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Les gens comme moi ou C’est toute une histoire

 

Les Gens comme moi ou C’est tout une histoire

Un film, c’est au moins vingt quatre images seconde. Le temps d’écrire cette phrase, lors d’une simple vidĂ©o, on s’est dĂ©jĂ  enfilĂ© bien plus que vingt quatre images par seconde.

 

Les films, les séries, les vidéos mais aussi les pubs que nous gobons quotidiennement nous imprÚgnent de toutes ces images et de toutes ces impressions.

 

Avec internet et, bientĂŽt, « l’apport Â» de la 5 G, nous allons flirter de plus en plus souvent, de maniĂšre volontaire, imposĂ©e, mais aussi stĂ©rĂ©otypĂ©e, avec beaucoup plus d’images et beaucoup plus d’impressions en trĂšs peu de temps. A un point qu’il est difficile de concevoir. Me dire que l’on maitrise ce genre de consommation revient un peu Ă  me dire que l’on maitrise encore parfaitement une situation aprĂšs voir bu plusieurs verres de rhum. Si les effets de l’ivresse due aux images se manifestent diffĂ©remment, ils n’en sont pas moins prĂ©sents. D’autant que nous sommes aujourd’hui dans une Ă©poque oĂč il faut aller vite et en grandes quantitĂ©s. Pour Ă  peu prĂšs tout.

 

Faire partie du passé

Les gens comme moi font partie du passĂ©. Parce qu’ils font encore partie des « anciens mondes Â». Ces mondes oĂč l’on respecte le Temps. Sans doute trop  et mal, « nid-Ă©a-li-sons Â» pas trop, non plus. IL y a aussi du bon dans notre monde actuel. Si j’insiste autant sur Ces mondes oĂč l’on essaie, comme on peut, de composer avec le Temps, c’est parce-que, pour moi, il existe d’autres Temps que celui des montres, de l’économie et de l’informatique.

 

Il y a aussi le Temps  des contes. De la folie. Des Ăąges, des Ă©poques, des langues, des rythmes, des corps et des mĂ©moires diffĂ©rentes. Ce Temps-lĂ , n’est pas toujours admis dans notre monde d’aujourd’hui. Sauf si ce Temps sert un projet viable. S’il parvient Ă  devenir un produit. Un produit que l’on pourra « proposer Â» au plus grand nombre. Rapidement. Pour rĂ©pondre Ă  un « besoin Â». Pour faire carriĂšre. Pour placer son nom dans l’Histoire.

 

MĂȘme si cette Histoire doit ĂȘtre courte.  

 

Le temps d’écrire et de lire ces quelques phrases de mon article, on en a dĂ©ja bouffĂ© des images vidĂ©os de toutes sortes.  Toutefois, je ne vais pas essayer de rivaliser, au travers de mes articles, avec l’afflux gigantesque de vidĂ©os, d’images, mais aussi de flots de mots et de pensĂ©es qui circulent constamment, dans nos tĂȘtes, autour de nous ou devant nos yeux et nos Ă©crans. D’abord, c’est inhumain et impossible. Ensuite, je suis fatiguĂ©. Et puis, je fais aussi partie des insectes cinĂ©philes.

 

Contracter mes articles

 

Par contre, je vais contracter mes articles. Cela devrait soulager beaucoup de personnes. Ce sera l’équivalent de mon « Birth of the cool Â» de Miles Davis. Lorsque celui-ci, face au Be-Bop, avait optĂ© pour ralentir le tempo de sa musique. Par la suite, Miles avait pu faire des titres trĂšs longs (jusqu’à trente minutes) sans aucune parole bien-sĂ»r. Donc, tout ce qu’il faut, pour qu’aujourd’hui, face Ă  la mĂȘme expĂ©rience, un maximum de personnes se cognent la tĂȘte contre les murs et voient cette aventure comme la plus sadique des tortures. Imaginez : A notre Ă©poque actuelle du zapping, du ghosting, des muqueuses de la 5 G toutes proches et toutes lubrifiĂ©es, de l’hyper-connectĂ©, proposer Ă  la majoritĂ© d’entre nous d’écouter un morceau de musique de vingt Ă  trente minutes. Sans bandes annonces au prĂ©alable. En Version originale. Sans dĂ©bat. Sans pub. Sans pop-corn.  Sans coca-cola. Sans bla-bla. Sans paroles. En se taisant. Avec rien d’autre que soi dans la bouche.

 

Je crois que ce serait l’horreur pour beaucoup. Il y a vingt Ă  trente ans, dĂ©jĂ , c’était sĂ»rement comme ça. Alors, aujourd’hui
..

 

Nous sommes dans le monde des vignettes et des capsules. Faire court. Efficace. Direct dans le lard. Dans le cƓur. Dans le pĂ©nis. Le vagin. Le clitoris. C’est ça qui est bon ! ça, c’ est cool ! T’as vu ?!  Comme sur un ring de boxe ou dans un cercle de MMA. Pas de place ni de temps mort pour les baltringues. Tu t’es cru, oĂč ?! Nous,  on veut des K.O ! Bien fait pour ta gueule ! Faire des yeux de biche Ă  quelqu’un, cela peut-ĂȘtre joli et tendre. Un pied de biche, aussi. Mais, dĂ©foncer la gueule de quelqu’un, ses rotules Ă  coups de pieds de biche, c’est « mieux Â» ! ça fait plus de bien que la poĂ©sie ! MĂȘme en costume cravate, en robe Ă  paillettes, avec des vĂȘtements de marques et un carnet d’adresses select,  On est des poĂštes, oui. De la panique et des kicks. On n’est pas lĂ  pour te tailler une bavette.

 

Avec de tels espoirs et de tels projets parmi nos modĂšles dominants, il n’y a donc rien d’ Ă©tonnant Ă  ce que dans certaines manifestations, il y ait des dĂ©bordements, de la casse mais aussi des bavures, des flash-balls, du LBD et des Ă©borgnements. Notre monde et notre Ă©poque ne vantent pas les vertus de la lenteur et du cĂ©rĂ©monial du thĂ©. Ou, alors, seulement, pour l’apparence, l’exotisme, faire du scoutisme ou lors d’un contrat Ă  signer. Par intĂ©rĂȘt. Ou par dĂ©cret. C’est tout.

 

Insecte cinéphile

 

Mais je ne peux pas dire du mal des images de toutes sortes comme de toutes espĂšces. Je fais partie des insectes cinĂ©philes.  Avant que le grand insecticide tout puissant ne me neutralise et ne me convertisse en glucide, je m’en vais poursuivre.

 

Aimer les images ou aimer quelqu’un, ne signifie pas qu’il faille tout lui passer. Ou qu’il faille tout accepter de lui. Et prendre tout ce qui vient de lui- ou d’elle- comme la vĂ©ritĂ© absolue et dĂ©finitive.

 

C’est vrai pour les images que l’on regarde et voit. Comme de ce que l’on lit et entend.

Il faut savoir faire le tri. Mais c’est trĂšs difficile, et ce sera de plus en plus difficile, que d’apprendre Ă  faire le tri. Dans la nature, en certains temps reculĂ©s, par certains cĂŽtĂ©s, c’était peut-ĂȘtre plus « facile Â». Mais, en raison, lĂ  aussi, de certains dangers, et aussi en vue de dĂ©nicher ou de nous rapprocher de certaines opportunitĂ©s, nous avons oubliĂ© ou nous n’avons pas appris ce que c’était.

 

Biais cognitifs

 

Dans son livre Petit guide de contre-manipulation (comprendre, dĂ©celer et contrer les manipulateurs) Christophe Caupenne, « ancien chef du pĂŽle nĂ©gociation du RAID pendant onze ans, aprĂšs 25 ans passĂ©s dans la police Â» parle, page 107, des biais cognitifs. Vous n’avez vu aucune vidĂ©o sur ce sujet ? Et, aucun algorithme ne vous en a proposĂ© ?! Alors, cette petite rasade de mon article- grĂące Ă  l’ouvrage de Caupenne– vous est spĂ©cialement dĂ©diĂ©e :

 

« (
.) ils ( les biais cognitifs) affectent de multiples domaines comme la perception, l’évaluation d’une situation, les relations sociales, la prise de dĂ©cision, les logiques de causalitĂ©, le jugement ou la comprĂ©hension statistique. Ces biais cognitifs ne sont gĂ©nĂ©ralement pas conscients et constituent parfois des travers de l’expertise ou de la logique. Certains d’entre eux sont, en revanche, particuliĂšrement manipulatoires pour qui sait s’en servir Â».

 

Puis, Caupenne parle de plusieurs biais cognitifs. Le premier qu’il aborde est L’effet de primautĂ© (Short term-store effect) :

 

« On n’a pas deux fois l’occasion de faire une bonne impression Â».

 

AprĂšs cette citation, Caupenne continue par la phrase suivante :

 

« Difficile de changer d’avis quand on s’est fait une premiĂšre impression d’une situation ou d’une personne ! Une perception sĂ©lective des informations s’opĂšre alors afin de privilĂ©gier celles qui vont dans le sens de l’impression de dĂ©part Â».

 

L’engagement :

 

Ailleurs, j’avais entendu parler (c’est moi, Franck, qui reprends la « parole Â» dans cet article) de la notion d’engagement.

 

Une fois que l’on s’est engagĂ© moralement et corporellement dans une certaine action ou dĂ©cision, c’est plus difficile de se rĂ©tracter. Pour moi, Caupenne parle aussi de ça dans ce chapitre. Lorsque l’on s’engage, c’est plus difficile de se rĂ©tracter. Car, s’engager, c’est s’avancer physiquement, donc, dans le temps, dans l’espace et dans la gĂ©ographie du monde. Mais, c’est aussi s’avancer, se dĂ©couvrir, s’exposer, se prĂ©senter, aussi socialement. Face au monde. Parfois sans protections. Ou avec ce sentiment d’ĂȘtre sans protection. Et, donc, d’ĂȘtre Ă  la merci d’un ennemi potentiel, visible ou invisible, repĂ©rable ou non.

 

Faire le contraire, s’engager puis se rĂ©tracter en permanence, c’est passer son temps Ă  faire du surplace. Il y a de ça dans la peur, dans l’anxiĂ©tĂ© et dans la phobie.

Cependant, s’engager puis se rĂ©tracter, c’est aussi se contredire et risquer de perdre du crĂ©dit. Mais, c’est donc, aussi, Ă  un moment ou Ă  un autre, si cette tendance est trop lourde et prononcĂ©e, rĂ©gresser. Voire, cela correspond aussi Ă  choisir de mourir lĂ  oĂč l’on est. Tel que l’on est. Avec celles et ceux qui nous entourent et font le choix de rester avec nous ou prĂšs de nous.

 

Dans cette action de s’engager, il y a en fait rĂ©sumĂ©e une grande partie de l’Histoire de l’HumanitĂ© comme de la plupart de nos dĂ©cisions.

S’engager, c’est accepter les consĂ©quences, bonnes ou mauvaises, de nos actions et de nos dĂ©cisions. Donc, devoir ou savoir accepter, aprĂšs s’ĂȘtre engagĂ©, que l’on s’est trompĂ© – si l’on s’est trompĂ©– de direction ou de choix peut ĂȘtre difficile. Car il faudra faire son deuil. Car il faudra changer de comportement. Repartir vers  un inconnu auquel il faudra apprendre Ă  s’adapter. Alors que tout ce que l’on voulait, c’était s’établir. Se poser une bonne fois pour toutes. Et, ĂȘtre tranquille. Sans dĂ©ranger. Et sans ĂȘtre dĂ©rangĂ©.

 

Accepter que l’on s’est trompĂ© de direction sur la route et que l’on a fait cinq ou kilomĂštres de trop est assez facile Ă  accepter si l’on est confortablement installĂ© dans sa voiture ou sur sa moto.  Et que tout va bien. Cela est plus difficile Ă  accepter si l’on est Ă  pied dans un endroit inconnu, qu’il commence Ă  pleuvoir, et que l’on a faim et soif depuis trois heures et rien Ă  manger.

 

Les idéalistes

 

Les gens comme moi, existent. Ce sont des idĂ©alistes. Mais c’est une autre histoire. Celle oĂč,  hier soir, j’ai Ă  nouveau eu envie de me faire vacciner contre le Covid.  Je ne sais pas encore pourquoi. MalgrĂ© mes rĂ©ticences. MalgrĂ© ce que j’ai lu de dĂ©favorable contre les effets indĂ©sirables des vaccins anti-Covid actuels.

 

L’effet de mes doutes, peut-ĂȘtre, routes possibles vers l’ailleurs ? C’est beaucoup plus simple pour celles et ceux qui ont des certitudes. Pour ou contre ces vaccins que l’on nous propose contre le Covid actuellement.

 

Mon besoin d’ailleurs ?  Un besoin qui dĂ©passe mes pulsions- encouragĂ©es- de consommateur attardĂ© et lambda. Car il n’y a rien d’évoluĂ© dans le comportement du consommateur lambda. MĂȘme ultra-connectĂ© et renseignĂ© sur « ce Â» qu’il achĂšte.  Car, souvent, et assez vite, il achĂšte de l’oubli ou l’oubli de lui-mĂȘme. Qu’il soit seul en consommant ou accompagnĂ©. Car consommer aide Ă  oublier le Temps. Cela peut ĂȘtre si difficile de composer avec le Temps. Lui, si vorace de notre mortalitĂ© et de nos vulnĂ©rabilitĂ©s.

 

Je le rappelle : jusqu’au 12 juillet de cette annĂ©e (il y a trois semaines) je regardais les vaccins actuels contre le Covid de trĂšs loin. Un peu comme des fusĂ©es ou des satellites en orbite autour de la terre qui nous retransmettent certaines images du monde :  

 

Les Pfizer, Moderna, Astrazeneca, Johnson & Johnson pour les appeler par leurs noms de fusĂ©es, de laboratoires ou de joueurs de foot. Je n’avais pas le projet d’entrer dans ce match, dans ces fusĂ©es et ces navettes. De me faire vacciner. Et encore moins de me faire encore un peu plus encoder que je ne le suis dĂ©jĂ . En surfant instamment sur internet. En utilisant ma carte bancaire, mon pass navigo et mon tĂ©lĂ©phone portable. Comme tout le monde.

 

Je prĂ©fĂ©rais attendre. Car, ce que j’entendais Ă  propos des effets secondaires des voyages dans ces navettes (les vaccins)  m’incitait Ă  la prudence. Et, je me sentais trĂšs bien sur terre avec mes gestes barriĂšres tels que le port du masque, le lavage des mains. J’avais survĂ©cu Ă  l’enfer de l’annĂ©e derniĂšre.

 

En plus, j’avais ajoutĂ©- intĂ©grĂ©- un troisiĂšme geste barriĂšre devenu si courant que je l’ai oubliĂ©. Depuis quatre mois ou plus, j’effectue la plus grande partie de mes trajets jusqu’à mon travail Ă  vĂ©lo. C’est un sacrĂ© geste barriĂšre et d’immunitĂ©, le dĂ©placement Ă  vĂ©lo. D’une part, je suis dehors et je roule exceptionnellement –jamais- au sein d’un peloton d’un millier de personnes contre lesquelles je me frotte, Ă©paule contre Ă©paule. D’autre part, j’effectue une activitĂ© physique rĂ©guliĂšre, gratifiante et stimulante pour mon organisme et mon Ă©tat mental.

Immuno-déprimés

Pour cette pandĂ©mie du Covid, on sait nous parler du risque Ă©levĂ© de contagiositĂ© et de consĂ©quences graves voire mortelles du Covid. Sort dĂ©sormais rĂ©servĂ©- presque l’équivalent d’une damnation- principalement Ă  celles et Ă  tous ceux qui ne sont pas et ne seraient pas vaccinĂ©s.

 

Par contre, on ne nous dit rien, une nouvelle fois, sur l’état de santĂ© psycho-social de la personne qui contracte le Covid. On ne nous dit jamais si la personne qui a contractĂ© le Covid Ă©tait immuno dĂ©primĂ©e. Cela ne compte pas. Comme, lorsqu’une personne se tue Ă  moto ou au volant de sa voiture, on saura nous parler du nombre de tuĂ©s et d’accidentĂ©s, de la vitesse Ă  laquelle celles et ceux-ci roulaient. De la quantitĂ© d’alcool qu’ils avaient dans le sang. Bien-sĂ»r, tout cela est plus qu’important.  Car cela influe sur nos comportements, sur nos capacitĂ©s physiques, physiologiques et cognitives comme sur nos perceptions du risque et du danger.

Par contre, on nous parlera peu ou jamais de l’état de fatigue physique. Et, encore moins, de la santĂ© morale des personnes au volant ou au guidon de leur deux roues au moment de l’accident. Si elles Ă©taient dĂ©primĂ©es ou suicidaires. Ça ne compte pas. On constatera que ces personnes se sont Ă©crasĂ©es. Qu’elles ont tuĂ© telle personne. Qu’elles avaient tant de telle substance dans l’organisme. Ces informations comptent bien-sĂ»r.

 

Par contre, dans notre monde hyper-connectĂ© oĂč l’on tient beaucoup aux informations « rĂ©elles Â» et de premiĂšre main. OĂč beaucoup de gens cherchent souvent reconnaissance, complaisance et rĂ©confort en multipliant les doubles clics, savoir si ces personnes qui se sont tuĂ©es ou blessĂ©es au volant ou sur leur deux roues, Ă©taient dĂ©primĂ©es ou suicidaires, ce type d’information est une autre histoire. Une histoire anecdotique. C’est une autre histoire que des gens comme moi croient aussi importantes que le reste. Une autre histoire que j’essaie aussi d’apprendre et de connaĂźtre. MĂȘme si je sais que je suis has been. De plus en plus has been.

 

Franck Unimon, ce vendredi 6 aout 2021.

 

 

 

 

 

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Seconde maman

 

                                       Seconde maman

Un adulte, ça ne se trompe jamais.

 

 

« Un adulte, ça ne se trompe jamais Â» m’a dit ma fille, hier. Lorsque j’ai essayĂ© de lui faire comprendre qu’il pouvait arriver qu’un adulte, se trompe. Elle a eu l’assurance de l’innocente. Sa maitresse le leur avait dit Ă  l’école. Ma fille appliquait Ă  la vie ce que son enseignante leur avait peut-ĂȘtre (j’espĂšre) affirmĂ© Ă  propos de certains Savoirs scolaires.

 

La certitude de ma fille m’a fait sourire. Mais elle a raison. C’est bien le problĂšme. C’est les grandes vacances, ce 4 aout 2021. Des millions de personnes, pour leurs vacances, ont pris des destinations diffĂ©rentes. Assez peu admettront s’ĂȘtre trompĂ©es de destination. C’est pareil avec la raison. Nous prenons des destinations diffĂ©rentes. Lorsque nous sortons de certaines limites de la route ou de la raison, nous ne nous en apercevons pas tout de suite.

 

Sur le papier, administrativement, politiquement, militairement, selon les frontiĂšres et les rĂ©gions, nous sommes une Nation. En pratique, cela peut ĂȘtre diffĂ©rent. Aussi y’a-t’il  y a des lois pour nous rĂ©unir ou nous forcer Ă  nous rĂ©unir et pour nous donner des rĂšgles communes. Si nous nous en dĂ©marquons, il y a fuite, infraction, condamnation, rĂ©pression ou dĂ©bat.

 

Devant la pandĂ©mie du Covid – oui, je vais Ă©videmment reparler d’elle – nous, les adultes, nous sommes tous au volant. Et, comme pour les dĂ©parts en week-end ou pour les grandes vacances, nous ne prenons pas les mĂȘmes destinations. De façon volontaire ou involontaire.

 

Mais un adulte, ça ne se trompe jamais.  

 

La vie et la mort face Ă  certaines modĂ©lisations :

 

C’est pour cette raison qu’une fois notre dĂ©cision prise, nous nous heurtons. Les pour et les anti-vaccins.

Pourtant, que l’on soit pour ou contre les vaccins contre le covid, la pandĂ©mie du Covid nous rappelle aussi que la vie et la mort Ă©chappent Ă  certaines modĂ©lisations, statistiques et chiffres. Mais nous sommes nombreux Ă  ĂȘtre trĂšs sĂ»rs de nous concernant la conduite Ă  avoir pour ou contre. MĂȘme si personne ne sait vĂ©ritablement oĂč nous en sommes sur la route de la pandĂ©mie. Ni oĂč nous sommes exactement. Et Ă  quel point nous nous situons sur la carte et la courbe de la durĂ©e de la pandĂ©mie.  

 

Le journal  » Le Monde » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

Je ne conteste pas la rĂ©alitĂ© ou les chiffres de la pandĂ©mie du Covid. En France. Dans les rĂ©gions d’outre-mer oĂč un reconfinement a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© en Martinique, Ă  la RĂ©union et sans doute bientĂŽt en Guadeloupe. Je ne conteste pas non plus qu’il manque des lits en rĂ©animation. Ainsi que du personnel soignant. Ni que la pĂ©nurie soignante se soit accentuĂ©e depuis la pandĂ©mie et qu’un certain nombre de soignants, Ă©puisĂ©s par les conditions de travail dĂ©jĂ  difficiles avant la pandĂ©mie, ait fait connaĂźtre leur intention de quitter l’hĂŽpital.

 

Hier soir, j’ai Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© de n’avoir rien de particulier Ă  Ă©crire. Peut-ĂȘtre parce-que j’avais Ă©crit le principal de ce que je ressentais dans mon article SĂ©rums de vĂ©ritĂ© . La veille. 

Mon ami Raguse m’a envoyĂ© un sms ce matin. Il voulait savoir ce que j’avais dĂ©cidĂ©. Pour lui, comme pour ma compagne, Ă  la fin de mon article SĂ©rums de vĂ©ritĂ©, on ignore quelle va ĂȘtre ma dĂ©cision. Ma compagne a parlĂ© en quelque sorte de « suspense Â». Pour moi, il n’y avait pas de suspense Ă  la fin de SĂ©rums de vĂ©ritĂ©.

 

Le journal  » Les Echos » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

Suspense

 

 

Ce matin, j’ai appelĂ© pour annuler le rendez-vous que j’avais pour ma premiĂšre injection avec le vaccin Pfizer contre le Covid. La seconde Ă©tait prĂ©vue pour le 24 ou le 25 aout.

J’ai choisi, pour l’instant, d’éviter de prendre un autre rendez-vous. Si je reprends rendez-vous, j’aimerais ĂȘtre davantage sĂ»r de moi. Ce sera peut-ĂȘtre trop tard ou plus difficile d’obtenir un rendez-vous alors que j’avais assez facilement obtenu ce rendez-vous dans la salle des fĂȘtes de ma ville.

 

Peut-ĂȘtre que je le regretterai.

 

 

Mais je ne pouvais pas, avec les doutes que j’ai dans la tĂȘte, concernant les effets indĂ©sirables que j’ai lus ou dont j’ai entendu parler concernant les vaccins actuels contre le Covid, accepter de recevoir ma premiĂšre injection du vaccin Pfizer. Qui plus est, en prĂ©sence de ma fille. Si j’avais Ă©tĂ© seul ce matin, peut-ĂȘtre que j’aurais raisonnĂ© autrement. Ce n’est pas sĂ»r. Mais le fait d’envisager que ma fille puisse me voir me faire vacciner contre le Covid, alors que je suis en bonne santĂ©, puis, si ça se passe mal, qu’elle fasse l’apprentissage par elle-mĂȘme que la vaccination puisse ĂȘtre nĂ©faste, a encore plus contribuĂ© Ă  ce que je me retire, pour l’instant, de cette campagne de vaccination collective contre le Covid.

 

D’autres personnes ont fait ou auraient fait le contraire. Je le sais.

 

Le journal  » Le Canard Enchainé » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

 

Expériences

 

Je sais aussi que je ne suis pas Ă©pidĂ©miologiste. Que je ne dispose pas de chiffres ou de statistiques. Que ma façon de percevoir les Ă©vĂ©nements qui entourent la pandĂ©mie du Covid sont empiriques. MĂȘme si j’essaie de trouver des informations Ă  droite Ă  gauche, autour de moi. En lisant des journaux, y compris satiriques qui se moquent des anti-vaccins. En lisant sur le net ou en regardant des vidĂ©os aussi sur le net.

 

Au moment de prendre la dĂ©cision, pour ou contre la vaccination, se croisent des croyances, des logiques. Et, parfois, l’expĂ©rience. L’expĂ©rience, ça peut ĂȘtre avoir un proche, une proche ou un moins proche qui a eu le Covid.

 

Je connais quelques personnes qui ont eu le Covid. Dont mon meilleur ami qui l’avait contractĂ© plusieurs semaines aprĂšs sa compagne. Il y a plusieurs mois. Ce 13 juillet, j’étais Ă  l’enterrement du pĂšre de mon meilleur ami. BientĂŽt 90 ans. Pas Ă  l’enterrement de mon meilleur ami.

 

Je ne fais pas exprÚs de mentionner cette date du 13 juillet, alors que la veille, le gouvernement avait décidé de rendre obligatoire pour les soignants la vaccination anti-Covid. Ces deux dates coïncident. Cette coïncidence fait aussi partie de mon expérience du Covid.

A l’enterrement du pĂšre de mon ami, pour la premiĂšre fois, quelqu’un m’a demandĂ© quel Ă©tait mon groupe sanguin. Lorsque j’ai rĂ©pondu que j’étais O positif, il m’a affirmĂ© qu’ĂȘtre O positif protĂ©geait contre le Covid. Cette croyance m’a Ă©tonnĂ© voire un peu fait sourire. Mais je sais qu’elle ferait enrager certains esprits « scientifiques Â» ou « cartĂ©siens Â».

 

Mon meilleur ami et sa compagne sont partis en vacances, il y a quelques jours. Ils allaient bien tous les deux. J’ai mĂȘme senti mon meilleur ami apaisĂ© aprĂšs le dĂ©cĂšs et le dĂ©part de son pĂšre pour son enterrement en AlgĂ©rie. Cela faisait deux ans que son pĂšre souffrait de la maladie d’Alzheimer. Deux ans que cela le minait. Lui et sa compagne ont Ă  ce jour une rĂ©ponse immunologique qui atteste du fait que leur organisme possĂšde encore un nombre trĂšs Ă©levĂ© d’anticorps ou d’antigĂšnes, au delĂ  de la moyenne, du fait d’avoir contractĂ© le Covid.

 

Le journal  » Le Monde » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

Fort heureusement pour moi, ce 4 aout 2021, parmi mes proches et mon entourage direct, toutes celles et tous ceux que je connais qui ont attrapĂ© le Covid l’annĂ©e derniĂšre ou cette annĂ©e au printemps, vont bien ou mieux. Dans une tranche d’ñge comprise entre 40-45 ans et 55-58 ans. Deux ont frĂŽlĂ© le cadavre. Un, en particulier, « ramassĂ© par terre Â» (ses propres termes) par le Samu chez lui. J’ai appris Ă  cette occasion qu’il souffrait d’une certaine insuffisance respiratoire au prĂ©alable. Moi, ce que j’avais remarquĂ© chez ce collĂšgue, plutĂŽt « fort Â», c’était surtout son embonpoint et son Ăąge proche de la retraite.

Pareil pour l’autre collĂšgue Ă  qui il avait fallu un peu plus de deux mois pour rĂ©cupĂ©rer. Embonpoint certifiĂ© et Ăąge proche de la retraite.  On peut sĂ»rement parler pour eux deux de «  comorbiditĂ©s Â».

 

 Sur les deux, je peux attester que le second, au moins, plusieurs semaines avant d’attraper le Covid, avait un usage allĂ©gĂ© du masque anti-Covid.

 

Lorsque je mentionne ça, je ne suis pas plus Ă©pidĂ©miologiste qu’au dĂ©but de cet article. Je livre une ou deux expĂ©riences. Quelques Ă©lĂ©ments que j’ai pu observer.

 

Mais il y a un autre phĂ©nomĂšne que j’ai pu observer au dĂ©but de ma carriĂšre d’infirmier en psychiatrie. Un phĂ©nomĂšne que j’ai appris Ă  connaĂźtre. Ce n’est pas venu tout de suite. Je n’avais pas prĂ©vu, en choisissant d’aller travailler en psychiatrie alors que j’avais 24-25 ans, que je ferais ce genre de « dĂ©couverte Â» parmi d’autres. Cette dĂ©couverte, une fois de plus, n’a rien de scientifique. Je n’ai pas de stats, de chiffres, de logiciel de calcul qui permettront de modĂ©liser, protocoliser ce que je vais raconter. Je vais essayer de parler du risque. Mais d’aprĂšs ce que j’ai vĂ©cu Ă  mon travail dans certaines situations en  psychiatrie. Je le rĂ©pĂšte : je ne suis pas Ă©pidĂ©miologiste. Je n’ai aucune compĂ©tence pour expliquer ce qui se passe, d’un point de vue clinique, avec la pandĂ©mie. Il y a des personnes, des adultes, bien-sĂ»r, qui, eux, savent. Et ne se trompent pas. Qu’ils soient scientifiques, politiques ou journalistes. Ou intellectuels. Ou des proches comme des moins proches.

 

Moi, je doute. Je sais que je peux me tromper. C’est pour cela, que, ce matin, j’ai optĂ© pour reculer avant cette premiĂšre injection de Pfizer. Alors qu’il y a quelques jours, lorsque j’avais pris rendez-vous, j’étais content d’avoir pu obtenir un rendez-vous aussi rapide. J’avais le sentiment d’avoir fait ce qu’il fallait. Le timing collait bien. J’allais pouvoir, mi-septembre, au moment oĂč les sanctions dĂ©cidĂ©es par le gouvernement, allaient se dĂ©clencher plus durement contre celles et ceux qui ne seront pas vaccinĂ©es, ĂȘtre tranquille. Etre dĂ©barrassĂ© de certaines tribulations.

 

Le journal « Charlie Hebdo » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

Le Risque :

Si je commence Ă  essayer de faire de l’humour en commençant par la phrase connue : « DĂšs que l’on vit, on risque de mourir Â», bien des personnes prendront trĂšs mal cet humour qu’elles estimeront malvenu vu le contexte de la pandĂ©mie. Mais je dĂ©bute quand mĂȘme cette partie par cette allusion parce-que je refuse encore de manquer d’un certain courage pour l’humour. MĂȘme si ce trait d’humour sera sĂ»rement trĂšs mal tolĂ©rĂ© par quelques unes et quelques uns.

 

Mais ce que je veux dire, autre phrase trĂšs connue, c’est que «  le risque zĂ©ro n’existe pas Â».

 

En psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie, rĂ©guliĂšrement, constamment, nous rencontrons des patients qui ont un « risque suicidaire Â» ; un « risque de passage Ă  l’acte Â» ; « un risque de fugue Â». Bien-sĂ»r, ce risque est moins, comment dire, sujet aux certitudes de certaines donnĂ©es scientifiques et Ă©pidĂ©miologiques.

 

Pour le Covid, par exemple, on sait nous dire que tel variant a telle proportion de contagiositĂ©. Ou que, actuellement, le vaccin Pfizer offrirait une protection de 39% face au variant Delta contre plus de 90% face au variant prĂ©cĂ©dent du Coronavirus. Mais, aussi, qu’une personne vaccinĂ©e contre le Covid a moins de risques de se retrouver en rĂ©animation ou de dĂ©velopper une forme grave du Covid. C’est chiffrĂ©. ModĂ©lisĂ©. Je ne discute pas ces chiffres et ces statistiques contrairement Ă  certaines personnes anti-Vaccin Pfizer, Moderna, et autres vaccins anti-Covid actuels. Je crois Ă  ces chiffres. MĂȘme si je ne passe pas mon temps Ă  les sniffer comme l’on pourrait sniffer des lignes de crack.

 

Je vais par contre m’attarder davantage sur ces phĂ©nomĂšnes que tout le monde, ou Ă  peu prĂšs, vit plus intensĂ©ment depuis dix huit mois, avec cette pandĂ©mie du Covid :

 

La peur. L’anxiĂ©tĂ©.

 

LĂ , aussi, je ne suis pas sociologue, psychologue, chercheur au CNRS ou ailleurs sur ces sujets. Je n’ai pas de chiffres ou de statistiques, non plus. Mais mon mĂ©tier, c’est de travailler en psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie directement avec des publics (adultes et mineurs) qui peuvent ĂȘtre imprĂ©visibles ou trĂšs imprĂ©visibles. Et, avec lesquels le « risque Â» est souvent prĂ©sent. Risque de tentative de suicide. Risque de fugue. Risque de passage Ă  l’acte auto-agressif et hĂ©tĂ©ro-agressif. Et, comme mes collĂšgues, il est de ma responsabilitĂ©, Ă©videmment, de prĂ©venir ce risque. Comment fait-on ?

 

Avec des logiciels et des camĂ©ras ? En se menottant Ă  eux vingt quatre heures sur vingt quatre ? En les endormant de telle maniĂšre qu’ils soient incapables de bouger le moindre petit doigt ? En les enfermant dans une prison comme celle du personnage MagnĂ©to dans les X-Men ? En mettant un chien de surveillance devant la porte de leur chambre ?

 

Peut-ĂȘtre que certaines personnes vous rĂ©pondront que c’est sĂ»rement ça. Mais je ne fais pas partie de ces personnes et de ces professionnels.

 

Ce qui veut dire que, par rapport Ă  ces risques, nous, professionnels, en psychiatrie, « Ă©valuons Â». Pour Ă©valuer une situation, il y a deux ou trois instruments cliniques en plus du traitement chimique, il est vrai :

 

La relation avec le patient. Qui se veut, autant que possible, une relation de confiance.

 

L’observation. Ce que nous voyons du patient. Ce que nous comprenons de lui. Tant ce qu’il dit que son comportement et son attitude.

 

Et, troisiĂšme instrument qui n’a rien de scientifique, qui, comme la relation et une certaine observation ne peuvent pas se modĂ©liser. Je parle bien-sĂ»r de
l’intuition.

On va parler un peu plus de l’intuition.

 

 

L’intuition en « psychiatrie Â» :

« Je ne le sens pas. Â»

 

 

Le gros problĂšme avec l’intuition, c’est Ă©videmment, qu’elle ne repose sur rien d’autre que notre subjectivitĂ©. Or, question subjectivitĂ©, lorsqu’une situation nous stresse ou nous inquiĂšte ou nous excite, on peut se faire des « films Â». Imaginer des Ă©vĂ©nements qui, en fait, ne se produisent pas ou ont peu de chances de se produire. Sauf que, nous, on peut-ĂȘtre trĂšs bien persuadĂ© que cela va se produire.

 

Au dĂ©but de ma carriĂšre en psychiatrie, j’ai rencontrĂ© des collĂšgues plus expĂ©rimentĂ©s que moi. Des collĂšgues qui avaient donc, pour eux et elles, l’expĂ©rience de l’ñge et du vĂ©cu en psychiatrie.

 

Je ne compte pas le nombre de fois oĂč, depuis le dĂ©but de ma carriĂšre en psychiatrie mais, aussi, par la suite, dans ma propre vie, des gens sont persuadĂ©s qu’une catastrophe va arriver. Tous les signes sont prĂ©sents pour eux. Ils n’attendent que la confirmation de leurs pronostics funestes.

 

Et, je ne compte plus le nombre de fois oĂč, finalement, la catastrophe maintes fois attendue et annoncĂ©e ne se produit pas. Et, oĂč, les personnes qui y ont cru n’émettent aucune autocritique. Et en font rien pour apprendre de cela. A chaque nouvelle situation plus ou moins anxiogĂšne, rebelote. Les mĂȘmes, le plus souvent, recommencent Ă  avoir peur et Ă  imaginer le pire. 

 

Aujourd’hui, je ne nie pas la gravitĂ© de la pandĂ©mie du Covid que peu de personnes, en France, a vu venir. Comme, depuis dix huit mois, je n’ai jamais niĂ© la gravitĂ© de la pandĂ©mie du Covid. Par contre, je retrouve dans cette peur et cette anxiĂ©tĂ© massive Ă  grande Ă©chelle dont le cercle se resserre de plus en plus autour de nous avec cette vaccination obligatoire et ce passe sanitaire, des points communs avec ces situations que j’ai pu vivre en psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie oĂč il y a eu un risque « de Â». Pourquoi ?

 

LĂ , aussi, Ă  nouveau, l’expĂ©rience.

 

Il y a dix huit mois, nous allions mourir du Covid. Dans un simple coin de rue. C’était sĂ»r. Aucune statistique n’est sortie dans ce sens. Mais c’est pire.

Le journal  » Charlie Hebdo » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

L’amnĂ©sie immĂ©diate et collective qui permet Ă  certaines et certains de recommencer Ă  flipper aujourd’hui comme l’annĂ©e derniĂšre avec la pandĂ©mie du Covid se retrouve dans des proportions plus limitĂ©es dans ma psychĂ©. Cela ne fait pas de moi une personne super-intelligente. J’ai une chance sur deux d’avoir fait une grosse connerie en refusant d’aller me faire faire cette injection de vaccin anti-Covid ce matin. Et, on sait assez quels sont les risques, rĂ©els cette fois, auxquels je m’expose, en plus des risques sanitaires, si, le 15 septembre, je ne suis toujours pas vaccinĂ© contre le Covid.

 

Des risques Ă©conomiques. Des risques d’exclusion sociale. Des risques de sĂ©parations et de ruptures avec des proches et des moins proches.

 

Soit des risques dont je préfÚrerais me passer.

 

Mais, malgrĂ© ces risques, je me rappelle encore que notre mort Ă©tait annoncĂ©e l’annĂ©e derniĂšre. Et que j’ai fait partie de celles et ceux qui ont continuĂ© de se rendre Ă  leur travail. Entre-autres, sans masque anti-Covid et sans vaccin, pendant plusieurs semaines. Et, dix huit mois plus tard, je suis encore vivant. Je pourrais presque dĂ©poser une rĂ©clamation pour « publicitĂ© mensongĂšre Â». Mais, lĂ , je fais de l’humour plus ou moins noir. LĂ , oĂč je fais moins d’humour, c’est que je n’ai pas du tout aimĂ© me faire matraquer et miner mentalement avec des idĂ©es de mort permanentes, imminentes et pĂ©remptoires. Il fallait faire ceci. Il fallait faire cela. J’ai fait ceci. J’ai fait cela. Et, cela ne suffit pas. Il faut, aujourd’hui, que j’en fasse encore plus. Les deux injections. Le passe sanitaire. Jusqu’à quand ? Pour aller oĂč ? Personne ne sait. Il faut le faire, c’est tout. Et, ferme ta gueule ! Si, comme moi,  l’on a des doutes sur les effets indĂ©sirables des vaccins anti-Covid, c’est bien cette impression que donne cette obligation vaccinale assortie de ces inconnues au sujet de ces vaccins. Une impression de :

 

« Il faut le faire, c’est tout. Et, ferme ta gueule ! Â».

 

 

Et, aujourd’hui, depuis ce 12 juillet 2021, avec le variant Delta, cette vaccination devenue obligatoire pour les soignants et ce passe sanitaire, j’ai l’impression que l’on recommence Ă  me servir Ă  nouveau la mĂȘme recette. Et que je devrais m’empresser de  sauter avec reconnaissance sur cette recette de la peur et de l’anxiĂ©tĂ© et me lĂ©cher les doigts avec.

 

 Phase de relativisation ou phase de dĂ©ni ? :

 

Si, ce 4 aout 2021, je me suis finalement prĂ©cipitĂ© pour m’éloigner de ma premiĂšre injection de Pfizer, c’est peut-ĂȘtre parce-que, depuis l’annĂ©e derniĂšre, Ă  tort ou Ă  raison, j’ai appris Ă  relativiser le danger de la pandĂ©mie du Covid. Au dĂ©but de ma carriĂšre d’infirmier en psychiatrie, plusieurs fois je me suis fait avoir par ces situations oĂč nous Ă©tions plusieurs Ă  envisager le pire. Et, oĂč le pire ne se produisait pas, finalement. Je m’en voulais ensuite de m’ĂȘtre fait avoir par ces poussĂ©es- rĂ©pĂ©tĂ©es- d’anxiĂ©tĂ©. J’ai appris Ă  relativiser. Cela ne signifie pas du tout que je banalise les risques suicidaires ou autres. Mais qu’au lieu de me faire des films, je prĂ©fĂšre observer. Surveiller. Ou me fier Ă  mon intuition. Et vĂ©rifier, si j’en Ă©prouve le besoin, quand ça me vient, afin de comparer les faits avec mon intuition et mes impressions. Puis, me rappeler du rĂ©sultat. Cela a contribuĂ© Ă  faire baisser mon « tonus Â» d’anxiĂ©tĂ©.

L’annĂ©e derniĂšre, nous devions mourir. Je ne suis pas mort. Nous sommes nombreux Ă  ĂȘtre encore vivants. Et on dirait que c’est pire. Qu’il aurait presque mieux valu dĂ©cĂ©der l’annĂ©e derniĂšre afin d’évacuer dĂ©finitivement cette anxiĂ©tĂ© et cette angoisse gĂ©nĂ©rale et collective qui nous circonscrivent.

 

Les personnes que je connais qui ont attrapĂ© le Covid l’annĂ©e derniĂšre et cette annĂ©e sont toujours vivantes. Et, elles vont plutĂŽt bien. Elles n’étaient pas vaccinĂ©es contre le Covid. Par contre, concernant les effets indĂ©sirables des vaccins anti-Covid, j’entends parler de trucs bizarres pas trĂšs rassurants. Des vaccins qui, depuis ce 12 juillet, sont devenus obligatoires. Comme je fais maintenant partie des personnes qui rĂ©sistent ou refusent cette vaccination obligatoire, l’autre levier ou l’autre recette est la culpabilisation.

 

 

Recette qui complĂšte trĂšs bien la recette de la peur et de l’anxiĂ©tĂ©.

 

 

Le levier ou la recette de la culpabilisation :

 

Que ce soit en tant que personne ou en tant qu’infirmier, je n’ai aucun intĂ©rĂȘt ni aucune envie de nuire Ă  quiconque, patient ou autre. Et, je n’ai rien d’exceptionnel. 

 

Comme je n’ai aucune envie de voir les pro-vaccins comme mes ennemis. MĂȘme si je m’attends Ă  ce que, dans un an, pour faire large, Ă  la mĂȘme date, la pandĂ©mie du Covid aura fait beaucoup de dĂ©gĂąts supplĂ©mentaires, et, surtout, bien plus visibles, d’un point de vue sociĂ©tal, Ă©conomique ou au moins politique.

 

Mais, de plus en plus, dans un pays oĂč les personnes vaccinĂ©es contre le Covid deviennent la majoritĂ©, et la nouvelle norme, ĂȘtre non-vaccinĂ© signifie s’exposer Ă  s’entendre dire ce que ma seconde « maman Â» officieuse m’a dit ce matin. Alors que je l’appelais pour lui souhaiter son anniversaire.

Mes deux mamans et ma dualitĂ© :

Mes deux mamans, l’officielle et une « trĂšs officieuse Â», incarnent trĂšs bien ma dualitĂ© actuelle envers la vaccination contre le Covid.

 

La premiĂšre, l’officielle, et mĂšre de ma sƓur et de mon frĂšre, est retournĂ©e vivre en Guadeloupe il y a une vingtaine d’annĂ©es avec mon pĂšre. Pendant plusieurs annĂ©es, avant de prendre sa retraite, elle a Ă©tĂ© aide-soignante dans un service de rĂ©animation. C’était une personne reconnue pour son professionnalisme et sa gentillesse.

Maman, il y a quelques mois, en mars ou avril, m’a demandĂ© conseil en vue de se faire vacciner. A moi, le fils aĂźnĂ© devenu infirmier. Je n’y connaissais pas grand chose. Mon « domaine Â», c’est la psychiatrie et la pĂ©dopsychiatrie. En plus, aprĂšs le matraquage mĂ©diatique trĂšs anxiogĂšne  que nous avions tous subis dĂšs mi-mars  2020, j’avais rĂ©ussi Ă  retirer mes pensĂ©es des crochets de l’anxiĂ©tĂ© et de l’angoisse avec toutes ces nouvelles relatives au Covid.

Partir passer quelques jours en Bretagne, chez ma seconde maman trĂšs officieuse (elle ne revendique pas ce titre) l’annĂ©e derniĂšre- en juillet 2020- avec ma compagne et notre fille m’avait aidĂ© Ă  dĂ©crocher de la mamelle opulente des mauvaises nouvelles dues au Covid.

 

Mes deux mamans ne se connaissent pas. Elles ne sont pas rencontrĂ©es et je crois aujourd’hui qu’elles ne se rencontreront jamais.

Lors de mon mariage en 2013, venue de Guadeloupe, ma mĂšre avait Ă©tĂ© prĂ©sente le mardi Ă  la mairie en Seine et Marne. Puis, elle avait repris l’avion quelques jours avant que nous ne fĂȘtions notre mariage ma compagne et moi, le samedi, dans la grande salle de fĂȘtes de la commune, en Bretagne, oĂč ma « seconde Â» maman, et plusieurs membres de sa famille avaient contribuĂ© au bon dĂ©roulement de l’organisation des festivitĂ©s. La fĂȘte s’était passĂ©e prĂšs de chez elle.

 

Si ma mĂšre est une femme dĂ©vouĂ©e, sportive, assez solitaire, plutĂŽt timide, assez souvent indĂ©cise et introvertie, ma « seconde Â» maman est une femme trĂšs accueillante, qui aime recevoir et sait recevoir. C’est aussi une femme de tĂȘte et Ă  poigne. Elle est directe et tranche. C’est moi, qui, dans cet article la nomme ma « seconde maman Â». Parce-que je reprends les termes employĂ©s par ma compagne. Mais je ne l’appelle pas « maman Â». Et, elle ne m’appelle pas « mon fils Â». La relation filiale est implicite et, aussi, trĂšs trĂšs officieuse et fluctuante.

Ma « seconde maman Â» a Ă©tĂ© mon ancienne cadre infirmiĂšre dans le service de pĂ©dopsychiatrie oĂč j’ai fait sa connaissance.  Deux ans avant qu’elle ne dĂ©cide de partir Ă  la retraite. AprĂšs son dĂ©part, nous avions Ă©tĂ© plusieurs soignants Ă  ĂȘtre invitĂ©s Ă  venir passer un week-end chez elle dans sa maison, en Bretagne. Depuis, rĂ©guliĂšrement Ă  peu prĂšs chaque annĂ©e, je suis revenu passer quelques jours chez elle et son mari en Ă©tĂ©.

Chaque annĂ©e, avant la pandĂ©mie du Covid, elle partait en voyage Ă  l’étranger avec son mari pendant plusieurs mois. Ma mĂšre n’a jamais fait ça. Et, je n’imagine pas du tout mon pĂšre ouvert Ă  ce genre d’aventure.

Sculpture par Jacquette Virginie.

 

 

La voix traditionnelle

 

 

Je ne connaissais rien aux vaccins anti-Covid lorsque ma mĂšre m’avait sollicitĂ© en mars ou avril 2021 pour un conseil. J’écoutais parler des vaccins anti-Covid de trĂšs loin. Les gestes barriĂšres, masque et lavage de mains, me convenaient trĂšs bien. Je coexistais ainsi avec la pandĂ©mie du coronavirus.

 

Si j’ai acceptĂ© assez facilement de tomber le masque ou de raccourcir les distances corporelles avec certaines personnes, lors de certaines circonstances ( enlacer quelqu’un,  faire la bise aprĂšs avoir donnĂ© un cadeau, lors d’un barbecue
) cela a Ă©tĂ© en des proportions limitĂ©es. Si j’avais Ă©tĂ© un forcenĂ© de la prĂ©vention du « risque Â», j’aurais refusĂ©. Lors de ces quelques occasions, aprĂšs une assez rapide rĂ©flexion, j’ai souvent estimĂ© que la vie sociale devait prendre le pas sur le risque. Rien de scientifique dans cette attitude. Sauf le fait que j’ai eu ce comportement en des proportions sĂ»rement moindres que d’autres.

 

En me fiant aux expĂ©riences de personnes et de collĂšgues autour de moi, j’avais  rĂ©pondu Ă  ma mĂšre que j’avais entendu de bons Ă©chos  du vaccin Pfizer.

 

J’ai aussi eu des espoirs avant l’arrivĂ©e du vaccin Johnson & Johnson en avril ou Mai. Une ex-collĂšgue infirmiĂšre, et amie, m’en avait dit du bien. Et puis,  lors de sa « diffusion Â», les Ă©chos concernant le Johnson & Johnson se sont rapidement ternis concernant certains de ses effets indĂ©sirables.

 

Je crois que les pro-vaccins ne mesurent pas les consĂ©quences de ces revers dus aux effets indĂ©sirables de ces vaccins « attendus Â» et prĂ©sentĂ©s comme salvateurs, puis, qui « déçoivent Â» et « inquiĂštent Â». Alors que ces revers se rajoutent Ă  d’autres revers, colĂšres ou contrariĂ©tĂ©s, accumulĂ©s depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie en mars de l’annĂ©e derniĂšre.

 

De plus en plus, la facilitĂ© consiste Ă  prĂ©senter les anti-vaccins comme des abrutis bornĂ©s et irresponsables. Alors que les raisons de leur dĂ©fiance envers les vaccins sont sĂ»rement un peu plus rĂ©flĂ©chies qu’elles ne le semblent.

 

Pour revenir Ă  ma mĂšre : je croyais donc qu’elle s’était faite vacciner contre le Covid. Ainsi que mon pĂšre. Ma sƓur et mon frĂšre, ainsi que leur compagnon et leur compagne se sont faits vacciner.

 

 

J’ai appris il y a quelques jours, en lui parlant au tĂ©lĂ©phone, que, finalement, ni ma mĂšre, ni mon pĂšre, ne se sont faits vacciner. Ils Ă©taient partis pour le faire en se rendant Ă  l’aĂ©roport, en Guadeloupe. Peut-ĂȘtre l’aĂ©roport Pole CaraĂŻbes. Mais des manifestants anti-vaccins se trouvaient lĂ . En Ă©coutant leurs arguments, mon pĂšre a alors estimĂ© que les vaccins actuellement proposĂ©s ne sont pas « encore au point Â» (traduit du CrĂ©ole).  

 

Apprendre ça, d’elle, m’a fait un drîle d’effet. Un effet non-scientifique qui a eu, sur moi, une certaine influence. Influence non scientifique non plus.

Lors de ma derniĂšre sĂ©ance avec mon thĂ©rapeute – vaccinĂ© contre le Covid- j’avais fait la dĂ©couverte, que, dans ma fratrie, j’étais finalement le plus « traditionnel Â». Ce qui est assez courant lorsque l’on est l’aĂźnĂ© d’une famille.

 

Je sais que le dernier, mon petit frĂšre, ainsi que sa compagne, se sont  faits vacciner contre le Covid afin de pouvoir se rendre en Guadeloupe dans quelques jours. J’aimerais bien me rendre en Guadeloupe par exemple l’annĂ©e prochaine. Ainsi qu’à la RĂ©union. Donc, j’ai d’abord trouvĂ© que c’était une bonne nouvelle qu’aprĂšs cette vaccination, mon frĂšre, sa compagne et leurs enfants, puissent se rendre en Guadeloupe. Cela fait quelques annĂ©es que nous ne sommes pas allĂ©s voir nos parents en Guadeloupe. Pour moi, cela date de 2014 ou 2015. Mon blog n’existait pas, alors. Aujourd’hui, si je me rĂ©fĂšre Ă  certaines inquiĂ©tudes et certaines tĂ©moignages concernant les effets indĂ©sirables des vaccins anti-Covid, mon frĂšre et sa compagne vont certes pouvoir sans doute se rendre en Guadeloupe (s’ils partent avant que la Guadeloupe ne soit reconfinĂ©e) mais leur espĂ©rance de vie pourrait ĂȘtre dĂ©truite.

Sculptures par CĂ©cile Thonus.

 

 

Conflit de loyautĂ© et roulette russe :

Ma mĂšre, non vaccinĂ©e, a donc, d’une part deux de ses enfants vaccinĂ©s. Ma sƓur et mon frĂšre. Et, d’autre part, il lui reste un enfant, non vaccinĂ©. Moi. En termes de conflit de loyautĂ©, moi, l’aĂźnĂ©, ou l’ñne, j’ai touchĂ© le jackpot.

 

CĂŽtĂ© pile, si ces vaccins anti-Covid sont finalement plus protecteurs que nocifs, d’ici deux Ă  trois ans, cela se confirmera. Avec un peu de chance, si ma mĂšre et mon pĂšre, non vaccinĂ©s, se maintiennent Ă  distance du Covid, et que je rĂ©ussis Ă  faire pareil, nous devrions ĂȘtre tous Ă  peu prĂšs contents d’ici deux Ă  trois ans. Mais en deux Ă  trois ans, il peut se passer beaucoup d’évĂ©nements. MĂȘme en un an. Et, vu comme on nous parle de la trĂšs grande contagiositĂ© du variant Delta, je m’attends un peu Ă  attraper le Covid cette fois-ci.

 

CĂŽtĂ© face, si ces vaccins anti-Covid se rĂ©vĂšlent vĂ©ritablement nocifs, moi, l’aĂźnĂ©, j’ai tout intĂ©rĂȘt Ă  assurer Ă  ma mĂšre qu’un de ses enfants, au moins, n’est pas tombĂ© dans la marmite des effets indĂ©sirables gravissimes des vaccins anti-Covid.

 

Mais ma mĂšre Ă©tant comme toutes les mĂšres aimantes, aprĂšs avoir discutĂ© avec elle, il y a quelques jours du Covid, elle a conclu notre conversation par un :

 

« Fais attention Ă  toi Â».

 

Lorsque j’avais dĂ©cidĂ© de commencer Ă  travailler en psychiatrie, au dĂ©but, ma mĂšre avait essayĂ© Ă  plusieurs reprises de m’en dissuader. Elle m’avait expliquĂ© qu’elle craignait que je ne devienne « fou Â». C’est une croyance trĂšs courante que celle de croire et de penser que travailler en psychiatrie rend fou. Alors que ce serait plutĂŽt le contraire. Travailler en psychiatrie peut aider Ă  pacifier nos angoisses et nos folies. A condition d’ĂȘtre mentalement et moralement armĂ© et encadrĂ© pour cela. A condition, si nĂ©cessaire, d’accepter d’ĂȘtre aidĂ© par d’autres, collĂšgues, thĂ©rapeutes, patients, rencontres diverses.

 

Je n’avais eu aucune difficultĂ© Ă  me sĂ©parer des inquiĂ©tudes de ma mĂšre. Me diriger vers cette spĂ©cialitĂ© Ă©tait un choix rĂ©flĂ©chi. J’aimais cette spĂ©cialitĂ© ainsi que les rencontres que j’y faisais. Je me sentais bien dans cet univers.

 

Or, aujourd’hui, me faire vacciner contre le Covid, avec Pfizer, Moderna, Astrazeneca, Johnson & Johnsonn’est pas mon choix rĂ©flĂ©chi. Je n’aime pas ce « risque Â» que je crois entrevoir dans leurs effets secondaires ou indĂ©sirables. L’idĂ©e de me faire injecter ce risque ne me plait pas du tout. 

 

Bon anniversaire :

Pas plus que je n’ai fait exprĂšs d’oublier qu’aujourd’hui, ma fille serait avec moi, je n’ai pas fait exprĂšs non plus d’accepter le rendez-vous qui m’avait Ă©tĂ© fixĂ© pour ma premiĂšre injection de Pfizer ce 4 aout. Or, le 4 aout est la date anniversaire
.de ma seconde maman, trĂšs  Â« officieuse Â».

 

Qu’est-ce qui se fait le jour d’un anniversaire de quelqu’un auquel on tient ?

On lui envoie un message. Ou, on l’appelle.

 

Pour l’appeler, j’ai allumĂ© mon tĂ©lĂ©phone portable. J’ai vu que j’avais reçu deux vidĂ©os de ma mĂšre. Dans l’une des vidĂ©os, une femme, vraisemblablement mĂ©decin, et bonne pĂ©dagogue, expliquait devant une foule attentive, les graves risques sanitaires auxquels on s’exposait avec les vaccins anti-Covid actuels. Cette femme que je ne connais pas et que je voyais pour la premiĂšre fois, mettait en garde contre les vaccins anti-Covid. Elle Ă©tait persuasive. J’ai su ensuite que ma mĂšre avait reçu cette vidĂ©o par une cousine du cĂŽtĂ© de mon pĂšre.

 

Ce matin, donc, quelques minutes avant mon rendez-vous pour ma premiĂšre injection de Pfizer, j’appelle ma « seconde Â» maman. Je tombe sur elle. Elle est plutĂŽt contente de m’entendre. Je lui souhaite un bon anniversaire. Je lui rĂ©ponds que nous sommes partis quelques jours Ă  Amiens. Elle m’apprend : « J’ai de trĂšs bons souvenirs Ă  Amiens Â».

L’entente se poursuit. Et puis, comme avec une proche avec laquelle on se sent en confiance (soit le minimum envers une seconde maman, mĂȘme officieuse) je lui parle sans dĂ©tour du fait que, non, nous n’avons pas pu nous rendre aux hortillonnages. Car nous n’avions pas de passe sanitaire. Hortillonnages qui ont ensuite fermĂ© quelques jours suite Ă  un dĂ©saccord entre certains bateliers opposĂ©s au passe sanitaire et leur patron. Ma compagne m’a envoyĂ© un extrait d’un article de journal Ă  ce sujet.

 

Mais en parlant de notre non-vaccination Ă  ma « seconde Â» maman trĂšs officieuse, sans mĂȘme y penser, j’avais mis une piĂšce dans le Jukebox. Avec ma mĂšre, le Jackpot du conflit de loyautĂ©. Avec ma seconde maman, le Jukebox de :

 

« Mais tu vas te retrouver en rĂ©a ! Â». « Tu as bien vu ce qui se passe en Guadeloupe ?! Â» (Le nombre de cas de Covid augmente comme Ă  la Martinique et Ă  la RĂ©union).

« Ne me dis pas que tu ne t’es pas fait vacciner ! Â». «  Je suis trĂšs Ă©tonnĂ©e ! Â».

 

Sculpture par CĂ©cile Thonus.

 

Je me suis senti embarrassĂ©. A la fois de me sentir en porte Ă  faux. Mais, aussi, que cette conversation, notre premier dĂ©saccord majeur en plusieurs annĂ©es, arrive le jour de son anniversaire. Vraiment, je n’ai pas vu venir cette situation.

 

Ma seconde maman « officieuse Â» m’a appris qu’ils Ă©taient tous vaccinĂ©s de leur cĂŽtĂ©. Je la savais vaccinĂ©e contre le Covid. Mais je n’avais pas forcĂ©ment beaucoup Ă©largi le cercle des personnes vaccinĂ©es autour d’elle. MĂȘme si cela se tient mathĂ©matiquement. Si, aujourd’hui, de plus en plus de Français sont vaccinĂ©s et que l’on avoisine les 60 % de personnes vaccinĂ©es en France, il faut bien que de plus en plus de personnes que l’on connaĂźt soient vaccinĂ©es.  Mais je vivais encore sur ma petite planĂšte de non-vaccinĂ©s, et, ma seconde maman Ă©tait en train de me rappeler que je vivais bien  – encore- sur la mĂȘme planĂšte que tous ces gens de plus en plus vaccinĂ©s.

 

Je sentais venir en elle la question du complotisme. Je crois mĂȘme qu’elle me l’a demandĂ©, directe comme elle est :

 

« Tu es complotiste ?! Â».

 

 

Afin de me sauver autant que possible de la mĂ©lasse complotiste, Je me suis appliquĂ© Ă  ĂȘtre pĂ©dagogue :

 

«  Je ne crois pas que le dĂ©veloppement des antennes de la 5G va nous tĂ©lĂ©guider Â». J’ai dĂ» ĂȘtre assez rapidement convaincant malgrĂ© tout en matiĂšre de complot car, ensuite, la conversation s’est faite sur des bases, je crois, plus rassurantes, pour elle comme pour moi.

 

Question travail, elle a convenu elle-mĂȘme « qu’ils Â» ne pourraient pas me « licencier Â» au vu de la pĂ©nurie infirmiĂšre importante. J’ai ajoutĂ© que cette pĂ©nurie s’était accentuĂ©e depuis la pandĂ©mie du Covid. Je n’ai mĂȘme pas pensĂ© Ă  rappeler qu’il y a quelques mois, encore,  dans certains services somatiques, des personnels soignants Ă  peine remis du Covid, Ă©taient poussĂ©s Ă  revenir travailler tant il manquait de personnel dans certains services.

 

Dans ses propos, j’ai entendu le concentrĂ© de qui est opposĂ© aux personnes contre le vaccin. La peur de la rĂ©a. Une peur que je ne connais pas, pour l’heure. Sans doute parce-que ma mĂšre a travaillĂ© en rĂ©animation. Et que, si la rĂ©animation est synonyme de mort, elle est aussi synonyme de sortie de coma et de retour Ă  la vie. Je le sais par ma mĂšre. Sans doute aussi un petit peu par les deux stages que j’avais effectuĂ©s, adulte, dans le service de ma mĂšre. Cela n’avait pas Ă©tĂ© mon choix.

 

J’ai aussi entendu la peur de la perte Ă©conomique. Je me suis abstenu de dire que ma compagne avait fait ses estimations dans le cas oĂč nous serions mis Ă  pied de notre emploi. C’était un peu comme si j’avais dĂ©jĂ  un peu dĂ©passĂ© cette peur de la perte Ă©conomique et que je la redĂ©couvrais au travers de ma seconde maman.

 

 

Une autre peur aurait pu ĂȘtre citĂ©e. Celle de l’exclusion sociale. Des connaissances et des proches. Elle arrivera sans aucun doute. Pas de qui je pense. Pas comme je le pense.

Devant la mĂ©diathĂšque de ma ville ce mercredi 4 aout 2021. MĂ©diathĂšque oĂč ma fille et moi avons nos habitudes.

 

Ma seconde maman a pris l’exemple de la vaccination contre l’HĂ©patite A (ou B) rendue obligatoire. Je n’ai pas discutĂ© cette obligation. Elle m’a dit que la technique ARN actuelle Ă©tait connue depuis dix annĂ©es. Qu’elle aurait prĂ©fĂ©rĂ© bĂ©nĂ©ficier de cette nouvelle technique. Mais qu’elle avait eu le vaccin Astrazeneca.

 

Elle a Ă©tĂ© attentive lorsque je lui ai parlĂ© de la mĂ©saventure de certains soignants avec l’Astrazeneca. MĂ©saventure qui pouvait expliquer une partie de cette mĂ©fiance de certains soignants envers ces vaccins anti-Covid.

 

Je lui ai aussi dit que j’avais lu des tĂ©moignages sur les rĂ©seaux sociaux concernant les effets indĂ©sirables. Et, que l’on ne pouvait pas, d’un cĂŽtĂ© (ça vous rappelle quelque chose ? J’ai expliquĂ© ça dans mon article SĂ©rums de vĂ©ritĂ©) se rĂ©jouir que, durant le printemps arabe, les rĂ©seaux sociaux avaient pu nous faire parvenir des tĂ©moignages qui dĂ©mentaient la version officielle. Et, lĂ , Ă  propos des effets indĂ©sirables des vaccins sur les rĂ©seaux sociaux, dĂ©clarer que tous ces tĂ©moignages Ă©taient bidons. Des tĂ©moignages oĂč une mĂšre nous apprend que sa fille a commencĂ© Ă  avoir des rĂšgles peu aprĂšs la vaccination contre le Covid. Ou une femme nous apprend qu’aprĂšs s’ĂȘtre faite vacciner, ses seins ont commencĂ© Ă  produire du lait alors qu’elle n’est pas enceinte
.

 

 

Bien-sĂ»r, je ne connais pas ces personnes. Je ne sais pas jusqu’à quel point leur tĂ©moignage est fiable. Je n’ai pas de statistiques que je peux donner.

 

A ma seconde maman qui me disait que, pour chaque vaccination, il y avait un certain nombre de personnes qui connaissaient des effets secondaires,  j’ai rĂ©pondu qu’il Ă©tait vrai que je ne connaissais pas les chiffres ou les proportions de ces effets secondaires. Et que la particularitĂ© des rĂ©seaux sociaux fait peut-ĂȘtre que la façon dont les tĂ©moignages nous parviennent, quasiment en temps rĂ©el,  sans filtre, donnait peut-ĂȘtre l’impression qu’il y a plus d’effets secondaires avec ces vaccins comparativement avec les vaccins prĂ©cĂ©dents contre diverses maladies. Alors qu’il y a peut-ĂȘtre pratiquement autant d’effets secondaires dĂ©sagrĂ©ables ou mortels, proportionnellement, avec ces vaccins anti-Covid qu’avec les autres vaccins classiques. 

 

J’ai senti dans le ton de ma seconde maman « officieuse Â» qu’elle Ă©tait intriguĂ©e. J’étais, moi, plus embarrassĂ© que content de mon effet. J’avais appelĂ© pour lui souhaiter un bon anniversaire. Je lui trouvais aussi la voix plus rauque et plus essoufflĂ©e que d’habitude. La derniĂšre fois, c’était dĂ©jĂ  un peu ça. MĂȘme si elle avait toujours le mĂȘme aplomb.

 

Ma fille Ă©tait en train de jouer dans une autre piĂšce de l’appartement. Je ne pouvais pas rester longtemps et il y avait du monde chez elle. Dont son fils que je connais. Ainsi que sa belle fille, une des amies de celle-ci, la petite fille, que je ne connais pas.

 

J’ai fini par ajouter :

« Je suis dĂ©solĂ© de te parler de ça le jour de ton anniversaire
 Â».

Elle :

« Oh, ne t’inquiĂšte pas
 Â».

J’ai repris :

« Je te connais ! A un moment de la journĂ©e ou dĂšs que tu auras pris un verre ou deux, tu vas commencer Ă  en parler ! Â».

Elle, avec un petit rire :

« C’est vrai
. Â».

 

Alea Jacta Est. Pourquoi se cacher ?

 

Vie de couple :

Ce qui m’étonne parmi certains des proches ou des connaissances aujourd’hui pro-vaccins, c’est qu’un an plus tĂŽt, se trouvaient parmi eux, celles et ceux, qui, contre les recommandations d’usage contre le Covid faisaient valser certains interdits. Se faire la bise alors qu’il Ă©tait prĂ©conisĂ© de ne pas le faire. Rencontrer plusieurs personnes chez soi ou se retrouver Ă  plusieurs dans une mĂȘme piĂšce sans masque. Ne pas tenir compte de certaines restrictions en terme de distance kilomĂ©trique.

Mais c’est comme si, grĂące ou Ă  cause du vaccin anti-covid qu’elles ont reçu,  certaines de ces connaissances et  de ces proches avaient dĂ©ja oubliĂ© que l’annĂ©e derniĂšre, sans se fourrer pour autant la langue dans la bouche de l’autre en permanence, qu’en pleine pandĂ©mie du Covid, il avait Ă©tĂ© possible d’ĂȘtre en prĂ©sence de temps Ă  autre d’un peu de monde. 

 

Aujourd’hui, il semble de plus en plus, que la norme sociale devienne d’ĂȘtre entre vaccinĂ©s et entre non-vaccinĂ©s. Ou de juger l’autre Ă  un moment donnĂ©.

 

Je ne me suis pas senti particuliĂšrement jugĂ© ce matin par ma seconde « maman Â». Mais je me suis imaginĂ© que je le serais par un de ses proches que je connais ou par quelqu’un d’autre qui considĂ©rera que je me suis Ă©garĂ©.

 

Un autre lieu d’égarement frĂ©quent est le couple. Ma compagne a toujours Ă©tĂ© rĂ©solument contre les vaccins actuels contre le Covid. Elle considĂšre que ce ne sont pas des vaccins. Ils n’en n’ont que l’appellation pour elle. Je peux concevoir qu’il doit ĂȘtre difficile, au sein d’un couple, d’avoir une attitude diffĂ©rente de l’autre vis-Ă -vis de la vaccination anti-Covid actuelle.

 

MĂȘme si je ne souscris pas Ă  toutes ses explications comme Ă  un certain nombre de ces raisonnements, j’ai fini par me rapprocher de certains de ses arguments contre les vaccins anti-Covid. Surtout Ă  partir du 12 juillet 2021, lorsque le gouvernement a rendu cette vaccination obligatoire pour les soignants. Avant le 12 juillet, je constatais assez distraitement ses partis pris. Ainsi que le fait qu’elle regardait beaucoup de vidĂ©os sur le sujet de la pandĂ©mie, des vaccins anti-Covid Je prenais quelques fois le temps de l’écouter et de l’interroger sans la juger sur le sujet. Je rĂ©futais certains de ses arguments. Mais je ne cherchais pas Ă  ce qu’elle ait absolument la mĂȘme vision que moi  Ă  propos des vaccins, du Covid. D’ailleurs, moins je parlais de ces sujets, mieux, je me portais. Mais le 12 juillet a « tout Â» changĂ© pour moi. Ainsi que le 13 juillet peut-ĂȘtre, aussi, avec l’enterrement du pĂšre de mon meilleur ami.

 

Par ailleurs, et c’est le propre de bien des couples, je crois aussi au fait que ma compagne a l’aptitude d’observer ou de voir ce que je n’ai pas remarquĂ©.

 

 

Dans le film Inception  de Christopher Nolan, j’avais raillĂ© le comportement du personnage Dominic l’extracteur(L’acteur LĂ©onardo Dicaprio), qui, si je me souviens bien, trĂšs en peine de faire le deuil de sa femme Mallorie  ( l’actrice Marion Cotillard) s’enfermait dans une certaine illusion. Une collĂšgue et amie m’avait rĂ©pondu Ă  l’époque que vivre dans une illusion commune Ă©tait courant au sein d’un couple.

 

Je n’exclue pas l’idĂ©e que, comme le personnage de Dominic, dans Inception, je sois en train de contribuer Ă  l’établissement et au maintien  d’une illusion commune avec ma compagne ainsi qu’avec ma mĂšre et, toute autre personne anti-vaccin. Mais, si illusion il y a, les faits, d’ici quelques semaines ou quelques mois, viendront apporter leur contradiction extĂ©rieure. Pour l’instant, j’ai trop de contradictions et de doutes en moi pour accepter la vaccination anti-Covid.

 

J’ai envisagĂ© d’ĂȘtre, dans le couple, celui qui allait se faire vacciner contre le Covid. Afin d’équilibrer pour le quotidien. Pour nous rendre la vie plus simple lorsque les restrictions vont ĂȘtre appliquĂ©es contre celles et ceux qui ne sont pas vaccinĂ©s. J’estimais que, de nous deux, j’étais celui qui pouvait le plus faire ça. J’en ai parlĂ© Ă  ma compagne. Elle m’a rĂ©pondu qu’elle ne voulait pas que je me « sacrifie Â». Tout ce qu’elle voulait, c’était que je ne me fasse pas vacciner avec les vaccins actuels contre le Covid.

 

Etre pĂšre :

Etre pĂšre, dans un tel contexte, est dĂ©licat. Ce matin, j’ai eu un peu de mal Ă  ĂȘtre bien disponible pour ma fille. Vu que la dĂ©cision que j’avais prise de renoncer Ă  cette premiĂšre injection de Pfizer, mĂȘme si je crois que c’était la seule que je pouvais prendre aujourd’hui, m’a occupĂ© l’esprit.

 

Pour l’instant, comme c’est encore les grandes vacances, ma fille ne perçoit pas trop, je pense, toute cette empoigne autour du vaccin et du passe sanitaire entre les pro et les anti-vaccins. Et, je m’applique Ă  ne pas aborder ce sujet devant elle. La seule remarque qui m’a Ă©chappĂ© hier ou avant hier en lisant le journal devant elle a Ă©tĂ© concernant le fait qu’avec le dĂ©part des derniĂšres troupes amĂ©ricaines en Afghanistan, les Talibans ont recommencĂ© Ă  reprendre possession du pays. Je me suis dit que, prochainement, ce retour des Talibans en Afghanistan allait nous ramener le terrorisme jihadiste  et ses attentats.

 

Dans le Charlie Hebdo de ce mercredi, journal trĂšs critique envers les anti-vaccins, le rĂ©dacteur en chef Riss, dans son Ă©ditorial, pointe «  Moi aussi, je commence Ă  en avoir marre de la crise du Covid et des interminables dĂ©bats sur les mesures barriĂšres, les vaccins, les anti-vaccins et la peste bubonique Â» (
.). Puis, il exprime sa crainte d’une proche guerre mondiale. Sujet plus prĂ©occupant que la pandĂ©mie du Covid qui continue de beaucoup nous obsĂ©der.  

 

Ce matin, je suis allĂ© acheter plusieurs journaux afin d’essayer de trouver en eux des rĂ©ponses qui me manquent encore Ă  propos de la vaccination anti-Covid. J’ai achetĂ© Les Echos, Le Canard EnchainĂ©, Le New York Times, Le Figaro, Le Monde et Charlie Hebdo, donc.

 

Le journal  » Le New York Times » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

 

Les caricatures de Charlie Hebdo Ă  propos des anti-vaccins peuvent me faire sourire. Mais elles ne me convainquent pas en faveur de la vaccination. A nouveau, il me manque les certitudes que les journalistes de Charlie Hebdo ont sur le sujet des vaccins actuels. Pareil pour Le Canard EnchaĂźnĂ© que je lis depuis plus d’une vingtaine d’annĂ©es sans doute. Si je comprends son titre Violences et dĂ©rives lors des manifs anti-passe sanitaire(Combien d’antivax positifs au test anti-gĂ©nie ?), lui, aussi, ne suffit pas Ă  me rassurer Ă  propos des vaccins actuels contre le Covid.

 

Je me dis mĂȘme que Charlie Hebdo et Le Canard EnchaĂźnĂ©, comme d’autres journaux, d’autres opinions et d’autres sensibilitĂ©s,  s’ils se sont trompĂ©s Ă  propos de la frĂ©quence des effets indĂ©sirables graves des vaccins contre le Covid, auront du mal Ă  le reconnaĂźtre.

 

Qu’est-ce que je peux expliquer Ă  ma fille Ă  propos de ces pour et de ces contre vaccins anti-Covid ?

 

Qu’il y a, d’un cĂŽtĂ© les mĂ©chants pro-vaccins ? Et, de l’autre cĂŽtĂ©, les gentils anti-vaccins ?

 

Je ne raisonne pas de cette façon. DerniĂšrement, une de nos voisines, vaccinĂ©e, Ă©tait d’accord pour accompagner notre fille Ă  une exposition sur le Divas organisĂ©e par l’Institut du Monde Arabe, Ă  Paris, et proposĂ©e par le conservatoire de notre ville. Finalement, elle a dĂ» se dĂ©sister pour des raisons familiales. Mais elle m’a dit avoir Ă©tĂ© touchĂ©e par la confiance qu’on lui accordait. Et, elle m’a invitĂ© Ă  la solliciter, en cas de besoin, ultĂ©rieurement. Je crois qu’à cĂŽtĂ© des dĂ©boires Ă  venir pour les anti-vaccins, qu’il y aura aussi des situations d’entraide comme avec notre voisine qui vont se rĂ©pĂ©ter et se dĂ©velopper entre pro-vaccins et anti-vaccins au delĂ  de ce qui peut se prĂ©voir.

 

A ma fille, ce soir, avant qu’elle aille se coucher, j’ai dit :

« Je n’ai pas Ă©tĂ© trĂšs disponible aujourd’hui. J’espĂšre pouvoir faire mieux demain Â». Nous avions nĂ©anmoins passĂ© du temps ensemble, Ă©tions sortis faire un tour dans le centre-ville. Elle avait fait un peu de vĂ©lo. Nous Ă©tions allĂ©s Ă  la librairie et chez le marchand de primeurs, avions trouvĂ© la mĂ©diathĂšque close. Ma fille a pris cela avec le sourire. Et m’a fait comprendre que pour me faire pardonner, que je me devais de l’emmener jusqu’à sa chambre en la portant sur mes Ă©paules. J’ai facilement acceptĂ© cette pĂ©nitence.

 

Mais je savais m’ĂȘtre fait emporter par la rĂ©daction de cet article. Hier, nous avions pu regarder entiĂšrement le magnifique manga Les enfants de la mer, rĂ©alisĂ© par Ayumu Watanabe . Aujourd’hui, nous n’avions mĂȘme pas terminĂ© de regarder le premier volet aussi drĂŽle que martial de La LĂ©gende de Fong Sai-Yuk rĂ©alisĂ© par Corey Yuen.   Le sujet de la vaccination est devenue une forme d’obsession comme je l’ai reconnu tout Ă  l’heure en en discutant avec ma compagne.

 

Mais c’est maintenant qu’il faut Ă©crire Ă  ce sujet. Ma compagne m’a demandĂ© :

« Pour qui ? Â». Ou «  Pourquoi ? Â».

C’est le genre de question Ă  ne pas poser Ă  un obsĂ©dĂ©. Ou Ă  un passionnĂ©.

 

La pandĂ©mie du Covid nous rappelle la nĂ©cessitĂ© de bien vivre ce que l’on peut bien vivre avec celles et ceux auxquels nous sommes attachĂ©s. Dans un an, le 4 aout 2022, certaines et certains d’entre eux, certaines et certains d’entre eux ne seront peut-ĂȘtre plus lĂ . Moi, je serai peut-ĂȘtre en rĂ©a. Comme patient. Ou comme visiteur.

 

Franck Unimon, ce mercredi 4 aout 2021.  

 

 

 

 

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Sérums de vérité-Lundi 2 aout 2021

Paris, ce dimanche 1er aout 2021, vers 19h.

 

                     SĂ©rums de vĂ©ritĂ©- Lundi 2 aout 2021

Etat de fatigue

 

Tant qu’elle n’est pas destinĂ©e Ă  la torture, la fatigue peut avoir du bon. J’ai travaillĂ© deux nuits de suite. Mais ce n’est pas Ă  ces deux nuits que j’attribue mon Ă©tat de fatigue actuel depuis quelques jours. Le travail de nuit a des consĂ©quences connues. Tel un certain Ă©tat d’épuisement, de ralentissement de la pensĂ©e, de difficultĂ©s Ă  la concentration, d’isolement social et affectif, de dĂ©pression et de variation de l’humeur, de prise de poids, d’augmentation de la consommation de tabac, de repas dĂ©sĂ©quilibrĂ©s, de « dĂ©sorientation Â» hormonale. Ces quelques consĂ©quences- et d’autres- sont vĂ©cues et parĂ©es diffĂ©remment selon les personnes et leur aptitude immĂ©diate, ou prolongĂ©e, Ă  rĂ©cupĂ©rer du travail de nuit. Et, aussi, Ă  accepter comme Ă  aimer le travail de nuit.

 

Je travaille de nuit par alternance, tantĂŽt de nuit et tantĂŽt de jour. Cette alternance me plait. D’autant qu’à partir de l’ñge de mes vingt ans, Ă  la fin des annĂ©es 80, j’ai commencĂ© Ă  apprendre Ă  travailler de nuit. Je crois donc suffisamment bien me « connaĂźtre Â» lorsque je travaille de nuit en 2021. Ce que je peux faire et ce que je ne peux pas faire. Comment et jusqu’à quand. Et avec qui. A quel rythme et dans quelles conditions. Mais, aussi, comment je peux rĂ©cupĂ©rer au mieux, ensuite, de mes nuits de travail. Physiquement. Mais, aussi, voire, surtout, mentalement.

 

Lorsque je travaille de nuit, comme de jour, je sais aussi quand dĂ©bute ma nuit ou ma journĂ©e de travail. Ainsi que, quand elle va se terminer. Ce qui me permet assez facilement, en fonction de comment se passe le travail, et comment je me sens, de savoir si j’ai besoin de souffler. Et quand il me faut prendre une pause. Avant d’ĂȘtre K.O, hors de propos ou hors sujet, Ă  la merci de l’accident, de la blessure, de l’imprĂ©vu ou du dĂ©rapage.

 

Donc, mĂȘme si le travail de nuit contribue Ă  mon Ă©tat de fatigue actuelle, et que j’ai repris le travail par deux nuits aprĂšs prĂšs d’un mois de vacances, ce n’est pas Ă  cela que je pense. Mais Ă  la frĂ©quence de rĂ©daction de mes articles ces deux Ă  trois derniĂšres semaines. Il m’a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dit que j’écrivais beaucoup. Et trĂšs long. La semaine derniĂšre, mon ami Raguse me l’a redit. Mais, ces deux Ă  trois derniĂšres semaines, je dĂ©gaine mes articles pour mon blog plus vite que d’habitude. Comme si j’allais bientĂŽt mourir ou que je sentais qu’il y a actuellement une pĂ©riode particuliĂšre de la vie Ă  saisir.

 

La fatigue, lorsqu’elle n’est pas une torture, est une ouverture. Elle permet une certaine « crĂ©ativitĂ© Â».  Nous « poussons et repoussons Â» en permanence. La fatigue fait partie de ces Ă©tats, encore assez proches du rĂȘve oĂč certaines idĂ©es n’ont pas encore disparu. Et se dĂ©marquent assez de nos automatismes. On se censure moins. On est plus spontanĂ©. On attend moins de « rĂ©sultat Â» ou de reconnaissance. On vit dans l’instant. On est soi-mĂȘme dans la tachypsychie. Un peu exaltĂ©. MĂ©galomane sans doute. Tout va bien. C’est une espĂšce de narcose hors de l’eau. Ce que l’on appelle en psy ĂȘtre un peu « hypomane Â». Cela n’a rien Ă  voir avec le mĂ©nage, le fait d’ĂȘtre pyromane ou avec les phĂ©romones. Mais plutĂŽt avec  une sensible accĂ©lĂ©ration du dĂ©bit de nos actions, de nos paroles et notre activitĂ© cĂ©rĂ©brale. Nous faisons des petits ponts Ă  nos mĂ©ninges. Nous dribblons nos dĂ©fenses sans recours au moindre euphorisant extĂ©rieur avant qu’elles ne s’installent pour la journĂ©e.

 

 On va peut-ĂȘtre faire tenir, une fois de plus, un convoi entier d’ñneries et de phrases stĂ©riles et vides dans un article dont deux ou trois lecteurs vont ensuite s’imposer la lecture par devoir, amusement ou par curiositĂ© ( « Regarde, c’est un assez bon exemple de la symptomatologie clinique de l’hypomanie. Ça fait penser Ă  un petit poisson rouge qui tourne Ă  toute vitesse dans son bocal. Tu le poses dans son blog, il tourne en rond et il a l’impression de parcourir des steppes immenses. C’est fascinant
. Â»).

 

Mais on prĂ©fĂšrera ça malgrĂ© tout- Ă©crire des Ăąneries de façon artisanale– Ă  aller se ranger dans les rayon de la Fnac (car j’ai eu subitement trĂšs envie de le faire tout Ă  l’heure) pour aller y voir s’il y a des affaires et des achats pour soi en Blu-Rays ou cds. Blu-Rays et cds qui seraient venus s’ajouter aux tas d’autres blu-rays et cds que j’ai dĂ©jĂ  et que je n’ai pas encore pris le temps de regarder ou d’écouter ou que j’ai mĂȘme pu oublier. Tout Ă  l’heure, donc, j’ai Ă©tĂ© Ă  deux doigts de passer Ă  la fnac. Il y a toujours une affaire ou deux Ă  faire Ă  la Fnac ou dans un magasin quelconque.  Mais, je pourrais toujours y aller un autre jour. Alors que l’ñne et le tenbrak que je suis, eux, sont impatients de s’exprimer. Et, tous les deux, main dans la main, me font maintenant faire un gentil tour de manĂšge.

 

Deux doigts :

La semaine derniĂšre, au tĂ©lĂ©phone, j’ai aussi dit Ă  mon ami Raguse :

 

« J’ai l’impression que c’est Ă  partir de maintenant que mon  blog balistiqueduquotidien.com va commencer Ă  prendre de l’essor Â». Raguse m’a Ă©coutĂ© comme un humain Ă©coute un Ăąne. Avec indulgence. Sans le contredire. Il aurait pu prendre un coup de sabot.

 

 

 

Nous sommes au dĂ©but du mois d’aoĂ»t. La plupart des gens sont en vacances et veulent profiter de leurs vacances ou/ et des jeux olympiques de Tokyo qui se dĂ©roulent avec un an de retard Ă  cause de la pandĂ©mie du Covid. Les prochains jeux olympiques se dĂ©rouleront normalement Ă  Paris en 2024.

L’annĂ©e a Ă©tĂ© difficile et mes articles ne sont pas tous compatibles avec l’esprit des vacances. Que ce soit au mois d’aoĂ»t oĂč lorsque l’on reprend le travail. Sauf que je crois que mes articles, malgrĂ© mes dĂ©fauts et malgrĂ© leurs dĂ©fauts, parlent de la vie. Et pas seulement de moi. Avec une certaine sincĂ©ritĂ©, une constance et un engagement d’ñne qui, je crois, finiront pas l’emporter.

 

 

 

Ce n’est pas seulement une question de quantitĂ© d’articles. Ni d’humilitĂ©. Car ce que j’écris peut passer pour aussi bornĂ© que prĂ©tentieux et l’est trĂšs certainement.

 

 Mais c’est surtout une question de temps passĂ© Ă  pratiquer l’écriture.

 

Et d’esprit critique.

 

Envers moi-mĂȘme comme envers ce que je vois, ce que je vis et que d’autres peuvent voir et vivre aussi. Sauf qu’ils ne prendront pas le temps de l’écrire. De « le pratiquer Â».  Qu’ils ne le voudront pas ou n’oseront pas le faire. Alors qu’il s’agit de moments qui comptent pour moi. Je n’écris rien d’exceptionnel. Mais je l’écris parce-que le crois important. Je le crois parce-que je suis un Ăąne. C’est tout. C’est la diffĂ©rence entre un Ăąne et une personne normale et raisonnable.

 

 

C’est comme une personne qui, en passant, prendrait aujourd’hui une photo d’un endroit ou d’une personne avec deux doigts voire un seul. Avec un simple clic. Un geste ordinaire que tout le monde peut faire. Mais que, souvent, seule une minoritĂ© prend le temps de faire. Parce qu’elle a l’envie, le plaisir et la sensibilitĂ© pour prendre le temps de le faire. Alors que la majoritĂ© a souvent ou toujours autre chose Ă  faire ou ne voit pas l’intĂ©rĂȘt de le faire. C’est ce que j’essaie de faire avec ces articles. Un jour, une kinĂ© m’a appris que certains gestes disparaissaient parce-que nous ne les faisons plus. ça m’a marquĂ©. Peut-ĂȘtre parce-que,  ce que je fais, c’est surtout Ă©crire et photographier de la mĂ©moire. La rechercher. Essayer d’écrire des histoires. EspĂ©rer que d’autres aimeront les lire ou les Ă©couter. Et, si possible, autant que possible, faire de l’humour.

 

On conviendra donc assez facilement que mes articles et le nom de mon blog, balistiqueduquotidien.com , sont assez raccord avec ces intentions.

 

 

PremiĂšre injection du vaccin anti-Covid :

Tout mon laĂŻus sur le travail de nuit et ses Ă©ventuelles consĂ©quences temporaires ou dĂ©finitives paraissait peut-ĂȘtre hors sujet avec la pandĂ©mie actuelle. Il existe pourtant des similitudes avec notre Ă©tat d’esprit envers la pandĂ©mie, la vaccination anti-Covid et le passe sanitaire. Que l’on soit pour ou contre.

 

Je suis Ă  deux doigts de me dĂ©sister avant la premiĂšre injection du vaccin anti-Covid cette semaine. Tout Ă  l’heure, j’ai reçu un sms de rappel pour mon rendez-vous. J’ai eu l’impression de me rapprocher de mon intronisation sur la chaise Ă©lectrique ou de la guillotine.  Dans mon long article 1er aout 2021, je conclue que, quelle que soit notre dĂ©cision pour ou contre la vaccination Covid, qu’il importe de la prendre «  en son Ăąme et conscience Â». Et non sous l’effet ou l’emprise de la peur.

 

J’ai plusieurs raisons – ou plusieurs absurditĂ©s- qui me poussent dans le cerveau au point d’envisager Ă  nouveau de reculer avant de me faire inoculer ce vaccin anti-Covid. Et, hier soir, alors que je pĂ©dalais sur mon vĂ©lo et remontais le boulevard Raspail, afin de me rendre Ă  ma deuxiĂšme nuit de travail, je me suis mĂȘme demandĂ© si je devenais parano. AprĂšs quelques coups de pĂ©dale, j’ai Ă©tĂ© indulgent avec moi-mĂȘme. Je me suis dĂ©cidĂ© Ă  conclure que j’étais Ă©gal Ă  moi-mĂȘme : NĂ©vrosĂ©, obsessionnel. Plus que parano. Encore Ă  plusieurs cycles de distance de la lune du She’s lost control du groupe Joy Division.

 

Je ne cherche pas Ă  faire monter le nombre de vues de mon blog en parlant de mon nouveau revirement Ă  propos de l’injection de ce vaccin anti-Covid.  MĂȘme si, actuellement, sur les rĂ©seaux sociaux et dans les mĂ©dia traditionnels (tĂ©lĂ©vision, journaux papier) il est plus tendance de parler des « anti-vaccins Â» ou de se dire « anti-vaccin Â» pour susciter l’attention et de l’intĂ©rĂȘt.

Si je partage certains doutes et certaines critiques de bien d’autres contre les vaccins anti-Covid et l’obligation du passe sanitaire dĂ©cidĂ©e par notre gouvernement, je crois aussi que se dire anti-vaccin et anti-passe sanitaire permet Ă  quelques unes et quelques uns de mieux se montrer ou d’ĂȘtre entourĂ©s. C’est une opportunitĂ© parmi d’autres pour faire parler de soi. Certaines personnes- une minoritĂ©- se sont bien fait passer pour des victimes des attentats du Bataclan.

 

Ce n’est pas la premiĂšre fois ni la derniĂšre fois que cela arrive : gueuler ou bien se placer pour exister et se faire de la pub. Puis, finalement, si ça devient trop difficile ou si ce n’est plus trĂšs rentable, changer d’opinion, de stratĂ©gie, de couverture ou d’alliance. Ce genre d’attitude existait bien avant la pandĂ©mie du Covid. Les ĂȘtres humains n’ont pas changĂ© depuis l’annĂ©e derniĂšre. C’est notre vie qui a changĂ© depuis l’annĂ©e derniĂšreau travers de certains Ă©vĂ©nements et de certains tournants qui sont pour nous tous des sĂ©rums de vĂ©ritĂ©.

 

Certains Ă©vĂ©nements et tournants qui sont pour nous tous des sĂ©rums de vĂ©ritĂ© :

 

Depuis l’annĂ©e derniĂšre, la pandĂ©mie du Covid nous a jetĂ© dans la mĂȘme nasse. Et, dans cette nasse, comme envers le travail de nuit, nous rĂ©agissons les uns et les autres, diffĂ©remment. Il y a eu d’autres Ă©vĂ©nements qui nous ont marquĂ©s ces quarante derniĂšres annĂ©es. Pas seulement ces dix huit derniers mois Des Ă©vĂ©nements technologiques, Ă©pidĂ©miologiques, meurtriers et idĂ©ologiques ou culturels. Je pense par exemple :

 

Au dĂ©veloppement du tĂ©lĂ©phone mobile. Aujourd’hui, il est normal qu’un mĂŽme de dix ans ou moins se balade avec un tĂ©lĂ©phone portable. Il y a quarante ans, nous en Ă©tions au tĂ©lĂ©phone fixe Ă  fil Ă  domicile et aux cabines tĂ©lĂ©phoniques Ă  piĂšces voire Ă  carte. C’est un autre monde. Mais ce monde, nous sommes encore nombreux Ă  l’avoir connus. Ce monde nous a influencĂ© et Ă©duquĂ© d’une certaine façon. Je pourrais faire la mĂȘme comparaison entre le balai ou l’aspirateur d’il y a quarante ans et les diffĂ©rentes dĂ©clinaisons de l’aspirateur Dysond’aujourd’hui.  

 

Mais il y a bien-sĂ»r le dĂ©veloppement d’internet, tel que nous le connaissons aujourd’hui avec les rĂ©seaux sociaux et tout le reste. Le darknet, aussi, est et aura Ă©tĂ© un Ă©vĂ©nement. Je parle d’évĂ©nement technologique. Mais internet est  aussi bien-sĂ»r un Ă©vĂ©nement Ă©conomique et sociĂ©tal. Un tournant. Nous sommes lĂ  aussi encore assez nombreux Ă  avoir grandi hors de ce monde. Alors que nos enfants, petits-enfants et descendants, eux, naissent et grandissent dans ce monde oĂč les interactions entre les uns et les autres peuvent ĂȘtre trĂšs diffĂ©rentes de ce que les plus « anciens Â» ont pu connaĂźtre. Je ne critique pas cette Ă©volution mĂȘme si le dĂ©veloppement de certains comportements grĂące ou Ă  cause de ces Ă©vĂ©nements me dĂ©range.

 

L’épidĂ©mie du Sida, aussi, avait Ă©tĂ© un Ă©vĂ©nement marquant. Les attentats du 11 septembre 2001. Les attentats de « Charlie Hebdo Â», de l’hyper-cacher de Vincennes, du Stade de France, du bataclan, aussi, et d’autres Ă©vĂ©nements relatifs Ă  cette guerre idĂ©ologique (Ă  Nice, ailleurs, ou l’assassinat de Samuel Paty), les gilets jaunes font partie des Ă©vĂ©nements marquants. Il y en a bien-sĂ»r eu d’autres.

 

Toutefois, il y a aussi eu des Ă©vĂ©nements publics heureux marquants. Dans le domaine culturel ou artistique, du fait du contexte de la pandĂ©mie du Covid, je pense au film Matrix ou au lapsus que j’ai fait derniĂšrement en citant le groupe Massive Attack et son album vĂ©nĂ©neux, Mezzanine.

 

Massive Attaque :

Devant ces innovations technologiques majeures et irrĂ©versibles que sont internet, le web et la tĂ©lĂ©phonie mobile, je n’avais pas du tout brillĂ© par ma rapiditĂ© Ă  les adopter. Je m’étais montrĂ© trĂšs critique et plutĂŽt rĂ©fractaire aux dĂ©buts de leur commercialisation. Bien-sĂ»r, ces innovations technologiques, comme aujourd’hui l’électronique dans les voitures et les technologies wifi et bluetooth nous avaient trĂšs vite Ă©tĂ© vantĂ©es comme trĂšs pratiques et indispensables. Et, aujourd’hui, si j’ai suivi comme le plus grand nombre, et suis content de ce que plusieurs innovations technologiques majeures peuvent me permettre de faire et de vivre (telle l’expĂ©rience de ce blog), je reste aussi assez critique envers certains de leurs travers. Comme envers certaines des habitudes et dĂ©pendances que nous contractons envers elles. MĂȘme si c’est pour rester un usager dĂ©pendant et quotidien de ces technologies.

 

Mais, que l’on parle d’internet, de tĂ©lĂ©phonie mobile, des attentats ou d’autres tournants de notre Histoire, mĂȘme s’il s’agit d’évĂ©nements marquants, sauf si l’on a connu un proche ou quelqu’un mort dans les attentats, il s’agit principalement d’évĂ©nements extĂ©rieurs Ă  notre corps. Ou que, plus ou moins Ă  notre rythme, sauf Ă©videmment pour les attentats, nous avons, pour une raison ou une autre, fini par intĂ©grer dans notre vie. Et, c’est ce que j’ai fait.

 

Or, avec les vaccins anti-covid, et la pandĂ©mie du Covid, mon rythme d’intĂ©gration n’est pas respectĂ©. Mes possibilitĂ©s de repli, non. Je peux couper mon tĂ©lĂ©phone portable pour quelques heures. Pas avec ce vaccin, une fois que son contenu aura Ă©tĂ© introduit dans mon corps. Et, en plus, pour des « raisons sanitaires Â», on tente de me forcer la main.  Depuis l’annĂ©e derniĂšre. Avant mĂȘme que ne soient fabriquĂ©s ces vaccins anti-Covid qui rassurent une partie d’entre nous- et inquiĂštent une autre partie d’entre nous- en raison des conditions et de la rapiditĂ© de leur fabrication.

 

Qui a raison ? Les pour ou les contre ? Plus tard, nous le saurons vraiment. Mais, en attendant, que l’on soit pour ou contre, tout le monde ou Ă  peu prĂšs,  sera d’accord pour dire que depuis l’annĂ©e derniĂšre et le premier confinement que nous avons connus en mars 2020, la pandĂ©mie du Covid a Ă©tĂ© pour tous une
massive attaque.

Le journal  » Les Echos » de ce lundi 2 aout 2021.

 

Attention ! Depuis internet et la tĂ©lĂ©phonie mobile, nous avons commencĂ© Ă  apprendre qu’avec les ĂȘtres humains, certaines rumeurs et dĂ©sinformations vont encore plus vite que la vitesse de la lumiĂšre. Tant l’ĂȘtre humain a des pensĂ©es, des croyances, des suppositions et des certitudes qui lui traversent la tĂȘte en permanence. Comme dans une sorte de tentative incessante de recrĂ©er le Big Bang des origines de la vie sur Terre.

 

Et, dĂ©sormais « grĂące Â» ou « Ă  cause Â» d’internet et de la tĂ©lĂ©phonie mobile, l’ĂȘtre humain a dĂ©sormais la possibilitĂ©, avec un seul doigt, ou deux, ou simplement avec la voix, de balancer rapidement, massivement et de façon illimitĂ©e, sans faire le tri, Ă  un maximum de gens, tout et son contraire. De rĂ©vĂ©lations du genre Wikileaks ou de l’affaire Snowden Ă  la rumeur de bouche ou de quartier qui n’aurait pas survĂ©cu Ă  l’épreuve de la chasse d’eau dans les chiottes avant internet.

 

Lorsque l’on voit ce que l’ĂȘtre humain peut faire de pire depuis son clavier d’ordinateur, on est content que nos claviers personnels soient encore dĂ©pourvus du bouton rouge capable d’envoyer des bombes de fragmentation ou des drones cellulaires suite Ă  un dĂ©saccord Ă  propos d’une vidĂ©o ou d’un artiste sur Youtube.

 

Tout cela simplement pour dire que le groupe Massive Attack n’est en aucun cas un groupe qui avait annoncĂ© la pandĂ©mie du Covid 19 ou qui est reliĂ© de prĂšs ou de loin Ă  son Ă©mergence comme Ă  son Ă©volution actuelle.

 

Une fatigue proche du seuil de la torture :

 

Et, si je parle de massive attaque (ou, plutĂŽt, d’attaque massive) de la pandĂ©mie du Covid depuis l’annĂ©e derniĂšre, c’est parce-que je crois que ses consĂ©quences depuis l’annĂ©e derniĂšre peuvent bien faire penser Ă  certains des effets- majorĂ©s- du travail de nuit que j’ai citĂ©s au dĂ©but de cet article. Mais ces effets sont majorĂ©s, et massifs, car la fatigue que nous pouvons ressentir du fait de cette pandĂ©mie du Covid, que l’on soit pro ou anti-vaccin, se rapproche maintenant ou se maintient Ă  un seuil proche de celui de la torture. Et, nous ne sommes pas tous Ă©gaux ni tous prĂ©parĂ©s de la mĂȘme façon face Ă  la torture. Nous voulons pouvoir dormir et sortir tranquillement.

 

Dans le premier volet de Matrix, rappelez-vous ou regardez le film, Cypher ou Mr Reagan ( l’acteur Joe Pantoliano)  l’un des « rebelles Â», proche de MorphĂ©us, en a assez de se battre contre la Matrice. Et, il ne croit plus ĂȘtre l’élu. Il jalouse mĂȘme NĂ©o, le nouveau venu (interprĂ©tĂ© par Keanu Reeves, Ă©lu dans Matrix, damnĂ© vingt ans plus tard dans John Wick. On peut dire que le karma de l’acteur Keanu Reeves ou des scĂ©naristes s’est inversĂ©).

https://youtu.be/6gL0xQHI0wo

 

D’une certaine façon, on pourrait se dire que tout ce que dĂ©sire Cypher, mĂȘme s’il sait que cet univers est factice, c’est des vacances, avec restaurant, plage Ă  volontĂ© et tous ces loisirs et distractions que l’on peut rechercher dans les magasins ou pendant des week-end ou des vacances. Cypher en a assez de vivre dans le rationnement, la fuite, la grisaille. Il en a assez de s’opposer au Pouvoir arachnĂ©en de la Matrice qui s’infiltre jusque dans les pores. AtmosphĂšre angoissante, mais aussi pulsatile et agressive, que reflĂšte bien la musique de l’album Mezzanine du groupe Massive Attack dont un titre ou deux figure au gĂ©nĂ©rique du film Matrix.

 

 

Vacances, j’oublie tout :

 

Sauf que la vie est aussi faite d’essais, de nuances et de prudence. Dans Matrix, les « mĂ©chants Â» sont mĂ©chants. Et les gentils sont gentils. Le film est moins subtil que le Brazil de Terry Gilliam(1985)  qui lui est antĂ©rieur de 14 annĂ©es ou que le Blade Runner de Ridley Scott encore plus « vieux Â» ( rĂ©alisĂ© en 1982). Deux films, deux chefs d’Ɠuvre, qui parleraient trĂšs bien aux gens de notre Ă©poque, en pleine pandĂ©mie du Covid.

 

La pandémie du Covid, comme certains états de fatigue, agit sur nous tels certains sérums de vérité.

Le journal « Le Figaro » de ce lundi 2 aout 2021.

 

Depuis la pandĂ©mie du Covid et l’annĂ©e derniĂšre, pour sauver notre peau, nous sommes de plus en plus contraints de nous dĂ©couvrir tels que nous sommes et tels que les autres autour de nous sont vĂ©ritablement. SpontanĂ©ment, on pense bien-sĂ»r au pire chez l’ĂȘtre humain. A certaines dĂ©sillusions Ă  venir sur soi, des collĂšgues ou des proches. On peut aussi s’attendre au pire en termes de comportements en cas de confrontation entre des pro vaccin et des anti-vaccins. Puisque ce lundi, par exemple, les journaux papiers Le Figaro et L’Opinion relatent que «  le mouvement des anti-passe sanitaire s’amplifie Â» passant de 110 000 Ă  204 000 en trois semaines (Le Figaro). Le journal L’Opinion de ce lundi 2 aout 2021, toujours, Ă©crit sur sa premiĂšre page au dessus de son titre La nouvelle menace des antipass :

 

« Les manifestations contre l’arsenal sanitaire anti-Covid ont rĂ©uni 205 000 personnes ce samedi. Un chiffre encore modeste mais en augmentation, qui fait craindre une rentrĂ©e sociale animĂ©e Â».

 

Le journal « L’Opinion » de ce lundi 2 aout 2021.

 

Mais, on peut ĂȘtre vacancier et pro-vaccin et, pour autant, partager le point de vue d’anti-vaccins.  Ou s’entraider.

 

Et puis, Faire des pauses, savoir en faire en vacances ou ailleurs, y compris avec des personnes qui ont fait un autre choix que le nĂŽtre, c’est aussi ce qui peut permettre de ne pas totalement dĂ©primer, paniquer ou dĂ©raper durant cette pandĂ©mie.

On peut aussi ĂȘtre anti-vaccin et comprendre que d’autres aient choisi de se faire vacciner.

 

Mais pourquoi suis-je finalement Ă  deux doigts de me dĂ©sister pour mon rendez-vous prĂ©vu pour ma premiĂšre injection ?

 

 

Le journal  » Le Monde » de ce lundi 2 aout 2021.

 

Trop de doutes

Parce-que, j’ai encore trop de doutes concernant le « bien Â» que peuvent me faire ces vaccins anti-Covid.

 

Parce-que j’ai dĂ©jĂ  du mal passer le cap d’accepter de me faire vacciner deux fois contre le Covid. Aussi, savoir qu’une troisiĂšme injection est d’ores et dĂ©jĂ  prĂ©vue aprĂšs les deux premiĂšres en moins d’un an, me rend le passage vers la vaccination encore plus difficile.

Il est assez ironique que dans mon mĂ©tier, en psychiatrie, sujet hautement sensible, il nous arrive de donner un traitement Ă  un patient ou de « l’enfermer Â» contre son grĂ©. Alors que cela peut le choquer ou choquer une partie de la population qui considĂšre qu’il y a au minimum un abus de pouvoir et une maltraitance des institutions psychiatriques et du corps mĂ©dical et soignant qui y exerce. Et, de se retrouver, comme moi, dans la situation, avec cette vaccination anti-Covid, dans une situation presqu’analogue. OĂč je me retrouve Ă  la place de celle ou celui qui refuse de prendre un traitement et qui doit le prendre.

Le rapprochement m’a troublĂ©.

Pourtant, il existe quand mĂȘme quelques diffĂ©rences entre les deux situations. Je n’ai pas de trouble psychiatrique de nature Ă  troubler l’ordre public (c’est Ă©tonnant d’écrire ça vu le contexte et certaines oppositions entre anti-vaccin et pro-vaccin) Ă  mettre ma vie en danger. Je n’ai pas de dĂ©ni de mes troubles. Je suis nĂ©vrosĂ© et anxieux, ce qui peut se comprendre au vu du contexte de la pandĂ©mie du Covid.

Pour ce qui est de mettre la vie d’autrui en danger en refusant de me faire vacciner, cela va devenir un dĂ©bat public et non le dĂ©bat de Franck Unimon versus la sociĂ©tĂ©. Je ne suis pas seul contre la norme de tous. Il est bien d’autres personnes, sans troubles psychiatriques, et sans troubles du comportement (sauf s’ils manifestent d’une certaine façon condamnĂ©e par la loi) qui sont Ă©galement anti-vaccins ou trĂšs mĂ©fiants envers les vaccins anti-Covid. Avec des arguments que certains trouvent irrecevables. Mais jusqu’Ă  quel point et jusqu’Ă  quand ces arguments vont-ils rester irrecevables ?

Les traitements que nous donnons, par voie injectable, contre le grĂ© des patients, le sont en situation de crise et d’agitation du patient. Un Ă©tat de crise et d’agitation incompatible avec la vie en sociĂ©tĂ©. Y compris, gĂ©nĂ©ralement, avec ses proches et son entourage. Etat d’agitation ou de crise que je ne connais pas. Les voisins de mon immeuble ne se mettent pas Ă  raser les murs en me voyant rentrer chez moi. La police, Ă  ce jour, ni cette nuit, ne sera pas appelĂ©e en raison du tapage nocturne rĂ©pĂ©tĂ© auquel je me livrerai car, depuis ma fenĂȘtre, rĂ©guliĂšrement- entre trois heures et cinq heures du matin- je me mettrai Ă  hurler des chansons de Jacob Desvarieux afin de continuer d’honorer sa mĂ©moire.

 

Et puis, il y a l’intention que nous avons envers le patient au travers de notre relation avec lui. Feu Scapin, il y a une vingtaine d’annĂ©es, avait pu me dire quelque chose :

 

« Un jour, on s’apercevra peut-ĂȘtre que ces mĂ©dicaments (fabriquĂ©s par des laboratoires comme les vaccins anti-covid actuels) que l’on donne aux patients sont en fait des saloperies. Ce qui fera la diffĂ©rence, ce sera la façon dont on s’est comportĂ© avec les patients Â».

Dans la situation actuelle avec les vaccinations anti-Covid devenus obligatoire, s’il y a un discours officiel de bienveillance et d’utilitĂ© publique pour les justifier et encourager les vaccinations, la relation est toute autre entre les laboratoires, le gouvernement et les citoyens, en bonne santĂ©, que celle qui peut exister entre des soignants et des patients.

Si un rapport de force dominant/dominé existe aussi entre soignants et patients

(certains professionnels et certaines institutions de soins prĂ©fĂšrent dĂ©sormais que l’on parle plutĂŽt de « clients Â» au lieu de « patients Â»), il est nĂ©anmoins principalement mu par des buts sanitaires qui , il est vrai, peuvent ĂȘtre rĂ©pressifs pour le « bien public Â». Mais le traitement par injection lors des crises n’est pas systĂ©matique. Tous les patients de psychiatrie ne sont pas en crise.  Et il y a bien des patients en psychiatrie avec lesquels il n’y a pas ou peu de confrontation. 

Alors que pendant cette crise de la pandĂ©mie du Covid et de l’obligation des vaccins anti-Covid, et du passe sanitaire, les intentions sanitaires de la vaccination anti-Covid, si elles sont faciles Ă  comprendre, sont aussi « influencĂ©es Â» par des intĂ©rĂȘts Ă©conomiques et politiques.

 

Désenchanté

 

 

Parce qu’apprendre ceci me dĂ©senchante davantage Ă  propos des vaccins anti-Covid actuels :

 

Dans le journal Les Echos de ce lundi 2 aout 2021, page 4, que «  Aux Etats-Unis, le port du masque en intĂ©rieur est Ă  nouveau recommandĂ© car la vaccination n’empĂȘcherait pas la transmission du virus en cas de variant Delta. En France, Delta est en pleine ascension Â» « Ă§a ne finira donc jamais Â» ( 
..) «  C’est un sacrĂ© coup portĂ© au moral des autoritĂ©s sanitaires. En France, Emmanuel Macron a tout misĂ© sur la ruĂ©e vers les vaccins depuis le 12 juillet, en rendant obligatoire le pass sanitaire pour l’accĂšs aux restaurants et aux cinĂ©mas en contraignant les soignants Ă  recevoir leurs deux injections pour continuer Ă  travailler Â». (
..) « (
.) Des Ă©tudes israĂ©liennes montrant que la vaccination rĂ©duisait d’environ 90% le risque d’ĂȘtre porteur du virus au niveau de la sphĂšre nasopharyngĂ©e. C’était avant Delta Â».  Â«Las, d’autres Ă©tudes rĂ©centes Ă©branlent un peu plus la perspective d’un retour rapide Ă  la normale. Selon le ministĂšre de la SantĂ© israĂ©lien, le vaccin Pfizer demeure trĂšs efficace contre le risque d’hospitalisation au bout de six mois de campagne vaccinale, mais la protection contre le risque d’infection n’est plus que de 39% Â».

 

Parce-que si j’ai regrettĂ© qu’il manque de gardes fous Ă  propos des informations qui circulent sur le net dans tous les sens, et qu’il devient, ensuite, trĂšs difficile de faire le tri, je crois Ă  cette information, lue sur le net, qui explique que des soignants, directement ou indirectement, ont fait la mauvaise expĂ©rience de certains effets secondaires dĂ©sagrĂ©ables ou graves du vaccin Astrazeneca en  fĂ©vrier 2021. Ce qui peut expliquer la raison pour laquelle un certain nombre de soignants (aide soignants et infirmiers, ceux les plus « ciblĂ©s Â» depuis ce 12 juillet par le gouvernement) se soient depuis mĂ©fiĂ©s des vaccins actuels. Le vaccin Astrazeneca est depuis, avec le Johnson & Johnson, le moins populaire des vaccins contre le Covid au sein de la population française. Pfizer et Moderna (ce dernier, actuellement, semble moins disponible que le Pfizer) ont plus la cote. Le vaccin français, fabriquĂ© par Sanofi, avec une autre technique que le Pfizer et le Moderna, est plutĂŽt prĂ©vu pour la fin de cette annĂ©e.

 

Si je me mĂ©fie des informations qui viennent d’internet, articles ou vidĂ©os sur youtube, il m’est aussi devenu de plus en plus difficile de banaliser le nombre ou la frĂ©quence de tĂ©moignages affirmant les effets graves ou mortels de certaines vaccinations contre le Covid. Comme il m’est devenu difficile de continuer de croire que certains de ces tĂ©moignages trouvĂ©s sur Facebook de personnes vaccinĂ©es contre le Covid ou de proches de personnes vaccinĂ©es contre le Covid, soient tous des tĂ©moignages bidonnĂ©s par des gens qui veulent s’inventer une vie ou une notoriĂ©tĂ©.

On ne peut pas, d’un cĂŽtĂ©, avoir dit beaucoup de bien des rĂ©seaux sociaux lors des printemps arabes pour la libertĂ© d’expression et les tĂ©moignages qu’ils ont pu permettre, et, lĂ , en pleine pandĂ©mie du Covid et en pleine polĂ©mique Ă  propos des vaccins anti-Covid, dĂ©cider que, cette fois, tout ce qui se dit et peut se dire sur les rĂ©seaux sociaux contre ces vaccins est forcĂ©ment inventĂ© et complotiste.

 

MĂȘme si certains tĂ©moignages et montages vidĂ©os sont privĂ©s du lustre ou de l’aura de certains mĂ©dia officiels ou sont mĂȘme ridicules, grossiers ou assez ennuyants Ă  regarder j’ai « appris Â» que la vĂ©ritĂ©, une certaine vĂ©ritĂ©, peut aussi venir de celle ou de celui qui manque de charisme ; qui s’exprime maladroitement et beaucoup moins bien que celles et ceux dont l’image, l’écriture et la parole en public sont le mĂ©tier.

 

Et puis, pour conclure, parce-que cet article, une fois de plus, est long, Ă  la fin de mon article 1er aout 2021, j’écrivais que j’avais deux choix. Le second, le plus radical, est d’arrĂȘter de travailler.

 

Le premier, le plus consensuel, consiste Ă  me faire vacciner pour avoir une certaine tranquillitĂ© pour circuler. Mais quelle tranquillitĂ© ?! Pfizer, le vaccin « star Â» du moment contre le Covid, qui tombe Ă  39 % d’efficacitĂ© ?! En plus de devoir accepter des Ă©ventuels effets indĂ©sirables inconnus 48 heures aprĂšs ou plusieurs mois ou plusieurs annĂ©es plus tard ?! Tout ça, pour, bientĂŽt, de toute façon, Ă  la fin de la grande rĂ©crĂ©ation  des vacances se reconfiner ou ĂȘtre reconfinĂ© ?! Comment dormir tranquillement et partir ensuite se faire vacciner en apprenant ça ?! MĂȘme si nous sommes au dĂ©but du mois d’aoĂ»t, en pleine pĂ©riode de grandes vacances ?!

 

Le journal  » Libération » de ce lundi 2 aout 2021.

 

L’idĂ©e folle- et idiote- que je commence de plus en plus Ă  avoir, c’est que les personnes qui survivront au Covid (car Ă©pargnĂ©es ou aprĂšs l’avoir attrapĂ©) seront sĂ»rement celles qui auront le plus de chances de se sortir de cette pandĂ©mie du Covid. Au contraire des personnes qui se seront faites vacciner pour, en principe, mieux se protĂ©ger de la pandĂ©mie
..si je m’en tiens Ă  la chute de ce pourcentage de protection du vaccin Pfizer et de certains tĂ©moignages de personnes vaccinĂ©es ou de proches de personnes vaccinĂ©es. Lorsque je suis tombĂ© il  y a quelques jours sur le tĂ©moignage d’Eric Clapton qui tĂ©moigne (dans une vidĂ©o en Anglais non traduite et non sous-titrĂ©e) de sa mauvaise expĂ©rience de vaccination contre le Covid avec l’Astrazeneca, je me suis dit qu’il avait besoin de pub. Que l’on peut ĂȘtre surnommĂ© « God Â» par les amateurs de musique et ne rien y connaĂźtre en matiĂšre de vaccins et d’effets secondaires. Mais c’était encore un des effets de mon dĂ©ni. Le dĂ©ni est un bon moyen de dĂ©fense lorsque l’on a du mal Ă  accepter l’énormitĂ© d’une certaine « vĂ©ritĂ© Â». On se convainc facilement que celles et ceux qui essaient de nous  dire une certaine vĂ©ritĂ© sont des « charlots Â» et des illuminĂ©s : les anti-vaccin.

 

Lùché sur la toile de ma folie

 

 

L’autre idĂ©e folle que j’ai depuis quelques jours, c’est que j’envie les personnes – j’en connais quelques unes- qui ont attrapĂ© le Covid et qui vont bien maintenant. Car, mĂȘme si elles ont « dĂ©gustĂ© Â» (elles m’ont racontĂ©), aujourd’hui, pour moi, elles sont dotĂ©es d’une protection immunologique en laquelle je crois plus que dans celle proposĂ©e et imposĂ©e par les vaccins actuels contre le Covid.

 

Et, comme je suis maintenant lĂąchĂ© sur la toile de ma folie, je crois aussi que cette pandĂ©mie du Covid, Ă  cause des choix faits par nos dirigeants politiques en faveur de ces vaccins anti-Covid « limites Â», va peut-ĂȘtre modifier la gĂ©opolitique mondiale. Les vaccins chinois et russes contre le Covid, je ne sais pas ce qu’ils valent. Mais les habitants des pays pauvres qui auront Ă©chappĂ© au Covid ou qui lui auront survĂ©cu, sans les vaccins actuels contre le Covid, vont peut-ĂȘtre s’en sortir mieux que certains d’entre « nous Â», les habitants des pays riches et « Ă©voluĂ©s Â» qui auront pu se faire vacciner : myocardites, thromboses, dĂ©cĂšs
.

 

Mon raisonnement est dĂ©lirant. Quand je pense aux personnes que je connais qui se sont faites vacciner contre le Covid et qui pensent forcĂ©ment le contraire, mon raisonnement est dĂ©lirant.  VoilĂ  un des effets courants de la pandĂ©mie du Covid. On essaie de trouver une explication, une direction Ă  ce qui est en train de se passer. Et on raconte- ou on Ă©crit- n’importe quoi !

 

 

Je ne me sens pas angoissĂ© plus que ça par le Variant Delta annoncĂ© comme plus contagieux qui va «envahir Â» la France bientĂŽt. Je suis sur la petite barque de ma raison en train de dĂ©lirer et d’essayer de recoller les morceaux du puzzle de vents gigantesques dont je dĂ©chiffre Ă  peine le faisceau ou l’ombre. Je vais sĂ»rement me ramasser tout cela bientĂŽt en pleine figure. Une certaine prise de conscience de ma parano. Ou la confirmation de ce que des personnes essaient de nous dire depuis des mois Ă  propos de ces vaccins anti-Covid.

 

Mais dĂ©lirer m’empĂȘche pour l’instant de dĂ©primer et d’avoir peur  sans aucun doute. Une sorte de dĂ©lire au sec qui ne m’empĂȘche pas de faire mon travail correctement et d’avoir des interactions sociales adĂ©quates avec le plus grand nombre. Mais, dĂ©lirer, ça peut aussi pousser Ă  avoir un comportement suicidaire.

 

Je vais sortir provisoirement de ce dĂ©lire. Je vais sortir de cet article. Pour l’instant, c’est le mieux que je puisse faire.

 

 

Franck Unimon, ce lundi 2 aout 2021.  

 

 

 

 

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1er Aout 2021

1er Aout 2021

L’influenceur et le voyant

 

Mon ami Raguse est revenu de ses vacances il y a un ou deux jours. AprĂšs avoir lu mon article ConnaĂźtre son corps, il m’a laissĂ© un message tĂ©lĂ©phonique dans lequel il me disait en plaisantant :

 

« Tu m’as donnĂ© envie de me faire vacciner contre le Covid. Tu vas devenir influenceur
. Â».

 

Je l’ai rappelĂ© et lui ai Ă  mon tour laissĂ© un message dans lequel je lui disais en rigolant :

 

« Si, moi, je deviens influenceur, alors, toi, tu es peut-ĂȘtre un futur voyant Â».

 

Depuis, lui et moi nous sommes parlés directement au téléphone. Sauf que, pour moi, les voyants sont devenus ou redevenus plus ou moins rouges.

 

Je me sentais bien un petit peu « mouton Â» en concluant vers la fin de  ConnaĂźtre son corps que j’allais me faire vacciner contre le Covid. Mais je me sentais davantage avisĂ© et rĂ©aliste. Je ne suis pas John Rambo, capable de vivre des mois ou des annĂ©es en pleine forĂȘt, en montagne ou ailleurs, en pleine nature, seul ou avec d’autres, Ă  l’écart ou me mĂ©fiant de la jungle de la civilisation et de sa « modernitĂ© Â». Et de ses lois de plus en plus indĂ©nombrables et coercitives capables de dĂ©membrer un ou plusieurs de mes semblables considĂ©rĂ©s comme jetables ou nuisibles. Pas plus que je ne suis le soldat Onada, soldat japonais fanatisĂ© durant la Seconde Guerre mondiale. Je n’ai pas encore vu le film, sorti rĂ©cemment, d’Arthur Hariri mais j’avais dĂ©ja entendu parler de cette histoire avant que le film ne soit portĂ© au cinĂ©ma.

 

 

Peut-ĂȘtre qu’à partir de maintenant, nos sociĂ©tĂ©s humaines vont-elles de plus en plus se peupler de Rambo, d’Onoda ou, plus « simplement Â» de survivalistes. Parmi lesquels, oui, on trouve et on trouvera des complotistes, des illuminĂ©s, des paranos, des extrĂ©mistes comme il peut y en avoir quelques unes et quelques uns dans notre monde admirable mais sous d’autres prĂ©sentations.

 

On peut ĂȘtre pro ou anti-vaccin contre le Covid. On peut ĂȘtre pour ou contre le passe sanitaire. C’est du reste, ce que nous sommes devenus en quelques mois. DivisĂ©s et de plus en plus en conflit sur ces deux questions. D’ailleurs, pour rigoler, je propose aujourd’hui de remplacer nos justificatifs d’identitĂ©s et nos diplĂŽmes et compĂ©tences officielles et officieuses par ces simples informations qui nous rĂ©sument trĂšs bien dĂ©sormais : Monsieur et Madame pour ou anti-vaccin. Et, Monsieur et Madame pour ou contre le passe sanitaire.

 

DĂ©lirer

 

Pourquoi s’emmerder avec des subtilitĂ©s vu que ces deux sujets nous font dĂ©lirer. Car le terme dĂ©lirer est celui qui convient le mieux, je crois ? Bien-sĂ»r, je pense Ă  un dĂ©lire collectif. 

 

La peur est un miroir. La douleur, aussi. Et, pendant que nous nous tournons vers ces deux miroirs faits de multiples tiroirs reliĂ©s Ă  nos entrailles, j’ai l’impression que nous faisons de notre mieux pour ignorer que le monde vers lequel nous nous dirigeons, ou que nous acceptons de mieux en mieux, est un monde qui semble avant tout obsĂ©dĂ© par l’élaboration de plus en plus sophistiquĂ©e, et sur mesure, de nos futures dĂ©pendances.

 

 

« En son Ăąme et conscience Â»

 

J’t’emmerde, une ex-collĂšgue et amie, est aujourd’hui vaccinĂ©e contre le Covid. Elle m’a appris ça cette semaine alors que je l’appelais Ă  la « rescousse Â», comme j’ai appelĂ© d’autres personnes avant elle. Afin qu’elles me donnent leur avis Ă  propos de cette vaccination contre le Covid maintenant imposĂ©e. MĂȘme si, officiellement, notre gouvernement, n’a pas rendu la vaccination obligatoire.

 

Il y a deux ou trois mois, J’t’emmerde Ă©tait rĂ©solument contre. Finalement, c’est en accompagnant une amie partie se faire vacciner, qu’une fois sur place, inspirĂ©e, sans rendez-vous, elle l’a fait. En m’expliquant :

 

« Il n’y avait que comme ça que ça pouvait marcher pour moi ! Â».

 

J’t’emmerde n’a pas eu d’inquiĂ©tude particuliĂšre ni trop d’effets secondaires dĂ©sagrĂ©ables avec le vaccin Pfizer, le laboratoire « phare Â» depuis plusieurs mois. Comparativement au vaccin Astrazeneca qui a mauvaise rĂ©putation ou au Johnson & Johnson qui, dĂšs ses dĂ©buts de diffusion (en Avril ou Mai ?) a connu des ratĂ©s en termes d’effets secondaires, la majoritĂ© des personnes que je « connais Â» qui se sont faites vacciner par « le Â» Pfizer estime que cela s’est bien passĂ©. 

 

Je savais que le compagnon de J’t’emmerde avait toujours Ă©tĂ© pour la vaccination anti-Covid. J’ai plusieurs fois constatĂ©, d’ailleurs, de façon empirique, que les femmes, y compris au sein des couples, semblent plus mĂ©fiantes envers la vaccination anti-Covid telle qu’on nous l’a proposĂ©e pendant des mois, et maintenant telle qu’on nous l’impose aussi depuis mi-juillet 2021.

 

MĂȘme si, bien-sĂ»r, je connais des femmes vaccinĂ©es contre le Covid ou qui l’ont fait spontanĂ©ment. Et qui ont Ă©tĂ© Ă  l’aise avec le fait de se faire vacciner. Il y a des personnes- hommes et femmes- qui se sentent protĂ©gĂ©es en se faisant vacciner contre le Covid. Et il y a d’autres personnes, qui, au contraire, se sentent protĂ©gĂ©es en Ă©vitant de se faire vacciner avec les vaccins que l’on nous propose actuellement contre le Covid.

 

Ma compagne a toujours été résolument contre la vaccination avec les vaccins actuels. RéguliÚrement, elle me fait parvenir et fait parvenir des liens vers des vidéos de témoignages ou de documentaires ou des personnes démontrent exactement le contraire de tout ce que le gouvernement mais aussi les laboratoires et bien des médecins disent en faveur des vaccins actuels contre le Covid.

 

A ce stade de mon article, on pourrait se dire :

 

« Je comprends qu’il doute Â» ; « Il n’a qu’à porter ses couilles et prendre ses responsabilitĂ©s ! Â» ; «  On s’en branle ! L’urgence sanitaire passe avant tout ! Â». Ou, mieux puisque c’est le discours officiel : « L’intĂ©rĂȘt collectif l’emporte sur les petits atermoiements individuels d’untel et untel. Moi, aussi, j’ai un ovaire (ou un testicule) qui est contre la vaccination anti-Covid. Et, alors ?! Ce n’est pas pour autant que je l’ai Ă©coutĂ© ! Â».

 

 

C’est lĂ  oĂč arrive la suite. Suite Ă  laquelle je suis plus permĂ©able que d’autres sans doute parce-que je branle trop souvent de la tĂȘte.

 

J’t’emmerde n’a aucun regret de s’ĂȘtre faite vacciner contre le Covid. Elle a prĂ©cisĂ© ( c’est important, je le souligne) :

 

Ailleurs, dans d’autres rĂ©gions du monde plus dĂ©favorisĂ©es, on meurt du Covid car les populations n’ont pas nos vaccins anti-Covid.

 

Se faire vacciner lui a permis de partir en vacances Ă  l’étranger. Elle n’avait pas envie de devoir subir des PCR ou des tests antigĂ©niques Ă  la frontiĂšre ainsi que des pĂ©riodes d’isolement et d’observation de plusieurs jours en partant en vacances ou en en revenant. Je la comprends. En Mars, Ă  une semaine d’intervalle, car j’étais cas contact supposĂ© ou rĂ©el, j’ai dĂ» faire deux tests antigĂ©niques. Je n’ai pas du tout aimĂ© me faire enfoncer des bĂątonnets dans les narines. Et, je ne comprends pas qu’il n’existe pas un moyen de diagnostic moins intrusif que celui-ci pour tester les cas-contacts.

 

Mais J’t’emmerde a aussi admis que si elle avait vĂ©cu dans une rĂ©gion comportant une faible densitĂ© humaine. Et qu’elle pouvait se dispenser de travailler pour des raisons Ă©conomiques, ou, simplement, pour s’alimenter, au jour d’aujourd’hui, au vu des vaccins proposĂ©s, tels qu’ils sont proposĂ©s, elle se serait abstenue de se faire vacciner contre le Covid. Parce-qu’il existe, et il n’y a rien de complotiste lĂ -dedans, certaines inconnues quant aux effets Ă  plus ou moins longs termes des vaccins actuels contre le Covid ou la Covid. Et, ici, dĂ©libĂ©rĂ©ment, je prends le parti de ne pas mentionner certains effets secondaires, rares, mais gravissimes voire mortels, constatĂ©s aprĂšs une vaccination anti-Covid. MĂȘme si je suis plutĂŽt peinĂ© pour les proches de ces personnes vraisemblablement dĂ©cĂ©dĂ©es aprĂšs une vaccination anti-covid, ici, je ne vais pas regarder plus loin que le bout de mon nez et de mon nombril. Je me plie Ă  la logique et Ă  l’expĂ©rience selon laquelle la totalitĂ© des personnes vaccinĂ©es contre le covid que je connais sont aujourd’hui vivantes et en bonne santĂ©. Ce qui doit reprĂ©senter une bonne vingtaine de personnes et sans doute bien plus que ça. Car je n’ai pas fait de sondage exhaustif autour de moi. Je ne me suis pas rĂ©veillĂ© en pleine nuit pour joindre toutes les personnes que je connais ou ai pu rencontrer pour les appeler et leur demander :

« Tu t’es fait vacciner contre le Covid ? Quel vaccin ? Lequel ?! Quand ?! Comment ça va ?! Â».

 NĂ©anmoins, toutes les personnes, au travail ou ailleurs, qui me rĂ©pondent s’ĂȘtre faites vacciner contre le Covid, il y a quelques semaines ou plusieurs mois, vont bien Ă  ce jour.

 

Il n’en demeure pas moins que, pour moi, la vaccination anti-Covid actuelle s’apparente Ă  une expĂ©rience de « parachutisme longue durĂ©e Â». Mais j’ai sans doute trop d’imagination et de nĂ©vrose – Ă  dĂ©faut de cirrhose- dans mon foie. J’ai peut-ĂȘtre trop les foies, malgrĂ© moi. 

 

Parachutisme longue durée

 

 

Personne, aujourd’hui, je crois, ne peut affirmer dans quel Ă©tat de santĂ© se trouveront celles et ceux qui se sont faits et se feront vacciner contre le Covid dans deux ou trois ans.  Nous partons du principe que celles et ceux qui ne se font pas vacciner contre le Covid prennent immĂ©diatement, alors que j’écris, plus de risques et font courir de toutes façons  plus de risques et beaucoup trop de risques Ă  leurs semblables. Et Ă  eux-mĂȘmes.

 

Deux ou trois ans de perspective, c’est pourtant une perspective courte pour une Ă©poque oĂč, sauf accidents, sauf maladies graves, catastrophes ou assassinats, l’ĂȘtre humain peut vivre plutĂŽt vieux. Nous savons que nous pouvons vivre plutĂŽt vieux. Et plutĂŽt « bien Â» que mal.  Au moins jusqu’à 70 ans dans les pays riches, dĂ©mocratiques et progressistes.

 

Nous sommes dans un pays riche, démocratique et progressiste.

 

Et, cela fait peut-ĂȘtre partie de la composante actuelle du « dĂ©lire Â» des anti-vaccins.

 

HabituĂ©s que nous sommes Ă  l’idĂ©e que nous pouvons vivre vieux voire trĂšs vieux et que nous pourrons peut-ĂȘtre profiter de notre retraite dans un certain confort, cette histoire de vaccination obligatoire avec des vaccins que nous connaissons mal ou peu, exige en quelque sorte de nous de nous jeter dans le vide depuis un avion en plein vol. Sans visibilitĂ©. Ou avec assez peu de visibilitĂ©. Cocher la proposition qui correspond le mieux Ă  notre Ă©tat d’esprit.

 

Car on nous dit en quelque sorte :

 

« L’avion, c’est la pandĂ©mie du Covid. On ne connaĂźt pas trĂšs bien cet avion. On ne connaĂźt pas trĂšs bien non plus l’exacte personnalitĂ© du pilote ou des pilotes. Ni leur nombre ou leur expĂ©rience en nombre d’heures de vol.

On ne sait pas Ă  quelle compagnie ils appartiennent. On la dĂ©couvre au jour au jour. On ne sait pas quel genre de carburant ce pilote ou ces pilotes utilisent. Et s’il en reste encore beaucoup dans le rĂ©servoir de leur engin.

Mais si tout le monde reste dans l’avion, la pandĂ©mie du covid va continuer de circuler et va devenir de plus en plus virulente.  Et tuer de plus en plus de monde. Donc, il faut  que tout le monde, maintenant, se comporte de façon solidaire et responsable. Et sorte le plus possible de l’avion pour sauter dans le vide.

En temps normal, et par ciel dĂ©gagĂ©, on pourrait prendre le temps de vous apprendre Ă   sauter en parachute. En apercevant, au loin, la terre ferme. Pour celles et ceux qui le souhaitent. D’ailleurs, on vous dit et on vous rĂ©pĂšte depuis des mois comment sauter dans le vide avec ces tous nouveaux parachutes que l’on vient de fabriquer. Mais certaines et certains d’entre vous sont des vrais connards, des Ă©goĂŻstes, des idiots et des idiotes mais aussi des ĂȘtres complĂštement irrationels et illogiques !  C’est vrai, on vous demande de sauter dans le vide. Et aprĂšs ?! En plus, il y a un peu de brouillard.  C’est vrai. On ne sait pas trop oĂč nous nous trouvons exactement. Mais soyons et soyez optimistes. Faisons un peu de sophrologie. Imaginez.

 

Peut-ĂȘtre que vous arriverez sur une belle plage. Peut-ĂȘtre que vous arrivez sur l’üle aux caĂŻmans Ă  l’heure du dĂ©jeuner. Mais, en principe, non. Car nos recherches ont bien Ă©tĂ© modĂ©lisĂ©es sur ordinateur, testĂ©es, et tout et tout.

 

DerniĂšre petite chose : nos parachutes (les vaccins Pfizer et autres), on ne sait pas exactement quelle est la durĂ©e exacte de leur soliditĂ©. En principe, c’est du solide. Mais, peut-ĂȘtre que leur toile peut se dĂ©chirer avant que vous ne touchiez le sol. Car le type de saut en parachute que l’on vous propose n’est pas un saut en parachute ordinaire. C’est un saut en parachute qui durera peut-ĂȘtre deux Ă  trois ans avant de bien arriver sur la terre ferme. On ne sait pas bien. Personne, Ă  l’heure actuelle, ne peut le prĂ©dire ou le prĂ©voir. Sauf si c’est une voyante ou un voyant. Ou une personne qui vous ment.( LĂ , aussi, selon l’état d’esprit qui est le nĂŽtre, chacun fera son choix entre ces deux Ă©ventualitĂ©s).

 

 Au fait, il est de plus en plus probable, alors que vous serez dans les airs avec votre premier parachute ( les deux premiĂšres injections de Pfizer, Moderna, Aztrazeneca ou l’injection unique du Johnson & Johnson) que l’on vous demande de prendre des parachutes supplĂ©mentaires. On vous informera lorsque ce sera le moment. Faites-nous confiance. Tout va bien se passer ! Â».

 

 

A la lecture de ce passage sur le « parachutisme Â», on croira peut-ĂȘtre que je prends ce que nous vivons Ă  la lĂ©gĂšre avec la pandĂ©mie du Covid. Ou que je m’oppose catĂ©goriquement Ă  la vaccination anti-Covid telle qu’elle nous est proposĂ©e ou imposĂ©e actuellement. Et, qu’en tant qu’infirmier, je suis totalement irresponsable, indigne et immoral. Alors, la suite de l’article va essayer de dissiper ces Ă©ventuels malentendus.

 

Mes Doutes

J’exprime surtout mes doutes, en fait. Et, d’une certaine façon, mon inquiĂ©tude, aussi. Devant un monde en train de s’établir, devant nos yeux, au travers de la pandĂ©mie. Et de la peur qu’elle nous fait secrĂ©ter Ă  profusion. Ce monde, en train de s’établir devant nous  a aussi pour projet d’interdire le doute.

 

 

Bien-sĂ»r, il y a un temps pour le doute. Et, un temps oĂč il faut se dĂ©cider. Lorsqu’un avion va s’écraser, si on peut, quand on peut, dĂšs qu’on le peut, on saute de l’avion ou on en sort. Et, j’ai assez moi-mĂȘme insistĂ© quant au fait que beaucoup des informations qui inquiĂštent ou font peur Ă  propos des vaccins actuels contre le Covid ( alors que nous devrions davantage nous inquiĂ©ter de la pandĂ©mie et de son expansion) viennent souvent d’internet et qu’il manque certains gardes fous pour que l’on me trouve trĂšs ambivalent. Un coup, oui. Un coup, non. Il faut se dĂ©cider, Mr Unimon !

 

Un certain nombre de personnes, pour toutes sortes de raisons qui leur sont propres, estiment avoir eu le temps nĂ©cessaire et suffisant pour dĂ©cider de se faire vacciner contre le Covid. C’est comme pour le mariage. Il y a des gens qui dĂ©cident trĂšs vite de se marier et de faire des enfants. D’autres qui gambergent davantage. Parce qu’ils ont besoin de davantage de temps. Et, celles et ceux-lĂ  peuvent ĂȘtre aussi responsables et consciencieux que les premiers.

 

En tant que soignant, bien-sĂ»r, je suis muselĂ© au moins par ma responsabilitĂ© envers les patients. On me « tient Â» bien avec cette responsabilitĂ©. J’ai Ă©tĂ© volontaire pour prendre ce genre de responsabilitĂ©. Personne ne m’a forcĂ©.

 

Etre soignant et transmettre ou prendre le risque de transmettre le Covid ou la Covid aux patients que je suis supposĂ© aider Ă  aller mieux, cela revient presque Ă  ĂȘtre assimilĂ© « au meurtrier dans la clinique Â». Ou Ă  l’irresponsable crĂ©atif.

 

On peut facilement imaginer un film d’horreur oĂč tous les patients trĂ©passeraient en prĂ©sence du soignant ou de la soignante qui aurait sur eux l’effet du gaz mortel ou du cinĂ©phile qui leur ferait assister Ă  la derniĂšre sĂ©ance d’un film trĂšs particulier. Celui de leurs derniers instants de vie.

 

Soit le contraire du but recherchĂ© lorsque l’on se rend dans un lieu de soins quel qu’il soit. Somatique ou de SantĂ© mentale.

Et, de ce point de vue-lĂ , si je suis cohĂ©rent, de moi-mĂȘme, soit, je me fais vacciner contre le Covid ou la Covid. Car, je « sais Â», qu’il me serait difficile, si un patient ou une patiente au dĂ©part nĂ©gatif au Covid dĂ©cĂ©dait ensuite du Covid aprĂšs que moi ou un autre soignant ( non vaccinĂ© contre le Covid ) s’en soit occupĂ©, de pouvoir prouver ou d’ĂȘtre sĂ»r que je n’y suis pour rien. Pourquoi ?

 

Parce-que, de mĂȘme qu’il y a une grande contagiositĂ© du virus du Covid ou de la Covid, selon le variant, il y a aussi une part d’irrationnalitĂ©,  aussi, chez les pro-vaccins.

 

Pour caricaturer : On dirait presque que, pour certains pro-vaccins, dĂ©sormais, le simple fait de les regarder dans les yeux, alors que l’on n’est pas vaccinĂ© soi-mĂȘme contre le Covid, pourrait suffire Ă  les tuer ou Ă  dĂ©cimer une population environnante en situation de vulnĂ©rabilitĂ©. Peu importe que l’on porte un masque. Peu importe que l’on se lave les mains. Peu importe que l’on reste peu de temps « prĂšs Â» de la personne vulnĂ©rable. Il faut ĂȘtre vaccinĂ©. Autrement, tout ce que nous touchons et approchons, au lieu de se transformer en or ou en pĂ©trole, va se transformer inĂ©luctablement en pierre tombale.

 

A notre Ă©poque, de plus en plus digitalisĂ©e, mais aussi de plus en plus impersonnelle, oĂč l’on se fĂ©licite que le premier confinement dĂ» au Covid a favorisĂ© la croissance du tĂ©lĂ©travail, on remercierait presque la pandĂ©mie du Covid de contribuer Ă  l’accĂ©lĂ©ration de la dĂ©sertification des rencontres et des relations humaines.

 

Les manifestations des Gilets jaunes

 

 

Je n’ai participĂ© Ă  aucune manif des gilets jaunes. J’en ai mĂȘme conçu une certaine forme de culpabilitĂ©. Par hasard, il se trouve qu’en sortant de mon travail, un jour oĂč je n’étais pas supposĂ© travailler, je suis « tombĂ© Â» sur la derniĂšre manifestation officielle des gilets jaunes Ă  Paris. J’en avais profitĂ© pour prendre des photos.

Si je reparle des gilets jaunes, c’est parce-que je n’ai pas oubliĂ© que, sans la pandĂ©mie du Covid et les mesures de confinement dues au Covid, les manifestations des gilets jaunes auraient continuĂ©. Elles se seraient peut-ĂȘtre essoufflĂ©es ou auraient continuĂ©, par certains aspects, Ă  se radicaliser. Mais, dans le fond, le mouvement des gilets jaunes disait- ou, plutĂŽt, rappelait– dĂ©jĂ  que le fonctionnement de notre monde moderne, au moins dans notre pays riche, Ă©galitaire et dĂ©mocratique, Ă©tait aussi Ă©galitaire et dĂ©mocratique
en vitrine.

 

Aujourd’hui, avec les thĂ©matiques du vaccin anti-Covid, ceux qui sont pour, ceux qui sont contre, et pareil pour le passe sanitaire, qui se retrouvent, Ă  un moment ou Ă  un autre dans nos conversations privĂ©es, professionnelles ou publiques, on a l’impression qu’un mouvement comme celui des gilets jaunes est devenu anecdotique. Et, que, finalement, ce mouvement relevait d’un caprice. Et non de l’urgence de crĂ©er ou de faire revenir une sociĂ©tĂ© plus Ă©galitaire et dĂ©mocratique.

 

Donc, pour moi, ces nouvelles interdictions, menaces et pressions assurĂ©es et dĂ©lĂ©guĂ©es par notre gouvernement ( et je ne suis pas plus anti- Macron que cela) « sous couvert d’urgence sanitaire Â» en faveur du passe sanitaire sont une Ă©tape supplĂ©mentaire et un renforcement de la destruction dĂ©mocratique.

 

L’urgence sanitaire

 

Il m’est impossible de nier l’urgence sanitaire actuelle. Je ne fais pas partie de celles et ceux qui vont jusqu’à douter du caractĂšre rĂ©el de la pandĂ©mie. Ou qui pensent que le dĂ©veloppement des antennes de la 5G va contribuer, grĂące aux produits contenus dans les vaccins anti-Covid actuels, de mieux nous espionner et nous tĂ©lĂ©guider.

Je ne crois pas au fait que la pandémie du Covid ait pour visée de réduire drastiquement la population mondiale en opérant une sélection au coup par coup parmi les survivants qui vont rester aprÚs la vaccination anti-Covid.

 

Mais je constate quand mĂȘme que cette pandĂ©mie sanitaire, et les mesures choisies au moins par notre gouvernement pour y rĂ©pondre, sont aussi bien pratiques pour museler d’éventuelles oppositions. Et, paranoĂŻa ou non de ma part, cette coĂŻncidence me dĂ©range beaucoup. D’autant que, dĂšs le premier confinement de l’annĂ©e derniĂšre, confinement que je n’ai jamais contestĂ©, j’ai Ă©tĂ© dĂ©rangĂ© par la suppression de certaines de nos libertĂ©s. J’ai eu quand mĂȘme un peu l’impression qu’une partie de ma vie- et ce n’était pas du fait de la pandĂ©mie- m’était enlevĂ©e. Que je me devais de donner ou d’apporter des justificatifs pour des actions simples et quotidiennes telles que faire des courses ou aller voir quelqu’un, lĂ  ou aller voir quelqu’un avant la pandĂ©mie, cela Ă©tait toujours allĂ© de soi. 

 

Mais, lĂ  aussi, on me rappellera que c’était parce-que que la situation sanitaire le nĂ©cessitait.

 

Dans six mois ou un an, aussi, on pourra toujours me  faire la mĂȘme rĂ©ponse.  C’est ça qui est « bien Â», avec cette pandĂ©mie du Covid.

 

Soyons cyniques : si j’étais un dirigeant ou une personne avide de pouvoir. Et que, pour mes besoins et mes intĂ©rĂȘts personnels, il me faut exercer un certain pouvoir sur le plus de monde possible autour de moi afin de me sentir bien, cette pandĂ©mie du Covid est bien pratique. Je vais mĂȘme en rajouter. Si je suis ce genre de personne qui veut exercer un certain pouvoir, qui a besoin d’exercer un certain pouvoir, sur le plus grand nombre, j’ai mĂȘme plutĂŽt intĂ©rĂȘt Ă  ce que cette pandĂ©mie du Covid dure aussi le plus longtemps, ou suffisamment. Parce-que, de cette maniĂšre,  «  grĂące Ă  la pandĂ©mie Â», qu’est-ce que je peux imposer  autour de moi au plus grand nombre, avec le moindre effort.

 

Alors, Ă©videmment, comme, selon moi, le caractĂšre rĂ©el de cette pandĂ©mie sanitaire du Covid est indiscutable, il s’agit de trouver le bon dosage, entre, d’une part des prĂ©cautions et des mesures que l’on peut justifier au « nom du Covid Â». Et les bĂ©nĂ©fices divers (Ă©conomiques, politiques ou autres) que je pourrais en tirer en tant que dirigeant.

 

La simple ou le simple vaccinĂ©, elle ou lui, en tirera pour bĂ©nĂ©fice de se sentir protĂ©gĂ© ou d’avoir le sentiment d’avoir fait de son mieux pour protĂ©ger les autres. Ainsi que de pouvoir partir en vacances ou de se rendre Ă  l’extĂ©rieur en subissant le moins de contrĂŽles, le moins d’interdits et le moins d’exclusions possibles dans sa vie ordinaire.

C’est bien-sĂ»r important.

 

Mais si l’on gratte un peu : notre rĂȘve, dans notre vie, ce sera finalement ça ?! Pouvoir se protĂ©ger, protĂ©ger les autres et pouvoir subir le moins possible de contrĂŽles, d’interdits et d’exclusions possibles dans notre vie ordinaire ?!

On appelle ça une grande avancĂ©e ?!

 

On pourra me rĂ©pondre que c’est provisoire. Bien-sĂ»r. Mais pendant combien de temps ?! C’est lĂ  oĂč je (re)commence Ă  bien douter. Parce-que, c’est « bien Â» de signaler que les mesures prises pour le passe sanitaire, les inĂ©galitĂ©s et les conflits qu’il va crĂ©er, est nuisible pour la dĂ©mocratie. Et de souhaiter qu’il soit supprimĂ© au plus vite dĂšs que la crise sanitaire sera passĂ©e. Mais, en attendant, certains dispositifs et rĂ©flexes de contrĂŽle s’établissent et nous apprenons de mieux en mieux, et de plus en plus, Ă  nous y conformer. Mais, aussi, Ă  nous y rĂ©fĂ©rer. Et, ce n’est pas forcĂ©ment le meilleur de l’ĂȘtre humain qui y est encouragĂ© :

 

Le jugement pĂ©remptoire et dĂ©finitif de l’autre. L’exclusion. La dĂ©nonciation. L’encouragement Ă  l’insulte et Ă  la menace verbale, physique, digitale ou Ă©conomique ?

 

 

Mais, bien-sĂ»r, je dĂ©lire. Je n’ai mĂȘme pas encore Ă©tĂ© vaccinĂ© contre le Covid. Ni attrapĂ© le Covid. Mais je dĂ©lire dĂ©jĂ .

 

Deux choix pour conclure :

 

 

Pour conclure artificiellement, car, le sujet de la pandĂ©mie du Covid et les diverses maniĂšres dont celle-ci fait se croiser et se confronter nos certitudes et nos croyances les plus intimes, est loin d’ĂȘtre tari.

 

Pour ou contre la vaccination anti-Covid ?

 

Si je suis cohĂ©rent avec moi-mĂȘme, j’ai deux choix.

 

Me faire vacciner pour « gagner Â» du temps et m’éviter et amortir certaines contrariĂ©tĂ©s brutales nouvelles et inĂ©dites dans mon quotidien. Je crois que, parmi les vaccinĂ©s et les vaccinĂ©es, actuels et futurs, il se trouve et se trouvera des personnes qui doutent comme moi. Sans pour autant ĂȘtre des complotistes, des illuminĂ©s, des connards, des illogiques ou autres traquenards auto-dĂ©prĂ©ciatifs.

 

 

DĂ©cider de moi-mĂȘme d’arrĂȘter de travailler Ă  un moment donnĂ©. Avant de me retrouver dans une situation oĂč je serais, par exemple, contre une institution, des lois, des reprĂ©sentants ou des exĂ©cutants de ces nouvelles lois qui entourent le dĂ©corum du passe sanitaire et de cette vaccination obligatoire.

 

Cette deuxiĂšme option, je prĂ©fĂšrerais l’éviter. Pour des raisons Ă©conomiques Ă©videntes. Afin d’éviter la contrainte rĂ©pĂ©tĂ©e de bien des situations d’exclusion- ou de dĂ©chĂ©ance- que j’ai trĂšs certainement, pour l’instant, beaucoup de mal Ă  imaginer. Tant l’ĂȘtre humain peut se montrer crĂ©atif – afin de se servir  des protocoles qui l’encadrent- lorsqu’il s’agit d’exercer un peu de pouvoir sur autrui pour mieux se sentir exister.

 

Cette deuxiĂšme option m’offrirait pourtant l’avantage de me procurer cette marge de recul et de nuance envers ces vaccins anti-Covid dont j’ai, si je m’écoute, encore besoin. Et de pouvoir rĂ©pondre aux pro-vaccins qu’en acceptant de m’exclure d’un certain corps social, il sera plus difficile de me reprocher d’ĂȘtre la brebis galeuse fautive de colporter le virus et de rendre malade une sociĂ©tĂ© (la nĂŽtre) dĂ©jĂ  malade avant la pandĂ©mie du Coronavirus. Mais malade de bien autre chose que la pandĂ©mie du Covid qui n’est sans doute que, l’un de ces rĂ©vĂ©lateurs, parmi d’autres, de la maladie de notre sociĂ©tĂ©. Et de notre monde.

 

Cette deuxiĂšme option m’offrirait aussi l’avantage de pouvoir crĂ©er plus facilement, une vie- mais aussi une mort- qui me convient davantage sur mesure. Au lieu de cette vie ( la mienne ) dont semble vouloir encore plus dĂ©cider- et s’emparer- une sociĂ©tĂ© dont les rĂȘves diffĂšrent apparemment de plus en plus des miens.

 

Quoiqu’il en soit, comme l’a si bien rĂ©sumĂ© J’t’emmerde,  Ă  la fin de notre conversation, vaccin ou pas vaccin il faut choisir «  en son Ăąme et conscience Â».

 

Si la peur est un miroir, je crois que, autant que possible, si on le peut,  quand on le peut, il vaut mieux Ă©viter de prendre une dĂ©cision sous l’effet de la peur. Et, ensuite, accorder de soi-mĂȘme nos actions avec cette dĂ©cision. Trancher. Et s’y tenir.

 

Quelle que soit cette décision. Vaccin ou pas vaccin.

 

Et, je crois que ce sera sĂ»rement en fonction de ce principe, que je dĂ©ciderai, ou non, d’aller me faire vacciner contre le ou la Covid lors de ce mois d’aout 2021.

 

Franck Unimon, ce dimanche 1er aout 2021.

 

 

 

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ConnaĂźtre son corps

                                       ConnaĂźtre son corps

 

On vit vieux, dans ma famille. « Vieux Â», c’est une moyenne d’ñge comprise entre environ 80 et 90 ans.

 

C’est peut-ĂȘtre une croyance. Cela ne repose sur aucune connaissance spĂ©cifique que j’aurais en particulier. Je n’ai pas d’explication scientifique Ă  ce sujet. Je ne l’ai pas vu sur internet. Mais ce sont des exemples, ou des modĂšles, que j’ai devant les yeux depuis mon enfance. Et ces exemples sont devenus partie intĂ©grante de mes croyances. Ils m’ont convaincu que je vivrais, aussi, vieux. Cela fait partie de ces certitudes intimes, ou de ces secrets, que l’on a tous et dont on parle peu ou prou. Si j’en parle maintenant, c’est Ă©videmment au vu du contexte. Du contexte et des circonstances que nous connaissons.

 

On accepte encore plus facilement une croyance lorsqu’elle nous convient.  Que cette croyance soit vraie ou fausse. Qu’elle soit religieuse ou non. Qu’elle soit vĂ©rifiable ou non.

 

Toutefois, pour l’ñge rĂ©el de ma mort, que je l’accepte ou non, j’aurais la possibilitĂ©, et mĂȘme l’exclusivitĂ©, dans le carrĂ© VIP ou j’entrerai sans payer, de vĂ©rifier si ma croyance familiale Ă©tait fondĂ©e.

 

 

Dans ma famille, on ne se pend pas. Et on ne meurt pas non plus d’un cancer, ou alors, trùs vieux. C’est rare.

 

D’autres sont moins chanceux. Comme cet ancien collĂšgue, un de mes modĂšles dans les premiĂšres annĂ©es de ma carriĂšre d’infirmier en psychiatrie, retrouvĂ© dans sa maison, pendu, par son fils adolescent. Ou comme mon ami Scapin, dĂ©cĂ©dĂ© d’un cancer moins de cinq ans avant son dĂ©part Ă  la retraite.

 

Je suis un (trĂšs) lent. C’est peut-ĂȘtre pour ça que je vivrai un peu vieux. Dans le quotidien, je parle « Toujours sur le mĂȘme ton Â» avec une voix en sourdine, intestine, du genre fouine. Ou monocorde. Les gens n’aiment pas ça. Ce qu’ils veulent, c’est faire la fĂȘte sans arriĂšres pensĂ©es et sans barriĂšres. Avec moi, il y a souvent une impression menaçante et bizarre qui plane. D’ennui. Une mauvaise conscience qui accouche comme dans l’album Mezzanine de Massive Attack. Je n’en n’ai rien Ă  faire de faire le « vieux Â» en parlant de cette Ɠuvre aujourd’hui oĂč le Rap et les musiques de consoles et de jeux vidĂ©os sont devenus la norme et la forme. Car ma durĂ©e de vie sera peut-ĂȘtre bientĂŽt Ă©quivalente Ă  celle d’un hamster en cage. Deux ou trois ans.

Ps : Ci-dessous, je mets le lien vers cette vidĂ©o du titre Angel (chantĂ© par Horace Andy) du groupe Massive Attack en concert il y a 13 ans. VidĂ©o que je dĂ©couvre et qui me plait beaucoup. Cependant, je recommande de voir la vidĂ©o officielle du titre que je n’ai pas pu importer. Je la trouve encore « mieux ». Elle montre trĂšs bien, je crois, la chorĂ©graphie de cette peur dont nous nous sommes de plus en plus munis dans notre quotidien depuis un an et demi. Je recommande aussi, mais pour l’extase cette fois, de voir en concert- Ă©galement en 2008- le titre Teardrop ( toujours de Massive Attack ) chantĂ© par Elizabeth Fraser. Le fait qu’Elizabeth Fraser soit Ă©cossaise a peut-ĂȘtre aussi jouĂ© pour moi un rĂŽle dans mon attachement Ă  son interprĂ©tation. L’Ecosse Ă©tant un pays oĂč j’ai vĂ©cu, dans le passĂ©, des moments importants.

 

Je ne suis pas celui dont on recherche la compagnie. Je ne suis pas encore mort et, pourtant, c’est comme si. C’est sans doute pour cette raison que j’étais allĂ© aux enterrements de ces deux ex collĂšgues et amis ( D… et Scapin). Par attachement, tristesse et aussi surprise. Car il est impossible, en rencontrant quelqu’un de pronostiquer d’emblĂ©e :

 

« Celle-ci ou celui-ci, elle ou il n’en n’a plus que pour tant d’annĂ©es de vie courante Â».

 

 

AprĂšs toutes ces annĂ©es, je ne connais toujours pas mon corps. Il m’est donc difficile de connaĂźtre les ressorts de celui des autres. Par contre, il est possible de les aimanter. Car tous les corps ont des besoins, des dĂ©sirs et des dĂ©clics. Au point que cela peut en devenir un capharnaĂŒm Ă  moins qu’il n’existe, quelque part, un ou plusieurs rouages, ou un chef d’orchestre, pour aiguiller ça. Ou des personnes dont c’est le mĂ©tier.

 

Cette personne a souvent le visage ou l’attrait de ce qui nous inspire confiance. Celui d’un acteur. De la Maitre-Nageuse qui nous apprend Ă  nager. Cela peut aussi ĂȘtre une Ɠuvre ou un travail que l’on aimera et que l’on choisira de suivre ou de poursuivre.

 

Il y a plusieurs annĂ©es, alors que j’interviewais une danseuse, chorĂ©graphe et rĂ©alisatrice cĂ©lĂšbre, j’avais osĂ© lui dire :

 

« C’est vrai que le corps est une prison
. Â». 

 

Avec un petit rire gĂȘnĂ©, elle avait trĂšs vite repoussĂ© ma proposition, pourtant asexuĂ©e :

 

« Non, non, le corps n’est pas une prison ! Â». Elle m’avait donnĂ© l’exemple d’une personne handicapĂ©e motrice qui, grĂące Ă  la danse,  Ă©tait « libre dans son corps Â».

 

Je voyais ce qu’elle voulait me dire. Bien-sĂ»r, elle avait raison. Incapable de la contredire,  je m’étais senti dĂ©placĂ© devant son autoritĂ© et son assurance de danseuse et de chorĂ©graphe, trĂšs grande connaisseuse de la gravitĂ© et du corps. Comme si je n’avais jamais arrĂȘtĂ© de n’ĂȘtre qu’un petit soldat. J’avais essayĂ© de penser. Je venais d’ĂȘtre ramenĂ© aux ordres et Ă  la raison par une plus qu’illustre GĂ©nĂ©rale.

 

NĂ©anmoins, il m’est restĂ© un grain de cette impression. C’est en partie avec ce grain que je fabrique la poudre de ce texte.

 

Un de mes anciens collĂšgues, psychanalyste lacanien, trĂšs peu sportif, m’avait lui, dit un jour :

 

« Le corps, c’est l’inconscient ! Â».

 

Quand j’étais allĂ© Ă  l’enterrement de ce modĂšle et collĂšgue retrouvĂ© pendu chez lui par son fils, Scapin faisait partie des prĂ©sents. Avec lui et un autre collĂšgue, Spock, nous nous Ă©tions racontĂ©s des histoires drĂŽles poudrĂ©es Ă  l’humour noir. Un humour que j’ai appris Ă  dĂ©velopper au contact de personnes comme eux, mes aĂźnĂ©s de dix ans, et que je produisais trĂšs certainement en moi auparavant.

 

Mais je me rappelle aussi que Scapin m’avait surpris en disant subitement Ă  propos de notre collĂšgue  disparu ( et dont personne n’avait prĂ©vu le geste) :

 

« Je n’aurais pas aimĂ© ĂȘtre dans sa tĂȘte (ou Ă  sa place) dans les quinze minutes qui ont prĂ©cĂ©dĂ© le moment oĂč il s’est pendu ! Â».

 

Nous n’avons jamais su pourquoi. Et le Savoir n’aurait rien changĂ©.  Je ne sais pas comment, par la suite, le fils de ce collĂšgue a vĂ©cu dans son propre corps. Et s’il a rĂ©ussi Ă  s’y sentir libre.

 

Lorsqu’il a Ă©tĂ© atteint de son cancer, Scapin n’en n’a pas parlĂ© tout de suite. Je me rappelle qu’avant qu’il ne me l’apprenne, il avait pris soin de venir voir ma fille, encore bĂ©bĂ©, chez une amie commune dans la ville de US.

 

Comme Ă  mon habitude, j’avais pris plaisir Ă  l’embĂȘter en le photographiant et en le filmant. « ArrĂȘte avec ça ! Â». AprĂšs cette rencontre, m’avait ensuite appris Milotchka, sa  femme, Scapin avait arrĂȘtĂ© de voir des gens. Lui, si curieux des gens,  barjos inclus, plusieurs mois avant sa mort, avait dĂ©cidĂ© de rentrer « dans sa tente Â». Il me l’avait Ă©crit par sms.  Il refusait toute sollicitation extĂ©rieure comme me le confirma plus tard Milotchka.

 

Lorsqu’il m’envoyait un sms, il le concluait toujours par un pĂ©remptoire « Surtout, ne rĂ©ponds pas Ă  ce message ! Â». C’était Ă  la fois touchant et trĂšs drĂŽle. Je croyais pouvoir en rire un jour avec lui car, pour sur, je souhaitais qu’il vive davantage. Je n’ai pas pu en rire avec lui.

 

Scapin n’était pas trĂšs sportif. C’était encore moins un artiste martial. Sa plus grande performance sportive devait consister Ă  revĂȘtir son jogging et Ă  mettre une paire de baskets. AprĂšs ça, il Ă©tait Ă©puisĂ©.  Cependant, Ă  un moment, il avait compris qu’il n’en n’avait plus pour trĂšs longtemps. Et, il a choisi sa façon. Sa femme m’a racontĂ© un peu le jour oĂč, Ă  l’hĂŽpital, en sa prĂ©sence, il avait dĂ©cidĂ© de mourir.

 

Dans son livre UCHIDESHI ( Dans Les Pas Du Maütre) , Sensei Jacques Payet, 8ùme dan, Shihan, au sein de l’organisation Aikido Yoshinkan, nous parle plusieurs fois du Shugyo

 

Page 173 :

 

« Pendant tout ce temps, j’ai toujours gardĂ© les mots de Kancho sensei Ă  l’esprit.

« Acceptez et mĂȘme provoquez une situation dans laquelle toutes les chances sont contre vous, oĂč vous n’avez aucun contrĂŽle, aucun Ă©chappatoire et aucun autre choix que de faire face Ă  votre peur. Notre shugyo est de trouver un moyen de renverser une telle situation, en transformant la pire situation en notre meilleur alliĂ© (
) dans le cas du budo, on attend de chacun de nous que l’on fasse de notre mieux chaque jour, dans les pires ou les meilleures conditions, lorsqu’on est malade ou ivre, dans les bons ou les mauvais moments. Le processus est aussi important que les rĂ©sultats, et il n’y a pas de but prĂ©cis, si ce n’est une lutte de toute une vie avec soi-mĂȘme Â».

 

Un peu plus loin, page 177, Jacques Payet Ă©crit :

 

« Apprends avec ton corps Â» nous disait-on- c’est vraiment la seule et unique façon d’apprendre le budo Â».

 

En occident, on peut avoir une vision trĂšs idĂ©alisĂ©e du Japon ou des Arts martiaux. Je l’ai eue, cette vision idĂ©alisĂ©e. 

 

Le dogme est un puissant hypnotique. La conviction paranoĂŻaque et dĂ©lirante, aussi. On les secrĂšte abondamment lorsque certains de nos rĂ©cepteurs intimes se retrouvent au contact d’un territoire et d’une logique qui coĂŻncide avec notre histoire sensible. On se sent comme chez soi dans cette seconde peau et cette nouvelle vie. Chez soi, pour Ă©viter  les intrusions, on met des verrous. Et on ouvre uniquement aux personnes de confiance, qui pensent comme nous. Cette seconde peau et cette nouvelle vie se mĂ©ritent. On a franchi certaines Ă©tapes pour y arriver. Pour « Ă©voluer Â».  Souvent, les autres, veulent nous retirer ça ou nous inciter Ă  nous en sĂ©parer. Ce sont des antagonistes. Au mieux, des personnes avec lesquelles on reste poli et Ă  distance. Que l’on affronte ou que l’on doit supporter si elles nous emprisonnent.

 

Bien-sĂ»r, aujourd’hui, au vu du contexte de la pandĂ©mie du covid, en parlant de dogme, je pense au moins aux personnes les plus radicales parmi les anti-vaccins Covid et  les pro-vaccins Covid.

 

 

Hier, pourtant, j’ai pris rendez-vous pour me faire vacciner. AprĂšs avoir lu dans les journaux papier Charlie Hebdo, Le Canard EnchaĂźnĂ© et Le Parisien, le joli comitĂ© d’exclusion qui se concocte pour celles et ceux qui refusent de se faire vacciner. Ils seront privĂ©s du sĂ©same du passe sanitaire. Charlie Hebdo ( ainsi que le Le Canard EnchainĂ©) s’inquiĂšte du fait  que ce passe sanitaire soit contraire Ă  un certain nombre de libertĂ©s et aussi crĂ©ateur de violentes inĂ©galitĂ©s entre les citoyens. DĂšs l’annĂ©e derniĂšre, avec le premier confinement, nous avions commencĂ© Ă  perdre des libertĂ©s.

 

Le « Charlie Hebdo » paru ce mercredi 28 juillet 2021.

 

L’hebdo s’inquiĂšte aussi de la mainmise renforcĂ©e de l’informatique sur nos corps et sur nos vies. C’est malheureusement « logique Â» : Le PrĂ©sident Macron fait partie de cette file active de dĂ©cideurs trĂšs technophiles et aussi adorateurs du chiffre et du logiciel devant l’humain. Pour ces spĂ©cialistes, la nuance de l’ĂȘtre humain est une tare prĂ©historique. Le prĂ©sent et le futur, c’est des codes Ă  la virgule prĂšs, des oups en cas d’erreur ou d’oubli de code. Et de s’adresser Ă  des chiffres et Ă  des logiciels.  Qu’ils soient virtuels ou matraquĂ©s par des humains.  

 

Si nous sommes des asservis volontaires d’internet et des GAFAM, et que ceux-ci permettent aussi des plaisirs et des libertĂ©s, je suis aussi marquĂ© par le fait que la plus grande partie des informations qui cisaillent les avis entre les anti-vaccins et les pro-vaccins provient aussi d’internet. Et, il n y a pas de garde-fous.

 

Cependant, Charlie Hebdo, comme Le Canard EnchaĂźnĂ©, comme Le Parisien et d’autres journaux papier restent des adeptes des vaccins  contre le Covid qu’ils ne nomment pas. Parmi eux, les « vaccins Â» des laboratoires Pfizer et Moderna  Ă  ARN messager  qui nĂ©cessitent chacun deux injections Ă  plusieurs semaines d’intervalle (3 semaines d’intervalle entre la premiĂšre et la seconde injection pour moi en aout avec le Pfizer). Le vaccin Pfizer semble le plus utilisĂ© autour de moi dĂ©sormais.

 

Il y a aussi le vaccin Johnson & Johnson (1 seule injection) moins prisĂ© car plus d’effets secondaires graves ont Ă©tĂ© constatĂ©s avec lui. Et le vaccin Astrazeneca (2 injections).

Le journal « Le Parisien » de ce mercredi 28 juillet 2021.

 

Savoir que la plupart des journaux papier encouragent Ă  la vaccination et discuter avec plusieurs personnes vaccinĂ©es- que je connais et crois suffisamment critiques et sensĂ©es-  m’a aussi dĂ©cidĂ© malgrĂ© mes rĂ©serves sur ces vaccins que ma santĂ© et moi allons apprendre Ă  dĂ©couvrir au fur et Ă  mesure.

 

 

ConnaĂźtre son corps, connaĂźtre son sort, on dirait que ça se ressemble. Mais c’est peut-ĂȘtre une croyance et une idĂ©e fausse. Dans ma famille, on vit vieux. J’essaierai de faire de mon mieux.

 

Franck Unimon, ce jeudi 29 juillet 2021.

 

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Gagner plus d’argent

 

Gagner plus d’argent

 

Quantités et cent façons

 

 

La façon dont je gagne de l’argent a plus d’importance que sa quantitĂ©. J’ai failli Ă©crire :

 

« La façon dont je gagne de l’argent commence Ă  avoir plus d’importance
 Â».

 

Puis, j’ai un petit peu rĂ©flĂ©chi et je me suis corrigĂ©. Depuis le dĂ©but, la façon dont je le gagne, cet argent, ce miroir, cette excroissance particuliĂšre de soi, a eu plus d’importance que sa quantitĂ©. C’est un automatisme et un conditionnement si bien assimilĂ©s depuis des annĂ©es que je l’avais oubliĂ©. Ça m’a inspirĂ© spontanĂ©ment beaucoup de mes choix lorsque, vers ma majoritĂ©, accĂ©dant au monde des adultes mais aussi Ă  celui de mes « libres Â» choix, je me suis dirigĂ© vers un mĂ©tier plutĂŽt que vers un autre. Vers une relation plutĂŽt que vers une autre. Vers certaines destinations plutĂŽt que vers d’autres. Vers certaines discriminations plutĂŽt que vers d’autres. Vers certaines expĂ©riences plutĂŽt que vers d’autres.

 

Il n’y a aucune noblesse dans mon attitude de dĂ©part.

 

La peur du chĂŽmage au moins, la peur du monde ainsi que le peu de valeur que je m’accordais, plus que l’adĂ©quation avec mes aspirations profondes, m’ont fixĂ©. Puis, prĂ©sentĂ© certaines dĂ©cisions et objectifs comme « rĂ©alistes Â» pour une personne comme moi.

 

RĂ©alisme que d’autres refusent et ont refusĂ©.

 

Avec plusieurs annĂ©es de retard, une trentaine, j’ai Ă©coutĂ© et rĂ©Ă©coutĂ© hier l’album Live At Reading du groupe Nirvana « de Â» feu Kurt Cobain. Le concert date de 1992. Un cd de plus empruntĂ© Ă  la mĂ©diathĂšque de ma ville il y a environ quinze jours avant qu’elle ne ferme pour quinze jours, pour la premiĂšre fois, pendant l’Ă©tĂ©. Je verrai bien si, lors de sa rĂ©ouverture, la nouvelle obligation de prĂ©senter un pass sanitaire sur un lieu public- pour causes de pandĂ©mie due au Covid- me privera dĂ©sormais de l’accĂšs Ă  la mĂ©diathĂšque oĂč j’ai mes habitudes. Et oĂč j’emmĂšne ma fille rĂ©guliĂšrement depuis qu’elle a moins de un an. ( Dans la peau d’un non-vaccinĂ©)

 

Sans a priori, pourtant, on peut dire que mes rapports avec le rĂ©alisme diffĂšrent de ceux qu’ont entretenus Kurt Cobain et les autres musiciens du groupe avec lui.

 

A priori :

 

 

En 1992, je « connaissais Â» le groupe Nirvana par son titre Smells like Teen Spirit. Un titre que j’aimais bien alors que Nirvana, la musique grunge, ne faisait pas partie, a priori, de mes entitĂ©s musicales.

 

A priori.

 

Car, pour paraphraser l’humoriste DĂ©do qui avait pu demander, avec son allure de hard-rocker ou de gothique « Est-ce que j’ai une gueule Ă  Ă©couter du Zouk ?! Â», en 1992, j’étais « dans Â» d’autres genres musicaux que le grunge. Et, pour en avoir fait et refait l’expĂ©rience, je ne crois pas que la majoritĂ© des adeptes de Nirvana de cette Ă©poque ou d’aujourd’hui, soient prĂȘts Ă  Ă©couter du Zouk, du Dub, de la Salsa, du Maloya ou du LĂ©woz. Et, encore moins Ă  en danser.

 

Les adeptes de Nirvana prĂ©fĂšrent entrer – et rester- dans d’autres atmosphĂšres afin de chasser leurs fantĂŽmes ou de communier avec eux. Pourtant, dans beaucoup de ces univers de « gratteux Â», lorsque l’on regarde de plus prĂšs Ă  la source des religions musicales de ces prĂȘtresses et de ces prĂȘtres du Rock – pour Ă©lectrifier ou simplifier – on retrouve des croisements et des inspirations « Ă©tonnantes Â».

 

Le Bluesman Leadbelly pour Kurt Cobain ? BB King pour Bono du groupe U2 qui, dix ans avant Nirvana, dans les annĂ©es 80, avait sans doute eu le mĂȘme Ă©clat ?

 

Et, avant U2, AC/DC, dans les annĂ©es 70, dont l’écoute de quelques titres en concert suffisent pour retrouver le goulot du Blues ?

 

En nommant AC/DC, U2 et Nirvana, je cite seulement trois groupes musicaux qui, avant l’avĂšnement du Rap, et mĂȘme aprĂšs son avĂšnement (nous sommes le mardi 27 juillet 2021) aujourd’hui encore, je le crois, vont parler Ă  beaucoup de personnes.

 

Jeunes et moins jeunes. Adeptes de Rap ou d’autres genres musicaux.

 

Au dĂ©part, je n’avais pas du tout aimĂ© le groupe U2 et son titre Sunday, Bloody Sunday par exemple. Mais j’avais aimĂ© With or Without you avant d’autres titres. Comme avec la musique classique, lorsqu’un musicien ou un compositeur « compte Â», il y a toujours une Ɠuvre ou un titre que l’on va aimer ou que l’on a aimĂ© sans le savoir.

 

Si des jeunes d’aujourd’hui, comme je l’ai « Ă©tĂ© Â», font d’abord la grimace en entendant  parler de AC/DC, de U2 ou de Nirvana ou de leurs titres, c’est peut-ĂȘtre parce qu’ils ne sont pas encore suffisamment « mĂ»rs Â» ou suffisamment « sĂ»rs Â» de ce qu’ils ressentent pour s’apercevoir que ces groupes, comme bien d’autres groupes de diffĂ©rents genres musicaux, parlent d’eux.

 

Je n’étais pas suffisamment « mĂ»r Â» pour m’apercevoir de l’importance du groupe NTM lorsque le groupe existait dans les annĂ©es 90. Pourtant, je le « connaissais Â». J’avais mĂȘme achetĂ© le Cd d’un de leurs albums :

 

J’appuie sur la gñchette.

 

Mais, si j’étais allĂ©, seul, au ZĂ©nith au concert de Mc Solaar (concert qui m’avait déçu) comme Ă  celui, Ă  l’Olympia, du groupe I AM (un des meilleurs concerts auxquels je sois allĂ©) j’avais manquĂ© de courage pour aller Ă  celui de NTM.

 

Ce n’était pas la musique de NTM qui m’avait effrayĂ©.  Car certaines musiques font « peur Â». 

 

C’est le public de NTM qui m’avait fait peur.

 

Je n’avais pas de bande, de potes ou d’amis Ă  mĂȘme de me protĂ©ger ou de me dĂ©fendre si, en me rendant Ă  un de leurs concerts, dans les annĂ©es 90, on avait commencĂ© Ă  me chercher noise. Je voulais aller Ă  un concert. Pas Ă  un combat UFC contre plusieurs assaillants potentiels pour une histoire de casquette, de blouson ou d’apparence.

 

Je ne me posais pas ce genre de question pour ma sĂ©curitĂ© ou ma survie en me rendant, souvent seul, aux autres concerts. Je me l’étais et me la suis posĂ© seulement pour un concert de NTM dans les annĂ©es 90.

 

 Et, c’est seulement aprĂšs la dissolution du groupe, vers 2005, que je m’étais aperçu de l’importance du groupe dans ma vie. En rĂ©entendant certains titres. En voyant certains passages de leur concert.

 

Avant 2005, mĂȘme si j’avais aimĂ© plusieurs des tubes de NTM, je rejetais moralement l’image et certains des comportements du groupe (de Joey Starr en premier lieu) au travers de divers faits divers commentĂ©s et trĂšs mĂ©diatisĂ©s.

 

Le temps me semblait sĂ»rement cimentĂ© alors que des groupes comme NTM ou Nirvana savent le fracturer et promouvoir leur Ă©closion au travers des fissures lĂ  oĂč je m’arrĂȘtais devant le mur.

 

La Base de L’Oncle Tom ?

 

Pour l’élaboration d’une bonne pizza, il faut commencer par la base, c’est Ă  dire la qualitĂ© de la pĂąte alimentaire que l’on utilise, les ingrĂ©dients, le tour de main, la tempĂ©rature de la cuisson et ensuite le type de four que l’on emploie.

Etais-je de la bonne pa-pĂąte Ă  Oncle Tom ?

 

Vingt ans plus tĂŽt, au lycĂ©e Joliot-Curie de Nanterre, Pascal, un « grand Â», Rasta, l’antithĂšse de l’Oncle Tom, musicien, ami d’un ami qui faisait alors figure, pour moi, de grand frĂšre de substitution, m’avait subitement interpellĂ© :

 

« Qu’est-ce que tu fais ?! Â».

 

C’était jour de classe et je venais d’entrer dans la cour du lycĂ©e. Pascal, ancien basketteur, plus ĂągĂ© que moi d’un ou deux ans, plus grand que moi de vingt bons centimĂštres, Ă©tait debout, appuyĂ© contre un arbre chĂ©tif situĂ© sur un petit promontoire. Tel un surveillant observant la façon dont les uns et les autres pĂ©nĂ©traient en dĂ©filant dans le lycĂ©e. Une fonction complĂštement officieuse. Pascal devait ĂȘtre en terminale. J’étais en premiĂšre. A cĂŽtĂ© de lui,  se trouvait un autre garçon Ă  peu prĂšs de son Ăąge.

 

Devant ce tribunal improvisĂ©, j’avais Ă©tĂ© dĂ©sarçonnĂ©. Cette interpellation ne faisait pas partie des matiĂšres prĂ©vues dans mon emploi du temps.  

 

Je m’étais senti obligĂ© de rĂ©pondre. Je « connaissais Â» Pascal. Je l’admirais et le craignais aussi. Son autoritĂ©. Son allure. Son assurance. Tout cela, Ă©videmment, j’en Ă©tais dĂ©pourvu. Je me sentais son infĂ©rieur.

 

J’avais rĂ©ussi Ă  rĂ©pondre : « Je vais Ă  l’école
 Â».

Pascal avait alors rĂ©pĂ©tĂ©, avec un air un peu sardonique : « Tu vas Ă  l’école ?! Â». A ses cĂŽtĂ©s, l’autre « grand Â» s’était marrĂ© tout doucement en se tournant vers Pascal. Pour ajouter : « Il va Ă  l’école
 Â».

 

J’aurais pu rĂ©pondre que c’était dĂ©jĂ  plus que bien que je sois au lycĂ©e, et assez bon Ă©lĂšve. Mes parents, d’origine modeste, avaient accĂ©dĂ© Ă  la classe moyenne, en quittant jeunes leur Ăźle natale et tropicale – plus tard, j’allais apprendre que leur Ăźle natale faisait rĂȘver beaucoup de monde par ailleurs- pour la France.

 

Mon pĂšre, afin de m’assurer un avenir, avait eu le projet pendant des annĂ©es de faire de moi un futur mĂ©canicien de voitures. Moi qui ne savais mĂȘme pas changer une roue de vĂ©lo et qui Ă©tais beaucoup plus un petit intello Ă  lunettes qu’un manuel. Hier encore, mĂȘme si je me suis un peu civilisĂ© pour certaines Ɠuvres manuelles, juste pour essayer devant ma fille une nouvelle petite pompe Ă  vĂ©lo trĂšs esthĂ©tique -prĂ©sentĂ©e comme trĂšs pratique par la vendeuse- je n’ai pas Ă©tĂ© trĂšs convaincu par mes compĂ©tences. Ainsi que par la pertinence de mon achat.

 

Mais pour mieux rĂ©pondre Ă  Pascal, il aurait dĂ©jĂ  fallu que je comprenne Ă  qu’avoir obtenu l’accord de mon pĂšre pour aller au lycĂ©e revenait presque au fait d’accĂ©der Ă  une grande Ă©cole du genre l’ENA, Polytechnique ou Sciences Po. Cela, grĂące Ă  l’intervention de ma prof de Français de 3Ăšme, Mme Askolovitch /Epstein.

 

Peut-ĂȘtre que certaines et certains de mes camarades connaissaient ces grandes Ă©coles. Je pense Ă  ceux qui m’étonnaient dĂšs le dĂ©but de l’annĂ©e scolaire lorsqu’ils lĂąchaient un :

« J’ai regardĂ© le programme de cette annĂ©e Â». Ou qui se montraient plus que critiques sur tel collĂšge ou tel lycĂ©e dont le niveau avait « baissĂ© Â».

 

Evidemment, mes parents et les membres de ma famille, eux, n’avaient jamais Ă©tĂ© concernĂ©s par ces histoires de « programme de l’annĂ©e Â», de « niveau qui avait baissĂ© Â» ou par l’existence de ces grandes Ă©coles.

 

Par contre, la mécanique automobile, niveau BEP, ma famille connaissait.

 

Nous Ă©tions au milieu des annĂ©es 80. L’époque de François Mitterrand, PrĂ©sident socialiste. De U2. Ou de Kassav’pour celles et ceux qui savent. Quelques annĂ©es aprĂšs AC/DC. Avant Nirvana. NTM n’existait alors pas en tant que groupe de Rap.

 

Alors, Kool Shen, Joey Starr, ou MC Solaar et AkhĂ©naton, qui ont Ă  peu prĂšs le mĂȘme Ăąge que moi, auraient pu ĂȘtre des « connaissances Â» si nous avions habitĂ© dans la mĂȘme citĂ© ou dans les mĂȘmes environs. Des personnes que j’aurais pu saluer ou dont j’aurais pu connaĂźtre le nom et certains « faits Â». Comme cela a Ă©tĂ© le cas pour plusieurs jeunes de ma citĂ© et des environs que je croisais ou dont les noms parfois circulaient.  Je me rappelle encore des noms de famille et des prĂ©noms de certains.

Que ces jeunes aient « mal Â» tournĂ© ou se soient « bien Â» intĂ©grĂ©s dans la sociĂ©tĂ© et le monde des adultes. Des jeunes qui, comme les fondateurs de Nirvana ou de NTM, Ă  un moment ou Ă  un autre, ont Ă©tĂ© en colĂšre et tristes comme beaucoup de jeunes mais qui ont voulu prendre du bon temps et ont suivi certaines rĂšgles autrement, d’abord les leurs,  lorsque le monde des adultes s’est rapprochĂ© d’eux et que leur tour d’y entrer est arrivĂ©.

 

Hormis pour Hypokhagne, je ne peux pas affirmer que connaĂźtre alors l’existence de l’ENA, Polytechnique, Sciences Po ou d’autres grandes Ă©coles, aurait beaucoup changĂ© mes « choix Â» d’orientation Ă  la fin du lycĂ©e. Mais nos dĂ©cisions peuvent changer ou Ă©voluer selon les perspectives et les exemples que l’on connaĂźt prĂšs de soi ou autour de soi. Avec les expĂ©riences que l’on s’autorise.

 

Peut-ĂȘtre Ă©tais-je un Oncle Tom dĂšs le lycĂ©e ? Moi qui avais dĂ©jĂ  lu plusieurs livres de Richard Wright, sans doute de Chester Himes, qui Ă©coutais du Bob Marley Ă  la maison depuis mon enfance ; qui m’intĂ©ressais Ă  la philosophie, et qui, avant mes dix ans, avais eu droit Ă  des leçons rĂ©pĂ©tĂ©es de mon pĂšre Ă  propos de l’esclavage ?

Je m’intĂ©ressais aussi aux Black Panthers, Ă  Malcolm X et Ă  Martin Luther King, Ă  L’ANC et Ă  Nelson Mandela, alors encore en prison. Mais rien de cela ne transparaissait dans mon comportement de lycĂ©en scolaire et  soumis. On peut ĂȘtre un Oncle Tom lettrĂ©.

 

Ce jour-lĂ , j’avais rĂ©ussi Ă  rĂ©pondre plutĂŽt timidement Ă  Pascal et Ă  son partenaire :

 

« J’écris des poĂšmes
 Â».

 

Si son comparse, sans doute un annexe secondaire, s’était tu, Pascal, lui, de maniĂšre surprenante, avait donnĂ© du crĂ©dit Ă  cette nouvelle donnĂ©e.

 

Il ne m’a pas dit : «  C’est trĂšs bien. Continue ! Â». Ni : « Ce serait bien que tu me montres Â». Mais j’ai perçu que ces quelques lignes que j’avais pris l’habitude de tracer sur des feuilles de papier m’avaient donnĂ© un petit peu plus de consistance Ă  ses yeux. MĂȘme si je ne voyais pas en quoi ce que j’écrivais me distinguait tant que ça de toutes celles et tous ceux qui allaient « seulement Â» Ă  l’école, j’avais compris que je faisais quand mĂȘme quelque « chose Â» qui trouvait grĂące Ă  ses yeux. Je n’étais pas un Oncle Tom ou un benĂȘt en voie de finalisation.

 

Je veux bien croire que Pascal ait rapidement oubliĂ© cette anecdote. Comme il a pu oublier qui je suis, alors que je m’en rappelle encore plus de trente annĂ©es plus tard. Ce genre de situation m’arrive rĂ©guliĂšrement. Plusieurs annĂ©es plus tard, je reconnais et me rappelle de personnes qui m’ont totalement oubliĂ©. Ceci pour dire comme j’étais peu marquant comme individu.

 

Il y a Ă  peine deux semaines, j’ai refait le mĂȘme coup Ă  quelqu’un. La derniĂšre fois que je l’avais vu, c’était
en 1989. Il ne se souvenait absolument pas de moi. J’ai pu lui restituer le contexte avec tellement de dĂ©tails qu’il a Ă©tĂ© obligĂ© d’accepter que notre rencontre avait bien eu lieu.  Comme lui dire, qu’à cette Ă©poque, le tube de Laurent Voulzy qui passait Ă©tait Le Soleil donne. Et qu’au cinĂ©ma, on parlait pas mal du film Faux-semblants  de David Cronenberg. Finalement, avant de se rendre dĂ©finitivement, il a fini par me demander :

« Mais comment ça se fait que tu te souviens de moi ?! Â».

Je lui ai alors rĂ©pondu, trĂšs sĂ»r de moi :

« Pourquoi je ne me souviendrais pas de toi ?! Â».

 

En cherchant sur internet il y a quelques annĂ©es, j’ai appris que Pascal Ă©tait devenu Ă©ducateur spĂ©cialisĂ©. Je n’ai pas l’impression qu’il ait continuĂ© de faire de la musique pour des raisons que je ne m’explique pas. Et, la derniĂšre fois que je l’avais croisĂ©, cela devait ĂȘtre Ă  l’universitĂ©. Il avait alors rasĂ© ses locks et Ă©tait devenu facteur Ă  vĂ©lo.

 

Le hasard veut que l’homme que j’avais rencontrĂ© en 1989- et Ă  qui j’ai fait la surprise de le reconnaĂźtre rĂ©cemment- porte aujourd’hui des locks et est musicien. En 1989, je ne le savais pas musicien ( ou je l’ai oubliĂ©) et il avait une coupe de cheveux plutĂŽt similaire Ă  celle de Pascal, la derniĂšre fois que j’avais croisĂ© celui-ci et qu’il Ă©tait devenu facteur.

 

Nirvana :

En Ă©coutant et en rĂ©Ă©coutant hier cet album live du groupe Nirvana, j’ai eu l’impression d’écouter et d’entendre ce qui me manquait dans ma jeunesse. Et ce qui fait, en principe, le panache de la jeunesse avec l’insouciance :

 

 Le fait de vivre sans s’arrĂȘter et sans contrĂŽle.

 

Le groupe Nirvana, et Kurt Cobain, me font penser Ă  des personnes qui, dans un restaurant, casseraient tout. Que l’on applaudirait ensuite. Et Ă  qui l’on glisserait discrĂštement Ă  l’oreille :

« Vous avez fait ce que j’avais envie de faire depuis longtemps Â». « Ou trĂšs souvent Â».

 

Et, au moment de payer l’addition et les rĂ©parations, les spectateurs ou tout un tas de mĂ©dias et de personnalitĂ©s les plus diverses se dĂ©pĂȘcheraient soit de rĂ©pĂ©ter :

 

«  C’est de l’art ! Ce n’est pas Ă  eux de payer ! Ils ont raison ! Â». Rapidement, quelqu’un justifierait leur comportement et expliquerait en quoi, lĂ , prĂ©cisĂ©ment, le fait d’avoir tout cassĂ© dans ce restaurant, Ă©tait un acte salvateur et nĂ©cessaire pour la sociĂ©tĂ© et le monde entier.

 

La diffĂ©rence entre Nirvana, ou tout groupe, artiste ou personnalitĂ© qui casse ainsi la baraque, symboliquement ou concrĂštement, et le citoyen lambda ou scolaire, c’est d’abord d’ĂȘtre les premiers Ă   « dĂ©frayer la chronique Â» lĂ  oĂč la majoritĂ© le pense et le souhaite mais n’ose pas le faire.  

 

Ensuite, l’autre diffĂ©rence avec la majoritĂ©, c’est que ces artistes et ces personnalitĂ©s sont prĂȘtes Ă  assumer les risques de leurs comportements. Sur leur vie et sur leur santĂ©. Ou acceptent d’ĂȘtre regardĂ©s de travers par la majoritĂ© voire provoquent cette majoritĂ©, ou cet ordre social ou autre, qui les contraint ou cherche Ă  les contraindre.

 

Leur attitude n’est pas gratuite. On parle alors de SincĂ©ritĂ© de leur engagement. Lequel engagement servira ensuite d’exemple ou sera reconnu par une bonne partie de la majoritĂ©. C’est ce que l’on appelle la « commercialisation Â» ou la « rĂ©cupĂ©ration Â». Ou la reconnaissance. Si ces artistes ou ces personnalitĂ©s ont la chance, ou la malchance – Kurt Cobain comme d’autres artistes a trĂšs mal vĂ©cu l’énorme succĂšs de Nirvana- d’arriver Ă  la bonne Ă©poque. En prĂ©sence des tĂ©moins qui rendront compte ; qui sauront bien expliquer l’Ɠuvre ; et qui sauront aussi trouver les moyens qu’il faut pour dĂ©fendre l’Ɠuvre, les artistes ainsi que leur souvenir.

 

Le citoyen lambda ou scolaire, lui, s’il se met Ă  tout casser dans un restaurant, terminera en garde Ă  vue. Cela sera peut-ĂȘtre marquĂ© dans son casier judiciaire. Sauf s’il est reconnu irresponsable au moment des faits car sous le coup de troubles psychiatriques.

 

Cet incident, si le citoyen lamba ou scolaire, a un emploi « normal Â» comme la majoritĂ© des citoyens, peut lui faire perdre son emploi. Et, il devra, seul, rembourser les rĂ©parations de ses dĂ©gĂąts dans le restaurant. S’il a de la chance, et s’il avait contractĂ© une bonne assurance, celle-ci pourra peut-ĂȘtre l’aider financiĂšrement. S’il a moins de chance, sa femme le quittera peut-ĂȘtre. Ou, elle le trompera avec le restaurateur qui aura besoin de consolation.

 

Les artistes ou les personnalitĂ©s, elles, pourront voir, jusqu’à un certain degrĂ©, leur CV se bonifier avec ce genre de dĂ©gĂąts. Elles se feront peut-ĂȘtre inviter par le restaurateur oĂč tout cela s’était passĂ©. Afin de les remercier pour toute la bonne publicitĂ© que l’incident a apportĂ© Ă  l’établissement. Le citoyen lambda ou scolaire, lui, devant le mĂȘme Ă©tablissement, sera dĂ©clarĂ© tricard. Au mieux, s’il s’y prend bien, il aura peut-ĂȘtre le droit de faire la manche ou d’obtenir l’autorisation de venir vendre des fleurs aux clients du restaurant.

 

 

 Je crois que l’on s’attache, non Ă  un marchand de fleurs, mais Ă  un groupe de musique, ou Ă  un auteur en particulier, parce qu’il exprime nos manques. Nos peines. Parce qu’il « display Â»- il dĂ©voile ou exprime- ce courage qui nous a manquĂ© ou que l’on aurait voulu avoir en certaines circonstances et Ă©tapes de nos vies. Car qui, n’a pas eu envie, un jour ou l’autre, dans certaines situations, de tout casser et s’est retenu ?

 

Ce genre d’expĂ©riences et de miroir avec un groupe ou une personnalitĂ©, n’a pas d’époque,  d’ñge ou de genre musical ou mĂȘme de domaine de discipline spĂ©cifique.

C’est pour cela que le nom d’un groupe, ses origines, sa couleur de peau, son style de musique ou sa langue importent peu. Tout ce qui compte, c’est le moment, oĂč, dans notre existence, la rencontre avec notre « double Â» ou notre « alter-ego Â» public est possible et se fait.

 

Il y a tant de rencontres et d’opportunitĂ©s ratĂ©es, avec soi-mĂȘme et avec les autres, que lorsque certaines de nos rencontres rĂ©ussissent, nous faisons le plein- et Ă  ras bord- de ces rencontres. Par la musique ou dans d’autres domaines.

 

Sauf que pour qu’un Nirvana, un AC/DC, un U2, un Bob Marley, un NTM, Un MC Solaar ou un I AM « rĂ©ussisse Â», beaucoup d’autres Ă©chouent. Et, davantage encore, en deviennent spectateurs. Faute de pouvoir tout casser, prendre des drogues ou des positions ultimes, autant laisser d’autres le faire Ă  notre place. Et, pour quelques unes et quelques uns d’entre eux, Nirvana ou d’autres, une certaine rĂ©ussite arrive.

 

 Car la rĂ©ussite, pour ces artistes et ces personnalitĂ©s, n’est pas totale.

 

Finir comme Kurt Cobain ? Il y en a quelques unes et quelques uns que cela fait et fera rĂȘver. Selon moi, une minoritĂ©, et Ă  une certaine pĂ©riode de la vie comprise, allez, entre 13-14 ans et…. 30 ans. Car c’est la pĂ©riode des ( plus) grands engagements. Corps et Ăąme. 

 

Mais, d’une part, mĂȘme si l’on a aujourd’hui entre 13 et 30 ans, c’est trop tard pour prendre la place de Kurt Cobain. A moins de dĂ©cider de devenir son sosie.

Ensuite lui, comme bien d’autres cĂ©lĂ©britĂ©s, n’avait pas prĂ©vu ce qui lui est tombĂ© dessus comme succĂšs. Il y a tant d’artistes inconnus aujourd’hui qui le seront encore demain ou aprĂšs demain, ou dans plusieurs annĂ©es, alors qu’ils sont actuellement en activitĂ©. Plus ou moins douĂ©s. Plus ou moins engagĂ©s. Plus ou moins dĂ©vouĂ©s. 

 

 Et puis, rĂȘver et nous souvenir de nos rĂȘves, souvent, nous suffit. Autrement, nous serions trĂšs nombreux Ă  avoir des vies qui ressemblent Ă  celles des membres de groupes de musique, des auteurs, et des personnalitĂ©s, que nous admirons tant.

 

Voir et acheter

 

Je parlais d’argent au dĂ©but de cet article. Au fait de gagner plus d’argent. Plusieurs fois par jour, depuis des annĂ©es, nous voyons gratuitement ce que nous pourrions vivre. Nous le voyons de maniĂšre si familiĂšre, que mĂȘme en nous appliquant Ă  ĂȘtre raisonnables,  nous finissons par acheter.

 

Nous baignons dans ce monde. Voir et acheter. Voir et vivre. Voir et participer. Voir et vouloir en ĂȘtre.

 

En rĂ©Ă©coutant cet album de Nirvana, hier, je me suis demandĂ© comment j’avais pu ĂȘtre aussi sourd Ă  l’époque. Puisqu’ Ă  part le titre Smells Like Teen Spirit et le fait de me rappeler qu’Eric B- un collĂšgue psychiatre dont les compĂ©tences et le personnage m’avaient marquĂ©- avait parlĂ© de ce groupe, je n’ai rien fait pour Ă©couter davantage Nirvana. Donc, pour m’écouter moi-mĂȘme d’une certaine façon.

 

Gagner plus d’argent est devenu une obsession avant le fait de vivre. Ce constat donne plutît envie de tout casser. Ou de voler.

 

Chaque article que je fais sort peut-ĂȘtre de mon kit de survie contre cette obsession.

 

Aujourd’hui, cet article est sorti de mon kit parce qu’hier, j’ai Ă©coutĂ© et rĂ©Ă©coutĂ© la musique en concert du groupe Nirvana. Autrement, j’aurais peut-ĂȘtre parlĂ© du film The Black Widow avec l’actrice Scarlett Johansson que j’ai vu au cinĂ©ma il y a bientĂŽt deux semaines maintenant.

 

D’autres n’ont pas ce kit.

 

 

Franck Unimon, ce mardi 27 juillet 2021.

 

 

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Dans la peau d’un non-vaccinĂ©

Au jardin des plantes d’Amiens, juillet 2021.

Dans la peau d’un non-vaccinĂ© 

 

C’est les grandes vacances depuis  bientĂŽt un mois. Cette pĂ©riode estivale qui sert souvent de grand sas Ă  des millions de personnes en France et ailleurs. Pour partir et s’extraire autant que possible de ce qui nous nuit ou nous ennuie dans le quotidien.

 

Le quotidien, selon ses quantitĂ©s et ses absurditĂ©s, peut devenir un poison apte Ă  tuer Ă  petit feu ou Ă  faire pousser des infirmitĂ©s. Il convient de savoir le diluer au bon moment. Et sans trop attendre. Des vacances choisies peuvent y contribuer. Pour celles et ceux qui peuvent s’en offrir, chez soi ou quelques kilomĂštres plus loin.

 

On ne voit pas celles et ceux qui ne partent pas ou jamais. A moins de les connaütre personnellement ou par le biais du travail. Je n’en connais pas.

 

Je n’en connais pas encore.

 

Il est rare, exceptionnel plutĂŽt, qu’au travail ou que parmi mes connaissances quelqu’un m’affirme fiĂšrement : «  HĂ© bien, moi, je ne pars pas en vacances ! Â». Assez rĂ©guliĂšrement, autour de moi, quelqu’un part, Ă  un moment donnĂ©, ne serait-ce que pour un week-end.

 

Peu importe oĂč.

 

C’est souvent un Ă©tonnement poli qui rĂ©sonne, lorsqu’en pĂ©riode de vacances, courte ou longue, on rĂ©pond que, cette fois, nous allons rester sur place. Sauf si l’on a un projet particulier tel que refaire la cuisine ou se faire opĂ©rer.

 

Ne pas partir en vacances, en week-end, ou en sortie, c’est un peu une anomalie sociale, une honte rĂ©trĂ©cie voire signifier que l’on vit dans la zone. A moins d’ĂȘtre partout chez soi. Ou de vivre dans un endroit oĂč il y a tout ce qu’il nous faut. Etant donnĂ© que cet endroit n’existe pas, hormis au cimetiĂšre, nous avons toujours, j’ai toujours, une bonne raison d’aller voir ailleurs. Seul ou accompagnĂ©.

 

Je ne compte pas les concerts oĂč je suis allĂ© seul. Et encore moins les sĂ©ances de cinĂ©ma.  Certaines personnes ont besoin d’ĂȘtre accompagnĂ©es pour sortir de leur rĂ©serve. Moi, aussi. Mais pas pour Ă©crire.

 

Il y a des personnes qui, cette annĂ©e, ou cette annĂ©e encore, ne partiront pas. Je les imagine un peu. J’en ai sĂ»rement croisĂ© de loin. Pourtant, ces personnes n’ont pas disparu. Les gilets jaunes n’ont pas disparu. Les chĂŽmeurs non plus. Ni les malades. Ni les SDF. Nie et nie


 

Mais le temps des vacances, on va oublier ça. Les vacances, ça sert Ă  ça. Les mauvaises nouvelles, morbides ou autres, on va les mettre de cĂŽtĂ©. D’ailleurs, je suis encore en vacances. La semaine derniĂšre, nous sommes partis quelques jours Ă  Amiens.

Dans la cathĂ©drale d’Amiens, juillet 2021.

 

 

C’est moins exotique que le sud de la France, l’Outre-Mer ou la Bretagne, mais c’est trĂšs pratique. A 1h20 en voiture de la rĂ©gion parisienne, on y arrive par la A16 qui est une autoroute que j’ai chĂ©rie une nouvelle fois pour son absence d’embouteillage.

 

La ville d’Amiens ne paie pas de mine sur le papier comparativement Ă  des vacances Ă  Marseille, en Corse, au Pays Basque ou Ă  la RĂ©union. Mais j’ai aimĂ© la briĂšvetĂ© du dĂ©tour pour y arriver et cette maison de ville avec cour intĂ©rieure privĂ©e que nous avons louĂ©e pour quatre jours.

 

Amiens est une ville qui dĂ©tend. Sa cathĂ©drale. Son centre-ville. Ses itinĂ©raires le long de la Somme. Environ une heure de route nous permet d’aller voir la mer. Nous nous sommes immergĂ©s dans la plage du Crotoy oĂč j’ai conversĂ© un peu avec un chasseur alpin qui s’amusait Ă  faire le crocodile dans l’eau pour amuser sa fille. Et ça se passait trĂšs bien.

Les Hortillonages d’Amiens, ce jeudi 22 juillet 2021.

 

 

Ce jeudi 22 juillet 2021, nous sommes arrivĂ©s une heure trente avant l’ouverture des hortillonnages pour les  promenades commentĂ©es de l’aprĂšs-midi. Cela faisait trente ans que j’avais entendu parler des hortillonnages d’Amiens. Et, cela allait devenir concret.

 

L’impasse sanitaire

 

 

Jusqu’au moment oĂč j’ai aperçu l’inscription : Le Pass Sanitaire est obligatoire. Ou une phrase assez proche.

 

Si nous Ă©tions venus deux jours plus tĂŽt, le mardi, soit le lendemain de notre arrivĂ©e Ă  Amiens, nous aurions Ă©chappĂ© Ă  cette inscription. Car c’est Ă  partir du 21 juillet, si je ne me trompe, que les nouvelles dispositions gouvernementales concernant les mesures Covid ont commencĂ© Ă  ĂȘtre appliquĂ©es.

Centre-ville d’Amiens, juillet 2021.

 

 

Depuis un peu plus d’un an, le port du masque est obligatoire dans les lieux professionnels et publics. Et, depuis dĂ©but juillet Ă  peu prĂšs, nous pouvons nous passer du port du masque Ă  l’extĂ©rieur. Mais depuis une dizaine de jours Ă  peu prĂšs maintenant, le gouvernement nous a fait savoir, que Ă  compter de ce 15 septembre, tout soignant contrĂŽlĂ© qui ne serait pas vaccinĂ© contre le Covid ( donc sans son pass sanitaire) serait « licenciĂ© Â» et ne percevrait plus son salaire. Et les adolescents ont Ă©tĂ© encouragĂ©s Ă  se faire vacciner au plus vite contre le Covid.

 

Je suis plus soignant qu’adolescent ou peut-ĂȘtre aussi encore trĂšs adolescent car je ne suis pas vaccinĂ©. Pas encore vaccinĂ©. Ou toujours pas vaccinĂ©.

 

Si je ne connais pas encore de personnes qui sont privĂ©es de vacances et de travail, je connais des personnes qui se sont faites vacciner. Leur nombre croĂźt. Parmi elles, au moins deux personnes, un mĂ©decin libĂ©ral dĂ©sormais Ă  la retraite et mon thĂ©rapeute m’avaient dit plusieurs semaines plus tĂŽt :

 

« Je ne comprends pas que cela n’ait pas Ă©tĂ© rendu obligatoire pour les soignants ! Â».

 

Et, je peux concevoir que certains adeptes de la vaccination anti-Covid, en apprenant ma «dĂ©convenue Â» devant les hortillonnages d’Amiens, concluent :

 

« C’est normal ! Â» ou «  C’est bien fait pour sa gueule ! Â».

 

Cela a Ă©tĂ© une drĂŽle de sensation que de me dĂ©couvrir un peu l’équivalent d’un paria devant ces hortillonnages. Et, j’ai commencĂ© Ă  entrevoir qu’il en serait de mĂȘme pour me rendre au cinĂ©ma dĂ©sormais. Ou Ă  la piscine.

 

 

Le conservatoire de notre ville, s’alignant sur les nouvelles dĂ©cisions gouvernementales, mĂȘme si la loi n’a pas encore Ă©tĂ© votĂ©e, m’a ainsi relancĂ© pour savoir si je disposais bien d’un pass sanitaire afin d’accompagner ma fille Ă  la sortie organisĂ©e le 21 aout. Soit, lĂ  aussi, une sortie culturelle pour ma fille et moi qui va nous ĂȘtre interdite.

 

Ma fille a moins de dix ans. Il y a moins d’un an, comme tous les enfants de son Ăąge, elle ne portait pas de masque Ă  l’extĂ©rieur ou Ă  l’école. Il avait Ă©tĂ© estimĂ© par notre gouvernement que le port du masque ne s’appliquait pas Ă  cette catĂ©gorie d’ñge. Et, c’est trĂšs sĂ»r de moi que j’avais pu rĂ©pondre Ă  un passant qui s’étonnait qu’elle ne portait pas de masque :

 

« Elle a moins de dix ans ! Â». Le sujet avait Ă©tĂ© rĂ©glĂ©. Ma fille, comme les enfants de son Ăąge, pouvait sortir sans masque sur le nez et la bouche. Et, moi, son pĂšre, qui portais un masque en permanence, cela m’allait.

 

Et puis, ça a changĂ©. Depuis six mois Ă  peu prĂšs, mĂȘme les mĂŽmes de l’école primaire doivent porter un masque. Deux masques sont Ă  prĂ©voir pour la journĂ©e. Un pour le matin, un pour l’aprĂšs-midi. MĂȘme moi, j’ai changĂ©. Je suis devenu le gendarme de ma fille pour le port du masque. J’exige qu’elle porte son masque convenablement sur son nez et sur sa bouche. Ou pas du tout lorsque c’est possible. Le masque seulement sur la bouche pour ma fille, ça ne passe pas avec moi.  

 

Mais toutes ces bonnes intentions, le fait de vivre pratiquement sans masques entre mi-mars 2020 et dĂ©but Mai 2020, comme l’acceptation pendant plusieurs mois de nos restrictions d’heures de sortie, et la limitation gĂ©ographique de nos dĂ©placements, pour cause de pandĂ©mie du Covid, n’ont pas suffi.

 

Centre-ville d’Amiens, juillet 2021.

 

Les vaccins anti-Covid sont arrivĂ©s Ă  partir de fĂ©vrier-mars de cette annĂ©e 2021 (ou plus tĂŽt ?) et ont Ă©tĂ© attribuĂ©s, selon les quantitĂ©s, et par ordre prioritaire Ă  certaines tranches d’ñge (les personnes les plus ĂągĂ©es d’abord). Avant  cet Ă©tĂ© 2021, il Ă©tait possible pour l’ensemble de la population en Ăąge de se faire vacciner de prendre rendez-vous pour le faire. Mais la France manque de volontaires pour se faire vacciner comparativement Ă  d’autres pays citĂ©s en exemple. MĂȘme si de plus en plus de personnes se sont faites vacciner, il y a quinze jours, officiellement, nous Ă©tions encore en dessous de 60 % de vaccinĂ©s pour la population en Ăąge d’ĂȘtre vaccinĂ©e.

 

 

LĂ  oĂč des frontiĂšres se ferment, des blessures s’ouvrent.

 

 

J’ai fait de mon mieux pour me prĂ©server des mauvaises nouvelles liĂ©es aux courbes de croissance relatives Ă  la pandĂ©mie du Covid en France ou ailleurs. Cependant, jusqu’à mon dĂ©part en vacances mi-juillet de l’annĂ©e derniĂšre (soit en juillet 2020), comme la majoritĂ© des gens en France, je me suis fait intoxiquer par tous ces cursus de mauvaises nouvelles liĂ©es au Covid que nous avons suivi de force.

Entre mi-mars 2020 et juillet 2020, comme beaucoup, j’avais vĂ©cu quatre mois de camisole anxiogĂšne. J’estime pourtant avoir Ă©tĂ© moins Ă  plaindre que d’autres :

 

Le fait de partir travailler –mĂȘme si sans masque pour les premiĂšres semaines- de sortir de chez moi et d’ĂȘtre actif m’avait permis de ne pas subir la totalitĂ© du tabassage mĂ©diatique et/ou gouvernemental Ă  propos des chiffres mortels du Covid. Nous devions nous attendre Ă  clamser tels des cafards enserrĂ©s dans les vaporisations d’une bombe insecticide de la marque Covid. Finalement, j’ai Ă©chappĂ© Ă  mon extermination. Mais plus pour trĂšs longtemps, manifestement.

 

J’ai, pour l’instant, conservĂ© mon emploi lĂ  ou d’autres l’ont perdu. J’ai eu droit Ă  une prime, comme d’autres collĂšgues soignants, pour mon « courage Â» ou mon « hĂ©roĂŻsme Â». Alors que d’autres collĂšgues et d’autres personnels (Ă©boueurs, caissiĂšres, caissiers
.) exposĂ©s eux-aussi, n’ont pas, semble-t’il, touchĂ© de prime. Cette prime, je l’ai acceptĂ©e. Je ne suis pas riche.

 

Mais depuis quelques jours- depuis que le vaccin anti-Covid est devenu obligatoire avec la date butoir du 15 septembre 2021-  je suis obligĂ© de retourner dans le purgatoire des informations que je peux trouver Ă  propos des bienfaits et des effets des vaccins anti-Covid actuellement Ă  disposition. Jusque lĂ , je comptais sur le temps. J’attendais qu’un vaccin Ă©prouvĂ© et fiable pratiquement Ă  cent pour cent, avec le moins d’effets secondaires graves possibles soit crĂ©e. Ou que le pandĂ©mie tombe. Mais, dĂ©sormais,  j’ai officiellement suffisamment pris mon temps comme ça !  

Au jardin des plantes d’Amiens, juillet 2021.

 

 

Pour le bien du patient

 

« Pour le bien du patient Â» est une expression trĂšs utilisĂ©e dans le milieu soignant pour faire passer certaines mesures. Elle peut ĂȘtre remplacĂ©e par les termes « dĂ©ontologie Â» ou « Ă©thique Â». Avec ces trois termes, on peut Ă  peu prĂšs tout exiger des soignants. Autant pour se dĂ©vouer Ă  leur travail dans d’assez saines conditions que  pour accepter toutes sortes de dĂ©gradations de leurs conditions de travail.

 

En dĂ©cidant de sanctionner, Ă  partir du 15 septembre 2021, (en licenciant et autres) tout soignant qui, en cas de contrĂŽle, ne serait pas vaccinĂ© contre le Covid, le gouvernement semble avoir trouvĂ© en quelques semaines la solution pour contrer la pĂ©nurie soignante. Une pĂ©nurie incurable depuis des dĂ©cennies et qui s’est aggravĂ©e depuis la pandĂ©mie du Covid d’aprĂšs ce que j’avais lu dans un numĂ©ro du journal Le Parisien il y a quelques jours.

 

D’un point de vue pratique, le gouvernement estime peut-ĂȘtre qu’en cas de licenciement massif de soignants non vaccinĂ©s Ă  partir de mi-septembre que les conditions de travail vont s’amĂ©liorer dans les lieux de soins. Qu’il y a encore beaucoup trop de soignants en exercice. Ou que les soignants n’ont pas d’autre choix que faire ce qu’on leur demande
pour le bien du patient. Ou, alors, l’augmentation de salaire promise Ă  certains soignants ( aides-soignants et infirmiers) pour cet automne est peut-ĂȘtre trop difficile Ă  assumer. Il faut peut-ĂȘtre diminuer le plus possible la masse salariale. Ou conditionner l’attribution de cette augmentation salariale ( qui aurait dĂ» avoir lieu depuis des annĂ©es) Ă  la dĂ©tention du pass sanitaire avec une vaccination anti-covid Ă  jour. 

 

 

Avant d’en arriver lĂ , l’annĂ©e derniĂšre, lors du premier confinement, j’estimais avoir  eu de la chance. Et, j’avais un peu raison.

 

 

La « chance Â» de l’annĂ©e derniĂšre

 

 

En effet, dans ma ville, nous avons eu de la « chance Â» : notre enfant ayant un pĂšre et une mĂšre soignante, une « Ă©cole Â» proche de chez nous l’accueillait sur nos horaires de travail.

 

Mais ça, c’était l’annĂ©e derniĂšre entre Mars et juillet. Lorsque je croyais encore que nous avions vĂ©cu le plus difficile. Ou que le port du masque suffirait.

 

Mais ça ne suffit pas. Il faut désormais se faire vacciner.

Au jardin des plantes d’Amiens, juillet 2021.

 

 

Il y a quelques jours, des manifestants anti-vaccination obligatoire contre le Covid ont portĂ© l’étoile jaune des juifs du temps des camps de concentration. Je ne vais pas jusque lĂ .

 

J’ai aussi Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© d’apprendre rĂ©cemment que le frĂšre d’un ami considĂšre que la pandĂ©mie du Covid est une fumisterie et une Ă©manation d’un complot sioniste. Je ne vais pas jusque lĂ  non plus. Et j’ai dit Ă  cet ami – vaccinĂ© contre le Covid- que cette croyance avait permis l’existence des camps de concentration il y a plus d’un demi-siĂšcle. Mon ami a acquiescĂ©.

 

 

J’ai plus de mal dans le fait de donner ma pleine et mon immĂ©diate confiance dans des vaccins dont certains effets secondaires, pour rares qu’ils soient, peuvent ĂȘtre graves (thromboses
). Ainsi qu’avec cette part de voyage dans l’inconnu pour des vaccins pour lesquels on manque de recul.

 

Cela en sachant que pour bien des décisions importantes, je prends du temps.

 

Je me dis aussi que si j’ai pu Ă©chapper au Covid jusqu’à maintenant sans vaccin, que cela peut continuer.

 

Avant de partir pour notre sĂ©jour Ă  Amiens, j’ai effectuĂ© une sĂ©rologie Covid ainsi qu’un bilan complet. J’ai espĂ©rĂ© ĂȘtre « porteur sain Â». Je me suis dit que j’avais Ă©tĂ© cas contact- comme d’autres collĂšgues- deux fois au mois de mars. MĂȘme si le rĂ©sultat avait Ă©tĂ© nĂ©gatif Ă  chaque fois, j’avais peut-ĂȘtre dĂ©veloppĂ© une rĂ©action immunitaire effective et indolore. Le rĂ©sultat de ma sĂ©rologie Covid a Ă©tĂ© impitoyable. Aucune rĂ©action immunitaire notable.

 

 

Sauf que ce que je comprends maintenant, c’est que l’obligation de la vaccination va endurcir une radicalisation dĂ©jĂ  existante des personnes anti-vaccins. Et, sans doute aussi endurcir une radicalisation dĂ©jĂ  existante chez les personnes pro-vaccins. Mais aussi des mesures politiques, Ă©conomiques et policiĂšres. Et, ce que je n’avais pas prĂ©vu, c’était que cette radicalisation des anti-vaccins et des pro-vaccins va crĂ©er des sĂ©parations douloureuses et intimes au sein des familles, des amis et des couples.

 

En Mars 2021, lors de son premier discours «  Covid Â», le PrĂ©sident Macron avait sorti son « Nous sommes en guerre Â». Son faux air de De Gaulle lui avait donnĂ© un cĂŽtĂ© guignol. Parce-que trop jeune pour cette parole. Parce-que trop prĂ©servĂ© et trop gĂątĂ© par la vie et par sa rĂ©ussite. Pourtant, en repensant Ă  ce « Nous sommes en guerre Â», je me dis que, pour la premiĂšre fois de notre vie, pour nous qui n’avons pas vĂ©cu la Seconde Guerre Mondiale, l’Indochine ou la Guerre d’AlgĂ©rie, cette vaccination maintenant obligatoire contre le Covid (mĂȘme si elle n’a pas encore Ă©tĂ© votĂ©e) nous met- au moins symboliquement- dans la mĂȘme situation que ces appelĂ©s qui devaient s’enrĂŽler dans l’armĂ©e pour participer Ă  un conflit militaire. A ceci prĂšs qu’il y a des annĂ©es maintenant que le service militaire n’est plus obligatoire et que nous nous faisons aujourd’hui enrĂŽler de maniĂšre moins frontale. Le plus souvent, avec notre consentement. Ou en nous laissant, aussi, l’impression de pouvoir choisir.

 

Or, les conditions de cette vaccination ne sont pas sĂ©curisĂ©es Ă  cent pour cent. Et nous savons maintenant qu’il y aura d’autres variants.  Et que cette pandĂ©mie va durer plus que trois ou quatre mois puisque cela va bientĂŽt faire un an et demi maintenant.

 

Il y a aussi cette croyance, cette rumeur ou cette « information Â» selon laquelle les vaccins anti-Covid seraient si nĂ©fastes que toute personne se faisant vacciner contre le Covid serait amenĂ©e Ă  dĂ©cĂ©der d’ici deux Ă  trois ans.

 

 

Nous vivons dans une Ă©poque oĂč nous acceptons facilement qu’une sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e puisse durer des annĂ©es. Mais pas de nous retrouver dans la sĂ©rie. Or, avec la pandĂ©mie du Covid, ses variants et ses vaccins, nous sommes dans la seringue de la sĂ©rie.

Au point que je me suis demandĂ© tout Ă  l’heure, si, dans un monde sans la pandĂ©mie du Covid qui nous recouvre depuis un an et demi, un film comme Titane de Julia Ducournau aurait pu avoir la palme d’Or comme cela est arrivĂ© cette annĂ©e au festival de Cannes. ( Titane- un film de Julia Ducournau )

 

Dans Titane, Alexia fuit sa mĂ©moire. Elle est entraĂźnĂ©e dans sa fuite et doit improviser son histoire. A l’inverse, si le personnage de Jason Bourne est amnĂ©sique, au moins est-il surentraĂźnĂ© pour se dĂ©fendre et pour tuer. Au point qu’il peut se fier Ă  son corps lorsque celui-ci prend le relais de sa mĂ©moire. Il n’a pas Ă  penser.

Vis-Ă -vis du vaccin anti-covid, je n’ai ni entraĂźnement et ni mĂ©moire. J’ai donc du mal Ă  rĂ©agir aussi vite qu’un Jason Bourne. Et, contrairement Ă  Alexia qui est jugĂ©e pour voir tuĂ©, je peux ĂȘtre jugĂ© – sans volontĂ© et sans possibilitĂ© de fuir- car je pourrais tuer.

D’autres peuvent se passer d’entraĂźnement et de mĂ©moire et se font vacciner contre le covid. J’envie leur confiance envers la vaccination anti-Covid.

 

Franck Unimon, lundi 26 juillet 2021.

 

 

 

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Corona Circus self-défense/ Arts Martiaux

Dojo 5

Intérieur du salon de thé Tencha à Angers.

 

                                                       Dojo 5

Le Dojo 5 se trouve prĂšs d’une piscine de 33 mĂštres de longueur. Celle-ci est en rĂ©novation, rue de Pontoise.

 

Pour beaucoup, la rue de Pontoise se trouve Ă  Paris. Pour moi, Pontoise est soit une ville soit une couleur oĂč j’ai vĂ©cu et travaillĂ©.

 

Ce samedi 17 juillet, j’arrive au dojo 5 afin d’assister au stage d’AĂŻkido dispensĂ© par Sensei LĂ©o Tamaki. J’ai appris la tenue de ce stage Ă  Paris, ce 17 et ce 18 juillet un peu par hasard il y a deux ou trois jours. A la fin de son interview de Franck Ropers dans le magazine Yashima de ce mois de juillet 2021, on tombe sur plusieurs dates de ses stages cet Ă©tĂ© en France.  

 

J’ai croisĂ© une fois LĂ©o Tamaki dans la rue. C’était par hasard il y a quelques mois prĂšs des Galeries Lafayette. Lors des prĂ©paratifs des fĂȘtes de NoĂ«l de l’annĂ©e derniĂšre.  AprĂšs ĂȘtre allĂ© rencontrer Sensei Jean-Pierre Vignau Ă  son domicile. Autrement, LĂ©o Tamaki et moi avons principalement communiquĂ© par mails. C’était en vue d’une interview pour mon blog. Cet Ă©tĂ©, ce serait plus simple avec la pandĂ©mie du Covid.

 

J’arrive sans prĂ©venir au dojo 5. J’ai bien envoyĂ© un mail Ă  LĂ©o Tamaki il y a quelques jours. Il ne m’a pas rĂ©pondu. Il doit ĂȘtre trĂšs occupĂ©. Je ne sais pas comment il va rĂ©agir. Afin de m’aider Ă  apprĂ©hender au mieux cette inconnue, je suis assez fraĂźchement imprĂ©gnĂ© par ma lecture de l’ouvrage Uchideschi ( dans les pas du Maitre) de Jacques Payet, Sensei d’AĂŻkido 8Ăšme Dan.

 

Lors de mon trajet en train pour Paris St Lazare, afin de me rendre Ă  ce stage, je n’ai pas pu m’empĂȘcher de rire lorsque Jacques Payet (page 79) raconte la mĂ©saventure de Yamada, l’un de ses partenaires lors de sa formation particuliĂšrement difficile d’UCHIDESHI  dans les annĂ©es 80 :

 

« Mais nous n’osions pas nous effondrer au risque d’affronter la fureur des instructeurs. C’est ce qui est arrivĂ© Ă  Yamada. Il n’était pas trĂšs fort physiquement et il avait du mal Ă  rester si bas sur ses jambes pendant une si longue pĂ©riode. L’instructeur lui a criĂ© dessus une fois, puis deux fois, puis a commencĂ© Ă  lui donner des coups de pied. Lorsqu’ils ont rĂ©alisĂ© qu’il n’en pouvait plus, ils l’ont sĂ©parĂ© du groupe et l’ont mis devant un miroir pour qu’il puisse voir son propre visage et savoir Ă  quel point c’était humiliant d’ĂȘtre un lĂącheur. Au bout d’un moment, il a rejoint la classe, mais seulement aprĂšs avoir Ă©tĂ© sĂ©vĂšrement rĂ©primandĂ© devant ses pairs Â».

 

Mais impossible pour moi de savoir si je rirai autant lorsque je ferai face Ă  LĂ©o Tamaki dans le dojo 5. Surtout que j’ai quelques minutes de retard. A St Lazare, en me dirigeant vers la ligne 14, j’ai reconnu une amie dont je n’avais pas eu de nouvelles depuis environ deux ans. Nous avons Ă©tĂ© contents de nous revoir.

 

AprĂšs avoir fait le code d’accĂšs, la lourde porte s’ouvre. Une cour intĂ©rieure et, au bout, le dojo avec la silhouette de LĂ©o Tamaki parmi ses Ă©lĂšves. Aucune possibilitĂ© de laisser mon vĂ©lo pliant. J’ai bien fait de le laisser chez moi.

 

Le cours a dĂ©butĂ©. Je me rapproche. Je suis Ă  un ou deux mĂštres de l’entrĂ©e du dojo que LĂ©o Tamaki vient vers moi en souriant. Il semble bien se souvenir de moi. Ne paraĂźt pas plus surpris que ça.

Lorsque je lui demande si je peux assister au cours, il accepte aussitît. Et m’invite à me mettre dans un coin sur le tatami.

 

Instinctivement, je m’installe en seiza. PrĂ©venant, il m’informe que je peux me mettre Ă  l’aise. Puis, il repart.

 

Il y a une vingtaine de stagiaires. Dont une majoritĂ© d’hommes. Deux ou trois pratiquants peut-ĂȘtre ont la cinquantaine. Autrement, la fourchette d’ñge est entre 25-28 ans et 45 ans, je dirais. Il y a des pratiquants expĂ©rimentĂ©s. Et des dĂ©butants.

 

 Le stage a dĂ©butĂ© ce matin mais je n’ai pas pu venir. Le travail s’effectue alors avec le bokken. LĂ©o Tamaki passe rĂ©guliĂšrement parmi les Ă©lĂšves. Corrige en montrant Ă  nouveau. Fait parfois de l’humour. Laisse travailler quelques minutes. Puis interpelle le groupe et refait sa dĂ©monstration ou insiste sur telle particularitĂ© avant de demander :

« Recommencez s’il vous plait Â».

 

Nous sommes trĂšs loin de l’ambiance japonaise dĂ©crite par Jacques Payet.

 

LĂ©o Tamaki parle de « dissocier Â». Et de « structure Â». Ce sont des mots qui lui sont assez familiers, je crois. Un autre moment, il souligne : « Par dĂ©faut, considĂ©rez toujours que votre adversaire peut sortir une arme Â». Il a Ă  cƓur de rendre la pratique aussi rĂ©aliste que possible, fait des parallĂšles avec d’autres pratiques martiales. Je regarde celles et ceux qui s’entraĂźnent. Les dĂ©placements. Je me dis que cela doit ĂȘtre difficile de rester concentrĂ© sur une si longue durĂ©e pour porter des atemis. Mais « j’aime Â» que la main remplace le sabre lors de certaines attaques.

 

Certaines techniques me semblent plutĂŽt hors de ma portĂ©e. Je rĂ©flĂ©chis Ă  la solution Ă  trouver face Ă  un adversaire plus grand. Je me dis que cela doit ĂȘtre un bon apprentissage que de s’entrainer Ă  voir un bokken s’abattre sur soi ou sur sa tĂȘte. Mais LĂ©o Tamaki insiste :

« C’est lui que tu dois regarder. Pas le sabre Â».

 

Lorsque j’ai pratiquĂ© un peu le judo, je venais seulement pour « faire Â» et pour « jaillir Â». Trop peu pour regarder. C’est une erreur que j’ai beaucoup rĂ©pĂ©tĂ©e. Peut-ĂȘtre que quelques participants ont Ă©tĂ© intriguĂ©s par ma prĂ©sence.

 

Les deux heures sont passĂ©es. A la fin du cours, j’attends que LĂ©o Tamaki soit disponible pour lui parler un peu. Il me dit alors « Tu Â». MĂȘme si je n’ai fait « que Â» regarder, je comprends qu’il m’a vu durant son cours. Et, il m’a vu sans dĂ©tour. Mon ego et mes ruminations Ă©taient au repos sur le tatami.

 

Je croyais que ce dojo Ă©tait un dojo de circonstance pour le stage. Il m’a appris que le lieu oĂč il enseignait auparavant a « fait faillite Â». Une de ces nombreuses consĂ©quences, pour l’instant invisibles,  dues Ă  la pandĂ©mie du covid.

 

Il est convenu que je reviendrai fin aout pour l’interview. J’ai prĂ©vu de venir avec un camĂ©raman et une photographe. Le premier m’a Ă©tĂ© recommandĂ© par une amie, journaliste et productrice, spĂ©cialiste du cinĂ©ma africain. J’ai connu et jouĂ© avec la seconde lorsque j’avais repris des cours d’interprĂ©tation thĂ©Ăątrale au conservatoire d’Argenteuil.

 

En aout, si je peux, je participerai aussi à un cours ou deux d’Aïkido.

 

Je me sens bien en quittant le dojo 5.

 

 

Franck Unimon, ce lundi 19 juillet 2021.

 

 

 

 

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Vacciner plus pour soigner plus !

 

Vacciner plus pour soigner plus !

 

 

Ce que j’aime dans les enterrements, c’est que l’on y vit des moments de sincĂ©ritĂ©. C’est pareil avec l’humour.

 

Il y a deux ou trois jours, le PrĂ©sident de la RĂ©publique, Emmanuel Macron, le Ministre de la SantĂ©, Olivier VĂ©ran,  puis la Ministre du Travail, Elizabeth Borne, nous ont fait savoir qu’à partir du 15 septembre tout soignant non vaccinĂ© contre le Covid, en cas de contrĂŽle, s’exposerait Ă  des sanctions:

 

Mise Ă  pied, licenciement, suspension du salaire.

 

Ce n’est pas cela qui m’a fait sourire. Et, je n’ai pas vu de sincĂ©ritĂ© particuliĂšre non plus dans ces nouvelles dispositions dans l’intention de pousser les soignants Ă  se faire vacciner Ă  double dose d’ici le 15 septembre. J’ai plutĂŽt vu un passage en force. Je m’attendais Ă  ce que la vaccination anti-Covid devienne obligatoire pour les soignants ou, simplement, pour voyager hors de la France. Mais pas Ă  ce qu’elle le devienne aussi « vite Â». ( Des soignants hĂ©roĂŻques et irresponsables)

 

Un succùs sanitaire et politique. Pour l’instant.

 

Le 15 septembre, c’est dans deux mois. Depuis l’intervention tĂ©lĂ©visĂ©e du PrĂ©sident Macron, « tout le monde Â» veut se faire vacciner. Donc, son intervention serait un succĂšs.

 

Sanitaire. Et politique. Pour l’instant.

 

Mais si j’ai parlĂ© d’enterrement au dĂ©but de cet article, c’est parce-que le lendemain de l’allocution prĂ©sidentielle d’Emmanuel Macron pour « nous Â» exhorter, nous les soignants, Ă  nous faire vacciner, j’ai appris le dĂ©cĂšs du pĂšre de mon meilleur ami. Cela m’a ramenĂ© Ă  Nanterre oĂč j’ai grandi, prĂšs du collĂšge oĂč cet ami et moi nous Ă©tions rencontrĂ©s la premiĂšre fois. Le collĂšge Evariste Galois qui va bientĂŽt disparaĂźtre en raison de l’impasse pĂ©dagogique oĂč il s’est emmurĂ©.

 

Je suis allĂ© Ă  l’enterrement le jour-mĂȘme. Ainsi que dans une mosquĂ©e, pour la premiĂšre fois de ma vie. Une part de chagrin m’inspire donc peut-ĂȘtre certaines de mes pensĂ©es dans cet article. Mais, comme je l’ai annoncĂ©, j’aime, dans les enterrements «  les moments de sincĂ©ritĂ© Â» que l’on y vit. Et, je ne vais pas renoncer Ă  ces moments de sincĂ©ritĂ© alors que j’écris.

 

Les rĂ©actions de quelques journaux aprĂšs l’allocution tĂ©lĂ©visĂ©e du PrĂ©sident Macron, ce 12 juillet

 

Il m’est dĂ©jĂ  arrivĂ© de rire ou de sourire lors d’un enterrement. Et je souhaite qu’on le fasse lors du mien. On pourra mĂȘme danser. Avec ou sans vaccination anti-Covid.

Mais ce qui m’a fait sourire ou rire aujourd’hui, c’est plusieurs dessins du dernier numĂ©ro du journal Charlie Hebdo que je lis rĂ©guliĂšrement depuis « les attentats Â» de 2015.

 

 

 

Il y a quelques jours, je parlais de l’éditorial du journal La Croix dans mon article Des soignants hĂ©roĂŻques et irresponsables. Aujourd’hui, je parlerai plutĂŽt du dernier numĂ©ro de Charlie Hebdo : le numĂ©ro 1512 du 14 juillet 2021 que je n’ai pu acheter que ce matin( jeudi 15 juillet).

 

J’avais besoin de lire les rĂ©actions de diffĂ©rents journaux aprĂšs l’intervention du PrĂ©sident Macron et des Ministres VĂ©ran et Borne. Car j’avais exposĂ© mes rĂ©serves envers la vaccination anti-Covid. MĂȘme si je suis favorable Ă  la vaccination. Mais pas n’importe comment.

 

En premiĂšre page de Charlie Hebdo, parmi les titres, on peut lire : Les soignants boudent le vaccin (le verbe « boudent Â» est Ă©crit en rouge). Il y a la caricature du PrĂ©sident Macron qui plante sa seringue dans la tĂȘte d’un travailleur d’un certain Ăąge, plutĂŽt fourbu, et qui dit, sur un fond rouge, avec un air assez diabolique ou sadique :

 

« Vacciner plus
.pour travailler plus ! Â».

 

Soit une allusion Ă  la rĂ©forme des retraites dont le PrĂ©sident Macron compte reculer l’ñge. Je viens Ă  l’instant de m’inspirer de cette phrase pour le titre de cet article qui Ă©tait totalement diffĂ©rent au dĂ©part.

 

Puis, en deuxiĂšme page de Charlie Hebdo, dĂ©bute le bal Ă  propos du sujet qui me concerne particuliĂšrement en tant que soignant non vaccinĂ© contre le Covid Ă  ce jour. Sujet qui touche aussi visiblement beaucoup plus de Français qu’il n’y a de soignants en France depuis l’intervention du PrĂ©sident Macron.  Puisque depuis, la prise de rendez-vous par Doctolib est dĂ©bordĂ©e :

 

Pour une vaccination anti-Covid.

 

Les dessins de Charlie Hebdo agrĂ©mentĂ©s du titre ANTIVAX A L’HĂŽpital (Pourquoi le personnel soignant rechigne-t’il Ă  se faire vacciner ?) m’ont fait sourire voire rire.

 

 

 

 

Pour moi, vivre, faire de l’humour et de l’autodĂ©rision vont de pair avec ma santĂ© mentale.

 

L’article de GĂ©rard Biard qui suit est intitulĂ© Pour une vaccination inclusive. Seul le mot « inclusive Â» est inscrit en noir. Les mots qui le prĂ©cĂšdent sont en plus gros caractĂšres et de couleur rouge.

Et le but de GĂ©rard Biard n’est pas de faire rire. Sauf un peu lorsqu’il avance que :

 

 Â« (
.) depuis  un an et demi, les pontes de l’hĂŽpital public sont davantage susceptibles de contaminer un journaliste tĂ©lĂ© ou une maquilleuse qu’un patient
. Â».

 

Plus prĂ©cis que l’éditorialiste JĂ©rĂŽme Chapuis du journal La Croix pour son article Une obligation morale, GĂ©rard Biard, dans son article, Ă©nonce que les soignants rĂ©calcitrants au vaccin anti-Covid sont majoritairement des personnels infirmiers et aides-soignants ou autre personnels soignants. « 46% Â» d’entre eux, dit-il ne sont « toujours pas vaccinĂ©s Â». Alors que d’aprĂšs les chiffres de l’AP-HP « seuls 9% des mĂ©decins ne sont Ă  ce jour pas du tout vaccinĂ©s, et 70 % ont reçu les deux doses Â».

 

Soit beaucoup mieux que les personnels aides-soignants et infirmiers.  Est-ce dĂ» Ă  leur esprit matheux, scientifique,  ou Ă  leur cĂŽtĂ© « premier de la classe Â» ? De toutes façons, les mĂ©decins ont toujours besoin de se dĂ©marquer par rapport Ă  nous, les personnels aides-soignants et infirmiers.

 

 

Si Biard reconnaĂźt que la «  raison Â» de la rĂ©ticence de ces personnels soignants «  face Ă  la vaccination anti-Covid n’est pas forcĂ©ment inaudible (
.) Â» il met cependant l’accent sur la prioritĂ© qui doit ĂȘtre accordĂ©e aux patients. Et, il conclut son article par ces deux phrases :

 

« On choisit de travailler Ă  l’hĂŽpital. On ne choisit pas d’y ĂȘtre soignĂ© Â».

 

La vaccination , un autre pass navigo

 

 

J’étais en dĂ©saccord avec les conclusions de Biard. Cependant, depuis l’intervention tĂ©lĂ©visĂ©e de Macron et celle de VĂ©ran et Borne, j’avais lu quelques articles supplĂ©mentaires sur le sujet de la vaccination. Dans des journaux de sensibilitĂ© assez diffĂ©rente :

 

Charlie Hebdo, donc, La Croix, mais aussi Le Canard EnchainĂ© et L’HumanitĂ©. Si Charlie Hebdo et Le Canard EnchainĂ© sont assez cousins, ils sont assez Ă©loignĂ©s de La Croix et du journal L’HumanitĂ©. Sauf, peut-ĂȘtre, par le fait qu’ils sont, je crois, les quatre seuls journaux encore indĂ©pendants financiĂšrement en France. Et ces quatre journaux font consensus en faveur de la vaccination anti-Covid. De mĂȘme que le journal Les Echos.

J’ai aussi contactĂ© une amie, connue durant mes Ă©tudes d’infirmier il y a plus de trente ans, qui, d’une part, perçoit la stratĂ©gie de Macron et de son gouvernement comme une stratĂ©gie dictatoriale derriĂšre une effigie de dĂ©mocratie mais qui, d’autre part, m’a rĂ©pondu s’ĂȘtre faite vacciner contre le Covid, ainsi que son mari et leurs enfants ( 18 ans et plus). Afin de pouvoir voyager.

 

De mon cĂŽtĂ©, je vis prĂšs de Paris. Et je dĂ©pends Ă©conomiquement de mon travail en plein Paris, soit dans une rĂ©gion de plus en plus quadrillĂ©e. Une rĂ©gion oĂč il est dĂ©sormais impĂ©ratif d’avoir son pass navigo pour passer des portiques qui ont poussĂ© partout ces dix derniĂšres annĂ©es et, oĂč, aussi, les contrĂŽles de titres de transport sont devenus rĂ©guliers. Nous sommes de plus en plus contrĂŽlĂ©s pour tout. ContrĂŽle technique pour la voiture. Niveau de pollution de la voiture. Nous nous devons d’avoir un tĂ©lĂ©phone portable. Mais aussi une connexion internet. Et d’avoir des mots de passe. Dans ce monde-lĂ , pour vivre sans le « pass Â» qui ouvre les portes,  les comptes ou qui dĂ©verrouille le tĂ©lĂ©phone, la tablette numĂ©rique ou l’ordinateur, il faut soit ĂȘtre un gĂ©nie de la fraude ou un Evariste Galois de l’informatique. Soit ĂȘtre Ă©tranger Ă  ces normes. Ou ĂȘtre un exclu ou un « inadaptĂ© Â». La personne « normale Â» ou nĂ©vrosĂ©e, elle, prĂ©fĂšrera avoir son « pass Â» afin de s’éviter d’avoir Ă  formuler tout un tas  de calculs en vue de se dĂ©barrasser de bien des contrĂŽles et des portiques de son quotidien.

 

Je vois donc cette vaccination anti-Covid, pour le sujet citadin lambda que je suis, comme une Ă©preuve de rĂ©alisme. Si je vivais en pleine campagne et dans une certaine autonomie  Ă©conomique, j’opterais sans doute pour une prolongation de mon abstinence vaccinale.

 

Je tenais Ă  ce passage dans mon article.

 

Par ailleurs, en repensant Ă  l’article de Biard et Ă  celui d’autres journalistes, je me suis aperçu que trois mots au moins manquent invariablement chaque fois qu’est mentionnĂ©e la « dĂ©fiance Â» des soignants envers la vaccination anti-Covid. Chaque fois qu’il est suggĂ©rĂ© que les soignants qui refusent la vaccination anti-Covid sont des irresponsables et des Ă©goĂŻstes.

 

L’épidĂ©mie des mots :

 

« Irresponsables Â», « Ă©goĂŻstes Â», « immatures Â», « idiots Â»,  «  capricieux Â» ce sont, pour, rĂ©sumer les quatre ou cinq mots qui servent de piliers pour essayer de comprendre cette « dĂ©fiance Â» ou cette « rĂ©ticence Â» ou ce « refus Â» de certains soignants concernant la vaccination anti-Covid.

 

Et, le fait que trois autres mots, au moins, soient rarement rappelĂ©s atteste, selon moi, que le mal est vraiment profond et bien antĂ©rieur, une fois de plus Ă  la pandĂ©mie du Covid. Et contre l’ « oubli Â» de ces mots, je me demande s’il y aura jamais un vaccin efficace. Car, ce n’est pas faute de connaĂźtre ces mots Ă  propos des soignants :

 

 

Saturation. Epuisement. Surmoi.

 

On va commencer par le Surmoi des soignants. Je vais parler ici de celui des aides-soignants et des infirmiers. Tous les soignants ont un Surmoi. Mais concernant la vaccination anti-Covid, les « mauvais Ă©lĂšves Â» sont visiblement les personnels aides-soignants et infirmiers.

 

Le Surmoi des soignants :

Le « Surmoi Â» des soignants- ou leur sens du Devoir- est si prononcĂ© qu’à mon avis, il s’accompagne rĂ©guliĂšrement d’une certaine autodĂ©prĂ©ciation constante.

 

Ce qui est bien pratique.

 

Pour les gouvernements qui, depuis vingt Ă  trente ans, doivent se sentir en toute sĂ©curitĂ© lorsqu’ils entendent parler de manifestations de soignants qui espĂšrent des amĂ©liorations de leurs conditions de travail. Et, cela, aussi, pour «  le bien des patients Â».

 

Ce « Surmoi Â» des soignants est aussi bien utile Ă  bien des managers, responsables hiĂ©rarchiques ou directeurs d’hĂŽpitaux afin de faire accepter certaines conditions de travail difficiles et durables. Mais, aussi, pour culpabiliser les soignants qui feraient « mieux Â» ou « bien Â» de penser avant tout «  au bien des patients Â» ou d’ĂȘtre « solidaires Â» de leurs autres collĂšgues. Et, c’est comme ça depuis vingt ans, trente ans, plus, moins, selon les services, selon les Ă©tablissements, selon les personnalitĂ©s des uns et des autres, selon les circonstances.

 

Il n’y a rien de nouveau.

 

Et puis, arrive la pandémie du Covid.

 

Surmoi + Pandémie du Covid =

Parmi ces journalistes, dont Biard et Chapuis, j’en suis sĂ»r, qui ont su dĂ©cortiquer le mal-ĂȘtre des soignants depuis des annĂ©es, il se trouve aujourd’hui des journalistes qui ont oubliĂ© ou qui oublient ce qu’endurent bien des soignants depuis des annĂ©es. Et, cela, bien avant la pandĂ©mie du Covid. En termes de conditions de travail.

 

Or, lorsque la pandĂ©mie du Covid a Ă©tĂ© officialisĂ©e en France l’annĂ©e derniĂšre avec le premier confinement, ce qui a Ă©tĂ© exigĂ© de ces soignants, c’est d’en faire encore plus que d’habitude. Et avec moins de moyens. Dont, moins de masques ou pas de masques. Moins de personnel Ă  certains endroits. Et, pas de vaccin anti-Covid fiable Ă  cent pour cent.

 

S’il est « admis Â» maintenant que la vaccination anti-covid est actuellement le meilleur moyen, mĂȘme s’il est imparfait, pour peut-ĂȘtre se sortir de la pandĂ©mie du Covid, il est aussi « admis Â» que cette pandĂ©mie du Covid, en un an et demi, a aussi beaucoup Ă©prouvĂ©. Il y a les morts.  Et, il y a les vivants.

 

Dessin dans le « Charlie Hebdo » de ce 14 juillet 2021.

 

Beaucoup, parmi les vivants, ont Ă©tĂ© touchĂ©s Ă©conomiquement. Et, autant ont Ă©tĂ© touchĂ©s physiquement et moralement. Parmi ces personnes Ă©prouvĂ©es, on retrouve des soignants. Des soignants qui, depuis un an et demi, ont donnĂ© de leur personne encore plus que d’habitude, du fait de la pandĂ©mie, et qui constatent un an et demi plus tard que, malgrĂ© leurs efforts, la pandĂ©mie est toujours lĂ . Mieux : aujourd’hui, on les voit comme des irresponsables lorsqu’ils se disent opposĂ©s Ă  la vaccination anti-Covid. Car il est « admis Â» qu’il y a un manque de recul. Mais, aussi, qu’il peut y avoir des effets secondaires. Ou que, comme Biard le dit dans son article :

 

« Certes, il paraĂźt que la vaccination n’empĂȘche ni la contamination ni la contagion. Mais elle en diminue grandement le risque et les effets (
.) Â».

 

 

Face Ă  ces rĂ©serves des personnels soignants, la rĂ©ponse, ferme et, dĂ©sormais, autoritaire et gouvernementale, donc, hospitaliĂšre, est toujours la mĂȘme depuis vingt Ă  trente ans :

 

« Pan-pan, cul-cul ! Â».

 

Culpabilisation et infantilisation des soignants depuis des annĂ©es mĂšne aussi Ă  cette saturation des soignants. Car, culpabiliser et infantiliser des soignants, c’est assez banal dans le milieu. Et, c’est ce que fait aussi Biard dans son article. Lorsqu’il conclut :

 

« On choisit de travailler Ă  l’hĂŽpital. On ne choisit pas d’y ĂȘtre soignĂ© Â». Sa phrase est pleine de bonne sens. Et, elle est inattaquable. On ne va pas reprocher Ă  un patient d’avoir besoin de soins. Ou alors dans un sketch humoristique.

 

Sauf que Biard, comme d’autres, oublie un autre mot, finalement : les limites.

 

Les limites des soignants :

Avoir un surmoi, un sens du Devoir, une conscience professionnelle, ça incite bien des fois Ă  se surpasser. A ne pas compter ses heures. A accepter de vivre- parfois jusqu’Ă  la saturation et l’Ă©puisement- des situations professionnelles et personnelles que le citoyen lambda sera bien content d’éviter. C’est ce qui s’est passĂ©, encore plus que d’habitude, l’annĂ©e derniĂšre lorsque nous Ă©tions applaudis depuis des balcons. Avions-nous vraiment le choix d’aller mourir Ă  l’hĂŽpital en partant y travailler ? Ou avions-nous vraiment le choix de partir travailler Ă  l’hĂŽpital ?

Non.

 

Je ne crois pas que des soignants puissent s’offrir le luxe de « choisir Â». C’est plutĂŽt le contraire. Etre soignant, mĂȘme si l’on « choisit Â» de le devenir, ou de l’ĂȘtre, cela devient assez vite un non-choix. Puisque trĂšs vite, le Surmoi, le sens du Devoir, du sacrifice, la conscience professionnelle, ou le fait d’ĂȘtre sollicitĂ© ou dĂ©signĂ©, nous oblige en quelque sorte Ă  ĂȘtre lĂ .  Donc, parler de choix pour un soignant, c’est presque trĂšs vite une abstraction. Puisqu’ĂȘtre soignant, c’est faire abstraction de soi. Quel choix ?!

 

Constamment, réguliÚrement, les soignants doivent répondre ou ont à répondre à des injonctions diverses.

 

L’un des apprentissages les plus difficiles à faire pour le personnel soignant, lors de son exercice professionnel, lorsqu’il fait cet apprentissage, c’est celui de ses limites.

Un des dessins du Charlie Hebdo de ce 14 juillet 2021, page 2.

 

 

Si le personnel soignant s’en remettait uniquement Ă  sa hiĂ©rarchie pour que celle-ci respecte ses limites ou les fasse respecter, il y aurait sans doute encore plus de personnel soignant en situation de burn-out ou en arrĂȘt maladie. Tant le personnel soignant peut ĂȘtre incitĂ©, pour diffĂ©rentes raisons, Ă  en faire plus. Donc, le choix, dans tout ça
..

 

 

Un profond malaise

 

 

Au lieu de percevoir les personnels soignants rĂ©calcitrants ou rĂ©ticents Ă  la vaccination anti-Covid, comme seulement des grands irresponsables, des grands Ă©goĂŻstes ou des grands idiots, il faudrait plutĂŽt, je crois, se dire, que pour que des professionnels aussi dĂ©vouĂ©s s’arque-boutent de cette maniĂšre contre un vaccin, c’est qu’il existe un profond malaise. Envers ce vaccin. Dans la profession. Dans la sociĂ©tĂ©. Dans le monde. Et que c’est peut-ĂȘtre de lĂ  que vient toute cette rĂ©sistance contre la vaccination anti-Covid.

 

Et si le malaise est aussi profond, ce passage en force du gouvernement pour la vaccination anti-Covid va dĂ©boucher sur des troubles  sociaux radicaux du type gilets jaune.

 

Franck Unimon, ce vendredi 16 juillet 2021.

 

 

 

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Des soignants héroïques et irresponsables

Photo prise l’annĂ©e derniĂšre pendant le premier confinement.

 

                                Des soignants hĂ©roĂŻques et irresponsables

 

La vaccination contre le Covid :

 

Les soignants, en France, se sont peu fait vacciner contre le Covid. 57 % des soignants environ se sont faits vacciner. De quels soignants parle-t’on ? Des mĂ©decins ? Des infirmiers ? Des aides-soignants ? Des « soignants Â»â€Š.ces anonymes qui Ă©taient autant de « hĂ©ros de la Nation Â» l’annĂ©e derniĂšre lors du premier confinement. Et qui, aujourd’hui, compteraient parmi eux un certain nombre d’irresponsables. 

 

Facile
.et obligatoire :

 

Car, aujourd’hui, contrairement Ă  l’annĂ©e derniĂšre pendant le premier confinement, il est facile de se faire vacciner contre le Covid.

 

Il est aussi de plus en plus obligatoire de se faire vacciner pour partir Ă  l’étranger. En vacances, par exemple. Nous sommes au mois de juillet et, aprĂšs un nouveau « confinement Â» pour parer Ă  la pandĂ©mie du coronavirus, beaucoup de gens sont partis en vacances.

 

Gare du Nord, juillet 2021.

 

On peut aussi voir des rĂ©clames encourageant Ă  la vaccination anti-covid afin de se rendre Ă  des Ă©vĂ©nements de masse festifs : matches de foot, concerts
.

 

Mais on peut aussi s’attendre, Ă  ce que, bientĂŽt, ou dĂšs maintenant, la vaccination anti-Covid soit un avantage lors de certaines dĂ©marches en vue d’obtenir un emploi. Ou, sur les sites de rencontres, pour « dĂ©nicher » un partenaire ou une partenaire.

 

 

Je m’étais dit que j’allais donner mon avis un de ces jours sur le sujet de la vaccination anti-covid. Mais je n’étais pas pressĂ©. Et puis, la lecture de l’éditorial (signĂ© JĂ©rĂŽme Chapuis) du journal La Croix de ce mercredi 7 juillet 2021 m’a tellement contrariĂ© que je me suis dit que je ne devais plus traĂźner pour Ă©crire Ă  ce sujet.

 

 

Irresponsable :

Parce-que je fais encore partie de ces irresponsables. A ce jour, je ne me suis pas encore fait vacciner contre le ou la Covid. Je suis et serais donc un irresponsable en plus d’ĂȘtre un Ă©goĂŻste. Je retranscris ce passage de l’éditorial du journal La Croix de ce 7 juillet qui m’a particuliĂšrement poussĂ© Ă  Ă©crire :

 

« (
..) A l’heure oĂč menace une quatriĂšme vague de Covid, le chiffre laisse songeur. A l’hĂŽpital, au dĂ©but de l’étĂ©, seuls les deux tiers des soignants avaient reçu une premiĂšre dose de vaccin (
.). Cette dĂ©fiance persistante conduit le gouvernement Ă  envisager pour eux la vaccination obligatoire. De nombreux soignants y voient une atteinte Ă  leur libertĂ©. Argument discutable, d’abord parce que la libertĂ© individuelle doit toujours ĂȘtre mise en balance avec l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. Ensuite parce que leur mĂ©tier amĂšne ces professionnels Ă  cĂŽtoyer malades et personnes ĂągĂ©es qui sont prĂ©cisĂ©ment les plus vulnĂ©rables face au virus. De ce point de vue, dĂšs lors qu’il est admis qu’elle ne comporte pas d’effets indĂ©sirables, la vaccination des soignants apparaĂźt comme une obligation morale (
.) Â».

 

 

Discutable :

 

L’atteinte Ă  « ma Â» libertĂ© est un argument discutable selon cet Ă©ditorial. HĂ©, bien, discutons, car, autrement, une fois de plus, si je ne prends pas l’initiative de « discuter Â» c’est quelqu’un d’autre qui le fera Ă  ma place. Et, vu la façon dont l’éditorialiste du journal La Croix mais aussi d’autres journaux s’expriment, je prĂ©fĂšre m’exprimer moi-mĂȘme. Pour changer avec cette « normalitĂ© Â» qui fait de beaucoup de soignants de simples exĂ©cutants.

 

Pour commencer,  je suis favorable Ă  la vaccination. Mais pas n’importe comment : je suis autant prudent vis Ă  vis de ce vaccin anti-Covid que je ne l’avais Ă©tĂ© vis-Ă -vis de tous ces applaudissements sincĂšres et rĂ©pĂ©tĂ©s que l’on nous avait adressĂ©s l’annĂ©e derniĂšre lorsque nous Ă©tions des « hĂ©ros Â». D’ailleurs, j’aimerais reparler un peu de cette Ă©poque un peu trop vite et trop facilement oubliĂ©e maintenant qu’il est devenu « entendu Â» que tout le monde doive se faire vacciner pour « l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral Â».

 

L’époque des « hĂ©ros Â» :

 

Elle a durĂ© Ă  peu prĂšs deux mois et demi d’un point de vue mĂ©diatique. De mi-mars Ă  fin juin pour faire large. Mais c’est la pĂ©riode comprise entre le dĂ©but du premier confinement en mars 2020 et dĂ©but Mai qui m’importe le plus.

 

Quelques « Une » du journal LibĂ©ration l’annĂ©e derniĂšre lors du premier confinement.

 

Cette « Ă©poque Â», qui a durĂ© cinq Ă  six semaines, a Ă©tĂ© une Ă©poque d’angoisse et de peur assez maximale. Je me souviens de cette angoisse pour l’avoir ressentie. Et, je me souviens, aussi, que, durant ces cinq Ă  six semaines, nous, les hĂ©ros, nous « devions Â» continuer d’aller au travail pour       « l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral Â» pendant que la quasi-totalitĂ©, ou une bonne partie, de la population restait confinĂ©e chez elle. Tant tout le monde avait peur et Ă©tait angoissĂ©.

 

 

Suite de quelques « Une » du journal LibĂ©ration l’annĂ©e derniĂšre pendant le premier confinement.

 

Il y a sĂ»rement eu des endroits, des rĂ©gions, des quartiers en France, oĂč des gens, lors du premier confinement, ont continuĂ© de se balader comme d’habitude. Mais ces endroits, ces rĂ©gions ou ces quartiers n’étaient pas concernĂ©s par ceux que j’ai traversĂ©s lorsque je me suis rendu au travail lors de ces cinq Ă  six semaines. Pareil dans les transports en commun.

 

J’ai Ă©crit : « Nous devions continuer d’aller au travail
. Â». Je vais prĂ©ciser : Je tenais Ă  aller au travail lors de cette Ă©poque particuliĂšre. MĂȘme si le service oĂč je travaillais a Ă©tĂ© moins exposĂ© que d’autres services (Ehpad, services d’urgences et de rĂ©animation somatiques ) Ă  des clusters, je savais que nous vivions une Ă©poque particuliĂšre, historique, et je tenais Ă  la vivre. Comme Ă  contribuer, Ă  mon niveau, Ă  ce que le travail pour « l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral Â» continue.

 

Photo prise l’annĂ©e derniĂšre pendant le premier confinement.

 

 

 

J’allais dĂ©ja oublier de cette Ă©poque dorĂ©e le « privilĂšge Â» qu’ont eus certains de mes collĂšgues hĂ©roĂŻques, en France ou ailleurs, de recevoir des courriers anonymes de voisins. Non pour les encourager. Ou, plutĂŽt, oui. Mais pour les encourager Ă  dĂ©mĂ©nager. En leur expliquant qu’en tant que soignants, ils Ă©taient devenus une menace pouvant contaminer
. tout l’immeuble.

 

Aujourd’hui, c’est ni plus ni moins la Nation toute entiĂšre que des ex-soignants hĂ©roĂŻques seraient susceptibles de contaminer, selon certains esprits trĂšs dĂ©veloppĂ©s,  avec leurs Ăąneries consistant Ă  traĂźner pour se faire vacciner.

 

Je repense aussi au tĂ©moignage -que j’avais lu- de cette soignante, qui, lors du premier confinement, expliquait s’ĂȘtre interdite d’embrasser sa fille pour des raisons sanitaires. Alors, je vais sĂ»rement paraĂźtre complĂštement Ă  cĂŽtĂ© de la plaque mais j’ai toujours continuĂ© d’embrasser ma fille de la mĂȘme maniĂšre. Et, j’avais eu de la peine pour cette « collĂšgue Â» ainsi que pour ces lourdes privations affectives qu’avaient pu connaĂźtre sa fille.

 

Suite des « Une » du journal LibĂ©ration l’annĂ©e derniĂšre pendant le premier confinement.

 

 

Des héros sans filets de protection

 

Pourtant lors de cette Ă©poque particuliĂšre, de mars Ă  mai 2021, je ne me voyais pas et ne me vois toujours pas comme un hĂ©ros. MĂȘme si cette ambiance a Ă©tĂ© pesante. MĂȘme si nous avons travaillĂ© le plus souvent sans masques anti-Covid. Ou, sans masques FFP2 en tout cas, dĂ©crits comme ceux Ă©tant les plus Ă  mĂȘme de nous offrir la protection maximale contre ce virus si contagieux et potentiellement mortel.

 

Je me rappelle aussi ĂȘtre retournĂ© dans cette pharmacie oĂč, fin fĂ©vrier 2020, un pharmacien m’avait affirmĂ© que cette Ă©pidĂ©mie du Covid ne nous concernait pas. Quelques semaines plus tard, en plein confinement, non seulement cette pharmacie ne vendait plus de masques FFP2 ( Ă  prĂšs de 4 euros l’unitĂ©) pour cause de « rupture de stock Â»; mais tous les employĂ©s de cette pharmacie, du vigile aux pharmaciens, en passant par la femme ou l’homme de mĂ©nage, portaient , eux, un masque FFP2. Donc, moi, le hĂ©ros, je devais me contenter de l’air dĂ©solĂ© d’un(e ) des employĂ© (es) de cette grande pharmacie, situĂ©e en plein Paris, et des applaudissements du 20 heures, pour me « vacciner » contre le Covid.

 

Avec le lavage des mains.

 

 

DĂ©but Mai 2020 : Premier miracle

 

 

Et puis, dĂ©but Mai 2020, premier miracle, les supermarchĂ©s- et les pharmacies- se sont mis Ă  pondre des masques anti-Covid. Pas les FFP2. Mais des masques anti-Covid nĂ©anmoins. Qu’il a fallu payer. Moi, le hĂ©ros, comme tout le monde, je suis passĂ© Ă  la caisse pour acheter ces masques. Et, plus d’un an plus tard, je continue, dĂ©sormais, d’acheter des masques anti-Covid rĂ©guliĂšrement. Mais, aussi, de me laver les mains. Je fais beaucoup confiance Ă  ces deux gestes barriĂšres (port du masque et lavage des mains). Et, je crois que, dĂ©sormais, le port du masque fera souvent partie de notre quotidien.

 

A l’intĂ©rieur de la Gare du Nord, juillet 2021.

 

Juillet 2021 : Second miracle

 

Nous sommes le 8 juillet 2021, et, moi, « le hĂ©ros Â», Ă  ce jour, je n’ai pas contractĂ© le Covid. Ou alors j’ai contractĂ© une forme si « transparente Â», si « discrĂšte Â», que je ne l’ai pas sentie passer.

 

Depuis mars de l’annĂ©e derniĂšre, je n’ai pas Ă©tĂ© en arrĂȘt de travail pour cause de Covid. Par contre, certains de mes collĂšgues ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s pour cause de Covid. Quelques uns de mes collĂšgues, pour parler de ceux qui ont Ă©tĂ© touchĂ©s lors de ce mois de mars 2021, s’étaient relĂąchĂ©s concernant le port du masque. Or, je le rĂ©pĂšte :

 

Je porte réguliÚrement un masque au travail et dans les transports en commun comme dans les lieux publics ( sur mon nez et ma bouche). Et, je me lave les mains.

 

Je porte si souvent un masque qu’il y a environ dix jours, c’est Ă  ce port prolongĂ© que j’ai attribuĂ© des Ă©coulements nasaux rĂ©pĂ©tĂ©s pendant un  Ă  deux jours. Alors que je n’étais pas enrhumĂ©. Je me suis fait quelques lavages de nez avec du stĂ©rimar et c’est passĂ©.

 

Certains de mes amis ou connaissances, aussi, ont attrapé le Covid.

Des amis et des connaissances qui l’ont attrapĂ© Ă  leur travail ou en d’autres circonstances. Circonstances auxquelles je suis extĂ©rieur. Je n’étais pas en contact direct avec eux.

 

Donc, au vu de ces quelques constatations, je « capte Â» assez difficilement cette urgence de la vaccination, me concernant. MĂȘme, si, je le redis, je suis favorable Ă  la vaccination. Mais pas n’importe comment. Passons maintenant au reste de ce qui est dit dans cet Ă©ditorial du journal La Croix.

 

« La libertĂ© individuelle doit toujours ĂȘtre mise en balance avec l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral Â»

 

J’admets complĂštement le fait que des soignants aient pu contaminer des patients. Bien avant la pandĂ©mie du coronavirus, on parlait dĂ©jĂ  de certaines maladies nosocomiales.

 

Donc, oui, les soignants ont Ă  prendre certaines prĂ©cautions pour protĂ©ger celles et ceux dont ils s’occupent : c’est la moindre des choses. Et, je ne discute pas les chiffres qui ont pu ĂȘtre donnĂ©s en termes de contamination du Covid dans les Ehpad.

 

Par contre, je me demande si ces soignants « contaminants Â» avaient
.des masques. S’ils avaient de quoi se laver les mains comme il se doit. S’ils avaient le temps de le faire, aussi.

 

Parce-que cette pandĂ©mie du Covid a aussi mis sur la table un fait chronique dans les institutions de soins de la France : une certaine pĂ©nurie de personnel et/ou une certaine pĂ©nurie de matĂ©riel.

 

S’il a manquĂ© des masques anti-Covid dans les Ehpad comme il a pu en manquer dans d’autres services de soins, il n’y a rien d’étonnant Ă  ce que la contagion du virus ait pu autant s’étendre.

 

Mais « La libertĂ© individuelle doit toujours ĂȘtre mise en balance avec l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral Â», ça, c’est une pensĂ©e forte !

 

Ce 8 juillet 2021, pour celles et ceux qui ont pu partir, les grandes vacances- ou vacances d’étĂ©- ont commencĂ©. Mais, que  je considĂšre ces vacanciers ou ces personnes contentes d’ĂȘtre Ă  une terrasse de cafĂ© ou de restaurant, ou, simplement, en train de faire les soldes, je ne vois pas cet « intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral Â». Ce que je vois, c’est surtout un « intĂ©rĂȘt personnel Â» multipliĂ© pratiquement par toutes ces personnes environnantes ou parties en vacances.

 

 

Si l’on tient tant que ça Ă  me parler de « La libertĂ© individuelle doit toujours ĂȘtre mise en balance avec l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral Â», je me dis qu’à nouveau, on me prend pour un idiot. Comme lorsque, l’annĂ©e derniĂšre, on a essayĂ© de me faire croire que j’étais un « hĂ©ros de la Nation Â». Et qu’il Ă©tait normal pour moi (et pour d’autres) de partir au combat sans armes ( sans masques)  au devant d’une mort presqu’assurĂ©e.

 

Parce qu’il y a plein d’exemples courants oĂč « l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral Â» est secondaire  :

 

Les industriels du Tabac qui vendent leur poison lĂ©galement depuis des annĂ©es et font de gigantesques chiffres d’affaires. Pareil pour les vendeurs d’alcools et de spiritueux.

 

Les constructeurs automobiles et leur Diesel polluant qui a fait beaucoup de contents et de nostalgiques parmi les automobilistes.

 

Ces autres constructeurs automobiles qui avaient trafiqué leur logiciel anti-pollution sur leurs voitures.

 

On verra bientÎt quels effets néfastes a engendré la téléphonie mobile dans nos vies.

 

J’imagine bien qu’un journal comme La Croix, et d’autres, relatent aussi ces faits. Sauf qu’il est bien plus facile de faire pression sur des soignants  qui restent des subalternes. MĂȘme si on veut bien les admirer et les applaudir de temps en temps tant qu’ils obĂ©issent et se dĂ©vouent pour trois fois rien. La profession de soignant a ceci de particulier qu’il semble souvent lĂ©gitime de pouvoir bĂ©nĂ©ficier du maximum de ses compĂ©tences et de ses disponibilitĂ©s pour un salaire et une reconnaissance minimale.

 

La suite est assez prĂ©visible. Les soignants, si l’on dĂ©signe ici des aide-soignants et des infirmiers, sont majoritairement des femmes : le sexe dit « faible » mĂȘme si les moeurs prennent l’ascenseur et Ă©voluent.

En attendant, « nous Â», les soignants ( aides-soignants et infirmiers, femmes et hommes), nous ne vendons pas de pop corn, d’automobiles ; nous ne vendons pas de coca-cola, de tabac, de bonbons, d’alcools, de films grands publics, de pubs,  d’engrais chimiques, de cosmĂ©tiques, de parfums, de spectacles, de cannabis, d’armes, de tĂ©lĂ©viseurs, de tĂ©lĂ©phones portables, d’ordinateurs, de mĂ©dicaments ou d’assurances. Nous essayons par contre de remĂ©dier Ă  certaines consĂ©quences de ces usages comme de ces objets.

Nos bonnes intentions nous honorent, certes. Mais cet honneur nous rĂ©tribue assez peu socialement mais aussi matĂ©riellement. De ce fait, nous disposons de moins de poids Ă©conomique et politique que tous ces industriels et entrepreneurs prĂ©citĂ©s – et d’autres- qui produisent et incitent Ă  certains usages en rĂ©alisant en permanence des contorsions autour de « l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral Â». A eux, les contorsions, les rĂ©seaux d’influence et le chiffre d’affaires. Pour nous, soignants, les pressions, la diminution des effectifs comme de nos moyens. 

 

Vers une vaccination obligatoire pour les soignants :

 

 

La vaccination anti-Covid va devenir obligatoire pour les soignants prochainement. D’une façon ou d’une autre. A moins, peut-ĂȘtre, de partir Ă  la retraite- en Ă©vitant l’EHPAD- dans les trois mois qui viennent. Sauf s’il survient un autre « miracle Â».

Un autre « miracle Â» :

Dans l’éditorial du journal La Croix, « j’aime beaucoup Â» la partie :

 

« De ce point de vue, dĂšs lors qu’il est admis qu’elle ne comporte pas d’effets indĂ©sirables, la vaccination des soignants apparaĂźt comme une obligation morale (
.) Â».

 

Subitement, l’éditorialiste s’est rappelĂ© que les vaccins anti-Covid comportent quand mĂȘme quelques risques pour la santĂ©. Et qu’il serait prudent, pour lui, de se couvrir. Car par qui est-il « admis qu’elle (la vaccination) ne comporte pas d’effets indĂ©sirables Â» ?!

 

MĂȘme si la plupart des personnes vaccinĂ©es la supportent plutĂŽt bien, nous manquons de recul et de certitudes concernant ces vaccins. Et une « revue Â» ( en ligne) plutĂŽt sĂ©rieuse comme Prescrire mentionne aussi certains effets secondaires indĂ©sirables constatĂ©s et souligne le manque de recul actuel Ă  propos de ces vaccins anti-Covid.

 

Alors, l’autre « miracle Â», serait, pour moi, que d’ici quelques mois, on s’aperçoive qu’une vaccination gĂ©nĂ©ralisĂ©e reste insuffisante ou injustifiĂ©e.

Et, si ce miracle n’a pas lieu et que le vaccin devient obligatoire- le plus probable Ă  mon avis- j’aurai non seulement gagnĂ© quelques mois supplĂ©mentaires de recul. Mais, en plus, en cas d’effet indĂ©sirable avĂ©rĂ© par la suite, il me sera peut-ĂȘtre plus facile de le faire reconnaĂźtre.

 

Un ami- vaccinĂ©- m’a bien expliquĂ© rĂ©cemment qu’ĂȘtre vaccinĂ© n’empĂȘchera pas d’attraper le Covid mais protĂšgera contre des formes plus graves. Ce que je veux bien croire. Ce que j’ai plus de mal Ă  croire, c’est Ă  cet espoir que nous plaçons de plus en plus dans un vaccin pour continuer de vivre dans le mĂȘme monde. Comme si un vaccin pouvait Ă  lui seul nous permettre d’exister alors que nous faisons beaucoup par ailleurs pour nous dĂ©truire.

 

Entre les Tuileries et la place de la Concorde, juillet 2021.

 

Franck Unimon, ce jeudi 8 juillet 2021.