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En Concert

Marc Crofts Klezmer Ensemble au MAJH ( MusĂ©e d’art et d’histoire du judaĂŻsme) 15 Mai 2025

 

 

Marc Crofts Klezmer Ensemble au MAJH ce 15 Mai 2025. Photo©Franck.Unimon

Marc Crofts Klezmer Ensemble au MAJH ( Musée d’art et d’histoire du Judaïsme) 15 Mai 2025

Je ne connaissais pas le MAJH pourtant situé dans le quartier du Marais à Paris. Ce 15 Mai 2025, une statue vous interpelle dans la cour, l’épée brisée.

Dans la cour intérieure du MAJH ce 15 Mai 2025. Photo©Franck.Unimon

C’est la loyauté du Capitaine Dreyfus ( 1859-1935) dont la mémoire est ici statufiée.

En venant ici ce jeudi 15 Mai, je « sais Â» ce qui se passe depuis le 7 octobre 2023 en IsraĂ«l et en Palestine. En Palestine et en IsraĂ«l.

Il m’arrive aussi de penser à la série Hatufim de Gideon Raff diffusée entre 2010 et 2012..

Je ne suis pas juif et je ne vois pas pour quelle raison j’aurais dû l’être spécifiquement ce soir-là.

Le Klezmer ne fait pas plus partie de mes terres. Même s’il me reste peut-être encore un peu du film Gadjo Dilo réalisé en 1997 par Tony Gatlif. Ou du titre Pagamenska du groupe Oi Va Voi écouté il y a plus d’une quinzaine d’années.

Ce 15 Mai 2025, Ă  peu près libre de toutes mes guerres intĂ©rieures et postĂ©rieures, je viens  Ă©couter de la musique et voir des artistes dont je n’avais jamais entendu parler deux mois plus tĂ´t.

C’est le label Zamora Productions qui m’a mis sur la piste du Marc Crofts Klezmer Ensemble en m’envoyant leur album Urban Myths. Un album dont j’ai croisé un peu les timbres avant de venir les écouter sur scène.

Le label Zamora Productions est Ă©galement engagĂ© derrière les artistes Lagon Nwar, Okali mais aussi sur le dernier album de Rocio Marquez. Des artistes dont j’ai parlĂ© dans d’autres articles. ( Voir Lagon Nwar au cafĂ© de la danse ce 31 mars 2025, et Rocio Marquez au Théâtre Zingaro ) .

A une époque ou des vedettes musicales comme Billie Eilish, Charli XcX, Rosalia, Theodora, Ronisia ou Little Simz suscitent ferveur populaire au sein des jeunesses ( de 14 à 25 ans) en ayant très peu de musiciens sur scène et toujours des paroles dans leurs compositions, je fais peut-être partie d’un public qui surfe sur un passé de plus en plus éloigné et qui peut encore, les problèmes de mémoire aidant, feindre de l’ignorer.

Mais l’amateur de musique que je suis se rappelle que celles et ceux qui savent jouer écoutent et apprécient souvent des artistes a priori plutôt séparés de leur univers. Miles Davis avait écouté aussi bien du Chopin que le Zouk de Kassav’. Bob Marley avait écouté James Brown. Nina Simone aurait voulu être une pianiste classique. Johnny Halliday et Jacques Brel étaient très proches. Gainsbourg était connu pour son bagage musical.

Pour ma part, je n’ai pas peur d’écouter des titres sans paroles comme des artistes que je connais Ă  peine.  

Les musiciens du Marc Crofts Klezmer Ensemble sont bien plus jeunes que moi qui suis né en 1968. Pourtant, Seraphim Von Werra, l’un des musiciens du Marc Crofts Klezmer Ensemble, a un air de Jacques Brel. Mais il ne chantera pas. C’est Marc Crofts qui s’en chargera sur deux ou trois titres en interprétant non du Jacques Brel mais de la musique Klezmer. C’est aussi lui qui présentera les titres avec humour et érudition, rappelant en cela que la musique est un moteur culturel et de transmission. On en apprendra ainsi un peu sur les titres sans doute bien plus âgés que je ne le suis mais aussi sur les membres de l’ensemble qui, en dehors de ces mythes urbains, ont intégré des projets musicaux bien différents de celui de ce soir-là.

Sans doute le lieu, sans doute l’acoustique, sans doute l’intimisme de la salle, sans doute les thèmes et l’époque évoqués ou invoqués ont-ils contribué à faire de ce concert une page d’évasion et de répit. Mais il y a aussi ce plaisir et cette écoute qu’ont eus les musiciens entre eux et qu’il était impossible d’égarer. On ne peut que leur souhaiter de continuer de jouer le plus longtemps possible avec une telle belle volonté.

Mon diaporama de ce concert avec un des titres (Rozmarin Nign) du Marc Crofts Klezmer Ensemble sera ma conclusion.

Article et photos©Franck.Unimon.

 

Balistique du quotidien, ce jeudi 26 juin 2025. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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En Concert

Rocio Marquez au Théâtre Zingaro

Rocio Marquez au Théâtre Zingaro, 8 avril 2025. Photo©Franck.Unimon

Rocio Marquez au Théâtre Zingaro

Sourds, nous le sommes devenus. A partir de quand ?

Dans les tumultes devenus nos chambres et nos pensées, nous l’avons oublié.

Je ne fais pas exception. Cependant, quelques fois, pour des raisons particulières, nos cellules s’ouvrent. Nous parvenons à prendre des issues où les limites permutent et où nous échappons à nos (ab)surdités derrière lesquelles nous vivons camouflés la plupart du temps.

Rocio Marquez au Théâtre Zingaro ce 8 avril 2025. Photo©Franck.Unimon

La musique fait partie des substituts de notre mĂ©moire.  Le film Sinners de Ryan Coogler sorti rĂ©cemment nous apprend que la musique est capable de dĂ©chirer le voile qui sĂ©pare les morts des vivants, qu’elle peut guĂ©rir mais qu’elle peut aussi attirer le diable.

Dans Sinners, le Blues est à l’honneur. Cette musique, comme d’autres, sort du ventre. Il s’agit d’un chant braqué au garrot comme le flamenco entendu à travers Rocio Marquez ce 8 avril dernier.

Rocio Marquez au Théâtre Zingaro ce 8 avril 2025. Photo©FrancK.Unimon

Ce 8 avril dernier, plutôt que damné, j’ai eu l’impression de faire partie des privilégiés à assister à ce concert sous le chapiteau du théâtre Zingaro lors du festival Fragile. J’avais raté Rocio Marquez l’année dernière lors de ses prestations avec Bronquio pour leur album Tercer Cielo. Je ne voulais pas recommencer pour la sortie de son nouvel album Himno Vertical.

Rocio Marquez au Théâtre Zingaro ce 8 avril 2025. Photo©Franck.Unimon

Franck Unimon, ce 6 Mai 2025.

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En Concert

Lagon Nwar au café de la danse ce 31 mars 2025

Le Groupe Lagon Nwar au Café de la danse ce lundi 31 mars 2025, Paris. Photo©Franck.Unimon

Lagon Nwar au Café de la danse ce 31 mars 2025

Un texte est une peau dont on se débarrasse. Et certaines sont plus tenaces que d’autres.

Le 31 mars 2025 aura Ă©tĂ© cette journĂ©e oĂą a eu lieu Ă  l’hĂ´pital Georges Pompidou, Ă  Paris, la quatrième journĂ©e scientifique de la CUMP (cellule d’urgence mĂ©dico psychologique destinĂ©e Ă  s’occuper des victimes de situation sanitaire exceptionnelle et potentiellement psycho-traumatisante) Ă  laquelle je suis allĂ© assister. J’y ai aussi pris des photos. Un peu plus de cent cinquante professionnels de la SantĂ© ( psychologues, infirmières et infirmiers, psychiatres, autres…) Ă©taient prĂ©sents.

C’est aussi lors de cette journĂ©e que nous avons appris que la meneuse du Rassemblement National (ex Front National), Marine Le Pen, a Ă©tĂ© condamnĂ©e, elle et certains des membres de son parti politique, pour dĂ©tournements rĂ©pĂ©tĂ©s, pendant  plusieurs annĂ©es ( douze), de fonds publics Ă  hauteur de quatre millions d’euros.

Cet argent a été employé pour des emplois fictifs.

Marine Le Pen a décidé de faire appel car cette condamnation, si elle s’appliquait, la rendrait inéligible lors des prochaines élections Présidentielles de 2027.

Elle et ses partisans « menacent » de son innocence. Ils affirment aussi que le rĂ©sultat de ce jugement est « politique » et mensonger et qu’il signifie que la dĂ©mocratie en France est en danger car  elle et ils estiment que c’est elle, la victime du « système ».

Marine Le Pen a entre autres dĂ©clarĂ© qu’elle ne se laisserait pas faire et a prĂ©cisĂ© :  » Je suis combattive ». 

Les juges qui, eux, ont dĂ©montrĂ© sa culpabilitĂ© sont dĂ©sormais -pour certains d’entre eux dont une femme- sous protection policière. Car ils sont « coupables » de l’avoir dĂ©clarĂ©e  » coupable », elle, Marine Le Pen, et plusieurs membres et proches de son parti politique. 

Cette « pression » ou cette façon qu’ont Marine Le Pen et ses partisans – sincères ou intéressés- de vouloir faire plier et diriger, de façon brutale et autoritaire, le monde et les autres à leur volonté, en cherchant à intimider ou à détruire, font un peu penser au moins au style du Président américain Donald Trump lorsqu’il avait perdu- et contesté- le résultat des précédentes élections américaines et alors que réélu récemment, il veut aujourd’hui régenter, distribuer et imposer des taxes au monde entier. Comme si le monde était une pièce montée dont il serait le pâtissier et le commerçant et qu’il entendrait la découper- et la vendre- comme il l’entendrait en fonction des personnes qu’il aurait décidé d’inviter (en leur faisant payer l’accès à son salon ou à son jardin) à son anniversaire.

Mais ce 31 mars 2025, il y a aussi eu heureusement des événements plus réconfortants et plus démocratiques :

il y a aussi eu le concert du groupe Lagon Nwar au Café de la Danse, du côté de Bastille, dans un des arrondissements très prisés et festifs de Paris.

Le groupe Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025, au Café de la Danse. Photo©Franck.Unimon

Le Café de la danse est une belle salle de concert intimiste, très agréable, de cinq cents places assises, où la scène est proche et la musique est réelle, ouverte et sans menaces. C’est en y retournant que je me suis rappelé y être allé une première fois une vingtaine d’années plus tôt afin d’aller y voir Susheela Raman dont on entend moins parler aujourd’hui. Et le groupe Lagon Nwar est sans doute inconnu pour beaucoup de personnes.

Le groupe Lagon Nwar au Café de la Danse, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

 

Je l’ai connu ou en ai entendu parler parce-que la chanteuse et musicienne réunionnaise Ann’ O’Aro en fait partie.

 

 

Ann’OAro du groupe Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025 au CafĂ© de la Danse. Photo©Franck.Unimon

J’ai commencĂ© Ă  Ă©couter Ann’ O’Aro Ă  partir de son premier album ( voir l’article Ann O’Aro  ). Et l’annĂ©e dernière, pour la première fois, je l’avais vue en concert. J’étais arrivĂ© en retard. Le concert m’avait beaucoup plu. Mais je n’avais pu prendre de photos dans les meilleures conditions.

Je suis allé au concert de Lagon Nwar sans avoir écouté leur album. Les critiques à son sujet étaient bonnes mais de toute façon, j’étais confiant. Et curieux.

Le groupe Lagon Nwar au Café de la Danse, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Le groupe Lagon Nwar est le rassemblement de plusieurs artistes dĂ©jĂ  rodĂ©s par d’autres projets. La jeune spectatrice d’Ă  peine vingt ans apparemment venue seule de province, groupie du saxophoniste, qui Ă©tait assise Ă  ma droite, m’a ainsi appris que celui-ci jouait avec Clara YsĂ© que je connais pour l’instant uniquement de nom.

Elle m’a d’ailleurs fortement recommandĂ© d’aller voir Clara YsĂ© Ă  l’Olympia en m’informant qu’il ne restait plus beaucoup de places pour son concert.

Le saxophoniste de Lagon Nwar s’appelle Quentin Biardeau et durant la prestation, il s’est aussi occupĂ© des synthĂ©tiseurs. Il est aussi celui qui, dès le dĂ©but, nous a amusĂ© avec son humour :

« On va vous jouer tous les morceaux de l’album et ensuite vous allez l’acheter Â».

Le groupe Lagon Nwar au Café de la Danse, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

A la batterie, au chant et au Koundé, il y avait Marcel Balboné du Burkina Faso dont l’allure avec ses lunettes noires au début du concert faisait penser à une sorte de Stevie Wonder.

 

Le groupe Lagon Nwar au Café de la Danse, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Puis, il y avait Valentin Ceccaldi comme bassiste. Aucun(e) guitariste n’était prévu et ce « fantôme » ne nous a pas manqué durant le concert puisque dès le début, le groupe Lagon Nwar nous a possédé. Si les critiques de leur album, que j’ai donc acheté après leur concert et me suis fait dédicacé par Ann’ O’Aro, sont très bonnes, leur concert a été, selon moi, bien meilleur.

 

Le groupe Lagon Nwar au Café de la danse, lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Car ces musiciens font partie de ces artistes qui déploient leurs sortilèges sur scène.

Le groupe Okali qui avait assuré leur première partie était très bon.

Le groupe Okali au Café de la Danse, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Okali, fait de la chanteuse Gaëlle Minali d’origine camerounaise et de Florent Sorin pour les instruments, nous ayant donné une performance simple et toute autant mémorable.

Gaëlle Minali du groupe Okali, Café de la Danse, lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

 Si la voix et la prĂ©sence de GaĂ«lle Minali ont pu toucher aussi par sa puissance et son Ă©lĂ©gance, l’accompagnement musical de Florent Sorin a aussi su faire mouche. Alors qu’il est très difficile d’assurer une première partie et que, pour ma part, je ne m’attendais pas Ă  ĂŞtre aussi agrĂ©ablement surpris par Okali. Et, comme je l’ai ensuite dit Ă  Florent Sorin passĂ© près de nous, j’aurais facilement « pris » pour quinze Ă  trente minutes de musique supplĂ©mentaire du groupe Okali. Lequel est ensuite restĂ© pour assister comme nous au concert de Lagon Nwar.

Concernant Ann’O’Aro dont la présence s’impose même lorsqu’elle sort du « chant », je me suis demandé comment une telle captation sonore pouvait par moments sortir d’un si petit corps.

Le groupe Lagon Nwar, lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

25 euros la place pour voir Okali puis Lagon Nwar en me trouvant au premier rang, place non numérotée, à moins de dix mètres de la scène, en plein Paris ce 31 mars.

J’aime me rappeler ce genre de chiffres et d’heur-eux-montant. Cela a pour moi une fonction et une affection incantatoire. Et me rappelle qu’il n’est pas nĂ©cessaire d’aller se tire-bouchonner pendant des heures Ă  l’entrĂ©e d’une grande salle de concert. Tout cela afin de venir scruter et ausculter sur grand Ă©cran, au milieu des aĂ©ropages multipliĂ©s d’autres buffles comme moi, une artiste ou un artiste dont la place de concert aura coĂ»tĂ© le triple ou le quadruple ou davantage. MĂŞme si l’on sera content, malgrĂ© tout, d’ĂŞtre allĂ© « voir » cet/cette artiste ( voir l’article  Rosalia au festival LOLLAPALOOZA 2023).

Certaines fois, la surpopulation présente à certains concerts et festivals peut nous exposer au triple pontage. Surtout si l’on rajoute que ces festivités peuvent nous priver d’apporter un peu d’eau pour de prétendues raisons de sécurité mais aussi exiger une assez bonne condition physique voire peut-être un peu de matériel d’alpinisme ou de randonnée- mais toujours un moyen de paiement infaillible- car elles peuvent aller se nicher à des endroits modérément pratiques d’accès où la pluie et la boue parfois nous apportent en plus leur souffle et leurs secondes peaux.

Rien de cela ce 31 mars dans la salle de concert couverte du Café de la Danse. Une ambiance détendue. Un public qui aurait pu être familial (j’ai aperçu un petit au début du concert qui n’avait pas plus de dix ans) et Ann’ O’Aro, comme lors du précédent concert l’année dernière, a invité à la danse. Que ce soit lorsque Ann’ O’Aro ou Marcel Balboné qui chantent – ensemble ou séparément-dans leur langue natale ou en Français, le public a suivi.

Au concert de Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Il y a même eu un spectateur, qui, le temps d’un morceau, s’est fait le premier danseur de tous, parmi nous qui étions assis, au point que l’on a pu croire que cela avait été prévu par le groupe.

 

 

Au concert de Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

 

Au concert de Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

 

 

Au concert de Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

 

Au concert de Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

D’autres spectateurs sont arrivés plus tard pour danser. Certains avec Ann’ O’Aro, artère et vigile mobile du groupe.

Cette fois, j’ai réussi à desserrer le frein à main car j’ai plus de mal qu’avant à me laisser faire. Je suis parvenu à déposer mon appareil photo et à quitter mon siège. Je m’en serais voulu d’avoir manqué une fois de plus cette occasion. De seulement continuer d’endurer et d’entretenir cette expérience quotidienne et exclusive du spectateur.

Un concert où les artistes sont proches, jouent (très) bien, mieux que sur leur album, et où de l’imprévu, en plus, reste possible, est un très bon concert. Un concert que l’on pourrait regretter d’avoir raté.

Au concert de Lagon Nwar, ce lundi 31 mars 2025. Photo©Franck.Unimon

Mais bientôt, je vous parlerai un peu du concert de Rocio Marquèz- autre voix tenace et persistante- que je suis depuis allé voir et écouter, enfin, au théâtre Zingaro, alors que je l’avais ratée l’année dernière lorsqu’elle était passée en concert ailleurs avec Bronquio.

 

Franck Unimon, ce jeudi 10 avril 2025.

 

 

 

 

 

 

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En Concert

Massive Attack Ă  Rock en Seine Aout 2024

Massive Attack Ă  Rock en Seine, Aout 2024.
Photo©Franck.Unimon

 

I was about to forget about Massive Attack at Rock en Seine Festival in August 2024. I was there. I took those pictures and videos. Je m’en rappelle ce soir avant que le vide ne m’entraĂ®ne Ă  nouveau et avant mon coucher.

 

Massive Attack, groupe créé Ă  Bristol Ă  la fin des annĂ©es 1980… (en 1988). Cela fait plusieurs fois que je la lis. Mais  j’ai du mal Ă  assimiler cette information. 

Massive Attack Ă  Rock en Seine, Aout 2024.
Photo©Franck.Unimon

1988, c’est sept annĂ©es après la mort de Bob Marley. Trois ans avant le dĂ©cès de Miles Davis et de Serge Gainsbourg. Quatre annĂ©es et une annĂ©e après les albums Purple Rain et Sign o’ the Times de Prince ; six annĂ©es et une annĂ©e après les albums Thriller et Bad de MichaĂ«l Jackson ; une annĂ©e après l’album Kiss Me, Kiss Me, Kiss Me de The Cure ; quatre annĂ©es après l’album An ba Chen’n la de Kassav’ ; six annĂ©es après l’album The Message de Grandmaster Flash….

Horace Andy avec Massive Attack Ă  Rock en Seine, Aout 2024.
Photo©Franck.Unimon

Pour moi, la musique de Massive Attack a fait partie des miracles des annĂ©es 90 et 2000 avec, pour apothĂ©ose, leur troisième album Mezzanine ( sorti en 1998) dont le titre Dissolved Girl comptera parmi les titres du film Matrix rĂ©alisĂ© par les ex-frères Wachowski qui connaĂ®tra un succès mondial et qui est depuis devenu une rĂ©fĂ©rence pour bien des cinĂ©philes.

Mezzanine fut pour moi un miracle ambivalent, Ă©vident et captivant. Car aussi vĂ©nĂ©neux, angoissant, aliĂ©nant et potentiellement mortel que potentiellement salvateur. 

C’est surgir au bord du gouffre, nous prĂ©venir de sa proximitĂ© et de son imminence. Et nous convaincre de rester Ă©couter. Nous suggĂ©rer qu’il y a, parmi les Ă©clairs, encore un espoir…

Daddy G/Grant Marshall du groupe Massive Attack à Rock en Seine, Aout 2024. Photo©Franck.Unimon
Massive Attack au festival Rock en Seine, Aout 2024. Photo©Franck.Unimon

Si l’aura et la force du groupe se sont effilochĂ©es après Mezzanine,  Massive Attack, par la suite, a nĂ©anmoins adressĂ© d’autres titres qui ont du poids.

Je pense principalement Ă  ceux de l’album Heligoland (sorti en 2010).  

Massive Attack au festival Rock en Seine, Aout 2024. Photo©Franck.Unimon
Au Festival Rock en Seine, Aout 2024. Concert de Massive Attack. Photo©Franck.Unimon

Lors de ce concert de Massive Attack en aout, j’ai Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© par le jeune âge des spectateurs autour de moi. Normal :

Je fais dĂ©sormais partie des vieux et ce sera encore plus vrai dans quelques minutes, date de mon anniversaire. Et celles et ceux que j’ai vus, assez près de la scène avec moi, avaient dans leur grande majoritĂ© Ă  peu près l’âge que j’avais lorsque j’Ă©coutais Massive Attack dans les annĂ©es 90 : La trentaine ou un peu moins.

Ce qui signifie quand mĂŞme que la plupart d’entre eux Ă©taient Ă  peine nĂ©s lors des premiers albums de Massive Attack ( Blue Lines, le premier album, est sorti en 1991).

A nouveau, comme pour d’autres artistes, cet exemple rappelle que, malgrĂ© les « changements » d’Ă©poque, une certaine attraction et identification demeurent. Comme chaque fois que l’oeuvre d’un(e ) artiste ou d’une personnalitĂ© « parle » au plus grand nombre.

Il est des oeuvres que le Temps camisole, d’autres qu’il libère.

Massive Attack est sans doute bien moins connu et bien moins Ă©coutĂ© aujourd’hui qu’il y a trente ans mais il est bien des artistes qui aimeraient signifier au moins autant qu’eux au point de pouvoir encore se produire sur la grande scène d’un festival de « Rock » très suivi.

Shara Nelson avec Massive Attack, festival Rock en Seine, Aout 2024. Photo©Franck.Unimon

On peut aussi lire/voir l’article Tricky Ă  l’Olympia ce 6 mars 2024

Franck Unimon, ce 1er octobre 2024.

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En Concert

MĂ©lissa Laveaux en concert Ă  l’Espace 1789 ce 6 octobre 2023

 

MĂ©lissa Laveaux, Ă  l’Espace 1789, le 6 octobre 2023. Photo©Franck.Unimon

Mélissa Laveaux en concert à l’espace 1789 ce 6 octobre 2023

La première fois, sa voix aurait pu sortir d’un coquillage ou d’un nombril posté près du cartilage de mes oreilles. Elle contenait la gnole de l’enfance et ce Créole d’Haïti sur lequel j’avais pu voir danser et dansé dans les soirées antillaises de métropole mais aussi pendant les vacances estivales en Guadeloupe. Comme elle semblait presque miauler et que le Créole Haïtien reste pour moi une langue à ellipses, les paroles de Mélissa Laveaux me paraissaient très éloignées des sujets des œuvres du réalisateur Raoul Peck lorsqu’il parle de leur pays.

L’entrĂ©e de l’Espace 1789, ce 6 octobre 2023. Photo©Franck.Unimon

Lorsque, quelques annĂ©es plus tard, je me suis rendu Ă  ce concert en octobre 2023, Ă  l’Espace 1789 de St Ouen en Seine St Denis, j’avais appris entre-temps que MĂ©lissa Laveaux Ă©tait largement majeure et plus offensive  que les mĂ©lodies de comptines auxquelles certains de ses titres peuvent faire penser. Aussi n’ai-je pas Ă©tĂ© surpris, Ă  la fois par sa rĂ©activitĂ© devant les tentations transphobes d’un des spectateurs comme par la dĂ©couverte, par celui-ci, que MĂ©lissa Laveaux Ă©tait autre qu’une artiste « du soleil » venue chauffer l’ambiance de notre dĂ©but de soirĂ©e.

MĂ©lissa Laveaux, Ă  l’Espace 1789, ce 6 octobre 2023. Photo©Franck.Unimon

 

Entre plusieurs chansons, MĂ©lissa Laveaux s’est montrĂ©e cultivĂ©e, attachĂ©e Ă  l’Histoire, presque pĂ©dagogique et aussi ironique- ou humoristique- se moquant de manière rĂ©pĂ©tĂ©e de cette anxiĂ©tĂ© assez gĂ©nĂ©ralisĂ©e qui se dorait, alors, concernant l’invasion des punaises de lit dans la ville de Paris, quelques mois avant l’organisation des Jeux Olympiques de 2024.

 

MĂ©lissa Laveaux et Elise Blanchard ( basse, choeurs), le 6 octobre Ă  l’Espace 1789. Photo©Franck.Unimon
Julien Cavard ( guitare, claviers, flĂ»te, saxophone, choeurs) Ă  l’Espace 1789, ce 6 octobre avec MĂ©lissa Laveaux. Photo©Franck.Unimon
MĂ©lissa Laveaux, ce 6 octobre 2023 Ă  l’Espace 1789. Photo©Franck.Unimon
MĂ©lissa Laveaux Ă  l’Espace 1789, ce 6 octobre 2023. Photo©Franck.Unimon
Martin WangermĂ©e ( batterie), MĂ©lissa Laveaux ( chant, guitare), Julien Cavard ( guitare, clavier, flĂ»te, saxophone, choeurs) et Elise Blanchard ( basse, choeurs) après le concert ce 6 octobre Ă  l’Espace 1789. Photo©Franck.Unimon
Avec Martin WangermĂ©e, batteur, après le concert, ce 6 octobre 2023 Ă  l’Espace 1789. Photo©Franck.Unimon
Avec Elise Blanchard ( basse et choeurs) après le concert Ă  l’Espace 1789, ce 6 octobre. Je sais que j’ai un air peu recommandable mais Elise Blanchard est très bien et je n’ai pas d’autre photo Ă  disposition. Photo©Franck.Unimon
MĂ©lissa Laveaux, après le concert, ce 6 octobre, Ă  l’Espace 1789. Photo©Franck.Unimon

Après le concert, patiemment, Mélissa Laveaux a pris le temps de dédicacer et de vendre ses albums à son public. Ce qui m’a donné la possibilité de trouver un air de ressemblance à une des spectatrices avec l’humoriste Fanny Ruwet. Mais ce n’était pas elle.

 

MĂ©lissa Laveaux a hĂ©sitĂ© avant de me donner son accord  pour que je sois pris en photo avec elle. Elle a finalement acceptĂ© en m’en donnant la raison, personnelle. Et, moi, j’ai alors hĂ©sitĂ© pour montrer ces quelques photos et pour m’occuper de cet article avant de le lui envoyer comme nous en avions convenu ensemble. Plusieurs mois sont passĂ©s depuis et je me suis dit que cet article Ă  propos du concert de MĂ©lissa Laveaux devait ĂŞtre publiĂ© sur mon blog comme ceux que j’ai Ă©crits sur d’autres artistes en concert ( Tricky Ă  l’Olympia ce 6 mars 2024, Rhizomes : Quartier GĂ©nĂ©ral en concert Ă  la Cave Dimière d’Argenteuil…). Ne serait-ce que pour une question d’égalitĂ©.

Avec MĂ©lissa Laveaux, ce 6 octobre 2023 Ă  l’Espace 1789, après le concert. Photo©Franck.Unimon

 

Franck Unimon, ce jeudi 9 Mai 2024.

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Argenteuil En Concert

Rhizomes : Quartier GĂ©nĂ©ral en concert Ă  la Cave Dimière d’Argenteuil

A gauche, Thomas Caillou, guitare électrique. Au centre, Leïla Mendez. Derrière elle, Hatice Özer. Roland Merlinc, batterie. Yael Miller et Clémence Gabrielidis. Photo©Franck.Unimon

 

Rhizomes : Quartier GĂ©nĂ©ral en concert Ă  la cave Dimière d’Argenteuil

Un mois plus tôt, le 29 mars, le groupe Rhizomes est passé en concert à la cave Dimière d’Argenteuil. Il s’était associé à cinq chanteuses originaires de Grèce, d’Italie, d’Espagne, de Kabylie, de Turquie et du Maroc. Le groupe Rhizomes étant déja pourvu de deux chanteuses (et musiciennes) originaires d’Israël et de Tunisie, cela a débouché sur sept chanteuses.

L’ensemble s’est appelĂ© Quartier GĂ©nĂ©ral. Deux termes masculins qui portaient en leur sein des histoires fĂ©ministes et des souhaits d’un prĂ©sent plus apaisant. Il m’a fallu du temps pour choisir ces photos et les publier. Pour que, dĂ©sormais, Ă  leur tour,  elles puissent prendre le temps de vous  parler de ce concert.

Clémence Gabrielidis et Yael Miller, assises. Debout, Baptiste Germser, basse et bugle. Photo©Franck.Unimon
Clémence Gabrielidis et Yael Miller, assises. Roland Merlinc, batterie. Baptiste Germser, basse et bugle. Photo©Franck.Unimon

 

Clémence Gabrielidis et Leïla Mendez, assises. Roland Merlinc, batterie. Baptiste Germser, basse et bugle. Yael Miller aux claviers. Photo©Franck.Unimon

 

Oum, chant, et Thomas Caillou, guitare. Photo©Franck.Unimon

 

Oum et Leïla Mendez avec Thomas Caillou, guitare, et Roland Merlinc, batterie. Photo©Franck.Unimon

 

Bianca Iannuzi, Oum, Hatice Özer et Donia Berriri. Photo©Franck.Unimon

 

Oum et Donia Berriri. Photo©Franck.Unimon

 

Leïla Mendez, Donia Berriri, Clémence Gabrielidis et Roland Merlinc, batterie. Photo©Franck.Unimon

 

Donia Berriri et Clémence Gabrielidis. Photo©Franck.Unimon

 

Donia Berriri et Clémence Gabrielidis. Photo©Franck.Unimon

 

Bianca Iannuzi, Hatice Özer, Yael Miller, Leïla Mendez, Donia Berriri, Clémence Gabrielidis. Photo©Franck.Unimon

 

Donia Berriri et Clémence Gabrielidis. Photo©Franck.Unimon

 

Donia Berriri. Photo©Franck.Unimon

 

Donia Berriri. Photo©Franck.Unimon

 

Hatice Özer. Photo©Franck.Unimon

 

Bianca Iannuzi et Hatice Özer. Photo©Franck.Unimon

 

Oum, Bianca Iannuzi, Hatice Özer. Photo©Franck.Unimon

 

Oum et Bianca Iannuzi. Photo©Franck.Unimon

 

Bianca Iannuzi et Hatice Özer. Photo©Franck.Unimon

 

Thomas Caillou, Donia Berriri, Hatice Özer, Roland Merlinc et Clémence Gabrielidis. Photo©Franck.Unimon

 

Hatice Özer et Roland Merlinc. Photo©Franck.Unimon

 

Hatice Özer et Roland Merlinc. Photo©Franck.Unimon

 

Hatice Özer. Photo©Franck.Unimon

 

Hatice özer. Photo©Franck.Unimon

 

Leïla Mendez et Roland Merlinc. Photo©Franck.Unimon

 

Yael Miller. Photo©Franck.Unimon

 

Bianca Iannuzi, Hatice Özer et Thomas Caillou. Photo©Franck.Unimon

 

Bianca Iannuzi et Hatice Özer. Photo©Franck.Unimon

 

Bianca Iannuzi, Thomas Caillou, Donia Berriri, Hatice Özer et Leïla Mendez. Photo©Franck.Unimon

 

Bianca Iannuzi. Photo©Franck.Unimon

 

Thomas Caillou, Donia Berriri et Bianca Iannuzi. Photo©Franck.Unimon

 

Hatice Özer, Clémence Gabrielidis, Baptiste Germser et Yael Miller. Photo©Franck.Unimon

 

Thomas Caillou et Bianca Iannuzi. Photo©Franck.Unimon

 

Bianca Iannuzi. Photo©Franck.Unimon

 

Thomas Caillou et Bianca Iannuzi. Photo©Franck.Unimon

 

Oum. Photo©Franck.Unimon

Franck Unimon, lundi 29 avril 2024. 

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En Concert Moon France

Ann O’aro au studio de l’ermitage ce 14 mars 2024

Ann O’aro, au studio de l’ermitage, ce jeudi 14 mars 2024. Paris. Photo©Franck.unimon.                                                                                                  

J’étais au travail ce jeudi 14 mars, lorsque, dans l’après-midi, en le lisant quelque part, j’ai appris qu’Ann O’aro passait en concert le soir même. A 20h30. Je finissais mon travail à 20 heures à Paris près de la gare Montparnasse.

Si je souhaitais y aller, il me faudrait aller chercher mes appareils (photos) dans ma ville de banlieue, à Argenteuil. Pour mon blog, je ne pouvais pas me contenter de photos prises avec mon smartphone. Et, après le concert, je me réveillerais, comme ce jeudi, le lendemain matin un peu avant 5h30 afin de retourner au travail pour une journée de 12 heures.

Mais il y avait ce concert d’Ann O’aro dans quelques heures. Je l’avais dĂ©jĂ  « ratĂ©e » comme j’ai aussi ratĂ© les concerts de RenĂ© Lacaille ou de Rocio Marquez lorsqu’ils se sont prĂ©sentĂ©s. Je m’étais un peu rattrapĂ© la semaine prĂ©cĂ©dente avec le concert de Tricky Ă  l’Olympia ( voir Tricky Ă  l’Olympia ce 6 mars 2024). 

Quand une ou un artiste nous « parle » ou nous a parlĂ©, on part souvent du principe qu’autour de nous, tout le monde la connait ou le connait. En Ă©voquant Ann O’aro, je n’écoute pas de la musique secrète ou que je mettrais en cachette.

 

Ann O’aro au studio de l’ermitage, ce jeudi 14 mars 2024. Derrière elle, Teddy Doris, au trombone et au choeur. Photo©Franck.Unimon

J’ai commencĂ© Ă  la « connaĂ®tre » par son premier album Ann O’aro sorti en 2018. J’avais publiĂ© un article dessus dans mon blog il y a environ quatre ans :

Ann O’Aro.

Ensuite, il y a eu l’album Longoz arrivé en 2020 que j’ai moins écouté pour le moment et avec lequel j’ai eu plus de mal.

Ce jeudi 14 mars, j’ai aussi appris qu’un troisième album venait de sortir (fin fĂ©vrier 2024). Il s’appelle Bleu. Ann O’Aro continue d’être reprĂ©sentĂ©e par le label Cobalt dirigĂ© par Philippe Conrath.

Ann O’aro au studio de l’ermitage, ce 14 mars 2024. Photo©Franck.Unimon

« Ann O’aro ? Â»

C’est la question qu’a pu me poser, surpris, un de mes collègues, réunionnais certifié, porteur de dreadlocks, la quarantaine, chanteur de Gospel et précédemment joueur de Reggae proche de la professionnalisation. Ce n’est donc pas un amateur ni un ignorant. Pourtant, il n’avait jamais entendu parler de Ann O’aro. Je lui ai orthographié son nom tel qu’elle l’a choisi à «la Créole ». Un nom que j’ai moi-même encore du mal à bien écrire. Et, il m’a dit qu’il allait « regarder ».

La Réunion n’est pas mon pays. Même si, par la suite, j’ai rencontré ma compagne, réunionnaise, et que notre fille, née en France ( encore trop petite pour certains des thèmes des chansons de Ann O’aro) a donc également des origines réunionnaises.

La première fois que je me rappelle avoir entendu du Maloya et son rythme ternaire, c’était dans la boite de nuit Le Manapany, dans les annĂ©es 90 oĂą, avec certains collègues, nous Ă©tions plutĂ´t venus nous rapprocher (- je suis un Moon France mais voir aussi Tuer des noix de coco-)  de nos origines antillaises et des femmes au travers du Zouk.

Ensuite, j’ai voulu entendre un peu plus le Maloya dit traditionnel. Et, en particulier, sur ce qu’il peut avoir en commun avec le Gro-Ka et le Lewoz. Car j’essaie de m’inspirer Ă  ma mesure d’un des principes de mon artiste prĂ©fĂ©rĂ©, Miles Davis, qui disait aussi :

« Mon esprit n’est pas fermĂ© Â». ( “My mind is not shut”).

A la mĂ©diathèque, j’avais trouvĂ© les Cds d’artistes comme Firmin Viry, Danyel Waro et d’autres de la RĂ©union que j’ai essayĂ© d’écouter et de comprendre. J’ai pu voir Daniel Waro en concert lorsqu’il est passĂ© en concert Ă  Argenteuil il y a près d’une dizaine d’annĂ©es. Mon blog n’existait pas, alors. Je sais que Daniel Waro passe le 18 Mai au Cabaret Sauvage Ă  Paris. Maya Kamaty le 21 mars Ă  la Bellevilloise et Lindigo le 11 avril au Cabaret Sauvage.

 

«La musique, ça te permet un Ă©quilibre vu le mĂ©tier que tu fais » m’a dit quelqu’un rĂ©cemment. J’ai acquiescĂ© car il y a du vrai dans cette affirmation. Et, cela m’a permis d’Ă©luder.

Car l’équilibre est aussi une limite. Ainsi qu’une souricière. 

On peut être équilibré parce-que l’on est aussi très bien domestiqué. On ne dérange pas. On reste à sa place. On subit. On accepte. On endure. On s’endurcit. On croupit. On se terre en soi et en silence.

Mais on ne vit pas. On reste derrière des barrages. Ou on passe son temps Ă  attendre, emmitouflĂ©s dans nos mirages et parfois dans nos naufrages. Parfois, on s’auto-dĂ©truit en permanence, discrètement. De manière mĂ©thodique. Cathodique. Et Ă©quilibrĂ©e. Telles ces tours ou ces histoires dont les fondations et les Ă©manations explosent et s’affaissent, Ă©rigĂ©es, droites, et achèvent leur parcours pulvĂ©risĂ©es, tĂ©lĂ©visĂ©es, en Ă©tant toujours restĂ©es bien vissĂ©es sur place et fidèles au poste, tĂ©tant leur devoir et leur espoir en attendant une mue qui n’est jamais venue. D’elles,  on dira peut-ĂŞtre plus tard :

« C’Ă©tait une belle tour ( ou une belle histoire) Ă  l’origine. Dommage qu’elle soit devenue dĂ©suète. Les temps ont changĂ©. Il a bien fallu s’en sĂ©parer. Qu’est-ce que tu veux ? C’est comme ça…. ».

La musique, pour moi, ça reste de la vie. Ça surgit et ça permet d’aller au-delĂ  de nos limites. Les musiciens, les artistes ou les personnes qui nous « parlent », c’est quand mĂŞme assez souvent, celles et ceux qui nous « font » ça. Un des premiers pouvoirs de la musique, comme le feu partagĂ©, c’est de rassembler. Les forces, les volontĂ©s vers l’autre, vers l’ailleurs, vers l’inconnu mĂŞme si ce sont des souvenirs que l’on retrouve aussi.

La musique, pour moi, c’est aussi un bagage et un héritage. C’est à la fois les musiques que j’ai écoutées par les pores de mes parents en France, pays, où, contrairement à moi, ils ne sont pas nés. Puis, celles de mon adolescence et de certaines amitiés quasi fraternelles, à cette période de la vie où l’on a plein de notes et plein de projets mais où l’on manque d’audace, de confiance, de persévérance et de connaissances pour composer. Et où l’on redoute plus les conséquences de la matraque du jugement qu’on ne prévoit les réussites de nos tentatives.

Ann O’aro et Teddy Doris au studio de l’ermitage, ce jeudi 14 mars 2024. Photo©Franck.Unimon

On peut penser que je me contente de parler de moi. Je ne le crois pas. Je n’Ă©cris pas seulement pour moi. Mais aussi parce-qu’il le faut. Parce-que c’est mon tour du sort.

J’Ă©cris d’ailleurs cet article en réécoutant le dernier album de Fally Ipupa, Formule 7. Et puis, on sait maintenant que, Ă©videmment, je suis allĂ© au concert d’Ann O’aro ce jeudi 14 mars 2024 au studio de l’ermitage, Ă  Paris. Les autres dates et les autres lieux de ses concerts prĂ©vus en 2024 ne m’ont pas laissĂ© d’autre choix.

Hormis ce concert du 14 à l’Ermitage, à Paris. Il restait possible de voir Ann O’aro sur scène ailleurs en mars 2024 :

Le 17 à Dunkerque. Le 19 à Guyancourt. Le 21 à Tourcoing. Le 23 à Aubusson et le 26 à Ljubliana, en Slovénie. Je serais bien allé à l’un de ces endroits mais pour des raisons pratiques, le plus simple, restait Paris.

Les dates de ses concerts mais aussi de ceux de Danyèl Waro sont aussi affichées sur le site du label Cobalt qui représente d’autres artistes réunionnais tels que Christine Salem, Zanmari Baré et d’autres.

Ann O’aro, Teddy Doris, Brice Nauroy et Bino Waro au studio de l’ermitage, ce jeudi 14 mars 2024. Photo©Franck.Unimon

Je suis arrivĂ© au concert avec une bonne demie heure de retard avec ma place achetĂ©e en prĂ©vente sur internet : 15 euros et 50 centimes. Soit près de quatre fois moins que le concert de Tricky Ă  l’Olympia quelques jours plus tĂ´t. 

En entrant dans la salle de concert du studio de l’ermitage, Ann O’aro était en train de chanter, accompagnée de ses musiciens :

Teddy Doris au trombone ; Bino Waro au roulèr, sati, pikèr, kayamn et Ă  la batterie et Brice Nauroy aux machines.

Le public était posé, majoritairement assis, très attentif. Il devait y avoir environ 200 personnes à vue d’œil (pour une capacité d’accueil de 250 personnes contre une capacité d’accueil de 4000 personnes pour l’Olympia).

L’ambiance et l’acoustique de la salle étaient intimistes et très confortables. Je me suis tout de suite senti bien. J’ai aussitôt tout effacé. Les doutes. La recherche de la salle. La fatigue. Le trajet. Le retard. La routine. La chevrotine. La journée de travail le lendemain matin.

 

Voir Ann O’aro au studio de l’ermitage après Tricky à l’Olympia ?

Ann O’aro et Teddy Doris, ce jeudi 14 mars au studio de l’ermitage. Photo©Franck.Unimon

Je me suis dit qu’ils Ă©taient proches tous les deux malgrĂ© ce que l’on pourrait estimer en prime abord. Tricky, « de » Bristol, plutĂ´t contrariĂ© par la notoriĂ©tĂ©, aimerait sans doute pouvoir se produire dans une salle comme le studio de l’ermitage. En Ă©coutant Ann O’aro, j’ai aussi pensĂ© Ă  la musicienne et compositrice bretonne Kristen Noguès. 

Bien-sĂ»r, Ann O’aro existe par elle-mĂŞme et a ses propres inspirations et rĂ©fĂ©rences. Mais lorsque l’on est amateur de musique, on aime certaines fois imaginer que se rencontrent les ombres de certains artistes. Des rencontres entre des artistes qui ne se matĂ©rialisent jamais- ou parfois mal- par manque d’inspiration, d’Ă©poques ( Kristen Noguès est morte depuis 2007) ou du fait d’une mauvaise entente et qu’il faut sans doute apprendre Ă  imaginer ou Ă  crĂ©er soi-mĂŞme.

Devant nous, nous avions peu Ă  imaginer. La voix d’Ann O’aro est très douce et forte. Elle s’empare de vous et chante comme un boxeur. Son chant part depuis ses pieds. Elle chante en emmenant tout son corps et en nous portant vers une…certaine tension Ă©motionnelle.

C’est ce que l’on appelle avoir une présence. La présence de celle qui s’approche et aussi de la sentinelle.

Je me suis dit qu’elle avait de quoi jouer dans un film ou au théâtre.

Ann O’aro et Teddy Doris, au studio de l’ermitage, ce 14 mars 2024. Photo©Franck.Unimon

Son humour et son aisance, y compris au piano qu’elle a dĂ©sormais ajoutĂ© Ă  son usage des sorts- les sorts de l’enfance- sont aussi dĂ©concertants qu’insaisissables. Je me suis un peu demandĂ© :

« Comment fait-elle ? Â».

On aurait presque dit que c’était nous qui étions à un enterrement (peut-être le nôtre) tandis que, elle, et ses musiciens s’amusaient bien parce qu’ils le voulaient. Tandis que nous, hé bien, nous restions très polis et très guindés sans faire de bruit de peur de déranger ou de tâcher en sortant de notre réserve militaire.

Soit parce-que nous n’avions jamais appris Ă  remuer et Ă  tinter au son de la musique ou parce-que nous Ă©tions intimidĂ©s et captivĂ©s par ce que nous voyions et entendions devant nous :

Nous avions un peu « peur Â» d’interrompre la sĂ©ance d’hypnose. Ou nous n’osions pas moufter connaissant les sujets chargĂ©s qu’elle abordait sous les dĂ©guisements aiguisĂ©s de sa voix apaisĂ©e.

Mon excuse était que je prenais des photos. Mais j’imagine facilement ce que la même musique jouée ce jeudi soir peut entraîner ailleurs ou dans un Kabar ( ou kabaré), là où l’on s’autorise à danser plus vite que la lumière ne pense.

Nous avons été des privilégiés d’assister à ce concert. J’ai été content, après le concert, de pouvoir parler un peu à Ann O’aro et de poser pour la photo avec elle et Philippe Conrath qui dirige le label Cobalt.

Avec Philippe Conrath et Ann O’aro Ă  la fin du concert au studio de l’ermitage, ce jeudi 14 mars 2024. Merci Ă  la personne qui nous a pris en photo avec mon appareil.

Ann O’aro chante aussi dans le groupe Lagon Noir lors du festival Banlieues Bleue au centre culturel Jean à la Courneuve le vendredi 29 mars 2024 à 20h30.

Ce jeudi soir, elle a superbement clos son concert en nous chantant son titre Valval rouz ( si je ne me trompe) un de ses titres acapella, prĂ©sent sur son premier album.  

 

Franck Unimon, ce dimanche 17 mars 2024.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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En Concert

Tricky Ă  l’Olympia ce 6 mars 2024

Tricky à l’Olympia ce 6 mars 2024

 

Tricky, les années 1990 et 2000. Martina Topley-Bird, Massive Attack, le Trip Hop. Mais aussi PJ Harvey, Björk, Sly & Robbie….Tricky a rencontré et joué avec bien d’autres artistes. Il a aussi figuré dans quelques films tels que Le Cinquième élément de Luc Besson ou Clean d’Olivier Assayas.

C’est, grosso modo, toujours les mêmes histoires que l’on raconte à propos de Tricky, une espèce de prophète de la musique nostalgique. Celui qui a perdu sa mère très jeune. Celui qui est devenu à nouveau orphelin (assez récemment) mais cette fois de sa fille. Celui qui avait quitté Massive Attack, sa célébrité, sa puissance, sa sécurité. Celui qui subsiste par lui-même. Par la douleur et malgré elle.

Tricky Ă  l’Olympia, ce 6 mars 2024 avec Marta. Photo©Franck.Unimon

Celui qui lance ou se met en duo avec des chanteuses qu’il produit. L’homme fusible imprĂ©visible avec ses lubies et ses pensĂ©es. Ses toxicomanies. Son corps lĂ©sĂ©. TatouĂ© sans doute de la tĂŞte aux pieds et difficile Ă  amadouer. Difficile Ă  cerner et, sans doute, Ă  captiver. L’homme hantĂ© qui rĂ´de lĂ  oĂą très peu souhaiteraient se promener mĂŞme avec un ou une escorte.  

Durant toutes ces années, j’ai raté Tricky ou suis passé à côté de lui. A part pour un concert gratuit lors de l’inauguration du centre culturel, le 104. Il y avait beaucoup de monde. On se bousculait. Les conditions sonores étaient mauvaises. Je me rappelle de Tricky plutôt seul sur scène, assez peu concerné, et très loin. Une prestation très frustrante.

Je n’avais pas persisté.

J’avais d’autres artistes à écouter et à regarder sur scène. Je ne faisais pas de lui une priorité. Je trouvais à sa musique des côtés inaboutis. On parlait de chef-d’œuvre. J’avais l’impression qu’il y avait beaucoup pour que cela soit le cas mais qu’il y avait régulièrement rupture lorsque cela se précisait. Comme si Tricky arrachait le disque vinyle de la platine précisément au moment où l’on commençait à entrer dans le songe. Comme s’il jetait à la poubelle toutes les pièces du puzzle que l’on avait presque terminé. Et cela recommençait plusieurs fois de suite.

Tricky et Marta Ă  l’Olympia, ce 6 mars 2024. Photo©Franck.Unimon

La musique de Tricky n’est pas ceinturée ou cérébrale comme peut l’être ou l’est devenue celle de Massive Attack ou de Björk.

Tricky pratique l’hémorragie et les intubations difficiles :

« Seule, compte l’énergie ! ». A partir de là, inutile de faire durer un morceau quatre, cinq minutes, à coups de maquillage ou davantage. On n’est pas là pour se regarder le nombril ou pour se montrer. On est là pour faire de la musique et pour sentir ce qui se passe lorsque l’on presse son corps contre le sang chaud de quelqu’un.

Tricky avec Marta Ă  l’Olympia, ce 6 mars 2024. Photo©Franck.Unimon

 

Ce concert de Tricky, Ă  l’Olympia hier soir, j’ai appris qu’il allait avoir lieu quelques jours plus tĂ´t, par hasard. Tricky ne fait plus partie des musiciens dont on parle « beaucoup Â». DĂ©sormais ou encore, on parle beaucoup plus d’artistes comme BeyoncĂ©, Dua Lipa, Taylor Swift, Billie Eilish, Rihanna ou Rosalia si l’on veut parler d’artistes fĂ©minines dites « internationales Â». Ou, en France, j’imagine que d’autres seront davantage happĂ©s par le concert du rappeur Ninho au Stade de France…l’annĂ©e prochaine, le 2 Mai 2025. Ou par le concert du rappeur Kalash Ă  l’Olympia ( complet) ce 20 mars 2024.

J’ai hĂ©sitĂ© avant d’acheter cette place de concert. Je me suis demandĂ© si j’essayais de rattraper le temps perdu.  

Quatre jours avant le concert, j’ai croisĂ© une connaissance sur le quai de la gare d’Argenteuil alors que je partais Ă  l’anniversaire de Tu piges ?

Cette connaissance – un photographe professionnel rencontrĂ© lors d’un concert de Marc Ribot Ă  la Cave Dimière, Ă  Argenteuil- m’a dit : 

« Tu me diras ce que ça a donnĂ©. Avec Tricky, on ne sait pas ce que ça va donner, un concert. Il est  caractĂ©riel… ».

Lui, aussi, avait le souvenir de ce concert donnĂ© au centre culturel, le 104. Il y Ă©tait aussi et bien placĂ©. Il connaissait les organisateurs de l’Ă©vĂ©nement. Son avis sur ce concert Ă©tait le mĂŞme que le mien : très mauvais son. Et très mauvais concert… de trente minutes. 

Mais j’Ă©tais confiant pour ce concert Ă  l’Olympia. Je connaissais mieux sa musique. Je l’aimais mieux. ( Hate This Pain un titre de Tricky ) Et, j’avais lu que Tricky Ă©tait content des bons retours concernant son album Maxinquaye Reincarnated sorti en octobre 2023. Un album que j’avais achetĂ© et Ă©coutĂ©.

« Colossal et jamais vu Â» est un des commentaires que l’on a pu lire dans le mĂ©tro Ă  propos de la deuxième partie du film Dune rĂ©alisĂ© par Denis Villeneuve et sorti la semaine dernière. Un film dont on parlera sans doute beaucoup plus que du concert de Tricky hier soir et que je suis allĂ© voir le jour de sa sortie ( ce 28 fĂ©vrier 2024) dès la première sĂ©ance.

 

Tricky aurait eu sa place dans le film Dune.

 

Soit pour un rĂ´le, soit pour la composition musicale. Hier soir, Tricky nous a rappelĂ© que la musique, c’Ă©tait de la crĂ©ation. Et la possibilitĂ© de faire une expĂ©rience hors de notre conscience rituelle et de nos automatismes.

Pas du bling-bling. Pas de l’Ă©dulcorĂ©. 

J’avais fait le choix d’acheter une place en mezzanine pour assister Ă  ce concert de Tricky. Pour cela, j’ai payĂ© plus cher, 56 euros, afin d’être dans les meilleures conditions pour voir et entendre Tricky. RĂ©sultat : j’ai ratĂ© mes photos. Pour faire de bonnes photos, il ne faut pas ĂŞtre fainĂ©ant et rester assis trop loin de la scène.

Et, pour bien photographier Tricky, il aurait fallu que je vienne plus tôt. Bien plus tôt. Car lorsque je suis arrivé devant l’Olympia pour le concert, dix minutes avant le début officiel du concert avec la première partie, Dajak, je suis tombé sur une queue pratiquement aussi longue que pour le concert des sœurs Ibeyi.

Tricky a son public. Un public plutĂ´t blanc pratiquement aussi fĂ©minin que masculin. J’Ă©tais par exemple assis entre deux femmes venues ensemble et deux hommes venus aussi ensemble.

Il devait y avoir entre cinq à dix pour cent de noirs dans la salle au sein du public à ce que j’ai aperçu.

Devant l’Olympia, ce 6 mars 2024. Après le concert. Photo©Franck.Unimon

La moyenne d’âge du public dans la salle tournait autour de la quarantaine-cinquantaine même si j’ai pu voir deux adolescents venus vraisemblablement avec leur mère.

Le public prĂ©sent connaissait Ă  l’évidence les « classiques » de Tricky. MĂŞme si le terme « classiques » lui  dĂ©plairait certainement : quand on l’écoute parler de sa musique, il se dĂ©fend de toute nostalgie. 

A l’image de son concert en janvier 2023 (que j’ai malheureusement dĂ©couvert sur le net )Ă  l’espace culturel Ground Control avec la chanteuse Marta, hier soir,  Ă  l’Olympia, celui-ci s’est dĂ©clarĂ© dans une forme de pĂ©nombre. Une intimitĂ© et une ambiance qui vont très bien avec sa musique. Une musique qui entre dans la syncope, le blues, la rĂ©pĂ©tition, la rugositĂ©, la vitalitĂ© punk et rock mais aussi une extrĂŞme douceur de par la voix de Marta.

En voyant Tricky sur scène essayer de sortir de son corps, je me suis dit qu’il faisait une musique de Chamane. Un couple est parti en plein concert. Nous sommes restés.

 

Tricky, Ă  l’Olympia, ce 6 mars 2024. Photo©Franck.Unimon

Franck Unimon, ce jeudi 7 mars 2024.

Ps/bonus de ce vendredi 8 mars 2024 :

Dans sa sĂ©lection critique avant ce concert Ă  l’Olympia de Tricky, le journaliste Erwan Perron de TĂ©lĂ©rama TĂ©lĂ©rama numĂ©ro 3869 qui inclut le guide culturel TĂ©lĂ©rama Sortir du 6 mars au 12 mars 2024 ) avait Ă©crit :

 » (….) On se souvient de l’avoir vu interprĂ©ter ce disque dans ce mĂŞme Olympia baignĂ© de lumières rouges. Il avait chantĂ© dos au public durant toute la durĂ©e du concert ! Trente ans plus tard, l’Anglais au nez cabossĂ© et Ă  la voix rocailleuse revient dans la plus cĂ©lèbre des salles parisiennes pour y chanter Ă  nouveau Maxinquaye ( 1995), son oeuvre la plus renversante et intense. Il en aurait rĂ©arrangĂ© six titres. Mais avec lui, on n’est jamais sĂ»r de rien…. ».

Tricky n’a sans doute pas lu cet article. Mais si Erwan Perron Ă©tait comme moi dans la salle ce 6 mars 2024, il aura aussi vu Tricky interprĂ©ter ce titre de cette façon.

 

 

 

 

 

 

 

 

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En Concert

PJ Harvey Ă  l’Olympia, octobre 2023

 

PJ Harvey, Ă  l’Olympia, Paris, ce 12 octobre 2023. Photo©Franck.Unimon

PJ Harvey à l’Olympia, octobre 2023

PJ Harvey, c’est lors des annĂ©es 90 et 2000 qu’elle avait tout emballĂ©.  Je l’avais ratĂ©e au festival Rock En Seine entre 2003 et 2005 au parc de St Cloud. J’avais trop hĂ©sitĂ©.

Trente ans plus tard, ses deux dates pour l’Olympia ont été complètes. S’il y avait moins la queue pour son concert que pour celui des deux sœurs Ibeyi, PJ Harvey a néanmoins son public.

Ce 12 octobre 2023, après le concert de PJ Harvey. Photo©Franck.Unimon

On a plutôt la quarantaine voire la cinquantaine lorsque l’on vient voir PJ Harvey en concert et l’on est plutôt blanc, aussi. C’est ce que je me dis subitement alors que je me trouve dans la salle où, à part les vigiles pour filtrer les entrées ou dans la salle pour assurer la sécurité, je n’ai pas vu un seul noir dans le public.

Il y a aussi pas mal de femmes. De la trentaine Ă  la cinquantaine.

Bien plus que lorsque j’étais allé découvrir Joe Bonamassa grâce à Christophe Goffette et, qu’à côté de moi, dès le début du concert, un homme avait chaussé ses lunettes noires et ostensiblement refusé toute interaction avec moi. Nous n’étions pas du tout du même bord. Lui, c’était un pur. Et, moi, je devais ressembler à un artéfact. Il était peut-être aussi dans la salle, parmi les spectateurs, ce soir.

PJ Harvey, Ă  l’Olympia, ce 12 octobre 2023. Photo©Franck.Unimon

A ce concert de PJ Harvey, je le sais, se trouvent aussi un ami, rencontré trente ans plus tôt, et une de ses collègues dont j’ai fait la connaissance un peu plus tôt dans la journée. Avec eux, j’aurai un peu plus d’interactions car aucun des deux ne porte de lunettes noires.

Sans nous être consultés, tous les trois, nous avions pris notre place pour ce concert de PJ Harvey environ deux mois plus tôt. Les places sont vite parties.

Les artistes, entre eux, ont souvent bien moins de frontières que celles et ceux qui les « suivent » et les Ă©coutent. C’est parce-que, progressivement, j’ai fait mien ce principe ou cette conduite de vie que j’ai Ă©tĂ© amenĂ©, il y a plusieurs annĂ©es, Ă  Ă©couter PJ Harvey. Tout en Ă©coutant du Zouk ( Jacob Desvarieux)  ou du Reggae ( En concert avec Hollie Cook au Trabendo).

Mon ami de trente ans, je le sais, n’écoute pas du tout du Zouk, du Kompa, de la Salsa ou du Reggae. Et encore moins du Dub :

( En concert avec Zentone Ă  la Maroquinerie) .

Pas même du Funk. Lui, me (re)parlera de Franck Black (que j’ai eu la chance de voir un jour en concert et ce fut une très très belle performance), de John Zorn, de Roger Waters… Des artistes que je peux aimer écouter (Roger Waters) ou que j’ai essayé d’entendre (John Zorn).

Sa collègue, elle, après le concert, me donnera envie en m’apprenant avoir vu Massive Attack avec Tricky en 2008. Ces derniers jours, j’ai beaucoup Ă©coutĂ© et réécoutĂ© Tricky. J’ai cherchĂ© des nouvelles versions de ses titres. Mon ami n’écoute pas Tricky. Mais PJ Harvey avait fait un titre avec lui :

Broken homes.

Après le concert, cependant, la collègue de mon ami me laissera un peu pantois lorsqu’elle citera les Artic Monkeys. Car elle n’a pas trop aimĂ© la prestation que nous avons vue de PJ Harvey. Elle a trouvĂ© les paroles très belles mais le son mauvais. Pour elle, on ne sentait pas assez les basses. Elle aurait voulu se sentir « transpercĂ©e Â» par les basses comme cela s’était fait lors du concert des Artic Monkeys ou de Massive Attack par exemple. Je connais les Artic Monkeys seulement de nom. D’après mes prĂ©jugĂ©s, c’est une musique froide, « blanche Â», ça ne se danse pas. Je n’ai pas envie d’y aller. Mais je n’ai rien Ă©coutĂ© d’eux Ă  ce jour alors que je peux beaucoup aimer des titres de Cure, Joy Division, Depeche Mode, Soft Cell, Radiohead….

 D’ailleurs, j’ai vu le film consacrĂ© Ă  Ian Curtis, leader du groupe Joy Division : Control rĂ©alisĂ© en 2007 par Anton Corbijn. J’ai aimĂ© le film mĂŞme s’il est dĂ©primant.

Et, Tricky, lui-même, ou Massive Attack, ont assurément puisé aussi dans des inspirations qui ont pu être communes aux Artic Monkeys. On ne peut pas dire non plus que les compositions de Tricky et Massive Attack soient des inventions particulièrement festives.

PJ Harvey, A l’Olympia, ce 12 octobre 2023. Photo©Franck.Unimon

Mon ami, lui, pour nous redonner du tonus, après le concert, nous dit :

« Je pense qu’on est venu la voir trop tard. Il aurait fallu la voir vingt ans plus tĂ´t Â».

Mon ami souligne aussi que la mise en scène théâtrale de PJ Harvey ne l’a pas séduit. Il est vrai que, durant le concert, PJ Harvey a beaucoup posé tout à son rôle ou aux histoires qu’elle nous a racontées dans ses chansons. Mais cela a été très pratique pour moi. Pour prendre des photos. Je n’ai peut-être jamais réussi autant de photos en concert.

Nous avons vieilli. PJ Harvey, aussi. Mais nous le reprochons plus Ă  PJ Harvey qu’à nous-mĂŞmes. Toutefois, moi, qui ai moins bien compris les paroles de ses chansons que mon ami et sa collègue, j’ai aimĂ© le concert. Jusqu’alors, je n’avais pas remarquĂ© le nombre de fois oĂą elle mentionne les mots « Amour Â» et  Â« JĂ©sus Â».  

Au plus près de la scène afin de pouvoir faire mes photos, j’ai aimé le dévouement de PJ Harvey. J’ignore si cela a toujours été comme ça mais nous savions que son concert commencerait à 20 heures piles comme annoncé sur nos billets. Par ailleurs, des mesures ont été prises contre la revente des places de son concert au marché noir. Il vaut donc mieux avoir acheté son entrée par les biais officiels. J’ai un peu oublié maintenant mais il me semble avoir payé 55 euros pour être debout dans la fosse. Et, au départ, toutes les bonnes places près de la scène m’ont semblé déjà prises.

PJ Harvey, ce 12 octobre 2023, Ă  l’Olympia. Photo©Franck.Unimon

La « prĂŞtresse du Rock Â» PJ Harvey (c’est ainsi qu’elle a Ă©tĂ© surnommĂ©e dans la presse pour ces concerts) a dĂ©veloppĂ© sa conscience du monde. J’ai lu ou appris qu’elle se prĂ©occupait de ce que nous faisions de notre planète, de ce qui s’y passait. Devenue plus cĂ©rĂ©brale sans doute qu’à ses « dĂ©buts Â», comme Björk,  sa musique rentre moins dans le tas qu’avant. Et, il y a beaucoup moins de gravats après les passages de sa voix et de sa guitare. Or, visiblement, c’est ce que un certain nombre d’entre nous attendaient.

PJ Harvey change d’ailleurs plusieurs fois de guitare. Il s’agit donc d’un instrument qui lui reste familier. Le public reste sage ou tout en dĂ©votion. Il s’anime d’emblĂ©e lorsque l’artiste entame certains de ses anciens « tubes Â» tels que Down by the water par lequel j’avais, je crois, entendu parler d’elle pour la première fois dans un film de Laetitia Masson avec Sandrine Kiberlain. Alors que Laetitia Masson, dans les annĂ©es 90, Ă©tait une rĂ©alisatrice de films d’auteurs qui Ă©talonnait son Ă©poque.

PJ Harvey a aussi entonnĂ© Dress mais, si j’ai bien entendu, aucun titre de l’album Is it Desire ?

Je n’aurais pas dû pouvoir prendre toutes ces photos au concert de PJ Harvey. Même si dans la salle, j’ai bien vu des personnes prendre des photos, ou filmer, y compris à proximité d’un des vigiles, avec tout ce qu’il fallait pour bien zoomer, j’ai aussi vu une personne devoir déposer son appareil photo à la consigne avant d’entrer dans la salle.

Je suis content ou très content de ces photos. Et, je m’en sers non pas pour me faire du fric sur le dos de l’artiste et de celles et ceux qui travaillent avec elle, mais afin d’avoir des photos originales, mes photos, et pour restituer aussi bien que possible cette expérience qu’a été pour moi ce concert ainsi que l’œuvre d’une artiste. Avec autant de sincérité que possible ainsi qu’avec les moyens dont je dispose pour mon blog.

Pour le diaporama de photos que j’ai fait et qui arrive à la fin de cet article, j’ai choisi des anciens titres de PJ Harvey. Cela lui déplairait peut-être. Mais je crois que cela devrait faire plaisir à celles et ceux qui, comme moi, ont vieilli, et ont conservé une partie de leur jeunesse et de leur vitalité dans les fûts et les refus de ces titres.

Franck Unimon, ce mercredi 1er novembre 2023.

 

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En Concert

Rosalia au festival LOLLAPALOOZA 2023

Rosalia au festival LOLLAPALOOZA, Ă  l’hippodrome de Longchamp, samedi 22 juillet 2023. Photo©Franck.Unimon

Rosalia au festival LOLLAPALOOZA 2023

 

Avant le concert de Rosalia, au festival LOLLAPALOOZA, hippodrome de Longchamp, samedi 22 juillet 2023. Photo©Franck.Unimon

On a plutĂ´t la vingtaine voire un petit peu moins lorsque l’on va voir Rosalia ce samedi 22 juillet 2023 au festival LOLLAPALOOZA Ă  l’hippodrome de Longchamp. Beaucoup de jeunes femmes. Des hommes eau. MĂŞme un homme en fauteuil roulant, poussĂ© par un de ses amis, a voulu traverser la foule pour ĂŞtre au plus près de la scène. Un des agents de sĂ©curitĂ©, pĂ©dagogue, a su ĂŞtre convaincant :

 Â« Au moindre mouvement de foule, la première personne Ă  se faire Ă©craser, ce sera vous Â».

Plus d’une heure avant le concert de Rosalia, toutes les bonnes places face Ă  la scène sont prises. Elles l’étaient dès le concert prĂ©cĂ©dent. J’ai essayĂ© de me faufiler comme j’ai pu. Je n’ai pas pu faire mieux que d’être sur le cĂ´tĂ© Ă  plus d’une vingtaine de mètres de lĂ  oĂą ça s’est « passĂ© ». Mais j’avais un grand Ă©cran au dessus de moi et mon matĂ©riel photo et audio. Ci-dessous, le titre Saoko :

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J’ai beaucoup hésité avant de venir à ce concert de Rosalia. 89 euros la place pour la journée du festival ( contre 28 euros pour aller voir Oumou Sangaré récemment. Voir Oumou Sangaré en concert) . Seule Rosalia me donnait envie de venir. Rosalia, dont le dernier album Motomami – que j’avais acheté et écouté- avait été adoubé par la critique. Rosalia dont les vidéos provocantes déployaient une audace et une assurance en même temps qu’un certain « contraste».

Rosalia, hippodrome de Longchamp, au festival LOLLAPALOOZA, samedi 22 juillet 2023. Photo©Franck.Unimon

Ici, la langue espagnole prend le dessus sur la langue anglaise. Rosalia se joue des tendances musicales.  Techno, kizomba, Flamenco, Reggaeton, la forme piano/voix ou d’autres allures d’AmĂ©rique latine peuvent ainsi cohabiter. Elle peut aussi très bien danser. On peut considĂ©rer qu’elle sait tout faire et avoir l’impression d’assister Ă  un renversement de modèle oĂą l’Espagne, pays « minorĂ© » sur la scène musicale internationale, prend en quelque sorte sa revanche sur les pays anglo-saxons qui, au moins depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale environ, dominent le monde avec leurs artistes et leurs nĂ©vroses Rock. Ci-dessous, une autre vidĂ©o montrant Rosalia lors du festival LOLLAPALOOZA:

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Adémas (en outre), Rosalia est une femme séduisante, affirmée, indépendante et ouverte aux différents genres. On a donc le Jackpot. Une musique et une culture différentes. Même si, même si, lorsque l’on y regarde bien, Rosalia, par certains aspects, et sûrement malgré elle, colle à l’image que l’on se fait d’une femme espagnole. Brune, ardente, virilement- presque brutalement- et fièrement sensuelle.

Rosalia, ce samedi 22 juillet 2023. Photo©Franck.Unimon

Mais c’est toujours ça. Ne nous privons pas d’un bon moment d’autant que l’on a payé- plutôt cher- pour cela. Et marché aussi près de deux kilomètres au moins depuis l’endroit où l’on a pu trouver où se garer.

Il fait beau ce samedi et il s’agit du dernier concert de la tournĂ©e mondiale de Rosalia qui a Ă©tĂ© un très grand succès. DĂ©sormais, Rosalia fait partie des grandes vedettes et cette prestation a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e comme l’évĂ©nement Ă  ne pas manquer. Son concert de dĂ©cembre dernier, Ă  Paris, a bien Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© « meilleur concert de l’annĂ©e Â». On n’a pas envie de rater des moments pareils.

 

Dès l’entrée sur scène de Rosalia avec ses danseurs et le début de son concert avec le titre Saoko, le public est happé par la toile Rosalia. Laquelle a gardé la main et la maitrise totale sur sa représentation. Passionnée et souriante, oui, mais pas liée à l’approximatif.

Rosalia est très à l’aise avec l’image et les technologies de communication moderne. Elle aime aussi beaucoup se voir même si elle tourne cela aussi en dérision. Le public, lui, l’adore, et reprend plusieurs de ses paroles. Il se trouve bien un public hispanophone parmi nous mais d’autres se sont aussi visiblement mis à l’Espagnol.

J’aurais prĂ©fĂ©rĂ© ĂŞtre plus près de la scène, entendre des titres de quatre minutes ou plus, et y voir des « vrais Â» musiciens. Le festival, officiellement, entend proposer une alternative Ă  notre sociĂ©tĂ© d’argent en nous imposant un système de recharge. Système qui, d’après mon expĂ©rience, expose surtout Ă  offrir au festival ce que l’on n’a pas pu dĂ©penser. Qu’est-ce que cela m’a agacĂ© par ailleurs de devoir me promener avec un gobelet en carton rempli d’eau simplement « pour des raisons de sĂ©curitĂ© Â». A moins de filouter, Il est devenu de plus en plus difficile de se trouver Ă  un concert avec une bouteille d’eau munie de son bouchon en plastique. Car trop d’artistes ont reçu des projectiles inopportuns lors de leur prestation.

Mais le spectacle valait le déplacement. Et, lorsqu’ensuite, je me suis mis à réécouter l’album Motomami, j’ai su que cela m’avait véritablement plu.

Rosalia, festival LOLLAPALOOZA 2023, hippodrome de Longchamp, samedi 22 juillet 2023. Photo©Franck.Unimon

Franck Unimon, ce lundi 2 octobre 2023.