Des articles mais aussi des diaporamas à l »ère » de la pandémie du Covid-19 qui a été « l’événement » de l’année 2020 dans le Monde. Même si tous les pays n’ont pas été touchés de la même façon par la pandémie.
Voici donc la deuxième partie de cette rencontre finalement plus proche du reportage que de l’interview. Mais pourquoi s’en priver alors que le tournage de La Chimère est aujourd’hui terminé ?
Le Corps parle.
Dans cette première vidéo, Steve nous parle de la préparation reçue par leur première pépinière d’acteurs avant le début du tournage. On peut apercevoir dans l’arrière champ, plusieurs des acteurs du court-métrage, ainsi que Tarik mais aussi Jamila Ouzahir, l’attachée de presse. Ainsi que la silhouette furtive de ma fille.
Ensuite, Steve nous donne le Synopsis de La Chimère. Il s’agit de son premier court-métrage en tant que réalisateur. Tarik a tenu la partition du scénario.
Tout a commencé le 3 septembre 2007.
Steve et Tarik nous parlent de leur première pépinière d’acteurs. De la prison des habitudes. De leurs liens avec leur ville et leur cité. De la nécessité de la discipline pour réussir. De la solitude. De l’apprentissage de nouveaux codes sociaux.
« Si ce n’est pas maintenant, ça sera jamais «
Nous poursuivons sur le thème de la prison mentale, de l’intériorité. Du déclic. Des effets d’un déménagement pour aller dans un quartier qui n’est pas le sien.
L’histoire de Roger.
Roger, le jumeau de Steve, nous parle avec Tarik de la transmission.
Bonus
Les clic-clic que l’on entend pendant nos discussions sont dûs à l’appareil photo que j’emploie. Toutes ces photos n’allaient pas me rester sur les bras.
Ce matin, afin de retourner à la galerie d’art de l’ami Michel, j’ai emprunté un autre itinéraire à vélo. Je me suis retrouvé en compagnie de compétiteurs et de compétitrices, chacune et chacun avec son engin et son style. Certains exfiltrant toute lenteur de leur cycle. L’un d’eux, plus pressé que d’autres, mais au mauvais moment, s’est fait toper par la police. Au feu rouge où nous étions arrêtés, nous l’avons vu remettre sa pièce d’identité à un agent qui effectuait des vérifications en se servant de son téléphone portable.
Nous avons aussi été des vitrines roulantes en file indienne du côté du Boulevard Magenta sans rien d’autre à vendre que le vent et notre vigueur. Dans l’autre sens, c’était pire. C’était la cavalerie des dérailleurs.
Lorsque je me suis rapproché du but, j’ai pris une rue qui s’est avérée être celle du Delta. Je n’ai pas su comment bien la prendre, cette rue, avec ce nom de variant en pleine pandémie du Covid. Je jure sur le St Galibier avoir tourné dans cette rue au hasard même si certaines lunes, pétées de thunes, certifieront que l’on ne choisit jamais les costumes que l’on enfile au hasard. Au même titre que certaines rencontres que l’on prend et qui sont des rasoirs nous entaillant la gorge d’une oreille à l’autre.
Mais je n’allais pas, par superstition, retourner en arrière, juste pour changer de rue. Même si j’ai évité de stationner devant le bar Le Sévère Tuant.
Lorsque je suis arrivé, l’ami Michel balayait devant sa porte. Il écartait les feuilles sur le trottoir. Je me suis arrêté, et avec malice, j’ai sonné. Il s’est retourné et m’a souri. Peu après, nous sommes entrés dans sa galerie comme quelques mois plus tôt.
La pratique artistique et culturelle est une nonne essentielle. Tandis que l’on parle entre nous, qu’on la regarde ou qu’on l’écoute, elle prie pour nous, nous inspire, nous porte et nous protège. Mais c’est peut-être la croyance idiote émanant d’une intelligence en manque de stimulation ou épuisée par trop de vélo. Parce-que l’art et la culture, cela ne remplit et n’abrite pas toujours le corps des femmes et des hommes. Mais cela peut permettre la rencontre de la conscience, une expérience qui ne répond à aucun logiciel et qui ne se commande pas.
L’art et la culture, ça peut aussi nous sortir de cette vie de portiques, de surdité et de contrôles dans laquelle nous nous enfonçons de plus en plus.
Pour quitter l’ami Michel, je suis remonté sur mon vélo. Celui-ci m’a salué comme si je partais pour un très long voyage. Jusqu’à la gare St Lazare.
Dix minutes plus tard, j’avançais en touriste quand j’ai croisé Josiane Balasko. Elle promenait deux petits chiens, boulevard Clichy, avec ses cheveux blonds, l’esprit dans un scénario, qu’elle seule pouvait voir. J’ai freiné. J’ai rebroussé chemin. J’ai eu envie de l’accoster pour demander à la photographier pour une amie. J’ai salué l’homme qui accompagnait « Josiane » et qui, lui, aussi, promenait un chien. On aurait dit un Apache ou un Péruvien, assez grand, assez massif. J’ai un petit peu pensé à l’ami indien du photographe de guerre, Patrick Chauvel.
Mais l’homme n’a pas très bien répondu à mon signe de tête. Il se demandait peut-être ce que je voulais. Je ne suis pas fort en télépathie, en nuages de fumée et en langage de signe. Alors, j’ai préféré laisser rêver.
Je crois que je n’avais pas revu cette amie depuis l’enterrement de son ex-mari il y a deux ou trois ans. Après le cimetière, je n’avais pas pu rester. J’avais ma fille à aller chercher à la sortie de l’école. J’étais rentré avec la compagne de mon meilleur ami. Lequel, lui, était parti avec elle rejoindre des proches.
Depuis, mon meilleur ami a perdu son père. Cela faisait deux ans qu’il avait développé la maladie d’Alzheimer. J’étais au domicile de ses parents ainsi qu’à la mosquée avant que le corps du père de mon meilleur ami ne soit rapatrié en Algérie. J’étais vraisemblablement la seule personne présente à n’avoir jamais reçu le moindre enseignement musulman. C’était le 13 juillet de cette année.
Cette amie a également perdu son père récemment. Ce vendredi, alors que je sortais de ma deuxième journée de travail, nous nous sommes donnés rendez-vous. Tout est parti d’un sms que je lui avais envoyé la veille en sortant de ma consultation avec la médecine du travail. Près de l’appartement de ses parents.
Notre estime mutuelle tient de l’escrime. Et, c’est comme ça depuis trente ans. Lorsque je lui ai appris ne pas être vacciné contre le covid, elle m’a d’abord demandé :
« Si ce n’est pas indiscret, tu peux me dire pourquoi ? ». Je lui ai répondu. Après quelques minutes, elle a poursuivi :
« Etant donné que je suis vaccinée, tu te doutes que je ne partage pas ton avis. Mais ce n’est pas grave ».
Je me suis alors senti obligé d’ajouter :
« Non, je ne m’en doute pas. C’est toi qui me l’apprends. Il y a différentes façons de prendre sa décision pour se faire vacciner. Autour de moi, je connais des personnes qui se sont faites vacciner pour éviter les conséquences économiques. Et d’autres, pour voyager ».
Nous nous sommes revus à la sortie d’une station de métro. Elle m’a alors appris avoir passé ses six première années dans un immeuble, non loin de là. Elle a voulu y aller. Nous l’avons fait. Je n’étais pas pressé. J’avais mon vélo à côté de moi. J’étais aussi curieux de découvrir ça. Elle m’a raconté comment c’était du temps de son enfance. Elle aurait voulu entrer dans la cour intérieure. Mais l’accès était fermé. Désormais, il fallait soit connaître le code ou posséder un badge. Quelques dizaines de mètres plus loin, nous tournant le dos, s’éloignant, et ignorant tout de notre présence, des préadolescents semblaient jouer ou parler entre eux. Ce qui rendait ce milieu encore plus inaccessible.
Puis, nous nous sommes éloignés. Elle m’a montré l’église qui était toujours là. Elle m’a passé d’autres témoins de son histoire.
Ensuite, nous avons marché en nous racontant nos vies, jusqu’aux plus grandes échelles, jusqu’à chez elle, dans Paris. Sans regarder l’heure. C’est elle qui nous guidait, me proposant de temps à autre le choix entre deux rues.
J’ai vraisemblablement beaucoup vieilli depuis que nous nous connaissons. Ou la vie en banlieue et les confinements successifs m’ont rendu aveugle et amnésique. Car, dans les rues, je redécouvrais quelques foules attablées à l’extérieur ou debout, discutant. Je croisais à nouveau des personnes qui passaient à vélo. Je n’avais plus vu ça ou pris part à ça dans Paris depuis quelques années. J’ai même reconnu un jeune acteur entouré de quelques uns de ses amis. Il avançait dans la rue, souriant. Félix Moati. Je l’ai signalé à mon amie qui a alors tourné la tête. Puis, j’ai ajouté que ça n’avait pas d’importance. Comme si, sur la plage, j’avais subitement remarqué un caillou et que, finalement, en réfléchissant, ne sachant pas trop quoi en faire, j’avais décidé de le laisser dans son environnement. Afin de continuer à profiter du moment.
Bien-sûr, il ne s’agit pas de sortir pour sortir. Pour « faire jeune », « branché » ou « dynamique ». Et pour n’être, finalement, rien d’autre qu’un consommateur de plus qui copie avec le sourire ce qui est attendu de lui. Tout en ayant la certitude d’être parfaitement original et maitre de lui-même. Mais, disons que je me suis senti un peu déplacé, inadapté, en apercevant ça. Alors que je sais avoir par ailleurs de bonnes raisons de ne plus être dans ce « mouvement ». Et, puis, aussi, que l’on peut se passer de tout ça pour être proche de quelqu’un. Ce n’est pas le prestige d’un endroit ou le prix d’une table de restaurant qui rend exceptionnel ce que l’on vit. C’est ce que l’on vit. Et avec qui. Et quand.
Et, je crois que ce que j’ai vécu avec cette amie a été exceptionnel. Puisque cela n’est pas courant. Si je faisais de l’esprit, je dirais qu’il est exceptionnel que cette amie et moi ayons pu nous parler et nous écouter pendant près de deux heures sans nous disputer. Mais je fais ici de la provocation. Non, l’exceptionnel, c’est de pouvoir se parler en toute confiance et, aussi, d’avoir pu se revoir pour des circonstances agréables et suffisamment durables de façon à pouvoir refaire le plein.
Nous n’avons fait qu’une halte pour acheter un sandwich à emporter. Puisque moi, je n’avais pas de passe sanitaire. Ce qui m’a peut-être donné l’occasion de frauder pour la première fois. Alors que nous nous sommes assis, seuls, à l’écart, sur un des bancs situé à plusieurs mètres en face du lieu où nous avions commandé et acheté. Ces bancs avaient sûrement été mis là par l’enseigne et étaient occupés par un groupe de jeunes avant notre arrivée.
Puis, après avoir mangé, nous sommes repartis. Avant de nous mettre en train, cette amie s’était inquiétée du fait que notre destination, jusqu’à chez elle, m’éloignait de chez moi. J’avais souri :
« Mais j’ai mon vélo ! Tout ce qui compte pour moi, ensuite, c’est d’aller à la gare St Lazare ».
Près de son immeuble, elle m’a dit de la tenir au courant de ce qui m’arrivait. J’ai acquiescé. Puis, en suivant ses indications, j’ai vite retrouvé le chemin pour St Lazare. Avant la gare du Nord, j’ai aperçu une fête. Il y avait beaucoup de monde. J’entendais la musique alors que nous discutions.
A St Lazare, j’ai pris mon train de banlieue.
Cette nuit, j’ai compté le nombre d’articles que j’ai écrit lors de ce mois d’aout après avoir publié Photos du mois d’Aout 2021) . Article que j’ai publié en me demandant si toute cette énergie que je mets à écrire avait une réelle utilité. Je n’ai jamais autant publié pour mon blog que depuis ce mois d’aout 2021. Je dépose aussi dans ce blog une partie de ma mémoire. Ce mois d’aout est peut-être le tour de piste des sujets vers lesquels je vais de plus en plus me concentrer. Ou peut-être aussi ma façon de tirer ma révérence. Car j’ai le pressentiment que ce mois de septembre va m’être difficile. Même si je ne vois pas trop encore pour quelle raison. Parce-que tout ce que l’on appréhende de façon trop évidente se vérifie, à mon avis, assez rarement.
A côté de ça, je me désole de voir que Marche jusqu’au viaduc est moins lu qu’il le devrait à mon avis. C’est peut-être une histoire d’exposition. C’est peut-être tant mieux, aussi. Mais pour qui ?
Ces photos ont été prises principalement à Paris. Souvent en me rendant au travail à vélo. Ce diaporama a été réalisé sans tenir forcément compte de leur chronologie.
Certaines de ces photos devaient servir pour un article que j’avais prévu d’appeler Sommes-nous si prévisibles ?Un titre très enjoué que j’avais trouvé tout seul en tombant sur la couverture d’un journal nous parlant des Talibans en Afghanistan. Après plusieurs semaines durant lesquels la pandémie du Covid, mais aussi la vaccination anti-Covid, avaient occupé systématiquement la première page des journaux, mais aussi nos pensées et nos discussions, subitement, et presque de concert, la priorité médiatique était donnée aux Talibans. Ainsi qu’à la peur du terrorisme. Une peur remplaçait une autre peur. Plusieurs « Dj » avaient changé de disque en même temps pour nous faire danser aussi longtemps qu’avec le tube de la peur précédente. Peur précédente qu’il s’agissait de ne pas trop user afin qu’elle puisse rester disponible et efficace. Il fallait pouvoir continuer de nous pousser vers la piste de danse.
D’avance, je sais que nous danserons.
On nous parle aussi du réchauffement climatique qui prend des proportions de plus en plus catastrophiques mais, pour l’instant, les grandes capitales ne sont pas frappées. A court terme, les bombes et les kalachnikovs des terroristes (Talibans ou autres), eux, peuvent nous atteindre plus rapidement que le réchauffement climatique.
Une influenceuse ou un « influenceur » de bonheur, aussi, peut nous atteindre plus rapidement que le réchauffement climatique.
Mais tout cela n’est pas une raison pour s’empêcher de regarder ailleurs. C’est aussi ce que nous faisons.
J’ai été très touché de voir cette exposition de quelques photos des films du réalisateur polonais Kieslowski dont « l’anonymat » depuis sa mort me désole. C’est un réalisateur dont j’aurais pu ou aurais dû parler avec Steve Tientcheu et Tarik Laghdiri. Je l’aurais sans doute fait si j’avais aperçu cette exposition avant de les rencontrer.
Kieslowski abordait souvent des sujets graves de manière apaisante. Moins fantastique que Cronenberg et moins déprimant que Bergman, j’ai aimé sa façon de nous entraîner dans ses histoires. Pourtant, ses films ont d’abord été réalisés dans une Pologne « grise » très dépendante du mur de Berlin. Et la musique employée pour la bande son de ses films limitait beaucoup les envies de déhanchement et d’emballement d’une éventuelle conquête. Néanmoins, ses films ont été moralement formateurs.
Pour ce diaporama, j’ai pensé à ce titre du groupe Nirvana parce-que je l’aime beaucoup et aussi parce qu’il est court. Je n’ai pas été inspiré par un titre de zouk pour le « coller » à ces photos. Il y aurait pu y avoir des photos de Léo Tamaki ( Dojo 5 ) qu’il était prévu que j’interviewe à la fin de ce mois d’aout lors de son stage d’Aïkido à Paris . Mais je n’ai pas de passe sanitaire et celui-ci est devenu incontournable après mon premier passage au Dojo 5 en juillet.
Léo Tamaki m’a assuré que l’interview pourrait avoir lieu d’ici quelques mois. Son optimisme m’a fait du bien.
J’espère que ce diaporama vous plaira.
Franck Unimon, ce dimanche 29 aout, 2h10 du matin.
Photo prise ce mercredi 18 aout 2021 à Argenteuil, non loin de la mairie et de la médiathèque.
Un acte politique
La foule
« Tout acte est politique ». Nous avons tous entendu ça un jour. A partir de là, tirer la chasse d’eau dans les toilettes ou laisser déborder la cuvette des chiottes- sans les nettoyer- peut aussi être vu comme un acte politique. Pisser par terre sans essuyer, aussi.
Je n’ai pas de passé de militant politique. J’ai très peu mouillé le maillot dans des manifestations ou dans des assemblées syndicales, associatives ou autres. Je me méfie des mouvements de foule et de groupe. Il y a bien-sûr ma conversion très facile au « théorème » de l’humoriste Pierre Desproges qui expliquait que pour connaître le quotient intellectuel d’un groupe ou d’une foule, qu’il fallait le diviser par le nombre de personnes qui le ou la constituait.
Mais il y ‘a d’autres paramètres qui comptent pour moi et qui rejoignent ce « théorème ».
Une foule, à moins d’y aller en famille, c’est beaucoup de personnes inconnues. On peut bien sûr y faire des rencontres indispensables. Mais, le plus souvent, la plus grande partie de celles et ceux que nous avons côtoyées restent pour nous des anonymes. On est moins maitre de soi dans une foule. En terme de repli, d’esprit critique mais aussi pour nos décisions.
D’une certaine façon, se mêler à la foule, c’est lui faire confiance. Et, tout le monde qui constitue cette foule se livre à cette confiance assez aveugle. On suit le mouvement. Ça peut donner à vivre des moments très agréables, de liesse ou de grande communion. Pacifique ou destructrice. Ça peut aussi revenir à se retrouver dans une cuvette remplie de désherbant lorsque ça dérape. Ou lorsque la peur remplace solidement le fragile sédiment d’union.
Les incendies du Monde
Ces deux-trois derniers jours, on parle de plus en plus des incendies en Chine, en Russie et dans une autre partie du Monde. Tout cela est lié à la désertification et au réchauffement climatique. On parle aussi des Talibans qui ont repris l’Afghanistan depuis le départ des dernières troupes militaires américaines. L’opticien avec lequel j’ai mes habitudes m’a parlé des conditions de vie qui se sont particulièrement dégradées au Liban ces dernières semaines. Il est très difficile d’y trouver du pain. De l’essence pour les voitures. Les gens ont droit à vingt litres d’essence. Les coupures d’électricité sont fréquentes. La retraite n’existe pas au Liban. On y travaille jusqu’à la mort. Son grand-père, atteint d’un cancer, travaillait encore une semaine avant sa mort.
Ces sujets- et d’autres- sont inquiétants. Ils permettent aussi de parler d’autres sujets que la pandémie du Covid, des pro-vaccins, des anti-vaccins, et des désunions profondes que ces sujets causent.
Mais sans parler de ça, et avant même que de nouveaux actes terroristes n’assombrissent encore plus nos visages, quelques événements quotidiens banals nous montrent déjà que notre union générale a une composition assez voisine de celle de certains de ces produits que l’on achète en grande surface.
Il y a un peu plus de trois ans, alors que l’on parlait davantage des attentats terroristes islamistes, une jeune femme avait dû subir l’insistance d’un homme en public. C’était dans le métro à une heure de pointe. L’homme était un « beau bébé », d’un mètre quatre vingt à un mètre quatre vingt dix. Il devait porter un vêtement militaire pour que je me sois imaginé qu’il devait être du genre engagé dans l’armée. Laquelle lui permettait sans doute d’avoir des règles de vie. Une tenue de route. Des ordres à appliquer. Une discipline.
Là, livré à lui-même, parachuté dans la vie et l’isolement social, il avait bu quelques bières. En canettes ou en petites bouteilles de verre. Il était plus lourdaud qu’un pervers à la Fourniret. Mais il était néanmoins imposant, intimidant et à côté de la plaque.
La jeune femme avait peine à se soustraire de ses « avances ». Dans le métro qui s’ébrouait, sur la ligne 4, personne ne bougeait. Un de ces métros « serpent » où toutes les voitures communiquent entre elles.
C’est en entrant dans le métro et en m’asseyant à quelques mètres que j’ai vu ça. Ce jour-là, je n’ai pas réfléchi. Parce-que pour agir « juste », c’est cela le paradoxe, que ce soit en amour, lors d’une dispute ou pour aider quelqu’un, il faut aussi savoir…ne pas réfléchir. Savoir se faire confiance. S’exprimer comme ça nous vient.
L’homme aux lunettes jaunes
Ce jour-là, j’ai été suffisamment confiant pour, très vite, faire signe à la jeune femme de venir s’asseoir à côté de moi. Une place était libre. La jeune femme a vu mon geste puisqu’elle s’est déplacée jusqu’à moi. Je ne suis plus sûr qu’elle se soit assise à côté de moi. Mais je sais lui avoir parlé et lui avoir demandé où elle voulait descendre. C’était une ou deux stations de métro plus loin.
Quelque chose dans mon attitude avait vraiment dû lui inspirer confiance car, à cette époque, je portais des lunettes de vue plus ou moins à double foyer dont les premiers verres étaient de couleur jaune. Si j’était plutôt content de mon choix alors, aujourd’hui, lorsque je revois certaines photos de moi avec ces lunettes, je me dis que je n’étais pas du tout à mon avantage.
Le gros bébé, lui, seul sur la piste, comme si une femme l’avait planté en plein slow, s’était un peu énervé. Il avait jeté sa canette de bière par terre. De la mousse avait coulé. Il avait fait quelques pas dans notre direction. Un autre homme, plus jeune que moi, plus petit que notre « gorille », mais aussi plutôt longiligne s’était comme mis sur la trajectoire de « l’envahisseur ». Lequel avait aboyé des propos ou des menaces que notre deuxième homme, notre deuxième ligne, avait laissé passer. Puis, ça avait été « tout ».
Notre jeune femme avait pu sortir du métro. Je serais incapable de la décrire. Je me rappelle qu’un homme, un peu plus loin, m’avait ensuite adressé un regard. Comme si, pour lui, j’avais pu constituer une forme de soutien. Alors que j’estimais être presque rien. Je ne sais pas de quoi j’aurais été capable si notre « homme » avait été agressif physiquement envers moi. Je n’y avais pas réfléchi en faisant signe à cette jeune femme. Je n’avais pas eu le temps d’avoir peur. Mais j’avais eu le temps de me dire qu’en cas de nouvel attentat (ce devait être après l’attentat du Bataclan), la plupart de ces personnes présentes dans ce métro, ce jour-là, seraient parties dans tous les sens. Et que les terroristes auraient pu en faire ce qu’ils voulaient. Dans les rues de Paris et au Bataclan, les terroristes avaient pris leur pied en tirant sur des gens à balles réelles comme dans une fête foraine. Dans ce qui venait de se passer avec cette jeune femme, je ne voyais pas de quel genre d’échappatoire nous aurions pu disposer face à un scénario terroriste identique à celui du Bataclan. Et, cela, les terroristes le savent. L’Etat, aussi.
L’Ami de quelqu’un
C’est aussi pour cela, sûrement, que je me méfie des foules. Lors d’une action commune, je préfère être entouré de peu de personnes et bien les connaître. Et, évidemment, plus cette action commune sera délicate, plus j’aurai sans doute besoin de bien connaître ces personnes qui m’entourent afin de pouvoir mieux me coordonner avec elles. On critique très souvent les personnes qui, dans les transports en commun, ne bougent pas en cas d’agression. Cette « passivité » s’explique aussi par le fait que toutes ces personnes entre elles ne se connaissent pas et ne connaissent pas la victime. Et, l’agresseur ou les agresseurs profitent aussi de cette brèche. De cette opportunité.
Aujourd’hui, on se dit facilement être l’ami de quelqu’un. Mais c’est une formule. Y compris une formule de politesse. Il est facile d’être l’ami de quelqu’un lorsque tout sourit. Et c’est agréable, aussi. On ne peut pas souhaiter rester en permanence sur le qui-vive et dans la méfiance. On ne peut pas passer son temps à devoir ramper constamment dans la boue et le froid, en pleine nuit, le ventre vide, afin d’échapper à des furies. Ou juste pour se rendre à une séance de cinéma ou pour prendre un verre dans un bar avec quelqu’un.
L’anomalie
Aujourd’hui, j’ai raccompagné ma fille à la médiathèque de ma ville. J’ai vite renoncé à faire remarquer aux bibliothécaires que je « connais » et qui me « connaissent » qu’il y a une grosse anomalie dans le fait que des gens comme moi, non vaccinés contre le Covid, soient désormais interdits d’accès de la médiathèque. Je crois que faire part de cette anomalie aux bibliothécaires les mettrait mal à l’aise. Je me suis contenté de les saluer de loin. Nous nous sommes souris. Je me suis aussi demandé combien de fois faudrait-il que des usagers familiers comme moi repassent et restent ainsi presqu’à la « porte » de la médiathèque pour que l’une ou l’un d’entre eux, à un moment donné, finissent par se dire qu’il y a quelque chose qui cloche dans cette situation. Je me suis aussi demandé combien de temps, si j’étais à leur place, ou lorsque je suis à leur place dans mon travail, me faudrait-il/me faut-il, pour m’apercevoir qu’il y a quelque chose qui cloche dans ma conduite au regard de certaines situations.
L’anomalie est que la mairie de ma ville ne propose aucune alternative. Car les impôts que je paie depuis des années contribuent au financement des institutions publiques comme les médiathèques et les hôpitaux publics. L’Etat et donc la mairie de ma ville n’ont donc aucune légitimité à m’interdire totalement l’accès à la médiathèque de ma ville. Ou, ils se doivent de me proposer un service alternatif. Car je paie pour ce service public avec mes impôts. Or, depuis plusieurs jours maintenant, l’Etat prend l’argent de mes impôts mais ne me rend pas le service pour lequel mes impôts- et ceux des autres citoyens vaccinés et non-vaccinés contre le Covid- le paient. Et, la mairie de ma ville se comporte donc comme un exécutant zélé de l’Etat. C’est un exécutant de poids mais, aussi, un exécutant décérébré qui manque totalement de recul. Et qui manque, là, à sa mission d’inclusion sociale et culturelle.
Lorsqu’une entreprise prend l’argent ou reçoit de l’argent de ses actionnaires, elle lui doit des contreparties. Sauf si les actions n’ont plus de valeur. Dans ce cas, les actionnaires ont perdu leur argent. Refuser l’accès à des institutions publiques à des personnes qui paient leurs impôts parce-qu’, actuellement, ces personnes ne fournissent pas de passe sanitaire ou de test PCR ou antigénique négatif, cela signifie aussi que, pour l’Etat, les « actions » du service public n’ont aucune valeur.
C’est presque le contenu du mail que j’ai envoyé tout à l’heure à la mairie de ma ville. Je ne sais pas quand ce mail sera lu. Nous sommes en plein mois d’aout, pendant les grandes vacances. Et, je ne suis personne. Je n’ai pas des millions de vues sur une chaine Youtube. Je n’ai aucun ami dans les sphères politiques, médiatiques ou dans le monde des affaires. Mais mon mail est sans doute un acte politique. Et, je n’ai pas prévu d’aller boire de la bière dans un métro en attendant que l’on me réponde.
Photo prise le 6 aout 2021 à Argenteuil. J’ai revu cette affiche quelques jours plus tard à Paris. Le message est que les baisers « profonds » sont à « jeter » puisque susceptibles d’être transporteurs du virus du Covid. C’est un hasard si le véhicule de transport se trouvait là au moment où j’ai pris la photo.
Mes impôts
Mais, au fait ! Moi, le non-vacciné, coupable de vivre encore sans passe-sanitaire…
Tous les mois, depuis des années, je paie bien des impôts ? Et, maintenant que le prélèvement de l’impôt sur le revenu se fait à la source, chaque mois, sur mon salaire, sont bien prélevés mes impôts ?
Mes impôts participent aussi au financement des hôpitaux publics, des bibliothèques et autres services….alors, je paie pour ça mais je n’y ai plus le droit depuis quelques jours ( En allant à la médiathèque ce samedi 14 aout 2021). Sauf pour les urgences à l’hôpital.
Ça fait penser un peu à du racket dans un pays supposé égalitaire. Ou ça pousse à croire que l’Etat, au moins, et celles et ceux qui appliquent ces nouvelles mesures s’assoient sur certaines lois. Sans penser à mal, bien-sûr.
On a le droit d’être pro-vaccin et même d’être persuadé que les anti-vaccins sont des crétins, des illuminés, et tout ce qui s’ensuit. Mais cette histoire d’impôts devrait faire réfléchir n’importe qui. Mais, apparemment, pas trop. La réflexion semble se limiter à : seringue ou pas seringue. Pas au delà.
A côté de ça, les nouvelles mesures sanitaires (passe sanitaire obligatoire) sont appliquées sans discernement. De l’Etat au simple employé qui ne fait qu’executer ….
Bonne nuit.
La même affiche qu’au début de cet article, photographiée cette fois quatre jours plus tard à Paris, le 10 aout 2021. Sortie à Paris qui m’a ensuite inspiré l’article « Paris sans passe : Atterrissage ethnique ».
En allant à la médiathèque ce samedi 14 aout 2021, je savais que je ne pourrais y entrer désormais. Désormais, un passe sanitaire est obligatoire à l’entrée. « Ou un résultat négatif à un test PCR ou antigénique » a ajouté la bibliothécaire qui a ajouté avoir reconnu ma voix lorsque je l’ai appelée par son prénom.
14 ans que je me rends à cette médiathèque. Cette fois, je faisais le trajet pour y accompagner ma fille qui, fort heureusement, maintenant, connaît l’endroit et la plupart des gens qui y travaillent. Cette situation où je la « dépose » à l’entrée de la médiathèque et reviens ensuite la chercher est bien-sûr un bon moyen d’autonomisation pour elle. « D’autres parents font comme ça, aussi » m’avait également dit la même bibliothécaire au téléphone.
Au préalable, j’avais expliqué le « topo » à ma fille. En quelques mots. Elle avait pris ça calmement et était plutôt contente de découvrir qu’elle pourrait utiliser la carte de prêt, toute seule. Pour le dvd du dessin animé Trolls 2, ce serait à elle qu’il reviendrait d’aller solliciter la bibliothécaire afin de lui demander si elle pourrait le réemprunter. Car elle n’avait pas eu le temps de le regarder.
En nous rapprochant de la médiathèque, je suis tombé sur ce panneau de la Licra contre l’antisémitisme. Je comprends la campagne contre l’antisémitisme. Mais j’ai été surpris par la période d’apparition de ce panneau. Pourquoi maintenant, un 14 aout ? Alors qu’une bonne partie des gens sont, en principe, en vacances. Et puis, je ne saisissais pas cette phrase qui était apparemment un témoignage :
« En m’associant à la peur d’un complot, on donne un visage à l’antisémitisme ».
Signé David.
Aujourd’hui, le mot « complot » est directement associé à celles et ceux qui sont contre les vaccins anti-Covid ou qui expriment des doutes à leur sujet.
Et, puis, cet homme sur la photo donne l’impression que c’est lui, l’antisémite. Puisque c’est son visage qui apparaît. Or, il est supposé être juif. Qu’est-ce que c’est que ce message contradictoire ?! Cette phrase sûrement sincère et pourtant si alambiquée que j’avais du mal à la décrypter ?!
Passer de ce « Je » implicite ( « En ») à « On ». Quel flou ! Comment la Licra avait t’elle pu lancer une campagne avec des propos aussi ambigus ? Ou bien, avais-je mal vu ?
Je ne savais plus. Je ne sais plus.
Rester dans la même histoire
J’ai pris le temps de prendre cette affiche en photo. Puis, j’ai rejoint ma fille. Avant de traverser la route, je me suis dit :
« Peu importe que l’on ait (la) raison ou qu’on l’ait perdue : la folie, c’est rester dans la même histoire en se blottissant contre l’impossibilité ou la difficulté d’en sortir. En la voyant comme le réservoir de l’Humanité et l’intégralité de nos vies ».
A partir de ce 12 juillet 2021, avec un gros pic début aout, j’ai beaucoup parlé du Covid et des vaccins dans mes derniers articles. C’est « normal », ce sujet nous occupe tous. Et il va continuer de le faire. Mais ne parler que de « lui » et des vaccins, c’est s’immerger soi-même la tête dans une marmite et l’y laisser cuire.
Je parlerai donc à nouveau du Covid dans mes articles. Mais, autant que possible, moins. Parce-que je ne crois pas qu’en plein conflit armé, en prison ou en d’autres circonstances de vie difficiles que les gens qui survivent et s’en sortent le mieux ne passent leur temps qu’à parler de ce qui se trouve ou de ce qui peut bien encore se trouver au fond de la marmite. Et de sa fabrication, de son volume réel mais aussi de sa couleur. Ce genre d’informations, même en nous concentrant, nous dépasse : le volume réel de la marmite, sa profondeur exacte….tout cela, nous ne l’apprendrons, si nous sommes encore présents à cette date, que lorsque notre histoire avec cette marmite sera réellement terminée. Or, pour l’instant, cette histoire est encore en cours.
Combattre, résister, s’évader
Quant à la façon de combattre, de résister, ou de s’évader, il en existe plusieurs. Rarement une seule à ce que j’ai compris. Et, il convient de réussir à trouver celle qui nous correspond le mieux.
A quelques mètres devant l’entrée de la médiathèque, une table dehors. Derrière elle, une bibliothécaire que je connaissais bien-sûr. J’ai fait mes dernières recommandations à ma fille et lui ai dit l’heure à laquelle j’allais revenir la chercher. La bibliothécaire, pédagogue, lui a traduit :
« Donc, ça te fait trois quarts d’heure ». Je ne pouvais pas faire plus pour cette fois.
Je suis allé faire quelques courses chez le marchand de primeurs. Je suis passé à la bonne heure. J’étais le seul client.
A mon retour, j’ai essayé de voir avec la bibliothécaire comment me faire à ces nouvelles règles. Elle m’a confirmé que je pouvais faire des réservations sur le site de la médiathèque. Mais m’a expliqué qu’ils n’étaient pas assez nombreux en personnels pour organiser un « Drive ». Il faudrait donc que quelqu’un qui dispose d’un passe sanitaire, ou ma fille, aille chercher les documents réservés à ma place. Ce genre de solution n’a rien d’exceptionnel. A l’extrême, je « sais » que dans certains conflits armés, des parents ont pu cacher des armes dans les cartables de leurs enfants afin que ceux-ci passent les contrôles. Là, il s’agirait juste de me porter quelques livres ou cds. Cela pourrait être assez gratifiant pour ma fille. Mais cela m’emballe modérément. Et, de la solliciter pour ça. Mais, aussi, de solliciter qui que ce soit d’autre.
Si j’étais gravement malade, très occupé ou un grand criminel recherché dans toute la France, je pourrais à la limite recourir à cette « méthode ». Mais, là, je suis parfaitement en état pour effectuer mes démarches moi-même. Mon casier judiciaire est vierge.
Sauf que les règles ont changé depuis le 9 aout. Je peux entrer dans n’importe quelle Fnac de France avec mon masque anti-Covid. J’ai vu il y a quelques jours que j’aurais pu entrer dans une bibliothèque en plein Paris sans passe sanitaire. Dans le 1er arrondissement. Si je cherche bien, il doit donc y avoir encore d’autres bibliothèques où il est toujours possible d’entrer sans passe sanitaire, en portant un masque anti Covid.
Certaines mairies par contre, comme celle de ma ville, font peut-être du zèle en matière de mesures sanitaires. Je n’ai pas les moyens de m’y opposer. Pour l’instant, je n’ai donc plus le droit d’entrer dans la médiathèque de ma ville et, un peu, de ma vie.
A partager
Ma fille et moi sommes ensuite repartis. Elle, insouciante, et c’est normal, moi, plus partagé mais aussi discret que possible pour ne pas la concerner par cette situation particulière.
Partagé parce-que je ne sais pas combien de temps il sera autorisé qu’elle puisse accéder à la médiathèque sans passe sanitaire ou autre restriction qui ne finit de s’ajouter à notre quotidien. Partagé parce-que, d’une certaine façon, je fais peser sur ma fille les conséquences d’une décision qui ne devrait regarder que les adultes entre eux. Or, cette pandémie n’est pas seulement sanitaire. Elle est aussi sociétale et imprègne tous les rayons et toutes les étagères sur lesquels reposent toutes les cultures que nous empruntons, dénigrons ou ignorons.
Cette vidéo est repassée plusieurs fois. Comme bien d’autres passagers, je n’y ai pas fait plus attention que ça. Désormais, dans les trains de banlieue, il y a aussi des écrans. On y voit des images nous présentant, sans le son, les attraits de la région d’île de France et certains événements.
On y voyait une jeune femme brune plutôt charmante, seule, portant un maillot et, sur son visage, les couleurs de l’équipe française de Football. Elle nous souriait devant ce qui pouvait faire penser au Stade de France d’avant un match. Cela se terminait par une phrase qui disait à peu près :
« Pour revenir à une vie normale, et recommencer à tous nous amuser, vaccinons-nous contre le Covid ».
C’est à ce « clip » que je fais allusion. Il est à nouveau rediffusé depuis quelques jours. Mais je ne saurai dire quand. J’ai pris cette photo ce mercredi 1er septembre 2021 près de la ligne 14. Le clip est bien-sûr rediffusé dans d’autres lieux de transports. Sans doute comme un rappel avant le 15 septembre 2021. Date à partir de laquelle toute personne non vaccinée ou non en cours de vaccination anti-covid risque d’être licenciée, mise à pied, suspendue…. Le clip se termine avec la phrase : » A chaque vaccination, c’est la vie qui reprend ». Phrase que j’avais oubliée mais dont j’avais retenu le message à ma façon comme on peut le lire dans cet article.
Il y avait le même genre de clip pour les festivals de musique. Avec le même message. C’était le début de l’été, peut-être avant le début des grandes vacances. A cette période de l’année, où, traditionnellement et souvent, en France, on aspire particulièrement à vivre à l’extérieur.
Maintenant que j’y repense, à peu près deux mois plus tard, cette campagne d’information et de prévention était un slogan. Le public incité à la vaccination anti-Covid était peut-être féminin mais surtout jeune adulte. Dans une moyenne d’âge comprise entre celui où l’on est autorisé à se rendre seul à un stade de foot jusqu’à, disons, 25 ou 26 ans. Cette tranche de la vie où l’on est supposé insouciant, sans enfants et sans charges particulières. Où l’on aime circuler, sortir et consommer et où l’on a, en principe, la possibilité de le faire.
C’est peut-être aussi pour ces raisons que je ne m’étais pas du tout senti concerné. Cette époque de la vie était pour moi plutôt révolue. Si j’avais été une femme charmante et jeune à une époque, je ne l’étais plus depuis des années. Cela fait des années que plus personne ne m’a invité au restaurant ou proposé d’aller danser en boite de nuit.
Il y avait aussi des années que je n’étais allé dans un stade de foot. Et, en plus, je n’étais pas du tout pressé de me faire vacciner contre le Covid.
Notre Dame
Il y avait eu, aussi, finalement, à peu près le même genre de publicité pour la cathédrale Notre Dame de Paris. C’était après son incendie- en avril 2019- qui avait beaucoup ému. Et qui avait été très médiatisé de par le monde quelques années plus tôt. Pour des appels à dons afin de permettre sa reconstruction.
Je me rappelle d’une affiche sur un mur avant d’aller prendre la ligne 12 du métro en partant pour le travail. Cette grande affiche montrait un jeune d’une vingtaine d’années avec cette phrase :
« Parce-que c’est Notre Dame ».
Là aussi, je ne m’étais pas senti concerné. Je n’avais jamais fait que passer devant Notre Dame et je ne me rappelle pas y être entré une seule fois avant son incendie.
Depuis le 12 juillet 2021, je le répète comme je bute contre cette information, la campagne de vaccination contre le Covid m’a assez brutalement rattrapé. Les mesures décidées par le gouvernement ont organisé une sorte de parcours fléché directif vers les centres de vaccination anti-Covid et l’acceptation du passe sanitaire numérisé. Le passe sanitaire n’est autre que la version améliorée, quelque peu totalitaire, de ces attestations de déplacement provisoire que nous devions remplir à chaque fois, sur un formulaire papier. Lorsque nous sortions de chez nous à partir du premier confinement de mars 2020. L’année dernière. Ce genre d’attestation à remplir et à présenter était une Première, pour nous, Français, nés après la Seconde Guerre Mondiale. Pour nous, de telles mesures de restriction faisaient plutôt partie des manuels d’histoire.
J’avais gardé quelques uns de ces formulaires. Je crois qu’il s’agit de la première version papier ou de l’une des toutes premières versions papier d’attestation de déplacement que nous avions à remplir lors du premier confinement en mars 2020. L’année dernière, j’en avais souvent plusieurs exemplaires vierges sur moi.
Avec le passe sanitaire, nous avons franchi d’un seul coup plusieurs paliers supplémentaires dans l’auto-surveillance et l’autojustification de nos déplacements. Nous avons accepté un peu plus ou un peu mieux de nous retrouver derrière certains verrous.
Seuil psychologique
Cette obligation indirecte, mais concrète, de la vaccination anti-Covid et de l’acceptation du passe sanitaire m’a amené devant mon seuil psychologique. Nous avons tous un seuil psychologique à partir duquel, chacune et chacun, nous devenons plus ou moins sidérés, nous fuyons, nous résistons, nous piétinons ou remettons en cause ce que l’on nous propose ou ce que l’on tente de nous imposer.
Dernièrement, j’ai écrit que mon refus pour l’instant de la vaccination anti-Covid et du passe sanitaire obligatoire (puisque les deux ont été menottés ensemble par notre gouvernement) a fait de moi l’équivalent d’un aborigène exclu de la civilisation des spectateurs et des consommateurs dont je faisais partie jusque là. ( Paris sans passe : Atterrissage ethnique), un article écrit ce 11 aout 2021.
Je vais me reprendre à ce sujet. J’ai pu avoir mauvaise conscience lors du mouvement des gilets jaunes. Leurs manifestations persistantes, chaque week-end, ont pu durer plusieurs mois sans que je ne participe à aucune d’entre-elles. Alors que je les approuvais. Même si, par ailleurs, certaines personnalités et certains agissements ou dérapages m’ont laissé perplexe. Et, Il avait fallu qu’en sortant du travail, je tombe fortuitement sur celle qui allait être- à ce jour- la dernière manifestation des gilets jaunes avant le premier confinement de mars 2020 pour que j’assiste un peu, malgré moi, en direct, à l’événement. Et pour y participer un peu à ma façon en restant quelques minutes et en prenant des photos.
Sans cette circonstance imprévue, j’avais toujours eu une bonne ou une mauvaise raison pour me tenir éloigné du mouvement des gilets jaunes. Ma méfiance et ma réserve envers les mouvements de foule, et pour la façon dont ils peuvent être récupérés et utilisés. Pour ne parler que de ça. Raisons pour lesquelles, par exemple, je n’avais pas participé en janvier 2015 à la marche Je suis Charlie après les attentats. Je savais qu’il y aurait beaucoup de monde à cette marche. Et puis, pour moi, « être un Charlie » devait être un acte durable plutôt qu’un acte « cutané » : une réaction épidermique à très court terme non suivie d’un engagement sur la durée.
Même si, bien-sûr, cette manifestation spontanée après les attentats était nécessaire et qu’elle était aussi constituée de personnes qui sont restées des « Charlie » depuis.
Pour moi, « être un Charlie » a consisté, après les attentats, plutôt qu’à le dire et à le montrer lors de cette marche d’après les attentats, à me mettre à acheter chaque semaine, voire à m’abonner à cet hebdomadaire. Et, six ans plus tard, alors même que depuis plusieurs semaines, Charlie raille et caricature lourdement les personnes comme moi qui se refusent à la vaccination anti-Covid, je n’en continue pas moins de l’acheter et de le parcourir. Même si sur certains sujets auparavant, j’avais pu être en désaccord avec quelques uns de leurs points de vue.
Mais envers le mouvement des gilets jaunes et d’autres mouvements sociaux qui les ont précédés, et par lesquels j’ai pu, aurais pu ou aurais dû me sentir concerné, j’étais resté spectateur. J’avais perpétué ma vie de spectateur, de commentateur et de consommateur. Alors que ces personnes qui manifestaient, gilets jaunes ou autres, elles, étaient alors arrivées à ce seuil psychologique que je crois connaitre actuellement devant cette vaccination anti-Covid et ce passe sanitaire.
L’attestation de déplacement dérogatoire dans sa version papier telle qu’elle a pu évoluer ensuite. En bas à droite, on peut remarquer l’invitation à télécharger un QR Code. On en était, alors, encore, à une situation optionnelle. J’ai oublié quand ce genre de formulaire a commencé à apparaitre. Probablement après juin 2020.
Photo prise en novembre 2020 à la gare de Lyon. Mais, si je me rappelle bien, ce genre d’invitation sous cette forme, à télécharger l’application Tousanti-Covid sur notre téléphone portable, existait déja plusieurs mois auparavant dans d’autres gares parisiennes.
On peut toutefois être spectateur, consommateur et militant, résistant ou engagé. C’est aussi là où je tiens à me reprendre. L’être humain est fait de tant de paradoxes. Des paradoxes que l’informatisation et la modélisation de nos vies cherchent et parviennent assez à refouler jusqu’au moment où survient ce seuil psychologique, cette limite qui est notre véritable identité.
Par exemple, je crois que parmi les personnes aujourd’hui pro-vaccin anti Covid, il s’en trouve un certain nombre qui, avant l’arrivée des vaccins anti-Covid, avaient pris quelques libertés avec les mesures restrictives décidées par le gouvernement. Que ce soit pour le nombre de kilomètres autorisé hors de chez soi. Pour les motifs de déplacement hors de chez soi. Pour le fait de se retrouver en compagnie de plus de personnes qu’il ne l’était autorisé par le gouvernement pour lutter contre la pandémie du Covid. Mais aussi pour le respect de certaines règles de distanciation sociale. Il doit bien y avoir un certain nombre de personnes, qui, bien avant leur vaccination contre le Covid, avaient déja pris dans leurs bras des proches ou des collègues ; ou s’étaient embrassées- ou plus- en dépit des mesures préconisées de distanciation sociale. Et, c’est aussi parmi ces personnes aujourd’hui que l’on trouvera les plus grands critiques envers les réticents à la vaccination anti-Covid, aujourd’hui perçus comme celles et ceux qui emmerdent tout le monde et qui retardent le retour à la « vie normale ».
Pour l’instant, je n’ai pas retrouvé la date de cette photo. Mais j’opterais pour dire que je l’ai prise l’année dernière, en 2020. Entre juin et décembre 2020.
Immunité collective
L’année dernière, entre mars 2020 et juin 2020, je croyais que la pandémie du Covid serait passagère. Je croyais à un retour à « notre vie normale ». Même si je m’attendais à ce que, de plus en plus, les masques anti-Covid ou de « protection respiratoire », fassent désormais partie de notre culture. Même si je pensais, paradoxalement, que la pandémie du Covid allait contribuer à changer notre monde.
Hé bien, maintenant, je vais écrire que, même si nous parvenons à une immunité collective, telle qu’elle nous est louée afin de permettre la sortie de cette pandémie, je ne crois pas à notre retour « à la vie normale ». A notre vie « d’avant ». Je n’y crois pas. Ce n’est pas pour cette raison, au départ, que je rechigne à me faire vacciner contre le Covid. Mais, pendant que j’aborde ce sujet de la « responsabilité » supposée des anti-vaccins dans la longévité de la pandémie, je me dis qu’il faut aussi aller au delà et aborder ce sujet au passage.
Très certainement que beaucoup de personnes, en vacances ou non, mais vaccinées, croient encore qu’une fois que tout le monde sera vacciné contre le Covid, que notre vie deviendra ou redeviendra meilleure. Moi, je trouve que les événements nous démontrent déja le contraire. Par exemple, je n’oublie pas que les manifestations des gilets jaunes qui avaient lieu chaque semaine depuis des mois, ont dû s’arrêter avec le premier confinement décidé par notre gouvernement et débuté mi-mars 2020 en raison de la pandémie du Covid. Cette coïncidence, entre la priorité sanitaire, indiscutable, donnée à la pandémie Covid, et, en même temps, l’interdiction des rassemblements et des manifestations des gilets jaunes m’a toujours dérangé. Car cette coïncidence a aussi été bien commode, trop commode, pour permettre à notre gouvernement de se débarrasser facilement du mouvement des gilets jaunes.
Depuis, le gouvernement a aussi obtenu du plus grand nombre dans l’hexagone, volontaire ou contraint, de se faire vacciner contre le Covid. Et d’accepter le passe sanitaire. A partir de là, le gouvernement actuel et celui qui lui succèdera (car j’ai beaucoup de mal à imaginer que le Président Macron puisse être réélu/ et je ne vois pas « la fille de son père » se faire élire. Je crois qu’elle a épuisé tous ses jokers. Mais, bien entendu, je peux me tromper) n’aura de cesse de nous faire admettre encore plus de contraintes. Elle est là, notre amnésie collective. Dans le fait d’oublier de plus en plus tout ce que nous avons accepté depuis des années et que nous aurions dû refuser. Bien avant la pandémie du Covid. Laquelle pandémie n’a fait que montrer davantage comme nous pouvons être dociles. Après ça, comme dans un restaurant ou dans un magasin, un gouvernement (pas seulement celui de Macron) mais aussi des entreprises ou toutes sortes d’idéologues plus ou moins bienveillants n’ont plus qu’à consulter le menu, sonder, passer commande et se ( faire) servir.
Pour cet article, j’ai d’abord utilisé des photos que j’avais prises entre mars et juin 2020. Et d’autres que j’avais prises par la suite. Principalement, entre juin et décembre 2020. On pourra retrouver quelques unes de ces photos dans des diaporamas-panoramas « rangés » dans la catégorie Corona Circus de ce blog. Avec un premier diaporama-panorama qui « couvre » la période Mars-avril 2020 ( Panorama 18 mars-19 avril 2020 ). On pourra lire mes premières impressions concernant la pandémie du Covid avant qu’elle ne soit officialisée en mars 2020 ici Coronavirus, un article que j’avais écrit le 24 février 2020.
Cet article écrit en plein mois d’aout peut faire l’effet d’un très grand coup de fouet mortifère. Ce n’est pourtant pas son but. Soit un paradoxe de plus, sans aucun doute. Comme rédigé plus haut, on peut être consommateur, spectateur et, par ailleurs, en certaines circonstances et à d’autres moments, être militant, résistant, engagé. Cela peut être par le biais de l’humour, de la poésie, de l’art en général. Ou dans le simple fait de porter et de prêter attention à quelqu’un d’autre que soi à un moment où elle ou il en a besoin ou peut en avoir en besoin. Il existe bien des façons différentes- et persistantes- de faire primer sa conscience et son humanité avant tout. Y compris malgré soi.
Je viens de m’apercevoir que cet article est le 300 ème que j’ai écrit depuis la création de mon blog, il y a deux ou trois ans. Je me devais donc de particulièrement le soigner. C’est donc pour cette raison qu’entre sa première version cette nuit, vers une heure du matin, et ce matin un peu avant midi, je l’ai un peu complétée et modifiée.
Echanger des points de vue avec des amis comporte des risques. Les disputes et les ruptures font partie des risques. Mais il en est un autre peut-être beaucoup plus grand.
Celui qui consiste à se croire très intelligent en leur compagnie. Le nombre de fois où l’on se sent autorisé à s’imaginer particulièrement perspicace ne se compte pas avec nos amis. Puisque, généralement, le plus souvent, ils pensent comme nous. Lorsque cela n’est plus possible, certains quittent ce statut d’amis. Soit de leur propre initiative soit de la nôtre.
Je viens de connaître un de ces moments où, à nouveau, je me suis senti pousser une intelligence particulière. Je n’avais pas prévu ça. Comme je n’avais pas prévu de l’écrire dans un article ce matin. Ce matin, j’avais d’autres ambitions que de « paraître » dans un article. Mais l’échange que je viens d’avoir par sms avec mon ami Raguse en a décidé autrement. Pour le pire ou le meilleur. Avec lui ou avec d’autres.
Raguse et la pandémie aux Antilles
Tout à l’heure, mon ami Raguse m’a sollicité pour avoir mon avis concernant l’essor de la pandémie aux Antilles. Depuis quelques jours, dans les médias, il se parle de plus en plus du confinement strict et du couvre-feu décidés récemment par le gouvernement aux Antilles. Du fait que les touristes qui s’y trouvent sont encouragés à rentrer en France.
On parle aussi du faible taux de vaccination anti-Covid là-bas. De la défiance d’une grande partie de la population envers les vaccins anti-Covid. Tandis qu’en France, on doit maintenant approcher les plus de 60 % de personnes vaccinées contre le Covid, dans les régions Outre-mer telles que les Antilles où la Réunion, ce taux tombe à environ 20 %.
Alors que le variant Delta du Covid fait de plus en plus parler de lui et couche de plus en plus de monde dans ces régions et ailleurs. Aux Antilles, on parle de services hospitaliers surchargés, de renforts en personnels soignants ( mais aussi de renforts policiers ) venus de métropole. Donc, d’une catastrophe sanitaire en cours sous les tropiques. Les « tropiques » sont habituellement plutôt synonymes de paradis, d’évasion et de détente. Là, ils deviendraient plutôt synonymes de mouroirs et de mouchoirs.
Je l’ai déjà écrit : je suis bien-sûr embarrassé devant ces chiffres de « cas de Covid » en augmentation. Que ce soit aux Antilles où j’ai de la famille, à la Réunion, mais aussi en France. Mon propre frère a prévu de se rendre en Guadeloupe avec sa compagne et leurs deux enfants. Et, il y a quelques jours, bien que lui et sa compagne soient vaccinés et aient prévu de passer deux tests PCR, un quarante huit heures avant leur vol, et un autre le jour-même, afin d’augmenter leurs chances, mon frère ne savait pas s’ils pourraient décoller pour la Guadeloupe la semaine prochaine.
Cela, c’était avant que l’on apprenne que les touristes étaient maintenant incités à quitter les Antilles. Partir des Antilles serait plus « simple » pour certains touristes qui y sont que pour d’autres à ce que j’ai lu. La compagnie Air France serait plus facilement joignable et accommodante. La compagnie Air Caraïbes, aux billets d’avions moins chers, ne répondrait pas.
Le journal » Le Parisien » de ce mercredi 11 aout 2021.
Mon ami Raguse m’a posé tout à l’heure en guise de bonjour (il ne m’a même pas dit bonjour) la question suivante que beaucoup d’autres personnes se posent peut-être :
« Je comprends bien la défiance des antillais vis à vis de l’Etat français mais l’hécatombe actuelle en Guadeloupe et Martinique pose la question de la vaccination…et ses conséquences bénéfiques sur le nombre de victimes….Qu’en penses-tu ? Bonne journée ! Bizz ».
Je sortais de ma douche lorsque j’ai lu ça après ma deuxième nuit de travail. Nuit de travail dont je suis revenu assez poussivement tout à l’heure en pédalant sur mon vélo. J’ai même croisé un « vélo Brompton » tout fringant qui m’a allumé alors que je me rapprochais de la gare de St Lazare.
Mais en lisant ce sms de mon ami Raguse, tout à l’heure, mon Q.I n’a fait qu’un tour. D’abord, sa question amenait entre nous une nouvelle discussion parmi d’autres. Ensuite, mes origines antillaises et mon statut de « non vacciné » m’ont attribué le rôle du candidat idéal pour en débattre avec lui. Impossible pour moi de me défiler.
J’ai d’abord répondu :
« Tu as peut-être raison pour la vaccination. Mais nous ne sommes pas à leur place. La Guadeloupe, c’est une île qui se trouve à des milliers de kilomètres de l’hexagone. Et où l’on perçoit donc les événements et la vie depuis un autre point de vue. Et puis, la France a un terrible passif avec, au moins, la Guadeloupe et la Martinique : Le chlordécone.
Lorsque tu as vécu ça, cette horreur sanitaire, comment peux-tu faire confiance à la France ? Pareil pour la Polynésie et les essais nucléaires aux conséquences sanitaires non véritablement reconnues par la France. Comment, après ça, réussir à faire confiance à la France ? ».
Raguse a alors ajouté :
« Oui, je suis d’accord. C’est pour ça que je parlais de leur légitime défiance vis-à-vis de l’Etat français…. ».
Alors, je ne sais pas ce qui m’a pris. C’est peut-être l’effet de la fatigue ou mon Q.I inversé qui m’ont désinhibé peut-être pour le pire. Je me suis alors mis à écrire :
« Il est très facile depuis notre regard ethno-centré et nombriliste de juger les autres. Que ce soit les autres qui sont aux Antilles ou dans d’autres régions du monde. Mais t’écrire ça ne m’empêche pas de « regarder » le décompte et l’essor de la pandémie aux Antilles et en Polynésie. Cependant, ce qui me dérange aussi, c’est ce business autour des vaccins :
S’il y a peu de gens vaccinés aux Antilles, ça veut aussi dire qu’il y a là-bas un marché à conquérir. Je n’arrive pas à savoir ce qui est le pire. Et, c’est encore plus inquiétant d’être aujourd’hui incapable de savoir ce qui est le pire :
Penser, comme je le fais, que les vaccins anti-Covid pourraient être une nouvelle espèce de produits de consommation envers lesquels nous allons développer une dépendance. Comme envers nos téléphones portables et nos ordinateurs et internet. Ils (les vaccinsanti-Covid) seraient donc les produits de consommation parfaits. Indispensables et salvateurs mais à durée limitée. On en changerait tous les ans ou tous les six mois en prenant un nouveau forfait. Comme avec un nouveau téléphone portable de plus en plus sophistiqué chaque année.
Ou, le pire est-il que ce projet soit déjà l’avenir pour au moins une ou plusieurs entreprises?
Ce matin, lorsque je suis optimiste, je me dis que la pandémie du Covid va durer trois ou quatre ans. Puis, je me dis que je me leurre. Et, qu’elle va plutôt durer une cinquantaine d’années ou plus. Comme la grippe.
Lorsque l’on voit tout ce que nous avons perdu en libertés (ne serait-ce que de déplacement) depuis dix huit mois, cela fait très peur pour la suite. D’autant que le Covid bouffe d’abord en priorité les plus âgés, donc les représentants et la mémoire d’un autre monde. D’une autre façon de vivre. Mais dans dix à vingt ans, celles et ceux qui naitront ne connaitront rien de cette vie sans Covid que nous aurons connue. Et, pour le plus grand nombre d’entre eux, ça sera normal de vivre avec ces vaccins peut-être devenus mensuels ou quotidiens contre toute sortes de maladies dangereuses. Peut-être même que la durée de vie moyenne de l’humanité aura-t’elle diminué pratiquement de moitié. Le monde sera alors peuplé de jeunes travailleurs et de jeunes consommateurs dynamiques. Ce qui soutiendra l’économie de marché…tu m’as interrogé. Je te réponds spontanément sans me censurer après deux nuits de travail. Je t’embrasse ».
Un délire de plus de Franck Unimon, ce jeudi 12 aout 2021. Avec le concours involontaire de l’ami Raguse qui n’est peut-être qu’un prétexte ou mon invention afin de pouvoir écrire n’importe quoi.
Vélo Taffe : Certains vélos sont faits pour rouler
J’ai travaillé cette nuit. Ce matin, pour retourner à la gare, comme je le fais depuis quelques mois, j’ai pris mon vélo pliant. Je ne suis toujours pas vacciné.
Je suis bien-sûr embarrassé de savoir que dans des pays pauvres, des gens meurent du Covid faute de ne pas pouvoir bénéficier de vaccins anti-Covid comme nous en avons à disposition en France, pays qui fait encore partie des pays riches.
Journal « L’Humanité » de ce mercredi 11 aout 2021.
Je suis bien-sûr embarrassé par la montée inquiétante du nombre de cas Covid en Guadeloupe, en Martinique ou à la Réunion. Les média, il y a quelques jours, relevaient une réticence ou un refus de la vaccination anti-Covid en Guadeloupe, en Martinique et à la Réunion.
J’ai appris le « durcissement » des mesures de confinement dans ces régions d’Outre-mer dont je suis plusieurs fois originaire. Je me dis qu’une moindre application locale des gestes barrières a sans doute permis cette extension de la pandémie. Mais le tourisme aussi : il y était encore permis assez facilement il y a quelques mois.
Je ne conteste pas les chiffres du Covid dans le monde.
Ce matin, pour la première fois, je me suis demandé si le déni de la pandémie- et de sa gravité- par certains pouvait avoir une relation avec une mouvance comme celle des « adeptes » de Trump, le précédent Président des Etats-Unis. Soit une mouvance émanant d’un homme Puissant de par son ancien poste de Président de la toujours Première Puissance Mondiale mais aussi de par sa richesse en tant qu’homme d’affaires.
C’est ce titre dans le New York Times que j’ai acheté tout à l’heure qui m’a donné cette idée :
No bottom in sight for Covid denial écrit par Paul Krugman, une personne que je ne connais pas.
« New York Times » de ce mercredi 11 aout 2021.
La traduction approximative de ce titre pourrait être : Le déni du Covid est un puits sans fond ou sans limites.
Une façon de dire que celles et ceux qui sont dans le déni du Covid, et de sa gravité, trouveront toujours des raisons et des façons de s’opposer aux arguments qu’on leur donnera pour les convaincre de la réalité et de la gravité de cette pandémie. Une sorte d’hémorragie qu’aucun anticoagulant de ce monde ne pourra jamais arrêter.
Le » Charlie Hebdo » de ce mercredi 11 aout 2021.
J’ai entendu une infectiologue affirmer qu’avec le variant Delta du Coronavirus qui est en train de prendre ses appartements en France que personne, cette fois-ci, ne pourrait échapper à cette quatrième vague de la pandémie :
Selon les propos de cette experte, soit on attraperait le Covid. Soit on pourrait s’en sortir en étant vacciné avec Pfizer, Moderna, Astrazeneca, Johnson & Johnson. Nous désignons ces vaccins anti-Covid par les noms des laboratoires qui les fabriquent et/ou les commercialisent.
Laboratoires et noms qu’elle n’a pas forcément cités dans son intervention mais que, désormais, tout le monde « connaît » maintenant en France, je pense. Une pandémie, la maladie et la mort font partie des meilleures publicités qui soient. Et, cela, bien avant cette pandémie du Covid.
Avant de passer à la suite : Je ne me sens aucune affinité ou proximité avec une personnalité ou un personnage comme Trump, le précédent Président des Etats-Unis.
Après avoir écrit ça, on pourrait se demander pourquoi je persiste à ne pas me faire vacciner contre le Covid. Cette nuit, ma collègue, vaccinée avec Pfizer, m’a rappelé les embolies constatées lors des premières vaccinations avec l’Astrazeneca au début de cette année 2021.
Bien-sûr, il y a pour moi, une inquiétude concernant certains effets indésirables assez immédiats et plutôt graves. Mais, aussi, envers des effets indésirables aussi graves, et encore inconnus- etpeut-être uniquement imaginaires– à ce jour, plus tard.
Foncièrement, je ne fais que deux choses, me semble-t’il :
Douter et essayer de gagner du temps.
Faire la Roue
Peut-être que faire la roue me permet de continuer de douter en gagnant du temps.
Pourtant, je ne doute pas de la pandémie du Covid. Ni de sa gravité possible.
Par contre, je doute des vaccins anti-Covid actuels. Pour moi, actuellement, le risque (leurs effets secondaires) à accepter avec ces vaccins que l’on nous propose- et que l’on nous impose- m’apparaît à tort ou à raison plus grand que leur fameux « bénéfice » que l’on nous assure.
En Anglais, je pourrais dire : « I Don’t buy it ! ». En Créole : « An Pa Ka Pran Sa ! ». Dans ces conditions de doute, aujourd’hui, je ne suis pas preneur du risque que l’on me « demande » ou que l’on veut « m’imposer » de prendre avec les vaccins anti-Covid actuels.
On dira d’une personne comme moi qu’elle ne sait pas ce qu’elle veut. Qu’elle est illogique, conne ou irresponsable. Ou irrationnelle. Je ne peux pas contester totalement cette perception. C’est celle des autres. Elle ne m’appartient pas.
» Le Canard Enchainé » de ce mercredi 11 aout 2021.
La roue a sa propre volonté. Une fois lancée, elle nous entraîne avec le moindre effort. Une fois portée par elle, on pourrait mourir, être blessé, être pris d’un malaise, ou sain et sauf et continuer d’avancer encore sur plusieurs mètres avant de commencer à le réaliser. Sauf, bien-sûr, si l’on est mort ou que l’on perd conscience.
Il n’y a rien à comprendre dans ce qui fait le mouvement d’une roue, d’une pensée ou d’une intuition. Soit on l’admet, soit on fait corps avec elle, soit on la rejette ou l’on se heurte à elle. La roue a ses rythmes, ses cycles. On peut la trouver suicidaire. On peut comparer la roue à la roulette russe. ça peut être vrai. Ça peut aussi être faux. C’est aussi par elle que l’on arrive à certains endroits et à certaines décisions qui nous sauvent et que la science n’a pas prévu et ne peut pas prévoir. La science, si elle aide, sauve, soigne et peut aiguiller, n’est pas la propriétaire et la maitresse exclusive de toutes les trajectoires. Un être humain, sur un vélo, n’ira jamais aussi droit que n’a pas pu le calculer la science afin de parvenir à une certaine destination.
Cependant, faire corps avec la roue ne signifie pas se perdre en elle ou s’y enfermer définitivement. En faisant corps avec la roue, on peut vivre et réaliser des actes extraordinaires et inconcevables pour qui pense et marche au pas. Mais se confondre avec la roue, au point de ne plus être capable de faire la différence entre elle et soi, c’est se consigner dans la folie, le suicide ou de la maladie.
Avec le réchauffement climatique, l’invasion de l’Afghanistan par les Talibans, les troubles en Ethiopie, la pandémie du Covid, le durcissement du confinement en Martinique et en Guadeloupe, le couvre-feu en Polynésie française, et le meurtre du père Olivier Maire, l’arrivée du Footballeur Lionel Messi dans l’équipe du Paris St Germain comptent parmi les principales Unes de ce mercredi 11 aout 2021.
Pas de logique forcément
Il n’y a pas de logique, forcément, dans le fait que, ce matin, j’ai décidé d’attendre ce cycliste que j’avais d’abord très facilement dépassé. Pour lui parler et l’interroger. Et, bien-sûr, rien ne me prédisposait en particulier à cette rencontre. Rien non plus ne garantissait qu’il accepte de prendre le temps de discuter avec moi. Certains cyclistes sont très fermés, assez condescendants ou, plus simplement, pressés.
En partant de mon travail ce matin, j’ignorais que j’allais le rencontrer. Et, si j’avais pédalé à une certaine allure ou décidé de prendre un autre parcours pour me rendre à la gare, nous ne nous serions pas croisés.
Il avançait sur un de ces vélos mécaniques et pliants de la marque Brompton que j’ai déjà évoqués :
« Certains vélos sont faits pour rouler. Le mien est fait pour pédaler ».
Même s’il avançait vraiment doucement, ou peut-être parce qu’il avançait vraiment plus doucement que tous les autres usagers de cette marque de vélo que j’ai pu croiser, il m’a pris l’envie de lui parler.
Contrairement à la plupart des cyclistes que je rencontre, quelle que soit leur marque et leur type de vélo, il portait un masque noir anti-pollution. Et peut-être anti-Covid. Et, son vélo, à l’inverse de la majorité des vélos Brompton que j’ai pu croiser, avait un guidon en T.
Il m’a très vite appris qu’il avait la version sportive. A la fois la plus légère et la plus chère. Il se sentait bien avec ce type de guidon et avait déjà parcouru cinquante kilomètres avec. Il se sentait tellement bien dessus que, pour tous ses déplacements, il avait désormais délaissé son VTC classique à sept vitesses.
Il a reconnu qu’il fallait mettre le prix pour l’acheter. Mais que l’effort financier se justifiait. Il a acquiescé lorsque je lui ai sorti ma formule :
« Certains vélos sont faits pour pédaler. Celui-ci est fait pour rouler ».
Il avait fait le choix de n’avoir que deux vitesses. Au lieu des six recommandées. Pour alléger davantage son vélo qui devait pourtant être bien plus léger que le mien au poids déjà confortable (12 kilos).
Puis, il m’a dit qu’il était étonné par la très grande réactivité de ces vélos. J’ai pu en témoigner pour en avoir fait plusieurs fois l’expérience.
Après un à deux kilomètres de discussion et de promenade tranquille ensemble, il m’a prévenu qu’il allait tourner à droite après l’hôtel Le Lutétia. Je l’ai salué et l’ai remercié. Nous nous sommes souhaités une bonne journée.
Certains vélos sont faits pour rouler. Sans se poser de questions. Un de mes anciens cousins, du côté de ma mère, Marcel Lollia, était surnommé Vélo. Je ne l’ai jamais rencontré. J’étais ado lorsqu’il est décédé.
Vélo n’était pas un cycliste. C’était un joueur de Gwo-Ka. Une référence. Son nom ne dira rien à beaucoup de personnes en France et dans le monde. Y compris parmi beaucoup de mes amis et de mes connaissances, passées, présentes et futures.
Sa vie n’a pas du tout été linéaire. Elle n’a rien à voir avec ma propre vie. La campagne, la musique apprise sûrement en autodidacte, peu lettré, la rue, l’alcool, les nuits blanches, d’abord la mauvaise réputation, puis la reconnaissance, la maladie, la mort dans la pauvreté avant la soixantaine. Tout ce que je fuis comme beaucoup de personnes.
Mais son nom et son histoire sont restés. Et, plusieurs années après sa mort, il continue d’inspirer. Au contraire de la majorité d’entre nous qui, devant la roue, estiment qu’elle est juste là pour avancer. Et, rien d’autre. Une roue, c’est fait pour rouler.