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Gare de Paris St-Lazare, septembre ou octobre 2021.

 

                                                          Servir

Le Cerveau humain

 

 

Au cours de mon article Trois Maitres + Un , je me suis escrimĂ© Ă  expliquer que je recherchais des Maitres qui pourraient me permettre de me bonifier. Et, que je n’étais pas un esclave recherchant son Maitre esclavagiste.

 

Si, en tant qu’homme Ă  peau noire et de condition sociale moyenne et commune,  je prĂ©fère sans hĂ©sitation vivre aujourd’hui plutĂ´t qu’il y a deux cents ans en France, en repensant un tout petit peu tout Ă  l’heure Ă  l’article Trois Maitres + Un , j’en suis arrivĂ© Ă  la conclusion que, quoique nous pensions, souhaitions et affirmions, nous servons des rĂ©giments de Maitres depuis le commencement de notre existence.

 

Et, cela a sans doute toujours été pour l’être humain. Quelle que soit sa couleur de peau, sa culture, ses rites, son ethnie ou sa géographie. Au point que, rapidement, on s’y perd parmi tous ses Maitres que l’on sert.

 

D’abord, en nommant mon précédent article Trois Maitres + Un, je me suis trompé. Officiellement, si je me réfère avec exactitude à des Maitres d’Arts martiaux que je suis allé rencontrer, ou avec lesquels j’ai pratiqué une séance sous leur responsabilité, c’est plutôt Quatre Maitres + Un que mon article aurait dû avoir pour titre.

 

Car j’avais oublié de mentionner Sifu Roger Itier qui est le premier Maitre que j’avais fait la démarche d’aller rencontrer. Avant Sensei Jean-Pierre Vignau.

 

Je n’oublie pas mon premier prof de Judo, Pascal Fleury, dĂ©sormais Sensei. Sauf que, comme je l’ai expliquĂ©, Pascal n’était pas Sensei quand j’ai dĂ©butĂ© le judo, il y a trente ans, sous son Ă©gide. D’abord Ă  l’universitĂ© de Nanterre après mes Ă©tudes d’infirmier puis, très vite, sur sa suggestion, dans le club oĂą il enseignait- et enseigne toujours- le judo Ă  Paris, au gymnase Michel Lecomte, Ă  la suite de sa « petite Â» sĹ“ur, la championne olympique de judo, Cathy Fleury.

 

 

Et, je vais aussi me servir de cet « oubli Â» de Sifu Roger Itier pour constituer mon article.

 

Le cerveau humain, notre cerveau, tel que nous l’utilisons généralement, peut se concentrer sur un nombre limité d’opérations. Des neurologistes pourront l’expliquer. Des magiciens ou des arnaqueurs, aussi. Pour ma part, c’est la lecture récente d’une interview d’un magicien, qui utilise aussi l’hypnose lors de ses spectacles, qui me l’a rappelé. Mais certains réalisateurs de cinéma savent aussi jouer avec les angles morts de notre regard et de notre cerveau pour mieux nous surprendre et nous «manipuler», avec notre consentement, pour nous divertir.

 

Dans mon article Trois Maitres + Un , j’ai oubliĂ© de citer Sifu Roger Itier parce qu’au delĂ  d’un certain nombre d’informations, notre cerveau fait le tri pour se fixer sur celles que nos pensĂ©es et nos Ă©motions distinguent comme prioritaires en fonction de la situation. Et, aussi, parce-que, d’un point de vue affectif, si je reconnais l’expertise de Sifu Roger Itier, sa très grande culture, sa maitrise pĂ©dagogique et sa très bonne qualitĂ© d’accueil, je me sens plus attirĂ© par des arts martiaux « japonais Â». MĂŞme si j’ai un peu appris que certains arts martiaux « japonais Â», tels que le karatĂ©, doivent beaucoup Ă  des arts martiaux chinois. Mais, aussi, simplement, que les arts martiaux, d’oĂą qu’ils  « sortent Â», peuvent se complĂ©ter ou complètent l’éducation et la formation de ces mĂŞmes Maitres d’Arts martiaux que j’ai pu citer ou que je peux regarder.

 

Je sais par exemple que Sensei Jean-Pierre Vignau, Sensei LĂ©o Tamaki, Sensei RĂ©gis Soavi et sans doute Sifu Roger Itier ont tâtĂ©, pratiquĂ©, de plusieurs arts martiaux et sports de combats, souvent en parallèle, pendant environ une dizaine d’annĂ©es Ă  chaque fois avant de « s’arrĂŞter Â» Ă  un moment donnĂ© sur un Art martial plus spĂ©cifiquement. Je ne connais pas suffisamment le parcours martial de Sensei Manon Soavi pour en parler. 

 

Le spectateur ou l’admirateur lambda, devant des Maitres d’arts martiaux ou devant des pratiquants Ă©mĂ©rites de sports de combats, va peut-ĂŞtre principalement retenir l’éclat physique ou sportif de la performance rĂ©alisĂ©e. Sauf que cette « performance Â» physique ou cette espèce d’alchimie martiale devient possible techniquement,tactiquement et d’un point de vue fonctionnel du fait  d’une pratique rĂ©gulière et multipliĂ©e.

 

Grâce Ă  cette pratique rĂ©gulière multipliĂ©e, voire dĂ©multipliĂ©e, le cerveau de l’auteur ou de l’autrice de la « performance Â» a Ă©voluĂ© au point de pouvoir se permettre des connexions et des crĂ©ations de solutions psychomotrices quasi-instantanĂ©es. Lesquelles solutions quasi-instantanĂ©es sont adaptĂ©es Ă  des situations de danger et d’impasse que le spectateur ou l’admirateur lambda, placĂ© devant dans les mĂŞmes situations, aurait peut-ĂŞtre autant de possibilitĂ©s de rĂ©ussir que nous n’en n’avons de gagner au loto lorsque nous y jouons pour la première fois.

 

Ces connexions et crĂ©ations cĂ©rĂ©brales quasi-instantanĂ©es « harmonisĂ©es Â» avec les aptitudes physiques et Ă©motionnelles de leur autrice ou auteur ne sont pas des analyses d’ordre Ă©conomique ou philosophique qui dĂ©coulent de statistiques ou de modĂ©lisations préétablies. Mais bien des adaptations humaines en temps rĂ©el. Une situation se prĂ©sente avec son lot de stimuli et d’informations diverses et pressantes, le pratiquant Â« Ă©largi Â» par ses expĂ©riences- et son Ă©volution qui en a rĂ©sultĂ©- rĂ©agit et s’adapte assez vite. La pratiquante ou le pratiquant « Ă©largi Â» et qui s’est bonifiĂ© ne tergiverse pas pour prendre telle dĂ©cision. Pour rĂ©aliser et s’engager dans telle action- adĂ©quate- Ă  tel moment. Elle ou il ne se dit pas : «  Oh, non, si je fais ça, je vais rater mon mĂ©tro qui arrive Ă   telle heure Â» ; « Oh, non, je vais salir mon beau pantalon blanc tout neuf que j’ai pris beaucoup de temps  Ă  repasser Â».

 

Cette façon de s’adapter Ă  des situations de plus en plus dĂ©licates, Ă  mesure que l’expĂ©rience du pratiquant augmente, se transpose dans notre vie de tous les jours. Et dans tous les mĂ©tiers oĂą dans tous ces moments oĂą nous avons certaines responsabilitĂ©s. Une motarde rĂ©gulière- et prudente– depuis une dizaine d’annĂ©es aura certainement plus d’aptitudes Ă  garder son sang froid et Ă  prendre les bonnes dĂ©cisions si un automobiliste dĂ©boite subitement devant elle comparativement Ă  un jeune motard chien fou persuadĂ© d’être un champion du monde de moto. D’un cĂ´tĂ©, vous aurez une personne compĂ©tente qui saura dĂ©jĂ  respecter les bonnes distances et se rappeler qu’elle est mortelle. D’un autre cĂ´tĂ©, vous aurez un meurtrier ou un suicidaire qui s’ignore.

 

Avec cette illustration, il serait facile de résumer en se disant que ce jeune motard est l’esclave de son ego. S’il n’y avait que l’ego qui soit notre Maitre….

Car si nous avons des Maitres assez permanents tels que notre ego, nous avons aussi, je trouve, d’autres Maitres, seulement transitoires, mais néanmoins persistants dans notre existence.

Point de vue depuis la butte d’Orgemont, Ă  Argenteuil, septembre 2021.

 

En emmenant ma fille à l’école, ce matin

 

Nous sommes un lundi. Comme beaucoup d’adultes, ce lundi matin, j’ai emmenĂ© ma fille Ă  son Ă©cole. La pandĂ©mie du Covid semble derrière nous. MĂŞme s’il reste encore bien des gestes (port du masque Ă  certains endroits, rappels de l’obligation du pass sanitaire ou de la nĂ©cessitĂ© de la vaccination contre le Covid sur des Ă©crans de la ville ou dans des spots d’informations dans les trains ou dans les gares…) l’ambiance gĂ©nĂ©rale, depuis fin aout, dĂ©but septembre, consiste sans ambiguĂŻtĂ© Ă  « tourner la page Â». Aujourd’hui, dans les journaux, il faut chercher – quand il y en a- des articles relatifs au Covid et aux vaccins ou traitements anti Covid. En France, dans les mĂ©dia, on ne parle pas trop non plus de la catastrophe sanitaire aux Antilles ou dans les Dom du fait du Covid parce-que la majoritĂ© des gens n’y sont pas vaccinĂ©s contre le Covid. En abordant Ă  nouveau le sujet de la pandĂ©mie, alors que la majoritĂ© des gens l’a aujourd’hui dĂ©laissĂ©, je « montre Â» que la pandĂ©mie du Covid est en partie restĂ©e Maitre de certains endroits de ma mĂ©moire. MĂŞme si, hier, chez moi, je n’ai rien fait de dĂ©libĂ©rĂ© pour, parmi plusieurs piles de journaux, retomber sur un ancien exemplaire du journal gratuit 20 Minutes datĂ© du 9 juin 2021.

La première page du journal gratuit  » 20 minutes » du 9 juin 2021.

 

Dans cet exemplaire du journal gratuit 20 minutes, en première page, on faisait allusion de façon dĂ©contractĂ©e Ă  la fin  fin du confinement. Plusieurs pages plus loin, le sujet portait sur la rĂ©ouverture des terrasses et des restaurants dans l’article Une forme de libĂ©ration pour les relations.  Et un ou deux autres articles traitaient aussi du Covid et de ses Ă  cĂ´tĂ©s : les relations amoureuses (l’article Un vaccin pour avoir sa dose « d’amour et de sexe Â» ), une infirmière «  soupçonnĂ©e de fournir des certificats de vaccination…sans avoir vaccinĂ© Â».

 

 

Un autre article, « Le tĂ©lĂ©travail entraĂ®ne un vrai changement de culture Â» abordait, lui, la stratĂ©gie suivie par certaines entreprises pour remĂ©dier au confinement de ses employĂ©s. La veille, le 8 juin, «  au cours d’un dĂ©placement Ă  Tain-l’Hermitage Â»  (dans la DrĂ´me), le PrĂ©sident Emmanuel Macron s’était fait «  gifler par un homme prĂ©sent dans la foule Â». L’article La Classe politique encaisse les claques en parle.

 

C’était seulement il y a quatre mois. Cela m’a paru très très loin.

 

La perception du temps et des Ă©vĂ©nements  par notre cerveau nous permet aussi d’évacuer plus facilement certaines expĂ©riences, ultra sensibles il y a quelques mois, anecdotiques quelques mois plus tard. C’est souvent pareil avec les histoires d’amour ou chargĂ©es d’affectivitĂ© et d’émotions particulières. Sauf lorsque l’issue a Ă©tĂ© trop douloureuse.

 

Le cerveau des personnes victimes d’un stress post-traumatique, telles que celles victimes des attentats du 13 novembre 2015 dont le jugement se poursuit Ă  Paris, lui, continue de vivre et de revivre l’évĂ©nement traumatique comme s’il Ă©tait toujours prĂ©sent et, aussi, comme s’il pouvait Ă  nouveau se reproduire.  Pour certaines de ces victimes, leur cerveau a comme perdu de sa plus grande capacitĂ© Ă  recevoir de nouvelles informations, plus apaisantes, de la vie et du monde. Le 9 juin 2021, pour beaucoup de personnes et moi, cela paraĂ®t dĂ©jĂ  très loin. Le 13 novembre 2015, pour les personnes qui ont vĂ©cu ces attentats ou qui en ont Ă©tĂ© traumatisĂ©es, c’est encore tout « frais Â» ou encore « trop chaud Â».

 

 

Comme il n’y a pas eu d’incident ou de surprise extraordinaire pour moi alors que j’ai emmené ma fille à son école, mon cerveau a déjà oublié une bonne partie de ce qui a pu se passer durant le trajet pour retenir certains aspects du réveil de ma fille, de ses préparatifs et de ce qui s’est passé ou dit jusqu’à l’école. Ma fille, bien-sûr, aura sûrement une mémoire différente de ce qui s’est passé. Et, elle m’en parlera peut-être un jour ou peut-être cette après-midi lorsque je retournerai la chercher.

 

Il est nĂ©anmoins un « Ă©vĂ©nement Â» qui m’a marquĂ© alors que je revenais de l’école.

Photo prise à Cergy-St-Christophe, début octobre 2021.

 

L’évĂ©nement qui m’a marquĂ© :

 

En revenant de l’école, j’ai cru faire une bonne affaire en dĂ©plaçant ma voiture afin de la rapprocher de chez nous, dans la rue. J’ai donc pris ma voiture, me suis retrouvĂ© derrière une file d’autres vĂ©hicules qui attendaient au feu rouge. Puisque c’était l’heure de pointe oĂą beaucoup de personnes partaient au travail. Alors que je reprendrai le travail demain, de nuit.  

Dans la rue, plus proche, où je croyais avoir vu deux bonnes places, en fait, il n’y avait pas de quoi se garer. Il y avait bien un espace vide les deux fois entre deux voitures. Lorsque j’avais aperçu ces deux espaces à une vingtaine de mètres au minimum en emmenant ma fille à l’école, j’avais cru qu’il y avait de quoi se garer. Ordinairement, je ne me trompe pas. Ce matin, je me suis trompé. J’ai donc dû repartir et me garer ailleurs. Presque aussi loin que là où j’avais garé ma voiture initialement. Puisqu’entre-temps, une automobiliste ou un automobiliste avait rangé sa voiture là où était encore la mienne avant que je ne décide de la déplacer. Ce genre de déconvenue arrive. Il y a pire. Même si j’aurais pu me contenter de laisser ma voiture là où elle était au départ, bien garée. Mais un peu loin de chez moi.

 

Avant de rentrer, je me suis décidé pour aller m’acheter des lames de rasoir. Je me suis rasé hier soir. Et, j’avais envie de prévoir. Lorsque j’éprouverai à nouveau le besoin de me raser, c’est agréable de savoir que l’on a ce qu’il faut sous la main. C’est ici que ça commence.

 

Des lames de rasoir, j’en achète depuis des années. Il n’y a pas de risque mortel à aller acheter des lames de rasoir. Il n’est pas encore nécessaire de pratiquer un art martial ou un sport de combat, ou de courir très vite, pour aller acheter des lames de rasoir au péril de sa vie.

Mais, ce matin, j’ai eu soudainement besoin de me demander :

 

« Et, si, un jour, il n’y a plus de lames de rasoir, je ferais comment ? Â». AussitĂ´t, je me suis dit. HĂ© bien, je ferais sans doute sans. Je porterais davantage la barbe. Mais comme il y a les lames de rasoir que je recherche près de chez moi en attendant, j’y vais. C’est lĂ  oĂą j’ai retrouvĂ© un de mes très nombreux Maitres. Un supermarchĂ©.

 

Pendant que j’y Ă©tais pour m’acheter des lames de rasoir, j’en ai « profitĂ© Â», aussi, pour m’acheter un peu de chocolat.

 

J’en ai profitĂ© ? Qui en a vĂ©ritablement le plus profitĂ© ?

 

Le supermarchĂ© est un Maitre qui, comme chaque Maitre, a ses particularitĂ©s. Lui, ses particularitĂ©s, c’est qu’il est  toujours au mĂŞme endroit. Ou très facilement reconnaissable, comme ses « jumeaux Â», lorsque je vais dans un autre endroit, une autre ville. A certaines heures ouvrables.

Ce supermarché, près de chez moi, je l’ai aperçu un jour, comme une de ces places de parking vides ou que j’ai crues vides, près de chez moi. Mon cerveau l’a localisé et mémorisé. Et, dès que j’ai besoin de quelque chose en particulier que je sais pouvoir trouver chez lui, j’y vais. Aux heures ouvrables que j’ai aussi mémorisées. Elles sont souvent faciles à retenir pour mon cerveau.

 

On peut bien mettre une petite musique d’ambiance choisie, modifier la disposition des rayons, changer en partie le personnel (j’ai appris ce matin qu’un des vigiles sympathiques qui me demandait assez rĂ©gulièrement «  Et, comment, elle va, la petite ? Â» est parti depuis au moins six mois, du jour au lendemain, et qu’il travaille maintenant Ă  Paris), j’y retournerai. Je suis un client que l’on pourrait appeler « fidĂ©lisĂ© Â» ou suffisamment fidĂ©lisĂ©. 

 

Je « viens Â» moins souvent qu’auparavant. Parce qu’entre temps, j’ai commencĂ© Ă  frĂ©quenter d’autres Maitres, un peu plus Ă©loignĂ©s, qui me donnent le sentiment d’être moins chers et de me faire  Ă©conomiser lorsque je rĂ©alise de « grandes courses Â». Mais, aussi, peut-ĂŞtre, parce-que ma fille ayant grandi, je m’autorise plus facilement, aujourd’hui, Ă  augmenter mes distances de dĂ©placement lorsque je pars faire des courses.

 

Néanmoins, dès que je veux effectuer de petites courses rapides près de chez moi, surtout aux heures assez creuses, je retourne chez ce Maitre. Ainsi que chez un ou deux autres, dont un petit marché, pas très loin de chez moi. Et ça tourne comme ça.

Paris 20ème, octobre 2021.

 

« Mon but, c’est de dĂ©courager ! »

 

 

J’ai bien sûr plus d’estime personnelle pour les Maitres d’Arts martiaux que j’ai cités récemment que pour les supermarchés. Néanmoins, ma vie, telle que je l’ai choisie et telle que je la pratique depuis des années, depuis mon enfance, me rend mes Maitres supermarchés ou marchés indispensables. On parlera de la société de consommation, et dans ce domaine, mes Maitres supermarchés et marchés, en connaissent des rayons, c’est vrai.

 

Et, malgrĂ© les travers que ces Maitres entretiennent en moi, je ne me rĂŞve pas encore vivant isolĂ© Ă  cinquante kilomètres de la première bourgade oĂą je pourrais acheter un peu de pain et un peu de beurre. Car nous  avons tellement d’autres Maitres par ailleurs que nous avons adoptĂ©s avec les annĂ©es dont certains ont dĂ©jĂ  pris le relais de plusieurs de nos Maitres « traditionnels Â» ou « classiques Â». La tĂ©lĂ©vision, nos tĂ©lĂ©phones portables, nos ordinateurs, internet, nos employeurs. Certaines de nos relations et de nos habitudes. Notre ego.

 

Sensei Jean-Pierre Vignau m’avait dit, lors d’une de nos premières rencontres :

 

« Mon but, c’est de dĂ©courager Â». Plusieurs mois plus tard, je continue de repenser Ă  cette phrase de temps Ă  autre. Pour moi, le but de Jean-Pierre est de dĂ©courager l’ego. Pourquoi viens-tu pratiquer ? Tes intentions sont elles sincères ? As-tu vraiment besoin de pratiquer avec moi ? Pourquoi ?! Si tes intentions sont profondes et que c’est le moment pour toi, tu tiendras. Autrement, tu partiras.

Jean-Pierre peut ĂŞtre dĂ©crit comme « un personnage Â» ou perçu comme un « malade mental Â» du fait de certaines de ses positions. Mais, jusqu’alors, Jean-Pierre m’a toujours bien accueilli. Je suis allĂ© le rencontrer les deux premières fois chez lui. C’était en plein confinement. J’ai lu sa biographie ainsi que le dernier livre sorti Ă  son propos.

 Si j’ai cru percevoir une première pointe d’animositĂ© ou de contrariĂ©tĂ© chez lui, mais qu’il a vite rĂ©frĂ©nĂ©e, c’était au tĂ©lĂ©phone il y a quelques semaines. Quand je venais de lui apprendre que je n’étais pas – alors- vaccinĂ© contre le Covid et que, de ce fait, je ne pouvais pas pour l’instant, prendre des cours avec lui. Le Jean-Pierre que je suis allĂ© saluer la semaine dernière- j’étais alors doublement vaccinĂ© contre le Covid- après avoir passĂ© du temps au Dojo Tenshin- Ecole Itsuo Tsuda Ă©tait Ă  nouveau un Jean-Pierre, disposĂ© et simple. S’absentant de son cours quelques instants pour venir me saluer. Visiblement touchĂ© par ma visite. Paraissant aminci. Ce qu’il m’a confirmĂ©, me rĂ©pondant simplement :

 

« J’ai perdu cinq kilos car je voulais maigrir Â».

 

Sensei Jean-Pierre Vignau a 75 ans peut-être un peu plus. Sensei Régis Soavi, 71. Souvent, je trouve, les Maitres d’Arts martiaux vivent vieux. Au delà de 80 ans. Néanmoins, le Temps est un de nos Maitres. Et, si nous avons tous des Maitres, il est des périodes dans notre vie où nous avons la possibilité de choisir de servir certains de nos Maitres plutôt que d’autres.

 

Servir

 

Choisir sa ou son Maitre, c’est, aussi savoir la servir ou le servir. Ce verbe, « Servir Â», est virulent dans une dĂ©mocratie. Servir/Maitre, lĂ , aussi, on a de quoi avoir peur. On peut penser Ă  la servilitĂ©, Ă  la servitude. Et, pourtant, nous servons tous quelqu’un ou quelque chose. Mais, lĂ , aussi, il importe de savoir qui, quand et pourquoi.

 

J’aurai pris beaucoup de temps, deux ou trois mois, pour lire la biographie de l’ancien officier légionnaire parachutiste Helie de Saint Marc, écrite par un de ses neveux, l’historien Laurent Beccaria.

 

 

Beccaria, mon aîné de cinq ans, est né en 1963. Helie de Saint Marc, décédé aujourd’hui, était encore vivant lorsque Laurent Beccaria, historien de formation, lui a consacré cette biographie en 1988. Beccaria avait alors 25 ans lorsqu’il a confronté Helie de Saint Marc à plusieurs épisodes de sa vie. De Saint Marc, né en 1922, avait 66 ans en 1988. Il est décédé en 2013.

 

 Beccaria, pour la rĂ©daction de cet ouvrage, avait aussi rencontrĂ© diverses personnes, dont des militaires de carrière, qui avaient connu HĂ©lie de Saint Marc. A l’époque, oĂą, Ă  peine majeur, celui-ci Ă©tait devenu rĂ©sistant sous l’occupation nazie. Pendant sa dĂ©portation au camp de concentration Ă  Buchenwald. Pendant la guerre d’Indochine. Pendant la guerre d’AlgĂ©rie oĂą HĂ©lie de Saint Marc avait fait partie des officiers militaires qui, sur sollicitation du GĂ©nĂ©ral Challe,  avaient organisĂ© le putsch contre le GĂ©nĂ©ral de Gaulle en AlgĂ©rie en avril 1961 afin que celle-ci reste française.

Les intentions de Helie de Saint Marc (lesquelles intentions n’étaient pas partagĂ©es par d’autres « putschistes Â» qui, eux, voulaient surtout garder l’AlgĂ©rie au bĂ©nĂ©fice exclusif de la France et des Français) Ă©taient de sauver les harkis de l’exĂ©cution qui les attendait en cas d’indĂ©pendance de l’AlgĂ©rie. De donner plus de droits aux AlgĂ©riens Ă  Ă©galitĂ© avec les Français. Ainsi que d’assurer la victoire militaire de l’armĂ©e française. Helie de Saint Marc fut ensuite jugĂ© pour avoir participĂ© Ă  ce putsch, condamnĂ©, puis rĂ©habilitĂ© dans ses droits dix Ă  quinze ans après sa condamnation.

 

La vie et la carrière militaire d’un Helie de Saint Marc, qui a aussi écrit des livres plutôt reconnus pour leur valeur de témoignage comme pour leur valeur littéraire, sont faites d’un engagement et d’une loyauté qui dépassent largement ceux de l’individu lambda, qui, comme moi, tout à l’heure, est allé tranquillement s’acheter ses lames de rasoir dans un pays en paix.

 

Helie de Saint Marc avait choisi cette vie de militaire puis de lĂ©gionnaire parachutiste. Avant cela, il avait Ă©tĂ© dĂ©portĂ©, avait failli mourir deux ou trois fois pendant sa dĂ©portation Ă  Buchenwald. Sans ce vĂ©cu de dĂ©portĂ©, donnĂ© Ă  la faim, Ă  la maladie et Ă  l’impuissance,  peut-ĂŞtre n’aurait-il pas eu, ensuite, cette volontĂ© de s’engager comme il l’a fait dans l’armĂ©e. Ou en tant que militaire et lĂ©gionnaire, il a ensuite tuĂ©. Ainsi que commandĂ© dont des lĂ©gionnaires de nationalitĂ© allemande, qui, quelques annĂ©es plus tĂ´t, au camp de Buchenwald, auraient pu faire partie de ses tortionnaires.

En tant que militaire, il s’est aussi lié avec des populations indigènes. Il a également été blessé. Il a vu mourir. Puis, sur ordre, en Indochine, Il a dû abandonner des personnes qui s’étaient engagées pour la France tout en sachant, comme d’autres, que toutes ces personnes qui s’étaient dévouées à la France, allaient être exécutées par les vainqueurs du conflit.

 

En AlgĂ©rie, De Saint Marc a Ă  nouveau commandĂ©, sans doute tuĂ© et fait tuer. Vu Ă  nouveau mourir. De Saint Marc Ă©tait opposĂ© Ă  la torture. Et, s’il a connu ou croisĂ© le lieutenant Le Pen, le père « de », leurs opinions politiques et humanitaires Ă©taient diffĂ©rentes. Dans la biographie de Laurent Beccaria, tĂ©moignages Ă  l’appui de militaires mais aussi de journalistes, De Saint Marc est dĂ©crit comme un « idĂ©aliste » mais aussi comme le contraire d’un fanatique. 

 

Toutes les personnes qui, aujourd’hui, demain ou hier, en France ou ailleurs, militaires ou non, ressemblent Ă  Helie de Saint Marc et qui sont prĂŞtes Ă  mourir pour servir un pays ou des valeurs sont Ă  mon avis plus libres que l’individu que je suis qui a peur de se faire mal mais aussi de la mort.  

 

Pourtant, à mon niveau, comme chaque individu lambda, je sers aussi quelqu’un ou quelque chose. La loyauté et l’engagement, on les retrouve aussi chez toute personne impliquée et consciencieuse dès lors qu’elle va chercher à assumer une responsabilité qui lui est confiée. Un Maitre d’Art martial, un militaire, un pompier, un policier, un gendarme évoluent dans ces activités humaines où des femmes et des hommes engagent ou peuvent engager directement leur corps et leur vie en poussant la loyauté et l’engagement plus loin que l’individu lambda. Le terroriste et le fanatique, aussi.

 

 

D’oĂą l’importance de savoir choisir ses Maitres lorsque l’on commence Ă  servir. Mais pour pouvoir choisir ses Maitres, il faut dĂ©jĂ  comprendre que nous avons besoin de Maitres. Or, comme l’a dit Sensei Jean-Pierre Vignau, «  avant de m’appeler Maitre, il faut dĂ©jĂ  en avoir connu plusieurs Â».

 

Connaître un Maitre, le fréquenter, et apprendre à se connaître, puisque c’est souvent pour cela que l’on va vers un Maitre, cela prend du temps. Cela ne se fait pas en quelques clics, quelques flirts et quelques sms. Donc, connaître plusieurs Maitres, plusieurs vies….

 

Servir, ensuite. Un militaire, un pompier, un policier ou un gendarme n’ont pas beaucoup de latitude pour ce qui est de décider de choisir qui elles ou ils vont servir. Que ce soit leurs supérieurs directs ou politiques. Elles et ils ont le choix entre obéir. Mourir. Vivre. Réussir. Echouer ou démissionner. L’employée ou l’employé lambda qui part tranquillement faire ses courses au supermarché….

 

 

Franck Unimon, lundi 18 octobre 2021.

 

 

 

 

 

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Trois Maitres + Un

 

Paris, station Opéra, octobre 2021.

                                               Trois Maitres + Un

 

Le Contexte :

Trouver l’album de musique qui va nous faire bien dĂ©buter la journĂ©e correspond peut-ĂŞtre Ă  la profession de certaines personnes. De ce choix  peut dĂ©couler une ribambelle d’incidences et d’influences.

Ce matin, mon choix se porte finalement sur l’album Live at Hammersmith en 1979 de Ted Nugent. Un cd empruntĂ© hier. Je n’ai jamais Ă©coutĂ© d’album de Ted Nugent mais j’ai entendu son nom il y a des annĂ©es. Peut-ĂŞtre dans les annĂ©es 80. Ted Nugent, ce matin, a supplantĂ© l’album Celebration des Simple Minds. Dont j’ai trouvĂ© le premier titre trop « dansant Â». Une danse froide. Mais aussi l’album Addiction de Robert Palmer ainsi que le Cd The Best of Bond…James Bond sur lequel ne figure pas le titre interprĂ©tĂ© par la chanteuse Adele que j’aurais aimĂ© rĂ©entendre.

Si Ted Nugent avait « Ă©chouĂ© Â» au casting, j’aurais alors essayĂ© l’album Live de The Clash From Here to Eternity. Mais Ted Nugent l’a emportĂ©. En Ă©coutant plusieurs de ses titres alors que j’effectuais des Ă©tirements, je me suis avisĂ© que lui, comme bien des artistes qui ont « rĂ©ussi Â», sont souvent des personnes qui, malgrĂ© bien des difficultĂ©s souvent adverses, sont parvenues Ă  leur substituer le succès. Economique, artistique, social. Un artiste qui « rĂ©ussit Â» est souvent une personne qui su conserver une certaine libertĂ© ( mĂŞme si celle-ci tient Ă  coups de substances, de dĂ©sagrĂ©ments, de compromissions, d’opĂ©rations de communication ou de publicitĂ©s, de trahisons) qui, le plus souvent, manque Ă  celles et ceux qui l’écoutent, le  dĂ©sirent,  le « dĂ©vorent Â» ou le regardent, et qui, près ou loin de la scène « communient Â» avec lui le temps d’un concert ou d’une reprĂ©sentation publique de quelques minutes ou de quelques heures.  

 

Comme tant d’autres, je ne suis pas Ted Nugent. Et, demain, je vais reprendre « le travail Â» : celui que l’on dĂ©signe le plus souvent en premier du fait de ses caractĂ©ristiques obligatoires. Tant d’un point de vue financier que moral. Si mon travail a peut-ĂŞtre plus de points communs que je ne le crois avec celui d’un artiste comme Ted Nugent, mon travail bĂ©nĂ©ficie de beaucoup moins d’aura. C’est celui d’un employĂ© comme il en existe des millions.

 

Au cours de la durĂ©e d’une certaine activitĂ© professionnelle et personnelle, comme des millions d’autres individus, j’accepte d’être l’employĂ© de quelqu’un, de plusieurs interlocuteurs ou d’une institution, et de partager avec eux un certain nombre de valeurs et d’objectifs Ă  atteindre. Je m’appliquerai Ă  faire de mon mieux en vue d’être, quelles que soient les circonstances rencontrĂ©es lors de l’exercice de mes fonctions, conforme Ă  ces valeurs mais aussi attachĂ© Ă  la rĂ©alisation des objectifs dĂ©finis, prĂ©dĂ©finis lors de mon embauche. Ou redĂ©finis après mon embauche. 

 

J’offre ou donne une partie de ma disponibilitĂ©, de ma bonne volontĂ© comme de mes capacitĂ©s et compĂ©tences en vue de percevoir un salaire ou une rĂ©munĂ©ration. Laquelle rĂ©munĂ©ration me permet et me permettra, ensuite, de continuer de satisfaire ou de faire face Ă  d’autres obligations. Mais, aussi, de m’accorder quelques plaisirs ou de prĂ©parer certains projets ( comme, peut-ĂŞtre, prendre une place dans une machine Ă  remonter le temps afin d’aller assister en direct Ă  ce concert de Ted Nugent). De manière immĂ©diate ou diffĂ©rĂ©e. En pouvant m’acquitter rapidement de la somme financière attendue. Ou en demandant et en obtenant un crĂ©dit que je m’engagerai, après signature d’un contrat, Ă  rembourser rĂ©gulièrement pendant un  certain laps de temps.

 

Il est d’autres sortes de travail que nous effectuons rĂ©gulièrement en parallèle ou, aussi, un peu en mĂŞme temps. Au « travail Â», nous continuons de penser Ă  notre vie personnelle. Sauf si nous sommes trop absorbĂ©s par notre tâche ou notre « travail Â» par choix ou par contrainte.

 

Afin de vivre au mieux ce travail, il est préférable que celui-ci corresponde au mieux à nos croyances comme à la plus grande partie de nos valeurs. C’est encore plutôt le cas pour moi là où je travaille actuellement. Même si rien n’est parfait dans le monde du travail comme ailleurs.

Paris, octobre 2021.

 

 

Cependant, avant de reprendre « ce Â» travail demain, dois-je ranger tous les journaux que j’ai accumulĂ©s depuis plusieurs semaines et qui font plusieurs piles près de mon lit ? Alors que je les ai parcourus comme une souris grignoterait tous les rebords ( et un peu le cĹ“ur ) du pain sans s’attaquer aux tranches elles-mĂŞmes.

Dois-je retranscrire au propre – et trier- les nombreuses notes que j’ai prises la semaine dernière lors de deux jours de formation professionnelle pour lesquelles j’ai choisi de revenir sur mes jours de vacances ? Deux jours de congĂ©s que je rĂ©cupèrerai plus tard.

Dois-je d’ores et déjà commencer à préparer mon sac pour partir au travail demain vu que j’effectue une partie de mon trajet avec mon vélo ?

Pourrais-je, ce soir, me rendre Ă  Paris, du cĂ´tĂ© de Mouffetard, Ă  la dernière reprĂ©sentation d’une très grande artiste lors d’un spectacle de marionnettes ?

Pourrai-je rapidement, et correctement, Ă©crire au moins deux autres articles après celui-ci :

Embrigadement  et Les principales vertus du combattant dont les idĂ©es me sont aussi advenues ce matin ? Sachant que je n’ai toujours pas rĂ©digĂ© d’article sur le cinĂ© dĂ©bat avec Jean-Gabriel PĂ©riot ; que je n’ai pas Ă©crit d’article sur le dernier James Bond, Mourir peut attendre que je suis allĂ© voir lundi matin ?

 

Dans les informations récentes que j’ai lues dans des journaux ( Le Monde, Le Figaro, Les Echos, Le Canard Enchainé, Charlie Hebdo, Le Parisien…) j’ai retenu qu’il y a aujourd’hui plus de 800 postes d’infirmières et d’infirmiers vacants dans les hôpitaux publics de la région parisienne. Le manque infirmier se fait beaucoup sentir sur les postes de nuit. Le Plan Ségur décidé par le gouvernement qui a accordé 183 euros de plus par mois à un certain nombre d’infirmières et d’infirmiers et la prochaine augmentation salariale qui devrait être effective à partir de la fin de ce mois dans les établissements de soins (et concerner aussi le personnel aide-soignant) n’a pas suffi à atténuer la dégradation des conditions de travail lancée il y a plus de vingt ans après des décisions gouvernementales et managériales successives et répétées.

 

Trois vaccins contre le Covid, d’après des Ă©tudes rĂ©alisĂ©es sur plus de vingt millions de personnes, ont dĂ©montrĂ© leur efficacitĂ© rĂ©elle contre le Covid ainsi que contre ses formes graves : les vaccins Ă  ARN messager Pfizer et Moderna. Mais aussi le vaccin Astrazeneca , pourtant techniquement moins avancĂ© et aussi moins bien rĂ©putĂ© en raison de quelques effets secondaires graves reconnus ( thromboses…..). Cette information concernant l’efficacitĂ© avĂ©rĂ©e des vaccins anti-covid m’a nĂ©anmoins rassurĂ©. Reste cette histoire de passe sanitaire dĂ©sormais installĂ©e telle une ancre ou une enclume de plus en plus lourde, au fur et Ă  mesure des jours, et qu’il va ĂŞtre de plus en plus difficile de soulever et de faire sortir de nos vies.

 

Au moins trois témoignages m’ont marqué parmi les parties civiles qui ont témoigné lors du procès des des attentats du 13 novembre 2015 qui continue de se dérouler.

Une femme qui, d’abord, s’est sentie illĂ©gitime en tant que victime, car non blessĂ©e physiquement, puis qui finit par dire qu’après l’attentat, elle n’a plus Ă©tĂ© en mesure de vivre comme auparavant et qui conclu, Ă  propos des meurtriers des attentats :

« Ils m’ont tout pris Â».

Le deuxième tĂ©moignage est celui d’une autre victime, un homme, au concert au bataclan avec son fils, qui a expliquĂ© qu’avant de tirer- et de tuer- les terroristes avaient parlĂ© du PrĂ©sident François Hollande, de la Syrie, pour justifier le fait de tirer ensuite sur les spectateurs du concert de ce jour-lĂ . Mais que leur discours, toujours selon cet homme qui tĂ©moigne, sonnait faux. Les terroristes donnant l’impression d’être des « mauvais acteurs Â» rĂ©citant un texte appris par cĹ“ur mais auquel ils ne croyaient pas eux-mĂŞmes comme s’ils Ă©taient « sous captagon Â».

Le troisième tĂ©moignage est celui d’un autre homme qui, s’adressant aux accusĂ©s, leur a dit que les terroristes s’étaient attaquĂ©s Ă  des personnes qui n’avaient rien Ă  voir avec les horreurs qui leur Ă©taient reprochĂ©es (la guerre en Syrie ou autre). Mais, aussi que les terroristes s’en Ă©taient pris Ă  des personnes qui n’étaient pas des militaires (entraĂ®nĂ©s et armĂ©s). Et, il a demandĂ© aux accusĂ©s s’il leur Ă©tait arrivĂ©, de rester couchĂ©s, pendant des heures, au milieu de cadavres dont les yeux les regardaient ?

 

Au milieu de tout ça, l’industrie nuclĂ©aire, malgrĂ© Fukushima, malgrĂ© Tchernobyl, malgrĂ© le livre La Supplication de Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littĂ©rature il y a moins de cinq ans pour l’ensemble de son Ĺ“uvre, a les faveurs du PrĂ©sident Macron afin de prĂ©parer  notre avenir en anticipant le tarissement  des gisements de pĂ©trole prĂ©vu d’ici un demi-siècle.

 

En ce moment, sur certaines plages de Bretagne, les algues vertes toxiques dues Ă  l’usage et au rejet intensif de certains engrais chimiques destinĂ©s Ă  l’élevage, continuent d’abonder.  En pleine mer, suffisamment loin de tout ça, plusieurs de mes moniteurs de mon club d’apnĂ©e, avec quelques membres du club dont j’aurais pu faire partie comme lors des deux stages prĂ©cĂ©dents, sont partis faire de la chasse sous-marine. Ils ont dĂ» se mettre Ă  l’eau vers 8h30 ou 9h avec leurs combinaisons de 5 Ă  7 mm de nĂ©oprène. Et, maintenant, ils ont dĂ» rentrer et commencĂ© Ă  prĂ©parer leur repas fait d’une partie de leur pĂŞche.

 

 

Voici pour le contexte.

 

 

 

Trois Maitres + Un

 

J’ai officiellement rencontrĂ© trois Maitres d’Arts Martiaux depuis la fin de l’annĂ©e dernière :

 

Sensei Jean-Pierre Vignau. Sensei LĂ©o Tamaki. Sensei RĂ©gis Soavi. Trois hommes. Trois vies diffĂ©rentes.  L’un, particulièrement chĂ©tif Ă  sa naissance mais aussi lors des premières annĂ©es de son enfance a Ă©tĂ© placĂ© Ă  l’assistance publique. Puis, a Ă©tĂ© adoptĂ© par un frère et une sĹ“ur agriculteurs. Le second, mi-Japonais, mi-europĂ©en a aussi un frère qui enseigne l’AĂŻkido dans le Val d’Oise et qui participe Ă  ses divers projets avec martiaux ainsi que d’autres enseignants de son Ă©cole : Aikido Kinshikai dont une antenne se trouve Ă  quelques minutes Ă  pied de mon domicile.

J’ai toujours le projet d’interviewer Sensei LĂ©o Tamaki L’Apparition). 

 

Je connais « moins Â», pour l’instant, la biographie de Sensei RĂ©gis Soavi. Toutefois, des trois Maitres rencontrĂ©s, il est celui que j’ai rencontrĂ© avec une de ses filles. Laquelle,  Manon Soavi, est cet autre Maitre que je suggère dans le titre de cet article. Sensei Soavi, m’a aussi particulièrement interpellĂ© en tant que père.

Parce-que je suis père d’une fille bien plus jeune que Manon, aujourd’hui mère et en couple. Mais aussi parce-que Sensei Soavi m’a appris que Manon n’avait pas Ă©tĂ© scolarisĂ©e.

Mais… comment a-t’elle fait pour apprendre Ă  lire ? ai-je alors demandĂ©. Sensei Soavi d’interpeller alors sa fille Manon:

 » Manon, tu sais lire ? ». Celle-ci, situĂ©e alors Ă  plusieurs mètres de nous, en pleine discussion, a rĂ©pondu :  » Quoi ?! ». 

Sensei Soavi de m’apprendre ensuite en souriant que Manon savait non seulement lire et Ă©crire, parler Italien mais, qu’en plus, elle Ă©crivait « mĂŞme des livres ». Soit exactement l’inverse du modèle d’Ă©ducation et d’apprentissage que j’ai toujours connu. J’ai souvent eu besoin de prendre des cours avec un prof certifiĂ© pour dĂ©buter un nouvel apprentissage. Une amie m’en avait fait un jour la remarque. Il n’y a que pour Ă©crire et la photographie ( mais je serais bien incapable de tirer mes propres photos avec un appareil photo non numĂ©rique) que je n’ai pas pris de cours. Et, Ă  ce jour, je ne vis toujours pas Ă©conomiquement, grâce Ă  ces deux activitĂ©s.  

Selon Sensei Soavi, « quand on aime son enfant », on y arrive. C’Ă©tait aussi simple et aussi Ă©vident que cela Ă  l’entendre. J’aurais bien aimĂ© avoir sa confiance. Une confiance d’autant plus Ă©tablie que, concrètement, je voyais et vivais le rĂ©sultat en temps rĂ©el. Ce dojo oĂą je me trouvais. Et une de ses filles qui m’avait guidĂ© durant ma sĂ©ance de dĂ©couverte. Alors que moi, je ne suis qu’au dĂ©but de tout ça. Et, encore, si je m’y prends « bien ». Car, en tant que père, on peut beaucoup rater en se montrant trop volontaire.  

MĂŞme si je suis très loin de ce qu’a pu rĂ©aliser Sensei Soavi en tant que père,  je crois que la capacitĂ© de se conformer au système scolaire et social est un atout dont certaines et certains sont dĂ©pourvus. Plus pour des raisons de « comportement » ou d’histoire personnelle et Ă©motionnelle que pour des raisons d’aptitude cognitive. Et, bien mĂŞme si je suis  plus conformiste en tan que père que Sensei Soavi , je ne crois pas que toute la vie s’apprenne Ă  l’Ă©cole, dans les Ă©coles, dans les livres ou dans les Ă©tudes.

Mais j’ai assez peu de mĂ©rite pour « savoir » cela. D’une part, j’ai grandi en prenant quelques mandales et semonces au moins paternelles qui rĂ©futent totalement le thĂ©orème selon lequel il suffirait d’ĂŞtre poli, sĂ©rieux et gentil pour que nos quelques erreurs et bĂŞtises supposĂ©es ou rĂ©elles nous soient magiquement pardonnĂ©es. D’autre part, ĂŞtre poli, sĂ©rieux et seulement gentil nous expose dans la vie Ă  bien des retournements de situation dĂ©favorables. Enfin, mes Ă©tudes puis mon mĂ©tier d’infirmier m’a un petit peu instruit quant au fait que le bonheur est une activitĂ© très concrète. Et qu’il ne se dĂ©cide pas Ă  nous choisir juste parce-que l’on aurait fait de très bonnes Ă©tudes ou que l’on disposerait du bon algorithme. Mais aussi, que l’on peut avoir des très bonnes notes lors de ses Ă©tudes d’infirmier, de mĂ©decine ou autres, et, en pratique, se rĂ©vĂ©ler ĂŞtre une personne irascible, tyrannique, dispensable ou incompĂ©tente malgrĂ© le poste Ă  haute responsabilitĂ© ou toute l’anciennetĂ© qui peut ĂŞtre le nĂ´tre ou la nĂ´tre. 

Paris, Octobre 2021.

Pour ces raisons, ce que m’a laissĂ© entrevoir Sensei Soavi de l’Ă©volution de Manon depuis son enfance, ne pouvait que m’interpeller. En tant qu’individu mais aussi en tant que père. Car si je veux bien-sĂ»r le meilleur pour ma fille, je me comporte aussi avec elle comme un militaire. La vie n’est pas que jolies licornes, douceur et gentillesse immĂ©diates et sans arrières pensĂ©es oĂą le temps s’est arrĂŞtĂ© et nous laisse tout loisir d’inventer et de compter les jolies couleurs dans le ciel. MĂŞme s’il faut, Ă©videmment, aussi, savoir s’offrir de tels moments. Mais pas n’importe comment. Pas n’importe quand. Et pas avec n’importe qui. 

 

Dans mon article Dojo Tenshin-Ecole Itsuo Tsuda/ sĂ©ance dĂ©couverte , je me demande si  Manon Soavi est dĂ©jĂ  un Maitre.

 

 

Qu’il n’y ait aucune mĂ©prise :

 

Je ne connais pas le rituel, la cĂ©rĂ©monie, le protocole ou le processus par lequel un ĂŞtre humain devient un Maitre. Je suis totalement ignorant de ce « passage Â» vers le statut de Maitre et, bien-sĂ»r, des responsabilitĂ©s que cela peut incomber. Car il ne suffit pas d’avoir le titre de Maitre. Il faut ĂŞtre Maitre. Et, cela est vrai pour toute responsabilitĂ© que l’on « incarne Â» ou que l’on prend.

 

Lorsque je parle de celui par lequel j’ai dĂ©couvert et pratiquĂ© le judo, Pascal Fleury, je dis mon « prof  de judo Â». Cependant, je suis dĂ©jĂ  retournĂ© le saluer par affection dans son club ou ai pu participer Ă  une ou deux sĂ©ances de reprise et ai pu alors constater que, dĂ©sormais, plusieurs – ou la plupart- de ses Ă©lèves l’appellent Sensei. Y compris Des Ă©lèves dĂ©sormais plus avancĂ©s et plus gradĂ©s que moi en judo. Mais lorsque je l’ai connu, il y a plus de vingt ans, personne dans le club ne l’appelait Sensei. Tout en reconnaissant Ă©videmment son autoritĂ©, son Savoir et son expĂ©rience.

 

 

J’écris, qu’à mon avis, Manon Soavi est aussi un Maitre car elle est beaucoup plus avancée que moi dans différents domaines. Même si j’ai arrêté de pratiquer le judo pendant une vingtaine d’années, j’ai néanmoins continué à apprendre à vivre. Mon regard et ma façon de penser, sur moi-même et sur les autres, a un petit peu évolué.

Gare de Cergy st-Christophe, octobre 2021.

 

 

L’âge, le sexe, la condition sociale d’origine, la formation universitaire ou scolaire reconnue ou officielle,  ni mĂŞme l’habilitĂ© Ă  savoir s’exprimer par Ă©crit, par l’image ou par oral, n’est pas, pour moi, le critère le plus important pour dĂ©finir un Maitre. Ces aspects ont leur importance ou peuvent en avoir une au dĂ©part, bien-sĂ»r. Pour d’autres comme pour moi. Mais, ensuite, vient la pratique. Les faits. C’est ce que je vais « regarder Â» ou retenir pour me dire que telle personne est un Maitre ou en a, selon moi, les particularitĂ©s. Que j’en parle ou non. Pour moi, un de mes moniteurs d’apnĂ©e, Y…actuellement en Bretagne, est l’équivalent d’un Maitre dans cette discipline qu’est l’apnĂ©e. Je ne lui en parlerai pas. Car il me rĂ©pondrait qu’il n’en n’est pas question. Qu’il trouve ça exagĂ©rĂ©. Ou qu’il n’a pas cette prĂ©tention. Pourtant, lorsque j’en ai parlĂ© il y a quelques jours Ă  une copine du club, elle a aussitĂ´t abondĂ© dans mon sens.

 

 

On ne dit et l’on n’écrit pas toujours ce qui peut nous marquer. Parce-que l’on n’y pense pas. Ou que l’on se concentre sur d’autres sujets que l’on voit comme plus importants à dire.

 

Par exemple, dans mon article Dojo Tenshin- Ecole Itsuo Tsuda/ Séance découverte, je n’ai pas écrit ces moments où, venant me corriger aimablement, Sensei Régis Soavi, a pu me montrer comment, par un tout petit changement d’attitude corporelle ( a very very little change), une attaque apparaissait inoffensive. Et, une autre, alarmante, appelant aussitôt une façon différente, plus précise, de réagir.

 

Il en est de même avec Sensei Manon Soavi avec qui j’ai participé à la séance avant hier matin. Je n’ai pas tout écrit. Et, cet article et les deux autres que j’écrirai peut-être

( Embrigadement  et Les principales vertus du combattant ) doivent autant une partie de mon inspiration Ă  ma « rencontre Â» avec Sensei Jean-Pierre Vignau, Sensei LĂ©o Tamaki, Sensei RĂ©gis Soavi. Qu’à Sensei Manon Soavi.

 

Lors d’une de mes rencontres avec lui, Jean-Pierre Vignau m’avait répondu :

 

« Appelle-moi, Jean-Pierre. Parce-que, pour m’appeler Sensei, il faut dĂ©jĂ  que tu aies connu plusieurs Maitres Â».

 

 

Paris, octobre 2021.

Lorsque j’étais allĂ© assister  Ă  un de ses stages, LĂ©o Tamaki m’avait dit que je pouvais l’appeler LĂ©o. (Dojo 5 ). 

 

Régis et Manon Soavi ne m’ont pas demandé de les appeler Sensei. Parmi tout ce qu’il m’a dit, Régis Soavi m’a aussi expliqué qu’il n’exigeait pas de ses élèves qu’ils portent d’emblée le Hakama. Que cela relevait de leur propre décision. Mais que, par contre, du jour où ils décidaient de le porter, qu’ils s’engageaient d’une façon particulière et qu’il ne pouvait y avoir de retour en arrière.

Concernant la ceinture, Sensei Régis Soavi m’a dit qu’il y avait pour lui deux ceintures. Une blanche. Une noire. Et, qu’à un moment donné, sans que cela soit tenu par une évaluation d’ordre didactique, il attribuait la ceinture noire. Ou pas sans doute…..

Lorsque RĂ©gis Soavi m’a expliquĂ© ça, sĂ»rement lors du petit-dĂ©jeuner d’après la sĂ©ance, oĂą, comme nous tous, il avait alors quittĂ© sa tenue martiale, redevenant ainsi un simple civil, je n’ai pas eu besoin de sous-titres pour comprendre que c’était toujours  le Maitre d’AĂŻkido qui continuait de me parler au travers de la simple enveloppe civile et dĂ©contractĂ©e de RĂ©gis.

 

 

Sensei Manon Soavi , elle, est la seule avec laquelle, à ce jour, dans mon expérience très limitée, j’ai un peu pratiqué directement l’Aïkido. Le temps d’une séance. Ce n’est ni une débutante ni une inconnue de l’Aïkido.

 

 

Alors, je suis lĂ  Ă  donner du Maitre. Et on peut se demander si je suis en pleine extase tel le pèlerin ou l’alpiniste se trouvant au pied d’une montagne sacrĂ©e dont il a pu rĂŞver depuis des annĂ©es. En outre, avec le rĂ©chauffement du permafrost, il y a plutĂ´t intĂ©rĂŞt Ă  ne pas trop traĂ®ner pour dĂ©buter l’apprentissage de l’escalade. Après tant d’annĂ©es passĂ©es Ă  errer. Et, c’est lĂ  oĂą je reprends la phrase de Sensei Jean-Pierre Vignau. Si je jouais sur ses termes, je pourrais me dire :

 

« Ă§a y’est ! J’ai rencontrĂ© trois ou quatre Maitres, donc, maintenant, je peux dire Maitre ! Â».

 

En fait, se hâter Ă  dire Maitre revient un peu Ă  se dĂ©pĂŞcher de se châtrer et de se châtier soi-mĂŞme. A prendre le mot « Maitre Â» dans son sens le plus avilissant pour l’HumanitĂ©. L’esclave devait et doit dire Maitre Ă  celle ou celui qui le domine et qui a droit de vie et de mort sur lui et sa descendance. Or, les Maitres d’Arts martiaux que je dĂ©signe dans cet article- ainsi que les autres – seraient sĂ»rement horrifiĂ©s si les Ă©lèves ou les disciples qui les appellent Maitre se comportaient d’eux-mĂŞmes comme des esclaves devant leur pharaon. Ou comme des fans devant  leur Ted Nugent.

 

Aussi, que cela soit officiel : lorsque j’écris « Maitre Â», je ne parle pas de pharaons, d’empereurs ou de ClĂ©opâtre devant lesquels, je devrais baisser les yeux et lĂ©cher le sol  oĂą ils marchent. En remerciant une force supĂ©rieure de m’avoir autorisĂ© Ă  vivre cette expĂ©rience suprĂŞme. Et, en faisant de moi un peu l’équivalent du personnage particulièrement bien jouĂ© par l’acteur Samuel Jackson  dans le film Django Unchained de Quentin Tarantino. Soit un esclave noir si fervent de son Maitre esclavagiste (Ă©galement très bien interprĂ©tĂ© par l’acteur  LĂ©o Dicaprio) qu’il est prĂŞt Ă  mourir pour lui en dĂ©pit des multiples sĂ©vices que celui-ci et d’autres ont pu lui infliger dès sa naissance.

 

Cergy St-Christophe, fin septembre 2021, lors de la manifestation Cergy, soit !

 

La libertĂ© :

 

 

Ce qui me marque beaucoup à parler de ces Maitres, c’est leur liberté. Chacun a bien sûr sa personnalité. Et, celle-ci tranche par rapport à celle des autres. Mais ces Maitres, d’une façon ou d’une autre, sont plus libres et semblent aussi plus épanouis que la majorité.

 

Une minoritĂ© d’individus, sur terre, concentre la majoritĂ© des richesses Ă©conomiques et politiques sur terre. Les Maitres d’Arts martiaux font plutĂ´t partie de ces minoritĂ©s d’individus qui concentrent ou semblent concentrer, elles et eux, une « quantitĂ© Â», peut-ĂŞtre une majoritĂ©, de richesses morales, spirituelles et physiques sur terre. Mais ces derniers ( les Maitres d’Arts martiaux) peuvent ĂŞtre assez « ignorĂ©s Â» au profit de coaches, de consultations de « bien-ĂŞtre Â» les plus diverses, de salles de sport, de magazines, souvent fĂ©minins ou considĂ©rĂ©s comme du ressort de la presse dite fĂ©minine type Psychologie ou Biba ou autres, ou de « sorties Â» entre copains ou entre copines. Ce mode de vie a bien-sĂ»r ses justifications. Sauf qu’il a une certaine tendance, Ă  un moment donnĂ©, Ă  tourner autour du pot lorsqu’il s’agit de vivre ou d’être une personne. Je vais prendre mon exemple :

 

Je peux continuer d’aller voir des quantitĂ©s indĂ©nombrables de films et Ă©crire ensuite Ă  leur sujet. D’autant que depuis hier, par exemple, en m’inscrivant dans une mĂ©diathèque d’une autre ville que la mienne, j’ai un nouvel accès – illimitĂ©- Ă  un certain nombre de prĂŞts de dvds, de cds et de livres. Et, j’ai commencĂ© par en emprunter 39 articles car il fallait bien « amortir Â» le coĂ»t de l’inscription Ă  l’annĂ©e, pour un « Ă©tranger Â» : 50 euros. Je savais très bien qu’un mois de prĂŞt serait largement insuffisant pour regarder tous ces films et ces quelques sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es. Mais, aussi, pour Ă©couter avec prĂ©sence cette dizaine de cds.

Cependant, mĂŞme si j’y parviens, voir tous ces films, Ă©crire Ă  leur sujet, lire le plus possible de journaux et de livres (empruntĂ©s comme achetĂ©s) cela va-t’il suffire pour me rendre plus libre et plus Ă©panoui ?

 

MĂŞme si j’ai la chance, par rapport Ă  d’autres, de pouvoir prendre le temps de regarder des dvds et d’écouter des cds. Ainsi que, d’avoir  pu faire le nĂ©cessaire, en dĂ©cidant de chercher un poste avec certains horaires de travail, pour pouvoir bĂ©nĂ©ficier de ce temps personnel. Mais aussi en dĂ©cidant du nombre d’enfants pour lequel je serai père et Ă  partir de quand dans ma vie.  

 

Donc, être Maitre, c’est sûrement, déjà, être suffisamment Maitre de son temps afin de pouvoir l’employer à ce qui nous importe le plus. Et, cela, de manière suffisamment satisfaisante pour soi et pour celles et ceux qui, ensuite, viennent régulièrement chercher et vivre ce temps commun.

 

Près de la gare d’Argenteuil, octobre 2021.

 

La difficulté

 

 

Toutefois, si je parle de Maitres d’Arts martiaux qui sont, pour tout pratiquant d’Art martial, les modèles ou les pionniers dont on s’inspire (j’aime, dans la traduction du mot Sensei lire que le Sensei est « celle ou celui qui est nĂ©(e ) avant), il faut aussi parler de celles et ceux qui les entourent. Les autres pratiquantes et pratiquants.

 

Face au sensei, on est un peu comme face Ă  un miroir. Sauf que le reflet, la silhouette, l’idĂ©al, la personnalitĂ© que l’on voit n’est pas le nĂ´tre, pas la nĂ´tre. Et, cela ne sera jamais. Car chaque personne est unique.  NĂ©anmoins, on peut avoir tendance, si l’on admire un peu trop une Maitre ou un Maitre, si l’on colle beaucoup trop Ă  son reflet ou Ă  sa personnalitĂ©, Ă  ne voir qu’elle ou lui ou Ă  ne voir que par elle ou par lui. Et Ă  nĂ©gliger celles et ceux qui nous entourent. Plus avancĂ©s que nous, plutĂ´t exemplaires. Mais aussi celles et ceux donnant Ă  voir une pratique peu flatteuse et peu avantageuse  de la discipline. Il y a les pratiquantes et les pratiquants douĂ©s et expĂ©rimentĂ©s. Leur inverse existe aussi : peu douĂ©, peu expĂ©rimentĂ©, mais aussi expĂ©rimentĂ© et pourtant peu douĂ©. Ou très douĂ© alors que peu expĂ©rimentĂ©.

 

Etre un Maitre, ou aspirer Ă  en devenir un, cela consistera sans doute Ă  apprendre Ă  accepter de composer avec au moins ces trois « difficultĂ©s Â».

 

Celle du Maitre. Celle des autres pratiquantes et pratiquants qui « rĂ©ussissent Â» mieux que nous ou qui sont « meilleurs Â» que nous. Celle des pratiquantes et pratiquants qui « patinent Â», qui « rament».

Et soi-même. Avec nos propres difficultés et facilités qui varient selon les périodes.

 

 

Je cite trois difficultĂ©s + une. Ces difficultĂ©s peuvent aussi ĂŞtre perçues comme les trois angles diffĂ©rents d’un problème ou d’une situation. On peut aussi remplacer le terme « difficultĂ©s Â» par le terme «  dimension Â».  Nous vivons souvent dans Ă  peine une dimension, voire deux. Et, encore. Je l’écris ici, assez intuitivement, et, aussi, pour l’avoir lu ou entendu.

 

Le titre de cet article est Trois Maitres + Un. Soit quatre possibilitĂ©s, parce qu’une difficultĂ© peut aussi devenir une possibilitĂ©,  que l’on peut rencontrer, que l’on rencontre, que l’on a rencontrĂ©, de vivre autrement, d’être autrement. Selon que l’on  dĂ©cide. De Ranger des piles de journaux. De PrĂ©parer son sac de travail pour le lendemain. D’ Ă©crire un article ou plusieurs. Ou de ne pas le faire. L’école Itsuo Tsuda de Sensei RĂ©gis Soavi enseigne le Non-Faire. Le Non-Faire, c’est le contraire de notre sociĂ©tĂ©. Il y a beaucoup de personnes de par le monde, en France comme ailleurs, pour lesquels ne rien faire est particulièrement violent. Cela reviendrait presque Ă  vomir ses tripes après plusieurs cuites rĂ©pĂ©tĂ©es.

 

Franck Unimon, ce jeudi 14 octobre 2021.

Catégories
self-défense/ Arts Martiaux

Dojo Tenshin-Ecole Itsuo Tsuda/ séance découverte

                                              

                                  Dojo Tenshin- Ecole Itsuo Tsuda/ sĂ©ance dĂ©couverte 

 

Un manga pour un dojo

 

 

Je dois au manga Le Garçon et la bĂŞte ( article   Ou aller ? Le Garçon et la bĂŞte )sorti au cinĂ©ma en 2015- de m’être rendu ce mardi 12 octobre 2021 au Dojo Tenshin- Ecole Itsuo Tsuda afin de le dĂ©couvrir.

 

Cela les a fait marrer, ce matin, au Dojo Tenshin-Ecole Itsuo Tsuda, lorsque je leur ai expliqué ça. Nous étions alors plusieurs à être assis autour des tables basses rectangulaires.

 

La veille, P…, membre du dojo depuis cinq ans, m’avait rappelé suite au message que j’avais laissé. Afin de donner des explications et de répondre à mes questions.

 

On pourrait me prĂŞter un kimono. Si la sĂ©ance dĂ©bute Ă  6h45, idĂ©alement, ce serait bien de pouvoir ĂŞtre lĂ  entre 6h et 6h15 afin de prendre le temps de boire un cafĂ©, de discuter un peu avant.  

 

Cet Ă©tĂ©, ou lors d’une pĂ©riode plus floue qu’aujourd’hui, pour cause de pandĂ©mie, nous devions sortir de chez nous Ă  partir d’une certaine heure et y rentrer au plus tard Ă  une autre heure Ă©galement prĂ©dĂ©terminĂ©e par notre gouvernement. Pour les mĂŞmes raisons, pendant plusieurs mois, notre pĂ©rimètre de dĂ©placement kilomĂ©trique avait pu ĂŞtre restreint.  Et, certains lieux Ă©taient fermĂ©s au public. Provisoirement ou dĂ©finitivement Ă  la suite des consĂ©quences Ă©conomiques de ces fermetures.

 

 

J’avais cherché cet été. Des endroits, sur Paris ou dans la région parisienne, où il serait possible, un jour, de suivre des cours d’arts martiaux le matin.

 

J’avais relevĂ© plusieurs « organisations Â» que j’ai notĂ©es avec application sur un de mes petits carnets. Tant de sports de combats que d’Arts martiaux. J’avais ainsi « regardĂ© Â» un club ou deux de sistema.

 

Parmi tous ces « clubs Â» ou « organisations Â», j’avais dĂ©couvert le Dojo Tenshin-Ecole Itsuo Tsuda par une photo en noir et blanc montrant des pratiquants parfaitement alignĂ©s en position de salut.

 

Les cours y débutaient à 6h45 du matin plusieurs jours de suite en semaine.

 

C’était la première fois que je voyais Ă§a. Je n’avais jamais entendu parler du Dojo Tenshin. Beaucoup de sĂ©ances d’entrainement se dĂ©roulent le plus souvent le soir, quelques fois le matin ou Ă  l’heure du dĂ©jeuner afin de permettre aux adultes travailleurs et aux plus jeunes scolarisĂ©s ou en formation d’être disponibles pour les entraĂ®nements . Hormis lors des stages oĂą les horaires peuvent ressembler aux horaires de bureau conventionnels de 9h Ă  17 ou 18h. 

 

Le dojo Tenshin-Ecole Itsuo Tsuda prenait le contrepied de tout ça. Mais qui Ă©taient-ils ? Evidemment, dans mon entourage direct, je ne pouvais consulter personne pour m’en parler.

 

Un passage sur leur site m’a confirmé le caractère déjà très sérieux imposé par la photo initiale. Puis, je me suis demandé s’il s’y déroulait des événements étranges. Car ce dojo m’était totalement inconnu. Et le fait qu’il propose autant de séances, plus que d’autres, rajoutait au mystère.

 

RĂ©gis et Manon Soavi, le père et la fille ?  C’est seulement hier soir, la veille de ma venue, en discutant avec P… que j’ai commencĂ© Ă  faire le rapprochement.

 

J’avais lu leurs noms et sans doute certains de leurs articles dans des magazines tels que Yashima  ou Dragon Magazine . Je peux mĂŞme dire maintenant que j’avais vu la photo de Maitre RĂ©gis Soavi. Mais ma culture martiale, d’abord, est dĂ©butante et très parcellaire.  Ensuite, elle est principalement thĂ©orique ainsi qu’assez isolĂ©e.

 

 

La PĂŞche Ă  la ligne

 

 

Ce matin,  depuis Argenteuil, j’ai pris le train de 5h32 direct pour Paris St Lazare. Le rĂ©veil, un peu avant 5 heures, n’a pas Ă©tĂ© trop difficile. J’avais choisi de venir. Je savais pourquoi je venais. Contrairement peut-ĂŞtre Ă  quelques unes et quelques uns des passagers convoyĂ©s comme moi vers Paris. J’ai pu ĂŞtre comme eux lorsqu’il a pu m’arriver d’aller en stage ou au travail aux mĂŞmes horaires sans autre motivation que de remplir des obligations. Les Ă©crans de plusieurs tĂ©lĂ©phones portables hypnotisaient dĂ©jĂ  leurs propriĂ©taires. NĂ©anmoins, j’ai aimĂ© ce calme dans les transports en commun. Sortir alors qu’il faisait encore nuit m’a donnĂ© l’impression de me rendre aux avant postes d’un grand projet.

 

Puis, j’ai pris le mĂ©tro, ligne 9, sans me presser. A la sortie d la station Maraichers, je me suis rappelĂ© que le dojo de Maitre Jean-Pierre Vignau , que j’étais allĂ© rencontrer deux fois chez lui ( Arts Martiaux : un article inspirĂ© par Maitre Jean-Pierre Vignau )ainsi que dans son dojo avec ma fille,  se trouvait non loin de lĂ . Dans le sens opposĂ©.

Ce mardi 12 octobre 2021, après être sorti du métro à la station Maraîchers.

Dans la rue, une femme africaine, une maman, m’a facilement guidé. La rue des Grands Champs, c’était la prochaine, sur la droite. Cependant, pour moi, pour aller au dojo, le numéro 120 partait vers la gauche.

 

Vu le numĂ©ro 120, je m’attends Ă  marcher un moment. Mais ça arrive très vite. Moins de cinq minutes après ĂŞtre sorti de la bouche du mĂ©tro, je m’approche. Les rues sont calmes. Sur ma gauche, une voiture garĂ©e aux phares arrières allumĂ©s. Rapidement, j’aperçois l’enseigne Dojo Tenshin. Mais je vois d’abord des rideaux de fer baissĂ©s. P… m’avait pourtant dit que le dojo Ă©tait ouvert Ă  partir de 6h.  Or, il est plus près de 6h10.

 

 

Je sors mon appareil photo. J’appuie deux fois. Je continue. Je pousse une porte en fer sur la droite. Je regarde en haut. Là où il y a de la lumière à la fenêtre. Ça doit être là. Je me retourne. Un homme derrière moi. Je le salue, lui explique que je viens découvrir. A son air, je présume qu’il a pu me croire mal intentionné. Sitôt que je lui dis ce qui m’amène, il se propose aussitôt de m’emmener. Je le suis. Oui, c’était lui dans la voiture que j’ai vu, phares allumés, me confirme-t’il.

 

 

Nulle part ou aller :

 

Dans Le Garçon et la bête, ce moment où le jeune Ren/Kyuta a nulle part où aller m’a beaucoup marqué lorsque je l’ai revu ce samedi avec ma fille.

 

C’est parce-que nous n’avons nulle part où aller que nous pouvons passer notre temps à faire des magasins et à remplir nos sacs de courses ou nos caddies. Parce que ce nulle part nous remplit de vide. Nous faisons des achats comme nous essayons de nous payer de nouvelles destinations.

 

Je n’ai rien contre les achats alimentaires, de plaisir ou nécessaires. De toute façon, je me vautre aussi dedans encore régulièrement. A l’heure où j’écris cet article un nouveau tic-tac s’est d’ailleurs enclenché dans ma tête concernant des dépenses futures. Sur un tapis roulant imaginaire, je vois passer et repasser un ou deux articles que j’aimerais bien m’acheter.

Je pense bien-sûr davantage à toutes ces dépenses et à tous ces objets qui nous encombrent plus qu’ils ne nous servent. Quand ils ne sont pas en toc.

 

C’est aussi parce-que nous n’avons nulle part oĂą aller que nous nous blottissons contre certains comportements. En espĂ©rant y trouver un peu de chaleur et de prĂ©sence alors que plus nous nous y enfouissons et plus cette chaleur et cette prĂ©sence que nous recherchons  se diluent.

 

Je ne devrais pas l’écrire car, souvent, ce genre de propos désole. Mais j’ai des regrets. Ainsi que des souhaits.

 

Des Regrets

 

 

Je regrette d’avoir manqué de curiosité. De m’être trop de fois contenté de ce que je savais ou croyais savoir. D’avoir pu très facilement me satisfaire de mes théorisations et d’une certaine intellectualisation.

Bien-sûr, je suis dur avec moi-même et il me faut aussi faire acte d’indulgence. Etre et pouvoir vivre avec bonheur et certitude en permanence comme un bourrin requiert des capacités largement supérieures à ma moyenne. Cependant, il me faudra du temps pour améliorer mon indulgence envers moi-même.

 

Le Dojo Tenshin- Ecole Itsuo Tsuda se trouve Ă  cet endroit depuis 2000 ai-je appris ce matin. Autrement, l’association existe depuis 1985. Ce matin, après la sĂ©ance, Maitre RĂ©gis Soavi et Manon Soavi m’ont rĂ©pondu qu’il restait encore des anciens de cette toute première Ă©poque. Autrement, il y  avait des « jeunes Â» pratiquants prĂ©sents depuis les annĂ©es 2000.

 

L’an 2000 est l’annĂ©e oĂą j’avais arrĂŞtĂ© de pratiquer le judo. Je plafonnais. J’avais alors essayĂ© de bifurquer vers une autre pratique, le Jujitsu brĂ©silien. Les Frères Gracie  Ă©taient la rĂ©fĂ©rence alors que le MMA se dĂ©veloppait mais aussi connaissait son Boom mĂ©diatique ;

 

Dans une bien moindre mesure, j’avais fait une séance de découverte de Kick boxing.

 

« Pour apprendre Ă  donner des coups de pieds et des coups de poing ! Â».

 

Cela nous avait Ă©tĂ© recommandĂ© un jour, Ă  nous, judokas, au dojo d’étĂ©. Nous avions trop tendance Ă  rester dans le judo et Ă  ne rien apprendre d’autre. 

 

J’avais aussi essayĂ© un tout petit peu la lutte contact.  Je me rappelle d’un club oĂą l’esprit Ă©tait ouvertement « guerrier Â». En tout cas, je n’oublierai pas ce jour oĂą j’avais aperçu son fondateur et prĂ©sident remonter le Boulevard de l’Oise d’un pas martial. On aurait dit que mĂŞme marcher le mettait en colère. Ou que cela l’énervait d’autant plus que personne ne vienne le titiller. J’ai aperçu cet homme il y a deux ou trois mois, sur le quai de la gare St Lazare. Il portait un de ses bras en Ă©charpe. Dix Ă  vingt ans plus tard, j’en ai dĂ©duit qu’il n’avait pas beaucoup dĂ©colĂ©rĂ©.

 

Mon prof de Jujitsu brĂ©silien, lui, Ă©tait un très très bon pratiquant. Technique, puissant  et souple. Il s’entraĂ®nait tous les jours, avait bien sĂ»r tâtĂ© de diffĂ©rentes formes de combat. Je garde un très bon souvenir de ces quelques fois oĂą nous avons combattu ensemble. Comme de son accueil ouvert et sympathique. Cependant, il aimait trop la bagarre ou avait peut-ĂŞtre trop besoin de prouver. Quelques adeptes de ses cours avaient une revanche Ă  prendre sur la vie ou sur toute personne un peu gradĂ©e. Or, moi, je venais avec ma ceinture de couleur du judo. Je me suis plus blessĂ© en un an de pratique de jujitsu brĂ©silien qu’en dix ans de judo. J’en avais assez des blessures physiques dues au sport. Qui plus est si une de ces blessures survenait parce-que l’éducation Ă©lĂ©mentaire d’un pratiquant n’avait pas Ă©tĂ© faite en matière de prĂ©vention envers un de ses partenaires. Et, je dois admettre que j’avais alors commencĂ© Ă  Ă©prouver une sourde animositĂ© contre ce pauvre type-  un adhĂ©rent  du club comme moi- qui s’y Ă©tait trop cru lors d’un simple randori.

 

Pourtant, Ă  aucun moment, en l’an 2000, je n’ai pensĂ© Ă  l’AĂŻkido. Il y avait un cours d’AĂŻkido au gymnase oĂą j’avais « fait Â» du judo. Peut-ĂŞtre mĂŞme dispensĂ© par Maitre LĂ©o Tamaki Ă  l’époque, au gymnase Michel Lecomte, si je me fie Ă  ce qu’a pu me dire depuis mon ancien prof de Judo, Pascal Fleury.

 

Pendant plusieurs annĂ©es, j’ai arrĂŞtĂ© les sports de combats. Je ne faisais pas particulièrement la distinction entre un sport de combat  et un art martial. Si ce n’est que je savais que certaines disciplines relevaient du sport de combat et d’autres de l’Art martial. Sans vraiment chercher Ă  connaĂ®tre la raison de cette diffĂ©rence.

 

Quelques années plus tard, j’ai essayé la boxe française. Jusqu’à la rupture du tendon d’Achille après à peine deux mois d’entraînement. On dira que c’était l’âge. Les hommes, à peu près sportifs, vers un certain âge, surtout après avoir pris un peu de poids, se rompent le tendon d’Achille, c’est bien connu. Mon tour était venu. Perfide, car il me fallait bien faire l’intelligent, j’avais aussi noté que cette rupture était arrivée à un moment de changement ou de besoin de changement profond dans ma vie. J’avais quitté la ville où j’avais vécu pendant près de vingt ans pour une nouvelle. Et, j’essayais de tout garder ensemble, l’ancienne ville, la nouvelle et Paris.

Le fait d’être alors cĂ©libataire et sans enfant ne m’avait pas posĂ© de limites. Mon tendon d’Achille s’était chargĂ© de me rappeler certaines de ces limites…fonctionnelles.

 

On croit peut-être que je raconte ma vie seulement pour faire joli et pour dribbler les esprits. Mais, non. Le sport peut se résumer à une performance et nous donner un sentiment d’importance ou de soulagement aléatoire. Si l’on passe à côté de soi.

En « faisant Â» du judo, j’ai connu des plaisirs d’athlète. De l’explosivitĂ©, de la tonicitĂ©, une certaine combativitĂ© et un dĂ©but d’apprentissage de la technicitĂ©. Mais il y avait beaucoup d’autosatisfaction. Au point que j’avais presque rĂ©ussi Ă  me sentir pousser une supposĂ©e culture asiatique. Une copine de judo, un jour, nous avait remis Ă  notre place Ă  ce sujet, verbalement, un jour, un ami et moi.  

 

« Vous n’êtes pas des Japonais ! Â».

 

Mais j’avais surtout enfilé le kimono d’une assez profonde lassitude pour le judo et n’avais pas trouvé son équivalent ou son suivant que ce soit dans un sport de combat ou un art martial. Même si les arts martiaux et les sports de combat dans leur ensemble, ainsi que l’Asie, ont continué de débrider mes pensées.

 

Si l’idĂ©e du combat ou de la confrontation, ainsi que leur rĂ©alitĂ© ou leur possibilitĂ©, voire leur nĂ©cessitĂ©, font partie de ce qui « m’attire Â» dans les sports de combat et les arts martiaux, je me suis de plus en plus senti attachĂ© au fait d’acquĂ©rir une certaine maitrise. L’économie. Le ou les gestes justes. Et puis, surtout, il y a trois ou quatre ans, environ, j’ai commencĂ© Ă  me demander ce qu’était un Maitre. La baston, c’est « bien Â». Savoir « bien Â» se battre, c’est bien. Mais après ? On va cumuler des armoires de techniques d’étranglement, de clĂ©s de bras, de coups de pied sautĂ©s, de crochets ou autres, ĂŞtre content de les appliquer et de voir que tout cela est efficace. Mais ensuite ?

 

 

Des souhaits

 

 

Si j’ai des regrets, j’ai aussi des souhaits. Dont, celui, de prendre le temps d’aller rencontrer des Maitres, dont des Maitres d’Arts martiaux. Il en est quelques uns qui sont assez accessibles. D’abord, parce qu’ils sont encore vivants. Ensuite, parce-que certains se trouvent en rĂ©gion parisienne. Du vivant de Maitre Henry PlĂ©e, j’avais fait l’erreur de me contenter de lire des courts extraits de ses pensĂ©es sans chercher Ă  le rencontrer ou Ă  le voir. Depuis la fin de l’annĂ©e dernière, j’ai commencĂ© Ă  avoir l’attitude inverse. D’oĂą ma rencontre avec Maitre Jean-Pierre Vignau, puis avec Maitre LĂ©o Tamaki et ce mardi 12 octobre avec Maitre RĂ©gis Soavi mais aussi avec Manon Soavi dont je ne sais si elle est dĂ©ja Maitre mais qui l’est sĂ»rement dĂ©jĂ , en pratique, beaucoup plus que moi, de bien des façons.  

 

 

La séance de ce mardi 12 octobre 2021

 

Muni de mon kimono d’emprunt et de la ceinture blanche que m’avait remis P…, j’ai rejoint le groupe sur le tatami.

Manon, qui s’était dĂ©jĂ  prĂ©sentĂ©e, m’a fait un rĂ©sumĂ© du dĂ©roulĂ© de la sĂ©ance. Elle m’a appris qu’elle serait derrière moi au moment du salut. Puis que nous travaillerions ensemble. Elle m’a dit, qu’au dĂ©but, on « imite Â» les autres, on essaie de faire comme eux. Et ce qui est important, c’est de suivre le rythme du groupe. J’acquiesce. A ce stade de la sĂ©ance, je comprends encore ce qui m’est dit.

 

Nous sommes tous assis en seiza. En deux colonnes alignées. Manon Soavi est à un ou deux mètres derrière moi. Elle peut déjà voir beaucoup de moi. Comment je me tiens. Comment je respire. Si je suis relâché. Ou tendu.

Un certain silence dans le dojo. Maitre Régis Soavi est sur notre gauche. Nous respirons. Il se passe une minute ou deux. Peut-être plus.

 

 Â« Il Â» entre. Se pose face au centre du groupe. Une voix gutturale s’élève et prononce des mots en Japonais. C’est la voix, ou l’autre voix, de Maitre RĂ©gis Soavi. Je ne sais pas de quoi il parle. De qui il parle. A qui il s’adresse. Peut-ĂŞtre Ă  des divinitĂ©s. En pareille situation, on pourrait ĂŞtre mal Ă  l’aise, se dire que l’on est dans une secte. Se mettre Ă  rire nerveusement. Mais je ne suis pas venu pour rire nerveusement ni pour ĂŞtre embarrassĂ©. C’est le processus. Je ne vais pas lever la main et dire :

 

« Excusez-moi, mais qu’est-ce que vous faites exactement ? Â».

 

 

Cela fait partie du rituel. De l’entrée en matière. Le tatami est un lieu sacré. Le dojo, aussi, d’ailleurs. Lorsque la séance débute, il faut marquer son début par certaines attitudes. On n’entre pas là comme dans un moulin ou un supermarché où les portes automatiques s’ouvrent dès que l’on avance. On se met dans un certain état. On entre dans une autre dimension. C’est ce que je comprends. C’est ce que je crois.

 

Arrive l’échauffement. Pendant une quinzaine de minutes, balancements, mouvements, on tape dans ses mains ; le rĂ´le pivot du bassin et des hanches ; de la position des pieds ; de la respiration. Quelques fois, on crie ou on souffle fort.

 

De temps Ă  autre  ( c’est Ă  dire souvent car je suis très vite Ă  cĂ´tĂ© du rythme ou en dĂ©calage ) Manon vient me guider. Je m’applique mais j’estime que le rĂ©sultat est peu probant.

 

Après environ 15 minutes, Maitre Régis Soavi pousse son Kiai, signal pour nous de nous lever et de nous mettre à courir autour du dojo. Ça, j’ai compris facilement. Me lever et courir, je comprends. Le moment venu, je me lève et je cours. Je suis derrière Manon et les autres. Je suis intrigué par sa façon de mettre sa main gauche sur le côté, à l’horizontale. Cela a sûrement une signification mais je ne la connais pas. Moi, évidemment, je cours comme toujours. Comme un athlète. Je suis parti pour faire deux kilomètres comme cela s’il le faut. Mais on s’arrête au bout d’à peine un tour ou deux. Même pas le temps de faire des lignes droites.

 

La Partie technique :

 

Nous en arrivons à la partie technique de la séance. Maitre Régis Soavi nous fait à chaque fois les démonstrations. Avec précision, décontraction, mais aussi avec humour.

 

Nous sommes environ une vingtaine de participants.

 

Un geste, cela est constituĂ© de plusieurs points, de plusieurs axes. Dans un mouvement, combien de gestes ? Je n’en n’ai aucune idĂ©e. Par contre, je sais que lorsque je regarde Maitre RĂ©gis Soavi, l’exemple est bien sĂ»r fluide et facile Ă  regarder. Et que sa dĂ©monstration est Ă  peine terminĂ©e que j’ai dĂ©jĂ  perdu, oubliĂ©, un bon nombre des points utiles Ă  la reproduction. Qu’est-ce qui me gĂŞne le plus ? De ne pas avoir suffisamment mĂ©morisĂ© ? De ne pas sentir assez le mouvement que je fais ?

 

Qu’est-ce que je suis maladroit, raide. En outre, je suis partagé entre mon envie de réussir et ma peur de faire mal. Pour parachever le tout, je me sens embarrassé envers Manon. Tout le travail que je lui impose. Le pied se met là. Le poignet plus haut que le coude.

 

Régulièrement, Maitre Régis Soavi passe nous voir et me montre à nouveau.

Nous travaillons d’abord sans tanto puis avec tanto. Deux fois de chaque cĂ´tĂ©. Puis l’on change de rĂ´le. Manon insiste plusieurs fois sur le fait de bien respirer lors de telle phase du mouvement. Respirer. MĂŞme ça, il faut me le dire. En judo, tel que je l’ai connu et tel que je l’ai pratiquĂ© c’est « assez simple Â» :

 

On s’attrape, on se pousse, on se projette, on s’esquive. On « lutte Â» ou le moins possible. On peut ĂŞtre « bourrin Â», ça peut passer, ça pourrait passer, si on est Ă  peu près bien placĂ©, que l’on met de la vitesse ou de la force. Bien-sĂ»r, je caricature ma description du judo. Mais, en AĂŻkido, c’est quand mĂŞme très vite plus exigeant. Ça peut ĂŞtre fantastique mais il faut ĂŞtre plus prĂ©cis. L’à peu près est moins possible.

 

 

A la fin de la sĂ©ance, devant mon dĂ©pit, Manon se montre encourageante. « Il faut bien commencer Â» me dit-elle en souriant. Plus tard, elle m’apprendra avoir commencĂ© l’AĂŻkido alors qu’elle avait 6 ou 7 ans. Il y a trente ans. En effet, trente ans de pratique, ça forme.

 

 

 

Le petit-dĂ©jeuner :

 

Après avoir pris ma douche, je rejoins celles et ceux qui ont pu rester pour le petit-dĂ©jeuner dans la pièce attitrĂ©e. Autour des tables basses.  J’aurais Ă©tĂ© idiot de partir dès la fin de la « sĂ©ance Â». A la fois pour des raisons sociales mais aussi parce-que le petit dĂ©jeuner fait aussi partie de la sĂ©ance. Avant celle-ci sur le tatamis, Maitre RĂ©gis Soavi avait commencĂ© de m’expliquer que l’association est locataire du lieu et ne le partage avec aucune autre association. Et que chaque membre du Dojo Tenshin est « locataire Â». Si je choisissais de rester en tant que membre, comme tout un chacun, j’aurais Ă  participer aux diverses tâches d’entretien du dojo : mĂ©nage, vaisselle, participation aux frais du petit dĂ©jeuner, rĂ©unions…

 

J’ai retrouvé là une partie de ce que raconte Maitre Jacques Payet dans son livre Uchideschi ( Dans les pas du Maitre). Sauf que le dojo Tenshin-Ecole Itsuo Tsuda, je crois, est le seul dojo sur Paris, à être aussi proche de cet état d’esprit.

 

 

Lorsque j’avais appris Ă  ma compagne que le cours dĂ©butait Ă  6h45, celle-ci s’en Ă©tait Ă©tonnĂ©e. Elle m’avait demandĂ© si c’était pour ensuite permettre aux gens d’aller au travail. J’avais rĂ©pondu que c’était peut-ĂŞtre ça. Puis, j’avais ajoutĂ©, parce-que cela m’arrangeait :

« Un horaire aussi matinal permet aussi de faire une sorte de tri indirect. Lorsque c’est trop facile, un peu n’importe qui peut se prĂ©senter. Si tu viens pour un cours Ă  6h45, c’est que tu es volontaire Â».

Maitre Régis Soavi, ce mardi 12 octobre 2021 après la séance.

Maitre RĂ©gis Soavi m’a appris qu’au dĂ©but, la sĂ©ance dĂ©marrait Ă  6h30. Soit l’horaire oĂą les Maitres dĂ©butent leurs cours au Japon. Mais c’était un horaire peu pratique pour celles et ceux qui viennent en mĂ©tro.  

 

A table, près de nous, Manon m’explique que le coĂ»t de l’adhĂ©sion est Ă©levĂ© car l’association propose beaucoup de sĂ©ances. Il y a celles du matin, Ă  6h45 en semaine du lundi au vendredi.  Et Ă  8h le samedi et le dimanche. Et trois sĂ©ances le soir en semaine. Lors d’une de ces trois sĂ©ances, le lundi, Manon dirige la sĂ©ance du maniement des armes.

 

 

Le coût de l’adhésion s’explique aussi par le nombre d’adhérents. Plus il y aura d’adhérents, plus le coût de l’adhésion pourra diminuer.

 

 

Lorsque je suis parti du dojo Tenshin, deux réunions se tenaient. Une concernant la lecture et l’analyse d’un ouvrage. Une autre peut-être plus portée sur la logistique du dojo.

Quelques minutes plus tôt, Maitre Régis Soavi avait pris congé afin de se préparer pour des cours d’Aïkido à destination d’enfants non-scolarisés âgés de 8 ans ou plus. Des cours qu’il donne avec plusieurs uchideschis.

 

 

Mes impressions gĂ©nĂ©rales :

 

On détecte facilement dans cet article que j’ai aimé vivre cette expérience au dojo Tenshin-Ecole Itsuo Tsuda ce matin. L’accueil qui m’a été donné a été plus que bon.

Pendant le petit déjeuner, j’ai raconté que j’avais prévu de tout bien faire dès la première séance. Ce qui était très loin de ce qui s’était passé. J’allais donc repartir très énervé et très frustré. Ma remarque a fait sourire. Maitre Régis Soavi m’a alors raconté ce qu’il avait pu vivre avec un Maitre auprès duquel il avait pratiqué. Alors qu’il avait déjà à son actif plusieurs années de pratique de judo et d’Aïkido, il n’arrivait pas à comprendre ce que faisait ce Maitre. Et ça l’énervait aussi.

 

Je peux beaucoup apprendre de l’AĂŻkido si je parviens Ă  prendre suffisamment congĂ© de mon ego. 

 

A cĂ´tĂ© de l’ ambiance dĂ©contractĂ©e de ce matin, le dojo Tenshin-Ecole Itsuo Tsuda a un caractère militant affirmĂ©. A table, toujours lors du petit dĂ©jeuner, Maitre RĂ©gis Soavi a bien soulignĂ© que le dojo, de par l’implication qui Ă©tait attendue de ses membres, se diffĂ©rencie d’un club oĂą l’on vient en consommateur Â».

 

J’ai aussi aimĂ© le fait que le pratiquant puisse laisser son kimono au dojo dans le  vestiaire collectif attribuĂ© aux hommes. Ce qui le dispense de devoir venir rĂ©gulièrement avec son sac chargĂ©, ce qui est une de mes caractĂ©ristiques.

 

Le calme que j’avais trouvé en arrivant avant 6h30 s’est maintenu tout le temps que je suis resté au dojo.

 

Dans mon ancien club de judo, j’avais eu l’occasion de combattre une fois avec une copine judokate dont la dextérité technique et l’expérience avaient surpassé mon engagement. Lors de cette séance où j’ai uniquement travaillé avec Manon Soavi, j’ai de nouveau fait l’expérience que la technique et une bonne connaissance des divers équilibres du corps humain peuvent tout faire basculer.

 

 

Franck Unimon, ce mardi 12 octobre 2021.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Catégories
Cinéma self-défense/ Arts Martiaux

Ou aller ? Le Garçon et la bête

 

                                          Ou aller ?/ Le Garçon et la bĂŞte

 

Le Garçon et la bête

 

Finalement, hier après-midi, j’ai proposé à ma fille de voir le manga Le Garçon et la bête de Mamoru Hosoda. A défaut, comme je souhaite le faire depuis plusieurs semaines, de l’emmener faire du vélo jusqu’à la Tour Eiffel. Eiffel Tower

 

 

J’avais vu Le Garçon et la bĂŞte au cinĂ©ma Ă  sa sortie.  En 2015.

 

Hier après-midi, je me rappelais l’histoire de façon assez floue :

 

Au Japon, le jeune Ren a neuf ans lorsque sa mère dĂ©cède suite Ă  un accident. Son père les a quittĂ©s, lui et sa mère, des annĂ©es plus tĂ´t et ne les a plus revus. Un oncle dĂ©sire l’adopter. De cette façon, Ren, selon ce « plan d’adoption Â» pratique, pourra bĂ©nĂ©ficier d’une bonne situation Ă©conomique et sociale et, en contrepartie, devenir cet enfant que cet oncle et sa femme n’ont pas pu avoir…ou obtenir.

 

Mais Ren, contre « toute logique Â», refuse, se rĂ©volte et s’enfuit dans la rue jusqu’à devenir un possible SDF.

 

 

Rien que ce dĂ©but pourrait suffire pour dĂ©battre. Que vaut-il mieux privilĂ©gier ? La sĂ©curitĂ© Ă©conomique et sociale ? Ou la loyautĂ© et la mĂ©moire de l’affection de celles et ceux que nous avons perdus ?  Nos valeurs morales et affectives ou les valeurs matĂ©rielles ?

 

Jusqu’à quand ? Et Ă  quel prix ? L’attitude de Ren peut ĂŞtre facile Ă  comprendre si l’on part du principe qu’à son âge, 9 ans, l’individu que l’on est peut ĂŞtre plus ou moins encore assez « animal Â» , viscĂ©ral, spontanĂ©. Avant que l’éducation, les règles, les valeurs, les sanctions, les modèles et les interdits, d’abord de nos parents, de notre famille, de notre entourage, de notre culture, de l’école, des institutions que nous rencontrons et de la sociĂ©tĂ© dans laquelle nous vivons ne nous ordonnent et ne nous fasse comprendre Ă  quel endroit et quel poste elle nous tolère ou nous « veut Â». Et Ă  quel prix. Mais aussi pour une certaine durĂ©e plus ou moins dĂ©terminĂ©e.

 

Se voiler la face « à la Française »

 

En France, on peut se voiler la face devant Le Garçon et la bĂŞte et se dire que l’histoire se passe au Japon. Et qu’il est bien « connu Â» que le Japon est une sociĂ©tĂ© rigide.

 

Cependant, un assez petit effort d’introspection, de mĂ©morisation et d’observation peut nous permettre de remarquer que, mĂŞme en France, la plupart des enfants connaissent exactement le mĂŞme « processus Â» Ă  la Française de socialisation, de domestication, de dressage, de conditionnement. Pour employer un autre mot que celui de « formatage Â».

Dès la maternelle oĂą ma fille avait Ă©tĂ© scolarisĂ©e, dans une Ă©cole publique, j’avais Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© de voir le nombre rapidement croissant d’enfants qui avait Ă©tĂ© placĂ©s Ă  l’école privĂ©e voisine et rĂ©putĂ©e par leurs parents. Si d’autres enfants avaient quittĂ© l’école pour des raisons dues Ă  des dĂ©mĂ©nagements, cette urgence de certains parents Ă  placer, dès que possible, leurs enfants dans une Ă©cole privĂ©e m’avait beaucoup touchĂ©. Et, je me rappelle encore de la mère de deux jeunes filles, une de l’âge de ma fille et sa sĹ“ur ainĂ©e, avec lesquelles il nous arrivait, au dĂ©but, de faire ensemble le trajet jusqu’à l’école publique. Lorsque celle-ci, une fois que les deux jeunes filles avaient Ă©tĂ© inscrites et mises en lieu sĂ»r dans l’école privĂ©e voisine, avait gentiment insistĂ© pour me faire comprendre que ce serait mieux , pour le « bien Â» de ma fille, je fasse de mĂŞme.

 

Dans Le Garçon et la bête, les parents qui souhaitent adopter Ren pourraient représenter l’assurance de l’école privée où, à ce jour, ma fille, n’est pas scolarisée.

Sauf que ces parents qui veulent adopter Ren, même s’ils ont sans doute de bonnes intentions, se comportent avec Ren comme s’il était un animal, oui. Mais un animal domestique ou déjà domestiqué. Et, au Japon comme en France, on peut être un enfant déjà domestiqué avant ses six ans.

Ce sont ces enfants souvent « parfaits Â», « sages Â» et exemplaires  qui ne font pas de vagues. Qui travaillent bien.  Qui parlent bien. Qui sont polis et aimables. Qui sont « propres » dès deux ans. 

Qu’il suffit de regarder avec un peu d’insistance ou en Ă©levant un tout petit peu la voix devant eux dès que leur comportement ne nous convient pas. Et, avec lesquels, très vite, tout « rentre dans l’ordre Â» :

 

L’enfant se ravise, se « calme Â», se tait, se conforme ou se soumet Ă  ce que l’adulte (parent ou autre) souhaite. DĂ©cide. DĂ©sire. Ou semble vouloir.

 

Une des actualitĂ©s du moment :

 

Je profite de cette dernière phrase pour bifurquer vers une des actualitĂ©s des moments :

Les actes aujourd’hui reconnus de pédophilie au sein de l’église catholique.

Première page du journal  » Le Monde » de ce mercredi 6 octobre 2021.

 

Si les mômes dont certaines autorités catholiques ont abusé avaient eu la capacité d’un Ren de se révolter, je crois qu’il y aurait eu moins de victimes d’actes de pédophilie au sein de l’église catholique. Mais aussi ailleurs.

Le film Mystic River adaptĂ© en 2003 au cinĂ©ma par Clint Eastwood d’après le roman de Dennis Lehanne dit exactement la mĂŞme chose :

La victime (jouĂ©e Ă  l’âge adulte par l’acteur Tim Robbins) des deux adultes pĂ©dophiles n’est autre que le plus fragile et le plus gentil des trois jeunes garçons qu’ils croisent. Celui dont on « pressent Â» qu’il se dominera tellement lui-mĂŞme, qu’il s’interdira toute rĂ©volte comme toute fuite, qu’il sera d’autant plus facile d’en faire ce que l’on en veut.

 

Pas ce genre d’enfant :

 

Ren/Kyuta n’est pas ce genre d’enfant. Ou de personne. Cela est peut-ĂŞtre du Ă  sa colère et Ă  sa tristesse. Une colère et une tristesse qu’il se permet et qui le motorisent. Mais une colère et une tristesse auxquelles, dĂ©jĂ , il sait donner des limites. Cela peut ĂŞtre dĂ» Ă  son tempĂ©rament. Ou Ă  ce qu’il a eu le temps de vivre de « bon Â» et de « bien Â» avec des ĂŞtres humains : la bienveillance, la constance, la douceur…

J’ai lu récemment que le rôle principal des parents est d’apporter de l’amour à leurs enfants. Or, en tant que citoyens et adultes, nous recevons tellement d’injonctions que nous pouvons l’oublier. Puis, en arriver à croire qu’en tant que parents, la priorité est d’abord de faire en sorte que notre enfant entre dans le moule et de lui assurer une aisance matérielle suffisante. Et que le reste, l’épanouissement et la reconnaissance de notre enfant, suivra automatiquement. Mécaniquement.

 

Stabilité émotionnelle et maturité affective

 

Ren/Kyuta, Ă  ses 9 ans, a sĂ»rement reçu beaucoup ou suffisamment d’amour et de bienveillance. Car,  après la mort de sa mère et la disparition prĂ©coce de son père, mĂŞme seul, il n’est pas que colère et tristesse. Il est aussi capable d’anticiper, de rĂ©flĂ©chir pour construire et pour grandir. Pour avoir envie et besoin de continuer d’apprendre. Il sait pratiquer l’introspection. Il est capable d’écouter. Il sait observer. Ce qui le diffĂ©rencie de l’animal total et a priori sans règles qu’est Kumatetsu qui propose de l’adopter. Et que Ren va accepter comme « père Â» spirituel ou Maitre. Certains spĂ©cialistes de l’enfance diraient sans doute que Ren, du haut de ses neuf ans, a une bien meilleure stabilitĂ© Ă©motionnelle ainsi qu’une plus grande maturitĂ© affective que son…Maitre Kumatetsu qui est pourtant un adulte ainsi qu’un guerrier exceptionnel et redoutable. Car, du haut de ses neuf ans, Ren/Kyuta ( ce second prĂ©nom est celui que lui donne Kumatetsu) a reçu plus d’amour et d’affection que son Maitre/Sensei Kumatetsu et est, dans ce domaine, son aĂ®nĂ©.

 

 

 Le Garçon et la bĂŞte nous rappelle ainsi que l’on peut ĂŞtre devenu un adulte reconnu et imposant et ĂŞtre restĂ©….un enfant inconnu de tous. 

 

 

J’avais prévenu que, rien que le début de ce manga pourrait suffire pour provoquer un débat.

Autre dĂ©bat : Aujourd’hui, le succès de stars de tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ© ou d’autres domaines (cinĂ©ma, musique….) impose sous toutes ses formes la dictature de l’image. L’image que l’on donne de soi a toujours eu de l’importance. Dans le pire des cas, mĂŞme les personnes criminelles font, au dĂ©part, en sorte d’offrir d’elles l’image de personnes frĂ©quentables et « normales ». Cependant, aujourd’hui, cette norme et cette nĂ©cessitĂ© de l’image a encore plus renforcĂ© son emprise sur nous. 

 

Des stratégies et des mondes contraires

 

Qui veut rĂ©ussir aujourd’hui doit ĂŞtre « vu Â» et « revu Â» un certain nombre de fois. Ou pouvoir ĂŞtre « vu » et « revu » plutĂ´t rapidement au moment oĂą il fait sa promotion ou se met sur le « marché ».

On peut critiquer cette norme ou cette habitude. La regretter. Mais on doit aussi la constater. On doit aussi apprendre Ă  soupeser ce que l’on est prĂŞt Ă  concĂ©der Ă  cette norme et habitude. En fonction du rĂ©sultat et du type de popularitĂ© que l’on recherche. Et de ce que l’on peut accepter de rendre public de soi.

 Ainsi, une artiste telle la chanteuse Angèle qui peut porter des messages très lucides et très louables sur diffĂ©rents sujets doit de s’être faite connaĂ®tre au dĂ©but, assez rapidement, grâce Ă  Instagram, je crois. 

 

Tel autre artiste, français ou étranger, en mettant des vidéos sur Youtube.

 

Avant hier, en plein Paris, j’entendais une jeune femme, sans doute encore adolescente, s’engueuler dans la rue au tĂ©lĂ©phone avec son père en lui disant :

 

« Mais, papa, aujourd’hui, beaucoup de monde peut trouver du travail grâce Ă  Facebook ! Â».

Mais il n’y a pas que les nouveaux moyens de communications qui peuvent permettre de rĂ©ussir. Il y a aussi certaines niches, de nouveautĂ©s encore, oĂą il faut savoir s’engager au « bon » moment. Avant que le marchĂ© ne soit saturĂ© et la concurrence trop importante.

Il y a une vingtaine d’annĂ©es, ou un peu plus, se lancer dans le Rap pouvait ĂŞtre un moyen plus facile de se faire connaĂ®tre si cela « marchait ». Aujourd’hui, la personne qui dĂ©cide de se lancer dans le Rap en France a intĂ©rĂŞt Ă  ĂŞtre plus que bon et d’avoir une patte originale. Car en plus d’un hĂ©ritage solide en matière de Rap avec des groupes prĂ©curseurs, connus et moins connus du grand public, il y a aujourd’hui plus d’artistes de Rap en activitĂ© en France qu’au dĂ©but des annĂ©es 90- 2000. 

Je me rappelle aussi de l’acteur Daniel Auteuil, alors dĂ©ja reconnu, disant que s’il avait jeune acteur Ă  l’Ă©poque la première saison de Loft Story, une Ă©mission de tĂ©lĂ© rĂ©alitĂ© donc une Ă©mission plutĂ´t considĂ©rĂ©e comme moins noble d’un point de vue culturel ( Nabilla ou Loana ont des prĂ©tentions culturelles, sociales intellectuelles autres qu’Anne Sinclair et LĂ©a SalamĂ©  mĂŞme si leurs ambitions peuvent se rejoindre sur certains points ) qu’il aurait tout fait pour y participer. Le Daniel Auteuil de Manon des Sources et d’autres films d’auteur mais aussi de comĂ©dies qui lui ont donnĂ© un statut de comĂ©dien et d’artiste indiscutable. Au contraire de Nabilla ou de Loana dont on peut surtout regarder la plastique- dĂ©ferlante ou obĂ©issante- et admirer soit le sens des affaires. Soit l’aptitude Ă  rester malgrĂ© tout l’invitĂ©e de certains cercles tĂ©lĂ©visĂ©s et mĂ©diatisĂ©s. 

 

Aussi, pour celles et ceux, jeunes et moins jeunes, qui ont pu trouver leur emploi, leur conjoint, leur conjointe, leur coup du soir, leur co-voiturage, leur mĂ©decin ou leur appartement,  via des applications oĂą il s’agit de se faire voir mais, surtout, de se faire connaĂ®tre, reconnaĂ®tre et joindre très vite, l’attitude d’un Ren (sans jeu de mot avec «  un renne Â») apparaĂ®tra sĂ»rement comme vieillote, suicidaire. Ou inapplicable.

 

Parce-que, pour rĂ©ussir, Ren choisit exactement le contraire. D’abord de disparaĂ®tre. Alors que nous sommes dans une Ă©poque oĂą, dĂ©sormais, il est très difficile d’accepter de disparaĂ®tre. Puisque disparaĂ®tre, c’est angoissant, c’est la solitude, c’est ne pas exister. Et, nous bĂ©nĂ©ficions de tout un tas de prothèses et de tocs qui nous permettent d’éviter de nous sentir noyĂ©s dans ça :

 

Le tĂ©lĂ©phone portable constamment allumĂ© ; ĂŞtre en permanence sur internet ;  l’envoi constant de sms, mms, liens ou mails.

 

Alors que le manga Le Garçon et la bête fait plutôt table rase de toute cette modernité high-tech dont le Japon a longtemps été, et reste, l’un des fleurons mondiaux.

 

Pire, Le Garçon et la bĂŞte fait l’apologie de la patience. De la discrĂ©tion ( le fait de disparaĂ®tre) et de pouvoir accepter de travailler durement et quotidiennement pendant près de dix ans avant de, peut-ĂŞtre, atteindre l’excellence dans un certain domaine. Mais pour pouvoir ĂŞtre patient, il faut pouvoir disposer de suffisamment de confiance en soi, avoir reçu suffisamment d’amour, se sentir donc suffisamment en sĂ©curitĂ©. Il faut aussi avoir un don ou avoir le sentiment d’avoir un don pour soi ou pour les autres qui nous permet de nous distinguer ou qui pourra le permettre un jour. Enfin, il faut ĂŞtre suffisamment optimiste. 

Si Ren, sans jeu de mots, a sans doute ça pour lui. Beaucoup de personnes, enfants et adultes, manquent de ces « aptitudes » et n’ont pour elles « que » la volontĂ©, la rage ou l’ambition de s’en sortir. Donc, Ren/Kyuta est un enfant en colère et orphelin. MalgrĂ© tout, Ă  ses neuf ans, il a sans doute reçu plus que beaucoup, enfants et adultes lors du dĂ©but de l’histoire. Et, bien qu’en colère, il Ă©tait sans doute ou peut-ĂŞtre, aussi, un de ces enfants « modèles » Ă©voquĂ©s plus tĂ´t avant que le malheur de la mort de sa mère ne lui tombe dessus. DĂ©cès qui peut « suffire » pour que des enfants, mĂŞme « modèles », se laissent envahir  » par les tĂ©nèbres ». Car Ren/Kyuta a aussi sa vulnĂ©rabilitĂ© et a , comme tout un chacun, des choix Ă  faire Ă  divers moments de son existence. Mais sa « rĂ©ussite » si elle se produit, part du principe qu’il faut « donner du temps au temps ». Et que la rĂ©ussite se « mĂ©rite » si l’on travaille dur, quotidiennement et assez longtemps. Sans savoir au dĂ©part combien de temps il va falloir oeuvrer avant de « rĂ©ussir ». Si l’on « rĂ©ussit »…..

Nous sommes ici plutôt aux antipodes des exemples de réussite diverses qui nous sont donnés assez régulièrement.

Le journal gratuit  » 20minutes » de ce lundi 4 octobre 2021, page 4.

 

La mort rĂ©cente d’ un Bernard Tapie nous vaut des retours de flamme mĂ©diatiques pour bien nous expliquer comme il Ă©tait quelqu’un d’attachant, de mĂ©ritant et de «sympa» .Car c’est lui, qui, le premier, avait rĂ©ussi Ă  mettre Ă  mal Le Pen père, PrĂ©sident alors du FN, lors d’un dĂ©bat tĂ©lĂ©visĂ©. Mais aussi lui, qui, Ă  la tĂŞte de l’Ă©quipe de Foot de l’OM ( j’avais regardĂ© le match en direct Ă  la tĂ©lĂ©. But de la tĂŞte du joueur Basile Boli) avait permis Ă  une Ă©quipe de française de devenir championne d’Europe. La seule Ă  ce jour, encore, je crois.  Tapie incarne aussi encore cette Ă©poque oĂą un PrĂ©sident socialiste dirigeait la France, François Mitterrand. Et oĂą, pas grand monde, parmi ses Ministres, ou parmi les Ă©lus socialistes, ne se serait permis de le regarder de haut ou d’essayer de fronder. Une Ă©poque irrĂ©alisable aujourd’hui.

 

Cependant, la chronologie de la rĂ©ussite de Tapie correspondait aussi Ă  son Ă©poque. Et n’a rien Ă  voir avec celle d’un rappeur comme Jul, aujourd’hui, un des plus grands vendeurs de Rap en France et qui doit beaucoup de son succès, Ă  son travail et Ă  son originalitĂ© comme un Tapie Ă  son Ă©poque…  ainsi qu’à Ă  sa très grande maitrise d’internet et des rĂ©seaux sociaux. Et du genre musical dans lequel il s’exprime, avec le marchĂ© que reprĂ©sente aujourd’hui celui du Rap en France depuis plusieurs annĂ©es. Aujourd’hui, le Rap est le genre musical qui se vend le plus en France. Ce n’Ă©tait pas le cas Ă  l’Ă©poque de l’OM de Bernard Tapie. A cette Ă©poque, un Jul ou d’autres, avec la mĂŞme capacitĂ© de travail et la mĂŞme originalitĂ©,  n’auraient pas pu avoir la carrière, la mĂŞme rĂ©ussite Ă©conomique, sociale et artistique, qu’ils ont aujourd’hui. 

 

Nulle part oĂą aller :

 

Donc, vieillot, le petit Ren que l’on ne voit très peu avec un smartphone et qui sait Ă  peine lire le Japonais Ă  18 ans ?

 

Seulement pour l’esthétique.

 

Car, pour le fond, ce qu’il vit est intemporel. Et toute personne, Geek ou non, Ă  plusieurs moments de son existence, vit ce que vit Ren. Ou a vĂ©cu ce qu’a vĂ©cu Ren. Le fait de devoir trouver sa propre rĂ©ponse Ă  cette question qui se pose Ă  tout ĂŞtre humain mais, aussi, Ă  toute espèce humaine :

 

OĂą aller ? Trouver sa place.

 

Au dĂ©but du manga, d’ailleurs, cette simple phrase m’a marquĂ© alors que Ren hĂ©site encore sur ce qu’il va faire après avoir fuguĂ© et commencĂ© Ă  errer dans la rue :

 

Il n’a « nulle part oĂą aller Â».

 

Et, hier, pour la première fois, cette simple phrase m’a parlĂ© d’une autre façon. Bien-sĂ»r, les thèmes martiaux du manga m’ont plu. Dans Le Garçon et la bĂŞte, on reconnaĂ®tra le Kendo et l’AĂŻkido comme les arts martiaux de rĂ©fĂ©rence. Ce qui m’a rappelĂ© que je n’avais toujours pas fait le compte rendu de ma lecture du livre de Sensei Jacques Payet :

 

Uchideschi ( Dans les pas du Maitre ).  

 

Me rappeler de cet « oubli Â» m’a un peu culpabilisĂ©. J’ai eu l’impression de m’être dispersĂ© depuis sa lecture il y a bientĂ´t deux mois. Alors, que peut-ĂŞtre, Ă  ma façon, suis-je malgrĂ© tout restĂ© dans la voie de ce que j’avais lu. 

 

Sauf que, contrairement au jeune Ren qui se concentre sur un seul but, depuis ma lecture du témoignage de Sensei Jacques Payet, j’ai recommencé à m’impliquer dans plusieurs directions.

 

J’ai donc à prendre des décisions devant plusieurs directions qui s’offrent à moi. Ou à trouver le moyen de les unifier. Unifier ou sacrifier.

Ren n’a plus rien au début de l’histoire. Ren a donc un deuil à faire. Là où j’en ai en quelques sortes plusieurs à faire.

Ren n’a personne sous sa responsabilitĂ©. J’ai ma fille sous ma responsabilitĂ©. N’importe quel parent impliquĂ© dans le quotidien et l’avenir de son enfant sait qu’il faut rĂ©gulièrement disposer d’au moins trois cerveaux afin de pouvoir mener plusieurs actions en mĂŞme temps. Les actions pour son enfant. Celles pour soi et avec son entourage immĂ©diat. Et, tout ce qui concerne l’anticipation, travail que votre enfant ne peut pas faire Ă  votre place. Au milieu de tout ça, dans l’idĂ©al, il faut rĂ©ussir Ă  lui rendre la plupart de ces actions suffisamment intelligibles afin qu’il les comprenne mais aussi afin qu’il apprenne leur nĂ©cessitĂ©. Car, plus tard, selon les situations et les circonstances,  il aura Ă  effectuer un certain nombre de ces actions pour lui-mĂŞme, peut-ĂŞtre pour vous ou son entourage immĂ©diat etc….

 

Evidemment, un enfant n’est pas de la matière inerte. Un enfant est souvent là où on ne l’attend pas. Là où on ne le pense pas. Et, un enfant, ça conteste aussi votre belle organisation mais aussi vos pouvoirs de logique. Donc, j’estime il faut bien avoir à peu près trois cerveaux au minimum lorsque l’on est attaché à faire de son mieux pour son enfant et avec lui.

 

Donc, si Ren est au départ plus vulnérable que moi du fait de son jeune âge et de son statut, son emploi du temps et ses obligations au regard de la société sont aussi moindres que les miennes.

 

Il ne s’agit pas, pour moi, néanmoins, de dire que la vie est belle pour le petit Ren. Alors que, contrairement à lui, j’ai toujours vécu avec ma mère et n’ai jamais eu, enfant, à essayer de survivre dans la rue. Mais, plutôt de dire que chacune et chacun d’entre nous a ses obstacles personnels. Et qu’il lui faut fournir et trouver des efforts particuliers ou des solutions à leur mesure afin de les surmonter. Moi, par exemple, j’ai sans aucun doute constitué un ensemble de mauvaises habitudes qui, aujourd’hui, m’empêchent. Donc, soit, je les accepte et vis avec. Car, après tout, si ces habitudes sont là, c’est qu’elles me servent à quelque chose.

 

 Soit, je tranche.

Ren tranche en dĂ©cidant de suivre et de rejoindre Kumatetsu dans le monde des bĂŞtes. L’intellect, alors, n’est pas sa prioritĂ© au sens de l’éducation scolaire et sociale avec la mise sous uniforme, sous chloroforme et sous cloche de ce qu’il peut ressentir. Ren dĂ©cide de dĂ©laisser l’image et certains codes de conduite protocolaires considĂ©rĂ©s comme « respectables Â» et « normaux Â».

 

Ren opte plutĂ´t pour ce ce qu’il a dans les tripes, d’instinctif, d’enfantin. Il ne joue pas Ă  l’homme contrairement Ă  d’autres de son âge ou un peu plus vieux qui rĂ©cupèrent ce qui leur vient de leurs parents, de leur entourage et l’adoptent. Comme une dĂ©calcomanie. Sans voir et sans comprendre que cela ne leur correspond peut-ĂŞtre pas autant qu’ils le croient. MĂŞme si, Ă  l’extĂ©rieur, ils font illusion et qu’on les regarde ou que l’on semble les considĂ©rer pour eux-mĂŞmes. Alors que celles et ceux qui les regardent et les considèrent ne savent peut-ĂŞtre mĂŞme pas eux-mĂŞmes qui ils sont vĂ©ritablement…..

 

 

Mais ce « nulle part oĂą aller Â», hier après-midi, m’a beaucoup parlĂ©.  On entend rĂ©gulièrement ce sujet.

Je pense Ă  la chanson de Tiken Jah Fakoly qui parle des migrants. OĂą aller oĂą ? 

Je pense aussi au titre de Mc Solaar. Bouge de lĂ .

 

 

C’est parce-que Ren n’a nulle part oĂą aller, qu’il n’a plus d’attache,  qu’il peut se permettre de disparaĂ®tre du monde des vidĂ©os surveillances ; de l’obligation de se conformer Ă  certaines images sociales ; du monde des humains.

Pour, pendant neuf ans, choisir d’accomplir un travail quotidien, approfondi, intérieur mais aussi socialisant, libérateur et apaisant avec plusieurs personnes de confiance.

 

Les sectes, les religions, les groupes terroristes et autres organisations humaines peuvent aussi jouer ce rĂ´le selon les intentions de celles et ceux qui dĂ©cident de les rejoindre. Selon le « vide Â» que ces prĂ©tendantes et prĂ©tendants ont en eux et espèrent combler.

D’autres espèrent combler ce vide par un mariage, par le fait de faire des enfants, en multipliant les expĂ©riences professionnelles, relationnelles ou autres.  Ou en acquĂ©rant un certain statut social ou Ă©conomique. Pour moi,  Le Garçon et la bĂŞte parle de tout ça.

 

Si Ren était toujours seul face à Kumatetsu, sans doute serait-il aussi devenu une bête ou qu’il aurait aussi fugué pour ne pas repartir. Mais il existe des tuteurs ou des tiers reconnus et tolérés tant par Kumatetsu que Ren. Ce qui évite la fusion, la confusion mais aussi la confrontation meurtrière entre l’enfant et l’adulte, mais aussi entre la bête et l’animal. Ren n’est pas seul face à Kumatetsu. D’autres adultes, d’abord des hommes aux caractères différents, sont constamment présents et raisonnent tant l’un et l’autre. Puis, Ren rencontre d’autres garçons qui, dans le monde des bêtes, ont l’équivalent de son âge, et ont des codes d’intégration assez proches de ceux que l’on peut trouver dans le monde des humains.

 

Quitter son île natale

 

En  revoyant Le Garçon et la bĂŞte, j’ai compris comment le jeune adulte Jacques Payet, avait pu trouver l’aplomb de quitter son Ă®le natale de la RĂ©union pour partir vivre pendant huit ans au Japon, dans les annĂ©es 80, afin de devenir l’Uchideschi d’un grand Maitre d’AĂŻkido :

 

Sensei Gozo Shioda.

 

 Comme Ren, Jacques Payet en Ă©tait passĂ© par certaines Ă©tapes et Ă©preuves.  Et, comme Ren, dans plusieurs de nos expĂ©riences de dĂ©butants, nous en sommes aussi passĂ©s par lĂ , Ă  diffĂ©rents degrĂ©s. En acceptant diverses difficultĂ©s car, nous savons que nous n’avions nulle part d’autre oĂą aller.  Retourner lĂ  d’oĂą nous venions ? Pas question. On retrouve lĂ , la phrase prononcĂ©e par l’acteur Daniel Craig (que j’ai citĂ© dans mon article prĂ©cĂ©dent Moderna J + 5 ) lorsqu’il a annoncĂ© ne plus vouloir interprĂ©ter le personnage de James Bond :

 

« Je prĂ©fère m’ouvrir les veines Â».

 

Et, l’on retrouve aussi, sans aucun doute ce qui pousse, aujourd’hui aussi, Ă  notre Ă©poque de la dictature de l’image et des rĂ©seaux sociaux, sĂ»rement le mĂŞme genre de dĂ©termination chez celles et ceux qui ont rĂ©ussi, rĂ©ussissent ou rĂ©ussiront Ă  leur façon. Ce refus de poursuivre tel que l’on a Ă©tĂ©. Ce besoin et cette volontĂ© de changement personnel qui sont un engagement et une dĂ©marche intimes et non des promesses sans lendemain Ă©quivalentes Ă  des  bravades lancĂ©es après avoir bu plusieurs verres ou après avoir fumĂ© un certain nombre de joints.

 

Sans domicile fixe

 

 

Enfin, pour conclure. Toujours inspirĂ© par cette phrase « Nulle part oĂą aller Â» mais aussi par ce court passage oĂą Ren risque de vivre dans la rue avec tout ce Ă  quoi ce mode de vie l’aurait exposĂ© (dĂ©rĂ©liction, addictions, prostitution, prison, maladies et vieillissement prĂ©coces…), j’ai pensĂ© Ă  ces SDF que nous croisons souvent. Et dont un certain nombre « s’adonne Â» Ă  la boisson.

 

SDF, cela signifie Sans domicile fixe. Par extension, j’ai aussi pensé que leur élixir est leur domicile, l’endroit, le moment et la sensation dans lesquels elles et ils se sentent bien. A la fois protégés mais aussi perméables au monde et à la vie, dans une sorte de cocon ou de fœtus artificiel recréé où, pensent-ils, et sentent-ils, il ne peut plus rien leur arriver.

 

Mais ces effets ne durent pas. Les « propriĂ©tĂ©s Â» de l’alcool s’évaporent. L’organisme, ce « traitre Â»,  se dĂ©barrasse aussi de ces bordĂ©es d’alcool.  De ce fait, un ou une Sans domicile fixe est aussi une personne Sans Ă©lixir fixe. LĂ  aussi, mĂŞme si l’on rencontre des SDF qui sont Ă  peu près souvent au mĂŞme endroit, nous avons affaire Ă  des personnes qui n’ont nulle part oĂą aller. MĂŞme si, avant de devenir SDF, elles ont pu beaucoup voyager, avoir eu un foyer, un emploi y compris très bien payĂ© et très bien valorisĂ©. Jusqu’à finir par opter pour l’alcool comme lieu de domicile. Car leur ailleurs, de toute façon, ont-ils fini par conclure, n’existe ou ne subsiste pas. Est instable ou ne dure pas. De mĂŞme que certains ailleurs que nous recherchons et que nous dĂ©fendons, dans certaines de nos rencontres, de nos expĂ©riences, de nos dĂ©cisions ou de nos croyances. 

 

Hier soir, j’ai dĂ» me pousser pour Ă©crire mon article Moderna J + 5.  Cet article-ci m’a poussĂ©.

 

Franck Unimon, ce dimanche 10 octobre 2021.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Moderna J + 5

Photo prise à Paris, dans le 13ème, vendredi 8 octobre 2021.

    

                                      Moderna J + 5

 

Je dois me pousser ce soir pour écrire. Aussi, cet article devrait-il être court…..

 

Je m’explique mon manque d’entrain, sĂ»rement passager, par le fait d’avoir pris beaucoup de notes lors de mes deux jours de formation hier et avant hier. Mais aussi par le fait que ces dix derniers jours, j’ai multipliĂ© les contacts sociaux directs. Famille, amis mais aussi dans un contexte professionnel. Ou/Et par le fait d’avoir Ă©crit beaucoup d’articles en aout et en septembre. A peu près 15 articles Ă  chaque fois.

 

 

J’ai sûrement besoin de faire une petite pause alors que plusieurs sujets m’attendent. Cependant la régularité a son importance. Et, je crois qu’il me faut faire l’effort de parler encore un peu de la deuxième injection de Moderna que j’ai reçue ce lundi 4 octobre 2021. Parce-que, plus tard, j’aurai sans doute oublié ou préfèrerai me concentrer sur d’autres thèmes.

Photo prise le mercredi 6 octobre 2021, Ă  Villeneuve le Comte.

 

 

Ce soir, nous sommes samedi 9 octobre 2021. Nous sommes bien Ă  J + 5.  Lundi, dans deux jours, je devrais recevoir ou avoir reçu ma carte du « club Â» des vaccinĂ©s contre le Covid.

 

Je me sens bien.  A J+ 2 (mercredi), j’ai pensĂ© Ă©crire mais je n’ai pas pu me rendre disponible. Je n’ai pas ressenti de fièvre après ma seconde injection comme après ma première. Et, le soir de ma deuxième injection ( le lundi) comme j’en parle un peu Ă  la fin de mon article Consentement , je m’étais rendu Ă  un cinĂ© dĂ©bat Ă  la salle Jean Gabin, Ă  Argenteuil. Pour voir le nouveau film de Jean-Gabriel PĂ©riot inspirĂ© de l’ouvrage de Didier Eribon :

 

Retour Ă  Reims

 

D’ailleurs, je n’ai toujours pas Ă©crit Ă  propos de ce cinĂ©-dĂ©bat comme Ă  propos du « spectacle Â» Screws vu le samedi 25 septembre 2021 Ă  Cergy-PrĂ©fecture lors de l’évĂ©nement Cergy, soit ! 

 

Avoir un dossier sous le bras

 

Le mardi, le lendemain de ma seconde injection et de cette soirĂ©e cinĂ© dĂ©bat, je partais dĂ©jeuner avec Lucifer, une ancienne collègue.  Lorsqu’avant notre rendez-vous, celle-ci m’avait demandĂ© par sms si cela allait, je lui avais rĂ©pondu que j’avais «  un peu mal au bras et Ă  l’aisselle Â». Lucifer, alors, avait su me rassurer :

 

« EspĂ©rons que tu y survivras mais sur une courte durĂ©e ça devrait aller….( sourire). A tout Ă  l’heure Â».

Paris, vendredi 8 octobre 2021, l’Ă©glise Sainte-Eugène-Sainte-CĂ©cile.

 

Dans la vie courante, Lucifer est une personne charmante. Ce qui ne l’empĂŞche pas d’avoir un certain humour. Un humour que je prĂ©fère aux immersions catastrophĂ©es ou fatalistes Ă  visĂ©e rĂ©pĂ©titive. 

 

Si j’ai pu m’accommoder d’une petite tachycardie, en me disant qu’elle rĂ©sultait plus de la fatigue ( due Ă  quelques heures de sommeil en moins) que de l’injection, je n’ai pas aimĂ© voir cette hypertrophie de mes ganglions sous mon aisselle. Bien-sĂ»r, j’ai dĂ©duit de ce « gonflement Â» que mes dĂ©fenses immunitaires se mettaient au travail sous l’effet du vaccin. Je n’ai pas craint particulièrement pour ma vie. Mais cette rĂ©action visible et palpable m’a bien confirmĂ© que ce vaccin avait opĂ©rĂ© une certaine transformation dans mon organisme. J’ai dĂ©jĂ  reçu d’autres vaccins. C’était la première fois que j’assistais Ă  cette rĂ©action.

 

Je ne me suis pas trop inquiĂ©tĂ©. Et, aujourd’hui, cette « boursouflure Â» sous l’aisselle correspondant au bras qui a Ă©tĂ© piquĂ© Ă  deux reprises (le 13 septembre puis ce 4 octobre) a pratiquement disparu. Reste peut-ĂŞtre une petite sensibilitĂ© sous l’aisselle si j’appuie. Mais rien qui ne m’empĂŞche de dormir, de manger, d’écrire ou de lire.  Ou de faire ce que j’ai prĂ©vu de faire.

La Grande synagogue de Paris, rue Sainte Victoire, vendredi 8 octobre 2021.

 

Etre confiant

 

Concernant ma santĂ©, je devrais ĂŞtre confiant Ă  cent pour cent. D’autant qu’hier, j’ai effectuĂ© un nouveau test antigĂ©nique, soit le sixième depuis avril de cette annĂ©e. Si, cette fois, la pharmacie oĂą je me suis rendu a appliquĂ© le protocole qui consiste Ă  attendre 25 minutes avant de communiquer le rĂ©sultat, contre moins de cinq minutes les trois dernières fois oĂą j’ai passĂ© un test antigĂ©nique Ă  deux autres endroits, le rĂ©sultat du test antigĂ©nique a Ă©tĂ© identique Ă  toutes les autres fois : NĂ©gatif.

L’étudiant en chirurgie dentaire qui a effectué le test antigénique a su être doux. J’aurai donc passé six tests antigéniques. Les trois première fois avec des femmes. J’affirme ce soir que les hommes qui ont réalisé les tests antigéniques ont été les plus doux.

J’affirme aussi que l’étudiant en mĂ©decine qui m’a fait la deuxième injection intramusculaire l’a mieux rĂ©ussie que l’étudiante en mĂ©decine qui m’avait fait la première. Cela pour dire de nouveau, Ă  notre Ă©poque oĂą le verbe « dĂ©construire Â»- pour dĂ©construire les stĂ©rĂ©otypes et les prĂ©jugĂ©s- est facilement utilisĂ© que la douceur et la dĂ©licatesse ne sont pas la propriĂ©tĂ© dĂ©terminĂ©e et exclusive des femmes.

 

Toutefois, depuis plusieurs semaines, il est plutĂ´t facile de se sentir confiant, je trouve. On nous parle nettement moins de la pandĂ©mie du Covid, de ses morts et des patients qu’elle envoie en rĂ©animation. On nous laisse plus comprendre que les chiffres de la pandĂ©mie sont en baisse en France. Il faut les chercher dans les journaux, les articles qui parlent du Covid. Alors qu’au mois d’aout encore, le thème astral du Covid et son horoscope nous sautaient facilement aux yeux dans les mĂ©dia mais aussi dans les rĂ©seaux sociaux :

 

« Travail : Aujourd’hui, vous aurez beaucoup de rĂ©ussite dans ce que vous entreprendrez. Amour : Vous avez laissĂ© un grand vide derrière vous. SantĂ© : Rien ne vous est impossible Â».

Paris, vendredi 8 octobre 2021.

 

 MĂŞme les Ă©ventuelles consĂ©quences- en termes de pĂ©nurie de personnel dans le secteur hospitalier dĂ©jĂ  touchĂ© par le manque de personnel avant la pandĂ©mie du Covid- des suspensions des soignants qui ont refusĂ© de se faire vacciner sont gommĂ©es des prĂ©occupations premières.

 

En plus, il fait plutĂ´t beau ces  derniers jours. Lorsqu’il ne pleut pas. Les restaurants sont ouverts, les cinĂ©mas etc…. il faut juste fournir son passe sanitaire ou un rĂ©sultat nĂ©gatif de moins de 72 heures Ă  un test antigĂ©nique ou PCR ou un document officiel attestant que l’on a attrapĂ© le Covid il y a plus de 11 jours ( et moins de 6 mois ?).

 

Paris, vendredi 8 octobre 2021.

 

Donc, ça « roule Â» dans l’ensemble. Et ça fait aussi du bien de voir que ça roule autour de soi lorsque l’on marche dans les rues en plein Paris. Lorsque l’on entre dans un commerce. Ou quand on prend le mĂ©tro pour se rendre Ă  sa formation aux heures de pointe.  BientĂ´t, je reprendrai mes entraĂ®nements d’apnĂ©e avec mon club. Puisque, jusque lĂ , je ne pouvais pas. Vu que je n’étais pas vaccinĂ© contre le Covid. Je retournerai un peu plus souvent au cinĂ©ma. Je suis finalement moins pressĂ© pour aller voir le dernier James Bond avec l’acteur Daniel Craig, Mourir peut attendre. Car les Ă©chos sont un peu amers Ă  l’encontre de ce dernier James Bond  avec l’acteur Daniel Craig, pour la dernière fois dans le rĂ´le.

 

Et, moi, avec Daniel Craig, dans le rĂ´le, je reste accrochĂ© Ă  son tout premier, dans le remake de Casino Royale ; oĂą la franchise mais aussi lui-mĂŞme avaient beaucoup Ă  prouver. Par ailleurs, le casting autour de lui Ă©tait variĂ©, Ă©quilibrĂ© et très bon :

 

Mikkelsen, Bankolé, Dench, Abkarian, Green…

 

Aujourd’hui, on ne sait pas qui va succéder à Daniel Craig dans le rôle de James Bond. La pandémie est toujours là. D’ailleurs, si ce James Bond ne sort que maintenant, c’est à cause de la pandémie du Covid.

 

NĂ©anmoins, d’autres sujets d’inquiĂ©tude dans le monde persistent ou s’intensifient (l’eau, certaines pĂ©nuries alimentaires mais aussi de vĂŞtements et de chaussures, l’augmentation du prix du gaz et de l’électricitĂ©, les grosses coupures d’électricitĂ© connues par la Chine, l’emprise des GAFAM….) mais nous pouvons encore, pour plusieurs d’entre nous, encore nous demander qui pourrait bien ĂŞtre le prochain acteur qui va jouer James Bond. L’acteur Tom Hardy ? A un moment, j’avais entendu parler de l’acteur Idriss Elba…

 

Je n’ai pas encore Ă©coutĂ© le podcast oĂą l’acteur Daniel Craig explique qu’en « devenant Â» James Bond, sa vie privĂ©e Ă©tait devenue impossible et qu’il devait laisser ses rideaux fermĂ©s lorsqu’il Ă©tait Ă  son domicile. Je me rappelle par contre d’une interview lue sans doute avant le premier confinement oĂą il confirmait sa dĂ©cision d’arrĂŞter de jouer James Bond. Affirmant :

 

« Je prĂ©fèrerais m’ouvrir les veines Â».

 

 

Mourir peut attendre

 

Hier après-midi, après la fin de ma formation de deux jours, j’ai changĂ© mon itinĂ©raire de retour afin de continuer de discuter avec un de mes collègues. Cela m’a donnĂ© l’idĂ©e de passer dans un des magasins de Tang Frères. Vingt Ă  trente mètres avant d’y arriver,  je me suis arrĂŞtĂ© devant ces affiches. Mon collègue a alors commentĂ© :

 

« Ils cherchent vraiment Ă  faire peur aux gens Â».

Paris, 8 octobre 2021.

J’ai aussitôt pris des photos en me disant que ces affiches seront vraisemblablement assez vite arrachées. Mon collègue m’a imité.

 

 

 

Le fait est que je ne sais pas quoi penser devant ces affiches. Pour les personnes convaincues par les bienfaits des vaccins anti-Covid que nous avons reçus ( Astrazeneca, Moderna, Pfizer, Johnson & Johnson ), il n’y a pas photo. Ce genre d’affiches est Ă  ranger dans le casier « fake news Â», « complotisme Â», « irrationnel Â».

 

Le soir mĂŞme, sur le net, j’ai tapĂ© deux noms parmi ces « tĂŞtes d’affiche Â». Dont le dĂ©funt Maxime Beltra, dont j’avais « entendu Â» parler. J’ai « trouvĂ© Â» un extrait d’un article du journal LibĂ©ration qui expliquait qu’après une recherche un peu plus approfondie qu’il ressortait que le jeune Maxime Beltra Ă©tait officiellement dĂ©cĂ©dĂ© suite Ă  une allergie alimentaire. En mangeant au restaurant des aliments pour lesquels il avait une allergie connue. D’oĂą l’œdème de Quincke lĂ©tal. Il Ă©tait envisagĂ© que l’allergie alimentaire associĂ©e Ă  la vaccination avait pu provoquer la mort. Mais, fondamentalement, l’allergie alimentaire Ă©tait la principale cause de dĂ©cès officielle. Je me suis nĂ©anmoins demandĂ© ce qui avait pu pousser Maxime Beltra Ă  aller manger au restaurant une nourriture Ă  laquelle il se savait allergique. Mais l’être humain est aussi plein de paradoxes et de mystères. Et, pas plus que je ne suis devenu Ă©pidĂ©miologiste depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie du Covid, je ne suis devenu inspecteur de police, mĂ©decin lĂ©giste ou analyste de laboratoire.

Photo prise Ă  Paris, ce vendredi 8 octobre 2021.

 

 

Pour certains, en parlant de Maxime Beltra et d’autres personnes qui seraient décédées suite à une injection de vaccin anti-Covid, je refuse de voir l’évidence. Pour d’autres, je m’attarde trop sur des détails et des coïncidences.

 

Mais si je prends aussi le temps de « parler Â» de ces affiches, ce soir, c’est parce-que, plus tard, dans un avenir plus ou moins proche, six mois, deux ans ou trois, ou quatre, ou plus, sortiront des explications irrĂ©futables tant Ă  propos des vaccins anti-Covid actuels que de certaines de ces morts. Et, si je suis encore en vie et que je souhaite alors revenir Ă  ce que nous vivons maintenant, je pourrai toujours revenir Ă  ces quelques informations que je laisse ce soir. Très certainement que je me dirai alors :

 

« C’est dommage de ne pas avoir Ă©crit davantage ce soir-lĂ  ou sur ce genre de sujets Ă  cette Ă©poque…. Â».

Paris, ce vendredi 8 octobre 2021.

 

Franck Unimon, ce samedi 9 octobre 2021.

 

 

 

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Corona Circus

Consentement

Le verso du questionnaire prĂ© vaccinal que j’ai rempli hier avant ma deuxième injection de Moderna.

 

 

                                              Consentement

 

Retour Ă  la normale

 

 

Le mĂ©decin qui  a certifiĂ© ce lundi 4 octobre 2021 m’avoir examinĂ© et m’avoir transmis  « toutes les informations liĂ©es Ă  la vaccination pour la Covid-19 Â» et m’avoir informĂ© que mon « cycle vaccinal est terminĂ© Â» est gynĂ©cologue.

 

Je l’ai dĂ©couvert sur l’écran de tĂ©lĂ©viseur plat derrière les deux hĂ´tesses d’accueil. En ramenant mon « questionnaire de consultation prĂ© vaccinale Â» que j’avais rempli recto verso. Comme cela m’avait Ă©tĂ© rappelĂ© par l’hĂ´tesse Ă  laquelle je m’étais adressĂ©. Une femme d’une vingtaine d’annĂ©es, mesurant environ 1m60, montĂ©e sur des talons hauts, qui me l’avait tendu. 

 

Celle-ci avait d’abord Ă©tĂ© un peu surprise lorsque je lui avais appris la raison de ma venue :

 

Ma deuxième vaccination anti Covid.

 

Cela était sûrement tellement loin des principaux motifs de consultation désormais. Puisque nous étions le quatre octobre 2021 et que la majorité des Français s’était déja fait vacciner. Et puis, la pandémie du Covid est dépassée comme sujet d’actualité depuis fin aout, début septembre. Elle pensait peut-être davantage au décès, la veille, pour cancer, une mort normale et habituelle, de Bernard Tapie, 78 ans.

Bernard Tapie, Ex-Ministre, ex- homme d’affaires, ex-PDG, ex-Patron de l’équipe de Foot de l’OM, ex patron de la Vie Claire, l’équipe cycliste de Greg Lemond et de Bernard Hinault , ex-acteur. Un homme qui avait tout rĂ©ussi en partant de peu. Au dĂ©but de sa vie, il aurait tout aussi bien pu ĂŞtre hĂ´te d’accueil durant quelques temps. Peut-ĂŞtre que cette hĂ´tesse, aussi, Ă©tait-elle une future Bernadette Tapie. Qu’est-ce qu’on en sait ?! Tout est possible.

Photo prise ce lundi 4 octobre 2021, Paris.

 

Derrière les deux hĂ´tesses, en ramenant mon questionnaire de consultation prĂ©-vaccinale, j’ai regardĂ© celui qui m’avait « examinĂ© Â» puis, quelques minutes plus tard, signifiĂ© que mon cycle « vaccinal Ă©tait terminĂ© Â». Il ne me regardait pas.

Sur l’écran de tĂ©lĂ©viseur, aussi plat que j’aurais voulu avoir le ventre, on pouvait le voir s’exprimer sans le son. Les questions qu’on lui posait Ă©taient retranscrites sur l’écran de mĂŞme que ses rĂ©ponses. Les yeux bleus, une alliance dorĂ©e au doigt, plutĂ´t mince, la quarantaine, il parlait en s’aidant beaucoup de ses mains. Il parlait « fertilitĂ© Â» en tant qu’expert ; il expliquait qu’ici, dans le centre de soins oĂą je me trouvais, une Ă©quipe pluridisciplinaire suivait du dĂ©but jusqu’à la fin les personnes qui consultaient. Qu’il s’agisse de couples et femmes mariĂ©es. Ou de femmes vivant seules et ayant des difficultĂ©s Ă  enfanter. En Ă©voquant cette dernière situation, «  des femmes vivant seules Â», il a eu un mouvement de la main qui signifiait que, pour lui, cette situation particulière qu’une partie de la sociĂ©tĂ© rejetait et critiquait encore, n’était pas un sujet. Qu’il Ă©tait en quelque sorte un praticien et un homme ouvert. Et/ ou qu’il avait rĂ©flĂ©chi d’un point de vue Ă©thique Ă  ce propos.

 

Le voir sans le son me donnait l’impression d’être plus réaliste dans ma façon de le percevoir. Cet homme était peut-être un futur politicien mais il donnait l’impression d’être sincère. Même si la sincérité peut être une action éphémère. Devant des caméras ou face au temps. Bernard Tapie, aussi, avait su et pu être sincère.

 

La sincĂ©ritĂ© :

 

Un homme d’une cinquantaine d’annĂ©es attendait, assis, près du lieu de vaccination au mĂŞme Ă©tage que la dernière fois. Au 7ème.  Après m’avoir expĂ©diĂ© au 7ème ciel en m’accompagnant jusqu’à l’ascenseur, en se servant de son badge et en appuyant sur le bouton, l’hĂ´tesse d’accueil avait tournĂ© les talons pour retourner Ă  son poste, son casque tĂ©lĂ©phonique de rĂ©ception toujours sur sa tĂŞte. Au 7 Ă¨me,  en sortant de l’ascenseur, je n’avais qu’à suivre et me diriger vers le fond en passant devant un premier poste d’accueil vide.

 

L’homme assis m’a rĂ©pondu qu’il venait de se faire vacciner. Non, il n’avait pas eu mal. Ni cette fois-ci, ni la première fois. J’allais toquer Ă  la porte comme la fois prĂ©cĂ©dente, le 13 septembre, lorsqu’il m’a dit qu’ils allaient bientĂ´t venir  de toute façon.

 

Deux ou trois minutes plus tard, un jeune homme en blouse blanche est sorti pour lui dire qu’il pouvait y aller s’il se sentait bien. Oui, il se sentait bien. J’ai constaté à voix haute :

 

« La dernière fois, nous avions des jeunes femmes, aujourd’hui, nous avons des Rugbymen ! Â». Celui qui se tenait debout face Ă  moi devait faire 1m90 pour près de cent kilos. Un vrai physique d’athlète. Il a pris ma remarque avec le sourire :

 

« Pourquoi, ça ne vous plait pas ? Â». J’ai dĂ©menti. Je remarquais simplement le contraste. Sans pour autant m’attarder. La dernière fois, des jeunes femmes plutĂ´t mignonnes et minces ( Marcher pour ne pas mourir). Cette fois,  un presque  Conan le Barbare  en blouse blanche venait Ă  ma rencontre.

 

A l’intérieur, un autre homme en blouse blanche, assis devant un ordinateur. Moins taillé mais plus quand même que les jeunes femmes croisées trois semaines plus tôt pour ma première injection. Et d’un abord a priori moins avenant. Ou plus stressé, sans le montrer. Donc, capable peut-être d’une grande maitrise de soi. Ou, tout simplement rigide.

 

Photo prise Ă  Paris, ce lundi 4 octobre 2021.

 

Douceur et indulgence

 

Deux jours plus tôt, je m’étais décidé à passer un test antigénique à une heure étudiée afin qu’il me dure suffisamment pour certaines démarches. Telles que pouvoir me rendre à un déjeuner le lendemain (ce mardi 5 octobre) avec une ancienne collègue et amie.

 Je n’avais pas oubliĂ© l’expĂ©rience dĂ©sagrĂ©able qu’un nouveau test antigĂ©nique, rĂ©alisĂ© par une charmante Ă©tudiante en mĂ©decine de 4ème annĂ©e, avait Ă©tĂ© pour moi avant ma première injection de Moderna. Or, deux jours plus tĂ´t, soit le 2 octobre, l’étudiant en mĂ©decin 2ème annĂ©e qui avait pratiquĂ© le test antigĂ©nique pour une des pharmacies de ma ville s’y Ă©tait bien pris. Et, je l’avais fĂ©licitĂ©. Visiblement, il n’était pas familier avec ce genre de compliment. En repartant ce 2 octobre, après ce test antigĂ©nique au rĂ©sultat Ă  nouveau nĂ©gatif, j’avais considĂ©rĂ© que l’on attribue trop facilement la douceur aux femmes. Alors que pour ĂŞtre doux mais aussi indulgent envers les autres, il faut d’abord savoir l’être vis-Ă -vis de soi-mĂŞme.

 

Il y a des femmes, soignantes ou non, qui sont brutales. J’avais repensĂ© Ă  cette aide-soignante qui, avant une opĂ©ration, il  y a plusieurs annĂ©es, m’avait rasĂ© une petite partie de mon corps Ă  sec. Car elle estimait que j’avais laissĂ© trop de poils près du champ opĂ©ratoire en me rasant. Je m’étais rasĂ© la veille au soir avec douceur et mousse.

Elle, le matin avant le passage au bloc, sous prĂ©texte d’augmentation de l’efficacitĂ©, m’avait administrĂ© des gestes rapides et agressifs. Mais loin d’être aussi parfaits qu’elle le croyait. Mais elle avait « fait Â». Elle avait fait son Ĺ“uvre. Je n’avais pas pu m’empĂŞcher de penser que cette femme d’une bonne trentaine d’annĂ©es, pas très jolie, au lit, devait ĂŞtre un très mauvais coup. MĂŞme en Ă©tant mère plusieurs fois.

 

 

La  rĂ©pĂ©tition de tests antigĂ©niques ( ou de tests PCR) des millions de fois lors de la pandĂ©mie du Covid peut malheureusement se concilier avec un certain nombre de manĹ“uvres « nasales Â» indĂ©licates. Car, si depuis mes deux premiers tests antigĂ©niques, ou Ă  chaque fois on instillait une tige dans chaque narine alors que maintenant on le fait dans une seule (pour quelle raison ?), la pratique rĂ©gulière ne suffit pas pour ĂŞtre « doux Â» ou « douce Â». Et, bien supporter un test indĂ©licat n’est pas le bon critère :

Lorsque, plus jeune, j’ai commencĂ© Ă  me raser, je trouvais ça parfaitement normal de finir le visage en sang. Pour moi, c’était ça, ĂŞtre un homme. Ensuite, j’ai appris qu’on pouvait se raser dans la douceur et avoir du plaisir Ă  le faire. Mais, aussi, qu’être dur avec soi-mĂŞme lorsque cela est inutile et injustifiĂ© ne fait pas de nous une personne plus rĂ©sistante qu’une autre face Ă  une vĂ©ritable adversitĂ© ou  Ă  l’imprĂ©vu. Je ne suis ni un guerrier, ni un aventurier, ni un meneur, ni un hĂ©ros mais je me considère plus rĂ©sistant et plus constant dans l’effort qu’à cette Ă©poque oĂą je me rasais jusqu’au sang et oĂą je bĂ©nĂ©ficiais pourtant d’une forme et d’une force athlĂ©tique supĂ©rieures Ă  celles dont je dispose aujourd’hui. Parce qu’aujourd’hui , je crois mieux savoir et mieux reconnaĂ®tre ce qui est vĂ©ritablement essentiel. Et ce qui l’est moins. Pour cela, j’ai appris. Certaines fois en prenant des coups. D’autres fois en rĂ©flĂ©chissant et en observant. D’autres fois, encore, en acceptant de me faire davantage confiance. Et, aussi, en apprenant Ă  mieux m’aimer. Pour moi, c’est aussi ça, ĂŞtre capable de douceur et d’indulgence pour soi-mĂŞme comme pour les autres. Cela ne signifie pas ĂŞtre parfait Ă  toute heure ni tout savoir ou ĂŞtre un gĂ©nie.

 

 

Cependant, pour ĂŞtre plus ou moins « doux Â» ou « douce Â», il faut non seulement avoir l’intention et la disposition pour l’être.  Etre suffisamment Ă  l’aise au contact de l’autre. Mais, aussi, ĂŞtre suffisamment « doux Â» ou « douce Â» pour soi-mĂŞme. 

Et, lorsque l’on fait des multitudes de tests Ă  la chaĂ®ne, comment rester « douce Â» et « doux Â» si, en plus, dès le dĂ©part, cela est une notion et une sensation que l’on ignore ? Que l’on banalise ? Que l’on standardise avec des trucs et des tics  de langage et de comportement. Ces « Vous allez bien ? Â» ou ces «  ça va ? Â» que l’on ne pense pas mais que l’on inocule aux autres en n’attendant d’eux qu’une seule chose : qu’ils nous rĂ©ponde de manière toute aussi standardisĂ©e : «  Oui, ça va Â». « Oui, je vais bien Â». MĂŞme si elles ressentent le contraire.

 

Voilà le genre de question que l’expérience d’un simple test antigénique peut m’inspirer.

 

 

Faire pire que la douceur et l’indulgence

 

Photo prise Ă  Paris, ce lundi 4 octobre 2021.

Cependant, ce 4 octobre, j’ai fait pire. J’ai fait le professeur.

 

Alors que je m’asseyais tout en rĂ©pondant au rugbyman en blouse blanche, j’ai d’emblĂ©e prĂ©cisĂ© que je n’aimais pas du tout les tests antigĂ©niques. Ou j’ai demandĂ© s’il faisait « mal Â».  Car il venait de m’apprendre que l’on allait quand mĂŞme me faire un test antigĂ©nique au prĂ©alable. J’ai marquĂ© mon Ă©tonnement. Le test antigĂ©nique que j’avais passĂ© samedi Ă©tait encore valable….puis, j’ai ajoutĂ© :

 

« Ă§a va vous ramener de l’argent ! Â». LĂ©gère dĂ©nĂ©gation sans dĂ©bat. Je me suis Ă  nouveau laissĂ© faire.

 

 

L’étudiant en médecine de quatrième année (j’ai demandé) m’a assuré qu’il ferait attention. Je l’ai trouvé sincère et attaché à faire de son mieux. Dans la foulée, je les ai informés, lui et son prochain, que j’étais infirmier en psychiatrie. Ce que je n’avais pas fait lors de ma première injection.

 

En psychiatrie ?

 

Cela a intrigué celui qui s’occupait de moi. Il a voulu savoir ce qui me plaisait à travailler en psychiatrie. Même si je me suis dit que c’était sa façon de détourner mon attention afin que le test antigénique se fasse telle une formalité, j’ai néanmoins répondu.

 

Pour penser. Pour ĂŞtre Ă©gal Ă  moi-mĂŞme. Et non faire du travail Ă  la chaine. A ses cĂ´tĂ©s, son collègue, Ă©galement Ă©tudiant en mĂ©decine 4ème annĂ©e, ne disait rien. Il Ă©tait nĂ©anmoins ouvertement le plus directif des deux. On aurait dit que, autant, le premier, essayait d’entrer en relation, d’être « sympa Â», autant, lui, semblait estimer que tout cela Ă©tait une perte de temps. Qu’il fallait surtout avancer.

 

Etre en quatrième annĂ©e de mĂ©decine, cela peut impressionner le grand public. Il est vrai que faire des Ă©tudes de mĂ©decine, c’est faire partie de l’élite. Et puis, ce sont des Ă©tudes difficiles. Il faut donc ĂŞtre une « tĂŞte Â» et aussi avoir le cĹ“ur solide et endurant pour ces Ă©tudes longues, Ă  très grande responsabilitĂ© et très concrètes. Il faut l’admettre. Je n’ai jamais envisagĂ© de faire mĂ©decine. Et, je ne crois pas avoir  souhaitĂ© le devenir.

 

Mais, ĂŞtre en quatrième annĂ©e d’études de mĂ©decine, ça donnait et ça donne peut-ĂŞtre encore aujourd’hui l’équivalence pour travailler comme…infirmier. Et, ĂŞtre en quatrième annĂ©e de mĂ©decine, cela ne donne pas l’expĂ©rience. L’expĂ©rience du mĂ©tier. Mais, aussi, de la vie. Je peux faire encore plus simple :

 

J’ai bien sĂ»r croisĂ© un certain nombre de mĂ©decins, de diffĂ©rentes spĂ©cialitĂ©s, de par mon mĂ©tier et de par ma vie. En tant que collègues. Ou en tant que « spĂ©cialistes Â» que j’ai pu consulter. Il y a des compĂ©tences mĂ©dicales ou chirurgicales Ă©videntes qu’un mĂ©decin acquiert. NĂ©anmoins, cela ne signifie pas qu’un mĂ©decin a raison sur tout et sait tout bien faire. Et tout le temps. Et tout seul.

 

Il y a des très bons mĂ©decins et des très bons chirurgiens qui, sortis de leur excellence de praticien, font partie des ordures mĂ©nagères ou, aussi, des handicapĂ©s relationnels et Ă©motionnels. Il y a des mĂ©decins et des chirurgiens corrects, passables, et qui, par contre, vont ĂŞtre « bons Â» ou «  très bons Â» dans le relationnel. Et, puis, il y a les autres mĂ©decins et chirurgiens qui savent surtout vous rappeler et se rappeler qu’ils le sont. Mais qui, en pratique, sont plutĂ´t Ă  surveiller ou Ă  savoir remettre Ă  leur place. Et qui, sans les gardes boue que sont leurs collègues (mĂ©dicaux, paramĂ©dicaux et autres) tiendraient modĂ©rĂ©ment la route. Soit en termes de diagnostic. Soit en termes de comportement. Il s’agit d’une minoritĂ©. Mais cette minoritĂ© existe et est active comme dans toutes les professions.

 

Je ne suis pas anti-médecin. Je suis surtout contre cette idée qu’être médecin ou chirurgien revient à s’estimer au delà du réel. Au delà de l’autre. Tels ces pilotes d’avion de chasse qui se sentent au dessus de toutes celles et tous ceux qui évoluent à terre et qui, c’est vrai, seraient incapables de faire décoller un simple avion.

 

Photo prise ce lundi 4 octobre 2021, Ă  Paris.

 

Je ne sais ni faire dĂ©coller un avion. Encore moins piloter une unitĂ© de soins. Je n’ai pas pris de cours. Je n’ai mĂŞme pas essayĂ© de le faire. J’ai plutĂ´t fait de mon mieux pour Ă©viter de me retrouver Ă  cette place ou dans ce rĂ´le de pilote, de meneur ou de cadre. Ce que j’essaie de faire aussi bien que possible, c’est bichonner mon autonomie de pensĂ©e, d’action et ma complĂ©mentaritĂ© avec les autres :

les médecins inclus jusqu’à la femme ou l’homme de ménage.

 

 

Et, si je ne sais ni faire dĂ©coller un avion ni piloter une unitĂ©, je sais contribuer, avec d’autres, jusqu’à un certain point, de façon Ă  ce que l’avion ait la quantitĂ© de carburant nĂ©cessaire. Pour que le vol se dĂ©roule Ă  peu près dans les meilleures conditions jusqu’à destination. Qu’il s’agisse d’un vol court, long, facile ou difficile. Je sais aussi participer de manière Ă  ce qu’il y ait le moins de conflit possible au sein de l’équipe. Cela peut compter par moments autant voire plus que l’aptitude technique « pure Â» et dĂ©cisionnelle. MĂŞme si la mĂ©galomanie de tout un tas de personnages Ă©clipse rapidement ou frĂ©quemment ce fait.

 

La mégalomanie de certains personnages réels

 

 

 Cette mĂ©galomanie n’est pas exclusive aux mĂ©decins, chirurgiens ou Ă  certains pilotes d’avions de chasse. Mais on peut la trouver chez quelques unes et quelques uns d’entre eux.

 

C’est pour cela que lorsque mon « piqueur Â» a commencĂ© et que nous Ă©tions toujours en train de discuter, j’ai tenu Ă  ĂŞtre aussi concret que possible dans mes explications. Quant Ă  ce qui m’a donnĂ© et me donne envie de continuer de travailler en psychiatrie. Et, lorsque je dis « psychiatrie Â», je pense aussi bien « psychiatrie Â» que « pĂ©dopsychatrie Â». Car, pour moi, contrairement Ă  ce que peuvent penser des collègues « psy Â» (infirmiers ou autres) , ces deux spĂ©cialitĂ©s ou ces deux disciplines se complètent. Plus qu’elles ne s’opposent. La polyvalence professionnelle et personnelle, pas seulement en tant qu’infirmier (puisque je suis aussi journaliste et pratiquant dans d’autres domaines que celui de la santĂ© mentale et heureusement pour ma propre santĂ© mentale) est un des meilleurs antidotes qui soient contre la mĂ©galomanie, l’autosatisfaction ou, plus simplement, contre la connerie humaine dont l’étendue est  beaucoup plus vaste que sa durĂ©e de vie.

 

 

A cet étudiant en quatrième année de médecine (mais aussi à son collègue auquel je m’adressais tout autant voire davantage lorsque je parlais ) j’ai ainsi raconté qu’il arrive que des personnes au départ opposées à l’idée de travailler en psychiatrie, finalement, se ravisent.

 

J’ai parlĂ© d’un de mes anciens collègues, psychiatre, qui, initialement, avait prĂ©vu de travailler dans le somatique jusqu’à ce que , lors de son stage avec le SAMU, « tombe Â» sur une femme qui prĂ©sentait tous les signes cliniques- donc objectifs- du coma ou de la mort.  Pour, finalement, renaĂ®tre Ă  la vie. Une patiente « hystĂ©rique Â». Cette expĂ©rience l’avait destabilisĂ©. Quelques annĂ©es plus tard, je faisais sa connaissance dans le service de pĂ©dopsychiatrie oĂą je venais d’arriver. Aujourd’hui, cet ancien collègue travaille dans son cabinet, en libĂ©ral.

 

Mais j’ai persistĂ©. Evidemment, ai-je expliquĂ© Ă  l’étudiant en mĂ©decine qui s’occupait de mon bras, si l’on prĂ©fère « faire du chiffre Â», ou que l’on a besoin de faire de « l’abattage Â» ; ou de faire carrière ; ou que l’on estime qu’en « psychiatrie, on ne fait rien ! Â», on prĂ©fèrera travailler dans le somatique. Et, le travail somatique est bien sĂ»r honorable. Et nĂ©cessaire. Intellectualiser, philosopher, parler des schĂ©mas de l’inconscient, de l’histoire familiale ou des lapsus, c’est très bien. Mais cela ne suffira pas pour se sortir – et se guĂ©rir- d’une plaie par arme blanche ou par arme de guerre, d’une septicĂ©mie, d’un diabète, d’une pandĂ©mie ou de toute autre urgence mĂ©dicale ou chirurgicale. Donc, chaque discipline, somatique, comme mentale, a son importance dans les Ă©tapes de guĂ©rison mais aussi de deuil d’un patient/client comme de sa famille.  

 

Encore une fois, mon but n’est pas d’opposer mais, au contraire, d’unifier tout en discernant bien à quel moment il faut savoir à quelle discipline il faut mieux s’en remettre.

 

L’oubli du « professeur Â» Franck :

 

Il y a nĂ©anmoins un aspect indispensable que j’ai oubliĂ© dans mon laĂŻus :

 

Pour travailler en psychiatrie ou en pĂ©dopsychiatrie, il faut aussi accepter de se voir en face sans maquillage et sans dĂ©tour. Il faut accepter d’apprendre Ă  se connaĂ®tre. Je n’ai pas citĂ© la phrase d’une ancienne Ă©lève infirmière stagiaire, dans un de mes prĂ©cĂ©dents services de psychiatrie adulte, alors que je l’avais ensuite recroisĂ©e. Elle m’avait dit avoir finalement optĂ© pour aller travailler dans un service de rĂ©animation parce qu’elle prĂ©fĂ©rait «  se refouler par la technique Â».

 

 

Se refouler par la technique et par des cascades de gestes et d’actions, c’est ce que vont préférer bien des personnes. Soignantes ou non-soignantes. Il est souvent des gens, dans la vie, qui me déconcertent par cette façon qu’ils ont de choisir d’ignorer ce qui, pour moi, fait partie des règles élémentaires de la vie et de la relation humaine. Ces personnes ont évidemment d’autres priorités. Et, pour elles, je parais sans aucun doute très retardé et très déficitaire dans d’autres domaines. Pour caricaturer, dans le domaine de l’informatique ou du bricolage. Deux univers où j’admets être assez limité.

 

 

 

Partant de ce genre de logique,  cette vaccination anti-Covid, pour certaines personnes, c’est juste une aiguille, une seringue et un produit. Avec, on entre dans le corps des gens. Et, c’est tout. Au suivant comme l’a chantĂ© Jacques Brel. On ne sait pas exactement ce qu’il y a dans ces vaccins ? Mais c’est pareil pour tout un tas de mĂ©dicaments que l’on avale rĂ©gulièrement sans se poser de questions. C’est pareil pour les cigarettes que l’on fume. Pour les alcools et pour beaucoup de boissons que l’on rachète avec gourmandise. Comme pour ce que l’on peut accepter de manger et d’acheter pour soi-mĂŞme, des proches ou des collègues qui nous feront plutĂ´t remarquer que ça manque si on en procure en trop petites quantitĂ©s.  Vis-vis de ces vaccins anti-Covid, c’est un peu pareil. Nous vivons Ă  l’ère des centrales nuclĂ©aires. Des Ă©manations de nos usines et de nos millions ou milliards de voitures. Alors, on peut bien se faire injecter quelques vaccins contre le Covid sans trop savoir ce qu’il y a dedans.

 

 

Au vu de cette courte description de notre mode de vie, on comprend facilement ou l’on comprendra facilement plus tard la raison pour laquelle, tant de personnes ont pu aussi facilement accepter ces vaccins anti-Covid. Moi, malgrĂ© mes doutes, j’ai acceptĂ© d’abord la première injection de ce vaccin. Puis, la seconde trois semaines plus tard. J’aurai « rĂ©sistĂ© Â» deux ou trois mois. Après avoir annulĂ© une première injection prĂ©vue le 4 aout de cette annĂ©e dans ma ville avec le Pfizer. Après l’annonce gouvernementale faite aux soignants de se faire vacciner au plus tard pour  le 15 octobre. Soit dans dix jours maintenant. En incluant les 7 jours après la seconde vaccination pour que la vaccination soit effective. Donc, pour moi, ma vaccination anti-Covid sera considĂ©rĂ©e effective le 11 octobre. Quatre jours avant la limite fixĂ©e par le gouvernement. On note la rĂ©pĂ©tition du chiffre 4. Je ne l’ai pas fait exprès. 4 aout. 4 octobre. 4 jours avant la limite. Mais cette rĂ©pĂ©tition du chiffre 4 n’efface pas mes doutes quant aux effets secondaires de cette vaccination anti-Covid. Mes doutes font partie de mes limites d’individu. Car j’ai toujours connaissance de mes limites.

Photo prise ce lundi 4 octobre 2021, Ă  Paris.

Mes doutes et mes limites

 

Mes doutes quant Ă  ce vaccin anti-Covid que j’ai dĂ©cidĂ© « d’accepter Â» sous la contrainte, malgrĂ© ce que j’ai pu signer, subsistent en partie.

 

Je connais des personnes très intelligentes, très courageuses, et de profil différent, qui se sont faites vacciner contre le Covid.

 

Je connais aussi des personnes aussi intelligentes, aussi courageuses et de profil diffĂ©rent, qui persistent dans leur refus de ces vaccins anti-Covid. Le fait que ces personnes opposĂ©es  Ă  ces vaccins soient maintenant minoritaires ne diminue pas, pour moi, leur intelligence ou leur courage.

 

Ma compagne continue de résider dans son refus et est aujourd’hui suspendue de son travail depuis une semaine. Elle a reçu la semaine dernière un courrier en recommandé avec accusé de réception le lui notifiant.

Depuis,  elle a aussi Ă©tĂ© priĂ©e, par courrier, de contacter «  dans les plus brefs dĂ©lais Â» le service DRH de son hĂ´pital afin de dire ce qu’elle a prĂ©vu pour son schĂ©ma vaccinal anti-Covid. Mais, aussi, pour faire savoir si elle souhaite prendre une disponibilitĂ© ou poser des jours de congĂ©s.

 

 A aucun moment, je n’ai,  essayĂ© de la convaincre de se faire vacciner. J’ai bien-sĂ»r donnĂ© mes arguments contradictoires, que j’estimais fiables, en faveur de ces vaccins anti-Covid.

 

 

Cependant, ce mardi 5 octobre 2021, après avoir reçu ma deuxième injection de Moderna,  je demeure incapable de dire si son attitude est hĂ©roĂŻque et avisĂ©e. Et si la mienne est  lâche et incohĂ©rente au vu de mes doutes. Ou si son attitude est bornĂ©e et la mienne, sage et avisĂ©e.

 

Il y a des personnes qui « savent Â» ou sont sĂ»res de savoir, mĂ©decins ou autres, avec certitude. Que ce soit pour les vaccins anti-Covid actuels ou contre eux. Tant mieux pour ces personnes. Moi, je conserve une part de doute quant aux effets secondaires Ă  moyen terme ou Ă  long terme de ces vaccins anti-Covid actuels.

 

Je vois bien que toutes les personnes que je connais qui se sont faites vacciner contre le Covid vont bien actuellement et depuis plusieurs semaines et plusieurs mois. Et leur nombre a beaucoup augmenté ces derniers mois puisqu’aujourd’hui, la majorité des Français est vaccinée.

 

Il est même des personnes qui, d’elles-mêmes, ont fait en sorte de recevoir une troisième injection de vaccin anti-Covid alors qu’elles ne correspondent pas aux critères actuels pour bénéficier de cette troisième injection de rappel.

J’ai lu rĂ©cemment dans un numĂ©ro du New York Times  de fin septembre un article oĂą des AmĂ©ricaines racontaient comment et pourquoi elles ( c’était deux femmes qui avaient acceptĂ© de se faire photographier) avaient dĂ©cidĂ© de recevoir une troisième injection de vaccin anti-Covid. Qui en mentant et en se faisant passer pour quelqu’un qui recevait sa première injection. Qui en tentant sa chance dans une pharmacie oĂą aucune question n’avait Ă©tĂ© posĂ©e au prĂ©alable.

Journal  » Le New York Times » de ce mardi 21 septembre 2021. Page 6, article  » Unwilling to wait for a booster shot ».

 

Vous voulez une injection de Pfizer ? Pas de problème, on vous en fait une.

 

Dans le  » New York Times » de ce mardi 21 septembre 2021, une des amĂ©ricaines qui a acceptĂ© de tĂ©moigner Ă  visage dĂ©couvert quant au fait qu’elle a devancĂ© l’appel pour recevoir une troisième injection de vaccin anti-Covid.

 

Toujours le  » New York Times » de ce mardi 21 septembre 2021, trois pages plus loin, page 9.

 

 

 

 

A cĂ´tĂ© de ça, en Afrique et dans d’autres rĂ©gions pauvres du monde, des populations restent sous-vaccinĂ©es contre le Covid. Mais pas uniquement. MĂŞme aux Etats-Unis, il y aurait 25 pour cent de la population qui serait non-vaccinĂ©e contre le Covid par refus de la vaccination anti-Covid. On pourrait grossièrement penser que cela fait partie des restes de la pensĂ©e du prĂ©cĂ©dent PrĂ©sident amĂ©ricain Donald Trump qui minimisait la gravitĂ© de la pandĂ©mie. Mais mĂŞme sans lui, il y avait des sceptiques aux Etats-Unis et ailleurs ( en France, aussi :  j’en ai rencontrĂ© deux ce week-end- un couple- et ils ne sont pas soignants. Pour moi, ce couple, dĂ©jĂ  rencontrĂ© avant la pandĂ©mie, a toute sa tĂŞte et est intelligent, mesurĂ© et cultivĂ©) contre ces vaccins anti-Covid mais, aussi, contre la gravitĂ© de cette pandĂ©mie.

 

Et, même sans Donald Trump, aussi, on peut décider ou choisir de se faire vacciner contre le Covid et rester opposé au pass sanitaire. Lequel, en France, va durer ou continuer de frapper au delà du 15 novembre alors qu’il était supposé disparaître rapidement.

 

Mon thérapeute, vacciné contre le Covid, m’a dit être également opposé au pass sanitaire. Il n’est probablement pas le seul, vacciné par choix et par raison, à être opposé au pass sanitaire.

 

Un petit monde

 

 

Je n’ai pas discutĂ© de ça avec les deux Ă©tudiants en mĂ©decine. Après ma seconde injection, hier, j’ai complimentĂ© celui qui m’avait piquĂ©. J’ai ensuite demandĂ© Ă  celui qui se taisait :

 

« Pourquoi la deuxième injection dans le mĂŞme bras que la première fois ? Je croyais qu’il fallait une alternance… Â».

 

Il m’a répondu que cela n’empêchait pas. Et qu’il valait mieux piquer dans le bras dont je me servais moins.

 

Avant de partir, je leur ai dit :

 

« Peut-ĂŞtre que l’on se reverra (en tant que collègues). Vous savez, le monde hospitalier est un petit monde… Â».

 

En sortant, je suis allĂ© m’asseoir Ă  cĂ´tĂ© d’un couple âgĂ© arrivĂ© entre-temps. Je leur ai demandĂ© si c’était leur seconde injection. Avec un petit rire, l’homme a rĂ©pondu :

 

« Nous, c’est pour le rappel… Â». J’avais oubliĂ© que, si, rien n’a encore Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© en France pour « proposer Â» une troisième injection de vaccin anti-Covid (gĂ©nĂ©ralement avec un vaccin Ă  ARN messager comme le Pfizer ou le Moderna) aux personnes vaccinĂ©es Ă  partir de 30 ans comme cela se fait depuis quelques semaines en IsraĂ«l, modèle sanitaire de la France contre la pandĂ©mie, après avoir constatĂ© une flambĂ©e retour de la pandĂ©mie face au variant Delta qui a fait chuter le taux d’efficacitĂ© des vaccins anti-Covid (principalement le Pfizer en IsraĂ«l Ă  ce que j’ai compris), pour l’instant, en France, cette troisième injection s’adresse principalement aux personnes âgĂ©es dĂ©jĂ  vaccinĂ©es ou immuno dĂ©primĂ©es. Ce couple âgĂ© entrait dans la première catĂ©gorie.

 

L’un et l’autre m’ont répondu que cela s’était bien passé pour eux lors des deux premières injections. A part peut-être que, lui, avait beaucoup dormi après la seconde injection.

 

La femme m’a rĂ©pondu qu’ils avaient fait leurs premières injections en fĂ©vrier. A l’écouter, cela faisait dĂ©ja « longtemps Â». Il est vrai que la pandĂ©mie du Covid a Ă©tĂ© officialisĂ©e en France mi-mars 2020 et que j’ai l’impression que c’était dĂ©jĂ  il y a longtemps. Alors que c’était seulement il y a un an et demi.

 

Pour partir, après ma seconde injection, je suis passé par les escaliers. Puis, je suis retourné jusqu’à la gare St Lazare à pied. Cette fois-ci, dès l’aller, j’étais venu à pied depuis St Lazare.

Ce restaurant me semble bien sympathique. Photo prise ce lundi 4 octobre 2021, Ă  Paris.

 

Deux ou trois ans Ă  vivre :

 

Selon certaines rumeurs, croyances ou affirmations, maintenant que j’ai reçu ma deuxième injection de vaccin anti-Covid dans le bras, il me resterait deux Ă  trois ans Ă  vivre. Je pourrais aussi perdre en fertilitĂ©. Dès lors que je suis « BiberonnĂ© Â» par le vaccin, on pourrait, grâce au produit prĂ©sent dans le vaccin, me suivre Ă  la trace au moyen de la Wifi. Mais aussi prendre le contrĂ´le de mes pensĂ©es grâce Ă  la 5G. Mais je pourrais aussi mourir demain, après-demain, brutalement. Puisque le but de cette « expĂ©rimentation de masse Â» serait de rĂ©aliser une « extinction de masse Â». Pour crĂ©er un nouveau monde. Et une autre Ă©conomie.

 

On peut se marrer ou s’inquiéter de ces rumeurs, croyances, affirmations….

 

Toutefois, il est un fait incontestable. Depuis la pandémie du Covid, notre monde ou notre rapport au monde, plutôt, a changé de façon perceptible par nous-mêmes. La pandémie, je crois, nous a amené à avoir plus conscience de nous mêmes comme de certains de nos choix. Et, si pour certains, ces choix se font dans un certain optimisme, pour d’autres, ces choix s’éloignent radicalement du sentiment de légèreté ou du plaisir.

 

Et, moi, même si je suis en désaccord avec la vision de ma compagne concernant la pandémie et les vaccins, mais aussi concernant l’attitude à avoir envers la vie et ce qui nous reste ou nous resterait à vivre, il est des points où je reste très sceptique et où, d’une certaine façon, je la rejoins.

La Banque BNP-Paribas, photo prise à Paris ce lundi 4 octobre 2021. Les affaires marchent plutôt bien pour les banques depuis le début de la pandémie du Covid.

 

Le scepticisme, lorsqu’il persiste, est-il une chorĂ©graphie morbide ou une autre forme grave de septicĂ©mie ?

 

Le laboratoire français Sanofi et la pandémie du Covid….

 

Sanofi, le laboratoire français de recherche, un des poids lourds mondiaux entre-autres dans la fabrication de vaccins, avait déjà beaucoup de retard pour fabriquer et produire son vaccin contre le Covid. Ce retard, associé à des gros cadeaux financiers à ses actionnaires il y a quelques mois, a provoqué certaines railleries dans les média il y a quelques mois.

 

Pendant que les vaccins Ă©trangers Astrazeneca, Moderna,  Pfizer puis Johnson & Johnson dĂ©barquaient en masse Ă  compter du dĂ©but de l’annĂ©e 2021 (janvier ou fĂ©vrier, je crois), le laboratoire Sanofi, lui,  pourtant Ă  a pointe de la recherche dans le monde, accusait un gros retard. Son vaccin Ă©tait annoncĂ© pour la fin de l’annĂ©e comme on peut annoncer la sortie mondiale d’un blockbuster dans des salles de cinĂ©ma Ă  la fin de l’annĂ©e.

 

La pandémie du Covid fait des petits ( des variants), fauche des gens dans le monde, rend malade et le laboratoire Sanofi bosse sur son vaccin qui sera performant- c’est annoncé- à la fin de l’année 2021. Dans deux mois. En décembre.

 

Et puis, arrive cette rentrée en septembre 2021 et, courant septembre, il y a moins de deux semaines, Sanofi nous apprend avoir renoncé. ( article du journal La Croix de ce mercredi 29 septembre 2021).

 

J’ai lu que Thomas Triomphe (un nom bien choisi) le vice-prĂ©sident de la « Branche vaccins de Sanofi Â» « expiquait Â» (expliquait) que si son vaccin sortait lors de ce mois de dĂ©cembre 2021 sur le marchĂ© que ce serait en quelque sorte trop tard. Que cela n’offrirait rien de mieux ou de plus que ce qui existe dĂ©jĂ  avec Astrazenaca, Pfizer, Moderna, Johnson & Johnson. Oui, oui, les rĂ©sultats des tests de son vaccin sont concluants. Il serait aussi performant que les vaccins dĂ©jĂ  prĂ©sents contre le Covid

( Astrazeneca, Moderna, Johnson & Johnson et Pfizer). Mais ça n’apporterait « rien Â» ou ça ne « servirait Ă  rien Â» de le sortir en dĂ©cembre comme prĂ©vu. Surtout que Sanofi prĂ©cise participer, de toute façon, Ă  la fabrication de plusieurs de ces vaccins en leur faisant bĂ©nĂ©ficier de sa logistique :

 

«  Le laboratoire français n’est cependant pas totalement absent dans cette lutte contre la pandĂ©mie, puisqu’il produit dĂ©jĂ  des vaccins pour ses concurrents Pfizer BioNtech ( Ă  Francfort), Johnson & Johnson (Ă  Marcy-L’Etoile, près de Lyon) et Moderna ( aux Etats-Unis). « Nous sommes la seule entreprise au monde Ă  le faire Â», estime le vice-prĂ©sident de Sanofi. Une trentaine de millions de doses viennent de sortir des chaines de production et il en prĂ©voit 500 millions «  dans les mois qui viennent Â» ( Ă  nouveau, le mĂŞme article Contre le Covid, Sanofi mise sur la vaccination de rappel, dans le journal La Croix de ce mercredi 29 septembre 2021. Dans la rubrique : Economie, page 11.)

 

Il est reprochĂ© ou a Ă©tĂ© reprochĂ© Ă  certaines personnes rĂ©fractaires aux vaccins anti-Covid d’être «complotistes Â», « irresponsables Â»,  » irrationnelles », d’être « plus ou moins dĂ©rangĂ©es mentalement» et Ă©goĂŻstes.

Par contre, j’ai lu ou entendu assez peu de critiques envers ce tour de magie effectuĂ© par Sanofi en pleine pandĂ©mie du Covid. Oui, Sanofi continue de s’atteler, plus que jamais d’ailleurs, Ă  d’autres domaines de recherches en utilisant la technique ARN messager pour soigner d’autres maladies ( « dans l’immunologie, l’oncologie, les maladies rares Â», le journal La croix, toujours ce mĂŞme article du mercredi 29 septembre 2021). Car cette technique de soin a de l’avenir. D’ailleurs, Sanofi a rachetĂ© «  la Biotech amĂ©ricaine Translate Bio, pour 2,7 milliards d’euros, avec qui il travaille dans le dĂ©veloppement de vaccins Â» ( toujours dans le mĂŞme article du journal La Croix de ce mercredi 29 septembre 2021).

 

 

Et, oui, en dĂ©cembre, Sanofi sortira en principe un vaccin anti-Covid mais « classique Â» qui viendra alors renforcer l’offre vaccinale dĂ©jĂ  assurĂ©e par Astrazeneca, Moderna, Pfizer et Johnson& Johnson. Sanofi n’a rien Ă  se reprocher. Et, entre les lignes, si le laboratoire entend toujours trouver des remèdes Ă  d’autres maladies graves, ce que je comprends, surtout, c’est que Sanofi cherche ce qu’il pourrait bien mettre sur le marchĂ© afin d’empocher un maximum d’argent. Car le terme « sur le marchĂ© Â» figurait bien dans l’article que j’ai lu lorsqu’il Ă©tait question du retrait du vaccin de Sanofi. Retrait que le laboratoire avait prĂ©parĂ©. En se comportant comme un candidat de The Voice, qui, s’auto-Ă©liminant presque, encourageait, une ou deux semaines plus tĂ´t,  Ă  se tourner vers les autres candidats :

 

Astrazeneca, Moderna, Pfizer et Johnson & Johnson.

 

Sanofi, aujourd’hui, peut dire ou faire dire ce qu’il veut à ses représentants puis, ensuite, tranquillement, changer d’avis. Sanofi, économiquement, technologiquement et d’un point de vue judiciaire peut se le permettre. Il fait partie des poids lourds, aussi puissants voire plus puissants que les gouvernements. Ce revirement de Sanofi en est une démonstration. Sanofi se rétracte pour faire sortir son vaccin à ARN messager contre le Covid, aucune sanction, aucune critique, aucune pression. Par contre, la petite infirmière qui refuse de se faire vacciner contre le Covid, elle, on peut l’éclater. On peut se le permettre. On peut même lui reprocher son refus et lui montrer qu’en Afrique et dans certaines régions pauvres, les gens meurent du Covid et aimeraient qu’on leur fournisse ces vaccins anti-Covid qu’elle se permet de refuser.

 

D’un cĂ´tĂ©, on a le cynisme d’un laboratoire qui nous parle de « marchĂ© Â», donc de profit, et qui privilĂ©gie sa stratĂ©gie commerciale afin de se « positionner Â» sur d’autres marchĂ©s plus porteurs. Tandis que des millions de personnes pourraient bĂ©nĂ©ficier, dans les rĂ©gions pauvres ou moins pauvres des vaccins anti-Covid que ce laboratoire puissant ( Sanofi) a mis autant de temps Ă  fabriquer. En supposant qu’il y est vĂ©ritablement parvenu. Car qui va aller vĂ©rifier que Sanofi a vraiment menĂ© Ă  terme la fabrication de ce vaccin anti-Covid ?!

D’un autre cĂ´tĂ©, on  a des personnes presque pauvres en ce sens qu’elles ont très peu de moyen de pression ou de contre-pouvoir contre leurs employeurs ou leurs gouvernements qui, du fait de leur conviction personnelle, se font emmurer car elles refusent ces vaccins anti-Covid dont elles se mĂ©fient.

 

Si ce parallèle entre le cynisme permissif d’un laboratoire comme Sanofi et l’attitude des réfractaires aux vaccins anti-Covid actuels peut apparaître déplacé et critiquable, ce que j’admets, il est un domaine où de simples expériences dans la vie courante peuvent, je crois, autoriser, une nouvelle fois, à nuancer la légitimité de cette forme de répression exercée légalement maintenant contre celles et ceux qui se refusent aux vaccins anti-Covid.

Photo prise Ă  Paris, ce lundi 4 octobre 2021.

 

De simples expériences dans la vie courante….

 

 

Depuis le début de la rédaction, hier, de cet article sur le consentement, je ne me suis pas transformé en épidémiologiste. Ni en pilote d’avion de chasse. Ni en scientifique émérite travaillant dans un laboratoire comme Sanofi. Je n’ai donc aucun bagage et aucune compétence scientifique, politique ou même économique de poids. Je suis un rien du tout comme des millions d’autres rien du tout de ce monde.

 

Ce « rien du tout Â» que je suis, facile Ă  faire taire, Ă  Ă©clater, si besoin Ă©tait, se rappelle ceci.

 

Entre le mois d’avril 2021 et ce mois d’octobre 2021, j’ai eu Ă  passer cinq tests antigĂ©niques. A chaque fois, je ne me sentais pas malade. Je n’en n’éprouvais pas le besoin. Mais j’y ai nĂ©anmoins Ă©tĂ© contraint Ă  chaque fois. Cinq fois. Deux fois, d’abord, Ă  une semaine d’intervalle parce-que je faisais partie des « cas contacts Â» au travail. Au moins deux de mes collègues, au travail, ont attrapĂ© le Covid dans mon service. Deux tests antigĂ©niques, une tige dans chaque narine, deux fois de suite. Pour quel rĂ©sultat :

 

NĂ©gatif !

 

On va m’expliquer ou il a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© expliquĂ© que l’on peut très bien ĂŞtre nĂ©gatif Ă  un test antigĂ©nique et avoir contractĂ© le Covid sans s’en ĂŞtre aperçu. Ou, aussi, qu’il y a eu et qu’il aussi des « faux nĂ©gatifs Â». Que le test antigĂ©nique n’est pas très sĂ»r. Seulement Ă  « 65% Â». Alors que le test PCR, lui, serait plus fiable. Alors, on va dire que les deux premières fois oĂą j’ai eu Ă  passer des tests antigĂ©niques alors que je me sentais bien, n’avais pas de fièvre et portais des masques anti-Covid de prĂ©vention en prĂ©sence d’un public (collègues ou autres dans un lieu fermĂ©), qu’il valait mieux s’assurer quand mĂŞme que tout allait bien.

 

Mais cela n’était pas suffisant. Première injection de Moderna le 13 septembre et, Ă  nouveau, au prĂ©alable, il faut subir un test antigĂ©nique. Car on ne sait jamais. Je me sentais mal ? J’avais de la fièvre ? Non. Nous sommes le 13 septembre 2021. La pandĂ©mie du Covid a Ă©tĂ© officialisĂ©e en France 18 mois plus tĂ´t donc on commence quand mĂŞme Ă  avoir un peu d’expĂ©rience concernant les symptĂ´mes du Covid. Et, on a Ă©tĂ© largement informĂ© de l’existence de la pandĂ©mie du Covid, mais, ce n’est pas grave : on va faire un nouveau test antigĂ©nique. RĂ©sultat ? NĂ©gatif pour la troisième fois. J’ai droit Ă  ma première injection de Moderna Ă  la suite.

Le 2 octobre, de moi-mĂŞme, je pars faire un test antigĂ©nique. Je me sens mal ? Non. Seulement, afin de me rendre Ă  un endroit donnĂ©, je sais qu’il me faut un test antigĂ©nique rĂ©cent au rĂ©sultat nĂ©gatif. RĂ©sultat ? NĂ©gatif. Il s’agit du 4 ème test antigĂ©nique que je fais. Et, pour la quatrième fois de suite, le rĂ©sultat est nĂ©gatif.

 

Il m’a semblĂ© que le rĂ©sultat d’un test antigĂ©nique Ă©tait valable 72 heures. «  A ce qu’on dit Â». Je passe le test antigĂ©nique le 2 octobre après 13h, vers 13h30, j’arrive hier ( le 4 octobre vers 10h30) pour ma seconde injection de Moderna. Et, lĂ , on m’apprend que, malgrĂ© tout, je dois refaire un nouveau test antigĂ©nique avant la seconde injection. 5ème test antigĂ©nique. Cinquième rĂ©sultat nĂ©gatif. Faux nĂ©gatif ? J’ai pu ĂŞtre contaminĂ© sans le savoir ?

 

Fin juillet, je me suis fait prescrire une sĂ©rologie Covid. RĂ©sultat : nĂ©gatif. DĂ©but septembre, je me fais Ă  nouveau prescrire une sĂ©rologie Covid. RĂ©sultat : nĂ©gatif.

 

 

Cinq tests antigéniques et deux sérologies Covid entre mars-avril de cette année et ce 4 octobre 2021, soit en 7 mois, je suis à chaque fois négatif, je porte des masques anti-Covid régulièrement. Depuis le début de la pandémie en France en Mars 2020, j’ai réduit ma vie sociale comme beaucoup de gens. J’embrasse bien moins de personnes qu’auparavant pour les convenances sociales. Mais les résultats à mes différents tests de contrôle pourraient être de faux résultats négatifs. Et puis, je pourrais être porteur du Covid sans m’en rendre compte…..

 

Pour remĂ©dier Ă  cela, il y a une solution : le vaccin anti-Covid et le pass sanitaire dĂ©sormais obligatoires…..

Un peu de Ben Hur dans un monde de brutes. Photo prise Ă  Paris, ce lundi 4 octobre 2021.

 

On peut et on le droit d’être pro-vaccin comme de se sentir protĂ©gĂ© par la vaccination anti-Covid. Mais, comment ne pas avoir le sentiment d’être baladĂ© et d’être privĂ© de certaines libertĂ©s pour des raisons injustifiĂ©es depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie du Covid après ça ?!

 

Il y a bientĂ´t deux semaines maintenant, je n’ai pas pu me rendre Ă  une exposition sur la cĂ©ramique près de l’église St Sulpice. Il fallait prĂ©senter son pass sanitaire ou un test antigĂ©nique rĂ©cent. Comme d’habitude, je portais un masque anti-Covid comme lors de toute manifestation publique. Laquelle exposition se dĂ©roulait sous des tentes Ă  l’extĂ©rieur. Comment pourrais-je me laisser convaincre que, vraiment, le pass sanitaire ou la vaccination anti-Covid Ă©tait indispensable afin de se rendre Ă  cette exposition alors que je portais un masque anti-Covid ? Alors que dans certains magasins plus frĂ©quentĂ©s, en intĂ©rieur, on peut entrer avec un simple masque anti-Covid sur le visage ?

 

 

Lorsque je relate ça, je ne suis pas dans la rumeur, la croyance ou le complot. Je parle de la vie courante. D’expériences concrètes que n’importe qui peut faire ou a pu faire depuis le début de la pandémie du Covid. Donc, même si l’on est pro-vaccin anti Covid, il me semble que l’on se doit, aussi, de voir ça. Et de comprendre que lorsque des gens, ensuite, ont des doutes ou refusent de se faire vacciner contre le Covid, que ces gens, ne sont pas si décérébrés que cela. Par moments, j’ai un peu l’impression que pour certains, se faire vacciner leur délivre comme une autorisation d’absence de pensée et d’observation. Ces personnes sont vaccinées, donc le vaccin anti-Covid injecté va penser et observer pour elles.

 

Ces vaccins anti-Covid sont, je l’espère, plus bénéfiques que néfastes, mais je ne crois pas qu’ils vont penser et regarder le monde mieux que je ne suis capable de le faire.

 

 

Mais, partons du principe, pour ma part, puisque j’ai encore quelques doutes à propos de ces vaccins anti-Covid que je n’ai donc plus que deux à trois ans à vivre, désormais.

Photo prise Ă  Paris, ce lundi 4 octobre 2021.

 

Randonnées

 

J’entends vivre au mieux lors de ces deux Ă  trois ans qu’il me resterait Ă  vivre. Puisqu’en acceptant ces vaccins anti-Covid, il semblerait que j’aie choisi de vivre petit au lieu de vivre Tapie; lequel Bernard Tapie, en dĂ©cĂ©dant Ă  78 ans, a eu la grande classe de profiter d’une espĂ©rance de vie qui pourrait ĂŞtre supĂ©rieure Ă  la mienne de plus de vingt ans !

 

Avant le jour de ma mort, j’espère que j’aurais pu me procurer une bonne paire de chaussures confortables et rĂ©sistantes. Car la mort est une randonnĂ©e très longue dont le terrain peut ĂŞtre variĂ©. Ce terrain est peut-ĂŞtre aquatique ? Toujours est-il qu’avant d’atteindre Paris St Lazare, je suis entrĂ© dans un grand magasin. Grand en ce sens qu’il s’agit de magasin de plusieurs Ă©tages oĂą l’on vend des chaussures et des vĂŞtements assez branchĂ©s, plutĂ´t pour jeunes. Le magasin Citadium , sĂ»rement bien plus frĂ©quentĂ© que la mĂ©diathèque de ma ville, et oĂą, pourtant, j’ai pu entrer facilement avec un simple masque anti-Covid sur le visage. Alors que je le rappelle, dans la petite mĂ©diathèque de ma ville d’Argenteuil, ce 4 octobre 2021 et sans doute encore pour plusieurs semaines, il faut, depuis le 9 aout, fournir un pass sanitaire ou un test antigĂ©nique ou PCR rĂ©cent au rĂ©sultat nĂ©gatif de moins de 72 heures. Cependant, mĂŞme vaccinĂ© et mĂŞme porteur d’un test antigĂ©nique rĂ©cent au rĂ©sultat nĂ©gatif, j’ai dĂ©cidĂ© la semaine dernière que je ne retournerais pas dans « ma Â» mĂ©diathèque tant qu’il y aurait ces consignes absurdes de rĂ©tention ou d’exclusion sociale plus que de prĂ©vention sanitaire. Et, cela, de manière tout Ă  fait lĂ©gale puisque le gouvernement a «  dit que Â».

 

 

 

En attendant, hier, au lieu de me rendre peut-ĂŞtre plus tard dans « ma Â» mĂ©diathèque, je suis entrĂ© dans le magasin Citadium. Car toutes ces mesures « bienveillantes Â» et prĂ©ventives contre le Covid sont aussi lĂ  pour ça. Pour nous convaincre que nous avons beaucoup de chance de pouvoir consommer. Pouvoir aller consommer dans certains endroits, c’est aujourd’hui un très grand privilège. MĂŞme si, auparavant, il y a Ă  peine deux ans,  on consommait dĂ©jĂ  comme des gorets et sans avoir Ă  demander la permission Ă  l’entrĂ©e. On passait dĂ©jĂ  Ă  la caisse tout autant. Sauf que lĂ , on peut mĂŞme se sentir soulagĂ© car, enfin, les magasins, les restaurants et autres sont Ă  nouveau ouverts. Et nous pouvons y retourner.  Durant la pandĂ©mie, les forĂŞts environnantes sont restĂ©es ouvertes. Mais il y en a de moins en moins. Et ce n’est pas cela qui nous intĂ©resse. On prend beaucoup mieux l’air et l’on se change bien mieux les idĂ©es en faisant les magasins ou en allant au restaurant. Ou en boite.

 

Malgré mes propos, j’ai bien sûr du plaisir à me rendre dans certains magasins et au restaurant.

Hier,  d’ailleurs, dans le magasin Citadium, les vendeurs, un petit peu comme l’étudiant en mĂ©decine qui m’a piquĂ©, sont sensiblement formĂ©s au relationnel avec la clientèle. C’est devenu courant dĂ©sormais, pour un vendeur ou une vendeuse, d’être aussi « friendly Â».

 

J’ai ainsi discutĂ© pendant un bon quart d’heure avec une vendeuse enthousiaste et sympathique d’un stand Ă  propos d’un article qui ne figurait pas dans ce qu’elle vendait :

Le vélo pliant de la marque Brompton.

Photo prise à Paris, fin septembre 2021. Au centre de la photo, le cycliste à casque jaune se déplace sur un vélo pliant de la marque Brompton.

 

Je me dĂ©placerai peut-ĂŞtre en Brompton quand je serai mort. Et quand je ne pourrai pas pĂ©daler, mes bonnes chaussures- que j’ai repĂ©rĂ©es mais que je n’ai pas achetĂ©es- me permettront de continuer de marcher. Je me rendrai peut-ĂŞtre dans une salle de cinĂ©ma ou dans une mĂ©diathèque.  Pas dans celle de ma ville puisque l’on continuera sans doute de rĂ©clamer le pass sanitaire un ou test antigĂ©nique rĂ©cent Ă  l’entrĂ©e.

 

Photo prise Ă  Paris, ce 1er octobre 2021. Il semble que la fresque sur le mur soit la reproduction d’une oeuvre de Tignous, un des journalistes de Charlie Hebdo, assassinĂ© avec plusieurs de ses collègues et amis en janvier 2015 lors d’un attentat terroriste islamiste. C’est un hasard si la femme qui passe en ce moment-lĂ  est vĂŞtue de cette manière. Ce n’Ă©tait pas calculĂ© de ma part. Sur la gauche, on peut apercevoir l’affiche du film  » Mourir peut attendre » le prochain James Bond qui sortira demain, ce mercredi 6 octobre 2021.

 

 

Ce mercredi 6 octobre  (demain) sortira Mourir peut attendre, le dernier James Bond avec l’acteur Daniel Craig. Un film que je compte aller voir.

Photo prise à Paris, ce lundi 4 octobre 2021, vers 8h30 du matin. La route est barrée en raison du procès des attentats du 13 novembre 2015.

 

Entre le procès des attentats du 13 novembre 2015 auquel j’aimerais me rendre ;  les articles que j’ai prĂ©vus d’écrire comme celui Ă  propos du film Retour Ă  Reims de Jean-Gabriel PĂ©riot, inspirĂ© du livre de Didier Eribon que je suis allĂ© voir hier soir  Ă  Argenteuil au cinĂ©ma Jean Gabin en prĂ©sence de Jean-Gabriel PĂ©riot ;  Ă  dix minutes Ă  pied de chez moi, près de la mĂ©diathèque de ma ville.

Au centre, le réalisateur Jean-Gabriel Périot, au cinéma Jean Gabin, à Argenteuil, ce lundi 4 octobre 2021, après la projection de son film  » Retour à Reims », inspiré du livre de Didier Eribon.

 

 

 

Il y a aussi des séjours que j’aimerais faire à Limoges, Berlin, en Algérie, en Guadeloupe et à la Réunion pour commencer et quelques autres projets, j’ai de quoi randonner. Pour cela, il me faudra des bonnes chaussures, un jour ou un autre. Ensuite, j’écrirai de nouveaux articles qui, je l’espère, feront aussi marcher des lectrices et des lecteurs avec plaisir. Ainsi qu’avec leur plein consentement.

Photo prise Ă  Paris, ce 1er octobre 2021.

 

Franck Unimon, ce mardi  5 octobre 2021.

 

 

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Cergy, Soit ! Une expérience paranormale

Ecole de la Lanterne, Ă  Cergy St Christophe, ce samedi 26 septembre 2021.

                       Cergy, Soit ! Une expĂ©rience paranormale

 

La manifestation Cergy, Soit !

 

On a parfois l’impression que certaines musiques n’agissent plus sur nous. Et que c’est pareil pour certains lieux. Du temps est passé et on peut en changer comme on change de souliers.

 

La manifestation Cergy, Soit ! ne dira presque rien Ă  celles et ceux pour qui la ville de Cergy-Pontoise, en tant que ville de banlieue, c’est très loin de Paris. Mais j’ai vĂ©cu Ă  Cergy Pontoise pendant quelques annĂ©es. L’une des premières Ă©ditions de Cergy, Soit ! Ă  laquelle j’étais allĂ©, s’était passĂ©e il y a une vingtaine d’annĂ©es. Dans le parc derrière la prĂ©fecture, Ă  Cergy PrĂ©fecture. C’étaient beaucoup de spectacles gratuits. Du théâtre de rue mais aussi des acrobaties. Il y avait beaucoup de monde. Ma prof de théâtre, d’alors, VĂ©ronique, avait jouĂ© une femme enceinte avec « sa » compagnie, Théâtre en stock. Je me souviens encore de sa prestation. Ailleurs, un acrobate s’était laissĂ© glisser tĂŞte en bas depuis le haut d’une barre Ă  toute vitesse pour s’arrĂŞter Ă  ras du sol.

Cergy, Soit ! Ă©tait une nouvelle très belle initiative. Mais j’étais l’un des moins bons candidats pour m’en apercevoir. Son nom, pour commencer, m’apparaissait un peu alambiquĂ©.

 

Ensuite, frĂ©quemment aimantĂ© tel le junkie par Paris, ahuri, je ne voyais pas qu’il se trouvait Ă  Cergy-Pontoise des aventures Ă  ma portĂ©e. ( voir mon article sur le film J’ai aimĂ© vivre lĂ - un film de RĂ©gis Sauder).  Je trouvais cette ville plutĂ´t vide. FabriquĂ©e pour dormir. Mais aussi pour Ă©loigner des meilleures opportunitĂ©s qui ne pouvaient se trouver qu’Ă  Paris. J’avais quelques petites circonstances attĂ©nuantes pour croire que le meilleur se trouvait en dehors de Cergy-Pontoise :

 

Plusieurs de mes collègues n’allaient jamais ou très peu à Paris.

Mes amis habitaient Ă  Paris. MĂŞme si quelques uns, par la suite, partirent vivre en province.

 Les trains et les RER de banlieue  que je prenais avaient tous Paris pour terminus ou l’avaient pour destination. Ainsi que tous les trains et RER de banlieue que je prenais et qui me permettaient de  rentrer chez moi.

Il Ă©tait plus facile, mĂŞme si c’était un peu long, de se rendre en transports en commun Ă  Paris depuis Cergy que pour aller dans certaines villes de banlieue avoisinantes. Pour aller Ă  Pontoise, Auvers sur Oise, l’Isle Adam, Taverny, Herblay….

A moins d’avoir le permis et de conduire. Or, je n’étais pas pressĂ© de passer le permis et « d’avoir Â» une voiture.

La facultĂ© de Cergy-Pontoise, rĂ©cente, dĂ©pendait encore de l’universitĂ© de Paris X, Ă  Nanterre. Pour mon premier cours de DEUG d’Anglais LCE après mes Ă©tudes d’infirmier, je m’étais prĂ©sentĂ© Ă  la face (mais aussi Ă  la fac )  de Cergy-Pontoise, Ă  Cergy PrĂ©fecture. A une station de RER de chez mes parents chez qui j’habitais encore, Ă  Cergy St Christophe.

Devant la fac de Cergy-Pontoise, j’avais compris que les cours se déroulaient à la Fac de Nanterre et j’avais ensuite pris le train pour Nanterre Université.

 

PrĂ©dation ?

Parvis de Cery-PrĂ©fecture, ce samedi 26 septembre 2021. Au fond, derrière le dragon, la prĂ©fecture du Val d’Oise.

La première fois que j’étais allĂ© Ă  Cergy,  soit !  Je n’avais pas pris de photos. Je n’y avais mĂŞme pas pensĂ©. MĂŞme avec le meilleur appareil photo dans les mains, je n’aurais pas su voir quoi photographier. Je ne voyais pas. Je ne voyais pas parce-que mon imaginaire Ă©tait bridĂ©  par un ailleurs que j’inventais et voulais voir…ailleurs et avant celui qui se trouvait devant moi.

Dans cet ailleurs, il y avait eu une ou deux histoires d’amour impossibles. Dont une Ă  Marseille. Puis, une autre en Australie. Ensuite, sur Cergy-Pontoise, j’avais aussi très bien poursuivi ma carrière de spĂ©cialiste d’histoires d’amour Ă  la « mords-moi-le-noeud » : collectionneur de rendez-vous manquĂ©s avec une championne toute catĂ©gories de l’ambiguĂŻtĂ©,  amant finalement dĂ©laissĂ© de femme mariĂ©e et de jeune maman, courtisan Ă©mĂ©rite prĂ©cisĂ©ment de celle qui ne pouvait pas me correspondre….

Pendant plusieurs annĂ©es, j’ai su me confectionner des trajets sentimentaux encore plus venimeux que certains trajets en  transports en communs inter-banlieues qui peuvent cumuler les correspondances tirĂ©es par les cheveux. Au lieu de faire simple. Un ami, qui habitait alors Ă  Sarcelles, m’avait un jour appris cette expression qu’il avait reçue de sa mère :

 

« Toi, tu n’as pas besoin d’aide pour te foutre dans la merde !« 

On se fout assez rĂ©gulièrement dans la merde tout seul parce-que l’on croit surtout, que, plus ce sera difficile et compliquĂ©, mieux ce sera. Que la souffrance et la difficultĂ© sont nos principaux atouts  pour nous confirmer que ce que l’on « vit » ou « obtient » est « bien », valable et durable. Comme dans les contes de fĂ©e. Mais ce qui est surtout durable ensuite, c’est les embrouilles, les malentendus, la solitude.

Parce-que, finalement, dans ces conditions, on invente assez peu l’ailleurs.

Dans la vraie vie, on voit l’ailleurs ou on ne le voit pas. On l’entend ou on ne l’entend pas. On le prend ou on ne le prend pas.  C’est comme sur un quai, faire en sorte rĂ©gulièrement de pouvoir seulement prendre le train d’après ou celui d’après pour ensuite se mettre en retard. Alors que l’on pourrait assez facilement prendre le bon train et ĂŞtre Ă  l’heure ou en avance.

 

Train et appareil photo

J’ai eu plusieurs appareils photos compacts « grand public Â». Et, aujourd’hui, nous avons des tĂ©lĂ©phones portables qui « font Â» de très bonnes photos et avec lesquels nous pouvons mĂŞme filmer et enregistrer. C’était un peu moins le cas en 2007 quand j’ai quittĂ© Cergy-Pontoise. Mais les appareils photos et les camĂ©ras existaient dĂ©jĂ  depuis longtemps.

 

On dit qu’il faut faire pour apprendre. Mais on peut faire pendant des annĂ©es sans rien apprendre. Entre 2007 et aujourd’hui, ma technique photographique a peu Ă©voluĂ©. Si l’on me prĂŞtait un appareil photo un peu sophistiquĂ© nĂ©cessitant des rĂ©glages, j’aurais beaucoup de mal pour apprendre Ă  m’en servir correctement. Cependant, ma façon de faire des photos a changĂ©. J’aime le fait que la photo nous permette d’avoir un rapport particulier ou privilĂ©giĂ© avec l’instant, le silence, la lumière, le cadre. En prenant une photo, on « sait Â» que ce que l’on prend ne reviendra plus.

 

PrĂ©dation ? Si l’intention est seulement de se servir de l’autre ou de lui nuire, alors qu’il est vulnĂ©rable et innocent, on pourrait parler de prĂ©dation.

Mais si l’intention est de prĂ©server et de rĂ©vĂ©ler ce qui est nĂ©gligĂ© et banalisĂ© alors que c’est « beau Â», « drĂ´le Â», « insolite Â», « touchant Â»,  «  Ă©phĂ©mère Â», « vivant Â» ou « contrariant Ă  propos de notre Ă©poque », la photo peut se justifier pour des raisons morales, de mĂ©moire ou esthĂ©tiques.

 

Sur l’autoroute A15

Parvis de Cery-Préfecture, ce samedi 26 septembre 2021.

 

J’avais prĂ©vu de retourner Ă  Cergy, Soit ! Cette annĂ©e. Puis, je l’avais oubliĂ©. Jusqu’à ce que ma sĹ“ur me propose d’y aller avec nos enfants. Ce samedi 26 septembre 2021, tous les cinq, nous avons pris l’autoroute A15 dans ma voiture. Celle que j’avais dĂ©jĂ  en partant de Cergy-Pontoise. Et, nous sommes allĂ©s nous garer, près de l’Esplanade de Paris, des « douze colonnes Â» Ă  quelques minutes Ă  pied de l’école de la Lanterne oĂą se passaient plusieurs des Ă©vĂ©nements de cette après-midi.

 

L’école de la Lanterne, fermĂ©e maintenant depuis une dizaine d’annĂ©es Ă  ce que j’ai ensuite appris par une bĂ©nĂ©vole, est maintenant le « bureau Â» de l’association de la Lanterne. Une association plus portĂ©e, je crois, sur des Ă©vĂ©nements artistiques, culturels et Ă©cologiques.

 

Cependant, l’autre particularité de l’école de la Lanterne, c’est qu’elle avait été l’école primaire de ma sœur et de mon frère. Et qu’elle se trouve à deux ou trois minutes à pied du pavillon pour lequel nous avions quitté notre appartement HLM de Nanterre.

Ce samedi 26 septembre 2021 s’est donc transformĂ© pour moi en une machine Ă  remonter le temps. Ma voiture. L’autoroute A15. Ma sĹ“ur et nos enfants. Le pavillon oĂą nous avions vĂ©cu plusieurs annĂ©es avec nos parents qu’ils ne le revendent pour partir retourner vivre en Guadeloupe au dĂ©but des annĂ©es 2000. Les 12 colonnes de l’Esplanade de Paris depuis lesquelles on peut apercevoir Le quartier de La DĂ©fense et, derrière, l’Arc de Triomphe.

L’Ă©cole de la Lanterne. Une lanterne, ça Ă©claire.  Le titre The Payback de James Brown. La musique de James Brown fait partie de ces musiques que mon père m’a transmises par ses disques vinyles. Dont le titre Sex Machine dont il avait le 45 tours ou le 33 tours. Mon père dont l’anniversaire se rĂ©pète tous les 3 octobre. Un jour après moi. Lui, en Guadeloupe, Ă  Petit-Bourg. Moi, en France, Ă  Nanterre. 1944. 1968. 

 

Nostalgie ?

 

J’aurais pu le penser si certains sentiments n’avaient Ă©tĂ© que les miens. Seulement, après avoir prĂ©sentĂ© nos passes sanitaires ou test antigĂ©nique nĂ©gatif rĂ©cent,  nous Ă©tions Ă  peine entrĂ©s dans l’école de la lanterne, que nous sommes allĂ©s assister Ă  la fin d’un concours de tags. J’ai alors demandĂ© confirmation Ă  ma sĹ“ur. La musique que nous entendions Ă©tait bien du Rap amĂ©ricain des annĂ©es 90-2000. Sur notre droite, Ă  quelques mètres, un homme d’une quarantaine d’annĂ©es dansait en Ă©coutant les sons. Lesquels sons lui rappelaient vraisemblablement toute une Ă©poque. Il faisait beau. L’ambiance gĂ©nĂ©rale Ă©tait parfaitement dĂ©tendue. Il n’y avait pas trop de monde.

 

 

Des œuvres remarquables

 

Après quelques minutes, nous avons dĂ©cidĂ© de poursuivre notre « visite Â». Je suis alors tombĂ© sur quelques Ĺ“uvres remarquables. Dont celle du collectif « TSF ». ( je ne suis pas sĂ»r de l’orthographe »)

 

 

Un petit peu plus loin, un artiste ( Sitou) terminait sa fresque. Sa particularitĂ© Ă©tait qu’il Ă©coutait le titre Payback de James Brown ! Difficile de faire plus « ancien Â» aujourd’hui ou, en France, on Ă©coute « beaucoup Â», parmi les artistes français des personnes comme Jul, Booba, Niska, Orelsan, Soolking, Damso, Soprano, Aya Nakamura, PNL,  Slimane,  et d’autres….

 

Je connais plus le nom de la plupart de ces artistes que leur discographie,  et mĂŞme si je me dĂ©sole de ne plus vraiment danser depuis quinze ou vingt ans, je peux aimer des morceaux de ces artistes sans pour autant avoir envie de bouger en les entendant.

 

Ce titre de James Brown, Payback, je le « connais Â».  Je l’avais rangĂ© derrière moi comme on peut regarder une ville ou un paysage s’éloigner dans le rĂ©troviseur de notre voiture alors que l’on roule. Et, quelques annĂ©es me sĂ©paraient dĂ©ja de Payback ce samedi 26 septembre 2021.  Mais, lĂ , parce-que mis Ă  un volume suffisamment Ă©levĂ©, Payback m’a rappelĂ© Ă  l’ordre.

Parce-que dans la voix de « James Â», il y a un appel :

 

«  Tu vas te lever. Tu vas te bouger. Tu existes. Tu vas danser. Tu vas vivre. Tu n’as pas le choix».

C’est un appel pĂ©remptoire. C’est peut-ĂŞtre aussi dans cette chanson qu’il constatait que plusieurs artistes d’alors l’imitaient sans pour autant lui verser les royalties qu’ils lui devaient. Et qu’il leur intimait : «  Virez ma voix de vos disques ! Â». J’avais lu un article Ă   ce sujet il y a plusieurs annĂ©es. Je vivais peut-ĂŞtre encore Ă  Cergy-Pontoise lors de la lecture de cet article. 

 

Sur son Ă©chafaudage, Ă  deux ou trois mètres au dessus de nous, tout en terminant sa fresque, l’artiste Sitou, lui,  par moments, dansait en Ă©coutant The  Payback. Et, de mon cĂ´tĂ©, j’ai senti qu’à ce moment-lĂ , seule la musique comptait.

Pour voir d’autres photos relatives  Ă  cette manifestationPhotos Cergy, Soit ! Samedi 26 septembre 2021

 

Franck Unimon, dimanche 3 octobre 2021.

 

 

 

 

 

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Photos Cergy, Soit ! Samedi 26 septembre 2021

 

L’Ă©cole de la Lanterne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le collectif  » TSF » ( Orthographe à confirmer)
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Bac Nord-un film de Cédric Jimenez

Bac Nord un film de Cédric Jimenez

 

 

Dans les bacs

 

Bac Nord, sorti cet été, marche plutôt bien. Ce film français où l’histoire se passe à Marseille, plutôt de nos jours, serait fasciste et raciste.

 

A Paris, où je suis allé le voir puisque je vis, suis né en région parisienne et y ai toujours vécu, je l’ai peut-être très très mal regardé. Car je vais essayer de démontrer le contraire.

 

Je vais essayer dans cet article de démontrer que Bac Nord, pour moi, ce mercredi 29 septembre 2021, est ni fasciste, ni raciste.

 

Je suis allĂ© voir Bac Nord seulement vers la mi-septembre. Je ne pouvais pas aller le voir auparavant. Je n’avais pas de pass sanitaire. Et je n’étais pas pressĂ© de me faire de nouveau pousser dans le nez une tige de dĂ©pistage en vue d’effectuer un test antigĂ©nique dont le rĂ©sultat, se devait dans mon cas bien-sĂ»r d’être nĂ©gatif – puisqu’à ce jour je n’ai pas attrapĂ© le Covid depuis le dĂ©but officiel de la pandĂ©mie mi-mars 2020 en France- depuis moins de 72 heures. Finalement, avant ma première injection de Moderna contre le Covid, on m’a imposĂ© un test antigĂ©nique prĂ©alable. Le test Ă©tant nĂ©gatif, j’en ai profitĂ© pour aller au cinĂ©ma voir quelques films ( dont Dune-un film de Denis Villeneuve). A partir de ce 15 octobre 2021, les tests antigĂ©niques deviendront payants. Mais Ă  cette date, je devrais ĂŞtre vaccinĂ© contre le Covid comme cela nous a Ă©té…. »demandé » ( imposĂ© pour les soignants). Je fais cet apartĂ© afin de marquer un peu l’époque oĂą Bac Nord et d’autres longs mĂ©trages se sont faits connaĂ®tre.

Les acteurs Karim Leklou et François Civil.

 

Dès sa sortie, Bac Nord faisait partie des films que j’avais envie d’aller voir. Pour le sujet de la Bac. Pour les acteurs, Karim Leklou et François Civil en tĂŞte. Des acteurs que j’ai vus et aimĂ©s voir dans plusieurs films, court mĂ©trage ou sĂ©rie (Marseille la nuit Le Monde est Ă  toi ; Le Chant du Loup ; Dix Pour cent ; Made in France  ; Voir du pays).

 

L’acteur Gilles Lellouche.

 

Concernant l’acteur et rĂ©alisateur Gilles Lellouche, le plus expĂ©rimentĂ© de ce trio d’acteurs comme dans le film Bac Nord du reste, mon avis est plus partagĂ©. Je lui reconnais des intentions de jeu et beaucoup de travail pour ses rĂ´les. Je lui reconnais une franchise et une sincĂ©ritĂ© (je double la mise) ainsi qu’un vĂ©ritable capital sympathie lorsqu’il s’exprime lors des interviews.  Mais, en tant qu’acteur, je le trouve assez souvent voisin de la caricature.

 

NĂ©anmoins, j’avais bien aimĂ© son film en tant que rĂ©alisateur : Le Grand bain. MĂŞme si. MĂŞme si. J’en avais dĂ©jĂ  assez qu’on surligne la prĂ©sence de Philippe Katerine, un acteur et chanteur dont j’aime le jeu et la folie. Mais que l’on prĂ©sente un peu trop dĂ©sormais comme le tube de l’étĂ©. Un tube qui dure depuis quelques annĂ©es maintenant. La sensibilitĂ© de Philippe Katerine. La personnalitĂ© borderline de Philippe Katerine. Je goĂ»te bien sĂ»r ces atouts de Katerine. C’est leur encensement rĂ©pĂ©tĂ© qui m’ennuie. 

 

 

Bac Nord/ Les MisĂ©rables : Visions d’opposition ou visions complĂ©mentaires ?

 

Parlons maintenant un petit peu plus de Bac Nord après avoir jalousĂ© le succès de Philippe Katerine.

La première question que je me suis posĂ© lorsque j’ai commencĂ© Ă  voir des affiches du film a Ă©tĂ© :

Bac Nord est-il l’équivalent ou le complĂ©ment du film Les misĂ©rables 2ème partie , prix de la mise en scène Ă  Cannes en 2018 (ou 2019 ?) 

 

Avant d’aller trouver Bac Nord  dans une salle de cinĂ©ma,  au vu des tout petits Ă©chos qui me sont parvenus, j’ai eu l’impression que ces deux films s’adressaient Ă  deux publics diffĂ©rents. Alors que l’on aurait pu penser que beaucoup les rapproche. Dans les deux films, les « hĂ©ros Â» sont des policiers de la Bac. Et, ils forgent un trio. On pourrait se dire que les policiers de la Bac marchent toujours par trois. Depuis le dĂ©but du procès des attentats du 13 novembre 2015, j’ai appris en lisant quelques articles que le commissaire de la Bac Ă  ĂŞtre le premier Ă  intervenir au Bataclan, de sa propre initiative, avait agi uniquement avec son « chauffeur Â». Un chauffeur policier et armĂ© Ă©galement. Donc, ils Ă©taient deux. Mais cette histoire de nombre de policiers au sein des unitĂ©s de la Bac n’est pas prioritaire pour parler de Bac Nord. Sauf pour dire autrement que l’univers de la police fait partie des univers qui suscitent mon attention.

 

 

A ce jour, je n’ai pas rencontrĂ© ou pu discuter avec quelqu’un qui a vu les deux films : Les MisĂ©rables de Ladj Ly et Bac Nord de CĂ©dric Jimenez. Qu’est-ce qui les oppose dans les grandes lignes ?

 

Pour moi, Les Misérables est un film bien plus renseigné socialement et plus subtil que Bac Nord. Et mieux filmé. C’est facile à dire après le prix de la mise en scène qu’a obtenu Les Misérables au festival de Cannes de 2019.

 

Dans Bac Nord, si l’on voit bien que les trois policiers donnent tout Ă  leur mĂ©tier – comme dans Les MisĂ©rables–  et qu’ils « l’aiment Â» et croient Ă  leur utilitĂ©, on est aussi davantage avec des cow-boys. Dans ce que cela peut aussi avoir de plus grossier ; on est presque dans Starsky et Hutch. A la diffĂ©rence que, dans Bac Nord, le personnage de Huggy les bons tuyaux est interprĂ©tĂ© par une sĂ©duisante jeune beurette ou arabe qui aime beaucoup fumer son petit shit. Et qu’il y a dans le film le croquis d’une attirance du flic de la Bac (jouĂ© par François Civil qui s’y connaĂ®t aussi très bien en sĂ©duction : le revoir dans Dix pour cent ou dans Le Chant du Loup pour bien le comprendre) pour elle.

Une attirance faite de croissance Ă©rotique mais aussi de volontĂ© de protection pour sa jeune indic. On n’avait pas cette attirance sexuelle entre David Starsky et Michael Hutch pour Huggy…

Hormis cela, dans Bac Nord, la jeune indic semble avoir très peu de perspectives comparativement Ă  tous les risques qu’elle prend. Et, son shit, qu’elle obtient contre les informations qu’elle donne, en risquant sa vie mais aussi sa rĂ©putation, on a l’impression qu’elle passe son temps Ă  le fumer en solo. Donc, c’est un peu difficile de comprendre comme elle peut ĂŞtre aussi souriante, sĂ©duisante et maline aussi pour, finalement, apparaĂ®tre aussi seule et sans autre projet d’avenir que de rester dans les parages de celles et ceux qu’elle trahit. A fumer son shit. Mais, après tout, je n’y connais rien Ă  la psychologie ou la temporalitĂ© des indics. Et très certainement qu’il existe toutes sortes de profils parmi les indics. Peut-ĂŞtre presqu’ autant de profils qu’il n’existe d’indics. Y compris les plus dĂ©routants.

 

 

Stigmatiser Marseille ?

 

Pour moi, il n’y a pas de stigmatisation particulière Ă  situer l’histoire Ă  Marseille dans Bac Nord. D’abord, parce-que, mĂŞme si cela m’a pris du temps, j’aime Marseille pour le peu que j’en connais. ( Marseille-Toulon-La Ciotat, octobre 2019 ) Ensuite, parce-que, par certains aspects il est des endroits populaires de Marseille qui me rappellent soit la ville oĂą j’habite depuis quelques annĂ©es, Argenteuil, soit Barbès ou mĂŞme Nanterre oĂą je suis nĂ© et ai grandi. Ensuite, ce qui peut se raconter de certains quartiers de Marseille peut tout aussi bien se transposer ailleurs. Si un titre comme Je danse le Mia du groupe I AM m’avait autant parlĂ©, alors que le groupe de Rap I AM est de Marseille, c’est parce-que j’avais connu et voyais très bien de quoi cette chanson parlait alors que je vivais en rĂ©gion parisienne. Et le succès de ce titre Ă©tait bien-sĂ»r venu du fait que d’autres gens, dans d’autres citĂ©s et dans d’autres banlieues de France s’Ă©taient reconnus dans ce que cette chanson racontait. Pour moi, cela peut ĂŞtre pareil avec le film Bac NordCela peut apparaĂ®tre très rĂ©trograde de citer un titre aussi ancien du groupe I AM mais le personnage de policier jouĂ© par Gilles Lellouche a certainement connu ce titre. 

 

Donc, pour moi, Bac Nord n’est pas un film de plus qui caricature la ville de Marseille. Ce n’est pas non plus un film qui porterait une opposition Nord/Sud. Le sud étant la ville de Marseille. Et, le nord étant Paris ou des villes au delà de Paris supposées être plus présentables et plus prestigieuses. Pour moi, Bac Nord ne regarde pas Marseille de haut. Mais je ne suis pas marseillais. Peut-être le prendrais-je autrement si j’étais marseillais.

Par contre, pour reparler de « l’opposition » Paris/Marseille ( une opposition que, pour ma part, je ne revendique pas), lorsqu’Ă  la fin du film, les policiers rĂ©alisent un gros coup et qu’ils fĂŞtent leur victoire, j’ai eu l’impression de voir, plutĂ´t que des policiers, des joueurs de football qui Ă©taient contents d’avoir gagnĂ© un match contre une grosse Ă©quipe. Que cette Ă©quipe soit le PSG ou une autre.

 

Garde-fou « ethnique Â»

 

Arrivons-en à ce qui serait raciste et fasciste dans le film. Ou dans ce qui a pu être considéré comme raciste et fasciste dans le film.

Dans Les MisĂ©rables, le trio de policiers compte un noir, le personnage de Gwada. Celui par lequel la bavure au flash-ball arrive suite Ă  trop de montĂ©e de pression. Alors que Gwada, auparavant, on l’a vu, c’est plutĂ´t un homme sympathique au sein du trio. Ce n’est pas le plus Ă©nervĂ©. C’est plutĂ´t un modĂ©rateur. Dans Les MisĂ©rables, que ce soit donc voulu par le rĂ©alisateur Ladj Ly, ou non, il existe un « garde-fou Â» ethnique au sein du trio de la Bac.

Il existe mĂŞme une animositĂ© « intĂ©ressante Â» entre le personnage de Gwada et celui du maire jouĂ© par Steve Tientcheu rencontrĂ© le mois dernier. ( Le cinema-A ciel ouvert avec Steve Tientcheu et Tarik Laghdiri). 

 

A droite, l’actrice Adèle Exarchopoulos, policière Ă©galement dans le film, qui joue la compagne de Karim Leklou. A gauche, François Civil et Karim Leklou ( debout). Au centre, l’acteur Gilles Lellouche.

 

Dans Bac Nord, pas d’homme ou de femme noire au sein du trio des policiers de la Bac ? Et alors ? Bien-sĂ»r, j’aurais acceptĂ© une touche de diversitĂ© supplĂ©mentaire au sein de ce trio. J’aurais bien aimĂ© voir ce que cela aurait pu donner comme adversitĂ© si le trio de policiers de Bac Nord avait Ă©tĂ© constituĂ© de trois noirs ? D’un asiatique, d’une femme arabe, d’un noir ? De deux arabes et un noir ? Etc…

 

Mais, pour moi, cette absence de diversitĂ© ou d’originalitĂ© Ă©thnique ne fait pas de Bac Nord un film raciste et fasciste. MĂŞme si, le trio des policiers de Bac Nord Ă©tant majoritairement blanc, exception faite de Karim Leklou mais dont la couleur de peau a nĂ©anmoins la particularitĂ© d’être plus claire que foncĂ©e. Mon propos, ici, est-il raciste ? On pourra le penser. On le pensera. Ce sera peut-ĂŞtre en partie vrai. Pourtant, ici, ma vĂ©ritable intention est surtout de redire que, très souvent, trop souvent, le cinĂ©ma français prĂ©fère faire l’impasse sur la «  couleur Â». Et, ce faisant, certaines nuances, dans les situations passent Ă  la trappe. Ainsi qu’un certain rĂ©alisme. On a donc compris que, si pour moi, Bac Nord n’est pas un film raciste et fasciste, je prĂ©fère Ă©videmment la distribution des rĂ´les dans Les misĂ©rables.

 

Dans Bac Nord, l’opposition entre « caĂŻds Â» des citĂ©s et la police ressemble donc, par dĂ©faut ou par maladresse, Ă  une Ă©nième opposition entre les basanĂ©s d’un cĂ´tĂ©. Et les blancs de l’autre. MalgrĂ© la prĂ©sence de Karim Leklou, ici minoritaire parmi les policiers, pour reprĂ©senter la diversitĂ©.

Mais j’accepte ce parti pris ou cette « nĂ©gligence Â». Et puis, l’alternance Ă  ce parti pris ou Ă  cette « nĂ©gligence », peut aussi ĂŞtre de passer soi-mĂŞme Ă  l’Ă©criture de scĂ©nario, Ă  la rĂ©alisation ou au jeu d’acteur dans le but de montrer autre chose. 

 

La France, ce n’est pas du tout ça : c’est impossible.

 

Reste, sans doute, cette description de certaines citĂ©s, d’une, en particulier, ou de plusieurs dans le film ( j’ai oubliĂ© ) oĂą les policiers ne peuvent plus entrer dĂ©sormais. Ce qui fait enrager le « chef Â» de l’équipĂ©e de la Bac jouĂ© par Gilles Lellouche qui compte vingt ans d’expĂ©rience de terrain. Et qui est donc la mĂ©moire vivante de ce terrain perdu par la police au profit de la dĂ©linquance.  Sous un angle Ă©cologique, on pourrait comparer cette perte de terrain par la police ou la RĂ©publique, Ă  des lacs qui se sont non seulement assĂ©chĂ©s mais aussi lourdement polluĂ©s au fil des annĂ©es. Cette vision lĂ  est-elle raciste et fasciste ? La perte du terrain ou du territoire dans certaines citĂ©s par la police. Comme la mĂ©taphore des lacs assĂ©chĂ©s et lourdement polluĂ©s avec le temps.

 

Pour certaines personnes, il est Ă©vident que  cette vision et cette mĂ©taphore est raciste et fasciste. Car, pour ces personnes, la France, ce n’est pas du tout ça. C’est impossible. Donc, montrer ça dans Bac Nord oĂą, d’un cĂ´tĂ©, il y aurait les policiers droits qui se mouillent. Et de l’autre, des dĂ©linquants qui les toisent d’autant plus qu’ils se sentent intouchables et chez eux dans leur citĂ©, ce serait fasciste et raciste. Surtout Ă  voir que les dĂ©linquants en question sont « bien-sĂ»r Â» noirs et arabes. Aucun blond ou rouquin aux yeux bleus ou verts parmi eux.

 

Bac Nord n’est pas un atoll de finesse

 

Pourquoi, alors, je l’accepte aussi « bien Â» ou aussi facilement d’un film comme Bac Nord ? Peut-ĂŞtre parce-que je ne sens pas d’intention raciste dans le film du rĂ©alisateur. J’ai peut-ĂŞtre tort. Le film Bac Nord n’est pas un atoll de finesse, c’est vrai. Toutefois, lorsque je le regarde, je ne gĂ©nĂ©ralise pas ce que montre Bac Nord. Pour moi, que ce soit Ă  Marseille ou ailleurs, toutes les citĂ©s et toutes les banlieues ne ressemblent pas Ă  ce que montre le film. Pour moi, tout Marseille ne se trouve pas dans Bac Nord.

 

 Mais on peut nĂ©anmoins montrer des noirs et des arabes qui sont du « mauvais Â» cĂ´tĂ©. MĂŞme s’il est vrai qu’il existe aussi des blancs et des asiatiques qui sont du « mauvais Â» cĂ´tĂ© et que l’on ne montre pas dans le film. Ou autrement. PlutĂ´t dans le versant politique. Par le coup de « pute Â» que vont connaĂ®tre « nos Â» cow-boys de la Bac plus tard.

 

Ensuite, si on arrive Ă  plus ou moins passer le cap de l’éventuel dĂ©lit de faciès des « mauvais Â» dans Bac Nord, il nous reste Ă  faire face Ă  certains de ces endroits oĂą la police n’entre pas, n’entre plus, ou, de moins en moins. Et, lĂ , j’ai l’impression que pour pouvoir admettre un peu ce point lĂ , plutĂ´t que d’imagination et d’intellectualisation, il est peut-ĂŞtre nĂ©cessaire de faire appel, un peu, Ă  la « pratique Â» de certains souvenirs ou de certaines expĂ©riences directes ou indirectes.

 

 

La pratique de certains souvenirs

 

Je n’ai pas de pratique ou d’expĂ©rience dans le grand banditisme ou dans le trafic de stupĂ©fiants ou autres. Mon casier judiciaire est vierge. Je n’ai ni le vice, ni l’instinct, ni l’intelligence, ni la nĂ©cessitĂ© ou la furie de celles et ceux qui peuvent participer Ă  des braquages, Ă  des trafics ou Ă  certaines actions meurtrières et barbares. Il y a quelques annĂ©es, une de mes collègues, une jeune femme sĂ©duisante, sĂ©ductrice, familière avec les codes de certains quartiers du Val FourrĂ© Ă  Mantes la Jolie m’avait appris qu’avec mon « Français soutenu Â», dans certaines situations, j’aurais des problèmes. Je l’avais crue sur parole, moi, pourtant nĂ© en banlieue parisienne et qui avais grandi dans une citĂ© HLM. Ensuite, elle m’avait racontĂ© comment il lui Ă©tait arrivĂ© de tenir tĂŞte Ă  certains hommes qui lui avaient mal parlĂ©. Et de s’en sortir. LĂ , aussi, je l’avais crue sur parole. Je n’ai aucun doute quant au fait qu’une femme puisse ou sache, dans certaines circonstances, si elle connaĂ®t certains codes de langage et de comportement, mieux s’en sortir en cas d’embrouille qu’un homme poli et propre sur lui, combien mĂŞme, voire, surtout s’il a une stature physique qui, a priori, devrait lui Ă©viter les ennuis. Et ce Savoir-lĂ  n’est pas exposĂ© dans les Ă©coles ou dans les vitrines des magasins. Ni dans les musĂ©es. Pas mĂŞme dans les mĂ©diathèques ou les salles de cinĂ©ma. Encore moins en suivant des cours par correspondance. C’est une histoire de pratique, de modèle mais aussi d’instinct, d’instant. Une seconde après, c’est trop tard. Une seconde avant, c’est trop tĂ´t. Pour rĂ©pondre. Ou pour donner le regard qu’il faut avec l’intonation convaincante ou dĂ©stabilisante qui va faire que l’on Ă©chappe au couteau, au coup de boule, au passage Ă  niveau ou que l’on va ĂŞtre acceptĂ© ou tolĂ©rĂ©.

 

 

Ceci Ă©tant dit,  je me rappelle du « petit Â» Enzo, dans mon collège Evariste Galois, Ă  Nanterre. Lorsque, devant tout le monde, dans la cour, des policiers Ă©taient venus le chercher. Il s’était laissĂ© faire en se tenant droit comme un « bonhomme Â» que cela n’effraie pas. Enzo devait avoir 15 ans voire moins. Je le « connaissais Â» de vue depuis quelques annĂ©es. Il m’était arrivĂ© de discuter avec lui. Je n’avais jamais eu de problème avec lui. Nos quelques Ă©changes avaient Ă©tĂ© « sympas Â». Il faisait partie, avec d’autres, que je connaissais Ă©galement, de la citĂ© de la rue Greuse. Une citĂ© pas très Ă©loignĂ©e de la mienne qui avait une assez mauvaise rĂ©putation. Qu’avait-il fait pour ĂŞtre cueilli au collège ? Aucune idĂ©e. C’est la dernière fois que je me souviens l’avoir vu. J’avais quel âge ? 14 ans ou moins.

 

Je me rappelle il y a plus de vingt ans avoir appris un jour qu’un de mes anciens collègues de travail avait un Beretta. Par qui l’avais-je appris ? Par sa copine d’alors, Ă©galement une de mes collègues. C’était Ă  Pontoise.

 

 

Je me souviens de ce copain, natif d’Argenteuil, souvent sur le qui-vive au point qu’il me fait penser Ă  Joe Dalton, qui m’a dit un jour que se sachant très en colère contre je ne sais qui, il avait prĂ©fĂ©rĂ©, avant de faire une bĂŞtise, scier et dĂ©molir les armes Ă  feu qu’il possĂ©dait. EtonnĂ©, je lui avais alors demandĂ© comment il avait fait pour obtenir ces armes ? Ce copain m’avait alors regardĂ© comme si j’étais une andouille ou que je dĂ©barquais d’une autre planète. Et ce regard signifiait sans ambiguĂŻtĂ© mais aussi sans explications qu’il n’y avait rien de plus  facile que de se procurer des armes Ă  feu. C’était il y a environ cinq ans.

 

Je me rappelle du père, policier, d’une des camarades de classe de ma fille, Ă  la maternelle. Cet homme aime son travail. Et, ayant Ă©galement grandi Ă  Nanterre comme moi, mais dans une autre citĂ©, il m’avait affirmĂ© que cela s’était « dĂ©gradĂ© Â». Cet homme discutait de temps Ă  autre avec un autre papa, Ă©galement policier devant l’école en attendant la sortie de son enfant. Ce policier, devant moi, avait un jour racontĂ©, en souriant, ce rituel qui consistait,  lorsqu’il entrait dans une citĂ© avec ses collègues, Ă  longer le mur des immeubles. Afin de ne pas se recevoir un rĂ©frigĂ©rateur. C’était, aussi, il y a environ cinq ans. Je ne sais pas de quelle citĂ© il parlait ni dans quelle ville. Je n’avais pas pensĂ© Ă  demander. A ce jour, en entrant dans une citĂ©, je n’ai pas longĂ© le mur des immeubles pour Ă©viter de me prendre un rĂ©frigĂ©rateur ou autre objet sur la tĂŞte. Mais, avant cette anecdote, j’avais ouĂŻ dire que cela pouvait arriver. Mais pas lĂ  oĂą j’habitais.

 

Je n’ai pas oublié non plus que le très bon kiné que nous avons un temps consulté pour notre fille nous a appris un jour que les va et vient de sa clientèle, de toutes origines tant sociales que culturelles et religieuses, dérangeait le trafic de certaines jeunes du coin. Et, ils le lui avaient fait savoir.

 

Je n’ai pas oubliĂ© non plus que la mère d’une des bonnes copines de ma fille m’a dit un jour que sur le trajet de l’école, pas très loin, se trouvait un point de rencontre officieux pour trafic de stupĂ©fiants. Dès lors, certains jeunes que j’aperçois rĂ©gulièrement, en groupe, s’ils ne sont pas menaçants pour les enfants et les parents dont je fais partie,  et ne font que discuter entre eux, m’apparaissent aussi, comme Ă©tant lĂ  soit pour protĂ©ger un territoire. Soit pour « guetter Â». Bien-sĂ»r, nous ne sommes pas dans Bac Nord oĂą, lĂ , le sujet est poussĂ© Ă  son extrĂŞme. Mais je crois qu’il peut ĂŞtre concevable que dans certains endroits, dĂ©sertĂ©s par les institutions publiques, ou soit pace-que certains modèles de vie aient Ă©tĂ© choisis ou privilĂ©giĂ©s, par mimĂ©tisme ou par conviction, qu’il se soit dĂ©veloppĂ© des situations Ă©quivalentes Ă  celles que l’on voit dans le film.

 

Je me rappelle aussi qu’une Argenteuillaise m’avait appris que le premier jour du Ramadan, un conflit avait eu lieu dans un quartier de notre ville et que cela s’Ă©tait terminĂ© par un mort par balles. Ces « anecdotes », je les considère comme des Ă©vidences. Elles horrifieront peut-ĂŞtre certaines personnes. Elles en feront sourire d’autres qui vous diront : « Et, encore, ça, ce n’est pas grand chose…. ». Et, lĂ , aussi, je croirai ces dernières personnes sur parole sans pour autant raser les murs. Sauf que en certains endroits, Ă  certaines heures, si je suis informĂ© par quiconque du « coin » qu’il faut ĂŞtre prudent ou Ă©viter de passer Ă  tel endroit, je prĂ©fèrerai me montrer prudent ou Ă©viterai de passer Ă  tel endroit. Pour moi, ce n’est pas ĂŞtre raciste et fasciste de penser comme ça. Comme, pour moi, ce n’est pas ĂŞtre soumis et crĂ©tin, lors d’un contrĂ´le de police, de rester aussi calme et poli que possible. C’est plutĂ´t s’adapter Ă  mon environnement et/ou Ă  mon interlocuteur. 

 

Lorsqu’un reporter tel que Philippe Pujol, Marseillais, Prix Albert Londres pour un de ses ouvrages, Ă©crit La fabrique du monstre : 10 ans d’immersion dans les quartiers nord de Marseille, la zone la plus pauvre d’Europe en 2018, s’il pointe, Ă©videmment, les responsabilitĂ©s politiques et sociales, mais aussi intellectuelles, pour expliquer et critiquer le dĂ©labrement prononcĂ© de certains quartiers de Marseille, il n’en dĂ©crit pas moins certains endroits oĂą l’accès n’est autorisĂ© qu’à des personnes sĂ©lectionnĂ©es. Des personnes du quartier. Des personnes de confiance. Profil- des personnes de confiance- qui est loin de correspondre Ă  des policiers de la Bac.

Dans cet ouvrage, Philippe Pujol indique bien que dans ces quartiers nords de Marseille, il reste des personnes étrangères au banditisme comme aux trafics.

 

De même que lors des attentats du 13 novembre 2015, c’est une juge belge qui a expliqué il y a quelques jours au tribunal que si plusieurs des terroristes islamistes se connaissaient depuis longtemps et avaient vécu à Moolenbeek, que, par ailleurs, c’était dans certains quartiers, minoritaires, de Moolenbeck que s’était développé l’activité terroriste islamiste de ces dernières années. Mais, qu’autrement, Moolenbeek était aussi une commune très agréable où la plupart des habitants n’avaient rien à voir avec le terrorisme et l’islamisme.

 

 

Un mĂ©tier de conviction :

Ce qui passe peut-ĂŞtre mal avec le film Bac Nord, c’est qu’il magnifie des policiers. Et que beaucoup de monde entretient une certaine ambivalence faite Ă  la fois de mĂ©fiance/crainte/haine/ admiration envers la police et celles et ceux qui la reprĂ©sente. Ambivalence qui avait Ă©tĂ© dĂ©crite dans les mĂ©dia oĂą, lors de la pĂ©riode des attentats islamistes, les policiers Ă©taient devenus très populaires. Pour, ensuite, Ă  nouveau, ĂŞtre perçus de travers. 

Je ne discute pas les raisons, justifiĂ©es ou injustifiĂ©es, de cette ambivalence. Cette ambivalence envers la police peut, finalement, ĂŞtre la jumelle de ce racisme envers certaines catĂ©gories de personnes :

 

On peut avoir des raisons personnelles et concrètes qui expliquent que l’on en veut Ă  telle catĂ©gorie de personnes. Parce qu’elles nous ont fait du mal, Ă  nous ou Ă  des proches. Mais on peut aussi très bien en vouloir Ă  certaines catĂ©gories de personnes et de professions sans avoir eu de mauvaise expĂ©rience rĂ©elle avec elles. On ne fait alors que « rĂ©pĂ©ter Â» ce qui se dit dans notre environnement et dans notre entourage depuis des annĂ©es ou des gĂ©nĂ©rations. Sans prendre la peine de peser le pour et le contre. Puisque l’on fait corps avec celles et ceux qui font partie de notre environnement et de notre entourage. Et que l’on s’en remet Ă  eux tous les jours. Se faire sa propre expĂ©rience demande une certaine capacitĂ© d’initiative. Mais aussi de pouvoir accepter de faire et vivre d’abord seul (e ) certaines expĂ©riences contradictoires. Certaines personnes n’ont ni cette volontĂ© ni ce courage. 

 

MalgrĂ© cette ambivalence envers la police ou malgrĂ© l’aversion assumĂ©e que certaines personnes peuvent avoir envers elle, en regardant Bac Nord, je me suis demandĂ© comment font ces femmes et ces hommes policiers pour avoir envie de faire ce mĂ©tier. Ou, plutĂ´t, pour continuer d’avoir envie de le faire. Que ces femmes et ces hommes travaillent pour la Bac ou non. Car le film rappelle bien aussi qu’être policière ou policier, c’est exercer un mĂ©tier de conviction :

 

Il faut être convaincu de l’utilité de ce que l’on fait. Et de ce que l’on est. Ce qui peut être déjà très difficile au vu des risques mais aussi, surtout peut-être, des désillusions que font vivre- de façon répétée- ce métier. Et, en plus, il faut pouvoir apporter des preuves indiscutables que le travail effectué a été bien effectué. Et, tout cela, sans s’enrayer soi-même. Sans se vomir soi-même.

C’est montrĂ© dans le film : A part le personnage jouĂ© par Karim Leklou qui a pour lui la très large compensation d’avoir une femme aussi attractive, honorable et honorante que l’actrice Adèle Exarchopoulos, les deux autres policiers jouĂ©s par Gilles Lellouche et François Civil n’ont pas de vie personnelle valide ou valable. Donc, leur mĂ©tier leur fait payer un très lourd tribut. Et, dans ces conditions, je m’étonne que des femmes et des hommes tiennent encore Ă  vouloir devenir policières et policiers. Tout en essayant, aussi, de concilier une vie de couple et de famille.

Or, pourtant, il y en a. Bien-sĂ»r, je pourrais faire la mĂŞme remarque pour des personnels soignants. Mais le mĂ©tier de policier, de par ses armes, et la manière dont il confronte directement des femmes et des hommes Ă  d’autres femmes et hommes me semble porteur de bien des Ă©checs qu’aucun uniforme,  grade ou ultimatum ne peut contrer.

 

L’acteur Gilles Lellouche de face. De dos, l’acteur François Civil.

 

Casseur de rĂŞve exotique :

 

 

Pour ces quelques raisons, pour moi, Bac Nord n’est pas un film fasciste et raciste. Mais on peut lui reprocher, oui, d’être assez caricatural sur certains aspects.

Néanmoins peut-être que ce qui lui est fondamentalement reproché, c’est de casser le rêve exotique marseillais avec l’accent, la mer, la sensualité et le soleil. Pour, au contraire, envoyer dans les yeux du spectateur du sable et bien des écueils. Comme si, au plein milieu d’une comédie qui se déroule bien, on se mettait d’un seul coup à reparler de la pandémie du Covid ou du réchauffement climatique. Comme si, à parler de la Guadeloupe, au lieu de parler de plages, cocotier, zouk, ti-punch, sexe et Francky Vincent, on en arrivait à reparler de l’esclavage, du Covid, de l’obésité, du Sida, de chômage, de maltraitances conjugales, de chlordécone, d’alcoolisme et de diabète. Ça casse un peu l’ambiance.

 

 

Franck Unimon, ce mercredi 29 septembre 2021.

 

 

 

 

 

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Voyage

New York 2011 : « You’re Welcome ! »

 

New-York 2011 : «  You’re Welcome ! Â».

( cet article est la suite de New-York 2011- 2ème partie )

 

Ma compagne m’a proposé d’aller au cinéma dans Time Square. Je ne peux qu’accepter. Nous reprenons le bus. Et sa climatisation. Nous longeons la partie ouest de Central Park.

 

Nous passons devant le musĂ©e amĂ©ricain d’histoire naturelle. J’ai entendu dire beaucoup de bien de ce musĂ©e qui a manifestement Ă©tĂ© très frĂ©quentĂ© ce dimanche. Je vois principalement des blancs. La statue devant le musĂ©e me dĂ©range :

Un blanc Ă  cheval. A sa gauche, Ă  pied, un noir. A sa droite, je ne vois pas qui marche Ă  ses cĂ´tĂ©s. Un Indien ?

 

Nous descendons Ă  la 59ème rue. LĂ , une dame avec un accent d’Europe de l’est me rĂ©pond que Time Square est Ă  environ dix rues ( «  Ten blocks ! Â» de lĂ  en prenant Broadway.

 

En prime abord, je trouve Broadway plaisant. Bien plus que Madison Square Garden.

Et puis, nous entrons dans un pavé touristique. Et puis, toute cette foule. Tous ces écrans. Toutes ces lumières. Il est un peu moins de dix neuf heures.

 

Nous croisons une foule qui se fait des gestes/signes sur un Ă©cran gĂ©ant. A d’autres endroits, nous entrons dans un magasin Quicksilver «  Hi Guys ! Â» ouvert jusqu’à minuit.

Ailleurs, il semble qu’il y’ait des parcs d’attraction, des salles de spectacles courues. Mais je n’y comprends rien. Je vois de la promo pour Mme Tussaud. Samuel Jackson à l’affiche. Un restaurant ou une salle de concert B.B King/ Lucille.

Apparemment, devant une salle, une actrice se fait interviewer. Des passants la photographient. La vingtaine, blonde, mince, en robe et souriante, elle semble contente de ce qui lui arrive. Je me dis qu’elle doit avoir un rôle dans une pièce à succès.

Il nous faut nĂ©anmoins demander Ă  deux reprises oĂą se trouvent les cinĂ©mas. Car, ici, ils ne sont pas majoritaires. Je redoute de tomber sur un UGC. Sur une rĂ©plique exacte d’un UGC parisien.  Finalement, non.

J’aurais aimĂ© voir le film avec GĂ©rard Butler mais il passe trop tard : une heure trente plus tard.

Nous optons pour le film Abduction dont j’ai oubliĂ© le titre en Français avec Taylor Lautner en hĂ©ros. Taylor Lautner, dĂ©couvert/rĂ©vĂ©lĂ© grâce Ă  Twilight  dont j’ai dĂ©jĂ  vu Ă  peu près en entier le premier Ă©pisode, je crois.

 

L’affiche et l’annonce du film en France m’ont fait penser à du Jason Bourne. Autant, j’ai aimé la trilogie de Jason Bourne, autant je suis perplexe devant l’affiche. Mais les critiques, en France, ont été, je crois, plutôt bonnes.

 

La caissière, Priscilla, est plutĂ´t jeune et jolie. Mais elle est lĂ  pour faire du chiffre et aligne ses phrases mĂ©caniquement. Lorsque je lui demande s’il existe une feuille avec les rĂ©sumĂ©s des films, il lui faut quelques secondes pour comprendre. Enfin, elle comprend et je rĂ©cupère une feuille. Je ne comprends rien Ă  ses indications pour trouver la salle mais je suis serein. RĂ©trospectivement, elle m’avait sĂ»rement dit « Level five ! Â» soit tout en haut.

Nous prenons les escalators.

 

La salle est assez petite. Cent places ? Plus ?

Les fauteuils s’abaissent lorsque l’on s’assied. Ils me donnent une impression de mollesse qui me déplait. Bien-sûr, il y’a du pop corn dans la salle mais pas plus que dans certains films grand public dans une salle UGC à Paris. Quelques téléphones portables allumés. Par contre, mieux vaut entendre les réclames publicitaires car leur volume sonore est particulièrement élevé.

 

Le film : Taylor Lautner est sur le capot d’une voiture conduite Ă  vive allure sur la route par un de ses meilleurs amis. Un blanc. Un noir. MalgrĂ© la vitesse et les virages, Taylor Lautner n’a pas peur. Le trio arrive Ă  une party. Le noir est un faussaire de gĂ©nie : il fabrique des faux papiers d’identitĂ© qu’il vend Ă  prix d’or. « No Stress Â».

Taylor croise une jeune fille qu’il biche. Elle, aussi, le biche. Mais elle l’évite et elle a un copain. Lequel bouscule Taylor Lautner. Surproduction de testostérone. La fille intervient. Pas de bagarre. Taylor et ses copains s’amusent. Il prend une cuite, se réveille le lendemain, torse nu, dans le jardin qui a servi à la fête. Celle qui a organisé la fête a une heure pour tout ranger avant que ses parents n’arrivent.

Dans ce film, outre Lautner, il y’a Alfred Molina, Maria Bello, Sigourney Weaver.

Il y’a des traits d’humour que je n’ai pas compris. Mais je crois avoir compris l’intrigue et le but de ce film :

Après le succès de Twilight, pousser la carrière de Taylor Lautner. Lequel a d’évidentes aptitudes plastiques et acrobatiques. Sorti de ça, à part du pop corn, il n’y’a rien dans ce film. Un film de spectacle pour celles et ceux qui veulent du spectacle. Un spectacle de division d’honneur ou de troisième division.

Après ça, trente minute de marche jusqu’à l’hôtel. Nous étions claqués. Je me suis dit que ce dimanche, nous en avions trop fait.

J’étais claqué, j’avais la nausée et un peu mal à la tête. Nous nous sommes couchés sans dîner à 23 heures. Sur la messagerie du téléphone de notre chambre, un message de la réception pour nous proposer une soirée à 23 heures….

 

Aujourd’hui, ce lundi 10 octobre, il nous fallait frapper un grand coup !

Notre City Pass acheté sur internet avant notre arrivée à New-York nous donne droit à six sorties culturelles (musées, croisière, point de vue panoramique). Puisque nous repartons samedi et que nous envisageons de prendre notre temps pour ces sorties, il devenait nécessaire d’en faire deux si possible aujourd’hui. Sans nous fatiguer. Car ma compagne a eu les mêmes impressions que moi par rapport à notre journée d’hier. Et, je me demande comment font celles et ceux qui restent entre trois et cinq jours à New-York avec le décalage horaire. A part en courant en permanence ou en se concentrant sur deux ou trois activités, je ne vois pas….

 

 

Nous avons cette fois pris notre petit-déjeuner vers midi. Le temps de finir mon compte-rendu dans ce cahier, de m’étirer et de me doucher…mais ma compagne ne m’a pas semblé très pressée non plus.

Nous sommes allĂ©s Ă  PrĂŞt Ă  Manger dans la 3ème avenue. Lieu de restauration fermĂ© le week-end qui nous avait fait bonne impression Ă  notre arrivĂ©e Ă  New-York. Nous avons d’abord cru que ce serait très cher. Alors, nous commandons  prudemment.

Je prends un Bagel. Ma compagne dit d’abord : « Ă§a va ĂŞtre cher ! Â».

Nous partons. Je goĂ»te le Bagel. Il est très bon. Ma compagne le goĂ»te puis me dit :

« C’est comme tu veux ! Â». Nous y retournons :

Un Mocha et deux Bagels pour elle. Un large hot chocolate, un Muffin aux baies et Ă  l’orange et un verre d’eau pour moi. Conclusion : 13 dollars. Succès commercial. C’est fait maison. C’est bon et c’est copieux. Martine a du mal Ă  finir son Mocha. Ce que j’ai pris me suffit.

Nous partons pour le MOMA avec le deuxième Bagel de ma compagne.

Une partie du tableau  » Christina’s World » rĂ©alisĂ© en 1948 par Andrew Wyeth.

 

Le MOMA est Ă  une dizaine de minutes Ă  pied de l’hĂ´tel. Demain, il sera fermĂ©. Mais avant ça, je cherche un lavomatic dans le quartier. Mais Ă  qui demander ?

Je remarque un noir qui parle dans son téléphone portable en poussant un diable vide. Il a une bonne quarantaine d’années. Peut-être plus. A l’entendre, je crois reconnaître un Haïtien. Je l’interpelle devant le magasin Duane.

Oui, il parle Français. Mais il me répond d’abord en Anglais. Puis, il se met au Français. Il habite Brooklyn. Il n’est pas du quartier mais il veut bien se renseigner. Il pousse son diable dans le Duane comme en terrain familier, salue un des jeunes caissiers (la vingtaine) qui semble s’être accommodé du personnage qu’il perçoit sans doute comme un farfelu. Non, il ne sait pas où il y’a un lavomatic dans le quartier.

Notre homme interpelle un autre noir, une cliente. Personne ne sait.

Il part chercher le manager. Revient peu après : le manager ne sait pas. Et dire qu’à Brooklyn, oĂą il habite, il y’a tant de lavomatic !

Il se propose presque de nous y accompagner. Je décline. Il me propose de l’appeler si j’ai besoin d’un service. Je décline tout autant poliment. A Church Avenue, à Brooklyn, il y’a plein de lavomatic m’assure-t’il. Il me répond qu’il faut amener sa lessive. Il est bien Haïtien et s’appelle Zelo.

 

 

Puis, le MOMA.

 

Il y’a du monde. La jeune femme du vestiaire a commencĂ© Ă  perdre patience.  Oui, le vestiaire est gratuit. Mais au moment de prendre mon sac : ai-je du matĂ©riel Ă©lectronique dedans ? Oui.

Dans ce cas, il me faut le prendre avec moi. Bon.

Ai-je des objets de valeur dans mon sac ? Oui. Il me faut les prendre avec moi.

Puis, elle m’explique que l’usage des appareils photos et caméra est autorisé au MOMA. Que je peux emmener mon sac avec moi.

Il me faut un moment pour comprendre : j’étais content de pouvoir m’allĂ©ger pour profiter au mieux de cette exposition. Alors, en souriant, je la fais rĂ©pĂ©ter. Je la vois qui commence Ă  perdre patience. Je dĂ©cide de prendre mon sac.

 

 

Pendant les dix premières minutes, dans la partie Art contemporain, je me sens idiot. Ce que je suis sans doute de plus en plus. Ensuite, je bute sur les constants chefs d’œuvre de peintres comme Picasso etc…Jeff de Kooning…

Je ne vois rien. Une femme assez bruyante, et accompagnée de ses deux garçons, interpelle un gardien. Noir. Ils étaient principalement noirs. J’ai vu un seul gardien sud-américain.

La femme demande au gardien ce qu’il voit dans la toile qu’elle regarde. Celui-ci lui rĂ©pond qu’il faut utiliser son imagination. La femme affirme devant le gardien dĂ©bonnaire qu’elle l’utilise, son imagination !

 

Et puis, des tableaux m’ont plu. Comme Napoléon into Wilderness de Max Ernst. Ou un portrait de Modigliani.

 

Dans une salle, alors que j’entre, le gardien, un noir d’environ 1m90 pour 120 kilos mime le geste de m’adresser un ballon de football  amĂ©ricain. Au dĂ©part, je ne rĂ©agis pas.

Il répète son geste. Je fais mine d’attraper le ballon. Il fait semblant d’avoir le ballon contre lui. Cela lui suffit. Je poursuis ma visite.

Lorsque je ressors de la salle, il recommence. Toujours à distance. Environ cinq à dix mètres nous séparent. Tout se passe en silence.

 

 

Nous terminons notre visite un peu avant 17 heures. Vers 16h30. Puis, direction la Circle Line pour une croisière autour de Manhattan. Nous faisons en fait un demi tour. Le bateau est plein.

Nous avons droit à un commentateur pendant une bonne partie de la traversée. J’ai compris des bouts de ses commentaires. J’ai pris des photos, quelques vidéos. C’est le résultat de ces images qui me dira si cela m’a plu. Car être sur un bateau aussi plein m’a déplu.

 

 

Pour dĂ®ner ce soir, nous faisons une halte auprès d’un marchand ambulant :

Pour du riz et du falafel. Pour du riz et du gyro, mélange de poulet et d’agneau. Dix dollars.

L’homme me demande d’oĂą nous venons. Je lui rĂ©ponds. Je lui demande d’oĂą il vient :

« Afghanistan Â».

 

 

Ce soir, deux Ă©vĂ©nements :

 

J’ai mis un pied dans le magasin de comics repĂ©rĂ© près de l’hĂ´tel. Dix minutes avant sa fermeture Ă  21h ?

Ma compagne m’a appris que sur la carte, à New-York, les rues sont horizontales et les avenues, verticales jusqu’à Chelsea et Gramercy. Ensuite, la carte se complique.

Elle se dĂ©brouille très bien avec la carte. Elle me guide. Je suis plus portĂ© sur la mĂ©moire visuelle (laquelle n’est pas encore totalement opĂ©rationnelle ici) et le fait d’entrer en relation avec les gens. 

 

Nous avons complĂ©tĂ© notre diner « afghan Â» avec quelques morceaux de fruits achetĂ©s au Long Gourmet : lĂ  oĂą nous avions pris notre petit dĂ©jeuner hier.

 

Plusieurs fois, aujourd’hui, alors que je cherchais notre itinéraire, très vite un New-Yorkais m’a demandé où nous voulions aller.

Depuis le dĂ©but de notre sĂ©jour, chaque personne que nous avons pu solliciter a fait de son mieux pour nous renseigner, allant jusqu’à nous dire après nos remerciements :

 

« You’re welcome ! Â».

 

 

Franck Unimon ( photos prises au MOMA en octobre 2011 exceptées les deux premières photos prises en extérieur).