂ©e, mais aussi stĂ©rĂ©otypĂ©e, avec beaucoup plus d’images et beaucoup plus d’impressions en très peu de temps. A un point qu’il est difficile de concevoir. Me dire que l’on maitrise ce genre de consommation revient un peu Ă  me dire que l’on maitrise encore parfaitement une situation après voir bu plusieurs verres de rhum. Si les effets de l’ivresse due aux images se manifestent diffĂ©remment, ils n’en sont pas moins prĂ©sents. D’autant que nous sommes aujourd’hui dans une Ă©poque oĂą il faut aller vite et en grandes quantitĂ©s. Pour Ă  peu près tout.

 

Faire partie du passé

Les gens comme moi font partie du passĂ©. Parce qu’ils font encore partie des « anciens mondes Â». Ces mondes oĂą l’on respecte le Temps. Sans doute trop  et mal, « nid-Ă©a-li-sons Â» pas trop, non plus. IL y a aussi du bon dans notre monde actuel. Si j’insiste autant sur Ces mondes oĂą l’on essaie, comme on peut, de composer avec le Temps, c’est parce-que, pour moi, il existe d’autres Temps que celui des montres, de l’économie et de l’informatique.

 

Il y a aussi le Temps  des contes. De la folie. Des âges, des Ă©poques, des langues, des rythmes, des corps et des mĂ©moires diffĂ©rentes. Ce Temps-lĂ , n’est pas toujours admis dans notre monde d’aujourd’hui. Sauf si ce Temps sert un projet viable. S’il parvient Ă  devenir un produit. Un produit que l’on pourra « proposer Â» au plus grand nombre. Rapidement. Pour rĂ©pondre Ă  un « besoin Â». Pour faire carrière. Pour placer son nom dans l’Histoire.

 

MĂŞme si cette Histoire doit ĂŞtre courte.  

 

Le temps d’écrire et de lire ces quelques phrases de mon article, on en a dĂ©ja bouffĂ© des images vidĂ©os de toutes sortes.  Toutefois, je ne vais pas essayer de rivaliser, au travers de mes articles, avec l’afflux gigantesque de vidĂ©os, d’images, mais aussi de flots de mots et de pensĂ©es qui circulent constamment, dans nos tĂŞtes, autour de nous ou devant nos yeux et nos Ă©crans. D’abord, c’est inhumain et impossible. Ensuite, je suis fatiguĂ©. Et puis, je fais aussi partie des insectes cinĂ©philes.

 

Contracter mes articles

 

Par contre, je vais contracter mes articles. Cela devrait soulager beaucoup de personnes. Ce sera l’équivalent de mon « Birth of the cool Â» de Miles Davis. Lorsque celui-ci, face au Be-Bop, avait optĂ© pour ralentir le tempo de sa musique. Par la suite, Miles avait pu faire des titres très longs (jusqu’à trente minutes) sans aucune parole bien-sĂ»r. Donc, tout ce qu’il faut, pour qu’aujourd’hui, face Ă  la mĂŞme expĂ©rience, un maximum de personnes se cognent la tĂŞte contre les murs et voient cette aventure comme la plus sadique des tortures. Imaginez : A notre Ă©poque actuelle du zapping, du ghosting, des muqueuses de la 5 G toutes proches et toutes lubrifiĂ©es, de l’hyper-connectĂ©, proposer Ă  la majoritĂ© d’entre nous d’écouter un morceau de musique de vingt Ă  trente minutes. Sans bandes annonces au prĂ©alable. En Version originale. Sans dĂ©bat. Sans pub. Sans pop-corn.  Sans coca-cola. Sans bla-bla. Sans paroles. En se taisant. Avec rien d’autre que soi dans la bouche.

 

Je crois que ce serait l’horreur pour beaucoup. Il y a vingt à trente ans, déjà, c’était sûrement comme ça. Alors, aujourd’hui…..

 

Nous sommes dans le monde des vignettes et des capsules. Faire court. Efficace. Direct dans le lard. Dans le cĹ“ur. Dans le pĂ©nis. Le vagin. Le clitoris. C’est ça qui est bon ! ça, c’ est cool ! T’as vu ?!  Comme sur un ring de boxe ou dans un cercle de MMA. Pas de place ni de temps mort pour les baltringues. Tu t’es cru, oĂą ?! Nous,  on veut des K.O ! Bien fait pour ta gueule ! Faire des yeux de biche Ă  quelqu’un, cela peut-ĂŞtre joli et tendre. Un pied de biche, aussi. Mais, dĂ©foncer la gueule de quelqu’un, ses rotules Ă  coups de pieds de biche, c’est « mieux Â» ! ça fait plus de bien que la poĂ©sie ! MĂŞme en costume cravate, en robe Ă  paillettes, avec des vĂŞtements de marques et un carnet d’adresses select,  On est des poètes, oui. De la panique et des kicks. On n’est pas lĂ  pour te tailler une bavette.

 

Avec de tels espoirs et de tels projets parmi nos modèles dominants, il n’y a donc rien d’ étonnant à ce que dans certaines manifestations, il y ait des débordements, de la casse mais aussi des bavures, des flash-balls, du LBD et des éborgnements. Notre monde et notre époque ne vantent pas les vertus de la lenteur et du cérémonial du thé. Ou, alors, seulement, pour l’apparence, l’exotisme, faire du scoutisme ou lors d’un contrat à signer. Par intérêt. Ou par décret. C’est tout.

 

Insecte cinéphile

 

Mais je ne peux pas dire du mal des images de toutes sortes comme de toutes espèces. Je fais partie des insectes cinĂ©philes.  Avant que le grand insecticide tout puissant ne me neutralise et ne me convertisse en glucide, je m’en vais poursuivre.

 

Aimer les images ou aimer quelqu’un, ne signifie pas qu’il faille tout lui passer. Ou qu’il faille tout accepter de lui. Et prendre tout ce qui vient de lui- ou d’elle- comme la vérité absolue et définitive.

 

C’est vrai pour les images que l’on regarde et voit. Comme de ce que l’on lit et entend.

Il faut savoir faire le tri. Mais c’est très difficile, et ce sera de plus en plus difficile, que d’apprendre Ă  faire le tri. Dans la nature, en certains temps reculĂ©s, par certains cĂ´tĂ©s, c’était peut-ĂŞtre plus « facile Â». Mais, en raison, lĂ  aussi, de certains dangers, et aussi en vue de dĂ©nicher ou de nous rapprocher de certaines opportunitĂ©s, nous avons oubliĂ© ou nous n’avons pas appris ce que c’était.

 

Biais cognitifs

 

Dans son livre Petit guide de contre-manipulation (comprendre, dĂ©celer et contrer les manipulateurs) Christophe Caupenne, « ancien chef du pĂ´le nĂ©gociation du RAID pendant onze ans, après 25 ans passĂ©s dans la police Â» parle, page 107, des biais cognitifs. Vous n’avez vu aucune vidĂ©o sur ce sujet ? Et, aucun algorithme ne vous en a proposĂ© ?! Alors, cette petite rasade de mon article- grâce Ă  l’ouvrage de Caupenne– vous est spĂ©cialement dĂ©diĂ©e :

 

« (….) ils ( les biais cognitifs) affectent de multiples domaines comme la perception, l’évaluation d’une situation, les relations sociales, la prise de dĂ©cision, les logiques de causalitĂ©, le jugement ou la comprĂ©hension statistique. Ces biais cognitifs ne sont gĂ©nĂ©ralement pas conscients et constituent parfois des travers de l’expertise ou de la logique. Certains d’entre eux sont, en revanche, particulièrement manipulatoires pour qui sait s’en servir Â».

 

Puis, Caupenne parle de plusieurs biais cognitifs. Le premier qu’il aborde est L’effet de primautĂ© (Short term-store effect) :

 

« On n’a pas deux fois l’occasion de faire une bonne impression Â».

 

Après cette citation, Caupenne continue par la phrase suivante :

 

« Difficile de changer d’avis quand on s’est fait une première impression d’une situation ou d’une personne ! Une perception sĂ©lective des informations s’opère alors afin de privilĂ©gier celles qui vont dans le sens de l’impression de dĂ©part Â».

 

L’engagement :

 

Ailleurs, j’avais entendu parler (c’est moi, Franck, qui reprends la « parole Â» dans cet article) de la notion d’engagement.

 

Une fois que l’on s’est engagé moralement et corporellement dans une certaine action ou décision, c’est plus difficile de se rétracter. Pour moi, Caupenne parle aussi de ça dans ce chapitre. Lorsque l’on s’engage, c’est plus difficile de se rétracter. Car, s’engager, c’est s’avancer physiquement, donc, dans le temps, dans l’espace et dans la géographie du monde. Mais, c’est aussi s’avancer, se découvrir, s’exposer, se présenter, aussi socialement. Face au monde. Parfois sans protections. Ou avec ce sentiment d’être sans protection. Et, donc, d’être à la merci d’un ennemi potentiel, visible ou invisible, repérable ou non.

 

Faire le contraire, s’engager puis se rétracter en permanence, c’est passer son temps à faire du surplace. Il y a de ça dans la peur, dans l’anxiété et dans la phobie.

Cependant, s’engager puis se rétracter, c’est aussi se contredire et risquer de perdre du crédit. Mais, c’est donc, aussi, à un moment ou à un autre, si cette tendance est trop lourde et prononcée, régresser. Voire, cela correspond aussi à choisir de mourir là où l’on est. Tel que l’on est. Avec celles et ceux qui nous entourent et font le choix de rester avec nous ou près de nous.

 

Dans cette action de s’engager, il y a en fait résumée une grande partie de l’Histoire de l’Humanité comme de la plupart de nos décisions.

S’engager, c’est accepter les consĂ©quences, bonnes ou mauvaises, de nos actions et de nos dĂ©cisions. Donc, devoir ou savoir accepter, après s’être engagĂ©, que l’on s’est trompĂ© – si l’on s’est trompĂ©– de direction ou de choix peut ĂŞtre difficile. Car il faudra faire son deuil. Car il faudra changer de comportement. Repartir vers  un inconnu auquel il faudra apprendre Ă  s’adapter. Alors que tout ce que l’on voulait, c’était s’établir. Se poser une bonne fois pour toutes. Et, ĂŞtre tranquille. Sans dĂ©ranger. Et sans ĂŞtre dĂ©rangĂ©.

 

Accepter que l’on s’est trompĂ© de direction sur la route et que l’on a fait cinq ou kilomètres de trop est assez facile Ă  accepter si l’on est confortablement installĂ© dans sa voiture ou sur sa moto.  Et que tout va bien. Cela est plus difficile Ă  accepter si l’on est Ă  pied dans un endroit inconnu, qu’il commence Ă  pleuvoir, et que l’on a faim et soif depuis trois heures et rien Ă  manger.

 

Les idéalistes

 

Les gens comme moi, existent. Ce sont des idĂ©alistes. Mais c’est une autre histoire. Celle oĂą,  hier soir, j’ai Ă  nouveau eu envie de me faire vacciner contre le Covid.  Je ne sais pas encore pourquoi. MalgrĂ© mes rĂ©ticences. MalgrĂ© ce que j’ai lu de dĂ©favorable contre les effets indĂ©sirables des vaccins anti-Covid actuels.

 

L’effet de mes doutes, peut-ĂŞtre, routes possibles vers l’ailleurs ? C’est beaucoup plus simple pour celles et ceux qui ont des certitudes. Pour ou contre ces vaccins que l’on nous propose contre le Covid actuellement.

 

Mon besoin d’ailleurs ?  Un besoin qui dĂ©passe mes pulsions- encouragĂ©es- de consommateur attardĂ© et lambda. Car il n’y a rien d’évoluĂ© dans le comportement du consommateur lambda. MĂŞme ultra-connectĂ© et renseignĂ© sur « ce Â» qu’il achète.  Car, souvent, et assez vite, il achète de l’oubli ou l’oubli de lui-mĂŞme. Qu’il soit seul en consommant ou accompagnĂ©. Car consommer aide Ă  oublier le Temps. Cela peut ĂŞtre si difficile de composer avec le Temps. Lui, si vorace de notre mortalitĂ© et de nos vulnĂ©rabilitĂ©s.

 

Je le rappelle : jusqu’au 12 juillet de cette annĂ©e (il y a trois semaines) je regardais les vaccins actuels contre le Covid de très loin. Un peu comme des fusĂ©es ou des satellites en orbite autour de la terre qui nous retransmettent certaines images du monde :  

 

Les Pfizer, Moderna, Astrazeneca, Johnson & Johnson pour les appeler par leurs noms de fusées, de laboratoires ou de joueurs de foot. Je n’avais pas le projet d’entrer dans ce match, dans ces fusées et ces navettes. De me faire vacciner. Et encore moins de me faire encore un peu plus encoder que je ne le suis déjà. En surfant instamment sur internet. En utilisant ma carte bancaire, mon pass navigo et mon téléphone portable. Comme tout le monde.

 

Je prĂ©fĂ©rais attendre. Car, ce que j’entendais Ă  propos des effets secondaires des voyages dans ces navettes (les vaccins)  m’incitait Ă  la prudence. Et, je me sentais très bien sur terre avec mes gestes barrières tels que le port du masque, le lavage des mains. J’avais survĂ©cu Ă  l’enfer de l’annĂ©e dernière.

 

En plus, j’avais ajouté- intégré- un troisième geste barrière devenu si courant que je l’ai oublié. Depuis quatre mois ou plus, j’effectue la plus grande partie de mes trajets jusqu’à mon travail à vélo. C’est un sacré geste barrière et d’immunité, le déplacement à vélo. D’une part, je suis dehors et je roule exceptionnellement –jamais- au sein d’un peloton d’un millier de personnes contre lesquelles je me frotte, épaule contre épaule. D’autre part, j’effectue une activité physique régulière, gratifiante et stimulante pour mon organisme et mon état mental.

Immuno-déprimés

Pour cette pandémie du Covid, on sait nous parler du risque élevé de contagiosité et de conséquences graves voire mortelles du Covid. Sort désormais réservé- presque l’équivalent d’une damnation- principalement à celles et à tous ceux qui ne sont pas et ne seraient pas vaccinés.

 

Par contre, on ne nous dit rien, une nouvelle fois, sur l’état de santĂ© psycho-social de la personne qui contracte le Covid. On ne nous dit jamais si la personne qui a contractĂ© le Covid Ă©tait immuno dĂ©primĂ©e. Cela ne compte pas. Comme, lorsqu’une personne se tue Ă  moto ou au volant de sa voiture, on saura nous parler du nombre de tuĂ©s et d’accidentĂ©s, de la vitesse Ă  laquelle celles et ceux-ci roulaient. De la quantitĂ© d’alcool qu’ils avaient dans le sang. Bien-sĂ»r, tout cela est plus qu’important.  Car cela influe sur nos comportements, sur nos capacitĂ©s physiques, physiologiques et cognitives comme sur nos perceptions du risque et du danger.

Par contre, on nous parlera peu ou jamais de l’état de fatigue physique. Et, encore moins, de la santé morale des personnes au volant ou au guidon de leur deux roues au moment de l’accident. Si elles étaient déprimées ou suicidaires. Ça ne compte pas. On constatera que ces personnes se sont écrasées. Qu’elles ont tué telle personne. Qu’elles avaient tant de telle substance dans l’organisme. Ces informations comptent bien-sûr.

 

Par contre, dans notre monde hyper-connectĂ© oĂą l’on tient beaucoup aux informations « rĂ©elles Â» et de première main. OĂą beaucoup de gens cherchent souvent reconnaissance, complaisance et rĂ©confort en multipliant les doubles clics, savoir si ces personnes qui se sont tuĂ©es ou blessĂ©es au volant ou sur leur deux roues, Ă©taient dĂ©primĂ©es ou suicidaires, ce type d’information est une autre histoire. Une histoire anecdotique. C’est une autre histoire que des gens comme moi croient aussi importantes que le reste. Une autre histoire que j’essaie aussi d’apprendre et de connaĂ®tre. MĂŞme si je sais que je suis has been. De plus en plus has been.

 

Franck Unimon, ce vendredi 6 aout 2021.

 

 

 

 

 

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Seconde maman

 

                                       Seconde maman

Un adulte, ça ne se trompe jamais.

 

 

« Un adulte, ça ne se trompe jamais Â» m’a dit ma fille, hier. Lorsque j’ai essayĂ© de lui faire comprendre qu’il pouvait arriver qu’un adulte, se trompe. Elle a eu l’assurance de l’innocente. Sa maitresse le leur avait dit Ă  l’école. Ma fille appliquait Ă  la vie ce que son enseignante leur avait peut-ĂŞtre (j’espère) affirmĂ© Ă  propos de certains Savoirs scolaires.

 

La certitude de ma fille m’a fait sourire. Mais elle a raison. C’est bien le problème. C’est les grandes vacances, ce 4 aout 2021. Des millions de personnes, pour leurs vacances, ont pris des destinations différentes. Assez peu admettront s’être trompées de destination. C’est pareil avec la raison. Nous prenons des destinations différentes. Lorsque nous sortons de certaines limites de la route ou de la raison, nous ne nous en apercevons pas tout de suite.

 

Sur le papier, administrativement, politiquement, militairement, selon les frontières et les rĂ©gions, nous sommes une Nation. En pratique, cela peut ĂŞtre diffĂ©rent. Aussi y’a-t’il  y a des lois pour nous rĂ©unir ou nous forcer Ă  nous rĂ©unir et pour nous donner des règles communes. Si nous nous en dĂ©marquons, il y a fuite, infraction, condamnation, rĂ©pression ou dĂ©bat.

 

Devant la pandĂ©mie du Covid – oui, je vais Ă©videmment reparler d’elle – nous, les adultes, nous sommes tous au volant. Et, comme pour les dĂ©parts en week-end ou pour les grandes vacances, nous ne prenons pas les mĂŞmes destinations. De façon volontaire ou involontaire.

 

Mais un adulte, ça ne se trompe jamais.  

 

La vie et la mort face Ă  certaines modĂ©lisations :

 

C’est pour cette raison qu’une fois notre décision prise, nous nous heurtons. Les pour et les anti-vaccins.

Pourtant, que l’on soit pour ou contre les vaccins contre le covid, la pandĂ©mie du Covid nous rappelle aussi que la vie et la mort Ă©chappent Ă  certaines modĂ©lisations, statistiques et chiffres. Mais nous sommes nombreux Ă  ĂŞtre très sĂ»rs de nous concernant la conduite Ă  avoir pour ou contre. MĂŞme si personne ne sait vĂ©ritablement oĂą nous en sommes sur la route de la pandĂ©mie. Ni oĂą nous sommes exactement. Et Ă  quel point nous nous situons sur la carte et la courbe de la durĂ©e de la pandĂ©mie.  

 

Le journal  » Le Monde » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

Je ne conteste pas la réalité ou les chiffres de la pandémie du Covid. En France. Dans les régions d’outre-mer où un reconfinement a été décidé en Martinique, à la Réunion et sans doute bientôt en Guadeloupe. Je ne conteste pas non plus qu’il manque des lits en réanimation. Ainsi que du personnel soignant. Ni que la pénurie soignante se soit accentuée depuis la pandémie et qu’un certain nombre de soignants, épuisés par les conditions de travail déjà difficiles avant la pandémie, ait fait connaître leur intention de quitter l’hôpital.

 

Hier soir, j’ai Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© de n’avoir rien de particulier Ă  Ă©crire. Peut-ĂŞtre parce-que j’avais Ă©crit le principal de ce que je ressentais dans mon article SĂ©rums de vĂ©ritĂ© . La veille. 

Mon ami Raguse m’a envoyĂ© un sms ce matin. Il voulait savoir ce que j’avais dĂ©cidĂ©. Pour lui, comme pour ma compagne, Ă  la fin de mon article SĂ©rums de vĂ©ritĂ©, on ignore quelle va ĂŞtre ma dĂ©cision. Ma compagne a parlĂ© en quelque sorte de « suspense Â». Pour moi, il n’y avait pas de suspense Ă  la fin de SĂ©rums de vĂ©ritĂ©.

 

Le journal  » Les Echos » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

Suspense

 

 

Ce matin, j’ai appelé pour annuler le rendez-vous que j’avais pour ma première injection avec le vaccin Pfizer contre le Covid. La seconde était prévue pour le 24 ou le 25 aout.

J’ai choisi, pour l’instant, d’éviter de prendre un autre rendez-vous. Si je reprends rendez-vous, j’aimerais être davantage sûr de moi. Ce sera peut-être trop tard ou plus difficile d’obtenir un rendez-vous alors que j’avais assez facilement obtenu ce rendez-vous dans la salle des fêtes de ma ville.

 

Peut-ĂŞtre que je le regretterai.

 

 

Mais je ne pouvais pas, avec les doutes que j’ai dans la tête, concernant les effets indésirables que j’ai lus ou dont j’ai entendu parler concernant les vaccins actuels contre le Covid, accepter de recevoir ma première injection du vaccin Pfizer. Qui plus est, en présence de ma fille. Si j’avais été seul ce matin, peut-être que j’aurais raisonné autrement. Ce n’est pas sûr. Mais le fait d’envisager que ma fille puisse me voir me faire vacciner contre le Covid, alors que je suis en bonne santé, puis, si ça se passe mal, qu’elle fasse l’apprentissage par elle-même que la vaccination puisse être néfaste, a encore plus contribué à ce que je me retire, pour l’instant, de cette campagne de vaccination collective contre le Covid.

 

D’autres personnes ont fait ou auraient fait le contraire. Je le sais.

 

Le journal  » Le Canard Enchainé » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

 

Expériences

 

Je sais aussi que je ne suis pas épidémiologiste. Que je ne dispose pas de chiffres ou de statistiques. Que ma façon de percevoir les événements qui entourent la pandémie du Covid sont empiriques. Même si j’essaie de trouver des informations à droite à gauche, autour de moi. En lisant des journaux, y compris satiriques qui se moquent des anti-vaccins. En lisant sur le net ou en regardant des vidéos aussi sur le net.

 

Au moment de prendre la décision, pour ou contre la vaccination, se croisent des croyances, des logiques. Et, parfois, l’expérience. L’expérience, ça peut être avoir un proche, une proche ou un moins proche qui a eu le Covid.

 

Je connais quelques personnes qui ont eu le Covid. Dont mon meilleur ami qui l’avait contracté plusieurs semaines après sa compagne. Il y a plusieurs mois. Ce 13 juillet, j’étais à l’enterrement du père de mon meilleur ami. Bientôt 90 ans. Pas à l’enterrement de mon meilleur ami.

 

Je ne fais pas exprès de mentionner cette date du 13 juillet, alors que la veille, le gouvernement avait décidé de rendre obligatoire pour les soignants la vaccination anti-Covid. Ces deux dates coïncident. Cette coïncidence fait aussi partie de mon expérience du Covid.

A l’enterrement du père de mon ami, pour la première fois, quelqu’un m’a demandĂ© quel Ă©tait mon groupe sanguin. Lorsque j’ai rĂ©pondu que j’étais O positif, il m’a affirmĂ© qu’être O positif protĂ©geait contre le Covid. Cette croyance m’a Ă©tonnĂ© voire un peu fait sourire. Mais je sais qu’elle ferait enrager certains esprits « scientifiques Â» ou « cartĂ©siens Â».

 

Mon meilleur ami et sa compagne sont partis en vacances, il y a quelques jours. Ils allaient bien tous les deux. J’ai même senti mon meilleur ami apaisé après le décès et le départ de son père pour son enterrement en Algérie. Cela faisait deux ans que son père souffrait de la maladie d’Alzheimer. Deux ans que cela le minait. Lui et sa compagne ont à ce jour une réponse immunologique qui atteste du fait que leur organisme possède encore un nombre très élevé d’anticorps ou d’antigènes, au delà de la moyenne, du fait d’avoir contracté le Covid.

 

Le journal  » Le Monde » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

Fort heureusement pour moi, ce 4 aout 2021, parmi mes proches et mon entourage direct, toutes celles et tous ceux que je connais qui ont attrapĂ© le Covid l’annĂ©e dernière ou cette annĂ©e au printemps, vont bien ou mieux. Dans une tranche d’âge comprise entre 40-45 ans et 55-58 ans. Deux ont frĂ´lĂ© le cadavre. Un, en particulier, « ramassĂ© par terre Â» (ses propres termes) par le Samu chez lui. J’ai appris Ă  cette occasion qu’il souffrait d’une certaine insuffisance respiratoire au prĂ©alable. Moi, ce que j’avais remarquĂ© chez ce collègue, plutĂ´t « fort Â», c’était surtout son embonpoint et son âge proche de la retraite.

Pareil pour l’autre collègue Ă  qui il avait fallu un peu plus de deux mois pour rĂ©cupĂ©rer. Embonpoint certifiĂ© et âge proche de la retraite.  On peut sĂ»rement parler pour eux deux de «  comorbiditĂ©s Â».

 

 Sur les deux, je peux attester que le second, au moins, plusieurs semaines avant d’attraper le Covid, avait un usage allĂ©gĂ© du masque anti-Covid.

 

Lorsque je mentionne ça, je ne suis pas plus épidémiologiste qu’au début de cet article. Je livre une ou deux expériences. Quelques éléments que j’ai pu observer.

 

Mais il y a un autre phĂ©nomène que j’ai pu observer au dĂ©but de ma carrière d’infirmier en psychiatrie. Un phĂ©nomène que j’ai appris Ă  connaĂ®tre. Ce n’est pas venu tout de suite. Je n’avais pas prĂ©vu, en choisissant d’aller travailler en psychiatrie alors que j’avais 24-25 ans, que je ferais ce genre de « dĂ©couverte Â» parmi d’autres. Cette dĂ©couverte, une fois de plus, n’a rien de scientifique. Je n’ai pas de stats, de chiffres, de logiciel de calcul qui permettront de modĂ©liser, protocoliser ce que je vais raconter. Je vais essayer de parler du risque. Mais d’après ce que j’ai vĂ©cu Ă  mon travail dans certaines situations en  psychiatrie. Je le rĂ©pète : je ne suis pas Ă©pidĂ©miologiste. Je n’ai aucune compĂ©tence pour expliquer ce qui se passe, d’un point de vue clinique, avec la pandĂ©mie. Il y a des personnes, des adultes, bien-sĂ»r, qui, eux, savent. Et ne se trompent pas. Qu’ils soient scientifiques, politiques ou journalistes. Ou intellectuels. Ou des proches comme des moins proches.

 

Moi, je doute. Je sais que je peux me tromper. C’est pour cela, que, ce matin, j’ai opté pour reculer avant cette première injection de Pfizer. Alors qu’il y a quelques jours, lorsque j’avais pris rendez-vous, j’étais content d’avoir pu obtenir un rendez-vous aussi rapide. J’avais le sentiment d’avoir fait ce qu’il fallait. Le timing collait bien. J’allais pouvoir, mi-septembre, au moment où les sanctions décidées par le gouvernement, allaient se déclencher plus durement contre celles et ceux qui ne seront pas vaccinées, être tranquille. Etre débarrassé de certaines tribulations.

 

Le journal « Charlie Hebdo » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

Le Risque :

Si je commence Ă  essayer de faire de l’humour en commençant par la phrase connue : « Dès que l’on vit, on risque de mourir Â», bien des personnes prendront très mal cet humour qu’elles estimeront malvenu vu le contexte de la pandĂ©mie. Mais je dĂ©bute quand mĂŞme cette partie par cette allusion parce-que je refuse encore de manquer d’un certain courage pour l’humour. MĂŞme si ce trait d’humour sera sĂ»rement très mal tolĂ©rĂ© par quelques unes et quelques uns.

 

Mais ce que je veux dire, autre phrase très connue, c’est que «  le risque zĂ©ro n’existe pas Â».

 

En psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie, rĂ©gulièrement, constamment, nous rencontrons des patients qui ont un « risque suicidaire Â» ; un « risque de passage Ă  l’acte Â» ; « un risque de fugue Â». Bien-sĂ»r, ce risque est moins, comment dire, sujet aux certitudes de certaines donnĂ©es scientifiques et Ă©pidĂ©miologiques.

 

Pour le Covid, par exemple, on sait nous dire que tel variant a telle proportion de contagiosité. Ou que, actuellement, le vaccin Pfizer offrirait une protection de 39% face au variant Delta contre plus de 90% face au variant précédent du Coronavirus. Mais, aussi, qu’une personne vaccinée contre le Covid a moins de risques de se retrouver en réanimation ou de développer une forme grave du Covid. C’est chiffré. Modélisé. Je ne discute pas ces chiffres et ces statistiques contrairement à certaines personnes anti-Vaccin Pfizer, Moderna, et autres vaccins anti-Covid actuels. Je crois à ces chiffres. Même si je ne passe pas mon temps à les sniffer comme l’on pourrait sniffer des lignes de crack.

 

Je vais par contre m’attarder davantage sur ces phĂ©nomènes que tout le monde, ou Ă  peu près, vit plus intensĂ©ment depuis dix huit mois, avec cette pandĂ©mie du Covid :

 

La peur. L’anxiété.

 

LĂ , aussi, je ne suis pas sociologue, psychologue, chercheur au CNRS ou ailleurs sur ces sujets. Je n’ai pas de chiffres ou de statistiques, non plus. Mais mon mĂ©tier, c’est de travailler en psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie directement avec des publics (adultes et mineurs) qui peuvent ĂŞtre imprĂ©visibles ou très imprĂ©visibles. Et, avec lesquels le « risque Â» est souvent prĂ©sent. Risque de tentative de suicide. Risque de fugue. Risque de passage Ă  l’acte auto-agressif et hĂ©tĂ©ro-agressif. Et, comme mes collègues, il est de ma responsabilitĂ©, Ă©videmment, de prĂ©venir ce risque. Comment fait-on ?

 

Avec des logiciels et des camĂ©ras ? En se menottant Ă  eux vingt quatre heures sur vingt quatre ? En les endormant de telle manière qu’ils soient incapables de bouger le moindre petit doigt ? En les enfermant dans une prison comme celle du personnage MagnĂ©to dans les X-Men ? En mettant un chien de surveillance devant la porte de leur chambre ?

 

Peut-être que certaines personnes vous répondront que c’est sûrement ça. Mais je ne fais pas partie de ces personnes et de ces professionnels.

 

Ce qui veut dire que, par rapport Ă  ces risques, nous, professionnels, en psychiatrie, « Ă©valuons Â». Pour Ă©valuer une situation, il y a deux ou trois instruments cliniques en plus du traitement chimique, il est vrai :

 

La relation avec le patient. Qui se veut, autant que possible, une relation de confiance.

 

L’observation. Ce que nous voyons du patient. Ce que nous comprenons de lui. Tant ce qu’il dit que son comportement et son attitude.

 

Et, troisième instrument qui n’a rien de scientifique, qui, comme la relation et une certaine observation ne peuvent pas se modéliser. Je parle bien-sûr de…l’intuition.

On va parler un peu plus de l’intuition.

 

 

L’intuition en « psychiatrie Â» :

« Je ne le sens pas. Â»

 

 

Le gros problème avec l’intuition, c’est Ă©videmment, qu’elle ne repose sur rien d’autre que notre subjectivitĂ©. Or, question subjectivitĂ©, lorsqu’une situation nous stresse ou nous inquiète ou nous excite, on peut se faire des « films Â». Imaginer des Ă©vĂ©nements qui, en fait, ne se produisent pas ou ont peu de chances de se produire. Sauf que, nous, on peut-ĂŞtre très bien persuadĂ© que cela va se produire.

 

Au début de ma carrière en psychiatrie, j’ai rencontré des collègues plus expérimentés que moi. Des collègues qui avaient donc, pour eux et elles, l’expérience de l’âge et du vécu en psychiatrie.

 

Je ne compte pas le nombre de fois où, depuis le début de ma carrière en psychiatrie mais, aussi, par la suite, dans ma propre vie, des gens sont persuadés qu’une catastrophe va arriver. Tous les signes sont présents pour eux. Ils n’attendent que la confirmation de leurs pronostics funestes.

 

Et, je ne compte plus le nombre de fois oĂą, finalement, la catastrophe maintes fois attendue et annoncĂ©e ne se produit pas. Et, oĂą, les personnes qui y ont cru n’émettent aucune autocritique. Et en font rien pour apprendre de cela. A chaque nouvelle situation plus ou moins anxiogène, rebelote. Les mĂŞmes, le plus souvent, recommencent Ă  avoir peur et Ă  imaginer le pire. 

 

Aujourd’hui, je ne nie pas la gravitĂ© de la pandĂ©mie du Covid que peu de personnes, en France, a vu venir. Comme, depuis dix huit mois, je n’ai jamais niĂ© la gravitĂ© de la pandĂ©mie du Covid. Par contre, je retrouve dans cette peur et cette anxiĂ©tĂ© massive Ă  grande Ă©chelle dont le cercle se resserre de plus en plus autour de nous avec cette vaccination obligatoire et ce passe sanitaire, des points communs avec ces situations que j’ai pu vivre en psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie oĂą il y a eu un risque « de Â». Pourquoi ?

 

Là, aussi, à nouveau, l’expérience.

 

Il y a dix huit mois, nous allions mourir du Covid. Dans un simple coin de rue. C’était sûr. Aucune statistique n’est sortie dans ce sens. Mais c’est pire.

Le journal  » Charlie Hebdo » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

L’amnésie immédiate et collective qui permet à certaines et certains de recommencer à flipper aujourd’hui comme l’année dernière avec la pandémie du Covid se retrouve dans des proportions plus limitées dans ma psyché. Cela ne fait pas de moi une personne super-intelligente. J’ai une chance sur deux d’avoir fait une grosse connerie en refusant d’aller me faire faire cette injection de vaccin anti-Covid ce matin. Et, on sait assez quels sont les risques, réels cette fois, auxquels je m’expose, en plus des risques sanitaires, si, le 15 septembre, je ne suis toujours pas vacciné contre le Covid.

 

Des risques économiques. Des risques d’exclusion sociale. Des risques de séparations et de ruptures avec des proches et des moins proches.

 

Soit des risques dont je préfèrerais me passer.

 

Mais, malgrĂ© ces risques, je me rappelle encore que notre mort Ă©tait annoncĂ©e l’annĂ©e dernière. Et que j’ai fait partie de celles et ceux qui ont continuĂ© de se rendre Ă  leur travail. Entre-autres, sans masque anti-Covid et sans vaccin, pendant plusieurs semaines. Et, dix huit mois plus tard, je suis encore vivant. Je pourrais presque dĂ©poser une rĂ©clamation pour « publicitĂ© mensongère Â». Mais, lĂ , je fais de l’humour plus ou moins noir. LĂ , oĂą je fais moins d’humour, c’est que je n’ai pas du tout aimĂ© me faire matraquer et miner mentalement avec des idĂ©es de mort permanentes, imminentes et pĂ©remptoires. Il fallait faire ceci. Il fallait faire cela. J’ai fait ceci. J’ai fait cela. Et, cela ne suffit pas. Il faut, aujourd’hui, que j’en fasse encore plus. Les deux injections. Le passe sanitaire. Jusqu’à quand ? Pour aller oĂą ? Personne ne sait. Il faut le faire, c’est tout. Et, ferme ta gueule ! Si, comme moi,  l’on a des doutes sur les effets indĂ©sirables des vaccins anti-Covid, c’est bien cette impression que donne cette obligation vaccinale assortie de ces inconnues au sujet de ces vaccins. Une impression de :

 

« Il faut le faire, c’est tout. Et, ferme ta gueule ! Â».

 

 

Et, aujourd’hui, depuis ce 12 juillet 2021, avec le variant Delta, cette vaccination devenue obligatoire pour les soignants et ce passe sanitaire, j’ai l’impression que l’on recommence Ă  me servir Ă  nouveau la mĂŞme recette. Et que je devrais m’empresser de  sauter avec reconnaissance sur cette recette de la peur et de l’anxiĂ©tĂ© et me lĂ©cher les doigts avec.

 

 Phase de relativisation ou phase de dĂ©ni ? :

 

Si, ce 4 aout 2021, je me suis finalement prĂ©cipitĂ© pour m’éloigner de ma première injection de Pfizer, c’est peut-ĂŞtre parce-que, depuis l’annĂ©e dernière, Ă  tort ou Ă  raison, j’ai appris Ă  relativiser le danger de la pandĂ©mie du Covid. Au dĂ©but de ma carrière d’infirmier en psychiatrie, plusieurs fois je me suis fait avoir par ces situations oĂą nous Ă©tions plusieurs Ă  envisager le pire. Et, oĂą le pire ne se produisait pas, finalement. Je m’en voulais ensuite de m’ĂŞtre fait avoir par ces poussĂ©es- rĂ©pĂ©tĂ©es- d’anxiĂ©tĂ©. J’ai appris Ă  relativiser. Cela ne signifie pas du tout que je banalise les risques suicidaires ou autres. Mais qu’au lieu de me faire des films, je prĂ©fère observer. Surveiller. Ou me fier Ă  mon intuition. Et vĂ©rifier, si j’en Ă©prouve le besoin, quand ça me vient, afin de comparer les faits avec mon intuition et mes impressions. Puis, me rappeler du rĂ©sultat. Cela a contribuĂ© Ă  faire baisser mon « tonus Â» d’anxiĂ©tĂ©.

L’année dernière, nous devions mourir. Je ne suis pas mort. Nous sommes nombreux à être encore vivants. Et on dirait que c’est pire. Qu’il aurait presque mieux valu décéder l’année dernière afin d’évacuer définitivement cette anxiété et cette angoisse générale et collective qui nous circonscrivent.

 

Les personnes que je connais qui ont attrapé le Covid l’année dernière et cette année sont toujours vivantes. Et, elles vont plutôt bien. Elles n’étaient pas vaccinées contre le Covid. Par contre, concernant les effets indésirables des vaccins anti-Covid, j’entends parler de trucs bizarres pas très rassurants. Des vaccins qui, depuis ce 12 juillet, sont devenus obligatoires. Comme je fais maintenant partie des personnes qui résistent ou refusent cette vaccination obligatoire, l’autre levier ou l’autre recette est la culpabilisation.

 

 

Recette qui complète très bien la recette de la peur et de l’anxiété.

 

 

Le levier ou la recette de la culpabilisation :

 

Que ce soit en tant que personne ou en tant qu’infirmier, je n’ai aucun intĂ©rĂŞt ni aucune envie de nuire Ă  quiconque, patient ou autre. Et, je n’ai rien d’exceptionnel. 

 

Comme je n’ai aucune envie de voir les pro-vaccins comme mes ennemis. Même si je m’attends à ce que, dans un an, pour faire large, à la même date, la pandémie du Covid aura fait beaucoup de dégâts supplémentaires, et, surtout, bien plus visibles, d’un point de vue sociétal, économique ou au moins politique.

 

Mais, de plus en plus, dans un pays oĂą les personnes vaccinĂ©es contre le Covid deviennent la majoritĂ©, et la nouvelle norme, ĂŞtre non-vaccinĂ© signifie s’exposer Ă  s’entendre dire ce que ma seconde « maman Â» officieuse m’a dit ce matin. Alors que je l’appelais pour lui souhaiter son anniversaire.

Mes deux mamans et ma dualitĂ© :

Mes deux mamans, l’officielle et une « très officieuse Â», incarnent très bien ma dualitĂ© actuelle envers la vaccination contre le Covid.

 

La première, l’officielle, et mère de ma sœur et de mon frère, est retournée vivre en Guadeloupe il y a une vingtaine d’années avec mon père. Pendant plusieurs années, avant de prendre sa retraite, elle a été aide-soignante dans un service de réanimation. C’était une personne reconnue pour son professionnalisme et sa gentillesse.

Maman, il y a quelques mois, en mars ou avril, m’a demandĂ© conseil en vue de se faire vacciner. A moi, le fils aĂ®nĂ© devenu infirmier. Je n’y connaissais pas grand chose. Mon « domaine Â», c’est la psychiatrie et la pĂ©dopsychiatrie. En plus, après le matraquage mĂ©diatique très anxiogène  que nous avions tous subis dès mi-mars  2020, j’avais rĂ©ussi Ă  retirer mes pensĂ©es des crochets de l’anxiĂ©tĂ© et de l’angoisse avec toutes ces nouvelles relatives au Covid.

Partir passer quelques jours en Bretagne, chez ma seconde maman très officieuse (elle ne revendique pas ce titre) l’année dernière- en juillet 2020- avec ma compagne et notre fille m’avait aidé à décrocher de la mamelle opulente des mauvaises nouvelles dues au Covid.

 

Mes deux mamans ne se connaissent pas. Elles ne sont pas rencontrées et je crois aujourd’hui qu’elles ne se rencontreront jamais.

Lors de mon mariage en 2013, venue de Guadeloupe, ma mère avait Ă©tĂ© prĂ©sente le mardi Ă  la mairie en Seine et Marne. Puis, elle avait repris l’avion quelques jours avant que nous ne fĂŞtions notre mariage ma compagne et moi, le samedi, dans la grande salle de fĂŞtes de la commune, en Bretagne, oĂą ma « seconde Â» maman, et plusieurs membres de sa famille avaient contribuĂ© au bon dĂ©roulement de l’organisation des festivitĂ©s. La fĂŞte s’était passĂ©e près de chez elle.

 

Si ma mère est une femme dĂ©vouĂ©e, sportive, assez solitaire, plutĂ´t timide, assez souvent indĂ©cise et introvertie, ma « seconde Â» maman est une femme très accueillante, qui aime recevoir et sait recevoir. C’est aussi une femme de tĂŞte et Ă  poigne. Elle est directe et tranche. C’est moi, qui, dans cet article la nomme ma « seconde maman Â». Parce-que je reprends les termes employĂ©s par ma compagne. Mais je ne l’appelle pas « maman Â». Et, elle ne m’appelle pas « mon fils Â». La relation filiale est implicite et, aussi, très très officieuse et fluctuante.

Ma « seconde maman Â» a Ă©tĂ© mon ancienne cadre infirmière dans le service de pĂ©dopsychiatrie oĂą j’ai fait sa connaissance.  Deux ans avant qu’elle ne dĂ©cide de partir Ă  la retraite. Après son dĂ©part, nous avions Ă©tĂ© plusieurs soignants Ă  ĂŞtre invitĂ©s Ă  venir passer un week-end chez elle dans sa maison, en Bretagne. Depuis, rĂ©gulièrement Ă  peu près chaque annĂ©e, je suis revenu passer quelques jours chez elle et son mari en Ă©tĂ©.

Chaque année, avant la pandémie du Covid, elle partait en voyage à l’étranger avec son mari pendant plusieurs mois. Ma mère n’a jamais fait ça. Et, je n’imagine pas du tout mon père ouvert à ce genre d’aventure.

Sculpture par Jacquette Virginie.

 

 

La voix traditionnelle

 

 

Je ne connaissais rien aux vaccins anti-Covid lorsque ma mère m’avait sollicité en mars ou avril 2021 pour un conseil. J’écoutais parler des vaccins anti-Covid de très loin. Les gestes barrières, masque et lavage de mains, me convenaient très bien. Je coexistais ainsi avec la pandémie du coronavirus.

 

Si j’ai acceptĂ© assez facilement de tomber le masque ou de raccourcir les distances corporelles avec certaines personnes, lors de certaines circonstances ( enlacer quelqu’un,  faire la bise après avoir donnĂ© un cadeau, lors d’un barbecue…) cela a Ă©tĂ© en des proportions limitĂ©es. Si j’avais Ă©tĂ© un forcenĂ© de la prĂ©vention du « risque Â», j’aurais refusĂ©. Lors de ces quelques occasions, après une assez rapide rĂ©flexion, j’ai souvent estimĂ© que la vie sociale devait prendre le pas sur le risque. Rien de scientifique dans cette attitude. Sauf le fait que j’ai eu ce comportement en des proportions sĂ»rement moindres que d’autres.

 

En me fiant aux expĂ©riences de personnes et de collègues autour de moi, j’avais  rĂ©pondu Ă  ma mère que j’avais entendu de bons Ă©chos  du vaccin Pfizer.

 

J’ai aussi eu des espoirs avant l’arrivĂ©e du vaccin Johnson & Johnson en avril ou Mai. Une ex-collègue infirmière, et amie, m’en avait dit du bien. Et puis,  lors de sa « diffusion Â», les Ă©chos concernant le Johnson & Johnson se sont rapidement ternis concernant certains de ses effets indĂ©sirables.

 

Je crois que les pro-vaccins ne mesurent pas les consĂ©quences de ces revers dus aux effets indĂ©sirables de ces vaccins « attendus Â» et prĂ©sentĂ©s comme salvateurs, puis, qui « déçoivent Â» et « inquiètent Â». Alors que ces revers se rajoutent Ă  d’autres revers, colères ou contrariĂ©tĂ©s, accumulĂ©s depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie en mars de l’annĂ©e dernière.

 

De plus en plus, la facilité consiste à présenter les anti-vaccins comme des abrutis bornés et irresponsables. Alors que les raisons de leur défiance envers les vaccins sont sûrement un peu plus réfléchies qu’elles ne le semblent.

 

Pour revenir Ă  ma mère : je croyais donc qu’elle s’était faite vacciner contre le Covid. Ainsi que mon père. Ma sĹ“ur et mon frère, ainsi que leur compagnon et leur compagne se sont faits vacciner.

 

 

J’ai appris il y a quelques jours, en lui parlant au tĂ©lĂ©phone, que, finalement, ni ma mère, ni mon père, ne se sont faits vacciner. Ils Ă©taient partis pour le faire en se rendant Ă  l’aĂ©roport, en Guadeloupe. Peut-ĂŞtre l’aĂ©roport Pole CaraĂŻbes. Mais des manifestants anti-vaccins se trouvaient lĂ . En Ă©coutant leurs arguments, mon père a alors estimĂ© que les vaccins actuellement proposĂ©s ne sont pas « encore au point Â» (traduit du CrĂ©ole).  

 

Apprendre ça, d’elle, m’a fait un drôle d’effet. Un effet non-scientifique qui a eu, sur moi, une certaine influence. Influence non scientifique non plus.

Lors de ma dernière sĂ©ance avec mon thĂ©rapeute – vaccinĂ© contre le Covid- j’avais fait la dĂ©couverte, que, dans ma fratrie, j’étais finalement le plus « traditionnel Â». Ce qui est assez courant lorsque l’on est l’aĂ®nĂ© d’une famille.

 

Je sais que le dernier, mon petit frère, ainsi que sa compagne, se sont  faits vacciner contre le Covid afin de pouvoir se rendre en Guadeloupe dans quelques jours. J’aimerais bien me rendre en Guadeloupe par exemple l’annĂ©e prochaine. Ainsi qu’à la RĂ©union. Donc, j’ai d’abord trouvĂ© que c’était une bonne nouvelle qu’après cette vaccination, mon frère, sa compagne et leurs enfants, puissent se rendre en Guadeloupe. Cela fait quelques annĂ©es que nous ne sommes pas allĂ©s voir nos parents en Guadeloupe. Pour moi, cela date de 2014 ou 2015. Mon blog n’existait pas, alors. Aujourd’hui, si je me rĂ©fère Ă  certaines inquiĂ©tudes et certaines tĂ©moignages concernant les effets indĂ©sirables des vaccins anti-Covid, mon frère et sa compagne vont certes pouvoir sans doute se rendre en Guadeloupe (s’ils partent avant que la Guadeloupe ne soit reconfinĂ©e) mais leur espĂ©rance de vie pourrait ĂŞtre dĂ©truite.

Sculptures par Cécile Thonus.

 

 

Conflit de loyautĂ© et roulette russe :

Ma mère, non vaccinĂ©e, a donc, d’une part deux de ses enfants vaccinĂ©s. Ma sĹ“ur et mon frère. Et, d’autre part, il lui reste un enfant, non vaccinĂ©. Moi. En termes de conflit de loyautĂ©, moi, l’aĂ®nĂ©, ou l’âne, j’ai touchĂ© le jackpot.

 

Côté pile, si ces vaccins anti-Covid sont finalement plus protecteurs que nocifs, d’ici deux à trois ans, cela se confirmera. Avec un peu de chance, si ma mère et mon père, non vaccinés, se maintiennent à distance du Covid, et que je réussis à faire pareil, nous devrions être tous à peu près contents d’ici deux à trois ans. Mais en deux à trois ans, il peut se passer beaucoup d’événements. Même en un an. Et, vu comme on nous parle de la très grande contagiosité du variant Delta, je m’attends un peu à attraper le Covid cette fois-ci.

 

Côté face, si ces vaccins anti-Covid se révèlent véritablement nocifs, moi, l’aîné, j’ai tout intérêt à assurer à ma mère qu’un de ses enfants, au moins, n’est pas tombé dans la marmite des effets indésirables gravissimes des vaccins anti-Covid.

 

Mais ma mère Ă©tant comme toutes les mères aimantes, après avoir discutĂ© avec elle, il y a quelques jours du Covid, elle a conclu notre conversation par un :

 

« Fais attention Ă  toi Â».

 

Lorsque j’avais dĂ©cidĂ© de commencer Ă  travailler en psychiatrie, au dĂ©but, ma mère avait essayĂ© Ă  plusieurs reprises de m’en dissuader. Elle m’avait expliquĂ© qu’elle craignait que je ne devienne « fou Â». C’est une croyance très courante que celle de croire et de penser que travailler en psychiatrie rend fou. Alors que ce serait plutĂ´t le contraire. Travailler en psychiatrie peut aider Ă  pacifier nos angoisses et nos folies. A condition d’être mentalement et moralement armĂ© et encadrĂ© pour cela. A condition, si nĂ©cessaire, d’accepter d’être aidĂ© par d’autres, collègues, thĂ©rapeutes, patients, rencontres diverses.

 

Je n’avais eu aucune difficulté à me séparer des inquiétudes de ma mère. Me diriger vers cette spécialité était un choix réfléchi. J’aimais cette spécialité ainsi que les rencontres que j’y faisais. Je me sentais bien dans cet univers.

 

Or, aujourd’hui, me faire vacciner contre le Covid, avec Pfizer, Moderna, Astrazeneca, Johnson & Johnsonn’est pas mon choix rĂ©flĂ©chi. Je n’aime pas ce « risque Â» que je crois entrevoir dans leurs effets secondaires ou indĂ©sirables. L’idĂ©e de me faire injecter ce risque ne me plait pas du tout. 

 

Bon anniversaire :

Pas plus que je n’ai fait exprès d’oublier qu’aujourd’hui, ma fille serait avec moi, je n’ai pas fait exprès non plus d’accepter le rendez-vous qui m’avait Ă©tĂ© fixĂ© pour ma première injection de Pfizer ce 4 aout. Or, le 4 aout est la date anniversaire….de ma seconde maman, très  Â« officieuse Â».

 

Qu’est-ce qui se fait le jour d’un anniversaire de quelqu’un auquel on tient ?

On lui envoie un message. Ou, on l’appelle.

 

Pour l’appeler, j’ai allumé mon téléphone portable. J’ai vu que j’avais reçu deux vidéos de ma mère. Dans l’une des vidéos, une femme, vraisemblablement médecin, et bonne pédagogue, expliquait devant une foule attentive, les graves risques sanitaires auxquels on s’exposait avec les vaccins anti-Covid actuels. Cette femme que je ne connais pas et que je voyais pour la première fois, mettait en garde contre les vaccins anti-Covid. Elle était persuasive. J’ai su ensuite que ma mère avait reçu cette vidéo par une cousine du côté de mon père.

 

Ce matin, donc, quelques minutes avant mon rendez-vous pour ma première injection de Pfizer, j’appelle ma « seconde Â» maman. Je tombe sur elle. Elle est plutĂ´t contente de m’entendre. Je lui souhaite un bon anniversaire. Je lui rĂ©ponds que nous sommes partis quelques jours Ă  Amiens. Elle m’apprend : « J’ai de très bons souvenirs Ă  Amiens Â».

L’entente se poursuit. Et puis, comme avec une proche avec laquelle on se sent en confiance (soit le minimum envers une seconde maman, même officieuse) je lui parle sans détour du fait que, non, nous n’avons pas pu nous rendre aux hortillonnages. Car nous n’avions pas de passe sanitaire. Hortillonnages qui ont ensuite fermé quelques jours suite à un désaccord entre certains bateliers opposés au passe sanitaire et leur patron. Ma compagne m’a envoyé un extrait d’un article de journal à ce sujet.

 

Mais en parlant de notre non-vaccination Ă  ma « seconde Â» maman très officieuse, sans mĂŞme y penser, j’avais mis une pièce dans le Jukebox. Avec ma mère, le Jackpot du conflit de loyautĂ©. Avec ma seconde maman, le Jukebox de :

 

« Mais tu vas te retrouver en rĂ©a ! Â». « Tu as bien vu ce qui se passe en Guadeloupe ?! Â» (Le nombre de cas de Covid augmente comme Ă  la Martinique et Ă  la RĂ©union).

« Ne me dis pas que tu ne t’es pas fait vacciner ! Â». «  Je suis très Ă©tonnĂ©e ! Â».

 

Sculpture par Cécile Thonus.

 

Je me suis senti embarrassé. A la fois de me sentir en porte à faux. Mais, aussi, que cette conversation, notre premier désaccord majeur en plusieurs années, arrive le jour de son anniversaire. Vraiment, je n’ai pas vu venir cette situation.

 

Ma seconde maman « officieuse Â» m’a appris qu’ils Ă©taient tous vaccinĂ©s de leur cĂ´tĂ©. Je la savais vaccinĂ©e contre le Covid. Mais je n’avais pas forcĂ©ment beaucoup Ă©largi le cercle des personnes vaccinĂ©es autour d’elle. MĂŞme si cela se tient mathĂ©matiquement. Si, aujourd’hui, de plus en plus de Français sont vaccinĂ©s et que l’on avoisine les 60 % de personnes vaccinĂ©es en France, il faut bien que de plus en plus de personnes que l’on connaĂ®t soient vaccinĂ©es.  Mais je vivais encore sur ma petite planète de non-vaccinĂ©s, et, ma seconde maman Ă©tait en train de me rappeler que je vivais bien  – encore- sur la mĂŞme planète que tous ces gens de plus en plus vaccinĂ©s.

 

Je sentais venir en elle la question du complotisme. Je crois mĂŞme qu’elle me l’a demandĂ©, directe comme elle est :

 

« Tu es complotiste ?! Â».

 

 

Afin de me sauver autant que possible de la mĂ©lasse complotiste, Je me suis appliquĂ© Ă  ĂŞtre pĂ©dagogue :

 

«  Je ne crois pas que le dĂ©veloppement des antennes de la 5G va nous tĂ©lĂ©guider Â». J’ai dĂ» ĂŞtre assez rapidement convaincant malgrĂ© tout en matière de complot car, ensuite, la conversation s’est faite sur des bases, je crois, plus rassurantes, pour elle comme pour moi.

 

Question travail, elle a convenu elle-mĂŞme « qu’ils Â» ne pourraient pas me « licencier Â» au vu de la pĂ©nurie infirmière importante. J’ai ajoutĂ© que cette pĂ©nurie s’était accentuĂ©e depuis la pandĂ©mie du Covid. Je n’ai mĂŞme pas pensĂ© Ă  rappeler qu’il y a quelques mois, encore,  dans certains services somatiques, des personnels soignants Ă  peine remis du Covid, Ă©taient poussĂ©s Ă  revenir travailler tant il manquait de personnel dans certains services.

 

Dans ses propos, j’ai entendu le concentré de qui est opposé aux personnes contre le vaccin. La peur de la réa. Une peur que je ne connais pas, pour l’heure. Sans doute parce-que ma mère a travaillé en réanimation. Et que, si la réanimation est synonyme de mort, elle est aussi synonyme de sortie de coma et de retour à la vie. Je le sais par ma mère. Sans doute aussi un petit peu par les deux stages que j’avais effectués, adulte, dans le service de ma mère. Cela n’avait pas été mon choix.

 

J’ai aussi entendu la peur de la perte économique. Je me suis abstenu de dire que ma compagne avait fait ses estimations dans le cas où nous serions mis à pied de notre emploi. C’était un peu comme si j’avais déjà un peu dépassé cette peur de la perte économique et que je la redécouvrais au travers de ma seconde maman.

 

 

Une autre peur aurait pu être citée. Celle de l’exclusion sociale. Des connaissances et des proches. Elle arrivera sans aucun doute. Pas de qui je pense. Pas comme je le pense.

Devant la médiathèque de ma ville ce mercredi 4 aout 2021. Médiathèque où ma fille et moi avons nos habitudes.

 

Ma seconde maman a pris l’exemple de la vaccination contre l’Hépatite A (ou B) rendue obligatoire. Je n’ai pas discuté cette obligation. Elle m’a dit que la technique ARN actuelle était connue depuis dix années. Qu’elle aurait préféré bénéficier de cette nouvelle technique. Mais qu’elle avait eu le vaccin Astrazeneca.

 

Elle a été attentive lorsque je lui ai parlé de la mésaventure de certains soignants avec l’Astrazeneca. Mésaventure qui pouvait expliquer une partie de cette méfiance de certains soignants envers ces vaccins anti-Covid.

 

Je lui ai aussi dit que j’avais lu des tĂ©moignages sur les rĂ©seaux sociaux concernant les effets indĂ©sirables. Et, que l’on ne pouvait pas, d’un cĂ´tĂ© (ça vous rappelle quelque chose ? J’ai expliquĂ© ça dans mon article SĂ©rums de vĂ©ritĂ©) se rĂ©jouir que, durant le printemps arabe, les rĂ©seaux sociaux avaient pu nous faire parvenir des tĂ©moignages qui dĂ©mentaient la version officielle. Et, lĂ , Ă  propos des effets indĂ©sirables des vaccins sur les rĂ©seaux sociaux, dĂ©clarer que tous ces tĂ©moignages Ă©taient bidons. Des tĂ©moignages oĂą une mère nous apprend que sa fille a commencĂ© Ă  avoir des règles peu après la vaccination contre le Covid. Ou une femme nous apprend qu’après s’être faite vacciner, ses seins ont commencĂ© Ă  produire du lait alors qu’elle n’est pas enceinte….

 

 

Bien-sûr, je ne connais pas ces personnes. Je ne sais pas jusqu’à quel point leur témoignage est fiable. Je n’ai pas de statistiques que je peux donner.

 

A ma seconde maman qui me disait que, pour chaque vaccination, il y avait un certain nombre de personnes qui connaissaient des effets secondaires,  j’ai rĂ©pondu qu’il Ă©tait vrai que je ne connaissais pas les chiffres ou les proportions de ces effets secondaires. Et que la particularitĂ© des rĂ©seaux sociaux fait peut-ĂŞtre que la façon dont les tĂ©moignages nous parviennent, quasiment en temps rĂ©el,  sans filtre, donnait peut-ĂŞtre l’impression qu’il y a plus d’effets secondaires avec ces vaccins comparativement avec les vaccins prĂ©cĂ©dents contre diverses maladies. Alors qu’il y a peut-ĂŞtre pratiquement autant d’effets secondaires dĂ©sagrĂ©ables ou mortels, proportionnellement, avec ces vaccins anti-Covid qu’avec les autres vaccins classiques. 

 

J’ai senti dans le ton de ma seconde maman « officieuse Â» qu’elle Ă©tait intriguĂ©e. J’étais, moi, plus embarrassĂ© que content de mon effet. J’avais appelĂ© pour lui souhaiter un bon anniversaire. Je lui trouvais aussi la voix plus rauque et plus essoufflĂ©e que d’habitude. La dernière fois, c’était dĂ©jĂ  un peu ça. MĂŞme si elle avait toujours le mĂŞme aplomb.

 

Ma fille était en train de jouer dans une autre pièce de l’appartement. Je ne pouvais pas rester longtemps et il y avait du monde chez elle. Dont son fils que je connais. Ainsi que sa belle fille, une des amies de celle-ci, la petite fille, que je ne connais pas.

 

J’ai fini par ajouter :

« Je suis dĂ©solĂ© de te parler de ça le jour de ton anniversaire… Â».

Elle :

« Oh, ne t’inquiète pas… Â».

J’ai repris :

« Je te connais ! A un moment de la journĂ©e ou dès que tu auras pris un verre ou deux, tu vas commencer Ă  en parler ! Â».

Elle, avec un petit rire :

« C’est vrai…. Â».

 

Alea Jacta Est. Pourquoi se cacher ?

 

Vie de couple :

Ce qui m’étonne parmi certains des proches ou des connaissances aujourd’hui pro-vaccins, c’est qu’un an plus tôt, se trouvaient parmi eux, celles et ceux, qui, contre les recommandations d’usage contre le Covid faisaient valser certains interdits. Se faire la bise alors qu’il était préconisé de ne pas le faire. Rencontrer plusieurs personnes chez soi ou se retrouver à plusieurs dans une même pièce sans masque. Ne pas tenir compte de certaines restrictions en terme de distance kilométrique.

Mais c’est comme si, grâce ou Ă  cause du vaccin anti-covid qu’elles ont reçu,  certaines de ces connaissances et  de ces proches avaient dĂ©ja oubliĂ© que l’annĂ©e dernière, sans se fourrer pour autant la langue dans la bouche de l’autre en permanence, qu’en pleine pandĂ©mie du Covid, il avait Ă©tĂ© possible d’être en prĂ©sence de temps Ă  autre d’un peu de monde. 

 

Aujourd’hui, il semble de plus en plus, que la norme sociale devienne d’être entre vaccinés et entre non-vaccinés. Ou de juger l’autre à un moment donné.

 

Je ne me suis pas senti particulièrement jugĂ© ce matin par ma seconde « maman Â». Mais je me suis imaginĂ© que je le serais par un de ses proches que je connais ou par quelqu’un d’autre qui considĂ©rera que je me suis Ă©garĂ©.

 

Un autre lieu d’égarement fréquent est le couple. Ma compagne a toujours été résolument contre les vaccins actuels contre le Covid. Elle considère que ce ne sont pas des vaccins. Ils n’en n’ont que l’appellation pour elle. Je peux concevoir qu’il doit être difficile, au sein d’un couple, d’avoir une attitude différente de l’autre vis-à-vis de la vaccination anti-Covid actuelle.

 

MĂŞme si je ne souscris pas Ă  toutes ses explications comme Ă  un certain nombre de ces raisonnements, j’ai fini par me rapprocher de certains de ses arguments contre les vaccins anti-Covid. Surtout Ă  partir du 12 juillet 2021, lorsque le gouvernement a rendu cette vaccination obligatoire pour les soignants. Avant le 12 juillet, je constatais assez distraitement ses partis pris. Ainsi que le fait qu’elle regardait beaucoup de vidĂ©os sur le sujet de la pandĂ©mie, des vaccins anti-Covid Je prenais quelques fois le temps de l’écouter et de l’interroger sans la juger sur le sujet. Je rĂ©futais certains de ses arguments. Mais je ne cherchais pas Ă  ce qu’elle ait absolument la mĂŞme vision que moi  Ă  propos des vaccins, du Covid. D’ailleurs, moins je parlais de ces sujets, mieux, je me portais. Mais le 12 juillet a « tout Â» changĂ© pour moi. Ainsi que le 13 juillet peut-ĂŞtre, aussi, avec l’enterrement du père de mon meilleur ami.

 

Par ailleurs, et c’est le propre de bien des couples, je crois aussi au fait que ma compagne a l’aptitude d’observer ou de voir ce que je n’ai pas remarqué.

 

 

Dans le film Inception  de Christopher Nolan, j’avais raillĂ© le comportement du personnage Dominic l’extracteur(L’acteur LĂ©onardo Dicaprio), qui, si je me souviens bien, très en peine de faire le deuil de sa femme Mallorie  ( l’actrice Marion Cotillard) s’enfermait dans une certaine illusion. Une collègue et amie m’avait rĂ©pondu Ă  l’époque que vivre dans une illusion commune Ă©tait courant au sein d’un couple.

 

Je n’exclue pas l’idĂ©e que, comme le personnage de Dominic, dans Inception, je sois en train de contribuer Ă  l’établissement et au maintien  d’une illusion commune avec ma compagne ainsi qu’avec ma mère et, toute autre personne anti-vaccin. Mais, si illusion il y a, les faits, d’ici quelques semaines ou quelques mois, viendront apporter leur contradiction extĂ©rieure. Pour l’instant, j’ai trop de contradictions et de doutes en moi pour accepter la vaccination anti-Covid.

 

J’ai envisagĂ© d’être, dans le couple, celui qui allait se faire vacciner contre le Covid. Afin d’équilibrer pour le quotidien. Pour nous rendre la vie plus simple lorsque les restrictions vont ĂŞtre appliquĂ©es contre celles et ceux qui ne sont pas vaccinĂ©s. J’estimais que, de nous deux, j’étais celui qui pouvait le plus faire ça. J’en ai parlĂ© Ă  ma compagne. Elle m’a rĂ©pondu qu’elle ne voulait pas que je me « sacrifie Â». Tout ce qu’elle voulait, c’était que je ne me fasse pas vacciner avec les vaccins actuels contre le Covid.

 

Etre père :

Etre père, dans un tel contexte, est délicat. Ce matin, j’ai eu un peu de mal à être bien disponible pour ma fille. Vu que la décision que j’avais prise de renoncer à cette première injection de Pfizer, même si je crois que c’était la seule que je pouvais prendre aujourd’hui, m’a occupé l’esprit.

 

Pour l’instant, comme c’est encore les grandes vacances, ma fille ne perçoit pas trop, je pense, toute cette empoigne autour du vaccin et du passe sanitaire entre les pro et les anti-vaccins. Et, je m’applique Ă  ne pas aborder ce sujet devant elle. La seule remarque qui m’a Ă©chappĂ© hier ou avant hier en lisant le journal devant elle a Ă©tĂ© concernant le fait qu’avec le dĂ©part des dernières troupes amĂ©ricaines en Afghanistan, les Talibans ont recommencĂ© Ă  reprendre possession du pays. Je me suis dit que, prochainement, ce retour des Talibans en Afghanistan allait nous ramener le terrorisme jihadiste  et ses attentats.

 

Dans le Charlie Hebdo de ce mercredi, journal très critique envers les anti-vaccins, le rĂ©dacteur en chef Riss, dans son Ă©ditorial, pointe «  Moi aussi, je commence Ă  en avoir marre de la crise du Covid et des interminables dĂ©bats sur les mesures barrières, les vaccins, les anti-vaccins et la peste bubonique Â» (….). Puis, il exprime sa crainte d’une proche guerre mondiale. Sujet plus prĂ©occupant que la pandĂ©mie du Covid qui continue de beaucoup nous obsĂ©der.  

 

Ce matin, je suis allé acheter plusieurs journaux afin d’essayer de trouver en eux des réponses qui me manquent encore à propos de la vaccination anti-Covid. J’ai acheté Les Echos, Le Canard Enchainé, Le New York Times, Le Figaro, Le Monde et Charlie Hebdo, donc.

 

Le journal  » Le New York Times » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

 

Les caricatures de Charlie Hebdo Ă  propos des anti-vaccins peuvent me faire sourire. Mais elles ne me convainquent pas en faveur de la vaccination. A nouveau, il me manque les certitudes que les journalistes de Charlie Hebdo ont sur le sujet des vaccins actuels. Pareil pour Le Canard EnchaĂ®nĂ© que je lis depuis plus d’une vingtaine d’annĂ©es sans doute. Si je comprends son titre Violences et dĂ©rives lors des manifs anti-passe sanitaire(Combien d’antivax positifs au test anti-gĂ©nie ?), lui, aussi, ne suffit pas Ă  me rassurer Ă  propos des vaccins actuels contre le Covid.

 

Je me dis mĂŞme que Charlie Hebdo et Le Canard EnchaĂ®nĂ©, comme d’autres journaux, d’autres opinions et d’autres sensibilitĂ©s,  s’ils se sont trompĂ©s Ă  propos de la frĂ©quence des effets indĂ©sirables graves des vaccins contre le Covid, auront du mal Ă  le reconnaĂ®tre.

 

Qu’est-ce que je peux expliquer Ă  ma fille Ă  propos de ces pour et de ces contre vaccins anti-Covid ?

 

Qu’il y a, d’un cĂ´tĂ© les mĂ©chants pro-vaccins ? Et, de l’autre cĂ´tĂ©, les gentils anti-vaccins ?

 

Je ne raisonne pas de cette façon. Dernièrement, une de nos voisines, vaccinée, était d’accord pour accompagner notre fille à une exposition sur le Divas organisée par l’Institut du Monde Arabe, à Paris, et proposée par le conservatoire de notre ville. Finalement, elle a dû se désister pour des raisons familiales. Mais elle m’a dit avoir été touchée par la confiance qu’on lui accordait. Et, elle m’a invité à la solliciter, en cas de besoin, ultérieurement. Je crois qu’à côté des déboires à venir pour les anti-vaccins, qu’il y aura aussi des situations d’entraide comme avec notre voisine qui vont se répéter et se développer entre pro-vaccins et anti-vaccins au delà de ce qui peut se prévoir.

 

A ma fille, ce soir, avant qu’elle aille se coucher, j’ai dit :

« Je n’ai pas Ă©tĂ© très disponible aujourd’hui. J’espère pouvoir faire mieux demain Â». Nous avions nĂ©anmoins passĂ© du temps ensemble, Ă©tions sortis faire un tour dans le centre-ville. Elle avait fait un peu de vĂ©lo. Nous Ă©tions allĂ©s Ă  la librairie et chez le marchand de primeurs, avions trouvĂ© la mĂ©diathèque close. Ma fille a pris cela avec le sourire. Et m’a fait comprendre que pour me faire pardonner, que je me devais de l’emmener jusqu’à sa chambre en la portant sur mes Ă©paules. J’ai facilement acceptĂ© cette pĂ©nitence.

 

Mais je savais m’être fait emporter par la rĂ©daction de cet article. Hier, nous avions pu regarder entièrement le magnifique manga Les enfants de la mer, rĂ©alisĂ© par Ayumu Watanabe . Aujourd’hui, nous n’avions mĂŞme pas terminĂ© de regarder le premier volet aussi drĂ´le que martial de La LĂ©gende de Fong Sai-Yuk rĂ©alisĂ© par Corey Yuen.   Le sujet de la vaccination est devenue une forme d’obsession comme je l’ai reconnu tout Ă  l’heure en en discutant avec ma compagne.

 

Mais c’est maintenant qu’il faut Ă©crire Ă  ce sujet. Ma compagne m’a demandĂ© :

« Pour qui ? Â». Ou «  Pourquoi ? Â».

C’est le genre de question à ne pas poser à un obsédé. Ou à un passionné.

 

La pandémie du Covid nous rappelle la nécessité de bien vivre ce que l’on peut bien vivre avec celles et ceux auxquels nous sommes attachés. Dans un an, le 4 aout 2022, certaines et certains d’entre eux, certaines et certains d’entre eux ne seront peut-être plus là. Moi, je serai peut-être en réa. Comme patient. Ou comme visiteur.

 

Franck Unimon, ce mercredi 4 aout 2021.  

 

 

 

 

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Sérums de vérité-Lundi 2 aout 2021

Paris, ce dimanche 1er aout 2021, vers 19h.

 

                     SĂ©rums de vĂ©ritĂ©- Lundi 2 aout 2021

Etat de fatigue

 

Tant qu’elle n’est pas destinĂ©e Ă  la torture, la fatigue peut avoir du bon. J’ai travaillĂ© deux nuits de suite. Mais ce n’est pas Ă  ces deux nuits que j’attribue mon Ă©tat de fatigue actuel depuis quelques jours. Le travail de nuit a des consĂ©quences connues. Tel un certain Ă©tat d’épuisement, de ralentissement de la pensĂ©e, de difficultĂ©s Ă  la concentration, d’isolement social et affectif, de dĂ©pression et de variation de l’humeur, de prise de poids, d’augmentation de la consommation de tabac, de repas dĂ©sĂ©quilibrĂ©s, de « dĂ©sorientation Â» hormonale. Ces quelques consĂ©quences- et d’autres- sont vĂ©cues et parĂ©es diffĂ©remment selon les personnes et leur aptitude immĂ©diate, ou prolongĂ©e, Ă  rĂ©cupĂ©rer du travail de nuit. Et, aussi, Ă  accepter comme Ă  aimer le travail de nuit.

 

Je travaille de nuit par alternance, tantĂ´t de nuit et tantĂ´t de jour. Cette alternance me plait. D’autant qu’à partir de l’âge de mes vingt ans, Ă  la fin des annĂ©es 80, j’ai commencĂ© Ă  apprendre Ă  travailler de nuit. Je crois donc suffisamment bien me « connaĂ®tre Â» lorsque je travaille de nuit en 2021. Ce que je peux faire et ce que je ne peux pas faire. Comment et jusqu’à quand. Et avec qui. A quel rythme et dans quelles conditions. Mais, aussi, comment je peux rĂ©cupĂ©rer au mieux, ensuite, de mes nuits de travail. Physiquement. Mais, aussi, voire, surtout, mentalement.

 

Lorsque je travaille de nuit, comme de jour, je sais aussi quand débute ma nuit ou ma journée de travail. Ainsi que, quand elle va se terminer. Ce qui me permet assez facilement, en fonction de comment se passe le travail, et comment je me sens, de savoir si j’ai besoin de souffler. Et quand il me faut prendre une pause. Avant d’être K.O, hors de propos ou hors sujet, à la merci de l’accident, de la blessure, de l’imprévu ou du dérapage.

 

Donc, même si le travail de nuit contribue à mon état de fatigue actuelle, et que j’ai repris le travail par deux nuits après près d’un mois de vacances, ce n’est pas à cela que je pense. Mais à la fréquence de rédaction de mes articles ces deux à trois dernières semaines. Il m’a déjà été dit que j’écrivais beaucoup. Et très long. La semaine dernière, mon ami Raguse me l’a redit. Mais, ces deux à trois dernières semaines, je dégaine mes articles pour mon blog plus vite que d’habitude. Comme si j’allais bientôt mourir ou que je sentais qu’il y a actuellement une période particulière de la vie à saisir.

 

La fatigue, lorsqu’elle n’est pas une torture, est une ouverture. Elle permet une certaine « crĂ©ativitĂ© Â».  Nous « poussons et repoussons Â» en permanence. La fatigue fait partie de ces Ă©tats, encore assez proches du rĂŞve oĂą certaines idĂ©es n’ont pas encore disparu. Et se dĂ©marquent assez de nos automatismes. On se censure moins. On est plus spontanĂ©. On attend moins de « rĂ©sultat Â» ou de reconnaissance. On vit dans l’instant. On est soi-mĂŞme dans la tachypsychie. Un peu exaltĂ©. MĂ©galomane sans doute. Tout va bien. C’est une espèce de narcose hors de l’eau. Ce que l’on appelle en psy ĂŞtre un peu « hypomane Â». Cela n’a rien Ă  voir avec le mĂ©nage, le fait d’être pyromane ou avec les phĂ©romones. Mais plutĂ´t avec  une sensible accĂ©lĂ©ration du dĂ©bit de nos actions, de nos paroles et notre activitĂ© cĂ©rĂ©brale. Nous faisons des petits ponts Ă  nos mĂ©ninges. Nous dribblons nos dĂ©fenses sans recours au moindre euphorisant extĂ©rieur avant qu’elles ne s’installent pour la journĂ©e.

 

 On va peut-ĂŞtre faire tenir, une fois de plus, un convoi entier d’âneries et de phrases stĂ©riles et vides dans un article dont deux ou trois lecteurs vont ensuite s’imposer la lecture par devoir, amusement ou par curiositĂ© ( « Regarde, c’est un assez bon exemple de la symptomatologie clinique de l’hypomanie. Ça fait penser Ă  un petit poisson rouge qui tourne Ă  toute vitesse dans son bocal. Tu le poses dans son blog, il tourne en rond et il a l’impression de parcourir des steppes immenses. C’est fascinant…. Â»).

 

Mais on prĂ©fèrera ça malgrĂ© tout- Ă©crire des âneries de façon artisanale– Ă  aller se ranger dans les rayon de la Fnac (car j’ai eu subitement très envie de le faire tout Ă  l’heure) pour aller y voir s’il y a des affaires et des achats pour soi en Blu-Rays ou cds. Blu-Rays et cds qui seraient venus s’ajouter aux tas d’autres blu-rays et cds que j’ai dĂ©jĂ  et que je n’ai pas encore pris le temps de regarder ou d’écouter ou que j’ai mĂŞme pu oublier. Tout Ă  l’heure, donc, j’ai Ă©tĂ© Ă  deux doigts de passer Ă  la fnac. Il y a toujours une affaire ou deux Ă  faire Ă  la Fnac ou dans un magasin quelconque.  Mais, je pourrais toujours y aller un autre jour. Alors que l’âne et le tenbrak que je suis, eux, sont impatients de s’exprimer. Et, tous les deux, main dans la main, me font maintenant faire un gentil tour de manège.

 

Deux doigts :

La semaine dernière, au tĂ©lĂ©phone, j’ai aussi dit Ă  mon ami Raguse :

 

« J’ai l’impression que c’est Ă  partir de maintenant que mon  blog balistiqueduquotidien.com va commencer Ă  prendre de l’essor Â». Raguse m’a Ă©coutĂ© comme un humain Ă©coute un âne. Avec indulgence. Sans le contredire. Il aurait pu prendre un coup de sabot.

 

 

 

Nous sommes au début du mois d’août. La plupart des gens sont en vacances et veulent profiter de leurs vacances ou/ et des jeux olympiques de Tokyo qui se déroulent avec un an de retard à cause de la pandémie du Covid. Les prochains jeux olympiques se dérouleront normalement à Paris en 2024.

L’année a été difficile et mes articles ne sont pas tous compatibles avec l’esprit des vacances. Que ce soit au mois d’août où lorsque l’on reprend le travail. Sauf que je crois que mes articles, malgré mes défauts et malgré leurs défauts, parlent de la vie. Et pas seulement de moi. Avec une certaine sincérité, une constance et un engagement d’âne qui, je crois, finiront pas l’emporter.

 

 

 

Ce n’est pas seulement une question de quantité d’articles. Ni d’humilité. Car ce que j’écris peut passer pour aussi borné que prétentieux et l’est très certainement.

 

 Mais c’est surtout une question de temps passĂ© Ă  pratiquer l’écriture.

 

Et d’esprit critique.

 

Envers moi-mĂŞme comme envers ce que je vois, ce que je vis et que d’autres peuvent voir et vivre aussi. Sauf qu’ils ne prendront pas le temps de l’écrire. De « le pratiquer Â».  Qu’ils ne le voudront pas ou n’oseront pas le faire. Alors qu’il s’agit de moments qui comptent pour moi. Je n’écris rien d’exceptionnel. Mais je l’écris parce-que le crois important. Je le crois parce-que je suis un âne. C’est tout. C’est la diffĂ©rence entre un âne et une personne normale et raisonnable.

 

 

C’est comme une personne qui, en passant, prendrait aujourd’hui une photo d’un endroit ou d’une personne avec deux doigts voire un seul. Avec un simple clic. Un geste ordinaire que tout le monde peut faire. Mais que, souvent, seule une minoritĂ© prend le temps de faire. Parce qu’elle a l’envie, le plaisir et la sensibilitĂ© pour prendre le temps de le faire. Alors que la majoritĂ© a souvent ou toujours autre chose Ă  faire ou ne voit pas l’intĂ©rĂŞt de le faire. C’est ce que j’essaie de faire avec ces articles. Un jour, une kinĂ© m’a appris que certains gestes disparaissaient parce-que nous ne les faisons plus. ça m’a marquĂ©. Peut-ĂŞtre parce-que,  ce que je fais, c’est surtout Ă©crire et photographier de la mĂ©moire. La rechercher. Essayer d’écrire des histoires. EspĂ©rer que d’autres aimeront les lire ou les Ă©couter. Et, si possible, autant que possible, faire de l’humour.

 

On conviendra donc assez facilement que mes articles et le nom de mon blog, balistiqueduquotidien.com , sont assez raccord avec ces intentions.

 

 

Première injection du vaccin anti-Covid :

Tout mon laïus sur le travail de nuit et ses éventuelles conséquences temporaires ou définitives paraissait peut-être hors sujet avec la pandémie actuelle. Il existe pourtant des similitudes avec notre état d’esprit envers la pandémie, la vaccination anti-Covid et le passe sanitaire. Que l’on soit pour ou contre.

 

Je suis Ă  deux doigts de me dĂ©sister avant la première injection du vaccin anti-Covid cette semaine. Tout Ă  l’heure, j’ai reçu un sms de rappel pour mon rendez-vous. J’ai eu l’impression de me rapprocher de mon intronisation sur la chaise Ă©lectrique ou de la guillotine.  Dans mon long article 1er aout 2021, je conclue que, quelle que soit notre dĂ©cision pour ou contre la vaccination Covid, qu’il importe de la prendre «  en son âme et conscience Â». Et non sous l’effet ou l’emprise de la peur.

 

J’ai plusieurs raisons – ou plusieurs absurditĂ©s- qui me poussent dans le cerveau au point d’envisager Ă  nouveau de reculer avant de me faire inoculer ce vaccin anti-Covid. Et, hier soir, alors que je pĂ©dalais sur mon vĂ©lo et remontais le boulevard Raspail, afin de me rendre Ă  ma deuxième nuit de travail, je me suis mĂŞme demandĂ© si je devenais parano. Après quelques coups de pĂ©dale, j’ai Ă©tĂ© indulgent avec moi-mĂŞme. Je me suis dĂ©cidĂ© Ă  conclure que j’étais Ă©gal Ă  moi-mĂŞme : NĂ©vrosĂ©, obsessionnel. Plus que parano. Encore Ă  plusieurs cycles de distance de la lune du She’s lost control du groupe Joy Division.

 

Je ne cherche pas Ă  faire monter le nombre de vues de mon blog en parlant de mon nouveau revirement Ă  propos de l’injection de ce vaccin anti-Covid.  MĂŞme si, actuellement, sur les rĂ©seaux sociaux et dans les mĂ©dia traditionnels (tĂ©lĂ©vision, journaux papier) il est plus tendance de parler des « anti-vaccins Â» ou de se dire « anti-vaccin Â» pour susciter l’attention et de l’intĂ©rĂŞt.

Si je partage certains doutes et certaines critiques de bien d’autres contre les vaccins anti-Covid et l’obligation du passe sanitaire décidée par notre gouvernement, je crois aussi que se dire anti-vaccin et anti-passe sanitaire permet à quelques unes et quelques uns de mieux se montrer ou d’être entourés. C’est une opportunité parmi d’autres pour faire parler de soi. Certaines personnes- une minorité- se sont bien fait passer pour des victimes des attentats du Bataclan.

 

Ce n’est pas la première fois ni la dernière fois que cela arrive : gueuler ou bien se placer pour exister et se faire de la pub. Puis, finalement, si ça devient trop difficile ou si ce n’est plus très rentable, changer d’opinion, de stratĂ©gie, de couverture ou d’alliance. Ce genre d’attitude existait bien avant la pandĂ©mie du Covid. Les ĂŞtres humains n’ont pas changĂ© depuis l’annĂ©e dernière. C’est notre vie qui a changĂ© depuis l’annĂ©e dernièreau travers de certains Ă©vĂ©nements et de certains tournants qui sont pour nous tous des sĂ©rums de vĂ©ritĂ©.

 

Certains Ă©vĂ©nements et tournants qui sont pour nous tous des sĂ©rums de vĂ©ritĂ© :

 

Depuis l’annĂ©e dernière, la pandĂ©mie du Covid nous a jetĂ© dans la mĂŞme nasse. Et, dans cette nasse, comme envers le travail de nuit, nous rĂ©agissons les uns et les autres, diffĂ©remment. Il y a eu d’autres Ă©vĂ©nements qui nous ont marquĂ©s ces quarante dernières annĂ©es. Pas seulement ces dix huit derniers mois Des Ă©vĂ©nements technologiques, Ă©pidĂ©miologiques, meurtriers et idĂ©ologiques ou culturels. Je pense par exemple :

 

Au dĂ©veloppement du tĂ©lĂ©phone mobile. Aujourd’hui, il est normal qu’un mĂ´me de dix ans ou moins se balade avec un tĂ©lĂ©phone portable. Il y a quarante ans, nous en Ă©tions au tĂ©lĂ©phone fixe Ă  fil Ă  domicile et aux cabines tĂ©lĂ©phoniques Ă  pièces voire Ă  carte. C’est un autre monde. Mais ce monde, nous sommes encore nombreux Ă  l’avoir connus. Ce monde nous a influencĂ© et Ă©duquĂ© d’une certaine façon. Je pourrais faire la mĂŞme comparaison entre le balai ou l’aspirateur d’il y a quarante ans et les diffĂ©rentes dĂ©clinaisons de l’aspirateur Dysond’aujourd’hui.  

 

Mais il y a bien-sĂ»r le dĂ©veloppement d’internet, tel que nous le connaissons aujourd’hui avec les rĂ©seaux sociaux et tout le reste. Le darknet, aussi, est et aura Ă©tĂ© un Ă©vĂ©nement. Je parle d’évĂ©nement technologique. Mais internet est  aussi bien-sĂ»r un Ă©vĂ©nement Ă©conomique et sociĂ©tal. Un tournant. Nous sommes lĂ  aussi encore assez nombreux Ă  avoir grandi hors de ce monde. Alors que nos enfants, petits-enfants et descendants, eux, naissent et grandissent dans ce monde oĂą les interactions entre les uns et les autres peuvent ĂŞtre très diffĂ©rentes de ce que les plus « anciens Â» ont pu connaĂ®tre. Je ne critique pas cette Ă©volution mĂŞme si le dĂ©veloppement de certains comportements grâce ou Ă  cause de ces Ă©vĂ©nements me dĂ©range.

 

L’épidĂ©mie du Sida, aussi, avait Ă©tĂ© un Ă©vĂ©nement marquant. Les attentats du 11 septembre 2001. Les attentats de « Charlie Hebdo Â», de l’hyper-cacher de Vincennes, du Stade de France, du bataclan, aussi, et d’autres Ă©vĂ©nements relatifs Ă  cette guerre idĂ©ologique (Ă  Nice, ailleurs, ou l’assassinat de Samuel Paty), les gilets jaunes font partie des Ă©vĂ©nements marquants. Il y en a bien-sĂ»r eu d’autres.

 

Toutefois, il y a aussi eu des événements publics heureux marquants. Dans le domaine culturel ou artistique, du fait du contexte de la pandémie du Covid, je pense au film Matrix ou au lapsus que j’ai fait dernièrement en citant le groupe Massive Attack et son album vénéneux, Mezzanine.

 

Massive Attaque :

Devant ces innovations technologiques majeures et irréversibles que sont internet, le web et la téléphonie mobile, je n’avais pas du tout brillé par ma rapidité à les adopter. Je m’étais montré très critique et plutôt réfractaire aux débuts de leur commercialisation. Bien-sûr, ces innovations technologiques, comme aujourd’hui l’électronique dans les voitures et les technologies wifi et bluetooth nous avaient très vite été vantées comme très pratiques et indispensables. Et, aujourd’hui, si j’ai suivi comme le plus grand nombre, et suis content de ce que plusieurs innovations technologiques majeures peuvent me permettre de faire et de vivre (telle l’expérience de ce blog), je reste aussi assez critique envers certains de leurs travers. Comme envers certaines des habitudes et dépendances que nous contractons envers elles. Même si c’est pour rester un usager dépendant et quotidien de ces technologies.

 

Mais, que l’on parle d’internet, de téléphonie mobile, des attentats ou d’autres tournants de notre Histoire, même s’il s’agit d’événements marquants, sauf si l’on a connu un proche ou quelqu’un mort dans les attentats, il s’agit principalement d’événements extérieurs à notre corps. Ou que, plus ou moins à notre rythme, sauf évidemment pour les attentats, nous avons, pour une raison ou une autre, fini par intégrer dans notre vie. Et, c’est ce que j’ai fait.

 

Or, avec les vaccins anti-covid, et la pandĂ©mie du Covid, mon rythme d’intĂ©gration n’est pas respectĂ©. Mes possibilitĂ©s de repli, non. Je peux couper mon tĂ©lĂ©phone portable pour quelques heures. Pas avec ce vaccin, une fois que son contenu aura Ă©tĂ© introduit dans mon corps. Et, en plus, pour des « raisons sanitaires Â», on tente de me forcer la main.  Depuis l’annĂ©e dernière. Avant mĂŞme que ne soient fabriquĂ©s ces vaccins anti-Covid qui rassurent une partie d’entre nous- et inquiètent une autre partie d’entre nous- en raison des conditions et de la rapiditĂ© de leur fabrication.

 

Qui a raison ? Les pour ou les contre ? Plus tard, nous le saurons vraiment. Mais, en attendant, que l’on soit pour ou contre, tout le monde ou Ă  peu près,  sera d’accord pour dire que depuis l’annĂ©e dernière et le premier confinement que nous avons connus en mars 2020, la pandĂ©mie du Covid a Ă©tĂ© pour tous une…massive attaque.

Le journal  » Les Echos » de ce lundi 2 aout 2021.

 

Attention ! Depuis internet et la tĂ©lĂ©phonie mobile, nous avons commencĂ© Ă  apprendre qu’avec les ĂŞtres humains, certaines rumeurs et dĂ©sinformations vont encore plus vite que la vitesse de la lumière. Tant l’être humain a des pensĂ©es, des croyances, des suppositions et des certitudes qui lui traversent la tĂŞte en permanence. Comme dans une sorte de tentative incessante de recrĂ©er le Big Bang des origines de la vie sur Terre.

 

Et, dĂ©sormais « grâce Â» ou « Ă  cause Â» d’internet et de la tĂ©lĂ©phonie mobile, l’être humain a dĂ©sormais la possibilitĂ©, avec un seul doigt, ou deux, ou simplement avec la voix, de balancer rapidement, massivement et de façon illimitĂ©e, sans faire le tri, Ă  un maximum de gens, tout et son contraire. De rĂ©vĂ©lations du genre Wikileaks ou de l’affaire Snowden Ă  la rumeur de bouche ou de quartier qui n’aurait pas survĂ©cu Ă  l’épreuve de la chasse d’eau dans les chiottes avant internet.

 

Lorsque l’on voit ce que l’être humain peut faire de pire depuis son clavier d’ordinateur, on est content que nos claviers personnels soient encore dépourvus du bouton rouge capable d’envoyer des bombes de fragmentation ou des drones cellulaires suite à un désaccord à propos d’une vidéo ou d’un artiste sur Youtube.

 

Tout cela simplement pour dire que le groupe Massive Attack n’est en aucun cas un groupe qui avait annoncé la pandémie du Covid 19 ou qui est relié de près ou de loin à son émergence comme à son évolution actuelle.

 

Une fatigue proche du seuil de la torture :

 

Et, si je parle de massive attaque (ou, plutôt, d’attaque massive) de la pandémie du Covid depuis l’année dernière, c’est parce-que je crois que ses conséquences depuis l’année dernière peuvent bien faire penser à certains des effets- majorés- du travail de nuit que j’ai cités au début de cet article. Mais ces effets sont majorés, et massifs, car la fatigue que nous pouvons ressentir du fait de cette pandémie du Covid, que l’on soit pro ou anti-vaccin, se rapproche maintenant ou se maintient à un seuil proche de celui de la torture. Et, nous ne sommes pas tous égaux ni tous préparés de la même façon face à la torture. Nous voulons pouvoir dormir et sortir tranquillement.

 

Dans le premier volet de Matrix, rappelez-vous ou regardez le film, Cypher ou Mr Reagan ( l’acteur Joe Pantoliano)  l’un des « rebelles Â», proche de MorphĂ©us, en a assez de se battre contre la Matrice. Et, il ne croit plus ĂŞtre l’élu. Il jalouse mĂŞme NĂ©o, le nouveau venu (interprĂ©tĂ© par Keanu Reeves, Ă©lu dans Matrix, damnĂ© vingt ans plus tard dans John Wick. On peut dire que le karma de l’acteur Keanu Reeves ou des scĂ©naristes s’est inversĂ©).

https://youtu.be/6gL0xQHI0wo

 

D’une certaine façon, on pourrait se dire que tout ce que désire Cypher, même s’il sait que cet univers est factice, c’est des vacances, avec restaurant, plage à volonté et tous ces loisirs et distractions que l’on peut rechercher dans les magasins ou pendant des week-end ou des vacances. Cypher en a assez de vivre dans le rationnement, la fuite, la grisaille. Il en a assez de s’opposer au Pouvoir arachnéen de la Matrice qui s’infiltre jusque dans les pores. Atmosphère angoissante, mais aussi pulsatile et agressive, que reflète bien la musique de l’album Mezzanine du groupe Massive Attack dont un titre ou deux figure au générique du film Matrix.

 

 

Vacances, j’oublie tout :

 

Sauf que la vie est aussi faite d’essais, de nuances et de prudence. Dans Matrix, les « mĂ©chants Â» sont mĂ©chants. Et les gentils sont gentils. Le film est moins subtil que le Brazil de Terry Gilliam(1985)  qui lui est antĂ©rieur de 14 annĂ©es ou que le Blade Runner de Ridley Scott encore plus « vieux Â» ( rĂ©alisĂ© en 1982). Deux films, deux chefs d’œuvre, qui parleraient très bien aux gens de notre Ă©poque, en pleine pandĂ©mie du Covid.

 

La pandémie du Covid, comme certains états de fatigue, agit sur nous tels certains sérums de vérité.

Le journal « Le Figaro » de ce lundi 2 aout 2021.

 

Depuis la pandĂ©mie du Covid et l’annĂ©e dernière, pour sauver notre peau, nous sommes de plus en plus contraints de nous dĂ©couvrir tels que nous sommes et tels que les autres autour de nous sont vĂ©ritablement. SpontanĂ©ment, on pense bien-sĂ»r au pire chez l’être humain. A certaines dĂ©sillusions Ă  venir sur soi, des collègues ou des proches. On peut aussi s’attendre au pire en termes de comportements en cas de confrontation entre des pro vaccin et des anti-vaccins. Puisque ce lundi, par exemple, les journaux papiers Le Figaro et L’Opinion relatent que «  le mouvement des anti-passe sanitaire s’amplifie Â» passant de 110 000 Ă  204 000 en trois semaines (Le Figaro). Le journal L’Opinion de ce lundi 2 aout 2021, toujours, Ă©crit sur sa première page au dessus de son titre La nouvelle menace des antipass :

 

« Les manifestations contre l’arsenal sanitaire anti-Covid ont rĂ©uni 205 000 personnes ce samedi. Un chiffre encore modeste mais en augmentation, qui fait craindre une rentrĂ©e sociale animĂ©e Â».

 

Le journal « L’Opinion » de ce lundi 2 aout 2021.

 

Mais, on peut ĂŞtre vacancier et pro-vaccin et, pour autant, partager le point de vue d’anti-vaccins.  Ou s’entraider.

 

Et puis, Faire des pauses, savoir en faire en vacances ou ailleurs, y compris avec des personnes qui ont fait un autre choix que le nôtre, c’est aussi ce qui peut permettre de ne pas totalement déprimer, paniquer ou déraper durant cette pandémie.

On peut aussi être anti-vaccin et comprendre que d’autres aient choisi de se faire vacciner.

 

Mais pourquoi suis-je finalement Ă  deux doigts de me dĂ©sister pour mon rendez-vous prĂ©vu pour ma première injection ?

 

 

Le journal  » Le Monde » de ce lundi 2 aout 2021.

 

Trop de doutes

Parce-que, j’ai encore trop de doutes concernant le « bien Â» que peuvent me faire ces vaccins anti-Covid.

 

Parce-que j’ai déjà du mal passer le cap d’accepter de me faire vacciner deux fois contre le Covid. Aussi, savoir qu’une troisième injection est d’ores et déjà prévue après les deux premières en moins d’un an, me rend le passage vers la vaccination encore plus difficile.

Il est assez ironique que dans mon mĂ©tier, en psychiatrie, sujet hautement sensible, il nous arrive de donner un traitement Ă  un patient ou de « l’enfermer Â» contre son grĂ©. Alors que cela peut le choquer ou choquer une partie de la population qui considère qu’il y a au minimum un abus de pouvoir et une maltraitance des institutions psychiatriques et du corps mĂ©dical et soignant qui y exerce. Et, de se retrouver, comme moi, dans la situation, avec cette vaccination anti-Covid, dans une situation presqu’analogue. OĂą je me retrouve Ă  la place de celle ou celui qui refuse de prendre un traitement et qui doit le prendre.

Le rapprochement m’a troublé.

Pourtant, il existe quand même quelques différences entre les deux situations. Je n’ai pas de trouble psychiatrique de nature à troubler l’ordre public (c’est étonnant d’écrire ça vu le contexte et certaines oppositions entre anti-vaccin et pro-vaccin) à mettre ma vie en danger. Je n’ai pas de déni de mes troubles. Je suis névrosé et anxieux, ce qui peut se comprendre au vu du contexte de la pandémie du Covid.

Pour ce qui est de mettre la vie d’autrui en danger en refusant de me faire vacciner, cela va devenir un dĂ©bat public et non le dĂ©bat de Franck Unimon versus la sociĂ©tĂ©. Je ne suis pas seul contre la norme de tous. Il est bien d’autres personnes, sans troubles psychiatriques, et sans troubles du comportement (sauf s’ils manifestent d’une certaine façon condamnĂ©e par la loi) qui sont Ă©galement anti-vaccins ou très mĂ©fiants envers les vaccins anti-Covid. Avec des arguments que certains trouvent irrecevables. Mais jusqu’Ă  quel point et jusqu’Ă  quand ces arguments vont-ils rester irrecevables ?

Les traitements que nous donnons, par voie injectable, contre le gré des patients, le sont en situation de crise et d’agitation du patient. Un état de crise et d’agitation incompatible avec la vie en société. Y compris, généralement, avec ses proches et son entourage. Etat d’agitation ou de crise que je ne connais pas. Les voisins de mon immeuble ne se mettent pas à raser les murs en me voyant rentrer chez moi. La police, à ce jour, ni cette nuit, ne sera pas appelée en raison du tapage nocturne répété auquel je me livrerai car, depuis ma fenêtre, régulièrement- entre trois heures et cinq heures du matin- je me mettrai à hurler des chansons de Jacob Desvarieux afin de continuer d’honorer sa mémoire.

 

Et puis, il y a l’intention que nous avons envers le patient au travers de notre relation avec lui. Feu Scapin, il y a une vingtaine d’annĂ©es, avait pu me dire quelque chose :

 

« Un jour, on s’apercevra peut-ĂŞtre que ces mĂ©dicaments (fabriquĂ©s par des laboratoires comme les vaccins anti-covid actuels) que l’on donne aux patients sont en fait des saloperies. Ce qui fera la diffĂ©rence, ce sera la façon dont on s’est comportĂ© avec les patients Â».

Dans la situation actuelle avec les vaccinations anti-Covid devenus obligatoire, s’il y a un discours officiel de bienveillance et d’utilité publique pour les justifier et encourager les vaccinations, la relation est toute autre entre les laboratoires, le gouvernement et les citoyens, en bonne santé, que celle qui peut exister entre des soignants et des patients.

Si un rapport de force dominant/dominé existe aussi entre soignants et patients

(certains professionnels et certaines institutions de soins prĂ©fèrent dĂ©sormais que l’on parle plutĂ´t de « clients Â» au lieu de « patients Â»), il est nĂ©anmoins principalement mu par des buts sanitaires qui , il est vrai, peuvent ĂŞtre rĂ©pressifs pour le « bien public Â». Mais le traitement par injection lors des crises n’est pas systĂ©matique. Tous les patients de psychiatrie ne sont pas en crise.  Et il y a bien des patients en psychiatrie avec lesquels il n’y a pas ou peu de confrontation. 

Alors que pendant cette crise de la pandĂ©mie du Covid et de l’obligation des vaccins anti-Covid, et du passe sanitaire, les intentions sanitaires de la vaccination anti-Covid, si elles sont faciles Ă  comprendre, sont aussi « influencĂ©es Â» par des intĂ©rĂŞts Ă©conomiques et politiques.

 

Désenchanté

 

 

Parce qu’apprendre ceci me dĂ©senchante davantage Ă  propos des vaccins anti-Covid actuels :

 

Dans le journal Les Echos de ce lundi 2 aout 2021, page 4, que «  Aux Etats-Unis, le port du masque en intĂ©rieur est Ă  nouveau recommandĂ© car la vaccination n’empĂŞcherait pas la transmission du virus en cas de variant Delta. En France, Delta est en pleine ascension Â» « Ă§a ne finira donc jamais Â» ( …..) «  C’est un sacrĂ© coup portĂ© au moral des autoritĂ©s sanitaires. En France, Emmanuel Macron a tout misĂ© sur la ruĂ©e vers les vaccins depuis le 12 juillet, en rendant obligatoire le pass sanitaire pour l’accès aux restaurants et aux cinĂ©mas en contraignant les soignants Ă  recevoir leurs deux injections pour continuer Ă  travailler Â». (…..) « (….) Des Ă©tudes israĂ©liennes montrant que la vaccination rĂ©duisait d’environ 90% le risque d’être porteur du virus au niveau de la sphère nasopharyngĂ©e. C’était avant Delta Â».  Â«Las, d’autres Ă©tudes rĂ©centes Ă©branlent un peu plus la perspective d’un retour rapide Ă  la normale. Selon le ministère de la SantĂ© israĂ©lien, le vaccin Pfizer demeure très efficace contre le risque d’hospitalisation au bout de six mois de campagne vaccinale, mais la protection contre le risque d’infection n’est plus que de 39% Â».

 

Parce-que si j’ai regrettĂ© qu’il manque de gardes fous Ă  propos des informations qui circulent sur le net dans tous les sens, et qu’il devient, ensuite, très difficile de faire le tri, je crois Ă  cette information, lue sur le net, qui explique que des soignants, directement ou indirectement, ont fait la mauvaise expĂ©rience de certains effets secondaires dĂ©sagrĂ©ables ou graves du vaccin Astrazeneca en  fĂ©vrier 2021. Ce qui peut expliquer la raison pour laquelle un certain nombre de soignants (aide soignants et infirmiers, ceux les plus « ciblĂ©s Â» depuis ce 12 juillet par le gouvernement) se soient depuis mĂ©fiĂ©s des vaccins actuels. Le vaccin Astrazeneca est depuis, avec le Johnson & Johnson, le moins populaire des vaccins contre le Covid au sein de la population française. Pfizer et Moderna (ce dernier, actuellement, semble moins disponible que le Pfizer) ont plus la cote. Le vaccin français, fabriquĂ© par Sanofi, avec une autre technique que le Pfizer et le Moderna, est plutĂ´t prĂ©vu pour la fin de cette annĂ©e.

 

Si je me méfie des informations qui viennent d’internet, articles ou vidéos sur youtube, il m’est aussi devenu de plus en plus difficile de banaliser le nombre ou la fréquence de témoignages affirmant les effets graves ou mortels de certaines vaccinations contre le Covid. Comme il m’est devenu difficile de continuer de croire que certains de ces témoignages trouvés sur Facebook de personnes vaccinées contre le Covid ou de proches de personnes vaccinées contre le Covid, soient tous des témoignages bidonnés par des gens qui veulent s’inventer une vie ou une notoriété.

On ne peut pas, d’un côté, avoir dit beaucoup de bien des réseaux sociaux lors des printemps arabes pour la liberté d’expression et les témoignages qu’ils ont pu permettre, et, là, en pleine pandémie du Covid et en pleine polémique à propos des vaccins anti-Covid, décider que, cette fois, tout ce qui se dit et peut se dire sur les réseaux sociaux contre ces vaccins est forcément inventé et complotiste.

 

MĂŞme si certains tĂ©moignages et montages vidĂ©os sont privĂ©s du lustre ou de l’aura de certains mĂ©dia officiels ou sont mĂŞme ridicules, grossiers ou assez ennuyants Ă  regarder j’ai « appris Â» que la vĂ©ritĂ©, une certaine vĂ©ritĂ©, peut aussi venir de celle ou de celui qui manque de charisme ; qui s’exprime maladroitement et beaucoup moins bien que celles et ceux dont l’image, l’écriture et la parole en public sont le mĂ©tier.

 

Et puis, pour conclure, parce-que cet article, une fois de plus, est long, Ă  la fin de mon article 1er aout 2021, j’écrivais que j’avais deux choix. Le second, le plus radical, est d’arrĂŞter de travailler.

 

Le premier, le plus consensuel, consiste Ă  me faire vacciner pour avoir une certaine tranquillitĂ© pour circuler. Mais quelle tranquillitĂ© ?! Pfizer, le vaccin « star Â» du moment contre le Covid, qui tombe Ă  39 % d’efficacitĂ© ?! En plus de devoir accepter des Ă©ventuels effets indĂ©sirables inconnus 48 heures après ou plusieurs mois ou plusieurs annĂ©es plus tard ?! Tout ça, pour, bientĂ´t, de toute façon, Ă  la fin de la grande rĂ©crĂ©ation  des vacances se reconfiner ou ĂŞtre reconfinĂ© ?! Comment dormir tranquillement et partir ensuite se faire vacciner en apprenant ça ?! MĂŞme si nous sommes au dĂ©but du mois d’aoĂ»t, en pleine pĂ©riode de grandes vacances ?!

 

Le journal  » Libération » de ce lundi 2 aout 2021.

 

L’idĂ©e folle- et idiote- que je commence de plus en plus Ă  avoir, c’est que les personnes qui survivront au Covid (car Ă©pargnĂ©es ou après l’avoir attrapĂ©) seront sĂ»rement celles qui auront le plus de chances de se sortir de cette pandĂ©mie du Covid. Au contraire des personnes qui se seront faites vacciner pour, en principe, mieux se protĂ©ger de la pandĂ©mie…..si je m’en tiens Ă  la chute de ce pourcentage de protection du vaccin Pfizer et de certains tĂ©moignages de personnes vaccinĂ©es ou de proches de personnes vaccinĂ©es. Lorsque je suis tombĂ© il  y a quelques jours sur le tĂ©moignage d’Eric Clapton qui tĂ©moigne (dans une vidĂ©o en Anglais non traduite et non sous-titrĂ©e) de sa mauvaise expĂ©rience de vaccination contre le Covid avec l’Astrazeneca, je me suis dit qu’il avait besoin de pub. Que l’on peut ĂŞtre surnommĂ© « God Â» par les amateurs de musique et ne rien y connaĂ®tre en matière de vaccins et d’effets secondaires. Mais c’était encore un des effets de mon dĂ©ni. Le dĂ©ni est un bon moyen de dĂ©fense lorsque l’on a du mal Ă  accepter l’énormitĂ© d’une certaine « vĂ©ritĂ© Â». On se convainc facilement que celles et ceux qui essaient de nous  dire une certaine vĂ©ritĂ© sont des « charlots Â» et des illuminĂ©s : les anti-vaccin.

 

Lâché sur la toile de ma folie

 

 

L’autre idĂ©e folle que j’ai depuis quelques jours, c’est que j’envie les personnes – j’en connais quelques unes- qui ont attrapĂ© le Covid et qui vont bien maintenant. Car, mĂŞme si elles ont « dĂ©gustĂ© Â» (elles m’ont racontĂ©), aujourd’hui, pour moi, elles sont dotĂ©es d’une protection immunologique en laquelle je crois plus que dans celle proposĂ©e et imposĂ©e par les vaccins actuels contre le Covid.

 

Et, comme je suis maintenant lâchĂ© sur la toile de ma folie, je crois aussi que cette pandĂ©mie du Covid, Ă  cause des choix faits par nos dirigeants politiques en faveur de ces vaccins anti-Covid « limites Â», va peut-ĂŞtre modifier la gĂ©opolitique mondiale. Les vaccins chinois et russes contre le Covid, je ne sais pas ce qu’ils valent. Mais les habitants des pays pauvres qui auront Ă©chappĂ© au Covid ou qui lui auront survĂ©cu, sans les vaccins actuels contre le Covid, vont peut-ĂŞtre s’en sortir mieux que certains d’entre « nous Â», les habitants des pays riches et « Ă©voluĂ©s Â» qui auront pu se faire vacciner : myocardites, thromboses, dĂ©cès….

 

Mon raisonnement est dĂ©lirant. Quand je pense aux personnes que je connais qui se sont faites vacciner contre le Covid et qui pensent forcĂ©ment le contraire, mon raisonnement est dĂ©lirant.  VoilĂ  un des effets courants de la pandĂ©mie du Covid. On essaie de trouver une explication, une direction Ă  ce qui est en train de se passer. Et on raconte- ou on Ă©crit- n’importe quoi !

 

 

Je ne me sens pas angoissĂ© plus que ça par le Variant Delta annoncĂ© comme plus contagieux qui va «envahir Â» la France bientĂ´t. Je suis sur la petite barque de ma raison en train de dĂ©lirer et d’essayer de recoller les morceaux du puzzle de vents gigantesques dont je dĂ©chiffre Ă  peine le faisceau ou l’ombre. Je vais sĂ»rement me ramasser tout cela bientĂ´t en pleine figure. Une certaine prise de conscience de ma parano. Ou la confirmation de ce que des personnes essaient de nous dire depuis des mois Ă  propos de ces vaccins anti-Covid.

 

Mais dĂ©lirer m’empĂŞche pour l’instant de dĂ©primer et d’avoir peur  sans aucun doute. Une sorte de dĂ©lire au sec qui ne m’empĂŞche pas de faire mon travail correctement et d’avoir des interactions sociales adĂ©quates avec le plus grand nombre. Mais, dĂ©lirer, ça peut aussi pousser Ă  avoir un comportement suicidaire.

 

Je vais sortir provisoirement de ce délire. Je vais sortir de cet article. Pour l’instant, c’est le mieux que je puisse faire.

 

 

Franck Unimon, ce lundi 2 aout 2021.  

 

 

 

 

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1er Aout 2021

1er Aout 2021

L’influenceur et le voyant

 

Mon ami Raguse est revenu de ses vacances il y a un ou deux jours. Après avoir lu mon article Connaître son corps, il m’a laissé un message téléphonique dans lequel il me disait en plaisantant :

 

« Tu m’as donnĂ© envie de me faire vacciner contre le Covid. Tu vas devenir influenceur…. Â».

 

Je l’ai rappelĂ© et lui ai Ă  mon tour laissĂ© un message dans lequel je lui disais en rigolant :

 

« Si, moi, je deviens influenceur, alors, toi, tu es peut-ĂŞtre un futur voyant Â».

 

Depuis, lui et moi nous sommes parlés directement au téléphone. Sauf que, pour moi, les voyants sont devenus ou redevenus plus ou moins rouges.

 

Je me sentais bien un petit peu « mouton Â» en concluant vers la fin de  ConnaĂ®tre son corps que j’allais me faire vacciner contre le Covid. Mais je me sentais davantage avisĂ© et rĂ©aliste. Je ne suis pas John Rambo, capable de vivre des mois ou des annĂ©es en pleine forĂŞt, en montagne ou ailleurs, en pleine nature, seul ou avec d’autres, Ă  l’écart ou me mĂ©fiant de la jungle de la civilisation et de sa « modernitĂ© Â». Et de ses lois de plus en plus indĂ©nombrables et coercitives capables de dĂ©membrer un ou plusieurs de mes semblables considĂ©rĂ©s comme jetables ou nuisibles. Pas plus que je ne suis le soldat Onada, soldat japonais fanatisĂ© durant la Seconde Guerre mondiale. Je n’ai pas encore vu le film, sorti rĂ©cemment, d’Arthur Hariri mais j’avais dĂ©ja entendu parler de cette histoire avant que le film ne soit portĂ© au cinĂ©ma.

 

 

Peut-ĂŞtre qu’à partir de maintenant, nos sociĂ©tĂ©s humaines vont-elles de plus en plus se peupler de Rambo, d’Onoda ou, plus « simplement Â» de survivalistes. Parmi lesquels, oui, on trouve et on trouvera des complotistes, des illuminĂ©s, des paranos, des extrĂ©mistes comme il peut y en avoir quelques unes et quelques uns dans notre monde admirable mais sous d’autres prĂ©sentations.

 

On peut ĂŞtre pro ou anti-vaccin contre le Covid. On peut ĂŞtre pour ou contre le passe sanitaire. C’est du reste, ce que nous sommes devenus en quelques mois. DivisĂ©s et de plus en plus en conflit sur ces deux questions. D’ailleurs, pour rigoler, je propose aujourd’hui de remplacer nos justificatifs d’identitĂ©s et nos diplĂ´mes et compĂ©tences officielles et officieuses par ces simples informations qui nous rĂ©sument très bien dĂ©sormais : Monsieur et Madame pour ou anti-vaccin. Et, Monsieur et Madame pour ou contre le passe sanitaire.

 

Délirer

 

Pourquoi s’emmerder avec des subtilitĂ©s vu que ces deux sujets nous font dĂ©lirer. Car le terme dĂ©lirer est celui qui convient le mieux, je crois ? Bien-sĂ»r, je pense Ă  un dĂ©lire collectif. 

 

La peur est un miroir. La douleur, aussi. Et, pendant que nous nous tournons vers ces deux miroirs faits de multiples tiroirs reliés à nos entrailles, j’ai l’impression que nous faisons de notre mieux pour ignorer que le monde vers lequel nous nous dirigeons, ou que nous acceptons de mieux en mieux, est un monde qui semble avant tout obsédé par l’élaboration de plus en plus sophistiquée, et sur mesure, de nos futures dépendances.

 

 

« En son âme et conscience Â»

 

J’t’emmerde, une ex-collègue et amie, est aujourd’hui vaccinĂ©e contre le Covid. Elle m’a appris ça cette semaine alors que je l’appelais Ă  la « rescousse Â», comme j’ai appelĂ© d’autres personnes avant elle. Afin qu’elles me donnent leur avis Ă  propos de cette vaccination contre le Covid maintenant imposĂ©e. MĂŞme si, officiellement, notre gouvernement, n’a pas rendu la vaccination obligatoire.

 

Il y a deux ou trois mois, J’t’emmerde Ă©tait rĂ©solument contre. Finalement, c’est en accompagnant une amie partie se faire vacciner, qu’une fois sur place, inspirĂ©e, sans rendez-vous, elle l’a fait. En m’expliquant :

 

« Il n’y avait que comme ça que ça pouvait marcher pour moi ! Â».

 

J’t’emmerde n’a pas eu d’inquiĂ©tude particulière ni trop d’effets secondaires dĂ©sagrĂ©ables avec le vaccin Pfizer, le laboratoire « phare Â» depuis plusieurs mois. Comparativement au vaccin Astrazeneca qui a mauvaise rĂ©putation ou au Johnson & Johnson qui, dès ses dĂ©buts de diffusion (en Avril ou Mai ?) a connu des ratĂ©s en termes d’effets secondaires, la majoritĂ© des personnes que je « connais Â» qui se sont faites vacciner par « le Â» Pfizer estime que cela s’est bien passĂ©. 

 

Je savais que le compagnon de J’t’emmerde avait toujours été pour la vaccination anti-Covid. J’ai plusieurs fois constaté, d’ailleurs, de façon empirique, que les femmes, y compris au sein des couples, semblent plus méfiantes envers la vaccination anti-Covid telle qu’on nous l’a proposée pendant des mois, et maintenant telle qu’on nous l’impose aussi depuis mi-juillet 2021.

 

Même si, bien-sûr, je connais des femmes vaccinées contre le Covid ou qui l’ont fait spontanément. Et qui ont été à l’aise avec le fait de se faire vacciner. Il y a des personnes- hommes et femmes- qui se sentent protégées en se faisant vacciner contre le Covid. Et il y a d’autres personnes, qui, au contraire, se sentent protégées en évitant de se faire vacciner avec les vaccins que l’on nous propose actuellement contre le Covid.

 

Ma compagne a toujours été résolument contre la vaccination avec les vaccins actuels. Régulièrement, elle me fait parvenir et fait parvenir des liens vers des vidéos de témoignages ou de documentaires ou des personnes démontrent exactement le contraire de tout ce que le gouvernement mais aussi les laboratoires et bien des médecins disent en faveur des vaccins actuels contre le Covid.

 

A ce stade de mon article, on pourrait se dire :

 

« Je comprends qu’il doute Â» ; « Il n’a qu’à porter ses couilles et prendre ses responsabilitĂ©s ! Â» ; «  On s’en branle ! L’urgence sanitaire passe avant tout ! Â». Ou, mieux puisque c’est le discours officiel : « L’intĂ©rĂŞt collectif l’emporte sur les petits atermoiements individuels d’untel et untel. Moi, aussi, j’ai un ovaire (ou un testicule) qui est contre la vaccination anti-Covid. Et, alors ?! Ce n’est pas pour autant que je l’ai Ă©coutĂ© ! Â».

 

 

C’est là où arrive la suite. Suite à laquelle je suis plus perméable que d’autres sans doute parce-que je branle trop souvent de la tête.

 

J’t’emmerde n’a aucun regret de s’être faite vacciner contre le Covid. Elle a prĂ©cisĂ© ( c’est important, je le souligne) :

 

Ailleurs, dans d’autres régions du monde plus défavorisées, on meurt du Covid car les populations n’ont pas nos vaccins anti-Covid.

 

Se faire vacciner lui a permis de partir en vacances à l’étranger. Elle n’avait pas envie de devoir subir des PCR ou des tests antigéniques à la frontière ainsi que des périodes d’isolement et d’observation de plusieurs jours en partant en vacances ou en en revenant. Je la comprends. En Mars, à une semaine d’intervalle, car j’étais cas contact supposé ou réel, j’ai dû faire deux tests antigéniques. Je n’ai pas du tout aimé me faire enfoncer des bâtonnets dans les narines. Et, je ne comprends pas qu’il n’existe pas un moyen de diagnostic moins intrusif que celui-ci pour tester les cas-contacts.

 

Mais J’t’emmerde a aussi admis que si elle avait vĂ©cu dans une rĂ©gion comportant une faible densitĂ© humaine. Et qu’elle pouvait se dispenser de travailler pour des raisons Ă©conomiques, ou, simplement, pour s’alimenter, au jour d’aujourd’hui, au vu des vaccins proposĂ©s, tels qu’ils sont proposĂ©s, elle se serait abstenue de se faire vacciner contre le Covid. Parce-qu’il existe, et il n’y a rien de complotiste lĂ -dedans, certaines inconnues quant aux effets Ă  plus ou moins longs termes des vaccins actuels contre le Covid ou la Covid. Et, ici, dĂ©libĂ©rĂ©ment, je prends le parti de ne pas mentionner certains effets secondaires, rares, mais gravissimes voire mortels, constatĂ©s après une vaccination anti-Covid. MĂŞme si je suis plutĂ´t peinĂ© pour les proches de ces personnes vraisemblablement dĂ©cĂ©dĂ©es après une vaccination anti-covid, ici, je ne vais pas regarder plus loin que le bout de mon nez et de mon nombril. Je me plie Ă  la logique et Ă  l’expĂ©rience selon laquelle la totalitĂ© des personnes vaccinĂ©es contre le covid que je connais sont aujourd’hui vivantes et en bonne santĂ©. Ce qui doit reprĂ©senter une bonne vingtaine de personnes et sans doute bien plus que ça. Car je n’ai pas fait de sondage exhaustif autour de moi. Je ne me suis pas rĂ©veillĂ© en pleine nuit pour joindre toutes les personnes que je connais ou ai pu rencontrer pour les appeler et leur demander :

« Tu t’es fait vacciner contre le Covid ? Quel vaccin ? Lequel ?! Quand ?! Comment ça va ?! Â».

 NĂ©anmoins, toutes les personnes, au travail ou ailleurs, qui me rĂ©pondent s’être faites vacciner contre le Covid, il y a quelques semaines ou plusieurs mois, vont bien Ă  ce jour.

 

Il n’en demeure pas moins que, pour moi, la vaccination anti-Covid actuelle s’apparente Ă  une expĂ©rience de « parachutisme longue durĂ©e Â». Mais j’ai sans doute trop d’imagination et de nĂ©vrose – Ă  dĂ©faut de cirrhose- dans mon foie. J’ai peut-ĂŞtre trop les foies, malgrĂ© moi. 

 

Parachutisme longue durée

 

 

Personne, aujourd’hui, je crois, ne peut affirmer dans quel Ă©tat de santĂ© se trouveront celles et ceux qui se sont faits et se feront vacciner contre le Covid dans deux ou trois ans.  Nous partons du principe que celles et ceux qui ne se font pas vacciner contre le Covid prennent immĂ©diatement, alors que j’écris, plus de risques et font courir de toutes façons  plus de risques et beaucoup trop de risques Ă  leurs semblables. Et Ă  eux-mĂŞmes.

 

Deux ou trois ans de perspective, c’est pourtant une perspective courte pour une Ă©poque oĂą, sauf accidents, sauf maladies graves, catastrophes ou assassinats, l’être humain peut vivre plutĂ´t vieux. Nous savons que nous pouvons vivre plutĂ´t vieux. Et plutĂ´t « bien Â» que mal.  Au moins jusqu’à 70 ans dans les pays riches, dĂ©mocratiques et progressistes.

 

Nous sommes dans un pays riche, démocratique et progressiste.

 

Et, cela fait peut-ĂŞtre partie de la composante actuelle du « dĂ©lire Â» des anti-vaccins.

 

Habitués que nous sommes à l’idée que nous pouvons vivre vieux voire très vieux et que nous pourrons peut-être profiter de notre retraite dans un certain confort, cette histoire de vaccination obligatoire avec des vaccins que nous connaissons mal ou peu, exige en quelque sorte de nous de nous jeter dans le vide depuis un avion en plein vol. Sans visibilité. Ou avec assez peu de visibilité. Cocher la proposition qui correspond le mieux à notre état d’esprit.

 

Car on nous dit en quelque sorte :

 

« L’avion, c’est la pandĂ©mie du Covid. On ne connaĂ®t pas très bien cet avion. On ne connaĂ®t pas très bien non plus l’exacte personnalitĂ© du pilote ou des pilotes. Ni leur nombre ou leur expĂ©rience en nombre d’heures de vol.

On ne sait pas à quelle compagnie ils appartiennent. On la découvre au jour au jour. On ne sait pas quel genre de carburant ce pilote ou ces pilotes utilisent. Et s’il en reste encore beaucoup dans le réservoir de leur engin.

Mais si tout le monde reste dans l’avion, la pandĂ©mie du covid va continuer de circuler et va devenir de plus en plus virulente.  Et tuer de plus en plus de monde. Donc, il faut  que tout le monde, maintenant, se comporte de façon solidaire et responsable. Et sorte le plus possible de l’avion pour sauter dans le vide.

En temps normal, et par ciel dĂ©gagĂ©, on pourrait prendre le temps de vous apprendre Ă   sauter en parachute. En apercevant, au loin, la terre ferme. Pour celles et ceux qui le souhaitent. D’ailleurs, on vous dit et on vous rĂ©pète depuis des mois comment sauter dans le vide avec ces tous nouveaux parachutes que l’on vient de fabriquer. Mais certaines et certains d’entre vous sont des vrais connards, des Ă©goĂŻstes, des idiots et des idiotes mais aussi des ĂŞtres complètement irrationels et illogiques !  C’est vrai, on vous demande de sauter dans le vide. Et après ?! En plus, il y a un peu de brouillard.  C’est vrai. On ne sait pas trop oĂą nous nous trouvons exactement. Mais soyons et soyez optimistes. Faisons un peu de sophrologie. Imaginez.

 

Peut-être que vous arriverez sur une belle plage. Peut-être que vous arrivez sur l’île aux caïmans à l’heure du déjeuner. Mais, en principe, non. Car nos recherches ont bien été modélisées sur ordinateur, testées, et tout et tout.

 

Dernière petite chose : nos parachutes (les vaccins Pfizer et autres), on ne sait pas exactement quelle est la durĂ©e exacte de leur soliditĂ©. En principe, c’est du solide. Mais, peut-ĂŞtre que leur toile peut se dĂ©chirer avant que vous ne touchiez le sol. Car le type de saut en parachute que l’on vous propose n’est pas un saut en parachute ordinaire. C’est un saut en parachute qui durera peut-ĂŞtre deux Ă  trois ans avant de bien arriver sur la terre ferme. On ne sait pas bien. Personne, Ă  l’heure actuelle, ne peut le prĂ©dire ou le prĂ©voir. Sauf si c’est une voyante ou un voyant. Ou une personne qui vous ment.( LĂ , aussi, selon l’état d’esprit qui est le nĂ´tre, chacun fera son choix entre ces deux Ă©ventualitĂ©s).

 

 Au fait, il est de plus en plus probable, alors que vous serez dans les airs avec votre premier parachute ( les deux premières injections de Pfizer, Moderna, Aztrazeneca ou l’injection unique du Johnson & Johnson) que l’on vous demande de prendre des parachutes supplĂ©mentaires. On vous informera lorsque ce sera le moment. Faites-nous confiance. Tout va bien se passer ! Â».

 

 

A la lecture de ce passage sur le « parachutisme Â», on croira peut-ĂŞtre que je prends ce que nous vivons Ă  la lĂ©gère avec la pandĂ©mie du Covid. Ou que je m’oppose catĂ©goriquement Ă  la vaccination anti-Covid telle qu’elle nous est proposĂ©e ou imposĂ©e actuellement. Et, qu’en tant qu’infirmier, je suis totalement irresponsable, indigne et immoral. Alors, la suite de l’article va essayer de dissiper ces Ă©ventuels malentendus.

 

Mes Doutes

J’exprime surtout mes doutes, en fait. Et, d’une certaine façon, mon inquiĂ©tude, aussi. Devant un monde en train de s’établir, devant nos yeux, au travers de la pandĂ©mie. Et de la peur qu’elle nous fait secrĂ©ter Ă  profusion. Ce monde, en train de s’établir devant nous  a aussi pour projet d’interdire le doute.

 

 

Bien-sĂ»r, il y a un temps pour le doute. Et, un temps oĂą il faut se dĂ©cider. Lorsqu’un avion va s’écraser, si on peut, quand on peut, dès qu’on le peut, on saute de l’avion ou on en sort. Et, j’ai assez moi-mĂŞme insistĂ© quant au fait que beaucoup des informations qui inquiètent ou font peur Ă  propos des vaccins actuels contre le Covid ( alors que nous devrions davantage nous inquiĂ©ter de la pandĂ©mie et de son expansion) viennent souvent d’internet et qu’il manque certains gardes fous pour que l’on me trouve très ambivalent. Un coup, oui. Un coup, non. Il faut se dĂ©cider, Mr Unimon !

 

Un certain nombre de personnes, pour toutes sortes de raisons qui leur sont propres, estiment avoir eu le temps nécessaire et suffisant pour décider de se faire vacciner contre le Covid. C’est comme pour le mariage. Il y a des gens qui décident très vite de se marier et de faire des enfants. D’autres qui gambergent davantage. Parce qu’ils ont besoin de davantage de temps. Et, celles et ceux-là peuvent être aussi responsables et consciencieux que les premiers.

 

En tant que soignant, bien-sĂ»r, je suis muselĂ© au moins par ma responsabilitĂ© envers les patients. On me « tient Â» bien avec cette responsabilitĂ©. J’ai Ă©tĂ© volontaire pour prendre ce genre de responsabilitĂ©. Personne ne m’a forcĂ©.

 

Etre soignant et transmettre ou prendre le risque de transmettre le Covid ou la Covid aux patients que je suis supposĂ© aider Ă  aller mieux, cela revient presque Ă  ĂŞtre assimilĂ© « au meurtrier dans la clinique Â». Ou Ă  l’irresponsable crĂ©atif.

 

On peut facilement imaginer un film d’horreur où tous les patients trépasseraient en présence du soignant ou de la soignante qui aurait sur eux l’effet du gaz mortel ou du cinéphile qui leur ferait assister à la dernière séance d’un film très particulier. Celui de leurs derniers instants de vie.

 

Soit le contraire du but recherché lorsque l’on se rend dans un lieu de soins quel qu’il soit. Somatique ou de Santé mentale.

Et, de ce point de vue-lĂ , si je suis cohĂ©rent, de moi-mĂŞme, soit, je me fais vacciner contre le Covid ou la Covid. Car, je « sais Â», qu’il me serait difficile, si un patient ou une patiente au dĂ©part nĂ©gatif au Covid dĂ©cĂ©dait ensuite du Covid après que moi ou un autre soignant ( non vaccinĂ© contre le Covid ) s’en soit occupĂ©, de pouvoir prouver ou d’être sĂ»r que je n’y suis pour rien. Pourquoi ?

 

Parce-que, de mĂŞme qu’il y a une grande contagiositĂ© du virus du Covid ou de la Covid, selon le variant, il y a aussi une part d’irrationnalitĂ©,  aussi, chez les pro-vaccins.

 

Pour caricaturer : On dirait presque que, pour certains pro-vaccins, dĂ©sormais, le simple fait de les regarder dans les yeux, alors que l’on n’est pas vaccinĂ© soi-mĂŞme contre le Covid, pourrait suffire Ă  les tuer ou Ă  dĂ©cimer une population environnante en situation de vulnĂ©rabilitĂ©. Peu importe que l’on porte un masque. Peu importe que l’on se lave les mains. Peu importe que l’on reste peu de temps « près Â» de la personne vulnĂ©rable. Il faut ĂŞtre vaccinĂ©. Autrement, tout ce que nous touchons et approchons, au lieu de se transformer en or ou en pĂ©trole, va se transformer inĂ©luctablement en pierre tombale.

 

A notre époque, de plus en plus digitalisée, mais aussi de plus en plus impersonnelle, où l’on se félicite que le premier confinement dû au Covid a favorisé la croissance du télétravail, on remercierait presque la pandémie du Covid de contribuer à l’accélération de la désertification des rencontres et des relations humaines.

 

Les manifestations des Gilets jaunes

 

 

Je n’ai participĂ© Ă  aucune manif des gilets jaunes. J’en ai mĂŞme conçu une certaine forme de culpabilitĂ©. Par hasard, il se trouve qu’en sortant de mon travail, un jour oĂą je n’étais pas supposĂ© travailler, je suis « tombĂ© Â» sur la dernière manifestation officielle des gilets jaunes Ă  Paris. J’en avais profitĂ© pour prendre des photos.

Si je reparle des gilets jaunes, c’est parce-que je n’ai pas oubliĂ© que, sans la pandĂ©mie du Covid et les mesures de confinement dues au Covid, les manifestations des gilets jaunes auraient continuĂ©. Elles se seraient peut-ĂŞtre essoufflĂ©es ou auraient continuĂ©, par certains aspects, Ă  se radicaliser. Mais, dans le fond, le mouvement des gilets jaunes disait- ou, plutĂ´t, rappelait– dĂ©jĂ  que le fonctionnement de notre monde moderne, au moins dans notre pays riche, Ă©galitaire et dĂ©mocratique, Ă©tait aussi Ă©galitaire et dĂ©mocratique…en vitrine.

 

Aujourd’hui, avec les thématiques du vaccin anti-Covid, ceux qui sont pour, ceux qui sont contre, et pareil pour le passe sanitaire, qui se retrouvent, à un moment ou à un autre dans nos conversations privées, professionnelles ou publiques, on a l’impression qu’un mouvement comme celui des gilets jaunes est devenu anecdotique. Et, que, finalement, ce mouvement relevait d’un caprice. Et non de l’urgence de créer ou de faire revenir une société plus égalitaire et démocratique.

 

Donc, pour moi, ces nouvelles interdictions, menaces et pressions assurĂ©es et dĂ©lĂ©guĂ©es par notre gouvernement ( et je ne suis pas plus anti- Macron que cela) « sous couvert d’urgence sanitaire Â» en faveur du passe sanitaire sont une Ă©tape supplĂ©mentaire et un renforcement de la destruction dĂ©mocratique.

 

L’urgence sanitaire

 

Il m’est impossible de nier l’urgence sanitaire actuelle. Je ne fais pas partie de celles et ceux qui vont jusqu’à douter du caractère réel de la pandémie. Ou qui pensent que le développement des antennes de la 5G va contribuer, grâce aux produits contenus dans les vaccins anti-Covid actuels, de mieux nous espionner et nous téléguider.

Je ne crois pas au fait que la pandémie du Covid ait pour visée de réduire drastiquement la population mondiale en opérant une sélection au coup par coup parmi les survivants qui vont rester après la vaccination anti-Covid.

 

Mais je constate quand mĂŞme que cette pandĂ©mie sanitaire, et les mesures choisies au moins par notre gouvernement pour y rĂ©pondre, sont aussi bien pratiques pour museler d’éventuelles oppositions. Et, paranoĂŻa ou non de ma part, cette coĂŻncidence me dĂ©range beaucoup. D’autant que, dès le premier confinement de l’annĂ©e dernière, confinement que je n’ai jamais contestĂ©, j’ai Ă©tĂ© dĂ©rangĂ© par la suppression de certaines de nos libertĂ©s. J’ai eu quand mĂŞme un peu l’impression qu’une partie de ma vie- et ce n’était pas du fait de la pandĂ©mie- m’était enlevĂ©e. Que je me devais de donner ou d’apporter des justificatifs pour des actions simples et quotidiennes telles que faire des courses ou aller voir quelqu’un, lĂ  ou aller voir quelqu’un avant la pandĂ©mie, cela Ă©tait toujours allĂ© de soi. 

 

Mais, là aussi, on me rappellera que c’était parce-que que la situation sanitaire le nécessitait.

 

Dans six mois ou un an, aussi, on pourra toujours me  faire la mĂŞme rĂ©ponse.  C’est ça qui est « bien Â», avec cette pandĂ©mie du Covid.

 

Soyons cyniques : si j’étais un dirigeant ou une personne avide de pouvoir. Et que, pour mes besoins et mes intĂ©rĂŞts personnels, il me faut exercer un certain pouvoir sur le plus de monde possible autour de moi afin de me sentir bien, cette pandĂ©mie du Covid est bien pratique. Je vais mĂŞme en rajouter. Si je suis ce genre de personne qui veut exercer un certain pouvoir, qui a besoin d’exercer un certain pouvoir, sur le plus grand nombre, j’ai mĂŞme plutĂ´t intĂ©rĂŞt Ă  ce que cette pandĂ©mie du Covid dure aussi le plus longtemps, ou suffisamment. Parce-que, de cette manière,  «  grâce Ă  la pandĂ©mie Â», qu’est-ce que je peux imposer  autour de moi au plus grand nombre, avec le moindre effort.

 

Alors, Ă©videmment, comme, selon moi, le caractère rĂ©el de cette pandĂ©mie sanitaire du Covid est indiscutable, il s’agit de trouver le bon dosage, entre, d’une part des prĂ©cautions et des mesures que l’on peut justifier au « nom du Covid Â». Et les bĂ©nĂ©fices divers (Ă©conomiques, politiques ou autres) que je pourrais en tirer en tant que dirigeant.

 

La simple ou le simple vacciné, elle ou lui, en tirera pour bénéfice de se sentir protégé ou d’avoir le sentiment d’avoir fait de son mieux pour protéger les autres. Ainsi que de pouvoir partir en vacances ou de se rendre à l’extérieur en subissant le moins de contrôles, le moins d’interdits et le moins d’exclusions possibles dans sa vie ordinaire.

C’est bien-sûr important.

 

Mais si l’on gratte un peu : notre rĂŞve, dans notre vie, ce sera finalement ça ?! Pouvoir se protĂ©ger, protĂ©ger les autres et pouvoir subir le moins possible de contrĂ´les, d’interdits et d’exclusions possibles dans notre vie ordinaire ?!

On appelle ça une grande avancĂ©e ?!

 

On pourra me rĂ©pondre que c’est provisoire. Bien-sĂ»r. Mais pendant combien de temps ?! C’est lĂ  oĂą je (re)commence Ă  bien douter. Parce-que, c’est « bien Â» de signaler que les mesures prises pour le passe sanitaire, les inĂ©galitĂ©s et les conflits qu’il va crĂ©er, est nuisible pour la dĂ©mocratie. Et de souhaiter qu’il soit supprimĂ© au plus vite dès que la crise sanitaire sera passĂ©e. Mais, en attendant, certains dispositifs et rĂ©flexes de contrĂ´le s’établissent et nous apprenons de mieux en mieux, et de plus en plus, Ă  nous y conformer. Mais, aussi, Ă  nous y rĂ©fĂ©rer. Et, ce n’est pas forcĂ©ment le meilleur de l’être humain qui y est encouragĂ© :

 

Le jugement pĂ©remptoire et dĂ©finitif de l’autre. L’exclusion. La dĂ©nonciation. L’encouragement Ă  l’insulte et Ă  la menace verbale, physique, digitale ou Ă©conomique ?

 

 

Mais, bien-sûr, je délire. Je n’ai même pas encore été vacciné contre le Covid. Ni attrapé le Covid. Mais je délire déjà.

 

Deux choix pour conclure :

 

 

Pour conclure artificiellement, car, le sujet de la pandémie du Covid et les diverses manières dont celle-ci fait se croiser et se confronter nos certitudes et nos croyances les plus intimes, est loin d’être tari.

 

Pour ou contre la vaccination anti-Covid ?

 

Si je suis cohérent avec moi-même, j’ai deux choix.

 

Me faire vacciner pour « gagner Â» du temps et m’éviter et amortir certaines contrariĂ©tĂ©s brutales nouvelles et inĂ©dites dans mon quotidien. Je crois que, parmi les vaccinĂ©s et les vaccinĂ©es, actuels et futurs, il se trouve et se trouvera des personnes qui doutent comme moi. Sans pour autant ĂŞtre des complotistes, des illuminĂ©s, des connards, des illogiques ou autres traquenards auto-dĂ©prĂ©ciatifs.

 

 

Décider de moi-même d’arrêter de travailler à un moment donné. Avant de me retrouver dans une situation où je serais, par exemple, contre une institution, des lois, des représentants ou des exécutants de ces nouvelles lois qui entourent le décorum du passe sanitaire et de cette vaccination obligatoire.

 

Cette deuxième option, je prĂ©fèrerais l’éviter. Pour des raisons Ă©conomiques Ă©videntes. Afin d’éviter la contrainte rĂ©pĂ©tĂ©e de bien des situations d’exclusion- ou de dĂ©chĂ©ance- que j’ai très certainement, pour l’instant, beaucoup de mal Ă  imaginer. Tant l’être humain peut se montrer crĂ©atif – afin de se servir  des protocoles qui l’encadrent- lorsqu’il s’agit d’exercer un peu de pouvoir sur autrui pour mieux se sentir exister.

 

Cette deuxième option m’offrirait pourtant l’avantage de me procurer cette marge de recul et de nuance envers ces vaccins anti-Covid dont j’ai, si je m’écoute, encore besoin. Et de pouvoir répondre aux pro-vaccins qu’en acceptant de m’exclure d’un certain corps social, il sera plus difficile de me reprocher d’être la brebis galeuse fautive de colporter le virus et de rendre malade une société (la nôtre) déjà malade avant la pandémie du Coronavirus. Mais malade de bien autre chose que la pandémie du Covid qui n’est sans doute que, l’un de ces révélateurs, parmi d’autres, de la maladie de notre société. Et de notre monde.

 

Cette deuxième option m’offrirait aussi l’avantage de pouvoir créer plus facilement, une vie- mais aussi une mort- qui me convient davantage sur mesure. Au lieu de cette vie ( la mienne ) dont semble vouloir encore plus décider- et s’emparer- une société dont les rêves diffèrent apparemment de plus en plus des miens.

 

Quoiqu’il en soit, comme l’a si bien rĂ©sumĂ© J’t’emmerde,  Ă  la fin de notre conversation, vaccin ou pas vaccin il faut choisir «  en son âme et conscience Â».

 

Si la peur est un miroir, je crois que, autant que possible, si on le peut,  quand on le peut, il vaut mieux Ă©viter de prendre une dĂ©cision sous l’effet de la peur. Et, ensuite, accorder de soi-mĂŞme nos actions avec cette dĂ©cision. Trancher. Et s’y tenir.

 

Quelle que soit cette décision. Vaccin ou pas vaccin.

 

Et, je crois que ce sera sûrement en fonction de ce principe, que je déciderai, ou non, d’aller me faire vacciner contre le ou la Covid lors de ce mois d’aout 2021.

 

Franck Unimon, ce dimanche 1er aout 2021.

 

 

 

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Connaître son corps

                                       ConnaĂ®tre son corps

 

On vit vieux, dans ma famille. « Vieux Â», c’est une moyenne d’âge comprise entre environ 80 et 90 ans.

 

C’est peut-être une croyance. Cela ne repose sur aucune connaissance spécifique que j’aurais en particulier. Je n’ai pas d’explication scientifique à ce sujet. Je ne l’ai pas vu sur internet. Mais ce sont des exemples, ou des modèles, que j’ai devant les yeux depuis mon enfance. Et ces exemples sont devenus partie intégrante de mes croyances. Ils m’ont convaincu que je vivrais, aussi, vieux. Cela fait partie de ces certitudes intimes, ou de ces secrets, que l’on a tous et dont on parle peu ou prou. Si j’en parle maintenant, c’est évidemment au vu du contexte. Du contexte et des circonstances que nous connaissons.

 

On accepte encore plus facilement une croyance lorsqu’elle nous convient.  Que cette croyance soit vraie ou fausse. Qu’elle soit religieuse ou non. Qu’elle soit vĂ©rifiable ou non.

 

Toutefois, pour l’âge réel de ma mort, que je l’accepte ou non, j’aurais la possibilité, et même l’exclusivité, dans le carré VIP ou j’entrerai sans payer, de vérifier si ma croyance familiale était fondée.

 

 

Dans ma famille, on ne se pend pas. Et on ne meurt pas non plus d’un cancer, ou alors, très vieux. C’est rare.

 

D’autres sont moins chanceux. Comme cet ancien collègue, un de mes modèles dans les premières années de ma carrière d’infirmier en psychiatrie, retrouvé dans sa maison, pendu, par son fils adolescent. Ou comme mon ami Scapin, décédé d’un cancer moins de cinq ans avant son départ à la retraite.

 

Je suis un (très) lent. C’est peut-ĂŞtre pour ça que je vivrai un peu vieux. Dans le quotidien, je parle « Toujours sur le mĂŞme ton Â» avec une voix en sourdine, intestine, du genre fouine. Ou monocorde. Les gens n’aiment pas ça. Ce qu’ils veulent, c’est faire la fĂŞte sans arrières pensĂ©es et sans barrières. Avec moi, il y a souvent une impression menaçante et bizarre qui plane. D’ennui. Une mauvaise conscience qui accouche comme dans l’album Mezzanine de Massive Attack. Je n’en n’ai rien Ă  faire de faire le « vieux Â» en parlant de cette Ĺ“uvre aujourd’hui oĂą le Rap et les musiques de consoles et de jeux vidĂ©os sont devenus la norme et la forme. Car ma durĂ©e de vie sera peut-ĂŞtre bientĂ´t Ă©quivalente Ă  celle d’un hamster en cage. Deux ou trois ans.

Ps : Ci-dessous, je mets le lien vers cette vidĂ©o du titre Angel (chantĂ© par Horace Andy) du groupe Massive Attack en concert il y a 13 ans. VidĂ©o que je dĂ©couvre et qui me plait beaucoup. Cependant, je recommande de voir la vidĂ©o officielle du titre que je n’ai pas pu importer. Je la trouve encore « mieux ». Elle montre très bien, je crois, la chorĂ©graphie de cette peur dont nous nous sommes de plus en plus munis dans notre quotidien depuis un an et demi. Je recommande aussi, mais pour l’extase cette fois, de voir en concert- Ă©galement en 2008- le titre Teardrop ( toujours de Massive Attack ) chantĂ© par Elizabeth Fraser. Le fait qu’Elizabeth Fraser soit Ă©cossaise a peut-ĂŞtre aussi jouĂ© pour moi un rĂ´le dans mon attachement Ă  son interprĂ©tation. L’Ecosse Ă©tant un pays oĂą j’ai vĂ©cu, dans le passĂ©, des moments importants.

 

Je ne suis pas celui dont on recherche la compagnie. Je ne suis pas encore mort et, pourtant, c’est comme si. C’est sans doute pour cette raison que j’étais allĂ© aux enterrements de ces deux ex collègues et amis ( D… et Scapin). Par attachement, tristesse et aussi surprise. Car il est impossible, en rencontrant quelqu’un de pronostiquer d’emblĂ©e :

 

« Celle-ci ou celui-ci, elle ou il n’en n’a plus que pour tant d’annĂ©es de vie courante Â».

 

 

Après toutes ces années, je ne connais toujours pas mon corps. Il m’est donc difficile de connaître les ressorts de celui des autres. Par contre, il est possible de les aimanter. Car tous les corps ont des besoins, des désirs et des déclics. Au point que cela peut en devenir un capharnaüm à moins qu’il n’existe, quelque part, un ou plusieurs rouages, ou un chef d’orchestre, pour aiguiller ça. Ou des personnes dont c’est le métier.

 

Cette personne a souvent le visage ou l’attrait de ce qui nous inspire confiance. Celui d’un acteur. De la Maitre-Nageuse qui nous apprend Ă  nager. Cela peut aussi ĂŞtre une Ĺ“uvre ou un travail que l’on aimera et que l’on choisira de suivre ou de poursuivre.

 

Il y a plusieurs annĂ©es, alors que j’interviewais une danseuse, chorĂ©graphe et rĂ©alisatrice cĂ©lèbre, j’avais osĂ© lui dire :

 

« C’est vrai que le corps est une prison…. Â». 

 

Avec un petit rire gĂŞnĂ©, elle avait très vite repoussĂ© ma proposition, pourtant asexuĂ©e :

 

« Non, non, le corps n’est pas une prison ! Â». Elle m’avait donnĂ© l’exemple d’une personne handicapĂ©e motrice qui, grâce Ă  la danse,  Ă©tait « libre dans son corps Â».

 

Je voyais ce qu’elle voulait me dire. Bien-sĂ»r, elle avait raison. Incapable de la contredire,  je m’étais senti dĂ©placĂ© devant son autoritĂ© et son assurance de danseuse et de chorĂ©graphe, très grande connaisseuse de la gravitĂ© et du corps. Comme si je n’avais jamais arrĂŞtĂ© de n’être qu’un petit soldat. J’avais essayĂ© de penser. Je venais d’être ramenĂ© aux ordres et Ă  la raison par une plus qu’illustre GĂ©nĂ©rale.

 

Néanmoins, il m’est resté un grain de cette impression. C’est en partie avec ce grain que je fabrique la poudre de ce texte.

 

Un de mes anciens collègues, psychanalyste lacanien, très peu sportif, m’avait lui, dit un jour :

 

« Le corps, c’est l’inconscient ! Â».

 

Quand j’étais allé à l’enterrement de ce modèle et collègue retrouvé pendu chez lui par son fils, Scapin faisait partie des présents. Avec lui et un autre collègue, Spock, nous nous étions racontés des histoires drôles poudrées à l’humour noir. Un humour que j’ai appris à développer au contact de personnes comme eux, mes aînés de dix ans, et que je produisais très certainement en moi auparavant.

 

Mais je me rappelle aussi que Scapin m’avait surpris en disant subitement Ă  propos de notre collègue  disparu ( et dont personne n’avait prĂ©vu le geste) :

 

« Je n’aurais pas aimĂ© ĂŞtre dans sa tĂŞte (ou Ă  sa place) dans les quinze minutes qui ont prĂ©cĂ©dĂ© le moment oĂą il s’est pendu ! Â».

 

Nous n’avons jamais su pourquoi. Et le Savoir n’aurait rien changĂ©.  Je ne sais pas comment, par la suite, le fils de ce collègue a vĂ©cu dans son propre corps. Et s’il a rĂ©ussi Ă  s’y sentir libre.

 

Lorsqu’il a été atteint de son cancer, Scapin n’en n’a pas parlé tout de suite. Je me rappelle qu’avant qu’il ne me l’apprenne, il avait pris soin de venir voir ma fille, encore bébé, chez une amie commune dans la ville de US.

 

Comme Ă  mon habitude, j’avais pris plaisir Ă  l’embĂŞter en le photographiant et en le filmant. « ArrĂŞte avec ça ! Â». Après cette rencontre, m’avait ensuite appris Milotchka, sa  femme, Scapin avait arrĂŞtĂ© de voir des gens. Lui, si curieux des gens,  barjos inclus, plusieurs mois avant sa mort, avait dĂ©cidĂ© de rentrer « dans sa tente Â». Il me l’avait Ă©crit par sms.  Il refusait toute sollicitation extĂ©rieure comme me le confirma plus tard Milotchka.

 

Lorsqu’il m’envoyait un sms, il le concluait toujours par un pĂ©remptoire « Surtout, ne rĂ©ponds pas Ă  ce message ! Â». C’était Ă  la fois touchant et très drĂ´le. Je croyais pouvoir en rire un jour avec lui car, pour sur, je souhaitais qu’il vive davantage. Je n’ai pas pu en rire avec lui.

 

Scapin n’était pas très sportif. C’était encore moins un artiste martial. Sa plus grande performance sportive devait consister Ă  revĂŞtir son jogging et Ă  mettre une paire de baskets. Après ça, il Ă©tait Ă©puisĂ©.  Cependant, Ă  un moment, il avait compris qu’il n’en n’avait plus pour très longtemps. Et, il a choisi sa façon. Sa femme m’a racontĂ© un peu le jour oĂą, Ă  l’hĂ´pital, en sa prĂ©sence, il avait dĂ©cidĂ© de mourir.

 

Dans son livre UCHIDESHI ( Dans Les Pas Du Maître) , Sensei Jacques Payet, 8ème dan, Shihan, au sein de l’organisation Aikido Yoshinkan, nous parle plusieurs fois du Shugyo

 

Page 173 :

 

« Pendant tout ce temps, j’ai toujours gardĂ© les mots de Kancho sensei Ă  l’esprit.

« Acceptez et mĂŞme provoquez une situation dans laquelle toutes les chances sont contre vous, oĂą vous n’avez aucun contrĂ´le, aucun Ă©chappatoire et aucun autre choix que de faire face Ă  votre peur. Notre shugyo est de trouver un moyen de renverser une telle situation, en transformant la pire situation en notre meilleur alliĂ© (…) dans le cas du budo, on attend de chacun de nous que l’on fasse de notre mieux chaque jour, dans les pires ou les meilleures conditions, lorsqu’on est malade ou ivre, dans les bons ou les mauvais moments. Le processus est aussi important que les rĂ©sultats, et il n’y a pas de but prĂ©cis, si ce n’est une lutte de toute une vie avec soi-mĂŞme Â».

 

Un peu plus loin, page 177, Jacques Payet Ă©crit :

 

« Apprends avec ton corps Â» nous disait-on- c’est vraiment la seule et unique façon d’apprendre le budo Â».

 

En occident, on peut avoir une vision très idĂ©alisĂ©e du Japon ou des Arts martiaux. Je l’ai eue, cette vision idĂ©alisĂ©e. 

 

Le dogme est un puissant hypnotique. La conviction paranoĂŻaque et dĂ©lirante, aussi. On les secrète abondamment lorsque certains de nos rĂ©cepteurs intimes se retrouvent au contact d’un territoire et d’une logique qui coĂŻncide avec notre histoire sensible. On se sent comme chez soi dans cette seconde peau et cette nouvelle vie. Chez soi, pour Ă©viter  les intrusions, on met des verrous. Et on ouvre uniquement aux personnes de confiance, qui pensent comme nous. Cette seconde peau et cette nouvelle vie se mĂ©ritent. On a franchi certaines Ă©tapes pour y arriver. Pour « Ă©voluer Â».  Souvent, les autres, veulent nous retirer ça ou nous inciter Ă  nous en sĂ©parer. Ce sont des antagonistes. Au mieux, des personnes avec lesquelles on reste poli et Ă  distance. Que l’on affronte ou que l’on doit supporter si elles nous emprisonnent.

 

Bien-sĂ»r, aujourd’hui, au vu du contexte de la pandĂ©mie du covid, en parlant de dogme, je pense au moins aux personnes les plus radicales parmi les anti-vaccins Covid et  les pro-vaccins Covid.

 

 

Hier, pourtant, j’ai pris rendez-vous pour me faire vacciner. Après avoir lu dans les journaux papier Charlie Hebdo, Le Canard EnchaĂ®nĂ© et Le Parisien, le joli comitĂ© d’exclusion qui se concocte pour celles et ceux qui refusent de se faire vacciner. Ils seront privĂ©s du sĂ©same du passe sanitaire. Charlie Hebdo ( ainsi que le Le Canard EnchainĂ©) s’inquiète du fait  que ce passe sanitaire soit contraire Ă  un certain nombre de libertĂ©s et aussi crĂ©ateur de violentes inĂ©galitĂ©s entre les citoyens. Dès l’annĂ©e dernière, avec le premier confinement, nous avions commencĂ© Ă  perdre des libertĂ©s.

 

Le « Charlie Hebdo » paru ce mercredi 28 juillet 2021.

 

L’hebdo s’inquiète aussi de la mainmise renforcĂ©e de l’informatique sur nos corps et sur nos vies. C’est malheureusement « logique Â» : Le PrĂ©sident Macron fait partie de cette file active de dĂ©cideurs très technophiles et aussi adorateurs du chiffre et du logiciel devant l’humain. Pour ces spĂ©cialistes, la nuance de l’être humain est une tare prĂ©historique. Le prĂ©sent et le futur, c’est des codes Ă  la virgule près, des oups en cas d’erreur ou d’oubli de code. Et de s’adresser Ă  des chiffres et Ă  des logiciels.  Qu’ils soient virtuels ou matraquĂ©s par des humains.  

 

Si nous sommes des asservis volontaires d’internet et des GAFAM, et que ceux-ci permettent aussi des plaisirs et des libertés, je suis aussi marqué par le fait que la plus grande partie des informations qui cisaillent les avis entre les anti-vaccins et les pro-vaccins provient aussi d’internet. Et, il n y a pas de garde-fous.

 

Cependant, Charlie Hebdo, comme Le Canard EnchaĂ®nĂ©, comme Le Parisien et d’autres journaux papier restent des adeptes des vaccins  contre le Covid qu’ils ne nomment pas. Parmi eux, les « vaccins Â» des laboratoires Pfizer et Moderna  Ă  ARN messager  qui nĂ©cessitent chacun deux injections Ă  plusieurs semaines d’intervalle (3 semaines d’intervalle entre la première et la seconde injection pour moi en aout avec le Pfizer). Le vaccin Pfizer semble le plus utilisĂ© autour de moi dĂ©sormais.

 

Il y a aussi le vaccin Johnson & Johnson (1 seule injection) moins prisé car plus d’effets secondaires graves ont été constatés avec lui. Et le vaccin Astrazeneca (2 injections).

Le journal « Le Parisien » de ce mercredi 28 juillet 2021.

 

Savoir que la plupart des journaux papier encouragent Ă  la vaccination et discuter avec plusieurs personnes vaccinĂ©es- que je connais et crois suffisamment critiques et sensĂ©es-  m’a aussi dĂ©cidĂ© malgrĂ© mes rĂ©serves sur ces vaccins que ma santĂ© et moi allons apprendre Ă  dĂ©couvrir au fur et Ă  mesure.

 

 

Connaître son corps, connaître son sort, on dirait que ça se ressemble. Mais c’est peut-être une croyance et une idée fausse. Dans ma famille, on vit vieux. J’essaierai de faire de mon mieux.

 

Franck Unimon, ce jeudi 29 juillet 2021.

 

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Gagner plus d’argent

 

Gagner plus d’argent

 

Quantités et cent façons

 

 

La façon dont je gagne de l’argent a plus d’importance que sa quantitĂ©. J’ai failli Ă©crire :

 

« La façon dont je gagne de l’argent commence Ă  avoir plus d’importance… Â».

 

Puis, j’ai un petit peu rĂ©flĂ©chi et je me suis corrigĂ©. Depuis le dĂ©but, la façon dont je le gagne, cet argent, ce miroir, cette excroissance particulière de soi, a eu plus d’importance que sa quantitĂ©. C’est un automatisme et un conditionnement si bien assimilĂ©s depuis des annĂ©es que je l’avais oubliĂ©. Ça m’a inspirĂ© spontanĂ©ment beaucoup de mes choix lorsque, vers ma majoritĂ©, accĂ©dant au monde des adultes mais aussi Ă  celui de mes « libres Â» choix, je me suis dirigĂ© vers un mĂ©tier plutĂ´t que vers un autre. Vers une relation plutĂ´t que vers une autre. Vers certaines destinations plutĂ´t que vers d’autres. Vers certaines discriminations plutĂ´t que vers d’autres. Vers certaines expĂ©riences plutĂ´t que vers d’autres.

 

Il n’y a aucune noblesse dans mon attitude de départ.

 

La peur du chĂ´mage au moins, la peur du monde ainsi que le peu de valeur que je m’accordais, plus que l’adĂ©quation avec mes aspirations profondes, m’ont fixĂ©. Puis, prĂ©sentĂ© certaines dĂ©cisions et objectifs comme « rĂ©alistes Â» pour une personne comme moi.

 

Réalisme que d’autres refusent et ont refusé.

 

Avec plusieurs annĂ©es de retard, une trentaine, j’ai Ă©coutĂ© et réécoutĂ© hier l’album Live At Reading du groupe Nirvana « de Â» feu Kurt Cobain. Le concert date de 1992. Un cd de plus empruntĂ© Ă  la mĂ©diathèque de ma ville il y a environ quinze jours avant qu’elle ne ferme pour quinze jours, pour la première fois, pendant l’Ă©tĂ©. Je verrai bien si, lors de sa rĂ©ouverture, la nouvelle obligation de prĂ©senter un pass sanitaire sur un lieu public- pour causes de pandĂ©mie due au Covid- me privera dĂ©sormais de l’accès Ă  la mĂ©diathèque oĂą j’ai mes habitudes. Et oĂą j’emmène ma fille rĂ©gulièrement depuis qu’elle a moins de un an. ( Dans la peau d’un non-vaccinĂ©)

 

Sans a priori, pourtant, on peut dire que mes rapports avec le réalisme diffèrent de ceux qu’ont entretenus Kurt Cobain et les autres musiciens du groupe avec lui.

 

A priori :

 

 

En 1992, je « connaissais Â» le groupe Nirvana par son titre Smells like Teen Spirit. Un titre que j’aimais bien alors que Nirvana, la musique grunge, ne faisait pas partie, a priori, de mes entitĂ©s musicales.

 

A priori.

 

Car, pour paraphraser l’humoriste DĂ©do qui avait pu demander, avec son allure de hard-rocker ou de gothique « Est-ce que j’ai une gueule Ă  Ă©couter du Zouk ?! Â», en 1992, j’étais « dans Â» d’autres genres musicaux que le grunge. Et, pour en avoir fait et refait l’expĂ©rience, je ne crois pas que la majoritĂ© des adeptes de Nirvana de cette Ă©poque ou d’aujourd’hui, soient prĂŞts Ă  Ă©couter du Zouk, du Dub, de la Salsa, du Maloya ou du LĂ©woz. Et, encore moins Ă  en danser.

 

Les adeptes de Nirvana prĂ©fèrent entrer – et rester- dans d’autres atmosphères afin de chasser leurs fantĂ´mes ou de communier avec eux. Pourtant, dans beaucoup de ces univers de « gratteux Â», lorsque l’on regarde de plus près Ă  la source des religions musicales de ces prĂŞtresses et de ces prĂŞtres du Rock – pour Ă©lectrifier ou simplifier – on retrouve des croisements et des inspirations « Ă©tonnantes Â».

 

Le Bluesman Leadbelly pour Kurt Cobain ? BB King pour Bono du groupe U2 qui, dix ans avant Nirvana, dans les annĂ©es 80, avait sans doute eu le mĂŞme Ă©clat ?

 

Et, avant U2, AC/DC, dans les annĂ©es 70, dont l’écoute de quelques titres en concert suffisent pour retrouver le goulot du Blues ?

 

En nommant AC/DC, U2 et Nirvana, je cite seulement trois groupes musicaux qui, avant l’avènement du Rap, et même après son avènement (nous sommes le mardi 27 juillet 2021) aujourd’hui encore, je le crois, vont parler à beaucoup de personnes.

 

Jeunes et moins jeunes. Adeptes de Rap ou d’autres genres musicaux.

 

Au dĂ©part, je n’avais pas du tout aimĂ© le groupe U2 et son titre Sunday, Bloody Sunday par exemple. Mais j’avais aimĂ© With or Without you avant d’autres titres. Comme avec la musique classique, lorsqu’un musicien ou un compositeur « compte Â», il y a toujours une Ĺ“uvre ou un titre que l’on va aimer ou que l’on a aimĂ© sans le savoir.

 

Si des jeunes d’aujourd’hui, comme je l’ai « Ă©tĂ© Â», font d’abord la grimace en entendant  parler de AC/DC, de U2 ou de Nirvana ou de leurs titres, c’est peut-ĂŞtre parce qu’ils ne sont pas encore suffisamment « mĂ»rs Â» ou suffisamment « sĂ»rs Â» de ce qu’ils ressentent pour s’apercevoir que ces groupes, comme bien d’autres groupes de diffĂ©rents genres musicaux, parlent d’eux.

 

Je n’étais pas suffisamment « mĂ»r Â» pour m’apercevoir de l’importance du groupe NTM lorsque le groupe existait dans les annĂ©es 90. Pourtant, je le « connaissais Â». J’avais mĂŞme achetĂ© le Cd d’un de leurs albums :

 

J’appuie sur la gâchette.

 

Mais, si j’étais allé, seul, au Zénith au concert de Mc Solaar (concert qui m’avait déçu) comme à celui, à l’Olympia, du groupe I AM (un des meilleurs concerts auxquels je sois allé) j’avais manqué de courage pour aller à celui de NTM.

 

Ce n’était pas la musique de NTM qui m’avait effrayĂ©.  Car certaines musiques font « peur Â». 

 

C’est le public de NTM qui m’avait fait peur.

 

Je n’avais pas de bande, de potes ou d’amis à même de me protéger ou de me défendre si, en me rendant à un de leurs concerts, dans les années 90, on avait commencé à me chercher noise. Je voulais aller à un concert. Pas à un combat UFC contre plusieurs assaillants potentiels pour une histoire de casquette, de blouson ou d’apparence.

 

Je ne me posais pas ce genre de question pour ma sécurité ou ma survie en me rendant, souvent seul, aux autres concerts. Je me l’étais et me la suis posé seulement pour un concert de NTM dans les années 90.

 

 Et, c’est seulement après la dissolution du groupe, vers 2005, que je m’étais aperçu de l’importance du groupe dans ma vie. En rĂ©entendant certains titres. En voyant certains passages de leur concert.

 

Avant 2005, même si j’avais aimé plusieurs des tubes de NTM, je rejetais moralement l’image et certains des comportements du groupe (de Joey Starr en premier lieu) au travers de divers faits divers commentés et très médiatisés.

 

Le temps me semblait sûrement cimenté alors que des groupes comme NTM ou Nirvana savent le fracturer et promouvoir leur éclosion au travers des fissures là où je m’arrêtais devant le mur.

 

La Base de L’Oncle Tom ?

 

Pour l’élaboration d’une bonne pizza, il faut commencer par la base, c’est à dire la qualité de la pâte alimentaire que l’on utilise, les ingrédients, le tour de main, la température de la cuisson et ensuite le type de four que l’on emploie.

Etais-je de la bonne pa-pâte Ă  Oncle Tom ?

 

Vingt ans plus tĂ´t, au lycĂ©e Joliot-Curie de Nanterre, Pascal, un « grand Â», Rasta, l’antithèse de l’Oncle Tom, musicien, ami d’un ami qui faisait alors figure, pour moi, de grand frère de substitution, m’avait subitement interpellĂ© :

 

« Qu’est-ce que tu fais ?! Â».

 

C’était jour de classe et je venais d’entrer dans la cour du lycĂ©e. Pascal, ancien basketteur, plus âgĂ© que moi d’un ou deux ans, plus grand que moi de vingt bons centimètres, Ă©tait debout, appuyĂ© contre un arbre chĂ©tif situĂ© sur un petit promontoire. Tel un surveillant observant la façon dont les uns et les autres pĂ©nĂ©traient en dĂ©filant dans le lycĂ©e. Une fonction complètement officieuse. Pascal devait ĂŞtre en terminale. J’étais en première. A cĂ´tĂ© de lui,  se trouvait un autre garçon Ă  peu près de son âge.

 

Devant ce tribunal improvisĂ©, j’avais Ă©tĂ© dĂ©sarçonnĂ©. Cette interpellation ne faisait pas partie des matières prĂ©vues dans mon emploi du temps.  

 

Je m’étais senti obligĂ© de rĂ©pondre. Je « connaissais Â» Pascal. Je l’admirais et le craignais aussi. Son autoritĂ©. Son allure. Son assurance. Tout cela, Ă©videmment, j’en Ă©tais dĂ©pourvu. Je me sentais son infĂ©rieur.

 

J’avais rĂ©ussi Ă  rĂ©pondre : « Je vais Ă  l’école… Â».

Pascal avait alors rĂ©pĂ©tĂ©, avec un air un peu sardonique : « Tu vas Ă  l’école ?! Â». A ses cĂ´tĂ©s, l’autre « grand Â» s’était marrĂ© tout doucement en se tournant vers Pascal. Pour ajouter : « Il va Ă  l’école… Â».

 

J’aurais pu répondre que c’était déjà plus que bien que je sois au lycée, et assez bon élève. Mes parents, d’origine modeste, avaient accédé à la classe moyenne, en quittant jeunes leur île natale et tropicale – plus tard, j’allais apprendre que leur île natale faisait rêver beaucoup de monde par ailleurs- pour la France.

 

Mon père, afin de m’assurer un avenir, avait eu le projet pendant des années de faire de moi un futur mécanicien de voitures. Moi qui ne savais même pas changer une roue de vélo et qui étais beaucoup plus un petit intello à lunettes qu’un manuel. Hier encore, même si je me suis un peu civilisé pour certaines œuvres manuelles, juste pour essayer devant ma fille une nouvelle petite pompe à vélo très esthétique -présentée comme très pratique par la vendeuse- je n’ai pas été très convaincu par mes compétences. Ainsi que par la pertinence de mon achat.

 

Mais pour mieux répondre à Pascal, il aurait déjà fallu que je comprenne à qu’avoir obtenu l’accord de mon père pour aller au lycée revenait presque au fait d’accéder à une grande école du genre l’ENA, Polytechnique ou Sciences Po. Cela, grâce à l’intervention de ma prof de Français de 3ème, Mme Askolovitch /Epstein.

 

Peut-ĂŞtre que certaines et certains de mes camarades connaissaient ces grandes Ă©coles. Je pense Ă  ceux qui m’étonnaient dès le dĂ©but de l’annĂ©e scolaire lorsqu’ils lâchaient un :

« J’ai regardĂ© le programme de cette annĂ©e Â». Ou qui se montraient plus que critiques sur tel collège ou tel lycĂ©e dont le niveau avait « baissĂ© Â».

 

Evidemment, mes parents et les membres de ma famille, eux, n’avaient jamais Ă©tĂ© concernĂ©s par ces histoires de « programme de l’annĂ©e Â», de « niveau qui avait baissĂ© Â» ou par l’existence de ces grandes Ă©coles.

 

Par contre, la mécanique automobile, niveau BEP, ma famille connaissait.

 

Nous étions au milieu des années 80. L’époque de François Mitterrand, Président socialiste. De U2. Ou de Kassav’pour celles et ceux qui savent. Quelques années après AC/DC. Avant Nirvana. NTM n’existait alors pas en tant que groupe de Rap.

 

Alors, Kool Shen, Joey Starr, ou MC Solaar et AkhĂ©naton, qui ont Ă  peu près le mĂŞme âge que moi, auraient pu ĂŞtre des « connaissances Â» si nous avions habitĂ© dans la mĂŞme citĂ© ou dans les mĂŞmes environs. Des personnes que j’aurais pu saluer ou dont j’aurais pu connaĂ®tre le nom et certains « faits Â». Comme cela a Ă©tĂ© le cas pour plusieurs jeunes de ma citĂ© et des environs que je croisais ou dont les noms parfois circulaient.  Je me rappelle encore des noms de famille et des prĂ©noms de certains.

Que ces jeunes aient « mal Â» tournĂ© ou se soient « bien Â» intĂ©grĂ©s dans la sociĂ©tĂ© et le monde des adultes. Des jeunes qui, comme les fondateurs de Nirvana ou de NTM, Ă  un moment ou Ă  un autre, ont Ă©tĂ© en colère et tristes comme beaucoup de jeunes mais qui ont voulu prendre du bon temps et ont suivi certaines règles autrement, d’abord les leurs,  lorsque le monde des adultes s’est rapprochĂ© d’eux et que leur tour d’y entrer est arrivĂ©.

 

Hormis pour Hypokhagne, je ne peux pas affirmer que connaĂ®tre alors l’existence de l’ENA, Polytechnique, Sciences Po ou d’autres grandes Ă©coles, aurait beaucoup changĂ© mes « choix Â» d’orientation Ă  la fin du lycĂ©e. Mais nos dĂ©cisions peuvent changer ou Ă©voluer selon les perspectives et les exemples que l’on connaĂ®t près de soi ou autour de soi. Avec les expĂ©riences que l’on s’autorise.

 

Peut-ĂŞtre Ă©tais-je un Oncle Tom dès le lycĂ©e ? Moi qui avais dĂ©jĂ  lu plusieurs livres de Richard Wright, sans doute de Chester Himes, qui Ă©coutais du Bob Marley Ă  la maison depuis mon enfance ; qui m’intĂ©ressais Ă  la philosophie, et qui, avant mes dix ans, avais eu droit Ă  des leçons rĂ©pĂ©tĂ©es de mon père Ă  propos de l’esclavage ?

Je m’intĂ©ressais aussi aux Black Panthers, Ă  Malcolm X et Ă  Martin Luther King, Ă  L’ANC et Ă  Nelson Mandela, alors encore en prison. Mais rien de cela ne transparaissait dans mon comportement de lycĂ©en scolaire et  soumis. On peut ĂŞtre un Oncle Tom lettrĂ©.

 

Ce jour-lĂ , j’avais rĂ©ussi Ă  rĂ©pondre plutĂ´t timidement Ă  Pascal et Ă  son partenaire :

 

« J’écris des poèmes… Â».

 

Si son comparse, sans doute un annexe secondaire, s’était tu, Pascal, lui, de manière surprenante, avait donné du crédit à cette nouvelle donnée.

 

Il ne m’a pas dit : «  C’est très bien. Continue ! Â». Ni : « Ce serait bien que tu me montres Â». Mais j’ai perçu que ces quelques lignes que j’avais pris l’habitude de tracer sur des feuilles de papier m’avaient donnĂ© un petit peu plus de consistance Ă  ses yeux. MĂŞme si je ne voyais pas en quoi ce que j’écrivais me distinguait tant que ça de toutes celles et tous ceux qui allaient « seulement Â» Ă  l’école, j’avais compris que je faisais quand mĂŞme quelque « chose Â» qui trouvait grâce Ă  ses yeux. Je n’étais pas un Oncle Tom ou un benĂŞt en voie de finalisation.

 

Je veux bien croire que Pascal ait rapidement oublié cette anecdote. Comme il a pu oublier qui je suis, alors que je m’en rappelle encore plus de trente années plus tard. Ce genre de situation m’arrive régulièrement. Plusieurs années plus tard, je reconnais et me rappelle de personnes qui m’ont totalement oublié. Ceci pour dire comme j’étais peu marquant comme individu.

 

Il y a Ă  peine deux semaines, j’ai refait le mĂŞme coup Ă  quelqu’un. La dernière fois que je l’avais vu, c’était…en 1989. Il ne se souvenait absolument pas de moi. J’ai pu lui restituer le contexte avec tellement de dĂ©tails qu’il a Ă©tĂ© obligĂ© d’accepter que notre rencontre avait bien eu lieu.  Comme lui dire, qu’à cette Ă©poque, le tube de Laurent Voulzy qui passait Ă©tait Le Soleil donne. Et qu’au cinĂ©ma, on parlait pas mal du film Faux-semblants  de David Cronenberg. Finalement, avant de se rendre dĂ©finitivement, il a fini par me demander :

« Mais comment ça se fait que tu te souviens de moi ?! Â».

Je lui ai alors rĂ©pondu, très sĂ»r de moi :

« Pourquoi je ne me souviendrais pas de toi ?! Â».

 

En cherchant sur internet il y a quelques années, j’ai appris que Pascal était devenu éducateur spécialisé. Je n’ai pas l’impression qu’il ait continué de faire de la musique pour des raisons que je ne m’explique pas. Et, la dernière fois que je l’avais croisé, cela devait être à l’université. Il avait alors rasé ses locks et était devenu facteur à vélo.

 

Le hasard veut que l’homme que j’avais rencontré en 1989- et à qui j’ai fait la surprise de le reconnaître récemment- porte aujourd’hui des locks et est musicien. En 1989, je ne le savais pas musicien ( ou je l’ai oublié) et il avait une coupe de cheveux plutôt similaire à celle de Pascal, la dernière fois que j’avais croisé celui-ci et qu’il était devenu facteur.

 

Nirvana :

En Ă©coutant et en réécoutant hier cet album live du groupe Nirvana, j’ai eu l’impression d’écouter et d’entendre ce qui me manquait dans ma jeunesse. Et ce qui fait, en principe, le panache de la jeunesse avec l’insouciance :

 

 Le fait de vivre sans s’arrĂŞter et sans contrĂ´le.

 

Le groupe Nirvana, et Kurt Cobain, me font penser Ă  des personnes qui, dans un restaurant, casseraient tout. Que l’on applaudirait ensuite. Et Ă  qui l’on glisserait discrètement Ă  l’oreille :

« Vous avez fait ce que j’avais envie de faire depuis longtemps Â». « Ou très souvent Â».

 

Et, au moment de payer l’addition et les rĂ©parations, les spectateurs ou tout un tas de mĂ©dias et de personnalitĂ©s les plus diverses se dĂ©pĂŞcheraient soit de rĂ©pĂ©ter :

 

«  C’est de l’art ! Ce n’est pas Ă  eux de payer ! Ils ont raison ! Â». Rapidement, quelqu’un justifierait leur comportement et expliquerait en quoi, lĂ , prĂ©cisĂ©ment, le fait d’avoir tout cassĂ© dans ce restaurant, Ă©tait un acte salvateur et nĂ©cessaire pour la sociĂ©tĂ© et le monde entier.

 

La diffĂ©rence entre Nirvana, ou tout groupe, artiste ou personnalitĂ© qui casse ainsi la baraque, symboliquement ou concrètement, et le citoyen lambda ou scolaire, c’est d’abord d’être les premiers Ă   « dĂ©frayer la chronique Â» lĂ  oĂą la majoritĂ© le pense et le souhaite mais n’ose pas le faire.  

 

Ensuite, l’autre différence avec la majorité, c’est que ces artistes et ces personnalités sont prêtes à assumer les risques de leurs comportements. Sur leur vie et sur leur santé. Ou acceptent d’être regardés de travers par la majorité voire provoquent cette majorité, ou cet ordre social ou autre, qui les contraint ou cherche à les contraindre.

 

Leur attitude n’est pas gratuite. On parle alors de SincĂ©ritĂ© de leur engagement. Lequel engagement servira ensuite d’exemple ou sera reconnu par une bonne partie de la majoritĂ©. C’est ce que l’on appelle la « commercialisation Â» ou la « rĂ©cupĂ©ration Â». Ou la reconnaissance. Si ces artistes ou ces personnalitĂ©s ont la chance, ou la malchance – Kurt Cobain comme d’autres artistes a très mal vĂ©cu l’énorme succès de Nirvana- d’arriver Ă  la bonne Ă©poque. En prĂ©sence des tĂ©moins qui rendront compte ; qui sauront bien expliquer l’œuvre ; et qui sauront aussi trouver les moyens qu’il faut pour dĂ©fendre l’œuvre, les artistes ainsi que leur souvenir.

 

Le citoyen lambda ou scolaire, lui, s’il se met à tout casser dans un restaurant, terminera en garde à vue. Cela sera peut-être marqué dans son casier judiciaire. Sauf s’il est reconnu irresponsable au moment des faits car sous le coup de troubles psychiatriques.

 

Cet incident, si le citoyen lamba ou scolaire, a un emploi « normal Â» comme la majoritĂ© des citoyens, peut lui faire perdre son emploi. Et, il devra, seul, rembourser les rĂ©parations de ses dĂ©gâts dans le restaurant. S’il a de la chance, et s’il avait contractĂ© une bonne assurance, celle-ci pourra peut-ĂŞtre l’aider financièrement. S’il a moins de chance, sa femme le quittera peut-ĂŞtre. Ou, elle le trompera avec le restaurateur qui aura besoin de consolation.

 

Les artistes ou les personnalités, elles, pourront voir, jusqu’à un certain degré, leur CV se bonifier avec ce genre de dégâts. Elles se feront peut-être inviter par le restaurateur où tout cela s’était passé. Afin de les remercier pour toute la bonne publicité que l’incident a apporté à l’établissement. Le citoyen lambda ou scolaire, lui, devant le même établissement, sera déclaré tricard. Au mieux, s’il s’y prend bien, il aura peut-être le droit de faire la manche ou d’obtenir l’autorisation de venir vendre des fleurs aux clients du restaurant.

 

 

 Je crois que l’on s’attache, non Ă  un marchand de fleurs, mais Ă  un groupe de musique, ou Ă  un auteur en particulier, parce qu’il exprime nos manques. Nos peines. Parce qu’il « display Â»- il dĂ©voile ou exprime- ce courage qui nous a manquĂ© ou que l’on aurait voulu avoir en certaines circonstances et Ă©tapes de nos vies. Car qui, n’a pas eu envie, un jour ou l’autre, dans certaines situations, de tout casser et s’est retenu ?

 

Ce genre d’expĂ©riences et de miroir avec un groupe ou une personnalitĂ©, n’a pas d’époque,  d’âge ou de genre musical ou mĂŞme de domaine de discipline spĂ©cifique.

C’est pour cela que le nom d’un groupe, ses origines, sa couleur de peau, son style de musique ou sa langue importent peu. Tout ce qui compte, c’est le moment, oĂą, dans notre existence, la rencontre avec notre « double Â» ou notre « alter-ego Â» public est possible et se fait.

 

Il y a tant de rencontres et d’opportunités ratées, avec soi-même et avec les autres, que lorsque certaines de nos rencontres réussissent, nous faisons le plein- et à ras bord- de ces rencontres. Par la musique ou dans d’autres domaines.

 

Sauf que pour qu’un Nirvana, un AC/DC, un U2, un Bob Marley, un NTM, Un MC Solaar ou un I AM « rĂ©ussisse Â», beaucoup d’autres Ă©chouent. Et, davantage encore, en deviennent spectateurs. Faute de pouvoir tout casser, prendre des drogues ou des positions ultimes, autant laisser d’autres le faire Ă  notre place. Et, pour quelques unes et quelques uns d’entre eux, Nirvana ou d’autres, une certaine rĂ©ussite arrive.

 

 Car la rĂ©ussite, pour ces artistes et ces personnalitĂ©s, n’est pas totale.

 

Finir comme Kurt Cobain ? Il y en a quelques unes et quelques uns que cela fait et fera rĂŞver. Selon moi, une minoritĂ©, et Ă  une certaine pĂ©riode de la vie comprise, allez, entre 13-14 ans et…. 30 ans. Car c’est la pĂ©riode des ( plus) grands engagements. Corps et âme. 

 

Mais, d’une part, mĂŞme si l’on a aujourd’hui entre 13 et 30 ans, c’est trop tard pour prendre la place de Kurt Cobain. A moins de dĂ©cider de devenir son sosie.

Ensuite lui, comme bien d’autres cĂ©lĂ©britĂ©s, n’avait pas prĂ©vu ce qui lui est tombĂ© dessus comme succès. Il y a tant d’artistes inconnus aujourd’hui qui le seront encore demain ou après demain, ou dans plusieurs annĂ©es, alors qu’ils sont actuellement en activitĂ©. Plus ou moins douĂ©s. Plus ou moins engagĂ©s. Plus ou moins dĂ©vouĂ©s. 

 

 Et puis, rĂŞver et nous souvenir de nos rĂŞves, souvent, nous suffit. Autrement, nous serions très nombreux Ă  avoir des vies qui ressemblent Ă  celles des membres de groupes de musique, des auteurs, et des personnalitĂ©s, que nous admirons tant.

 

Voir et acheter

 

Je parlais d’argent au dĂ©but de cet article. Au fait de gagner plus d’argent. Plusieurs fois par jour, depuis des annĂ©es, nous voyons gratuitement ce que nous pourrions vivre. Nous le voyons de manière si familière, que mĂŞme en nous appliquant Ă  ĂŞtre raisonnables,  nous finissons par acheter.

 

Nous baignons dans ce monde. Voir et acheter. Voir et vivre. Voir et participer. Voir et vouloir en ĂŞtre.

 

En réécoutant cet album de Nirvana, hier, je me suis demandé comment j’avais pu être aussi sourd à l’époque. Puisqu’ à part le titre Smells Like Teen Spirit et le fait de me rappeler qu’Eric B- un collègue psychiatre dont les compétences et le personnage m’avaient marqué- avait parlé de ce groupe, je n’ai rien fait pour écouter davantage Nirvana. Donc, pour m’écouter moi-même d’une certaine façon.

 

Gagner plus d’argent est devenu une obsession avant le fait de vivre. Ce constat donne plutôt envie de tout casser. Ou de voler.

 

Chaque article que je fais sort peut-ĂŞtre de mon kit de survie contre cette obsession.

 

Aujourd’hui, cet article est sorti de mon kit parce qu’hier, j’ai Ă©coutĂ© et réécoutĂ© la musique en concert du groupe Nirvana. Autrement, j’aurais peut-ĂŞtre parlĂ© du film The Black Widow avec l’actrice Scarlett Johansson que j’ai vu au cinĂ©ma il y a bientĂ´t deux semaines maintenant.

 

D’autres n’ont pas ce kit.

 

 

Franck Unimon, ce mardi 27 juillet 2021.

 

 

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Corona Circus

Dans la peau d’un non-vaccinĂ©

Au jardin des plantes d’Amiens, juillet 2021.

Dans la peau d’un non-vaccinĂ© 

 

C’est les grandes vacances depuis  bientĂ´t un mois. Cette pĂ©riode estivale qui sert souvent de grand sas Ă  des millions de personnes en France et ailleurs. Pour partir et s’extraire autant que possible de ce qui nous nuit ou nous ennuie dans le quotidien.

 

Le quotidien, selon ses quantités et ses absurdités, peut devenir un poison apte à tuer à petit feu ou à faire pousser des infirmités. Il convient de savoir le diluer au bon moment. Et sans trop attendre. Des vacances choisies peuvent y contribuer. Pour celles et ceux qui peuvent s’en offrir, chez soi ou quelques kilomètres plus loin.

 

On ne voit pas celles et ceux qui ne partent pas ou jamais. A moins de les connaître personnellement ou par le biais du travail. Je n’en connais pas.

 

Je n’en connais pas encore.

 

Il est rare, exceptionnel plutĂ´t, qu’au travail ou que parmi mes connaissances quelqu’un m’affirme fièrement : «  HĂ© bien, moi, je ne pars pas en vacances ! Â». Assez rĂ©gulièrement, autour de moi, quelqu’un part, Ă  un moment donnĂ©, ne serait-ce que pour un week-end.

 

Peu importe oĂą.

 

C’est souvent un étonnement poli qui résonne, lorsqu’en période de vacances, courte ou longue, on répond que, cette fois, nous allons rester sur place. Sauf si l’on a un projet particulier tel que refaire la cuisine ou se faire opérer.

 

Ne pas partir en vacances, en week-end, ou en sortie, c’est un peu une anomalie sociale, une honte rétrécie voire signifier que l’on vit dans la zone. A moins d’être partout chez soi. Ou de vivre dans un endroit où il y a tout ce qu’il nous faut. Etant donné que cet endroit n’existe pas, hormis au cimetière, nous avons toujours, j’ai toujours, une bonne raison d’aller voir ailleurs. Seul ou accompagné.

 

Je ne compte pas les concerts oĂą je suis allĂ© seul. Et encore moins les sĂ©ances de cinĂ©ma.  Certaines personnes ont besoin d’être accompagnĂ©es pour sortir de leur rĂ©serve. Moi, aussi. Mais pas pour Ă©crire.

 

Il y a des personnes qui, cette année, ou cette année encore, ne partiront pas. Je les imagine un peu. J’en ai sûrement croisé de loin. Pourtant, ces personnes n’ont pas disparu. Les gilets jaunes n’ont pas disparu. Les chômeurs non plus. Ni les malades. Ni les SDF. Nie et nie…

 

Mais le temps des vacances, on va oublier ça. Les vacances, ça sert à ça. Les mauvaises nouvelles, morbides ou autres, on va les mettre de côté. D’ailleurs, je suis encore en vacances. La semaine dernière, nous sommes partis quelques jours à Amiens.

Dans la cathĂ©drale d’Amiens, juillet 2021.

 

 

C’est moins exotique que le sud de la France, l’Outre-Mer ou la Bretagne, mais c’est très pratique. A 1h20 en voiture de la région parisienne, on y arrive par la A16 qui est une autoroute que j’ai chérie une nouvelle fois pour son absence d’embouteillage.

 

La ville d’Amiens ne paie pas de mine sur le papier comparativement à des vacances à Marseille, en Corse, au Pays Basque ou à la Réunion. Mais j’ai aimé la brièveté du détour pour y arriver et cette maison de ville avec cour intérieure privée que nous avons louée pour quatre jours.

 

Amiens est une ville qui détend. Sa cathédrale. Son centre-ville. Ses itinéraires le long de la Somme. Environ une heure de route nous permet d’aller voir la mer. Nous nous sommes immergés dans la plage du Crotoy où j’ai conversé un peu avec un chasseur alpin qui s’amusait à faire le crocodile dans l’eau pour amuser sa fille. Et ça se passait très bien.

Les Hortillonages d’Amiens, ce jeudi 22 juillet 2021.

 

 

Ce jeudi 22 juillet 2021, nous sommes arrivĂ©s une heure trente avant l’ouverture des hortillonnages pour les  promenades commentĂ©es de l’après-midi. Cela faisait trente ans que j’avais entendu parler des hortillonnages d’Amiens. Et, cela allait devenir concret.

 

L’impasse sanitaire

 

 

Jusqu’au moment oĂą j’ai aperçu l’inscription : Le Pass Sanitaire est obligatoire. Ou une phrase assez proche.

 

Si nous étions venus deux jours plus tôt, le mardi, soit le lendemain de notre arrivée à Amiens, nous aurions échappé à cette inscription. Car c’est à partir du 21 juillet, si je ne me trompe, que les nouvelles dispositions gouvernementales concernant les mesures Covid ont commencé à être appliquées.

Centre-ville d’Amiens, juillet 2021.

 

 

Depuis un peu plus d’un an, le port du masque est obligatoire dans les lieux professionnels et publics. Et, depuis dĂ©but juillet Ă  peu près, nous pouvons nous passer du port du masque Ă  l’extĂ©rieur. Mais depuis une dizaine de jours Ă  peu près maintenant, le gouvernement nous a fait savoir, que Ă  compter de ce 15 septembre, tout soignant contrĂ´lĂ© qui ne serait pas vaccinĂ© contre le Covid ( donc sans son pass sanitaire) serait « licenciĂ© Â» et ne percevrait plus son salaire. Et les adolescents ont Ă©tĂ© encouragĂ©s Ă  se faire vacciner au plus vite contre le Covid.

 

Je suis plus soignant qu’adolescent ou peut-être aussi encore très adolescent car je ne suis pas vacciné. Pas encore vacciné. Ou toujours pas vacciné.

 

Si je ne connais pas encore de personnes qui sont privĂ©es de vacances et de travail, je connais des personnes qui se sont faites vacciner. Leur nombre croĂ®t. Parmi elles, au moins deux personnes, un mĂ©decin libĂ©ral dĂ©sormais Ă  la retraite et mon thĂ©rapeute m’avaient dit plusieurs semaines plus tĂ´t :

 

« Je ne comprends pas que cela n’ait pas Ă©tĂ© rendu obligatoire pour les soignants ! Â».

 

Et, je peux concevoir que certains adeptes de la vaccination anti-Covid, en apprenant ma «dĂ©convenue Â» devant les hortillonnages d’Amiens, concluent :

 

« C’est normal ! Â» ou «  C’est bien fait pour sa gueule ! Â».

 

Cela a été une drôle de sensation que de me découvrir un peu l’équivalent d’un paria devant ces hortillonnages. Et, j’ai commencé à entrevoir qu’il en serait de même pour me rendre au cinéma désormais. Ou à la piscine.

 

 

Le conservatoire de notre ville, s’alignant sur les nouvelles décisions gouvernementales, même si la loi n’a pas encore été votée, m’a ainsi relancé pour savoir si je disposais bien d’un pass sanitaire afin d’accompagner ma fille à la sortie organisée le 21 aout. Soit, là aussi, une sortie culturelle pour ma fille et moi qui va nous être interdite.

 

Ma fille a moins de dix ans. Il y a moins d’un an, comme tous les enfants de son âge, elle ne portait pas de masque Ă  l’extĂ©rieur ou Ă  l’école. Il avait Ă©tĂ© estimĂ© par notre gouvernement que le port du masque ne s’appliquait pas Ă  cette catĂ©gorie d’âge. Et, c’est très sĂ»r de moi que j’avais pu rĂ©pondre Ă  un passant qui s’étonnait qu’elle ne portait pas de masque :

 

« Elle a moins de dix ans ! Â». Le sujet avait Ă©tĂ© rĂ©glĂ©. Ma fille, comme les enfants de son âge, pouvait sortir sans masque sur le nez et la bouche. Et, moi, son père, qui portais un masque en permanence, cela m’allait.

 

Et puis, ça a changĂ©. Depuis six mois Ă  peu près, mĂŞme les mĂ´mes de l’école primaire doivent porter un masque. Deux masques sont Ă  prĂ©voir pour la journĂ©e. Un pour le matin, un pour l’après-midi. MĂŞme moi, j’ai changĂ©. Je suis devenu le gendarme de ma fille pour le port du masque. J’exige qu’elle porte son masque convenablement sur son nez et sur sa bouche. Ou pas du tout lorsque c’est possible. Le masque seulement sur la bouche pour ma fille, ça ne passe pas avec moi.  

 

Mais toutes ces bonnes intentions, le fait de vivre pratiquement sans masques entre mi-mars 2020 et début Mai 2020, comme l’acceptation pendant plusieurs mois de nos restrictions d’heures de sortie, et la limitation géographique de nos déplacements, pour cause de pandémie du Covid, n’ont pas suffi.

 

Centre-ville d’Amiens, juillet 2021.

 

Les vaccins anti-Covid sont arrivĂ©s Ă  partir de fĂ©vrier-mars de cette annĂ©e 2021 (ou plus tĂ´t ?) et ont Ă©tĂ© attribuĂ©s, selon les quantitĂ©s, et par ordre prioritaire Ă  certaines tranches d’âge (les personnes les plus âgĂ©es d’abord). Avant  cet Ă©tĂ© 2021, il Ă©tait possible pour l’ensemble de la population en âge de se faire vacciner de prendre rendez-vous pour le faire. Mais la France manque de volontaires pour se faire vacciner comparativement Ă  d’autres pays citĂ©s en exemple. MĂŞme si de plus en plus de personnes se sont faites vacciner, il y a quinze jours, officiellement, nous Ă©tions encore en dessous de 60 % de vaccinĂ©s pour la population en âge d’être vaccinĂ©e.

 

 

Là où des frontières se ferment, des blessures s’ouvrent.

 

 

J’ai fait de mon mieux pour me préserver des mauvaises nouvelles liées aux courbes de croissance relatives à la pandémie du Covid en France ou ailleurs. Cependant, jusqu’à mon départ en vacances mi-juillet de l’année dernière (soit en juillet 2020), comme la majorité des gens en France, je me suis fait intoxiquer par tous ces cursus de mauvaises nouvelles liées au Covid que nous avons suivi de force.

Entre mi-mars 2020 et juillet 2020, comme beaucoup, j’avais vĂ©cu quatre mois de camisole anxiogène. J’estime pourtant avoir Ă©tĂ© moins Ă  plaindre que d’autres :

 

Le fait de partir travailler –même si sans masque pour les premières semaines- de sortir de chez moi et d’être actif m’avait permis de ne pas subir la totalité du tabassage médiatique et/ou gouvernemental à propos des chiffres mortels du Covid. Nous devions nous attendre à clamser tels des cafards enserrés dans les vaporisations d’une bombe insecticide de la marque Covid. Finalement, j’ai échappé à mon extermination. Mais plus pour très longtemps, manifestement.

 

J’ai, pour l’instant, conservĂ© mon emploi lĂ  ou d’autres l’ont perdu. J’ai eu droit Ă  une prime, comme d’autres collègues soignants, pour mon « courage Â» ou mon « hĂ©roĂŻsme Â». Alors que d’autres collègues et d’autres personnels (Ă©boueurs, caissières, caissiers….) exposĂ©s eux-aussi, n’ont pas, semble-t’il, touchĂ© de prime. Cette prime, je l’ai acceptĂ©e. Je ne suis pas riche.

 

Mais depuis quelques jours- depuis que le vaccin anti-Covid est devenu obligatoire avec la date butoir du 15 septembre 2021-  je suis obligĂ© de retourner dans le purgatoire des informations que je peux trouver Ă  propos des bienfaits et des effets des vaccins anti-Covid actuellement Ă  disposition. Jusque lĂ , je comptais sur le temps. J’attendais qu’un vaccin Ă©prouvĂ© et fiable pratiquement Ă  cent pour cent, avec le moins d’effets secondaires graves possibles soit crĂ©e. Ou que le pandĂ©mie tombe. Mais, dĂ©sormais,  j’ai officiellement suffisamment pris mon temps comme ça !  

Au jardin des plantes d’Amiens, juillet 2021.

 

 

Pour le bien du patient

 

« Pour le bien du patient Â» est une expression très utilisĂ©e dans le milieu soignant pour faire passer certaines mesures. Elle peut ĂŞtre remplacĂ©e par les termes « dĂ©ontologie Â» ou « Ă©thique Â». Avec ces trois termes, on peut Ă  peu près tout exiger des soignants. Autant pour se dĂ©vouer Ă  leur travail dans d’assez saines conditions que  pour accepter toutes sortes de dĂ©gradations de leurs conditions de travail.

 

En décidant de sanctionner, à partir du 15 septembre 2021, (en licenciant et autres) tout soignant qui, en cas de contrôle, ne serait pas vacciné contre le Covid, le gouvernement semble avoir trouvé en quelques semaines la solution pour contrer la pénurie soignante. Une pénurie incurable depuis des décennies et qui s’est aggravée depuis la pandémie du Covid d’après ce que j’avais lu dans un numéro du journal Le Parisien il y a quelques jours.

 

D’un point de vue pratique, le gouvernement estime peut-ĂŞtre qu’en cas de licenciement massif de soignants non vaccinĂ©s Ă  partir de mi-septembre que les conditions de travail vont s’amĂ©liorer dans les lieux de soins. Qu’il y a encore beaucoup trop de soignants en exercice. Ou que les soignants n’ont pas d’autre choix que faire ce qu’on leur demande…pour le bien du patient. Ou, alors, l’augmentation de salaire promise Ă  certains soignants ( aides-soignants et infirmiers) pour cet automne est peut-ĂŞtre trop difficile Ă  assumer. Il faut peut-ĂŞtre diminuer le plus possible la masse salariale. Ou conditionner l’attribution de cette augmentation salariale ( qui aurait dĂ» avoir lieu depuis des annĂ©es) Ă  la dĂ©tention du pass sanitaire avec une vaccination anti-covid Ă  jour. 

 

 

Avant d’en arriver lĂ , l’annĂ©e dernière, lors du premier confinement, j’estimais avoir  eu de la chance. Et, j’avais un peu raison.

 

 

La « chance Â» de l’annĂ©e dernière

 

 

En effet, dans ma ville, nous avons eu de la « chance Â» : notre enfant ayant un père et une mère soignante, une « Ă©cole Â» proche de chez nous l’accueillait sur nos horaires de travail.

 

Mais ça, c’était l’année dernière entre Mars et juillet. Lorsque je croyais encore que nous avions vécu le plus difficile. Ou que le port du masque suffirait.

 

Mais ça ne suffit pas. Il faut désormais se faire vacciner.

Au jardin des plantes d’Amiens, juillet 2021.

 

 

Il y a quelques jours, des manifestants anti-vaccination obligatoire contre le Covid ont porté l’étoile jaune des juifs du temps des camps de concentration. Je ne vais pas jusque là.

 

J’ai aussi été étonné d’apprendre récemment que le frère d’un ami considère que la pandémie du Covid est une fumisterie et une émanation d’un complot sioniste. Je ne vais pas jusque là non plus. Et j’ai dit à cet ami – vacciné contre le Covid- que cette croyance avait permis l’existence des camps de concentration il y a plus d’un demi-siècle. Mon ami a acquiescé.

 

 

J’ai plus de mal dans le fait de donner ma pleine et mon immédiate confiance dans des vaccins dont certains effets secondaires, pour rares qu’ils soient, peuvent être graves (thromboses…). Ainsi qu’avec cette part de voyage dans l’inconnu pour des vaccins pour lesquels on manque de recul.

 

Cela en sachant que pour bien des décisions importantes, je prends du temps.

 

Je me dis aussi que si j’ai pu échapper au Covid jusqu’à maintenant sans vaccin, que cela peut continuer.

 

Avant de partir pour notre sĂ©jour Ă  Amiens, j’ai effectuĂ© une sĂ©rologie Covid ainsi qu’un bilan complet. J’ai espĂ©rĂ© ĂŞtre « porteur sain Â». Je me suis dit que j’avais Ă©tĂ© cas contact- comme d’autres collègues- deux fois au mois de mars. MĂŞme si le rĂ©sultat avait Ă©tĂ© nĂ©gatif Ă  chaque fois, j’avais peut-ĂŞtre dĂ©veloppĂ© une rĂ©action immunitaire effective et indolore. Le rĂ©sultat de ma sĂ©rologie Covid a Ă©tĂ© impitoyable. Aucune rĂ©action immunitaire notable.

 

 

Sauf que ce que je comprends maintenant, c’est que l’obligation de la vaccination va endurcir une radicalisation déjà existante des personnes anti-vaccins. Et, sans doute aussi endurcir une radicalisation déjà existante chez les personnes pro-vaccins. Mais aussi des mesures politiques, économiques et policières. Et, ce que je n’avais pas prévu, c’était que cette radicalisation des anti-vaccins et des pro-vaccins va créer des séparations douloureuses et intimes au sein des familles, des amis et des couples.

 

En Mars 2021, lors de son premier discours «  Covid Â», le PrĂ©sident Macron avait sorti son « Nous sommes en guerre Â». Son faux air de De Gaulle lui avait donnĂ© un cĂ´tĂ© guignol. Parce-que trop jeune pour cette parole. Parce-que trop prĂ©servĂ© et trop gâtĂ© par la vie et par sa rĂ©ussite. Pourtant, en repensant Ă  ce « Nous sommes en guerre Â», je me dis que, pour la première fois de notre vie, pour nous qui n’avons pas vĂ©cu la Seconde Guerre Mondiale, l’Indochine ou la Guerre d’AlgĂ©rie, cette vaccination maintenant obligatoire contre le Covid (mĂŞme si elle n’a pas encore Ă©tĂ© votĂ©e) nous met- au moins symboliquement- dans la mĂŞme situation que ces appelĂ©s qui devaient s’enrĂ´ler dans l’armĂ©e pour participer Ă  un conflit militaire. A ceci près qu’il y a des annĂ©es maintenant que le service militaire n’est plus obligatoire et que nous nous faisons aujourd’hui enrĂ´ler de manière moins frontale. Le plus souvent, avec notre consentement. Ou en nous laissant, aussi, l’impression de pouvoir choisir.

 

Or, les conditions de cette vaccination ne sont pas sĂ©curisĂ©es Ă  cent pour cent. Et nous savons maintenant qu’il y aura d’autres variants.  Et que cette pandĂ©mie va durer plus que trois ou quatre mois puisque cela va bientĂ´t faire un an et demi maintenant.

 

Il y a aussi cette croyance, cette rumeur ou cette « information Â» selon laquelle les vaccins anti-Covid seraient si nĂ©fastes que toute personne se faisant vacciner contre le Covid serait amenĂ©e Ă  dĂ©cĂ©der d’ici deux Ă  trois ans.

 

 

Nous vivons dans une époque où nous acceptons facilement qu’une série télévisée puisse durer des années. Mais pas de nous retrouver dans la série. Or, avec la pandémie du Covid, ses variants et ses vaccins, nous sommes dans la seringue de la série.

Au point que je me suis demandĂ© tout Ă  l’heure, si, dans un monde sans la pandĂ©mie du Covid qui nous recouvre depuis un an et demi, un film comme Titane de Julia Ducournau aurait pu avoir la palme d’Or comme cela est arrivĂ© cette annĂ©e au festival de Cannes. ( Titane- un film de Julia Ducournau )

 

Dans Titane, Alexia fuit sa mĂ©moire. Elle est entraĂ®nĂ©e dans sa fuite et doit improviser son histoire. A l’inverse, si le personnage de Jason Bourne est amnĂ©sique, au moins est-il surentraĂ®nĂ© pour se dĂ©fendre et pour tuer. Au point qu’il peut se fier Ă  son corps lorsque celui-ci prend le relais de sa mĂ©moire. Il n’a pas Ă  penser.

Vis-Ă -vis du vaccin anti-covid, je n’ai ni entraĂ®nement et ni mĂ©moire. J’ai donc du mal Ă  rĂ©agir aussi vite qu’un Jason Bourne. Et, contrairement Ă  Alexia qui est jugĂ©e pour voir tuĂ©, je peux ĂŞtre jugĂ© – sans volontĂ© et sans possibilitĂ© de fuir- car je pourrais tuer.

D’autres peuvent se passer d’entraînement et de mémoire et se font vacciner contre le covid. J’envie leur confiance envers la vaccination anti-Covid.

 

Franck Unimon, lundi 26 juillet 2021.

 

 

 

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Dojo 5

Intérieur du salon de thé Tencha à Angers.

 

                                                       Dojo 5

Le Dojo 5 se trouve près d’une piscine de 33 mètres de longueur. Celle-ci est en rénovation, rue de Pontoise.

 

Pour beaucoup, la rue de Pontoise se trouve à Paris. Pour moi, Pontoise est soit une ville soit une couleur où j’ai vécu et travaillé.

 

Ce samedi 17 juillet, j’arrive au dojo 5 afin d’assister au stage d’AĂŻkido dispensĂ© par Sensei LĂ©o Tamaki. J’ai appris la tenue de ce stage Ă  Paris, ce 17 et ce 18 juillet un peu par hasard il y a deux ou trois jours. A la fin de son interview de Franck Ropers dans le magazine Yashima de ce mois de juillet 2021, on tombe sur plusieurs dates de ses stages cet Ă©tĂ© en France.  

 

J’ai croisĂ© une fois LĂ©o Tamaki dans la rue. C’était par hasard il y a quelques mois près des Galeries Lafayette. Lors des prĂ©paratifs des fĂŞtes de NoĂ«l de l’annĂ©e dernière.  Après ĂŞtre allĂ© rencontrer Sensei Jean-Pierre Vignau Ă  son domicile. Autrement, LĂ©o Tamaki et moi avons principalement communiquĂ© par mails. C’était en vue d’une interview pour mon blog. Cet Ă©tĂ©, ce serait plus simple avec la pandĂ©mie du Covid.

 

J’arrive sans prévenir au dojo 5. J’ai bien envoyé un mail à Léo Tamaki il y a quelques jours. Il ne m’a pas répondu. Il doit être très occupé. Je ne sais pas comment il va réagir. Afin de m’aider à appréhender au mieux cette inconnue, je suis assez fraîchement imprégné par ma lecture de l’ouvrage Uchideschi ( dans les pas du Maitre) de Jacques Payet, Sensei d’Aïkido 8ème Dan.

 

Lors de mon trajet en train pour Paris St Lazare, afin de me rendre Ă  ce stage, je n’ai pas pu m’empĂŞcher de rire lorsque Jacques Payet (page 79) raconte la mĂ©saventure de Yamada, l’un de ses partenaires lors de sa formation particulièrement difficile d’UCHIDESHI  dans les annĂ©es 80 :

 

« Mais nous n’osions pas nous effondrer au risque d’affronter la fureur des instructeurs. C’est ce qui est arrivĂ© Ă  Yamada. Il n’était pas très fort physiquement et il avait du mal Ă  rester si bas sur ses jambes pendant une si longue pĂ©riode. L’instructeur lui a criĂ© dessus une fois, puis deux fois, puis a commencĂ© Ă  lui donner des coups de pied. Lorsqu’ils ont rĂ©alisĂ© qu’il n’en pouvait plus, ils l’ont sĂ©parĂ© du groupe et l’ont mis devant un miroir pour qu’il puisse voir son propre visage et savoir Ă  quel point c’était humiliant d’être un lâcheur. Au bout d’un moment, il a rejoint la classe, mais seulement après avoir Ă©tĂ© sĂ©vèrement rĂ©primandĂ© devant ses pairs Â».

 

Mais impossible pour moi de savoir si je rirai autant lorsque je ferai face à Léo Tamaki dans le dojo 5. Surtout que j’ai quelques minutes de retard. A St Lazare, en me dirigeant vers la ligne 14, j’ai reconnu une amie dont je n’avais pas eu de nouvelles depuis environ deux ans. Nous avons été contents de nous revoir.

 

Après avoir fait le code d’accès, la lourde porte s’ouvre. Une cour intérieure et, au bout, le dojo avec la silhouette de Léo Tamaki parmi ses élèves. Aucune possibilité de laisser mon vélo pliant. J’ai bien fait de le laisser chez moi.

 

Le cours a débuté. Je me rapproche. Je suis à un ou deux mètres de l’entrée du dojo que Léo Tamaki vient vers moi en souriant. Il semble bien se souvenir de moi. Ne paraît pas plus surpris que ça.

Lorsque je lui demande si je peux assister au cours, il accepte aussitôt. Et m’invite à me mettre dans un coin sur le tatami.

 

Instinctivement, je m’installe en seiza. Prévenant, il m’informe que je peux me mettre à l’aise. Puis, il repart.

 

Il y a une vingtaine de stagiaires. Dont une majorité d’hommes. Deux ou trois pratiquants peut-être ont la cinquantaine. Autrement, la fourchette d’âge est entre 25-28 ans et 45 ans, je dirais. Il y a des pratiquants expérimentés. Et des débutants.

 

 Le stage a dĂ©butĂ© ce matin mais je n’ai pas pu venir. Le travail s’effectue alors avec le bokken. LĂ©o Tamaki passe rĂ©gulièrement parmi les Ă©lèves. Corrige en montrant Ă  nouveau. Fait parfois de l’humour. Laisse travailler quelques minutes. Puis interpelle le groupe et refait sa dĂ©monstration ou insiste sur telle particularitĂ© avant de demander :

« Recommencez s’il vous plait Â».

 

Nous sommes très loin de l’ambiance japonaise décrite par Jacques Payet.

 

LĂ©o Tamaki parle de « dissocier Â». Et de « structure Â». Ce sont des mots qui lui sont assez familiers, je crois. Un autre moment, il souligne : « Par dĂ©faut, considĂ©rez toujours que votre adversaire peut sortir une arme Â». Il a Ă  cĹ“ur de rendre la pratique aussi rĂ©aliste que possible, fait des parallèles avec d’autres pratiques martiales. Je regarde celles et ceux qui s’entraĂ®nent. Les dĂ©placements. Je me dis que cela doit ĂŞtre difficile de rester concentrĂ© sur une si longue durĂ©e pour porter des atemis. Mais « j’aime Â» que la main remplace le sabre lors de certaines attaques.

 

Certaines techniques me semblent plutĂ´t hors de ma portĂ©e. Je rĂ©flĂ©chis Ă  la solution Ă  trouver face Ă  un adversaire plus grand. Je me dis que cela doit ĂŞtre un bon apprentissage que de s’entrainer Ă  voir un bokken s’abattre sur soi ou sur sa tĂŞte. Mais LĂ©o Tamaki insiste :

« C’est lui que tu dois regarder. Pas le sabre Â».

 

Lorsque j’ai pratiquĂ© un peu le judo, je venais seulement pour « faire Â» et pour « jaillir Â». Trop peu pour regarder. C’est une erreur que j’ai beaucoup rĂ©pĂ©tĂ©e. Peut-ĂŞtre que quelques participants ont Ă©tĂ© intriguĂ©s par ma prĂ©sence.

 

Les deux heures sont passĂ©es. A la fin du cours, j’attends que LĂ©o Tamaki soit disponible pour lui parler un peu. Il me dit alors « Tu Â». MĂŞme si je n’ai fait « que Â» regarder, je comprends qu’il m’a vu durant son cours. Et, il m’a vu sans dĂ©tour. Mon ego et mes ruminations Ă©taient au repos sur le tatami.

 

Je croyais que ce dojo Ă©tait un dojo de circonstance pour le stage. Il m’a appris que le lieu oĂą il enseignait auparavant a « fait faillite Â». Une de ces nombreuses consĂ©quences, pour l’instant invisibles,  dues Ă  la pandĂ©mie du covid.

 

Il est convenu que je reviendrai fin aout pour l’interview. J’ai prévu de venir avec un caméraman et une photographe. Le premier m’a été recommandé par une amie, journaliste et productrice, spécialiste du cinéma africain. J’ai connu et joué avec la seconde lorsque j’avais repris des cours d’interprétation théâtrale au conservatoire d’Argenteuil.

 

En aout, si je peux, je participerai aussi à un cours ou deux d’Aïkido.

 

Je me sens bien en quittant le dojo 5.

 

 

Franck Unimon, ce lundi 19 juillet 2021.

 

 

 

 

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Vacciner plus pour soigner plus !

 

Vacciner plus pour soigner plus !

 

 

Ce que j’aime dans les enterrements, c’est que l’on y vit des moments de sincérité. C’est pareil avec l’humour.

 

Il y a deux ou trois jours, le PrĂ©sident de la RĂ©publique, Emmanuel Macron, le Ministre de la SantĂ©, Olivier VĂ©ran,  puis la Ministre du Travail, Elizabeth Borne, nous ont fait savoir qu’à partir du 15 septembre tout soignant non vaccinĂ© contre le Covid, en cas de contrĂ´le, s’exposerait Ă  des sanctions:

 

Mise Ă  pied, licenciement, suspension du salaire.

 

Ce n’est pas cela qui m’a fait sourire. Et, je n’ai pas vu de sincĂ©ritĂ© particulière non plus dans ces nouvelles dispositions dans l’intention de pousser les soignants Ă  se faire vacciner Ă  double dose d’ici le 15 septembre. J’ai plutĂ´t vu un passage en force. Je m’attendais Ă  ce que la vaccination anti-Covid devienne obligatoire pour les soignants ou, simplement, pour voyager hors de la France. Mais pas Ă  ce qu’elle le devienne aussi « vite Â». ( Des soignants hĂ©roĂŻques et irresponsables)

 

Un succès sanitaire et politique. Pour l’instant.

 

Le 15 septembre, c’est dans deux mois. Depuis l’intervention tĂ©lĂ©visĂ©e du PrĂ©sident Macron, « tout le monde Â» veut se faire vacciner. Donc, son intervention serait un succès.

 

Sanitaire. Et politique. Pour l’instant.

 

Mais si j’ai parlĂ© d’enterrement au dĂ©but de cet article, c’est parce-que le lendemain de l’allocution prĂ©sidentielle d’Emmanuel Macron pour « nous Â» exhorter, nous les soignants, Ă  nous faire vacciner, j’ai appris le dĂ©cès du père de mon meilleur ami. Cela m’a ramenĂ© Ă  Nanterre oĂą j’ai grandi, près du collège oĂą cet ami et moi nous Ă©tions rencontrĂ©s la première fois. Le collège Evariste Galois qui va bientĂ´t disparaĂ®tre en raison de l’impasse pĂ©dagogique oĂą il s’est emmurĂ©.

 

Je suis allĂ© Ă  l’enterrement le jour-mĂŞme. Ainsi que dans une mosquĂ©e, pour la première fois de ma vie. Une part de chagrin m’inspire donc peut-ĂŞtre certaines de mes pensĂ©es dans cet article. Mais, comme je l’ai annoncĂ©, j’aime, dans les enterrements «  les moments de sincĂ©ritĂ© Â» que l’on y vit. Et, je ne vais pas renoncer Ă  ces moments de sincĂ©ritĂ© alors que j’écris.

 

Les réactions de quelques journaux après l’allocution télévisée du Président Macron, ce 12 juillet

 

Il m’est déjà arrivé de rire ou de sourire lors d’un enterrement. Et je souhaite qu’on le fasse lors du mien. On pourra même danser. Avec ou sans vaccination anti-Covid.

Mais ce qui m’a fait sourire ou rire aujourd’hui, c’est plusieurs dessins du dernier numĂ©ro du journal Charlie Hebdo que je lis rĂ©gulièrement depuis « les attentats Â» de 2015.

 

 

 

Il y a quelques jours, je parlais de l’éditorial du journal La Croix dans mon article Des soignants hĂ©roĂŻques et irresponsables. Aujourd’hui, je parlerai plutĂ´t du dernier numĂ©ro de Charlie Hebdo : le numĂ©ro 1512 du 14 juillet 2021 que je n’ai pu acheter que ce matin( jeudi 15 juillet).

 

J’avais besoin de lire les réactions de différents journaux après l’intervention du Président Macron et des Ministres Véran et Borne. Car j’avais exposé mes réserves envers la vaccination anti-Covid. Même si je suis favorable à la vaccination. Mais pas n’importe comment.

 

En première page de Charlie Hebdo, parmi les titres, on peut lire : Les soignants boudent le vaccin (le verbe « boudent Â» est Ă©crit en rouge). Il y a la caricature du PrĂ©sident Macron qui plante sa seringue dans la tĂŞte d’un travailleur d’un certain âge, plutĂ´t fourbu, et qui dit, sur un fond rouge, avec un air assez diabolique ou sadique :

 

« Vacciner plus….pour travailler plus ! Â».

 

Soit une allusion à la réforme des retraites dont le Président Macron compte reculer l’âge. Je viens à l’instant de m’inspirer de cette phrase pour le titre de cet article qui était totalement différent au départ.

 

Puis, en deuxième page de Charlie Hebdo, dĂ©bute le bal Ă  propos du sujet qui me concerne particulièrement en tant que soignant non vaccinĂ© contre le Covid Ă  ce jour. Sujet qui touche aussi visiblement beaucoup plus de Français qu’il n’y a de soignants en France depuis l’intervention du PrĂ©sident Macron.  Puisque depuis, la prise de rendez-vous par Doctolib est dĂ©bordĂ©e :

 

Pour une vaccination anti-Covid.

 

Les dessins de Charlie Hebdo agrĂ©mentĂ©s du titre ANTIVAX A L’HĂ´pital (Pourquoi le personnel soignant rechigne-t’il Ă  se faire vacciner ?) m’ont fait sourire voire rire.

 

 

 

 

Pour moi, vivre, faire de l’humour et de l’autodérision vont de pair avec ma santé mentale.

 

L’article de GĂ©rard Biard qui suit est intitulĂ© Pour une vaccination inclusive. Seul le mot « inclusive Â» est inscrit en noir. Les mots qui le prĂ©cèdent sont en plus gros caractères et de couleur rouge.

Et le but de GĂ©rard Biard n’est pas de faire rire. Sauf un peu lorsqu’il avance que :

 

 Â« (….) depuis  un an et demi, les pontes de l’hĂ´pital public sont davantage susceptibles de contaminer un journaliste tĂ©lĂ© ou une maquilleuse qu’un patient…. Â».

 

Plus prĂ©cis que l’éditorialiste JĂ©rĂ´me Chapuis du journal La Croix pour son article Une obligation morale, GĂ©rard Biard, dans son article, Ă©nonce que les soignants rĂ©calcitrants au vaccin anti-Covid sont majoritairement des personnels infirmiers et aides-soignants ou autre personnels soignants. « 46% Â» d’entre eux, dit-il ne sont « toujours pas vaccinĂ©s Â». Alors que d’après les chiffres de l’AP-HP « seuls 9% des mĂ©decins ne sont Ă  ce jour pas du tout vaccinĂ©s, et 70 % ont reçu les deux doses Â».

 

Soit beaucoup mieux que les personnels aides-soignants et infirmiers.  Est-ce dĂ» Ă  leur esprit matheux, scientifique,  ou Ă  leur cĂ´tĂ© « premier de la classe Â» ? De toutes façons, les mĂ©decins ont toujours besoin de se dĂ©marquer par rapport Ă  nous, les personnels aides-soignants et infirmiers.

 

 

Si Biard reconnaĂ®t que la «  raison Â» de la rĂ©ticence de ces personnels soignants «  face Ă  la vaccination anti-Covid n’est pas forcĂ©ment inaudible (….) Â» il met cependant l’accent sur la prioritĂ© qui doit ĂŞtre accordĂ©e aux patients. Et, il conclut son article par ces deux phrases :

 

« On choisit de travailler Ă  l’hĂ´pital. On ne choisit pas d’y ĂŞtre soignĂ© Â».

 

La vaccination , un autre pass navigo

 

 

J’étais en dĂ©saccord avec les conclusions de Biard. Cependant, depuis l’intervention tĂ©lĂ©visĂ©e de Macron et celle de VĂ©ran et Borne, j’avais lu quelques articles supplĂ©mentaires sur le sujet de la vaccination. Dans des journaux de sensibilitĂ© assez diffĂ©rente :

 

Charlie Hebdo, donc, La Croix, mais aussi Le Canard Enchainé et L’Humanité. Si Charlie Hebdo et Le Canard Enchainé sont assez cousins, ils sont assez éloignés de La Croix et du journal L’Humanité. Sauf, peut-être, par le fait qu’ils sont, je crois, les quatre seuls journaux encore indépendants financièrement en France. Et ces quatre journaux font consensus en faveur de la vaccination anti-Covid. De même que le journal Les Echos.

J’ai aussi contacté une amie, connue durant mes études d’infirmier il y a plus de trente ans, qui, d’une part, perçoit la stratégie de Macron et de son gouvernement comme une stratégie dictatoriale derrière une effigie de démocratie mais qui, d’autre part, m’a répondu s’être faite vacciner contre le Covid, ainsi que son mari et leurs enfants ( 18 ans et plus). Afin de pouvoir voyager.

 

De mon cĂ´tĂ©, je vis près de Paris. Et je dĂ©pends Ă©conomiquement de mon travail en plein Paris, soit dans une rĂ©gion de plus en plus quadrillĂ©e. Une rĂ©gion oĂą il est dĂ©sormais impĂ©ratif d’avoir son pass navigo pour passer des portiques qui ont poussĂ© partout ces dix dernières annĂ©es et, oĂą, aussi, les contrĂ´les de titres de transport sont devenus rĂ©guliers. Nous sommes de plus en plus contrĂ´lĂ©s pour tout. ContrĂ´le technique pour la voiture. Niveau de pollution de la voiture. Nous nous devons d’avoir un tĂ©lĂ©phone portable. Mais aussi une connexion internet. Et d’avoir des mots de passe. Dans ce monde-lĂ , pour vivre sans le « pass Â» qui ouvre les portes,  les comptes ou qui dĂ©verrouille le tĂ©lĂ©phone, la tablette numĂ©rique ou l’ordinateur, il faut soit ĂŞtre un gĂ©nie de la fraude ou un Evariste Galois de l’informatique. Soit ĂŞtre Ă©tranger Ă  ces normes. Ou ĂŞtre un exclu ou un « inadaptĂ© Â». La personne « normale Â» ou nĂ©vrosĂ©e, elle, prĂ©fèrera avoir son « pass Â» afin de s’éviter d’avoir Ă  formuler tout un tas  de calculs en vue de se dĂ©barrasser de bien des contrĂ´les et des portiques de son quotidien.

 

Je vois donc cette vaccination anti-Covid, pour le sujet citadin lambda que je suis, comme une Ă©preuve de rĂ©alisme. Si je vivais en pleine campagne et dans une certaine autonomie  Ă©conomique, j’opterais sans doute pour une prolongation de mon abstinence vaccinale.

 

Je tenais Ă  ce passage dans mon article.

 

Par ailleurs, en repensant Ă  l’article de Biard et Ă  celui d’autres journalistes, je me suis aperçu que trois mots au moins manquent invariablement chaque fois qu’est mentionnĂ©e la « dĂ©fiance Â» des soignants envers la vaccination anti-Covid. Chaque fois qu’il est suggĂ©rĂ© que les soignants qui refusent la vaccination anti-Covid sont des irresponsables et des Ă©goĂŻstes.

 

L’épidĂ©mie des mots :

 

« Irresponsables Â», « Ă©goĂŻstes Â», « immatures Â», « idiots Â»,  «  capricieux Â» ce sont, pour, rĂ©sumer les quatre ou cinq mots qui servent de piliers pour essayer de comprendre cette « dĂ©fiance Â» ou cette « rĂ©ticence Â» ou ce « refus Â» de certains soignants concernant la vaccination anti-Covid.

 

Et, le fait que trois autres mots, au moins, soient rarement rappelĂ©s atteste, selon moi, que le mal est vraiment profond et bien antĂ©rieur, une fois de plus Ă  la pandĂ©mie du Covid. Et contre l’ « oubli Â» de ces mots, je me demande s’il y aura jamais un vaccin efficace. Car, ce n’est pas faute de connaĂ®tre ces mots Ă  propos des soignants :

 

 

Saturation. Epuisement. Surmoi.

 

On va commencer par le Surmoi des soignants. Je vais parler ici de celui des aides-soignants et des infirmiers. Tous les soignants ont un Surmoi. Mais concernant la vaccination anti-Covid, les « mauvais Ă©lèves Â» sont visiblement les personnels aides-soignants et infirmiers.

 

Le Surmoi des soignants :

Le « Surmoi Â» des soignants- ou leur sens du Devoir- est si prononcĂ© qu’à mon avis, il s’accompagne rĂ©gulièrement d’une certaine autodĂ©prĂ©ciation constante.

 

Ce qui est bien pratique.

 

Pour les gouvernements qui, depuis vingt Ă  trente ans, doivent se sentir en toute sĂ©curitĂ© lorsqu’ils entendent parler de manifestations de soignants qui espèrent des amĂ©liorations de leurs conditions de travail. Et, cela, aussi, pour «  le bien des patients Â».

 

Ce « Surmoi Â» des soignants est aussi bien utile Ă  bien des managers, responsables hiĂ©rarchiques ou directeurs d’hĂ´pitaux afin de faire accepter certaines conditions de travail difficiles et durables. Mais, aussi, pour culpabiliser les soignants qui feraient « mieux Â» ou « bien Â» de penser avant tout «  au bien des patients Â» ou d’être « solidaires Â» de leurs autres collègues. Et, c’est comme ça depuis vingt ans, trente ans, plus, moins, selon les services, selon les Ă©tablissements, selon les personnalitĂ©s des uns et des autres, selon les circonstances.

 

Il n’y a rien de nouveau.

 

Et puis, arrive la pandémie du Covid.

 

Surmoi + Pandémie du Covid =

Parmi ces journalistes, dont Biard et Chapuis, j’en suis sûr, qui ont su décortiquer le mal-être des soignants depuis des années, il se trouve aujourd’hui des journalistes qui ont oublié ou qui oublient ce qu’endurent bien des soignants depuis des années. Et, cela, bien avant la pandémie du Covid. En termes de conditions de travail.

 

Or, lorsque la pandémie du Covid a été officialisée en France l’année dernière avec le premier confinement, ce qui a été exigé de ces soignants, c’est d’en faire encore plus que d’habitude. Et avec moins de moyens. Dont, moins de masques ou pas de masques. Moins de personnel à certains endroits. Et, pas de vaccin anti-Covid fiable à cent pour cent.

 

S’il est « admis Â» maintenant que la vaccination anti-covid est actuellement le meilleur moyen, mĂŞme s’il est imparfait, pour peut-ĂŞtre se sortir de la pandĂ©mie du Covid, il est aussi « admis Â» que cette pandĂ©mie du Covid, en un an et demi, a aussi beaucoup Ă©prouvĂ©. Il y a les morts.  Et, il y a les vivants.

 

Dessin dans le « Charlie Hebdo » de ce 14 juillet 2021.

 

Beaucoup, parmi les vivants, ont Ă©tĂ© touchĂ©s Ă©conomiquement. Et, autant ont Ă©tĂ© touchĂ©s physiquement et moralement. Parmi ces personnes Ă©prouvĂ©es, on retrouve des soignants. Des soignants qui, depuis un an et demi, ont donnĂ© de leur personne encore plus que d’habitude, du fait de la pandĂ©mie, et qui constatent un an et demi plus tard que, malgrĂ© leurs efforts, la pandĂ©mie est toujours lĂ . Mieux : aujourd’hui, on les voit comme des irresponsables lorsqu’ils se disent opposĂ©s Ă  la vaccination anti-Covid. Car il est « admis Â» qu’il y a un manque de recul. Mais, aussi, qu’il peut y avoir des effets secondaires. Ou que, comme Biard le dit dans son article :

 

« Certes, il paraĂ®t que la vaccination n’empĂŞche ni la contamination ni la contagion. Mais elle en diminue grandement le risque et les effets (….) Â».

 

 

Face Ă  ces rĂ©serves des personnels soignants, la rĂ©ponse, ferme et, dĂ©sormais, autoritaire et gouvernementale, donc, hospitalière, est toujours la mĂŞme depuis vingt Ă  trente ans :

 

« Pan-pan, cul-cul ! Â».

 

Culpabilisation et infantilisation des soignants depuis des annĂ©es mène aussi Ă  cette saturation des soignants. Car, culpabiliser et infantiliser des soignants, c’est assez banal dans le milieu. Et, c’est ce que fait aussi Biard dans son article. Lorsqu’il conclut :

 

« On choisit de travailler Ă  l’hĂ´pital. On ne choisit pas d’y ĂŞtre soignĂ© Â». Sa phrase est pleine de bonne sens. Et, elle est inattaquable. On ne va pas reprocher Ă  un patient d’avoir besoin de soins. Ou alors dans un sketch humoristique.

 

Sauf que Biard, comme d’autres, oublie un autre mot, finalement : les limites.

 

Les limites des soignants :

Avoir un surmoi, un sens du Devoir, une conscience professionnelle, ça incite bien des fois Ă  se surpasser. A ne pas compter ses heures. A accepter de vivre- parfois jusqu’Ă  la saturation et l’Ă©puisement- des situations professionnelles et personnelles que le citoyen lambda sera bien content d’éviter. C’est ce qui s’est passĂ©, encore plus que d’habitude, l’annĂ©e dernière lorsque nous Ă©tions applaudis depuis des balcons. Avions-nous vraiment le choix d’aller mourir Ă  l’hĂ´pital en partant y travailler ? Ou avions-nous vraiment le choix de partir travailler Ă  l’hĂ´pital ?

Non.

 

Je ne crois pas que des soignants puissent s’offrir le luxe de « choisir Â». C’est plutĂ´t le contraire. Etre soignant, mĂŞme si l’on « choisit Â» de le devenir, ou de l’être, cela devient assez vite un non-choix. Puisque très vite, le Surmoi, le sens du Devoir, du sacrifice, la conscience professionnelle, ou le fait d’être sollicitĂ© ou dĂ©signĂ©, nous oblige en quelque sorte Ă  ĂŞtre lĂ .  Donc, parler de choix pour un soignant, c’est presque très vite une abstraction. Puisqu’être soignant, c’est faire abstraction de soi. Quel choix ?!

 

Constamment, régulièrement, les soignants doivent répondre ou ont à répondre à des injonctions diverses.

 

L’un des apprentissages les plus difficiles à faire pour le personnel soignant, lors de son exercice professionnel, lorsqu’il fait cet apprentissage, c’est celui de ses limites.

Un des dessins du Charlie Hebdo de ce 14 juillet 2021, page 2.

 

 

Si le personnel soignant s’en remettait uniquement à sa hiérarchie pour que celle-ci respecte ses limites ou les fasse respecter, il y aurait sans doute encore plus de personnel soignant en situation de burn-out ou en arrêt maladie. Tant le personnel soignant peut être incité, pour différentes raisons, à en faire plus. Donc, le choix, dans tout ça…..

 

 

Un profond malaise

 

 

Au lieu de percevoir les personnels soignants récalcitrants ou réticents à la vaccination anti-Covid, comme seulement des grands irresponsables, des grands égoïstes ou des grands idiots, il faudrait plutôt, je crois, se dire, que pour que des professionnels aussi dévoués s’arque-boutent de cette manière contre un vaccin, c’est qu’il existe un profond malaise. Envers ce vaccin. Dans la profession. Dans la société. Dans le monde. Et que c’est peut-être de là que vient toute cette résistance contre la vaccination anti-Covid.

 

Et si le malaise est aussi profond, ce passage en force du gouvernement pour la vaccination anti-Covid va dĂ©boucher sur des troubles  sociaux radicaux du type gilets jaune.

 

Franck Unimon, ce vendredi 16 juillet 2021.