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Corona Circus

Vivre au temps du Covid avec Eric Zemmour

Paris, 6 ème arrondissement, ce 23 septembre 2021. Près de l’église St Sulpice.

 

Vivre au temps du Covid avec Eric Zemmour

 

Si je me souviens bien, c’est au début de La Vie devant soi, de Romain Gary, que le jeune Momo demande :

« C’est possible de vivre sans amour ? Â».  Le vieil Arabe à qui il échoit de répondre, après une sorte de lutte intérieure, cède. Et lui « donne Â» la vérité. « Oui, c’est possible…. Â». Alors, Romain Gary nous décrit un vieil homme qui tire la tronche. Et c’est moche à suivre. Car si le jeune Momo a encore « toute la vie Â» devant lui, en posant cette question à cet homme, celui-ci, en répondant, a été contraint de voir en face que l’intégralité de sa vie- et de son Å“uvre- avait été ratée.

 

C’est en lisant, ado, ou jeune adulte, ce livre de Gary que j’avais appris que l’on pouvait lire sans amour. Pardon : que l’on pouvait vivre sans amour. Vingt ou trente ans après avoir lu deux ou trois Å“uvres de Romain Gary, je sais qu’elles font partie de ces lectures qui m’ont fait et me font vivre.  Aujourd’hui encore, chaque fois que je « croise Â» le nom de Gary, directement ou indirectement au travers de Jean Seberg, pour moi, le temps s’arrête quelques instants.

 

Nous connaissons des auteurs, des penseurs, des personnalités, des oeuvres ou des artistes, connus ou inconnus, controversés ou encensés, qui nous animent de cette façon. Qui nous rendent vivants.

 

Je suis évidemment bien incapable de savoir ce qu’il restera de ce que nous vivons et de ce que je vis, aujourd’hui. Néanmoins, ce dimanche 26 septembre 2021, je me dis que si nous pouvons vivre sans amour, alors, nous pouvons sûrement également vivre sans Eric Zemmour.

 

Or, depuis quelques semaines, peut-être depuis plusieurs mois, « beaucoup Â» de monde veut « son Â» Zemmour. Bientôt, il sortira peut-être un ours en peluche Zemmour. Un pendentif Zemmour. Un album de Rap Zemmour. Une limonade Zemmour. Un peignoir et un slip de bain Zemmour. Une voiture électrique Zemmour.

Zemmour  et « ses Â» 6 ou 7 pour cents d’intention de vote s’il se présente aux élections présidentielles de 2022. Zemmour à la télé en plein débat avec l’animateur, producteur, écrivain, artiste Laurent Ruquier, son ex-employeur, et la journaliste Léa Salamé. Léa Salamé qui est un peu le pendant d’Anne Sinclair dans les années 80-90 avant « l’échec Â» DSK.

Zemmour immergé dans l’eau salée dans un collé-serré avec celle qui serait sa proche conseillère. Zemmour et sa crème fouettée. Zemmour à Koh-Lantah. Zemmour à The Voice. Zemmour dans Le Bonheur est dans le pré. Zemmour à Fort Boyard. Zemmour dans le prochain James Bond (c’est lui qui va remplacer Daniel Craig). Zemmour dans le prochain Matrix (tout venait de lui).

Zemmour défendu par son « ami Â» journaliste Pascal Praud, un homme qui regrette les  années 70-80, mais seulement de la France. Les années des « vraies valeurs ». Pas celles des années 70-80 du groupe Joy Division ou de Bob Marley et les Wailers.

Zemmour dans son débat télévisé avec Mélenchon, meneur du parti La France Insoumise. Zemmour qui, lors de son débat avec Laurent Ruquier affirme :

« 70 pour cent des Français pensent comme moi ! Â». 70% !

 

On verra dans vingt ou trente ans – si nous sommes encore là, si nous n’avons pas été remplacés– ce qu’auront donné, ce que seront devenus « ces Â» 70% qui penseraient comme lui. Au point que Zemmour estime avoir « annexé Â» les pensées de pratiquement les trois quarts des Français. Parce-que, penser en permanence « comme Â» quelqu’un d’autre, c’est une épreuve. Et puis, lui qui voit la France comme un pays envahi par les étrangers délinquants, déviants, mal nommés et menaçants, il devrait penser à faire profil bas.

Si les « vrais Â» Français sont devenus minoritaires dans ce pays.

 

Mais si les pensées de Zemmour clivent, réconfortent ou agressent, je le vois aussi beaucoup comme un commerçant. Mr Zemmour est le commerçant de ses propres pensées. Lesquelles sont ces produits qu’il a réussi à placer sur les étalages médiatiques. Car il a su et pu trouver dans ce « petit » monde médiatique des personnes qui l’ont trouvé suffisamment sympathique et utile pour l’aider à s’installer. L’encourager. Se fortifier. Lui, qui, au départ, était un « migrant Â» médiatique parmi d’autres et qui a ainsi pu obtenir son visa provisoire. Puis son titre de résident permanent ou sa nationalité quasiment indestructible qui lui permet désormais de circuler plutôt facilement dans les allées des chaines de télévision.  Car Zemmour n’est pas né sur un plateau de télé. Assez peu de monde naît dans un service de maternité qui appartiendrait à une chaine de télévision. Autrement, cela fait longtemps que nous aurions eus des clichés de la naissance du petit Zemmour à la maternité.

 

Ce petit monde médiatique, que nous sommes une majorité de spectateurs – et d’exclus- à regarder a ses particularités. Comme, d’abord, de pouvoir doter d’une importance disproportionnée certains événements et certaines personnes. Mais, aussi, d’ôter la mémoire. Et, ce qui va avec, de nous montrer quelques habitués, une très petite minorité des Français, dopés à l’exposition médiatique. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser, je ne peux pas m’empêcher de penser, que si autant de monde veut « son Â» petit Zemmour, c’est parce qu’il est le « très bon coup médiatique Â» du moment.

« Seuls Sarkozy et Macron, actuellement,  peuvent faire autant que lui en termes d’audimat Â».

Zemmour aurait tort de se priver d’un tel succès. Cela doit beaucoup lui plaire et le faire marrer de se voir autant désiré. Ou craint. Il a sans doute beaucoup de revanches à prendre, lui, qui a probablement longtemps vécu sans amour. Car lorsque l’on manque d’amour, le temps est souvent trop long. Je le sais par expérience. Non par jalousie ou mesquinerie envers Zemmour

 

Je sais aussi que Zemmour n’a rien à voir avec Romain Gary (qu’il a sûrement lu et apprécié). Ou avec Baudelaire.

 Zemmour n’a rapporté aucune médaille olympique des Jeux Olympiques de Tokyo qui se sont terminés il y a plusieurs semaines. Zemmour n’a sauvé personne du Covid en travaillant dans un hôpital ou une clinique depuis le mois de Mars de 202O. Zemmour n’est pas intervenu lors des attentats terroristes du 13 novembre 2015. Mais qu’est-ce que c’est bon de se prendre son shoot d’exposition médiatique comme on pourrait se prendre un verre de Perrier menthe tout en se montrant sur un plateau de télé avec Eric Zemmour ! Et en assurant, bien-sûr, que c’est pour la bonne cause. Pour le droit à la liberté d’expression. Et, aussi, pour percevoir un très bon salaire.

Il est surprenant de revoir comme la liberté d’expression, avec la garantie de recevoir un très haut salaire, reste le droit plutôt exclusif de quelques unes et quelques uns en France comme ailleurs.

 

Nous sommes toujours en pleine pandémie du Covid. Même si, depuis début septembre à peu près, avec la rentrée, j’ai bien senti qu’il y a une volonté – et un besoin– assez unanime de « l’oublier Â».  Si bien que, très facilement, aujourd’hui, en France, pour ne parler que de « Ã§a Â», des soignantes et soignants – héros l’année dernière- se font désormais suspendre, sans salaire. Est-ce que l’on écoute et réécoute ce que ces personnes ont à dire ? Non. On les a assez entendues comme ça. Quand ? Combien de fois ? Dans quelles conditions ? Avec quelles intentions ?

Pour les écouter véritablement ? Ou pour meubler et faire la Une ?

Leur suspension, leur arrêt de travail ou leur départ des hôpitaux et lieux de soins où on les contraint à cette vaccination (malgré le port du masque) va continuer d’accroître dans certaines régions au moins une pénurie infirmière existante depuis des années. Donc « quelques Â» déséquilibres supplémentaires pour répondre aux besoins sanitaires divers de la population vont survenir. Mais ça n’est pas « préoccupant ». Mon article Crédibilité , écrit le 5 novembre 2019, fait actuellement partie de mes articles les plus lus. Sans doute par des soignantes et des soignants. Peut-être que cet article les touche parce-qu’écrit avant la pandémie du Covid, il racontait et raconte ce que connaissent un certain nombre de soignants depuis plusieurs années. 

Pour l’instant, la pandémie diminue, il y aurait peu de personnes vaccinées contre le Covid à être hospitalisées. L’espoir d’en finir avec la pandémie du Covid revient et coïncide avec le taux officiel de vaccination de la population qui approche maintenant les plus de 70 % . Mais, pour moi, le grand test de la réussite de la vaccination générale va arriver à partir de cet automne. Ou dès que les températures vont véritablement fléchir à la fin de l’année ou au début de l’année prochaine.

 

En Israël, pays qui sert jusqu’à maintenant de « modèle Â» à la France pour son programme sanitaire contre la pandémie du Covid, une troisième dose de vaccin anti-Covid (vaccin qu’en France refusent de se faire injecter les soignants suspendus/ raison pour laquelle depuis ce 15 septembre 2021, ils peuvent être suspendus en recevant un recommandé avec accusé de réception) a été décidée pour la population à partir de 30 ans : 

 

En raison de la baisse d’efficacité du vaccin Pfizer face au variant Delta du Covid. Le « Pfizer Â» est Le vaccin anti-Covid largement le plus utilisé en France.  Avec le « Moderna Â», le « Pfizer Â» a été conçu avec la technique ARN messager. Ces deux vaccins, le Pfizer et le Moderna sont présentés comme les plus avancés. Les plus performants actuellement contre le Covid.  Hors contamination par le Covid, ils nécessitent deux injections à trois semaines d’intervalle. Et, il faut compter 7 jours après la deuxième vaccination pour pouvoir considérer être vacciné contre le Covid. Pour une durée d’efficacité maximale d’environ six mois après la deuxième injection.

Les deux autres vaccins disponibles, l’ Astrazeneca et le  Johnson & Johnson ont eu des ratés en termes d’effets secondaires. Des effets secondaires « dérangeants Â», « gravissimes Â». Je crois que l’Astrazeneca a été le premier vaccin anti-Covid proposé en France au début de l’année 2021. Peut-être fin 2020.

Le Johnson & Johnson a été, à ce jour, le dernier vaccin anti-Covid proposé en avril ou Mai 2021. Ce dernier a pour particularité de nécessiter une seule injection. Injection après laquelle il faut compter 28 jours pour pouvoir considérer être correctement vacciné contre le Covid.

Le Johnson & Johnson a, aussi, très vite, comme l’Astrazeneca, présenté des effets secondaires « dérangeants Â» et « gravissimes Â». Néanmoins, à la faveur de la règle bénéfices/risques, le Johnson & Johnson et l’Astrazeneca peuvent encore être proposés à la vaccination :

il est estimé qu’il y a plus intérêt, pour se préserver des graves conséquences médicales du Covid, de se faire vacciner que ce soit par l’Astrazeneca, le Johnson & Johnson, le Pfizer ou le Moderna. Selon les situations personnelles et médicales de chacun (comorbidités, âge….) un avis médical permet de choisir le vaccin qui correspond le mieux. Je ne suis pas médecin. Je résume dans cet article ce que j’ai compris et ce que j’ai lu.

 

Depuis quelques jours, les personnes qui se sont faites vacciner avec le Johnson & Johnson sont incitées à recevoir une injection du Pfizer ou du Moderna ( les deux vaccins anti-Covid à ARN messager) afin de « booster Â» leurs défenses immunitaires.

 

Deux vaccins anti-Covid sur quatre ont présenté des risques sanitaires ou des « faiblesses Â» en termes de réponse immunitaire. Nous manquons encore de recul par rapport à ces quatre vaccins anti-Covid qui s’inoculent ( j’ai reçu une première injection de Moderna mi-septembre, il y a deux semaines). Des laboratoires, des entreprises et des actionnaires engrangent des marges de profit historiques « grâce Â» à la pandémie du Covid. Mais les soignants qui refusent de se faire injecter ces vaccins anti-Covid sont aujourd’hui perçus comme indésirables, irrationnels, dégradables et irresponsables ou responsables potentiels et principaux de la persistance ou de développement de clusters de la pandémie du Covid.

A côté de ça, depuis deux semaines, il est de nouveau possible de retourner dans certains centres commerciaux en portant uniquement un masque anti-Covid. Car le taux d’incidence de la pandémie a diminué. Et puis, imposer trop de conditions pour accéder aux centres commerciaux a pu faire perdre à ceux-ci 20 à 30 % de leur chiffre d’affaires. Auparavant, il fallait fournir un pass sanitaire ( j’écris souvent « passe » au lieu de « pass ») qui atteste de notre vaccination anti-Covid complète et achevée au moyen d’un QR Code. Ou du résultat négatif de moins de 72 heures à un test antigénique ou PCR. Ou d’un résultat positif à l’infection du Covid depuis un certain nombre de jours. 

 

 Des forages pétroliers se multiplient dans l’Antarctique au détriment du réchauffement climatique. Le procès des attentats terroristes du 13 novembre 2015 se poursuit. En France et ailleurs, il est d’autres informations plutôt sensibles. Mais, depuis quelques semaines, on nous parle et reparle de Zemmour.

 

Zemmour va-t’il se lancer dans les élections présidentielles ? Le « pauvre Â» Zemmour s’est fait insulter par une humoriste qui l’a grimé en « zob Â» et en Hitler. C’est inadmissible ! Et, en plus, ce n’est pas drôle a affirmé un journaliste qui l’aime beaucoup – qui n’est pas drôle- et pour lequel la « popularité » de Zemmour est bien utile. Ainsi que pour la chaine de télévision pour laquelle il travaille.

 

Une scène du film « Bac Nord », où deux des policiers de la Bac interprétés par François Civil et Karim Leklou se font passer pour des consommateurs de shit afin de « s’infiltrer » dans une cité tenue/grillagée par des trafiquants. Le film est sorti cet été. Le film semble plutôt apprécié par les policiers. Récemment, dans Paris, en allant prendre le métro, j’ai pu entendre un policier dire à ses collègues en regardant une affiche du film « Il parait que c’est un bon film ». Je rappelle aussi le livre « La peur a changé du camp » de Frédéric Ploquin dont j’ai parlé dans un de mes articles.

 

 

Le film Bac Nord de Cédric Jimenez donnerait une vision « zemmouriste Â» de la France. Si dans le film  Les misérables 2ème partie de Ladj Ly, en banlieue parisienne, les policiers de la Bac entrent dans les cités et abusent de leur pouvoir, dans Bac Nord, à Marseille, les policiers de la Bac ne peuvent plus entrer dans certains quartiers.

 

L’acteur Roschdy Zem dans le rôle principal de « Go Fast ».

En 2007 au moins, un film comme Go Fast d’Olivier Van Hoofstadt montrait déja une cité où les policiers n’étaient plus « chez eux ». Mais en 2007, c’était l’ère Sarkozy auquel Zemmour me fait aussi penser. 

 

 

Mais dire que cela est devenu un fait dans certains quartiers de France (pas uniquement à Marseille) n’est pas « zemmouriste Â». Ce qui est « zemmouriste Â», c’est d’occulter que ces quartiers se sont transformés et radicalisés de cette manière à la suite de décisions politiques et économiques prises et répétées ces vingt et trente dernières années. Et de pouvoir affirmer ensuite à la télé à une heure de grande audience :

 

«  70 pour cent des Français pensent comme moi ! Â».

 

Ce qui est « zemmouriste Â», c’est de croire et de penser que les conditions de travail dans des institutions publiques comme l’école, les hôpitaux mais aussi dans la police se sont dégradées toutes seules. Ou principalement par la faute de celles et ceux qui y travaillent.

Et ce qui est peut-être anti-zemmouriste et anti-RN, c’est de comprendre que ces décisions politiques et économiques « pérennes Â» depuis vingt à trente ans finissent par amener des personnels soignants ou enseignants à voter pour le RN ou pour Zemmour. Mais aussi à produire des Eric Zemmour.

 

Autrement, oui, j’avais vu le film Dune-un film de Denis Villeneuve . Je l’aime toujours. Même si je suis d’accord avec la critique lue ailleurs selon laquelle « une fois de plus Â», ce sont des gentils blancs qui viennent sauver les Indigènes. Il est vrai que Javier Bardem – un acteur que j’aime beaucoup – en «Touareg Â» fait un peu penser à ces blancs qui jouaient les Indiens ( en se grimant) dans les westerns. Et, tout compte fait, je lui trouve aussi un petit air de Zemmour.

 

Et puis, je m’inquiète subitement – alors que je ne devrais pas vu que lui ne s’est jamais inquiété pour moi- de Jean-Louis Borloo. Lui, si doué pour resplendir sur les trampolines médiatiques beaucoup plus longtemps que Simone Biles. Une telle discrétion de sa part m’étonne. C’est suspect. Je suis sûr que Zemmour y est pour quelque chose.

Paris, ce 23 septembre 2021.

 

Franck Unimon, ce dimanche 26 septembre 2021.

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Voyage

New-York 2011- 2ème partie

 

New-York. Lundi 10/10/11 7h05

( cet article est la suite de New-York 2011 que j’avais publié le 12 mars 2020. Ce 24 septembre 2021, je me suis senti inspiré pour poursuivre. J’ai peut-être estimé que j’avais suffisamment pris le temps de la réflexion).

Hi Guys !

 

Hier, dimanche 9 octobre, après la tenue de ce journal, nous sommes allés prendre un petit-déjeuner près de l’hôtel. Mais avant de parler d’hier :

 

Tout à l’heure, en me levant, je me suis dit que si je devais vivre ou si je venais à vivre à New-York, j’habiterais Harlem. Ou Brooklyn.

 

Harlem pour ses loyers que je devine à peu près abordables : cité HLM ou équivalent. Pour ses anciennes zones pavillonnaires. Pour le calme que nous y avons trouvé hier ; la taille de ses habitations sensiblement moins haute que là où se trouve notre hôtel ; pour sa population : des Noirs (Américains ou Africains) des Hispanophones. Il semble qu’il y’ait une sorte d’entente tacite, au départ, entre personnes de même couleur ici.

 

Brooklyn : parce-que peut-être que le côté populaire d’Harlem me rebuterait. Peut-être qu’Harlem n’est pas si calme que ça. Parce-que Brooklyn me semble plus proche de la vie qu’Harlem. De la vie culturelle, économique. Mais Brooklyn est sûrement très chère.

 

Si je reviens un jour à New-York, j’essaierai d’habiter à Brooklyn si, économiquement, c’est plus avantageux qu’à l’Intercontinental Barclay. Mais, par ailleurs, notre hôtel est vraiment bien situé géographiquement :

A quelques minutes de Grand Central. A environ 30 minutes à pied de Broadway et de Times Square….

Par contre, pour le prix des commerces, il faut être affuté. Apercevoir une chocolaterie Godiva à quelques minutes de notre hôtel, dans Lexington Avenue, le soir de notre arrivée, aurait dû m’en informer ; la veille de notre départ pour New-York, nous sommes allés faire du change, rue Rouget de Lisle, dans le premier arrondissement, près des Tuileries, au métro Concorde. Soit la négation d’un quartier populaire. C’est dans la rue du Faubourg St-Honoré que nous étions tombés sur Godiva en cherchant un distributeur de billets. Godiva est une chocolaterie chic dans un quartier où je me promène peu. Ce n’est pas mes origines. Les cinémas les plus proches sont sur les Champs Elysées. Ou à Opéra. Ce ne sont pas les cinémas que je fréquente le plus. Exceptions faites des projections de films réservées à la presse cinéma dont plusieurs salles se trouvent sur les Champs ou aux abords des Champs Elysées.

 

Si je venais vivre à New-York, qu’y ferais-je ? Certainement pas infirmier ou dans le milieu de la santé !

Pour beaucoup, les Etats-Unis symbolisent la possibilité d’une nouvelle chance, d’une autre vie. Alors, quoi faire dans cette ville où, manifestement, il convient d’être bavard, actif, toujours souriant et expressif : «  Hi guys ! Â» nous ont déjà répété plusieurs fois des employées à notre entrée dans certains magasins. Le mot « Guy Â» m’intrigue. Ma compagne est une fille. Malheureusement, je n’irai pas interroger ces employées à ce propos.

 

Parler ici n’est pas vraiment mon ressort. Autant lire et écouter en Anglais, oui. Parler, pas vraiment. Du moins, pas pour l’instant. Je parle Anglais car Ma compagne le fait très peu. Je suis aussi son escorte linguistique. Et pour des raisons pratiques : trouver notre chemin.

Mais, autrement, je crois avoir quitté cette excitation juvénile, niaise et immature qui, il y’a vingt ans, en Ecosse, me rendait plus bavard, plus expressif et plus souriant.

Aujourd’hui, je ne parlerais pas de déprime (beaucoup, en outre, m’envieraient cette déprime) mais d’un certain scepticisme vis-à-vis d’un certain cirque social.  Hier, je me suis surpris à regretter, un peu, la discrétion voire la retenue japonaise. OU asiatique. Mais je ne sais sans doute pas de quoi je parle et ma compagne me dirait sans doute que je suis trop exigeant avec moi-même.

 

 

Je me sens tenu d’écrire tout de suite que cela me va d’être l’escorte linguistique de ma compagne, ici : il y’a plus désobligeant et elle est de bonne compagnie. Pas de chichis où de scènes à 2 balles.  De la simplicité, de la gentillesse et de l’efficacité.

 

Agacé

 

Je suis assez agacé par le fait que notre séjour consiste pour beaucoup à aller découvrir ces endroits de New-York dont nous avons beaucoup ( au point de ne plus nous en rendre compte) entendu parler ou que nous avons beaucoup vus au cinéma ou à la télé. C’est à cela que je me rends compte que New-York est bien la ville, une ville, qui fait partie de la Première Puissance mondiale. Or, lorsque je regarde bon nombre de ses habitants, je vois des êtres faits comme tout le monde avec les mêmes erreurs, travers ou tics qu’ailleurs.

 

Je suis assez agacé par ce circuit touristique mais c’est sans doute un préliminaire nécessaire. Il aide à comprendre une partie de l’histoire de cette ville, de ces gens. Et puis, cela me fait voir autre chose, ou presque, de ce que je connais et vois d’habitude.

Presque : car les mêmes besoins sont ici présents comme ailleurs.

 

Chester Himes

 

 

Hier matin, notre petit-déjeuner a été une réussite économique. 23 dollars et quelques    (parce-que nous avons pris pour environ 10 dollars de fruits, c’est cher : pastèque, melons, mangue).

La veille, nous avions payé un peu plus de 40 dollars.

Je n’ai pas retenu le nom de l’endroit de notre petit-déjeuner d’hier matin, très proche de notre hôtel. A l’angle en descendant. Il s’agit visiblement d’un commerce.

« We never close Â» m’avait répondu malicieusement la dame de la caisse, d’origine chinoise. Pourtant, le soir de notre arrivée, les lumières étaient plutôt éteintes et un homme faisait le ménage.

Derrière les fourneaux, des Mexicains ou des Sud-Américains. A la caisse, des femmes chinoises. Au milieu, des produits alimentaires. Il est possible, ici, de manger tous ses repas. Et, il semble que cela soit très fréquenté.

 

Après ça, le bus jusqu’à Harlem. Nous le prenons dans la 3ème Avenue, non loin du magasin Capacci Group où j’ai acheté mes cadenas qui, maintenant, m’obéissent. Le magasin est ouvert ce dimanche comme la plupart des commerces.

Je demande au chauffeur, un Noir d’une cinquantaine d’années, barbe grise et sel de 2-3 jours, où s’arrêter pour Harlem :

« It depends on where you’re going Â» me répond-t’il. Mince !

« Up to Central Park Â» je réponds. Il me dit qu’il m’arrêtera à une station. Je le remercie.

La climatisation me heurte. Je ferme mon blouson. La 3ème Avenue défile plus de trente minutes durant. Le chauffeur annonce la plupart des arrêts par noms de rue. Il est l’autorité du bus.

Une seule femme (d’une bonne cinquantaine d’années) raconte sa vie grâce à son téléphone portable.

Nous apercevons beaucoup de commerces dont une Bakery qui donne envie avec ses pâtisseries maison. J’aperçois aussi une maison à Bagels. Je n’en n’ai toujours pas mangé. Les quartiers sont assez chics ou bobos. Puis, vient Harlem. Et, c’est moins beau. D’abord, une bonne partie des passagers avec nous au départ a disparu. La femme blanche au téléphone portable n’est plus là.

Un Noir massif d’une cinquantaine d’années, assez grand, aux pieds larges chaussant à peu près du 48, et sentant l’urine, monte avec une poussette. C’est laborieux. Derrière lui, une jeune femme noire, grosse, la vingtaine, avec un joli visage, mesurant 1m60 ou moins, porte un enfant qui doit avoir un an au maximum.

L’homme et la femme s’assoient côte à côte. Debout, à l’arrêt de bus, un homme d’environ 1m70, la cinquantaine, la peau noisette, maigre, est vêtu d’un costume beige. Ses yeux sont assez exorbités. Il porte une bosse sur la partie gauche de son front. Une bosse qui semble faire partie de son anatomie. Il regarde derrière le bus semblant en attendre un autre. C’est un personnage d’un livre de Chester Himes.

 

Le bus repart. Un peu plus tôt était montée une jeune femme noire, en tenue de travail. Une combinaison bleue (tunique et pantalon). Elle venait sûrement de l’hôpital devant lequel nous nous étions arrêtés.

 

Le couple à l’enfant discutait tranquillement, se souriant. La poussette, elle, n’arrêtant pas de se déplacer : les freins ne marchaient pas ou ne marchaient plus. Plusieurs fois, celle-ci s’est déplacée sans que l’homme s’en aperçoive. J’ai ainsi pu la remettre une ou deux fois sans qu’il le voie. La première fois, il s’était excusé. Finalement, l’homme a posé son gros pied pour coincer la poussette.

 

 

A un arrêt est monté un mastodonte noir (à la Schwarzenegger  quand il était jeune). Il tenait dans la main un sorbet qu’il lapait avec plaisir.

 

 

Nous sommes descendus peu après. Le Harlem que j’ai vu m’a évoqué la Porte de Clignancourt, ses commerces bon marché, St Ouen, avec un playground. Mais une Porte de Clignancourt en plus large bien-sûr et où l’on parle Espagnol.

En marchant vers le nord de Central Park, nous croisons quelques Africaines et Africains francophones.

 

Le nord de Central Park

 

 

Cela surprend de tomber sur le nord de Central Park en émergeant d’Harlem et de ses logements calmes mais plutôt moches. De plus, il fait beau. Comme hier.

 

 

A Central Park, l’atmosphère est très détendue. Quelques personnes sur des bancs. Lecture, détente, coiffure. Mais la plupart se promènent. Quelques noirs mais surtout des blancs. Ou des touristes comme nous. Enfin, c’est ce que je vois d’emblée.  Le parc est beaucoup trop grand pour que je sois catégorique.

Des gens se promènent en famille.  Quelques personnes trottinent. Comme ce noir d’environ 1m90 pour plus de cent kilos, la cinquantaine, short, casquette, baladeur fiché dans la brassière de son bras gauche. Il se prend la laisse d’un petit chien tenu par un môme. Le noir saute un moment à cloche-pied, le temps d’être dégagé, sous les «  My God ! I’Am sorry ! Â» de la maman du petit. Puis, l’homme repart vers son footing en transpirant. Il est midi et demi passé.

 

 

Nous entrons dans un jardin où les cyclistes sont invités à mettre pied à terre. Malheureusement, j’ai oublié son nom. C’est un jardin assez grand pourvu de toilettes gratuites et plutôt propres. On peut facilement tourner en rond dans ce jardin. Mais c’est calme, agréable. On y croise deux surveillantes. Deux noires. Deux étudiants, une fille, un garçon, avec leur Mac sous les colonnes. Un couple. Un endroit tranquille.

 

En sortant de ce jardin, nous nous rapprochons du réservoir Jackie Onassis (Quel hommage ! ) et de la file active des sportifs de Central Park. Enfin, sportifs….tous ne le sont pas. Même si le plus grand nombre en a la tenue et l’équipement. Et, ils sont nombreux à défiler régulièrement, principalement à pied ou à vélo. Beaucoup moins, j’en suis surpris, en rollers et avec des rollers « ordinaires Â» à quatre roues avec frein à l’arrière. A l’exception d’un rouleur, noir, en combinaison de compétition avec quatre roues d’environ 100 mm de diamètre.

Je vois beaucoup de sportifs du dimanche. Ou des sportifs qui commencent un entraînement.

Nous remontons (descendons) la file active à contre-courant. Parmi les promeneurs, quelques voix françaises.

Nous longeons principalement la piste sportive jusqu’au sud où nous sortons. Après une pause, assis sur un banc, à regarder les sportifs.

 

Nous tombons sur le défilé du char de la Colombie. Devant nous, quelques Colombiens émus agitent leur drapeau. La jeune femme qui représente la Colombie semble aussi contente et émue.

Nous n’attendons pas le passage des autres chars et ne demandons pas de quoi il s’agit. Nous traversons l’avenue dès que cela est possible avec quelques autres. Nous prenons un bus dans l’avenue Madison direction Harlem. Le seul avantage que je trouve à ce que je vois de Madison Avenue est de nous indiquer un des musées où nous irons peut-être : le musée d’art contemporain. Pour le reste, cette avenue me déplait. Sa froideur. Son luxe. Ce fric. Ces vitrines. Et puis, la climatisation du bus me rackette.

 

Harlem

 

 

De retour à Harlem pour trouver un restaurant, je nous égare. Jusqu’à ce qu’une dame noisette d’une soixantaine d’années du genre bigote nous réponde avec un accent espagnol et nous aiguille.

 

Je suis étonné par l’espace de Harlem : assez larges trottoirs. Assez larges rues.  Calmes. Peu de voitures. Il est vrai que les logements, en moyenne, y sont plus petits que là où se trouve notre hôtel.

Nous apercevons l’avenue Martin Luther King. Puis, nous approchons de notre but. Le Melbi’s  cité dans le Lonely Planet semble ouvert. Il y’a des personnes attablées à l’intérieur. Un homme noir assis devant avec une femme noire avec laquelle il discute, me prévient que ça ouvrira à 17h. Il est 15h ou 15h30. Je leur demande s’ils connaissent un bon endroit où manger près d’ici. Nous avons le choix. Ils nous indiquent trois ou quatre endroits.

 

Nous entrons dans le Zoma (« essence of Abyssinia, Ethiopian cuisine New York Â») toujours dans le boulevard Frederik Douglass ( 8 th Avenue ).

L’intérieur est moderne et assez spacieux tout en bénéficiant d’ornementations du pays. Depuis quelques années, j’ai un faible pour l’Ethiopie, pays d’Afrique qui n’a pas connu l’esclavage. Haïlé Sélassié. L’Amarhique. La collection de musique Ethiopiques.  La chanteuse Tseyhatu Beràki.

 

La jeune femme qui nous reçoit a le charme de là-bas. Ce regard, ce visage.  Ce sourire poli, ces cheveux.

Je la crois née là-bas mais elle s’exprime avec un accent new-yorkais plutôt prononcé.

Dans le restaurant, un couple hétéro blanc, deux femmes noires. Une, plus jeune que l’autre, porte une robe rouge.

 

Nous prenons un plat conçu pour deux. 31 dollars, taxe incluse.

Je lui demande comment s’appelle cette chanteuse que nous entendons. Kuku Sebsibe. Elle n’a pas le cd me répond-t’elle en souriant mais elle peut m’écrire son nom.

Elle est jeune ? Pas vraiment. Elle doit avoir la cinquantaine.

Comment faire pour aller à l’église abyssinienne ? Je n’y suis jamais allée.

Elle m’explique comment m’y rendre. Il faut prendre le métro etc….

Par contre, la salle de concerts Apollo est assez proche ! Je prends une carte du restaurant. Nous partons donc pour Apollo et je veux croire que son sourire, quand elle nous a salué, n’avait rien à voir avec l’impératif «  Hi guys ! Â» qu’on entend régulièrement dans les magasins.

 

 

Aller à la salle de concert Apollo nous permet de rester un peu plus longtemps dans Harlem.

Dans Nicholas Avenue, en pleine rue, nous avons vu un jeune homme noir d’environ un mètre quatre vingt s’amuser à lancer un ballon de football américain que trois jeunes garçons d’une dizaine d’années s’empressaient d’aller récupérer. 

 

Sur le chemin d’Apollo

 

 

Sur le chemin d’Apollo, une mosquée qui semble tenue par des Africains d’Afrique noire. Une avenue ou un boulevard Malcolm X. Il me semble même avoir vu quelque part l’enseigne d’une communauté Malcolm Shabbazzou quelque chose comme ça.

 

Je constate aussi des restes d’un certain militantisme «  I’Am black and Proud ! Â» :

 

C’est une vendeuse d’un âge respectable (la quarantaine) vêtue à l’Africaine sur le modèle de la chanteuse Erykha Badu.

Des livres qui ont à voir avec un certain militantisme.

Jusqu’à la vente de comics avec des super héros noirs. Les quelques super héros noirs de comics tels que Black Panther, ce qui, en Anglais, ici, à Harlem, prend un autre sens auquel je n’avais jamais pensé en lisant « La Panthère noire Â» en Français. Et, bien-sûr, Luke Cage qui a inspiré à l’acteur Nicolas Coppola son nom d’acteur : Nicolas Cage.

 

Inutile d’entrer dans l’Apollo juste pour visiter. Surtout lorsque je vois un guide en sortir avec quelques touristes et leur sortir qu’il a été très content de les rencontrer et de serrer la main à tous : des blancs, des hommes et quelques femmes.

Cela me rappelle la même mascarade touristique que dans ce documentaire où l’on voyait un jeune couple français visiter en Jamaïque le musée consacré à Bob Marley.

 

Give me a break !

 

 

Bien qu’historique, l’Apollo me fait l’effet d’un lieu ordinaire pour celles et ceux qui vivent ou travaillent ( il y’a plein de commerces) aux alentours.

Dans un magasin de chaussures, non loin de là, un jeune noir d’une quinzaine d’années essaie des bottes en caoutchouc tout en téléphonant. Il est assis sur un siège.

Un des employés, noir, la bonne quarantaine, l’aide à retirer la botte qui lui reste. Le jeune homme poursuit sa conversation téléphonique.

Il semble que l’employé s’enhardisse à lui demander s’il prend les bottes. Le jeune homme, tout en continuant sa conversation téléphonique, répond, en riant un peu, à l’employé :

« Give me a break ! Â». L’employé se redresse docilement.

Franck Unimon (à suivre).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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En Route pour le milliard-un film documentaire de Dieudo Hamadi

 

En route pour le milliard un film documentaire de Dieudo Hamadi

 

 

Le plus souvent, dans son lit ou sur le billard, on arrête de compter bien avant d’atteindre le milliard. 6600 bombes sont tombées du 5 au 10 juin 2000 lors de la « guerre des six jours Â».

 

Certaines régions sont parfois connues pour les sourires et les espoirs qu’elles exportent. Kisangani l’a sûrement été pour ce conflit qui a opposé le Rwanda à l’Ouganda en République démocratique du Congo pour les diamants.

 

Il est déjà très difficile d’être maitre de soi-même en temps ordinaire. Alors, par temps de guerre, parmi des bombes impossibles à dompter et à dénombrer….

 

Plusieurs années ont été nécessaires à des survivants de Kisangani pour se remettre suffisamment avant de décider d’entreprendre certaines démarches. A la fin du conflit, l’Etat s’était engagé à leur verser un milliard en compensation. Près de vingt ans plus tard, les survivants n’ont perçu que leurs traumatismes, leur honte sociale et leur colère.

 

Dieudo Hamadi les suit jusqu’à Kinshasa où se trouvent les grands décideurs pour leur rappeler certains engagements. Kisangani-Kinshasa, cela fait plus de 1200 kilomètres à vol d’oiseau. Mais si ces femmes et ces hommes avaient été des oiseaux, ils auraient eu la légèreté de s’envoler avant que la lourdeur des bombes- et des viols ?- ne les plombe. Ces grands voyageurs sont cul de jatte, porteur et porteuses de prothèses en plastique, se déplacent avec des béquilles. L’Homme a marché sur lune. Eux ont marché sur des restes humains et sont de ces restes qui partent en chemin. Ils n’ont ni fusée, ni sponsor, ni avocat, ni association, ni chaine de télé. « Mais sans sacrifice, on n’obtiendra jamais rien Â».

 

 

Ils ont eu une vie auparavant. Le « Président Â» du groupe était peut-être instituteur, banquier. Il sait s’exprimer, a encore une carrure imposante. Maintenant, pour se laver, il doit s’allonger dans la boue tant, sans ses béquilles, il ne tient pas debout. Chez lui, on aperçoit un poster de Michaël Jackson, l’Américain tout en jambes.

 

Pour aller à Kinshasa, ces femmes et ces hommes prennent le fleuve par le bateau. Prisonniers de leurs blessures, de la promiscuité, de la pluie qui pile les bâches, le temps leur rend la vie encore plus dure. On se dispute sur la façon de bien cuisiner du riz.  

 

Puis, ils accostent et sont reçus par une jeune députée qui, un temps, les soutient. Jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus le faire car elle doit s’occuper de sa campagne. Les voici  obligés d’improviser. Il y a des désaccords sur la façon de s’y prendre. Certains sont plus découragés que d’autres. Dieudo Hamadi reste avec les survivants de l’espoir. Celles et ceux qui continuent d’y croire.

 

 

Arrive dans En Route pour le milliard ce défilé ensorcelant et très violent :

 

Les victimes tiennent leur poste à la sortie du parlement. Malgré le rejet brutal et méprisant des vigiles armés qui, du fait de la présence de la caméra, réfrènent leur violence pour celles et ceux qu’ils voient comme des énièmes va-nu-pieds qui pourraient leur faire perdre leur position et leur temps. Et, là, sortent des sommités politiques du pays ; des hommes, quelques femmes, bien sapés, un bijou de pointe à la main ( un téléphone portable) tout acquis à leur immunité envers les revers de la vie. Ils s’étonnent. Et de la présence d’une caméra comme de celle de ces personnes estropiées  qui leur parlent. Dans un langage et une image difforme dont ils se détournent en quelques secondes, pesant, pour certaines et certains de ces sommités, le pour et le contre, concernant la meilleure attitude à adopter et à montrer.

 

Les élections présidentielles surviennent. Le nouveau Président élu déjoue les pronostics et rend optimiste. Cependant, dans la rue, devant le bâtiment présidentiel, les survivants de Kisangani n’existent plus. L’argent et la considération qu’ils attendent sont sans doute là quelque part. Sur cette route qu’ils ont prise un jour pour le brouillard.

 

Les Jeux para-Olympiques de Tokyo, et les autres Jeux Olympiques, cela reste beau. Et, puis, il reste tous les autres « athlètes » de la guerre, bien plus nombreux, mutilés ou non, tels que l’on peut en voir dans ce documentaire qui bénéficiera de bien moins d’audience, de publicité et de parts de marché.

 

En Route pour le milliard sortira en salles le mercredi 29 septembre 2021.

 

 

 

Franck Unimon, ce mardi 21 septembre 2021.

 

 

 

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Cinéma

J’ai aimé vivre là- un film de Régis Sauder

 

J’ai aimé vivre là– un film de Régis Sauder

 

 

Pour l’édifice mental de « l’être Â» parisien – lequel veut pouvoir trouver le prestige et le ciel à portée de « son Â» métro- J’ai aimé vivre là sera peut-être l’essai du précipice.

 

 

Ce film, mélange de documentaire et de fiction, part des Å“uvres de l’écrivaine Annie Ernaux pour parler de Cergy-Pontoise, ville de grande banlieue parisienne, dans le Val d’Oise. La grande banlieue parisienne, c’est très loin. A près de trente kilomètres de Paris. Trente ou trente cinq minutes de RER A- ou plus- depuis la station Charles de Gaulle Etoile.  

 

Si, depuis l’esplanade de Paris, à Cergy-St Christophe, le regard peut s’entraîner jusqu’à l’Arc de Triomphe en passant par la Défense, il peut être difficile de savoir si ce que l’on voit appartient au passé ou à une forme de vie qui a persisté.

 

J’ai aimé vivre là raconte l’intérieur de cette ville aux plus de cent nationalités, ex-ville nouvelle construite à partir des années 70 pour anticiper le développement rapide de l’agglomération parisienne. Des extraits de texte d’Annie Ernaux et des portraits de certains de ses habitants, jeunes et moins jeunes, de plusieurs origines, font ce film dans divers endroits de la ville.  

 

Nous ne sommes pas dans du Rohmer qui avait tourné en 1987 L’ami de mon amie à Cergy-Pontoise. Ni dans le Naissance des pieuvres de Céline Sciamma réalisé en 2007.

 

Dans J’ai aimé vivre là, on rencontre des militants associatifs, des personnes venues s’y établir et qui y ont vu grandir leurs enfants ; des jeunes qui y ont grandi et y ont leurs cercles d’amis ; des étudiants qui vont partir pour Paris ; des étrangers qui ont dû quitter ou fuir leur pays. Et, quelques fois, Annie Ernaux, cette « voisine Â» que j’aurais pu croiser, que j’ai peut-être croisée.  

 

Dans J’ai aimé vivre là, on n’y montre pas trop la défiguration de la ville par l’assaut débridé des flots bétonniers des projets immobiliers. Ni certains quartiers de trafic. Mais, plutôt, ce qui y est réussi et peut être difficile à quitter. Même si l’ancienne patinoire de Cergy-Préfecture devenue lieu d’hébergement pour refugiés apparaît. Et qu’une interprète se met un moment à pleurer en se remémorant ce qu’était « sa Â» patinoire quelques années plus tôt.

 

J’ai vécu une vingtaine d’années  Ã  Cergy-Pontoise à partir de mes 17 ans. Mes parents, de classe sociale moyenne, y accédaient pour la première fois de leur vie à la propriété en achetant à crédit un de ces pavillons comme il y en a tant. Ce fut pour nous un grand changement après notre immeuble HLM de Nanterre de dix huit étages à quinze ou vingt minutes à pied du quartier de la Défense. En s’éloignant de ce quartier des affaires, mes parents avaient estimé faire une affaire….

Dans le salon de « notre » pavillon, un calme intact me répondait alors que j’écoutais très fort le premier album de Mc Solaar. Le silence de la rue devant chez nous. L’éloignement extrême des cercles de mes connaissances que je pouvais pourtant rejoindre moyennant du temps dans les transports en commun. Cela fut une période où la découverte de l’entre-deux s’imposa à moi. 

 

Cette ligne A du RER qui attèle Cergy-le-Haut et ses suivantes à Paris et en fait aussi une « ville-dortoir Â», souvent bondée aux heures de pointe, après à peine deux stations depuis son début, est assez absente du film. Comme le fait que la grande distance kilométrique qu’elle couvre l’expose assez régulièrement à des incidents techniques ainsi qu’aux conséquences directes des grèves de cheminots. Tandis que la ligne A du RER côté St-Germain en Laye, elle, plus courte, mieux desservie, est aussi moins touchée par ce genre de destinée.  

 

 

J’ai aimé aller voir j’ai aimé vivre là pour ce passé qu’il allait me rappeler. Un passé « annoncé Â» par un camarade de mon école primaire parti y habiter dans les années 70 avec son frère et ses parents plusieurs années avant nous. Un passé où j’ai des souvenirs de marché – celui de Cergy St Christophe- de médiathèques ; de la plus grande horloge d’Europe dont la grande aiguille des secondes me « découpait Â» alors que je courais vers elle jusqu’au RER avant qu’il ne parte ; de concerts ( Brigitte Fontaine, Brain Damage, Improvisators Dub, Susheela Raman, High Tone, Manu Dibango, Disiz La Peste, Franck Black, Joey Starr….)  ; de courses au centre commercial Les Trois Fontaines ; de rencontres professionnelles, amicales et amoureuses ; de certains choix personnels et familiaux ; de séances d’abord aux cinémas Utopia de St-Ouen l’Aumone et de Pontoise puis à celles du complexe de Cergy-Le-Haut arrivé plus tard avec sa carte illimitée et aussi  plus proche de chez moi, à pied ; De footing et de séances de natation ; de certaines allées et venues à la base des étangs de Cergy-Neuville ;  de sorties roller. De mes premiers cours de théâtre.

 

Un passé, aussi, où, durant des années, j’ai vécu dans des rêves autres que ceux de cette ville. Ce qui m’a sûrement empêché de l’aimer, tout comme ce film, autant que je l’aurais pu ou dû.

 

J’ai aimé vivre là sortira en salles le 29 septembre 2021.

 

Franck Unimon, ce lundi 20 septembre 2021.

 

 

 

 

 

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Dune-un film de Denis Villeneuve

 

                                          Dune un film de Denis Villeneuve

 

 

 

« Tant de Pouvoir dans un mâle Â» ; « Les rêves sont des messages de profondeur Â» ; « Un empereur dangereusement jaloux Â» ; « Son regard s’aiguise à peine qu’il descend déjà dans l’arène Â» ; « La main de Dieu perturbe notre système de communication Â» ; « Le désert prend les faibles Â» ; « Il a implanté des superstitions Â» ; « J’aurais dû t’épouser Â». «  On tamise les gens comme on tamise le sable Â».

 

 

 

L’adaptation cinématographique de l’œuvre de Frank Herbert (1964) par le réalisateur Denis Villeneuve est apparue sur beaucoup d’écrans en France ce mercredi 15 septembre 2021. C’est le très gros événement cinématographique de la rentrée et je suis allé le voir dès la première séance de 8h55. La grande salle était pleine.

 

Ces dernières années, on mentionne régulièrement le réalisateur Christopher Nolan comme étant celui qui sait alterner films grand public et films d’auteur. Devant le Dune de Villeneuve, je me suis avisé que celui-ci faisait beaucoup mieux.

 

Je n’ai pas tenté de lire l’œuvre Frank Herbert. J’avais plusieurs fois entendu dire qu’elle était inadaptable. J’avais vu avec plusieurs années de retard l’adaptation de David Lynch qui, en 1984, était déja devenu un réalisateur qui compte. J’avais lu des avis mitigés sur le film de Lynch estimant qu’il était un « nanar Â». Je me rappelle du chanteur Sting, nimbé de son statut de star au sein du groupe de musique Police, y tenant un rôle de méchant. Et d’une scène cruelle dont Lynch, une fois de plus, avait su magnifier le sadisme. Il me reste donc des impressions de ce film et je m’en souviens  un petit peu plus que beaucoup d’autres films que j’avais vus par la suite.

 

Je cite ces trois réalisateurs de référence que sont Villeneuve, Nolan et Lynch car ces vingt dernières années, ils ont pour eux d’avoir su concilier l’esthétisme agressivement séduisant de notre évolution avec celui de nos infirmités. Infirmités dans lesquelles, malgré beaucoup d’efforts et  d’espoirs, nous demeurons souvent enfermés.

 

On a sans doute deviné en lisant cet article que je préfère désormais la filmographie de Villeneuve à celle de Nolan qui avait réalisé la grosse production  qui avait été l’événement cinématographique quelques mois après la sortie de notre premier confinement du à la pandémie du Covid :

 

Tenet était sorti le 26 aout 2020.

 

Tenet avait beaucoup plu et très « bien marché Â»  au cinéma. Mais, dès ses débuts, dans la salle, son magnétisme supposé n’avait pas opéré sur moi. Même si l’acteur Robert Pattinson m’avait fait une bien meilleure impression que l’acteur principal John David Washington, nouvelle star du cinéma depuis son rôle dans le film de Spike Lee (BlacKkKlansman : J’ai infiltré le Ku Klux Klan, 2018) et fils de Denzel Washington.

 

Lorsque je pense aux quelques films de Villeneuve que j’ai pu voir jusqu’à maintenant à leur sortie au cinéma, je ne trouve pas, parmi eux, de films ratés :

 

Incendies, Enemy, Sicario, Premier Contact, Blade Runner 2049.

 

Villeneuve sait, selon moi, aborder les grandes questions morales de notre époque en y associant le sens du spectacle. Sans devenir la réclame publicitaire de ce spectacle.

gare de Paris St-Lazare, ce mercredi 15 septembre 2021.

 

J’aurais donc dû être content et me sentir privilégié ce mercredi matin de pouvoir, une fois de plus, partir au cinéma alors que je prenais les transports en commun avec beaucoup de personnes qui partaient travailler. Sauf que ce mercredi 15 septembre 2021, c’était aussi Le Grand jour dans un autre domaine, plus réel. Et, surtout, plus immédiat.

 

A compter de ce 15 septembre 2021,  l’Etat condamnait légalement à la suspension et à la sanction économique certains des héros de l’an passé lors de la pandémie du Covid :

 

Les soignants qui persistaient à refuser de se faire injecter les vaccins actuels contre le Covid.

Et, moi-même, longtemps récalcitrant et encore dans le doute concernant ce que j’avais finalement accepté de me faire injecter dans le deltoïde deux jours plus tôt, je ne devais la possibilité de cette sortie au cinéma que parce-que je disposais depuis du résultat d’un test antigénique au Covid d’une durée légale de deux ou trois jours. Et, comme la plupart des spectateurs et des passagers rencontrés en me rendant à cette séance, depuis l’année dernière, dans les lieux publics, je portais également sur le visage un masque anti-Covid.

 

 

Ce contexte n’empêche pas de regarder un film. Mais il peut être utile de le préciser quand on en parle ensuite. Puisque ce qui nous concerne personnellement affecte ensuite directement notre façon de voir un film, de lire, et, bien-sûr, notre façon de vivre.

 

 

Dès le début de Dune, je me suis dit :

 

« A la fin du film, je retourne le voir une seconde fois Â».  C’était la première fois depuis longtemps que je n’avais pas eue une telle volonté. Au cinéma, il est quelques films que je suis retourné voir plusieurs fois :

 

Le Grand Bleu de Luc Besson ; Le premier Matrix des ex-frères Wachowski ; La trilogie Pusher de Nicholas Winding Refn. Ensuite, il est un autre film que j’avais vu une fois au cinéma à sa sortie, dans une salle déserte, aux Halles, et dont l’attrait sur moi s’est accru à mesure que je l’ai revu. D’abord en dvd puis en Blu-ray. Under The Skin de Jonathan Glazer.  

 

Il est d’autres films, comme des livres, que j’ai vus et lus une seule fois et qui m’ont pourtant beaucoup marqué. Tels, par exemple, des films de Kieslowski, Kitano, Lynch, Spike Lee, Dumont. Ou un livre comme La Supplication de Svetlana Alexievitch,  lors de sa parution, des années avant son Prix Nobel de littérature. Des livres de Chester Himes, Richard Wright…

 

 

Mais il est seulement quelques films, pour l’instant, que je suis allé voir plusieurs fois. Et, spontanément, Dune s’est retrouvé sur cette liste. Je ne l’ai pas fait finalement. Non en raison de sa durée (2h35). Ces 2h35 passent comme un fil. On ne les subit pas. Mais parce-que, comme souvent, avant d’aller voir un film, j’aime être « vierge Â» (cette remarque avait fait grimacer une attachée de presse il y a plusieurs années) et en savoir le moins possible.

J’ignorais donc en allant voir Dune qu’il y aurait une suite. C’est uniquement à la fin du film que j’ai compris que le Dune de Villeneuve allait sûrement être l’équivalent de la trilogie Le Seigneur des anneaux réalisée par Peter Jackson dans les années 90. Trilogie dont chaque volet, si je me souviens bien, durait aussi près de trois heures.

Certaines personnes feront peut-être une analogie avec le succès des Harry Potter qui a compté près d’une dizaine d’adaptations cinématographiques. Mais hormis la toute première adaptation cinématographique que j’avais vue à sa sortie, qui m’avait plutôt plue, et ne m’avait  jamais laissé penser qu’il y’aurait ensuite un « phénomène Â» Harry Potter dans les salles qu’en librairie, j’ai peu suivi ces réalisations. Même si ma préférée reste celle d’Alfonso Cuaron avec Harry Potter et Le Prisonnier d’Azkaban ( 2004).

 

 

Qu’est-ce que j’ai aimé tout particulièrement dans le Dune de Villeneuve ?

 

Dès le début, le découpage de l’espace. La mise en scène. Villeneuve a fait de son film une poly-scène de théâtre. Le théâtre palpable, au sens organique, dans « son Â» Incendies (2010) adapté de l’œuvre théâtrale de Wadji Mouawad– que je n’ai pas vue-  se retrouve dans « son Â» Dune.  Villeneuve pose ses scènes. Nous sommes plusieurs fois entre la photo et le tableau.

 

 

Il y a du désert et des deuils dans Incendies. Il y en a aussi dans Dune. Les femmes sont porteuses et fortes dans Incendies. Elles le sont aussi dans Dune. Dans d’autres réalisations intermédiaires de Villeneuve, aussi.

 

Quoi d’autre ? On parle beaucoup de la voracité de l’économie libérale et d’écologie dans Dune. Cela nous rappelle nos échéances présentes devant le réchauffement climatique, la raréfaction de l’eau encore abstraite dans les pays riches. Mais aussi nos comportements et nos certitudes acquises mais aussi contraintes. 

 

Le sédentarisme démesuré et urbanisé de nos vies est ici exposé comme une vulnérabilité mortelle. Ce sont plutôt les nomades ou celles et ceux qui s’apparentent à des sortes de Touaregs (les « Fremen Â» comme « Free Men Â» ?)  qui semblent plus à même de véritablement faire leurs choix. Et de vivre.  

 

Dans Dune, on parle aussi de Savoirs ancestraux connus et crus par certains, ignorés par d’autres. Mais aussi de la peur qui est peut-être une de nos plus grandes Croyances. Et, question croyance en nos peurs, nous sommes nombreux à être encore beaucoup plus fervents et partisans que d’habitude depuis la pandémie du Covid. Ce qui est bien pratique pour certaines politiques et techniques managériales.

 

 

On aimerait pouvoir agir sur nos peurs comme le héros, Paul Atreides (interprété par Timothée Chalamet ) et sa mère, Lady Jessica ( l’actrice Rebecca Ferguson) le font. Mais à les voir, on comprend aussi qu’apprendre à se séparer de nos peurs est le résultat d’un entraînement et de toute une éducation. Cela ne s’improvise pas. «  Notre projet tient sur des siècles Â» dit un personnage plutôt impitoyable dans le film.  

 

 

J’ai beaucoup aimé l’attention portée par Villeneuve aux différents langages ainsi qu’aux codes culturels. Une scène très drôle avec Javier Bardem en sera un des exemples. Néanmoins, savoir parler dans la langue qu’il convient au bon moment peut sauver. Ou tuer.

 

J’ai trouvé au personnage de Paul Atreides des airs de Lawrence d’Arabie. Et son nom me fait aussi penser à l’histoire de l’Atlantide. On ne peut, aussi, que le rapprocher évidemment du jeune Skywalker, puisqu’il est aussi impossible de ne pas citer le Star Wars de Georges Lucas, d’une façon ou d’une autre, devant Dune. Et, bien-sûr, pendant qu’on y est (mais cela avait déjà été partiellement fait) le Blade Runner de Ridley Scott.

 

De toutes façons, dans Dune, on trouve- pour le meilleur- plusieurs des actrices et acteurs tant européens qu’anglo-saxons qui ont rencontré au moins ces dix dernières années une certaine popularité au travers du cinéma (d’auteur ou de cinéma grand public) ou de certaines séries télévisées :

 

 Les Gardiens de la Galaxie, Game Of Thrones, des films des frères Coen. On peut même déceler une allusion à La Servante Ecarlate.

 

 

Cependant, toutes ces références, et bien d’autres que j’ai oubliées ou qui sont bien là même si je ne les vois pas, n’empêchent pas de voir que Villeneuve a livré là un film- de plus- qui sort du lot.

 

Dune m’a tellement plu que lorsque le générique de fin est arrivé et que j’ai compris qu’il y aurait une suite, que je me suis inquiété du fait qu’il n’arrive quelque chose à son réalisateur qui l’empêche de nous montrer le reste.

 

Ensuite, je suis allé voir Shang-Chi Et La Legende des dix anneaux de Destin Daniel Creton. Parce-que le film bénéficiait de bonnes critiques. Parce qu’un film de Super-héros avec Tony Leung Chiu Wai (son rôle dans A Toute epreuve de John Woo me l’a définitivement attaché. Peut-être aussi que le suicide de l’acteur Leslie Cheung , il y a plusieurs années, y est en partie pour quelque chose)  et Michelle Yeoh ne se refuse pas.

 

Je parlerai bientôt de ce film mais le voir après Dune a été…. à son désavantage.

 

 

Franck Unimon, ce samedi 18 septembre 2021.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Interroger la Loi

Les Halles, Paris, Mercredi 15 septembre 2021.

Interroger la Loi

 

Les lois et les règles sont nécessaires. Les limites, aussi. Mais encore faut-il qu’elles soient ajustées.

 

Récemment, j’ai entendu quelqu’un dire qu’il aimait beaucoup les jean’s lorsqu’ils sont tout neufs et encore à l’état de « carton Â». Et qu’ils se font, peu à peu, au corps de celle ou de celui qui les portent.

 

Je porte très peu de jean’s. Bien que j’aie essayé, ce n’est pas mon vêtement de prédilection. Même si je lui reconnais des atouts et que je vois bien des personnes qu’il met particulièrement à leur avantage. Je manque peut-être de patience pour faire un jean’s Ã  mon corps. 

 

Ecologiquement, on sait aussi que la fabrication des Jean’s est loin d’être vertueuse. Donc, autant bien les choisir et « acquérir Â» ceux qui dureront le plus longtemps.

 

Après avoir « dit ça Â», une Loi peut, dans certaines conditions, ressembler à un jean’s.

 

Il convient de savoir l’adapter au mieux à une époque, aux circonstances, à celles et ceux qui la portent et vivent avec. Autrement, c’est une exigence trop rigide, entravante, meurtrière, fanatique, mutilante ou une protection dépassée et insuffisante.

 

Les lois sont les garantes des ligaments, des muscles, des tendons, de la moelle,  des neurones, du sang, des organes, de la peau, des pensées, de l’âme de nos cultures, de nos histoires, de notre corps social mais aussi de la vie qui nous entoure et de ses expressions sous différentes formes.

 

Les femmes et les hommes de Loi doivent en principe s’atteler à ce genre de travail. Au maintien ou à la restauration, au mieux, de ces garanties.

 

Pour cela, il leur faut aussi savoir interroger la Loi. Ou apprendre à le faire. Pas seulement interroger les personnes.

Ensuite, Il faut  essayer d’ajuster le Texte de la Loi.  Aux circonstances. A l’époque. Aux êtres. A la vie. 

 

C’est un travail permanent, délicat, difficile, décourageant, risqué et nuancé au résultat incertain. La réussite de ce travail est impossible à prévoir à l’avance. La réussite se mesure avec le temps. En mois et en années. Voire en siècles.

 

 Ce jeudi 16 septembre 2021, je n’ai rien inventé de cela. Et, je n’invente rien. Ni le jean’s. Ni les Lois. Et encore moins le délire, la maladie et la mégalomanie.

 

 

Cependant, dans le réel, depuis plusieurs semaines, il est impossible d’accéder à la médiathèque de ma ville (et ailleurs) sans passe sanitaire et sans un résultat négatif récent à un test antigénique ou PCR récent. Par contre, après un recours déposé devant un tribunal, il est redevenu possible d’entrer dans un centre commercial sans passe sanitaire et sans résultat négatif récent à un test antigénique ou PCR récent. Malgré la pandémie du Covid. L’incidence actuelle de la pandémie du Covid permettrait désormais de pouvoir retourner dans un centre commercial uniquement en portant un masque anti-Covid. C’est l’explication officielle de ce changement.

 

Mais cette incidence actuelle de la pandémie du Covid, suffisamment à la baisse pour se rendre dans un centre commercial, resterait encore trop élévée pour s’appliquer aux conditions d’accès à une médiathèque.

 

Je suis un usager de médiathèque depuis mon enfance. 

 

Chaque fois que je change de domicile, la médiathèque fait partie de ces lieux que j’ai très vite besoin de situer. Les médiathèques, depuis plusieurs années, subissent de plus en plus une certaine désaffection. Cela peut être dû à l’essor d’internet. Cela peut être dû à une transmission qui ne s’est pas faite entre parents, enseignants, éducateurs et enfants.

 

Mais cela peut aussi être dû à la façon dont on interroge une loi, ici, concernant la légitimité de certaines mesures sanitaires.

 

Il y a deux ou trois jours, j’ai envoyé un second mail à la mairie de ma ville. Concernant le fait qu’il faille toujours présenter un passe sanitaire ou le résultat négatif à un test antigénique ou PCR récent.

La même interlocutrice que la dernière fois, m’a à nouveau très rapidement répondu. Pour résumer, sa réponse a été la suivante :

 

« Je comprends votre mécontentement. Mais c’est la loi. C’est comme ça dans toutes les médiathèques France actuellement.  Cordialement Â». 

 

Par cet article, je ne vise pas la polémique. Mais, certaines fois, on rend soi-même invisible – on se censure soi-même – certaines situations en se disant :

 

 Â«  ce n’est pas si grave Â» ou « Je n’ai pas envie de faire d’histoires Â». «  Je ne veux pas avoir de problèmes Â». «  Je ne veux pas déranger Â».  » Ce n’est pas important ». 

 

Or, c’est en cumulant année après année ces petits renoncements, qu’on en arrive ensuite à devoir vivre ou à devoir faire avec des contraintes et des manquements  plus grands pour soi. Alors que nos interlocuteurs, eux, ne subissent pas les conséquences de ces contraintes et de ces manquements.

Evidemment, que je peux vivre sans entrer dans une médiathèque. Je n’ai pas pris cinquante kilos sous l’effet de l’angoisse, ces quatre dernières semaines, parce-que, faute de passe sanitaire et de test antigénique et PCR valable, désormais, seule la sortie de la médiathèque s’offre à moi. 

 

Mais laisser faire, sans rien dire de ces conditions actuelles d’entrée dans la médiathèque,  c’est un peu comme si l’on laissait du sable s’inviter et s’installer régulièrement à l’entrée de notre domicile. Sans l’enlever. Et que l’on s’étonnait plusieurs années plus tard  de devoir traverser un désert de sable à l’entrée de notre domicile. Juste pour pouvoir en sortir ou y entrer.  Tandis qu’ailleurs, pour entrer et sortir de chez soi, il suffirait toujours de simplement ouvrir et fermer une porte. Des vies peuvent être transformées durablement- et péniblement- avec ce genre détail en prime abord insignifiant. 

 

C’est l’une des raisons pour laquelle, je crois, je me suis obligé à envoyer un premier mail à la mairie de ma ville. Et pour laquelle, ce mercredi 15 septembre 2021, après avoir découvert la réponse qui avait été faite à mon nouveau mail, j’ai envoyé cette réponse que j’ai copiée-collée.  Réponse que l’on pourra lire ci-dessous avec ses erreurs grammaticales et syntaxiques incluses car il m’a manqué du temps pour bien le relire avant de l’envoyer.

Je n’ai pas pour habitude de faire des tracts, de manifester ou de polémiquer.

 

J’admets le le professionnalisme et l’implication de mon interlocutrice comme de la mairie de ma ville en termes de projets divers. Et, ce, malgré mes critiques qui sont exprimées dans mon mail. Ce que je mets plutôt en doute, c’est le sérieux avec lequel a été pris en compte mes remarques. Remarques qui sont, je crois, plus que justifiées :

Depuis mon premier mail, la Loi n’a pas été interrogée comme il se doit.

La photo que je mets avec cet article n’est pas la photo que j’ai envoyée avec ce mail ci-dessous envoyé ce 15 septembre 2021 avant que ne je parte travailler de nuit. Je ne suis pas sûr que la photo que j’ai adressée en pièce jointe avec mon mail soit parvenue à mon interlocutrice. 

 

« Bonjour,

Merci pour votre réponse.

Toutefois, vous avez bien conscience que c’est une ‌aberration ?

Que, d’un côté, on puisse accéder plus facilement à un centre commercial ou même à une enseigne également commerciale telle que la Fnac ( des Halles par exemple, où je suis passé tout à l’heure) fréquenté par beaucoup plus de monde ( adultes et enfants inclus) qu’à la médiathèque d’Argenteuil, par exemple. Alors que le port du masque reste obligatoire tant dans les médiathèques que dans ces enseignes commerciales.

La loi, ce n’est évidemment pas vous qui la faites. Ce qui m’étonne, c’est qu’au vu de ces constatations et de l’évolution des conditions d’accès aux centres commerciales que la mairie d’Argenteuil ne fasse a priori rien pour interroger la loi. Pour faire remonter le fait qu’il y a quand même des contradictions très dérangeantes.

Parce-que, en quoi une médiathèque expose-t’elle plus à un risque de contamination du virus du Covid qu’un centre commercial ?

Les seules conclusions à ma portée sont, surtout, qu’un centre commercial représente un poids économique et rapporte des bénéfices. Une médiathèque, non.
Et, aussi, que les centres commerciaux dans le Val D’Oise sont redevenus « accessibles » sans passe sanitaire et sans avoir à fournir un résultat négatif récent à un test PCR et antigénique suite à un recours devant un tribunal. Vous comprenez ce que signifie ? Qu’il faudrait donc peut-être devoir en passer par un tribunal pour rectifier ce qui devrait déja l’être. Je ne crois pas vous apprendre grand chose.

Et, je trouve donc que la mairie d’Argenteuil défend là d’une drôle de manière sa politique culturelle. En tant que citoyen, je ne devrais même pas avoir à relancer la mairie à ce sujet. Il y a un préjudice évident d’accès à la culture en imposant de telles conditions pour entrer dans une médiathèque à Argenteuil. Et, cela ne devrait pas être. Et, me rappeler que c’est pareil dans d’autres médiathèques et dans d’autres villes n’est certainement pas un argument. Avant que le centre commercial Côté Seine redevienne aussi « accessible », il était déja et toujours possible ailleurs d’entrer dans une Fnac par exemple. Si les personnes qui ont effectué le recours devant le tribunal s’était tenues à l’argument selon lequel  » ailleurs, aussi, les centres commerciaux ne sont accessibles qu’en présentant un passe sanitaire et un résultat négatif à un test PCR et antigénique négatif », aujourd’hui, le même centre commercial Côté Seine d’Argenteuil nécessiterait toujours  qu’on présente à l’entrée un passe sanitaire et le reste. Là, aussi, je ne crois pas vous apprendre grand chose. Ou, en tout cas, je ne devrais pas vous apprendre quoique ce soit, que ce soit à vous ou à n’importe quel représentant de la mairie d’Argenteuil.

Il y a bientôt un mois maintenant, j’ai vu un jeune d’une vingtaine d’années être « recalé » à l’entrée de la médiathèque parce-que le résultat de son test PCR avait expiré depuis moins de deux heures. Là, aussi, on n’a fait qu’appliquer la loi. Le jeune est reparti tranquillement. Comme moi et d’autres, nous nous plions aux directives de la loi concernant les conditions d’accès à la médiathèque. Mais c’est vraiment parce-que nous sommes très polis, très patients et très conciliants. En attendant, je me répète, en tant que citoyen qui paie ses impôts et qui voit ce qui se passe ailleurs avec les conditions d’accès dans un centre commercial, je considère qu’il y a un préjudice. 

Je n’ai pas du tout l’intention de faire un recours devant un tribunal. Par contre, je rappelle, je crois, des évidences, que je ne devrais même pas avoir à rappeler.

Merci de vraiment bien vouloir prendre en compte le contenu de mon mail. Et, si vous m’adressez de nouveau une réponse (vous ou quelqu’un d’autre) de ne pas vous contenter de vous « cacher » derrière une loi qui présente des contradictions et des aberrations plus qu’évidentes.

Cordialement

Franck Unimon Â»

 

 

 

 

 

 

 

 

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Le Grand jour

 

                                                  Le grand jour

 

Ce mercredi 15 septembre 2021, c’est le « grand jour Â». Comme tous les jours, il nous arrive beaucoup de nouvelles tristes et bonnes. La poursuite du procès des attentats du 13 novembre 2015. Les Talibans en Afghanistan. Les inondations ces derniers jours suite à de fortes pluies dans certaines régions de France. La Flambée des prix de l’essence. Les nouvelles mesures du Président Macron en faveur de la police. La sortie du film Dune réalisé par Denis Villeneuve adapté de l’œuvre de Frank Herbert (1965). Å’uvre déjà précédemment adaptée par David Lynch en 1984 avec un résultat mitigé. Alors que  Â« le Â» Dune de Denis Villeneuve que je suis allé voir ce matin à la première séance suscite et suscitera sûrement plus d’enthousiasme. J’en parlerai bientôt comme je parlerai aussi des films En Route pour le milliard de Dieudo Hamadi ; Petite Solange d’Axelle Ropert ; deux films qui sortiront bientôt.

Comme je parlerai aussi de Bac Nord de Cédric Jimenez, de Boîte Noire de Yann Gozlan et de Shang-Chi Et La Legende des dix anneaux de Destin Daniel Creton. Six films que j’ai vus entre la semaine dernière et aujourd’hui. Dont les quatre derniers hier et aujourd’hui. J’avais dit que je ferais le « plein Â» pendant que je disposerais d’un test antigénique récent au résultat négatif. Et, je l’ai pratiquement fait. Mais je ne pourrai pas tout écrire dans cet article. J’ai peu de temps aujourd’hui. Et le principal est dans ce qui va suivre.

 

Journal  » Le Parisien » de ce mercredi 15 septembre 2021.

 

 

«  Power is Power ! Â» nous apprend Cersei dans la série Game of Thrones.

Avoir du Pouvoir, c’est bénéficier de tellement d’intermédiaires qui nous protègent et agissent selon nos ordres et nos décisions qu’il peut se passer beaucoup de temps avant que l’on ait à répondre de nos actes. Parfois, celles et ceux qui ont du Pouvoir vont jusqu’à bénéficier de plusieurs générations d’intermédiaires entre leurs actions, leurs décisions et le moment où ils ou elles doivent en répondre.

 

A partir de ce 15 septembre 2021, les soignants qui, en France, vont continuer de refuser de se faire vacciner contre le Covid pourront légalement être sanctionnés. Et, eux, n’auront pas ce Pouvoir qui leur permettra de se défiler comme une Agnès Buzyn, un Olivier Veran ou d’autres.

Et, lorsque j’apprends ce mercredi que le Président Macron bichonne la police, même si je n’ai pas lu dans le détail sur quoi portent ces avantages qu’il lui accorde, je « sais Â» que la police française, en tant qu’institution publique dans une démocratie, a effectivement besoin de plus de moyens. Un film comme Bac Nord le montre mais aussi des ouvrages comme celui de Frédéric Ploquin ( La Peur a changé de camp et La Peur a changé de camp 2ème partie) .

Cependant, lorsque j’apprends que le Président Macron bichonne la police, je crois aussi fortement, que c’est aussi parce qu’il a besoin d’elle pour faire appliquer et imposer sa politique. Y compris par la force. Et, donc, que ces faveurs attribuées à la police le sont aussi par calcul ou :

Que ces faveurs attribuées à la police le sont plus par calcul que par réelle empathie.

Journal  » Le Canard Enchainé » de ce mercredi 15 septembre 2021.

 

 

L’avantage avec les personnels soignants, c’est qu’ils se tiennent bien d’une manière générale. Même lorsqu’ils manifestent. J’entretiens une sorte de délire qui m’incite à penser que, depuis trente ans au moins, chaque fois qu’un gouvernement a entendu parler d’un projet de grève ou de manifestation des personnels soignants, que cela ne l’a jamais empêché de partir en thalasso, de se faire un musée ou un p’tit restau.

Et, ce 15 septembre 2021, c’est pareil. Le peu que j’ai lu dans la presse me montre que nous avons un gouvernement qui roule des mécaniques et qui est très sûr de son fait à propos des soignants qui persistent à refuser de se faire vacciner :

 

Ils se-ront suspendus. Ils se-ront licenciés. Leur salaire ne sera pas versé.

Journal  » L’Humanité » de ce mercredi 15 septembre 2021.

 

Certains diront sûrement que l’on a été bien patient avec tous ces soignants non vaccinés dont j’ai fait partie jusqu’à il y a encore deux jours ( jusqu’au 13 septembre 2021 Marcher pour ne pas mourir mais aussi Etre un mauvais exemple . Pour d’autres de mes articles en rapport avec la pandémie du Covid et/ou la profession infirmière, regarder dans la catégorie  » Crédibilité » et  » Corona Circus » du blog).

Mais je peux dire ceci :

 

Même lorsque ma vaccination sera complète, je crois que je garderai ce sentiment d’être un aborigène devant certains membres de cette nouvelle « civilisation Â» de vaccinés…et de passe sanitaire.

 

On peut être détenteur d’un passe, s’en servir, et c’est évidemment ce que je ferai, tout en le regardant avec perplexité. Non que je me sente humilié ou infériorisé. Mais, simplement, j’ai le très fort sentiment que « l’on Â» me raconte des bobards en me promettant des merveilles sanitaire ou autres avec ce vaccin et ce passe sanitaire. Alors que dans les faits, je considère que je vais perdre beaucoup plus dans ce monde de vaccin et de passe sanitaire que je ne vais réellement en gagner. Du reste, depuis le début officiel de la pandémie en mars 2020, j’ai déjà beaucoup perdu de ma vie passée. Et, ce que j’ai perdu ne reviendra pas.

 

 

Il y a bientôt trente ans maintenant, lors d’une grève des soignants (infirmiers et aides-soignants principalement), un éminent cancérologue, décédé depuis, avait dit :

 

« Le gouvernement n’a pas le droit de laisser pourrir cette grève Â».

 

Pour moi, ce refus des vaccins actuels contre le Covid de certains soignants est l’équivalent d’une grève. Mais, comme pour les autres grèves, « on Â» passera outre. On marchera dessus. On peut se le permettre, une fois de plus.

 

On invoquera les circonstances sanitaires. La priorité sanitaire. D’accord. Il y a deux ou trois mois, mon thérapeute, qui n’est ni épidémiologiste, ni infectiologue, étonné que je sois toujours non-vacciné lors de nos séances, m’avait dit  :

 

« Je ne comprends pas que la vaccination contre le Covid ne soit pas déjà obligatoire pour les soignants Â». Et, il m’avait rappelé que certains soignants non vaccinés avaient contaminé certains de « leurs Â» patients.

 

Je lui avais alors demandé :

« Et, ces soignants, portaient-ils des masques ? Â».

Il avait alors admis :

« Je ne sais pas…. Â». Et, comme lui, je pense que nous sommes nombreux à ne pas savoir.

Paris, ce mercredi 15 septembre 2021, du côté des Halles.

 

Ce que nous savons, c’est que, même « masqués Â», des soignants en bonne santé ont pu attraper le Covid. De mon côté, je « sais Â» que, l’année dernière, au moins deux infirmières volontaires pour aller soigner dans une unité Covid, l’avaient rapidement attrapé elles-mêmes. Dans les 15 jours. Si je me souviens bien, elles ne portaient pas de masque FFP2. Qui est responsable de la dotation du matériel dans les lieux de soins ? Qui fait en sorte que les stocks de matériel- ou les munitions si l’on préfère- nécessaires soient disponibles dans des hôpitaux ou des cliniques ? Dans un pays ? Les personnels soignants ? Les personnels infirmiers et aides-soignants ? Non.

 

Nous savons aussi maintenant avec le variant Delta, que, même lorsqu’une personne est vaccinée, elle peut être contagieuse. Le port du masque reste donc nécessaire en plus. Le port du masque n’est donc pas une action superflue. Et, la vaccination ne se suffit pas à elle-même.

Nous savons aussi, si nous faisons un tout petit effort de mémoire- ce ne sera pas douloureux- que lorsqu’il y avait une pénurie de masques dans le pays l’année dernière ( entre mi-mars 2020 et début mai 2020) alors que la pandémie du Covid était officiellement déclarée et que nous avons connu notre tout premier confinement, le port du masque était alors estimé facultatif par le gouvernement.

Les masques sont arrivés début mai 2020, les masques sont devenus obligatoires.

Même chronologie avec les vaccins. Sauf que depuis cet été, on a rajouté en plus le passe sanitaire, le QR code à montrer sur papier ou sur son téléphone. Car cela ne suffisait pas de se faire vacciner. Désormais, il fallait aussi se faire « fliquer Â». Oui, j’ai bien écrit « fliquer Â». Sans intention d’injurier les agents de la police. La même police que le Président Macron vient de chouchouter.

 

 

Pour les soignants, il y a eu la prime pour service rendu à la Nation l’année dernière. Et, il y a le Ségur prévu ou qui a déjà été appliqué. On ne peut donc pas dire que le gouvernement a été si ingrat ou si radin que ça avec la profession soignante. Sauf que cette prime, au montant agréable, et le Ségur annoncé, restent inférieurs à ce qu’ont perdu les professions soignantes d’un point de vue salarial depuis plusieurs années. Donc, « on Â» fait quelques gestes marquants mais qui, fondamentalement, ne changent rien à l’état de ces professions comme à la dégradation des conditions de travail dans les hôpitaux. Il manque désormais plus de personnel soignant dans les hôpitaux depuis le début de la pandémie en mars 2020. Mais on peut se permettre d’en licencier davantage si ce personnel refuse de se faire vacciner. Ça « tiendra Â». Comment ? ça tiendra. Qui l’affirme ?

 

Quelques mots encore avant de conclure :

 

J’ai été diplômé en 1989. Cela ne fait pas de moi un génie ou un infirmier exemplaire. Mais la plus grande partie de ma vie professionnelle, je l’ai passée dans des hôpitaux et dans des cliniques. Pour le peu que j’ai compris, un soignant, c’est généralement, un professionnel consciencieux qui tient à la vie d’autrui. Bien-sûr, il y a des impairs. Il y en a dans toutes les professions.

Donc, ces soignants consciencieux qui se font balader par les gouvernements chaque fois qu’ils manifestent depuis trente ans, qui ont toujours fait en sorte que les patients ne pâtissent pas de leurs grèves et de leurs manifestations seraient aujourd’hui, en 2021, des grands irresponsables ? Et, ce serait seulement parce qu’ils sont illogiques, irresponsables et égoïstes que certaines et certains d’entre eux refusent aujourd’hui les vaccins imposés actuellement, voire, aussi, le passe sanitaire ?!

 

Et puis, à partir d’aujourd’hui, on saura établir avec plus de précision le pourcentage des soignants récalcitrants ou opposés aux vaccins anti-Covid actuels ainsi qu’au passe sanitaire. On saura sur qui taper. On saura qui sanctionner ou qui surveiller.

 

Par contre, toutes les fois auparavant, ou, pendant des années, quantités de soignants sont venus travailler, bien que malades ( y compris à peine remis du Covid l’année dernière), ou fatigués, par solidarité. Parce qu’il manquait quelqu’un dans le service. Parce qu’autrement, le service ne pourrait pas tourner. Toutes ces fois-là ne se comptent pas dans une carrière de soignant. De jour, de nuit. Les jours « normaux Â» comme fériés. Tous les jours de l’année. Que l’on vive en couple ou que l’on soit célibataire. Que l’on ait des enfants ou pas. Que l’on habite à plus d’une heure de trajet de son travail ou pas. Même si l’on a déjà accompli son quota d’heures de travail hebdomadaire.

 

A partir de ce mercredi 15 septembre 2021, on ne regardera pas si le personnel soignant non-vacciné fait partie ou a fait partie de ces soignants-là. Puisque la priorité, encore une fois, ce sera toujours quelqu’un d’autre ou quelque chose d’autre que le soignant. Les patients. « L’éthique Â». Le service. La hiérarchie. Les collègues. La culpabilité. La politique.

 

«  Power is Power Â».

 

 

Franck Unimon, ce mercredi 15 septembre 2021. ( et ce jeudi 16 septembre 2021 au matin après une nuit de travail).

 

 

 

 

 

 

 

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Marcher pour ne pas mourir

Le journal  » Le monde » de ce lundi 13 septembre 2021.

      Marcher pour ne pas mourir

 

  • ça va ?
  • Non, ça ne va pas.

 

Elles étaient trois jeunes. Je dirais au plus, 25 ans. Accueillantes, volontaires, plutôt mignonnes. Néanmoins, on peut avoir ces particularités et insuffler la mort dans les corps sans le vouloir.

 

Deux d’entre elles étaient étudiantes en médecine. La troisième, étudiante en quoi ?

Elles étaient probablement plutôt bonnes élèves et, bien que rôdées, assez faciles, sûrement, à déstabiliser. Je n’en n’ai pas profité.

 

Lorsque celle qui m’a fait m’asseoir m’a appris la « bonne nouvelle Â», à savoir, qu’avant l’injection, elle allait me faire un test antigénique, j’ai déballé mes arguments contre cette méthode « barbare Â». J’avais déjà fait deux tests antigéniques en tant que cas contact cette année. Négatif à chaque fois. Une seconde sérologie Covid- effectuée il y a environ deux semaines- m’avait redit que si certaines personnes, après avoir contracté le Covid, avaient développé des défenses immunitaires aussi fortes qu’une paire de poitrines nécessitant du 95 D, que les miennes étaient aussi plates qu’une flaque d’eau.

 

Mais elle n’a eu aucune difficulté à me convaincre. Je savais que ces résultats étaient trop anciens et inappropriés. Et, aussi, qu’elle appliquait un protocole qu’elle se devait de suivre d’après son instruction. Partir pour refuser un test antigénique ? Je m’étais fait une raison pour cette première injection de Moderna. Alors, je suis resté et elle m’a enfoncé la tige.

 

  • ça va ?
  • Non, ça ne va pas.

 

A quelques mètres, ses deux « collègues Â» sont restées silencieuses. Le résultat est arrivé très vite. Moins de deux minutes. A nouveau négatif. Je peux l’écrire : ces derniers temps, il m’est arrivé d’envier celles et ceux qui avaient attrapé le Covid et qui avaient bien récupéré depuis. Car leurs défenses immunitaires, si elles ne sont pas éternelles, sont « naturelles Â».

 

Cependant, on ne sait pas quelle tête on va faire en attrapant le Covid. Si nous allons connaître les neiges éternelles, garder des séquelles de cette embuscade ou, au contraire, bien nous en remettre.

 

Celle qui m’a fait l’injection avait des jolis yeux bleus Alléluia à la Léonard Cohen. Cependant, aujourd’hui, on est habile pour s’inventer un profil avantageux.  Donc, je ne suis pas sûr qu’elle était vraiment ce qu’elle m’a dit être. Etudiante en quatrième année de médecine. Après m’avoir piqué, elle m’a recommandé de prendre du doliprane en cas de douleur. Je l’ai écoutée tout en sachant que je n’en prendrais pas. J’ai du doliprane chez moi et j’en donne à ma fille lorsqu’elle a de la fièvre. Mais je prends le moins de médicaments possible. C’est peut-être paradoxal pour un infirmier mais je crois que le repos, le calme, les étirements ou une activité plaisante et l’alimentation, ça aide vraiment. Et qu’il faut d’abord essayer ça avant de se précipiter vers des médicaments. Ou essayer d’en prendre le moins possible. Ne pas s’assommer d’avance. Ce soir, j’ai un peu mal au deltoïde, peut-être un petit mal de la tête. Mais je suis fatigué. Je me suis couché un peu tard hier soir et je me suis levé un peu tôt ce matin.

 

Après l’injection, je suis resté quelques minutes dans la salle d’attente à envoyer des sms pour apprendre à quelques personnes que j’avais reçu ma première injection. Pendant que les jeunes femmes s’occupaient des personnes suivantes. J’ai entendu une femme d’une vingtaine d’années, assez grande, s’avancer en disant :

 

« J’ai très très peur Â». Puis « Je suis en Première année de médecine Â». Il semble qu’en face, on se soit montré attentif et rassurant.

 

Même si comme l’a très bien compris une ancienne collègue, et présente amie, j’ai lancé  « une bouteille à l’amer Â» en adressant mon article Etre un mauvais exemple Ã  plusieurs personnes, je ne dirais pas avoir eu peur de me faire vacciner. C’est plutôt du doute et de la méfiance. De la prudence, aussi.

 

Pourquoi cet endroit ?

 

 

J’ai choisi cet endroit à Paris, un espace de santé où l’on trouve entre-autres une consultation en gynécologie, pour le vaccin Moderna.  Ou vaccin covid-19 ARNm- 1273 ( Spikevax ° de la firme Moderna).

 

 J’en avais assez d’entendre parler du Pfizer qui est le vaccin utilisé par Israël que la France copie pour sa politique sanitaire. Copier, cela veut aussi dire que l’on pense et anticipe moins. Israël en est, je crois, à une troisième dose de vaccin à partir de 30 ans car le Pfizer a perdu de ses pouvoirs face au variant Delta.

Le Moderna, beaucoup moins utilisé que le Pfizer, aurait des particularités immunogènes un petit peu supérieures. Je ne m’attends pas à des miracles. Mais j’ai essayé quelque chose.

 

Le Moderna est aussi le vaccin choisi par une de nos voisines, vaccinée dès qu’elle l’a pu et qui s’en porte bien. Nous nous entendons bien avec cette voisine. Et je n’ai pas oublié qu’elle était partante pour emmener à notre fille à une sortie culturelle nécessitant le passe sanitaire. Qu’elle avait été touchée qu’on le lui demande car c’était pour elle une grande marque de confiance. Sauf que, finalement, elle n’avait pas pu être disponible.

 

 

J’ai aussi choisi cet endroit parce qu’il ne ressemble pas aux vaccinodromes impersonnels que j’ai vu. Parce qu’il est dans un quartier où j’ai de bons souvenirs. En tant que comédien sur scène. En tant que spectateur. En tant que client dans un restaurant.

Dans le journal  » Le Figaro » de ce lundi 13 septembre 2021.

 

Pour y arriver, après avoir pris le train et le métro, j’ai tenu à marcher. Dix à quinze minutes de marche. Alors que j’aurais pu descendre à une station de métro plus proche. Avant de prendre le train pour Paris, j’avais acheté trois journaux du jour, Le Figaro, Les Echos, Le Monde. J’avais aussi pris le journal gratuit qui est réapparu avec la rentrée. Dedans, j’ai lu ce que je pouvais qui se rapportait à la pandémie, à la vaccination anti-Covid. Je n’ai rien trouvé qui m’aurait permis de me désister. J’avais assez cherché et assez sollicité autour de moi pour renoncer une seconde fois à cette vaccination. Pourtant, ce soir, même si plusieurs personnes m’ont encouragé vers cette action et m’ont félicité depuis, si cela m’a fait du bien, beaucoup de bien, je ne suis pas soulagé.

 

Le sentiment d’avoir trahi

 

J’ai d’abord le sentiment d’avoir trahi. Ma compagne pour commencer, résolument contre. Pour elle, les vaccins anti-Covid actuels sont des « choses Â» à bannir.

 

Mon meilleur ami, qui a contracté le Covid il y a plusieurs mois et dont les défenses immunitaires « poussent Â» le plafond,  qui m’avait conseillé récemment d’attendre quelques mois si je le pouvais.

 

Cette personne perdue de vue qui, en lisant mon article Etre un mauvais exemple, l’avait spontanément partagé et m’avait écrit : « Je suis aussi un mauvais exemple Â». Son soutien m’a fait découvrir le sentiment d’avoir désormais une responsabilité, de par mon article, envers celles et ceux qui pourraient se reconnaître à travers lui, à travers moi. Et, moi, en partant me vacciner, je leur retirais en quelque sorte un « allié Â».

 

Et, dans une bien moindre mesure, j’ai un peu l’impression de ne pas avoir tenu compte de l’avis du médecin que j’avais sollicité  au sujet de ces vaccins actuels contre le Covid et qui m’avait répondu :

 

« Peut-être que, finalement, on ne court pas de risque avec ces vaccins mais on manque de recul. Donc, si vous pouvez, attendez encore quelques mois qu’un vaccin dont on sera plus sûr, arrive Â».

Il m’avait aussi appris avoir attrapé le Covid en avril et m’apparaissait en pleine forme, début septembre.

 

Pourquoi, moi « l’anarchiste Â» et le « révolutionnaire Â», ai-je changé d’avis ?

 

Changer d’avis :

 

Autour de moi, aujourd’hui, je dénombre évidemment bien plus de personnes  vaccinées contre le Covid qui se portent bien que de personnes non vaccinées. Le nombre ne fait pas tout. Et ce n’est pas la peur du mépris ou de la honte sociale qui m’a dirigé.

 

Ces personnes vaccinées, que je connais, peuvent avoir des profils opposés. Mais aussi des personnalités tranchées. Si l’on peut être une personne affirmée et affutée en refusant de se faire vacciner et en refusant le passe sanitaire, je peux aussi dire que parmi les personnes vaccinées contre le Covid que je connais, se trouvent des personnes toutes autant affirmées et affutées. Dans une fourchette d’âge allant de 35-40 ans à 70 ans et plus. Je pourrais donc me satisfaire du fait que ces personnes se soient faites vacciner contre le Covid.

 

Sauf qu’il me reste des gros résidus de doute. Tomber par hasard tout à l’heure sur le post, sur Facebook, d’un ami qui affirme que la vaccination anti-Covid « aurait Â» causé 40 000 morts en neuf mois d’après telle ou telle source m’a bien-sûr contrarié. Et s’il avait raison ?

 

Relire aujourd’hui sur le site Prescrire.org dans l’article (daté de ce 1er septembre 2021) intitulé Effets indésirables connus mi-2021 des vaccins covid-19 à ARN messager ( Covid-19 Des signaux confirmés et quelques signaux d’effets indésirables très rares ont émergé, notamment des péricardites et des myocardites. La Rédaction de Prescrire publie son analyse détaillée dans le numéro de septembre) m’a aussi contrarié.

 

 

Je n’ai pas changé d’avis pour pouvoir bientôt retourner au restaurant, au cinéma, dans une salle de théâtre, dans la médiathèque de ma ville ou pour voyager. Même si je le ferai sans doute après m’être fait vacciner.

Même si avec le résultat de mon test antigénique d’aujourd’hui, je compte bien faire le « plein Â» de sorties qui me sont désormais interdites sans passe sanitaire et sans test antigénique et PCR négatif récent. Je pense en particulier à retourner au cinéma et dans « ma Â» médiathèque.

 

Le centre commercial Côté Seine à Argenteuil, grand ouvert ce lundi 13 septembre 2021. Alors qu’il faut continuer de fournir un passe sanitaire ou un test antigénique et PCR négatif pour pouvoir entrer dans la médiathèque de la ville située à dix minutes à pied de là.

 

Je reste aussi critique envers le passe sanitaire et le projet de société qu’il dessine. Je crois qu’au pire, l’ancienne Ministre de la santé Agnès Buzyn, mise en examen pour « mise en danger de la vie d’autrui Â» et une mauvaise gestion de la pandémie du Covid l’année dernière, sera condamnée à du sursis. Et qu’elle sera la principale part visible et condamnée des responsables de cette mauvaise gestion parmi les grosses « têtes de gondoles Â». Et que les autres se feront discrètes ou sauront si bien se faire défendre que leur condamnation sera  faible ou inoffensive. Contrairement à ce qui va  se produire à partir de ce 15 septembre, dans deux jours, pour celles et ceux, employés, qui ne seront toujours pas vaccinés, ne serait-ce qu’une fois, contre le Covid.

 

Pour ces personnes, je m’attends à ce qu’on les brutalise un peu plus que nous ne l’avons déjà été dans notre grande majorité depuis le début de cette pandémie. En se cachant derrière la loi :

 

« On vous avait prévenu. Vous avez été informé(e). Vous avez eu le temps de la réflexion. Maintenant, je suis obligé(e )  d’appliquer la Loi. Ce n’est pas moi, c’est la Loi qui m’oblige à vous dire de dégager et à vous sanctionner !  Â».

 

Je crois qu’il va se produire beaucoup trop de « sale Â» à partir du 15 septembre au prétexte de la Loi. Car sitôt que l’on octroie à plus de personnes  un certain pouvoir répressif, le pire, camouflé ou un peu tenu en laisse d’ordinaire, s’exprime davantage. Je ne m’attends pas à des ratonnades. Mais à des dégradations morales, sociales et économiques. A un accroissement de contrariétés et d’humiliations quotidiennes les plus diverses au motif que certaines personnes ne fourniront pas, en cas de contrôle- et il y en aura de plus en plus à partir du 15 septembre- le papier qu’il faut ; le QR Code attendu pour effectuer des déplacements ou des actions qui, « autrefois Â», il y a encore deux mois, ne le nécessitaient pas.

 

C’est plutôt ça qui m’a fait changer d’avis. Je n’ai pas envie de me mettre dans un état d’hyper-vigilance pour des gestes quotidiens qui, jusqu’à il y a peu, allaient de soi comme le simple fait d’ouvrir un robinet pour avoir de l’eau.

Paris, lundi 13 septembre 2021.

La possibilité d’attraper le Covid m’a aussi fait changer d’avis. Car, à partir du 15 septembre, j’ai l’impression que chaque fois qu’une nouvelle personne non vaccinée attrapera le Covid et sera hospitalisée que cela permettra de marteler que si elle avait été vaccinée, elle ne l’aurait pas attrapé. Ou alors une forme bénigne. Il va se passer un peu de temps avant de devoir admettre que le « Tout vaccin Â» ne résoud pas tout contre le Covid. Au moins jusqu’à ce que les « nouveaux Â» traitements anti-Covid ne soient disponibles pour le plus grand nombre sur le marché. D’ici un mois ? Deux mois ? Trois mois ?

 

Gagner du temps

 

J’ai donc aussi changé d’avis pour continuer de gagner du temps.  D’accord, pendant que je prends le temps de réfléchir d’autres ont le temps de faire trois enfants et de les voir commencer à faire des études supérieures puis de devenir grands-parents. Mais j’ai besoin de temps. Cet article, pour être écrit, a besoin de temps. J’avais écrit une première version en rentrant de l’espace de santé en m’abstenant de déjeuner. Puis, je suis parti chercher ma fille à l’école. J’ai tout réécrit ce soir depuis le début. Après avoir fait faire ses devoirs à ma fille. Après avoir dîné. Après lui avoir lu une histoire, ce qui n’était pas prévu, au moment du coucher. Yekrik ! Yekrak !

Paris, ce lundi 13 septembre 2021.

 

« Le temps ne respecte pas ce qui se fait sans lui Â». J’aime cette phrase. J’ai oublié qui en est l’autrice ou l’auteur.

 

Ma seconde injection aura lieu début octobre si elle se fait. D’ici là, nous devrions avoir d’autres informations concernant l’évolution de la pandémie mais aussi à propos des effets des vaccins anti-Covid actuels. A cela s’ajoutent tous ces nouveaux traitements contre le Covid, par voie orale ou intraveineuse, mais aussi par voie intramusculaire, prévus pour cet « automne Â». Et, pour l’instant, je préfère le traitement intramusculaire que j’ai reçu à un traitement oral ou par voie intraveineuse.

 

Si je « fais Â» ma deuxième injection, je n’aurai en principe pas de rappel avant six mois. Ce qui nous amène au mois d’avril 2022 où je veux bien croire que l’on en saura plus sur la « sortie Â» éventuelle de la pandémie. Comme sur les traitements contre le Covid.

Argenteuil, ce lundi 13 septembre 2021. J’ai l’impression qu’il y a moins de tests antigéniques et PCR pratiqués dans ce genre de tente qui fait désormais partie du paysage. Ce sera bien lorsque ces tentes disparaitront.

 

Selon certains témoignages et affirmations

 

Bien-sûr, si je suis mort d’ici là ou complètement bousillé par la vaccination anti-Covid, tout cela n’aura plus d’importance pour moi. Je suis bien obligé d’y penser puisque selon certains témoignages ou affirmations, ou explications, ces vaccins anti-Covid sont toxiques. Et, moi, j’en suis à J+1 en terme d’expérience avec ce vaccin. Je ne sais pas ce qui va se passer ensuite. Or, selon certaines affirmations, une personne vaccinée contre le Covid aurait une espérance de vie de deux à trois ans ensuite. En repartant du centre de santé, je me suis donc imaginé que la plus grande partie de ces personnes que je croisais dans la rue, se déplaçant, discutant entre elles ou assises à une terrasse d’un café, tomberaient toutes d’un seul coup, un beau jour, mortes. Et que ce serait pareil pour moi.

Paris, ce lundi 13 septembre 2021.

 

Je me suis aussi imaginé qu’un jour, alors que j’aurais l’intention de me rendre dans une épicerie, que je me retrouverais finalement dans un pressing puisque la vaccination, avec les nanotechnologies qu’elle comporterait, permettraient de me téléguider à distance. Je voudrais voir tel film. Hé bien, non, « on Â» me forcerait à aller voir tel film à la place. Je voudrais faire la vaisselle, hé bien non, « on Â» m’obligerait à me rendre sur internet pour faire des achats. Je voudrais m’habiller de telle manière pour sortir, et, finalement, non, à la place « on » m’imposerait de descendre dans les égouts.

Paris, lundi 13 septembre 2021.

 

 

Il y a bien-sûr d’autres croyances et d’autres affirmations à propos des vaccins anti-Covid. Je préfère en rire un peu. Comme le fait que notre téléphone puisse être aimanté à l’endroit où le vaccin nous a été injecté. Je n’ai même pas eu envie de faire le test. C’est plutôt ma compagne qui m’a incité. Alors, devant elle, j’ai pris mon téléphone et l’ai posé contre ma peau. Une fois, deux fois, trois fois, quatre fois. Il est retombé à chaque fois. J’allais continuer lorsqu’elle m’a dit que ce n’était pas la peine. Puis, ma compagne en a déduit que mon vaccin était peut-être « un placebo Â». Je lui ai répondu :

 

« Quelle que soit la situation, de toute façon, il y aura toujours une explication Â».

 

Ma compagne m’a « prédit » une troisième puis une quatrième injection. Autant prédire une troisième et une quatrième guerre mondiale. Je ne peux pas lui donner tort. Le monde va mal.  Je pense aussi que le nombre d’injections de vaccins contre le Covid va augmenter. Et cela ne m’emballe pas du tout.

Lorsque je lui ai dit que j’avais toujours des doutes, elle m’a objecté, presqu’assassine :

 

« En général, quand on a des doutes, on s’abstient ! Â».

« C’est ce que je fais, en général, oui. Mais j’ai fait ce que j’avais à faire Â». Puis, j’ai ajouté :

« Vu qu’il me reste maintenant deux à trois ans à vivre, regarde moi bien. Parce-que bientôt, je ne serai plus là Â». Cela l’a fait un peu rire.

 

S’il me reste effectivement deux à trois ans, au mieux, à vivre avec ce vaccin, je me demande ce que je pourrais bien faire durant ces deux à trois ans. Me faire plaisir sûrement. En attendant, lorsque ma mère a appris que j’avais reçu ma première injection, elle m’a écrit par sms qu’elle allait aussi se faire vacciner. Et que mon père suivrait sûrement ensuite. Sa réaction m’est alors apparue évidente. Pourtant, je ne l’avais pas du tout prévue.

 

 

Lorsque j’ai eu quitté le centre de santé ce matin, ça klaxonnait dans la rue. Un camion arrêté bloquait la rue. A pied, j’ai facilement pu passer. J’ai tenu à retourner à la gare St Lazare en marchant.  J’ai pris quelques photos sur le trajet. Regarder pour vivre. Marcher pour ne pas mourir.

 

 

Franck Unimon, ce lundi 13 septembre 2021.

 

 

 

 

 

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Etre un mauvais exemple

Samedi 11 septembre 2021, le matin, Paris.
Hôtel de Ville, Paris, depuis la rue de Rivoli, ce samedi 11 septembre 2021, vers 9 heures du matin. On peut apercevoir sur la gauche un vaccinodrome. Et, au fond, Notre Dame.

Etre un mauvais exemple

 

Ce samedi 11 septembre 2021, je suis un mauvais exemple. Je dois donc me préparer à vivre dans le mépris, la peur et la honte. Si j’étais clairvoyant, Je ferais tout afin me faire subventionner au plus vite par une marque de mouchoirs jetables. Mais aussi pour devenir VRP pour des anxiolytiques et des antidépresseurs. Pour fuir, raser les murs et me faire le plus discret possible. Tout cela est compatible. Dans ces domaines, je suis un homme d’avenir.

 

En dehors de ça, je passe mon temps à me terrer dans le passé. Je refuse la nouveauté et le changement. Je suis irrationnel, illogique, égoïste, irresponsable, immoral. Certaines personnes ont réussi et vont réussir précisément « grâce Â» à ces caractéristiques. Mais pas moi. Car, je suis has been. Je vois bien que tout le monde est passé à autre chose. Or, je persiste dans mon erreur. C’est plus fort que moi. C’est en cela que l’on reconnaît un mauvais exemple.

 

Je fais partie de cette minorité dont la seule véritable expertise, reconnue et encouragée, consiste, a toujours consisté, à obéir, à donner de sa personne et à subir. Par exemple, je peux me présenter dans un centre de transfusion sanguine afin d’aller donner mon sang librement. On acceptera de me le prendre sans difficultés. Je suis donc bien obligé d’admettre qu’il est encore des endroits où, malgré mes tares,  on accepte encore de me recevoir.

 

Faire partie d’une minorité peut être un avantage. Il existe des minorités expérimentées,  puissantes, organisées, protégées, déterminées et qui comptent. Ces minorités prennent des décisions pour le plus grand nombre et peuvent souvent s’exprimer et être écoutées. Que l’on soit d’accord avec elles ou non, elles préserveront leurs fonctions. Et, lorsque certaines ou certains de leurs membres se trompent ou commettent des infractions, on trouvera bien un arrangement.

 

La minorité dont je fais partie peut être négligée et balayée. C’est aussi en cela que je suis un mauvais exemple.  J’ai une attirance inextinguible pour la défaite. Durant quelques mois, j’ai fait partie de la minorité des « héros Â».  Beaucoup de gens ont applaudi, celles et ceux, qui, comme moi, continuaient d’aller travailler, sans protection, tandis que la majorité restait à l’abri du « fléau Â». Mais cela fait partie du passé. Alors que la légion d’honneur et le Panthéon n’attendaient plus que moi, j’ai tout gâché.

 

Etonnamment, depuis ce 12 juillet 2021, mon statut a basculé : de « héros Â», je suis devenu de manière de plus en plus avancée, un mauvais exemple. Mais qu’est-ce que je croyais ?! Que l’on pouvait rester un héros toute sa vie ?! Mon statut de « héros » ressemble aux sapins de Noël que l’on range après les fêtes ou que l’on retrouve sur les trottoirs, dans la rue, près des poubelles.

 

Néanmoins, je n’ai pas envie de ressembler à ces mendiants, qui, après avoir répété les mêmes phrases, dans chaque wagon, passent ensuite dans les rangs mécaniquement. Je fais encore partie des murs de l’illusion sociale. Mais je dois faire bref avant que n’arrive la prochaine station et les prochaines élections de pensée.

 

Ce samedi 11 septembre 2021, je ne suis toujours pas vacciné contre le Covid. Je n’ai donc pas de passe sanitaire. Une première fois, j’ai pris rendez-vous. C’était le 4 aout 2021. Je me suis finalement désisté. Là, j’ai à nouveau pris rendez-vous pour ce 13 septembre pour une première injection. Et, je me demande si je vais à nouveau me désister.

 

Incapable

 

 

Répéter qu’il nous manque du recul pour ces vaccins anti-Covid (Pfizer, Moderna, Astrazeneca, Johnson&Johnson) proposés à partir de fin décembre 2020 puis, désormais, imposés, revient à tenir des discours comme ces mendiants ou ces dragueurs « bof Â» qui, dans les transports en commun, nous interpellent. Dès leurs premières intonations, on sait que l’on va connaitre un moment embarrassant. A la virgule près, on sait quelles sont leurs intentions et leurs demandes. On n’a pas envie d’entendre ça.  On n’y croit plus.  Certaines fois, on veut bien donner une petite pièce, un ticket restaurant ou un peu de nourriture. Mais ce serait plutôt pour qu’ensuite, ils nous laissent tranquilles.

 

Or, je ne suis pas encore un mendiant. Et, je crois, aussi, qu’il faut en dire plus. Donner de soi, à nouveau. Rester humain et personnaliser ce que l’on exprime. Même si cela sera peut être embarrassant tandis que je passerai ensuite dans les rangs. Avant de passer à un autre wagon.

 

Ce samedi 11 septembre 2021, je suis incapable de savoir quoi répondre à ma mère à propos de la vaccination anti-Covid. Moi, l’aîné, le fils à maman, l’enfant qui a longtemps tenu à protéger sa mère et qui continue dans une certaine mesure. Moi, le seul infirmier parmi ses enfants, je suis aussi le seul non vacciné contre le Covid. Tous mes vaccins sont suivis et à jour. Exception faite avec cette vaccination contre le Covid.

 

Il y a quelques mois, vers Mai ou Juin, avant que ne tombe cette obligation vaccinale contre le Covid pour les soignants, ma mère m’avait demandé conseil. J’entendais alors de très bons échos « du Â» Pfizer Â», le vaccin largement le plus utilisé désormais en France contre le Covid. Récemment, j’ai lu que 76 millions de doses du vaccin Pfizer, en France, avaient été administrées. Largement plus que pour les trois autres vaccins réunis (Astrazeneca, Moderna, Johnson & Johnson).  Pour continuer d’appeler ces vaccins par le nom des laboratoires qui les fabriquent. Un nom un peu plus facile à retenir que leur véritable nom scientifique.

 

Aussi, il  y a quelques mois, vers Mai ou Juin, j’avais répondu à ma mère :

« J’entends dire beaucoup de bien du Pfizer Â».

 

Le Johnson & Johnson et son injection unique m’avait pourtant donné envie pendant un certain temps. Ce qui m’avait aussi plu avec lui, c’était qu’il arrivait après les trois autres (Pfizer, Astrazeneca, Moderna). Je le considérais donc comme porteur de plus de garanties en matière de recul et d’expérience.  Même son Â« nom Â», Johnson & Johnson, je trouvais que ça sonnait bien. Mais, très vite, le décollage du vaccin Johnson & Johnson s’était mal passé en raison d’effets secondaires redoutés. Et, après le vaccin Astrazeneca, il s’était rapidement retrouvé entaché avec la réputation d’être un vaccin à éviter. Ce qui faisait deux vaccins contre le Covid sur quatre à « Ã©viter Â».

 

 

Mais j’avais fait mon devoir. J’avais conseillé le Pfizer à ma mère dont j’ai eu des « bons retours Â» d’expérience autour de moi. Par « bons retours d’expérience Â», je pense évidemment au fait que toutes celles et tous ceux qui l’ont reçu, et avec lesquels j’en ai parlé, vont bien aujourd’hui. Ni décès. Ni maladie grave causée par la vaccination. Ni Covid.

 

Je croyais ma mère vaccinée depuis longtemps quand cette obligation vaccinale pour les soignants, mais aussi, indirectement, pour tous les Français, est arrivée le 12 juillet. Et puis, j’ai appris que ni elle ni mon père ne l’étaient. Vaccinés.

D’abord, parce qu’en raison de ses problèmes-traités et stabilisés- de santé, l’Astrazeneca lui avait été déconseillé par son médecin. Mes parents résident en Guadeloupe où ils sont retournés vivre pour leur retraite. Ensuite, parce-que ce jour où tous deux s’étaient rendus à l’aéroport pour se faire vacciner, ils avaient trouvé une sorte de barrage tenu par des opposants à la vaccination contre le Covid. Ecoutant leurs arguments, mon père avait alors signalé à ma mère :

« Leur vaccin n’est pas encore tout à fait au point. On va attendre encore un peu Â». Et, mes parents avaient rebroussé chemin. Ça, c’était avant que les Antilles et l’île de la Réunion ne fassent la Une des journaux concernant l’essor de la pandémie. Et que l’on nous apprenne les chiffres d’une population sous-vaccinée contre le Covid, de l’ordre, à peu près de 25 à 30 pour cent. Contre près de 70% de personnes vaccinées contre le Covid dans l’Hexagone, aujourd’hui.

 

Une situation pas normale

 

Nous devions être en aout lorsque ma mère m’a à nouveau demandé conseil à propos de la vaccination anti-Covid. Elle ne savait plus quoi faire au vu de toutes les informations contradictoires. Au point de m’adresser elle-même le 4 aout, par exemple, une vidéo mettant en garde contre la vaccination. Etait-ce l’intervention en Créole du syndicaliste Elie Domota ? C’est possible.

Le 4 aout devait être la date de ma première injection, avec le Pfizer, dans ma ville, à une dizaine de minutes à pied de chez moi.

 

Mes réserves initiales et mes doutes- déjà bien constitués- envers la vaccination anti-Covid proposée, ajoutés à cette vidéo et certainement d’autres propos m’ont poussé à annuler ce rendez-vous du 4 aout.

 

J’ai fini par répondre à ma mère que je devrais savoir lui répondre. Mais que j’en étais incapable car la situation que nous vivons est « anormale Â». Et, particulièrement, « notre Â» façon de répondre et de réagir par rapport à cette pandémie du Covid.

 

Réagir ou agir « normalement Â», c’est à la fois adopter une attitude raisonnable. Mais, aussi, celle appliquée ou suivie par la majorité. Cette association du raisonnable avec la majorité garantit en principe l’équilibre et la pérennité du plus grand nombre. Les mêmes règles et les mêmes lois, connues de tous, facilement identifiables, graduées selon l’âge et les capacités, acceptées et supportées par le plus grand nombre, donc par la majorité, permettent de vivre dans un certain confort et une certaine entente générale et durable. Soit ce qui définit une civilisation, une  société, une culture, une nation. L’envers du chaos, des guerres et des conflits.

 

Ce projet de civilisation, de société, de culture et de nation, je me suis généralement évertué à le rejoindre comme à m’y faire intégrer. Sauf que mes « retours Â» d’expérience depuis le début officiel de la pandémie en mars 2020 me font particulièrement douter, voire tituber à devoir ingurgiter certaines « nouvelles Â» lois.  

 

Mes « retours Â» d’expérience :

 

La principale continuité dans laquelle je me retrouve avec certitude depuis mars 2020, c’est de toujours faire partie des personnes dominées. Que ce soit au sein de certaines minorités ou au sein de la majorité.

 

En Mars 2020, je faisais partie des minorités qui continuaient de se rendre à leur travail.

Les éboueurs, les caissières et les caissiers, les commerçants « alimentaires », les policières et les policiers, les pompiers, les livreurs, les personnels soignants, médicaux et de ménage hospitaliers, les ambulanciers.

 

Il est possible que j’aie oublié d’autres professions comptant parmi ces minorités. D’une part parce-que je fais en fonction de ce que mon expérience et mon entendement me permettent de comprendre de notre société. D’autre part, parce-que, depuis le début de la pandémie en mars 2020, ces minorités que je viens de citer et celles que j’ai oubliées de mentionner, sont rarement celles que l’on entend s’exprimer en permanence et que l’on prend le temps d’écouter à propos de cette pandémie. Alors qu’elles ont été en première ligne et se sont constituées, aussi, une certaine expérience sanitaire directe qui pourraient ou devraient servir à la majorité. Or, j’ai l’impression que seulement une partie de cette expérience pratique sert. Principalement, tout ce qui peut faire peur.

 

 

L’année dernière, je faisais partie des minorités héroïques, aujourd’hui, je fais partie des minorités non-vaccinées :

Les sceptiques, complotistes, irresponsables, égoïstes, immorales, irrationnelles, illogiques, inexcusables, les bientôt squelettiques….

Si je devais me fier à tout ce qui nous a été dit et répété depuis le début concernant la pandémie du Covid (officiellement en mars 2020 en France), aujourd’hui, le pays devrait être orphelin par milliers en éboueurs, caissières et caissiers, commerçants « alimentaires », policières et policiers, pompiers, livreurs, personnels soignants, médicaux, de ménage, hospitaliers et aussi ambulanciers.

 

Parce-que ces minorités ont d’abord été exposées à la pandémie du Covid pendant plusieurs semaines mais aussi à une pénurie de masques, durant les six premières semaines à compter de mars 2020.  

 

Parce qu’un certain nombre de professionnels faisant partie ces minorités ont contracté le Covid.

 

 

Dix huit mois plus tard, par exemple, la pénurie en personnel soignant dans les hôpitaux publics s’est aggravée à ce que j’ai pu lire dans la presse. Parce-que tous ces personnels soignants sont allés s’implanter dans des cimetières ? Je ne crois pas.

 

La charge anxiogène qui nous a été administrée depuis l’année dernière dans le traitement médiatique de la pandémie du Covid a été maximale. Même le site indépendant Prescrire l’a souligné dans un de ses articles. J’ai eu la surprise hier soir ou avant hier soir de découvrir un article sur ce thème alors que je cherchais à grappiller des informations sur les vaccins anti-Covid. Pour conserver ma décision de me faire vacciner.

Le site Prescrire, dans cet article, va jusqu’à préconiser de limiter à une heure par jour, je crois, le moment où l’on reçoit des informations relatives à la pandémie du Covid.

Le site Prescrire dit plutôt du bien des vaccins à ARN messager, Pfizer et Moderna, qu’il recommande en première intention avant les vaccins Astrazeneca et Johnson & Johnson. Le site nomme ces vaccins par leur appellation scientifique.

Si cette charge anxiogène qui nous a tabassé à propos de la pandémie du Covid, via les media, et aussi le gouvernement avec ses revirements successifs, a été « maximale », j’ai commencé à m’apercevoir qu’elle a aussi été rapidement « oubliée » voire niée. La première personne à me rendre témoin de cela avait été une collègue infirmière- aujourd’hui à la retraite- en arrêt de travail dès le début du premier confinement. En revenant dans le service plusieurs semaines plus tard, cette collègue avait été étonnée lorsque je lui avais dit que nous nous étions fait « tabasser » psychologiquement par toute la charge anxiogène relative aux informations balancées à propos de la pandémie du Covid. Cette collègue- qui avait sûrement préféré se protéger en restant chez elle dès le début du premier confinement en mars 2020- avait réagi devant moi comme s’il n’y avait jamais eu la moindre inquiétude épandue en France à propos de la pandémie du Covid. Et que je lui racontais des histoires. 

Je croyais alors que cette amnésie ou ce déni était spécifique à cette collègue. Je crois aujourd’hui de plus en plus que cette amnésie et ce déni sont partagés par d’autres personnes depuis le début de la pandémie du Covid l’année dernière. Et, c’est facile à comprendre : cette amnésie et ce déni aident à se relever et à poursuivre. A continuer de vivre. A aller de l’avant. A ne pas regarder en arrière et y retrouver ce qui a pu effrayer ou faire souffrir. Ils sont ce que l’on appelle des mécanismes de défense psychique devant certaines situations stressantes et émotionnellement difficiles voire traumatisantes. Peu importe l’âge, le sexe, la constitution ou l’expérience que l’on a. Chaque personne a ses limites. 

Argenteuil, butte d’Orgemont, samedi 4 septembre 2021.

 

Des personnes sont mortes du Covid. Je ne conteste pas la pandémie non plus. Mais, dix huit mois plus tard, avec d’autres, je suis encore vivant. Je ne suis pas une exception. Et, au lieu d’en être content et de chercher à savoir ce qui a pu permettre ça, la tendance est plutôt de continuer à nous faire entrer dans la tête des pensées telles que :

 

« Vous avez eu beaucoup de chance jusqu’à maintenant ! Â» ; « Ã§a ne va pas durer ! Â». « Vaccinez-vous au plus vite ! C’est le mieux à faire ! Â». « Regardez, dans les services de réanimation, désormais, on retrouve principalement des patients atteints du Covid non vaccinés ! Même BFM TV le dit ! Â».

« Puisqu’on vous le répète ! Â».

Une infectiologue, plutôt à l’aise dans les média, a avancé qu’avec le variant Delta, tout le monde allait se faire contaminer cette fois-ci par le Covid. 

 

Néanmoins, malgré toutes ces annonces répétées, les vaccinodromes à portée de main et de clic, les tentes de test PCR et antigénique bien visibles, je continue de slalomer entre le oui et le non pour me faire vacciner.

Ces derniers jours, je me suis demandé la raison pour laquelle je réagissais comme ça étant donné que tout est si « clair Â» pour la majorité.

 

Révolutionnaire et anarchiste ?

 

« Je ne te savais pas aussi révolutionnaire Â» a rigolé au téléphone un de mes cousins il y a quelques jours. Je venais de le surprendre en lui apprenant que je n’étais pas vacciné contre le Covid. Mon cousin ne me l’a pas dit, mais il a sûrement aussi pensé : « Sacré Franck ! C’est vraiment un original ! ».

 

Un de mes amis, infirmier à la retraite depuis un an, m’a traité « d’anarchiste Â» avec le sourire alors que je déjeunais avec lui et sa compagne, également à la retraite. Tous les deux vaccinés, ils m’ont reçu à leur table comme si ma non-vaccination était davantage une particularité qui pouvait me causer des ennuis économiques que constituer un risque pour leur santé.

 

Sauf que je ne suis ni « révolutionnaire Â», ni « anarchiste Â». Par contre certaines situations vécues depuis l’année dernière m’incitent beaucoup à croire ou à comprendre que la réponse officielle et légiférée à la pandémie donne beaucoup plus la priorité à l’économie qu’à la santé. Pour résumer :

 

Tout ce qui rapporte beaucoup de fric ou peut en ramener très vite est d’abord privilégié. C’était déjà comme ça avant la pandémie du Covid. Cela s’est accentué depuis la pandémie.

La Gazette du Val d’Oise, mercredi 8 septembre 2021.

 

Ce samedi 11 septembre 2021, je peux à nouveau retourner librement, et sans passe sanitaire, dans un centre commercial près de chez moi. ( Test PCR). 

Par contre, je ne peux toujours pas retourner librement dans la petite médiathèque de ma ville. Il me faut encore fournir un passe sanitaire ou un Test antigénique ou PCR de moins de 72 heures.

 

Devant la médiathèque de ma ville, ce samedi 11 septembre 2021. Sur la barrière, on peut apercevoir les consignes concernant les conditions d’accès. Passe sanitaire, test PCR et antigénique de moins de 72 heures…. Bien-sûr, le port du masque y est obligatoire.

 

 

 

On pourrait me répondre qu’il y a un public mineur, enfant ou adolescent, qu’il convient de préserver de la pandémie du Covid dans la médiathèque ?

Mais ce public mineur, enfant et adolescent, peut très bien se retrouver dans le centre commercial à nouveau « disponible Â» sans passe sanitaire près de chez moi. Et, dans ce centre commercial, bien plus fréquenté que la médiathèque, le port du masque suffit et est obligatoire. Comme dans la médiathèque.

L’une des entrées du centre commercial Côté Seine, ce samedi 11 septembre 2021. Il y a encore quelques jours, il fallait présenter son passe sanitaire ou le résultat d’un test PCR ou antigénique de moins de 72 heures pour y entrer.

 

Un centre commercial, ça rapporte du fric. Une médiathèque, non. C’est être « révolutionnaire Â» et « anarchiste Â» d’écrire ça ?!

Aujourd’hui, toujours, dans la ville où j’habite, à Argenteuil, c’était la journée des associations. Il fait beau et chaud depuis plusieurs jours. On se croirait en été. Sauf lorsqu’il pleut brutalement. Mais, aujourd’hui, il a fait beau. Les stands des associations, cette année, ont tous été mis dehors. Dont, une partie près des berges de Seine. Une très bonne et très audacieuse initiative et aussi un très vieux projet de la mairie d’Argenteuil. Récupérer les berges de Seine pour les piétons. Il est certain que la mairie saura tirer avantage de la réussite de cette manifestation pour son bilan. Mais pour accéder à cette journée des associations qui s’est donc déroulée essentiellement à l’extérieur, la présentation d’un passe sanitaire était obligatoire.

Entrée de la journée ou forum des associations à Argenteuil, ce samedi 11 septembre 2021.

 

Bien-sûr, on me rappellera que tout événement public, à l’extérieur, à partir d’une certaine envergure et affluence, nécessite désormais la présentation d’un passe sanitaire. Mais à quoi servent donc les masques anti-Covid ? Et le fait d’être à l’extérieur ? Et dans le centre commercial, alors ? Il passera moins de personnes, enfermées dans le centre commercial, qu’à ce forum des associations en effet très suivi comme chaque année ?

 

Pour la deuxième fois, depuis l’instauration de ces nouvelles lois en faveur du passe sanitaire, j’ai fraudé. La première fois, c’était pour m’asseoir sur un banc, dehors, à quelques mètres de l’entrée d’un lieu de restauration. Afin de manger un sandwich, à l’écart, avec une amie vaccinée contre le Covid. Là, j’ai fraudé par opportunisme. Je n’étais pas venu pour frauder. J’avais même oublié que c’était la journée des associations à Argenteuil. Et, j’ai fraudé pour quelle raison ?! Pour me rendre à une journée des associations dans ma ville. J’ai fraudé avec un masque. Nous sommes dehors. J’ai croisé différentes personnes sans masque lors du forum. Normal, nous sommes dehors. Et puis, la plupart de ces personnes sont supposées être vaccinées. Ce n’est pas grave. Même si l’on sait aussi que, même vacciné, on peut être porteur du virus et contagieux.

Journée ou forum des associations à Argenteuil, ce samedi 11 septembre 2021.

 

 

Chaque samedi, depuis au moins le mois d’aout, des personnes opposées au passe sanitaire et anti-vaccins manifestent dans Paris et en France. Il y ‘en aurait de moins en moins. Moins de deux cent mille, officiellement. Par contre, ces personnes seraient de plus en plus « radicalisées Â». Je vais prendre mon exemple : j’ai fraudé deux fois depuis l’instauration du passe sanitaire. Je suis donc en phase de « radicalisation Â» ?

Pour m’être assis sur un banc pour manger un sandwich et pour pouvoir me rendre à une journée des associations à l’extérieur en portant un masque ?!

 

Je ne rapporte pas d’argent. J’en perds plutôt. Je fais partie de la minorité qui n’est pas  du tout un exemple à suivre. Au contraire d’une certaine minorité qui a su investir ou faire fructifier une entreprise porteuse en cette période de pandémie :

 Vaccins, masques anti-covid, gel hydro-alcoolique, sites de vente sur internet, autres….

 

J’allais oublier de dire qu’hier, le vendredi 10 septembre, c’était la journée du suicide. Une journée où l’on sensibilise les gens au suicide. Aux signes avant coureurs. Comment aider. J’ai appris hier soir que  c’était la « journée du suicide Â». En France, chaque année, il y aurait 9000 suicides par an. L’un des chiffres les plus élevés d’Europe. Mon attitude envers la vaccination anti-Covid a quelque chose de suicidaire. Si je m’en tiens, à la fois aux risques d’attraper le Covid mais aussi aux sanctions économiques qui vont bientôt me tomber dessus, il y a quelque chose de suicidaire dans ma posture. Je me dois de l’admettre ou de l’envisager. Même si je fais de mon mieux pour prévenir le suicide chez les autres.

 

Cependant, un commerçant, apprenant mes doutes, m’a surpris. Je le croyais entièrement convaincu. Il m’a révélé son scepticisme envers la vaccination anti-Covid en « raison du manque de recul Â» des vaccins actuels. Heureusement, sa direction a su le soutenir :

 

« C’est soit tu te vaccines, soit tu fermes ta boutique ! Â».  Ce qui fait penser à une nouvelle version de «  Soit tu te vaccines, tu fermes ta gueule et tu restes ouvert. Soit tu l’ouvres et tu fermes ta boutique pour toujours ! Â».

 

Mais à propos des arguments que l’on pourrait servir aux personnes qui doutent de ces vaccins, je crois aussi entendre celui-ci :

 

« Prends le vaccin, et jette-toi dans le vide ! Tu ne crains rien. On ne peut pas trop te dire où tu vas atterrir. Qui vivra, verra. Tu verras bien ! Â».

 

Tu verras bien

 

Ce que je « vois Â», c’est que j’ai eu l’audace ou la naïveté de croire que je pourrais me passer de ce vaccin anti-Covid. Ou que je pourrais prendre mon temps avant de me décider pour un vaccin dans lequel j’aurais eu le temps de croire. Dans lequel j’aurais pu prendre le temps de mettre ma confiance.

 

Pour ces raisons, lorsqu’il y avait eu tous ces éclats à propos du professeur Raoult il y a quelques mois, j’avais écouté tout ça de très très loin. Je n’avais aucun avis sur l’Hydro…. Je me sentais très bien dans mon ignorance sur ces sujets avec mes masques anti-Covid, mon lavage de mains et mes gestes barrières.

 

Aujourd’hui encore, j’ai du mal à retenir les noms des médicaments évoqués lors du « débat Â» Raoult. Même si je me rappelle plus facilement de l’Ivermectine. Parce-que je me suis retrouvé devant deux ou trois fois dans la pharmacie de mon service.

 

Quant au professeur Raoult, alors que son pic de popularité et de médiatisation est aujourd’hui moindre qu’il y a quelques mois, chaque fois que je l’écoute dans une vidéo, j’ai du mal à comprendre ce qu’il explique. Il est sûrement très intelligent et bien plus compétent que moi, de toutes façons, concernant la pandémie du Covid. Mais je trouve qu’il manque souvent des réponses simples et courtes aux questions qu’on lui pose.

Si la prudence est de mise pour parler de science, de constatations et de résultats, j’ai l’impression qu’il « rajoute Â» beaucoup de prudence par dessus la prudence pour répondre à certaines questions. Peut-être parce qu’il a subi beaucoup d’attaques et de pressions dont je n’ai pas idée. Ces polémiques qui piquent rapidement et abondamment rendent aussi « anormale Â» l’expérience de cette pandémie.

 

Cependant, si j’ai pu croire que je pourrais soit me passer d’une vaccination anti-Covid, soit prendre mon temps avant de me décider, c’est parce-que, à ce jour, comme d’autres personnes faisant partie des minorités directement exposées, je n’ai pas attrapé le Covid. A une « Ã©poque Â», l’année dernière, où durant plusieurs mois, il n’existait pas de vaccin anti-Covid. Je crois donc beaucoup aux bienfaits des gestes barrières tels que le port du masque, le lavage des mains avant tout, le fait d’aérer autant que possible. Puis, vient la distanciation sociale. Je devrais placer la distanciation sociale dans le trio de tête immédiat des gestes barrières. La distanciation sociale est un geste barrière qui compte. Sauf que la distanciation sociale, nous savons très bien depuis des mois qu’il est des circonstances où il n’y en n’a pas :

 

Dans les transports en commun et dans les gares aux heures de pointe. Il faudrait donc arrêter les transports en commun et fermer toutes les gares ? Ce serait immobiliser l’économie. Laisser s’accumuler des tensions sociales qui finiraient par s’étendre dans toute la société jusqu’à l’éclatement. Mieux vaut donc permettre la circulation des gens tout en les contrôlant de plus en plus, progressivement, de façon à leur laisser le temps de s’y habituer. Et de croire que c’est leur choix.

 

 L’autre particularité de la distanciation sociale, c’est qu’elle isole. Et s’oppose aussi, d’une certaine façon, à une certaine solidarité. Puisque l’on se voit moins, que l’on se rassemble moins et que l’on échange donc moins nos informations et nos expériences. Au contraire des minorités dirigeantes, qui, elles, continuent de se refiler les bons tuyaux et les bons filons.

 

La vaccination anti-Covid, en France, est devenu un sujet aussi sensible que la religion, la sexualité, l’appartenance politique ou le salaire que l’on gagne.

 

J’ai envoyé un nouveau mail, le second,  à la mairie de ma ville. Comment justifier que l’on puisse désormais, à nouveau, librement accéder à un centre commercial. En portant un masque anti-Covid. Et qu’il faille toujours, ce samedi 11 septembre, fournir un passe sanitaire ou un test PCR ou antigénique de moins de 72 heures pour entrer dans une médiathèque ? Tout en portant un masque anti-Covid.

 

Que le maire applique la loi, c’est un fait. Mais au travers de cette expérience, je comprends qu’un maire se doit aussi de savoir interroger la loi. Et, pas seulement agir pour bien se faire voir de celles et ceux qui sont au dessus de lui. Car si l’on suit ce raisonnement qui consiste à strictement appliquer la loi sans l’interroger, dans d’autres circonstances, on pourrait aussi laisser des gens mourir au prétexte qu’ils ne relèvent pas de notre juridiction ou de notre champ de compétences. Ou parce-que la loi n’a rien prévu dans ce genre de cas de figure. Une loi n’empêche pas encore d’observer et de penser. Mais ça va peut-être bientôt arriver.

 

Me voici donc définitivement, ou à peu près, paranoïaque. Ou, plus simplement, je n’ai toujours rien compris aux mesures et aux décisions simples et bienveillantes prises pour nous face à cette pandémie du Covid. Je suis un mauvais exemple. Il est évident que je fais preuve de mauvaise volonté.

 

Franck Unimon, ce samedi 11 septembre 2021.

 

 

 

 

 

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Test PCR

 

                                                       Test PCR

Le Test PCR et le test antigénique sont les alternatives à la vaccination anti-Covid. Chaque fois que l’on souhaite se rendre dans certains lieux publics ( cinémas, théâtres, salles de concert..). Avant la pandémie du Covid, on ne parlait pas ou alors seulement de façon très confidentielle du test PCR et antigénique.

 

J’ai l’impression d’être un homme du passé à parler de test PCR et de test antigénique alors que désormais la grande majorité des Français est vaccinée contre le Covid et est passée à d’autres sujets. Comme, par exemple, les attentats du 13 novembre 2015 dont le procès a débuté ce 8 septembre 2021. Un événement que j’essaierai de « suivre » en regardant des documentaires ou, si c’est possible, en assistant au procès. J’étais allé à une audience du procès des attentats « de » Charlie Hebdo. Alors que j’avais pris quelques notes, je n’avais pourtant pas publié d’article car entraîné ensuite par d’autres sujets. Et, aujourd’hui, je me demande quel est l’intérêt d’écrire un article a posteriori sur cette expérience alors que le jugement a été rendu. Et que des comptes-rendus de ce procès plus exhaustifs en ont été faits, que ce soit dans et par Charlie Hebdo ou par d’autres média et ouvrages.

Le journal  » Charlie Hebdo » de ce mercredi 8 septembre 2021.

 

Pourtant, j’écris aussi pour témoigner. Cet article-ci, Test PCR, j’aurais déja dû l’avoir écrit il y a plusieurs jours. Et, j’en ai déja d’autres en tête. J’ai écrit quelques notes de départ. Mais, plus tard, cet article devrait aussi avoir son importance. Et, pour lui, j’estime qu’il est encore dans notre temps présent. C’est la raison pour laquelle je m’arrête « sur » lui aujourd’hui. Même si, pour cela, il faut retourner au mois de mars.

 

En mars de cette année, j’avais été considéré cas contact deux fois à une semaine d’intervalle, au travail. Les seules fois, pour l’instant, où cela m’est arrivé d’être classé « cas contact Â». Mars, c’était il y a six mois. Il y a déjà très longtemps.

 

Il y a « très longtemps », j’étais donc allé faire un test antigénique dans une pharmacie du sixième arrondissement. J’étais curieux de l’expérience.

 

Sous la tente montée devant la pharmacie, la jeune testeuse avait un livre posé près d’elle. Un ouvrage de Romain Gary. Peut-être La Vie devant soi.  Cela m’avait rappelé des bons souvenirs. La jeune professionnelle m’avait été présentée comme douce par sa collègue qui m’avait reçu.

La douceur et les bons souvenirs s’étaient brutalement perdus après l’entrée de la tige du test antigénique dans ma première narine. Puis dans la seconde.

 

Je n’avais pas du tout aimé l’expérience. Mais j’avais passé le test. Et le résultat était négatif.  J’étais donc débarrassé et satisfait.

 

Une semaine plus tard alors que j’allais partir au travail, je recevais un appel de ma  cadre supérieure.  Pour me demander de faire un test antigénique. Je ne voyais pas pourquoi…j’ai exprimé mon étonnement.

Jusqu’à ce que j’apprenne qu’un autre de mes collègues avait eu « une trace Â» de positivité au Covid. Et qu’il fallait refaire le test.

A la pharmacie, on m’avait expliqué que le délai était trop court entre le moment où ce collègue s’était déclaré positif « avec une trace Â». Et celui où il m’était demandé de faire ce test antigénique. L’assistante en pharmacie avait bien voulu l’expliquer directement à ma cadre supérieure. Mais celle-ci avait préféré que je refasse un test antigénique « car c’était la procédure Â».

 

Là aussi, le résultat avait été négatif. Et, après avoir été positif « avec une trace Â», lors d’un second PCR, le collègue s’était finalement révélé être vraiment négatif.

 

Depuis ces deux expériences, je tiens le test PCR et le test antigénique pour des procédés barbares. Je ne comprends pas qu’en 2021, ces deux tests aient été en particulier ceux qui ont été privilégiés pour des résultats rapides. Il suffit de 15 minutes pour connaître le résultat avec le test antigénique. Il faut attendre 24 à 48 heures « selon les laboratoires Â» après un test PCR.

 

Je n’ai pas passé de test PCR mais j’ai cru comprendre qu’il était « plus profond Â» que le test antigénique que j’ai trouvé particulièrement désagréable. Peut-être que cela changera dans environ un an.

Le journal  » Le Figaro » de ce mercredi 8 septembre 2021.

J’ai lu aujourd’hui que l’entreprise Valeo « l’équipementier automobile français Â» a inventé un détecteur de Covid équipé de capteurs qui peut donner un résultat en deux minutes. Mais j’ai aussi lu que ce détecteur serait vendu 2500 euros, ce qui en fera peut-être un objet réservé à certains endroits. Cependant, nous sommes déjà là dans le futur et les supputations. Retournons dans le passé de ce mois d’aout.

 

Au mois d’aout dernier, j’étais retourné accompagner ma fille jusqu’à la médiathèque pour la troisième fois. J’étais revenu la chercher à la sortie à une heure indiquée puisque je ne pouvais pas entrer.

 

Alors que je l’attendais, un étudiant d’une vingtaine d’années s’est présenté devant le bibliothécaire, qui, dehors, vérifiait les QR Code des passes sanitaires. Ou les résultats de test PCR et de test antigénique.

 

Le résultat d’un test PCR est valable 72 heures. Le jeune a tendu son papier. Le délai était dépassé d’un peu plus d’une heure. C’était un samedi entre midi et quatorze heures en plein mois d’aout.

 

Désolé, le bibliothécaire a dû refuser l’accès de la médiathèque. Le jeune est reparti sans broncher.

Je « connais Â» ce bibliothécaire. C’est quelqu’un d’arrangeant. Peut-être que moi présent, moi, un habitué interdit de séjour dans la médiathèque pour défaut de passe sanitaire, il lui était impossible de laisser passer ce jeune. Mais j’ai été encore plus désolé pour ce jeune. Se farcir un test PCR pour, pour un peu plus d’une heure de dépassement, se retrouver devant une médiathèque comme devant une boite privée pratiquant le délit de faciès, j’ai trouvé ça dur. Je préférais encore être à ma place.

 

C’est sans doute après ce jour-là que je me suis rendu compte qu’en tant que citoyen qui paie ses impôts, l’Etat et donc la mairie de ma ville qui « dirige Â» cette médiathèque, me doit certains services. Comme l’accès à cette médiathèque. J’ai donc envoyé un mail ce 18 aout à ma mairie en pensant que personne ne me répondrait avant longtemps.

 

Finalement, il y a quelques jours, le 2 septembre, j’ai reçu un premier mail de la nouvelle directrice de la médiathèque. Et nous avons un peu correspondu. Celle-ci m’a entre-autres répondu :

 

« Selon le décret d’application du 7 août 2021, les collectivités territoriales sont dans l’obligation légale de mettre en place le passe sanitaire dans l’ensemble des lieux culturels recevant du public. Le réseau des médiathèques d’Argenteuil répond à cette obligation :https://www.legifrance.gouv.fr

L’ensemble des lieux culturels de France sont dans l’obligation légale d’assurer ce décret.

 

Toutefois, afin de maintenir notre lien avec l’ensemble de nos publics, nous avons mis en place dès le début de la crise sanitaire l’offre en ligne « Tout apprendre Â» sur le portail des médiathèques qui comprend notamment une offre de livres, BD, films, formations, aide aux devoirs et musique : https://argenteuil.bibenligne.fr/biblio-num

 

Vous avez également la possibilité, via ce même portail, d’effectuer des réservations sur les documents que vous souhaiteriez emprunter, votre fille pouvant les retirer à la banque de prêt.

 

Restant à votre disposition et au plaisir de vous recroiser prochainement dans l’une de nos médiathèques. Â»

 

Son rappel de l’obligation légale du passe sanitaire pour les médiathèques n’était pas nécessaire. Puisque j’ai compris qu’elle ne fait « qu’appliquer Â» la Loi. Et, avant ça, elle ne fait qu’appliquer ce que la mairie de ma ville lui dit de faire. Mairie qui se décharge sur elle de ses propres responsabilités. Car ce n’était pas à cette responsable de la médiathèque de se justifier et de me répondre. Cette directrice de médiathèque n’est ni l’autrice et ni la décisionnaire de la politique culturelle de la ville. Elle fait avec les autorisations que lui donne la mairie. Mais ce n’était pas à moi de débattre de ça avec elle. D’autant qu’elle m’a paru sincère et de bonne volonté dans ses mails.

 

Quant à moi, mon mail avait surtout pour but de questionner la Loi. La légitimité de cette Loi qui interdit à un citoyen d’entrer dans une médiathèque, même avec un masque anti-Covid, pour des raisons sanitaires.

 

Une Loi selon moi assez arbitraire. Un arbitraire devenu encore plus flagrant aujourd’hui, ce 8 septembre 2021. Puisque le passe sanitaire qui était obligatoire dans certains centres commerciaux, selon leur envergure, a cessé de l’être dans le Val d’Oise. Après une plainte déposée ( les propos exacts sont :  » Me Yoann Sibille avait ainsi déposé un recours devant le tribunal administratif de Cergy-Pontoise » La Gazette du Val D’Oise de ce mercredi 8 septembre 2021, page 8. Un article rédigé par Thomas Hoffmann). Le Ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a « assoupli Â» les conditions d’accès à certains centres commerciaux.

Le journal  » Les Echos » de ce mercredi 8 septembre 2021.

 

 La disparition de cette obligation du passe sanitaire pour aller dans certains centres commerciaux pourrait être une « bonne Â» nouvelle. Sauf que le préjudice évoqué, et qui a porté, est spécifiquement économique. L’obligation du passe sanitaire a fait perdre ou aurait fait perdre 20 à 30 pour cent du chiffre d’affaire de certains centres commerciaux.

 

Le journal  » Les Echos » de ce mercredi 8 septembre 2021.

 

Quel est le préjudice économique d’une médiathèque moins fréquentée Ã  cause de l’obligation du passe sanitaire ? Je ne suis pas reparu devant la médiathèque depuis mon mail du 18 aout, je crois. Et, je suis curieux de voir si les conditions d’accès à la médiathèque ont changé. Mais je ne crois pas. Je crois qu’aujourd’hui encore, il faudra fournir un QR Code ou le résultat d’un test PCR ou antigénique valable pour y entrer. Pendant ce temps, je pourrai de nouveau aller me balader autant que je le voudrai dans le centre commercial Côté Seine de ma ville. Centre commercial où, bien-sûr, il ne se trouve aucune médiathèque et où circule bien plus de monde, en période de pandémie du Covid, que dans la médiathèque où j’ai mes habitudes.

Journal « La Gazette du Val d’Oise » de ce mercredi 8 septembre 2021. L’article rédigé par Thomas Hoffman cité plus haut.

 

 

Il faudrait que je vérifie comment ça se passe maintenant, pour entrer dans la médiathèque de ma ville. Que je me rende au centre commercial Côté Seine puis que je me déplace jusqu’à la médiathèque. Dix minutes à pied les séparent.

Vu que je n’aime pas beaucoup aller dans le centre commercial Côté Seine, et que je m’y rends le moins possible, cela va me demander un effort supplémentaire de plus.

Pour lire mon avis sur le film La Nuit Des Rois-un film de Philippe Lacôte sorti ce mercredi 8 septembre 2021. 

Franck Unimon, ce mercredi 8 septembre 2021 ( et ce jeudi 9 septembre 2021).