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Cinéma Interview

Interview en apnée avec Abdel Raouf Dafri

 

 

Cela faisait quelques années que j’avais envie d’interviewer Abdel Raouf Dafri. Avant la création de balistiqueduquotidien.com. Depuis Un Prophète ( 2009), Mesrine ( 2008), la série Braquo (à partir de 2011)

 

Lorsque Qu’un sang impur…., son premier film en tant que réalisateur, s’est présenté en projection de presse à la fin de l’année dernière, j’ai filé pour aller le voir : Qu’un sang impur…

J’ai eu la chance d’être resté en contact avec Jamila Ouzahir, l’attachée de presse qui s’occupe du film. La même que j’avais recroisée dans le métro parisien un été il y a bientôt deux ans et qui m’avait tout de suite encouragé lorsque mon blog était encore à l’état d’idée. Jamila fait partie des attachées de presse que j’ai rencontré(es) du             « temps» de Brazil. Le mensuel de cinéma papier qui m’a fait entrer dans le journalisme cinéma.

 

 

A gauche de l’affiche, suspendus, certains des costumes utilisés pour le film.

Finalement, lorsqu’est venue la possibilité de le rencontrer, à propos de Qu’un sang impur…,  j’ai hésité. Préparer une interview, c’est du travail. La retranscrire, aussi. Et, au milieu, on peut rater l’exercice même si on n’en meurt pas. En plus, Abdel Raouf Dafri est le frère de quelqu’un que je connais « bien ». ( Projection de presse ) Quelqu’un qui, il y a bientôt vingt ans, m’avait dit un jour :

« Son rêve, c’est d’être scénariste… ».

 

Depuis la fin de parution du mensuel Brazil après le festival de Cannes de 2011, je n’avais plus interviewé de réalisateur de long métrage. Après Brazil, pendant deux à trois ans, j’avais fait la découverte du journalisme cinéma du côté des court-métrages avec le site Format Court.

Ma plus récente interview datait de trois ou quatre ans : avec l’ami Eddy, nous avions interviewé un couple d’apnéistes. Lui, à la photo, à la caméra et au montage. Moi, au texte et à la voix. 

 

Quatre jours avant cette journée presse ( ce jeudi 16 janvier 2020) où allaient se dérouler les interviews à propos de Qu’un sang impur…, du texte m’est venu. J’ai alors su que je pouvais rencontrer Abdel Raouf Dafri.

Cette interview est imparfaite. Je débite mes phrases au début et j’articule mal. Je lis un peu trop. D’un point de vue corporel, je peux mieux faire. On dirait que ma tête tient sur un ressort. 

C’est ainsi que l’on ne comprend pas au début de l’interview que je parle du réalisateur Raoul Peck qui est sûrement actuellement en train de tourner un film sur Frantz Fanon. Et, un peu plus tard, c’est bien-sûr le titre Peau noire, masques blancs de Frantz Fanon auquel Abdel Raouf Dafri fait référence. Quant au fichier vidéo que je livre finalement de cette interview, son format pour le blog me satisfait moyennement. Mais c’est tout ce que j’ai pour l’instant sous la main après plusieurs essais de conversion. 

Cependant, cette interview aura toujours ceci de particulier que c’est avec elle que j’aurai repris le trajet des interviews. 

 

Arrivé avant l’heure, j’ai pu discuter avec Abdel Raouf Dafri. Nous avons parlé du Japon, de certaines actualités et bien-sûr de cinéma.

Puis, en attendant mon tour pour l’interviewer, j’ai pu discuter un peu avec un correspondant du journal algérien El Watan ( Cela veut dire  » Nation » m’a-t’il été expliqué). El Watan a été créé en 1990. On peut le trouver à la vente dans les kiosques au moins de la région parisienne en langue française. 

Mais le mieux, bien-sûr, puisque c’est le « jus » de cet article,  c’est de vous faire votre propre idée de la rencontre avec Abdel Raouf Dafri. Après l’interview, suit le lien vers le teaser du film. Qu’un sang impur…. sort au cinéma ce 22 janvier 2020. 

 

 

 

 

QUUN-SANG-IMPUR_TEASER_HD_H264_VFSTF

 

ps : Merci à mon cousin Christophe ainsi qu’à Michel pour leur réactivité et leurs conseils « techniques ». J’ai aussi une pensée particulière pour mon ami Driss. 

Franck Unimon, jeudi 16 janvier 2020

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Echos Statiques

Sans Pardon

                                                         Sans Pardon

Seuls des parents peuvent apprendre le pardon à leurs enfants pour eux-mêmes et pour les autres. Et, ce faisant, ils leur évitent peut-être bien des prisons. C’est ce que ma fille m’a rappelé tout à l’heure alors que je venais de me lever. Debout plus tôt ce matin afin de l’emmener à l’école (cette fois-ci, en dépit  de la grève et du service minimum actif dans bien des écoles publiques, la maitresse de ma fille ne fait pas grève A l’école de ma fille )  je pensais à mes articles :

 

Je me disais que, pour l’époque, mes articles manquent de Rap, de Slam,  de théâtre, d’Opéra, de sport, d’images et de jeux vidéos, de montages sonores et visuels, d’images de synthèse, de musique, de jeux de rôles et aussi de réseaux sociaux numériques mais aussi humains. Et d’écologie. 

Même si le nombre de lectrices et de lecteurs augmente sur mon blog, je me dis qu’alors que j’aime rencontrer des gens, je dois être vraiment particulièrement névrosé, plus qu’incompétent- et très  très méfiant – lorsqu’il s’agit de commettre un  « buzz », ou, plus simplement, de savoir partager avec d’autres certaines arcanes de mes comètes  mentales. Il est vrai que j’ai cette tendance depuis l’enfance : seuls certaines et certains élus ont (eu) mes faveurs pour le pire et le meilleur.

 

Lire quelques articles du site Urban Track’z  (créé par Zez Shalmani) pour lequel j’écris principalement dans la rubrique 7ème art m’avait déjà donné à  appréhender certains de mes manquements sociaux. Mais, en plus, hier soir, avant de me coucher, j’ai lu plusieurs articles sur le média en ligne BB qui a plus à voir avec le Bondy Blog  qu’avec BB King ou Brigitte Bardot.

 

Je connaissais le Bondy Blog de nom depuis des années mais je n’avais jamais pris le temps de lire autant de ses articles. C’est en tombant hier sur la page Facebook de Jamila Ouzahir, attachée de presse,  d’un article du Bondy Blog consacré au premier film réalisé par Abdel Raouf Dafri qui sortira ce 22 janvier ( Qu’un sang impur…) que cela m’a donné envie de lire plus d’articles du Bondy Blog.

 

J’ai beaucoup aimé la patte de l’article de la journaliste Latifa Oulkhouir :

Dafri, tonton flingueur.

Laquelle Latifa Oulkhouir s’est avérée être celle qui dirige maintenant le Bondy Blog.

Car après avoir lu son article et l’interview qu’elle a réalisée, avec Audrey Pronesti, d’Abdel Raouf Dafri, j’ai ensuite pris le temps de cliquer sur Qui sommes nous ? et de regarder les photos des rédactrices et des rédacteurs du BB comme de lire la façon dont ils se présentent.

 

Avec un peu de soulagement, j’ai constaté que très peu d’entre eux étaient sur Instagram en plus de Facebook alors que j’ai quand même un compte Instagram. Même si je le néglige (balistiqueinstagram). J’ai constaté la «panoplie » de profils des unes et des autres, leur niveau d’études et de compétences, ainsi que l’humour de certaines présentations.  

 

Je n’ai pu que noter la brièveté de leurs articles par rapport aux miens. Ce qui donne à coup sûr un caractère pratique à leur lecture.

 

C’est ainsi que j’en suis arrivé à aimer lire :

L’interview du rappeur Dinos – que je ne connaissais pas mais j’ai plusieurs cratères de lacunes dans le Rap- réalisée par Félix Mubenga : Le succès arrivera quand il doit arriver.

 

L’article de Nesrine Slaoui Djebril Zonga, jamais deux vies sans trois sur l’acteur Djebril Zonga (qui joue dans le film Les Misérables de Ladj Ly Les misérables 2ème partie ) mais aussi, toujours de Nesrine Slaoui, l’article A la finale d’Eloquentia, le poids des bons mots.

 

Soumaya, l’histoire vraie (qui dérange) d’une citoyenne française, rédigé par Chahira Bakhtaoui.

 

Lyna Khoudri, destin d’actrice, mémoires d’Algérie, encore par Nesrine Slaoui.

 

Aya à l’Huma : alliage improbable, succès indéniable par Fleury Vuadiambo.

 

La Tornade Megan Thee Stallion est passée à Paris ( et ça valait le détour) par Sylsphée Bertili.

 

Le Festival Ciné-Palestine, un regard tendre et juste sur Gaza  par Arno Pedram.

 

Ta-Nehisi Coates : Trump ou la revanche des suprémacistes blancs par Hélèna Berkaoui.

 

Trois femmes, trois résistantes, trois héroïnes de la guerre d’Algérie par Kab Niang.

 

François Beaune : «  Mon boulot, c’est que la réalité te prenne en pleine figure » ( à propos de son livre Omar et Greg) par Jimmy Saint-Louis.

 

 

Pourtant, je ne crois pas que la longueur variable de mes articles soit aujourd’hui le point faible principal de mon blog, balistiqueduquotidien.com, pour plus et mieux le faire connaître.

 

 

Ce matin, je pensais aussi à mon article sur le livre Bravo Two Zero d’Andy MacNab ( Bravo Two Zero ). Je me disais qu’il allait me falloir écrire qu’il me faisait aussi penser au personnage joué par Sean Penn dans le film Mystic River réalisé par Clint Eastwood en 2003. Et je remarquais que le nom de « Penn » rime facilement avec le nom de la ville Phnom Penn. Puis, ma fille m’a appelé dans le noir. J’ai répondu : «  Oui ? ». Alors qu’elle est venue jusqu’à moi, j’ai fait un pas où deux pour me rapprocher d’elle. Elle est venue se mettre contre moi. Nous nous sommes embrassés. Puis, elle est repartie avec le sourire. Je ne m’y attendais pas.

 

Mais il est des enfants qui grandissent sans pardon. Et se barricader a plus à voir avec le rhum arrangé qu’avec une solution pour éviter le danger.

 

En allant voir ma fille pour la préparer pour l’école, je me suis dit que j’allais envoyer cet article au Bondy Blog dans leur partie Contactez-nous. J’hésitais encore sur la forme à donner à ce courrier :

 

Sous forme de lien numérique en provenance de mon blog  (le plus probable ), sous format Word (au cas où ils craindraient un lien manutentionné par de mauvaises intentions) ou sous une forme verbale de type podcast comme je l’ai fait pour Descartes ? ( Descartes)

 

Franck Unimon, ce jeudi 9 janvier 2020.

 

 

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Echos Statiques

Entre le rêve et le sel

                                            Entre le rêve et le sel

«  Alors, Roybon, on ravage ?! ». Après bien des efforts têtus au sortir de ma sieste, j’ai fini par retrouver et ressortir cette ancre disparue, cette fin de phrase aperçue lors de ma lecture il y a deux ou trois mois du livre Mes rêves avaient un goût de sel  de Jean-Pierre Roybon, ancien nageur de combat de la marine.

 

Chacun ses obsessions.

 

Dans son New York Vertigo, ( Rentrée des classes)Patrick Declerck raconte bien avoir tenu, à New York  en septembre 2012, à prendre le temps de lire «  lentement » le nom des 2983 victimes des attentats terroristes. Soit, comme il le décompte scrupuleusement, «  les 2977 victimes des quatre attaques du 11 septembre aux deux tours, au pentagone, et dans le vol United Airlines 93  qui s’est écrasé en Pennsylvanie, plus les 6 tués lors de la première tentative du 26 février 1993. Cette lecture lui prend «  un peu plus d’une heure et demie ». Il estime que cela n’est pas beaucoup de temps même si son action ne sert sans doute à rien.

 

Cet article-ci, comme d’autres de mes articles, ne sert sans doute à rien non plus. Il est salvateur, aussi, de savoir se regarder avec autant de précision que de dérision. Mais je crois de plus en plus à la vertu d’écrire au sortir du sommeil sans trop se circonscrire. Amadou Hampaté Ba. Amadou Hampaté Ba. Lorsque je l’aurai vu, il faudra aussi que j’écrive sur le film Grigris réalisé en 2013 par Mahamet Saleh-Haroun. Quand j’avais interviewé Mahamet Saleh-Haroun pour le mensuel Brazil à propos de son film Un homme qui crie, je me souviens comme je l’avais beaucoup touché lorsque je lui avais dit à propos du personnage principal, maitre-nageur dans un hôtel de luxe au Tchad, ancien champion de natation :

«  On dirait qu’il liquide sa descendance ». 

Je crois pouvoir affirmer, même si cela ne regarde que moi et qu’il me sera sûrement impossible de le démontrer, que le réalisateur Mahamat Saleh-Haroun, avait alors répété ma phrase comme s’il assimilait une nouvelle donnée de son personnage principal ou cette autre façon de le décrire. 

 

 

J’estime avoir mal parlé du livre de J-Pierre Roybon dans mon article d’il y a quelques mois Mes rêves avaient un goût de sel. J’ai trop parlé de moi et je continue. Mais il y a plusieurs façons de parler d’un livre. Notre inspiration varie selon les jours. Pour le livre Bravo Two Zero d’Andy MacNab, aussi, j’aurais pu m’y prendre autrement ( Bravo Two Zero ). D’ailleurs, je vais refaire quelques corrections dans mon article :

Si le numéro de Télérama de cette semaine a mis l’actrice américaine Scarlett Johansson en couverture avec le titre Star innée, je crois avoir un peu trop forcé en parlant de l’élite des combattants et des forces de police comme des individus qui ont des capacités « innées ». Des capacités physiques et mentales hors-normes, oui. Innées, pas forcément.

Jean-Pierre Roybon, au départ, avant de s’engager dans l’armée un peu avant ses 18 ans, n’était pas particulièrement sportif par exemple. Mais il rêvait des nageurs de combat et de l’armée depuis très jeune. Dans un autre univers, Ellen Mac Arthur, la navigatrice, a beaucoup rêvé de la mer, enfant, avant de commencer à prendre des cours de navigation. Contrairement à un Jean-Pierre Roybon né au bord de la mer, à Toulon, Ellen Mac Arthur, elle, a d’abord vécu dans les terres. Si l’on peut, évidemment, avoir des aptitudes innées hors-normes, il est bien des personnes qui se transcendent le moment venu après des années de maturation, de formation et de rêve. Que ce soit dans les études, dans une carrière, dans une pratique sportive ou dans une activité quelconque. On peut souhaiter que cela soit aussi pour le « bien » d’autrui. Mais c’est souvent, d’abord, pour soi-même. 

 

«  Alors, Roybon, on ravage ? ».

 

C’était ce qu’un des instituteurs disait avec un peu d’ironie au jeune Roybon qui devait se contenter d’une pêche de seconde main au bord de l’eau. Alors que l’instituteur, lui, partait en mer sur son bateau personnel. Dans son livre, Roybon raconte que ces rencontres assez fréquentes et quelques peu « taquines » avec son instituteur, avaient eu peu d’incidence ascensionnelle sur ses notes scolaires. On peut facilement imaginer la scène avec l’instituteur qui s’adresse sur un ton un peu sarcastique et hautain, de manière répétitive, avec l’accent du sud, au minot qu’il toise un peu et qu’il laisse sur place avec l’écume en prenant le large avec son bateau ou en revenant du large, le regard et le visage pleins d’embruns.

 

Pourtant, quelques années plus tard, ce minot allait d’abord découvrir- avec l’autorisation et l’encouragement de ses parents- la plongée sous-marine vers ses 15 et 16 ans en compagnie d’adultes expérimentés. Puis s’engager dans l’armée et, par étapes, à force d’entraînement, devenir un nageur de combat de la marine et faire partie des élites du «  corps » militaire.

 

On peut peut-être affirmer que son instituteur qui, pendant plusieurs années, avait rencontré quantités d’élèves, a pu être surpris plus d’une fois en apprenant plus tard, lorsqu’il l’a appris, ce qu’avaient pu « devenir » certaines et certains de ses élèves passés. Et, à travers le parcours militaire d’un Jean-Pierre Roybon, plus que le soldat qui acquiert la capacité et le droit de détruire et de tuer, je souligne ici la discipline à laquelle on est spontanément capable de s’astreindre tous les jours dès lors que l’on a un rêve, un projet ou une ambition. Même si ça ne sert à rien pour faire encore de l’humour noir. D’écrire. De faire de la musique. Du sport. De faire rire. De chanter. De dessiner. De croire en quelque chose. De croire en quelqu’un. Cela ne sert à rien si l’on tient seulement, tout le temps et tout de suite, à obtenir un retour sur investissement. Du succès. De la reconnaissance. Une explication. Une réponse. Un résultat. A être une star innée. Et chaque fois que l’on nous demande «Comment vas-tu ? », toujours, nous devrions répondre : « ça ne sert à rien ». Chaque fois que l’on nous fait un compliment, nous devrions aussi ajouter : «  ça ne sert à rien ».

 

Je suis maintenant à peu près réveillé et c’est désormais que certains ennuis commencent car il me faut trouver du sens à ce que je viens d’écrire. Alors que ça ne sert à rien.

 

Franck Unimon, ce mercredi 8 janvier 2020.

 

 

 

 

 

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Puissants Fonds/ Livres

Bravo Two Zero

Andy McNab ne devrait pas être un héros. Mais il l’est. Et c’est ce qui me donne mauvaise conscience. C’est la raison pour laquelle je parle de son livre Bravo Two Zero maintenant alors que j’en avais terminé la lecture une bonne semaine avant de commencer à lire New York Vertigo  écrit par Patrick Declerck, ouvrage dont j’ai déjà parlé hier à ma manière.( Rentrée des classes )

 

Les deux livres se recoupent sûrement dans l’Histoire. Mais les deux hommes,  leurs intentions et leurs actions, diffèrent. On pourrait parler de Devoir pour le premier et de choix pour le second. Mais Andy McNab, comme tout héros, a  la franchise pour lui. Patrick Declerck, aussi, est fait de franchise. Alors, on dira que l’on prendra pour modèle le héros de sa préférence si les conditions sont réunies :

 

D’un côté, Andy McNab, Militaire au sein du SAS lors de « la guerre du Golfe » (débutée en Aout 1990) contre Saddam Hussein. Officiellement, selon Georges Bush, le Président américain de l’époque, pour  » défendre la démocratie » ( le prétexte de rechercher et d’éliminer  » des armes de destruction massive » en Irak sera employé en 2002)  alors que bien des occidentaux moyens avaient compris que le but était au moins d’assurer aux pays occidentaux l’approvisionnement en pétrole nécessaire à leur suffisance et à leur croissance.

De l’autre côté, Patrick Declerck, anthropologue et psychanalyste, longtemps connu pour son travail sur les SDF, et qui considère que l’espèce humaine  » est pourrie ». 

 

Dans son livre, je ne me rappelle pas qu’Andy McNab nous dise en préambule qu’il considère l’espèce humaine comme  » pourrie ». Nous apprenons qu’il a été un enfant adopté et aussi que lorsque débute son récit, il a une trentaine d’années et a divorcé trois fois. Jill est sa nouvelle compagne et ils ont une fille.

 

Vu que j’ai « dû » me rabattre sur un livre d’occasion dans sa version originale, en Anglais, parue en 1993, j’aurais été incapable de donner une explication précise du SAS. Même si dès le début de son livre -très bien écrit- où Andy McNab nous raconte les préparatifs avant son départ en mission en Irak, il est évident que lui et « ses » 7 hommes sont beaucoup plus que des simples appelés que l’on envoie au front afin d’y effectuer leurs classes.

En 1990, en France, le service militaire était encore obligatoire. Et, deux ans plus tard, lors de mes classes à Beynes, dans un camp militaire semi-disciplinaire, tout appelé avait la possibilité de s’engager afin d’aller prendre part à la guerre en ex-Yougoslavie. La solde passait à 2000 francs par mois contre un peu plus de 500 francs pour l’appelé ordinaire que j’étais. Personne, parmi les appelés qui effectuaient leur service militaire comme moi, ne s’était porté volontaire. Nous ignorions tous l’affiche qui nous informait de cette possibilité quelque part près des douches collectives et froides en ce mois  de décembre 1992. Cela avait fait ricaner un caporal : 

 

«  Personne ne veut partir en Bosnie ?! ».

 

 

SAS ou Special Air Service signifie Forces spéciales des forces armées britanniques (source Wikipédia). Je m’y connais mal dans les différentes catégories d’armées mais pour avoir lu Bravo Two Zero et vu quelques films, je dirais qu’Andy McNab et « ses » 7 hommes sont bien chacun des équivalents de James Bond ou de Jason Bourne. Et davantage des Jason Bourne pour le côté réaliste comme pour, autant que possible, le fait de s’appliquer au maximum, à se fondre dans le décor et à ne pas laisser trop de traces de son passage. 

Si le personnage de Jason Bourne a des problèmes de mémoire et est poursuivi par son passé et son identité qu’il reconstitue avec le feu des affrontements, la mémoire fait dès le départ partie des armes et des stratégies de combat d’Andy McNab et de ses hommes pour cette mission en Irak qu’ils préparent avec autant de minutie que l’on manipule un explosif. D’autant que le but de leur mission est d’aller détruire des rampes de lancement de missiles SCUD irakiens dirigés vers des cibles stratégiques israéliennes.

 

Je parle des personnages de James Bond et de Jason Bourne pour que la lectrice ou le lecteur qui lira cet article puisse facilement situer le niveau poussé de formation militaire- l’élite- d’Andy McNab et de ses hommes. Mais il est possible que je sois encore  loin de la vérité en matière de réalisme :

 

Dans Bravo Two Zero, à plusieurs reprises, Andy McNab nous explique avec pédagogie que, souvent, au cinéma, on voit telle action de combat se dérouler d’une certaine façon, tout en « finesse » en quelque sorte. Alors que dans les faits, cela se passe très différemment. Et il nous explique très bien les faits. Tant d’un point de vue des préparatifs, de l’adaptation au terrain de la mission, de la fuite, puis lors de la période de captivité et de tortures par l’armée irakienne jusqu’à la fin de cette période de captivité. Après cette mission racontée dans Bravo Two Zero, Andy McNab a réalisé d’autres missions militaires. Depuis, il a raccroché et est devenu, à ce que j’ai pu lire, un auteur reconnu. Et je le crois facilement après avoir lu ce premier ouvrage de lui qui combine connaissance pratique et tactique du terrain, maitrise de la psychologie de combat, très bonne connaissance des armes, mais aussi de la physiologie du corps humain. Humour et qualité d’écriture sont aussi de la partie. Il y a donc plein d’atouts dans son récit.

 

Ma mauvaise conscience concernant le contenu de Bravo Two Zero  vient du fait qu’avec Andy McNab nous sommes, à nouveau, du côté des occidentaux et des vainqueurs dans cette guerre du Golfe. Bien-sûr, Saddam Hussein était un dictateur. Et, oui, il faut bien des hommes comme Andy McNab pour faire la guerre et la « gagner ». Et, oui, devant ce que nous raconte Andy McNab des séances de torture répétées qu’il a subis et du comportement de plusieurs de ses tortionnaires, notre empathie lui est très vite acquise. Et, à la façon d’un Patrick Declerck qui, dans New York Vertigo, se demande, lui qui s’estime si lâche et si mou, ce qu’il aurait fait le 22 décembre 2001 lors du vol Paris-Miami face au terroriste Richard Reid, je me pose évidemment la même question tant face au terroriste Richard Reid ( finalement, une hôtesse qui l’avait repéré prend l’initiative de lui sauter dessus puis d’autres personnes se joignent à elle pour le maitriser) qu’à la place d’Andy McNab et de ses hommes.

 

«  Mais en de semblables circonstances, qu’aurais-je fait moi ? Voilà ce à quoi je pense, assis dans mon fauteuil pour schtroumpfs ? » se demande Patrick Declerck, anthropologue, psychanalyste et écrivain, en 2012 ( page 45, de New York Vertigo).

 

 

Ma mauvaise conscience devant Bravo Two Zero provient du fait, qu’évidemment, j’aurais été incapable de partir volontairement en mission comme Andy McNab. Si j’en avais été capable ou si je l’avais souhaité, je me serais engagé pour partir « faire la guerre » en Bosnie fin 1992.

Malgré mon attachement à l’effort sportif, contrairement à un Patrick Declerck me semble-t’il, je m’entraîne à me résigner ce constat : les groupes et les troupes d’élite, que ce soit dans les armées, dans le civil, dans les forces de police du monde entier ou dans le privé, sont généralement constitués par des individus ( femmes, hommes comme animaux) aux capacités physiques et mentales hors-normes donc durement sélectionnés. Et durement formés. Même des personnes volontaires pour ce genre de vie et d’action échouent en cours de formation ou  parfois y décèdent. J-Pierre Roybon en parle un peu dans son livre Mes rêves avaient un goût de sel. ( Mes rêves avaient un goût de sel ).

 

 

Pour ces quelques raisons, critiquer depuis mon salon l’engagement militaire et personnel d’un Andy McNab, de ses hommes et de toutes celles et ceux qui leur ressemblent de par le monde me donne mauvaise conscience :

 

Je devrais soit me contenter de les remercier. Soit me taire. Ou les deux en même temps si c’est possible. Parce que ces hommes – et ces femmes- militaires, des forces de police, prennent des risques et meurent afin que je puisse tranquillement continuer ma petite vie civile et seulement me préoccuper de l’heure à laquelle mon bus ou mon train va arriver et si je vais pouvoir y trouver une place assise. Tandis que dans d’autres pays, c’est souvent la guerre, et les civils rasent les murs et les frontières, afin d’essayer de trouver une vie meilleure et plus calme, comme en France, dans d’autres pays occidentaux ou ailleurs.  

 

Sauf que des Irakiens civils comme militaires auxquels les occidentaux ont décidé de faire la guerre en 1990 rappellent eux aussi dans le livre d’Andy McNab qu’ils en ont assez que les occidentaux viennent leur voler leurs matières premières telles que le pétrole. Qu’ils en ont assez que les occidentaux tuent leurs femmes et leurs enfants lorsqu’ils refusent cette relation post coloniale qui leur est imposée. Et que Saddam Hussein, leur grand leader ou leur grand guide, va les sauver et redonner de la Grandeur à leur vie et à leur pays. En France, on a un parti politique et une pensée intellectuelle, tendance extrême droite, qui a grosso modo les mêmes propos depuis une bonne dizaine d’années ou davantage. Et les représentants de l’un comme l’autre passent facilement à la télé comme à la radio et sont bien rémunérés. Leurs livres, lorsqu’ils paraissent, se vendent plutôt bien et bénéficient d’une promotion plutôt favorable. Leurs armes de destruction massive sont leur présence permanente qui « veille » sur nos consciences ou rôde autour d’elles:

Par les patrouilles de leurs paroles, de leurs slogans, de leur image, de leur pouvoir intellectuel, politique et économique avec lesquels s’arrangent certains média, les autres classes politiques, d’autres personnes de pouvoir. Et ça passe. On vit et mange avec ça. On grandit avec ça. On élève nos enfants avec ça. Nous nous faisons coloniser mentalement par ces façons de penser. Lentement et sûrement.

Et on continue de pointer exclusivement du doigt les gens d’ailleurs, et celles et ceux qui, à nos yeux,  leur « ressemblent » car tout est de leur faute. Ils seraient apparus sur Terre tout seuls un beau jour :  Saddam Hussein, Khadafi, Ben Laden, leurs semblables,  l’intégrisme islamiste, les terroristes islamistes qu’il faut tous éliminer.

 

 «  Those pieces of shit ! » comme le dit Patrick Declerck dans New York Vertigo à une femme flic à la « poitrine ballon » qui aurait fait rêver le réalisateur Russ Meyer ( réalisateur pour lequel, j’ai aussi une grande sympathie lorsque je pense à ses films tels que Vixen ou Super Vixen par exemple).

Et la femme flic à la poitrine-ballon, le jour de la commémoration du 11 septembre 2001, en septembre 2012,  répond à Patrick Declerck : « Oh Yeah ! ».

Je comprends l’émotion de Patrick Declerck le jour de cette commémoration en 2012 surtout en présence de cette femme flic à la « poitrine ballon ». Un an plus tôt, mais en octobre, je m’étais par hasard retrouvé au même endroit. Et, subitement, toutes ces images que j’avais vues en boucle à la télé le 11 septembre 2001- j’étais au travail dans le service de pédopsychiatrie où je travaillais alors dans les Yvelines- m’ont « parlé ».

J’ai « entendu » les cris de certaines de ces personnes qui s’étaient jetées dans le vide et dont Patrick Declerck sait très bien parler dans son New York Vertigo. C’étaient évidemment des cris fantômes.

Durant mon enfance et mon adolescence, moi, le jeune antillais occidentalisé et influencé par la culture américaine dès sa naissance, j’avais idéalisé la ville de New-York puis m’en étais éloigné. Et lorsque je la découvrais véritablement en 2011, à 43 ans, avec celle qui, originaire de l’île de la Réunion, allait devenir ma femme, c’était plusieurs années après le 11 septembre 2001. Après l’ouragan Katrina à la Nouvelle Orléans. Après avoir connu, en 1990 en pleine guerre du Golfe, mon premier contrôle d’identité au faciès à la Défense, quartier où j’avais collecté des bons souvenirs depuis mon enfance jusqu’à  mon adolescence.  Si la couleur des souvenirs n’était pas contrôlée pendant la Guerre du Golfe, celle de ma peau l’a été. Peut-être aussi parce-que j’avais eu le tort vraisemblable d’être vêtu d’un survêtement.

 La femme d’environ une trentaine d’années,  blanche, vêtue d’un tailleur, chaussée de talons aiguilles, qui sortait comme moi du RER A à la Défense, et me précédait d’à peine deux mètres avait pu prendre l’escalator. Elle avait pu s’élever vers la surface sans supporter le moindre contrôle d’identité et peut-être, aussi, sans même soupçonner mon existence derrière elle. 

 

 

Peut-être que sans la Guerre du Golfe que raconte très bien Andy McNab dans son Bravo Two Zero et d’autres guerres importées par l’occident au Moyen-Orient et dans d’autres régions du monde au vingtième siècle mais aussi lors des siècles précédents, Patrick Declerck n’aurait pas écrit son New York Vertigo.  Mais il y aurait eu d’autres guerres. Pour Andy McNab et ses hommes, et tous les autres qui leur ressemblent, cela n’aurait rien changé. Ils y seraient allés. Parce qu’ils ont besoin de ces guerres :

Stan, originaire d’Afrique du Sud, un des « hommes » d’Andy McNab, était au départ étudiant en médecine. Il a mis un terme à sa carrière médicale pour s’enrôler dans le SAS.  

 

Dans Bravo Two Zero, Andy McNab peut bien rappeler que le Saddam Hussein idéalisé par plusieurs de ses tortionnaires est celui qui a fait gazer des enfants iraniens, à mon avis, il aurait de toute façon été volontaire pour sa mission en Irak même sans ça. Parce qu’il est des êtres humains « faits » pour la guerre militaire. Pour tuer. Même si McNab justifie son engagement militaire en écrivant à deux ou trois reprises qu’il est « payé pour ça ». Personne ne le paie, à la fin de Bravo Two Zero, pour nous apprendre que lui et ses 7 hommes ont abattu «  250 personnes » au cours de cette mission.

On est évidemment de son côté et du côté de ses hommes- et des autres soldats occidentaux- lorsqu’ils se font torturer (sur le sujet des tortures, Bravo Two Zero, se déroule sur une bonne centaine de pages) et humilier par des militaires irakiens. On peut aussi s’étonner du grand nombre de soldats irakiens présents lors de ces séances de torture et les voir comme des espèces de planqués très contents de leur avantage militaire sur leurs prisonniers désarmés, diminués, en infériorité numérique et blessés. Mais à part lorsqu’un soldat irakien  s’en prend  à Andy McNab, après la perte de son fils, celui-ci n’exprime aucune empathie pour les hommes, les femmes et les enfants irakiens qui ont subi cette guerre du Golfe. Donc, pour moi, autant que héros, Andy McNab, est aussi un psychopathe comme cela peut être compris grossièrement : seuls comptent son camp, sa vision, sa tribu. Sa mission. Les siens. Ses priorités. Par certains aspects, il me fait penser au personnage incarné par Sean Penn dans le film Mystic River réalisé en 2003 par Clint Eastwood ( un très bon film à propos duquel j’écrirai peut-être un jour).

Evidemment, c’est parce-qu’il est celui qu’il est qu’Andy McNab a été un très bon soldat et un héros et, encore mieux, un survivant. Evidemment, en cas de conflit, d’agression, ou dans un environnement hostile et inconnu,  il vaut mieux être avec un Andy McNab qu’avec un bisounours ou un binoclard intellectuel prétentieux comme moi qui sera tétanisé, invalide, et demandera très vite où se trouvent le coin toilettes et aussi quand le film se termine.

 

Mais il est donné à une minorité de personnes de compter parmi ses proches un Andy McNab ou de pouvoir, le moment venu, lui ressembler. C’est autant une mauvaise nouvelle qu’une bonne nouvelle. Le Ying et le Yang. Ni tout noir ni tout blanc. Avant d’y être, personne ne peut véritablement savoir de quoi il est véritablement fait et de quoi il est capable. Et combien de temps. Femme, homme. Adolescent(e) ou enfant.

 

Surtout, qu’un des autres points forts de Bravo Two Zero, malgré mes réserves, est qu’Andy McNab ne roule pas des mécaniques. Lorsqu’il a peur, il l’écrit sans réserve. Et cela arrive plus d’une fois lors de la période des tortures. «  Fear was everything ». Lorsqu’il doute, il l’écrit aussi de bout en bout. Pour cela aussi, son ton trancherait avec le récit de Chris Ryan, un de « ses » hommes lors de cette mission. Je n’ai pas encore lu le récit de Chris Ryan. Je lirai d’autres livres d’Andy McNab. Avoir lu Bravo Two Zero en Anglais, malgré mes limites linguistiques par moments, a sûrement été un plus.

 

Franck Unimon, ce mardi 7 janvier 2020. 

 

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Rentrée des classes

 

                                                    Rentrée des classes

La rentrée des classes s’est bien passée ce matin. Il y avait du givre sur le pare-brise de certaines voitures. Il faisait plus froid que ce à quoi je m’attendais.

 

Nous sommes arrivés avec environ cinq minutes d’avance. D’autres parents, une majorité de mamans, étaient déjà présents.

 

Hébété devant l’école, et sûrement aussi par mes pensées alors que je regardais ma fille s’éloigner dans la cour, je n’ai pas tout de suite entendu lorsque la maman d’une des copines de ma fille m’a salué et souhaité «  Bonne année ! ». La petite était également là, souriante. J’ai remercié la maman et lui ai aussi adressé les mêmes vœux. J’avais oublié ce rituel social auquel je suis pourtant attaché.

 

C’est également par surprise que la maitresse de ma fille m’a en quelque sorte adressé ses meilleurs vœux. Je voulais juste lui dire bonjour et, comme elle avait eu quelques mots pour ma fille venue à sa rencontre, m’assurer que tout allait bien. Et puis, devant moi, avec son sourire et son attention amplifiées, à en être illuminée, j’ai compris que mes quelques mots de politesse étaient pour elle une extraordinaire source d’encouragement et de sympathie. C’était le premier jour de la rentrée des classes, ce lundi 6 janvier 2020, après les vacances de Noël, et, déjà, par son attitude, la maitresse de ma fille signalait qu’elle était présente au poste et prête à repartir à l’assaut de l’enseignement avec le sourire. Quelles que soient les difficultés ! Quel que soit le mal infligé et refait à l’école publique !

 

Je me suis tu. Je me suis contenté d’acquiescer en souriant. Et de partir. En rentrant, j’ai retrouvé la longue file de voitures qui attendait au feu rouge en bas de chez nous. Et j’ai vu filer sur la gauche vers le feu, en short, casque et sac à dos, sur son vélo, un homme noir qui partait sans doute au travail.

 

 

J’avais prévu d’écrire la troisième partie ( Crédibilité 2 )  de Crédibilité : A L’assaut des Pyrénées   tout en me demandant si cela aurait un intérêt particulier pour d’autres. Il a suffi de cette rentrée de classe de tout à l’heure pour que j’opte de parler d’abord du livre New York Vertigo  de Patrick Declerck que j’ai pris le temps de terminer hier soir avant de me coucher.

Ce qui venait de se passer en ramenant ma fille à l’école m’avait peut-être donné ma réponse devant son pessimisme envers l’Humanité ( «  L’espèce est pourrie ») qu’il justifiait- à nouveau- simplement et magistralement dans les 120 petites pages de son dernier ouvrage à ce jour.

 

 

 

Avant de lire New York Vertigo  paru en 2018 que j’avais acheté sans doute à sa sortie, j’avais lu quelques commentaires sur le net sur plusieurs de ses livres. Le dithyrambe côtoyait le sarcasme et la menace fantôme.

 

 

Patrick Declerck fait partie des personnalités que j’ai très vite pensé interviewer pour mon blog balistiqueduquotidien.com. Mais je me suis aussi rapidement dit qu’avant d’essayer de le faire, qu’il faudrait d’abord que mon blog ait du fond. Et, du fond, pour moi, cela peut-être autant bien étudier l’œuvre et la vie de la personne que l’on souhaite interviewer que, soi-même, poser sur la table une partie de son bagage personnel qui va donner envie à la personne interviewé(e) de nous rencontrer et de se livrer. Beaucoup trop d’interviews voire de rencontres se résument à un échange de balles de ping-pong, où, d’un côté, une personne répond à des  demandes et à des sollicitations formulées par des centaines ou des milliers d’anonymes, qui, dans les grandes lignes, malgré toute leur sincérité et leurs efforts d’originalité, restent des stéréotypes. Cet échange, plutôt qu’une rencontre, se limite donc souvent à une fonction promotionnelle. Si toute campagne de promotion compte pour la réussite de nos projets (pour être embauché quelque part ou pour aborder et séduire une personne qui nous plait, il faut bien d’abord commencer par réussir sa promotion personnelle) les véritables rencontres, pour s’établir, et durer, ont besoin de plus que des compliments, des promesses et des sourires.  Mais, bien-sûr, tout est affaire de moment, de tempérament et de priorité : certaines personnes préfèrent privilégier, en toutes circonstances, leur promotion et leur satisfaction personnelle. D’autres, peut-être par ignorance ou par faiblesse, vont chercher à bâtir des rencontres. Y compris, parfois, dans les pires conditions.

 

 

Patrick Declerck avait pu faire « parler » de lui en 2001 avec son livre Les Naufragés de la terre- avec les clochards de Paris. Psychanalyste et anthropologue, il consacrait alors une grosse partie de son temps à la question des SDF. Il a écrit d’autres livres :

Garanti sans moraline, Socrate dans la nuit, ou Crâne sur son intervention chirurgicale, alors qu’il était éveillé, pour exfiltrer une tumeur.

 

New York Vertigo est le seul livre que j’ai lu de lui. Les Naufragés de la terre et Garanti sans moraline sont pourtant dans ma bibliothèque depuis des années. Plus de dix ans en ce qui concerne son livre Les Naufragés de la terre. Depuis, sur le sujet des SDF, un médecin-psychiatre spécialisé dans le traitement des addictions m’a conseillé l’ouvrage De la précarité sociale à l’auto-exclusion : une conférence debat écrit par Jean Furtos. Je l’ai aussi acheté mais je ne l’ai pas encore lu.

 

 

«  C’est trop tard ! » avait dit Patrick Declerck. 

 

 

Ce jour-là, Patrick Declerck, grand et massif, avait mis dans le magnétoscope une cassette VHS. Sur le téléviseur, avec lui, nous avions découvert un entretien. Un SDF était interviewé par quelqu’un. Sitôt l’interview lancée, Patrick Declerck s’était installé par terre, devant le téléviseur, nous tournant pratiquement le dos. Déjà crâne rasé, Il portait un long manteau en laine épaisse de couleur sombre. Sortant un calepin, il avait commencé à prendre des notes. C’était la première fois que je voyais ça. C’était sûrement la première fois que nous voyions, tous, quel que soit notre âge un des intervenants venant nous faire cours avoir ce genre de comportement. Ordinairement, tous les autres intervenants nous faisaient cours en nous faisant face. La plupart du temps, assis sur une chaise ou debout.

 

C’était il y a trente ans. Peut-être un peu plus. Et nous étions une vingtaine d’élèves-infirmiers (âgés de 18-19 ans à 30 ans) avec lui dans la salle de cours de l’hôpital de Nanterre qui s’appelait encore la Maison de Nanterre et qui était une ancienne prison pour femmes à ce que m’avait dit ma mère. La Maison de Nanterre, où ma mère et deux de mes tantes ont travaillé comme femmes de ménage (ASH) puis comme aides-soignantes, a longtemps été sous la tutelle de la Préfecture de Paris. Je l’ai connue dès mon enfance avec ses SDF stationnés à l’arrêt du bus 304 mais aussi avec ses SDF devenus « résidents » permanents à l’hôpital. Avec son pain qui était fait sur place et auquel nous avions droit pendant des années alors que ma mère y travaillait.

 

 

«  C’est trop tard ! ».

 

 

 

C’était trop tard selon Patrick Declerck parce-que l’intervieweur avait trop attendu pour poser au SDF la bonne question.

 

Il me reste peu de souvenirs du contenu du cours de Patrick Declerck. Je crois l’avoir recroisé ensuite, ou avant,  lors de mon stage de quelques semaines au CASH dirigé alors par le Dr Patrick Henry et qui proposait des soins, une consultation sociale et un hébergement aux SDF qui le souhaitaient. Je me rappelle que la majorité des SDF rencontrés, transportés depuis Paris dans des bus de la RATP, préféraient retourner à la rue. Et aussi que l’un d’entre eux qui portait des lunettes, d’origine vietnamienne pour moitié, avait à son poignet une montre à aiguilles de grande valeur. Cet homme « présentait » plutôt bien. Il n’avait rien du pochtron ambulant. Il n’était pas- encore- marqué physiquement par l’alcool ou par la vie dans la rue. J’avais alors entre 19 et 21 ans et avant ces études d’infirmier, je venais du lycée, Bac B, option Economie.  

 

 

Maintenant, et, depuis des années, pour Patrick Declerck, «  l’espèce (humaine) est pourrie ». Il ne parle pas des SDF. Je sais qu’il a écrit «  Je les hais autant que je les aime ». Je sais aussi qu’il dit préférer leur proximité et celle de bien des marginaux à celle de tant de personnes bien propres sur elles. Son humour noir à la Cioran ou à la Pierre Desproges est une carie morale pour d’autres. Trop de pessimisme et de cynisme dépriment et découragent. La princesse Leïa le rappelle dans le dernier Star Wars épisode IX : l’Ascension de Skylwalker de J.J Abrams, film où mon passage préféré est celui sur l’étoile morte.

Bien des survivalistes affirmeront sûrement aussi que pour s’en sortir, garder le moral fait partie des conditions nécessaires. Par l’humour, par l’art, par toute activité et récréation morale, intellectuelle, spirituelle ou physique qui permet de maintenir tout élan vital et toute forme d’espoir.

Mais avec son aplomb, son expérience de professionnel de terrain underground et sa culture de phacochère, les arguments de Patrick Declerck nous encornent plusieurs fois. Et, à ce jour, je ne connais pas de matador, qui, dans l’arène ou dans la jungle, se soit présenté face à un rhinocéros.

 

 

La Religion ? «  Une illusion pleine d’avenir » selon Freud, son maitre à penser. Et dans son New York Vertigo, Patrick Declerck, à travers le 11 septembre 2001, nous reparle, précisément et techniquement, voire de façon balistique, des attentats islamistes.

De mon côté, même s’il est parfaitement autonome, je peux l’aider question religion en tant qu «  illusion pleine d’avenir ».

Ce week-end, alors que j’écrivais Crédibilité 2,  ma compagne m’a appris « l’histoire » de « Madame Desbassayns » ou Marie Anne Thérèse Ombline Desbassayns née Gonneau-Montbrun de l’île de la Réunion.

 

Riche héritière, cette demoiselle Gonneau-Montbrun, en devenant la femme de « Monsieur Desbassayns », est ensuite devenue, une fois veuve, «  une grande propriétaire foncière de l’île de la Réunion ». Grâce aussi à ses esclaves.

 

Selon le site wikipédia, on peut lire que son image est controversée à la Réunion.

Elle aurait été une féroce esclavagiste. Pourtant «  Dès le XIXème siècle, ses invités et ses proches politiques la couvrent d’éloges. Le gouverneur Milius la surnomme même «  la seconde providence ». Et, toujours sur le site wikipédia, on peut lire que «  Madame Desbassayns » était «  d’une ferveur religieuse intense ».  Mais aussi qu’elle a connu le privilège supplémentaire de décéder (à 91 ans !) deux ans avant l’abolition de l’esclavage à la Réunion ainsi qu’aux Antilles. En lisant ça, comme Patrick Declerck, je me suis aussi dit que «  la religion est une illusion pleine d’avenir » et que «  l’espèce (humaine) est pourrie ».

 

Je crois que la religion ou internet sont, j’allais dire, de très bonnes inventions. Et que la science, aussi, permet de très bonnes inventions. Mais qu’ensuite, malheureusement, ça tourne mal car ce qui fait la différence, c’est ce que l’on en fait. Ce qui fait la différence, c’est nos intentions lorsque l’on dispose de tels instruments de pouvoir et de contrôle.

 

 

«  Pouvoir et contrôle » sont les deux carburants, les deux aimants, du tueur en série m’avait en quelque sorte résumé un jour Stéphane Bourgoin, spécialiste des tueurs en série. Mais, contrairement à des chefs religieux, à des industriels ou à des hommes politiques, les tueurs en série sont généralement privés de projets pour le monde et la société. Pour ce que j’ai compris des tueurs en série, leur priorité est leur « petite » entreprise de destruction qui a déjà suffisamment de répercussions douloureuses sur leurs victimes et leurs proches.

 

Les chefs religieux, les industriels et les hommes politiques, eux, prévoient leurs projets sur une grande échelle : une échelle de masse. Et ça marche. Ça a marché et ça marchera encore, nous affirme Patrick Declerck dans son New York Vertigo. Et on est obligé de le croire. Car on « sait » qu’il a des arguments. Et les quelques uns dont il nous fait l’obole dans son livre sont intraitables et incurables.

 

Patrick Declerck, homme de connaissances autant que d’expériences de l’être humain, me fait penser à des personnalités comme les avocats Jacques Verges (qui était réunionnais) et Eric Dupont-Moretti. Des personnes qui, à un moment de leur vie, me donnent l’impression d’avoir vécu l’expérience «  de trop » qui les a déroutés de manière définitive de certaines illusions concernant l’espèce humaine. Peut-être que mes comparaisons sont mauvaises et que cela me sera reproché par les deux vivants qui restent (Declerck et Dupont-Moretti) par leurs détracteurs, par leurs proches ou  leurs admirateurs.

 

« L’espèce humaine est pourrie ». Et, pourtant, j’aimerais savoir, si un jour je rencontre Patrick Declerck et Eric Dupont-Moretti, ce qui les maintient encore en vie. Et dans le plaisir. J’imagine facilement Patrick Declerck me répondre laconiquement qu’il lui manque tout simplement le courage de se suicider. Ou qu’il cultive une sorte de léthargie et de jouissance morbide, sorte de protubérance parallèle à sa conscience, à être témoin de cette « débauche générale ».

 

Et puis, j’ai emmené ma fille à l’école tout à l’heure. Puis, je suis revenu de l’école.

 

 

 

Dans New-York Vertigo, Patrick Declerck se moque aussi, étude clinique à l’appui, du président américain actuel, Donald Trump et «  l’exhorte » à appuyer sur le bouton rouge car il y aura bientôt dix milliards d’êtres humains en 2050. Soit dix milliards de représentants de cette espèce, notre espèce, qui détruit la planète, tue, viole, massacre.

 

L’humour du désespoir.

 

Si Patrick Declerck avait écrit son livre ce mois-ci, il aurait sûrement parlé de la fuite récente, méprisable et cocasse du Japon de Carlos Ghosn, PDG de Renault-Nissan, alors qu’il était libéré sous caution en attente de son jugement là-bas. Pendant ce temps-là, en France, le gouvernement Macron-Philippe manœuvre pour détruire la résistance sociale. Oui, «  l’espèce est pourrie ».

 

 

Il y aura donc dix milliards d’êtres humains sur Terre en 2050. Et la Chine sera peut-être alors la Première Puissance mondiale incontestée. Pour l’instant, les Etats-Unis sont encore cette Première Puissance mondiale. S’il y a encore une Terre dans trente ans. S’il y a encore des êtres humains vivants sur Terre dans trente ans. Si je suis aussi obsédé par la Chine depuis quelques temps, c’est parce-que j’ai perdu ce regard fasciné et sentimental que je pouvais avoir avant sur la Chine et sa culture. Si la culture de la Chine existe bien-sûr et est aussi admirable que bien d’autres cultures, je perçois aujourd’hui davantage ce que la Chine recèle comme capitalisme et régime politique et social effrayants.

 

Pourtant, je crois ça : face à ces horreurs dont est capable l’être humain, les enfants sont les champions du moment présent. Nous, les adultes, à force d’extrapoler, de penser au passé et à ce qui pourrait arriver de pire, nous en arrivons à détruire notre propre présent. Parce- que nous nous faisons déformer et tabasser en permanence dès notre enfance. Et même avant. Parce-que c’est un combat titanesque que de sauvegarder, quotidiennement, une once d’enfance saine en soi et de lui éviter la spéculation financière et commerciale comme la benne à ordures. Et qu’une fois adultes, il arrive que nous perdions ce combat titanesque. Aucun adulte ne peut s’exclamer, comme quelques rares boxeurs, qu’il compte uniquement des victoires dans son parcours personnel.

 

Et je crois aussi que si nous continuons à vivre, à faire des enfants, à nous multiplier sur la Terre, malgré tous les signaux alarmants qui proviennent de nos propres comportements, c’est parce qu’il existe une raison- qui nous dépasse- qui fait de nous des êtres doués pour la vie quelles que soient les conditions.

 

Ce qui est très difficile à accepter pour l’être humain d’aujourd’hui, c’est le tri sélectif.

 

Malgré ou à cause de toute sa science, de toute son érudition, de toutes ses solutions, l’être humain voudrait pouvoir décider de tout et avoir le choix absolu. Or, il doit continuer d’apprendre que ses possibilités de choix et de libertés restent fugaces, volatiles, imprécises et limitées.  Qu’il suffit parfois d’une rue, d’une décimale, d’une seconde, d’une virgule, d’un regard, d’un mot, pour qu’un tri s’impose à lui  violemment.

A ses choix,  à sa vie ou à celles et ceux de ses voisins et de ses proches. Et, cela,  selon des critères pour lesquels, rien ni personne ne lui demandera son avis.  Notre vie moderne nous fait oublier constamment cet enseignement : nous sommes des corps soumis à un tri plutôt que des fantômes et cela a un prix.

 

Ce prix peut être insupportable. Car nous croyons en cette illusion que, forts de nos savoirs, de nos connaissances et de notre puissance, que nous pouvons décider de ce prix ou le négocier. Parce-que, d’une certaine façon, nous nous croyons éternels ou irremplaçables sur Terre. Et, ça, c’est aussi une sacrée illusion humaine pleine d’avenir. Contre ça, crier et pleurer peut peut-être soulager pendant quelques temps. Puis, il faudra vivre, si on le peut, parce-que c’est tout ce qui nous restera.

 

 

Franck Unimon, ce lundi 6 janvier 2020.

 

 

 

 

 

 

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Crédibilité 2

 

Certaines personnes sont payées pour tuer et en sont fières. Le personnel infirmier est généralement payé pour s’exécuter.

 

J’écris et je pense parce que je ne peux pas m’en passer. Mais mes moyens sont limités. L’envie, la bonne volonté, le travail, l’humour- noir- et le sens du devoir peuvent être insuffisants pour convaincre.

En certaines circonstances, ces dispositions pourraient même empêcher de convaincre.

 

 

Les deux premières banques mondiales sont chinoises. La troisième est HSBC, une banque britannique, avant que le Brexit devienne bientôt effectif. Je l’ai appris par notre future conseillère bancaire qui a travaillé une dizaine d’années à HSBC. J’aurais probablement pu l’apprendre par moi-même en lisant un journal comme Les Echos par exemple ou un site qui parle d’économie. Mais ce genre d’informations me passe souvent au dessus de la tête. Je fais partie de toutes ces personnes qui ignorent à quel point les changements et les évolutions dans le monde de l’économie et de la finance ont une conséquence directe à court et moyen terme sur ma propre vie. Au lycée, j’avais pourtant suivi des cours d’économie. Et, dans ma propre vie, je connais et  ai pourtant plusieurs fois rencontré et croisé des gens qui l’avaient très bien et très tôt compris. Au point de décider d’en faire un métier et/ou une priorité. Mais je suis aussi le passager de mes alarmes personnelles. Et une fois que ces alarmes m’ont estimé à l’abri en termes de sécurité de l’emploi, de satisfaction au travail, et de salaire pour subvenir à mes « besoins », une fois adulte célibataire parti de chez de ses parents, ces alarmes se sont tues. Pendant des années. Et je suis dans l’impossibilité d’affirmer si cet article est une alarme que je m’adresse à moi-même.

 

 

Pendant ce premier rendez-vous avec notre future conseillère bancaire, une femme d’une cinquantaine d’années, celle-ci avait voulu savoir ce que nous attendions d’une banque. Et si ma compagne et moi étions le genre de clients qui exigent un contact et une réponse rapides par mail ou par sms et capables de quitter une banque au bout d’un ou deux ans sitôt qu’ils ont trouvé de meilleures conditions bancaires ailleurs. C’était la première fois pour ma part qu’une conseillère bancaire m’entreprenait de cette manière.

« Notre » autre conseillère bancaire dans cette agence que nous allons quitter est une femme d’à peine une trentaine d’années, arrivée à l’agence il y a bientôt deux ans, avec laquelle notre relation est lapidaire. J’ai toujours eu l’impression d’être un dossier, une fonction, un protocole ou un chiffre bas lors de nos quelques « contacts » que ce soit en direct ou par mail. Et, même de cette façon, ses compétences en termes de « conseil » me semblent assez insolites. Elles pourraient peut-être inspirer une étude comportementale ou ethnographique.

 

Ma compagne et moi avons un compte commun depuis sept ans dans cette banque que nous allons quitter. Cette banque nous avait fait la meilleure offre pour un prêt immobilier destiné à durer vingt ans à l’origine. Le prêt immobilier classique du couple qui se forme, s’officialise, décide de faire vie commune et d’avoir un enfant. J’écris que c’est le « prêt immobilier classique » en essayant de me mettre à la place du conseiller bancaire voire de l’agent immobilier lambda qui prendrait connaissance notre projet.

 

Depuis la création de notre compte commun dans cette banque il y a bientôt sept ans, nous avons eu trois conseillers bancaires. L’actuelle conseillère est la troisième. A part peut-être la première conseillère bancaire qui nous avait « obtenu » notre prêt bancaire, le second conseiller, avec lequel les relations étaient correctes et qui faisait montre d’une compétence franche et tranquille, avait quitté l’agence sans nous en informer.

 

Je suis dans cette banque que nous allons quitter depuis 1987. Nous allons la quitter parce qu’en passant par une femme courtier recommandée par un couple d’amis, « notre » nouvelle banque va nous permettre de gagner un an sur notre prêt immobilier. Bien-sûr, au préalable, j’avais à nouveau sollicité notre banque actuelle. De par le passé, j’avais pu obtenir une renégociation de notre prêt immobilier. Pas cette fois.

 

L’homme le plus riche du monde s’appelle encore Jeff Bezos et il est Américain. C’est le PDG du site de vente en ligne, Amazon. Pendant quelques heures ou quelques jours, un Français (Pinault ou Arnault, je les confonds et je n’ai même pas envie de vérifier la bonne orthographe de leur nom de famille) a été l’homme le plus riche du monde. C’était son ambition suprême dans sa vie, alors: devenir l’homme le plus riche du monde.  C’est peut-être encore sa plus grande ambition. Devenir le plus grand Picsou de la terre.

 

Pinault ou Arnault (que je « sais » être deux ennemis jurés) a aujourd’hui  été « rétrogradé » à la troisième place de l’homme le plus riche du monde derrière Jeff Bezos et Bill Gates. Bill Gates, également américain, est devenu également riche grâce à la forte croissance ces vingt ou trente dernières années de l’industrie et de l’économie numérique.

 

La richesse de ces trois hommes se compte en milliards d’euros ou de dollars. Celles et ceux qui les « suivent » dans ce classement des plus riches du monde, aussi. Leur niveau de « richesse » et de puissance dépasse mon entendement. En terme de salaire, lorsque je commence à penser à une somme de 4000 à 4500 euros par mois, environ, je perds un peu « pied » :

Je ne sais pas ce que cela ferait de « toucher » autant d’argent. Je « sais » et m’imagine qu’en gagnant autant d’argent -et plus- que l’on peut « accéder » à certaines expériences particulières et que l’on peut aussi « acquérir » d’autres objets plus chers et aussi habiter dans de meilleurs quartiers. Bénéficier, quand ça se passe bien, de meilleurs conseils – pour soi comme pour les siens- dans différents domaines.

Je « sais » qu’il y a un certain nombre de personnes riches qui gagnent bien plus que 4000 euros par mois que ce soit par des moyens légaux ou illégaux. Mais, pour moi, actuellement, en France, ce samedi 4 janvier 2020, si l’on venait m’apprendre- ça n’arrivera pas- qu’à partir de maintenant, je toucherais 4000 euros au minimum tous les mois, j’aurais besoin d’un peu de temps pour bien saisir. Aujourd’hui, ce samedi 4 janvier 2020, si je cherche, en faisant un certain effort, je crois que je peux compter sur les doigts de mes mains, le nombre de personnes, parmi mes proches, que j’estime ou imagine toucher 4000 euros au minimum tous les mois. C’est ce que j’imagine. Ces personnes ne me le diront pas. Je ne le leur demanderai pas. Et ça me va très bien comme ça.

 

 

«  Vous savez combien gagne une infirmière ? » demande  une infirmière hilare et saoule, agenouillée près de lui, au flic ripoux qui vient de se réveiller dans le dernier film du Japonais Takashi Miike : First Love. Le Dernier Yakuza.

J’ai vu le film hier. Après Cats réalisé par Tom Hooper. Après avoir vu la veille, Star Wars, épisode IX : l’Ascension Skylwalker, réalisé par J.J Abrams.

 

J’aurais pu répondre – gratuitement- à l’infirmière du dernier film- très féministe- de Takashi Miike mais elle ne m’aurait pas entendu. Et les spectateurs dans la salle (j’ai été surpris qu’il y ait autant de femmes) auraient été surpris.

Il y a quelques jours, une de mes collègues m’a appris qu’une de nos collègues plus jeune, diplômée depuis dix ans, touche 1600 ou 1700 euros par mois. Une autre, diplômée depuis cinq ou six ans : 1500 euros.

Comme j’en parlais déjà un peu dans la première partie de cet article ( Crédibilité ) pour lequel je n’avais pas prévu de suite, il est des heures de travail qui tardent à être payées par notre hôpital employeur :

 

Des heure de travail effectuées durant les week-end ou en heures supplémentaires.

 

Notre collègue qui fait fonction de cadre-infirmier a appris à une de mes collègues qu’il en était pour l’instant à devoir solliciter à nouveau l’administration de notre hôpital pour qu’elle paie des heures de travail supplémentaires effectuées en aout de l’année dernière. Cela fait donc deux ou trois mois, facilement, dans notre service que nous sommes plusieurs à voir notre salaire amputé chaque mois de cent à trois cents euros en moyenne.

 

A cela s’ajoute la grève des transports en commun ( Jours de grève ) en région parisienne depuis ce 5 décembre pour protester contre la réforme de la retraite telle que tient à la faire le gouvernement Macron-Philippe : une « retraite universelle », « pareille » pour « tous » quel que soit le type de travail que l’on aura effectué si j’ai bien compris. Désormais, on parle bien plus de la grève des transports dans les média et entre nous que du mouvement des gilets jaunes qui a débuté il y a plus d’un an.

 

Le gouvernement actuel Macron-Philippe (Emmanuel Macron, pour le Président de la République/ Edouard Philippe, pour le Premier Ministre), comme d’autres gouvernements avant eux, entend à la fois repousser l’âge du départ à la retraite mais aussi, avec sa « retraite universelle », éliminer les avantages dont disposent certaines professions concernant l’âge de départ à la retraite. Ainsi que la façon dont est calculée le montant des pensions de retraite. Ce serait selon eux ( Macron et Philippe) une retraite plus « juste ».

 

Si on est infirmier en catégorie B, en catégorie  » active » , on pouvait auparavant partir à la retraite, si on le souhaitait, à partir de 57 ou 59 ans, à condition d’avoir accompli un certain nombre de trimestres travaillés (180 ?). Cet âge de départ à la retraite a été repoussé ou va l’être à 62 ans. Puis, à 63 ou 64 ans. Si l’on est infirmier en catégorie A, en catégorie « sédentaire », ce qui est le cas pour tout (es) les jeunes infirmier(es) diplômé(es) ou pour celles et ceux qui avaient choisi d’être dans cette catégorie, le départ à la retraite est plutôt prévu pour…67 ans.

Chaque métier a ses contraintes et ses pénibilités spécifiques. Je n’aimerais pas être caissier, manutentionnaire, ouvrier sur un chantier ou policier comme « agent de la paix » dans la rue depuis vingt ans.

 

Le métier d’infirmier consiste à manger de la souffrance et de la violence en permanence lors de nos heures de travail.  Qu’est-ce que tu manges ? De l’avocat ? Non, des angoisses de mort dont la date de péremption est illisible.

Et toi ? Moi ?  Juste une petite guimauve paranoïaque incestueuse récidiviste. 

 

Dans les offres de poste d’infirmier en psychiatrie , il est fréquent de lire les mises en garde suivantes:

 » Risque d’agression physique et verbale lors d’un contact avec certains patients en situation de crise et d’agitation et/ou des familles en état d’agressivité.

Risque de contamination par contact avec des virus lors de la manipulation du matériel souillé (piqûre, coupure, projection, griffures, morsures….)

Risque de contamination parasitaire du fait des soins quotidiens auprès des patients ( poux, gale…)

Développement de troubles musculo-squelettiques ( TMS) par non-respect ou méconnaissance des manutentions, gestes ou postures…. » 

 

 

 

En retranscrivant partiellement et en relisant cette offre d’emploi récente ( novembre 2019) sur laquelle je suis tombé hier, j’ai l’impression de lire l’affiche d’un film d’horreur à l’entrée d’une centrale nucléaire, d’un lieu d’expérimentations médicales ou de tout autre lieu dangereux. On pourrait presque exiger de notre part de signer une décharge lorsque l’on accepte d’aller travailler dans ce genre de service.  On a l’impression que les infirmières et les infirmiers qui s’aventurent dans ces endroits sont des intrépides aguerris. Or, la raison principale, à  l’hôpital et en clinique, du métier d’infirmier consiste à assurer une présence et une compétence tous les jours et toutes les nuits au cours de l’année, jours fériés inclus.

Pour cela, je considère que ce métier devrait, comme pour une carrière militaire auparavant, faire partie de ces professions où après 15 ou 20 ans de service, la professionnelle ou le professionnel  qui le souhaite peut prendre sa retraite et être aidé(e) à une reconversion professionnelle.

Depuis trente ans, je lis et entends dire que la « durée de vie d’un infirmier » serait de 6 ou de 7 ans. Je ne sais toujours pas d’où vient ce chiffre, à quoi il correspond et ce qu’il veut dire. J’en ai encore discuté avec des collègues il y a quelques mois. Certains m’ont dit connaître ou avoir connu des infirmiers qui avaient changé de profession. En trente ans, la majorité des personnes que j’ai connues infirmières, si elles sont encore en activité- et vivantes- aujourd’hui, le sont toujours….

 

Le dernier film de Takashi Miike, First Love. Le Dernier Yakuza est au moins une critique du conservatisme de la société japonaise. Le gouvernement Macron-Philippe, et d’autres avant eux, et celles et ceux qui exécutent leurs décisions, sont aussi faits d’un certain conservatisme en ce qui concerne, au moins, la retraite et la profession infirmière. Mais il y a trente ans, un Emmanuel Macron et un Edouard Philippe, même s’ils en avaient peut-être déjà l’ambition, étaient très loin du Pouvoir qu’ils ont aujourd’hui. Il y a au moins trente ans, puis, année après année, car suffisamment rassuré, rassasié  et entouré par d’autres priorités, je m’en suis laissé conter dans certains domaines sans entrevoir le reste. Pendant ce temps-là, d’autres, formés, auto-didactes et payés pour ça, inventaient de grands projets pour le monde et la société.

 

En 2002 ou 2003, comme mes collègues dans mon service d’alors,  nous avons vu partir « Georgette » à la retraite, notre cadre-infirmière, avant ses 60 ans : Ce qu’elle avait vu se profiler pour l’avenir de la profession l’avait décidée à prendre sa retraite. Cela restait pour moi abstrait. Georgette a vingt ans de plus que moi. Et je garde de son pot de départ plutôt le souvenir d’une grande et très agréable fête dans un jardin d’un des services de l’hôpital qui m’employait alors.

 

Cinq ans plus tard, dans un autre service et dans un autre hôpital, j’étais à nouveau présent lors du pot de départ de notre cadre-infirmier. La soixantaine et également en bonne santé, G…  dans son discours, avait dit être embarrassé. A la fois, il savait  partir au bon moment car que ce qui se dessinait comme conditions de travail à l’hôpital était très sombre. Mais  nous, avait-il ajouté, nous restions-là.

 

Il y a bientôt cinq ans maintenant, dans mon service actuel, notre cadre sup infirmière partait, elle, à la retraite, en affirmant à des collègues : «  Protégez-vous ! ». Elle ne parlait ni du Sida, ni du réchauffement climatique, ni du terrorisme islamiste ou de la catastrophe de Fukushima. Elle parlait des projets futurs pour le service et l’hôpital.

Popeyette, une de mes anciennes collègues infirmières, d’un précédent service, aujourd’hui à la retraite, ne me parlait pas non plus de Fukushima ou des attentats terroristes lorsqu’elle m’a affirmé:

 

« Si tu peux, change de métier ! ».

 

De son côté, Milotchka, ancienne collègue retraitée, et amie, veuve de l’ami Scapin décédé d’un cancer deux ou trois ans avant sa retraite, a été obligée de continuer de travailler en tant qu’infirmière pour des raisons financières. Elle semble plutôt bien s’ y faire.

 

Dans mon service, la grève des transports en commun depuis le 5 décembre, a contraint certaines et certains à rester chez eux. Ou à s’adapter. Plusieurs sont venus et viennent à vélo, en trottinette, en voiture,  en bus  quand il y en a, à pied depuis une gare ou une station de métro stratégique lorsqu’y circule un engin roulant et habilité à transporter des passagers.

 

 

 

Cette semaine, une de nos collègues est arrivée dans le service plusieurs jours de suite à 5h30. Elle commençait à 6h45. Le dernier jour de la semaine, pour venir au travail, elle a fini par prendre un UBER. Coût de la course : 29 euros. «  Les prix ont baissé » lui a dit une de nos collègues.

Une autre collègue nous a parlé d’une application, blabla line,  qui permet le covoiturage. Le conducteur est rétribué par la région d’île de France.

 

 

L’allocution présidentielle d’Emmanuel Macron était visiblement attendue à la fin de l’année ou au début de l’année. Je l’ai appris il y a quelques jours au travail, en discutant avec deux jeunes hospitalisées et scolarisées. L’une d’elle a expliqué qu’Emmanuel Macron s’était dit décidé à faire appliquer cette réforme des retraites. Une autre a dit qu’il s’était exprimé comme celui qui «  va faire le bien de tous même si tout le monde l’ignore ».

Je me suis abstenu d’ajouter que j’avais lu ailleurs que le projet sous-jacent du gouvernement Macron/Philippe était d’offrir au secteur privé des assurances le marché juteux des retraites complémentaires. Car même si soigner- et éduquer- est aussi souvent un engagement politique, même si on l’envisage autrement, il y a des limites à ce que l’on peut dire et expliquer à des patients.

 

Par contre, je peux écrire dans cet article que « l’admiration » souvent portée au personnel infirmier est un sentiment très différent de celui du «  respect ».

 

Dans notre pays et dans notre culture, en France, quoiqu’on en dise, on respecte en priorité celles et ceux qui gagnent beaucoup d’argent : les deux premières banques mondiales qui sont chinoises, HSBC, Pinault, Bezos, Gates…

 

Le métier d’infirmier ne fait pas partie des métiers qui permettent de gagner beaucoup d’argent. Même si le salaire d’une infirmière ou d’un infirmier est supérieur au salaire d’autres métiers et professions. Et, je crois que, généralement, lorsque l’on décide de faire ce métier, c’est rarement pour gagner beaucoup d’argent. Cela se passe bien ou plutôt bien tant que l’on reste célibataire et sans enfant ou que l’on peut se contenter de projets qui nécessitent un engagement financier moyen ou modéré. Par contre, dès que l’on devient mère ou père,  dès que l’on aspire à acheter un appartement ou une maison, ou à se loger dans certains endroits, on s’aperçoit très vite que malgré toute l’admiration qui nous est prodiguée ici ou là,  cela ne suffit pas à la fin du mois.

 

 

Offrez comme salaire à un Bill Gates, un Jeff Bezos, un Emmanuel Macron, un Edouard Philippe ou aux cadres dirigeants des premières banques mondiales le salaire d’une infirmière ou d’une infirmier et multipliez-le par deux ou trois. Malgré toute leur admiration pour le métier d’infirmier, il est plausible qu’ils ne voudront et ne pourront pas l’exercer :

On devient riche et puissant lorsque l’on réussit à faire faire par d’autres un métier ou un travail que l’on serait incapable de réaliser soi-même, que l’on refuserait de faire ou que l’on n’a plus envie de faire.

 

Franck Unimon, ce samedi 4 janvier 2020.

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Cinéma

Game of Thrones saison 8

L’actrice Emilia Clarke ( Daenerys) face à l’acteur Kit Harrington ( Jon Snow). Photo issue du site allociné.

 

 

 

Plusieurs mois sont passés depuis la fin ( en avril de cette année) de la série Game of Thrones. Je l’ai regardée il y a deux ou trois jours. C’était volontaire : je préfère voir les séries lorsque je dispose de l’intégralité des épisodes. Au calme.

 

Bien-sûr, pendant quelques jours et quelques semaines, lorsque la  dernière saison (la saison 8) « passait »,  il avait fallu parfois être sourd pour éviter d’entendre le dénouement de la série. Mais, là, tout était calme lorsque j’ai regardé cette dernière série.  Pas de Marcheur blanc à l’horizon. J’étais curieux et néanmoins un peu  « inquiet » :

 

J’avais entendu parler de certains avis de spectateurs déçus par la fin. Comme de cette pétition «  d’un millier de personnes » dans le but d’obtenir que la fin soit réécrite. Ces personnes se sont peut-être, depuis, transformées en Marcheurs Blancs, et mises en tête de partir à la recherche des scénaristes de la série. A moins qu’ils soient en train de mijoter un nouveau scénario pour un futur projet cinématographique. Car j’avais aussi entendu dire que la résolution de la bataille avec les Marcheurs blancs était grossière. Il faut que je fasse attention à ces admirateurs. Certains d’entre eux font peut-être partie de mes collègues. On ne sait jamais ce qu’ils peuvent devenir sous l’influence d’une série. 

 

 Je m’attendais aussi à des épisodes bâclés ou à des épisodes inégaux entre eux.

 

Les deux premiers épisodes de la saison 8 (qui en compte 6) m’ont un peu frustré pour le manque d’action. Même si j’ai compris la nécessité de bien resituer le contexte des personnages et de leurs relations entre eux. Ensuite, dès le troisième épisode, la série s’envole et tient son niveau. Pour moi, il n y a pas d’épisode bâclé ou inégal. Et j’accepte totalement la fin de la série telle qu’elle est. J’attribue la désillusion de certains au fait qu’avec la fin de la série le spectacle est terminé qu’il y a l’obligation de retourner à sa vie ordinaire, après avoir assisté à la défaite des héros ou des  favoris.  C’est la période gueule de bois, eau plate, légumes bouillis et sans sel et éventuellement médicament qui débranche la perceuse qui nous fait mal dans notre tête.

 

 

Dans Game of Thrones, bien des personnages charismatiques, sympathiques ou antipathiques, meurent. Les traitres.  Mais en contrepartie, tous, pratiquement, perdent quelque chose dans ce monde sans sécurité sociale et sans carte vitale. Et aussi sans ces dédales administratifs voraces qui nous font du mal.

On ne voit pas beaucoup d’argent dans Game of Thrones même si on en parle et qu’il a son importance. Cependant, on paie principalement au prix fort avec sa chair, ses frayeurs et son sang le droit à sa présence sur terre. Soit un membre, soit un ou plusieurs membres de sa famille de ses proches.  Soit avec sa propre vie. Et on paie comptant. Aucune possibilité d’échelonner en plusieurs versements sans frais.

 

Jon Snow, par prudence, sagesse, transparence ou par manque d’ambition a peut-être cru qu’il pourrait un peu échapper à toutes ces embrouilles. Il a bien perdu des proches plus tôt dans la série mais il fait partie des personnages équilibristes qui savent se sortir du néant. C’est même un des seuls à resurgir de la mort avec un autre personnage qui va donner sa vie pour Arya.

 

Cela a peut-être fini par le convaincre – et nous convaincre- qu’il aurait toujours le soulier adéquat, le coup de tatane approprié et le dernier mot face à une mauvaise vanne. La fin nous apprend le contraire. Sur la fin, on peut voir le charismatique Jon Snow, dépassé et sans voix, qui se fait marcher sur les pieds, et qui essaie de se convaincre que tout va encore à peu près bien. Et que tout peut encore se raccommoder entre sa dulcinée et celles et ceux qu’elle promet de calciner s’ils refusent de s’agenouiller devant elle. Il essaie de parler fort mais il boit la tasse. Puis il transperce la tasse.

 

Jon Snow, le « bâtard » et le ressuscité, reste en dehors des dernières décisions. Les plus déterminantes. Malgré sa bravoure, sa droiture ou son mérite et son endurance, sa vie, lorsqu’il y retourne du fait de la volonté de la sorcière rouge, est peut-être, finalement, un rêve dont il n’a pas été informé. Ce qui pourrait expliquer son impuissance finale devant son Amour Daenerys et le fait qu’il soit supplanté par la lucidité politique et empoisonnée de Sancha. La délicate Sancha Stark que l’on a connue si écervelée et que l’on voit aussi si paniquée lorsqu’il s’agit de se battre avec une épée.

 

Ou, alors, plus prude que la série a pu le laisser supposer, Jon Snow paie peut-être pour l’amour interdit- et caché- de sa mère. Et son Amour d’abord aveugle pour Daenerys lui est ensuite retiré.  C’est une épreuve, parmi toutes celles qu’il a rencontrées, qu’il lui est impossible de surmonter. Comme il lui est impossible de retourner dans le passé. A l’approche du trône et  pour défaire Cersei, Daenerys et lui se montrent, dans leur nudité la plus absolue, avec leurs limites et leurs limbes respectifs. Ce faisant, ils se défont l’un de l’autre. Le rêve construit entre eux avait l’apparence de la solidité mais il était fragile car il reposait aussi sur l’ignorance et un mensonge. Face à la vérité, Daenerys et Jon Snow adoptent une attitude différente.

L’actrice Lena Headley ( Cersei).

 

Cersei la terrible, surpuissant antagoniste, mais aussi plus âgée et plus expérimentée,  les oblige aussi véritablement, pour la première fois, à s’opposer l’un à l’autre, les deux jeunes amoureux. Si tout couple a ses crises de nerfs, celles  du couple formé par  Daenerys et Jon Snow a des caractéristiques hors normes dont les répercussions sont énormes pour le Monde de Game of Thrones. Ce sont deux personnages aussi forts que des bombes nucléaires. Et leurs conflits, en cas de désaccord quant au mode d’éducation, seraient sans doute pire s’ils avaient des enfants.

 

Avec son entourage, Cersei a moins ce problème : elle « gère », ne partage pas le Pouvoir et sait faire le vide autour d’elle. Comme elle avait su le démontrer au pourtant très rusé  Littlefinger :

 

« Power is Power ».  

 

Son Amour et frère, Jaime Lannister, ne lui conteste pas le Pouvoir politique ni le Pouvoir parental. En outre, Jaime Lannister a les moyens de se satisfaire de son statut de « plus bête » des Lannister. Cela le dispense d’être le Roi. Jaime Lannister n’a qu’à suivre ou s’enfuir. Et, éventuellement, revenir. Il est peut-être le seul à qui Cersei peut tout pardonner.

 

Cersei a ceci d’extraordinaire qu’on la déteste mais qu’elle est néanmoins indispensable à la série mais aussi à la survie de l’Amour au moins entre Daenerys et Jon Snow.

Du moins tant que Cersei représente une réelle menace.

 

En détruisant une bonne partie de Port-Réal, Daenerys libère sans doute les peurs et la haine qu’elle avait accumulée pendant des années. Mais elle matérialise peut-être aussi l’effondrement de son histoire d’Amour avec Jon Snow qui lui échappe, à elle, la femme aux dragons qui a dû faire avec la mort récente de deux de ses plus proches alliés et conseillers ( Ser Jorah et Missandei).

Même en perdant, Cersei est l’inconscient qui gagne la bataille : elle s’écroule sous les décombres (l’attaque de Port-Réal par Daenerys sur son Dragon fait bien penser à la bombe atomique sur Hiroshima) mais dans les bras de son Amour retrouvé qui, malgré ses blessures, a traversé tous les obstacles et renoncé à une vie honorable pour elle.  

Tandis que Jon Snow, lui, doit  non seulement se couper de Daenerys, tant au niveau amoureux qu’au niveau ombilical, mais il doit en plus accepter que sa dépouille lui soit enlevée par le dernier des dragons, « enfant » de Daenerys qu’ils n’ont pas eus ensemble. A sa place, on a de quoi avoir le sentiment d’avoir passé une très mauvaise journée au bureau.

 

Pour ces raisons, voir Jon Snow tel qu’il est à la fin de la série me paraît vraisemblable. Où qu’il aille après la mort de Daenerys, son souvenir l’occupera. Et s’il y a bien un endroit où il peut, peut-être, trouver un peu d’apaisement, c’est dans la garde de nuit. Là où il aurait dû rester et mourir mais où on l’a obligé à revenir parmi les vivants. Toute personne humaine normalement constituée, à sa place, deviendrait folle, dépressive, alcoolique, les trois en même temps ou se ferait moine. Jon Snow, lui, reste planté sur son cheval et bien obéissant. Même s’il se demande si ce qui lui arrive est « juste », il l’accepte, cul sec. Ygritte, Son ancien amour de sauvageonne, morte plus tôt dans la série là où il est condamné à finir sa vie, lui susurre peut-être «  Tu ne sais rien du tout, Jon Snow ! ».

 

Je repense dans le désordre à mes personnages « préférés » de cette série :

 

Petyr «  Littlefinger » Baelish, Khal Drogo, Joffrey Baratheon, Cersei Lannister, Mélisandre, Sandor Clegane, Tyrion Lannister, Brienne de Torth, Viserys Targaryen, Arya Stark, Cersei Lannister, Daenerys Targaryen ( sur la fin, elle m’agaçait de plus en plus), Jorah Mormont, Ygritte,  Theon Greyjoy, Robb Stark, Ned Stark, Stannis Baratheon, Jaime Lannister, Ramsey Bolton (mais  cela a été long avant qu’il « paie » pour ses crimes) , Ygritte, Jaqen H’ghar, Shae, Le Grand Moineau ( même s’il m’a beaucoup exaspéré), Euron Greyjoy ( un personnage peu supportable qui aurait peut-être dû apparaître plus tôt dans la série), Margeary Tyrell, Daario Naharis, Missandei, Sansa Stark ( qui a pu m’exaspérer de manière presque paranormale mais pas dans la dernière saison), Gregor Clegane, Jon Snow, et, bien-sûr…les sauvageons et les Marcheurs Blancs.

Le « chef » des Marcheurs Blancs. Photo issue du site allociné.

 

Game of Thrones a offert un taux de « reconversion » plutôt élevé dans d’autres projets cinématographiques à plusieurs de ses actrices et acteurs. Ce sera instructif de voir comment les uns et les autres vont « survivre » à Game of Thrones et dans quels univers. Bronn a été vu dans le John Wick 3. Jon Snow a depuis tourné dans le dernier film de Xavier Dolan (Ma vie avec John F. Donovan). Sansa Stark a incarné Phénix dans le dernier X-Men. Danaerys est dans une comédie dramatique de Noël mais a aussi pu être vue dans un Star Wars et un Terminator. Tyrion Lannister a joué au moins dans un X-Men et dans un Avengers.

 

On peut aussi s’attendre à ce que des enfants soient appelés Daenerys, Arya, Sansa, Jon, Cersei, Khal, Missandei, Tyrion ou par d’autres prénoms portés par certains des personnages de la série.

 

L’acteur Peter Dinklage ( Tyrion Lannister). Photo issue du site allociné.

 

Furie médiévale capable d’humour en même temps que guerres des étoiles, histoire de morts vivants, de voyance, de vengeances familiales, d’excès, d’incestes, d’obsession d’ascension sociale et de super-héros (Brandon Stark, dans son fauteuil roulant, fait bien penser au Professeur Xavier des X-Men) Game of Thrones est une épopée fantastique qui nous a pris car, comme le dit Tyrion Lannister, ce qui relie les êtres humains entre eux, c’est l’Histoire.

 

Franck Unimon, ce lundi 30 décembre 2019.

 

 

 

 

 

 

 

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Cinéma

The Ride

Photo du site allociné comme les photos suivantes du film  » The Ride » de Stéphanie Gillard.

 

 

                                                   The Ride (La Chevauchée) 

                                                   un film de Stéphanie Gillard

 

 

Enfant, je les ai découverts à la télé un peu comme les colons européens avaient « découvert » l’Amérique. Dans ces westerns mal doublés en Français,  souvent interprétés par des Blancs, ils étaient souvent les méchants.

 

Dans la cour de récré de l’école de la République – l’école Robespierre, à Nanterre- où j’étais scolarisé, le lendemain, pour « en être », il fallait avoir vu le film extraordinaire de la veille. Il était assez souvent américain. Qu’est-ce qu’ils étaient forts, ces Américains !

Trente ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale que je n’avais pas connue, moi-même, je m’en apercevais régulièrement.

 

Les Westerns, les films policiers et Tarzan «  l’homme-singe », les feuilletons américains, avant les dessins animés japonais du genre Goldorak c’étaient mes Reines des Neiges, à moi. Avec les films de Bruce Lee. Et, quelque part dans un coin… le boxeur Muhammad Ali auquel le kebab Ali Boumayé dans le film Misérables de Ladj Ly fait référence ( pour son combat au Zaïre en 1974 face à Georges Foreman : voir le documentaire When we were kings. on peut aussi lire l’article Les misérables 2ème partie )

 

A cet âge où je découvrais les Westerns, celui de l’école primaire, je ne connaissais pas encore la portée symbolique d’un James Brown ou d’un Bob Marley : plusieurs de leurs disques vinyles faisaient partie des attributs paternels. Ceux de Bob Marley passaient le plus souvent lorsque j’étais en âge de me souvenir. L’album Rastaman Vibration, particulièrement, à la fin des années 70. 

Et, c’est plus tard, vers la préadolescence puis vers l’adolescence que j’ai entendu parler puis découvert des auteurs comme Richard Wright ( Black Boy), Chester Himes ( La Reine des pommes), James Baldwin et des militants comme Martin Luther King, Malcolm X, les Black Panthers , tous noirs ou négro-américains. A part Nelson Mandela et Steve Biko. Je ne connaissais pas d’autre leader politique africain ou antillais. Côté littérature et poésie, je connaissais « un peu », Aimé Césaire, Frantz Fanon, la Négritude mais j’étais déjà lycéen. Et les Etats-Unis d’Amérique étaient encore pour moi un pays magnifique : La référence.

C’était le Pays où de grands hommes et de grandes femmes (dont Angela Davis) avaient combattu le racisme. C’étaient aussi des athlètes noirs américains qui, lors des jeux olympiques de Mexico, en 1968, avaient levé un poing noir ganté lors de la remise des médailles olympiques pour protester contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis. Tommie Smith, Lee Evans, John Freeman….

C’était la Première Puissance Mondiale. 

 

 

A part dans les Westerns que je regarde beaucoup moins depuis des années, les Indiens d’Amérique ne m’intéressaient pas plus que ça. Même s’il y a bien eu le cours d’Indian Studies à l’université durant une année. Mais c’était il y a trente ans. Et je n’ai pas poussé plus loin par la suite même s’il m’en reste quand même des souvenirs précis quand j’y pense :

Notre professeur Nelcya D…, pourvue d’une autorité et d’une personnalité marquantes, avait organisé une rencontre avec certains Amérindiens.

Je me rappelle d’un de ces artistes amérindiens à qui l’on demandait à nouveau s’il avait vu le film Danse avec les loups de et avec Kevin Costner ( je n’ai toujours pas vu le film). Celui-ci avait répondu avec un peu d’ironie :  » It is the big question today ! » (  » C’est décidément la grande question du jour! »). 

Mais après avoir obtenu difficilement cette UV – face à la redoutable Nelcya D… qui, pour l’épreuve orale de rattrapage, en me voyant arriver m’avait d’abord lancé un :  » Vous ! Je vous fais la peau ! » –  je n’avais pas cherché plus loin dans  » l’Histoire » des Indiens d’Amérique. Ce n’est pas de la faute de mon ancienne prof d’université, Nelcya D, qui, dans les faits, m’estimait et me reprochait à juste titre d’avoir travaillé mes cours en dilettante :

Les Indiens d’Amérique ou les Amérindiens font un peu partie des Marcheurs blancs de l’Histoire humaine. Mais ce sont des marcheurs blancs, côté victimes et vaincus. Ils sont donc moins glamours sauf pour les clichés qu’ils nous permettent d’avoir à leur encontre. Et évidemment pour cette peur et cette honte qu’ils suscitent et que l’on veut voir relégué au plus loin. Comme tout étranger, tout migrant, tout SDF, tout déchet, tout marginal ou tout bâtard de la société peut susciter honte et peur à celles et ceux qui sont dans une certaine norme et font partie d’une certaine classe, d’une certaine caste ou d’une certaine race dite « supérieure » qui a « réussi » ou est en passe de  » réussir ». 

Via les Marcheurs blancs, je fais une allusion à la série Games of Thrones pour actualiser le propos en terme de fiction cinématographique car, dans les faits, les Amérindiens, eux, ont été rayés de leur propre Histoire et parqués au delà de murs et dans des réserves qui ne tombent pas. Ce sont plutôt les Amérindiens qui, génération après génération, depuis la dernière victoire militaire indienne en 1876 de Sitting Bull et Crazy Horse contre le Général Custer pourrissent en quelque sorte sur place sur le sol de leurs ancêtres.

 

Dans les bonus du dvd consacré à son « film » The Ride ( La Chevauchée) ,  la réalisatrice Stéphanie Gillard se dit en quelque sorte admirative devant la « résilience » et la « force » des Indiens. Elle s’étonne, aussi, devant leur absence de « colère » après avoir rappelé, entre-autres, l’interdiction qui a frappé les Indiens de pratiquer leurs religions et leurs langues de 1890 à 1970.

Mais elle dit aussi avoir envie de pleurer  » toutes les deux minutes » lorsqu’elle se trouve dans une réserve indienne devant l’injustice imposée aux Indiens. 

 

Dans The Ride, il est aussi fait mention de l’Allotment Act, loi par laquelle les colons européens, ont dépossédé les Indiens de leurs terres.

Encerclés par la puissance militaire et des Lois destinées à favoriser l’appropriation des terres indiennes par les colons, les divers peuples indiens présents sur le sol américain ont vu leur futur bandé par l’expansion et la « née-cécité » du rêve dit américain. Et ce rêve s’est aussi fait en violant des terres sacrées.

 

Dans les bonus du dvd, toujours, la réalisatrice Stéphanie Gillard explique qu’elle a tenu à être autre chose qu’une « énième blanche qui vient filmer des Indiens ». Il est vrai que Stéphanie Gillard a pour particularité d’être une femme blonde, ce qui aurait pu accentuer ce rapport de la «  femme blanche qui vient filmer des Indiens ».

 

Pour conjurer  ça, elle explique être venue rencontrer plusieurs fois au préalable- d’abord sans caméra- les sujets de son documentaire. Elle s’est appliquée à leur montrer des photos qu’elle avait pu prendre d’eux. Son équipe- réduite à deux personnes en plus d’elle- et elle ont partagé au mois de décembre le quotidien de ces Indiens Lakota lors de leur itinéraire en se reposant comme eux, par exemple, au moment des haltes, dans des gymnases.

Et, elle a fait le choix d’exclure les Historiens (souvent « blancs » précise-t’elle également dans les bonus) de son film pour laisser la parole aux Indiens même s’ils se trompent quelques fois en racontant leur Histoire.

 

L’édition Digibook Collector du dvd débute par ces explications :

 

«  En 1890, à la mort de Sitting Bull, le chef Big Foot et trois cents Sioux Lakotas fuient la cavalerie américaine avant d’être tués à Wounded Knee.

 

En 1986, Birgil Kills Straight faisait un rêve réccurent : des cavaliers d’aujourd’hui étaient à cheval sur la piste empruntée par Big Foot dans le Dakota du Sud. Avec Curtis Kills Ree et d’autres membres de la communauté Lakota, il décide de faire cette chevauchée de Bridger à Wounded Knee, et crée le Sitanka Wokiksuye ( Big Foot Memorial Ride).

 

Dix neuf cavaliers et deux véhicules de soutien font ce premier voyage, et le groupe grandit chaque année (….).

 

 

The Ride suit la commémoration de cette chevauchée à cheval effectuée en 1890.

«  Le trajet dure deux semaines et se termine le 29 décembre, date anniversaire du massacre ».  

 

J’ignore s’il faut y voir un signe particulier mais, alors que je dispose de ce dvd depuis plusieurs mois maintenant, c’est hier, ce 29 décembre 2019, un ou deux jours après avoir vu avec elle la fin de la série Game of Thrones,  que j’ai proposé à ma compagne de regarder The Ride avec moi. Je découvre cette coïncidence alors que je suis en train de rédiger cet article pour mon blog balistiqueduquotidien.com.

 

 

Cette chevauchée des Indiens Lakota devait se terminer en 1990. Mais en 1990, « plus de 350 cavaliers viennent, dont certains avec leurs enfants ». Et, ceux-ci souhaitent que cette chevauchée se poursuive. « Cela est normalement impossible après une cérémonie de levée de deuil ».

Devant « l’insistance » des cavaliers, l’événement est « relancé  en 1992 sous le nom de OomakaTokatakiya ( Future Generation Ride).  Le but de cette chevauchée est désormais, en plus de continuer d’honorer la mémoire des Indiens massacrés à Wounded Knee par le 7ème  régiment de la cavalerie américaine, de redonner confiance aux jeunes Indiens et de les aider à rassembler leur identité.

En regardant The Ride, on comprend assez vite ce que cette chevauchée peut avoir de difficile en pratique :

 

« Américanisés » (bonnet de la marque Under Armor, baskets Nike, téléphone portable, passion pour la X-Box ou…le Basket), sédentarisés, plusieurs des participants montent sur un cheval pour la première fois. Et puis, il peut faire très froid pendant cette chevauchée (jusqu’à moins 30 ou moins 40 degrés selon les années) qui consiste à parcourir un peu plus de 450 kilomètres désormais. Il y a quelques chutes. Mais personne ne porte de bombe sur la tête.

 

 

Le titre Buffalo soldiers de Bob Marley m’est alors revenu en tête. Lorsque je l’écoutais dans les années 80, et lorsque plus tard j’ai vu quelques images de sa vidéo, je ne comprenais pas vraiment son sens. Aujourd’hui, je comprends mieux. On est plutôt dans l’esprit du film Glory réalisé par Edward Zwick avec, entre-autres, Denzel Washington. Un film dont le sacrifice « héroïque » de soldats noirs pendant la guerre de sécession ne m’avait pas du tout donné envie de les imiter. Mais avaient-ils le choix ?

 

Par ailleurs, les Buffalo Soldiers auraient participé au génocide amérindien. Ce qui pourrait m’expliquer cette sorte « d’indifférence » ou de distance entre les militants (politiques ou écrivains) noirs aux Etats-Unis avec les Indiens et « l’Histoire » indienne. 

Donc on se retrouve comme Jon Snow avec Daenerys à la fin de Game of thrones. Même vivant, on ne s’en sort pas. On se sent maudit quoique l’on ait pu réaliser de « grand ». On peut donc chevaucher tel Jon Snow les neiges éternelles à la fin de Game of thrones ou comme certains de ces indiens dans The Ride, on continue néanmoins de tomber de très haut. 

 

Dans les bonus, la réalisatrice s’étonne de l’absence de colère des Indiens. Peut-être parce qu’ils sont aussi pacifiques que l’océan du même nom. Le navigateur Olivier de Kersauson parle aussi de cet océan dans un de ses livres.

 

La colère connaît deux expressions principales : contre soi-même ou contre les autres. Celle de Daenerys à la fin de Game of Thrones est malheureusement humaine.  Je la condamne et la regrette depuis ma place assise et confortable de spectateur. Même si j’imagine que d’autres, au contraire, ont trouvé Daenerys «  rock and roll » ou «  Punk », et approuvé totalement son tempérament passionné, libre et entier et face à un Jon Snow qui a pu être considéré comme falot et sans ambition. Il est vrai que pour lui-même, il y a longtemps que l’on n’a plus vu Jon Snow se mettre en colère dans la série Game of Thrones. Mais au moins peut-on le percevoir comme une personne sage même si ce terme peut déplaire et rimer pour certaines personnes avec « couard » ou «  irresponsable ».

 

A l’inverse, l’absence totale de colère de Guillaume Gallienne dans son Les Garçons et Guillaume, à table ! et l’extrême sympathie que cela a contribué à donner à son film m’a empêché, à un moment donné, d’être aussi enthousiaste que d’autres en le voyant. Je lui préfère la colère d’un Patrick Chesnais dans le Je ne suis pas là pour être aimé de Stéphane Brizé ou d’un Luca Zingaretti dans Le jour du chien de Ricky Tognazzi. Mais on a beaucoup moins entendu parler de ces deux films. Et on préfère être en compagnie de celles et ceux qui, lorsqu’ils souffrent, savent se tenir et rester propres.

Et on peut dire que les Indiens de The Ride, eux, savent se tenir. Je partage la plupart des sentiments de la réalisatrice de The Ride pour celles et ceux qu’elle a rencontrés. Sauf que la colère des Indiens a été méthodiquement démantelée par les gouvernements américains successifs. Les Indiens sont aussi, aujourd’hui, en état d’infériorité numérique.

La résignation et la dépression, ça « aide » aussi à se tenir dans son coin. Pour pouvoir être en colère, il faut pouvoir s’appuyer sur la terre. Mais lorsque l’on vit en permanence sur la pointe des pieds tout près du vide, ou carrément dans le vide,  notre colère manque d’air pour s’agripper et s’exprimer.

Le film donne la priorité à la vertu thérapeutique de cette chevauchée. On n’y parle donc pas de l’alcoolisme, de l’usage d’autres drogues ou d’actes de violence ou d’abus condamnés par la Loi ( à part un père pour avoir fait brûler sa maison ). Mais dans les bonus du dvd, lors de son interview, la réalisatrice nous apprend que deux ou trois personnes présentes dans le film se sont suicidées depuis. Parmi ces personnes, un des jeunes donné en exemple à la fin du film qui avait déja participé à plusieurs de ces chevauchées et qu’elle nous décrit comme étant pourtant quelqu’un de « joyeux ».

Lors de The Ride, nous voyons bien quelques hommes abimés ou obèses et l’on se doute que certains des jeunes que nous voyons font plutôt partie, à l’école, des derniers de la classe. Mais la ténacité et l’humour veillent :

 

«  Ils ont perdu Dieu et croient qu’on l’a volé ». «  Tu sais pourquoi ils ont envoyé l’homme sur la lune ? Parce qu’ils ont cru que les Indiens y avaient des terres ».

 

Des Indiens ont engagé des poursuites judiciaires contre les Etats-Unis. Cela a duré des années. La cour suprême a donné raison aux Indiens. En compensation, la Cour suprême a proposé des indemnités financières. Les Indiens, eux, réclamaient leurs terres et non de l’argent. Comme le dit l’un des protagonistes de The Ride :

 

« Ils n’ont jamais pris le temps de nous écouter ».

 

 

Franck Unimon, lundi 30 décembre 2019.

 

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Argenteuil Echos Statiques

Jours de grève

 

                                                          Jours de grève

 

 

Le mouvement des gilets jaunes a débuté il y a un peu plus d’un an maintenant( Crédibilité).  

J’ai lu quelque part qu’il y aurait 8000 manifestations par an en France et que les faire « encadrer » par les forces de l’ordre coûterait 150 millions d’euros à l’Etat. Ce soir, je ne trouve pas mes « sources ». 

Depuis ce 5 décembre 2019, la grève des transports en commun en région parisienne a débuté. Là, je n’ai pas besoin de sources. Comme beaucoup, je m’adapte à cette grève des transports en commun. Je m’estime néanmoins moins pénalisé que d’autres par cette grève- dure- des transports en commun :

Je peux me rendre à mon travail à vélo en une quarantaine de minutes. Je peux me doucher à mon travail. Et un certain nombre de trains passe encore par Argenteuil à certaines heures de la journée. Argenteuil reste mieux desservie que bien d’autres villes  de banlieue et mieux aussi que certains coins de Paris.

Depuis le début de la grève des transports, seules les lignes de métro 1 et 14, les deux seules lignes entièrement automatisées, ont vraisemblablement continué d’acheminer des passagers comme si de rien n’était. La ligne 7 du métro a pu être active au bout de quelques jours. Et j’ai entendu parler de la ligne 5, peut-être, à certains endroits. Autrement, toutes les autres lignes de métro sont actuellement « mortes ». 

Certains bus sont présents. Et souvent bondés. Dans certaines rues de Paris, par moments, on peut ressentir une petite sensation de hâte, parmi tous ces piétons en surplus. C’est ce que j’ai ressenti avant les fêtes de Noël à la marche en me dirigeant vers la place Clichy depuis la gare St Lazare.

 

Pour moi, la raison de cette grève prolongée des transports en commun parisiens est destinée à protester contre la réforme des retraites. Le 5 décembre, les personnels des écoles et des hôpitaux publics faisaient également grève. 

 

Je crois que la longévité de cette grève des transports va changer l’état d’esprit de quelques personnes : par exemple, dans mon service, plusieurs de mes collègues viennent désormais à vélo au lieu de prendre les transports en commun. Un de mes collègues m’a appris qu’il pouvait être très difficile de trouver un vélib. Il regrettait d’avoir choisi l’option d’avoir pris un abonnement aux vélib en prévision de la grève. Il estimait qu’il aurait mieux fait de s’acheter un vélo.

J’ai appris par une collègue que les gens faisaient la queue pour faire réparer leur vélo à Décathlon. Cette collègue n’a pas eu de chance : deux crevaisons en deux jours. Elle avait reçu son vélo neuf trois semaines plus tôt. La première fois, à Décathlon, sa crevaison avait été réparée assez rapidement. La seconde fois, elle avait dû attendre 3h30.  » C’est 30 minutes par vélo » selon les propos d’un des employés de l’enseigne. Cette grève des transports doit rendre heureux les vendeurs de vélos et de trottinettes .

 

Avant cette grève, je n’avais jamais fait le trajet à pied jusqu’au travail depuis la gare St Lazare. Pourtant, j’aime marcher. Mais la « facilité » des transports en commun et leur caractère pratique m’ont souvent rattrapé. Même si j’essaie de plus en plus de rompre avec cet espace d’enfermement que peuvent être le métro, les couloirs du métro ainsi que les contrôles de  » titre de transport » et leurs auxiliaires  disséminés  : les portes de « validation ». 

Il est vrai que j’habite à une distance « raisonnable » de mon lieu de travail. A environ 14 kilomètres. Si j’habitais à Melun ou à Cergy, je m’abstiendrais d’essayer de venir au travail à vélo ou à pied. 

 

En me rendant au travail à pied depuis la gare St-Lazare, lorsque j’ai pris le train à Argenteuil, j’ai parfois eu l’impression que certaines personnes à vélo se sentaient particulièrement privilégiées par rapport à nous, les piétons. Je me suis dit qu’il suffisait de peu pour se sentir avantagé et aussi de très peu pour crever. Ce qui m’est arrivé d’ailleurs quelques jours plus tard en rentrant du travail. J’ai fini mon parcours en marchant à côté de mon vélo pendant deux kilomètres. Il faisait assez frais. Quelques cyclistes, dont une espèce de club ou d’association de cyclistes, m’a dépassé sans s’arrêter. Je ne leur en ai même pas voulu.

J’avais tout ce qu’il fallait dans mon sac pour réparer. Mais je suis assez peu manuel. Je me suis dit que le temps de trouver l’endroit de la crevaison et étant donné ma lenteur, j’avais plus de chances d’attraper une pneumonie.

Bon, j’ai quand même fait le nécessaire pour prendre le temps de réparer ma crevaison deux ou trois jours plus tard. J’ai même fait beaucoup mieux que ça :

Après avoir réparé ma crevaison,  j’ai gonflé ma chambre à air. Mais je n’étais pas satisfait. Je l’ai gonflée davantage. Mais quelque chose me gênait. Je trouvais que le pneu ne restait pas assez gonflé. Donc j’ai gonflé encore un peu. La chambre à air a éclaté. Je ne crois pas l’avoir (trop) gonflée. Je crois que cette chambre à air avait fait son temps. Heureusement, j’avais une chambre à air toute neuve de rechange avec moi. Et quand je l’ai gonflée, elle,  son comportement m’a satisfait. 

 

Le 10 et le 11 décembre, j’ai pris les transports en commun pour aller à Paris. Nous sommes le 29 décembre mais mes photos  » dans » les transports en commun datent du 10 et du 11 décembre. Je n’en n’ai pas pris d’autres depuis : je me suis peut-être déja un peu « habitué » à cette grève des transports.

Le 10 décembre, je suis allé à Paris pour voir en projection de presse, le premier long métrage d’Abdel Raouf Dafri: Qu’un sang impur…  . Je suis allé le voir avec une amie dont c’est l’anniversaire demain si je me souviens bien.

Cela aurait sûrement été « mieux » d’avoir des photos plus récentes de cette grève des transports en commun mais je me dis que c’est déja « bien » d’en avoir quelques unes pour cet article. Avant que l’année 2020 nous entraîne sur ses rails. Ce sont peut-être quelques uns des derniers clichés que j’ai pris avec mon Canon G9X Mark II que je crois avoir perdu car je ne le retrouve pas.  

Franck Unimon

A la gare St Lazare, ce 10 décembre 2019.

 

En chemin vers la projection de presse de  » Qu’un sang impur » d’Abdel Raouf Dafri. Comme on peut le voir, la grille de la station de métro Miromesnil est baissée.

 

Au milieu de l’embouteillage, des personnes qui ont sans doute pris le parti de se déplacer à vélo.

 

 

 

 

 

Après la projection de presse de  » Qu’un sang impur », sur les Champs Elysées, vers 18h/18h30 ce mardi 10 décembre 2019.

 

Ce mardi 10 décembre 2019 sur les Champs après la projection de  » Qu’un sang impur ».

 

 

Aux Halles ce mercredi 11 décembre 2019, c’est plutôt rare, en pleine journée de voir cette station aussi « vide ». Même si j’ai un peu triché pour éviter de prendre quelqu’un en photo, il y a toujours du monde à cette station en pleine journée.

 

Les Halles, ce 11 décembre 2019.

 

Aux Halles, ce 11 décembre 2019.

 

Station Les Halles, le 11 décembre 2019.

 

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Cinéma

Qu’un sang impur…

 

Actress, Linh-Dan Pham.

 

                                                Qu’un sang impur….un film d’Abdel Raouf Dafri. 

 

 

 

 

« Donne-moi la bonne clé ».

 

C’est ce que demande le colonel Andreas Breitner (l’acteur Johan Heldenbergh), « ancien » de la Guerre d’Indochine, à Soua Ly-Yang ( l’actrice Linh-Dan Pham), femme du peuple Hmong, qui semble son reflet autant que sa compagne. Plus tard, Soua Ly-Yang expliquera à la jeune résistante algérienne, Assia «  Bent » Aouda ( l’actrice Lyna Khoudri) qu’elle a accepté de suivre le colonel Andreas Breitner et l’armée française car :

 

« Les Chinois et les Vietcongs ne nous aiment pas ! ».

 

Mais avant de voir cela, le premier long métrage d’Abdel Raouf Dafri se sera ouvert dans l’Algérie «française » de 1960. Oui, « ouvert ». Si à première vue, Qu’un sang impur cherche la clé qui pourrait permettre à l’Algérie et à la France de mettre un terme à leur carrière guerrière, le film a cette ambition universelle qu’un poète – dont j’ai, pour l’instant, oublié le nom- avait un peu résumé par cette phrase :

 

« Délivre-moi de la nuit de mon sang ».

 

Plus militaire que poète, Le colonel Andreas Breitner, lui, n’oublie pas ses guerres, sortes de terres «no-limit » auxquelles il a survécu. Mais celles-ci l’ont vaincu et le tiennent entre deux frontières :

 

Il subsiste à l’état civil mais à l’étouffée. Par contre,  il retrouve son envergure dans le conflit de l’Algérie qui n’est pourtant pas « sa » guerre. Même si les guerres ont souvent plus d’héritiers que de propriétaires, c’est peut-être dans cet envers du décor, ou ce revers de sa médaille, qu’il peut le mieux se refaire. Ce qui est une croyance très courante. Car, face à lui, bien-sûr, il trouvera d’autres «cartes » humaines qu’au fond, il connaît trop bien, quelles que soient leurs dimensions, leur visage, leur âge, leur couleur, leur religion ou leur sexe. Puisque la guerre, qu’elle accroche son souffle en Algérie ou ailleurs, transporte les êtres vers les mêmes erreurs promises et sert aussi de révélateur :

 

Actor, Salim Kechiouche.

 

 

Ainsi, le leader Mourad Boukharouba (l’acteur Salim Kechiouche, qui étonne encore après son rôle dans Mektoub My Love de Kechiche) d’abord héroïque, insère ensuite une intransigeance qui le rapproche du fanatisme ou du souvenir d’un meneur peut-être à l’image du colonel Amirouche, Terreur de l’armée française lors de la guerre d’indépendance de L’Algérie. ( le colonel Amirouche a été abattu en mars 1959 pendant la guerre d’Algérie PS : lors de son interview, Abdel Raouf Dafri me détrompera. Il m’expliquera en effet que Boukharouba était le surnom de Boumédienne, dirigeant de l’Algérie indépendante entre 1965 et 1978. Voir l’interview Interview en apnée avec Abdel Raouf Dafri ).

 

De son côté, le sergent-chef Senghor arabophone, lui, (l’acteur Steve Tientcheu), pourrait dire :

 

« Les Arabes et les Blancs ne m’aiment pas… ». Soit le prolongement de la thématique du racisme dont Soua Ly-Yang ( l’actrice Linh-Dan Pham) est la victime après, « bien-sûr », les Arabes et les musulmans dans l’Algérie coloniale de l’époque. Nommer ce personnage Senghor est sûrement une référence à la Négritude et à l’indépendance du Sénégal dans les années 60, histoire commune avec l’Algérie et tant d’autres pays et cultures. Ainsi qu’à la capacité culturelle de l’Afrique noire. Pourtant, le mot -vautour«  Négro » sera prononcé ( au lieu du terme « Karlouche », ce qui m’a beaucoup étonné) contribuant à donner l’occasion à l’acteur Steve Tientcheu d’avoir une stature un peu comparable à celle du personnage de Wallace Marcellus dans le Pulp Fiction de Tarantino. Et Abdel Raouf Dafri de rappeler que, oui, même en France, un acteur à peau très noire, cela peut être très cinématographique.

 

On parle de Senghor dans les années 60. Mais le film cite aussi Camus. Et si l’on parle de Camus, à l’époque, on est aussi obligé de parler de Sartre. Car plusieurs des caractères de Qu’un sang impur semblent incorporer les positions de ces deux intellectuels de référence à l’époque qui furent d’abord amis puis rivaux en raison de leurs avis divergents à propos du conflit entre l’Algérie et la France. Mais vidons rapidement tout malentendu de cet article concernant Camus et Sartre :

 

Qu’un sang impur compose plusieurs des codes du film d’action. Par moments, on est même dans le genre du Western. Il y a aussi un peu d’humour ( noir et serré, bien-entendu).

Le film évoque Camus- et Sartre par opposition- en évitant la démarche paludéenne de la dissertation scolaire. Dans Qu’un sang impur… on est entre la possibilité d’accorder sa «miséricorde » ou de choisir d’avoir…les mains sales. Voilà pour Camus et Sartre.

 

Actor, Johan Heldenbergh ( Left); Actor, Olivier Gourmet (Right)

 

 

En tant que film, si l’on peut à peu près situer Qu’un sang impur en tant que production française entre le Indigènes de Bouchareb et Les Misérables de Ladj Ly, le personnage du colonel Delignières (l’acteur Olivier Gourmet) devrait aussi facilement réussir à rappeler à quelques uns le colonel Kurtz joué par Marlon Brandon dans Apocalypse Now. Mais Gourmet ne singe pas Marlon Brandon : Nous sommes bien en Algérie et pas chez Francis Ford Coppola lorsqu’il « apparaît ». Et sa prescience du jeu combinée à celle des autres acteurs et de plusieurs idées de mise en scène permettent à Qu’un sang impur… malgré plusieurs « flottements », de mettre devant nos yeux des petits miracles.

 

 

Défendre la vie avec des cendres. En nous rappelant en 2019,  l’influence de la pensée et de l’engagement d’un Camus ou d’un Sartre, Qu’un sang impur nous dit peut-être aussi que les intellectuels d’aujourd’hui ressemblent davantage à des mannequins  sublimés par leurs marges bénéficiaires. Et il nous parle peut-être aussi d’un penseur comme René Guénon qui, en 1946, écrivait La Crise du monde moderne , livre dans lequel il affirmait par exemple :

 

« Un des caractères particuliers du monde moderne, c’est la scission qu’on y remarque entre l’Orient et l’Occident ».

 

Parler du sang et faire parler le sang versé et emmuré dans la société française. Assez peu de productions s’encordent à ce genre de sujet dans le cinéma français afin de montrer leurs effets indésirables  (pour qui ?) sur la France d’aujourd’hui.  Car comme le montre une scène du film Qu’un sang impur :

 

«  Attention, mines ! ».

 

Plutôt que de détourner la tête et de remettre à demain l’opération- vaste- de déminage de la société algérienne et française, Abdel Raouf Dafri, a choisi avec son premier film de réalisateur de monter en première ligne.

 

Actor, Steve Tientcheu ( Left); Actress, Linh-Dan Pham; Actor, Pierre Lottin; Actor, Johan Heldenbergh ( Right).

 

Qu’un sang impur…sera dans les salles de cinéma à partir du 22 janvier 2020.

 

QUUN-SANG-IMPUR_TEASER_HD_H264_VFSTF

 

J’avais introduit cet article avec l’article Projection de presse . Mais on pourra également compléter sa lecture avec l’article Les misérables 2ème partie . 

Ainsi qu’avec l’article Journal 1955-1962 de Mouloud Feraoun

Franck Unimon, ce vendredi 13 décembre 2019.