Catégories
Au Palais de Justice Vélo Taffe

Hier, ce mercredi 29 juin 2022, jour du verdict des attentats terroristes de Novembre 2015 à Paris

Paris, ce mercredi 29 juin 2022, le matin, avant 7 heures, près de la gare St Lazare. Photo©️Franck.Unimon

Hier, ce mercredi 29 juin 2022, jour du verdict des attentats terroristes de Novembre 2015 à Paris

 

Hier était un jour spécial. Celui du verdict des attentats terroristes islamistes à Paris du 13 novembre 2015 à Saint-Denis (ville de banlieue proche de Paris) devant le Stade de France lors d’un match de Foot amical ; dans plusieurs rues des 10 ème et 11 ème arrondissements de Paris sur des terrasses de café et de restaurants ; en plein concert dans la salle de concert Le Bataclan qui se trouve aussi dans le 11ème arrondissement de Paris.

 

Je travaillais de nuit dans le 18ème arrondissement de Paris, près de la Porte de Clignancourt, lors de ces attentats du 13 novembre 2015. Je me rappelle encore un peu de cette nuit. Dans un de mes journaux intimes, j’avais écrit un peu à propos de cette ambiance de mort dans Paris qui avait duré quelques temps à cette période. A ce jour, je n’ai pas encore recherché ce journal intime. Mon blog n’existait pas à cette époque.

 

Hier, ce mercredi 29 juin 2022, je travaillais de 8h à 20 heures dans mon nouveau service depuis un peu plus d’un an, maintenant. Je n’ai pas pu me rendre au tribunal de la cité pour assister à ce verdict. Pas plus que je n’ai pu me rendre à une seule audience de ce procès qui avait pourtant démarré le 8 septembre 2021. Alors que cela avait été mon intention.

 

Deux ou trois fois, je suis allé au tribunal de la cité afin « d’assister » à ce procès (comme pour le procès de l’attentat de Charlie Hebdo où je m’étais rendu à une seule audience au nouveau tribunal de Paris) des attentats de novembre 2015.

Au tribunal de la cité, j’ai pu assister à une partie de l’audience d’un tout autre jugement  (Extorsion en bande organisée : Des hommes dans un garage et les avocats de la Défense) . Mais concernant le procès des attentats du 13 novembre 2015,  à chaque fois, je suis « mal » tombé. Y compris ce jour où l’audience avait été reportée car Salah Abdeslam, le principal accusé, avait attrapé le Covid.

 

Lorsque je l’ai pu, j’ai lu ce que j’ai pu trouver concernant ce procès : en grande partie, le récit fait chaque mercredi dans Charlie Hebdo

Mais j’ai aussi pu écouter quelques podcasts ou lire sur le sujet des attentats islamistes de ces dernières années en France ou sur le fanatisme islamiste d’une manière générale. J’ai aussi écouté quelques témoignages de victimes d’attentats de novembre 2015.

Sans être autant impliqué que les victimes, leurs proches, les associations de victimes d’attentats, les accusés et les complices de ces attentats, mais aussi les professionnels de la justice, de la sécurité, et les journalistes qui ont « suivi », « traité » ou se sont chargés de ce procès, je me suis senti et continue de me sentir concerné par ces attentats de novembre 2015 ainsi que par ces actes et ces situations qui peuvent leur ressembler ou s’en approcher. ( Panser les attentats- un livre de Marianne KédiaRicochets-Un livre de Camille EmmanuelleL’instinct de vie , Helie de Saint Marc par Laurent Beccaria, Sans Blessures Apparentes, Utoya, 22 juillet, Journal 1955-1962 de Mouloud Feraoun, Qu’un sang impur…    .Interview en apnée avec Abdel Raouf Dafri  ,   ). 

D’où la raison de cet article aujourd’hui, même si je n’ai assisté à aucune audience de ce procès qui a totalisé « 148 journées de débats » (page 2 du journal Le Parisien de ce mercredi 29 juin 2022, article de Pascale ÉGRÉet de Timothée BOUTRY).

 

Vélo Taffe :

 

Paris, vers la Place Vendôme, ce mercredi 29 juin 2022 au matin. Photo ©️Franck.Unimon

 

Depuis un peu plus d’un an maintenant, je me rends et repars de mon travail avec mon vélo pliant en passant par la Gare St Lazare par laquelle j’arrive en train depuis la ville de banlieue où j’habite.

Le plus souvent, je passe par le boulevard Raspail. Mais hier matin, j’ai eu à nouveau envie de passer par la rue de Rivoli. Ce qui m’a amené, ensuite, au Boulevard St Michel, et, avant cela, à tomber à nouveau sur ce barrage de véhicules de police que j’avais déjà aperçues, en passant à vélo, lors d’autres audiences de ce procès. J’ai pris le temps de m’arrêter pour faire quelques photos. J’ai aussi pu entendre un cycliste, descendant assez vite du Boulevard St Michel, crier en se rapprochant :

 

« Mais ils nous emmerdent avec ces barrières ! ».

 

 

Paris, ce mercredi 29 juin 2022, vers 7 heures du matin, vers le tribunal de la Cité. On peut remarquer l’enseigne Le Soleil D’or, au fond, à droite. Photo©️Franck.Unimon

 

On parle quelques fois de la barrière de la langue pour expliquer certains malentendus ou des relations difficiles. Mais, là, il s’agissait d’une toute autre barrière. Cela fait neuf mois que dure ce procès. Et cet homme, vraisemblablement un habitué de ce trajet, pressé d’arriver à sa destination, ne pouvait et ne voulait pas consacrer quelques minutes supplémentaires (cinq ou dix selon qu’il décide de mettre à pied à terre pour redevenir piéton et longer les barrières ou pour prendre un itinéraire bis) afin de permettre la conclusion de ce procès pour des événements qui nous avaient diversement touchés en 2015…..

Qu’est-ce qui est le plus horrible et le plus meurtrier ? Les actions terroristes préméditées, multipliées et impitoyables de 2015 ou la façon de penser de ce cycliste ?

Dans les faits, ce cycliste n’a tué personne et n’est responsable, a priori, de la mort de personne. Peut-être même exerce-t’il la plus grande mesure de son temps à sauver des vies de par le métier qu’il exerce. C’est peut-être un garde du corps. Un chirurgien chevronné. Un pompier. Un infirmier de pointe. Un homme qui part veiller sa mère ou sa grand-mère très malade. Ou un livreur de sang rare et réputé pour être l’un des plus rapides de Paris.

 

 

Ne pas juger

 

 

En revenant hier d’un transfert dans un hôpital du 18ème arrondissement pour mon travail, j’ai écouté un podcast sur le sujet du Crack. Les addictions font partie des « sujets » par lesquels je me sens concerné. D’ailleurs, j’ai toujours mon article à faire sur les 50 ans de Marmottan fêtés l’année dernière ( le 3 décembre 2021 !) à la salle de concert de la Cigale.

 

Dans les faits, nous sommes tous concernés par le sujet des addictions mais nous sommes encore plus que nombreux à l’ignorer pour différentes raisons  qui ont à voir soit avec une certaine désapprobation morale ou avec, tout simplement, notre méconnaissance grandiloquente de ce qu’est une addiction ou de ce que peut être une addiction.

Dans ce podcast de 59 minutes où interviennent entre-autres, Alain Morel, psychiatre et directeur de l’association Oppelia, mais aussi Karim, un des travailleurs pairs mais aussi quelques consommateurs, il est aussi rappelé que pour aider et travailler avec des personnes addict, il est nécessaire de Ne pas juger.

Photo prise à Marmottan, lors des journées portes ouvertes du 4 et du 5 décembre 2021. Installation réalisée pour cette circonstance. Photo©️Franck.Unimon

 

J’avais déjà entendu ça mais aussi été le témoin de cela. A Marmottan ou dans les services de psychiatrie adulte et de pédopsychiatrie où j’ai pu travailler.

 

Depuis mes débuts d’infirmier en psychiatrie il y a bientôt trente ans, j’ai été amené à rencontrer, au moins dans les différents services où j’ai travaillé, différentes sortes de profils de personnes des plus « sympathiques », des plus « tristes » aux plus « antipathiques » et « exaspérants », des plus « faciles » aux plus « difficiles » et, cela, aussi face à des publics âgés de 3 ou quatre ans. Puisque mes expériences en pédopsychiatrie m’ont aussi amené à rencontrer, avec mes collègues éducateurs ou autres, des enfants de trois et quatre ans et leurs parents.

 

A moins de se barricader derrière de la paperasse, derrière son écran d’ordinateur, derrière son téléphone ou des sms, derrière un bureau et des logiciels ; derrière des protocoles ; derrière des phrases et des pensées toutes faites et définitives ; derrière des chiffres, des murs, des peurs, des certitudes absolues ; derrière des collègues, des portes de prison et des traitements ; ou derrière des cohortes d’intermédiaires et de serviteurs dont la fonction est de dévier, de différer, de diluer ou de faire disparaître l’expérience de la rencontre directe, instinctive et imprévisible, le métier d’infirmier en psychiatrie et en pédopsychiatrie fait partie de ces métiers où les rencontres répétées ont des effets immédiats et prolongés, superficiels et profonds, sur les différents interlocuteurs.

On se heurte où l’on se comprend. On s’apaise ou l’on se blesse. On se confronte où l’on trouve un accord ou un compromis. Peut-être tout de suite, peut-être plus tard. Peut-être très difficilement. Ou jamais.

 

Je peux donc dire que j’ai un peu d’expérience pour ce qui est des rencontres « difficiles » dans ma vie professionnelle et sans doute dans ma vie personnelle. Pourtant, hier, en entendant cette recommandation dans le podcast consacré aux addictions, à nouveau, je me suis demandé :

 

 Comment fait-on pour « Ne pas juger ? ».

 

Puisqu’il arrive un moment, où une situation, où nous parvenons au bout de la chaine de nos forces morales et personnelles et où le jugement, la désapprobation et la condamnation morale s’expriment d’eux-mêmes au travers de notre être :

 

Devant une action, un fait avéré, dont nous sommes le témoin, la victime, le lecteur, le « spectateur » contraint ou le confesseur. Et cette action, ce fait avéré, ou cette proposition, décide « viscéralement » pour nous de ce que nous ressentons.

 

Et cela, malgré nos efforts d’intelligence et nos tentatives de raisonnement. Malgré nos intentions officielles et sincères « d’ouverture » et de tolérance.

 

Une entreprise inhumaine.

 

Ne pas juger, d’une manière générale, dans la vie courante, m’apparaît donc être une action assez surhumaine. Ou, plutôt….inhumaine.  Et je vais le dire comme je le pense : je pense que, quotidiennement, nous passons une grande partie de notre temps à juger nos semblables et à nous juger nous mêmes. Et la justice que nous rendons aux autres ainsi que celle que nous pouvons nous rendre aussi à nous mêmes mais aussi à nos proches me paraît assez souvent, assez facilement, approximative, inexacte, pour ne pas dire, assez énigmatique. Et peut-être même, certaines fois….quelque peu fantomatique.

 

Et qu’ont fait, pendant des mois, depuis le mois de septembre 2021, des professionnels de la Justice, mais aussi des victimes des attentats (et leurs proches) de novembre 2015, les associations de victimes, les accusés et les complices des accusés mais aussi tous ceux qui ont assisté régulièrement à ce procès ?

 

 

Juger.

 

 

Bien-sûr, comparer la démarche qui consiste à essayer d’aider une personne addict à se sortir de son addiction de la démarche qui consiste à juger des terroristes et des complices de ces terroristes peut choquer, mettre très en colère et pousser à se demander si je suis complètement con ou dégénéré ! Et si c’est le cas (si en lisant cet article, on se demande déja si je suis complètement con ou dégénéré) , cela (me) démontrera déjà avec quelle facilité, encore une fois, nous pouvons être jugés –et rapidement dépréciés- par nos semblables dès que nous pensons de manière un peu différente. Et, tant pis, si par ailleurs, sur d’autres points très sensibles, nous sommes du même avis qu’eux :

 

Puisque ce qui importe à celles et ceux qui jugent et veulent être des juges expéditifs, c’est d’obtenir des autres qu’ils soient exactement sur la même ligne qu’eux.

 

Photo prise ce mercredi 29 juin 2022, le matin, avant 7 heures. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Ne pas regarder

 

En rentrant chez moi ce matin, j’ai croisé une jeune femme plutôt jolie. Sans doute influencé par ma lecture récente de l’ouvrage féministe Les couilles sur la table de Victoire Tuaillon sur lequel j’écrirai un article dès que je le pourrai, je me suis senti un peu coupable en regardant cette jeune femme. Comment regarder quelqu’un sans l’incommoder ? Comment passer à côté de quelqu’un sans pour autant faire montre d’une indifférence fausse qui, elle aussi, interdit d’emblée toute possibilité de rencontre mais, aussi, lorsqu’une attention est bienveillante, une certaine forme de reconnaissance ?

 

 

J’ai croisé cette jeune femme deux fois en quelques minutes.  La seconde fois, j’ai « évalué » que cette jeune femme devait être adolescente. Elle devait avoir 16 ans ou 17 ans. Et je me suis rappelé qu’une jeune personne devient adolescente ou s’aperçoit de son adolescence lorsque des hommes adultes la remarquent particulièrement et la regardent dans la rue avec une autre attention que celle que l’on peut porter aux enfants lorsque l’on les regarde (exception faite des pédophiles).

 

Ce matin, après avoir croisé cette jeune femme, je me suis dit que certaines jeunes femmes se mariaient ou se mettaient sans doute en couple très vite, et devenaient mères aussi très vite, espérant, aussi, se protéger du regard sexuel des hommes sur elles. Puisque devenir mère, cela peut, plus ou moins (car bien des contre-exemples existent), désexualiser un corps, voire le rendre un peu sacré. Sans oublier que la présence des enfants peut rendre l’acte sexuel ou sa probabilité plus difficile. Le corps est déjà dévoué à l’action de s’occuper des enfants.

 

Le mariage ou le couple peut être pour certaines femmes une protection contre les regards des hommes sur leur corps. Quel que soit ce qu’exprime le regard des hommes, d’ailleurs. Il n’y a pas que le soleil qui donne des coups. Certains regards aussi.

 

Il y a des regards d’hommes qui mettent mal  à l’aise. Je peux aussi en parler- un peu- en tant qu’homme qui a pu être regardé par d’autres hommes. En tant qu’homme hétéro se retrouvant une fois ou deux en minorité dans un lieu clos (un théâtre, l’appartement d’un copain homo) et regardé, par plusieurs homos. Ce qui m’avait permis, un tout petit peu, de manière très superficielle, d’avoir un aperçu de ce que peuvent vivre- ou ressentir- des jeunes femmes et des femmes tous les jours lorsqu’elles croisent des hommes. Dans les transports en commun. Au travail. En faisant les courses. Au volant de leur voiture. En rentrant chez elles. En faisant du sport.

 

 

Certaines femmes s’accommodent plutôt bien de ces regards et de la diversité de ces regards. D’autres femmes vivent et ressentent beaucoup plus mal ces regards et ces expériences de regards.

 

Quel est le rapport de cette histoire de « regard » avec ce procès des attentats de novembre 2015 ?

Paris, vers le tribunal de la cité, ce mercredi 29 juin 2022, aux alentours de 21h. Photo ©️Franck.Unimon

 

Lors de ce procès qui a duré neuf mois, des femmes et des hommes, de différents « bords », de différents âges, de différents horizons, de différentes croyances et confessions, de différentes sexualités, professionnels de justice, victimes, proches de victimes, associations de victimes, accusés, complices de ces accusés, journalistes, « spectateurs » ont passé une grande partie de leur temps à se juger, à se jauger et à…se regarder.

 

Que l’on n’essaie pas de me faire croire, malgré les faits incontestés et incontestables (les attentats, l’horreur des attentats) que tout le monde, pour ce procès, dans ce procès et par ce procès, est venu – et parti- avec les mêmes armes pour ces expériences qui consistent à juger, être jugé (que l’on soit accusé ou victime ou témoin) et à être regardé.

 

 

Et que l’on n’essaie pas de me faire croire que tout le monde, au cours de ce procès, mais aussi lors de toute autre procès, a bénéficié et bénéficie des mêmes armes pour exprimer et vivre ces expériences qui consistent à être victime, accusé,  témoin, être jugé et regardé, mais aussi écouté et interrogé par une audience, par un public…..

 

 

Une aventure titanesque

 

Dans son livre Cette Nuit, La Mer est noire  qu’elle avait co-écrit peu de temps avant sa mort accidentelle en hélicoptère, et paru en 2015 après sa mort, la navigatrice Florence Arthaud, qui n’avait pourtant pas beaucoup froid aux yeux, raconte qu’elle n’a jamais pu oser regarder Eric Tabarly qu’elle admirait. A propos d’une des traversées de celui-ci en solitaire, elle ajoute qu’il avait, tout seul, piloté un bateau qui, « normalement », nécessite la présence de 13 ou 14 hommes ! On parle bien-sûr, ici, de 13 ou 14 marins (femmes ou hommes) aguerris. On ne parle pas, ici, d’une promenade d’une demie heure en bateau mouche sur la Seine.

 

Pour moi, qui reste un regard extérieur parmi d’autres, ce procès des attentats de novembre 2015 à Paris a nécessité des efforts encore bien plus invraisemblables et violents que ceux, pourtant hors normes mais aussi hors forme humaine,  alors accomplis par Eric Tabarly. Ou par d’autres navigateurs, femmes ou hommes, qu’il s’agisse de Florence Arthaud elle-même ou de Ellen Macarthur lors de leurs courses en solitaire.

 

 

L’une des plus brutales différences est que les victimes et les proches des victimes, comparativement aux navigatrices et navigateurs, n’ont pas choisi d’être les proies de cette  violence. Comme elles et ils n’ont pas choisi les rôles de victimes et de proches de victimes qui ont découlé de cette violence terroriste.

Les traversées qu’ont à connaître les victimes, leurs proches, et celles et ceux qui les côtoient ne s’arrêtent pas une fois que le retour au port a été effectué. Car ce port s’est déplacé. L’aiguillage interne qui permettait, auparavant, plus ou moins, de faire en sorte que l’expérience extérieure et immédiate, s’accordait plutôt bien avec l’expérience intérieure, n’existe plus ou a été bousillé. Le temps et les distances ne sont plus les mêmes qu’auparavant. La sensibilité, aussi. Pour ces victimes, et leurs proches, il est devenu beaucoup plus difficile de s’accommoder du quotidien comme « auparavant ».

 

Les terroristes, eux, ainsi que leurs complices, ont choisi et prémédité leur action jusqu’à un certain point. Ils étaient volontaires. Pendant plusieurs mois, des années, les terroristes se sont entraînés, « transformés » et ont préparé leur « épopée ». Pendant des mois ou des années, dans cette partie d’échecs et mat, il avaient plusieurs « coups » d’avance. Sur les victimes. Sur les Autorités. Sur le plus grand nombre. Sur nous tous.

 

Mais si ces accusés se sont finalement retrouvés dans ce procès et jugés, cela signifie, aussi, qu’ils ont fini par se faire rattraper. Généralement, on dit des accusés- et de leurs complices- qu’ils se sont faits « rattraper » par la Justice. Mais ce n’est pas uniquement par la justice. Ils se sont aussi faits ici rattraper (hormis ceux qui se sont faits tuer ou se sont suicidés) par leur appartenance au genre humain « commun » ou dit-universel. Par leur finitude.

Sortes de navigateurs meurtriers  de leurs idées, qui se sont crus totalement libres, les terroristes et leurs complices, sont redevenus des terriens qui doivent se rendre compte qu’ils n’étaient pas aussi libres qu’ils ont voulu le croire.  Qu’ils vivent dans le même monde que leurs victimes et les proches de leurs victimes. Mais aussi dans le même monde que les services de police qui les recherchaient.

 

Dans leur imaginaire, ces terroristes et ces complices, n’avaient sans doute par prévu de devoir se retrouver face tous ces gens dans ce genre de circonstances et pour cette durée :

 

Des victimes, des proches de victimes, des associations de victimes, des juges, des avocats, des journalistes et des spectateurs qui les ont regardés, qui les ont jugés et qui les ont interrogés.

Ce mercredi 29 juin 2022, à Paris, aux alentours de 21h. Dans l’arrière champ, au delà du véhicule de police, on peut peut-être apercevoir un joueur de violon. Je me rappelle qu’après l’attentat du Bataclan, un homme était venu à vélo avec son piano portatif afin de jouer sur les lieux de afin d’essayer d’adoucir les événements en expliquant « Je n’ai pas les mots ». Hier soir, je me suis demandé si ce joueur de violon était présent pour les mêmes raisons. Photo©️Franck.Unimon

 

On a beaucoup parlé du silence de Salah Abdeslam et du silence d’autres accusés. Mais ce silence, ou plutôt, cette barrière du silence, si elle a empêché la « rencontre » ou la « communication » n’a pas empêché ces accusés d’entendre, d’écouter ou leur conscience d’être active. Après ce procès, il est possible que certains de ces accusés changent un peu de point de vue concernant la légitimité de leurs actes.

 

Et, au pire, si le psychopathe peut se réjouir de la souffrance de ses victimes mais aussi de celle des proches des victimes, et de la couverture médiatique dont il a « bénéficié », il a aussi ses souffrances personnelles. Et ses « triomphes » (ici, les attentats et leurs victimes) contiennent aussi ses défaites. Même si, du point de vue des victimes, de leurs proches et de celles et ceux qui les défendent, les souffrances du psychopathe terroriste sont bien-sûr secondaires :

 

Les souffrances des victimes des attentats et de leur entourage sont bien-sûr prioritaires.

 

Deux extrêmes opposés :

 

Les victimes des attentats terroristes et leurs auteurs sont deux extrêmes opposés. La rencontre s’est faite et se fait dans la douleur pour les victimes et leurs proches.

 

Pour les terroristes et leurs complices, leurs « cibles » n’existaient pas. C’étaient des inconnus sans aucune valeur. Ou, au contraire, des « valeurs » qu’ils ont eu plaisir à saccager car ces « valeurs » étaient des vies qu’ils ne pourraient jamais obtenir ou comprendre. Donc, autant les détruire.

 

Lorsqu’ils se sentent investis par un droit « souverain » ou « divin », les êtres humains peuvent accomplir le meilleur ou le pire au détriment d’autrui. Là, avec ces attentats terroristes, nous sommes dans le « pire ». Comme lors de l’esclavage, des camps de concentration, comme lors de n’importe quelle guerre ou génocide ou de n’importe quelle forme d’exploitation ou de torture d’un être humain.

 

Il « suffit » que des êtres humains se sentent largement supérieurs ou largement inférieurs à d’autres et « en droit » de se faire justice pour que le pire puisse arriver.

« Normalement », une démocratie permet d’éviter ça : que trop de personnes se sentent largement supérieures à d’autres mais aussi que trop de personnes se sentent trop  inférieures par rapport à d’autres.

 

Ce procès a été une justice différente de celle des terroristes. Une Justice institutionnalisée, avec d’autres règles, d’autres lois, d’autres protocoles.

 

Mais il y a deux sortes de « vaincus » devant cette Justice. Les victimes, leurs proches et les associations de victimes. Ainsi que, peut-être aussi la Justice et l’idée que l’on s’en fait dans une Démocratie.

 

Car les accusés font aussi partie des vaincus : Si les accusés étaient restés libres ou avaient réussi à imposer leur Justice, ils n’auraient pas été jugés. Ils auraient été célébrés comme des héros malgré leurs meurtres. L’horreur est aussi dans ce constat.

 

Ce constat, on va vite passer dessus car imaginer ça est insupportable. Comme de devoir imaginer que ces terroristes, et leurs complices, sont des êtres humains comme nous :

 

« Les juges ont cherché une vérité dans ces événements et même la part d’humanité des accusés » (l’éditorial de la journaliste Marie-Christine Tabet dans le journal Le Parisien, de ce mercredi 29 juin 2022, page 2).

 

Lorsque je traduis cette phrase, je comprends que les accusés ne font pas partie de l’espèce humaine. Car lorsque l’on est un être humain, on ne fait pas ce qu’ils ont fait. On ne dit pas ce qu’ils ont dit. On ne pense pas comme ils pensent.

Donc, avec un tel raisonnement, si la peine de mort existait encore en France en juin 2022 (alors que la France se vante de faire partie des pays qui ont aboli la peine de mort), ces accusés, aujourd’hui, en 2022, seraient exécutés. Comme ils ont exécuté et contribué à faire exécuter les victimes des attentats. L’expression « Œil pour œil, dent pour dent » est donc toujours en cours et au coeur de nos mœurs. Sauf que contrairement aux accusés qui ont tué, nous, nous «prenons » sur nous officiellement en quelque sorte. Je me demande alors :

Pour combien de temps ?

 

Pourtant, même si on hait ces accusés, leur humanité est indiscutable. Et c’est ça qui est insupportable :

Devoir regarder quelqu’un en face, le détester ( je détesterais sans doute celle ou celui qui a tué un de mes proches comme cela est arrivé pour les victimes des attentats de novembre 2015 : tuer par surprise, comme des lapins de fête foraine,  des civils désarmés et non entraînés….), lui souhaiter le pire. Et devoir admettre, que cela nous plaise ou non, malgré tout, que cette personne-là, est aussi humaine que nous. Et que l’on ne peut rien changer à cette humanité. A part, si l’on y arrive, ce que l’on ressent vis à vis de cette personne mais aussi de nous-mêmes.

 

 

Les verdicts :

 

Je n’ai pas encore appris les verdicts des accusés. Hier soir, lorsque je suis rentré du travail, je suis à nouveau passé près du tribunal de la cité entre 20h30 et 21h et j’ai vu que le procès n’était pas encore terminé.

 

Paris. Au loin, on peut apercevoir La Défense, ce mercredi 29 juin 2022, aux alentours de 21h. Photo©️Franck.Unimon

 

J’ai été marqué, hier, par la belle journée que c’était. Il faisait chaud. Dehors, dans Paris, les gens étaient souriants, vêtus légèrement, s’amusant. En short, jambes nues, les caractères sexuels secondaires bien en vue. C’était l’été.

 

Il y avait ce contraste entre ce qui se passait à l’intérieur du tribunal et ce qui se passait dehors devant et autour de moi. Rien à voir. A nouveau deux extrêmes opposés comme tous les jours. D’un côté l’insouciance et l’ignorance. De l’autre, la souffrance et la sentence.

 

 

Franck Unimon, ce jeudi 30 juin 2022.

 

 

 

 

 

 

Catégories
Musique

Un suicide

Camaret, juin 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

Un suicide

Polyglotte et voisine, elle est allée parler au bitume cinq étages plus bas. Sa langue était inconnue. La traduction ne s’est pas faite. 

 

La nouvelle m’est arrivée quelques heures plus tard après une nuit de travail. La porte de mon appartement à peine ouverte, ma fille m’a parlé d’un « accident ». Plus discrètement, ma compagne m’a parlé de « suicide ».

 

On repense à la dernière fois avant la bifurcation vers « l’accident ». Bien-sûr, rien ne pouvait laisser supposer que. Et même si….

 

Sortie de son, vol sans ailes, arrêt brutal de la routine, le suicide orchestre nos souvenirs. Puis, inspirés ou non, c’est à nous de jouer.

 

Ma fille continuait de jouer plus loin. Après avoir dit une ou deux fois « C’est triste », il m’a fallu plus de dix minutes dans les toilettes pour retrouver un peu de volonté. Ma compagne semblait avoir eu le temps de digérer l’événement. Sans doute en discutant avec deux autres voisines également sollicitées par la police.

 

Ces derniers temps, je réécoute beaucoup deux titres du groupe haïtien Les Ambassadeurs :

 

Evénement et Mission Spéciale.

 

Dans ces deux titres, qui datent des années 70-80, la musique Kompa du groupe  Les Ambassadeurs est un harnachement de vie avec lequel (comme d’autres groupes haïtiens de cette « époque ») il chante aussi son attachement à  son île natale, Haïti, recouverte par la dictature militaire et politique, pays qu’il avait dû quitter.

 

Cette musique me rappelle ces soirées antillaises où, d’abord enfant, mes parents m’ont emmené : baptêmes, mariages, communions…

Souvent dans des grandes salles où beaucoup de gens dansaient sur des titres de plus de cinq minutes.

Pour moi, ce monde était une routine et aussi un spectacle. Une routine disparue en quittant l’enfance en France. C’était avant le Zouk de Kassav’ ( https://vimeo.com/586837210 ;  Jacob Desvarieux ) à partir du milieu des années 80.

 

Mais la vie ne se regarde pas et ne s’admire pas dans les vitrines. Elle s’apprend, se traduit et se danse. Celles et ceux qui affirment le contraire parlent la langue des dictateurs. ( Enfant de la France/ Enfant de la Transe ). 

 

Après les titres Evénement et Mission Spéciale, dans notre appartement, j’ai mis du Dub avec des titres du groupe bordelais Improvisators Dub.

 

Puis, pour finir, au casque, le titre Hommage aux Disparus du groupe haïtien Les Frères Dejean.

( merci à ma cousine Janine pour m’avoir fait parvenir de Guadeloupe via mon frère il y a quelques années ces titres – et d’autres- des groupes Les Ambassadeurs et Les Frères Dejean).  

 

Franck Unimon, ce samedi 25 juin 2022.

Catégories
Théâtre

Au Théâtre du Soleil ce samedi 16 avril 2022 : l’île d’Or

 

 

Au théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022 pour « L’île d’Or ». Photo ©️Franck.Unimon                  

 

Au théâtre du Soleil ce samedi 16 avril 2022 : L’île d’or

 

Le Théâtre du Soleil est une planète dont j’avais entendu parler il y a plus d’un quart de siècle.

Je l’avais approchée sans l’atteindre. Le parc floral, l’été, et ses concerts (je me rappelle d’un très bon concert de Chucho Valdès). La caserne militaire où, appelé, j’étais un peu passé avant d’être affecté à l’hôpital militaire Bégin. Le centre équestre de la cartoucherie de Vincennes.

 

Il fallait réserver rapidement. Les places partaient très vite. J’habitais dans une banlieue éloignée et opposée.

 

Des noms stratosphériques, des noms magiques, sont « accolés » au Théâtre du Soleil. Ariane Mnouchkine, Hélène Cixous, Philippe Caubère, Simon Abkarian et beaucoup d’autres.

Le passé, le présent et l’avenir y sont composés comme dans une musique de Sun Ra.

 

Il y a bientôt une dizaine d’années, j’avais lu L’Art du Présent, le livre d’entretiens d’Ariane Mnouchkine avec la journaliste Fabienne Pascaud.

 

 

Pour un spectateur, pour un comédien, pour un auteur, passer par le soleil de ce théâtre, c’est entrer dans un lieu qui a résisté et résister peut-être aussi un peu avec lui.

 

A la lave de l’amnésie, de la destruction, de la dépression et du fatalisme.

 

Pour cela, il faut traverser Paris, capitale et astre culturel, ou s’en extraire. Pour venir à Vincennes. En voiture, en navette, à pied depuis la gare du RER A, voire en bus ou à pied. Je ne l’ai pas vérifié mais peut-être que le théâtre du Soleil a tenu à s’implanter hors de Paris avec un esprit d’engagement qui similaire à celui du théâtre des Amandiers, à Nanterre, lors de sa création ou dans certains mouvements proches de l’antipsychiatrie. 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

Pour cette première fois au Théâtre du Soleil, j’avais emmené ma fille avec moi. Depuis Argenteuil, nous avons pris nos vélos, le train puis le RER. Il faisait beau.

 

Devant le Théâtre du Soleil, à gauche, en blanc, Ariane Mnouchkine après la représentation ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

 

J’ai dû m’y prendre à trois fois pour cette première fois. D’abord, il a fallu remettre notre venue à une autre date. Trop de cas de Covid parmi les comédiens en janvier m’avait-on appris ? Est-ce que je voulais reporter notre venue ou être remboursé ? On reporte. Je suis né à Nanterre où, jusqu’à mon adolescence, j’ai grandi à quelques minutes à pied du théâtre des Amandiers devant lequel je suis passé d’innombrables fois en le regardant comme un endroit qui m’était complètement exogène. Même si, en classe de 3ème, avec notre prof de Français de 3ème, je suis entré une fois dans le théâtre des Amandiers pour aller voir Combat de Nègres et de chiens, j’ai raté toutes mes rencontres avec le théâtre des Amandiers. Quarante ans plus tard, je n’allais pas rater ma rencontre avec le Théâtre du Soleil.  

 

Au théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

La fois suivante, ma fille était invitée à l’anniversaire d’une ses copines. Nous n’allions pas la priver de cette fête pour cette « surprise ». Une « surprise » dont elle ne connaissait rien. Plus de trois heures. Un ou deux entractes. Un peu un pari. Il y a des surprises d’accès plus « facile».

J’ai fait confiance à l’endroit et au jeu. A la mise en scène. Au spectacle. A mon envie ou à ma « folie ». 

 

Sur place, nous avons trouvé dehors un public qui  m’a semblé être constitué d’habitués. Autant celui venu pique-niquer ou se distraire en famille que pour se restaurer ou pour assister à la représentation.

 

A l’intérieur, cela a été la surprise de voir les comédiennes et les comédiens se préparer.

Je ne peux pas parler de ce que j’ai vu sur scène. Mais je suis content d’être venu.

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Avec Emmi. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Et si j’ai mis autant de temps pour montrer ces photos, c’est parce-que j’ai voulu bien les choisir. Je ne suis pas sûr, ce soir, d’y avoir réussi mais j’espère qu’elles parleront pour moi.

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Emmi découvre les comédiennes et les comédiens en pleine préparation. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce Samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

 

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Emmi avec Ariane Mnouchkine, après la représentation. Photo©️Franck.Unimon

 

Franck Unimon, ce vendredi 17 juin 2022.

 

 

Catégories
Croisements/ Interviews

Ligne 56

Baguette de pain au charbon actif de la boulangerie Utopie. On dirait une pirogue. Photo ©️Franck.Unimon

Ligne 56

 

Initialement, ce n’était pas mon chemin. Pour rejoindre la Gare du Nord depuis la place de Nation, j’avais d’abord prévu de prendre le RER. Puis, j’ai pensé au bus. J’ai trouvé celui de la ligne 56. Il a fait très beau, aujourd’hui. Sauf que dans le bus, les gens étaient énervés. Des femmes, principalement. Il y avait un certain nombre de poussettes avec des enfants. Des personnes en fauteuil, aussi. Tout le monde voulait prendre le bus et aller quelque part. 

Une place assise s’est libérée assez vite devant moi. Je me suis installé en sens inverse de la circulation. Et j’ai sorti mon baladeur. J’ai cherché un titre de U-RoyControl Tower. J’avais envie d’aller ce soir au concert de Zenzile et de High Tone ( Zentone )à l’Elysée Montmartre. J’ai aimé plusieurs titres de leur album. Je les ai déja vus séparément en concert.

 

Je n’ai pas trouvé U-Roy. Je me suis rabattu sur le titre Why de Tikiman/ Paul St Hilaire. Mais cela n’a changé grand chose :

 

« Ne soyez pas raciste ! ». Cela faisait des années que je n’avais pas entendu ce genre de phrase. Celle qui, pour certaines personnes, est rapide à attraper et à lancer dès qu’on les contredit ou contrarie. 

 

« Au lieu de parler, vous feriez mieux de conduire » a continué la même dame. Pour développer ensuite : « Sinon, vous allez faire un accident… ». Puis, dans le bus, à destination du chauffeur, elle a répété cette phrase quatre ou cinq fois comme un mantra  » Vous allez faire un accident ». Comme si elle l’espérait. Comme si les autres personnes autour d’elles ne comptaient pas. 

 

Le chauffeur est resté calme. Comme il l’avait annoncé à plusieurs reprises, son terminus est arrivé à la station Strasbourg/Magenta.  Il n’y avait pas eu d’accident. Tout le monde est descendu. 

Je suis allé voir le chauffeur, alors qu’il continuait de répéter, professionnellement, que cet arrêt était terminus. Et qu’un autre bus, qui, lui, irait jusqu’à la Porte de Clignancourt, allait arriver dans trois minutes. Il tenait à ce que tout le monde ait bien entendu l’information.

Lorsqu’il a remarqué que j’étais près de lui et que j’attendais, il s’est tourné vers moi. Je lui ai dit :

« Félicitations pour votre sang-froid ! ».

Il m’a répondu :  » Ah, merci ! Je ne sais pas ce qui se passe….je connais bien cette ligne et je ne sais pas pourquoi les gens sont énervés comme ça ».

 

J’ai marché jusqu’à la gare de l’Est. En m’approchant, j’ai reconnu l’acteur Alex Descas, de dos. J’ai continué de marcher et j’ai hésité. 

Vous ne connaissez pas l’acteur Alex Descas ? Il est le futur dictateur Mobutu dans le film Lumumba de Raoul Peck. Son apparition à la fin du film, après l’assassinat de son « ami » Lumumba était glaciale. 

Alex Descas a aussi joué dans plusieurs films de Claire Denis. Vous ne le trouverez pas dans le dernier Top Gun avec Tom Cruise. Alex Descas a aussi joué dans Volontaire (2018) de Hélène Fillières. 

 

C’est la seconde fois que je croise Alex Descas par hasard dans Paris. La première fois, c’était avant l’existence de mon blog, près du centre Pompidou, non loin d’une salle de cinéma, le MK2 Beaubourg. Là, c’est à la gare de l’Est. Qu’est-ce que je fais ?

 

J’attends un peu. Puis, alors qu’il se dirige vers la gare de l’est et me dépasse, je me rapproche doucement :

« Bonjour, Monsieur Alex Descas… ».

Il s’arrête. C’est bien lui. Il me salue comme si nous nous étions déja vus. Alors qu’il est impossible qu’il se souvienne de moi. 

Il m’écoute patiemment. Je lui explique que j’aimerais bien faire son portrait pour mon blog. Sur le principe, il semble partant. 

Donc, je lui demande :

« Alors, comment on fait ? ». 

Il me répond de contacter son agent, me donne son nom, m’apprend qu’il sera absent durant quelques semaines. 

Il s’agit maintenant de ne pas trop l’importuner. Mais, avant de le laisser, je lui demande s’il accepte que l’on fasse une photo, ensemble. Il accepte facilement. Les smartphones, aujourd’hui, permettent facilement de se photographier avec quelqu’un. 

L’acteur Alex Descas et moi, ce mercredi 1er juin 2022, à la gare de l’Est. Avec nos lunettes, on pourrait presque croire que nous sommes de la même famille. Photo©️Franck.Unimon

 

Après le deuxième cliché, je lui dis :

« Vous êtes plus beau que moi ! ».

Il commence à répondre :

« Ce n’est pas une question d’être beau… ». Puis, il comprend que je le taquine.

Alors qu’il tire sa valise à roulettes, je lui souhaite un bon voyage. Il me tape sur l’épaule amicalement avant de s’en aller.

 

Rachida Dati

Article issu du journal « Le Parisien ».

 

 

Rachida Dati force mon admiration pour sa capacité à s’imposer en politique. Elle ne m’est pas sympathique. Je lui reconnais des aptitudes hors normes dans cet univers très particulier de la politique. Elle est quand même celle qui avait réussi à effrayer François Fillon alors qu’il était encore Premier Ministre, lorsque celui-ci avait envisagé de se présenter pour devenir maire d’un des arrondissements prestigieux de Paris ! Peut-être l’arrondissement dont Dati est désormais la maire. Le 6ème ou le 7ème.

 

De toutes les femmes nommées Ministre par Nicolas SarkozyDati est, je crois, la seule à s’en sortir. Même si Valérie Pécresse ne s’en sort pas trop mal, surtout après ses résultats aux dernières Présidentielles. Car j’ai vu que, ça y’est, Pécresse avait réussi à rembourser ses dettes dues aux élections Présidentielles. Elle a « reçu » plus de trois millions d’euros de dons pour rembourser ses dettes. Elle s’est quand même très bien débrouillée. Et cela signifie, pour moi, qu’elle survivra. Et si elle survit, cela veut dire qu’elle fera mal à quelqu’un, à un moment ou à un autre. Comme Dati.

 

Cet article trouvé dans le journal Le Parisien m’a très vite interpellé car Dati avait choisi Anne Hidalgo pour ces dernières élections Présidentielles.

En lisant les propos de Dati concernant Anne Hidalgo, je me suis dit :

 » Dati, c’est vraiment un serpent ! ». A part, bien-sûr, envers Nicolas Sarkozy. On dirait qu’en dehors de celui-ci  ( Nicolas Sarkozy ) ou de celle ou de celui qu’il « soutient » ou « protège » que Dati a carte blanche pour étriller qui bon lui semble. Pour moi, Dati fait partie des psychopathes qui ont réussi. Elle injecte, sans hésiter, une dose robuste de venin à Anne Hidalgo qui pourrait décimer une écurie. 

Je sais que Dati cherche à bâtir la mise à mort, au moins politique, d’Hidalgo. Mais je me demande aussi si Anne Hidalgo persiste à rester parce-qu’extrêmement rigide. Et orgueilleuse. Ce qui ferait, aussi, de Dati une commentatrice lucide.

Si c’est le cas, ce serait un nouveau tour de magie stratégique de plus de celle-ci si elle parvenait, une fois Hidalgo partie, à devenir maire de Paris à sa place. Car on dirait que personne ne pourrait lui tenir tête pour devenir maire de Paris. A part peut-être….Valérie Pécresse

 

Utopie

Pain de la boulangerie Utopie. Photo©️Franck.Unimon

 

C’est un nom bien choisi pour une boulangerie. J’avais arrêté d’y aller. Et puis, en lisant un article récemment sur la fabrication artisanale du pain, j’ai réentendu parler de la boulangerie Utopie. C’était sur mon trajet de métro, ce mardi. Alors, j’y suis retourné. Je ne connaissais pas ce pain. Je l’ai goûté ce matin. Très très bon. Je reviendrai.

 

Franck Unimon, ce mercredi 1er juin 2022. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Catégories
Addictions

Au bâtiment 21 avec Pierre Sabourin et Claude Orsel

Depuis le pont d’Argenteuil, ce 29 Mai 2022, au matin. Photo ©️Franck.Unimon

 

              Au bâtiment 21 avec Pierre Sabourin et Claude Orsel

 

La semaine dernière, le groupe de Rap PNL (aucun rapport a priori avec la Programmation Neuro Linguistique )  a joué plusieurs jours de suite au Palais Omnisports de Bercy. Après avoir écouté cinq titres de leur album Dans la Légende (sorti en 2016), j’ai changé de Cd pour leur préférer celui de Kool Shen, Sur le Fil du rasoir qui, bien que daté (sorti également en 2016), m’a offert deux titres que j’ai réécouté :

Déclassé et Debout.

Auparavant, le titre Ska du Cap de Marion Canonge, sur son album Mitan (sorti en 2011) m’avait beaucoup parlé. De même que la sincérité à peu près infaillible de Diam’s dans son album Brut de Femme (sorti en 2003) ainsi que dans ces quelques minutes que j’ai regardées de son interview récente par le journaliste Augustin Trapenard à propos de son documentaire sur sa carrière et sa vie, projeté cette année au festival de Cannes, festival- présidé cette année par l’acteur Vincent Lindon– qui s’est terminé ce samedi 28 Mai.  

 

 

Mais, il m’a néanmoins fallu écouter l’album solo du pianiste cubain Bebo Valdès (sorti en 2005) – et peut-être aussi débuter la lecture de Notre corps ne ment jamais d’Alice Miller (paru en 2004)- pour me décider à raconter un peu le séminaire Psychothérapies, Psychanalyse et Addictions ( P.P.A) Transfert et Contre Transfert  proposé un samedi ( ou deux ?) par mois  par Claude Orsel.

 

A moins que ce ne soit, tout simplement, le fait d’avoir discuté la veille ou l’avant veille, avec un de mes cousins, dont l’ex beau-père a été condamné, à plus de 60 ans, à 12 ans de prison, pour agression sexuelle sur l’une des filles de sa compagne. Cela fait deux ou trois fois, maintenant, qu’alors que nous discutons de tout autre chose, que mon cousin a « besoin » de faire allusion à  son ex-beau père, qui, désormais, est en prison pour ces faits. Lui, qui se donnait en exemple. Mon cousin a du mal à l’admettre, mais, plus de trente ans après avoir atteint sa majorité et être parti vivre chez lui, il en veut encore à son ex-beau père. Quelques années plus tôt, avant tout « ça », avant cette condamnation, mon cousin m’avait un jour répondu, sûr de lui :

« Tout ça, c’est le passé ». Comme s’il avait tiré un trait. Un trait ?! Le voici, le trait tiré par mon cousin, cela fait deux ou trois fois, maintenant, en à peu près deux ans, qu’il faut qu’il mentionne, à un moment ou à un autre, le fait que son ex beau-père est en prison…

J’ai de quoi comprendre. J’ai été, là, enfant, chez lui. Si son ex- beau-père avait toujours été gentil – ou indulgent plutôt- avec moi, j’avais aussi été quelque peu témoin de certaines humiliations qu’il lui avait infligées. Et, j’ai au moins à peu près un souvenir d’un jour où mon cousin, à dix ou douze ans, s’était démené pour se faire aimer de cet homme qui soufflait le chaud et le froid dans cette maison. Mais, moi, je n’étais pas directement concerné par cette tyrannie. Et puis, ça me dispensait de celle de mon propre père, à la maison, alors, je n’avais pas à me plaindre….

Rue de Rivoli, Paris, le 29 Mai 2022 vers 20h50. Photo ©️Franck.Unimon

La dernière fois que j’avais vu l’ex-beau père de mon cousin, c’était, par hasard, à la Défense, il y a à peu près dix ans. Il ne vivait plus avec ma tante, la mère de mon cousin, depuis des années. Il  allait bien. Il vivait avec quelqu’un d’autre. Peut-être avec celle dont la fille, ensuite, s’est plainte d’agressions sexuelles…

 

L’invité de Claude Orsel, ce samedi 19 Mars 2022, c’était Pierre Sabourin. Son nom me disait quelque chose. Je savais que c’était quelqu’un d’important. Mais c’était flou.

 

Pierre Sabourin, psychiatre et psychanalyste, a cofondé, il y a trente ans, le Centre des Buttes Chaumont. Dans ce centre, on reçoit des victimes d’inceste et on « s’occupe » des violences intrafamiliales et des thérapies familiales.

 

Inutile de dire que durant toute  mon enfance et mon adolescence, jamais les mots «psychiatre » et « psychanalyste » n’ont été prononcés devant moi par quelqu’un de la famille, ou un proche, faisant autorité ou d’à peu près respecté. Au mieux, « la psychiatrie », ça allait avec la folie de celle ou de celui qui avait mal tourné. Et c’était tout ce qui pouvait nous y attendre, à la limite :

Nous retrouver du côté des fous. En quelque sorte ensorcelés par cette croyance, notre destin était ainsi scellé. Mais, chez moi, nous ne pensions pas à la psychiatrie de toute façon. Ou alors, un peu en secret, plus tard, lorsque ma mère évoquerait le fait que mon père était devenu fou au moment de partir faire son service militaire. Mais cela restait un mystère. On pouvait donc devenir fou comme ça ou après avoir été ensorcelé. Comme on attrape un rhume….

Dans l’hôpital Ste Anne, Paris 14ème, ce samedi 19 Mars 2022 au matin. ©️Franck.Unimon

 

Ce samedi 19 mars 2022, un peu avant 9h30, pour assister à ce séminaire à l’hôpital Ste Anne, à Paris, dans le 14 ème arrondissement, il y avait presque autant de monde qui attendait devant le bâtiment 21 qu’au festival de Cannes ou avant un des concerts du groupe PNL.  

 

Il faisait neuf degrés. Il faisait donc, un peu frais.

 

Bien que Claude Orsel ait appelé l’hôpital, avant son arrivée, ce samedi matin, l’entrée du bâtiment 21 était toujours close à notre arrivée.

 

Claude Orsel est né en 1937. Praticien depuis les années 60, il est l’un des  pionniers, en France, dans le traitement des addictions. C’est seulement depuis deux ou trois ans, que j’ai commencé à rencontrer Claude Orsel. En cherchant à me former aux addictions. En tant que soignant.

La première fois que je me suis rendu aux séminaires qu’il organise, Monique Isambart est venue raconter son parcours ainsi que cette époque où, avec Claude, et d’autres, ils s’étaient occupés de patients toxicomanes, à l’Abbaye, en 1969, dans les beaux quartiers de St-Germain des Prés. Deux ans avant que Olivenstein ne crée Marmottan dans le 17ème arrondissement. Je ne connaissais pas du tout l’Abbaye. Je connais un petit peu mieux Marmottan. J’y ai même fait quelques remplacements en tant qu’infirmier. Marmottan a fêté ses cinquante ans à la Cigale en décembre de l’année dernière. J’y étais mais je n’ai pas encore pris le temps d’en rendre véritablement compte dans un article. ( pour patienter, on peut lire Les cinquante Temps de Marmottan). 

 

Ce samedi 19 Mars 2022,  j’ai été admiratif de voir comme Claude Orsel et Pierre Sabourin ont pris ce contretemps, dehors, avec légèreté ; discutant, attendant avec nous que l’on vienne nous ouvrir. Et, pour cela, se mettant au soleil avec nous pour se réchauffer un peu. Ils n’étaient pas à ça près. A plus de 80 ans ! Après tant d’années à percevoir des histoires dans tous les sens mais aussi à vivre des expériences cliniques de fond….

 

Nous pouvons supposer que toutes les portes de ce bâtiment auraient été ouvertes avant même l’arrivée du groupe PNL ou de n’importe quelle vedette du festival de Cannes.  Nous pouvons aussi supposer que Claude Orsel et Pierre Sabourin ont dû en rencontrer, des célébrités. Tant dans le monde du spectacle que de la clinique et de la pensée. Mais ce samedi 19 mars 2022, j’ai sûrement été plus contrarié que l’un et l’autre que l’on nous fasse autant attendre pour accéder à l’intérieur de ce bâtiment. Eux deux semblent avoir à peine remarqué l’incongruité de notre « sort ». Et puis, cela ne valait pas la peine de s’attarder sur ce genre de détail.

 

Par terre, avant d’entrer dans ce bâtiment 21, j’ai aperçu un article de Georg Simmel : Les grandes villes et la vie de l’esprit.

 

En tout, dans la salle, nous étions huit en incluant Claude Orsel. Quatre femmes et quatre hommes, dont une patiente de Claude Orsel. Ce n’est pas la première fois qu’un patient ou une patiente de Claude Orsel vient assister à ce séminaire. Je le souligne car je suis habitué, dans mon travail, à ce que patients et soignants soient séparés.

 

Pierre Sabourin et Claude Orsel se sont connus en Troisième et en Seconde. Pierre Sabourin a un ou deux ans de plus que Claude Orsel.

 

D’emblée, Pierre Sabourin, encore debout dans la salle, nous a interrogé à propos des transgenres. « C’est une question à laquelle on n’est pas habitué ».

 

« J’ai envie de prendre un peu de testostérone » a pu dire une jeune patiente.

 

Le terme « maltraitance » n’existait pas dans le vocabulaire lorsque Claude Orsel et Pierre Sabourin faisaient leurs études de médecine.

 

Direct, voire assez directif, avec la volonté sans doute de trancher afin d’aller à l’essentiel, Pierre Sabourin nous recommande certains ouvrages :

 

La violence impensable, « Introuvable » nous dit Sabourin.

 

Quand la famille marche sur la tête qu’il a co-écrit avec Martine Nisse, autre cofondatrice, avec lui, du Centre des Buttes Chaumont.

 

Sandor Ferenczi, un pionnier de la clinique

 

Puis, Sabourin nous recommande « trois livres sans complexe » :

 

Mort de honte, la BD m’a sauvé dans lequel Serge Tisseron raconte son viol par sa mère.

 

Le Consentement de Vanessa Springora.

 

La Familia Grande de Camille Kouchner.

 

Asnières sur Seine, ce 29 Mai 2022, au matin. Photo©️Franck.Unimon

 

 

Dans le Petit chaperon rouge de Charles Perrault, «  les loups les plus doucereux sont les plus dangereux » nous dit Sabourin. Mais, aussi, «  la menace de mort est toujours présente dans les incestes » :

 L’auteur(e) de l’agression menace soit la victime de mort ou de se suicider si elle parle pour dénoncer.

 

Sabourin évoque « l’effet hypnotique » de la menace de mort sur les victimes. Et poursuit :

« Le médecin doit être le défenseur de l’enfant ». Le médecin a devoir de signalement s’il constate un danger pour l’enfant dans son entourage.

 

Sabourin parle de Marceline Gabel, ancienne secrétaire de Serge Lebovici, psychiatre et psychanalyste, décédé. Celle-ci a écrit des livres.

 

Il est fait mention du numéro 154 de la revue Coq-Héron (revue scientifique d’orientation psychanalytique crééé en 1969).

 

Sabourin recommande le livre Dans la maison de l’ogre- quand la famille maltraite ses enfants de Bernard Lempert, « Une merveille d’écriture » selon Pierre Sabourin.

 

Sabourin explique :

 

« L’absence d’amour entraîne l’absence de don qui amène la dette ».

 

Sabourin parle ensuite, chez la victime de « l’autosacrifice de sa propre intégrité de pensée pour sauver ses parents ».

 

Je découvre que Sabourin connaît très bien des cliniciens hongrois. Ainsi, il est capable de nous donner l’orthographe exacte de Boszormenyi-Nagy Ivan, psychiatre qui a écrit l’ouvrage Invisible Loyalties.

 

Sabourin recommande de relire :

 

 Sándor Ferenczi, un pionnier de la clinique 

 

Totem et Tabou de Freud

 

« La loi de Lacan, c’est la loi du langage » nous dit Sabourin. « On fait appel à la police quand la loi symbolique n’a plus d’effet ».

 

Sabourin nous recommande la lecture de Le Petit homme-coq de Sándor Ferenczi.

 

Est-ce en parlant de Le Petit homme-coq de Ferenczi et/ou de Le petit Hans de Freud que Sabourin parle « d’identification à l’agresseur » ?

 

Il est demandé à Sabourin quels sont quelques uns des signes qui peuvent faire penser qu’un enfant a été abusé. La réponse de Sabourin :

 

Lorsque l’enfant se masturbe tout le temps, tape, frappe, tripote les gens…

 

 

Un dessin d’enfant peut être une preuve clinique et peut être envoyé au procureur.

 

Autrefois, l’enfant était le « domaine » de la femme et de la mère. Il y avait une grande importance de la nounou.

 

« Le silence structure les familles » nous dit Sabourin. « Du ciment dans lequel on met les pieds ? » remarque une des participantes du séminaire.

 

 

«  La Terre a marché sur un certain nombre de mensonges » nous dit Claude Orsel.

 

Sabourin nous recommande l’ouvrage Le Mystère Freud, psychanalyse et violence familiale de Giovanna Stoll et Maurice Hurni, aux éditions L’Harmattan.

 

 

Sur le site de la sécurité sociale, depuis quelques mois, une attention est portée en matière de prévention sur les 1000 premiers jours de l’enfant est-il dit lors de ce séminaire.

 

« La haine de l’amour ». Cette expression est employée par quelqu’un toujours lors de ce séminaire mais j’ai oublié l’auteur(e) de cette expression. 

J’ai parlé de l’artiste et chanteuse réunionnaise, Ann O’Aro, abusée par son père et qui en parle dans son premier album ( Ann O’Aro). Quelques personnes ont pris ses « références ». 

Cependant, je ne connaissais aucun des ouvrages cités par Sabourin. Et n’en n’avais, et n’en n’ai encore lu aucun. Je connaissais Ferenczi, Freud et Tisseron de nom. J’ai peut-être lu un ouvrage  ou deux de Tisseron

Sabourin m’a toutefois confirmé que le livre Le Berceau des dominations de Dorothee Dussy, livre dont j’avais entendu parler récemment, et que je venais de commander, est à lire.

Sabourin me confirme aussi que, souvent, lorsque des professionnels de la Santé se retrouvent face à une situation d’inceste qu’ils se demandent en quelque sorte :

« Pourquoi, c’est tombé sur moi ?! ». Tant ces professionnels peuvent être désemparés devant ce genre de situation. Je ne me sens pas particulièrement à l’aise, personnellement, devant des situations d’inceste que je pourrais rencontrer au travail. 

L’inceste ( au même titre, sans doute, que la pédophilie, mais pour d’autres raisons) est une « particularité » de la clinique qui peut désarmer ou égarer bien des professionnels de la Santé. 

Je comprends que la pratique d’un Pierre Sabourin ou d’un Claude Orsel repose, aussi, sur un armement intellectuel « lourd ». Armement ou ossature dont je suis dépourvu, contrairement sans aucun doute à plusieurs des autres participantes et participants de ce séminaire. Sur les 8 personnes présentes ce samedi 19 Mars 2022, 6 sont des thérapeutes (psychothérapeutes, psychanalystes, psychiatres), 1 est une patiente. Je suis infirmier en psychiatrie et en pédopsychiatrie. Je lis mais assez peu ces ouvrages cités par Sabourin. Et je ne suis pas formé à la psychanalyse. 

 

Il faudrait aussi parler de la moyenne d’âge des participantes et participants. J’aurai 54 ans, cette année. L’ensemble des participantes et participants m’a semblé plus âgé que moi en moyenne de quelques années. Certaines des participantes connaissent Claude Orsel depuis vingt, trente ans, voire davantage.

 

La psychanalyse, un peu comme l’Aïkido, a perdu de sa reconnaissance médiatique. Son nombre d’adhérents diminue. En plus, il s’agit d’une discipline difficile à « maitriser » comme à intellectualiser.

Il lui est préféré des « protocoles » ou des techniques présentées comme plus rapides à utiliser, plus efficaces et aux résultats plus concrets.

Je sais que lire et la théorie ne font pas tout. On peut être très « bon » en théorie ou pour un travail administratif. Et être complètement inadéquat pour la pratique. Pourtant, lorsque la psychanalyse est servie par des personnes comme Pierre Sabourin ou Claude Orsel, il me semble plus difficile de la contredire ou de la déshériter.

 

Le prochain séminaire proposé par Claude Orsel se déroulera ce samedi 4 juin 2022 avec Patrick Declerck qui vient d’écrire Sniper en Arizona.

 

J’aurais d’autant plus voulu être présent que Patrick Declerck – formé à la psychanalyse- avait donné un cours à ma promotion. Il me reste des souvenirs de son intervention. C’était il y a plus de trente ans. A la fin des années 80, en pleine épidémie du Sida, à l’époque où François Mitterand était Président de la République. L’hôpital de Nanterre s’appelait peut-être encore la maison de Nanterre. 

 

Mais je serai en stage avec mon club d’apnée, ce samedi 4 juin.

Rue de Rivoli, Paris, 30 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

Franck Unimon, ce mercredi 1er juin 2022.