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Nomadland-un film de Chloé Zhao

 

Nomadland un film de Chloé Zhao

 

 

Nous nous accrochons à des décors. S’ils nous sont familiers, ils ne sont pas là pour être apprivoisés. Car ils sont carnivores et nous dévorent.

 

Le lundi est un décor bien connu. C’est le premier jour de la semaine. Celui par lequel tout commence. La déprime ou l’enthousiasme. L’échine ou les miasmes.

 

Commencer une semaine, par la première séance de cinéma, celle de 8h05, par Nomadland de Chloé Zhao, j’ai dû le mériter. Peut-être parce-que la semaine dernière, j’ai osé préférer aller regarder Black Widow, un film de super-héros, une grosse production hollywoodienne.

 

Ce lundi, c’était tout à l’heure, j’étais seul dans la salle. Dehors, il faisait gris, un peu frais et il pleuvait. Cela avait un peu désespéré une de mes collègues de ce matin :

 

« Un mois de juillet, sans soleil ! On se croirait en Novembre ! ».

 

Mon collègue de nuit avait essayé de la désamorcer en lui disant : « La pluie, c’est bon pour les tomates ! ».

 

J’avais été content de pouvoir dire qu’après le travail, j’allais me rendre au cinéma. C’est peut-être pour ça que j’ai été puni en allant voir Nomadland. Ce qui n’était pas prévu, au départ.

 

 Les film Teddy et Sound of Metal  étant indisponibles, je me suis rabattu sur Nomadland dont j’avais entendu dire beaucoup de bien à sa sortie il y a plusieurs semaines. Je n’étais pas – encore- tenté par Sans un Bruit 2. J’ai hésité un peu en faveur de Benedetta de Verhoeven avec l’actrice Virginie Efira.  J’aime, sous sa fadeur apparente (il y a des actrices et des blondes plus attrayantes) la             « rapacité » de son jeu.

 

Mais j’ai opté pour Nomadland dont j’avais oublié l’histoire. De toute façon, j’aime en savoir le moins possible sur un film avant de le voir. J’avais même oublié que Zhao avait obtenu l’Oscar du meilleur film et de la meilleure réalisatrice en 2021 avec Nomadland. J’en étais resté au prix qu’elle avait obtenu à la Mostra de Venise en 2020.

 

L’actrice Frances McDormand, dans le rôle de Fern.

 

 J’avais vu et aimé le précédent film de Zhao, The Rider. C’est surtout ça qui m’a décidé à aller voir Nomadland. J’avais aussi oublié que l’actrice Frances McDormand, que j’aime voir jouer, occupait le rôle principal.

 

On a sans doute, en parlant de Nomadland, fait des comparaisons avec l’œuvre Sur la Route de Jack Kerouac ou avec le film Into The Wild adapté au cinéma par Sean Penn.

 

Il y a sans doute de ça dans Nomadland. Mais, pour moi, ce film est un alcool fort sans l’ivresse. Malgré son titre, le film nous laisse sur le bord de la route. D’accord, on y roule beaucoup et c’est bien sûr mieux que de vivre parqué sans perspectives dans un hôpital ou ailleurs. Mais ce sont des rêves brisés qui roulent. Celles et ceux dont les décors de vie se sont plantés un jour ou l’autre. Pour raisons économiques. Pour raisons de santé. Pour cause de deuil. Pour cause de stress post-traumatique. A partir de là, le scénario de la vie normale faite de sédentarité, d’emploi en CDI et de réussite matérielle s’est arrêté pour eux. Le rêve américain prend bien-sûr une trempe supplémentaire sans doute nettement supérieure à celle subie le 11 septembre 2001. Sauf que cette blessure apparaît encore modérément dans les grosses productions américaines comme dans les unes des journaux parce-que le pays est encore suffisamment étendu. Parce-que les Etats-Unis sont encore la Première Puissance mondiale. Et parce-que les Etats-Unis n’en sont pas encore au stade où certains de leurs habitants, tels les migrants en provenance d’Afrique, du Maghreb, d’Asie ou du Moyen-orient, traversent la mer en espérant trouver mieux ailleurs.

 

Quelle ironie de voir ce pays, civilisation de l’automobile, recycler ici, mais en voiture, les transhumances qui avaient sans doute été celles des tribus indiennes, lorsque, à pied ou à cheval, celles-ci avaient été acculées par les colons européens à devoir quitter leurs territoires et leur histoire.

 

En France et dans les territoires d’Outre-mer, il a existé et il existe des équivalents à ces migrations intérieures mais aussi à certains mouvements sociaux. En France, les mouvements sociaux récents les plus marquants sont bien-sûr ceux des gilets jaunes. En  Guadeloupe, en 2009, il y avait eu le mouvement Liyannaj kont pwofitasyon.

 

 Cependant,  on peut aussi penser à tous les autres mouvements sociaux  qui ont essayé ou qui essaient d’amoindrir ou de défenestrer la  « violence du libéralisme ». Il m’est impossible, à un moment ou à un autre, de faire l’économie de cette formulation :

 

« La violence du libéralisme ».

 

Surtout lorsque certaines scènes de Nomadland se passent dans l’enceinte d’un site de l’entreprise Amazon, dont le propriétaire, Jeff Bezos, est depuis plusieurs années l’homme le plus riche du monde. Et, dans Nomadland, on voit bien ce que sa richesse et sa réussite doivent – comme bien des richesses et des réussites- aux conditions de vie et de travail plus que pénibles, de quantités de gens, de tous âges, de toute origine ethnographique et de tout niveau socio-culturel confondus.

 

Le personnage de Fern (interprété par Frances McDormand) nous fait entrer dans le fleuve de toutes ces personnes qu’elle rencontre ou retrouve, et qui, comme elle, sont tout sauf des parasites. Ils travaillent, se font à toutes sortes de jobs, le plus souvent saisonniers, au gré de ce qui leur est possible. Ils forcent l’admiration et le respect tout en n’obtenant rien d’autre de leurs contemporains ou de leur gouvernement  des réactions et des sentiments inadaptés :

 

Incompréhension ( percevoir Fern comme « homeless » au lieu de « houseless » , peur,  des réponses inhumaines (le montant des pensions de retraites, par exemple).

 

Un parallèle est évidemment possible avec notre avenir social en France. Même s’il nous est souvent rappelé que la société américaine et la société française diffèrent, on peut aussi se dire que certains exemples américains louchent de plus en plus vers l’hexagone. Lorsque l’on pense par exemple à la réforme des retraites. Ou à la décision gouvernementale récente, en France, de reculer désormais l’âge du départ à la retraite à 64 ans.

 

Les seuls maquillages à mon sens trop présents dans Nomadland sont les passages de violons et de piano. Je crois que le film – que j’ai aussi trouvé un peu trop long- aurait été meilleur sans ces anesthésiants :

 

Une scène entre Fern et sa sœur ou une autre entre Fern et Bob Wells, sans violons et sans piano,  en attestent.

Bob Wells in the film NOMADLAND. Photo Courtesy of Searchlight Pictures. © 2020 20th Century Studios All Rights Reserved

 

 

Si Nomadland est un alcool propre à déglinguer la moindre ivresse, il sait aussi mieux nous rapprocher de cette faiblesse qu’est la caresse.

 

 

 

Franck Unimon, ce lundi 12 juillet 2021.

 

 

 

 

 

 

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Corona Circus

Des soignants héroïques et irresponsables

Photo prise l’année dernière pendant le premier confinement.

 

                                Des soignants héroïques et irresponsables

 

La vaccination contre le Covid :

 

Les soignants, en France, se sont peu fait vacciner contre le Covid. 57 % des soignants environ se sont faits vacciner. De quels soignants parle-t’on ? Des médecins ? Des infirmiers ? Des aides-soignants ? Des « soignants »….ces anonymes qui étaient autant de « héros de la Nation » l’année dernière lors du premier confinement. Et qui, aujourd’hui, compteraient parmi eux un certain nombre d’irresponsables. 

 

Facile….et obligatoire :

 

Car, aujourd’hui, contrairement à l’année dernière pendant le premier confinement, il est facile de se faire vacciner contre le Covid.

 

Il est aussi de plus en plus obligatoire de se faire vacciner pour partir à l’étranger. En vacances, par exemple. Nous sommes au mois de juillet et, après un nouveau « confinement » pour parer à la pandémie du coronavirus, beaucoup de gens sont partis en vacances.

 

Gare du Nord, juillet 2021.

 

On peut aussi voir des réclames encourageant à la vaccination anti-covid afin de se rendre à des événements de masse festifs : matches de foot, concerts….

 

Mais on peut aussi s’attendre, à ce que, bientôt, ou dès maintenant, la vaccination anti-Covid soit un avantage lors de certaines démarches en vue d’obtenir un emploi. Ou, sur les sites de rencontres, pour « dénicher » un partenaire ou une partenaire.

 

 

Je m’étais dit que j’allais donner mon avis un de ces jours sur le sujet de la vaccination anti-covid. Mais je n’étais pas pressé. Et puis, la lecture de l’éditorial (signé Jérôme Chapuis) du journal La Croix de ce mercredi 7 juillet 2021 m’a tellement contrarié que je me suis dit que je ne devais plus traîner pour écrire à ce sujet.

 

 

Irresponsable :

Parce-que je fais encore partie de ces irresponsables. A ce jour, je ne me suis pas encore fait vacciner contre le ou la Covid. Je suis et serais donc un irresponsable en plus d’être un égoïste. Je retranscris ce passage de l’éditorial du journal La Croix de ce 7 juillet qui m’a particulièrement poussé à écrire :

 

« (…..) A l’heure où menace une quatrième vague de Covid, le chiffre laisse songeur. A l’hôpital, au début de l’été, seuls les deux tiers des soignants avaient reçu une première dose de vaccin (….). Cette défiance persistante conduit le gouvernement à envisager pour eux la vaccination obligatoire. De nombreux soignants y voient une atteinte à leur liberté. Argument discutable, d’abord parce que la liberté individuelle doit toujours être mise en balance avec l’intérêt général. Ensuite parce que leur métier amène ces professionnels à côtoyer malades et personnes âgées qui sont précisément les plus vulnérables face au virus. De ce point de vue, dès lors qu’il est admis qu’elle ne comporte pas d’effets indésirables, la vaccination des soignants apparaît comme une obligation morale (….) ».

 

 

Discutable :

 

L’atteinte à « ma » liberté est un argument discutable selon cet éditorial. Hé, bien, discutons, car, autrement, une fois de plus, si je ne prends pas l’initiative de « discuter » c’est quelqu’un d’autre qui le fera à ma place. Et, vu la façon dont l’éditorialiste du journal La Croix mais aussi d’autres journaux s’expriment, je préfère m’exprimer moi-même. Pour changer avec cette « normalité » qui fait de beaucoup de soignants de simples exécutants.

 

Pour commencer,  je suis favorable à la vaccination. Mais pas n’importe comment : je suis autant prudent vis à vis de ce vaccin anti-Covid que je ne l’avais été vis-à-vis de tous ces applaudissements sincères et répétés que l’on nous avait adressés l’année dernière lorsque nous étions des « héros ». D’ailleurs, j’aimerais reparler un peu de cette époque un peu trop vite et trop facilement oubliée maintenant qu’il est devenu « entendu » que tout le monde doive se faire vacciner pour « l’intérêt général ».

 

L’époque des « héros » :

 

Elle a duré à peu près deux mois et demi d’un point de vue médiatique. De mi-mars à fin juin pour faire large. Mais c’est la période comprise entre le début du premier confinement en mars 2020 et début Mai qui m’importe le plus.

 

Quelques « Une » du journal Libération l’année dernière lors du premier confinement.

 

Cette « époque », qui a duré cinq à six semaines, a été une époque d’angoisse et de peur assez maximale. Je me souviens de cette angoisse pour l’avoir ressentie. Et, je me souviens, aussi, que, durant ces cinq à six semaines, nous, les héros, nous « devions » continuer d’aller au travail pour       « l’intérêt général » pendant que la quasi-totalité, ou une bonne partie, de la population restait confinée chez elle. Tant tout le monde avait peur et était angoissé.

 

 

Suite de quelques « Une » du journal Libération l’année dernière pendant le premier confinement.

 

Il y a sûrement eu des endroits, des régions, des quartiers en France, où des gens, lors du premier confinement, ont continué de se balader comme d’habitude. Mais ces endroits, ces régions ou ces quartiers n’étaient pas concernés par ceux que j’ai traversés lorsque je me suis rendu au travail lors de ces cinq à six semaines. Pareil dans les transports en commun.

 

J’ai écrit : « Nous devions continuer d’aller au travail…. ». Je vais préciser : Je tenais à aller au travail lors de cette époque particulière. Même si le service où je travaillais a été moins exposé que d’autres services (Ehpad, services d’urgences et de réanimation somatiques ) à des clusters, je savais que nous vivions une époque particulière, historique, et je tenais à la vivre. Comme à contribuer, à mon niveau, à ce que le travail pour « l’intérêt général » continue.

 

Photo prise l’année dernière pendant le premier confinement.

 

 

 

J’allais déja oublier de cette époque dorée le « privilège » qu’ont eus certains de mes collègues héroïques, en France ou ailleurs, de recevoir des courriers anonymes de voisins. Non pour les encourager. Ou, plutôt, oui. Mais pour les encourager à déménager. En leur expliquant qu’en tant que soignants, ils étaient devenus une menace pouvant contaminer…. tout l’immeuble.

 

Aujourd’hui, c’est ni plus ni moins la Nation toute entière que des ex-soignants héroïques seraient susceptibles de contaminer, selon certains esprits très développés,  avec leurs âneries consistant à traîner pour se faire vacciner.

 

Je repense aussi au témoignage -que j’avais lu- de cette soignante, qui, lors du premier confinement, expliquait s’être interdite d’embrasser sa fille pour des raisons sanitaires. Alors, je vais sûrement paraître complètement à côté de la plaque mais j’ai toujours continué d’embrasser ma fille de la même manière. Et, j’avais eu de la peine pour cette « collègue » ainsi que pour ces lourdes privations affectives qu’avaient pu connaître sa fille.

 

Suite des « Une » du journal Libération l’année dernière pendant le premier confinement.

 

 

Des héros sans filets de protection

 

Pourtant lors de cette époque particulière, de mars à mai 2021, je ne me voyais pas et ne me vois toujours pas comme un héros. Même si cette ambiance a été pesante. Même si nous avons travaillé le plus souvent sans masques anti-Covid. Ou, sans masques FFP2 en tout cas, décrits comme ceux étant les plus à même de nous offrir la protection maximale contre ce virus si contagieux et potentiellement mortel.

 

Je me rappelle aussi être retourné dans cette pharmacie où, fin février 2020, un pharmacien m’avait affirmé que cette épidémie du Covid ne nous concernait pas. Quelques semaines plus tard, en plein confinement, non seulement cette pharmacie ne vendait plus de masques FFP2 ( à près de 4 euros l’unité) pour cause de « rupture de stock »; mais tous les employés de cette pharmacie, du vigile aux pharmaciens, en passant par la femme ou l’homme de ménage, portaient , eux, un masque FFP2. Donc, moi, le héros, je devais me contenter de l’air désolé d’un(e ) des employé (es) de cette grande pharmacie, située en plein Paris, et des applaudissements du 20 heures, pour me « vacciner » contre le Covid.

 

Avec le lavage des mains.

 

 

Début Mai 2020 : Premier miracle

 

 

Et puis, début Mai 2020, premier miracle, les supermarchés- et les pharmacies- se sont mis à pondre des masques anti-Covid. Pas les FFP2. Mais des masques anti-Covid néanmoins. Qu’il a fallu payer. Moi, le héros, comme tout le monde, je suis passé à la caisse pour acheter ces masques. Et, plus d’un an plus tard, je continue, désormais, d’acheter des masques anti-Covid régulièrement. Mais, aussi, de me laver les mains. Je fais beaucoup confiance à ces deux gestes barrières (port du masque et lavage des mains). Et, je crois que, désormais, le port du masque fera souvent partie de notre quotidien.

 

A l’intérieur de la Gare du Nord, juillet 2021.

 

Juillet 2021 : Second miracle

 

Nous sommes le 8 juillet 2021, et, moi, « le héros », à ce jour, je n’ai pas contracté le Covid. Ou alors j’ai contracté une forme si « transparente », si « discrète », que je ne l’ai pas sentie passer.

 

Depuis mars de l’année dernière, je n’ai pas été en arrêt de travail pour cause de Covid. Par contre, certains de mes collègues ont été arrêtés pour cause de Covid. Quelques uns de mes collègues, pour parler de ceux qui ont été touchés lors de ce mois de mars 2021, s’étaient relâchés concernant le port du masque. Or, je le répète :

 

Je porte régulièrement un masque au travail et dans les transports en commun comme dans les lieux publics ( sur mon nez et ma bouche). Et, je me lave les mains.

 

Je porte si souvent un masque qu’il y a environ dix jours, c’est à ce port prolongé que j’ai attribué des écoulements nasaux répétés pendant un  à deux jours. Alors que je n’étais pas enrhumé. Je me suis fait quelques lavages de nez avec du stérimar et c’est passé.

 

Certains de mes amis ou connaissances, aussi, ont attrapé le Covid.

Des amis et des connaissances qui l’ont attrapé à leur travail ou en d’autres circonstances. Circonstances auxquelles je suis extérieur. Je n’étais pas en contact direct avec eux.

 

Donc, au vu de ces quelques constatations, je « capte » assez difficilement cette urgence de la vaccination, me concernant. Même, si, je le redis, je suis favorable à la vaccination. Mais pas n’importe comment. Passons maintenant au reste de ce qui est dit dans cet éditorial du journal La Croix.

 

« La liberté individuelle doit toujours être mise en balance avec l’intérêt général »

 

J’admets complètement le fait que des soignants aient pu contaminer des patients. Bien avant la pandémie du coronavirus, on parlait déjà de certaines maladies nosocomiales.

 

Donc, oui, les soignants ont à prendre certaines précautions pour protéger celles et ceux dont ils s’occupent : c’est la moindre des choses. Et, je ne discute pas les chiffres qui ont pu être donnés en termes de contamination du Covid dans les Ehpad.

 

Par contre, je me demande si ces soignants « contaminants » avaient….des masques. S’ils avaient de quoi se laver les mains comme il se doit. S’ils avaient le temps de le faire, aussi.

 

Parce-que cette pandémie du Covid a aussi mis sur la table un fait chronique dans les institutions de soins de la France : une certaine pénurie de personnel et/ou une certaine pénurie de matériel.

 

S’il a manqué des masques anti-Covid dans les Ehpad comme il a pu en manquer dans d’autres services de soins, il n’y a rien d’étonnant à ce que la contagion du virus ait pu autant s’étendre.

 

Mais « La liberté individuelle doit toujours être mise en balance avec l’intérêt général », ça, c’est une pensée forte !

 

Ce 8 juillet 2021, pour celles et ceux qui ont pu partir, les grandes vacances- ou vacances d’été- ont commencé. Mais, que  je considère ces vacanciers ou ces personnes contentes d’être à une terrasse de café ou de restaurant, ou, simplement, en train de faire les soldes, je ne vois pas cet « intérêt général ». Ce que je vois, c’est surtout un « intérêt personnel » multiplié pratiquement par toutes ces personnes environnantes ou parties en vacances.

 

 

Si l’on tient tant que ça à me parler de « La liberté individuelle doit toujours être mise en balance avec l’intérêt général », je me dis qu’à nouveau, on me prend pour un idiot. Comme lorsque, l’année dernière, on a essayé de me faire croire que j’étais un « héros de la Nation ». Et qu’il était normal pour moi (et pour d’autres) de partir au combat sans armes ( sans masques)  au devant d’une mort presqu’assurée.

 

Parce qu’il y a plein d’exemples courants où « l’intérêt général » est secondaire  :

 

Les industriels du Tabac qui vendent leur poison légalement depuis des années et font de gigantesques chiffres d’affaires. Pareil pour les vendeurs d’alcools et de spiritueux.

 

Les constructeurs automobiles et leur Diesel polluant qui a fait beaucoup de contents et de nostalgiques parmi les automobilistes.

 

Ces autres constructeurs automobiles qui avaient trafiqué leur logiciel anti-pollution sur leurs voitures.

 

On verra bientôt quels effets néfastes a engendré la téléphonie mobile dans nos vies.

 

J’imagine bien qu’un journal comme La Croix, et d’autres, relatent aussi ces faits. Sauf qu’il est bien plus facile de faire pression sur des soignants  qui restent des subalternes. Même si on veut bien les admirer et les applaudir de temps en temps tant qu’ils obéissent et se dévouent pour trois fois rien. La profession de soignant a ceci de particulier qu’il semble souvent légitime de pouvoir bénéficier du maximum de ses compétences et de ses disponibilités pour un salaire et une reconnaissance minimale.

 

La suite est assez prévisible. Les soignants, si l’on désigne ici des aide-soignants et des infirmiers, sont majoritairement des femmes : le sexe dit « faible » même si les moeurs prennent l’ascenseur et évoluent.

En attendant, « nous », les soignants ( aides-soignants et infirmiers, femmes et hommes), nous ne vendons pas de pop corn, d’automobiles ; nous ne vendons pas de coca-cola, de tabac, de bonbons, d’alcools, de films grands publics, de pubs,  d’engrais chimiques, de cosmétiques, de parfums, de spectacles, de cannabis, d’armes, de téléviseurs, de téléphones portables, d’ordinateurs, de médicaments ou d’assurances. Nous essayons par contre de remédier à certaines conséquences de ces usages comme de ces objets.

Nos bonnes intentions nous honorent, certes. Mais cet honneur nous rétribue assez peu socialement mais aussi matériellement. De ce fait, nous disposons de moins de poids économique et politique que tous ces industriels et entrepreneurs précités – et d’autres- qui produisent et incitent à certains usages en réalisant en permanence des contorsions autour de « l’intérêt général ». A eux, les contorsions, les réseaux d’influence et le chiffre d’affaires. Pour nous, soignants, les pressions, la diminution des effectifs comme de nos moyens. 

 

Vers une vaccination obligatoire pour les soignants :

 

 

La vaccination anti-Covid va devenir obligatoire pour les soignants prochainement. D’une façon ou d’une autre. A moins, peut-être, de partir à la retraite- en évitant l’EHPAD- dans les trois mois qui viennent. Sauf s’il survient un autre « miracle ».

Un autre « miracle » :

Dans l’éditorial du journal La Croix, « j’aime beaucoup » la partie :

 

« De ce point de vue, dès lors qu’il est admis qu’elle ne comporte pas d’effets indésirables, la vaccination des soignants apparaît comme une obligation morale (….) ».

 

Subitement, l’éditorialiste s’est rappelé que les vaccins anti-Covid comportent quand même quelques risques pour la santé. Et qu’il serait prudent, pour lui, de se couvrir. Car par qui est-il « admis qu’elle (la vaccination) ne comporte pas d’effets indésirables » ?!

 

Même si la plupart des personnes vaccinées la supportent plutôt bien, nous manquons de recul et de certitudes concernant ces vaccins. Et une « revue » ( en ligne) plutôt sérieuse comme Prescrire mentionne aussi certains effets secondaires indésirables constatés et souligne le manque de recul actuel à propos de ces vaccins anti-Covid.

 

Alors, l’autre « miracle », serait, pour moi, que d’ici quelques mois, on s’aperçoive qu’une vaccination généralisée reste insuffisante ou injustifiée.

Et, si ce miracle n’a pas lieu et que le vaccin devient obligatoire- le plus probable à mon avis- j’aurai non seulement gagné quelques mois supplémentaires de recul. Mais, en plus, en cas d’effet indésirable avéré par la suite, il me sera peut-être plus facile de le faire reconnaître.

 

Un ami- vacciné- m’a bien expliqué récemment qu’être vacciné n’empêchera pas d’attraper le Covid mais protègera contre des formes plus graves. Ce que je veux bien croire. Ce que j’ai plus de mal à croire, c’est à cet espoir que nous plaçons de plus en plus dans un vaccin pour continuer de vivre dans le même monde. Comme si un vaccin pouvait à lui seul nous permettre d’exister alors que nous faisons beaucoup par ailleurs pour nous détruire.

 

Entre les Tuileries et la place de la Concorde, juillet 2021.

 

Franck Unimon, ce jeudi 8 juillet 2021.

 

 

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Béatrice Dalle Cinéma Puissants Fonds/ Livres

Béatrice Dalle, trois fois.

 

 

Béatrice Dalle, trois fois.

 

Puisque c’est toujours de la faute des autres, tout est parti d’un cd du groupe Sonic Youth.

 

Je n’ai pas revu les films, ces forêts, où on la trouve. Je suis seul avec mes pensées, ces vieillesses condamnées sur lesquelles il faut apprendre à veiller. Si l’on tient à prévenir le déclin de notre humanité.

 

Béatrice Dalle, trois fois. Béatrice Dalle, pourquoi. Ma prudence me répète que je ne la connais pas. Mais, déja, pour la première fois dans mon blog, je crée une rubrique uniquement pour elle. Parce-que parler d’elle m’évoque peut-être le cheval de Troie. 

Le physique de charme est un fusil de chasse. Mais cette arme a une particularité dangereuse : partout où elle passe, on la repère au lointain. Sa détentrice- ou son détenteur- doit savoir s’en servir ou la quitter. Sinon, cette arme sera son enterrement ou sa rétention. Et, elle sera le trophée de celle ou celui qui la brandira. Qui la tisonnera.  

 

Je me rappelle un peu d’une partie de sa cinématographie. Dans son livre Que Dalle un livre sur l’actrice et comédienne Béatrice Dalle / Béatrice DalleLouvrier nous apprend qu’hormis avec les réalisateurs Jim Jarmusch et Abel Ferrara, elle a fait peu d’efforts pour connaître une carrière aux Etats-Unis. Parce qu’elle ne parle pas Anglais. 

 

Si tu cours longtemps et vite, et que tu es sur la défensive devant la moindre limite, comment te suivre, Béatrice Balle ? Il faut un certain recul pour atteindre quelqu’un. Mais aussi pour l’attendre.

 

Louvrier parle du Rap et de Joey Starr. Mais il y a d’autres musiques. Peut-être du Free Jazz ou ne serait-ce que du Free…gaz.

 

En 1986, Dalle est dans 37°2. Après les Punks (que Louvrier cite). Après Nina Hagen, le Reggae de Police(groupe de Reggae blanc influencé par le Punk), la mort de Bob Marley. La lecture de Que Dalle nous informe que Sting, l’auteur des tubes du groupe Police, était « fou » d’elle et voulait la rencontrer. Mais « dans » la France de Mitterrand et de Jack Lang, elle avait d’autres évidences.

 

Dans la France de Giscard, je ne vois pas de place pour 37°2. Et puis, rester dans les années 70 et 80, c’est se tenir très loin d’aujourd’hui et de demain.

 

Récemment, à l’anniversaire d’une amie, à Levallois (oui, grâce à Louvrier, je sais qu’à une époque, Dalle a vécu à Levallois) en parlant de mon blog, j’ai répondu à quelqu’un avec qui je sympathisais que j’avais, entre-autres, écrit sur Béatrice Dalle. Il a été un peu étonné. Sûr de moi, j’ai alors avancé, tel un attaché de presse bien au fait de ses projets :

 

« Elle fait toujours des films ».

 

 

J’étais néanmoins dans la salle pour voir le  film Lux Aeterna de Gaspar Noé. Un réalisateur dont j’ai vu plusieurs des films depuis Seul Contre tous avec « feu » Philippe Nahon. Au contraire de Seul contre tous (un chef-d’œuvre, selon moi) je n’ai pas souscrit à l’intégralité de Lux Aeterna. J’ai pour l’instant renoncé à écrire dessus. Mais il m’en reste quelque chose. De même pour Climax.

 

 

Dans le Que Dalle de Pascal Louvrier, il est plusieurs fois fait état de sa bouche. Cet organe aurait été perçu comme « trop » grand chez elle au début de sa carrière. Presqu’un naufrage.

 

J’ai oublié.

 

Sa bouche est la graine que nulle gravité n’aliène. Pourtant, dans J’ai pas sommeil, l’acteur Alex Descas- dont je parlerai un jour-  s’en prend à elle :

 

« Tu ne seras jamais prête ! ».

 

Devant sa nudité inquiète, mes articles, aussi, sans doute, ne seront jamais prêts.

 

 

Franck Unimon, ce mardi 6 juillet 2021.

 

 

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Moon France

Me mesurer à ses cendres

 

Me mesurer à ses cendres

Aucun événement immédiat ou particulier porté à ma connaissance ne me permet de savoir la raison pour laquelle je pense à lui ce matin. Un dimanche.

 

Comme d’autres membres de ma famille, avant ma naissance, il était venu par avion pour le mariage de son petit frère. Le dernier. Un de mes oncles paternels. Une force de la nature, le plus grand parmi ses frères et ses sœurs, surnommé «  Le dindon ». Si mes souvenirs sont exacts. Car tout cela se passe en Créole et en métropole :

 

En France.

 

En France, on n’a pas de pétrole, mais on a une métropole. Du Créole. Et des people.

 

Il était petit. Peut-être l’un des plus petits parmi les frères de mon père, aussi présent.

 

Mais il avait une classe réglée comme une montre suisse. Une classe que je lui avais découverte ce jour-là. Plus que mon père qui s’y connaissait pourtant en « style ». Plus que mon oncle qui se mariait.

 

Dans son costume gris, il portait l’élégance et l’assurance. Il avait fumé une cigarette devant moi, mon père et cet oncle qui se mariait. Avec tout autant de présence. Dans ma famille, du côté de mes oncles et de mes tantes, paternels comme maternels, fumer est un acte suffisamment rare, étranger voire proscrit, pour marquer un esprit.  Au moins le mien.

 

La cigarette, c’est bien-sûr le fait du Blanc. Mais c’est aussi une aventure qui ne vaut pas, peut-être, celle de la fierté, de la réputation, de la force physique,  du sport, de la musique, de la voiture, de la voix ferme et haute, du geste, du rhum et  de la verge.

 

Lui, il avait fumé comme s’il s’agissait d’une formalité. Aucune remarque ne lui avait été faite alors que l’on peut être si à cheval concernant telle action qui signifie que l’on se prend pour un blanc. Et l’on reste, du moins suis-je souvent resté, proche de ce poste frontière. Presque l’ultime intime d’un certain sentiment de noyade. Tout près de cette  limite où s’observent- telles deux éternelles vierges maquerelles toujours en demande d’un godemiché- celle qui serait d’un côté l’identité blanche et, de l’autre, l’identité noire.

 

Moi, l’adolescent, les cheveux encore hauts à la Michaël Jackson d’avant le défrisage et la dépigmentation, emménagé dans des vêtements et des chaussures que ma mère sans doute avait choisi pour moi, et derrière mes lunettes du même acabit, j’étais bloqué face à ces trois hommes : cet oncle, celui qui se mariait, mon père.

 

Et je faisais peine à voir. Mes oncles et mon père me le faisaient bien savoir.

 

Reprenant un des arguments de mon père, cet oncle avait statué que « même un handicapé » faisait de son mieux. Alors que moi, j’étais gauche, contenu :

 

Plus dans le brouillard que débrouillard.

 

Les derniers souvenirs que j’ai de cet oncle avant ce mariage, c’étaient sa maison, en Guadeloupe à Petit-Bourg. Sa femme, souriante et affirmée, leurs trois enfants, deux cousines et un cousin, dont chaque prénom débute par la lettre U. Comme mon nom de famille. Je m’en aperçois seulement maintenant alors que je repense à cette balançoire faite d’un pneu, chez eux,  qui nous envoyait presque au dessus du vide.

 

Quelques années après ce mariage, j’ai entendu parler de son divorce. Par bribes.

 

Car je n’étais pas adulte.

 

J’ai appris qu’il jouait. De retour en Guadeloupe pendant les vacances, où notre père nous conduisait, nous passions devant son ancienne maison, sans doute habitée par son ex-femme et les enfants sans nous arrêter. Cette vie-là n’avait pas existé.

 

J’ai revu cet oncle plusieurs fois ensuite. Souvent chez mon grand-père. Pas si loin que ça de son ancienne maison. Il ne portait plus de costume. Il vivait dans une case en tôle, pas si loin que ça de son ancienne maison. Se déplaçait en mobylette. S’était fait des « amis » parmi des jeunes qui vivaient de peu.

 

Assez régulièrement, j’entendais ça et là des commentaires le concernant (mon père, mon grand-père) où l’on se désolait de son mode de vie. En métropole, à Paris, on aurait parlé de zonard plus ou moins SDF. Sauf qu’il avait son coin, ne mourait pas de faim et qu’il faisait toujours partie de la famille où il continuait d’avoir son mot à dire. Je ne crois pas qu’il exerçait un métier régulier et officiel. Et, je ne sais pas quel métier il exerçait dans son autre vie. Mais je le crois plutôt habile de ses mains. Comme bien des hommes de la famille de mon père et de mes ascendants du côté tant paternel comme maternel où le métier de maçon, voire charpentier, est une nomenclature.

 

Je n’ai jamais discuté avec lui de ce qui s’était passé dans sa vie. Je n’ai donc jamais pu écouter ce qu’il en disait. Mais j’ai cru trouver dans son attitude une forme d’acceptation du verdict qui l’avait touché : le divorce et sa suite.

 

C’est au décès de mon grand-père paternel que j’ai eu un contact téléphonique avec une de ses filles. Je ne l’avais pas vue depuis des années.

 

J’étais venu pour l’enterrement de mon grand-père paternel.  J’avais fait un discours- le seul discours dit à l’enterrement de mon grand-père par un membre de la famille ou un proche- dans l’église, remplie, de Petit-Bourg. Et, j’avais aussi filmé une partie de l’enterrement.

 

Cette cousine souhaitait que je lui envoie les images. Je les lui avais envoyées et j’avais appris qu’elle était devenue infirmière ou peut-être cadre-infirmière. J’avais senti en elle une certaine affection pour son père. Lequel, jusqu’à sa mort, est resté dans cet état de « vagabond » ou de semi-vagabond, se montrant souvent pieds nus, avec un short rapiécé, un chapeau et une chemise, et tutoyant le rhum en certaines occasions.

 

Je n’ai jamais parlé de lui avec mon père. Car je ne suis pas un homme.

Cet oncle est un fantôme de plus dans la famille. Peut-être qu’écrire, c’est aussi s’adresser à ses fantômes, retranscrire leurs réponses ou les souvenirs qu’ils nous laissent. Après, on en fait toute une histoire que d’autres écouteront, caresseront ou liront peut-être.

 

Parler de cendres, ce n’est d’abord pas très réjouissant. Mais, ce matin, je ne prends pas les cendres par le biais dépressif. Je pense aussi à cette cérémonie où l’on marche sur le feu. En Inde mais aussi dans les régions d’Outre-Mer. Aux Antilles comme à la Réunion.

 

Je me dis aussi que les cendres, cela peut aussi être les migrations de tous ces oiseaux qui parcourent des milliers de kilomètres, chaque saison. Mais aussi de ces créatures terrestres ou animales qui nous entourent et que l’on connaît beaucoup moins bien que ces autoroutes, ces trains ou ces bateaux qui nous permettent de partir en vacances. Car elles sont là, nos principales migrations. Dans nos congés et nos week-end.

 

A moins d’être de grands voyageurs. D’effectuer des déplacements pour notre travail. Ou de changer d’emploi, d’adresse ou de rôle régulièrement.

 

Ce matin, je me mesure aux cendres de mon oncle. Celles de sa vie, de sa contre-vie ou de cette cigarette fumée devant moi à ce mariage. Car, peut-être, bientôt, vivrais-je moi aussi une certaine migration.

 

Notre imagination est faite de toutes sortes de migrations. Ensuite, c’est nous qui décidons. De jeter les dés et de nous lancer derrière eux. Ou de les regarder.

 

Franck Unimon, ce dimanche 4 juillet 2021.

 

 

 

 

 

 

 

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Béatrice Dalle

 

Béatrice Dalle

 

(cet article est une variation de l’article Que Dalle un livre sur l’actrice et comédienne Béatrice Dalle).

 

 

 

Béatrice Dalle, aujourd’hui, fait moins parler qu’il y a « longtemps » : il y a dix ou vingt ans.

 

J’ai acheté ce livre parce que Béatrice Dalle me « parlait ». Comme un conflit pourrait parler à des vieux qui y avaient participé en tant que simple appelés ou appuis militaires. Ce qu’ils sont devenus ensuite, c’est un autre problème. Et, avant tout, et surtout, le leur. Ce que je raconte ensuite, ici, c’est peut-être aussi, avant tout, et surtout, mon problème.

 

Lorsque j’avais acheté ce livre consacré à Béatrice Dalle, je faisais déjà partie des vieux. Mais, bien entendu, je ne l’avais pas vu comme ça, ce jour-là. Aujourd’hui, je suis un peu plus réaliste :

 

Même si, en apparence, j’ai encore un look assez jeune, je vois bien que je fais partie des vieux. On peut être myope et visionnaire.

 

Ainsi, je vais spontanément vers des musiques – mais aussi vers des pratiques- qui montrent bien que je ne suis plus jeune. Récemment, lors d’une rencontre professionnelle, celle qui m’a reçu m’a dit :

 

« De toute façon, si vous m’envoyez un mail, je le recevrai sur mon portable ». Le fait que je sois autrement plus qualifié qu’elle pour le travail que j’effectuerai peut-être pour sa « boite »,  est ici accessoire. J’avais compris à cette simple phrase que j’étais vieux. Tant pour ces valeurs et ce mode de vie que cette « jeune » justifie et défend. Que pour cette façon d’offenser sans même s’en apercevoir.

 

J’ai regardé dans les yeux ma jeune interlocutrice. Ses beaux yeux bleus. Mais je n’étais pas amoureux. J’avais bien plus d’expérience qu’elle et voire qu’elle n’en n’aurait jamais pour ce travail pour lequel je la rencontrais. Pourtant, c’était elle qui dirigeait l’entretien.   Très certainement, m’a-t’elle trouvé l’abord froid et rigide de celui qui borde un monde qu’elle ne connaît pas. Elle ne sait pas qu’une grande partie de ma vie comme celle d’autres que je connais ou ai connus, se dévalue à mesure qu’elle devient un exemple à suivre. Et, j’en suis aussi en partie responsable :

J’ai refusé de devenir responsable de ce monde qu’elle défend.

 

Béatrice Dalle, dans l’ouvrage de Louvrier, est un moment comparée à Brigitte Bardot et à Marilyn Monroe. Régulièrement, se succèdent des personnalités et des idoles de toutes sortes qui en rappellent d’autres. Et si cela se perpétue, c’est parce-que cela rend plus polis certains de nos échecs. Que l’on soit jeunes ou vieux.

 

Mentionner Bardot, Monroe et Dalle, c’est additionner les sex-symbol. Un sex-symbol, c’est festif. Ça met en alerte. Ça donne envie de consommer. De se transformer en superlatif.

 

Mais c’est une histoire triste. Telle qu’elle m’a racontée. Celle d’une enfant d’une famille nombreuse sacrifiée parmi d’autres. Bonne élève d’une école dont elle a dû se retirer à l’école primaire. Afin de s’occuper de frères et de sœurs plus jeunes. Mais, aussi, pour faire la cuisine. Pourquoi elle plus qu’une autre ? Et, en quoi, cela aurait-il été plus juste qu’une autre soit choisie ?

 

 

Ma mère est une femme gentille. Comme aurait pu l’être le personnage joué par l’acteur Tim Robbins dans Mystic River réalisé par Clint Eastwood.

 

Ma mère est donc l’opposée d’une Béatrice Dalle. Si l’une et l’autre ont quitté leurs parents avant leur majorité, leur tempérament les sépare.  Béatrice Dalle a pu « se prendre la gueule » avec des femmes et des hommes, connus ou inconnus. Elle a aussi connu la rue. Eté punk. Elle peut baptiser des injures et professer des menaces qui ont valeur de futur. Ma mère n’a jamais prononcé le moindre gros mot devant moi. Elle a fait baptiser ses enfants.

 

Dans le livre qu’il a consacrée à Béatrice Dalle, le journaliste Pascal Louvrier relate que celle-ci a pu faire penser à une « panthère ». Ma mère n’a rien de la panthère. Mais j’aurais aimé qu’elle le soit. Qu’elle puisse l’être. Qu’elle sache l’être. Qu’elle puisse griffer. Elle ne le fera jamais. Au lieu de griffer, elle priera. Béatrice Dalle est croyante à sa façon, parle de Jésus-Christ mais elle et ma mère ne sont pas faites de la même ferveur religieuse. J’attends de voir Béatrice Dalle dans un film de Bruno Dumont.

 

Ma mère a été et est une très belle femme. C’est une femme capable. A son âge, beaucoup aimeraient avoir sa forme physique. Sa souplesse. Son endurance. Son dynamisme.

Mais elle est une de ces multiples femmes- déployées et employées- qui ont trop accepté un peu tout et n’importe quoi. Piégées sans doute par leur trop grande endurance, leur naïveté et leur indéfectible indulgence pour leurs peurs.

 

 

Certaines réussites sont là pour masquer certains échecs.  Normalement, ma mère a réussi. Son mariage. Ses enfants. Sa maison. Ses activités. Elle peut parler. Discrètement. Mais elle a plus subi de vérités qu’elle n’en n’a dit.

 

 

Béatrice Dalle, c’est le contraire.

 

 

Ça tombe très bien qu’aujourd’hui, on parle moins de Béatrice Dalle comme sex-symbol.

 

Parce-que toutes ces histoires de sexe, de drogue et de frasques (des histoires de jeunes)  m’empêchaient sans doute de comprendre qu’au cinéma, ou ailleurs, ce qui pouvait me déranger chez Béatrice Dalle mais aussi me donner envie d’aller la voir, c’était de pouvoir m’imaginer un peu ce que ma mère aurait pu être ou faire de différent.

 

Je vais peut-être au cinéma afin de pouvoir imaginer des différences. Et, pour moi, Béatrice Dalle permet ça.

Franck Unimon, Dimanche 4 juillet 2021.

 

 

 

 

 

 

 

 

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Que Dalle un livre sur l’actrice et comédienne Béatrice Dalle

 

                Que Dalle un livre sur l’actrice et comédienne Béatrice Dalle

 

                         Ecrit par Pascal Louvrier et Béatrice Dalle

 

 

Hésiter entre la lecture de UCHIDESHI Dans Les Pas du Maitre (Apprendre ce qui ne peut être enseigné)  de Maitre Jacques Payet, 8 ème Dan, Shihan, au sein de l’organisation Aikido Yoshinkan. Et la lecture du livre sur l’actrice et comédienne Béatrice Dalle.

 

Opter pour ce dernier. Et se sentir d’abord éclaboussé par de la poussière de honte. Une fois de plus, avoir cédé aux séductions de la forme. Au lieu de déterrer de soi ces peurs qui nous martèlent les vertèbres.

 

Nos peurs sont des productions incessantes. Les combattants sont celles et ceux qui, jour après jour, les voient s’amonceler sur leur compteur. Et qui ont appris et apprennent de leurs peurs. Et qui répètent des gestes, parfois des incantations, ou des Savoirs, en vue de leur répondre.

 

Ce sont des voix qui leur parlent, à toute heure,  à eux seuls, et que personne d’autre n’entend, d’abord. Du moins ont-ils souvent cette impression.

 

Pas de combattant sans peur.

 

Mais comparer une actrice ou un acteur, Dalle ou autre, à un combattant tel que Maitre Jacques Payet, c’est aussi tenter de vouloir parer un miroir des mêmes mérites et des mêmes héritages que le diamant.

 

La différence entre les deux reste quand même que, une fois « choisi », l’un (l’actrice ou l’acteur) est si puissamment éclairé, entouré, stylisé, entraîné, conseillé qu’il est presque condamné à réussir.

Je repense à l’actrice Adèle Exarchopoulos tellement mise en valeur par Kechiche dans La Vie d’Adèle ( 2013)  que je m’étais dit :

 

 « Si après ça, elle ne réussit pas une belle carrière au cinéma, elle ne pourra pas dire qu’elle n’a pas été aidée ».

 

 

La combattante ou le combattant, longtemps, est bien moins entouré que l’actrice ou l’acteur. C’est peut-être, aussi, ce qui le pousse à surgir. Car, soit il restera victime, oublié, dominé ou enfermé. Soit il vivra. En se mettant à vivre, la combattante ou le combattant commence à éblouir celles et ceux qui l’entourent.  Parce que vivre, c’est notre histoire à tous. Sauf que pour beaucoup, vivre reste une intention ou une tentation. Alors que pour la combattante ou le combattant, vivre est une action.

 

L’actrice et l’acteur se mettent à vivre lorsque l’on dit : « Action ! ». La combattante et le combattant vivent parce qu’ils agissent. En dehors du combat. Au cours du combat. Mais, aussi, après le combat.

 

Le combat, c’est le temps absolu. L’extrême. Aucun faux semblant possible.

 

Il y a maintenant un jeu de mot très facile à faire : le contraire du combat, plus que la défaite, c’est le coma. Etre dans le coma, c’est bien-sûr être allongé dans un lit d’hôpital dans un service de réanimation. Peut-être en mourir. Peut-être en sortir. Peut-être en revenir diminué, paralysé ou transformé.

 

Mais le coma, c’est aussi laisser quelqu’un d’autre ou une substance agir ou faire des rêves à notre place. Puis exécuter au détail près. Comme des rails nous menant vers une destination préétablie par quelqu’un d’autre que nous et à laquelle nous accepterions de nous rendre sans conditions.  

 

 

A ce stade de cet article, par lequel je me suis laissé « détourner », il faudrait maintenant  vraiment parler du livre.

Normalement, ce que j’ai écrit m’a déjà disculpé concernant le fait d’avoir « préféré » d’abord lire cet ouvrage sur Béatrice Dalle. Mais la normalité peut aussi être une folie souvent acceptée par le plus grand nombre. Alors, je vais prendre mes précautions et m’en tenir à ce que j’avais prévu de mettre en préambule.

 

La lecture de la « biographie » de l’acteur Saïd TAGHMAOUI, SAÏD TAGHMAOUI De La Haine A Hollywood dont j’ai rendu compte il y a quelques jours m’a influencé. Saïd Taghmaoui/ De la Haine A Hollywood

 

Dans son livre, TAGHMAOUI ne dit pas un mot sur Béatrice Dalle et Joey Starr. Pourtant, il est impossible qu’ils ne se soient croisés.

 

Ils ont à peu près le même âge. Sont entrés dans le grand bal de la scène médiatique à peu près au même moment même si Dalle fait un peu figure « d’aînée » avec 37°2  de Beineix, sorti en 1986.

Ils ont eu des amis et des intérêts communs : Au moins Le Rap, Les Tags, les graffitis, la banlieue parisienne défavorisée ( Taghmaoui, Morville) Benoit Magimel, les frères Cassel ( Vincent et/ou Rockin’ Squat).

 

Si leur adresse et leur réussite artistique (TAGHMAOUI, DALLE, Joey Starr/ Morville) doivent à leur présence physique ainsi qu’à leurs origines sociales et personnelles, elles doivent aussi à leur intelligence particulière (du jeu, du texte, pour faire certaines rencontres existentielles et décisives) ainsi qu’à leur travail d’avoir duré alors, qu’au début, dans leur vie mais aussi comme lors de leur arrivée dans le milieu de la musique ou du cinéma, rien ne le garantissait.

 

Pour le dire simplement et sans mépris : Aucun des trois ne venait d’un milieu social et intellectuel privilégié et, d’une façon ou d’une autre, tous les trois ont connu ce que l’on appelle la « zone ». Que ce soit la prison, les gardes à vue, la drogue, la rue. Dans un pays officiellement démocratique et universel comme la France, celles et ceux qui réussissent et sont aux avant postes de la société ont généralement d’autres profils, d’autres CV,  voire d’autres prénoms, que ces trois-là.

 

Et, avec ces trois-là, aussi, le même « miracle » s’est plus ou moins répété (davantage avec Dalle et Joey Starr en France, toutefois) :

 

Une fois que chacun de ces trois-là a réussi à bien planter sa tente dans le décor avide de la réussite artistique, économique, commerciale et Jet Set de ce pays, ils sont devenus désirables. Respirables. Par le plus grand nombre. Spectateurs et parasites compris.

 

Je ne fais pas exception. Au début du livre, avant sa toute première rencontre avec elle, Pascal Louvrier raconte son appréhension vis-à-vis des réactions de Béatrice Dalle qui avait pour réputation d’être imprévisible et, bien-sûr, d’être peu fréquentable. Une fétichiste des options racaille. Ces appréhensions, je les ai longtemps eues vis-à-vis d’elle comme vis-à-vis de Joey Starr . Et les jugements moraux dépréciatifs définitifs -fondés bien-sûr sur des éclats médiatiques et certaines de leurs attitudes- que d’autres ont pu avoir sur eux, je les ai eus aussi.

 

Et, cela va dans les deux sens : Dalle, pour parler d’elle, ne brille pas non plus par une tolérance de tous les instants pour autrui. Même si elle est capable de gentillesse ou de prendre la défense de celles et ceux qu’elle perçoit comme victime. Lors d’un tournage comme dans la vie.

Car, Dalle « vomit » aussi les tièdes. Et les méritants. Toutes celles et tous ceux qui font de leur mieux et qui, à ses yeux, sont « faibles » ou ne valent pas qu’on s’attarde sur eux : les gens sans particularité évidente, monocordes et lambda qui se fondent dans le décor social comme dans une boite à chaussures.

 

Ce faisant, elle répète comme d’autres, y compris comme celles et ceux qui l’adorent, certaines injustices et certains préjugés, que, comme ses adorateurs,  elle condamnera ailleurs. Et en d’autres circonstances selon des critères sélectionnés par eux. Et par elle.

Cela, c’est le paradoxe permanent du « Star Système » que l’on évolue dans le cinéma hautement commercial ou dans le cinéma d’auteur :

 

Pour peu que l’on soit admiré et aimé par des personnalités du monde du spectacle, de l’art ou de l’intellect, on sera excusé et défendu contre les bien-pensants et les bons élèves besogneux qui, les abrutis ! , ne peuvent rien faire de mieux- et de plus- que de réfléchir de travers. Comme on pisse sur le sol en ratant l’urinoir ou la cuvette des toilettes. Avant, évidemment, de partir prestement et lâchement, en laissant tout en l’état sans même se laver les mains. 

 

C’est mon principal reproche au livre de Louvrier : cette façon de mettre Dalle sur un piédestal et de, pratiquement, tout justifier et tout accepter de certains de ses actes « déflagrants ».

 

Je vais néanmoins m’abstenir de frimer dans ces quelques lignes. Au tout début du livre, je me suis bien dit :

« J’aurais pu mieux écrire ». «  J’aurais pu mieux faire ».

 

Mais, par la suite, je me suis avisé que Louvrier a effectué un très gros et très bon travail de recherche. Que ce soit dans les archives mais aussi auprès de Dalle et de quelques personnes qui ont travaillé avec elle et dont certaines sont devenues des proches :

 

Dominique Besnehard, l’agent qui l’a découverte et qui est aussi un de ses protecteurs et un de ses proches. Un protecteur dévoué et idéal.

Besnehard a aussi été l’agent de TAGHMAOUI. Mais à lire celui-ci, sa rencontre avec Besnehard a nettement moins été à son avantage.

 

Du reste, pour avoir lu- avec plaisir- l’ autobiographie Casino d’Hiver de Besnehard ( parue en 2014), je « sais » que TAGHMAOUI ne figure pas parmi les rencontres qui ont le plus marqué Besnehard, humainement et artistiquement. Au contraire de Béatrice Dalle, Jean-Claure Brialy, Nathalie Baye, Marlène Jobert ou Maurice Pialat par exemple.

 

Je garde d’ailleurs un très bon souvenir de ses pages sur Pialat.

 

La réalisatrice Claire Denis est aussi « convoquée » pour parler de Béatrice Dalle dans Que Dalle.

 

Tout comme le photographe  Richard Aujard.

 

Ainsi que le réalisateur Jean-Jacques Beineix, bien-sûr, dont j’avais aimé lire l’autobiographie parue en 2006 : Les Chantiers de la Gloire.

 

Ma seconde excuse pour avoir choisi de lire Que Dalle avant celui de Sensei Payet est que le livre de celui-ci est sorti récemment. En 2021 pour la version française. Celui consacré à Dalle, en 2008 puis en 2013. Je crois l’avoir acheté en 2013. Cela fait donc huit ans que je l’avais parmi plein d’autres livres. Sur le cinéma et d’autres thèmes.

 

Entre les années 80-90 et le « récit » parcellaire, de sa relation à ressorts et à sorts avec Joey Starr/ Didier ou avec son premier mari et ses autres amants et mari(s) sans omettre certaines parties judiciaires de sa trajectoire, et les années qui ont suivi, j’ai appris à mieux regarder Dalle et celles et ceux qui lui ressemblent. Pour tout dire : je l’avais toujours fait. Car il n’y a aucune raison pour que, subitement, je sois devenu plus sensé. Elephant Man

 

 

Même si je me distingue des mâles alpha et de ces personnes « destroy » ou « rock’n’roll » (femmes ou hommes) qui captent tant le regard de Béatrice Dalle et l’imaginaire des réalisateurs et des photographes comme des stylistes de toutes sortes, ma vie normale et mentale, comme celle de beaucoup d’autres, est moins monocorde et plate qu’elle ne le paraît. Sauf que je le garde pour moi. Par précaution. Par peur.

 

Mais, aussi, pour protéger les autres.

 

Car c’est aussi, ça, l’un des très grands secrets de beaucoup de gens normaux : avoir cette capacité, trop grande sans doute, de tenir en laisse certaines folies. Et laisser à d’autres l’initiative de se jeter dans les gueules mais aussi dans les trous de diverses folies que l’on a pu soi-même, suivre, observer, tuyauter, tutoyer, dissimuler. Ou condamner.

 

Les gens normaux peuvent être de très grands comédiens. Ils le sont tant qu’ils jouent leur vie puis l’oublient. La folie, psychiatrique, comme la dépression, bien-sûr, est régulièrement proche à trop souvent se renier.

 

Alors, quelques fois, lorsque les gens normaux tombent sur une Béatrice Dalle, ou une autre ou un autre, ça peut aussi leur donner envie de se rapprocher. Mais pas trop près. Car ça leur rappelle quelqu’un. Peut-être, aussi,  que ça leur rappelle leur adolescence. L’époque des révoltes, des mutations et des rêves les plus excessifs. Lorsque ça bouge et que ça s’agite. Parce-que, c’est bien connu, le calme, le quotidien et l’immobilité, c’est l’extinction et la soumission assurées. Et, ça, c’est bien-sûr pour les faibles et les moins que rien.

 

Franck Unimon, ce vendredi 2 juillet 2021.

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Zero Dark Thirty/ Un film de Kathryn Bigelow

ZERO DARK THIRTY ( 2012) un film de Kathryn Bigelow

 

« When you lie to me I Hurt you ! » ( Chaque fois que tu me mentiras, je te ferais du mal !)

 

 

C’est sûrement le fait, hier, dans un de mes articles, d’avoir mentionné l’acteur Reda Kateb qui m’a amené, ce matin, au réveil, à me rappeler du film ZERO DARK THIRTY de Kathryn Bigelow. J’avais vu le film dans une grande salle de cinéma à sa sortie. Et, j’avais été étonné de tomber sur….Reda Kateb quasiment dès l’ouverture du film dans le rôle d’un terroriste que l’on torture et qui finit par lâcher une information qui permettra de retrouver Ben Laden, l’homme alors le plus recherché du monde, après les attentats du 11 septembre 2001.

 

Attentats dont je me « rappelle ». Je sais encore où je me trouvais et ce que je faisais lorsque les images des attentats du 11 septembre avaient été distribuées et redistribuées à la télé :

Au travail, dans le service de pédopsychiatrie où je travaillais alors avec des adolescents. Mais, à cette époque, en 2001, personne ne parlait des soignants comme de « héros de la nation ».

 

La dernière fois que j’avais aperçu l’acteur Reda Kateb sur un écran, c’était pour le voir dans des films d’auteurs français. Et, là, dans ce complexe de cinéma parisien, sur un très grand écran, c’était dans cette très grosse production américaine réalisée par Kathryn Bigelow.

 

Kathryn Bigelow, américaine, est connue pour être une gorgone-réalisatrice de  films membrés.  Réalisatrice, américaine et gorgone, Bigelow  a sans doute beaucoup à dire sur la question du genre. Et, elle le fait en poussant ses films comme une femme pourrait se mettre debout pour pisser.

 

J’avais déjà vu- et aimé- plusieurs de ses autres films. Hormis Point Break ( 1991) (je n’avais pas retenu qu’elle en était la réalisatrice)

 

 

 

 

j’avais vu Strange Days ( 1995)

 

 

 

, K-19, le piège des profondeurs ( 2002)

 

 

ou Démineurs ( 2008) au cinéma.

 

Avec ZERO DARK THIRTY, nouveau « film d’action », on entre cette fois dans une autre actualité politique récente. La traque reconstituée, au cinéma, et la « fin » de Ben Laden.

 

 

Si ZERO DARK THIRTY m’avait plu pour sa réalisation, j’étais resté très perplexe quant aux motivations morales de ce film.

Réalisé avant que les Etats-Unis (ou les Extra-Terrestres) ne nous « envoient » Donald Trump, ZERO DARK THIRTY  expédie quand même à la face du Monde, que « America Rules ! » et que si l’on s’en prend aux Etats-Unis, on s’expose à de sévères « Retaliation » ( représailles) y compris médiatiques.

 

Je ne nie pas le trauma du 11 septembre 2001 pour les Américains. Cela est impossible. Mais cette façon de percevoir les Etats-Unis comme l’équivalent du « berceau de l’Humanité » et de justifier par ailleurs toutes les atrocités, militaires ou autres, connues ou non, réalisées par les Etats-Unis m’a semblé se confondre avec les intentions du film.

 

Une très mauvaise habitude :

Je parlais de l’acte de pisser debout tout à l’heure. Et, j’ai déjà raconté cette histoire.

 

Lorsque j’étais allé voir le film en salle, pratiquement à sa sortie, j’avais commencé à prendre l’habitude, de me rendre aux toilettes en pleine séance et de laisser mon sac dans la salle.

 

Très mauvaise habitude que j’ai perdue depuis.

 

 

A mon retour dans la salle, alors que je me rapprochais de ma place, j’avais été étonné d’apercevoir deux silhouettes presque collées à l’issue de secours. Debout. Et qui attendaient ou observaient. Plutôt inquiètes à leur attitude. Et, ce n’était pas pour pisser debout contre un des murs de la salle.

 

Car, alors que je commençais à me diriger vers la rangée de fauteuils où se trouvaient mes affaires, un homme, en début de rangée m’avait alors demandé :

 

« Elles sont à toi, ces affaires ? ». J’avais opiné de la tête.

 

Il avait repris : « Quelle bande de cons ! Si tu les avais vus ! ». J’avais alors compris que, sitôt que mes affaires avaient été découvertes sans leur propriétaire- par quelques spectateurs- que pour plusieurs d’entre eux, le film était soudainement devenu beaucoup plus réel dans la salle que sur le très grand écran.

 

Nous étions en 2012. Plus de dix ans après les attentats du 11 septembre. Ben Laden avait été exécuté un an plus tôt par des forces spéciales américaines. C’était ce que nous racontait Zero Dark Thirty.

 

Je m’étais rassis.  Aucune équipe de démineurs n’était venue investir la salle. Et j’avais regardé la suite du film.

 

Je crois que les deux silhouettes près de la sortie de secours étaient ensuite revenues s’asseoir. Mais je ne saurais jamais de quel film elles se souviennent le mieux.

 

Aujourd’hui, ce 16 juin 2021, et depuis plusieurs mois, nous parlons certes beaucoup de la pandémie du coronavirus, de ses variants et de ses vaccins. Mais, nous savons aussi que vingt ans après Al Quaïda et Ben Laden, que d’autres terrorismes subsistent, croissent et nous inquiètent de plus en plus. Qu’il s’agisse d’un terrorisme religieux, politique, économique, climatique, ou sanitaire. Lequel a plusieurs visages et différentes façons de se manifester et de tuer. Que l’on parle de Daech, de l’extrême droite, de certaines positions catholiques intégristes, de la déforestation intensive ou d’autres pratiques devenues si courantes qu’on les oublie ou les banalise.

 

Après tout ce bla-bla en préambule, je vais regarder à nouveau ce film et je vous en reparle.

 

 

« You Belong to me ! » ( Tu m’appartiens/ Je fais de toi de que je veux !/ Tu es ma chose ! »

Quelques jours sont passés depuis que j’ai commencé à rédiger cet article. Entre-temps, la vie courante, parfois mourante, m’a éloigné du terrain de l’écriture.

 

Je me reprends en main ce matin.

 

Divinités de la lecture ! Alors que les terrasses des restaurants sont de nouveau sorties des bâches de la pandémie du Coronavirus et que l’on peut, depuis quelques jours, marcher dans les rues à visage découvert et y « récupérer » celui de son prochain ou de sa prochaine alors que l’on ne pouvait, depuis des mois, que tomber dans ses yeux.

 

Faites prospérer l’attention des lecteurs ! Et, multipliez, aussi, les cercles et les sangs de celles et ceux qui, autour, pourront et voudront bien lire ces phrases aux pleins poumons. Car, déjà, je « sais » que cet article, vautour de mon temps, sera plus long que prévu.

 

A peine dix minutes de Zero Dark Thirty ont été vues que, déjà, mes pensées se resserrent sur un certain nombre de proies.

 

 

En commençant à revoir ce film, j’ai redécouvert ce plaisir qu’il y a se recueillir en soi…en entrant dans un film. J’ai déjà comparé le fait d’aller dans une salle de cinéma au fait d’aller à la messe. Pour moi, sur l’écran, comme sur ce que l’on entend et voit d’un représentant de la foi, on projette ce que l’on est. On regarde un film comme l’on est et comme on vit. Comme on a pu vivre. Ou comme l’on voudrait vivre. De là nous vient un certain nombre de nos certitudes par rapport à une scène, un film, un prêche religieux.

 

On veut faire établir pour vérité ce qui nous parle à nous, personnellement. Ce que l’on a compris et « vu ». Et on veut convaincre.

 

Je veux donc convaincre. Une fois de plus. Et, une fois de plus, je n’y parviendrai pas forcément. Ou si peu. C’est notre histoire, à tous.

 

J’entends des voix :

 

 

Je me rappelais de ma surprise à voir l’acteur Reda Kateb au début de ce film. Mais j’avais oublié ces « voix » vraisemblablement de victimes des attentats du 11 septembre 2001 comme celles des services de secours qui leur répondent au téléphone et qui tentent de les rassurer. Si ! Si ! Tout va bien se passer, vous allez voir !  « Je vous aime ! » crie une victime dans un message téléphonique qu’elle laisse à ses proches. Aucune image.

 

Que des voix.

 

Un écran noir. Le noir sans doute pour le deuil. Sans doute pour la pudeur. Sans doute pour parler directement à nos émotions et à nos consciences. Directement. Sans artifice. S’exfiltrer de l’artifice qu’est l’exercice du cinéma…en passant par le cinéma, ce film Zero Dark Thirty. Par un collage entre le réel ou supposé réel et la mise en scène d’un film de cinéma :

 

Je n’ai pas vérifié si ces voix sont d’authentiques voix de victimes du 11 septembre 2001 à New-York. Mais je le suppose. Je ne demande qu’à le croire. Voire : je trouverais presque indécent, moralement, d’en douter.

 

Des horreurs séparées et hiérarchisées :

 

Donc, lorsque le film débute vraiment avec l’acteur Reda Kateb en position de terroriste torturé afin qu’il permette de remonter la filière qui permettra d’attraper les responsables de cette horreur (les attentats du 11 septembre 2001), le premier but de la Kathryn Bigelow est atteint. Les deux horreurs sont séparées, hiérarchisées.

 

Il y a d’un côté cette horreur (les attentats du 11 septembre 2001) que l’on ne voit pas car on ne l’accepte pas. Parce qu’on la trouve ignoble. Et celle de la torture du terroriste (interprété donc par l’acteur Reda Kateb) que l’on va voir. Et accepter.

 

Première remarque à propos de cette phrase- « You Belong to Me ! » que Dan (l’acteur Jason Clarke) le tortionnaire en chef , visage découvert ( le seul à avoir son visage découvert face au terroriste également mis à nu, bien que porteur d’un pantalon et d’un tee-shirt) active :

 

Nous « appartenons » presqu’autant à la réalisatrice dès ce moment du film que ce terroriste n’appartient à Dan. Et, pour cela, moins de dix minutes de cinéma ont été nécessaires. On peut d’ores et déjà saluer le Savoir faire de la réalisatrice. Se demander, si, dans notre vie courante, nous nous faisons, toujours, aussi rapidement manipuler.

 

Ou commencer à réprouver moralement son film.

 

Je n’ai pas encore tranché à propos de ces questions alors que je rédige cet article.

 

Dominant/dominé/domino :

 

 

Mais, « You Belong to me ! », c’est évidemment, la phrase qui peut se dire de dominant à dominé. Que cette situation de domination soit visible ou invisible. Détectable ou indétectable. Dans la vie conjugale. Entre des parents et leurs enfants. Au travail. Entre riches et pauvres. Entre l’occident…et le reste du monde.

 

Cette phrase a donc deux faces. Elle étale aussi au grand jour, au travers de Dan, cette domination qu’entend continuer d’exercer l’Occident, via les Etats-Unis, ici, sur un membre du Moyen-Orient :

 

Ammar, interprété par l’acteur Reda Kateb.

 

Et, en exposant la dualité de cette phrase, Bigelow montre aussi une certaine responsabilité de l’Occident. Ammar, et celles et  ceux qui lui ressemblent, ne sont peut-être pas que des terroristes. Mais, peut-être, aussi, des personnes qui refusent d’appartenir à l’Occident. Et d’être ses esclaves ou ses choses.

 

 Mais c’est peut-être, moi qui l’interprète comme comme ça. D’autres, à ma place, ne verront en Ammar qu’un bouffon terroriste qui va et doit en baver comme il le « mérite ». Et les adeptes de cette croyance ( « Ammar/bouffon/terroriste/qui-doit-en-baver) vont prendre leur pied, et peut-être se lubrifier, devant les scènes de torture.

 

Subtilités : j’ai mes règles.

 

 

Sauf que Bigelow est plus subtile que ça.

 

 

J’avais oublié ce visage de femme « prégnante » (de femme enceinte) de Maya – l’actrice Jessica Chastain qui a le rôle principal- qui assiste, d’abord avec une cagoule, à la torture d’Ammar.

 

Dan ironise quant au fait que, pour sa première mission, on lui confie un « cas » particulièrement difficile en la personne d’Ammar. Et l’on peut penser que cette séquence de torture a de quoi l’éprouver comme elle éprouverait toute personne qui débute par ce genre de méthode. Comme pour toute initiation qui peut rappeler aussi, celle, trois ans plus tard, de Kate Macer (l’actrice Emily Blunt) face à Alejandro ( l’acteur Benicio Del Toro) dans le Sicario réalisé en 2015 par Denis Villeneuve.

Au premier plan, l’actrice Emily Blunt. Derrière, Daniel Kaluuya dans « Sicario » de Denis Villeneuve ( 2015).

 

 

Attouchements/accouchement :

Stationed in a covert base overseas, Jessica Chastain plays a member of the elite team of spies and military operatives who secretly devoted themselves to finding Osama Bin Laden in Columbia Pictures’ electrifying new thriller directed by Kathryn Bigelow, ZERO DARK THIRTY.

 

 

Mais en revoyant Zero Dark Thirty, il me plait maintenant de me dire que Maya/ l’actrice Jessica Chastain est pâle au début du film parce qu’elle est enceinte. Et cela me plait d’autant plus qu’une séance de torture, un film, un jeu d’acteur est aussi un accouchement. Une séance de torture, c’est aussi une séance d’attouchements qui peut mal tourner en vue de provoquer un accouchement.

 

 

Bien des situations critiques, dans la vie, sont nos sérums de vérité. La séance de torture  fait partie de ces sérums de vérité.

 

Ammar, Dan mais aussi Maya, dans cette scène de torture, accouchent de leur véritable visage à un moment ou à un autre. De ce fait, inutile de porter une cagoule et de se cacher derrière elle. C’est sans doute la raison pour laquelle Dan n’en porte pas. D’abord parce qu’il a la certitude, comme il le répond à Maya, qu’Ammar ne sortira jamais de ce camp de torture. Mais, aussi, parce-que, comme le « héros » du film Démineurs ( 2010) qui avait  valu l’Oscar à Bigelow, Dan s’est totalement fondu dans sa fonction. Elle et lui ne font plus qu’un.

Un film paritaire

 

Maya, elle, en retirant sa cagoule, use sans doute d’une stratégie, pour, en se servant de sa vulnérabilité supposée, ébranler Ammar. Mais, elle montre aussi qu’elle est raccord avec cette séance de torture.  Qu’elle est l’égale de Dan.

 

Maya/l’actrice Jessica Chastain

 

« You can Help Yourself by being truthful » ( vous pouvez vous en tirer en disant la vérité/ en vous montrant sincère) répond/ment-elle avec son assurance de Bambi à Ammar, lorsque, laissée seule avec lui, celui-ci essaie d’en faire son alliée.

 

Zero Dark Thirty  est donc aussi un film paritaire Femme/homme.  Vis-à-vis de Dan, le mâle occidental, plutôt macho et physique. Mais aussi vis-à-vis d’Ammar, terroriste islamiste qui, probablement, « voit » la femme comme l’inférieure de l’homme.

 

 Maya expose qu’elle est plus solide qu’elle ne le paraît. C’est du reste, elle, qui convainc Dan de reprendre la séance plus tôt que celui-ci ne l’avait prévu. Et qui trouvera plus tard le subterfuge afin de faire parler Ammar….

 

 

Ammar accouche, donc. Se délivre. Et montre un autre visage que celui qu’il montrait jusqu’alors. Jusqu’alors, Ammar montrait le visage d’un homme déterminé à résister. « Notre mission durera cent ans » est une phrase attribuée à des Jihadistes du film. Ammar partage sans doute cette pensée.

 

Mais, finalement « grâce » à Maya, Ammar s’ouvre. Et, la pâle Maya supplante -ou potentialise- la brutalité de Dan, le tortionnaire éprouvé et redouté : car, sans le travail préliminaire de Dan et d’autres, la seule apparition de Maya aurait peut être été insuffisante pour que la cuirasse d’Ammar ne se fissure.

 

 

Pour conclure avec la phrase « You Belong to me ! » avant de retourner revoir la suite du film :

Histoire de faire un peu de sémantique prétentieuse, « You Belong to me ! » est proche de l’expression « Longing for ». « Se languir de…. ».

 

La personne qui impose à une autre son « Tu m’appartiens ! »/ « Tu es ma chose » lui dit aussi :

 

«  Je ne peux pas me passer de toi »/ « Tu me manques ». «  Sans toi, je ne suis rien ».

 

On retrouve donc dans ce « You Belong to Me ! »  de Dan son ambivalence envers Ammar. L’ambivalence de l’occident envers le Moyen-Orient. Le « With or Without you I can’t Live » ( «  Avec et sans toi, je ne peux pas vivre ») chanté entre-autre par le groupe –irlandais- U2 qui s’y connaît en relations-poudrières indissociables.

 

 

« Friandises » en filigrane

 

 

A travers Dan et Ammar, on peut aussi deviner en filigrane la Palestine et Israël.

 

Dan est donc sans doute moins libre qu’il n’y paraît. Même si, bien-sûr, en pratique, il est plus libre d’aller, de venir et d’agir qu’Ammar. Le personnage le plus libre du trio mais aussi de l’ensemble, dans cette scène de torture, c’est véritablement Maya. Elle vient pour cette scène. Se permet de montrer son visage, sa faiblesse apparente. Puis, elle repart. Tous les autres, armés, baraqués, restent sur les lieux. Cagoulés ou à visage découvert. Dan, aussi, comme Ammar, ne quittera sans doute jamais cet endroit de torture. Vous parlez d’un accomplissement dans une vie ?! Passer son temps à torturer d’autres êtres humains. Autant travailler dans un abattoir industriel où l’on tue à la chaîne des animaux. Si Dan torture à visage découvert, c’est peut-être aussi parce qu’il a déjà du mal à respirer à cet endroit. Et, cela va sans doute être de pire en pire pour lui.

 

Et, Ammar, terroriste meurtrier, dans sa position d’être condamné à l’enfermement à perpétuité, a quand même aussi un statut de personnage tragique. Il lui sera nécessaire d’être sûr que ses actions qui l’ont mené à finir là en valaient véritablement la peine. Car en cas de moindre doute de sa part, son supplice à rester là, sera d’autant plus augmenté.

 

Mais après ces petites friandises, retournons maintenant revoir la suite du film.

 

Stationed in a covert base overseas, Jason Clarke plays a member of the elite team of spies and military operatives who secretly devoted themselves to finding Osama Bin Laden in Kathryn Bigelow’s electrifying new thriller, ZERO DARK THIRTY.

 

« Je voulais te dire »

 

Nous sommes à la 43ème minute du film et Dan apprend à Maya :

 

« Je voulais te dire, je me tire d’ici. Je dois en être à 100. J’ai besoin d’une activité normale ». Un peu plus tard, Dan affirmera : « Ils ont tué mes singes ». Ses singes en captivité, « doubles » inversés de cette centaine d’hommes (on ne voit pas de femmes torturées dans le film de Bigelow. Cela fait peut-être partie de ses limites) que Dan a torturés étaient sa « réserve » d’humanité. La disparition de  ses singes lui indique que sa jauge d’humanité est désormais dans le rouge.

 

Cette scène entre Maya et lui est un passage de témoin. La Maya que nous avons connue tout au début n’est plus. Même si elle a toujours la même allure. L’actrice Jessica Chastain passerait très bien en tant que créature dans Alien. Ce qu’elle fera autrement, d’ailleurs, et avec réussite, en 2019 dans le rôle de Vuk dans X-Men : Dark Phoenix réalisé par Simon Kinberg. Le professeur Xavier ( l’acteur James MacAvoy) lui demandant dans une scène : « What Are You ?! » ( « Qu’est-ce que vous êtes ?! »).

Jessica Chastain (à droite) dans le rôle de Vuk face à Sophie Turner dans le rôle de Phoenix.

 

 

Mais je parlais de « grossesse » pour Maya au début du film. Environ cinq ans après le début de son travail de terrain pour retrouver Ben Laden, il lui est dit :

 

« Je sais qu’Abou Ahmed est ton bébé. Mais il faut couper le cordon ». C’est une collègue, amie et mère de famille qui lui dit ça. Jessica (l’actrice Jennifer Ehle) qui se trouve sur le terrain depuis plus longtemps qu’elle.

 

Jessica.

 

President Obama on TV :

 

Avant de quitter le camp de torture, Dan avait prévenu Maya que la politique allait changer. Et, donc, qu’il ne serait plus possible de pratiquer la torture de la même manière.

 

A la 50ème minute du film, on peut voir et entendre le Président Obama déclarer à un journaliste :

 

« L’Amérique ne pratique pas la torture ».

 

Vrai/faux ? Toujours est-il que Bigelow montre dans son film que les méthodes d’interrogation changent. Mais, aussi, que récupérer des informations devient plus difficile. Faut-il, oui ou non pratiquer la torture ? Bigelow pose la question.

 

 

« I Believe I was spared to finish the Job » ( « Je crois que j’ai été choisie/élue pour finir le boulot ! ».

Stationed in a covert base overseas, Jessica Chastain plays a member of the elite team of spies and military operatives who secretly devoted themselves to finding Osama Bin Laden in Columbia Pictures’ electrifying new thriller directed by Kathryn Bigelow, ZERO DARK THIRTY.

 

Les terroristes sont convaincus d’être des « élus de Dieu ». Maya, après avoir perdu plusieurs amis et avoir survécu à un attentat, par cette phrase, est aussi portée par la même conviction- d’être une élue- que ceux qu’elle combat.

 

Les années passent. Et, jamais, Maya ne se lasse. «  Je vais tuer Ben Laden ». Executive Woman version militaire, Maya ne compte pas ses heures.

 

 

Vers la fin du film, elle tient d’ailleurs tête même à certains de ses supérieurs et son niveau d’exigence  dépasse le leur, pourtant situé  » on a very high level ». 

From his command post inside the CIA, Mark Strong directs the fight against the world’s most dangerous man in Columbia Pictures’ revealing new thriller directed by Kathryn Bigelow, ZERO DARK THIRTY.

Tel Georges, l’acteur Mark Strong, qui, lors de sa première apparition intimide particulièrement ses hommes, Maya inclus. Georges, alors, veut des résultats ! «  I want targets ! » ( Je veux des cibles !). « I want people to kill ! » ( Je veux des gens à tuer ! « ).  Mais même lui finit par faire du surplace. Et Maya le lui fait bien sentir. A travers ce face à face que Georges subit, c’est sans doute l’immobilisme de la société que Bigelow décrit lorsqu’il s’agit de laisser un certain pouvoir décisionnel à des femmes. Car il s’en passe des semaines avant que la décision de passer à l’action ne tombe. Ces passages du film où, au marqueur rouge, Maya écrit avec colère le nombre de jours qui passent avant que ne soit prise la grande décision sont les seuls moments un peu « comiques » du film. Mais, aussi, très critiques. Néanmoins, ces passages montrent aussi que certaines décisions sensibles ne se prennent pas à la légère.

 

Ensuite, une fois le feu vert donné, le film devient un western américain pur jus héliporté .

 

 

De Maya qui dit aux « garçons » : « Vous allez tuer Ben Laden pour moi ». L’équivalent de : «  Soyez des bons et grands garçons ! Faites plaisir à maman ! » Aux blagues viriles et trompe-la-mort en plein vol (« Qui s’est déjà crashé en hélicoptère ? »).

 

 

« For God and country : Geronimo » : ( «  Pour Dieu et la Patrie : Geronimo (objectif atteint)

 

Ce n’est pas la première fois que j’entends un Américain parler de « Dieu » dans beaucoup de ses propos. Mais invoquer Dieu, la Patrie, un ancien chef Indien- même si c’est en langage codé- qui, comme d’autres, a vu ses peuples exterminés et dépossédés de leurs terres par les colons européens, pour confirmer le succès d’une opération, m’a fait un drôle d’effet. Ces paradoxes font partie de l’identité américaine.

 

Le contraire d’un film raté

 

 

Quoiqu’il en soit, raconter ces presque dix ans de traque de Ben Laden en seulement deux heures et vingt quatre minutes m’a laissé l’impression d’une très grande maitrise cinématographique.

 

Zero Dark Thirty est le contraire d’un film raté. Concernant mes interrogations morales du début quant aux intentions de ce film, Bigelow montre aussi le prix plus qu’élevé que cette traque a coûté aux Américains.  En logistique, en dollars, mais aussi en vies humaines. Et, encore, Bigelow ne s’attarde-t’elle pas sur les à-côté. Je n’envie pas la vie personnelle d’une Maya ou d’un Dan.

 

L’apothéose de la vie de Maya aurait pu être de reconnaître le visage d’un être cher à sa naissance ou lors d’une rencontre amoureuse. Il consistera à confirmer l’identité d’un mort qu’elle « suit » depuis des années. Il y a des destinées plus heureuses.

 

Stationed in a covert base overseas, Jessica Chastain (center) plays a member of the elite team of spies and military operatives who secretly devoted themselves to finding Osama Bin Laden in Columbia Pictures’ electrifying new thriller directed by Kathryn Bigelow, ZERO DARK THIRTY.

 

Donc que Maya pleure un peu à la fin du film, est, pour moi, la moindre des choses. Car je ne vois pas quelle paire de bras pourra jamais l’étreindre suffisamment afin de pouvoir l’extraire de cette cellule, où, pendant plus de dix années elle a passé sa vie à désirer un cadavre.

 

Franck Unimon, ce jeudi 24 juin 2021.

 

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Cinéma

Saïd Taghmaoui/ De la Haine A Hollywood

 

Saïd TAGHMAOUI/ De La Haine A Hollywood

 

 

La main posée, il semble regarder par la fenêtre. Il observe. Ce qu’il aperçoit ne lui plait pas. C’est peut-être un braqueur ou une sentinelle à la recherche du moindre scintillement qui pourrait lui révéler la présence d’un tesson de bouteille, d’une infanterie du GIGN ou l’approche d’une très mauvaise nouvelle.

 

Ses cheveux noirs lisses et plaqués, sa petite moustache, sa peau basanée et son profil lui donnent une allure d’homme grec. L’Homme grec des Mythologies. Celui des péplum mais aussi celui des grands philosophes et des grands orateurs. Ceux qui ont contribué au rayonnement de la pensée humaine il y a des millénaires et que l’on continue d’étudier et de citer encore aujourd’hui. Y compris au sein des élites. Dans les grands Ministères. A côté de toutes celles et tous ceux que l’on nomme.

 

Lorsque l’on veut faire peur à toutes sortes de boxeurs, de rappeurs ou de personnes que l’on tient à amadouer. Que ce soit sur une scène politique, lors d’un combat ou lors d’une phase de séduction car tout cela se ressemble.

 

Lorsque l’on veut faire savoir que, nous aussi, on a des titres et du potentiel.

 

Ni magistrat, ni petit bras, son registre, c’est le cinéma.

 

A l’origine, et pendant longtemps, il n’a pas été aidé. Famille nombreuse d’origine marocaine. Famille modeste et croyante appliquant à la lettre les préceptes de la religion. Le père s’use au travail pour peu d’argent. La mère reste à la maison. Cité de banlieue précaire. Un frère aîné aimé mais héroïnomane qui mourra du Sida. Une personnalité « hyperactive » et souvent incomprise de ses propres parents. Une scolarité vite prise en défaut sur le modèle du titre du Rappeur Oxmo Puccino :

 

Peu de gens le savent  (interlude) où l’on peut entendre, parmi d’autres, cette phrase

 

« Tu veux faire quoi, avec un BEP ?! Combien de millionnaires ont un BEP ?! » ou celle-ci

« Un BEP chaudronnerie ?! Tu veux faire quoi avec un chaudron ?! ».

 

 Il a alterné vols d’autoradio, gardes à vue, Tags (sous le pseudo Airone), Rap, rencontres, multiples boulots tels chef de rang ou autre emploi manuel avec des rôles au cinéma. 

 

 

Puis, il a fini par se stabiliser. S’il avait été blanc de peau, à ses débuts, on l’aurait comparé à une époque à un Nicolas Duvauchelle ou à tout autre ex-jeune voyou du cinéma français lors de ses débuts (Depardieu, Dewaere, Léotard, Lanvin…).  

 

« Mais », pour les autres, et aussi pour lui-même, c’est un Arabe. Un de la « pire espèce » : des cités, peu éduqué. C’est  un « physique », dans le sens où c’est davantage un instinctif et un affectif qu’un intellectuel. Et qu’il a d’abord été beaucoup chargé en Rap et en roue arrière sans casque. Il a connu ou été témoin de ce qui peut se décrire de pire dans une cité. Une de plus. Une de trop.

 Il a été ou il est encore un Arabe sans filtre comme on pourrait le dire d’une cigarette à forte concentration nicotinique.

 

Comparaisons/ comparutions

Alors, comparons-le à ses « cousins » et « frères » (masculins, donc) acteurs arabes ou d’origine arabe. Dans son livre, il ne cite pas ces autres acteurs et réalisateurs arabes ou d’origine arabe. C’est moi qui prends l’initiative de citer ces acteurs et ces réalisateurs.  Autant pour réviser. Que pour mieux « le » situer dans une généalogie approximative de l’apparition des acteurs masculins arabes ou d’origine arabe ces trente ou quarante dernières années dans le cinéma français. Cette généalogie, et les rôles attribués, pourraient bien-sûr permettre un début d’analyse de l’évolution de l’image de l’homme arabe ou d’origine arabe dans le cinéma et la société française. Mais je ne pourrai pas le faire dans cet article.

 

Ces acteurs et ces réalisateurs que je vais citer, je les ai tous vus, regardés, dans un ou plusieurs films. J’en ai même interviewé deux : Sami Bouajila et Roschdy Zem pour le mensuel Brazil pour la sortie du film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb (réalisé en 2010). Du reste, j’avais aussi interviewé Rachid Bouchareb à propos de ce film.

 

 

« Lui », Il s’est fait connaître sur grand écran dix ans après Le Thé au harem d’Archimède (1985) de Mehdi Charef. Dans ce film de Charef,  Kader Boukhanef avait un des deux rôles principaux aux côtés de Rémi Martin.  

 

 

 

Roschdy Zem, Sami Bouajila et Zinedine Soualem l’ont précédé de quelques années. Michel Polnareff, aussi. ( Bien-sûr, Polnareff n’est ni acteur ni arabe. Et, alors ?!).

 

Je devrais citer Simon Abkarian parmi ceux qui l’ont précédé sur grand écran « mais », sans vouloir l’exclure, Abkarian est d’origine arménienne.

 

Il est plus ancien sur grand écran que Rachid Djaïdani, Reda Kateb, Samir Guesmi, Tahar Rahim ou Karim Leklou.

 

Le premier Taxi de Luc Besson qui avait fait connaître Sami Nacéri mais aussi Marion Cotillard au grand public ? 1998. Trois ans après lui.

 

 

 

L’acteur et réalisateur Jalil Lespert ? 1998 (Nos vies heureuses de Jacques Maillot) ou 1999 (Ressources humaines de Laurent Cantet).

 

Le film Le Ciel, les oiseaux… et ta mère de Djamel Bensalah, premier grand succès cinématographique de Jamel Debbouze ? 1999.

 

L’acteur/réalisateur Rabah Ameur-Zaïmèche ? 2002 avec le film Wesh Wesh qu’est-ce qui se passe?

 

Mehdi Nebbou ? 2005 dans Munich de Steven Spielberg ou 2007 dans Truands de Frédéric Schoendoerffer.

 

Tomer Sisley ? 2006 pour Toi et moi de Julie Lopes-Curval, 2007 pour Truands de Frédéric Schoendoerffer et, bien-sûr, 2008 pour Largo Winch de Jérôme Salle.

 

Slimane Dazi ? 2009 dans Un Prophète de Jacques Audiard.

 

 

Désormais, il a un CV assez chargé. Et international. Plus cinématographique que judiciaire. ( Les Rois du Désert, Wonder Woman, John Wick, Ali Zaoua prince de la rue….) Ça dure comme ça depuis un peu plus de vingt ans, mais en France, personne ne le « connaît ».

 

 

La Haine

 

Personne ne le connait ?! Sauf pour le film La Haine réalisé par Matthieu Kassovitz en 1995.

 

.

Dans son livre, cela en devient comique lorsqu’il relate le nombre de fois, où, dix voire vingt ans plus tard, après l’avoir vu dans La Haine, des grands noms du cinéma américain ( réalisateurs, producteurs) pensent à lui pour un rôle dans leurs projets.

 

 

1995, c’est vraiment loin. Par exemple, c’est quatre années lumière avant le premier volet du film Matrix des ex-frères Wachowski. C’est avant l’an 2000. Avant les attentats du 11 septembre 2001. Avant Ben Laden. Et, bien avant que Kassovitz ( le même) ne se fasse connaître par son rôle de l’agent Malotru dans la série ( cinq saisons) de Le Bureau des Légendes. Avant que Vincent Cassel (Vinz, dans La Haine) ne tourne avec le réalisateur David Cronenberg (Les promesses de l’ombre en 2007) puis ne joue Mesrine, ex ennemi public numéro 1 dans les deux films réalisés par Jean-François Richet en 2008 : L’Instinct de mort et L’Ennemi public numéro 1.

Hubert Koundé (un acteur noir) l’autre « héros » de l’aventure cinématographique, commerciale et sociétale du film La Haine est encore plus mal loti que lui. Car, aujourd’hui, qui connaît Hubert Koundé au cinéma ?

 

Lorsque le film La Haine était sorti au cinéma en 1995, je n’avais rien fait pour aller le voir. Je me rappelle de l’éclat médiatique du film. Des prix. Du fait que ce film avait propulsé la carrière de Kassovitz et de Cassel. Mais, aussi, que Joey Starr, du groupe de Rap NTM avait qualifié Kassovitz…. « d’opportuniste ».  

 

Plus j’avais entendu parler du film- et on en avait beaucoup parlé- et moins j’avais eu envie d’aller le voir. Aujourd’hui, on compare facilement La Haine (1995) avec Les Misérables de Ladj Ly (2019).

 

Cependant, les émeutes en banlieue en 1995 puis en 2005 avaient et ont donné d’autant plus de crédibilité à La Haine.

 

J’ai regardé La Haine bien plus tard (il y a moins de dix ans). Je lui préfère pour l’instant largement Le thé au harem d’Archimède qui lui est antérieur de dix ans. Cependant, il est indiscutable que La Haine a été dans le cinéma français l’équivalent du Rap dans la chanson et dans la société française. Peut-être que Joey Starrn’aurait pas eu la carrière cinématographique et théâtrale qu’il connaît, à juste titre, depuis des années maintenant, sans un film comme La Haine….

 

Les ricochets de La Haine blessent certains et en bénissent d’autres… de reconnaissance.

 

Littérature

Son livre a une faible teneur en littérature. Cependant Saïd Taghmaoui témoigne. 

 

Je n’ai pas arrêté de parler de lui depuis le début de cet article. Même si j’ai cité beaucoup d’autres personnes qui sont désormais connues en France et ailleurs.

 

Dès que je suis tombé sur son livre dans la librairie, il y a quelques semaines, je l’ai acheté. Je connais mal sa filmographie. Mais, plusieurs années après La Haine, j’avais été étonné d’apprendre, au travers d’articles, que sa carrière d’acteur continuait. A l’étranger. Grâce à ses dons, découverts par hasard, pour apprendre des langues étrangères. Mais, aussi, parce qu’ailleurs, on le regardait d’abord comme un acteur capable. Et non comme une photocopie de clichés ou de l’Arabe de la cité.

 

Je l’avais vu dans Confession d’un dragueur (2001) réalisé par….Alain Soral avec Thomas Dutronc. J’avais été marqué par une réplique qu’il faisait à Thomas Dutronc qui confiait, déjà, que son image, quoiqu’il dise, passerait moins bien que celle de Dutronc, homme blanc. Et fils « de ».

 

J’avais oublié que ce film avait été réalisé par le Soral aujourd’hui ouvertement raciste et au moins antisémite. Taghmaoui dit sans ambigüité qu’il est aux antipodes des pensées racistes de Soral.

 

Notoriété et normalité

Notoriété et normalité sont incompatibles nous apprend-il. Nous en entendons parler de temps à autre dans les journaux à potins ou sur divers réseaux sociaux. Mais il nous donne quelques exemples. Il nous parle aussi de certaines désillusions connues avec des acteurs ou des réalisateurs qu’il considérait comme des « frères ». De la difficulté de s’ouvrir à une vie affective comme il a pu le faire avec sa carrière d’acteur.

Taghmaoui est peut-être du genre hérissé. Pas évident à approcher. Et, il est possible que dans ces désillusions amicales qu’il raconte, il ait pu être difficile de lui faire accepter certaines règles ou certaines limites. Néanmoins l’envers du décor de certaines vedettes qu’il raconte est crédible dans ce monde trait d’artifices qu’est le cinéma.

 

 

Franck Unimon, ce jeudi 24 juin 2021

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Micro Actif

Projet d’annonces II pour Tinder et ce genre de sites ou Prince Charmant

 

 

Projet d’annonces II pour Tinder et ce genre de sites ou Prince Charmant

 

Vous avez été nombreuses et nombreux à réagir à mon précédent article intitulé Projet d’annonces pour Tinder et ce genre de sites . Et, cela, ne serait-ce que dans ma tête ! Je me serais presque cru dans un stade de Foot ou dans une salle de concert remplie de la taille de l’Arena Défense. J’attends donc que tout le monde se calme, se taise, se mette en rang et se tienne par la main. Car j’ai une annonce à vous faire. Maintenant que je me sens une soudaine très haute responsabilité….

 

 

 

Franck Unimon, mercredi 16 juin 2021. 

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Projet d’annonces pour Tinder et ce genre de sites

 

            Projet d’annonce pour Tinder et ce genre de sites ou Prince Charmant

Comme j’ai un peu de temps devant moi, je me suis dit que j’allais m’essayer à un projet initiatique d’annonce pour Tinder et ce genre de sites d’annonces.

 

Ce n’était pas prévu.  J’ai eu quelques idées qui me sont arrivées alors que j’étendais le linge, chez moi, en faisant bien attention aux plis. ça (les idées) m’a fait rire. Je me suis dit qu’ensuite, j’allais l’enregistrer. En plus, comme ça, cela me permettra d’accélérer mon débit de voix, de parler plus fort. Et de m’animer. Ça changera. Je suis tellement mort, d’habitude. Presqu’un fantôme….

 

 

Franck Unimon, ce mardi 15 juin 2021.