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Argenteuil

Seine de crime

Photo prise ce lundi 9 aout 2021.

 

Seine de crime

 

 

C’était le jour. Il m’a fallu plusieurs mois pour passer avec ma fille devant ce viaduc.

 

Viaduc où, le 8 mars de cette année, la jeune Alisha, piégée par une amie de son lycée, avait été passée à tabac puis jetée quelques mètres plus bas dans la Seine. Fleuve dans lequel elle a décédé en état de choc sous les effets conjugués de l’hypothermie, de l’épuisement et du désespoir.

 

C’était la troisième fois dans ma vie, aujourd’hui, que je repassais devant ce viaduc.

 

J’ai connu cet endroit par ce crime.

 

Autrement, près de là se trouve un chemin de halage, le long de la Seine, qui mène à peu près jusqu’à St-Denis en partant d’Argenteuil.  Des gens s’y promènent, font leur footing ou y circulent à vélo. Au dessus de ce viaduc, l’autoroute A15 qui dirige vers le Val d’Oise au delà dans un sens. Et vers Paris et d’autres départements d’île de France dans l’autre sens. De l’autre côté de la Seine, Gennevilliers et sa zone portuaire et industrielle avec ses containers. Un lieu de croisements et de directions. Un dépotoir, aussi.

 

Je sais qu’il ne faut pas rester sur de mauvaises impressions. Mais, jusque là, je n’étais pas prêt à les traverser avec ma fille. C’est fait. Ce viaduc est à Argenteuil où nous habitons.

 

Après avoir rejoint la ville d’Epinay sur Seine, nous sommes allés jusqu’au centre équestre de Villeneuve la Garenne.

 

A notre retour, je me suis arrêté un peu pour prendre cette photo. Sans dire un seul mot de ce qui s’était passé là. A la place, j’ai rappelé à ma fille que pour repartir il y avait une côte à monter. Elle a essayé de la franchir sur son vélo. Mais c’était trop difficile pour elle. Je suis descendu de mon vélo et l’ai attendue. Nous avons continué à pied jusqu’à ce que nous puissions remonter tous les deux sur notre vélo pour rentrer.

 

Alisha n’est pas remontée. Et, elle n’est pas rentrée. ( Marche jusqu’au viaduc)

 

Franck Unimon, ce mardi 10 aout 2021.

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Cinéma

Le Chat du Rabbin- un dessin animé de Joann Sfar et Antoine Delesvaux

            Le Chat du Rabbin un dessin animé de Joann Sfar et Antoine Delesvaux

 

 

Personne n’est mort dans d’indécentes souffrances. Tandis que ma fille et moi, hier, regardions côte à côte  cette adaptation en dessin animé de Joann Sfar de sa bande dessinée avec le concours d’Antoine Delesvaux.

 

Cette information a son importance car, lorsque l’on fait un résumé de l’histoire du Chat du Rabbin, pour moins que ça,  certains souffriraient beaucoup et (nous) feraient la tête :

 

 A Alger, du temps de la colonisation, vers 1930, un Rabbin vit avec sa fille adolescente, le chat de celle-ci et un perroquet.

 

 

Le chat mate sa maitresse dont il est amoureux. Et jaloux du perroquet. Lequel perroquet, sitôt que le Rabbin et la fille de celui-ci se sont éloignés, se fait  engloutir par le félin de compagnie. A partir de là, le chat met à parler. A courtiser sa maitresse. Mais aussi à contester la religion juive de son Maitre comme celle du Maitre de son Maitre. Nous en sommes à peine à dix minutes du début du dessin animé.

 

 

 

Pour moi, c’est une fable sur la tolérance et l’originalité. Mais, pour certains regards, cette œuvre est une compilation de sacrilèges et justifierait la mort ou un châtiment.

 

Ce dessin animé a été réalisé en 2011. Pourtant, en 2021, nous avons encore la chance, en France, de pouvoir le regarder chez soi ou ailleurs sans être en danger. Sans se poser de questions à propos des voisins qui pourraient nous dénoncer ou nous regarder de travers.

 

Alors, j’en ai doublement profité. Tout en réfléchissant. Je reste admiratif par l’aptitude des auteurs de bande dessinée à pouvoir nous captiver avec quelques bulles. Si leur habilité technique et leur graphisme me plaisent, c’est aussi leur coup d’œil qui me marque.

 

On peut aussi dire ça d’un peintre, d’une réalisatrice de film, d’une chorégraphe, d’une pièce de théâtre, d’un romancier ou de n’importe quelle œuvre qui représente la vie humaine, mais avec une bande dessinée, l’auteur ( le scénariste et le dessinateur) nous font souvent entrer par le trou de la serrure. Et, bien avant que cela ne soit sexuel, on commence très jeune à vouloir entrer ou regarder par le trou de la serrure.

 

Devant Le Chat du Rabbin, je me suis demandé quelle jeunesse avait eus celles et ceux qui vont un jour décider de s’en prendre aux dessinatrices et aux dessinateurs. La bande dessinée correspond à des moments de liberté et d’émerveillement silencieux et étendus dans mon enfance. A la bibliothèque et dans l’hyper-marché ou mes parents faisaient leurs courses pour le mois. J’avais alors carte blanche. Les seuls impératifs étaient de tenir compter de l’horaire de fermeture et d’ouverture et de faire attention aux livres.

 

Il m’est impossible de me rappeler toutes les images et tous les thèmes que l’on m’aurait interdit d’approcher par ces bandes dessinées s’il avait existé une quelconque brigade de sécurité ou de censure.

Aucune bande dessinée que j’aie pu lire ne m’a incité à trucider qui que ce soit. Ou à faire des menaces.

 

Cette adaptation de Chat du Rabbin, pour moi, n’est « que » l’extension d’une bande dessinée. Personne ne m’a implanté dans la tête qu’une bande dessinée représentait le mal absolu ou que cela pouvait me dévoyer. J’ai donc eu très peu d’efforts à fournir pour aller vers ce dessin animé. Sans avoir à le voir à contre-courant de tout ce que l’on aurait pu m’imposer  et m’apprendre à propos du monde qui m’entoure.

 

Il y a sans doute des symboles que je n’ai pas perçus à propos de ce chat par exemple. Qui rappelle peut-être le chat des pharaons ou qui en est peut-être une réincarnation. Mais cela ne fait rien.

 

 

Le Chat du Rabbin montre deux sortes de pratiques religieuses. L’une, perforante et intransigeante. L’autre, plus accueillante et plus décontractée. Au passage, le trait condescendant et raciste de Hergé se fait croquer au travers de ses personnages Tintin et Milou. C’est un moment drôle parmi d’autres qui délimite aussi les époques. Dans ma jeunesse, Tintin faisait encore partie des bandes dessinées les plus lues avec Astérix et Obélix et Les Aventures de Lucky Luke. BD à côté desquelles on pouvait trouver les Gaston Lagaffe, Valérian, Philémon, Hamster Jovial, Spirou et tous les Pif Gadget, Rahan, Zembla, Blek Le Roc ainsi que les comics. Avant que l’encre des mangas ne se dépose dans la boite crânienne des lecteurs. Ou que les comics ne connaissent aussi leur mutation. Parce qu’il y a un écart entre un Alan Moore et un Stan Lee.

 

J’ai arrêté de lire de la BD pour  les livres « sérieux ». Il y a aussi une explication pratique : le format des bandes dessinées sauf peut-être si l’on est cultivateur de manga.

 

Sfarr, comme Sattouf  ou Satrapi, j’ai peu lu leurs bds. Hormis les deux ou trois premiers volumes de L’Arabe du Futur de Sattouf. C’est le cinéma qui me met leurs planches devant les yeux.

 

Il y a une autre explication au fait que je lise moins de bandes dessinées qu’auparavant :

 

Leurs territoires sont immenses.  Je ne sais pas par quel pays, ni quelle région commencer. C’est pareil avec les jeux vidéos et les livres de science fiction.

 

Devant l’adaptation en dessin animé  de Le Chat du Rabbin, cela n’avait pas d’importance.

 

 

 

Franck Unimon, ce vendredi 6 aout 2021.

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Corona Circus

Les gens comme moi ou C’est toute une histoire

 

Les Gens comme moi ou C’est tout une histoire

Un film, c’est au moins vingt quatre images seconde. Le temps d’écrire cette phrase, lors d’une simple vidéo, on s’est déjà enfilé bien plus que vingt quatre images par seconde.

 

Les films, les séries, les vidéos mais aussi les pubs que nous gobons quotidiennement nous imprègnent de toutes ces images et de toutes ces impressions.

 

Avec internet et, bientôt, « l’apport » de la 5 G, nous allons flirter de plus en plus souvent, de manière volontaire, imposée, mais aussi stéréotypée, avec beaucoup plus d’images et beaucoup plus d’impressions en très peu de temps. A un point qu’il est difficile de concevoir. Me dire que l’on maitrise ce genre de consommation revient un peu à me dire que l’on maitrise encore parfaitement une situation après voir bu plusieurs verres de rhum. Si les effets de l’ivresse due aux images se manifestent différemment, ils n’en sont pas moins présents. D’autant que nous sommes aujourd’hui dans une époque où il faut aller vite et en grandes quantités. Pour à peu près tout.

 

Faire partie du passé

Les gens comme moi font partie du passé. Parce qu’ils font encore partie des « anciens mondes ». Ces mondes où l’on respecte le Temps. Sans doute trop  et mal, « nid-éa-li-sons » pas trop, non plus. IL y a aussi du bon dans notre monde actuel. Si j’insiste autant sur Ces mondes où l’on essaie, comme on peut, de composer avec le Temps, c’est parce-que, pour moi, il existe d’autres Temps que celui des montres, de l’économie et de l’informatique.

 

Il y a aussi le Temps  des contes. De la folie. Des âges, des époques, des langues, des rythmes, des corps et des mémoires différentes. Ce Temps-là, n’est pas toujours admis dans notre monde d’aujourd’hui. Sauf si ce Temps sert un projet viable. S’il parvient à devenir un produit. Un produit que l’on pourra « proposer » au plus grand nombre. Rapidement. Pour répondre à un « besoin ». Pour faire carrière. Pour placer son nom dans l’Histoire.

 

Même si cette Histoire doit être courte.  

 

Le temps d’écrire et de lire ces quelques phrases de mon article, on en a déja bouffé des images vidéos de toutes sortes.  Toutefois, je ne vais pas essayer de rivaliser, au travers de mes articles, avec l’afflux gigantesque de vidéos, d’images, mais aussi de flots de mots et de pensées qui circulent constamment, dans nos têtes, autour de nous ou devant nos yeux et nos écrans. D’abord, c’est inhumain et impossible. Ensuite, je suis fatigué. Et puis, je fais aussi partie des insectes cinéphiles.

 

Contracter mes articles

 

Par contre, je vais contracter mes articles. Cela devrait soulager beaucoup de personnes. Ce sera l’équivalent de mon « Birth of the cool » de Miles Davis. Lorsque celui-ci, face au Be-Bop, avait opté pour ralentir le tempo de sa musique. Par la suite, Miles avait pu faire des titres très longs (jusqu’à trente minutes) sans aucune parole bien-sûr. Donc, tout ce qu’il faut, pour qu’aujourd’hui, face à la même expérience, un maximum de personnes se cognent la tête contre les murs et voient cette aventure comme la plus sadique des tortures. Imaginez : A notre époque actuelle du zapping, du ghosting, des muqueuses de la 5 G toutes proches et toutes lubrifiées, de l’hyper-connecté, proposer à la majorité d’entre nous d’écouter un morceau de musique de vingt à trente minutes. Sans bandes annonces au préalable. En Version originale. Sans débat. Sans pub. Sans pop-corn.  Sans coca-cola. Sans bla-bla. Sans paroles. En se taisant. Avec rien d’autre que soi dans la bouche.

 

Je crois que ce serait l’horreur pour beaucoup. Il y a vingt à trente ans, déjà, c’était sûrement comme ça. Alors, aujourd’hui…..

 

Nous sommes dans le monde des vignettes et des capsules. Faire court. Efficace. Direct dans le lard. Dans le cœur. Dans le pénis. Le vagin. Le clitoris. C’est ça qui est bon ! ça, c’ est cool ! T’as vu ?!  Comme sur un ring de boxe ou dans un cercle de MMA. Pas de place ni de temps mort pour les baltringues. Tu t’es cru, où ?! Nous,  on veut des K.O ! Bien fait pour ta gueule ! Faire des yeux de biche à quelqu’un, cela peut-être joli et tendre. Un pied de biche, aussi. Mais, défoncer la gueule de quelqu’un, ses rotules à coups de pieds de biche, c’est « mieux » ! ça fait plus de bien que la poésie ! Même en costume cravate, en robe à paillettes, avec des vêtements de marques et un carnet d’adresses select,  On est des poètes, oui. De la panique et des kicks. On n’est pas là pour te tailler une bavette.

 

Avec de tels espoirs et de tels projets parmi nos modèles dominants, il n’y a donc rien d’ étonnant à ce que dans certaines manifestations, il y ait des débordements, de la casse mais aussi des bavures, des flash-balls, du LBD et des éborgnements. Notre monde et notre époque ne vantent pas les vertus de la lenteur et du cérémonial du thé. Ou, alors, seulement, pour l’apparence, l’exotisme, faire du scoutisme ou lors d’un contrat à signer. Par intérêt. Ou par décret. C’est tout.

 

Insecte cinéphile

 

Mais je ne peux pas dire du mal des images de toutes sortes comme de toutes espèces. Je fais partie des insectes cinéphiles.  Avant que le grand insecticide tout puissant ne me neutralise et ne me convertisse en glucide, je m’en vais poursuivre.

 

Aimer les images ou aimer quelqu’un, ne signifie pas qu’il faille tout lui passer. Ou qu’il faille tout accepter de lui. Et prendre tout ce qui vient de lui- ou d’elle- comme la vérité absolue et définitive.

 

C’est vrai pour les images que l’on regarde et voit. Comme de ce que l’on lit et entend.

Il faut savoir faire le tri. Mais c’est très difficile, et ce sera de plus en plus difficile, que d’apprendre à faire le tri. Dans la nature, en certains temps reculés, par certains côtés, c’était peut-être plus « facile ». Mais, en raison, là aussi, de certains dangers, et aussi en vue de dénicher ou de nous rapprocher de certaines opportunités, nous avons oublié ou nous n’avons pas appris ce que c’était.

 

Biais cognitifs

 

Dans son livre Petit guide de contre-manipulation (comprendre, déceler et contrer les manipulateurs) Christophe Caupenne, « ancien chef du pôle négociation du RAID pendant onze ans, après 25 ans passés dans la police » parle, page 107, des biais cognitifs. Vous n’avez vu aucune vidéo sur ce sujet ? Et, aucun algorithme ne vous en a proposé ?! Alors, cette petite rasade de mon article- grâce à l’ouvrage de Caupenne– vous est spécialement dédiée :

 

« (….) ils ( les biais cognitifs) affectent de multiples domaines comme la perception, l’évaluation d’une situation, les relations sociales, la prise de décision, les logiques de causalité, le jugement ou la compréhension statistique. Ces biais cognitifs ne sont généralement pas conscients et constituent parfois des travers de l’expertise ou de la logique. Certains d’entre eux sont, en revanche, particulièrement manipulatoires pour qui sait s’en servir ».

 

Puis, Caupenne parle de plusieurs biais cognitifs. Le premier qu’il aborde est L’effet de primauté (Short term-store effect) :

 

« On n’a pas deux fois l’occasion de faire une bonne impression ».

 

Après cette citation, Caupenne continue par la phrase suivante :

 

« Difficile de changer d’avis quand on s’est fait une première impression d’une situation ou d’une personne ! Une perception sélective des informations s’opère alors afin de privilégier celles qui vont dans le sens de l’impression de départ ».

 

L’engagement :

 

Ailleurs, j’avais entendu parler (c’est moi, Franck, qui reprends la « parole » dans cet article) de la notion d’engagement.

 

Une fois que l’on s’est engagé moralement et corporellement dans une certaine action ou décision, c’est plus difficile de se rétracter. Pour moi, Caupenne parle aussi de ça dans ce chapitre. Lorsque l’on s’engage, c’est plus difficile de se rétracter. Car, s’engager, c’est s’avancer physiquement, donc, dans le temps, dans l’espace et dans la géographie du monde. Mais, c’est aussi s’avancer, se découvrir, s’exposer, se présenter, aussi socialement. Face au monde. Parfois sans protections. Ou avec ce sentiment d’être sans protection. Et, donc, d’être à la merci d’un ennemi potentiel, visible ou invisible, repérable ou non.

 

Faire le contraire, s’engager puis se rétracter en permanence, c’est passer son temps à faire du surplace. Il y a de ça dans la peur, dans l’anxiété et dans la phobie.

Cependant, s’engager puis se rétracter, c’est aussi se contredire et risquer de perdre du crédit. Mais, c’est donc, aussi, à un moment ou à un autre, si cette tendance est trop lourde et prononcée, régresser. Voire, cela correspond aussi à choisir de mourir là où l’on est. Tel que l’on est. Avec celles et ceux qui nous entourent et font le choix de rester avec nous ou près de nous.

 

Dans cette action de s’engager, il y a en fait résumée une grande partie de l’Histoire de l’Humanité comme de la plupart de nos décisions.

S’engager, c’est accepter les conséquences, bonnes ou mauvaises, de nos actions et de nos décisions. Donc, devoir ou savoir accepter, après s’être engagé, que l’on s’est trompé – si l’on s’est trompé– de direction ou de choix peut être difficile. Car il faudra faire son deuil. Car il faudra changer de comportement. Repartir vers  un inconnu auquel il faudra apprendre à s’adapter. Alors que tout ce que l’on voulait, c’était s’établir. Se poser une bonne fois pour toutes. Et, être tranquille. Sans déranger. Et sans être dérangé.

 

Accepter que l’on s’est trompé de direction sur la route et que l’on a fait cinq ou kilomètres de trop est assez facile à accepter si l’on est confortablement installé dans sa voiture ou sur sa moto.  Et que tout va bien. Cela est plus difficile à accepter si l’on est à pied dans un endroit inconnu, qu’il commence à pleuvoir, et que l’on a faim et soif depuis trois heures et rien à manger.

 

Les idéalistes

 

Les gens comme moi, existent. Ce sont des idéalistes. Mais c’est une autre histoire. Celle où,  hier soir, j’ai à nouveau eu envie de me faire vacciner contre le Covid.  Je ne sais pas encore pourquoi. Malgré mes réticences. Malgré ce que j’ai lu de défavorable contre les effets indésirables des vaccins anti-Covid actuels.

 

L’effet de mes doutes, peut-être, routes possibles vers l’ailleurs ? C’est beaucoup plus simple pour celles et ceux qui ont des certitudes. Pour ou contre ces vaccins que l’on nous propose contre le Covid actuellement.

 

Mon besoin d’ailleurs ?  Un besoin qui dépasse mes pulsions- encouragées- de consommateur attardé et lambda. Car il n’y a rien d’évolué dans le comportement du consommateur lambda. Même ultra-connecté et renseigné sur « ce » qu’il achète.  Car, souvent, et assez vite, il achète de l’oubli ou l’oubli de lui-même. Qu’il soit seul en consommant ou accompagné. Car consommer aide à oublier le Temps. Cela peut être si difficile de composer avec le Temps. Lui, si vorace de notre mortalité et de nos vulnérabilités.

 

Je le rappelle : jusqu’au 12 juillet de cette année (il y a trois semaines) je regardais les vaccins actuels contre le Covid de très loin. Un peu comme des fusées ou des satellites en orbite autour de la terre qui nous retransmettent certaines images du monde :  

 

Les Pfizer, Moderna, Astrazeneca, Johnson & Johnson pour les appeler par leurs noms de fusées, de laboratoires ou de joueurs de foot. Je n’avais pas le projet d’entrer dans ce match, dans ces fusées et ces navettes. De me faire vacciner. Et encore moins de me faire encore un peu plus encoder que je ne le suis déjà. En surfant instamment sur internet. En utilisant ma carte bancaire, mon pass navigo et mon téléphone portable. Comme tout le monde.

 

Je préférais attendre. Car, ce que j’entendais à propos des effets secondaires des voyages dans ces navettes (les vaccins)  m’incitait à la prudence. Et, je me sentais très bien sur terre avec mes gestes barrières tels que le port du masque, le lavage des mains. J’avais survécu à l’enfer de l’année dernière.

 

En plus, j’avais ajouté- intégré- un troisième geste barrière devenu si courant que je l’ai oublié. Depuis quatre mois ou plus, j’effectue la plus grande partie de mes trajets jusqu’à mon travail à vélo. C’est un sacré geste barrière et d’immunité, le déplacement à vélo. D’une part, je suis dehors et je roule exceptionnellement –jamais- au sein d’un peloton d’un millier de personnes contre lesquelles je me frotte, épaule contre épaule. D’autre part, j’effectue une activité physique régulière, gratifiante et stimulante pour mon organisme et mon état mental.

Immuno-déprimés

Pour cette pandémie du Covid, on sait nous parler du risque élevé de contagiosité et de conséquences graves voire mortelles du Covid. Sort désormais réservé- presque l’équivalent d’une damnation- principalement à celles et à tous ceux qui ne sont pas et ne seraient pas vaccinés.

 

Par contre, on ne nous dit rien, une nouvelle fois, sur l’état de santé psycho-social de la personne qui contracte le Covid. On ne nous dit jamais si la personne qui a contracté le Covid était immuno déprimée. Cela ne compte pas. Comme, lorsqu’une personne se tue à moto ou au volant de sa voiture, on saura nous parler du nombre de tués et d’accidentés, de la vitesse à laquelle celles et ceux-ci roulaient. De la quantité d’alcool qu’ils avaient dans le sang. Bien-sûr, tout cela est plus qu’important.  Car cela influe sur nos comportements, sur nos capacités physiques, physiologiques et cognitives comme sur nos perceptions du risque et du danger.

Par contre, on nous parlera peu ou jamais de l’état de fatigue physique. Et, encore moins, de la santé morale des personnes au volant ou au guidon de leur deux roues au moment de l’accident. Si elles étaient déprimées ou suicidaires. Ça ne compte pas. On constatera que ces personnes se sont écrasées. Qu’elles ont tué telle personne. Qu’elles avaient tant de telle substance dans l’organisme. Ces informations comptent bien-sûr.

 

Par contre, dans notre monde hyper-connecté où l’on tient beaucoup aux informations « réelles » et de première main. Où beaucoup de gens cherchent souvent reconnaissance, complaisance et réconfort en multipliant les doubles clics, savoir si ces personnes qui se sont tuées ou blessées au volant ou sur leur deux roues, étaient déprimées ou suicidaires, ce type d’information est une autre histoire. Une histoire anecdotique. C’est une autre histoire que des gens comme moi croient aussi importantes que le reste. Une autre histoire que j’essaie aussi d’apprendre et de connaître. Même si je sais que je suis has been. De plus en plus has been.

 

Franck Unimon, ce vendredi 6 aout 2021.

 

 

 

 

 

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Seconde maman

 

                                       Seconde maman

Un adulte, ça ne se trompe jamais.

 

 

« Un adulte, ça ne se trompe jamais » m’a dit ma fille, hier. Lorsque j’ai essayé de lui faire comprendre qu’il pouvait arriver qu’un adulte, se trompe. Elle a eu l’assurance de l’innocente. Sa maitresse le leur avait dit à l’école. Ma fille appliquait à la vie ce que son enseignante leur avait peut-être (j’espère) affirmé à propos de certains Savoirs scolaires.

 

La certitude de ma fille m’a fait sourire. Mais elle a raison. C’est bien le problème. C’est les grandes vacances, ce 4 aout 2021. Des millions de personnes, pour leurs vacances, ont pris des destinations différentes. Assez peu admettront s’être trompées de destination. C’est pareil avec la raison. Nous prenons des destinations différentes. Lorsque nous sortons de certaines limites de la route ou de la raison, nous ne nous en apercevons pas tout de suite.

 

Sur le papier, administrativement, politiquement, militairement, selon les frontières et les régions, nous sommes une Nation. En pratique, cela peut être différent. Aussi y’a-t’il  y a des lois pour nous réunir ou nous forcer à nous réunir et pour nous donner des règles communes. Si nous nous en démarquons, il y a fuite, infraction, condamnation, répression ou débat.

 

Devant la pandémie du Covid – oui, je vais évidemment reparler d’elle – nous, les adultes, nous sommes tous au volant. Et, comme pour les départs en week-end ou pour les grandes vacances, nous ne prenons pas les mêmes destinations. De façon volontaire ou involontaire.

 

Mais un adulte, ça ne se trompe jamais.  

 

La vie et la mort face à certaines modélisations :

 

C’est pour cette raison qu’une fois notre décision prise, nous nous heurtons. Les pour et les anti-vaccins.

Pourtant, que l’on soit pour ou contre les vaccins contre le covid, la pandémie du Covid nous rappelle aussi que la vie et la mort échappent à certaines modélisations, statistiques et chiffres. Mais nous sommes nombreux à être très sûrs de nous concernant la conduite à avoir pour ou contre. Même si personne ne sait véritablement où nous en sommes sur la route de la pandémie. Ni où nous sommes exactement. Et à quel point nous nous situons sur la carte et la courbe de la durée de la pandémie.  

 

Le journal  » Le Monde » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

Je ne conteste pas la réalité ou les chiffres de la pandémie du Covid. En France. Dans les régions d’outre-mer où un reconfinement a été décidé en Martinique, à la Réunion et sans doute bientôt en Guadeloupe. Je ne conteste pas non plus qu’il manque des lits en réanimation. Ainsi que du personnel soignant. Ni que la pénurie soignante se soit accentuée depuis la pandémie et qu’un certain nombre de soignants, épuisés par les conditions de travail déjà difficiles avant la pandémie, ait fait connaître leur intention de quitter l’hôpital.

 

Hier soir, j’ai été étonné de n’avoir rien de particulier à écrire. Peut-être parce-que j’avais écrit le principal de ce que je ressentais dans mon article Sérums de vérité . La veille. 

Mon ami Raguse m’a envoyé un sms ce matin. Il voulait savoir ce que j’avais décidé. Pour lui, comme pour ma compagne, à la fin de mon article Sérums de vérité, on ignore quelle va être ma décision. Ma compagne a parlé en quelque sorte de « suspense ». Pour moi, il n’y avait pas de suspense à la fin de Sérums de vérité.

 

Le journal  » Les Echos » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

Suspense

 

 

Ce matin, j’ai appelé pour annuler le rendez-vous que j’avais pour ma première injection avec le vaccin Pfizer contre le Covid. La seconde était prévue pour le 24 ou le 25 aout.

J’ai choisi, pour l’instant, d’éviter de prendre un autre rendez-vous. Si je reprends rendez-vous, j’aimerais être davantage sûr de moi. Ce sera peut-être trop tard ou plus difficile d’obtenir un rendez-vous alors que j’avais assez facilement obtenu ce rendez-vous dans la salle des fêtes de ma ville.

 

Peut-être que je le regretterai.

 

 

Mais je ne pouvais pas, avec les doutes que j’ai dans la tête, concernant les effets indésirables que j’ai lus ou dont j’ai entendu parler concernant les vaccins actuels contre le Covid, accepter de recevoir ma première injection du vaccin Pfizer. Qui plus est, en présence de ma fille. Si j’avais été seul ce matin, peut-être que j’aurais raisonné autrement. Ce n’est pas sûr. Mais le fait d’envisager que ma fille puisse me voir me faire vacciner contre le Covid, alors que je suis en bonne santé, puis, si ça se passe mal, qu’elle fasse l’apprentissage par elle-même que la vaccination puisse être néfaste, a encore plus contribué à ce que je me retire, pour l’instant, de cette campagne de vaccination collective contre le Covid.

 

D’autres personnes ont fait ou auraient fait le contraire. Je le sais.

 

Le journal  » Le Canard Enchainé » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

 

Expériences

 

Je sais aussi que je ne suis pas épidémiologiste. Que je ne dispose pas de chiffres ou de statistiques. Que ma façon de percevoir les événements qui entourent la pandémie du Covid sont empiriques. Même si j’essaie de trouver des informations à droite à gauche, autour de moi. En lisant des journaux, y compris satiriques qui se moquent des anti-vaccins. En lisant sur le net ou en regardant des vidéos aussi sur le net.

 

Au moment de prendre la décision, pour ou contre la vaccination, se croisent des croyances, des logiques. Et, parfois, l’expérience. L’expérience, ça peut être avoir un proche, une proche ou un moins proche qui a eu le Covid.

 

Je connais quelques personnes qui ont eu le Covid. Dont mon meilleur ami qui l’avait contracté plusieurs semaines après sa compagne. Il y a plusieurs mois. Ce 13 juillet, j’étais à l’enterrement du père de mon meilleur ami. Bientôt 90 ans. Pas à l’enterrement de mon meilleur ami.

 

Je ne fais pas exprès de mentionner cette date du 13 juillet, alors que la veille, le gouvernement avait décidé de rendre obligatoire pour les soignants la vaccination anti-Covid. Ces deux dates coïncident. Cette coïncidence fait aussi partie de mon expérience du Covid.

A l’enterrement du père de mon ami, pour la première fois, quelqu’un m’a demandé quel était mon groupe sanguin. Lorsque j’ai répondu que j’étais O positif, il m’a affirmé qu’être O positif protégeait contre le Covid. Cette croyance m’a étonné voire un peu fait sourire. Mais je sais qu’elle ferait enrager certains esprits « scientifiques » ou « cartésiens ».

 

Mon meilleur ami et sa compagne sont partis en vacances, il y a quelques jours. Ils allaient bien tous les deux. J’ai même senti mon meilleur ami apaisé après le décès et le départ de son père pour son enterrement en Algérie. Cela faisait deux ans que son père souffrait de la maladie d’Alzheimer. Deux ans que cela le minait. Lui et sa compagne ont à ce jour une réponse immunologique qui atteste du fait que leur organisme possède encore un nombre très élevé d’anticorps ou d’antigènes, au delà de la moyenne, du fait d’avoir contracté le Covid.

 

Le journal  » Le Monde » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

Fort heureusement pour moi, ce 4 aout 2021, parmi mes proches et mon entourage direct, toutes celles et tous ceux que je connais qui ont attrapé le Covid l’année dernière ou cette année au printemps, vont bien ou mieux. Dans une tranche d’âge comprise entre 40-45 ans et 55-58 ans. Deux ont frôlé le cadavre. Un, en particulier, « ramassé par terre » (ses propres termes) par le Samu chez lui. J’ai appris à cette occasion qu’il souffrait d’une certaine insuffisance respiratoire au préalable. Moi, ce que j’avais remarqué chez ce collègue, plutôt « fort », c’était surtout son embonpoint et son âge proche de la retraite.

Pareil pour l’autre collègue à qui il avait fallu un peu plus de deux mois pour récupérer. Embonpoint certifié et âge proche de la retraite.  On peut sûrement parler pour eux deux de «  comorbidités ».

 

 Sur les deux, je peux attester que le second, au moins, plusieurs semaines avant d’attraper le Covid, avait un usage allégé du masque anti-Covid.

 

Lorsque je mentionne ça, je ne suis pas plus épidémiologiste qu’au début de cet article. Je livre une ou deux expériences. Quelques éléments que j’ai pu observer.

 

Mais il y a un autre phénomène que j’ai pu observer au début de ma carrière d’infirmier en psychiatrie. Un phénomène que j’ai appris à connaître. Ce n’est pas venu tout de suite. Je n’avais pas prévu, en choisissant d’aller travailler en psychiatrie alors que j’avais 24-25 ans, que je ferais ce genre de « découverte » parmi d’autres. Cette découverte, une fois de plus, n’a rien de scientifique. Je n’ai pas de stats, de chiffres, de logiciel de calcul qui permettront de modéliser, protocoliser ce que je vais raconter. Je vais essayer de parler du risque. Mais d’après ce que j’ai vécu à mon travail dans certaines situations en  psychiatrie. Je le répète : je ne suis pas épidémiologiste. Je n’ai aucune compétence pour expliquer ce qui se passe, d’un point de vue clinique, avec la pandémie. Il y a des personnes, des adultes, bien-sûr, qui, eux, savent. Et ne se trompent pas. Qu’ils soient scientifiques, politiques ou journalistes. Ou intellectuels. Ou des proches comme des moins proches.

 

Moi, je doute. Je sais que je peux me tromper. C’est pour cela, que, ce matin, j’ai opté pour reculer avant cette première injection de Pfizer. Alors qu’il y a quelques jours, lorsque j’avais pris rendez-vous, j’étais content d’avoir pu obtenir un rendez-vous aussi rapide. J’avais le sentiment d’avoir fait ce qu’il fallait. Le timing collait bien. J’allais pouvoir, mi-septembre, au moment où les sanctions décidées par le gouvernement, allaient se déclencher plus durement contre celles et ceux qui ne seront pas vaccinées, être tranquille. Etre débarrassé de certaines tribulations.

 

Le journal « Charlie Hebdo » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

Le Risque :

Si je commence à essayer de faire de l’humour en commençant par la phrase connue : « Dès que l’on vit, on risque de mourir », bien des personnes prendront très mal cet humour qu’elles estimeront malvenu vu le contexte de la pandémie. Mais je débute quand même cette partie par cette allusion parce-que je refuse encore de manquer d’un certain courage pour l’humour. Même si ce trait d’humour sera sûrement très mal toléré par quelques unes et quelques uns.

 

Mais ce que je veux dire, autre phrase très connue, c’est que «  le risque zéro n’existe pas ».

 

En psychiatrie et en pédopsychiatrie, régulièrement, constamment, nous rencontrons des patients qui ont un « risque suicidaire » ; un « risque de passage à l’acte » ; « un risque de fugue ». Bien-sûr, ce risque est moins, comment dire, sujet aux certitudes de certaines données scientifiques et épidémiologiques.

 

Pour le Covid, par exemple, on sait nous dire que tel variant a telle proportion de contagiosité. Ou que, actuellement, le vaccin Pfizer offrirait une protection de 39% face au variant Delta contre plus de 90% face au variant précédent du Coronavirus. Mais, aussi, qu’une personne vaccinée contre le Covid a moins de risques de se retrouver en réanimation ou de développer une forme grave du Covid. C’est chiffré. Modélisé. Je ne discute pas ces chiffres et ces statistiques contrairement à certaines personnes anti-Vaccin Pfizer, Moderna, et autres vaccins anti-Covid actuels. Je crois à ces chiffres. Même si je ne passe pas mon temps à les sniffer comme l’on pourrait sniffer des lignes de crack.

 

Je vais par contre m’attarder davantage sur ces phénomènes que tout le monde, ou à peu près, vit plus intensément depuis dix huit mois, avec cette pandémie du Covid :

 

La peur. L’anxiété.

 

Là, aussi, je ne suis pas sociologue, psychologue, chercheur au CNRS ou ailleurs sur ces sujets. Je n’ai pas de chiffres ou de statistiques, non plus. Mais mon métier, c’est de travailler en psychiatrie et en pédopsychiatrie directement avec des publics (adultes et mineurs) qui peuvent être imprévisibles ou très imprévisibles. Et, avec lesquels le « risque » est souvent présent. Risque de tentative de suicide. Risque de fugue. Risque de passage à l’acte auto-agressif et hétéro-agressif. Et, comme mes collègues, il est de ma responsabilité, évidemment, de prévenir ce risque. Comment fait-on ?

 

Avec des logiciels et des caméras ? En se menottant à eux vingt quatre heures sur vingt quatre ? En les endormant de telle manière qu’ils soient incapables de bouger le moindre petit doigt ? En les enfermant dans une prison comme celle du personnage Magnéto dans les X-Men ? En mettant un chien de surveillance devant la porte de leur chambre ?

 

Peut-être que certaines personnes vous répondront que c’est sûrement ça. Mais je ne fais pas partie de ces personnes et de ces professionnels.

 

Ce qui veut dire que, par rapport à ces risques, nous, professionnels, en psychiatrie, « évaluons ». Pour évaluer une situation, il y a deux ou trois instruments cliniques en plus du traitement chimique, il est vrai :

 

La relation avec le patient. Qui se veut, autant que possible, une relation de confiance.

 

L’observation. Ce que nous voyons du patient. Ce que nous comprenons de lui. Tant ce qu’il dit que son comportement et son attitude.

 

Et, troisième instrument qui n’a rien de scientifique, qui, comme la relation et une certaine observation ne peuvent pas se modéliser. Je parle bien-sûr de…l’intuition.

On va parler un peu plus de l’intuition.

 

 

L’intuition en « psychiatrie » :

« Je ne le sens pas. »

 

 

Le gros problème avec l’intuition, c’est évidemment, qu’elle ne repose sur rien d’autre que notre subjectivité. Or, question subjectivité, lorsqu’une situation nous stresse ou nous inquiète ou nous excite, on peut se faire des « films ». Imaginer des événements qui, en fait, ne se produisent pas ou ont peu de chances de se produire. Sauf que, nous, on peut-être très bien persuadé que cela va se produire.

 

Au début de ma carrière en psychiatrie, j’ai rencontré des collègues plus expérimentés que moi. Des collègues qui avaient donc, pour eux et elles, l’expérience de l’âge et du vécu en psychiatrie.

 

Je ne compte pas le nombre de fois où, depuis le début de ma carrière en psychiatrie mais, aussi, par la suite, dans ma propre vie, des gens sont persuadés qu’une catastrophe va arriver. Tous les signes sont présents pour eux. Ils n’attendent que la confirmation de leurs pronostics funestes.

 

Et, je ne compte plus le nombre de fois où, finalement, la catastrophe maintes fois attendue et annoncée ne se produit pas. Et, où, les personnes qui y ont cru n’émettent aucune autocritique. Et en font rien pour apprendre de cela. A chaque nouvelle situation plus ou moins anxiogène, rebelote. Les mêmes, le plus souvent, recommencent à avoir peur et à imaginer le pire. 

 

Aujourd’hui, je ne nie pas la gravité de la pandémie du Covid que peu de personnes, en France, a vu venir. Comme, depuis dix huit mois, je n’ai jamais nié la gravité de la pandémie du Covid. Par contre, je retrouve dans cette peur et cette anxiété massive à grande échelle dont le cercle se resserre de plus en plus autour de nous avec cette vaccination obligatoire et ce passe sanitaire, des points communs avec ces situations que j’ai pu vivre en psychiatrie et en pédopsychiatrie où il y a eu un risque « de ». Pourquoi ?

 

Là, aussi, à nouveau, l’expérience.

 

Il y a dix huit mois, nous allions mourir du Covid. Dans un simple coin de rue. C’était sûr. Aucune statistique n’est sortie dans ce sens. Mais c’est pire.

Le journal  » Charlie Hebdo » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

L’amnésie immédiate et collective qui permet à certaines et certains de recommencer à flipper aujourd’hui comme l’année dernière avec la pandémie du Covid se retrouve dans des proportions plus limitées dans ma psyché. Cela ne fait pas de moi une personne super-intelligente. J’ai une chance sur deux d’avoir fait une grosse connerie en refusant d’aller me faire faire cette injection de vaccin anti-Covid ce matin. Et, on sait assez quels sont les risques, réels cette fois, auxquels je m’expose, en plus des risques sanitaires, si, le 15 septembre, je ne suis toujours pas vacciné contre le Covid.

 

Des risques économiques. Des risques d’exclusion sociale. Des risques de séparations et de ruptures avec des proches et des moins proches.

 

Soit des risques dont je préfèrerais me passer.

 

Mais, malgré ces risques, je me rappelle encore que notre mort était annoncée l’année dernière. Et que j’ai fait partie de celles et ceux qui ont continué de se rendre à leur travail. Entre-autres, sans masque anti-Covid et sans vaccin, pendant plusieurs semaines. Et, dix huit mois plus tard, je suis encore vivant. Je pourrais presque déposer une réclamation pour « publicité mensongère ». Mais, là, je fais de l’humour plus ou moins noir. Là, où je fais moins d’humour, c’est que je n’ai pas du tout aimé me faire matraquer et miner mentalement avec des idées de mort permanentes, imminentes et péremptoires. Il fallait faire ceci. Il fallait faire cela. J’ai fait ceci. J’ai fait cela. Et, cela ne suffit pas. Il faut, aujourd’hui, que j’en fasse encore plus. Les deux injections. Le passe sanitaire. Jusqu’à quand ? Pour aller où ? Personne ne sait. Il faut le faire, c’est tout. Et, ferme ta gueule ! Si, comme moi,  l’on a des doutes sur les effets indésirables des vaccins anti-Covid, c’est bien cette impression que donne cette obligation vaccinale assortie de ces inconnues au sujet de ces vaccins. Une impression de :

 

« Il faut le faire, c’est tout. Et, ferme ta gueule ! ».

 

 

Et, aujourd’hui, depuis ce 12 juillet 2021, avec le variant Delta, cette vaccination devenue obligatoire pour les soignants et ce passe sanitaire, j’ai l’impression que l’on recommence à me servir à nouveau la même recette. Et que je devrais m’empresser de  sauter avec reconnaissance sur cette recette de la peur et de l’anxiété et me lécher les doigts avec.

 

 Phase de relativisation ou phase de déni ? :

 

Si, ce 4 aout 2021, je me suis finalement précipité pour m’éloigner de ma première injection de Pfizer, c’est peut-être parce-que, depuis l’année dernière, à tort ou à raison, j’ai appris à relativiser le danger de la pandémie du Covid. Au début de ma carrière d’infirmier en psychiatrie, plusieurs fois je me suis fait avoir par ces situations où nous étions plusieurs à envisager le pire. Et, où le pire ne se produisait pas, finalement. Je m’en voulais ensuite de m’être fait avoir par ces poussées- répétées- d’anxiété. J’ai appris à relativiser. Cela ne signifie pas du tout que je banalise les risques suicidaires ou autres. Mais qu’au lieu de me faire des films, je préfère observer. Surveiller. Ou me fier à mon intuition. Et vérifier, si j’en éprouve le besoin, quand ça me vient, afin de comparer les faits avec mon intuition et mes impressions. Puis, me rappeler du résultat. Cela a contribué à faire baisser mon « tonus » d’anxiété.

L’année dernière, nous devions mourir. Je ne suis pas mort. Nous sommes nombreux à être encore vivants. Et on dirait que c’est pire. Qu’il aurait presque mieux valu décéder l’année dernière afin d’évacuer définitivement cette anxiété et cette angoisse générale et collective qui nous circonscrivent.

 

Les personnes que je connais qui ont attrapé le Covid l’année dernière et cette année sont toujours vivantes. Et, elles vont plutôt bien. Elles n’étaient pas vaccinées contre le Covid. Par contre, concernant les effets indésirables des vaccins anti-Covid, j’entends parler de trucs bizarres pas très rassurants. Des vaccins qui, depuis ce 12 juillet, sont devenus obligatoires. Comme je fais maintenant partie des personnes qui résistent ou refusent cette vaccination obligatoire, l’autre levier ou l’autre recette est la culpabilisation.

 

 

Recette qui complète très bien la recette de la peur et de l’anxiété.

 

 

Le levier ou la recette de la culpabilisation :

 

Que ce soit en tant que personne ou en tant qu’infirmier, je n’ai aucun intérêt ni aucune envie de nuire à quiconque, patient ou autre. Et, je n’ai rien d’exceptionnel. 

 

Comme je n’ai aucune envie de voir les pro-vaccins comme mes ennemis. Même si je m’attends à ce que, dans un an, pour faire large, à la même date, la pandémie du Covid aura fait beaucoup de dégâts supplémentaires, et, surtout, bien plus visibles, d’un point de vue sociétal, économique ou au moins politique.

 

Mais, de plus en plus, dans un pays où les personnes vaccinées contre le Covid deviennent la majorité, et la nouvelle norme, être non-vacciné signifie s’exposer à s’entendre dire ce que ma seconde « maman » officieuse m’a dit ce matin. Alors que je l’appelais pour lui souhaiter son anniversaire.

Mes deux mamans et ma dualité :

Mes deux mamans, l’officielle et une « très officieuse », incarnent très bien ma dualité actuelle envers la vaccination contre le Covid.

 

La première, l’officielle, et mère de ma sœur et de mon frère, est retournée vivre en Guadeloupe il y a une vingtaine d’années avec mon père. Pendant plusieurs années, avant de prendre sa retraite, elle a été aide-soignante dans un service de réanimation. C’était une personne reconnue pour son professionnalisme et sa gentillesse.

Maman, il y a quelques mois, en mars ou avril, m’a demandé conseil en vue de se faire vacciner. A moi, le fils aîné devenu infirmier. Je n’y connaissais pas grand chose. Mon « domaine », c’est la psychiatrie et la pédopsychiatrie. En plus, après le matraquage médiatique très anxiogène  que nous avions tous subis dès mi-mars  2020, j’avais réussi à retirer mes pensées des crochets de l’anxiété et de l’angoisse avec toutes ces nouvelles relatives au Covid.

Partir passer quelques jours en Bretagne, chez ma seconde maman très officieuse (elle ne revendique pas ce titre) l’année dernière- en juillet 2020- avec ma compagne et notre fille m’avait aidé à décrocher de la mamelle opulente des mauvaises nouvelles dues au Covid.

 

Mes deux mamans ne se connaissent pas. Elles ne sont pas rencontrées et je crois aujourd’hui qu’elles ne se rencontreront jamais.

Lors de mon mariage en 2013, venue de Guadeloupe, ma mère avait été présente le mardi à la mairie en Seine et Marne. Puis, elle avait repris l’avion quelques jours avant que nous ne fêtions notre mariage ma compagne et moi, le samedi, dans la grande salle de fêtes de la commune, en Bretagne, où ma « seconde » maman, et plusieurs membres de sa famille avaient contribué au bon déroulement de l’organisation des festivités. La fête s’était passée près de chez elle.

 

Si ma mère est une femme dévouée, sportive, assez solitaire, plutôt timide, assez souvent indécise et introvertie, ma « seconde » maman est une femme très accueillante, qui aime recevoir et sait recevoir. C’est aussi une femme de tête et à poigne. Elle est directe et tranche. C’est moi, qui, dans cet article la nomme ma « seconde maman ». Parce-que je reprends les termes employés par ma compagne. Mais je ne l’appelle pas « maman ». Et, elle ne m’appelle pas « mon fils ». La relation filiale est implicite et, aussi, très très officieuse et fluctuante.

Ma « seconde maman » a été mon ancienne cadre infirmière dans le service de pédopsychiatrie où j’ai fait sa connaissance.  Deux ans avant qu’elle ne décide de partir à la retraite. Après son départ, nous avions été plusieurs soignants à être invités à venir passer un week-end chez elle dans sa maison, en Bretagne. Depuis, régulièrement à peu près chaque année, je suis revenu passer quelques jours chez elle et son mari en été.

Chaque année, avant la pandémie du Covid, elle partait en voyage à l’étranger avec son mari pendant plusieurs mois. Ma mère n’a jamais fait ça. Et, je n’imagine pas du tout mon père ouvert à ce genre d’aventure.

Sculpture par Jacquette Virginie.

 

 

La voix traditionnelle

 

 

Je ne connaissais rien aux vaccins anti-Covid lorsque ma mère m’avait sollicité en mars ou avril 2021 pour un conseil. J’écoutais parler des vaccins anti-Covid de très loin. Les gestes barrières, masque et lavage de mains, me convenaient très bien. Je coexistais ainsi avec la pandémie du coronavirus.

 

Si j’ai accepté assez facilement de tomber le masque ou de raccourcir les distances corporelles avec certaines personnes, lors de certaines circonstances ( enlacer quelqu’un,  faire la bise après avoir donné un cadeau, lors d’un barbecue…) cela a été en des proportions limitées. Si j’avais été un forcené de la prévention du « risque », j’aurais refusé. Lors de ces quelques occasions, après une assez rapide réflexion, j’ai souvent estimé que la vie sociale devait prendre le pas sur le risque. Rien de scientifique dans cette attitude. Sauf le fait que j’ai eu ce comportement en des proportions sûrement moindres que d’autres.

 

En me fiant aux expériences de personnes et de collègues autour de moi, j’avais  répondu à ma mère que j’avais entendu de bons échos  du vaccin Pfizer.

 

J’ai aussi eu des espoirs avant l’arrivée du vaccin Johnson & Johnson en avril ou Mai. Une ex-collègue infirmière, et amie, m’en avait dit du bien. Et puis,  lors de sa « diffusion », les échos concernant le Johnson & Johnson se sont rapidement ternis concernant certains de ses effets indésirables.

 

Je crois que les pro-vaccins ne mesurent pas les conséquences de ces revers dus aux effets indésirables de ces vaccins « attendus » et présentés comme salvateurs, puis, qui « déçoivent » et « inquiètent ». Alors que ces revers se rajoutent à d’autres revers, colères ou contrariétés, accumulés depuis le début de la pandémie en mars de l’année dernière.

 

De plus en plus, la facilité consiste à présenter les anti-vaccins comme des abrutis bornés et irresponsables. Alors que les raisons de leur défiance envers les vaccins sont sûrement un peu plus réfléchies qu’elles ne le semblent.

 

Pour revenir à ma mère : je croyais donc qu’elle s’était faite vacciner contre le Covid. Ainsi que mon père. Ma sœur et mon frère, ainsi que leur compagnon et leur compagne se sont faits vacciner.

 

 

J’ai appris il y a quelques jours, en lui parlant au téléphone, que, finalement, ni ma mère, ni mon père, ne se sont faits vacciner. Ils étaient partis pour le faire en se rendant à l’aéroport, en Guadeloupe. Peut-être l’aéroport Pole Caraïbes. Mais des manifestants anti-vaccins se trouvaient là. En écoutant leurs arguments, mon père a alors estimé que les vaccins actuellement proposés ne sont pas « encore au point » (traduit du Créole).  

 

Apprendre ça, d’elle, m’a fait un drôle d’effet. Un effet non-scientifique qui a eu, sur moi, une certaine influence. Influence non scientifique non plus.

Lors de ma dernière séance avec mon thérapeute – vacciné contre le Covid- j’avais fait la découverte, que, dans ma fratrie, j’étais finalement le plus « traditionnel ». Ce qui est assez courant lorsque l’on est l’aîné d’une famille.

 

Je sais que le dernier, mon petit frère, ainsi que sa compagne, se sont  faits vacciner contre le Covid afin de pouvoir se rendre en Guadeloupe dans quelques jours. J’aimerais bien me rendre en Guadeloupe par exemple l’année prochaine. Ainsi qu’à la Réunion. Donc, j’ai d’abord trouvé que c’était une bonne nouvelle qu’après cette vaccination, mon frère, sa compagne et leurs enfants, puissent se rendre en Guadeloupe. Cela fait quelques années que nous ne sommes pas allés voir nos parents en Guadeloupe. Pour moi, cela date de 2014 ou 2015. Mon blog n’existait pas, alors. Aujourd’hui, si je me réfère à certaines inquiétudes et certaines témoignages concernant les effets indésirables des vaccins anti-Covid, mon frère et sa compagne vont certes pouvoir sans doute se rendre en Guadeloupe (s’ils partent avant que la Guadeloupe ne soit reconfinée) mais leur espérance de vie pourrait être détruite.

Sculptures par Cécile Thonus.

 

 

Conflit de loyauté et roulette russe :

Ma mère, non vaccinée, a donc, d’une part deux de ses enfants vaccinés. Ma sœur et mon frère. Et, d’autre part, il lui reste un enfant, non vacciné. Moi. En termes de conflit de loyauté, moi, l’aîné, ou l’âne, j’ai touché le jackpot.

 

Côté pile, si ces vaccins anti-Covid sont finalement plus protecteurs que nocifs, d’ici deux à trois ans, cela se confirmera. Avec un peu de chance, si ma mère et mon père, non vaccinés, se maintiennent à distance du Covid, et que je réussis à faire pareil, nous devrions être tous à peu près contents d’ici deux à trois ans. Mais en deux à trois ans, il peut se passer beaucoup d’événements. Même en un an. Et, vu comme on nous parle de la très grande contagiosité du variant Delta, je m’attends un peu à attraper le Covid cette fois-ci.

 

Côté face, si ces vaccins anti-Covid se révèlent véritablement nocifs, moi, l’aîné, j’ai tout intérêt à assurer à ma mère qu’un de ses enfants, au moins, n’est pas tombé dans la marmite des effets indésirables gravissimes des vaccins anti-Covid.

 

Mais ma mère étant comme toutes les mères aimantes, après avoir discuté avec elle, il y a quelques jours du Covid, elle a conclu notre conversation par un :

 

« Fais attention à toi ».

 

Lorsque j’avais décidé de commencer à travailler en psychiatrie, au début, ma mère avait essayé à plusieurs reprises de m’en dissuader. Elle m’avait expliqué qu’elle craignait que je ne devienne « fou ». C’est une croyance très courante que celle de croire et de penser que travailler en psychiatrie rend fou. Alors que ce serait plutôt le contraire. Travailler en psychiatrie peut aider à pacifier nos angoisses et nos folies. A condition d’être mentalement et moralement armé et encadré pour cela. A condition, si nécessaire, d’accepter d’être aidé par d’autres, collègues, thérapeutes, patients, rencontres diverses.

 

Je n’avais eu aucune difficulté à me séparer des inquiétudes de ma mère. Me diriger vers cette spécialité était un choix réfléchi. J’aimais cette spécialité ainsi que les rencontres que j’y faisais. Je me sentais bien dans cet univers.

 

Or, aujourd’hui, me faire vacciner contre le Covid, avec Pfizer, Moderna, Astrazeneca, Johnson & Johnsonn’est pas mon choix réfléchi. Je n’aime pas ce « risque » que je crois entrevoir dans leurs effets secondaires ou indésirables. L’idée de me faire injecter ce risque ne me plait pas du tout. 

 

Bon anniversaire :

Pas plus que je n’ai fait exprès d’oublier qu’aujourd’hui, ma fille serait avec moi, je n’ai pas fait exprès non plus d’accepter le rendez-vous qui m’avait été fixé pour ma première injection de Pfizer ce 4 aout. Or, le 4 aout est la date anniversaire….de ma seconde maman, très  « officieuse ».

 

Qu’est-ce qui se fait le jour d’un anniversaire de quelqu’un auquel on tient ?

On lui envoie un message. Ou, on l’appelle.

 

Pour l’appeler, j’ai allumé mon téléphone portable. J’ai vu que j’avais reçu deux vidéos de ma mère. Dans l’une des vidéos, une femme, vraisemblablement médecin, et bonne pédagogue, expliquait devant une foule attentive, les graves risques sanitaires auxquels on s’exposait avec les vaccins anti-Covid actuels. Cette femme que je ne connais pas et que je voyais pour la première fois, mettait en garde contre les vaccins anti-Covid. Elle était persuasive. J’ai su ensuite que ma mère avait reçu cette vidéo par une cousine du côté de mon père.

 

Ce matin, donc, quelques minutes avant mon rendez-vous pour ma première injection de Pfizer, j’appelle ma « seconde » maman. Je tombe sur elle. Elle est plutôt contente de m’entendre. Je lui souhaite un bon anniversaire. Je lui réponds que nous sommes partis quelques jours à Amiens. Elle m’apprend : « J’ai de très bons souvenirs à Amiens ».

L’entente se poursuit. Et puis, comme avec une proche avec laquelle on se sent en confiance (soit le minimum envers une seconde maman, même officieuse) je lui parle sans détour du fait que, non, nous n’avons pas pu nous rendre aux hortillonnages. Car nous n’avions pas de passe sanitaire. Hortillonnages qui ont ensuite fermé quelques jours suite à un désaccord entre certains bateliers opposés au passe sanitaire et leur patron. Ma compagne m’a envoyé un extrait d’un article de journal à ce sujet.

 

Mais en parlant de notre non-vaccination à ma « seconde » maman très officieuse, sans même y penser, j’avais mis une pièce dans le Jukebox. Avec ma mère, le Jackpot du conflit de loyauté. Avec ma seconde maman, le Jukebox de :

 

« Mais tu vas te retrouver en réa ! ». « Tu as bien vu ce qui se passe en Guadeloupe ?! » (Le nombre de cas de Covid augmente comme à la Martinique et à la Réunion).

« Ne me dis pas que tu ne t’es pas fait vacciner ! ». «  Je suis très étonnée ! ».

 

Sculpture par Cécile Thonus.

 

Je me suis senti embarrassé. A la fois de me sentir en porte à faux. Mais, aussi, que cette conversation, notre premier désaccord majeur en plusieurs années, arrive le jour de son anniversaire. Vraiment, je n’ai pas vu venir cette situation.

 

Ma seconde maman « officieuse » m’a appris qu’ils étaient tous vaccinés de leur côté. Je la savais vaccinée contre le Covid. Mais je n’avais pas forcément beaucoup élargi le cercle des personnes vaccinées autour d’elle. Même si cela se tient mathématiquement. Si, aujourd’hui, de plus en plus de Français sont vaccinés et que l’on avoisine les 60 % de personnes vaccinées en France, il faut bien que de plus en plus de personnes que l’on connaît soient vaccinées.  Mais je vivais encore sur ma petite planète de non-vaccinés, et, ma seconde maman était en train de me rappeler que je vivais bien  – encore- sur la même planète que tous ces gens de plus en plus vaccinés.

 

Je sentais venir en elle la question du complotisme. Je crois même qu’elle me l’a demandé, directe comme elle est :

 

« Tu es complotiste ?! ».

 

 

Afin de me sauver autant que possible de la mélasse complotiste, Je me suis appliqué à être pédagogue :

 

«  Je ne crois pas que le développement des antennes de la 5G va nous téléguider ». J’ai dû être assez rapidement convaincant malgré tout en matière de complot car, ensuite, la conversation s’est faite sur des bases, je crois, plus rassurantes, pour elle comme pour moi.

 

Question travail, elle a convenu elle-même « qu’ils » ne pourraient pas me « licencier » au vu de la pénurie infirmière importante. J’ai ajouté que cette pénurie s’était accentuée depuis la pandémie du Covid. Je n’ai même pas pensé à rappeler qu’il y a quelques mois, encore,  dans certains services somatiques, des personnels soignants à peine remis du Covid, étaient poussés à revenir travailler tant il manquait de personnel dans certains services.

 

Dans ses propos, j’ai entendu le concentré de qui est opposé aux personnes contre le vaccin. La peur de la réa. Une peur que je ne connais pas, pour l’heure. Sans doute parce-que ma mère a travaillé en réanimation. Et que, si la réanimation est synonyme de mort, elle est aussi synonyme de sortie de coma et de retour à la vie. Je le sais par ma mère. Sans doute aussi un petit peu par les deux stages que j’avais effectués, adulte, dans le service de ma mère. Cela n’avait pas été mon choix.

 

J’ai aussi entendu la peur de la perte économique. Je me suis abstenu de dire que ma compagne avait fait ses estimations dans le cas où nous serions mis à pied de notre emploi. C’était un peu comme si j’avais déjà un peu dépassé cette peur de la perte économique et que je la redécouvrais au travers de ma seconde maman.

 

 

Une autre peur aurait pu être citée. Celle de l’exclusion sociale. Des connaissances et des proches. Elle arrivera sans aucun doute. Pas de qui je pense. Pas comme je le pense.

Devant la médiathèque de ma ville ce mercredi 4 aout 2021. Médiathèque où ma fille et moi avons nos habitudes.

 

Ma seconde maman a pris l’exemple de la vaccination contre l’Hépatite A (ou B) rendue obligatoire. Je n’ai pas discuté cette obligation. Elle m’a dit que la technique ARN actuelle était connue depuis dix années. Qu’elle aurait préféré bénéficier de cette nouvelle technique. Mais qu’elle avait eu le vaccin Astrazeneca.

 

Elle a été attentive lorsque je lui ai parlé de la mésaventure de certains soignants avec l’Astrazeneca. Mésaventure qui pouvait expliquer une partie de cette méfiance de certains soignants envers ces vaccins anti-Covid.

 

Je lui ai aussi dit que j’avais lu des témoignages sur les réseaux sociaux concernant les effets indésirables. Et, que l’on ne pouvait pas, d’un côté (ça vous rappelle quelque chose ? J’ai expliqué ça dans mon article Sérums de vérité) se réjouir que, durant le printemps arabe, les réseaux sociaux avaient pu nous faire parvenir des témoignages qui démentaient la version officielle. Et, là, à propos des effets indésirables des vaccins sur les réseaux sociaux, déclarer que tous ces témoignages étaient bidons. Des témoignages où une mère nous apprend que sa fille a commencé à avoir des règles peu après la vaccination contre le Covid. Ou une femme nous apprend qu’après s’être faite vacciner, ses seins ont commencé à produire du lait alors qu’elle n’est pas enceinte….

 

 

Bien-sûr, je ne connais pas ces personnes. Je ne sais pas jusqu’à quel point leur témoignage est fiable. Je n’ai pas de statistiques que je peux donner.

 

A ma seconde maman qui me disait que, pour chaque vaccination, il y avait un certain nombre de personnes qui connaissaient des effets secondaires,  j’ai répondu qu’il était vrai que je ne connaissais pas les chiffres ou les proportions de ces effets secondaires. Et que la particularité des réseaux sociaux fait peut-être que la façon dont les témoignages nous parviennent, quasiment en temps réel,  sans filtre, donnait peut-être l’impression qu’il y a plus d’effets secondaires avec ces vaccins comparativement avec les vaccins précédents contre diverses maladies. Alors qu’il y a peut-être pratiquement autant d’effets secondaires désagréables ou mortels, proportionnellement, avec ces vaccins anti-Covid qu’avec les autres vaccins classiques. 

 

J’ai senti dans le ton de ma seconde maman « officieuse » qu’elle était intriguée. J’étais, moi, plus embarrassé que content de mon effet. J’avais appelé pour lui souhaiter un bon anniversaire. Je lui trouvais aussi la voix plus rauque et plus essoufflée que d’habitude. La dernière fois, c’était déjà un peu ça. Même si elle avait toujours le même aplomb.

 

Ma fille était en train de jouer dans une autre pièce de l’appartement. Je ne pouvais pas rester longtemps et il y avait du monde chez elle. Dont son fils que je connais. Ainsi que sa belle fille, une des amies de celle-ci, la petite fille, que je ne connais pas.

 

J’ai fini par ajouter :

« Je suis désolé de te parler de ça le jour de ton anniversaire… ».

Elle :

« Oh, ne t’inquiète pas… ».

J’ai repris :

« Je te connais ! A un moment de la journée ou dès que tu auras pris un verre ou deux, tu vas commencer à en parler ! ».

Elle, avec un petit rire :

« C’est vrai…. ».

 

Alea Jacta Est. Pourquoi se cacher ?

 

Vie de couple :

Ce qui m’étonne parmi certains des proches ou des connaissances aujourd’hui pro-vaccins, c’est qu’un an plus tôt, se trouvaient parmi eux, celles et ceux, qui, contre les recommandations d’usage contre le Covid faisaient valser certains interdits. Se faire la bise alors qu’il était préconisé de ne pas le faire. Rencontrer plusieurs personnes chez soi ou se retrouver à plusieurs dans une même pièce sans masque. Ne pas tenir compte de certaines restrictions en terme de distance kilométrique.

Mais c’est comme si, grâce ou à cause du vaccin anti-covid qu’elles ont reçu,  certaines de ces connaissances et  de ces proches avaient déja oublié que l’année dernière, sans se fourrer pour autant la langue dans la bouche de l’autre en permanence, qu’en pleine pandémie du Covid, il avait été possible d’être en présence de temps à autre d’un peu de monde. 

 

Aujourd’hui, il semble de plus en plus, que la norme sociale devienne d’être entre vaccinés et entre non-vaccinés. Ou de juger l’autre à un moment donné.

 

Je ne me suis pas senti particulièrement jugé ce matin par ma seconde « maman ». Mais je me suis imaginé que je le serais par un de ses proches que je connais ou par quelqu’un d’autre qui considérera que je me suis égaré.

 

Un autre lieu d’égarement fréquent est le couple. Ma compagne a toujours été résolument contre les vaccins actuels contre le Covid. Elle considère que ce ne sont pas des vaccins. Ils n’en n’ont que l’appellation pour elle. Je peux concevoir qu’il doit être difficile, au sein d’un couple, d’avoir une attitude différente de l’autre vis-à-vis de la vaccination anti-Covid actuelle.

 

Même si je ne souscris pas à toutes ses explications comme à un certain nombre de ces raisonnements, j’ai fini par me rapprocher de certains de ses arguments contre les vaccins anti-Covid. Surtout à partir du 12 juillet 2021, lorsque le gouvernement a rendu cette vaccination obligatoire pour les soignants. Avant le 12 juillet, je constatais assez distraitement ses partis pris. Ainsi que le fait qu’elle regardait beaucoup de vidéos sur le sujet de la pandémie, des vaccins anti-Covid Je prenais quelques fois le temps de l’écouter et de l’interroger sans la juger sur le sujet. Je réfutais certains de ses arguments. Mais je ne cherchais pas à ce qu’elle ait absolument la même vision que moi  à propos des vaccins, du Covid. D’ailleurs, moins je parlais de ces sujets, mieux, je me portais. Mais le 12 juillet a « tout » changé pour moi. Ainsi que le 13 juillet peut-être, aussi, avec l’enterrement du père de mon meilleur ami.

 

Par ailleurs, et c’est le propre de bien des couples, je crois aussi au fait que ma compagne a l’aptitude d’observer ou de voir ce que je n’ai pas remarqué.

 

 

Dans le film Inception  de Christopher Nolan, j’avais raillé le comportement du personnage Dominic l’extracteur(L’acteur Léonardo Dicaprio), qui, si je me souviens bien, très en peine de faire le deuil de sa femme Mallorie  ( l’actrice Marion Cotillard) s’enfermait dans une certaine illusion. Une collègue et amie m’avait répondu à l’époque que vivre dans une illusion commune était courant au sein d’un couple.

 

Je n’exclue pas l’idée que, comme le personnage de Dominic, dans Inception, je sois en train de contribuer à l’établissement et au maintien  d’une illusion commune avec ma compagne ainsi qu’avec ma mère et, toute autre personne anti-vaccin. Mais, si illusion il y a, les faits, d’ici quelques semaines ou quelques mois, viendront apporter leur contradiction extérieure. Pour l’instant, j’ai trop de contradictions et de doutes en moi pour accepter la vaccination anti-Covid.

 

J’ai envisagé d’être, dans le couple, celui qui allait se faire vacciner contre le Covid. Afin d’équilibrer pour le quotidien. Pour nous rendre la vie plus simple lorsque les restrictions vont être appliquées contre celles et ceux qui ne sont pas vaccinés. J’estimais que, de nous deux, j’étais celui qui pouvait le plus faire ça. J’en ai parlé à ma compagne. Elle m’a répondu qu’elle ne voulait pas que je me « sacrifie ». Tout ce qu’elle voulait, c’était que je ne me fasse pas vacciner avec les vaccins actuels contre le Covid.

 

Etre père :

Etre père, dans un tel contexte, est délicat. Ce matin, j’ai eu un peu de mal à être bien disponible pour ma fille. Vu que la décision que j’avais prise de renoncer à cette première injection de Pfizer, même si je crois que c’était la seule que je pouvais prendre aujourd’hui, m’a occupé l’esprit.

 

Pour l’instant, comme c’est encore les grandes vacances, ma fille ne perçoit pas trop, je pense, toute cette empoigne autour du vaccin et du passe sanitaire entre les pro et les anti-vaccins. Et, je m’applique à ne pas aborder ce sujet devant elle. La seule remarque qui m’a échappé hier ou avant hier en lisant le journal devant elle a été concernant le fait qu’avec le départ des dernières troupes américaines en Afghanistan, les Talibans ont recommencé à reprendre possession du pays. Je me suis dit que, prochainement, ce retour des Talibans en Afghanistan allait nous ramener le terrorisme jihadiste  et ses attentats.

 

Dans le Charlie Hebdo de ce mercredi, journal très critique envers les anti-vaccins, le rédacteur en chef Riss, dans son éditorial, pointe «  Moi aussi, je commence à en avoir marre de la crise du Covid et des interminables débats sur les mesures barrières, les vaccins, les anti-vaccins et la peste bubonique » (….). Puis, il exprime sa crainte d’une proche guerre mondiale. Sujet plus préoccupant que la pandémie du Covid qui continue de beaucoup nous obséder.  

 

Ce matin, je suis allé acheter plusieurs journaux afin d’essayer de trouver en eux des réponses qui me manquent encore à propos de la vaccination anti-Covid. J’ai acheté Les Echos, Le Canard Enchainé, Le New York Times, Le Figaro, Le Monde et Charlie Hebdo, donc.

 

Le journal  » Le New York Times » de ce mercredi 4 aout 2021.

 

 

Les caricatures de Charlie Hebdo à propos des anti-vaccins peuvent me faire sourire. Mais elles ne me convainquent pas en faveur de la vaccination. A nouveau, il me manque les certitudes que les journalistes de Charlie Hebdo ont sur le sujet des vaccins actuels. Pareil pour Le Canard Enchaîné que je lis depuis plus d’une vingtaine d’années sans doute. Si je comprends son titre Violences et dérives lors des manifs anti-passe sanitaire(Combien d’antivax positifs au test anti-génie ?), lui, aussi, ne suffit pas à me rassurer à propos des vaccins actuels contre le Covid.

 

Je me dis même que Charlie Hebdo et Le Canard Enchaîné, comme d’autres journaux, d’autres opinions et d’autres sensibilités,  s’ils se sont trompés à propos de la fréquence des effets indésirables graves des vaccins contre le Covid, auront du mal à le reconnaître.

 

Qu’est-ce que je peux expliquer à ma fille à propos de ces pour et de ces contre vaccins anti-Covid ?

 

Qu’il y a, d’un côté les méchants pro-vaccins ? Et, de l’autre côté, les gentils anti-vaccins ?

 

Je ne raisonne pas de cette façon. Dernièrement, une de nos voisines, vaccinée, était d’accord pour accompagner notre fille à une exposition sur le Divas organisée par l’Institut du Monde Arabe, à Paris, et proposée par le conservatoire de notre ville. Finalement, elle a dû se désister pour des raisons familiales. Mais elle m’a dit avoir été touchée par la confiance qu’on lui accordait. Et, elle m’a invité à la solliciter, en cas de besoin, ultérieurement. Je crois qu’à côté des déboires à venir pour les anti-vaccins, qu’il y aura aussi des situations d’entraide comme avec notre voisine qui vont se répéter et se développer entre pro-vaccins et anti-vaccins au delà de ce qui peut se prévoir.

 

A ma fille, ce soir, avant qu’elle aille se coucher, j’ai dit :

« Je n’ai pas été très disponible aujourd’hui. J’espère pouvoir faire mieux demain ». Nous avions néanmoins passé du temps ensemble, étions sortis faire un tour dans le centre-ville. Elle avait fait un peu de vélo. Nous étions allés à la librairie et chez le marchand de primeurs, avions trouvé la médiathèque close. Ma fille a pris cela avec le sourire. Et m’a fait comprendre que pour me faire pardonner, que je me devais de l’emmener jusqu’à sa chambre en la portant sur mes épaules. J’ai facilement accepté cette pénitence.

 

Mais je savais m’être fait emporter par la rédaction de cet article. Hier, nous avions pu regarder entièrement le magnifique manga Les enfants de la mer, réalisé par Ayumu Watanabe . Aujourd’hui, nous n’avions même pas terminé de regarder le premier volet aussi drôle que martial de La Légende de Fong Sai-Yuk réalisé par Corey Yuen.   Le sujet de la vaccination est devenue une forme d’obsession comme je l’ai reconnu tout à l’heure en en discutant avec ma compagne.

 

Mais c’est maintenant qu’il faut écrire à ce sujet. Ma compagne m’a demandé :

« Pour qui ? ». Ou «  Pourquoi ? ».

C’est le genre de question à ne pas poser à un obsédé. Ou à un passionné.

 

La pandémie du Covid nous rappelle la nécessité de bien vivre ce que l’on peut bien vivre avec celles et ceux auxquels nous sommes attachés. Dans un an, le 4 aout 2022, certaines et certains d’entre eux, certaines et certains d’entre eux ne seront peut-être plus là. Moi, je serai peut-être en réa. Comme patient. Ou comme visiteur.

 

Franck Unimon, ce mercredi 4 aout 2021.  

 

 

 

 

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Sérums de vérité-Lundi 2 aout 2021

Paris, ce dimanche 1er aout 2021, vers 19h.

 

                     Sérums de vérité- Lundi 2 aout 2021

Etat de fatigue

 

Tant qu’elle n’est pas destinée à la torture, la fatigue peut avoir du bon. J’ai travaillé deux nuits de suite. Mais ce n’est pas à ces deux nuits que j’attribue mon état de fatigue actuel depuis quelques jours. Le travail de nuit a des conséquences connues. Tel un certain état d’épuisement, de ralentissement de la pensée, de difficultés à la concentration, d’isolement social et affectif, de dépression et de variation de l’humeur, de prise de poids, d’augmentation de la consommation de tabac, de repas déséquilibrés, de « désorientation » hormonale. Ces quelques conséquences- et d’autres- sont vécues et parées différemment selon les personnes et leur aptitude immédiate, ou prolongée, à récupérer du travail de nuit. Et, aussi, à accepter comme à aimer le travail de nuit.

 

Je travaille de nuit par alternance, tantôt de nuit et tantôt de jour. Cette alternance me plait. D’autant qu’à partir de l’âge de mes vingt ans, à la fin des années 80, j’ai commencé à apprendre à travailler de nuit. Je crois donc suffisamment bien me « connaître » lorsque je travaille de nuit en 2021. Ce que je peux faire et ce que je ne peux pas faire. Comment et jusqu’à quand. Et avec qui. A quel rythme et dans quelles conditions. Mais, aussi, comment je peux récupérer au mieux, ensuite, de mes nuits de travail. Physiquement. Mais, aussi, voire, surtout, mentalement.

 

Lorsque je travaille de nuit, comme de jour, je sais aussi quand débute ma nuit ou ma journée de travail. Ainsi que, quand elle va se terminer. Ce qui me permet assez facilement, en fonction de comment se passe le travail, et comment je me sens, de savoir si j’ai besoin de souffler. Et quand il me faut prendre une pause. Avant d’être K.O, hors de propos ou hors sujet, à la merci de l’accident, de la blessure, de l’imprévu ou du dérapage.

 

Donc, même si le travail de nuit contribue à mon état de fatigue actuelle, et que j’ai repris le travail par deux nuits après près d’un mois de vacances, ce n’est pas à cela que je pense. Mais à la fréquence de rédaction de mes articles ces deux à trois dernières semaines. Il m’a déjà été dit que j’écrivais beaucoup. Et très long. La semaine dernière, mon ami Raguse me l’a redit. Mais, ces deux à trois dernières semaines, je dégaine mes articles pour mon blog plus vite que d’habitude. Comme si j’allais bientôt mourir ou que je sentais qu’il y a actuellement une période particulière de la vie à saisir.

 

La fatigue, lorsqu’elle n’est pas une torture, est une ouverture. Elle permet une certaine « créativité ».  Nous « poussons et repoussons » en permanence. La fatigue fait partie de ces états, encore assez proches du rêve où certaines idées n’ont pas encore disparu. Et se démarquent assez de nos automatismes. On se censure moins. On est plus spontané. On attend moins de « résultat » ou de reconnaissance. On vit dans l’instant. On est soi-même dans la tachypsychie. Un peu exalté. Mégalomane sans doute. Tout va bien. C’est une espèce de narcose hors de l’eau. Ce que l’on appelle en psy être un peu « hypomane ». Cela n’a rien à voir avec le ménage, le fait d’être pyromane ou avec les phéromones. Mais plutôt avec  une sensible accélération du débit de nos actions, de nos paroles et notre activité cérébrale. Nous faisons des petits ponts à nos méninges. Nous dribblons nos défenses sans recours au moindre euphorisant extérieur avant qu’elles ne s’installent pour la journée.

 

 On va peut-être faire tenir, une fois de plus, un convoi entier d’âneries et de phrases stériles et vides dans un article dont deux ou trois lecteurs vont ensuite s’imposer la lecture par devoir, amusement ou par curiosité ( « Regarde, c’est un assez bon exemple de la symptomatologie clinique de l’hypomanie. Ça fait penser à un petit poisson rouge qui tourne à toute vitesse dans son bocal. Tu le poses dans son blog, il tourne en rond et il a l’impression de parcourir des steppes immenses. C’est fascinant…. »).

 

Mais on préfèrera ça malgré tout- écrire des âneries de façon artisanale– à aller se ranger dans les rayon de la Fnac (car j’ai eu subitement très envie de le faire tout à l’heure) pour aller y voir s’il y a des affaires et des achats pour soi en Blu-Rays ou cds. Blu-Rays et cds qui seraient venus s’ajouter aux tas d’autres blu-rays et cds que j’ai déjà et que je n’ai pas encore pris le temps de regarder ou d’écouter ou que j’ai même pu oublier. Tout à l’heure, donc, j’ai été à deux doigts de passer à la fnac. Il y a toujours une affaire ou deux à faire à la Fnac ou dans un magasin quelconque.  Mais, je pourrais toujours y aller un autre jour. Alors que l’âne et le tenbrak que je suis, eux, sont impatients de s’exprimer. Et, tous les deux, main dans la main, me font maintenant faire un gentil tour de manège.

 

Deux doigts :

La semaine dernière, au téléphone, j’ai aussi dit à mon ami Raguse :

 

« J’ai l’impression que c’est à partir de maintenant que mon  blog balistiqueduquotidien.com va commencer à prendre de l’essor ». Raguse m’a écouté comme un humain écoute un âne. Avec indulgence. Sans le contredire. Il aurait pu prendre un coup de sabot.

 

 

 

Nous sommes au début du mois d’août. La plupart des gens sont en vacances et veulent profiter de leurs vacances ou/ et des jeux olympiques de Tokyo qui se déroulent avec un an de retard à cause de la pandémie du Covid. Les prochains jeux olympiques se dérouleront normalement à Paris en 2024.

L’année a été difficile et mes articles ne sont pas tous compatibles avec l’esprit des vacances. Que ce soit au mois d’août où lorsque l’on reprend le travail. Sauf que je crois que mes articles, malgré mes défauts et malgré leurs défauts, parlent de la vie. Et pas seulement de moi. Avec une certaine sincérité, une constance et un engagement d’âne qui, je crois, finiront pas l’emporter.

 

 

 

Ce n’est pas seulement une question de quantité d’articles. Ni d’humilité. Car ce que j’écris peut passer pour aussi borné que prétentieux et l’est très certainement.

 

 Mais c’est surtout une question de temps passé à pratiquer l’écriture.

 

Et d’esprit critique.

 

Envers moi-même comme envers ce que je vois, ce que je vis et que d’autres peuvent voir et vivre aussi. Sauf qu’ils ne prendront pas le temps de l’écrire. De « le pratiquer ».  Qu’ils ne le voudront pas ou n’oseront pas le faire. Alors qu’il s’agit de moments qui comptent pour moi. Je n’écris rien d’exceptionnel. Mais je l’écris parce-que le crois important. Je le crois parce-que je suis un âne. C’est tout. C’est la différence entre un âne et une personne normale et raisonnable.

 

 

C’est comme une personne qui, en passant, prendrait aujourd’hui une photo d’un endroit ou d’une personne avec deux doigts voire un seul. Avec un simple clic. Un geste ordinaire que tout le monde peut faire. Mais que, souvent, seule une minorité prend le temps de faire. Parce qu’elle a l’envie, le plaisir et la sensibilité pour prendre le temps de le faire. Alors que la majorité a souvent ou toujours autre chose à faire ou ne voit pas l’intérêt de le faire. C’est ce que j’essaie de faire avec ces articles. Un jour, une kiné m’a appris que certains gestes disparaissaient parce-que nous ne les faisons plus. ça m’a marqué. Peut-être parce-que,  ce que je fais, c’est surtout écrire et photographier de la mémoire. La rechercher. Essayer d’écrire des histoires. Espérer que d’autres aimeront les lire ou les écouter. Et, si possible, autant que possible, faire de l’humour.

 

On conviendra donc assez facilement que mes articles et le nom de mon blog, balistiqueduquotidien.com , sont assez raccord avec ces intentions.

 

 

Première injection du vaccin anti-Covid :

Tout mon laïus sur le travail de nuit et ses éventuelles conséquences temporaires ou définitives paraissait peut-être hors sujet avec la pandémie actuelle. Il existe pourtant des similitudes avec notre état d’esprit envers la pandémie, la vaccination anti-Covid et le passe sanitaire. Que l’on soit pour ou contre.

 

Je suis à deux doigts de me désister avant la première injection du vaccin anti-Covid cette semaine. Tout à l’heure, j’ai reçu un sms de rappel pour mon rendez-vous. J’ai eu l’impression de me rapprocher de mon intronisation sur la chaise électrique ou de la guillotine.  Dans mon long article 1er aout 2021, je conclue que, quelle que soit notre décision pour ou contre la vaccination Covid, qu’il importe de la prendre «  en son âme et conscience ». Et non sous l’effet ou l’emprise de la peur.

 

J’ai plusieurs raisons – ou plusieurs absurdités- qui me poussent dans le cerveau au point d’envisager à nouveau de reculer avant de me faire inoculer ce vaccin anti-Covid. Et, hier soir, alors que je pédalais sur mon vélo et remontais le boulevard Raspail, afin de me rendre à ma deuxième nuit de travail, je me suis même demandé si je devenais parano. Après quelques coups de pédale, j’ai été indulgent avec moi-même. Je me suis décidé à conclure que j’étais égal à moi-même : Névrosé, obsessionnel. Plus que parano. Encore à plusieurs cycles de distance de la lune du She’s lost control du groupe Joy Division.

 

Je ne cherche pas à faire monter le nombre de vues de mon blog en parlant de mon nouveau revirement à propos de l’injection de ce vaccin anti-Covid.  Même si, actuellement, sur les réseaux sociaux et dans les média traditionnels (télévision, journaux papier) il est plus tendance de parler des « anti-vaccins » ou de se dire « anti-vaccin » pour susciter l’attention et de l’intérêt.

Si je partage certains doutes et certaines critiques de bien d’autres contre les vaccins anti-Covid et l’obligation du passe sanitaire décidée par notre gouvernement, je crois aussi que se dire anti-vaccin et anti-passe sanitaire permet à quelques unes et quelques uns de mieux se montrer ou d’être entourés. C’est une opportunité parmi d’autres pour faire parler de soi. Certaines personnes- une minorité- se sont bien fait passer pour des victimes des attentats du Bataclan.

 

Ce n’est pas la première fois ni la dernière fois que cela arrive : gueuler ou bien se placer pour exister et se faire de la pub. Puis, finalement, si ça devient trop difficile ou si ce n’est plus très rentable, changer d’opinion, de stratégie, de couverture ou d’alliance. Ce genre d’attitude existait bien avant la pandémie du Covid. Les êtres humains n’ont pas changé depuis l’année dernière. C’est notre vie qui a changé depuis l’année dernièreau travers de certains événements et de certains tournants qui sont pour nous tous des sérums de vérité.

 

Certains événements et tournants qui sont pour nous tous des sérums de vérité :

 

Depuis l’année dernière, la pandémie du Covid nous a jeté dans la même nasse. Et, dans cette nasse, comme envers le travail de nuit, nous réagissons les uns et les autres, différemment. Il y a eu d’autres événements qui nous ont marqués ces quarante dernières années. Pas seulement ces dix huit derniers mois Des événements technologiques, épidémiologiques, meurtriers et idéologiques ou culturels. Je pense par exemple :

 

Au développement du téléphone mobile. Aujourd’hui, il est normal qu’un môme de dix ans ou moins se balade avec un téléphone portable. Il y a quarante ans, nous en étions au téléphone fixe à fil à domicile et aux cabines téléphoniques à pièces voire à carte. C’est un autre monde. Mais ce monde, nous sommes encore nombreux à l’avoir connus. Ce monde nous a influencé et éduqué d’une certaine façon. Je pourrais faire la même comparaison entre le balai ou l’aspirateur d’il y a quarante ans et les différentes déclinaisons de l’aspirateur Dysond’aujourd’hui.  

 

Mais il y a bien-sûr le développement d’internet, tel que nous le connaissons aujourd’hui avec les réseaux sociaux et tout le reste. Le darknet, aussi, est et aura été un événement. Je parle d’événement technologique. Mais internet est  aussi bien-sûr un événement économique et sociétal. Un tournant. Nous sommes là aussi encore assez nombreux à avoir grandi hors de ce monde. Alors que nos enfants, petits-enfants et descendants, eux, naissent et grandissent dans ce monde où les interactions entre les uns et les autres peuvent être très différentes de ce que les plus « anciens » ont pu connaître. Je ne critique pas cette évolution même si le développement de certains comportements grâce ou à cause de ces événements me dérange.

 

L’épidémie du Sida, aussi, avait été un événement marquant. Les attentats du 11 septembre 2001. Les attentats de « Charlie Hebdo », de l’hyper-cacher de Vincennes, du Stade de France, du bataclan, aussi, et d’autres événements relatifs à cette guerre idéologique (à Nice, ailleurs, ou l’assassinat de Samuel Paty), les gilets jaunes font partie des événements marquants. Il y en a bien-sûr eu d’autres.

 

Toutefois, il y a aussi eu des événements publics heureux marquants. Dans le domaine culturel ou artistique, du fait du contexte de la pandémie du Covid, je pense au film Matrix ou au lapsus que j’ai fait dernièrement en citant le groupe Massive Attack et son album vénéneux, Mezzanine.

 

Massive Attaque :

Devant ces innovations technologiques majeures et irréversibles que sont internet, le web et la téléphonie mobile, je n’avais pas du tout brillé par ma rapidité à les adopter. Je m’étais montré très critique et plutôt réfractaire aux débuts de leur commercialisation. Bien-sûr, ces innovations technologiques, comme aujourd’hui l’électronique dans les voitures et les technologies wifi et bluetooth nous avaient très vite été vantées comme très pratiques et indispensables. Et, aujourd’hui, si j’ai suivi comme le plus grand nombre, et suis content de ce que plusieurs innovations technologiques majeures peuvent me permettre de faire et de vivre (telle l’expérience de ce blog), je reste aussi assez critique envers certains de leurs travers. Comme envers certaines des habitudes et dépendances que nous contractons envers elles. Même si c’est pour rester un usager dépendant et quotidien de ces technologies.

 

Mais, que l’on parle d’internet, de téléphonie mobile, des attentats ou d’autres tournants de notre Histoire, même s’il s’agit d’événements marquants, sauf si l’on a connu un proche ou quelqu’un mort dans les attentats, il s’agit principalement d’événements extérieurs à notre corps. Ou que, plus ou moins à notre rythme, sauf évidemment pour les attentats, nous avons, pour une raison ou une autre, fini par intégrer dans notre vie. Et, c’est ce que j’ai fait.

 

Or, avec les vaccins anti-covid, et la pandémie du Covid, mon rythme d’intégration n’est pas respecté. Mes possibilités de repli, non. Je peux couper mon téléphone portable pour quelques heures. Pas avec ce vaccin, une fois que son contenu aura été introduit dans mon corps. Et, en plus, pour des « raisons sanitaires », on tente de me forcer la main.  Depuis l’année dernière. Avant même que ne soient fabriqués ces vaccins anti-Covid qui rassurent une partie d’entre nous- et inquiètent une autre partie d’entre nous- en raison des conditions et de la rapidité de leur fabrication.

 

Qui a raison ? Les pour ou les contre ? Plus tard, nous le saurons vraiment. Mais, en attendant, que l’on soit pour ou contre, tout le monde ou à peu près,  sera d’accord pour dire que depuis l’année dernière et le premier confinement que nous avons connus en mars 2020, la pandémie du Covid a été pour tous une…massive attaque.

Le journal  » Les Echos » de ce lundi 2 aout 2021.

 

Attention ! Depuis internet et la téléphonie mobile, nous avons commencé à apprendre qu’avec les êtres humains, certaines rumeurs et désinformations vont encore plus vite que la vitesse de la lumière. Tant l’être humain a des pensées, des croyances, des suppositions et des certitudes qui lui traversent la tête en permanence. Comme dans une sorte de tentative incessante de recréer le Big Bang des origines de la vie sur Terre.

 

Et, désormais « grâce » ou « à cause » d’internet et de la téléphonie mobile, l’être humain a désormais la possibilité, avec un seul doigt, ou deux, ou simplement avec la voix, de balancer rapidement, massivement et de façon illimitée, sans faire le tri, à un maximum de gens, tout et son contraire. De révélations du genre Wikileaks ou de l’affaire Snowden à la rumeur de bouche ou de quartier qui n’aurait pas survécu à l’épreuve de la chasse d’eau dans les chiottes avant internet.

 

Lorsque l’on voit ce que l’être humain peut faire de pire depuis son clavier d’ordinateur, on est content que nos claviers personnels soient encore dépourvus du bouton rouge capable d’envoyer des bombes de fragmentation ou des drones cellulaires suite à un désaccord à propos d’une vidéo ou d’un artiste sur Youtube.

 

Tout cela simplement pour dire que le groupe Massive Attack n’est en aucun cas un groupe qui avait annoncé la pandémie du Covid 19 ou qui est relié de près ou de loin à son émergence comme à son évolution actuelle.

 

Une fatigue proche du seuil de la torture :

 

Et, si je parle de massive attaque (ou, plutôt, d’attaque massive) de la pandémie du Covid depuis l’année dernière, c’est parce-que je crois que ses conséquences depuis l’année dernière peuvent bien faire penser à certains des effets- majorés- du travail de nuit que j’ai cités au début de cet article. Mais ces effets sont majorés, et massifs, car la fatigue que nous pouvons ressentir du fait de cette pandémie du Covid, que l’on soit pro ou anti-vaccin, se rapproche maintenant ou se maintient à un seuil proche de celui de la torture. Et, nous ne sommes pas tous égaux ni tous préparés de la même façon face à la torture. Nous voulons pouvoir dormir et sortir tranquillement.

 

Dans le premier volet de Matrix, rappelez-vous ou regardez le film, Cypher ou Mr Reagan ( l’acteur Joe Pantoliano)  l’un des « rebelles », proche de Morphéus, en a assez de se battre contre la Matrice. Et, il ne croit plus être l’élu. Il jalouse même Néo, le nouveau venu (interprété par Keanu Reeves, élu dans Matrix, damné vingt ans plus tard dans John Wick. On peut dire que le karma de l’acteur Keanu Reeves ou des scénaristes s’est inversé).

https://youtu.be/6gL0xQHI0wo

 

D’une certaine façon, on pourrait se dire que tout ce que désire Cypher, même s’il sait que cet univers est factice, c’est des vacances, avec restaurant, plage à volonté et tous ces loisirs et distractions que l’on peut rechercher dans les magasins ou pendant des week-end ou des vacances. Cypher en a assez de vivre dans le rationnement, la fuite, la grisaille. Il en a assez de s’opposer au Pouvoir arachnéen de la Matrice qui s’infiltre jusque dans les pores. Atmosphère angoissante, mais aussi pulsatile et agressive, que reflète bien la musique de l’album Mezzanine du groupe Massive Attack dont un titre ou deux figure au générique du film Matrix.

 

 

Vacances, j’oublie tout :

 

Sauf que la vie est aussi faite d’essais, de nuances et de prudence. Dans Matrix, les « méchants » sont méchants. Et les gentils sont gentils. Le film est moins subtil que le Brazil de Terry Gilliam(1985)  qui lui est antérieur de 14 années ou que le Blade Runner de Ridley Scott encore plus « vieux » ( réalisé en 1982). Deux films, deux chefs d’œuvre, qui parleraient très bien aux gens de notre époque, en pleine pandémie du Covid.

 

La pandémie du Covid, comme certains états de fatigue, agit sur nous tels certains sérums de vérité.

Le journal « Le Figaro » de ce lundi 2 aout 2021.

 

Depuis la pandémie du Covid et l’année dernière, pour sauver notre peau, nous sommes de plus en plus contraints de nous découvrir tels que nous sommes et tels que les autres autour de nous sont véritablement. Spontanément, on pense bien-sûr au pire chez l’être humain. A certaines désillusions à venir sur soi, des collègues ou des proches. On peut aussi s’attendre au pire en termes de comportements en cas de confrontation entre des pro vaccin et des anti-vaccins. Puisque ce lundi, par exemple, les journaux papiers Le Figaro et L’Opinion relatent que «  le mouvement des anti-passe sanitaire s’amplifie » passant de 110 000 à 204 000 en trois semaines (Le Figaro). Le journal L’Opinion de ce lundi 2 aout 2021, toujours, écrit sur sa première page au dessus de son titre La nouvelle menace des antipass :

 

« Les manifestations contre l’arsenal sanitaire anti-Covid ont réuni 205 000 personnes ce samedi. Un chiffre encore modeste mais en augmentation, qui fait craindre une rentrée sociale animée ».

 

Le journal « L’Opinion » de ce lundi 2 aout 2021.

 

Mais, on peut être vacancier et pro-vaccin et, pour autant, partager le point de vue d’anti-vaccins.  Ou s’entraider.

 

Et puis, Faire des pauses, savoir en faire en vacances ou ailleurs, y compris avec des personnes qui ont fait un autre choix que le nôtre, c’est aussi ce qui peut permettre de ne pas totalement déprimer, paniquer ou déraper durant cette pandémie.

On peut aussi être anti-vaccin et comprendre que d’autres aient choisi de se faire vacciner.

 

Mais pourquoi suis-je finalement à deux doigts de me désister pour mon rendez-vous prévu pour ma première injection ?

 

 

Le journal  » Le Monde » de ce lundi 2 aout 2021.

 

Trop de doutes

Parce-que, j’ai encore trop de doutes concernant le « bien » que peuvent me faire ces vaccins anti-Covid.

 

Parce-que j’ai déjà du mal passer le cap d’accepter de me faire vacciner deux fois contre le Covid. Aussi, savoir qu’une troisième injection est d’ores et déjà prévue après les deux premières en moins d’un an, me rend le passage vers la vaccination encore plus difficile.

Il est assez ironique que dans mon métier, en psychiatrie, sujet hautement sensible, il nous arrive de donner un traitement à un patient ou de « l’enfermer » contre son gré. Alors que cela peut le choquer ou choquer une partie de la population qui considère qu’il y a au minimum un abus de pouvoir et une maltraitance des institutions psychiatriques et du corps médical et soignant qui y exerce. Et, de se retrouver, comme moi, dans la situation, avec cette vaccination anti-Covid, dans une situation presqu’analogue. Où je me retrouve à la place de celle ou celui qui refuse de prendre un traitement et qui doit le prendre.

Le rapprochement m’a troublé.

Pourtant, il existe quand même quelques différences entre les deux situations. Je n’ai pas de trouble psychiatrique de nature à troubler l’ordre public (c’est étonnant d’écrire ça vu le contexte et certaines oppositions entre anti-vaccin et pro-vaccin) à mettre ma vie en danger. Je n’ai pas de déni de mes troubles. Je suis névrosé et anxieux, ce qui peut se comprendre au vu du contexte de la pandémie du Covid.

Pour ce qui est de mettre la vie d’autrui en danger en refusant de me faire vacciner, cela va devenir un débat public et non le débat de Franck Unimon versus la société. Je ne suis pas seul contre la norme de tous. Il est bien d’autres personnes, sans troubles psychiatriques, et sans troubles du comportement (sauf s’ils manifestent d’une certaine façon condamnée par la loi) qui sont également anti-vaccins ou très méfiants envers les vaccins anti-Covid. Avec des arguments que certains trouvent irrecevables. Mais jusqu’à quel point et jusqu’à quand ces arguments vont-ils rester irrecevables ?

Les traitements que nous donnons, par voie injectable, contre le gré des patients, le sont en situation de crise et d’agitation du patient. Un état de crise et d’agitation incompatible avec la vie en société. Y compris, généralement, avec ses proches et son entourage. Etat d’agitation ou de crise que je ne connais pas. Les voisins de mon immeuble ne se mettent pas à raser les murs en me voyant rentrer chez moi. La police, à ce jour, ni cette nuit, ne sera pas appelée en raison du tapage nocturne répété auquel je me livrerai car, depuis ma fenêtre, régulièrement- entre trois heures et cinq heures du matin- je me mettrai à hurler des chansons de Jacob Desvarieux afin de continuer d’honorer sa mémoire.

 

Et puis, il y a l’intention que nous avons envers le patient au travers de notre relation avec lui. Feu Scapin, il y a une vingtaine d’années, avait pu me dire quelque chose :

 

« Un jour, on s’apercevra peut-être que ces médicaments (fabriqués par des laboratoires comme les vaccins anti-covid actuels) que l’on donne aux patients sont en fait des saloperies. Ce qui fera la différence, ce sera la façon dont on s’est comporté avec les patients ».

Dans la situation actuelle avec les vaccinations anti-Covid devenus obligatoire, s’il y a un discours officiel de bienveillance et d’utilité publique pour les justifier et encourager les vaccinations, la relation est toute autre entre les laboratoires, le gouvernement et les citoyens, en bonne santé, que celle qui peut exister entre des soignants et des patients.

Si un rapport de force dominant/dominé existe aussi entre soignants et patients

(certains professionnels et certaines institutions de soins préfèrent désormais que l’on parle plutôt de « clients » au lieu de « patients »), il est néanmoins principalement mu par des buts sanitaires qui , il est vrai, peuvent être répressifs pour le « bien public ». Mais le traitement par injection lors des crises n’est pas systématique. Tous les patients de psychiatrie ne sont pas en crise.  Et il y a bien des patients en psychiatrie avec lesquels il n’y a pas ou peu de confrontation. 

Alors que pendant cette crise de la pandémie du Covid et de l’obligation des vaccins anti-Covid, et du passe sanitaire, les intentions sanitaires de la vaccination anti-Covid, si elles sont faciles à comprendre, sont aussi « influencées » par des intérêts économiques et politiques.

 

Désenchanté

 

 

Parce qu’apprendre ceci me désenchante davantage à propos des vaccins anti-Covid actuels :

 

Dans le journal Les Echos de ce lundi 2 aout 2021, page 4, que «  Aux Etats-Unis, le port du masque en intérieur est à nouveau recommandé car la vaccination n’empêcherait pas la transmission du virus en cas de variant Delta. En France, Delta est en pleine ascension » « ça ne finira donc jamais » ( …..) «  C’est un sacré coup porté au moral des autorités sanitaires. En France, Emmanuel Macron a tout misé sur la ruée vers les vaccins depuis le 12 juillet, en rendant obligatoire le pass sanitaire pour l’accès aux restaurants et aux cinémas en contraignant les soignants à recevoir leurs deux injections pour continuer à travailler ». (…..) « (….) Des études israéliennes montrant que la vaccination réduisait d’environ 90% le risque d’être porteur du virus au niveau de la sphère nasopharyngée. C’était avant Delta ».  «Las, d’autres études récentes ébranlent un peu plus la perspective d’un retour rapide à la normale. Selon le ministère de la Santé israélien, le vaccin Pfizer demeure très efficace contre le risque d’hospitalisation au bout de six mois de campagne vaccinale, mais la protection contre le risque d’infection n’est plus que de 39% ».

 

Parce-que si j’ai regretté qu’il manque de gardes fous à propos des informations qui circulent sur le net dans tous les sens, et qu’il devient, ensuite, très difficile de faire le tri, je crois à cette information, lue sur le net, qui explique que des soignants, directement ou indirectement, ont fait la mauvaise expérience de certains effets secondaires désagréables ou graves du vaccin Astrazeneca en  février 2021. Ce qui peut expliquer la raison pour laquelle un certain nombre de soignants (aide soignants et infirmiers, ceux les plus « ciblés » depuis ce 12 juillet par le gouvernement) se soient depuis méfiés des vaccins actuels. Le vaccin Astrazeneca est depuis, avec le Johnson & Johnson, le moins populaire des vaccins contre le Covid au sein de la population française. Pfizer et Moderna (ce dernier, actuellement, semble moins disponible que le Pfizer) ont plus la cote. Le vaccin français, fabriqué par Sanofi, avec une autre technique que le Pfizer et le Moderna, est plutôt prévu pour la fin de cette année.

 

Si je me méfie des informations qui viennent d’internet, articles ou vidéos sur youtube, il m’est aussi devenu de plus en plus difficile de banaliser le nombre ou la fréquence de témoignages affirmant les effets graves ou mortels de certaines vaccinations contre le Covid. Comme il m’est devenu difficile de continuer de croire que certains de ces témoignages trouvés sur Facebook de personnes vaccinées contre le Covid ou de proches de personnes vaccinées contre le Covid, soient tous des témoignages bidonnés par des gens qui veulent s’inventer une vie ou une notoriété.

On ne peut pas, d’un côté, avoir dit beaucoup de bien des réseaux sociaux lors des printemps arabes pour la liberté d’expression et les témoignages qu’ils ont pu permettre, et, là, en pleine pandémie du Covid et en pleine polémique à propos des vaccins anti-Covid, décider que, cette fois, tout ce qui se dit et peut se dire sur les réseaux sociaux contre ces vaccins est forcément inventé et complotiste.

 

Même si certains témoignages et montages vidéos sont privés du lustre ou de l’aura de certains média officiels ou sont même ridicules, grossiers ou assez ennuyants à regarder j’ai « appris » que la vérité, une certaine vérité, peut aussi venir de celle ou de celui qui manque de charisme ; qui s’exprime maladroitement et beaucoup moins bien que celles et ceux dont l’image, l’écriture et la parole en public sont le métier.

 

Et puis, pour conclure, parce-que cet article, une fois de plus, est long, à la fin de mon article 1er aout 2021, j’écrivais que j’avais deux choix. Le second, le plus radical, est d’arrêter de travailler.

 

Le premier, le plus consensuel, consiste à me faire vacciner pour avoir une certaine tranquillité pour circuler. Mais quelle tranquillité ?! Pfizer, le vaccin « star » du moment contre le Covid, qui tombe à 39 % d’efficacité ?! En plus de devoir accepter des éventuels effets indésirables inconnus 48 heures après ou plusieurs mois ou plusieurs années plus tard ?! Tout ça, pour, bientôt, de toute façon, à la fin de la grande récréation  des vacances se reconfiner ou être reconfiné ?! Comment dormir tranquillement et partir ensuite se faire vacciner en apprenant ça ?! Même si nous sommes au début du mois d’août, en pleine période de grandes vacances ?!

 

Le journal  » Libération » de ce lundi 2 aout 2021.

 

L’idée folle- et idiote- que je commence de plus en plus à avoir, c’est que les personnes qui survivront au Covid (car épargnées ou après l’avoir attrapé) seront sûrement celles qui auront le plus de chances de se sortir de cette pandémie du Covid. Au contraire des personnes qui se seront faites vacciner pour, en principe, mieux se protéger de la pandémie…..si je m’en tiens à la chute de ce pourcentage de protection du vaccin Pfizer et de certains témoignages de personnes vaccinées ou de proches de personnes vaccinées. Lorsque je suis tombé il  y a quelques jours sur le témoignage d’Eric Clapton qui témoigne (dans une vidéo en Anglais non traduite et non sous-titrée) de sa mauvaise expérience de vaccination contre le Covid avec l’Astrazeneca, je me suis dit qu’il avait besoin de pub. Que l’on peut être surnommé « God » par les amateurs de musique et ne rien y connaître en matière de vaccins et d’effets secondaires. Mais c’était encore un des effets de mon déni. Le déni est un bon moyen de défense lorsque l’on a du mal à accepter l’énormité d’une certaine « vérité ». On se convainc facilement que celles et ceux qui essaient de nous  dire une certaine vérité sont des « charlots » et des illuminés : les anti-vaccin.

 

Lâché sur la toile de ma folie

 

 

L’autre idée folle que j’ai depuis quelques jours, c’est que j’envie les personnes – j’en connais quelques unes- qui ont attrapé le Covid et qui vont bien maintenant. Car, même si elles ont « dégusté » (elles m’ont raconté), aujourd’hui, pour moi, elles sont dotées d’une protection immunologique en laquelle je crois plus que dans celle proposée et imposée par les vaccins actuels contre le Covid.

 

Et, comme je suis maintenant lâché sur la toile de ma folie, je crois aussi que cette pandémie du Covid, à cause des choix faits par nos dirigeants politiques en faveur de ces vaccins anti-Covid « limites », va peut-être modifier la géopolitique mondiale. Les vaccins chinois et russes contre le Covid, je ne sais pas ce qu’ils valent. Mais les habitants des pays pauvres qui auront échappé au Covid ou qui lui auront survécu, sans les vaccins actuels contre le Covid, vont peut-être s’en sortir mieux que certains d’entre « nous », les habitants des pays riches et « évolués » qui auront pu se faire vacciner : myocardites, thromboses, décès….

 

Mon raisonnement est délirant. Quand je pense aux personnes que je connais qui se sont faites vacciner contre le Covid et qui pensent forcément le contraire, mon raisonnement est délirant.  Voilà un des effets courants de la pandémie du Covid. On essaie de trouver une explication, une direction à ce qui est en train de se passer. Et on raconte- ou on écrit- n’importe quoi !

 

 

Je ne me sens pas angoissé plus que ça par le Variant Delta annoncé comme plus contagieux qui va «envahir » la France bientôt. Je suis sur la petite barque de ma raison en train de délirer et d’essayer de recoller les morceaux du puzzle de vents gigantesques dont je déchiffre à peine le faisceau ou l’ombre. Je vais sûrement me ramasser tout cela bientôt en pleine figure. Une certaine prise de conscience de ma parano. Ou la confirmation de ce que des personnes essaient de nous dire depuis des mois à propos de ces vaccins anti-Covid.

 

Mais délirer m’empêche pour l’instant de déprimer et d’avoir peur  sans aucun doute. Une sorte de délire au sec qui ne m’empêche pas de faire mon travail correctement et d’avoir des interactions sociales adéquates avec le plus grand nombre. Mais, délirer, ça peut aussi pousser à avoir un comportement suicidaire.

 

Je vais sortir provisoirement de ce délire. Je vais sortir de cet article. Pour l’instant, c’est le mieux que je puisse faire.

 

 

Franck Unimon, ce lundi 2 aout 2021.  

 

 

 

 

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1er Aout 2021

1er Aout 2021

L’influenceur et le voyant

 

Mon ami Raguse est revenu de ses vacances il y a un ou deux jours. Après avoir lu mon article Connaître son corps, il m’a laissé un message téléphonique dans lequel il me disait en plaisantant :

 

« Tu m’as donné envie de me faire vacciner contre le Covid. Tu vas devenir influenceur…. ».

 

Je l’ai rappelé et lui ai à mon tour laissé un message dans lequel je lui disais en rigolant :

 

« Si, moi, je deviens influenceur, alors, toi, tu es peut-être un futur voyant ».

 

Depuis, lui et moi nous sommes parlés directement au téléphone. Sauf que, pour moi, les voyants sont devenus ou redevenus plus ou moins rouges.

 

Je me sentais bien un petit peu « mouton » en concluant vers la fin de  Connaître son corps que j’allais me faire vacciner contre le Covid. Mais je me sentais davantage avisé et réaliste. Je ne suis pas John Rambo, capable de vivre des mois ou des années en pleine forêt, en montagne ou ailleurs, en pleine nature, seul ou avec d’autres, à l’écart ou me méfiant de la jungle de la civilisation et de sa « modernité ». Et de ses lois de plus en plus indénombrables et coercitives capables de démembrer un ou plusieurs de mes semblables considérés comme jetables ou nuisibles. Pas plus que je ne suis le soldat Onada, soldat japonais fanatisé durant la Seconde Guerre mondiale. Je n’ai pas encore vu le film, sorti récemment, d’Arthur Hariri mais j’avais déja entendu parler de cette histoire avant que le film ne soit porté au cinéma.

 

 

Peut-être qu’à partir de maintenant, nos sociétés humaines vont-elles de plus en plus se peupler de Rambo, d’Onoda ou, plus « simplement » de survivalistes. Parmi lesquels, oui, on trouve et on trouvera des complotistes, des illuminés, des paranos, des extrémistes comme il peut y en avoir quelques unes et quelques uns dans notre monde admirable mais sous d’autres présentations.

 

On peut être pro ou anti-vaccin contre le Covid. On peut être pour ou contre le passe sanitaire. C’est du reste, ce que nous sommes devenus en quelques mois. Divisés et de plus en plus en conflit sur ces deux questions. D’ailleurs, pour rigoler, je propose aujourd’hui de remplacer nos justificatifs d’identités et nos diplômes et compétences officielles et officieuses par ces simples informations qui nous résument très bien désormais : Monsieur et Madame pour ou anti-vaccin. Et, Monsieur et Madame pour ou contre le passe sanitaire.

 

Délirer

 

Pourquoi s’emmerder avec des subtilités vu que ces deux sujets nous font délirer. Car le terme délirer est celui qui convient le mieux, je crois ? Bien-sûr, je pense à un délire collectif. 

 

La peur est un miroir. La douleur, aussi. Et, pendant que nous nous tournons vers ces deux miroirs faits de multiples tiroirs reliés à nos entrailles, j’ai l’impression que nous faisons de notre mieux pour ignorer que le monde vers lequel nous nous dirigeons, ou que nous acceptons de mieux en mieux, est un monde qui semble avant tout obsédé par l’élaboration de plus en plus sophistiquée, et sur mesure, de nos futures dépendances.

 

 

« En son âme et conscience »

 

J’t’emmerde, une ex-collègue et amie, est aujourd’hui vaccinée contre le Covid. Elle m’a appris ça cette semaine alors que je l’appelais à la « rescousse », comme j’ai appelé d’autres personnes avant elle. Afin qu’elles me donnent leur avis à propos de cette vaccination contre le Covid maintenant imposée. Même si, officiellement, notre gouvernement, n’a pas rendu la vaccination obligatoire.

 

Il y a deux ou trois mois, J’t’emmerde était résolument contre. Finalement, c’est en accompagnant une amie partie se faire vacciner, qu’une fois sur place, inspirée, sans rendez-vous, elle l’a fait. En m’expliquant :

 

« Il n’y avait que comme ça que ça pouvait marcher pour moi ! ».

 

J’t’emmerde n’a pas eu d’inquiétude particulière ni trop d’effets secondaires désagréables avec le vaccin Pfizer, le laboratoire « phare » depuis plusieurs mois. Comparativement au vaccin Astrazeneca qui a mauvaise réputation ou au Johnson & Johnson qui, dès ses débuts de diffusion (en Avril ou Mai ?) a connu des ratés en termes d’effets secondaires, la majorité des personnes que je « connais » qui se sont faites vacciner par « le » Pfizer estime que cela s’est bien passé. 

 

Je savais que le compagnon de J’t’emmerde avait toujours été pour la vaccination anti-Covid. J’ai plusieurs fois constaté, d’ailleurs, de façon empirique, que les femmes, y compris au sein des couples, semblent plus méfiantes envers la vaccination anti-Covid telle qu’on nous l’a proposée pendant des mois, et maintenant telle qu’on nous l’impose aussi depuis mi-juillet 2021.

 

Même si, bien-sûr, je connais des femmes vaccinées contre le Covid ou qui l’ont fait spontanément. Et qui ont été à l’aise avec le fait de se faire vacciner. Il y a des personnes- hommes et femmes- qui se sentent protégées en se faisant vacciner contre le Covid. Et il y a d’autres personnes, qui, au contraire, se sentent protégées en évitant de se faire vacciner avec les vaccins que l’on nous propose actuellement contre le Covid.

 

Ma compagne a toujours été résolument contre la vaccination avec les vaccins actuels. Régulièrement, elle me fait parvenir et fait parvenir des liens vers des vidéos de témoignages ou de documentaires ou des personnes démontrent exactement le contraire de tout ce que le gouvernement mais aussi les laboratoires et bien des médecins disent en faveur des vaccins actuels contre le Covid.

 

A ce stade de mon article, on pourrait se dire :

 

« Je comprends qu’il doute » ; « Il n’a qu’à porter ses couilles et prendre ses responsabilités ! » ; «  On s’en branle ! L’urgence sanitaire passe avant tout ! ». Ou, mieux puisque c’est le discours officiel : « L’intérêt collectif l’emporte sur les petits atermoiements individuels d’untel et untel. Moi, aussi, j’ai un ovaire (ou un testicule) qui est contre la vaccination anti-Covid. Et, alors ?! Ce n’est pas pour autant que je l’ai écouté ! ».

 

 

C’est là où arrive la suite. Suite à laquelle je suis plus perméable que d’autres sans doute parce-que je branle trop souvent de la tête.

 

J’t’emmerde n’a aucun regret de s’être faite vacciner contre le Covid. Elle a précisé ( c’est important, je le souligne) :

 

Ailleurs, dans d’autres régions du monde plus défavorisées, on meurt du Covid car les populations n’ont pas nos vaccins anti-Covid.

 

Se faire vacciner lui a permis de partir en vacances à l’étranger. Elle n’avait pas envie de devoir subir des PCR ou des tests antigéniques à la frontière ainsi que des périodes d’isolement et d’observation de plusieurs jours en partant en vacances ou en en revenant. Je la comprends. En Mars, à une semaine d’intervalle, car j’étais cas contact supposé ou réel, j’ai dû faire deux tests antigéniques. Je n’ai pas du tout aimé me faire enfoncer des bâtonnets dans les narines. Et, je ne comprends pas qu’il n’existe pas un moyen de diagnostic moins intrusif que celui-ci pour tester les cas-contacts.

 

Mais J’t’emmerde a aussi admis que si elle avait vécu dans une région comportant une faible densité humaine. Et qu’elle pouvait se dispenser de travailler pour des raisons économiques, ou, simplement, pour s’alimenter, au jour d’aujourd’hui, au vu des vaccins proposés, tels qu’ils sont proposés, elle se serait abstenue de se faire vacciner contre le Covid. Parce-qu’il existe, et il n’y a rien de complotiste là-dedans, certaines inconnues quant aux effets à plus ou moins longs termes des vaccins actuels contre le Covid ou la Covid. Et, ici, délibérément, je prends le parti de ne pas mentionner certains effets secondaires, rares, mais gravissimes voire mortels, constatés après une vaccination anti-Covid. Même si je suis plutôt peiné pour les proches de ces personnes vraisemblablement décédées après une vaccination anti-covid, ici, je ne vais pas regarder plus loin que le bout de mon nez et de mon nombril. Je me plie à la logique et à l’expérience selon laquelle la totalité des personnes vaccinées contre le covid que je connais sont aujourd’hui vivantes et en bonne santé. Ce qui doit représenter une bonne vingtaine de personnes et sans doute bien plus que ça. Car je n’ai pas fait de sondage exhaustif autour de moi. Je ne me suis pas réveillé en pleine nuit pour joindre toutes les personnes que je connais ou ai pu rencontrer pour les appeler et leur demander :

« Tu t’es fait vacciner contre le Covid ? Quel vaccin ? Lequel ?! Quand ?! Comment ça va ?! ».

 Néanmoins, toutes les personnes, au travail ou ailleurs, qui me répondent s’être faites vacciner contre le Covid, il y a quelques semaines ou plusieurs mois, vont bien à ce jour.

 

Il n’en demeure pas moins que, pour moi, la vaccination anti-Covid actuelle s’apparente à une expérience de « parachutisme longue durée ». Mais j’ai sans doute trop d’imagination et de névrose – à défaut de cirrhose- dans mon foie. J’ai peut-être trop les foies, malgré moi. 

 

Parachutisme longue durée

 

 

Personne, aujourd’hui, je crois, ne peut affirmer dans quel état de santé se trouveront celles et ceux qui se sont faits et se feront vacciner contre le Covid dans deux ou trois ans.  Nous partons du principe que celles et ceux qui ne se font pas vacciner contre le Covid prennent immédiatement, alors que j’écris, plus de risques et font courir de toutes façons  plus de risques et beaucoup trop de risques à leurs semblables. Et à eux-mêmes.

 

Deux ou trois ans de perspective, c’est pourtant une perspective courte pour une époque où, sauf accidents, sauf maladies graves, catastrophes ou assassinats, l’être humain peut vivre plutôt vieux. Nous savons que nous pouvons vivre plutôt vieux. Et plutôt « bien » que mal.  Au moins jusqu’à 70 ans dans les pays riches, démocratiques et progressistes.

 

Nous sommes dans un pays riche, démocratique et progressiste.

 

Et, cela fait peut-être partie de la composante actuelle du « délire » des anti-vaccins.

 

Habitués que nous sommes à l’idée que nous pouvons vivre vieux voire très vieux et que nous pourrons peut-être profiter de notre retraite dans un certain confort, cette histoire de vaccination obligatoire avec des vaccins que nous connaissons mal ou peu, exige en quelque sorte de nous de nous jeter dans le vide depuis un avion en plein vol. Sans visibilité. Ou avec assez peu de visibilité. Cocher la proposition qui correspond le mieux à notre état d’esprit.

 

Car on nous dit en quelque sorte :

 

« L’avion, c’est la pandémie du Covid. On ne connaît pas très bien cet avion. On ne connaît pas très bien non plus l’exacte personnalité du pilote ou des pilotes. Ni leur nombre ou leur expérience en nombre d’heures de vol.

On ne sait pas à quelle compagnie ils appartiennent. On la découvre au jour au jour. On ne sait pas quel genre de carburant ce pilote ou ces pilotes utilisent. Et s’il en reste encore beaucoup dans le réservoir de leur engin.

Mais si tout le monde reste dans l’avion, la pandémie du covid va continuer de circuler et va devenir de plus en plus virulente.  Et tuer de plus en plus de monde. Donc, il faut  que tout le monde, maintenant, se comporte de façon solidaire et responsable. Et sorte le plus possible de l’avion pour sauter dans le vide.

En temps normal, et par ciel dégagé, on pourrait prendre le temps de vous apprendre à  sauter en parachute. En apercevant, au loin, la terre ferme. Pour celles et ceux qui le souhaitent. D’ailleurs, on vous dit et on vous répète depuis des mois comment sauter dans le vide avec ces tous nouveaux parachutes que l’on vient de fabriquer. Mais certaines et certains d’entre vous sont des vrais connards, des égoïstes, des idiots et des idiotes mais aussi des êtres complètement irrationels et illogiques !  C’est vrai, on vous demande de sauter dans le vide. Et après ?! En plus, il y a un peu de brouillard.  C’est vrai. On ne sait pas trop où nous nous trouvons exactement. Mais soyons et soyez optimistes. Faisons un peu de sophrologie. Imaginez.

 

Peut-être que vous arriverez sur une belle plage. Peut-être que vous arrivez sur l’île aux caïmans à l’heure du déjeuner. Mais, en principe, non. Car nos recherches ont bien été modélisées sur ordinateur, testées, et tout et tout.

 

Dernière petite chose : nos parachutes (les vaccins Pfizer et autres), on ne sait pas exactement quelle est la durée exacte de leur solidité. En principe, c’est du solide. Mais, peut-être que leur toile peut se déchirer avant que vous ne touchiez le sol. Car le type de saut en parachute que l’on vous propose n’est pas un saut en parachute ordinaire. C’est un saut en parachute qui durera peut-être deux à trois ans avant de bien arriver sur la terre ferme. On ne sait pas bien. Personne, à l’heure actuelle, ne peut le prédire ou le prévoir. Sauf si c’est une voyante ou un voyant. Ou une personne qui vous ment.( Là, aussi, selon l’état d’esprit qui est le nôtre, chacun fera son choix entre ces deux éventualités).

 

 Au fait, il est de plus en plus probable, alors que vous serez dans les airs avec votre premier parachute ( les deux premières injections de Pfizer, Moderna, Aztrazeneca ou l’injection unique du Johnson & Johnson) que l’on vous demande de prendre des parachutes supplémentaires. On vous informera lorsque ce sera le moment. Faites-nous confiance. Tout va bien se passer ! ».

 

 

A la lecture de ce passage sur le « parachutisme », on croira peut-être que je prends ce que nous vivons à la légère avec la pandémie du Covid. Ou que je m’oppose catégoriquement à la vaccination anti-Covid telle qu’elle nous est proposée ou imposée actuellement. Et, qu’en tant qu’infirmier, je suis totalement irresponsable, indigne et immoral. Alors, la suite de l’article va essayer de dissiper ces éventuels malentendus.

 

Mes Doutes

J’exprime surtout mes doutes, en fait. Et, d’une certaine façon, mon inquiétude, aussi. Devant un monde en train de s’établir, devant nos yeux, au travers de la pandémie. Et de la peur qu’elle nous fait secréter à profusion. Ce monde, en train de s’établir devant nous  a aussi pour projet d’interdire le doute.

 

 

Bien-sûr, il y a un temps pour le doute. Et, un temps où il faut se décider. Lorsqu’un avion va s’écraser, si on peut, quand on peut, dès qu’on le peut, on saute de l’avion ou on en sort. Et, j’ai assez moi-même insisté quant au fait que beaucoup des informations qui inquiètent ou font peur à propos des vaccins actuels contre le Covid ( alors que nous devrions davantage nous inquiéter de la pandémie et de son expansion) viennent souvent d’internet et qu’il manque certains gardes fous pour que l’on me trouve très ambivalent. Un coup, oui. Un coup, non. Il faut se décider, Mr Unimon !

 

Un certain nombre de personnes, pour toutes sortes de raisons qui leur sont propres, estiment avoir eu le temps nécessaire et suffisant pour décider de se faire vacciner contre le Covid. C’est comme pour le mariage. Il y a des gens qui décident très vite de se marier et de faire des enfants. D’autres qui gambergent davantage. Parce qu’ils ont besoin de davantage de temps. Et, celles et ceux-là peuvent être aussi responsables et consciencieux que les premiers.

 

En tant que soignant, bien-sûr, je suis muselé au moins par ma responsabilité envers les patients. On me « tient » bien avec cette responsabilité. J’ai été volontaire pour prendre ce genre de responsabilité. Personne ne m’a forcé.

 

Etre soignant et transmettre ou prendre le risque de transmettre le Covid ou la Covid aux patients que je suis supposé aider à aller mieux, cela revient presque à être assimilé « au meurtrier dans la clinique ». Ou à l’irresponsable créatif.

 

On peut facilement imaginer un film d’horreur où tous les patients trépasseraient en présence du soignant ou de la soignante qui aurait sur eux l’effet du gaz mortel ou du cinéphile qui leur ferait assister à la dernière séance d’un film très particulier. Celui de leurs derniers instants de vie.

 

Soit le contraire du but recherché lorsque l’on se rend dans un lieu de soins quel qu’il soit. Somatique ou de Santé mentale.

Et, de ce point de vue-là, si je suis cohérent, de moi-même, soit, je me fais vacciner contre le Covid ou la Covid. Car, je « sais », qu’il me serait difficile, si un patient ou une patiente au départ négatif au Covid décédait ensuite du Covid après que moi ou un autre soignant ( non vacciné contre le Covid ) s’en soit occupé, de pouvoir prouver ou d’être sûr que je n’y suis pour rien. Pourquoi ?

 

Parce-que, de même qu’il y a une grande contagiosité du virus du Covid ou de la Covid, selon le variant, il y a aussi une part d’irrationnalité,  aussi, chez les pro-vaccins.

 

Pour caricaturer : On dirait presque que, pour certains pro-vaccins, désormais, le simple fait de les regarder dans les yeux, alors que l’on n’est pas vacciné soi-même contre le Covid, pourrait suffire à les tuer ou à décimer une population environnante en situation de vulnérabilité. Peu importe que l’on porte un masque. Peu importe que l’on se lave les mains. Peu importe que l’on reste peu de temps « près » de la personne vulnérable. Il faut être vacciné. Autrement, tout ce que nous touchons et approchons, au lieu de se transformer en or ou en pétrole, va se transformer inéluctablement en pierre tombale.

 

A notre époque, de plus en plus digitalisée, mais aussi de plus en plus impersonnelle, où l’on se félicite que le premier confinement dû au Covid a favorisé la croissance du télétravail, on remercierait presque la pandémie du Covid de contribuer à l’accélération de la désertification des rencontres et des relations humaines.

 

Les manifestations des Gilets jaunes

 

 

Je n’ai participé à aucune manif des gilets jaunes. J’en ai même conçu une certaine forme de culpabilité. Par hasard, il se trouve qu’en sortant de mon travail, un jour où je n’étais pas supposé travailler, je suis « tombé » sur la dernière manifestation officielle des gilets jaunes à Paris. J’en avais profité pour prendre des photos.

Si je reparle des gilets jaunes, c’est parce-que je n’ai pas oublié que, sans la pandémie du Covid et les mesures de confinement dues au Covid, les manifestations des gilets jaunes auraient continué. Elles se seraient peut-être essoufflées ou auraient continué, par certains aspects, à se radicaliser. Mais, dans le fond, le mouvement des gilets jaunes disait- ou, plutôt, rappelait– déjà que le fonctionnement de notre monde moderne, au moins dans notre pays riche, égalitaire et démocratique, était aussi égalitaire et démocratique…en vitrine.

 

Aujourd’hui, avec les thématiques du vaccin anti-Covid, ceux qui sont pour, ceux qui sont contre, et pareil pour le passe sanitaire, qui se retrouvent, à un moment ou à un autre dans nos conversations privées, professionnelles ou publiques, on a l’impression qu’un mouvement comme celui des gilets jaunes est devenu anecdotique. Et, que, finalement, ce mouvement relevait d’un caprice. Et non de l’urgence de créer ou de faire revenir une société plus égalitaire et démocratique.

 

Donc, pour moi, ces nouvelles interdictions, menaces et pressions assurées et déléguées par notre gouvernement ( et je ne suis pas plus anti- Macron que cela) « sous couvert d’urgence sanitaire » en faveur du passe sanitaire sont une étape supplémentaire et un renforcement de la destruction démocratique.

 

L’urgence sanitaire

 

Il m’est impossible de nier l’urgence sanitaire actuelle. Je ne fais pas partie de celles et ceux qui vont jusqu’à douter du caractère réel de la pandémie. Ou qui pensent que le développement des antennes de la 5G va contribuer, grâce aux produits contenus dans les vaccins anti-Covid actuels, de mieux nous espionner et nous téléguider.

Je ne crois pas au fait que la pandémie du Covid ait pour visée de réduire drastiquement la population mondiale en opérant une sélection au coup par coup parmi les survivants qui vont rester après la vaccination anti-Covid.

 

Mais je constate quand même que cette pandémie sanitaire, et les mesures choisies au moins par notre gouvernement pour y répondre, sont aussi bien pratiques pour museler d’éventuelles oppositions. Et, paranoïa ou non de ma part, cette coïncidence me dérange beaucoup. D’autant que, dès le premier confinement de l’année dernière, confinement que je n’ai jamais contesté, j’ai été dérangé par la suppression de certaines de nos libertés. J’ai eu quand même un peu l’impression qu’une partie de ma vie- et ce n’était pas du fait de la pandémie- m’était enlevée. Que je me devais de donner ou d’apporter des justificatifs pour des actions simples et quotidiennes telles que faire des courses ou aller voir quelqu’un, là ou aller voir quelqu’un avant la pandémie, cela était toujours allé de soi. 

 

Mais, là aussi, on me rappellera que c’était parce-que que la situation sanitaire le nécessitait.

 

Dans six mois ou un an, aussi, on pourra toujours me  faire la même réponse.  C’est ça qui est « bien », avec cette pandémie du Covid.

 

Soyons cyniques : si j’étais un dirigeant ou une personne avide de pouvoir. Et que, pour mes besoins et mes intérêts personnels, il me faut exercer un certain pouvoir sur le plus de monde possible autour de moi afin de me sentir bien, cette pandémie du Covid est bien pratique. Je vais même en rajouter. Si je suis ce genre de personne qui veut exercer un certain pouvoir, qui a besoin d’exercer un certain pouvoir, sur le plus grand nombre, j’ai même plutôt intérêt à ce que cette pandémie du Covid dure aussi le plus longtemps, ou suffisamment. Parce-que, de cette manière,  «  grâce à la pandémie », qu’est-ce que je peux imposer  autour de moi au plus grand nombre, avec le moindre effort.

 

Alors, évidemment, comme, selon moi, le caractère réel de cette pandémie sanitaire du Covid est indiscutable, il s’agit de trouver le bon dosage, entre, d’une part des précautions et des mesures que l’on peut justifier au « nom du Covid ». Et les bénéfices divers (économiques, politiques ou autres) que je pourrais en tirer en tant que dirigeant.

 

La simple ou le simple vacciné, elle ou lui, en tirera pour bénéfice de se sentir protégé ou d’avoir le sentiment d’avoir fait de son mieux pour protéger les autres. Ainsi que de pouvoir partir en vacances ou de se rendre à l’extérieur en subissant le moins de contrôles, le moins d’interdits et le moins d’exclusions possibles dans sa vie ordinaire.

C’est bien-sûr important.

 

Mais si l’on gratte un peu : notre rêve, dans notre vie, ce sera finalement ça ?! Pouvoir se protéger, protéger les autres et pouvoir subir le moins possible de contrôles, d’interdits et d’exclusions possibles dans notre vie ordinaire ?!

On appelle ça une grande avancée ?!

 

On pourra me répondre que c’est provisoire. Bien-sûr. Mais pendant combien de temps ?! C’est là où je (re)commence à bien douter. Parce-que, c’est « bien » de signaler que les mesures prises pour le passe sanitaire, les inégalités et les conflits qu’il va créer, est nuisible pour la démocratie. Et de souhaiter qu’il soit supprimé au plus vite dès que la crise sanitaire sera passée. Mais, en attendant, certains dispositifs et réflexes de contrôle s’établissent et nous apprenons de mieux en mieux, et de plus en plus, à nous y conformer. Mais, aussi, à nous y référer. Et, ce n’est pas forcément le meilleur de l’être humain qui y est encouragé :

 

Le jugement péremptoire et définitif de l’autre. L’exclusion. La dénonciation. L’encouragement à l’insulte et à la menace verbale, physique, digitale ou économique ?

 

 

Mais, bien-sûr, je délire. Je n’ai même pas encore été vacciné contre le Covid. Ni attrapé le Covid. Mais je délire déjà.

 

Deux choix pour conclure :

 

 

Pour conclure artificiellement, car, le sujet de la pandémie du Covid et les diverses manières dont celle-ci fait se croiser et se confronter nos certitudes et nos croyances les plus intimes, est loin d’être tari.

 

Pour ou contre la vaccination anti-Covid ?

 

Si je suis cohérent avec moi-même, j’ai deux choix.

 

Me faire vacciner pour « gagner » du temps et m’éviter et amortir certaines contrariétés brutales nouvelles et inédites dans mon quotidien. Je crois que, parmi les vaccinés et les vaccinées, actuels et futurs, il se trouve et se trouvera des personnes qui doutent comme moi. Sans pour autant être des complotistes, des illuminés, des connards, des illogiques ou autres traquenards auto-dépréciatifs.

 

 

Décider de moi-même d’arrêter de travailler à un moment donné. Avant de me retrouver dans une situation où je serais, par exemple, contre une institution, des lois, des représentants ou des exécutants de ces nouvelles lois qui entourent le décorum du passe sanitaire et de cette vaccination obligatoire.

 

Cette deuxième option, je préfèrerais l’éviter. Pour des raisons économiques évidentes. Afin d’éviter la contrainte répétée de bien des situations d’exclusion- ou de déchéance- que j’ai très certainement, pour l’instant, beaucoup de mal à imaginer. Tant l’être humain peut se montrer créatif – afin de se servir  des protocoles qui l’encadrent- lorsqu’il s’agit d’exercer un peu de pouvoir sur autrui pour mieux se sentir exister.

 

Cette deuxième option m’offrirait pourtant l’avantage de me procurer cette marge de recul et de nuance envers ces vaccins anti-Covid dont j’ai, si je m’écoute, encore besoin. Et de pouvoir répondre aux pro-vaccins qu’en acceptant de m’exclure d’un certain corps social, il sera plus difficile de me reprocher d’être la brebis galeuse fautive de colporter le virus et de rendre malade une société (la nôtre) déjà malade avant la pandémie du Coronavirus. Mais malade de bien autre chose que la pandémie du Covid qui n’est sans doute que, l’un de ces révélateurs, parmi d’autres, de la maladie de notre société. Et de notre monde.

 

Cette deuxième option m’offrirait aussi l’avantage de pouvoir créer plus facilement, une vie- mais aussi une mort- qui me convient davantage sur mesure. Au lieu de cette vie ( la mienne ) dont semble vouloir encore plus décider- et s’emparer- une société dont les rêves diffèrent apparemment de plus en plus des miens.

 

Quoiqu’il en soit, comme l’a si bien résumé J’t’emmerde,  à la fin de notre conversation, vaccin ou pas vaccin il faut choisir «  en son âme et conscience ».

 

Si la peur est un miroir, je crois que, autant que possible, si on le peut,  quand on le peut, il vaut mieux éviter de prendre une décision sous l’effet de la peur. Et, ensuite, accorder de soi-même nos actions avec cette décision. Trancher. Et s’y tenir.

 

Quelle que soit cette décision. Vaccin ou pas vaccin.

 

Et, je crois que ce sera sûrement en fonction de ce principe, que je déciderai, ou non, d’aller me faire vacciner contre le ou la Covid lors de ce mois d’aout 2021.

 

Franck Unimon, ce dimanche 1er aout 2021.

 

 

 

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Moon France Musique

Jacob Desvarieux

Jacob Desvarieux, à la guitare, au centre. A gauche, à la basse, Georges Décimus. Fête de l’Humanité, 2019. Photo©️Franck.Unimon

                                  

                                                 Jacob Desvarieux

La fatigue attendra.

 

J’étais un « Moon France » adolescent occupé de Créole, lorsque j’ai entendu pour la première fois la voix de Jacob Desvarieux à la radio. Sa voix « blues et macho » comme en parlerait Jocelyne Béroard, des années plus tard.

 

Ce devait être à Morne Bourg, chez mes grands parents paternels. Ou à Carrère, chez ma grand-mère maternelle. A la campagne. Je dirais,  plutôt durant les congés bonifiés de 1983 en juillet et en août que durant ceux de 1980.

 

 

Pour le titre Oh, Madiana !

 

 

Il y avait aussi eu le titre Zombi. Aujourd’hui, c’est amusant de se dire que ce titre était sorti aux Antilles avant le Thriller de Michaël Jackson dont on nous parle «  en corps ».

 

Le Oh, Madiana ! de Desvarieux m’avait plu. Desvarieux avait alors une bonne bedaine et portait souvent une salopette. C’était environ deux ou trois ans avant que le zouk de Kassav’ ne me cloue et ne me récupère dans une boite de nuit, au quartier de la Défense où, avec mon entraîneur d’athlétisme et des copains de notre club de Nanterre, nous venions de voir en concert le groupe Apartheid Not.

 

Les premières notes de guitare de Desvarieux sur le Zouk-La-Sé-Sel-Médikaman-Nou-Ni suivies de sa voix grave « An Nou Ay ! » avaient eu le temps de s’insérer dans ma tête alors que nous nous en allions.

 

De la musique antillaise, j’en entendais depuis mon enfance. En France et aux Antilles. Georges Plonquitte, Simon Jurad, les Aiglons, les Vikings, Ibo Simon, Perfecta, les « squales » de la musique haïtienne, tous les « Combo » : Bossa, Tabou, Sugar et tous les autres, haïtiens ou non. Plusieurs tubes de ces groupes font partie de mon histoire que j’en connaisse les titres ou non. Mes compatriotes ont souvent cru que, parce-que j’étais né en Métropole, que les ondes des musiques de « là-bas », du « pays », mais aussi qu’une certaine mémoire, coulaient dans l’océan bien avant d’arriver jusqu’à la Métropole ( la France) où grandissaient les Moon France comme moi.

 

En Guadeloupe, le Oh, Madiana ! de Desvarieux m’avait étonné. Peut-être pour son côté funky qui le différenciait d’une fréquente production antillaise. 

 

Quelques années plus tard, alors que nous étions en train de quitter cette boite de nuit de la Défense où nous venions d’écouter le groupe Apartheid Not, un garçon qui entrait dans la salle pour danser s’était alors étonné :

 

« Mais, vous partez ?! ». Un de ses amis l’avait alors entraîné en lui disant :

« Laisse-les, ils ne connaissent rien à la musique ! ».  Nous avions dû retenir notre ami Jérome qui, courroucé, que l’on porte atteinte à sa vie privée musicale, avait très mal pris ce jugement. Car, nous étions à cet âge où, comme la plupart des jeunes, nous étions d’éminents spécialistes et critiques musicaux. Des musiques et des découvertes, nous en faisions régulièrement en allant les chercher. Nous écoutions par exemple du jazz, du free-jazz. Miles Davis, pour nous, était aussi fréquentable ( ou allait le devenir) que Stevie Wonder, Black Uhuru, Sun Ra, Bob Marley, Aswad, Eddy Grant, Burning Spear, Steel Pulse, Stanley Clarke ou Georges Duke. En plus de The Jacksons, Marcus Miller, T-Connection, Prince, Rick James…

 

« Ils ne connaissent rien à la musique ! ».

Durant pratiquement l’intégralité du concert d’Apartheid Not, nous avions été étonnés par l’incorrection permanente des spectateurs. Un spectateur ( un homme noir) avait même lancé lors d’un solo du batteur plutôt réussi un « No Good ! » avec un accent francisé. Lui et d’autres spectateurs n’attendaient qu’une chose :

Que la musique de cette boite de nuit commence. Et, ça avait débuté par ce titre de Kassav’ chanté par Jacob Desvarieux.

 

An-Nou-Ay ! ( « On y va ! »/ On décolle ! » ).

 

La bonne musique de Desvarieux et de Kassav’, je l’ai retrouvée ensuite bien des fois. En Guadeloupe, lors d’autres séjours.

 

En concert. A Basse-Terre. Mais aussi en métropole, à Nanterre, à l’ancien parc de la mairie. A La Défense Arena ( en 2018 ?) puis à la fête de l’Humanité en 2019.

 

 

L’année dernière, lors du premier confinement dû à la pandémie du Covid, sur les réseaux sociaux, j’avais reçu l’annonce que Desvarieux était malade. L’information avait été rapidement démentie par Desvarieux ou un(e ) de ses proches.

 

Le fait que ce genre d’annonce erronée puisse circuler m’avait contrarié. Puis, je m’étais rappelé que la perte d’un membre pouvait faire mourir un groupe. Et qu’un groupe comme Kassav’,  lui, avait tenu 40 ans ! Ce qui est exceptionnel. Peu de grands groupes durent autant avec un public aussi nombreux à leurs concerts. Les Rolling Stones. Un petit peu, Led Zeppelin. Quels autres grands groupes ? AC/DC ? Des groupes de Rock, le plus souvent.  

Desvarieux, Marthély, derrière, Naimro. J’ai oublié le nom du saxophoniste. Fête de l’Huma, 2019. Photo©️Franck.Unimon

 

Mais, cette fois, Jacob Desvarieux est bien mort. Ma mère me l’a confirmé tout à l’heure au téléphone, depuis la Guadeloupe.

 

Lors du concert de Kassav’ à la Défense Arena- où nous étions cent mille spectateurs nous avait annoncé Desvarieux- celui-ci avait fait un petit peu d’humour quant au fait que Kassav’ ne pourrait peut-être pas fêter ses cinquante ans de carrière. Des photos géantes de Patrick St-Eloi avaient aussi été affichées durant le concert.

 

Le propos du zouk et du titre Zouk-La-Sé-Sèl-Médikaman-Nou-Ni, c’est de pouvoir continuer à danser, à vivre et à rêver malgré les diverses scories de la vie. Grâce à la musique. Grâce au Zouk, ce genre musical éperonné, étalonné, par quelques personnalités dont Desvarieux au sein du groupe Kassav’ et qui a modifié le courant musical des Antilles  En travaillant. En osant. En se perfectionnant. En se professionnalisant encore davantage. En se diversifiant. Tout en se remémorant.

 

Ce sera ça que je préfèrerai, d’abord, retenir de Jacob Desvarieux.

 

Fête de l’Huma, 2019. Au centre, Jacob Desvarieux. Photo©️Franck.Unimon

 

Photos, vidéos, article  par Franck Unimon, Moon France, ce samedi 31 juillet 2021.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Crédibilité

Le Chiffre zéro en Santé Mentale

Le chiffre zéro en Santé Mentale

 

« Tout travail mesure salaire ». Mon salaire, aujourd’hui, sera de parvenir à vous faire rire ou sourire au moins une fois. N’hésitez pas, donc, après lecture, à me le faire savoir. Ps : les pleurs sont éliminatoires. 

 

 Chaque fois que ma bouche salive, elle fait son travail. Devant certaines vitrines, et en présence de certaines personnes, ma bouche salive. Je devrais donc, à chaque fois, toucher un salaire. Sauf que je ne perçois pas de rémunération pour cela. A la place, comme tout le monde, je dois payer.

 

Je ressens donc régulièrement un très fort sentiment d’injustice. Il  y en a qui, à ma place, ne paient pas. On les paie pour saliver. Je voudrais être comme ces personnes. Comme je ne peux pas, chaque fois que je salive, j’en veux à la Terre entière.

 

Le travail, pour lequel je touche un salaire légal et officiel, fait partie des métiers pénibles. Mais sa pénibilité, comme pour la fabrication de ma salive, est selon moi largement sous évaluée. Puisque je me sens victime d’une grande injustice. Et, il me faut trouver le moyen de la réparer.

 

C’est là où les chiffres vont nous sauver. Car nous sommes dans un monde de chiffres. Et les chiffres sont à la fois les pionniers et les très grands réparateurs de notre monde.

 

C’est en fonction de nos chiffres que nous devenons des personnes importantes. Etre un zéro est très mauvais pour notre fiche de paie  mais aussi pour la santé. Le chiffre Un, lui, fait de nous des personnes du plus haut niveau. Mais il faut faire très attention avec les chiffres. Il ne faut pas jouer avec eux. Parce que nous ne sommes rien devant eux et sans eux.

 

 

Pour la pénibilité au travail du personnel infirmier en psychiatrie et en Santé mentale, je ne sais pas si des recherches ont été faites dans les domaines suivants :

 

Durée d’Exposition à la psychose, aux angoisses, au morcèlement, aux menaces de mort,  aux insultes, aux menaces suicidaires, aux auto-agressions…

 

Les effets de ce genre d’exposition prolongée sur un être humain lambda.

 

Les préconisations pour préserver le personnel soignant exposé de façon répétée à ce genre de situations et d’expériences.

 

Le ratio entre la durée de vie d’un soignant en santé mentale, ses conditions de travail, et le déclenchement d’une maladie telle que cancer, trouble musculo-squelettique, apathie, boulimie, prise de poids, anorexie, dépression, nymphomanie, éjaculations précoces et rétroactives, alcoolisme, spiritisme, paranoïa, insomnie, aigreurs d’estomac, déclenchement des règles, adénome de la prostate, appétence pour des mauvaises séries télé, développement des caries dentaires, épistaxis sédentaire, culpabilité dégénérative, exhibitionnisme saisonnier, allergies aux fantômes, mythomanies itératives et autres pathologies classées confidentielles.  

 

En santé mentale, une grande partie du travail réalisé  est régulièrement invisible

 

Il passe sous les radars des signes, des symptômes et des examens exploratoires complémentaires :

 

Sang, pipi, caca, radios, prise de sang, nombre de globules blancs, IRM….

 

Mais aussi des chiffres et des résultats chiffrés.

 

Il y a toujours cette idée qu’en Santé mentale on ne fait « rien ».

 

Mais, aussi que ne rien faire, c’est ne pas travailler.

 

Alors que la présence, être attentif, préventif , à l’affut ou savoir se rendre disponible au bon moment , cela échappe au chiffre, à l’examen exploratoire, à la prise de sang, à la prise de rendez-vous. Et cela nécessite pourtant un effort, une intuition, une certaine tension et des compétences particulières d’un soignant. Même s’il ne fait rien. Même si cela ne se chiffre pas.

 

Ne rien faire, c’est aussi écouter. Et, ensuite, si c’est possible, si c’est nécessaire, essayer de parler, de se faire admettre et écouter dans la conscience bousculée de l’autre.

 

 

Beaucoup de gens ont besoin d’être écoutés. Tout le monde a besoin d’être écouté. Mais aussi d’être regardé. Pas seulement en Santé Mentale. Partout. Tout le temps. Du plus petit nombril au plus grand nombril. Jusqu’à la mort.

 

Et, ce travail là ne se chiffre pas. Chiffrer le nombre de fois où l’on prend vraiment le temps d’écouter une personne. Où l’on prend vraiment la peine de la regarder et de la considérer.

 

Même si elle sent mauvais. Même si elle délire. Même si son élocution est difficile à comprendre. Même si ses propos et ses comportements nous heurtent. Même si cette personne est régulièrement persuadée que nous sommes des abrutis.  Ce qui peut être vrai. Même si elle pense que nous sommes des tortionnaires. Ses tortionnaires.  Des domestiques. Mais, aussi, des incapables et des incompétents !

 

Ce genre de situation, plus ou moins répétée, ne se chiffre pas. Autrement, autant énumérer le nombre de fois où nous clignons des yeux. Où nous salivons. Où nous réfléchissons. C’est impossible.

Pourtant, nous vivons ce genre de situation. En Santé Mentale, nous le faisons. Autrement, la relation, la matière première, le fusible direct de notre travail, avec les patients ( ou les « clients » ) ne se fait pas. Ne se crée pas.

 

Parce qu’il faut la créer, cette relation. Elle ne nous est pas donnée. Il nous faut aller la chercher. Et, malgré ça, malgré nos essais, la relation ne se fait pas forcément. Car il est très difficile de se mettre toujours au diapason d’une relation avec une autre personne. Même si c’est notre métier. Même si c’est notre volonté. Dans la vraie vie, c’est pareil. Nous ne sommes pas toujours synchrones avec tout le monde.

 

 Parce-que, contrairement aux chiffres, nous avons tous des limites. Même dans la vraie vie. Surtout dans la vraie vie. C’est pareil en Santé Mentale.

 

 

Regarder l’autre, l’ écouter, être avec lui, cela engage personnellement les soignants en Santé Mentale. Ce n’est pas la blouse qui fait le soignant. Ni le protocole. Ni le code d’accès. Même si ça peut aider.

 Il n’y a pas de trucage possible. Il n’ y a pas de « truc ». De formules toutes faites. De Com’. De pschit-pschit. De sourire avec des dents ultra blanches pour que cela suffise à détartrer définitivement une angoisse, un déficit de l’attention, une impulsivité, le déni, une immaturité émotionnelle, une névrose obsessionnelle ou autre. Cela peut paraître vrai dans une publicité ou se réaliser dans un film grand spectacle en 3D et en 4 ou 5K en contre-plongée. Mais cela ne se passe pas comme ça en Santé Mentale. Autrement, beaucoup de soignants en Santé Mentale feraient carrière sur scène, à Hollywood  ou sur Netflix ou HBO et gagneraient beaucoup plus d’argent.

 

Tout le monde a envie et besoin d’être regardé et écouté. Même notre Président de la République et tous les autres avant et après lui. Même ses Ministres. Même les chefs d’entreprise. Il n’y a pas que les Divas et les Stars ou les célébrités qui ont envie d’être regardées et écoutées.

 

Tout le monde, lorsqu’il prend la parole ou fait un discours, aime être écouté et être regardé et se sentir particulièrement brillant. Et important. Le nombre de fois où cela arrive ne se chiffre pas. Cela ne se chiffre plus.

 

 

Si nos sommités politiques et nos grands décideurs et décideuses, chefs d’entreprises, chefs de service, managers et autres, se retrouvaient seules dans l’espace,  sur une île ou dans une cité déserte à s’adresser de plain-pied face à une caméra ou un robot. Sans savoir s’il est écouté. S’il est regardé. Obéi. Sa vie serait très stressante. Peu gratifiante. Même en étant archi bien payé, bien coiffé, bien habillé. Même en voyant graviter en permanence autour de son sourire fait de belles dents extra blanches, un drône, un satellite, une caméra ou un robot attentif à ses faits et gestes. 

 

Cette personne déprimerait et serait alors très contente qu’un( e )  soignant ( e ) en Santé mentale – qui ne fait rien– soit juste là, pour quelques temps, pour l’entendre ruminer. Pour l’entendre. Car le/la soignant  ( e) de Santé Mentale propose son entendement.

 

Donc, cette personne déprimée, délirante ou suicidaire, voire dangereuse pour la société pourrait raconter au soignant en santé mentale présent ( femme ou homme) ce qui lui passe par la tête. Y compris, si c’est ce que pense cette personne, à quel point elle a des grands plans pour la planète. Des plans de la plus haute importance. Et à quel point, elle souffre, aussi, de ne pas être reconnue à sa juste valeur.

 

Mégalomane ou non, aimable, introverti, extraverti, désagréable, fuyant, abandonné, de manière chronique ou passagère, tous les profils de postes et de personnes , avec ou sans inhibition, se retrouvent nez à nez avec nous, soignants en Santé Mentale.

 

Même si nous ne faisons rien, nous les recevons comme nous pouvons.  Que les relations soient faciles ou difficiles avec elles et leurs proches et leurs familles.

 

Ce travail ne se chiffre pas. Nous ne pouvons pas être partout à la fois.

 

A la comptabilité. Dans des services administratifs. Au téléphone. Dans des réunions. Face à des caméras et des micros. En déplacement. Dans notre bureau. Devant un ordinateur.

 

Nous résistons au changement ? Nous sommes anachroniques ? Parce-que les gens ont moins besoin qu’auparavant d’être écoutés, regardés, compris,  acceptés , rattrapés, protégés, encouragés, soignés et conseillés ?

 

Il est vrai que nous sommes rarement des girouettes. C’est plus simple pour être des personnes rassurantes et de confiance.

 

Nous ne réalisons pas non plus de sondages. Parce-que nous manquons d’ambition et estimons que nos intentions et nos actions ont plus d’importance que notre prestige, notre image ou notre carrière. C’est vrai, nous avons tort. Dans le monde des chiffres, il faut être carriériste. 

 

 Nous ne changeons pas non plus régulièrement d’interlocuteur et de lieu, et de milieu,  toutes les deux ou trois heures. Ou tous les deux ou trois jours. Ces lieux et ces interlocuteurs étant séparés de plusieurs kilomètres et de plusieurs heures, les uns avec les autres.

 

Il n’existe pas d’interface, de journalistes, de ministres, de porte-parole, d’auteurs de nos discours, de sous-secrétaires, d’attachés de presse, de coiffeurs, de maquilleuses, de porte-plume, de chauffeurs, de médecin personnel, d’avocat, de vigile, de garde du corps, et de quantités d’autres intermédiaires et de professionnels plus ou moins anonymes, transitoires ou autres qui font tampon entre nous et les situations  diversement et directement rencontrées.

 

C’est sans doute aussi pour cela qu’en Santé Mentale, nous ne faisons rien.

 

Car  si nous faisions véritablement quelque chose, les chiffres le formuleraient. Car les chiffres disent tout. Les chiffres n’oublient jamais.

 

Nous devrions, tous les jours, et toutes les nuits, nous incliner devant toutes les divinités  magnifiques des chiffres et leur demander à toutes de nous pardonner et de nous éloigner de l’obscurité du chiffre zéro.

 

Franck Unimon, ce vendredi 30 juillet 2021.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Corona Circus

Connaître son corps

                                       Connaître son corps

 

On vit vieux, dans ma famille. « Vieux », c’est une moyenne d’âge comprise entre environ 80 et 90 ans.

 

C’est peut-être une croyance. Cela ne repose sur aucune connaissance spécifique que j’aurais en particulier. Je n’ai pas d’explication scientifique à ce sujet. Je ne l’ai pas vu sur internet. Mais ce sont des exemples, ou des modèles, que j’ai devant les yeux depuis mon enfance. Et ces exemples sont devenus partie intégrante de mes croyances. Ils m’ont convaincu que je vivrais, aussi, vieux. Cela fait partie de ces certitudes intimes, ou de ces secrets, que l’on a tous et dont on parle peu ou prou. Si j’en parle maintenant, c’est évidemment au vu du contexte. Du contexte et des circonstances que nous connaissons.

 

On accepte encore plus facilement une croyance lorsqu’elle nous convient.  Que cette croyance soit vraie ou fausse. Qu’elle soit religieuse ou non. Qu’elle soit vérifiable ou non.

 

Toutefois, pour l’âge réel de ma mort, que je l’accepte ou non, j’aurais la possibilité, et même l’exclusivité, dans le carré VIP ou j’entrerai sans payer, de vérifier si ma croyance familiale était fondée.

 

 

Dans ma famille, on ne se pend pas. Et on ne meurt pas non plus d’un cancer, ou alors, très vieux. C’est rare.

 

D’autres sont moins chanceux. Comme cet ancien collègue, un de mes modèles dans les premières années de ma carrière d’infirmier en psychiatrie, retrouvé dans sa maison, pendu, par son fils adolescent. Ou comme mon ami Scapin, décédé d’un cancer moins de cinq ans avant son départ à la retraite.

 

Je suis un (très) lent. C’est peut-être pour ça que je vivrai un peu vieux. Dans le quotidien, je parle « Toujours sur le même ton » avec une voix en sourdine, intestine, du genre fouine. Ou monocorde. Les gens n’aiment pas ça. Ce qu’ils veulent, c’est faire la fête sans arrières pensées et sans barrières. Avec moi, il y a souvent une impression menaçante et bizarre qui plane. D’ennui. Une mauvaise conscience qui accouche comme dans l’album Mezzanine de Massive Attack. Je n’en n’ai rien à faire de faire le « vieux » en parlant de cette œuvre aujourd’hui où le Rap et les musiques de consoles et de jeux vidéos sont devenus la norme et la forme. Car ma durée de vie sera peut-être bientôt équivalente à celle d’un hamster en cage. Deux ou trois ans.

Ps : Ci-dessous, je mets le lien vers cette vidéo du titre Angel (chanté par Horace Andy) du groupe Massive Attack en concert il y a 13 ans. Vidéo que je découvre et qui me plait beaucoup. Cependant, je recommande de voir la vidéo officielle du titre que je n’ai pas pu importer. Je la trouve encore « mieux ». Elle montre très bien, je crois, la chorégraphie de cette peur dont nous nous sommes de plus en plus munis dans notre quotidien depuis un an et demi. Je recommande aussi, mais pour l’extase cette fois, de voir en concert- également en 2008- le titre Teardrop ( toujours de Massive Attack ) chanté par Elizabeth Fraser. Le fait qu’Elizabeth Fraser soit écossaise a peut-être aussi joué pour moi un rôle dans mon attachement à son interprétation. L’Ecosse étant un pays où j’ai vécu, dans le passé, des moments importants.

 

Je ne suis pas celui dont on recherche la compagnie. Je ne suis pas encore mort et, pourtant, c’est comme si. C’est sans doute pour cette raison que j’étais allé aux enterrements de ces deux ex collègues et amis ( D… et Scapin). Par attachement, tristesse et aussi surprise. Car il est impossible, en rencontrant quelqu’un de pronostiquer d’emblée :

 

« Celle-ci ou celui-ci, elle ou il n’en n’a plus que pour tant d’années de vie courante ».

 

 

Après toutes ces années, je ne connais toujours pas mon corps. Il m’est donc difficile de connaître les ressorts de celui des autres. Par contre, il est possible de les aimanter. Car tous les corps ont des besoins, des désirs et des déclics. Au point que cela peut en devenir un capharnaüm à moins qu’il n’existe, quelque part, un ou plusieurs rouages, ou un chef d’orchestre, pour aiguiller ça. Ou des personnes dont c’est le métier.

 

Cette personne a souvent le visage ou l’attrait de ce qui nous inspire confiance. Celui d’un acteur. De la Maitre-Nageuse qui nous apprend à nager. Cela peut aussi être une œuvre ou un travail que l’on aimera et que l’on choisira de suivre ou de poursuivre.

 

Il y a plusieurs années, alors que j’interviewais une danseuse, chorégraphe et réalisatrice célèbre, j’avais osé lui dire :

 

« C’est vrai que le corps est une prison…. ». 

 

Avec un petit rire gêné, elle avait très vite repoussé ma proposition, pourtant asexuée :

 

« Non, non, le corps n’est pas une prison ! ». Elle m’avait donné l’exemple d’une personne handicapée motrice qui, grâce à la danse,  était « libre dans son corps ».

 

Je voyais ce qu’elle voulait me dire. Bien-sûr, elle avait raison. Incapable de la contredire,  je m’étais senti déplacé devant son autorité et son assurance de danseuse et de chorégraphe, très grande connaisseuse de la gravité et du corps. Comme si je n’avais jamais arrêté de n’être qu’un petit soldat. J’avais essayé de penser. Je venais d’être ramené aux ordres et à la raison par une plus qu’illustre Générale.

 

Néanmoins, il m’est resté un grain de cette impression. C’est en partie avec ce grain que je fabrique la poudre de ce texte.

 

Un de mes anciens collègues, psychanalyste lacanien, très peu sportif, m’avait lui, dit un jour :

 

« Le corps, c’est l’inconscient ! ».

 

Quand j’étais allé à l’enterrement de ce modèle et collègue retrouvé pendu chez lui par son fils, Scapin faisait partie des présents. Avec lui et un autre collègue, Spock, nous nous étions racontés des histoires drôles poudrées à l’humour noir. Un humour que j’ai appris à développer au contact de personnes comme eux, mes aînés de dix ans, et que je produisais très certainement en moi auparavant.

 

Mais je me rappelle aussi que Scapin m’avait surpris en disant subitement à propos de notre collègue  disparu ( et dont personne n’avait prévu le geste) :

 

« Je n’aurais pas aimé être dans sa tête (ou à sa place) dans les quinze minutes qui ont précédé le moment où il s’est pendu ! ».

 

Nous n’avons jamais su pourquoi. Et le Savoir n’aurait rien changé.  Je ne sais pas comment, par la suite, le fils de ce collègue a vécu dans son propre corps. Et s’il a réussi à s’y sentir libre.

 

Lorsqu’il a été atteint de son cancer, Scapin n’en n’a pas parlé tout de suite. Je me rappelle qu’avant qu’il ne me l’apprenne, il avait pris soin de venir voir ma fille, encore bébé, chez une amie commune dans la ville de US.

 

Comme à mon habitude, j’avais pris plaisir à l’embêter en le photographiant et en le filmant. « Arrête avec ça ! ». Après cette rencontre, m’avait ensuite appris Milotchka, sa  femme, Scapin avait arrêté de voir des gens. Lui, si curieux des gens,  barjos inclus, plusieurs mois avant sa mort, avait décidé de rentrer « dans sa tente ». Il me l’avait écrit par sms.  Il refusait toute sollicitation extérieure comme me le confirma plus tard Milotchka.

 

Lorsqu’il m’envoyait un sms, il le concluait toujours par un péremptoire « Surtout, ne réponds pas à ce message ! ». C’était à la fois touchant et très drôle. Je croyais pouvoir en rire un jour avec lui car, pour sur, je souhaitais qu’il vive davantage. Je n’ai pas pu en rire avec lui.

 

Scapin n’était pas très sportif. C’était encore moins un artiste martial. Sa plus grande performance sportive devait consister à revêtir son jogging et à mettre une paire de baskets. Après ça, il était épuisé.  Cependant, à un moment, il avait compris qu’il n’en n’avait plus pour très longtemps. Et, il a choisi sa façon. Sa femme m’a raconté un peu le jour où, à l’hôpital, en sa présence, il avait décidé de mourir.

 

Dans son livre UCHIDESHI ( Dans Les Pas Du Maître) , Sensei Jacques Payet, 8ème dan, Shihan, au sein de l’organisation Aikido Yoshinkan, nous parle plusieurs fois du Shugyo

 

Page 173 :

 

« Pendant tout ce temps, j’ai toujours gardé les mots de Kancho sensei à l’esprit.

« Acceptez et même provoquez une situation dans laquelle toutes les chances sont contre vous, où vous n’avez aucun contrôle, aucun échappatoire et aucun autre choix que de faire face à votre peur. Notre shugyo est de trouver un moyen de renverser une telle situation, en transformant la pire situation en notre meilleur allié (…) dans le cas du budo, on attend de chacun de nous que l’on fasse de notre mieux chaque jour, dans les pires ou les meilleures conditions, lorsqu’on est malade ou ivre, dans les bons ou les mauvais moments. Le processus est aussi important que les résultats, et il n’y a pas de but précis, si ce n’est une lutte de toute une vie avec soi-même ».

 

Un peu plus loin, page 177, Jacques Payet écrit :

 

« Apprends avec ton corps » nous disait-on- c’est vraiment la seule et unique façon d’apprendre le budo ».

 

En occident, on peut avoir une vision très idéalisée du Japon ou des Arts martiaux. Je l’ai eue, cette vision idéalisée. 

 

Le dogme est un puissant hypnotique. La conviction paranoïaque et délirante, aussi. On les secrète abondamment lorsque certains de nos récepteurs intimes se retrouvent au contact d’un territoire et d’une logique qui coïncide avec notre histoire sensible. On se sent comme chez soi dans cette seconde peau et cette nouvelle vie. Chez soi, pour éviter  les intrusions, on met des verrous. Et on ouvre uniquement aux personnes de confiance, qui pensent comme nous. Cette seconde peau et cette nouvelle vie se méritent. On a franchi certaines étapes pour y arriver. Pour « évoluer ».  Souvent, les autres, veulent nous retirer ça ou nous inciter à nous en séparer. Ce sont des antagonistes. Au mieux, des personnes avec lesquelles on reste poli et à distance. Que l’on affronte ou que l’on doit supporter si elles nous emprisonnent.

 

Bien-sûr, aujourd’hui, au vu du contexte de la pandémie du covid, en parlant de dogme, je pense au moins aux personnes les plus radicales parmi les anti-vaccins Covid et  les pro-vaccins Covid.

 

 

Hier, pourtant, j’ai pris rendez-vous pour me faire vacciner. Après avoir lu dans les journaux papier Charlie Hebdo, Le Canard Enchaîné et Le Parisien, le joli comité d’exclusion qui se concocte pour celles et ceux qui refusent de se faire vacciner. Ils seront privés du sésame du passe sanitaire. Charlie Hebdo ( ainsi que le Le Canard Enchainé) s’inquiète du fait  que ce passe sanitaire soit contraire à un certain nombre de libertés et aussi créateur de violentes inégalités entre les citoyens. Dès l’année dernière, avec le premier confinement, nous avions commencé à perdre des libertés.

 

Le « Charlie Hebdo » paru ce mercredi 28 juillet 2021.

 

L’hebdo s’inquiète aussi de la mainmise renforcée de l’informatique sur nos corps et sur nos vies. C’est malheureusement « logique » : Le Président Macron fait partie de cette file active de décideurs très technophiles et aussi adorateurs du chiffre et du logiciel devant l’humain. Pour ces spécialistes, la nuance de l’être humain est une tare préhistorique. Le présent et le futur, c’est des codes à la virgule près, des oups en cas d’erreur ou d’oubli de code. Et de s’adresser à des chiffres et à des logiciels.  Qu’ils soient virtuels ou matraqués par des humains.  

 

Si nous sommes des asservis volontaires d’internet et des GAFAM, et que ceux-ci permettent aussi des plaisirs et des libertés, je suis aussi marqué par le fait que la plus grande partie des informations qui cisaillent les avis entre les anti-vaccins et les pro-vaccins provient aussi d’internet. Et, il n y a pas de garde-fous.

 

Cependant, Charlie Hebdo, comme Le Canard Enchaîné, comme Le Parisien et d’autres journaux papier restent des adeptes des vaccins  contre le Covid qu’ils ne nomment pas. Parmi eux, les « vaccins » des laboratoires Pfizer et Moderna  à ARN messager  qui nécessitent chacun deux injections à plusieurs semaines d’intervalle (3 semaines d’intervalle entre la première et la seconde injection pour moi en aout avec le Pfizer). Le vaccin Pfizer semble le plus utilisé autour de moi désormais.

 

Il y a aussi le vaccin Johnson & Johnson (1 seule injection) moins prisé car plus d’effets secondaires graves ont été constatés avec lui. Et le vaccin Astrazeneca (2 injections).

Le journal « Le Parisien » de ce mercredi 28 juillet 2021.

 

Savoir que la plupart des journaux papier encouragent à la vaccination et discuter avec plusieurs personnes vaccinées- que je connais et crois suffisamment critiques et sensées-  m’a aussi décidé malgré mes réserves sur ces vaccins que ma santé et moi allons apprendre à découvrir au fur et à mesure.

 

 

Connaître son corps, connaître son sort, on dirait que ça se ressemble. Mais c’est peut-être une croyance et une idée fausse. Dans ma famille, on vit vieux. J’essaierai de faire de mon mieux.

 

Franck Unimon, ce jeudi 29 juillet 2021.

 

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Gagner plus d’argent

 

Gagner plus d’argent

 

Quantités et cent façons

 

 

La façon dont je gagne de l’argent a plus d’importance que sa quantité. J’ai failli écrire :

 

« La façon dont je gagne de l’argent commence à avoir plus d’importance… ».

 

Puis, j’ai un petit peu réfléchi et je me suis corrigé. Depuis le début, la façon dont je le gagne, cet argent, ce miroir, cette excroissance particulière de soi, a eu plus d’importance que sa quantité. C’est un automatisme et un conditionnement si bien assimilés depuis des années que je l’avais oublié. Ça m’a inspiré spontanément beaucoup de mes choix lorsque, vers ma majorité, accédant au monde des adultes mais aussi à celui de mes « libres » choix, je me suis dirigé vers un métier plutôt que vers un autre. Vers une relation plutôt que vers une autre. Vers certaines destinations plutôt que vers d’autres. Vers certaines discriminations plutôt que vers d’autres. Vers certaines expériences plutôt que vers d’autres.

 

Il n’y a aucune noblesse dans mon attitude de départ.

 

La peur du chômage au moins, la peur du monde ainsi que le peu de valeur que je m’accordais, plus que l’adéquation avec mes aspirations profondes, m’ont fixé. Puis, présenté certaines décisions et objectifs comme « réalistes » pour une personne comme moi.

 

Réalisme que d’autres refusent et ont refusé.

 

Avec plusieurs années de retard, une trentaine, j’ai écouté et réécouté hier l’album Live At Reading du groupe Nirvana « de » feu Kurt Cobain. Le concert date de 1992. Un cd de plus emprunté à la médiathèque de ma ville il y a environ quinze jours avant qu’elle ne ferme pour quinze jours, pour la première fois, pendant l’été. Je verrai bien si, lors de sa réouverture, la nouvelle obligation de présenter un pass sanitaire sur un lieu public- pour causes de pandémie due au Covid- me privera désormais de l’accès à la médiathèque où j’ai mes habitudes. Et où j’emmène ma fille régulièrement depuis qu’elle a moins de un an. ( Dans la peau d’un non-vacciné)

 

Sans a priori, pourtant, on peut dire que mes rapports avec le réalisme diffèrent de ceux qu’ont entretenus Kurt Cobain et les autres musiciens du groupe avec lui.

 

A priori :

 

 

En 1992, je « connaissais » le groupe Nirvana par son titre Smells like Teen Spirit. Un titre que j’aimais bien alors que Nirvana, la musique grunge, ne faisait pas partie, a priori, de mes entités musicales.

 

A priori.

 

Car, pour paraphraser l’humoriste Dédo qui avait pu demander, avec son allure de hard-rocker ou de gothique « Est-ce que j’ai une gueule à écouter du Zouk ?! », en 1992, j’étais « dans » d’autres genres musicaux que le grunge. Et, pour en avoir fait et refait l’expérience, je ne crois pas que la majorité des adeptes de Nirvana de cette époque ou d’aujourd’hui, soient prêts à écouter du Zouk, du Dub, de la Salsa, du Maloya ou du Léwoz. Et, encore moins à en danser.

 

Les adeptes de Nirvana préfèrent entrer – et rester- dans d’autres atmosphères afin de chasser leurs fantômes ou de communier avec eux. Pourtant, dans beaucoup de ces univers de « gratteux », lorsque l’on regarde de plus près à la source des religions musicales de ces prêtresses et de ces prêtres du Rock – pour électrifier ou simplifier – on retrouve des croisements et des inspirations « étonnantes ».

 

Le Bluesman Leadbelly pour Kurt Cobain ? BB King pour Bono du groupe U2 qui, dix ans avant Nirvana, dans les années 80, avait sans doute eu le même éclat ?

 

Et, avant U2, AC/DC, dans les années 70, dont l’écoute de quelques titres en concert suffisent pour retrouver le goulot du Blues ?

 

En nommant AC/DC, U2 et Nirvana, je cite seulement trois groupes musicaux qui, avant l’avènement du Rap, et même après son avènement (nous sommes le mardi 27 juillet 2021) aujourd’hui encore, je le crois, vont parler à beaucoup de personnes.

 

Jeunes et moins jeunes. Adeptes de Rap ou d’autres genres musicaux.

 

Au départ, je n’avais pas du tout aimé le groupe U2 et son titre Sunday, Bloody Sunday par exemple. Mais j’avais aimé With or Without you avant d’autres titres. Comme avec la musique classique, lorsqu’un musicien ou un compositeur « compte », il y a toujours une œuvre ou un titre que l’on va aimer ou que l’on a aimé sans le savoir.

 

Si des jeunes d’aujourd’hui, comme je l’ai « été », font d’abord la grimace en entendant  parler de AC/DC, de U2 ou de Nirvana ou de leurs titres, c’est peut-être parce qu’ils ne sont pas encore suffisamment « mûrs » ou suffisamment « sûrs » de ce qu’ils ressentent pour s’apercevoir que ces groupes, comme bien d’autres groupes de différents genres musicaux, parlent d’eux.

 

Je n’étais pas suffisamment « mûr » pour m’apercevoir de l’importance du groupe NTM lorsque le groupe existait dans les années 90. Pourtant, je le « connaissais ». J’avais même acheté le Cd d’un de leurs albums :

 

J’appuie sur la gâchette.

 

Mais, si j’étais allé, seul, au Zénith au concert de Mc Solaar (concert qui m’avait déçu) comme à celui, à l’Olympia, du groupe I AM (un des meilleurs concerts auxquels je sois allé) j’avais manqué de courage pour aller à celui de NTM.

 

Ce n’était pas la musique de NTM qui m’avait effrayé.  Car certaines musiques font « peur ». 

 

C’est le public de NTM qui m’avait fait peur.

 

Je n’avais pas de bande, de potes ou d’amis à même de me protéger ou de me défendre si, en me rendant à un de leurs concerts, dans les années 90, on avait commencé à me chercher noise. Je voulais aller à un concert. Pas à un combat UFC contre plusieurs assaillants potentiels pour une histoire de casquette, de blouson ou d’apparence.

 

Je ne me posais pas ce genre de question pour ma sécurité ou ma survie en me rendant, souvent seul, aux autres concerts. Je me l’étais et me la suis posé seulement pour un concert de NTM dans les années 90.

 

 Et, c’est seulement après la dissolution du groupe, vers 2005, que je m’étais aperçu de l’importance du groupe dans ma vie. En réentendant certains titres. En voyant certains passages de leur concert.

 

Avant 2005, même si j’avais aimé plusieurs des tubes de NTM, je rejetais moralement l’image et certains des comportements du groupe (de Joey Starr en premier lieu) au travers de divers faits divers commentés et très médiatisés.

 

Le temps me semblait sûrement cimenté alors que des groupes comme NTM ou Nirvana savent le fracturer et promouvoir leur éclosion au travers des fissures là où je m’arrêtais devant le mur.

 

La Base de L’Oncle Tom ?

 

Pour l’élaboration d’une bonne pizza, il faut commencer par la base, c’est à dire la qualité de la pâte alimentaire que l’on utilise, les ingrédients, le tour de main, la température de la cuisson et ensuite le type de four que l’on emploie.

Etais-je de la bonne pa-pâte à Oncle Tom ?

 

Vingt ans plus tôt, au lycée Joliot-Curie de Nanterre, Pascal, un « grand », Rasta, l’antithèse de l’Oncle Tom, musicien, ami d’un ami qui faisait alors figure, pour moi, de grand frère de substitution, m’avait subitement interpellé :

 

« Qu’est-ce que tu fais ?! ».

 

C’était jour de classe et je venais d’entrer dans la cour du lycée. Pascal, ancien basketteur, plus âgé que moi d’un ou deux ans, plus grand que moi de vingt bons centimètres, était debout, appuyé contre un arbre chétif situé sur un petit promontoire. Tel un surveillant observant la façon dont les uns et les autres pénétraient en défilant dans le lycée. Une fonction complètement officieuse. Pascal devait être en terminale. J’étais en première. A côté de lui,  se trouvait un autre garçon à peu près de son âge.

 

Devant ce tribunal improvisé, j’avais été désarçonné. Cette interpellation ne faisait pas partie des matières prévues dans mon emploi du temps.  

 

Je m’étais senti obligé de répondre. Je « connaissais » Pascal. Je l’admirais et le craignais aussi. Son autorité. Son allure. Son assurance. Tout cela, évidemment, j’en étais dépourvu. Je me sentais son inférieur.

 

J’avais réussi à répondre : « Je vais à l’école… ».

Pascal avait alors répété, avec un air un peu sardonique : « Tu vas à l’école ?! ». A ses côtés, l’autre « grand » s’était marré tout doucement en se tournant vers Pascal. Pour ajouter : « Il va à l’école… ».

 

J’aurais pu répondre que c’était déjà plus que bien que je sois au lycée, et assez bon élève. Mes parents, d’origine modeste, avaient accédé à la classe moyenne, en quittant jeunes leur île natale et tropicale – plus tard, j’allais apprendre que leur île natale faisait rêver beaucoup de monde par ailleurs- pour la France.

 

Mon père, afin de m’assurer un avenir, avait eu le projet pendant des années de faire de moi un futur mécanicien de voitures. Moi qui ne savais même pas changer une roue de vélo et qui étais beaucoup plus un petit intello à lunettes qu’un manuel. Hier encore, même si je me suis un peu civilisé pour certaines œuvres manuelles, juste pour essayer devant ma fille une nouvelle petite pompe à vélo très esthétique -présentée comme très pratique par la vendeuse- je n’ai pas été très convaincu par mes compétences. Ainsi que par la pertinence de mon achat.

 

Mais pour mieux répondre à Pascal, il aurait déjà fallu que je comprenne à qu’avoir obtenu l’accord de mon père pour aller au lycée revenait presque au fait d’accéder à une grande école du genre l’ENA, Polytechnique ou Sciences Po. Cela, grâce à l’intervention de ma prof de Français de 3ème, Mme Askolovitch /Epstein.

 

Peut-être que certaines et certains de mes camarades connaissaient ces grandes écoles. Je pense à ceux qui m’étonnaient dès le début de l’année scolaire lorsqu’ils lâchaient un :

« J’ai regardé le programme de cette année ». Ou qui se montraient plus que critiques sur tel collège ou tel lycée dont le niveau avait « baissé ».

 

Evidemment, mes parents et les membres de ma famille, eux, n’avaient jamais été concernés par ces histoires de « programme de l’année », de « niveau qui avait baissé » ou par l’existence de ces grandes écoles.

 

Par contre, la mécanique automobile, niveau BEP, ma famille connaissait.

 

Nous étions au milieu des années 80. L’époque de François Mitterrand, Président socialiste. De U2. Ou de Kassav’pour celles et ceux qui savent. Quelques années après AC/DC. Avant Nirvana. NTM n’existait alors pas en tant que groupe de Rap.

 

Alors, Kool Shen, Joey Starr, ou MC Solaar et Akhénaton, qui ont à peu près le même âge que moi, auraient pu être des « connaissances » si nous avions habité dans la même cité ou dans les mêmes environs. Des personnes que j’aurais pu saluer ou dont j’aurais pu connaître le nom et certains « faits ». Comme cela a été le cas pour plusieurs jeunes de ma cité et des environs que je croisais ou dont les noms parfois circulaient.  Je me rappelle encore des noms de famille et des prénoms de certains.

Que ces jeunes aient « mal » tourné ou se soient « bien » intégrés dans la société et le monde des adultes. Des jeunes qui, comme les fondateurs de Nirvana ou de NTM, à un moment ou à un autre, ont été en colère et tristes comme beaucoup de jeunes mais qui ont voulu prendre du bon temps et ont suivi certaines règles autrement, d’abord les leurs,  lorsque le monde des adultes s’est rapproché d’eux et que leur tour d’y entrer est arrivé.

 

Hormis pour Hypokhagne, je ne peux pas affirmer que connaître alors l’existence de l’ENA, Polytechnique, Sciences Po ou d’autres grandes écoles, aurait beaucoup changé mes « choix » d’orientation à la fin du lycée. Mais nos décisions peuvent changer ou évoluer selon les perspectives et les exemples que l’on connaît près de soi ou autour de soi. Avec les expériences que l’on s’autorise.

 

Peut-être étais-je un Oncle Tom dès le lycée ? Moi qui avais déjà lu plusieurs livres de Richard Wright, sans doute de Chester Himes, qui écoutais du Bob Marley à la maison depuis mon enfance ; qui m’intéressais à la philosophie, et qui, avant mes dix ans, avais eu droit à des leçons répétées de mon père à propos de l’esclavage ?

Je m’intéressais aussi aux Black Panthers, à Malcolm X et à Martin Luther King, à L’ANC et à Nelson Mandela, alors encore en prison. Mais rien de cela ne transparaissait dans mon comportement de lycéen scolaire et  soumis. On peut être un Oncle Tom lettré.

 

Ce jour-là, j’avais réussi à répondre plutôt timidement à Pascal et à son partenaire :

 

« J’écris des poèmes… ».

 

Si son comparse, sans doute un annexe secondaire, s’était tu, Pascal, lui, de manière surprenante, avait donné du crédit à cette nouvelle donnée.

 

Il ne m’a pas dit : «  C’est très bien. Continue ! ». Ni : « Ce serait bien que tu me montres ». Mais j’ai perçu que ces quelques lignes que j’avais pris l’habitude de tracer sur des feuilles de papier m’avaient donné un petit peu plus de consistance à ses yeux. Même si je ne voyais pas en quoi ce que j’écrivais me distinguait tant que ça de toutes celles et tous ceux qui allaient « seulement » à l’école, j’avais compris que je faisais quand même quelque « chose » qui trouvait grâce à ses yeux. Je n’étais pas un Oncle Tom ou un benêt en voie de finalisation.

 

Je veux bien croire que Pascal ait rapidement oublié cette anecdote. Comme il a pu oublier qui je suis, alors que je m’en rappelle encore plus de trente années plus tard. Ce genre de situation m’arrive régulièrement. Plusieurs années plus tard, je reconnais et me rappelle de personnes qui m’ont totalement oublié. Ceci pour dire comme j’étais peu marquant comme individu.

 

Il y a à peine deux semaines, j’ai refait le même coup à quelqu’un. La dernière fois que je l’avais vu, c’était…en 1989. Il ne se souvenait absolument pas de moi. J’ai pu lui restituer le contexte avec tellement de détails qu’il a été obligé d’accepter que notre rencontre avait bien eu lieu.  Comme lui dire, qu’à cette époque, le tube de Laurent Voulzy qui passait était Le Soleil donne. Et qu’au cinéma, on parlait pas mal du film Faux-semblants  de David Cronenberg. Finalement, avant de se rendre définitivement, il a fini par me demander :

« Mais comment ça se fait que tu te souviens de moi ?! ».

Je lui ai alors répondu, très sûr de moi :

« Pourquoi je ne me souviendrais pas de toi ?! ».

 

En cherchant sur internet il y a quelques années, j’ai appris que Pascal était devenu éducateur spécialisé. Je n’ai pas l’impression qu’il ait continué de faire de la musique pour des raisons que je ne m’explique pas. Et, la dernière fois que je l’avais croisé, cela devait être à l’université. Il avait alors rasé ses locks et était devenu facteur à vélo.

 

Le hasard veut que l’homme que j’avais rencontré en 1989- et à qui j’ai fait la surprise de le reconnaître récemment- porte aujourd’hui des locks et est musicien. En 1989, je ne le savais pas musicien ( ou je l’ai oublié) et il avait une coupe de cheveux plutôt similaire à celle de Pascal, la dernière fois que j’avais croisé celui-ci et qu’il était devenu facteur.

 

Nirvana :

En écoutant et en réécoutant hier cet album live du groupe Nirvana, j’ai eu l’impression d’écouter et d’entendre ce qui me manquait dans ma jeunesse. Et ce qui fait, en principe, le panache de la jeunesse avec l’insouciance :

 

 Le fait de vivre sans s’arrêter et sans contrôle.

 

Le groupe Nirvana, et Kurt Cobain, me font penser à des personnes qui, dans un restaurant, casseraient tout. Que l’on applaudirait ensuite. Et à qui l’on glisserait discrètement à l’oreille :

« Vous avez fait ce que j’avais envie de faire depuis longtemps ». « Ou très souvent ».

 

Et, au moment de payer l’addition et les réparations, les spectateurs ou tout un tas de médias et de personnalités les plus diverses se dépêcheraient soit de répéter :

 

«  C’est de l’art ! Ce n’est pas à eux de payer ! Ils ont raison ! ». Rapidement, quelqu’un justifierait leur comportement et expliquerait en quoi, là, précisément, le fait d’avoir tout cassé dans ce restaurant, était un acte salvateur et nécessaire pour la société et le monde entier.

 

La différence entre Nirvana, ou tout groupe, artiste ou personnalité qui casse ainsi la baraque, symboliquement ou concrètement, et le citoyen lambda ou scolaire, c’est d’abord d’être les premiers à  « défrayer la chronique » là où la majorité le pense et le souhaite mais n’ose pas le faire.  

 

Ensuite, l’autre différence avec la majorité, c’est que ces artistes et ces personnalités sont prêtes à assumer les risques de leurs comportements. Sur leur vie et sur leur santé. Ou acceptent d’être regardés de travers par la majorité voire provoquent cette majorité, ou cet ordre social ou autre, qui les contraint ou cherche à les contraindre.

 

Leur attitude n’est pas gratuite. On parle alors de Sincérité de leur engagement. Lequel engagement servira ensuite d’exemple ou sera reconnu par une bonne partie de la majorité. C’est ce que l’on appelle la « commercialisation » ou la « récupération ». Ou la reconnaissance. Si ces artistes ou ces personnalités ont la chance, ou la malchance – Kurt Cobain comme d’autres artistes a très mal vécu l’énorme succès de Nirvana- d’arriver à la bonne époque. En présence des témoins qui rendront compte ; qui sauront bien expliquer l’œuvre ; et qui sauront aussi trouver les moyens qu’il faut pour défendre l’œuvre, les artistes ainsi que leur souvenir.

 

Le citoyen lambda ou scolaire, lui, s’il se met à tout casser dans un restaurant, terminera en garde à vue. Cela sera peut-être marqué dans son casier judiciaire. Sauf s’il est reconnu irresponsable au moment des faits car sous le coup de troubles psychiatriques.

 

Cet incident, si le citoyen lamba ou scolaire, a un emploi « normal » comme la majorité des citoyens, peut lui faire perdre son emploi. Et, il devra, seul, rembourser les réparations de ses dégâts dans le restaurant. S’il a de la chance, et s’il avait contracté une bonne assurance, celle-ci pourra peut-être l’aider financièrement. S’il a moins de chance, sa femme le quittera peut-être. Ou, elle le trompera avec le restaurateur qui aura besoin de consolation.

 

Les artistes ou les personnalités, elles, pourront voir, jusqu’à un certain degré, leur CV se bonifier avec ce genre de dégâts. Elles se feront peut-être inviter par le restaurateur où tout cela s’était passé. Afin de les remercier pour toute la bonne publicité que l’incident a apporté à l’établissement. Le citoyen lambda ou scolaire, lui, devant le même établissement, sera déclaré tricard. Au mieux, s’il s’y prend bien, il aura peut-être le droit de faire la manche ou d’obtenir l’autorisation de venir vendre des fleurs aux clients du restaurant.

 

 

 Je crois que l’on s’attache, non à un marchand de fleurs, mais à un groupe de musique, ou à un auteur en particulier, parce qu’il exprime nos manques. Nos peines. Parce qu’il « display »- il dévoile ou exprime- ce courage qui nous a manqué ou que l’on aurait voulu avoir en certaines circonstances et étapes de nos vies. Car qui, n’a pas eu envie, un jour ou l’autre, dans certaines situations, de tout casser et s’est retenu ?

 

Ce genre d’expériences et de miroir avec un groupe ou une personnalité, n’a pas d’époque,  d’âge ou de genre musical ou même de domaine de discipline spécifique.

C’est pour cela que le nom d’un groupe, ses origines, sa couleur de peau, son style de musique ou sa langue importent peu. Tout ce qui compte, c’est le moment, où, dans notre existence, la rencontre avec notre « double » ou notre « alter-ego » public est possible et se fait.

 

Il y a tant de rencontres et d’opportunités ratées, avec soi-même et avec les autres, que lorsque certaines de nos rencontres réussissent, nous faisons le plein- et à ras bord- de ces rencontres. Par la musique ou dans d’autres domaines.

 

Sauf que pour qu’un Nirvana, un AC/DC, un U2, un Bob Marley, un NTM, Un MC Solaar ou un I AM « réussisse », beaucoup d’autres échouent. Et, davantage encore, en deviennent spectateurs. Faute de pouvoir tout casser, prendre des drogues ou des positions ultimes, autant laisser d’autres le faire à notre place. Et, pour quelques unes et quelques uns d’entre eux, Nirvana ou d’autres, une certaine réussite arrive.

 

 Car la réussite, pour ces artistes et ces personnalités, n’est pas totale.

 

Finir comme Kurt Cobain ? Il y en a quelques unes et quelques uns que cela fait et fera rêver. Selon moi, une minorité, et à une certaine période de la vie comprise, allez, entre 13-14 ans et…. 30 ans. Car c’est la période des ( plus) grands engagements. Corps et âme. 

 

Mais, d’une part, même si l’on a aujourd’hui entre 13 et 30 ans, c’est trop tard pour prendre la place de Kurt Cobain. A moins de décider de devenir son sosie.

Ensuite lui, comme bien d’autres célébrités, n’avait pas prévu ce qui lui est tombé dessus comme succès. Il y a tant d’artistes inconnus aujourd’hui qui le seront encore demain ou après demain, ou dans plusieurs années, alors qu’ils sont actuellement en activité. Plus ou moins doués. Plus ou moins engagés. Plus ou moins dévoués. 

 

 Et puis, rêver et nous souvenir de nos rêves, souvent, nous suffit. Autrement, nous serions très nombreux à avoir des vies qui ressemblent à celles des membres de groupes de musique, des auteurs, et des personnalités, que nous admirons tant.

 

Voir et acheter

 

Je parlais d’argent au début de cet article. Au fait de gagner plus d’argent. Plusieurs fois par jour, depuis des années, nous voyons gratuitement ce que nous pourrions vivre. Nous le voyons de manière si familière, que même en nous appliquant à être raisonnables,  nous finissons par acheter.

 

Nous baignons dans ce monde. Voir et acheter. Voir et vivre. Voir et participer. Voir et vouloir en être.

 

En réécoutant cet album de Nirvana, hier, je me suis demandé comment j’avais pu être aussi sourd à l’époque. Puisqu’ à part le titre Smells Like Teen Spirit et le fait de me rappeler qu’Eric B- un collègue psychiatre dont les compétences et le personnage m’avaient marqué- avait parlé de ce groupe, je n’ai rien fait pour écouter davantage Nirvana. Donc, pour m’écouter moi-même d’une certaine façon.

 

Gagner plus d’argent est devenu une obsession avant le fait de vivre. Ce constat donne plutôt envie de tout casser. Ou de voler.

 

Chaque article que je fais sort peut-être de mon kit de survie contre cette obsession.

 

Aujourd’hui, cet article est sorti de mon kit parce qu’hier, j’ai écouté et réécouté la musique en concert du groupe Nirvana. Autrement, j’aurais peut-être parlé du film The Black Widow avec l’actrice Scarlett Johansson que j’ai vu au cinéma il y a bientôt deux semaines maintenant.

 

D’autres n’ont pas ce kit.

 

 

Franck Unimon, ce mardi 27 juillet 2021.