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Nonne essentielle

 

 

                                                 Nonne essentielle

 

Ce matin, afin de retourner Ă  la galerie d’art de l’ami Michel, j’ai empruntĂ© un autre itinĂ©raire Ă  vĂ©lo. Je me suis retrouvĂ© en compagnie de compĂ©titeurs et de compĂ©titrices, chacune et chacun avec son engin et son style. Certains exfiltrant toute lenteur de leur cycle. L’un d’eux, plus pressĂ© que d’autres, mais au mauvais moment, s’est fait toper par la police. Au feu rouge oĂč nous Ă©tions arrĂȘtĂ©s, nous l’avons vu remettre sa piĂšce d’identitĂ© Ă  un agent qui effectuait des vĂ©rifications en se servant de son tĂ©lĂ©phone portable.

 

Nous avons aussi Ă©tĂ© des vitrines roulantes en file indienne du cĂŽtĂ© du Boulevard Magenta sans rien d’autre Ă  vendre que le vent et notre vigueur. Dans l’autre sens, c’était pire. C’était la cavalerie des dĂ©railleurs.

 

Lorsque je me suis rapprochĂ© du but, j’ai pris une rue qui s’est avĂ©rĂ©e ĂȘtre celle du Delta. Je n’ai pas su comment bien la prendre, cette rue, avec ce nom de variant en pleine pandĂ©mie du Covid. Je jure sur le St Galibier avoir tournĂ© dans cette rue au hasard mĂȘme si certaines lunes, pĂ©tĂ©es de thunes, certifieront que l’on ne choisit jamais les costumes que l’on enfile au hasard. Au mĂȘme titre que certaines rencontres que l’on prend et qui sont des rasoirs nous entaillant la gorge d’une oreille Ă  l’autre.

 

Mais je n’allais pas, par superstition, retourner en arriĂšre, juste pour changer de rue. MĂȘme si j’ai Ă©vitĂ©  de stationner devant le bar Le SĂ©vĂšre Tuant. 

 

Lorsque je suis arrivĂ©, l’ami Michel balayait devant sa porte. Il Ă©cartait les feuilles sur le trottoir. Je me suis arrĂȘtĂ©, et avec malice, j’ai sonnĂ©. Il s’est retournĂ© et m’a souri. Peu aprĂšs, nous sommes entrĂ©s dans sa galerie comme quelques mois plus tĂŽt.

 

La pratique artistique et culturelle est une nonne essentielle. Tandis que l’on parle entre nous, qu’on la regarde ou qu’on l’écoute, elle prie pour nous, nous inspire, nous porte et nous protĂšge.  Mais c’est peut-ĂȘtre la croyance idiote Ă©manant d’une intelligence en manque de stimulation ou Ă©puisĂ©e par trop de vĂ©lo. Parce-que l’art et la culture, cela ne remplit et n’abrite pas toujours le corps des femmes et des hommes. Mais cela peut permettre la rencontre de la conscience, une expĂ©rience qui ne rĂ©pond Ă  aucun logiciel et qui ne se commande pas.

 

L’art et la culture, ça peut aussi nous sortir de cette vie de portiques, de surditĂ© et de contrĂŽles dans laquelle nous nous enfonçons de plus en plus.

 

 

 

Pour quitter l’ami Michel, je suis remontĂ© sur mon vĂ©lo. Celui-ci m’a saluĂ© comme si je partais pour un trĂšs long voyage. Jusqu’à la gare St Lazare.

 

 

Dix minutes plus tard, j’avançais en touriste quand j’ai croisĂ© Josiane Balasko. Elle promenait deux petits chiens, boulevard Clichy, avec ses cheveux blonds, l’esprit dans un scĂ©nario, qu’elle seule pouvait voir. J’ai freinĂ©. J’ai rebroussĂ© chemin. J’ai eu envie de l’accoster pour demander Ă  la photographier pour une amie. J’ai saluĂ© l’homme qui accompagnait « Josiane Â» et qui, lui, aussi, promenait un chien. On aurait dit un Apache ou un PĂ©ruvien, assez grand, assez massif. J’ai un petit peu pensĂ© Ă  l’ami indien du photographe de guerre, Patrick Chauvel.

Mais l’homme n’a pas trĂšs bien rĂ©pondu Ă  mon signe de tĂȘte. Il se demandait peut-ĂȘtre ce que je voulais. Je ne suis pas fort en tĂ©lĂ©pathie, en nuages de fumĂ©e et en langage de signe. Alors, j’ai prĂ©fĂ©rĂ© laisser rĂȘver.

 

Franck Unimon, ce mardi 31 aout 2021.

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La marche de la vie

La marche de la vie

 

Je crois que je n’avais pas revu cette amie depuis l’enterrement de son ex-mari il y a deux ou trois ans. AprĂšs le cimetiĂšre, je n’avais pas pu rester. J’avais ma fille Ă  aller chercher Ă  la sortie de l’école. J’étais rentrĂ© avec la compagne de mon meilleur ami. Lequel, lui, Ă©tait parti avec elle rejoindre des proches.

 

Depuis, mon meilleur ami a perdu son pĂšre. Cela faisait deux ans qu’il avait dĂ©veloppĂ© la maladie d’Alzheimer. J’étais au domicile de ses parents ainsi qu’à la mosquĂ©e avant que le corps du pĂšre de mon meilleur ami ne soit rapatriĂ© en AlgĂ©rie. J’étais vraisemblablement la seule personne prĂ©sente Ă  n’avoir jamais reçu le moindre enseignement musulman.  C’était le 13 juillet de cette annĂ©e.

 

Cette amie a Ă©galement perdu son pĂšre rĂ©cemment. Ce vendredi, alors que je sortais de ma deuxiĂšme journĂ©e de travail, nous nous sommes donnĂ©s rendez-vous. Tout est parti d’un sms que je lui avais envoyĂ© la veille en sortant de ma consultation avec la mĂ©decine du travail. PrĂšs de l’appartement de ses parents.

 

Notre estime mutuelle tient de l’escrime. Et, c’est comme ça depuis trente ans. Lorsque je lui ai appris ne pas ĂȘtre vaccinĂ© contre le covid, elle m’a d’abord demandĂ© :

 

« Si ce n’est pas indiscret, tu peux me dire pourquoi ? ». Je lui ai rĂ©pondu. AprĂšs quelques minutes, elle a poursuivi :

 

« Etant donnĂ© que je suis vaccinĂ©e, tu te doutes que je ne partage pas ton avis. Mais ce n’est pas grave Â».

 

Je me suis alors senti obligĂ© d’ajouter :

 

« Non, je ne m’en doute pas. C’est toi qui me l’apprends. Il y a diffĂ©rentes façons de prendre sa dĂ©cision pour se faire vacciner. Autour de moi, je connais des personnes qui se sont faites vacciner pour Ă©viter les consĂ©quences Ă©conomiques. Et d’autres, pour voyager Â».

 

 

Nous nous sommes revus Ă  la sortie d’une station de mĂ©tro. Elle m’a alors appris avoir passĂ© ses six premiĂšre annĂ©es dans un immeuble, non loin de lĂ . Elle a voulu y aller. Nous l’avons fait. Je n’étais pas pressĂ©. J’avais mon vĂ©lo Ă  cĂŽtĂ© de moi. J’étais aussi curieux de dĂ©couvrir ça. Elle m’a racontĂ© comment c’était du temps de son enfance. Elle aurait voulu entrer dans la cour intĂ©rieure. Mais l’accĂšs Ă©tait fermĂ©. DĂ©sormais, il fallait soit connaĂźtre le code ou possĂ©der un badge. Quelques dizaines de mĂštres plus loin, nous tournant le dos, s’éloignant, et ignorant tout de notre prĂ©sence, des prĂ©adolescents semblaient jouer ou parler entre eux. Ce qui rendait ce milieu encore plus inaccessible.

 

Puis, nous nous sommes Ă©loignĂ©s. Elle m’a montrĂ© l’église qui Ă©tait toujours lĂ . Elle m’a passĂ© d’autres tĂ©moins de son histoire.

 

Ensuite, nous avons marchĂ© en nous racontant nos vies, jusqu’aux plus grandes Ă©chelles, jusqu’à chez elle, dans Paris. Sans regarder l’heure. C’est elle qui nous guidait, me proposant de temps Ă  autre le choix entre deux rues.

 

J’ai vraisemblablement beaucoup vieilli depuis que nous nous connaissons. Ou la vie en banlieue et les confinements successifs m’ont rendu aveugle et amnĂ©sique. Car, dans les rues, je redĂ©couvrais quelques foules attablĂ©es Ă  l’extĂ©rieur ou debout, discutant. Je croisais Ă  nouveau des personnes qui passaient Ă  vĂ©lo. Je n’avais plus vu ça ou pris part Ă  ça dans Paris depuis quelques annĂ©es. J’ai mĂȘme reconnu un jeune acteur entourĂ© de quelques uns de ses amis. Il avançait dans la rue, souriant. FĂ©lix Moati.  Je l’ai signalĂ© Ă  mon amie qui a alors tournĂ© la tĂȘte. Puis, j’ai ajoutĂ© que ça n’avait pas d’importance. Comme si, sur la plage, j’avais subitement remarquĂ© un caillou et que, finalement, en rĂ©flĂ©chissant, ne sachant pas trop quoi en faire, j’avais dĂ©cidĂ© de le laisser dans son environnement. Afin de continuer Ă  profiter du moment.

 

Bien-sĂ»r, il ne s’agit pas de sortir pour sortir. Pour « faire jeune Â», « branchĂ© Â» ou « dynamique Â». Et pour n’ĂȘtre, finalement, rien d’autre qu’un consommateur de plus qui copie avec le sourire ce qui est attendu de lui. Tout en ayant la certitude d’ĂȘtre parfaitement original et maitre de lui-mĂȘme. Mais, disons que je me suis senti un peu dĂ©placĂ©, inadaptĂ©, en apercevant ça. Alors que je sais avoir par ailleurs de bonnes raisons de ne plus ĂȘtre dans ce « mouvement Â». Et, puis, aussi, que l’on peut se passer de tout ça pour ĂȘtre proche de quelqu’un.  Ce n’est pas le prestige d’un endroit ou le prix d’une table de restaurant qui rend exceptionnel ce que l’on vit. C’est ce que l’on vit. Et avec qui.  Et quand.

 

Et, je crois que ce que j’ai vĂ©cu avec cette amie a Ă©tĂ© exceptionnel. Puisque cela n’est pas courant. Si je faisais de l’esprit, je dirais qu’il est exceptionnel que cette amie et moi ayons pu nous parler et nous Ă©couter pendant prĂšs de deux heures sans nous disputer. Mais je fais ici de la provocation. Non, l’exceptionnel, c’est de pouvoir se parler en toute confiance et, aussi, d’avoir pu se revoir pour des circonstances agrĂ©ables et suffisamment durables de façon Ă  pouvoir refaire le plein.  

 

 

Nous n’avons fait qu’une halte pour acheter un sandwich Ă  emporter. Puisque moi, je n’avais pas de passe sanitaire. Ce qui m’a peut-ĂȘtre donnĂ© l’occasion de frauder pour la premiĂšre fois. Alors que nous nous sommes assis, seuls, Ă  l’écart, sur un des bancs situĂ© Ă  plusieurs mĂštres en face du lieu oĂč nous avions commandĂ© et achetĂ©. Ces bancs avaient sĂ»rement Ă©tĂ© mis lĂ  par l’enseigne et Ă©taient occupĂ©s par un groupe de jeunes avant notre arrivĂ©e.

 

Puis, aprĂšs avoir mangĂ©, nous sommes repartis. Avant de nous mettre en train, cette amie s’était inquiĂ©tĂ©e du fait que notre destination, jusqu’à chez elle, m’éloignait de chez moi. J’avais souri :

 

« Mais j’ai mon vĂ©lo ! Tout ce qui compte pour moi, ensuite, c’est d’aller Ă  la gare St Lazare Â».

 

PrĂšs de son immeuble, elle m’a dit de la tenir au courant de ce qui m’arrivait. J’ai acquiescĂ©. Puis, en suivant ses indications, j’ai vite retrouvĂ© le chemin pour St Lazare. Avant la gare du Nord, j’ai aperçu une fĂȘte. Il y avait beaucoup de monde. J’entendais la musique alors que nous discutions.

 

A St Lazare, j’ai pris mon train de banlieue.

 

Cette nuit, j’ai comptĂ© le nombre d’articles que j’ai Ă©crit lors de ce mois d’aout aprĂšs avoir publiĂ© Photos du mois d’Aout 2021) . Article que j’ai publiĂ© en me demandant si toute cette Ă©nergie que je mets Ă  Ă©crire avait une rĂ©elle utilitĂ©. Je n’ai jamais autant publiĂ© pour mon blog que depuis ce mois d’aout 2021. Je dĂ©pose aussi dans ce blog une partie de ma mĂ©moire.  Ce mois d’aout est peut-ĂȘtre le tour de piste des sujets vers lesquels je vais de plus en plus me concentrer. Ou peut-ĂȘtre aussi ma façon de tirer ma rĂ©vĂ©rence. Car j’ai le pressentiment que ce mois de septembre va m’ĂȘtre difficile. MĂȘme si je ne vois pas trop encore pour quelle raison. Parce-que  tout ce que l’on apprĂ©hende de façon trop Ă©vidente se vĂ©rifie, Ă  mon avis, assez rarement.

 

A cĂŽtĂ© de ça, je me dĂ©sole de voir que Marche jusqu’au viaduc   est moins lu qu’il le devrait Ă  mon avis. C’est peut-ĂȘtre une histoire d’exposition. C’est peut-ĂȘtre tant mieux, aussi. Mais pour qui ?

 

Franck Unimon, ce dimanche 29 aout 2021.

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Photos du mois d’Aout 2021

 

                                     Photos du mois d’Aout 2021

Ces photos ont été prises principalement à Paris. Souvent en me rendant au travail à vélo. Ce diaporama a été réalisé sans tenir forcément compte de leur chronologie.

Une photo a Ă©tĂ© prise Ă  Argenteuil. Sur une autre, Ă  Aulnay sous Bois, Ă  la ferme du Vieux-pays, on peut voir Steve Tientcheu, acteur, et Tarik Laghdiri, scĂ©nariste ( Le cinema-A ciel ouvert avec Steve Tientcheu et Tarik Laghdiri).

 

Certaines de ces photos devaient servir pour un article que j’avais prĂ©vu d’appeler Sommes-nous si prĂ©visibles ?Un titre trĂšs enjouĂ© que j’avais trouvĂ© tout seul en tombant sur la couverture d’un journal nous parlant des Talibans en Afghanistan. AprĂšs plusieurs semaines durant lesquels la pandĂ©mie du Covid, mais aussi la vaccination anti-Covid, avaient occupĂ© systĂ©matiquement la premiĂšre page des journaux, mais aussi nos pensĂ©es et nos discussions, subitement, et presque de concert, la prioritĂ© mĂ©diatique Ă©tait donnĂ©e aux Talibans. Ainsi qu’à la peur du terrorisme. Une peur remplaçait une autre peur. Plusieurs « Dj Â» avaient changĂ© de disque en mĂȘme temps pour nous faire danser aussi longtemps qu’avec le tube de la peur prĂ©cĂ©dente. Peur prĂ©cĂ©dente qu’il s’agissait de ne pas trop user afin qu’elle puisse rester disponible et efficace. Il fallait pouvoir continuer de nous pousser vers la piste de danse.

 

D’avance, je sais que nous danserons.

 

On nous parle aussi du rĂ©chauffement climatique qui prend des proportions de plus en plus catastrophiques mais, pour l’instant, les grandes capitales ne sont pas frappĂ©es. A court terme, les bombes et les kalachnikovs des terroristes (Talibans ou autres), eux, peuvent nous atteindre plus rapidement que le rĂ©chauffement climatique.

 

Une influenceuse ou un « influenceur Â» de bonheur, aussi, peut nous atteindre plus rapidement que le rĂ©chauffement climatique.

 

Mais tout cela n’est pas une raison pour s’empĂȘcher de regarder ailleurs. C’est aussi ce que nous faisons.

 

J’ai Ă©tĂ© trĂšs touchĂ© de voir cette exposition de quelques photos des films du rĂ©alisateur polonais Kieslowski dont « l’anonymat Â» depuis sa mort me dĂ©sole. C’est un rĂ©alisateur dont j’aurais pu ou aurais dĂ» parler avec Steve Tientcheu et Tarik Laghdiri. Je l’aurais sans doute fait si j’avais aperçu cette exposition avant de les rencontrer.

 

Kieslowski abordait souvent des sujets graves de maniĂšre apaisante. Moins fantastique que Cronenberg et moins dĂ©primant que Bergman, j’ai aimĂ© sa façon de nous entraĂźner dans ses histoires. Pourtant, ses films ont d’abord Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s dans une Pologne « grise Â» trĂšs dĂ©pendante du mur de Berlin. Et la musique employĂ©e pour la bande son de ses films limitait beaucoup les envies de dĂ©hanchement et d’emballement d’une Ă©ventuelle conquĂȘte. NĂ©anmoins, ses films ont Ă©tĂ© moralement formateurs.

 

Pour ce diaporama, j’ai pensĂ© Ă  ce titre du groupe Nirvana parce-que je l’aime beaucoup et aussi parce qu’il est court. Je n’ai pas Ă©tĂ© inspirĂ© par un titre de zouk pour le « coller Â» Ă  ces photos. Il y aurait pu y avoir des photos de LĂ©o Tamaki Dojo 5 ) qu’il Ă©tait prĂ©vu que j’interviewe Ă  la fin de ce mois d’aout lors de son stage d’AĂŻkido Ă  Paris . Mais je n’ai pas de passe sanitaire et celui-ci est devenu incontournable aprĂšs mon premier passage au Dojo 5 en juillet.

LĂ©o Tamaki m’a assurĂ© que l’interview pourrait avoir lieu d’ici quelques mois. Son optimisme m’a fait du bien.

 

J’espùre que ce diaporama vous plaira.

 

Franck Unimon, ce dimanche 29 aout, 2h10 du matin.

 

 

 

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Un acte politique

Photo prise ce mercredi 18 aout 2021 à Argenteuil, non loin de la mairie et de la médiathÚque.

                                                 Un acte politique

La foule

 

 

« Tout acte est politique Â». Nous avons tous entendu ça un jour. A partir de lĂ , tirer la chasse d’eau dans les toilettes ou laisser dĂ©border la cuvette des chiottes- sans les nettoyer- peut aussi ĂȘtre vu comme un acte politique. Pisser par terre sans essuyer, aussi. 

 

Je n’ai pas de passĂ© de militant politique. J’ai trĂšs peu mouillĂ© le maillot dans des manifestations ou dans des assemblĂ©es syndicales, associatives ou autres. Je me mĂ©fie des mouvements de foule et de groupe. Il y a bien-sĂ»r ma conversion trĂšs facile au « thĂ©orĂšme Â» de l’humoriste Pierre Desproges qui expliquait que pour connaĂźtre le quotient intellectuel d’un groupe ou d’une foule, qu’il fallait le diviser par le nombre de personnes qui le ou la constituait.

 

Mais il y ‘a d’autres paramĂštres qui comptent pour moi et qui rejoignent ce « thĂ©orĂšme Â».

 

Une foule, Ă  moins d’y aller en famille, c’est beaucoup de personnes inconnues. On peut bien sĂ»r y faire des rencontres indispensables. Mais, le plus souvent, la plus grande partie de celles et ceux que nous avons cĂŽtoyĂ©es restent pour nous des anonymes. On est moins maitre de soi dans une foule. En terme de repli, d’esprit critique mais aussi pour nos dĂ©cisions.

 

D’une certaine façon, se mĂȘler Ă  la foule, c’est lui faire confiance. Et, tout le monde qui constitue cette foule se livre Ă  cette confiance assez aveugle. On suit le mouvement. Ça peut donner Ă  vivre des moments trĂšs agrĂ©ables, de liesse ou de grande communion.  Pacifique ou destructrice. Ça peut aussi revenir Ă  se retrouver dans une cuvette remplie de dĂ©sherbant lorsque ça dĂ©rape. Ou lorsque la peur remplace solidement le fragile sĂ©diment d’union.

 

Les incendies du Monde

 

Ces deux-trois derniers jours, on parle de plus en plus des incendies en Chine, en Russie et dans une autre partie du Monde. Tout cela est liĂ© Ă  la dĂ©sertification et au rĂ©chauffement climatique. On parle aussi des Talibans qui ont repris l’Afghanistan depuis le dĂ©part des derniĂšres troupes militaires amĂ©ricaines. L’opticien avec lequel j’ai mes habitudes m’a parlĂ© des conditions de vie qui se sont particuliĂšrement dĂ©gradĂ©es au Liban ces derniĂšres semaines. Il est trĂšs difficile d’y trouver du pain. De l’essence pour les voitures. Les gens ont droit Ă  vingt litres d’essence. Les coupures d’Ă©lectricitĂ© sont frĂ©quentes. La retraite n’existe pas au Liban. On y travaille jusqu’Ă  la mort. Son grand-pĂšre, atteint d’un cancer, travaillait encore une semaine avant sa mort.  

 

Ces sujets- et d’autres- sont inquiĂ©tants. Ils permettent aussi de parler d’autres sujets que la pandĂ©mie du Covid, des pro-vaccins, des anti-vaccins, et des dĂ©sunions profondes que ces sujets causent.

 

Mais sans parler de ça, et avant mĂȘme que de nouveaux actes terroristes n’assombrissent encore plus nos visages, quelques Ă©vĂ©nements quotidiens banals nous montrent dĂ©jĂ  que notre union gĂ©nĂ©rale a une composition assez voisine de celle de certains de ces produits que l’on achĂšte en grande surface.

 

Il y a un peu plus de trois ans, alors que l’on parlait davantage des attentats terroristes islamistes, une jeune femme avait dĂ» subir l’insistance d’un homme en public. C’était dans le mĂ©tro Ă  une heure de pointe. L’homme Ă©tait un « beau bĂ©bĂ© Â», d’un mĂštre quatre vingt Ă  un mĂštre quatre vingt dix. Il devait porter un vĂȘtement militaire pour que je me sois imaginĂ© qu’il devait ĂȘtre du genre engagĂ© dans l’armĂ©e. Laquelle lui permettait sans doute d’avoir des rĂšgles de vie. Une tenue de route. Des ordres Ă  appliquer. Une discipline.

 

LĂ , livrĂ© Ă  lui-mĂȘme, parachutĂ© dans la vie et l’isolement social,  il avait bu quelques biĂšres. En canettes ou en petites bouteilles de verre. Il Ă©tait plus lourdaud qu’un pervers Ă  la Fourniret. Mais il Ă©tait nĂ©anmoins imposant, intimidant et Ă  cĂŽtĂ© de la plaque.

La jeune femme avait peine Ă  se soustraire de ses « avances Â». Dans le mĂ©tro qui s’ébrouait, sur la ligne 4, personne ne bougeait. Un de ces mĂ©tros « serpent Â» oĂč toutes les voitures communiquent entre elles.

 

C’est en entrant dans le mĂ©tro et en m’asseyant  Ă  quelques mĂštres que j’ai vu ça. Ce jour-lĂ , je n’ai pas rĂ©flĂ©chi. Parce-que pour agir « juste Â», c’est cela le paradoxe, que ce soit en amour, lors d’une dispute ou pour aider quelqu’un, il faut aussi savoir
ne pas rĂ©flĂ©chir. Savoir se faire confiance. S’exprimer comme ça nous vient.

 

L’homme aux lunettes jaunes

 

Ce jour-lĂ , j’ai Ă©tĂ© suffisamment confiant pour, trĂšs vite, faire signe Ă  la jeune femme de venir s’asseoir Ă  cĂŽtĂ© de moi. Une place Ă©tait libre. La jeune femme a vu mon geste puisqu’elle s’est dĂ©placĂ©e jusqu’à moi. Je ne suis plus sĂ»r qu’elle se soit assise Ă  cĂŽtĂ© de moi. Mais je sais lui avoir parlĂ© et lui avoir demandĂ© oĂč elle voulait descendre. C’était une ou deux stations de mĂ©tro plus loin.

Quelque chose dans mon attitude avait vraiment dĂ» lui inspirer confiance car, Ă  cette Ă©poque, je portais des lunettes de vue plus ou moins Ă  double foyer dont les premiers verres Ă©taient de couleur jaune. Si j’était plutĂŽt content de mon choix alors, aujourd’hui, lorsque je revois certaines photos de moi avec ces lunettes, je me dis que je n’étais pas du tout Ă  mon avantage.

 

Le gros bĂ©bĂ©, lui, seul sur la piste, comme si une femme l’avait plantĂ© en plein slow, s’était un peu Ă©nervĂ©. Il avait jetĂ© sa canette de biĂšre par terre. De la mousse avait coulĂ©. Il avait fait quelques pas  dans notre direction. Un autre homme, plus jeune que moi, plus petit que notre « gorille Â», mais aussi plutĂŽt longiligne s’était comme mis sur la trajectoire de « l’envahisseur Â». Lequel avait aboyĂ© des propos ou des menaces que notre deuxiĂšme homme, notre deuxiĂšme ligne, avait laissĂ© passer. Puis, ça avait Ă©tĂ© « tout Â».

 

Notre jeune femme avait pu sortir du mĂ©tro. Je serais incapable de la dĂ©crire. Je me rappelle qu’un homme, un peu plus loin, m’avait ensuite adressĂ© un regard. Comme si, pour lui, j’avais pu constituer une forme de soutien. Alors que j’estimais ĂȘtre presque rien. Je ne sais pas de quoi j’aurais Ă©tĂ© capable si notre « homme Â» avait Ă©tĂ© agressif physiquement envers moi. Je n’y avais pas rĂ©flĂ©chi en faisant signe Ă  cette jeune femme. Je n’avais pas eu le temps d’avoir peur. Mais j’avais eu le temps de me dire qu’en cas de nouvel attentat (ce devait ĂȘtre aprĂšs l’attentat du Bataclan), la plupart de ces personnes prĂ©sentes dans ce mĂ©tro, ce jour-lĂ , seraient parties dans tous les sens. Et que les terroristes auraient pu en faire ce qu’ils voulaient. Dans les rues de Paris et au Bataclan, les terroristes avaient pris leur pied en tirant sur des gens Ă  balles rĂ©elles comme dans une fĂȘte foraine. Dans ce qui venait de se passer avec cette jeune femme, je ne voyais pas de quel genre d’Ă©chappatoire nous aurions pu disposer face Ă  un scĂ©nario terroriste identique Ă  celui du Bataclan. Et, cela, les terroristes le savent. L’Etat, aussi. 

L’Ami de quelqu’un

 

C’est aussi pour cela, sĂ»rement, que je me mĂ©fie des foules. Lors d’une action commune, je prĂ©fĂšre ĂȘtre entourĂ© de peu de personnes et bien les connaĂźtre. Et, Ă©videmment, plus cette action commune sera dĂ©licate, plus j’aurai sans doute besoin de bien connaĂźtre ces personnes qui m’entourent afin de pouvoir mieux me coordonner avec elles. On critique trĂšs souvent les personnes qui, dans les transports en commun, ne bougent pas en cas d’agression. Cette « passivitĂ© Â» s’explique aussi par le fait que toutes ces personnes entre elles ne se connaissent pas et ne connaissent pas la victime. Et, l’agresseur ou les agresseurs profitent  aussi de cette brĂšche. De cette opportunitĂ©.

 

Aujourd’hui, on se dit facilement ĂȘtre l’ami de quelqu’un. Mais c’est une formule. Y compris une formule de politesse. Il est facile d’ĂȘtre l’ami de quelqu’un lorsque tout sourit. Et c’est agrĂ©able, aussi. On ne peut pas souhaiter rester en permanence sur le qui-vive et dans la mĂ©fiance. On ne peut pas passer son temps Ă  devoir ramper constamment dans la boue et le froid, en pleine nuit, le ventre vide, afin d’échapper Ă  des furies. Ou juste pour se rendre Ă  une sĂ©ance de cinĂ©ma ou pour prendre un verre dans un bar avec quelqu’un.

 

L’anomalie

 

Aujourd’hui, j’ai raccompagnĂ© ma fille Ă  la mĂ©diathĂšque de ma ville. J’ai vite renoncĂ© Ă  faire remarquer aux bibliothĂ©caires que je « connais Â» et qui me « connaissent Â» qu’il y a une grosse anomalie dans le fait que des gens comme moi, non vaccinĂ©s contre le Covid, soient dĂ©sormais interdits d’accĂšs de la mĂ©diathĂšque. Je crois que faire part de cette anomalie aux bibliothĂ©caires les mettrait mal Ă  l’aise. Je me suis contentĂ© de les saluer de loin. Nous nous sommes souris. Je me suis aussi demandĂ© combien de fois faudrait-il que des usagers familiers comme moi repassent et restent ainsi presqu’à la « porte Â» de la mĂ©diathĂšque pour que l’une ou l’un d’entre eux, Ă  un moment donnĂ©, finissent par se dire qu’il y a quelque chose qui cloche dans cette situation. Je me suis aussi demandĂ© combien de temps, si j’étais Ă  leur place, ou lorsque je suis Ă  leur place dans mon travail, me faudrait-il/me faut-il, pour m’apercevoir qu’il y a quelque chose qui cloche dans ma conduite au regard de certaines situations.

 

L’anomalie est  que la mairie de ma ville ne propose aucune alternative. Car les impĂŽts que je paie depuis des annĂ©es contribuent au financement des institutions publiques comme les mĂ©diathĂšques et les hĂŽpitaux publics. L’Etat et donc la mairie de ma ville n’ont donc aucune lĂ©gitimitĂ© Ă  m’interdire totalement l’accĂšs Ă  la mĂ©diathĂšque de ma ville. Ou, ils se doivent de me proposer un service alternatif. Car je paie pour ce service public avec mes impĂŽts. Or, depuis plusieurs jours maintenant, l’Etat prend l’argent de mes impĂŽts mais ne me rend pas le service pour lequel mes impĂŽts- et ceux des autres citoyens vaccinĂ©s et non-vaccinĂ©s contre le Covid- le paient. Et, la mairie de ma ville se comporte donc comme un exĂ©cutant zĂ©lĂ© de l’Etat. C’est un exĂ©cutant de poids mais, aussi, un exĂ©cutant dĂ©cĂ©rĂ©brĂ© qui manque totalement de recul. Et qui manque, lĂ , Ă  sa mission d’inclusion sociale et culturelle.

Lorsqu’une entreprise prend l’argent ou reçoit de l’argent de ses actionnaires, elle lui doit des contreparties. Sauf si les actions n’ont plus de valeur. Dans ce cas, les actionnaires ont perdu leur argent. Refuser l’accĂšs Ă  des institutions publiques Ă  des personnes qui paient leurs impĂŽts parce-qu’, actuellement, ces personnes ne fournissent pas de passe sanitaire ou de test PCR ou antigĂ©nique nĂ©gatif, cela signifie aussi que, pour l’Etat, les « actions » du service public n’ont aucune valeur. 

 

C’est presque le contenu du mail que j’ai envoyĂ© tout Ă  l’heure Ă  la mairie de ma ville.  Je ne sais pas quand ce mail sera lu. Nous sommes en plein mois d’aout, pendant les grandes vacances. Et, je ne suis personne. Je n’ai pas des millions de vues sur une chaine Youtube. Je n’ai aucun ami dans les sphĂšres politiques, mĂ©diatiques ou dans le monde des affaires. Mais mon mail est sans doute un acte politique. Et, je n’ai pas prĂ©vu d’aller boire de la biĂšre dans un mĂ©tro en attendant que l’on me rĂ©ponde.

 

Franck Unimon, ce mercredi 18 aout 2021.

 

 

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Mes impĂŽts

Photo prise le 6 aout 2021 Ă  Argenteuil. J’ai revu cette affiche quelques jours plus tard Ă  Paris. Le message est que les baisers « profonds » sont Ă  « jeter » puisque susceptibles d’ĂȘtre transporteurs du virus du Covid. C’est un hasard si le vĂ©hicule de transport se trouvait lĂ  au moment oĂč j’ai pris la photo.

Mes impĂŽts

Mais, au fait ! Moi, le non-vaccinĂ©, coupable de vivre encore sans passe-sanitaire


Tous les mois, depuis des annĂ©es, je paie bien des impĂŽts ? Et, maintenant que le prĂ©lĂšvement de l’impĂŽt sur le revenu se fait Ă  la source, chaque mois, sur mon salaire, sont bien prĂ©levĂ©s mes impĂŽts ?

 

 

 

Mes impĂŽts participent aussi au financement des hĂŽpitaux publics, des bibliothĂšques et autres services
.alors, je paie pour ça mais je n’y ai plus le droit depuis quelques jours ( En allant Ă  la mĂ©diathĂšque ce samedi 14 aout 2021). Sauf pour les urgences Ă  l’hĂŽpital.

Ça fait penser un peu Ă  du racket dans un pays supposĂ© Ă©galitaire. Ou ça pousse Ă  croire que l’Etat, au moins, et celles et ceux qui appliquent ces nouvelles mesures s’assoient sur certaines lois. Sans penser Ă  mal, bien-sĂ»r.

 

On a le droit d’ĂȘtre pro-vaccin et mĂȘme d’ĂȘtre persuadĂ© que les anti-vaccins sont des crĂ©tins, des illuminĂ©s, et tout ce qui s’ensuit. Mais cette histoire d’impĂŽts devrait faire rĂ©flĂ©chir n’importe qui. Mais, apparemment, pas trop. La rĂ©flexion semble se limiter Ă  : seringue ou pas seringue. Pas au delĂ .

A cĂŽtĂ© de ça, les nouvelles mesures sanitaires (passe sanitaire obligatoire) sont appliquĂ©es sans discernement. De l’Etat au simple employĂ© qui ne fait qu’executer 
.

Bonne nuit.

 

La mĂȘme affiche qu’au dĂ©but de cet article, photographiĂ©e cette fois quatre jours plus tard Ă  Paris, le 10 aout 2021. Sortie Ă  Paris qui m’a ensuite inspirĂ© l’article « Paris sans passe : Atterrissage ethnique ».

 

 

Franck Unimon, ce dimanche 15 aout 2021.

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En allant à la médiathÚque ce samedi 14 aout 2021

 

En allant à la médiathÚque ce samedi 14 aout 2021

 

La peur d’un complot

 

 

En allant Ă  la mĂ©diathĂšque ce samedi 14 aout 2021, je savais que je ne pourrais y entrer dĂ©sormais. DĂ©sormais, un passe sanitaire est obligatoire Ă  l’entrĂ©e. « Ou un rĂ©sultat nĂ©gatif Ă  un test PCR ou antigĂ©nique Â» a ajoutĂ© la bibliothĂ©caire qui a ajoutĂ© avoir reconnu ma voix lorsque je l’ai appelĂ©e par son prĂ©nom.

 

14 ans que je me rends Ă  cette mĂ©diathĂšque. Cette fois, je faisais le trajet pour y accompagner ma fille qui, fort heureusement, maintenant, connaĂźt l’endroit et la plupart des gens qui y travaillent. Cette situation oĂč je la « dĂ©pose Â» Ă  l’entrĂ©e de la mĂ©diathĂšque et reviens ensuite la chercher est bien-sĂ»r un bon moyen d’autonomisation pour elle. « D’autres parents font comme ça, aussi Â» m’avait Ă©galement dit la mĂȘme bibliothĂ©caire au tĂ©lĂ©phone.

 

Au prĂ©alable, j’avais expliquĂ© le « topo Â» Ă  ma fille. En quelques mots. Elle avait pris ça calmement et Ă©tait plutĂŽt contente de dĂ©couvrir qu’elle pourrait utiliser la carte de prĂȘt, toute seule. Pour le dvd du dessin animĂ© Trolls 2, ce serait Ă  elle qu’il reviendrait d’aller solliciter la bibliothĂ©caire afin de lui demander si elle pourrait le rĂ©emprunter. Car elle n’avait pas eu le temps de le regarder.

 

En nous rapprochant de la mĂ©diathĂšque, je suis tombĂ© sur ce panneau de la Licra contre l’antisĂ©mitisme. Je comprends la campagne contre l’antisĂ©mitisme. Mais j’ai Ă©tĂ© surpris par la pĂ©riode d’apparition de ce panneau. Pourquoi maintenant, un 14 aout ? Alors qu’une bonne partie des gens sont, en principe, en vacances. Et puis, je ne saisissais pas cette phrase qui Ă©tait apparemment un tĂ©moignage :

 

« En m’associant Ă  la peur d’un complot, on donne un visage Ă  l’antisĂ©mitisme Â».

 

Signé David.

 

Aujourd’hui, le mot « complot Â» est directement associĂ© Ă  celles et ceux qui sont contre les vaccins anti-Covid ou qui expriment des doutes Ă  leur sujet.

 

Et, puis, cet homme sur la photo donne l’impression que c’est lui, l’antisĂ©mite. Puisque c’est son visage qui apparaĂźt. Or, il est supposĂ© ĂȘtre juif. Qu’est-ce que c’est que ce message contradictoire ?! Cette phrase sĂ»rement sincĂšre et pourtant si alambiquĂ©e que j’avais du mal Ă  la dĂ©crypter ?!

 

Passer de ce « Je Â» implicite ( « En »)  Ă  « On Â». Quel flou ! Comment la Licra avait t’elle pu lancer une campagne avec des propos aussi ambigus ? Ou bien, avais-je mal vu ?

 

Je ne savais plus. Je ne sais plus.

 

Rester dans la mĂȘme histoire

 

J’ai pris le temps de prendre cette affiche en photo. Puis, j’ai rejoint ma fille. Avant de traverser la route, je me suis dit :

 

« Peu importe que l’on ait (la) raison ou qu’on l’ait perdue : la folie, c’est rester dans la mĂȘme histoire en se blottissant contre l’impossibilitĂ© ou la difficultĂ© d’en sortir. En la voyant comme le rĂ©servoir de l’HumanitĂ© et l’intĂ©gralitĂ© de nos vies Â».

 

A partir de ce 12 juillet 2021, avec un gros pic dĂ©but aout, j’ai beaucoup parlĂ© du Covid et des vaccins dans mes derniers articles. C’est « normal Â», ce sujet nous occupe tous. Et il va continuer de le faire. Mais ne parler que de « lui Â» et des vaccins, c’est s’immerger soi-mĂȘme la tĂȘte dans une marmite et l’y laisser cuire.

 

Je parlerai donc Ă  nouveau du Covid dans mes articles. Mais, autant que possible, moins. Parce-que je ne crois pas qu’en plein conflit armĂ©, en prison ou en d’autres circonstances de vie difficiles que les gens qui survivent et s’en sortent le mieux ne passent leur temps qu’à parler de ce qui se trouve ou de ce qui peut bien encore se trouver au fond de la marmite. Et de sa fabrication, de son volume rĂ©el mais aussi de sa couleur. Ce genre d’informations, mĂȘme en nous concentrant, nous dĂ©passe : le volume rĂ©el de la marmite, sa profondeur exacte
.tout cela, nous ne l’apprendrons, si nous sommes encore prĂ©sents Ă  cette date, que lorsque  notre histoire avec cette marmite sera rĂ©ellement terminĂ©e. Or, pour l’instant, cette histoire est encore en cours.

 

Combattre, rĂ©sister, s’évader

 

Quant Ă  la façon de combattre, de rĂ©sister, ou de s’évader, il en existe plusieurs. Rarement une seule Ă  ce que j’ai compris. Et, il convient de rĂ©ussir Ă  trouver celle qui nous correspond le mieux.

 

A quelques mĂštres devant l’entrĂ©e de la mĂ©diathĂšque, une table dehors. DerriĂšre elle, une bibliothĂ©caire que je connaissais bien-sĂ»r. J’ai fait mes derniĂšres recommandations Ă  ma fille et lui ai dit l’heure Ă  laquelle j’allais revenir la chercher. La bibliothĂ©caire, pĂ©dagogue, lui a traduit :

 

« Donc, ça te fait trois quarts d’heure Â». Je ne pouvais pas faire plus pour cette fois.

 

Je suis allĂ© faire quelques courses chez le marchand de primeurs. Je suis passĂ© Ă  la bonne heure. J’étais le seul client.

 

A mon retour, j’ai essayĂ© de voir avec la bibliothĂ©caire comment me faire Ă  ces nouvelles rĂšgles. Elle m’a confirmĂ© que je pouvais faire des rĂ©servations sur le site de la mĂ©diathĂšque. Mais m’a expliquĂ© qu’ils n’étaient pas assez nombreux en personnels pour organiser un « Drive Â». Il faudrait donc que quelqu’un qui dispose d’un passe sanitaire, ou ma fille, aille chercher les documents rĂ©servĂ©s Ă  ma place. Ce genre de solution n’a rien d’exceptionnel. A l’extrĂȘme, je « sais Â» que dans certains conflits armĂ©s, des parents ont pu cacher des armes dans les cartables de leurs enfants afin que ceux-ci passent les contrĂŽles. LĂ , il s’agirait juste de me porter quelques livres ou cds. Cela pourrait ĂȘtre assez gratifiant pour ma fille. Mais cela m’emballe modĂ©rĂ©ment. Et, de la solliciter pour ça. Mais, aussi, de solliciter qui que ce soit d’autre.

 

Si j’étais gravement malade, trĂšs occupĂ© ou un grand criminel recherchĂ© dans toute la France, je pourrais Ă  la limite recourir Ă  cette « mĂ©thode Â». Mais, lĂ , je suis parfaitement en Ă©tat pour effectuer mes dĂ©marches moi-mĂȘme. Mon casier judiciaire est vierge.

Sauf que les rĂšgles ont changĂ© depuis le 9 aout. Je peux entrer dans n’importe quelle Fnac de France avec mon masque anti-Covid. J’ai vu il y a quelques jours que j’aurais pu entrer dans une bibliothĂšque en plein Paris sans passe sanitaire. Dans le 1er arrondissement. Si je cherche bien,  il doit donc y avoir encore d’autres bibliothĂšques oĂč il est toujours possible d’entrer sans passe sanitaire, en portant un masque anti Covid.

Certaines mairies par contre, comme celle de ma ville, font peut-ĂȘtre du zĂšle en matiĂšre de mesures sanitaires. Je n’ai pas les moyens de m’y opposer. Pour l’instant, je n’ai donc plus le droit d’entrer dans la mĂ©diathĂšque de ma ville et, un peu, de ma vie.

 

A partager

 

Ma fille et moi sommes ensuite repartis. Elle, insouciante, et c’est normal, moi, plus partagĂ© mais aussi discret que possible pour ne pas la concerner par cette situation particuliĂšre.

 

PartagĂ© parce-que je ne sais pas combien de temps il sera autorisĂ© qu’elle puisse accĂ©der Ă  la mĂ©diathĂšque sans passe sanitaire ou autre restriction qui ne finit de s’ajouter Ă  notre quotidien. PartagĂ© parce-que, d’une certaine façon, je fais peser sur ma fille les consĂ©quences d’une dĂ©cision qui ne devrait regarder que les adultes entre eux. Or, cette pandĂ©mie n’est pas seulement sanitaire. Elle est aussi sociĂ©tale et imprĂšgne tous les rayons et toutes les Ă©tagĂšres sur lesquels reposent toutes les cultures que nous empruntons, dĂ©nigrons ou ignorons.

 

Franck Unimon, ce dimanche 15 aout 2021.

 

 

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Immunité et amnésie collective

 

Photo prise à Paris, vraisemblablement prÚs de la Place Monge. Photo©Franck.Unimon

Immunité et amnésie collective

 

Pour un retour Ă  une vie normale

 

Cette vidĂ©o est repassĂ©e plusieurs fois. Comme bien d’autres passagers, je n’y ai pas fait plus attention que ça. DĂ©sormais, dans les trains de banlieue, il y a aussi des Ă©crans. On y voit des images nous prĂ©sentant, sans le son, les attraits de la rĂ©gion d’üle de France et certains Ă©vĂ©nements.

 

On y voyait une jeune femme brune plutĂŽt charmante, seule, portant un maillot et, sur son visage, les couleurs de l’équipe française de Football. Elle nous souriait devant ce qui pouvait faire penser au Stade de France d’avant un match. Cela se terminait par une phrase qui disait Ă  peu prĂšs :

 

« Pour revenir Ă  une vie normale, et recommencer Ă  tous nous amuser, vaccinons-nous contre le Covid Â».

C’est Ă  ce « clip » que je fais allusion. Il est Ă  nouveau rediffusĂ© depuis quelques jours. Mais je ne saurai dire quand. J’ai pris cette photo ce mercredi 1er septembre 2021 prĂšs de la ligne 14. Le clip est bien-sĂ»r rediffusĂ© dans d’autres lieux de transports. Sans doute comme un rappel avant le 15 septembre 2021. Date Ă  partir de laquelle toute personne non vaccinĂ©e ou non en cours de vaccination anti-covid risque d’ĂȘtre licenciĂ©e, mise Ă  pied, suspendue…. Le clip se termine avec la phrase :  » A chaque vaccination, c’est la vie qui reprend ». Phrase que j’avais oubliĂ©e mais dont j’avais retenu le message Ă  ma façon comme on peut le lire dans cet article.

 

Il y avait le mĂȘme genre de clip pour les festivals de musique. Avec le mĂȘme message. C’était le dĂ©but de l’étĂ©, peut-ĂȘtre avant le dĂ©but des grandes vacances. A cette pĂ©riode de l’annĂ©e, oĂč, traditionnellement et souvent, en France, on aspire particuliĂšrement Ă  vivre Ă  l’extĂ©rieur.

 

Maintenant que j’y repense, Ă  peu prĂšs deux mois plus tard, cette campagne d’information et de prĂ©vention Ă©tait un slogan. Le public incitĂ© Ă  la vaccination anti-Covid Ă©tait peut-ĂȘtre fĂ©minin mais surtout jeune adulte. Dans une moyenne d’ñge comprise entre celui oĂč l’on est autorisĂ© Ă  se rendre seul Ă  un stade de foot jusqu’à, disons, 25 ou 26 ans. Cette tranche de la vie oĂč l’on est supposĂ© insouciant, sans enfants et sans charges particuliĂšres. OĂč l’on aime circuler, sortir et consommer et oĂč l’on a, en principe, la possibilitĂ© de le faire.

PrÚs des Colonnes de Burren. Photo©Franck.Unimon

 

C’est peut-ĂȘtre aussi pour ces raisons que je ne m’étais pas du tout senti concernĂ©. Cette Ă©poque de la vie Ă©tait pour moi plutĂŽt rĂ©volue. Si j’avais Ă©tĂ© une femme charmante et jeune Ă  une Ă©poque, je ne l’étais plus depuis des annĂ©es. Cela fait des annĂ©es que plus personne ne m’a invitĂ© au restaurant ou proposĂ© d’aller danser en boite de nuit.

 

Il y avait aussi des annĂ©es que je n’étais allĂ© dans un stade de foot. Et, en plus, je n’étais pas du tout pressĂ© de me faire vacciner contre le Covid.

 

Notre Dame

 

Il y avait eu,  aussi, finalement, Ă  peu prĂšs le mĂȘme genre de publicitĂ© pour la cathĂ©drale Notre Dame de Paris. C’était aprĂšs son incendie- en avril 2019- qui avait beaucoup Ă©mu. Et qui avait Ă©tĂ© trĂšs mĂ©diatisĂ© de par le monde quelques annĂ©es plus tĂŽt. Pour des appels Ă  dons afin de permettre sa reconstruction.

 

 

Je me rappelle d’une affiche sur un mur avant d’aller prendre la ligne 12 du mĂ©tro en partant pour le travail. Cette grande affiche montrait un jeune d’une vingtaine d’annĂ©es avec cette phrase :

 

« Parce-que c’est Notre Dame Â».

 

LĂ  aussi, je ne m’étais pas senti concernĂ©. Je n’avais jamais fait que passer devant Notre Dame et je ne me rappelle pas y ĂȘtre entrĂ© une seule fois avant son incendie.

 

Depuis le 12 juillet 2021, je le rĂ©pĂšte comme je bute contre cette information, la campagne de vaccination contre le Covid m’a assez brutalement rattrapĂ©. Les mesures dĂ©cidĂ©es par le gouvernement ont organisĂ© une sorte de parcours flĂ©chĂ© directif vers les centres de vaccination anti-Covid et l’acceptation du passe sanitaire numĂ©risĂ©. Le passe sanitaire n’est autre que la version amĂ©liorĂ©e,  quelque peu totalitaire, de ces attestations de dĂ©placement provisoire que nous devions remplir Ă  chaque fois, sur un formulaire papier. Lorsque nous sortions de chez nous Ă  partir du premier confinement de mars 2020. L’annĂ©e derniĂšre. Ce genre d’attestation Ă  remplir et Ă  prĂ©senter Ă©tait une PremiĂšre, pour nous, Français, nĂ©s aprĂšs la Seconde Guerre Mondiale. Pour nous, de telles mesures de restriction faisaient plutĂŽt partie des manuels d’histoire.

J’avais gardĂ© quelques uns de ces formulaires. Je crois qu’il s’agit de la premiĂšre version papier ou de l’une des toutes premiĂšres versions papier d’attestation de dĂ©placement que nous avions Ă  remplir lors du premier confinement en mars 2020. L’annĂ©e derniĂšre, j’en avais souvent plusieurs exemplaires vierges sur moi.

 

 

 

Avec le passe sanitaire, nous avons franchi d’un seul coup plusieurs paliers supplĂ©mentaires dans l’auto-surveillance et l’autojustification de nos dĂ©placements. Nous avons acceptĂ© un peu plus ou un peu mieux de nous retrouver derriĂšre certains verrous.

 

 

Seuil psychologique

 

 

Cette obligation indirecte, mais concrĂšte, de la vaccination anti-Covid et de l’acceptation du passe sanitaire m’a amenĂ© devant mon seuil psychologique. Nous avons tous un seuil psychologique Ă  partir duquel, chacune et chacun, nous devenons plus ou moins sidĂ©rĂ©s, nous fuyons, nous rĂ©sistons, nous piĂ©tinons ou remettons en cause ce que l’on nous propose ou ce que l’on tente de nous imposer.

 

DerniĂšrement, j’ai Ă©crit que mon refus pour l’instant de la vaccination anti-Covid et du passe sanitaire obligatoire (puisque les deux ont Ă©tĂ© menottĂ©s ensemble par notre gouvernement) a fait de moi l’équivalent d’un aborigĂšne exclu de la civilisation des spectateurs et des consommateurs dont je faisais partie jusque lĂ . ( Paris sans passe : Atterrissage ethnique), un article Ă©crit ce 11 aout 2021.

Gare St Lazare. Photo©Franck.Unimon

 

 

Avoir mauvaise conscience

 

 

Je vais me reprendre Ă  ce sujet. J’ai pu avoir mauvaise conscience lors du mouvement des gilets jaunes. Leurs manifestations persistantes, chaque week-end, ont pu durer plusieurs mois sans que je ne participe Ă  aucune d’entre-elles. Alors que je les approuvais. MĂȘme si, par ailleurs, certaines personnalitĂ©s et certains agissements ou dĂ©rapages m’ont laissĂ© perplexe. Et, Il avait fallu qu’en sortant du travail, je tombe fortuitement sur celle qui allait ĂȘtre- Ă  ce jour- la derniĂšre manifestation des gilets jaunes avant le premier confinement de mars 2020 pour que j’assiste un peu, malgrĂ© moi, en  direct, Ă  l’Ă©vĂ©nement. Et pour y participer un peu Ă  ma façon en restant quelques minutes et en prenant des photos.

Sans cette circonstance imprĂ©vue, j’avais toujours eu une bonne ou une mauvaise raison pour me tenir Ă©loignĂ© du mouvement des gilets jaunes. Ma mĂ©fiance et ma rĂ©serve envers les mouvements de foule, et pour la façon dont ils peuvent ĂȘtre rĂ©cupĂ©rĂ©s et utilisĂ©s. Pour ne parler que de ça. Raisons pour lesquelles, par exemple, je n’avais pas participĂ© en janvier 2015 Ă  la marche Je suis Charlie aprĂšs les attentats. Je savais qu’il y aurait beaucoup de monde Ă  cette marche. Et puis, pour moi, « ĂȘtre un Charlie Â» devait ĂȘtre un acte durable plutĂŽt qu’un acte « cutanĂ© Â» : une rĂ©action Ă©pidermique Ă  trĂšs court terme non suivie d’un engagement sur la durĂ©e.

MĂȘme si, bien-sĂ»r, cette manifestation spontanĂ©e aprĂšs les attentats Ă©tait nĂ©cessaire et qu’elle Ă©tait aussi constituĂ©e de personnes qui sont restĂ©es des « Charlie Â» depuis.

Pour moi, « ĂȘtre un Charlie » a consistĂ©, aprĂšs les attentats, plutĂŽt qu’Ă  le dire et Ă  le montrer lors de cette marche d’aprĂšs les attentats, Ă  me mettre Ă  acheter chaque semaine, voire Ă  m’abonner  Ă  cet hebdomadaire. Et, six ans plus tard,  alors mĂȘme que depuis plusieurs semaines, Charlie raille et caricature lourdement les personnes comme moi qui se refusent Ă  la vaccination anti-Covid, je n’en continue pas moins de l’acheter et de le parcourir. MĂȘme si sur certains sujets auparavant, j’avais pu ĂȘtre en dĂ©saccord avec quelques uns de leurs points de vue.

Manifestation des gilets jaunes, ce 14 mars 2020, quelques jours avant le premier confinement de mars 2020. Photo©Franck.Unimon

 

Mais envers le mouvement des gilets jaunes et d’autres mouvements sociaux qui les ont prĂ©cĂ©dĂ©s, et par lesquels j’ai pu, aurais pu ou aurais dĂ» me sentir concernĂ©, j’étais restĂ© spectateur. J’avais perpĂ©tuĂ© ma vie de spectateur, de commentateur et de consommateur. Alors que ces personnes qui manifestaient, gilets jaunes ou autres, elles, Ă©taient alors arrivĂ©es Ă  ce seuil psychologique que je crois connaitre actuellement devant cette vaccination anti-Covid et ce passe sanitaire.

 

 

 

Manifestation des gilets jaunes, ce 14 mars 2020, quelques jours avant le premier confinement de mars 2020. Photo©Franck.Unimon

 

 

L’ĂȘtre humain est fait de paradoxes

L’attestation de dĂ©placement dĂ©rogatoire dans sa version papier telle qu’elle a pu Ă©voluer ensuite. En bas Ă  droite, on peut remarquer l’invitation Ă  tĂ©lĂ©charger un QR Code. On en Ă©tait, alors, encore, Ă  une situation optionnelle. J’ai oubliĂ© quand ce genre de formulaire a commencĂ© Ă  apparaitre. Probablement aprĂšs juin 2020.

 

Photo prise en novembre 2020 Ă  la gare de Lyon. Mais, si je me rappelle bien, ce genre d’invitation sous cette forme, Ă  tĂ©lĂ©charger l’application Tousanti-Covid sur notre tĂ©lĂ©phone portable, existait dĂ©ja plusieurs mois auparavant dans d’autres gares parisiennes.

 

 

On peut toutefois ĂȘtre spectateur, consommateur et  militant, rĂ©sistant ou engagĂ©. C’est aussi lĂ  oĂč je tiens Ă  me reprendre. L’ĂȘtre humain est fait de tant de paradoxes. Des paradoxes que l’informatisation et la modĂ©lisation de nos vies cherchent et parviennent assez Ă  refouler jusqu’au moment oĂč survient ce seuil psychologique, cette limite qui est notre vĂ©ritable identitĂ©.

 

Au Jardin des Tuileries. Photo©Franck.Unimon

 

 

Par exemple, je crois que parmi les personnes aujourd’hui pro-vaccin anti Covid, il s’en trouve un certain nombre qui, avant l’arrivĂ©e des vaccins anti-Covid, avaient pris quelques libertĂ©s avec les mesures restrictives dĂ©cidĂ©es par le gouvernement. Que ce soit pour le nombre de kilomĂštres autorisĂ© hors de chez soi. Pour les motifs de dĂ©placement hors de chez soi. Pour le fait de se retrouver en compagnie de plus de personnes qu’il ne l’était autorisĂ© par le gouvernement pour lutter contre la pandĂ©mie du Covid. Mais aussi pour le respect de certaines rĂšgles de distanciation sociale. Il doit bien y avoir un certain nombre de personnes, qui, bien avant leur vaccination contre le Covid, avaient dĂ©ja pris dans leurs bras des proches ou des collĂšgues ; ou s’étaient embrassĂ©es- ou plus- en dĂ©pit des mesures prĂ©conisĂ©es de distanciation sociale. Et, c’est aussi parmi ces personnes aujourd’hui que l’on trouvera les plus grands critiques envers les rĂ©ticents Ă  la vaccination anti-Covid, aujourd’hui perçus comme celles et ceux qui emmerdent tout le monde et qui retardent le retour Ă  la « vie normale Â».

 

Pour l’instant, je n’ai pas retrouvĂ© la date de cette photo. Mais j’opterais pour dire que je l’ai prise l’annĂ©e derniĂšre, en 2020. Entre juin et dĂ©cembre 2020.

 

Immunité collective

L’annĂ©e derniĂšre, entre mars 2020 et juin 2020, je croyais que la pandĂ©mie du Covid serait passagĂšre. Je croyais Ă  un retour Ă  « notre vie normale ». MĂȘme si je m’attendais Ă  ce que, de plus en plus, les masques anti-Covid ou de « protection respiratoire », fassent dĂ©sormais partie de notre culture. MĂȘme si je pensais, paradoxalement, que la pandĂ©mie du Covid allait contribuer Ă  changer notre monde.

HĂ© bien, maintenant, je vais Ă©crire que, mĂȘme si nous parvenons Ă  une immunitĂ© collective, telle qu’elle nous est louĂ©e afin de permettre la sortie de cette pandĂ©mie, je ne crois pas Ă  notre retour «  Ă  la vie normale Â». A notre vie « d’avant Â». Je n’y crois pas. Ce n’est pas pour cette raison, au dĂ©part, que je rechigne Ă  me faire vacciner contre le Covid. Mais, pendant que j’aborde ce sujet de la « responsabilitĂ© Â» supposĂ©e des anti-vaccins dans la longĂ©vitĂ© de la pandĂ©mie, je me dis qu’il faut aussi aller au delĂ  et aborder ce sujet au passage.

 

 

 

TrĂšs certainement que beaucoup de personnes, en vacances ou non, mais vaccinĂ©es, croient encore qu’une fois que tout le monde sera vaccinĂ© contre le Covid, que notre vie deviendra ou redeviendra meilleure. Moi, je trouve que les Ă©vĂ©nements nous dĂ©montrent dĂ©ja le contraire. Par exemple, je n’oublie pas que les manifestations des gilets jaunes qui avaient lieu chaque semaine depuis des mois, ont dĂ» s’arrĂȘter avec le premier confinement dĂ©cidĂ© par notre gouvernement et dĂ©butĂ© mi-mars 2020 en raison de la pandĂ©mie du Covid. Cette coĂŻncidence, entre la prioritĂ© sanitaire, indiscutable, donnĂ©e Ă  la pandĂ©mie Covid, et, en mĂȘme temps, l’interdiction des rassemblements et des manifestations des gilets jaunes m’a toujours dĂ©rangĂ©. Car cette coĂŻncidence a aussi Ă©tĂ© bien commode, trop commode, pour permettre Ă  notre gouvernement de se dĂ©barrasser facilement du mouvement des gilets jaunes.

Depuis, le gouvernement a aussi obtenu du plus grand nombre dans l’hexagone, volontaire ou contraint, de se faire vacciner contre le Covid. Et d’accepter le passe sanitaire. A partir de lĂ , le gouvernement actuel et celui qui lui succĂšdera (car j’ai beaucoup de mal Ă  imaginer que le PrĂ©sident Macron puisse ĂȘtre réélu/ et je ne vois pas « la fille de son pĂšre Â» se faire Ă©lire. Je crois qu’elle a Ă©puisĂ© tous ses jokers. Mais, bien entendu, je peux me tromper)  n’aura de cesse de nous faire admettre encore plus de contraintes. Elle est lĂ , notre amnĂ©sie collective. Dans le fait d’oublier de plus en plus tout ce que nous avons acceptĂ© depuis des annĂ©es et que nous aurions dĂ» refuser. Bien avant la pandĂ©mie du Covid. Laquelle pandĂ©mie n’a fait que montrer davantage comme nous pouvons ĂȘtre dociles. AprĂšs ça, comme dans un restaurant ou dans un magasin, un gouvernement (pas seulement celui de Macron) mais aussi des entreprises ou toutes sortes d’idĂ©ologues plus ou moins bienveillants n’ont plus qu’à consulter le menu,  sonder, passer commande et se ( faire) servir.

Pour cet article, j’ai d’abord utilisĂ© des photos que j’avais prises entre mars et juin 2020. Et d’autres que j’avais prises par la suite. Principalement, entre juin et dĂ©cembre 2020. On pourra retrouver quelques unes de ces photos dans des diaporamas-panoramas « rangĂ©s » dans la catĂ©gorie Corona Circus de ce blog. Avec un premier diaporama-panorama qui « couvre » la pĂ©riode Mars-avril 2020 ( Panorama 18 mars-19 avril 2020 ). On pourra lire mes premiĂšres impressions concernant la pandĂ©mie du Covid avant qu’elle ne soit officialisĂ©e en mars 2020 ici Coronavirus, un article que j’avais Ă©crit le 24 fĂ©vrier 2020. 

 

 

Cet article Ă©crit en plein mois d’aout peut faire l’effet d’un trĂšs grand coup de fouet mortifĂšre. Ce n’est pourtant pas son but. Soit un paradoxe de plus, sans aucun doute. Comme rĂ©digĂ© plus haut, on peut ĂȘtre consommateur, spectateur et, par ailleurs, en certaines circonstances et Ă  d’autres moments, ĂȘtre militant, rĂ©sistant, engagĂ©. Cela peut ĂȘtre par le biais de l’humour, de la poĂ©sie, de l’art en gĂ©nĂ©ral. Ou dans le simple fait de porter et de prĂȘter attention Ă  quelqu’un d’autre que soi Ă  un moment oĂč elle ou il en a besoin ou peut en avoir en besoin. Il existe bien des façons diffĂ©rentes- et persistantes- de faire primer sa conscience et son humanitĂ© avant tout. Y compris malgrĂ© soi. 

 

Je viens de m’apercevoir que cet article est le 300 Ăšme que j’ai Ă©crit depuis la crĂ©ation de mon blog, il y a deux ou trois ans. Je me devais donc de particuliĂšrement le soigner. C’est donc pour cette raison qu’entre sa premiĂšre version cette nuit, vers une heure du matin, et ce matin un peu avant midi, je l’ai un peu complĂ©tĂ©e et modifiĂ©e. 

Franck Unimon, ce jeudi 12 aout 2021.

 

 

 

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La pandĂ©mie du Covid dans les rĂ©gions d’Outre-mer

 

 

La pandĂ©mie du Covid dans les rĂ©gions d’Outre-Mer

 

Echanger des points de vue avec des amis comporte des risques. Les disputes et les ruptures font partie des risques. Mais il en est un autre peut-ĂȘtre beaucoup plus grand.

Celui qui consiste Ă  se croire trĂšs intelligent en leur compagnie. Le nombre de fois oĂč l’on se sent autorisĂ© Ă  s’imaginer particuliĂšrement perspicace ne se compte pas avec nos amis. Puisque, gĂ©nĂ©ralement, le plus souvent, ils pensent comme nous. Lorsque cela n’est plus possible, certains quittent ce statut d’amis. Soit de leur propre initiative soit de la nĂŽtre.

 

Je viens de connaĂźtre un de ces moments oĂč, Ă  nouveau, je me suis senti pousser une intelligence particuliĂšre. Je n’avais pas prĂ©vu ça. Comme je n’avais pas prĂ©vu de l’écrire dans un article ce matin. Ce matin, j’avais d’autres ambitions que de « paraĂźtre Â» dans un article. Mais l’échange que je viens d’avoir par sms avec mon ami Raguse en a dĂ©cidĂ© autrement. Pour le pire ou le meilleur. Avec lui ou avec d’autres.

 

Raguse et la pandémie aux Antilles

 

Tout Ă  l’heure, mon ami Raguse m’a sollicitĂ© pour avoir mon avis concernant l’essor de la pandĂ©mie aux Antilles. Depuis quelques jours, dans les mĂ©dias, il se parle de plus en plus du confinement strict et du couvre-feu dĂ©cidĂ©s rĂ©cemment par le gouvernement aux Antilles. Du fait que les touristes qui s’y trouvent sont encouragĂ©s Ă  rentrer en France.

 

On parle aussi du faible taux de vaccination anti-Covid lĂ -bas. De la dĂ©fiance d’une grande partie de la population envers les vaccins anti-Covid. Tandis qu’en France, on doit maintenant approcher les plus de 60 % de personnes vaccinĂ©es contre le Covid, dans les rĂ©gions Outre-mer telles que les Antilles oĂč la RĂ©union, ce taux tombe Ă  environ 20 %.

Alors que le variant Delta du Covid fait de plus en plus parler de lui et couche de plus en plus de monde dans ces rĂ©gions et ailleurs. Aux Antilles, on parle de services hospitaliers surchargĂ©s, de renforts en personnels soignants ( mais aussi de renforts policiers ) venus de mĂ©tropole. Donc, d’une catastrophe sanitaire en cours sous les tropiques. Les « tropiques Â» sont habituellement plutĂŽt synonymes de paradis, d’évasion et de dĂ©tente. LĂ , ils deviendraient plutĂŽt synonymes de mouroirs et de mouchoirs.

 

Je l’ai dĂ©jĂ  Ă©crit : je suis bien-sĂ»r embarrassĂ© devant ces chiffres de « cas de Covid Â» en augmentation. Que ce soit aux Antilles oĂč j’ai de la famille, Ă  la RĂ©union, mais aussi en France. Mon propre frĂšre a prĂ©vu de se rendre en Guadeloupe avec sa compagne et leurs deux enfants. Et, il y a quelques jours, bien que lui et sa compagne soient vaccinĂ©s et aient prĂ©vu de passer deux tests PCR, un quarante huit heures avant leur vol, et un autre le jour-mĂȘme, afin d’augmenter leurs chances, mon frĂšre ne savait pas s’ils pourraient dĂ©coller pour la Guadeloupe la semaine prochaine.

 

Cela, c’était avant que l’on apprenne que les touristes Ă©taient maintenant incitĂ©s Ă  quitter les Antilles. Partir des Antilles serait plus « simple Â» pour certains touristes qui y sont que pour d’autres Ă  ce que j’ai lu. La compagnie Air France serait plus facilement joignable et  accommodante. La compagnie Air CaraĂŻbes, aux billets d’avions moins chers, ne rĂ©pondrait pas.

 

Le journal  » Le Parisien » de ce mercredi 11 aout 2021.

 

Mon ami Raguse m’a posĂ© tout Ă  l’heure en guise de bonjour (il ne m’a mĂȘme pas dit bonjour) la question suivante que beaucoup d’autres personnes se posent peut-ĂȘtre :

 

« Je comprends bien la dĂ©fiance des antillais vis Ă  vis de l’Etat français mais l’hĂ©catombe actuelle en Guadeloupe et Martinique pose la question de la vaccination
et ses consĂ©quences bĂ©nĂ©fiques sur le nombre de victimes
.Qu’en penses-tu ? Bonne journĂ©e ! Bizz Â».

 

Je sortais de ma douche lorsque j’ai lu ça aprĂšs ma deuxiĂšme nuit de travail. Nuit de travail dont je suis revenu assez poussivement tout Ă  l’heure en pĂ©dalant sur mon vĂ©lo. J’ai mĂȘme croisĂ© un « vĂ©lo Brompton Â» tout fringant qui m’a allumĂ© alors que je me rapprochais de la gare de St Lazare.

 

Mais en lisant ce sms de mon ami Raguse, tout Ă  l’heure, mon Q.I n’a fait qu’un tour. D’abord, sa question amenait entre nous une nouvelle discussion parmi d’autres. Ensuite, mes origines antillaises et mon statut de « non vaccinĂ© Â» m’ont attribuĂ© le rĂŽle du candidat idĂ©al pour en dĂ©battre avec lui. Impossible pour moi de me dĂ©filer.

 

J’ai d’abord rĂ©pondu :

 

« Tu as peut-ĂȘtre raison pour la vaccination. Mais nous ne sommes pas Ă  leur place. La Guadeloupe, c’est une Ăźle qui se trouve Ă  des milliers de kilomĂštres de l’hexagone. Et oĂč l’on perçoit donc les Ă©vĂ©nements et la vie depuis un autre point de vue. Et puis, la France a un terrible passif avec, au moins, la Guadeloupe et la Martinique : Le chlordĂ©cone.

Lorsque tu as vĂ©cu ça, cette horreur sanitaire, comment peux-tu faire confiance Ă  la France ? Pareil pour la PolynĂ©sie et les essais nuclĂ©aires aux consĂ©quences sanitaires non vĂ©ritablement reconnues par la France. Comment, aprĂšs ça, rĂ©ussir Ă  faire confiance Ă  la France ? Â».

 

Raguse a alors ajoutĂ© :

 

« Oui, je suis d’accord. C’est pour ça que je parlais de leur lĂ©gitime dĂ©fiance vis-Ă -vis de l’Etat français
. Â».

 

Alors, je ne sais pas ce qui m’a pris. C’est peut-ĂȘtre l’effet de la fatigue ou mon Q.I inversĂ© qui m’ont dĂ©sinhibĂ© peut-ĂȘtre pour le pire. Je me suis alors mis Ă  Ă©crire :

 

« Il est trĂšs facile depuis notre regard ethno-centrĂ© et nombriliste de juger les autres. Que ce soit les autres qui sont aux Antilles ou dans d’autres rĂ©gions du monde. Mais t’écrire ça ne m’empĂȘche pas de « regarder Â» le dĂ©compte et l’essor de la pandĂ©mie aux Antilles et en PolynĂ©sie. Cependant, ce qui me dĂ©range aussi, c’est ce business autour des vaccins :

S’il y a peu de gens vaccinĂ©s aux Antilles, ça veut aussi dire qu’il y a lĂ -bas un marchĂ© Ă  conquĂ©rir. Je n’arrive pas Ă  savoir ce qui est le pire. Et, c’est encore plus inquiĂ©tant d’ĂȘtre aujourd’hui incapable de savoir ce qui est le pire :

 

Penser, comme je le fais, que les vaccins anti-Covid pourraient ĂȘtre une nouvelle espĂšce de produits de consommation envers lesquels nous allons dĂ©velopper une dĂ©pendance. Comme envers nos tĂ©lĂ©phones portables et nos ordinateurs et internet. Ils (les vaccins anti-Covid) seraient donc les produits de consommation parfaits. Indispensables et salvateurs mais Ă  durĂ©e limitĂ©e. On en changerait tous les ans ou tous les six mois en prenant un nouveau forfait. Comme avec un nouveau tĂ©lĂ©phone portable de plus en plus sophistiquĂ© chaque annĂ©e.

 

Ou, le pire est-il que ce projet soit dĂ©jĂ  l’avenir pour au moins une ou plusieurs entreprises?

Ce matin, lorsque je suis optimiste, je me dis que la pandĂ©mie du Covid va durer trois ou quatre ans. Puis, je me dis que je me leurre. Et, qu’elle va plutĂŽt durer une cinquantaine d’annĂ©es ou plus. Comme la grippe.

Lorsque l’on voit tout ce que nous avons perdu en libertĂ©s (ne serait-ce que de dĂ©placement) depuis dix huit mois, cela fait trĂšs peur pour la suite. D’autant que le Covid bouffe d’abord en prioritĂ© les plus ĂągĂ©s, donc les reprĂ©sentants et la mĂ©moire d’un autre monde. D’une autre façon de vivre. Mais dans dix Ă  vingt ans, celles et ceux qui naitront ne connaitront rien de cette vie sans Covid que nous aurons connue. Et, pour le plus grand nombre d’entre eux, ça sera normal de vivre avec ces vaccins peut-ĂȘtre devenus mensuels ou quotidiens contre toute sortes de maladies dangereuses. Peut-ĂȘtre mĂȘme que la durĂ©e de vie moyenne de l’humanitĂ© aura-t’elle diminuĂ© pratiquement de moitiĂ©. Le monde sera alors peuplĂ© de jeunes travailleurs et de jeunes consommateurs dynamiques. Ce qui soutiendra l’économie de marché tu m’as interrogĂ©. Je te rĂ©ponds spontanĂ©ment sans me censurer aprĂšs deux nuits de travail. Je t’embrasse Â».

 

 

Un dĂ©lire de plus de Franck Unimon, ce jeudi 12 aout 2021. Avec le concours involontaire de l’ami Raguse  qui n’est peut-ĂȘtre qu’un prĂ©texte ou mon invention afin de pouvoir Ă©crire n’importe quoi.

 

 

 

 

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Vélo Taffe : Certains vélos sont faits pour rouler

 

Photo prise début aout 2021.

 

                            VĂ©lo Taffe : Certains vĂ©los sont faits pour rouler

 

J’ai travaillĂ© cette nuit. Ce matin, pour retourner Ă  la gare, comme je le fais depuis quelques mois, j’ai pris mon vĂ©lo pliant. Je ne suis toujours pas vaccinĂ©.

 

Je suis bien-sûr embarrassé de savoir que dans des pays pauvres, des gens meurent du Covid faute de ne pas pouvoir bénéficier de vaccins anti-Covid comme nous en avons à disposition en France, pays qui fait encore partie des pays riches.

Journal « L’Humanité » de ce mercredi 11 aout 2021.

 

Je suis bien-sûr embarrassé par la montée inquiétante du nombre de cas Covid en Guadeloupe, en Martinique ou à la Réunion. Les média, il y a quelques jours, relevaient une réticence ou un refus de la vaccination anti-Covid en Guadeloupe, en Martinique et à la Réunion.

 

J’ai appris le « durcissement Â» des mesures de confinement dans ces rĂ©gions d’Outre-mer dont je suis plusieurs fois originaire. Je me dis qu’une moindre application locale des gestes barriĂšres a sans doute permis cette extension de la pandĂ©mie. Mais le tourisme aussi : il y Ă©tait encore permis assez facilement il y a quelques mois.

 

Je ne conteste pas les chiffres du Covid dans le monde.

 

Ce matin, pour la premiĂšre fois, je me suis demandĂ© si le dĂ©ni de la pandĂ©mie- et de sa gravitĂ©- par certains pouvait avoir une relation avec une mouvance comme celle des « adeptes Â» de Trump, le prĂ©cĂ©dent PrĂ©sident des Etats-Unis. Soit une mouvance Ă©manant d’un homme Puissant de par son ancien poste de PrĂ©sident de la toujours PremiĂšre Puissance Mondiale mais aussi de par sa richesse en tant qu’homme d’affaires.  

 

C’est ce titre dans le New York Times que j’ai achetĂ© tout Ă  l’heure qui m’a donnĂ© cette idĂ©e :

No bottom in sight for Covid denial écrit par Paul Krugman, une personne que je ne connais pas.

« New York Times » de ce mercredi 11 aout 2021.

 

La traduction approximative de ce titre pourrait ĂȘtre : Le dĂ©ni du Covid est un puits sans fond ou sans limites.

 

Une façon de dire que celles et ceux qui sont dans le dĂ©ni du Covid, et de sa gravitĂ©, trouveront toujours des raisons et des façons de s’opposer aux arguments qu’on leur donnera pour les convaincre de la rĂ©alitĂ© et de la gravitĂ© de cette pandĂ©mie. Une sorte d’hĂ©morragie qu’aucun anticoagulant de ce monde ne pourra jamais arrĂȘter. 

Le  » Charlie Hebdo » de ce mercredi 11 aout 2021.

 

J’ai entendu une infectiologue affirmer qu’avec le variant Delta du Coronavirus qui est en train de prendre ses appartements en France que personne, cette fois-ci, ne pourrait Ă©chapper Ă  cette quatriĂšme vague de la pandĂ©mie :

 

Selon les propos de cette experte, soit on attraperait le Covid. Soit on pourrait s’en sortir en Ă©tant vaccinĂ© avec Pfizer, Moderna, Astrazeneca, Johnson & Johnson. Nous dĂ©signons ces vaccins anti-Covid par les noms des laboratoires qui les fabriquent et/ou les commercialisent.

 

Laboratoires et noms qu’elle n’a pas forcĂ©ment citĂ©s dans son intervention mais que, dĂ©sormais, tout le monde « connaĂźt Â» maintenant en France, je pense. Une pandĂ©mie, la maladie et la mort font partie des meilleures publicitĂ©s qui soient. Et, cela, bien avant cette pandĂ©mie du Covid.

 

Avant de passer Ă  la suite : Je ne me sens aucune affinitĂ© ou proximitĂ© avec une personnalitĂ© ou un personnage comme Trump, le prĂ©cĂ©dent PrĂ©sident des Etats-Unis. 

Maintenant que c’est Ă©crit

Hier, j’ai effectuĂ© ma premiĂšre sortie sans passe sanitaire. J’en parle dans un autre article.( Paris sans passe : Atterrissage ethnique)

 

AprĂšs avoir Ă©crit ça, on pourrait se demander pourquoi je persiste Ă  ne pas me faire vacciner contre le Covid. Cette nuit, ma collĂšgue, vaccinĂ©e avec Pfizer, m’a rappelĂ© les embolies constatĂ©es lors des premiĂšres vaccinations avec l’Astrazeneca au dĂ©but de cette annĂ©e 2021.

 

Bien-sĂ»r, il y a pour moi, une inquiĂ©tude concernant certains effets indĂ©sirables assez immĂ©diats et plutĂŽt graves. Mais, aussi, envers des effets indĂ©sirables aussi graves, et encore inconnus- et peut-ĂȘtre uniquement imaginaires– Ă  ce jour, plus tard.

 

FonciĂšrement, je ne fais que deux choses, me semble-t’il :

 

Douter et essayer de gagner du temps.

 

Faire la Roue

 

Peut-ĂȘtre que faire la roue me permet de continuer de douter en gagnant du temps.

 

Pourtant, je ne doute pas de la pandémie du Covid. Ni de sa gravité possible.

 

Par contre, je doute des vaccins anti-Covid actuels. Pour moi, actuellement, le risque (leurs effets secondaires) Ă  accepter avec ces vaccins que l’on nous propose- et que l’on nous impose- m’apparaĂźt Ă  tort ou Ă  raison plus grand que leur fameux « bĂ©nĂ©fice Â» que l’on nous assure.

 

En Anglais, je pourrais dire : « I Don’t buy it ! Â». En CrĂ©ole : «  An Pa Ka Pran Sa ! Â». Dans ces conditions de doute, aujourd’hui, je ne suis pas preneur du risque que l’on me « demande Â» ou que l’on veut « m’imposer Â» de prendre avec les vaccins anti-Covid actuels.

 

On dira d’une personne comme moi qu’elle ne sait pas ce qu’elle veut. Qu’elle est illogique, conne ou irresponsable. Ou irrationnelle. Je ne peux pas contester totalement cette perception. C’est celle des autres. Elle ne m’appartient pas.

 » Le Canard Enchainé » de ce mercredi 11 aout 2021.

 

 

La roue a sa propre volontĂ©. Une fois lancĂ©e, elle nous entraĂźne avec le moindre effort. Une fois portĂ©e par elle, on pourrait mourir, ĂȘtre blessĂ©, ĂȘtre pris d’un malaise, ou sain et sauf  et continuer d’avancer encore sur plusieurs mĂštres avant de commencer Ă  le rĂ©aliser. Sauf, bien-sĂ»r, si l’on est mort ou que l’on perd conscience.  

 

Il n’y a rien Ă  comprendre dans ce qui fait le mouvement d’une roue, d’une pensĂ©e ou d’une intuition. Soit on l’admet, soit on fait corps avec elle, soit on la rejette ou l’on se heurte Ă  elle. La roue a ses rythmes, ses cycles. On peut la trouver suicidaire. On peut comparer la roue Ă  la roulette russe. ça peut ĂȘtre vrai. Ça peut aussi ĂȘtre faux.  C’est aussi par elle que l’on arrive Ă  certains endroits et Ă  certaines dĂ©cisions qui nous sauvent et que la science n’a pas prĂ©vu et ne peut pas prĂ©voir. La science, si elle aide, sauve, soigne et peut aiguiller, n’est pas la propriĂ©taire et la maitresse exclusive de toutes les trajectoires. Un ĂȘtre humain, sur un vĂ©lo, n’ira jamais aussi droit que n’a pas pu le calculer la science afin de parvenir Ă  une certaine destination.

 

Cependant, faire corps avec la roue ne signifie pas se perdre en elle ou s’y enfermer dĂ©finitivement. En faisant corps avec la roue, on peut vivre et rĂ©aliser des actes extraordinaires et inconcevables pour qui pense et marche au pas. Mais se confondre avec la roue, au point de ne plus ĂȘtre capable de faire la diffĂ©rence entre elle et soi, c’est se consigner dans la folie, le suicide ou de la maladie.

 

Avec le rĂ©chauffement climatique, l’invasion de l’Afghanistan par les Talibans, les troubles en Ethiopie, la pandĂ©mie du Covid, le durcissement du confinement en Martinique et en Guadeloupe, le couvre-feu en PolynĂ©sie française, et le meurtre du pĂšre Olivier Maire, l’arrivĂ©e du Footballeur Lionel Messi dans l’Ă©quipe du Paris St Germain comptent parmi les principales Unes de ce mercredi 11 aout 2021.

 

Pas de logique forcément

 

Il n’y a pas de logique, forcĂ©ment, dans le fait que, ce matin, j’ai dĂ©cidĂ© d’attendre ce cycliste que j’avais d’abord trĂšs facilement dĂ©passĂ©. Pour lui parler et l’interroger. Et, bien-sĂ»r, rien ne me prĂ©disposait en particulier Ă  cette rencontre. Rien non plus ne garantissait qu’il accepte de prendre le temps de discuter avec moi. Certains cyclistes sont trĂšs fermĂ©s, assez condescendants ou, plus simplement, pressĂ©s.

 

En partant de mon travail ce matin, j’ignorais que j’allais le rencontrer. Et, si j’avais pĂ©dalĂ© Ă  une certaine allure ou dĂ©cidĂ© de prendre un autre parcours pour me rendre Ă  la gare, nous ne nous serions pas croisĂ©s.

 

Il avançait sur un de ces vĂ©los mĂ©caniques et pliants de la marque Brompton que j’ai dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©s :

 

« Certains vĂ©los sont faits pour rouler. Le mien est fait pour pĂ©daler Â».

 

MĂȘme s’il avançait vraiment doucement, ou peut-ĂȘtre parce qu’il avançait vraiment plus doucement que tous les autres usagers de cette marque de vĂ©lo que j’ai pu croiser, il m’a pris l’envie de lui parler.

 

Contrairement Ă  la plupart des cyclistes que je rencontre, quelle que soit leur marque et leur type de vĂ©lo, il portait un masque noir anti-pollution. Et peut-ĂȘtre anti-Covid. Et, son vĂ©lo, Ă  l’inverse de la majoritĂ© des vĂ©los Brompton que j’ai pu croiser, avait un guidon en T.

 

Il m’a trĂšs vite appris qu’il avait la version sportive. A la fois la plus lĂ©gĂšre et la plus chĂšre. Il se sentait bien avec ce type de guidon et avait dĂ©jĂ  parcouru cinquante kilomĂštres avec. Il se sentait tellement bien dessus que, pour tous ses dĂ©placements, il avait dĂ©sormais dĂ©laissĂ© son VTC classique  Ă  sept vitesses.

Il a reconnu qu’il fallait mettre le prix pour l’acheter. Mais que l’effort financier se justifiait. Il a acquiescĂ© lorsque je lui ai sorti ma formule :

 

« Certains vĂ©los sont faits pour pĂ©daler. Celui-ci est fait pour rouler Â».

 

Il avait fait le choix de n’avoir que deux vitesses. Au lieu des six recommandĂ©es. Pour allĂ©ger davantage son vĂ©lo qui devait pourtant ĂȘtre bien plus lĂ©ger que le mien au poids dĂ©jĂ  confortable (12 kilos).

 

Puis, il m’a dit qu’il Ă©tait Ă©tonnĂ© par la trĂšs grande rĂ©activitĂ© de ces vĂ©los. J’ai pu en tĂ©moigner pour en avoir fait plusieurs fois l’expĂ©rience.

 

AprĂšs un Ă  deux kilomĂštres de discussion et de promenade tranquille ensemble, il m’a prĂ©venu qu’il allait tourner Ă  droite aprĂšs l’hĂŽtel Le LutĂ©tia. Je l’ai saluĂ© et l’ai remerciĂ©. Nous nous sommes souhaitĂ©s une bonne journĂ©e.

 

Certains vĂ©los sont faits pour rouler. Sans se poser de questions. Un de mes anciens cousins, du cĂŽtĂ© de ma mĂšre, Marcel Lollia, Ă©tait surnommĂ© VĂ©lo. Je ne l’ai jamais rencontrĂ©. J’étais ado lorsqu’il est dĂ©cĂ©dĂ©.

 

VĂ©lo n’était pas un cycliste. C’était un joueur de Gwo-Ka. Une rĂ©fĂ©rence. Son nom ne dira rien Ă  beaucoup de personnes en France et dans le monde. Y compris parmi beaucoup de mes amis et de mes connaissances, passĂ©es, prĂ©sentes et futures.

 

Sa vie n’a pas du tout Ă©tĂ© linĂ©aire. Elle n’a rien Ă  voir avec ma propre vie. La campagne, la musique apprise sĂ»rement en autodidacte, peu lettrĂ©, la rue, l’alcool, les nuits blanches, d’abord la mauvaise rĂ©putation, puis la reconnaissance, la maladie,  la mort dans la pauvretĂ© avant la soixantaine. Tout ce que je fuis comme beaucoup de personnes.

 

Mais son nom et son histoire sont restĂ©s. Et, plusieurs annĂ©es aprĂšs sa mort, il continue d’inspirer. Au contraire de la majoritĂ© d’entre nous qui, devant la roue, estiment qu’elle est juste lĂ  pour avancer. Et, rien d’autre. Une roue, c’est fait pour rouler.

 

 

Franck Unimon, ce mercredi 11 aout 2021.

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Paris sans passe : Atterrissage ethnique

Photo prise Ă  Paris, ce mardi 10 aout 2021.

Paris sans passe : Atterrissage ethnique

 

Atterrissage « ethnique Â»

 

 

Ce mardi 1O aout 2021 a Ă©tĂ© ma premiĂšre sortie sur Paris depuis l’instauration du passe sanitaire. Mon atterrissage a eu un caractĂšre « ethnique Â».  Je me suis senti tel un aborigĂšne exclu d’une certaine civilisation :

 

Celle des spectateurs et des consommateurs.

Oeuvre actuellement en cours Ă  Chatelet les Halles de l’artiste Hopare. Photo prise ce mardi 10 aout 2021.

 

Et cette civilisation, pour continuer d’exister, me marcherait spontanĂ©ment sur la figure sans faire attention mais aussi en toute ignorance.

 

« Cela ne tient qu’à toi ! Â» ou «  C’est toi qui l’as choisi, ne te plains pas ! Â» mais aussi, « Ton comportement est dĂ©lirant ! Â» pourraient ĂȘtre quelques unes des voix  disponibles afin de commenter ma sĂ©paration d’avec la vie normale.

 

Mais aussi celle-ci :

 

« On dirait que tu prends du plaisir dans cette situation ! Â».

 

Je ne prends pas de plaisir Ă  cette situation. MĂȘme si les nouvelles contraintes qu’elle m’inflige ou qu’elle m’apporte vont m’obliger Ă  faire le tri. A renoncer. Et aussi Ă  me montrer crĂ©atif.

Une autre oeuvre de l’artiste Hopare. C’Ă©tait en Mai 2019 lors d’une journĂ©e portes ouvertes d’ateliers d’artistes Ă  Argenteuil. C’Ă©tait avant la PandĂ©mie. Photo prise vers le 25 Mai 2019.

 

Il y a encore quelques semaines, je faisais encore partie de cette civilisation. Je prĂ©fĂšrerais continuer Ă  me mouler dans le mouvement gĂ©nĂ©ral comme je l’ai toujours fait dans les grandes lignes. Je n’ai pas un palmarĂšs trĂšs impressionnant en tant que militant. Et encore moins une activitĂ© underground que je pourrais proposer Ă  la vente, Ă  mon avantage, Ă  une maison d’édition ou Ă  une galerie d’art.

 

Un dĂ©lire « normal Â»

 

Quant Ă  mon « dĂ©lire Â»â€Š.je le considĂšre comme une rĂ©action tout Ă  fait normale vu ce que nous vivons depuis dix huit mois, maintenant. Parce-que, depuis dix huit mois et la dĂ©claration officielle de la pandĂ©mie du Covid, ce que nous vivons tous est dĂ©lirant. Donc, quoi de plus normal que de dĂ©lirer dans une situation dĂ©lirante. Les gestes barriĂšres ci-dessous ne sont pas dĂ©lirants pour moi. Je les applique– voire les rappelle– du mieux que je le peux depuis le dĂ©but de leur « prescription« . Ce que je trouve dĂ©lirant, c’est le climat voire toute cette culture de pensĂ©es et de certitudes contradictoires et antagonistes qui peuvent se dĂ©velopper autour de cet Ă©vĂ©nement qu’est la pandĂ©mie du Covid. Mais aussi de voir comme un « simple » virus a suffi depuis dix huit mois Ă  nous aliĂ©ner de plus en plus, nous les ĂȘtres si « modernes » et si « libres »

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

 

MalgrĂ© cela, le plus inquiĂ©tant pour moi serait de rencontrer quelqu’un qui m’affirmerait qu’elle ou qu’il se sent comme un festivalier en plein carnaval dans toute cette ambiance qui nous aspire le cerveau comme un tirebouchon peut extraire le bouchon de liĂšge d’une bouteille de vin. Le pop Ă  l’ouverture ne garantit pas que l’on conservera toute sa cervelle mĂȘme si le goĂ»t et le trou sont divins.

 

Sauf qu’il y a maintenant, depuis l’établissement par notre gouvernement du passe sanitaire, trois grandes tentes qui parsĂšment le pays ainsi que les territoires français Ă  l’extĂ©rieur de l’hexagone :

 

Celles oĂč le dĂ©lire consiste Ă  penser que les vaccins actuels contre le Covid, tels qu’ils ont Ă©tĂ© conçus, leur donne une immunitĂ© totale ou parfaite.

Et, celles oĂč des personnes comme moi ne font pas suffisamment confiance aux vaccins actuels. Qui pensent que ces vaccins offrent une protection limitĂ©e. Et que cette protection, ensuite, se paiera peut-ĂȘtre  au prix fort avec des consĂ©quences sur la santĂ© de celles et ceux qui auront choisi de les adopter.

 

Il y a une troisiĂšme tente oĂč l’on entre encore sans QR Code, sans PCR et sans test antigĂ©nique prĂ©alables. On y  trouve des vaccinĂ©s et des non-vaccinĂ©s qui s’acceptent et comprennent les raisons et les choix des autres. MĂȘme s’ils sont diffĂ©rents et, a priori, opposĂ©s.

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

 

Néanmoins, pour moi, depuis dix huit mois, tout le monde délire avec le Covid.

FiÚvre ou pas fiÚvre. Réa ou pas.

 

Et celle ou celui qui affirmera avoir toujours, depuis le dĂ©but, eu la mĂȘme luciditĂ© et le mĂȘme calme est une personne qui se ment ou qui raconte des histoires. Peu importe sa fonction.

 

Seulement, maintenant, surtout depuis le 12 juillet 2021 et les annonces du gouvernement,  je fais partie de cette minoritĂ© qui dĂ©lire d’une façon « dissonante Â» par rapport Ă  la majoritĂ©. Or, le nombre est dominant et l’emporte mĂȘme en dĂ©mocratie.

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

Je devrais marcher au pas et rejoindre le plus grand nombre de mes semblables vaccinĂ©s. 

 

Je pourrais plus facilement faire autrement si j’avais de trĂšs grands pouvoirs telles certaines personnalitĂ©s de ce monde. Celles et ceux qui sont riches, qui disposent de forts pouvoirs d’influences, qui dirigent une entreprise, un pays ou une armĂ©e. Une armĂ©e de l’ombre ou officielle.

 

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

Je ne fais pas partie de cette minoritĂ© dominante, qui sait attaquer et aussi se dĂ©fendre. Les seules armĂ©es que je puisse peut-ĂȘtre rĂ©cupĂ©rer et diriger, et encore, c’est celles de la diarrhĂ©e et de la logorrhĂ©e. La diarrhĂ©e et la logorrhĂ©e de la peur, de l’inaction et de l’ignorance.

 

La majorité dormante

 

J’ai plutĂŽt, longtemps, fait partie et fais toujours partie de la majoritĂ© dormante. Et confiante.

 

Il n’y a que maintenant que je commence Ă  vraiment me mĂ©fier. Et, c’est peut-ĂȘtre dĂ©jĂ  trop tard. En tout cas, pour les personnes comme moi, vaccinĂ©es et non-vaccinĂ©es. Parce-que pour Ă©viter le passe sanitaire et le projet de sociĂ©tĂ© qu’il  dessine- vu que mĂȘme des personnes vaccinĂ©es y sont opposĂ©es- il aurait fallu refuser, avant d’en devenir dĂ©pendants, au moins internet et la tĂ©lĂ©phonie mobile tels qu’ils se sont dĂ©veloppĂ©s. Ou apprendre Ă  les maitriser davantage. Ne pas les laisser aux mains de quelques unes et quelques uns qui sont les dirigeants d’aujourd’hui et encore de demain.

 

 Et, c’était il y a trente ans ou un peu moins, qu’il aurait fallu faire ça. S’interposer. Mettre davantage de garde-fous. Je ne l’ai pas fait.  

 

Il y a trente ans ou un peu moins, nous avions aussi d’autres prĂ©occupations. Nous avons toujours eu d’autres prĂ©occupations. En ce moment, beaucoup d’entre nous ont bien d’autres prĂ©occupations.

 

Et, puis, internet, c’était fantastique. Oui, c’était fantastique.  Et, c’est toujours fantastique. Mais le fantastique peut avoir un prix trĂšs Ă©levĂ© selon les projets des dĂ©cideurs. Pour moi, ce mardi 10 aout 2021, son prix a Ă©tĂ© des situations inĂ©dites. Et, ce n’est que le dĂ©but.

 

Des situations inédites

 

Pénis flots

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

 

Devoir trouver, en plein Paris, un jardin ouvert pour aller y pisser en toute discrĂ©tion mais aussi en toute dignitĂ© ?

 

Parce qu’il faut fournir un passe sanitaire pour entrer dans un cafĂ© ou dans un restaurant afin d’y demander si l’on peut utiliser leurs toilettes. Gracieusement ou contre une petite piĂšce voire une consommation.

Depuis, j’ai commencĂ© Ă  faire des recherches en vue de m’acheter des pĂ©niflows. Afin de pouvoir me balader avec incognito, je devrai arrĂȘter de porter des shorts en Ă©tĂ©, alors que cela fait partie de mes plaisirs. Pisser tranquillement et proprement tout en marchant dans Paris, cela deviendra assurĂ©ment un de mes plus forts plaisirs. A condition d’éviter la palpation en cas de vĂ©rification et de palpitation identitaire.

 

Ma seule consolation pour l’instant : mĂȘme des aviateurs ont Ă  rĂ©soudre ce problĂšme de besoin urinaire en plein vol.

 

En attendant, un mouvement de rĂ©sistance de la vessie reste Ă  structurer. Mais je crains que cela ne soit au dessus de mes forces. Car j’aime pisser en plein vol.

 

Persona non grata

 

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

Etre persona non grata devant les salles de cinĂ©ma. Je me demande Ă  quoi va bien me servir ma carte mensuelle illimitĂ©e que je possĂšde depuis une vingtaine d’annĂ©es. Car je n’envisage pas de me faire trifouiller les narines pour un test PCR ou antigĂ©nique le matin ou quarante huit heures avant une sĂ©ance de cinĂ©ma. Il fut une pĂ©riode oĂč j’allais au cinĂ©ma 7 jours sur 7. Heureusement que je n’en suis plus lĂ  mĂȘme si je le regrette un peu. Il y a tant de films que j’aimerais aller voir.

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

 

Par contre, si je l’avais voulu, j’aurais pu entrer Ă  la Fnac. LĂ , peu importe le nombre de personnes qui s’y trouvent, le masque anti-Covid « suffit Â». Extraordinaire. Je croyais que le gouvernement, trĂšs confiant dans l’explosion des commandes sur internet durant le premier confinement, allait tout axer lĂ  dessus pour maintenir la dynamique de la consommation. Mais l’un n’empĂȘche pas l’autre. On peut, et, autoriser un accĂšs « plus ou moins libre Â» Ă  la Fnac avec un simple masque. Et, en mĂȘme temps voir coexister les achats sur internet. Mais une salle de cinĂ©ma, avec un simple masque anti-Covid, c’est impossible. Et, entrer dans une salle de cinĂ©ma sans visage, sans tĂȘte et sans vessie, est-ce possible?

Dans une salle de théùtre ?

Photo prise ce mardi 1O aout 2021.

 

MalgrĂ© ça, certaines allĂ©es et venues ailleurs sont possibles sans passe sanitaire. Dans une bibliothĂšque prĂšs du complexe de cinĂ©ma oĂč je n’aurais pas pu entrer, le passe sanitaire n’est pas obligatoire. J’ai pu entrer dans une grande pharmacie parisienne. 

 

Photo prise Ă  Paris, ce mardi 10 aout 2021. Ce n’est pas dans cette pharmacie que je suis allĂ© ce mardi.

 

 

Pour retourner voir les colonnes de Buren. Je n’ai pas senti de tension particuliĂšre autour de moi. C’est plutĂŽt moi qui, par moments, ai eu l’impression d’ĂȘtre un dangereux agent contaminant en circulation dans Paris. Je me demande combien de temps, sans passe sanitaire, je vais pouvoir continuer de me permettre ce genre d’infiltration clandestine comme celle d’aujourd’hui.

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2O21.

 

 

Je me suis aussi demandĂ© dans quelle mesure certains des films Ă  l’affiche que je ne verrai pas, parlent d’une situation plus ou moins proche de celle que l’on peut vivre aujourd’hui sans passe sanitaire.

Photo prise Ă  Paris ce mardi 10 aout 2021.

 

On n’exige pas encore de passe sanitaire pour regarder les affiches.

 

Franck Unimon, ce mardi 10 aout et ce mercredi 11 aout 2021.