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Un supermarché pour tout

 

Un supermarché pour tout

Ce matin, je suis retournĂ© dans un DĂ©cathlon. Je cherchais des mitaines pour faire du vĂ©lo. Les miennes commencent Ă  ĂȘtre usĂ©es. Et un short, tendance cuissard, pour faire du vĂ©lo.

 

Aujourd’hui, on peut se rendre dans une enseigne de cette chaine – DĂ©cathlon– de grands magasins de sport comme chez le boulanger ou le marchand de primeurs. Trente ans plus tĂŽt, dans les annĂ©es 60, cela eut Ă©tĂ© inconcevable. C’était un autre monde.

 

C’est pareil pour certaines grandes enseignes de bricolage. Et d’autres enseignes telles que la Fnac qui agrĂšge librairie, informatique, photographie, produits high tech, Cds, Blu-rays et autres. Il y a aussi Darty. S’y rendre est une formalitĂ©.

 

On entend encore parler de la mort des petits commerces et de l’artisanat. Mais on n’est pas Ă  ça prĂšs. D’abord, on fait avec ce qui se trouve Ă  proximitĂ©, ce qui est moins cher et le plus pratique. Les supermarchĂ©s offrent des grandes quantitĂ©s, de la variĂ©tĂ©. Et nous sommes preneurs. Je suis preneur.

 

Avant d’aller Ă  DĂ©cathlon, j’ai confiĂ© mon vĂ©lo Ă  un petit magasin de cycles qui a ouvert Ă  quelques minutes de lĂ , il y a quelques mois :

La Roue Liber.

 Pour des nouveaux patins de frein. J’ai prĂ©fĂ©rĂ© passer par un petit magasin Ă  une chaine telle que DĂ©cathlon. Ceci afin de soutenir un peu Ă©conomiquement les petits commerces.

 

Je m’échappe de plus en plus des grandes surfaces. Sauf quand je n’ai pas le choix.

 

Dans le petit magasin de cycles, La Roue Liber,  j’ai Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© lorsque celle qui m’avait accueilli m’a demandĂ© :

« Vous voulez boire, quelque chose ? Â». J’étais en train de refermer mon sac Ă  dos et j’allais partir Ă  DĂ©cathlon.  

 

J’ai acceptĂ© de prendre un verre d’eau. En me l’apportant, cette mĂȘme personne m’a dit :

 

« Vous pouvez aller vous asseoir sur la terrasse. C’est Ă  nous Â». Devant le magasin de cycles, se trouve en effet une petite terrasse. PrĂšs de la route. Donc, Ă  portĂ©e des pots d’échappement des voitures des rues parisiennes. Mais, lorsque l’on passe du temps Ă  Paris, on est immunisĂ© contre ce genre de paradoxe. Et puis, une telle proposition dĂ©tonait dans,  pratiquement, toute ma vie de consommateur. 

 

Alors, mettons-ça sur le fait que ce magasin de cycles vient d’ouvrir. Qu’il se constitue sa clientùle. Et que dans d’autres commerces, telles les concessions automobiles ou certains opticiens, on fait aussi ce genre de proposition.

 

AprĂšs mon verre d’eau, je suis parti vers la grande enseigne du sport (DĂ©cathlon). J’avais Ă  peine fait quelques mĂštres que je suis passĂ© devant une pĂątisserie tenue par un couple japonais. Je ne l’avais jamais vue auparavant. Le couple Chiba. AngĂ©lique, qui tient cette pĂątisserie avec son mari, m’a parlĂ©. Mais j’avais « mon Â» DĂ©cathlon en tĂȘte. Alors, je lui ai rĂ©pondu que je reviendrais plus tard.

 

 

Sur le chemin, je suis passĂ© devant un autre magasin d’articles de sport. Une marque plutĂŽt cotĂ©e, assez technique, qui, depuis plusieurs annĂ©es, s’est ouverte au grand public : La marque Salomon. Avant, mĂȘme s’il y en a encore peu, aujourd’hui, en plein Paris, on trouvait moins ou pas de magasins reprĂ©sentant exclusivement cette marque.  

 

En vitrine, j’ai aperçu un pantalon qui m’a plu. Dans le magasin, j’ai demandĂ© conseil Ă  l’un des vendeurs. Le vendeur ne voyait pas de quel pantalon il s’agissait. Il a acceptĂ© de me suivre dans la rue oĂč je le lui ai montrĂ©. Pour finalement m’apprendre qu’il s’agissait d’un article
.pour femme

 

S’adressant Ă  moi comme si je comprenais  son langage, le vendeur m’a annoncĂ© qu’il s’agissait d’un pantalon « chino Â» et « wide Â».

 

Je n’ai pas compris tout de suite.  Je lui ai fait rĂ©pĂ©ter. J’ai mĂȘme compris « Wild Â».

Peut-ĂȘtre parce-que, dehors, face Ă  lui, je me suis senti un peu soupesĂ© par le vendeur en tant que valeur sur le marchĂ© du sexe. Car j’ai oubliĂ© de dire que je m’étais mis Ă  mon avantage pour cette sortie :  

Cycliste noir moulant, mi-cuisses, baskets, allure sportive. Puisque j’avais pris mon vĂ©lo et qu’il faisait chaud.  

 

Les femmes ont les jupes, les robes, les dĂ©colletĂ©s, les  bustiers, les les jambes nues et autres prompteurs Ă  cristaux liquides. Un retard d’acclimatation peut Ă©tourdir et faire perdre un peu le goĂ»t de l’heure et du temps qui passe. Cependant,  nous, les hommes, en Ă©tĂ©, ou lorsqu’il fait chaud, l’équivalent de notre panoplie Ă©rotique ou sensuelle peut-ĂȘtre une certaine allure sportive.  Avec ou sans marcel. Avec ou sans gamelle.

 

Le magasin Salomon n’avait pas encore reçu ce type de pantalon. Je pouvais en trouver sur le site internet. A voix haute, je me suis soudainement plongĂ© dans un abysse d’incertitudes inĂ©luctables :

Pouvais-je- en- tant -qu’homme-porter- un- tel- pantalon- puisqu’il- s’agissait- d’un article- fĂ©minin ?

Notre vendeur, empathique, et pragmatique, m’a alors dit :

« Il m’arrive de mettre des vĂȘtements pour femmes. Ça va passer crĂšme ! Â». Il fallait juste que je me fasse Ă  l’idĂ©e que c’Ă©tait un pantalon « taille haute ». 

 

«  Passer CrĂšme ! Â».  Cette expression, je l’ai dĂ©couverte par hasard en Ă©coutant un concours d’éloquence il y a un ou deux ans.

 

Au DĂ©cathlon, je n’ai pas trouvĂ© ce que je cherchais. Ni Ă©loquence. Ni crĂšme. Les mitaines Ă©taient moches. Il n’y avait pas le short que je recherchais, non plus. Mais j’ai trouvĂ© un  vendeur qui a bien voulu m’aider. Pendant toutes ces annĂ©es, j’avais Ă©tĂ© suffisamment nĂ©gligent pour laisser le code barre sur mes mitaines usagĂ©es. Cet article ne se vend plus m’a appris le jeune vendeur. « C’est un vieil article Â» a-t’il continuĂ©  tel un expert qui, examinant au microscope les lignes de ma main, s’aperçoit qu’il a affaire Ă  un objet dĂ©suet. Puis, il m’a assurĂ©  que j’avais dĂ» le payer «  six euros Â». Les nouvelles- et moches- mitaines prĂ©sentes devant moi dans les rayons coĂ»tent dĂ©sormais 20 euros.  

 

Les employĂ©s des enseignes comme DĂ©cathlon sont dĂ©sormais souvent de passage. Comme dans les banques. On se rappelle davantage du nom de l’enseigne, de l’article ou de la marque que l’on achĂšte.

 

AprĂšs DĂ©cathlon, je me suis arrĂȘtĂ© dans la pĂątisserie tenue par le couple japonais. J’ai appris qu’elle existait depuis
42 ans.

 

« Tout est fait maison Â», concernant les pĂątisseries, m’a appris AngĂ©lique. Celle-ci, la soixantaine, s’est affairĂ©e pour me servir. Il y avait sans doute le cĂŽtĂ© commercial qui consiste Ă  vouloir faire acheter le plus de produits. Mais, aussi, la volontĂ© de conseiller.

 

Un habituĂ© est arrivĂ©. Un homme en costume cravate. L’heure du dĂ©jeuner approchait. Comme AngĂ©lique s’occupait de moi, aprĂšs l’avoir saluĂ©e, il s’est installĂ© tranquillement en terrasse. AngĂ©lique a continuĂ© Ă  me parler des autres thĂ©s disponibles. Fouillant dans ses placards, elle sortait des grands paquets de hojicha, de GemmaĂŻcha. Elle m’a parlĂ© d’un thĂ© Sencha qu’elle venait de recevoir et qu’elle allait goĂ»ter. Mais celui que j’avais pris Ă©tait trĂšs bon ! Elle vendait du Matcha, aussi. Mais, le matcha, lui ai-je dit, je ne sais pas le faire. Alors, AngĂ©lique de me dire :

 

« Un jour, si vous avez le temps, je vous montrerai Â». Je lui ai rĂ©pondu :

« Je prendrai le temps Â». Elle s’est mise Ă  rire. Approuvant sans doute ma conduite.

 

Au moment de partir, je l’ai remerciĂ©e en Japonais : « Arigato Gozaimasu Â». Alors, s’inclinant vers moi avec dĂ©fĂ©rence, AngĂ©lique m’a Ă©galement rĂ©pondu en Japonais.

 

J’ai rĂ©cupĂ©rĂ© mon vĂ©lo Ă  La Roue Liber. J’ai Ă©tĂ© content de la rapiditĂ© des « travaux Â». J’avais Ă©tĂ© informĂ© par sms -alors que j’étais encore au DĂ©cathlon- qu’il Ă©tait prĂȘt.

 

Ensuite, je suis passĂ© dans cette pharmacie, prĂšs de la gare de St Lazare, qui a, depuis peu,  changĂ© d’emplacement. Elle est s’est maintenant rapprochĂ©e d’un grand hĂŽtel : Le Hilton.

 

L’intĂ©rieur a Ă©tĂ© modifiĂ©. TrĂšs Ă©clairĂ©. Cela se veut modĂ©lisĂ©. Prestigieux. Mais, impossible de trouver les huiles essentielles. Une personne de la pharmacie, souriante, me rĂ©pond que, dĂ©sormais, il suffit de faire la commande en appuyant sur un grand Ă©cran. Et que le flacon arrive dans une sorte de boite. Mais ça ne marche pas. On ne peut pas sĂ©lectionner l’huile essentielle que je souhaite acheter. L’écran « cale Â»  Ă  la lettre « G Â». Je dois donc me passer de l’huile essentielle que je comptais acheter.

 

J’escompte trouver du dentifrice. On m’indique oĂč se trouvent les tubes de dentifrice. Parmi les diffĂ©rents dentifrices, je ne trouve pas le dentifrice que je cherche. « Avant Â» le dĂ©mĂ©nagement, je le trouvais facilement. Je sors de la pharmacie sans rien acheter. J’irai ailleurs, une autre fois, dans un supermarchĂ© oĂč je trouverai ce que je « cherche Â».

 

Il y a des supermarchĂ©s pour tout. Partout. BientĂŽt, il y aura aussi des supermarchĂ©s oĂč nous trouverons des premiers prix pour nos tombes. Bien-sĂ»r, tout n’est pas perdu. Puisqu’il y a eu des pauses  et des oasis tels que ce magasin de cycles et cette pĂątisserie. Et, il en existe d’autres. Certaines de ces oasis viennent de se crĂ©er ou vont se crĂ©er. D’autres sont lĂ  depuis longtemps et sont seulement connues des habituĂ©s ou de leur proche voisinage.

 

A La Roue Liber, le rĂ©parateur, prĂ©venant, m’a engagĂ© Ă  ne pas appuyer trop fort sur les freins. Afin, de me rĂ©habituer au systĂšme de freinage. Je l’ai Ă©coutĂ© avec approbation.

 

Le monde dans lequel nous vivons, auquel nous appartenons en grande partie, et qui nous consomme, autant que nous le consommons, n’aime pas freiner. Ses freins sont  dĂ©fectueux ou usĂ©s. Ou brutaux. Il faudrait sans doute partir loin de tout ça avant l’irrĂ©mĂ©diable. Savoir sortir, au bon moment, de ces supermarchĂ©s- et de leurs hiĂ©rarchies- depuis longtemps Ă©tablis dans notre tĂȘte. Cela peut sans doute s’apprendre au jour le jour. Car nous avons encore plus de pensĂ©es et de rĂȘves qu’il n’existe de supermarchĂ©s.

 

Franck Unimon, ce jeudi 3 juin 2021.  

 

 

 

 

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Corona Circus Vélo Taffe

Perdre pied-vélo taffe

Perdre pied

J’ai travaillĂ© cette nuit. En quittant mon service, ce matin,  23 minutes,  pour faire le trajet Ă  vĂ©lo depuis le 14 Ăšme arrondissement de Paris jusqu’à la gare St Lazare.

 

Certes, il fait beau, assez chaud, mais c’est surtout parce-que, pour une fois, je me suis autorisĂ© Ă  « suivre» certains cyclistes pressĂ©s (hommes comme femmes) que je suis allĂ© aussi vite. Habituellement, pour le mĂȘme trajet, je mets entre 27 et 29 minutes. En « flĂąnant Â» quelque peu. Hier soir, une femme sur un vĂ©lo de course de marque Triban Ă©tait belle Ă  voir. Son short cycliste noir lui arrivait Ă  mi-mollet. Lesquels mollets Ă©taient fermes et assez volumineux. Elle devait avoir Ă  peine la trentaine. Si elle dĂ©marrait doucement, elle avait ensuite une façon d’avaler les mĂštres en avant, sans forcer, qui me dĂ©crochait de plusieurs mĂštres. C’était beau, cette aisance. C’était comme si elle rentrait dans le vent.

 

Hier soir, Bd Raspail, dans la montĂ©e, j’ai bien rattrapĂ© et lĂąchĂ© quatre ou cinq personnes sur leur vĂ©lo. Mais pas elle, toujours revenue et restĂ©e facilement devant moi, et qui a tournĂ©, sur la droite, vers la Tour Montparnasse, aprĂšs un feu, alors que je continuais tout droit vers la Place Denfert Rochereau. J’ai vu sa main indiquer qu’elle allait tourner. Un geste simple, Ă©conome, sans prĂ©cipitation. Et, ça a Ă©tĂ© tout. C’était fini.

 

Je croise ça ou lĂ  quelques cyclistes sur mon trajet. Des hommes comme des femmes.  Certains que je peux rattraper. D’autres qui sont des « missives Â» en express que leur braquet emporte loin de moi. NĂ©anmoins, mĂȘme disparus de l’horizon et de la rencontre, j’en garde quelques unes et quelques uns, pour quelques temps, dans ma mĂ©moire.

 

Ce matin, il y avait « un Â» vĂ©lo Ă©lectrique, « un Â» Brompton mĂ©canique et une cycliste sur un VĂ©lib qui m’ont marquĂ© et qui m’ont aussi
inspirĂ©.

 

« Le Â» vĂ©lo Ă©lectrique m’a d’abord dĂ©passĂ© avec agilitĂ© et facilitĂ© Boulevard ou rue St Jacques. Sur le chemin assez Ă©troit de la piste cyclable protĂ©gĂ©e. Pourtant, j’avais bien pris mon Ă©lan depuis le dĂ©but. Etant donnĂ© que je ne me sentais pas essoufflĂ© et que mes cuisses le supportaient, j’ai appuyĂ© sur mes pĂ©dales pour le suivre malgrĂ© les mĂštres qui nous sĂ©paraient dĂ©ja. Je me suis dit que pour monter, il fallait de toute façon prendre de l’élan. Et non se traĂźner. Au feu, « Le Â» vĂ©lo Ă©lectrique a pris une autre direction. J’ai passĂ© les pavĂ©s et me suis dirigĂ© vers la descente du Bd Raspail vers la rue du Bac. C’est lĂ  qu’un autre « vĂ©lo Ă©lectrique Â» a pris le relais. Il a quelque peu fusĂ©. Avec son pantalon Khaki, son casque Cusco, il dĂ©livrait de la facilitĂ©. Moi, je devais me donner. Un peu plus bas oĂč Ă  moins qu’il ne nous ait rattrapĂ©, « Le Â» vĂ©lo Brompton a dĂ©barquĂ©. A nouveau, cette fluiditĂ© que je trouve dans cette catĂ©gorie de vĂ©lo. L’homme dessus Ă©tait du genre cadre qui se rend au travail.  La trentaine. Casque sur la tĂȘte. Lunettes de soleil. Chemise  de couleur claire, chaussures de villes, pantalon de ville. Une sacoche Ă  l’avant. Une petite derriĂšre la selle. On aurait dit un skieur ou un pratiquant de roller. Il glissait sur le bitume. Il a rapidement pris les devant sans mĂȘme se prĂ©occuper de nous.

 

MĂȘme « Le Â» vĂ©lo Ă©lectrique, si avancĂ©, a fini par ĂȘtre derriĂšre. Car « Le Â» Brompton virevoltait. A aucun moment, je n’ai essayĂ© de lui parler. Il avait un air de « Je ne connais plus personne en Brompton Â». Mais aucune ressemblance avec Brigitte Bardot et Serge Gainsbourg.

 

Certainement sobre sur sa selle, « Le Â» Brompton Ă©tait plutĂŽt grand, Ă©lancĂ©. Je suis incapable de dire s’il Ă©tait sportif. Ces vĂ©los « Brompton Â» me donnent toujours l’impression que, dessus, tout le monde est athlĂ©tique. Que tout le monde est performant. Je l’ai dĂ©jĂ  Ă©crit :

 

« Certains vĂ©los sont faits pour rouler. Le mien semble fait pour pĂ©daler Â».

 

Ce matin, une femme en vĂ©lib Ă©tait Ă©tonnante. Ce type de vĂ©lo est lourd. Pourtant, elle suivait de prĂšs « Le Â» Brompton. Au point que cela m’a donnĂ© l’impression qu’elle et lui Ă©taient ensemble. Plus surprenant, alors qu’elle pĂ©dalait, devant, rĂ©guliĂšrement, cette cycliste en Jean et casquĂ©e, secouait un de ses bras. TantĂŽt le droit. TantĂŽt le gauche. J’ai plus eu l’impression que c’était une peu une force de la nature. Une jeune femme en pleine forme. Et non une sportive assidue. Mais impossible de le certifier.

 

Au feu rouge, Ă  la rue du Bac, juste avant de tourner Ă  gauche pour prendre cette rue qui passe ensuite devant le musĂ©e d’Orsay, je me trouvais derriĂšre « Le Â» Brompton que je venais de rejoindre. La jeune femme au vĂ©lib’, elle, s’était dĂ©tournĂ©e de la rue du Bac auparavant et nous avait quittĂ©.

 

« Le Â» vĂ©lo Ă©lectrique est arrivĂ© aprĂšs nous. Nous l’avions distancĂ© plusieurs centaines de mĂštres plus tĂŽt Ă  un endroit oĂč il s’était arrĂȘtĂ© Ă  un feu rouge. Et, oĂč, de maniĂšre opportuniste, Ă  la suite du « Brompton», nous avions Ă©tĂ© plusieurs Ă  nous engager.

 

Chaque fois que je fais ça, je regarde bien si une voiture vient. C’est comme traverser Ă  pied une route en dehors d’un passage piĂ©ton ou lorsque le feu est vert pour les voitures. On Ă©value la distance et la vitesse des autres vĂ©hicules. On regarde avec attention. Et on s’engage. Bien-sĂ»r, il convient de ralentir voire de freiner avant de faire ça.

 

Chaque fois que je suis passĂ© au rouge, les autres vĂ©hicules Ă©taient soit absents de l’horizon. Soit Ă  l’arrĂȘt. Et, moi, j’étais lancĂ© et Ă  plusieurs mĂštres d’eux.

 

 

Puis, rue du Bac, le Brompton est passé alors que, pour nous, le feu était encore rouge.

 

Je ne l’ai pas suivi. J’ai mes limites.

 

Je ne passe au feu rouge Ă  cet endroit. « Le Â» Brompton a tournĂ© sur la gauche et est descendu. Il allait passer devant le musĂ©e d’Orsay, vers la place de la Concorde. Mon trajet.

 

A la place de la Concorde, « Le Â» Brompton avait une bonne centaine de mĂštres devant moi. Il filait.

 

Mais, prĂšs du jardin des Tuileries, au lieu de repartir, alors qu’il s’était arrĂȘtĂ© et attendait le feu rouge, pour les voitures, il est descendu de son vĂ©lo pour vĂ©rifier ou prendre quelque chose sous sa selle. C’est Ă  ce moment-lĂ  que je suis passĂ©, une fois que le feu est passĂ© au vert pour nous, les cyclistes. Je ne l’ai plus revu ensuite.

 

Avant la gare St Lazare, j’ai fait un crochet par la rue Vignon oĂč se trouve un magasin de cycles qui vend des vĂ©los Ă©lectriques, des accessoires et fait des rĂ©parations. Afin de rĂ©cupĂ©rer son nom car je l’avais oubliĂ©. Puis, je suis reparti vers St-Lazare. Ce qui fait que j’aurais sans doute pu faire ce trajet en 21 minutes. Ce qui n’est pas mal en durĂ©e.

 

Je sais avoir rompu avec certaines de mes rĂ©solutions en matiĂšre de terrorisme de la vitesse. Mais mon sĂ©jour Ă  Quiberon m’a dĂ©barrassĂ© pour l’instant de mon Ă©merveillement pour les environs que je traverse Ă  Paris, dĂ©sormais. La mer Ă  Quiberon Ă©tait bien plus belle que ce bĂ©ton, toutes ces voitures et cette densitĂ© humaine.

Voir Quiberon, Mai 2021.

Ou, si l’on est pressĂ© : 

 

Sans compter qu’avec le beau temps, et plus de possibilitĂ©s de sortie depuis quelques jours dans le contexte Covid , il y a bien plus de personnes Ă  vĂ©lo dans Paris Ă  divers endroits selon les heures.  Et certains de ces cyclistes ( hommes et femmes) s’adressent Ă  leur route sans ( trop) faire attention aux autres :

 

Je reste Ă©tonnĂ© par le peu d’usage qui est fait de la sonnette pour prĂ©venir les piĂ©tons ou les autres cyclistes que l’on dĂ©passe. J’ai deux sonnettes sur mon vĂ©lo. Et, je m’en sers rĂ©guliĂšrement pour prĂ©venir que j’arrive. Le piĂ©ton qui traverse Ă  plusieurs mĂštres devant soi. Le cycliste ou la cycliste Ă  cĂŽtĂ© de qui l’on va passer.

 

Il doit y avoir bien peu de cyclistes qui se servent d’une sonnette. Que ce soit « Le Â» Brompton de ce matin, les deux vĂ©los Ă©lectriques, la femme en VĂ©lib’ ce matin ou celle d’hier sur son vĂ©lo de course Triban, aucun n’a utilisĂ© de sonnette. Par contre, ils portaient tous un casque. C’est dĂ©jĂ  bien.

 

Je suis « content Â» du temps mis pour rejoindre St Lazare. Mais, surtout, d’avoir pu suivre certains vĂ©los sur mon vĂ©lo pliant. Celui-ci conserve des dĂ©fauts. Parmi eux, cette selle qui descend insensiblement et que, hier soir, Ă  un feu rouge, sur le Bd Raspail, j’ai dĂ» remonter. Ce soir, encore, sans doute, je devrais Ă  nouveau la remonter. Je pressens aussi que pour ce qui est du passage des vitesses, il y a mieux que mon vĂ©lo de marque B’Twin. Mais, cela mis Ă  part, entre hier soir et ce matin, j’ai eu la satisfaction d’avancer quelque peu sur mon deux roues. Mon vĂ©lo n’est donc pas fait que pour pĂ©daler.

 

Franck Unimon, mercredi 2 juin 2021.

 

 

 

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Corona Circus Musique self-défense/ Arts Martiaux

Say Hello, Wave Good Bye

 

 

 

Say hello, wave good bye

Cette chanson du groupe Soft Cell, sortie en 1981, m’a toujours beaucoup touchĂ©e. Bien qu’elle soit moins connue que son tube : Tainted Love.

 

 

A nouveau, je viens d’essayer de chanter sur Say Hello, Wave Goodbye en mĂȘme temps que son interprĂšte, Marc Almond. J’ai probablement chantĂ© faux.

Mais, cette fois, pour la premiĂšre fois, je suis restĂ© dans « ma Â» voix. Enfin, je crois m’ĂȘtre au mieux rapprochĂ© de ce qui est ma voix. Car, Ă  chaque fois, auparavant, je me faisais aspirer par celle de Marc Almond fuselĂ©e pour passer des graves aux aigus. Evidemment, je finissais, Ă  chaque fois, par «m’asphyxier Â» et racler mes limites vocales. Cela devait ĂȘtre plus que moche Ă  voir et Ă  Ă©couter. Fort heureusement, pour l’instant, je n’ai jamais cru en ma carriĂšre de vocaliste. MĂȘme si chanter m’attire depuis des annĂ©es. Au mĂȘme titre que faire de la musique.

 

Chanter, jouer de la musique, Ă©crire, ce sont des activitĂ©s d’abord humaines, qui, si elles ne permettent pas de devenir « riches Â» et « cĂ©lĂšbres Â» matĂ©riellement, autorisent Ă  ĂȘtre soi-mĂȘme. Seul ou avec d’autres. Et Ă  vivre, autrement, seul ou avec  d’autres, connus, ou inconnus, ce temps qui passe, qui nous occupe ou nous accule. Dans une certaine sincĂ©ritĂ©.

 

Il existe plein d’activitĂ©s humaines. Certaines plus nĂ©cessaires que d’autres. Certaines plus volontaires. Et, d’autres, plus interdites. Que ces activitĂ©s soient bĂ©nĂ©fiques ou nĂ©fastes, toutes ces activitĂ©s ont lieu. Nous les faisons. Nous y assistons. Nous en entendons parler. Puis, nous en parlons, en rĂȘvons, tentons de faire pareil. Ou, au contraire, nous nous taisons et nous Ă©loignons. Parfois pour des « bonnes Â» raisons. D’autres fois, non. Car quelle bonne raison pourrait-il y avoir, si l’on en a envie, de s’interdire de prendre le temps de chanter ou d’apprendre Ă  chanter ? A Ă©crire ? A jouer de la musique ? Si cela nous plait. Si cela nous ouvre Ă  nous-mĂȘmes mais aussi Ă  certaines Ă©motions.

 

Ce titre, Say Hello, Wave Good Bye raconte une histoire triste. La musique est fort peu dansante. PlutĂŽt nostalgique. J’avais 13 ans lorsqu’elle est sortie, en 1981. Il n’y a rien d’exceptionnel dans le fait de filer une certaine nostalgie lorsque l’on a 13 ans. Une peine d’amour ou d’amitiĂ©. Une mauvaise note. Une mauvaise nouvelle dans sa famille.

 

En 1981, pourtant, j’avais plus Ă©tĂ© touchĂ© par la mort de Bob Marley. Sa musique Ă©tait familiĂšre grĂące Ă  la platine disque de mon pĂšre depuis plusieurs annĂ©es. En 1981, j’avais sĂ»rement entendu Tainted Love Ă  la radio. Parmi les tubes. Mais pas Say hello, Wave Good Bye. Et, jamais, je n’aurais entendu ou n’ai entendu de groupes du genre de Soft Cell ou Depeche Mode qui se sont faits connaĂźtre Ă  peu prĂšs en mĂȘme temps, Ă  la maison.

Cette musique, ainsi que d’autres, Ă©taient ignorĂ©es Ă  la maison. Et dans nos rĂ©unions familiales. Je ne pourrais mĂȘme pas dire qu’elles Ă©taient interdites. MĂȘme si ça revenait au mĂȘme : elles auraient Ă©tĂ© ignorĂ©es, mĂ©prisĂ©es. Ou, auraient Ă©tĂ© perçues comme l’empire du mal. Je repense encore, par moments, Ă  ce jour, oĂč, dans un mariage ou une fĂȘte antillaise, j’avais remplacĂ©, pour quelques titres un de mes oncles maternels qui Ă©tait le  DJ de cette soirĂ©e.

 

 

AprĂšs plusieurs titres antillais, j’avais dĂ©cidĂ© placĂ© sur une des platines le titre World in My Eyes
de Depeche Mode. Jusque lĂ , tout s’était bien passĂ©.

 

 

Mais, Ă  peine avais-je posĂ© ce titre, que, c’était comme si j’avais balancĂ© du Round Up sur la piste. En moins d’une minute, tous les danseurs et danseuses avaient dĂ©guerpi ! Ce n’était pas uniquement une histoire de goĂ»t ou de rythme. Mais, aussi, une affaire de prestige et de honte. J’imagine que cela aurait Ă©tĂ© la honte pour elle si une seule personne avait osĂ© danser sur ce titre. Mizik A Blan ! De la musique de Blanc !

 

Il est un certain nombre d’activitĂ©s vis-Ă -vis desquelles nous avons le mĂȘme comportement : nous considĂ©rons que ce n’est pas pour nous ! MĂȘme si rien ne nous interdit de les pratiquer ou de nous en approcher. Si ce n’est notre sentiment d’appartenance Ă  un groupe. Et la conception, assez superficielle, en surface, que nous avons de ce que nous sommes. Je me rappelle encore de mon petit frĂšre, ado, qui Ă©coutait du Rap avec ses copains, et qui, secrĂštement, en cachette et en ma prĂ©sence, avec ma « complicitĂ© Â», Ă©coutait
.Björk.

 

 

Car j’écoutais et j’aimais cette artiste que j’ai d’ailleurs « vue Â» trois fois en concert. Presque autant de fois que j’ai vu Miles Davis, Me’Shell NĂ©dĂ©geocello, Kassav’ ou Alain Bashung en concert
..

 

https://youtu.be/sJ7M3ht9rYI

 

 

J’ai dĂ©couvert ou redĂ©couvert Say Hello, Wave Good Bye lors d’un sĂ©jour supposĂ© linguistique en Ecosse, Ă  Edimbourg, en 1990. Un sĂ©jour affectivement consĂ©quent pour moi.

 

Dans ce titre, je suis sensible Ă  la tristesse. A cette dĂ©sillusion amoureuse. Sans doute ou peut-ĂȘtre parce-que lors de ce sĂ©jour, j’avais vĂ©cu une double rencontre amoureuse. Avant mon dĂ©part pour l’Ecosse. Puis durant mon sĂ©jour. Deux histoires contraires dont le contenu Ă©motionnel et sentimental m’ont portĂ© pendant des annĂ©es. Une, plutĂŽt Ă  distance, avec une Marseillaise. Une autre, avec une Parisienne, dĂ©jĂ  en couple.

 

Peu importe que Say Hello, Wave Good Bye raconte une histoire d’amour entre un homme et une femme ou pour un autre homme. Car j’ai plus tard appris, si je ne me trompe, que Marc Almond est homo. Et, s’il ne l’est pas, je n’ai aucune difficultĂ© Ă  croire que ce titre puisse ĂȘtre un classique pour une certaine gĂ©nĂ©ration d’hommes voire de femmes homos. Comme je n’avais pas a priori compris, lors de sa sortie, que le tube d’Elton John, I’M still standing, puisse ĂȘtre si important pour les homos touchĂ©s, percutĂ©s et persĂ©cutĂ©s par le Sida.

 

 

Tout ce que j’avais entendu Ă  l’époque, dans les annĂ©es 80, c’était un titre plutĂŽt dansant, assez funky. Je n’écoutais pas les paroles. Je ne comprenais pas le contexte. Pourtant, j’avais aussi peur du Sida. Et l’épidĂ©mie du Sida me concernait beaucoup. En tant que jeune adulte avec une sexualitĂ©. Mais, aussi, en tant qu’infirmier rĂ©cemment diplĂŽmĂ©.

 

Avec la pandĂ©mie du Covid, c’est pareil. Rien ne nous empĂȘche de nous livrer Ă  certaines activitĂ©s dont nous avons envie et besoin. MĂȘme s’il faut savoir se protĂ©ger. Car, certaines fois, c’est peut-ĂȘtre, aussi, de certaines de nos apparences dont il vaut mieux savoir se protĂ©ger :

 

Il y a quelques jours, en revenant du travail, sur mon vĂ©lo  pliant, j’ai dĂ©couvert tous ces gens Ă  nouveau en terrasse. Il faisait beau. TrĂšs beau. Et, moi, mĂȘme si je savais que tout cela avait existĂ© auparavant. MĂȘme si je comprenais ce besoin de sortir Ă  nouveau.  MĂȘme si j’irai sĂ»rement, aussi, Ă  une de ces terrasses un jour ou l’autre, j’ai nĂ©anmoins eu l’impression d’assister Ă  une mise en scĂšne.

 

J’ai eu l’impression que beaucoup de ces gens que j’ai aperçus, et, parmi eux, sans aucun doute, des amis, des proches ou des collĂšgues, voulaient affirmer que, pour eux, vivre, c’était absolument ça ! Presque revendiquer le droit d’ĂȘtre en terrasse face Ă  face. De fumer. De cloper Ă  l’air libre. De consommer. De refaire les magasins.

 

Pourquoi je fais le moraliste ? Pourquoi cela m’a-t’il dĂ©rangĂ© Ă  ce point alors que je l’ai moi-mĂȘme fait et refait ? Et que je le referai ?! Moi, aussi, je me rendrai bientĂŽt sur une terrasse en plein Paris


 

Je fais le moraliste parce-que, subitement, ce jour-lĂ , et parce-que la pandĂ©mie a dĂ©ja durĂ© un certain temps, je me suis peut-ĂȘtre, et de maniĂšre assez provisoire sans doute, aperçu, que, pendant des annĂ©es, je m’étais accrochĂ© Ă  certaines activitĂ©s qui, finalement, Ă©taient peu nĂ©cessaires.

 

Etre en terrasse, oui, mais pour y vivre quoi et avec qui ?!  Juste pour s’y montrer ?!

 

On peut ĂȘtre en terrasse avec quelqu’un et ne rien vivre de particulier avec elle ou lui. Donc, pourquoi y rester ?! Pourquoi y revenir ?!  Pourquoi se l’imposer si ce n’est, principalement, pour ĂȘtre dans la norme ?!  Pour faire quelque chose. Pour ne se pas se confronter Ă  notre propre vide. A notre grande tristesse et Ă  notre grande solitude.

Pour ne pas devoir admettre que l’on passe une grande partie de son temps Ă  se vider de notre vitalitĂ© et de notre crĂ©ativitĂ© au lieu de lui donner les moyens de s’exprimer et de, vĂ©ritablement, nous libĂ©rer, nous aider.

 

Pour ne pas voir que l’on tourne rĂ©guliĂšrement en rond mais que, comme la majoritĂ© des personne que l’on voit et que l’on frĂ©quente agit de mĂȘme, hĂ© bien, cela nous rassure et nous encourage Ă  continuer de rester sur la mĂȘme piste de danse.

 

Il est plus facile et plus commode de faire la fĂȘte, d’ĂȘtre en terrasse en plein soleil avec d’autres que d’admettre que l’on est triste et dĂ©fait. Lorsque l’on est triste et dĂ©fait.

 

J’aime sans doute ce titre de Soft Cell (cellule douce) parce-qu’avec lui, comme avec d’autres, je m’autorise Ă  entendre et Ă  chanter ma tristesse et ma peine. Ce qu’il m’en reste. Ou ce que j’en ressens. Si la tristesse d’un Jacques Brel me fait dĂ©primer, celle de Say Hello, Wave Goodbye a plus tendance Ă  me donner un certain envol. Ensuite, si j’ai envie de bercer cette tristesse, de la distancer ou de la percer, j’écouterai du dub, du Reggae, du zouk, du Maloya, ou Miles Davis par exemple. 

https://youtu.be/ChZ1QU9pxZE

 

 

D’autres prĂ©fĂšreront Ă©couter du Rap, de la musique classique, du Rock, de la musique arabe, de la chanson française ou de la techno. La musique, cet ailleurs qui se joint Ă  nos coups de poings mais aussi Ă  nos soins intĂ©rieurs…

 

 

Mais quoiqu’il en soit, en terrasse ou non, nous vivrons les mĂȘmes Ă©motions (joie, espoir, tristesse, colĂšre, dĂ©sir ou dĂ©gout) Ă  un moment ou Ă  un autre. L’idĂ©al, ensuite, ce sera de pouvoir les vivre avec d’autres, ces Ă©motions. Que ce soit en terrasse. Ou ailleurs
.

 

 

Franck Unimon, ce lundi 31 Mai 2021.

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Apnée Corona Circus self-défense/ Arts Martiaux

Quiberon, Mai 2021.

Quiberon, Port Haliguen, mois de Mai 2021. Sur le zodiac, alors que nous partons en mer, sĂ»rement sur l’Ăźle de Hoat.

 

                        Quiberon, Mai 2021.

 

 

Cet article fait suite Ă  l’article Je ne suis pas un aventurier publiĂ© un peu plus tĂŽt cette semaine. Lequel article Ă©tait dĂ©jĂ  la suite de
.PrĂ©paratifs pour le stage d’apnĂ©e Ă  Quiberon, Mai 2021 . On peut aussi voir ou revoir l’interview filmĂ©e qu’un ami et moi avions faite ( avant que je ne m’inscrive dans mon club actuel d’apnĂ©e), de l’apnĂ©iste Guillaume NĂ©ry et sa compagne Julie Gautier en 2016, je crois : Interview des apnĂ©istes Julie Gautier et Guillaume NĂ©ry en 2016 

 

Mais si ce que vous ĂȘtes en train de lire vous ennuie, ou vous paraĂźt dĂ©jĂ  beaucoup trop long. Ou que vous ne savez pas lire. Ou que vous ĂȘtes trĂšs trĂšs fatiguĂ©(e)s . Ou que vous manquez de temps.  Ou que vous avez faim et envie de passer Ă  table. Ou que vous avez votre mĂ©nage ou la vaisselle qui vous traque. Ou que vous ĂȘtes en train de mourir. Ou que vous avez votre tiercĂ© ou du compost Ă  aller faire. Alors, et seulement, alors, un diaporama en musique  vous attend dĂ©jĂ . Il est tout en bas de l’article. Ce n’était pas la peine de rester lĂ . Pour regarder le diaporama, il vous suffira de descendre Ă  la fin de cet article. Et, ensuite, peut-ĂȘtre, de tout remonter pour lire un peu. Et en savoir un peu plus sur ces images que vous aurez regardĂ©es. C’est terminĂ©, les articles oĂč on vous enchaine pendant trois quarts d’heure, pour, Ă  la fin, vous distribuer deux ou trois petites illustrations grossiĂšrement dessinĂ©es Ă  la main et qui sentent  le renfermĂ©.

 

Le diaporama dure moins de cinq minutes. Cela est vĂ©rifiable scientifiquement ou simplement avec une montre ou un tĂ©lĂ©phone portable qui marche. Les photos sont Ă©clairĂ©es suffisamment. La musique est peut-ĂȘtre adĂ©quate.

 

 

En vous souhaitant un bon voyage. Pour les autres, les volontaires ou les condamnĂ©(es) de la lecture, ça commence d’abord, ici, par ce titre presqu’engageant
.

 

Pourchassés

 

 

J’ai tanguĂ© encore un petit peu, ce matin, au moment du petit-dĂ©jeuner. Mais ça n’avait peut-ĂȘtre rien Ă  voir avec ces quelques jours passĂ©s Ă  Quiberon oĂč, avec mon club d’apnĂ©e, nous sommes sortis en mer.  Pour
.. chasser.

 

Parce-que, hier soir, ce mercredi, avant d’aller me coucher, pour la premiĂšre fois depuis mon retour de Quiberon dans la nuit de dimanche Ă  lundi, j’ai recommencĂ© Ă  lire des journaux. Je me « devais Â» d’ĂȘtre informĂ©.

 

La Croix. Le Parisien. Le Canard EnchaĂźnĂ©. Un journal « gratuit Â», compilation des journaux officiels.

 

AprĂšs les avoir parcourus en grande partie, je me suis demandĂ© ce que j’avais appris.

 

Le Jihadisme en Afrique (Cameroun, Nigeria
.). Les groupes terroristes Daech et Al- Qaida Ă©taient toujours vivants et bien portants. « Il reste beaucoup Ă  faire Â». Les bombardements de la Palestine par le Premier Ministre israĂ©lien Netanyahou «  en Ă©tat de faiblesse ? Â». Le retour de Manuel Valls en politique en France aprĂšs sa parenthĂšse (Ă©galement politique) de trois ans Ă  Barcelone.

Le « diffĂ©rend Â» entre GĂ©rald Darmanin, Â« notre Â» Ministre de l’intĂ©rieur, et Audrey Pulvar, alliĂ©e politique d ‘Anne Hidalgo, actuelle Maire de Paris, et possible candidate aux prochaines Ă©lections prĂ©sidentielles françaises de 2022. «  Le paiement sans contact, nouvelle cible des truands Â». Le Covid : « vaccination obligatoire : le dĂ©bat relancĂ© Â». « Serial Killer : LE PLUS ANCIEN DETENU DE FRANCE ASSASSINAIT LES BRUNES Â». « L’ombre du gĂ©nocide rwandais plane sur le diocĂšse de La Rochelle Â». « CinĂ©ma : The Father, dans la tĂȘte d’Anthony Hopkins Â», premier film oscarisĂ© de l’auteur Florian Zeller. Un film trĂšs « joyeux Â» Ă  ce que j’ai compris. L’acteur Anthony Hopkins, oscarisĂ© pour ce rĂŽle, est par ailleurs, coĂŻncidence, devenu cĂ©lĂšbre pour son rĂŽle d’Hannibal Lecter, un tueur en sĂ©rie, dans le film Le Silence des Agneaux, sorti en 1991. Un film que j’avais aimĂ© voir. Je suis aussi portĂ© sur le sujet des tueurs en sĂ©rie. J’en reparlerai dans d’autres articles. Mais, en attendant, en lisant ces « nouvelles Â», hier soir, qu’est-ce que j’ai pris ! Mais, aussi, qu’est-ce qui m’avait pris ?!

 

 

 

Des rĂ©flexes d’alcoolique

 

Ce qui m’a pris ? Ce qui m’a repris, plutĂŽt, c’est ce rĂ©flexe conditionnĂ© de « citoyen Â», de bon Ă©colier, de mouton ou « d’alcoolique Â» des mauvaises dynamiques qui, aprĂšs avoir broutĂ© pendant un laps de temps assez court, une certaine libertĂ© et une certaine dĂ©tente, se croit invincible. Et se croit obligĂ© de revenir se ligaturer les pensĂ©es, l’imaginaire et la sensibilitĂ© dans ce brouhaha anthropophage, dĂ©lĂ©tĂšre et auto-recyclĂ© de nos combines et de nos nĂ©vroses quotidiennes.

 

Or, comme a pu le dire une personne essayant de se sevrer de l’alcoolisme :

 

« Si tu bois et que tu as un problĂšme, tu as deux problĂšmes ! Â».

 

En lisant hier soir ces journaux, c’est Ă©tonnant, comme, subitement, j’avais Ă  nouveau beaucoup de problĂšmes. Des problĂšmes sur lesquels j’avais trĂšs peu de prise, qui me survivraient trĂšs certainement et dont j’acceptais, en quelque sorte, de redevenir le spectateur, le consommateur, le goulot, l’idiot, le dĂ©biteur massif,  intrĂ©pide, captif autant qu’impuissant
..

 

Tout n’est pas mauvais dans le quotidien comme dans un certain nombre de nos routines. Mais il y a nĂ©anmoins beaucoup de dĂ©chĂšteries et de vinasses mentales, et autres, et quantitĂ© de rustines, d’urines dĂ©gradĂ©es, avec lesquelles nous nous torchons comme s’il s’agissait de remontants dont nous aurions besoin pour nous exalter. Alors qu’ils nous dĂ©truisent.

 

A Quiberon, des « conditions de chiens » :

 

 

 

A Quiberon,  en pleine mer, la mer Ă©tait assez « sale Â» : du fait des conditions mĂ©tĂ©os. Courants, houle, vent (entre 30 et 40 nƓuds en moyenne). Il y avait une certaine turbiditĂ© de l’eau qui rendait la visibilitĂ© plutĂŽt mauvaise. A peine trois ou quatre mĂštres.

Lorsque j’essayais, en surface, d’assurer la sĂ©curitĂ© de J-L, qui venait d’effectuer son canard et qui, lestĂ© de ces 7, 8 ou 9 kilos de plomb, s’enfonçait vers le fond, je finissais toujours par le perdre visuellement. MĂȘme en « apprenant Â» un peu Ă  deviner sa trajectoire, sa façon de se diriger dans la profondeur, un peu particuliĂšre et peut-ĂȘtre influencĂ© par sa main qu’il portait Ă  son nez pour faire son vasalva :

 

J-L descendait d’abord en oblique, longue tige tournant son dos au fond, rallongeant la distance qui l’éloignait du fond, puis, adoptant une sorte de demi-tour. Ce qui faisait qu’une fois au fond, Ă  l’horizontale, il partait pratiquement dans le sens opposĂ© de son arrivĂ©e.

C’était drĂŽle Ă  voir tant que je le « voyais Â», mon masque sur mon visage rentrĂ© dans l’eau, mon tuba en bouche pour respirer, alors que j’étais allongĂ© Ă  la surface, et que les vagues et le courant, me faisaient un peu dĂ©river sans que je m’en aperçoive.

 

Puis, lorsque J-L resurgissait quelques mĂštres plus loin, derriĂšre ou devant moi, c’était ensuite Ă  mon tour de « descendre Â» avec mes 8 kilos de plomb, palmes, masque, tuba et ma combinaison en nĂ©oprĂšne, bien-sĂ»r :

7mm5 pour le torse et le dos ; 5 mm pour la tĂȘte et les mains ; 3 mm pour les pieds. Protection thermique utile pour une eau comprise, durant notre sĂ©jour, entre 12 et 14 degrĂ©s. Et pour des sorties en mer de 1h30 Ă  2h30.

 

Plusieurs fois, j’ai eu les pieds engourdis par le froid. Mais cela a Ă©tĂ© supportable. J’essaierai de trouver des chaussons plus chauds avec la mĂȘme Ă©paisseur. Car, trop Ă©pais, les chaussons peuvent ĂȘtre difficiles Ă  mettre dans les palmes et cela serait inconfortable.

 

A Loctudy, en Mai 2017, oĂč la tempĂ©rature de l’eau avait Ă©tĂ© anormalement Ă©levĂ©e, entre 16 et 18 degrĂ©s, je crois, j’ai l’impression qu’il avait pu nous arriver de rester 3 heures ou 3h30 dans l’eau sans que je me ressente du froid.

 

Mais Ă  Quiberon, et dans les alentours, il y a quelques jours, nous aurions « plongĂ© Â» dans des conditions de « chien Â» selon deux chasseurs (F et J), des apnĂ©istes fĂ©rus de chasses sous-marine que nous avons croisĂ©s, amis de J-P, un de nos moniteurs encadrants.

 

F nous a aussi dit qu’il chassait « toujours, sous le vent Â».

 

Je ne me suis pas particuliĂšrement rendu compte de ces conditions de « chien Â» mentionnĂ©es pas F et J. Si ce n’est, peut-ĂȘtre, en comparant le rĂ©sultat des chasses Ă  Quiberon avec celles effectuĂ©es lors des prĂ©cĂ©dents stages que j’ai effectuĂ©s auparavant avec le club :

 

A Loctudy en Mai 2017. Puis en Octobre 2020 Ă  Penmarch.

 

Bien-sĂ»r, les tempĂ©ratures de l’eau en Bretagne sont plus froides, et les marĂ©es sont diffĂ©rentes de celles que j’ai pu connaĂźtre en Guadeloupe oĂč j’ai passĂ© mes deux premiers niveaux de plongĂ©e avec bouteille il y a plusieurs annĂ©es. Mais les « conditions de chien Â» mentionnĂ©es ici se rapportent Ă  d’autres Ă©lĂ©ments.

 

 

Chasse sous-marine : une chance et un privilĂšge

 

 

D’abord, nous Ă©tions bien plus nombreux Ă  Loctudy (prĂšs d’une trentaine) et dĂ©jĂ  moins nombreux Ă  Penmarch (neuf) contre « seulement Â» six, cette fois, Ă  Quiberon. Mais les conditions de chasse sous-marine Ă©taient sans doute meilleures malgrĂ© tout lorsque nous Ă©tions allĂ©s Ă  Loctudy et Ă  Penmarch. Cette fois-ci, Ă  Quiberon, « nous Â» nous sommes donc encore plus rabattus que d’habitude sur les araignĂ©es de mer. Et sur
. les huĂźtres.

 

Lorsque j’écris « nous Â» : c’est surtout les autres membres du groupe qui ont chassĂ©.

 

J’ai bien attrapĂ© deux ou trois araignĂ©es : rien de plus « facile Â» mĂȘme si, Ă  Loctudy en 2017, pour moi, cette « facilitĂ© Â» Ă©tait « difficile Â». Car il s’agissait quand mĂȘme de s’enfoncer dans l’eau avec une ceinture de plomb autour des reins, sans bouteille de plongĂ©e puisqu’il est interdit de chasser avec bouteille. De repĂ©rer l’araignĂ©e, l’attraper sans se faire pincer les doigts, remonter Ă  la surface et la mettre dans son filet. C’est simple dit comme ça. Mais lorsque l’on n’est pas familier avec la ceinture de plomb, le fait de descendre au fond de la mer, en tenant compte de ses tympans, de son souffle et autres, cela fait un certain nombre de paramĂštres Ă  enregistrer.

 

 

Aujourd’hui, et, pour l’instant, mĂȘme si je peux et sais attraper des araignĂ©es de mer, je ne suis pas un chasseur. Je n’ai pas l’esprit Ă  la chasse lorsque je « plonge Â» en apnĂ©e. Je suis plutĂŽt un contemplatif.

Je comprends l’intelligence, le plaisir, et j’admire l’aptitude d’adaptation Ă©tonnante qu’il y a Ă   chasser sous l’eau. En se fondant dans le dĂ©cor marin. En rusant avec la proie ou le poisson. En composant avec la houle et le courant. En ayant le coup d’Ɠil pour repĂ©rer la proie mĂȘme lorsqu’elle se cache. Et la « tirer Â» ou la « faire Â» au moyen de l’arbalĂšte ou du « fusil de chasse Â» sous-marin.

J’admire ces chasseurs sous-marins capables de passer cinq ou six heures dans l’eau, de s’alimenter et de s’hydrater en pleine mer, juchĂ©s sur leur bouĂ©e comme si de rien n’était. Comme si c’était pareil que de faire du vĂ©lo, un footing ou d’ĂȘtre dans son canapĂ© devant un bon film ou un bon livre.

 

A Penmarch, en octobre, j’avais aimĂ© ce moment, oĂč durant plusieurs secondes, posĂ© sur le sable, mĂȘlĂ© Ă  l’environnement, au fond de l’eau, Ă  l’agachon, j’avais pu observer, un ou deux poissons, Ă  quelques mĂštres, sous une petite grotte traversante, sur ma gauche. Les deux poissons se tenaient face au courant.

 

Ce genre de vision ou d’expĂ©rience vĂ©cue en apnĂ©e, impossible ou invisible pour nous, humains, Ă  l’Ɠil nu depuis la Terre, reste sans doute plus longtemps dans la mĂ©moire. Car, dans nos conditions normales d’existence, sur la terre, et avec nos poumons, nos insuffisances mais aussi nos peurs, nous n’avons pas accĂšs Ă  ce monde.

 

 

 

Je comprends, aussi, la nĂ©cessitĂ© Ă  apprendre Ă  devenir chasseur sous-marin. Pour se nourrir. Ou nourrir sa famille ou son entourage. En respectant certaines rĂšgles : une certaine taille de poisson ou d’araignĂ©e. Certaines espĂšces et pas d’autres. Le sexe, aussi, de telle espĂšce afin de prĂ©server sa reproduction.

 

Je comprends Ă©videmment, aussi, la nĂ©cessitĂ© d’apprendre Ă  prĂ©parer, dans la mer, le poisson que l’on a attrapĂ© en l’accrochant d’une certaine façon afin qu’il ne s’échappe pas. En l’éviscĂ©rant comme il se doit. Dans mon club d’apnĂ©e, il se trouve un certain nombre d’adeptes expĂ©rimentĂ©s de la chasse sous-marine. Mais aussi de cuisiniers aptes Ă  prĂ©parer ce qui a Ă©tĂ© pĂȘchĂ©. Tel le carpaccio de vieille. Y m’a appris Ă  faire des filets sur une vieille. Laquelle avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© Ă©caillĂ©e.

 

On peut trouver ça dĂ©goĂ»tant. Je trouve que c’est plutĂŽt une aptitude Ă  acquĂ©rir. Entre rester complĂštement dĂ©pendant de supermarchĂ©s,  de boites de conserves, de publicitĂ©s ou d’informations monopolisĂ©es- et colonisĂ©es- par quelques uns et savoir, si nĂ©cessaire, aller pĂȘcher en mer ou ailleurs, avec quelques uns ou seul, je prĂ©fĂšrerais, dans l’idĂ©al, apprendre aussi Ă  chasser ou Ă  pĂȘcher moi-mĂȘme ce dont j’ai besoin ou peux avoir besoin.

 

 

C’est donc une chance et un privilĂšge, pour moi, d’avoir pu ĂȘtre prĂ©sent lors de ce stage « d’apnĂ©e Â» Ă  Quiberon.  Et, encore plus alors que nous sommes encore nombreux Ă  vivre dans les filets de la pandĂ©mie du Covid.

 

Devenir plus autonome :

 

MĂȘme si, pour l’instant, je ne suis pas un chasseur. Et que je « dois Â» devenir plus autonome. C’est d’ailleurs ça qui est plutĂŽt ma prioritĂ© pour l’instant dans l’eau :

 

Me sentir plus Ă  l’aise sur l’eau et au fond de l’eau. A Quiberon, j’ai commencĂ© Ă  dĂ©couvrir que ma bouĂ©e Ă©tait aussi ma maison. Car j’ai commencĂ© Ă  la personnaliser selon mes besoins et mes envies. Avec l’aide de mes encadrants du club. Et, d’aprĂšs ce que j’ai vĂ©cu dans l’eau. Avec J-P, j’ai ainsi agrandi la garcette qui relie mon filet Ă  ma bouĂ©e. Dans ce filet, je mets des barres de cĂ©rĂ©ales dans leur emballage, des compotes, ma bouteille d’eau ainsi que ma chasse.

 

J’ai achetĂ© d’autres mousquetons et les ai essayĂ©s. J’ai Ă©tĂ© content Ă  plusieurs reprises, en revoyant la corde Ă©paisse, et jaune, de ma bouĂ©e, lestĂ©e de plomb, alors que je m’approchais. Parce-que c’était devenu ma maison. Ce n’était pas le cas jusqu’alors. Jusqu’alors, Ă  Loctudy et Ă  Penmarch, c’était principalement ma bouĂ©e. Pour ĂȘtre vu, repĂ©rĂ©. Pour me poser dessus Ă  certains moments. Pour me dĂ©placer.

 

Mes oreilles :

 

J’aimerais mieux faire « passer Â» mes oreilles. Mes oreilles « passent Â» suffisamment pour pĂȘcher mais, de par ma petite expĂ©rience de plongeur bouteille, je sais qu’elles pourraient passer « mieux Â» et plus profond :

 

Pour l’instant, en apnĂ©e, je suis limitĂ© Ă  une profondeur comprise entre 7 et 10 mĂštres.  Que ce soit en fosse ou en mer. Alors qu’en plongĂ©e bouteille, j’ai pu descendre Ă  40 mĂštres.

 

Je dĂ©glutis pour faire passer mes oreilles. Vasalva, Frenzel, ça n’agit pas pour moi. J’ai dĂ©jĂ  essayĂ©. Je veux bien rĂ©essayer mais, tout ce que j’obtiens, c’est des grosses bulles. Et la pression sur mon oreille, principalement la gauche, reste la mĂȘme.

 

Mais les conditions entre la plongĂ©e avec bouteille et celle en apnĂ©e Ă©taient diffĂ©rentes. D’un cĂŽtĂ©, en plongĂ©e bouteille, je dispose de bien plus d’air Ă  disposition et je peux me permettre de prendre mon « temps Â» pour compenser mes tympans :

 

RĂ©aliser l’équilibre entre la pression exercĂ©e sur mes tympans par tout le poids et le volume de l’eau de la mer et la pression prĂ©sente dans mes tympans.

 

De l’autre, chaque fois que j’ai fait de la plongĂ©e avec bouteille, je plongeais rĂ©guliĂšrement, Ă  raison de trois Ă  quatre plongĂ©es par semaine sur plusieurs semaines de suite. LĂ , oĂč, en apnĂ©e, pour l’instant, je pratique des stages de quelques jours sĂ©parĂ©s dans le temps de plusieurs mois ou de plusieurs annĂ©es. C’est sans doute trop peu rĂ©gulier pour que mes tympans aient le temps de se « faire Â» Ă  la mer. D’autant qu’en apnĂ©e, vu que notre rĂ©serve d’air disponible est moindre qu’en plongĂ©e avec bouteille, nous nous devons en quelque sorte davantage d’ĂȘtre en « osmose Â» avec nos capacitĂ©s corporelles et physiologiques:

 

Nous sommes Ă  la fois plus « libres Â» (car sans bouteille. En Anglais, apnĂ©e se dit Free Dive) mais aussi plus exposĂ©s. En cas de « problĂšme Â» qui nous retiendrait sous l’eau ou nous Ă©loignerait de notre bouĂ©e ou du bateau, nous n’avons pas de dĂ©tendeur d’air Ă  portĂ©e de main ou de binĂŽme qui pourrait nous passer son dĂ©tendeur de secours.

 

J’ai bien-sĂ»r pensĂ© Ă  une cause psychologique concernant ma difficultĂ© Ă  faire passer mes oreilles, en apnĂ©e, au delĂ  des 7 Ă  10 mĂštres. Il est vrai que l’expĂ©rience de la fosse de vingt mĂštres reste pour moi assez angoissante. MĂȘme si, tĂȘte en haut, j’ai pu descendre jusqu’à quinze mĂštres assez facilement.

Mais une discussion avec ma mĂšre m’a appris qu’enfant, j’avais fait des otites et que j’avais Ă©tĂ© opĂ©rĂ©. Je crois donc que la « rigiditĂ© Â» tympanique que j’ai Ă  l’oreille gauche vient peut-ĂȘtre, tout simplement, de la cicatrice chirurgicale, qui a besoin d’un peu de temps pour ĂȘtre assouplie et mieux « passer Â» les profondeurs.

 

En plongĂ©e bouteille, j’ai dĂ©jĂ  fait l’expĂ©rience qu’une fois bien acclimatĂ©es, mes oreilles descendent bien, ou « glissent Â» dans les profondeurs. Toujours en dĂ©glutissant.

 

Il faut se sentir en « conformitĂ© Â» ou en « adĂ©quation Â» avec ses organes lorsque l’on pratique la plongĂ©e avec bouteille. Ou l’apnĂ©e.

 

Une fois que l’on est en adĂ©quation avec nos organes et  notre humeur, on peut se rapprocher de grands plaisirs mais aussi du danger.

 

Le Danger :

 

La plongĂ©e avec bouteille est une discipline technique, exigeante et risquĂ©e.  Des gens en meurent.

La pratique de l’apnĂ©e est tout autant une discipline technique, exigeante et risquĂ©e. Mal pratiquĂ©e, on peut aussi en mourir.

 

Pourtant, Ă  Quiberon, lors de ce stage d’apnĂ©e il y a quelques jours, comme Ă  Penmarch en octobre dernier ou Ă  Loctudy en Mai 2017, je n’ai pas eu cette impression de risquer ma vie. J’ai deux ou trois explications Ă  cela.

 

L’expĂ©rience :

Comme je l’ai dĂ©jĂ  Ă©crit, je ne suis pas un aventurier. Et, je suis plutĂŽt quelqu’un de prudent. Mais j’ai un peu d’expĂ©rience en plongĂ©e avec bouteille et, dĂ©sormais, en apnĂ©e. Avec mon club en piscine mais, aussi, en mer.

 

Cependant, comme dans toute discipline risquée ou un peu risquée, il faut aussi savoir se méfier de notre expérience.

 

Bien des plongeurs avec bouteille, mais aussi des apnĂ©istes, confirmĂ©s sont morts en mer. C’est pareil pour des automobilistes, des cyclistes, des piĂ©tons  ou des professionnels confirmĂ©s dans bien des domaines. Il est certaines nĂ©gligences ou certains excĂšs d’assurance et d’optimisme, qui, lors de certaines circonstances, peuvent avoir des consĂ©quences traumatiques, dĂ©finitives, ou, si on a un peu de chance, des incidences plus ou moins bĂ©nignes. Dans le domaine sportif, pour changer, on peut se rappeler l’accident de ski de l’ancien champion du monde d’automobile, Michael Schumacher. Adepte du ski hors-piste, et sportif d’excellence, Schumacher avait  sans aucun doute des aptitudes hors-normes pour la pratique du ski. Mais aussi un certain excĂšs de confiance qui a dĂ» faire partie des conditions qui ont provoquĂ© son grave accident.

 

Ce revers de l’expĂ©rience- l’excĂšs de confiance- peut nĂ©anmoins, aussi, me concerner. Comme il peut, aussi, concerner les responsables de l’encadrement de mon club, ainsi, que les autres membres du club, prĂ©sents avec nous lors de ce stage.

 

 

 

La Confiance :

 

Si toute entreprise humaine, quelle qu’elle soit, repose sur la confiance que l’on peut avoir dans ses partenaires et encadrants, mais, aussi, en soi-mĂȘme, il est manifeste que la confiance doit ĂȘtre au rendez-vous lorsqu’une entreprise comportant une part de risque modĂ©rĂ©e ou Ă©levĂ©e est envisagĂ©e.

 

 

Plusieurs origines

 

J’avais Ă©videmment confiance dans mon encadrement comme dans mes partenaires de club. Cette confiance a plusieurs origines. Elle vient d’abord de moi : c’est parce-que j’avais un minimum de confiance en moi que j’ai dĂ©cidĂ©, un jour, personnellement, de m’engager dans cette discipline particuliĂšre qu’est l’apnĂ©e. OĂč Il s’agit d’accepter d’arrĂȘter de respirer en ayant la tĂȘte et les parties respiratoires, et pas seulement gĂ©nitales, immergĂ©es dans l’eau pendant un certain temps. Et, cette eau peut aussi, avoir, une tempĂ©rature variable. Ou comporter du courant.

 

Or, nous ne sommes pas des poissons. MĂȘme si, Ă  une Ă©poque trĂšs lointaine, l’ĂȘtre humain, avant de devenir ce qu’il est aujourd’hui, a probablement Ă©tĂ© issu d’un mammifĂšre ou d’un ĂȘtre vivant marin.

 

Ensuite, plus que dans d’autres disciplines, l’apnĂ©e et la plongĂ©e avec bouteille se dĂ©roulant dans des environnements oĂč nous nous dĂ©posons provisoirement Ă  la surface de la vie et de la mort, en arrĂȘtant de respirer, il importe particuliĂšrement d’avoir suffisamment confiance dans celles et ceux qui nous accompagnent dans l’eau pour cette expĂ©rience. Ou qui nous proposent d’y Ă©voluer dans certaines conditions.

 

La confiance ne se commande pas. C’est un peu comme le dĂ©sir. Une personne peut bien avoir un pedigree exceptionnel. Si, pour une « raison Â» ou pour une autre (c’est plutĂŽt d’ordre Ă©motionnel, viscĂ©ral et instinctif) cette personne certifiĂ©e, volontaire, plus ou moins avenante, nous inspire le contraire de ce qu’elle est ou de ce qu’elle reprĂ©sente, nous serons dans la mĂ©fiance, sur la dĂ©fensive, voire dans le refus ou dans la fuite.

 

 

La confiance est donc un baromĂštre et un critĂšre plus qu’important dans la pratique de l’apnĂ©e.  Et cela ne se contrĂŽle pas toujours trĂšs bien.

 

Mais il est un autre critĂšre qui m’a sautĂ© particuliĂšrement aux yeux cette fois-ci, Ă  Quiberon, et qui s’ajoute Ă  la confiance. Ou qui peut l’aider Ă  advenir.

 

 

La Bienveillance :

 

Si bien des entreprises humaines se rĂ©alisent par la violence, fondatrices comme destructrices, ce qui m’a marquĂ© lors de ce stage Ă  Quiberon, c’est cette bienveillance constante qui a servi nos relations. Nous Ă©tions un petit groupe de six. Deux encadrants en titre. Deux encadrants plus rĂ©cents mais nĂ©anmoins expĂ©rimentĂ©s dans l’eau. Et, deux pratiquants plutĂŽt dĂ©butants dont je fais partie :

 

Je veux bien, d’ailleurs, accepter le titre de dĂ©butant ou de jeune pousse apnĂ©iste du groupe. Au vu de ma dĂ©pendance encore trĂšs forte (presqu’une ventouse) envers l’encadrement. Ne serait-ce que pour rĂ©aliser un « simple Â» nƓud de chaise ou pour dĂ©rouler ma corde correctement dans l’eau sans faire de nƓuds.

 

 

Ces disparitĂ©s de parcours et d’expĂ©riences marines et apnĂ©istes pourraient d’emblĂ©e Ă©tablir une hiĂ©rarchie verticale et monolithique. Et, Ă©videmment, il y avait une hiĂ©rarchie Ă©tablie et commune, acceptĂ©e de maniĂšre consensuelle. A aucun moment, par exemple, je ne me suis improvisĂ© capitaine ou pilote du Zodiac qui nous a transportĂ©. Comme, Ă  aucun moment, je n’ai contestĂ© l’endroit oĂč ancrer le bateau et oĂč nous allions nous mettre Ă  l’eau : Je suis totalement incompĂ©tent dans ces domaines. Et je le sais.

 

 

NĂ©anmoins, Ă  terre, comme sur zodiac et dans l’eau, nous restions six personnalitĂ©s, six individus. Une femme, six hommes. Et, comme nous le savons tous, nous autres, ĂȘtres humains, nous pouvons avoir un projet commun. Mais cela ne signifie pas pour autant  pour que nous parviendrons Ă  le rĂ©aliser ensemble. MĂȘme si, sur le papier et en thĂ©orie, nous avons tout ce qu’il faut Ă  notre disposition pour concrĂ©tiser ce projet :

 

Les compĂ©tences, l’envie, la volontĂ©, le matĂ©riel, l’argent, l’expĂ©rience
.

 

Car nous avons chacune et chacun nos particularitĂ©s, nos tempĂ©raments, nos rythmes, nos limites, nos egos, notre susceptibilitĂ©, notre façon de ronfler, de manger, de parler, comme notre horaire pour nous rendre aux toilettes. Ou, tout simplement, pour vivre ou travailler avec les autres.  

 

Certains ont besoin de parler tout le temps. D’autres sont rĂ©guliĂšrement en activitĂ© et dans l’efficacitĂ©. D’autres ont aussi besoin de plages de silence, d’inactivitĂ©, de lenteur et de calme. Moi, je suis un lent. Mais ça ne m’empĂȘchera pas de me lever Ă  5h25 du matin pour ĂȘtre Ă  l’heure au petit-dĂ©jeuner de 6 heures. Car, pour notre derniĂšre sortie, contrairement aux autres jours oĂč nous prenions notre petit-dĂ©jeuner Ă  8h, celui-ci Ă©tait Ă  6h.

 

En mer, alors, que nous avançons, j’aime bien connaĂźtre des moments oĂč le bateau avance et oĂč il n’y a que lui, et la mer, le vent, que l’on entend. Mais, d’autres, prĂ©fĂšrent ou ont absolument besoin de parler dans ces moments-lĂ .

 

NĂ©anmoins, malgrĂ© ces particularitĂ©s et ces « disparitĂ©s Â» de tempĂ©raments et d’expĂ©riences marines et maritimes entre nous, notre sĂ©jour s’est bien dĂ©roulĂ©. Parce-que nous nous Ă©tions encordĂ©s Ă  une certaine bienveillance mutuelle.

 

Par la tenue des horaires dĂ©cidĂ©s pour le petit-dĂ©jeuner. Pour le briefing de la journĂ©e. Pour ĂȘtre avec les autres. Pour rĂ©aliser les tĂąches diverses. PrĂ©parer les repas. Faire la vaisselle. DĂ©charger et charger le zodiac. Faire les courses. Pour attraper une assiette ou un verre et le donner Ă  qui en avait besoin Ă  table au moment du repas etc
..

Port Haliguen, Quiberon.

 

La bienveillance, autant que la confiance et l’expĂ©rience ont permis selon moi la bonne rĂ©ussite de ce sĂ©jour Ă  Quiberon. Il Ă©tait possible de les vivre trĂšs concrĂštement au vu de ces disciplines particuliĂšres, plutĂŽt exigeantes, que sont l’apnĂ©e et la chasse sous-marine :

 

On s’aperçoit vite de la personne qui, lorsque l’on aspire Ă  revenir sur le bateau nous tend la main pour prendre notre ceinture de plomb ou a un regard sur nous. Comme de celle ou de celui qui, lorsque l’on remonte Ă  la surface, nous attend. De celle ou celui qui nous prĂȘte le mousqueton qu’il a en plus et dont on a besoin.

 

 

La bienveillance est aussi nĂ©cessaire dans bien d’autres entreprises humaines que ce soit au travail, avec les amis, en couple, son voisinage, avec son enfant etc
.

 

Mais j’ai aussi lu d’autres mots Ă©crits Ă  notre retour pas d’autres membres du groupe pour expliquer la rĂ©ussite (ressentie par tous) de ce sĂ©jour Ă  Quiberon. Je ne les ai pas tous retenus alors que je termine cet article. Mais il y avait :

 

Bonne humeur, dĂ©termination,  persĂ©vĂ©rance, capacitĂ© Ă  accepter certaines exigences etc
..

 

J’ai sans doute plus appris ou rĂ©appris lors de ce sĂ©jour de quelques jours Ă  Quiberon, avec mon club d’apnĂ©e, qu’en lisant hier soir ces journaux avant d’aller me coucher.

 

Bien-sĂ»r, pour apprendre certains enseignements, il faut ĂȘtre disponible pour eux. On peut n’ĂȘtre que disponible pour les mauvaises nouvelles et n’apprendre que ça :

 

 Que tout va mal et toujours trĂšs mal, Ă  chaque instant, partout dans le monde, avec les autres et aussi en soi-mĂȘme.

 

On peut choisir de s’orienter uniquement ou principalement avec les mauvaises nouvelles en se disant qu’en se prĂ©parant- et en pensant- toujours au pire, ainsi, on se rĂ©serve de bonnes surprises. Sauf que, de cette façon, si l’on s’épargne en effet certaines dĂ©convenues et certaines dĂ©sillusions, on aborde aussi la vie, les Ă©vĂ©nements et les autres avec une certaine dynamique et un certain Ă©tat d’esprit qui font barrage, frontiĂšre ou obstacle Ă  certaines possibilitĂ©s, Ă©lans ou initiatives, repoussĂ©es ou dissuadĂ©es par notre comportement alors plus proche de l’écueil que de l’accueil.

 

J’espĂšre avoir un peu plus de bienveillance que ça envers moi-mĂȘme. Etre plus accueil qu’écueil pour ce que j’ai Ă  vivre. Et, si possible, ĂȘtre suffisamment accueillant envers les autres lorsque ceux-ci sont
 bienveillants.

 

Mais ĂȘtre accueillant envers la bienveillance n’est pas innĂ©. Il est nĂ©cessaire de pratiquer rĂ©guliĂšrement. Autrement, on a assez vite fait de dĂ©river et de se retrouver, de nouveau, entourĂ© principalement de mauvaises nouvelles. Et, lĂ , toutes le bouĂ©es que l’on nous aura jetĂ©es ou que l’on aura pu essayer de nous adresser ne suffiront pas.

 

Franck Unimon, ce jeudi 27 Mai 2021.

 

 

 

 

 

 

 

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Vélo taffe : photos du 10 Mars au 10 Mai 2021.

 

 

« Certains vĂ©los sont faits pour rouler, le mien est fait pour pĂ©daler« . 

 

C’est ce que je me suis dit en revoyant un usager de cette marque de vĂ©lo que, cette fois, je laisserai dans l’anonymat. Chaque fois que je croise une personne sur ce genre de vĂ©lo, tout autant mĂ©canique que le mien, je perçois en elle une aisance qui se refuse Ă  moi. Pourtant, cela fait trois mois maintenant, Ă  peu prĂšs, que j’ai troquĂ© mes trajets de mĂ©tro contre un vĂ©lo pliant. Et, je ne crois pas ĂȘtre si hors de forme que cela. NĂ©anmoins, je m’apparente souvent Ă  un rĂ©tro lorsque celle ou celui qui se dĂ©place sur un de ces prototypes le fait avec une tranquillitĂ© indiffĂ©rente. Le pire, peut-ĂȘtre, cela a Ă©tĂ© en « soulevant » le boulevard Raspail vers la place Denfert Rochereau :

Un homme assis sur cet objet qui m’intrigue filait sans forcer tout en conversant avec une dame pratiquant elle l’escalade au moyen d’un vĂ©lo grand format. Et, moi, qui faisais de temps Ă  autre irruption sur leur tracĂ©, j’Ă©tais non seulement presque comme une incongruitĂ©. Mais je voyais bien qu’aprĂšs chaque arrĂȘt, j’avais plus de mal qu’eux pour me relancer. 

Je n’irai pas jusqu’Ă  arracher les cheveux ou Ă  crever les pneus d’une certaine catĂ©gorie de personnes. Car une certaine absence de testostĂ©rone rĂ©sonne en moi pour ce genre de projet en pareilles circonstances. Mais j’ai eu le temps de gamberger. J’accepte facilement que des grandes roues ou des vĂ©los profilĂ©s course me nĂ©gligent ou me fusillent sur place. J’accepte mĂȘme que des vĂ©lib’ lourdauds tractĂ©s par des mollets alcooliques me dĂ©versent des dizaines de mĂštres de distance dans la vue. Par contre, je me fais scrupuleux lorsque cette catĂ©gorie de vĂ©lo pliant me passe dessus ou devant. Car dans ses rayons, il y a comme un chant. Et celui-ci n’est pas bon pour mon entendement.

 

En attendant, je reste Ă©tonnĂ© de voir que, quelle que soit la marque, le style du vĂ©lo ou la pompe de celle ou celui qui l’emploie, c’est souvent la volontĂ© de la course qui se retrouve. A part quelques touristes sans autre rendez-vous que l’instant. Assez peu, donc, posent le pied ou la cadence afin de faire le mur du temps et de prendre quelques photos.

Sur mon vĂ©lo de baltringue, dont la selle descend rĂ©guliĂšrement et que je dois donc relever, je suis content de visiter quelques points de vue avant que ceux-ci n’aient disparu. A dĂ©couvrir dans le diaporama qui suit. La musique a Ă©tĂ© choisie par ma fille. 

A bientĂŽt !

 

Franck Unimon, ce dimanche 16 Mai 2021.

 

 

 

 

 

 

 

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Lien entre l’immigration et le terrorisme : l’avis d’un homme de mĂ©nage

 

Lien entre terrorisme et immigration : L’avis d’un homme de mĂ©nage

 

Ô, BrĂ»lot !

 

Il est devenu normal de vivre avec des Ă©crans. L’une des diffĂ©rences entre un animal domestique et un Ă©cran, c’est que, souvent, nous devenons volontairement l’animal domestique de nos Ă©crans.

 

On parle de temps Ă  autre de l’enfer qui serait un endroit monstrueux oĂč l’on souffrirait beaucoup. Et lentement. A petit feu. Je crois que l’enfer, c’est aussi l’endroit, la relation et l’expĂ©rience vers laquelle, on se dirige volontairement. Car son accĂšs nous a Ă©tĂ© rendu trĂšs facile, de façon illimitĂ©e, et presque gratuite. Parce-que sa prĂ©sentation est au dĂ©part suffisamment sĂ©duisante et captivante pour nous attirer. Ensuite, peu Ă  peu, ça se gĂąte. Et, gĂ©nĂ©ralement, lorsque ça se gĂąte, c’est un peu plus difficile pour s’en extraire.

 

 

Ticket pour l’enfer ?

 

 

Cet article est-il mon ticket pour l’enfer ? Je devrais peut-ĂȘtre me contenter de faire mon mĂ©nage dans mon coin en restant discret. C’est peut-ĂȘtre ce qu’il y a de mieux pour mon karma. Faire le mĂ©nage. Me taire. Renifler la poussiĂšre en toute discrĂ©tion sans me faire remarquer. Et remercier je ne sais qui, je ne sais quoi, de pouvoir bĂ©nĂ©ficier, en toute tranquillitĂ©, de ce grand bonheur qu’ailleurs beaucoup m’envieraient :

 

 Vivre Ă  peu prĂšs incognito en ayant un travail, en mangeant Ă  ma faim, dans un pays en paix.

 

Mais il y a eu contact tout Ă  l’heure avec un Ă©cran.

 

Peu importe que ce soit avec l’écran d’un tĂ©lĂ©viseur. Peu importe « l’émission Â». Ou la chaine de tĂ©lĂ©. Ainsi que l’heure.

 

Le fait est que les Ă©crans sont partout : consoles de jeu, smartphones, tĂ©lĂ©visions, ordinateurs, tablettes etc
.

 

HD, 4K, pixels, 4G, 5G
. La rĂ©solution et la qualitĂ© de restitution des images- et du son- s’amĂ©liore rĂ©guliĂšrement. Sensiblement. Il y a mĂȘme de la sensualitĂ© dans cette expĂ©rience.

 

Le rendu de ce que l’on voit, de ce que l’on entend ou de ce que l’on filme, prend en photo ou enregistre est de plus en plus extraordinaire. Et nos moyens de diffusion, aussi.

 

Je ne vais pas m’en plaindre : j’en profite aussi en tant qu’usager ou en tant que spectateur.

 

Mais il y a un paradoxe croissant qui semble dĂ©ranger assez peu. La norme est d’avoir des Ă©crans et des images  » de contact » partout en toute circonstance, ainsi que des moyens de distribution et de diffusion de ces Ă©crans et de ces images de « plus en plus faciles Â».  

 

Ce qui m’amĂšne Ă  l’expĂ©rience, banale, que je viens de faire il y a quelques minutes.

En me rendant Ă  ma sĂ©ance de kinĂ©, tout Ă  l’heure, je suis tombĂ©, comme lors de mes autres sĂ©ances, sur la tĂ©lĂ© allumĂ©e, au fond de la salle. Laquelle, diffusait ses images, ses titres et les propos de ses diffĂ©rents intervenants sur le sujet du jour :

 

Lien entre immigration et terrorisme .

 

La cause de ce sujet, rĂ©cemment, (vendredi dernier, je crois), Ă  Rambouillet, dans les Yvelines, une femme flic s’est faite Ă©gorger par un homme. Cet homme serait un immigrĂ©. Et, le grand dĂ©bat auquel j’ai cru assister de loin, comme spectateur, alors que j’effectuais ma sĂ©ance de kinĂ©, c’était :

 

Il faut Ă  tout prix de nouvelles mesures pour rĂ©guler ou interdire l’immigration. Car, sans l’immigration, cet homme, la semaine derniĂšre, n’aurait pas commis ce meurtre monstrueux qui a suscitĂ© une trĂšs « vive Ă©motion Â» ou une « trĂšs forte Ă©motion Â» Ă  Rambouillet. Mais aussi ailleurs.

 

Si j’ai bien rĂ©sumĂ©.

 

 

La semaine derniĂšre, j’avais entendu parler de ce crime. L’avis d’une de mes connaissances avait Ă©tĂ© le suivant : « Celui qui a fait ça Ă©tait un enculĂ© ! Ils ont bien fait de le fumer ! Â».

Beaucoup de personnes pensent comme lui.

 

Evidemment, je trouve le meurtre de cette femme, horrible. Qu’elle soit flic ou pas.

Evidemment, je plains la famille et les proches de cette femme. Evidemment, j’ai de la compassion pour sa famille, ses proches ou voisins sans aucun doute durablement traumatisĂ©s par cette mort et les conditions de cette mort.

 

C’est aprĂšs que je commence Ă  me mĂȘler de ce qui ne me regarde pas. Lorsque, devant cet Ă©cran de tĂ©lĂ©vision, tout Ă  l’heure, j’ai aperçu, distraitement, toutes ces personnes en train de « bĂȘler Â» ou de prĂ©tendument dĂ©battre Ă  propos du sujet du jour :

 

Lien entre terrorisme et immigration.

 

Il y a une forme de colĂšre et d’arbitraire dans mes propos. Je n’ai pas entendu ni Ă©coutĂ© toutes les personnes rĂ©unies autour de cette table, lors de cette « Ă©mission Â» sur une chaine suivie, regardĂ©e et Ă©coutĂ©e par des millions de tĂ©lĂ©spectateurs et d’auditeurs. Et, sans aucun doute que si je l’avais fait, que parmi eux, il en est dont les propos sur le sujet m’auraient rassurĂ©.

 

Mais ce titre, cette accroche racoleuse, destinĂ©e Ă  faire le buzz, Lien entre terrorisme et immigration m’a, dĂšs le dĂ©part, avant mĂȘme d’écouter, placĂ© sur orbite. Ce qui est le but de ce genre de titre et d’accroche. Car Ă  peu prĂšs tout le monde en se fiant Ă  sa vie immĂ©diate et quotidienne, a un avis, ou son avis, sur ce genre de sujet. 

 

On se plaint beaucoup moins de la colonisation-volontaire- de nos consciences par les Ă©crans et les images :

 

On se plaint rĂ©guliĂšrement des travers du monde et de la France. Par contre, on se plaint beaucoup moins de la colonisation- volontaire, consentie et facile- de nos consciences par les Ă©crans et les images que l’on voit, que l’on tĂšte, et auxquelles on s’abreuve dĂ©sormais jour et nuit.

 

 

On se plaint beaucoup moins de la dĂ©sertification, depuis des annĂ©es, des mĂ©diathĂšques, des lieux de rĂ©flexion, de culture,  d’enseignement, de formation de la pensĂ©e et d’analyse.

 

L’abondance et la surabondance de culture, mĂȘme proche, ne suffit pas. Il faut aussi aller vers elle, ses rencontres, ses rĂ©vĂ©lations et ses miracles.

 

 

C’est ultra-facile et c’est l’enfer :

 

 

Or, dĂ©sormais, il suffit juste d’allumer et de regarder son Ă©cran pour se faire livrer, oĂč que l’on se trouve, quantitĂ© d’images et d’informations. Et pour liker. Ou Disliker. Pour kiffer. Ou haĂŻr. Pour encourager. Ou pour harceler.

 

C’est ultra-facile. Et, c’est l’enfer. Ecran tactile, clavier ergonomique, mode enregistreur, fonction vocale, rien de plus simple, rien de plus facile.

 

Il y a mĂȘme tout un tas de cookies, un nom de douceur et de cuisine, que nous avons laissĂ©s entrer dans nos vies et qui sont au courant de la composition de nos navigations sur le net.

 

Un débat facile

 

 

Et, rien de plus facile, aussi, pour ces intervenants, ce matin, sur un plateau de tĂ©lĂ©, pour dĂ©battre sur ce sujet :

 

Lien entre immigration et terrorisme.

 

 

Peu importe que ce sujet, sous une autre forme, ait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© lancĂ©, relancĂ© et titillĂ©, au siĂšcle passĂ© ou mĂȘme plusieurs siĂšcles auparavant.

 

Ce sujet, ou cette thĂ©matique « marche Â». Fonctionne. C’est un pitch, un scĂ©nario qui suscitera toujours de l’intĂ©rĂȘt. Et de l’émotion. Et, de l’émotion, on en a toute une nation Ă  disposition, avec le meurtre de cette femme-flic la semaine derniĂšre.

 

On a dĂ©jĂ  le Covid, la gestion du Covid, les vaccins anti-Covid et ce qu’ils suscitent de craintes sanitaires et de polĂ©miques. On va maintenant « varier Â» , ou faire semblant de varier, Ă  nouveau, avec le sujet du terrorisme et y mĂȘler, cette fois-ci, la sauce de l’immigration.

 

Les Djs du pire :

 

 

Certains de « nos Â» journalistes, mais aussi certaines de nos Ă©lites, sont des Djs du pire.  

 

Ce sont des Djs installĂ©s depuis des annĂ©es, trĂšs bien payĂ©s, et qui n’ont aucune intention de quitter la scĂšne. Puisque c’est le « public Â» mais aussi la loi du marchĂ© qui dĂ©cide de leurs « tubes ». Et qui prime.

 

Car tout le monde a besoin, Ă  un moment ou Ă  un autre, d’un peu de musique pour rythmer sa vie. Pour la sĂ©quencer. La rendre moins monotone. Pour la partager.

 

On aime les mĂ©langes. DĂšs l’instant oĂč, d’un point de vue Ă©ditorial, ça fait du buzz, de l’audimat et du chiffre d’affaires. Que ce soit pour rejeter, exclure, ou pour flirter- Ă  nouveau- avec le fantasme de la puretĂ©:

« Lien entre immigration et terrorisme Â».

 

On aime aussi les mĂ©langes. Lorsqu’il s’agit de saluer, de se fĂ©liciter du succĂšs, de la rĂ©ussite d’une « autre Â», ou d’un « autre Â», pourvu que, lĂ , aussi, cela nous rapporte du buzz, de l’audimat et du chiffre d’affaires :

 

Je pense, ici, bien-sĂ»r, Ă  tous ces enfants et toutes ces personnalitĂ©s « issues de l’immigration Â», hier, aujourd’hui et demain, qui contribuent et contribueront Ă  donner une « bonne image de la France Â». 

« L’image d’une intĂ©gration rĂ©ussie Â». « L’image que la dĂ©mocratie Ă  la Française rĂ©ussit et produit des miracles Â».

 

Oui, la France produit des miracles

 

 

Oui, la France produit des miracles. Je le crois vraiment. Mais en matiÚre de communication et de diffusion des idées et des pensées, la France réussit aussi des miracles de paradoxes selon moi assez meurtriers de façon directe ou indirecte. De façon consciente ou inconsciente. De façon volontaire ou involontaire.

 

 

Et, je vais citer quelques uns de ces paradoxes concernant ce thĂšme du jour :

 

Lien entre immigration et terrorisme.

 

Il y a quelques mois, GĂ©rald Darmanin, notre Ministre de l’intĂ©rieur actuel, Ă©tait tout content d’accĂ©der Ă  cette nouvelle fonction ministĂ©rielle. Je le comprends. Ce nouveau poste, pour lui qui faisait dĂ©jĂ  partie du gouvernement en tant que Ministre, Ă©tait une promotion sociale et personnelle. Promotion bien plus importante, que la mienne, homme de mĂ©nage. Fonction- inventĂ©e ( je ne suis pas homme de mĂ©nage) – Ă  laquelle, pourtant, je ferais sans doute mieux de me tenir :

 

Car on n’obtient, gĂ©nĂ©ralement, que des problĂšmes, dans sa vie, lorsque l’on sort de son rang social de subalterne. Et, je fais- vraiment- partie des subalternes dans la vie. Des personnes obĂ©issantes qui marchent droit. Qui parlent droit. Et qui respectent tant les lois que les reprĂ©sentants de la loi.

 

Toute Ă  sa joie, donc, d’avoir Ă©tĂ© nommĂ© Ministre de l’IntĂ©rieur, GĂ©rald Darmanin, s’est senti autorisĂ© Ă  dire, librement, qu’en tant que « petit fils d’immigrĂ© Â», il Ă©tait d’autant plus content de cette promotion.

 

On a bien lu : « petit fils d’immigrĂ© Â». Alors, voilĂ . Pour moi, c’est trĂšs simple :

 

GĂ©rald Darmanin, en tant que « petit fils d’immigrĂ© Â», n’aurait jamais dĂ» ĂȘtre Ministre de l’IntĂ©rieur ni mĂȘme Ministre de quoique ce soit en France. Puisqu’aujourd’hui, aprĂšs le meurtre de cette femme-flic, le grand dĂ©bat est :

 

Lien entre immigration et terrorisme.

 

Donc, pour moi, Darmanin, en tant que « petit fils d’immigrĂ© Â», aurait toujours dĂ» ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un terroriste avĂ©rĂ© et potentiel. Et, donc, aurait toujours dĂ» ĂȘtre exclu des plus hautes fonctions qu’il occupe actuellement en France.

 

 

Et, c’est pareil pour Nicolas Sarkozy, un de nos ex-PrĂ©sidents de la RĂ©publique, un de nos Ex-Ministres. Un de nos hommes politiques français actuels qui continue de compter dans la vie politique française depuis une bonne vingtaine d’annĂ©es.

 Darmanin, notre cher Ministre de l’IntĂ©rieur actuel,  voit en Sarkozy un modĂšle. Mais, mĂȘme, apparemment, notre PrĂ©sident de la RĂ©publique actuel, Emmanuel Macron voit en Sarkozy une personne indispensable. Car, Ă  ce qu’il se raconte entre hommes et femmes de mĂ©nage, pour ĂȘtre réélu PrĂ©sident de la RĂ©publique, Emmanuel Macron, aurait forcĂ©ment besoin de l’appui de Nicolas Sarkozy contre l’électorat de Marine Le pen.

Marine Le Pen est bien-sĂ»r la prĂ©sidente d’abord du FN. Lequel FN, toujours sa prĂ©sidence, a Ă©tĂ© rebaptisĂ©,  RN ( pour Rassemblement National). Marine Le Pen, est la fille de Jean-Marie Le Pen ( ex-PrĂ©sident du FN, pour Front National, parti d’ExtrĂȘme Droite).

 

Cependant, Nicolas Sarkozy a des origines hongroises. C’est donc, aussi, un autre Â«  immigrĂ© d’origine Â». Un « immigrĂ© d’origine », qui, depuis des annĂ©es, je crois, a ses appartements dans le 16Ăšme arrondissement de Paris, un arrondissement de privilĂ©giĂ©s. Mes informations sont approximatives car, je n’ai jamais habitĂ© ou eu les moyens d’habiter dans le 16Ăšmearrondissement de Paris. Je n’ai fait que passer dans certaines rues du 16Ăšme arrondissement ou y prendre le mĂ©tro. Je ne suis pas encore allĂ© faire le mĂ©nage chez lui. Ce qui serait sans doute, pour moi, une trĂšs haute marque de distinction sociale, peut-ĂȘtre l’une des plus hautes que je pourrais obtenir dans ma vie.

Sarkozy, lui, de son cÎté, a été Maire, pendant des années, du 16 Úme arrondissement.

Jamais, en tant que personne « d’origine immigrĂ©e Â», Nicolas Sarkozy n’aurait dĂ» avoir cette possibilitĂ©. Lien entre immigration et terrorisme. Le titre de ce dĂ©bat, ce matin, sur une chaine de tĂ©lĂ©vision de grande audience, est explicite.

 

Je repense Ă  l’extraordinaire acteur Samuel Jackson dans le Django de Tarantino, lorsqu’en plein esclavage, il dĂ©couvre le NĂšgre Ă©mancipĂ©,  Django ( interprĂ©tĂ© par l’acteur Jamie Foxx), montĂ© sur un cheval « comme les blancs ». Je me sens un petit peu comme Samuel Jackson devant Jamie Foxx en parlant des origines immigrĂ©es de Sarkozy ( ou de Darmanin) : selon les rĂšgles strictes du Lien entre immigration et terrorisme, jamais Sarkozy et Darmanin, par exemple, n’auraient dĂ» se retrouver lĂ  oĂč ils en sont dans la vie publique et politique française actuelle. 

 

Comparer Sarkozy et Darmanin Ă  l’exceptionnel travail d’acteur de Samuel Jackson est peut-ĂȘtre trop flatteur pour eux ( en tant qu’acteurs). Mais, cela illustre mon propos et permet, en mĂȘme temps, de faire une petite pause d’humour et de dĂ©tente dans cet article

 

Dans la vraie vie, Nicolas Sarkozy, est actuellement condamnĂ© par la loi française, la loi de ce pays qu’il « aime Â» plus que tout. Nicolas Sarkozy a dĂ©clarĂ© rĂ©cemment en couverture du journal Paris Match,  un journal français plutĂŽt bien « friquĂ© Â» et largement diffusĂ© :

« Ils ne nous dĂ©truiront pas Â». « Ils », ce sont les juges français qui l’ont jugĂ© et condamnĂ© entre-autres Ă  un an de prison ferme. DĂ©cision dont il a fait appel, lui, le grand amoureux de la France qui s’estime, lĂ , ĂȘtre une victime des instances judiciaires de son pays de chair et de cƓur qu’il aurait bien aimĂ© diriger une seconde fois. Et, pourquoi pas, une troisiĂšme fois ?!

 

Pourtant, personne, apparemment, ne lui rappelle :

 

« Nicolas, en tant que « personne d’origine immigrĂ©e Â», tu t’en es plus que bien sorti dans la vie. Fais comme tous les immigrĂ©s attrapĂ©s par la justice de notre beau pays la France. Ferme-lĂ  ! ArrĂȘte de faire ton psychopathe et ton parano qui se croit toujours au dessus des Lois !  Fais ta peine ! Et sois content d’avoir vĂ©cu tout ce que tu as vĂ©cu Â».

 

Au contraire, je lis que plusieurs personnalitĂ©s politiques, de droite comme de gauche, lui ont envoyĂ© des messages de soutien contre cet acharnement de la justice « française Â», dont il serait dĂ©sormais la victime
.

Je lis aussi dans cet article de Paris Match, que, s’il le faut, pour obtenir « justice », Nicolas Sarkozy sollicitera la Cour europĂ©enne des Droits de l’homme….

En attendant, « Monsieur » Sarkozy est libre de parader et de faire la couverture de Paris Match. Tandis que n’importe quel immigrĂ© ou citoyen lambda convaincu d’un dĂ©lit, et dĂ©pourvu des mĂȘmes moyens de dĂ©fense et des mĂȘmes appuis que lui, finit en dĂ©tention( ou est expulsĂ©, s’il s’agit d’un immigrĂ©). Ou a pour seul avenir envisageable, le suicide. Combien mĂȘme il ne s’agit pas d’un terroriste…

 

Ecrire plus :

 

Je pourrais Ă©crire plus. Mais, il ne faut surtout pas Ă©crire trop long. Or, j’ai dĂ©ja Ă©crit beaucoup trop long pour notre Ă©poque :

Cela aurait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© beaucoup mieux de faire une vidĂ©o avec le mĂȘme contenu. Cela aurait sĂ»rement «apportĂ© Â» bien plus de nombre de vues. Mais je suis un aigri et un loser. Ce qui est pire, peut-ĂȘtre, que d’ĂȘtre un immigrĂ© potentiellement terroriste.

Et puis, j’ai du mĂ©nage Ă  faire chez moi. Je garde cette obsession car personne ne fera ce travail Ă  ma place. Et, puis, c’est ma fonction.

C’est ce travail lĂ  que je fais le mieux. Ça, avec prier trĂšs fort aussi pour que la rĂ©daction- et la diffusion- de cet article ne me dirige vers les conduits de la dĂ©pression et d’une dĂ©chĂ©ance morale, voire nationale, irrĂ©versible. J’ai les ambitions mĂ©galomaniaques que je peux.

 

 Mais, j’ai dĂ©jĂ  pris du retard dans mon mĂ©nage. Autrement, j’aurais aussi parlĂ© de l’Affaire du petit GrĂ©gory. Un meurtre qui a marquĂ© la conscience de la France. Un meurtre toujours irrĂ©solu plus de trente ans aprĂšs. Un meurtre monstrueux, aussi. Et, oĂč, pour le peu que je sais, parmi les suspects, aucun immigrĂ© n’est concernĂ©.

 

Je pourrais aussi mentionner le palmarĂšs d’Olivier Fourniret, bien Français, et de son ex-compagne, la resplendissante Monique Olivier. Il ne s’agit pas de sportifs mĂ©daillĂ©s aux jeux olympiques. Mais de personnalitĂ©s qui ont « accompli » des meurtres monstrueux, aussi. LĂ  aussi, aucun immigrĂ© n’est concernĂ©. Mais, ce n’est pas grave. Car il ne s’agit pas de terrorisme. Or, « évidemment », tous les immigrĂ©s sont des terroristes potentiels. En attendant de revenir au sujet sous-jacent dans le sujet Lien entre immigration et terrorisme  qui est – mais, ça, c’est Ă©videmment, cette fois, ma parano d’homme de mĂ©nage dont les pensĂ©es sont Ă©videmment pleines de poussiĂšre et de dĂ©chets qui le croit- qui est que :

« Tous les musulmans et toutes les personnes de couleur sont Ă©videmment des terroristes Â». 

A notre Ă©poque oĂč l’ironie et la nuance peuvent ĂȘtre assez mal comprises, je tiens Ă  prĂ©venir et Ă  prĂ©ciser que je suis ironique, ici :

Je ne crois pas que tous les musulmans et toutes les personnes de couleur de France et d’ailleurs soient des terroristes. J’utilise l’ironie car je suis vĂ©ritablement en colĂšre de voir que des Ă©lites diverses puissent continuer d’utiliser la peur du terrorisme, de l’autre, de l’Ă©tranger, mais aussi l’Ă©motion provoquĂ©e par la mort monstrueuse d’une femme flic ou de toute autre personne, comme on peut utiliser un vulgaire produit marketing ! Et, tout ça, pour faire sa comm’, du chiffre, de l’audimat et pour assurer la suite de sa carriĂšre….

 

Parce-que, il est patent et visible pour tout le monde, que Darmanin et Sarkozy, pour ne citer qu’eux, deux hommes « issus de l’immigration Â», qui ont « rĂ©ussi Â», ne sont ni musulmans ni de couleur.

Cela aurait Ă©tĂ© quelque chose si Darmanin ou Sarkozy,  Macron, ou une personnalitĂ© politique française de premier plan ( Le Pen ? )  subitement, dĂ©cidait de se convertir publiquement Ă  L’Islam.  Ou de se mettre en mĂ©nage avec un noir ou une noire. Ou un Arabe ou une Arabe. Quel message ce serait !

 

Mais je m’égare. J’ai inhalĂ© beaucoup trop de vapeurs d’eau de javel ces derniers temps en faisant le mĂ©nage. En nettoyant les sols et les chiottes.

Et, je m’égare encore en imaginant que toutes ces Ă©lites, politiques et autres, qui participent, sans nuances, Ă  diffuser l’idĂ©e et l’image que immigration et terrorisme sont forcĂ©ment et automatiquement liĂ©es, auront une part de responsabilitĂ© directe ou indirecte dans les prochaines bavures qui concerneront une fille ou un fils d’origine immigrĂ©e. Il leur suffira, alors, de s’indigner lorsque la bavure arrivera et sera mĂ©diatisĂ©e avec la mĂȘme Ă©motion que ne l’a Ă©tĂ© le meurtre monstrueux de cette femme policiĂšre Ă  Rambouillet. Et, cela leur permettra de retrouver une virginitĂ© morale, et « pure », Ă  toute Ă©preuve.

 

Et, je m’Ă©gare toujours – je discute trop avec mes serpillĂšres- en pensant aussi que ces Ă©lites politiques, et autres, qui s’expriment librement, facilement, ont et auront aussi une part de responsabilitĂ© directe ou indirecte dans cette cassure  de la sociĂ©tĂ© française dont elles sont les premiĂšres Ă  se plaindre. Mais aussi dont elles savent se servir -tels des marchepieds- pour se rapprocher de leurs desseins personnels.

J’ai l’esprit mal tournĂ© en pensant ça. Et puis, pourquoi m’agiter avec tout ça, ça ne changera rien. A quoi bon me casser le dos Ă  Ă©crire tout ça. Mon corps sera bien plus utile pour  remplir et vider des seaux ou pour essorer la serpillĂšre.

 

Parvenir au Pouvoir et revenir Ă  l’époque exaltante des brĂ»lots :

 

 

Tout cela n’a rien de nouveau. Au moyen-Ăąge, dĂ©jĂ , et mĂȘme avant, sans doute que bien des Ă©lites avaient dĂ©jĂ  recours aux mĂȘmes mĂ©thodes pourvu que celles-ci puissent leur permettre au moins deux choses :

 

Parvenir au pouvoir. Et revenir Ă  l’époque exaltante des brĂ»lots. ( des textos ?).

Ah, ĂŽ !,  qu’est-ce que c’est beau, un corps qui brĂ»le sur la place publique ! Le corps d’une personnalitĂ© qui nous dĂ©range, qui ne pensait pas comme nous, qui nous contredisait et qui nous mettait peut-ĂȘtre face Ă  certaines vĂ©ritĂ©s qui nous dĂ©rangeaient. Mais qui a eu le malheur de se retrouver isolĂ©e, ou lĂąchĂ©e, par celles et ceux qui auraient pu la sauver ou le sauver du bĂ»cher.

 

Lorsque nous serons revenus au monde des brĂ»lots, nous serons peut-ĂȘtre nombreux Ă  regarder le spectacle depuis nos Ă©crans Ă  haute rĂ©solution. Nous serons peut-ĂȘtre au boulot. Et, nous nous dirons ou penseront peut-ĂȘtre :

 

« Comme c’est beau ! Â».

 

 

Franck Unimon, ce lundi 26 avril 2021.

 

 

 

 

 

 

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VĂ©lo Taffe : Petit Crochet par le musĂ©e d’Orsay

 

 

  VĂ©lo Taffe : Petit crochet par le musĂ©e d’Orsay

 

Ce matin, en sortant du travail, j’ai eu envie de changer un peu d’itinĂ©raire.  GĂ©nĂ©ralement, je passe         « devant Â» le musĂ©e d’Orsay Ă  l’aller comme au retour.

 

Pendant mes premiers trajets VĂ©lo Taffe, non loin du musĂ©e, j’avais aperçu, je crois, Manuel Valls, l’ancien Premier Ministre, qui revenait de son footing. Debout, au bord de la route, attendant de pouvoir passer, il transpirait sans maquillage. Mais aussi sans micro et sans camĂ©ra.

Pour surprenante qu’ait Ă©tĂ© cette image en passant Ă  vĂ©lo devant lui de retour du travail, je l’avais trouvĂ©e complĂštement raccord. Manuel Valls, si c’Ă©tait lui, aprĂšs sa tentative politique manquĂ©e en Espagne,  ne se trouvait pas n’importe oĂč dans Paris.  

Je n’avais pas rebroussĂ© chemin pour vĂ©rifier.

 

Chacune de ces sculptures a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e Ă  la fin du 19Ăšme siĂšcle. Celle de gauche reprĂ©sente l’Afrique. Celle de droite, peut-ĂȘtre celle de l’AmĂ©rique du Nord, si je ne me trompe. Les six sculptures sont des figures fĂ©minines. La plupart d’entre elles portent des armes mĂȘme si elles portent des fruits ou sont accompagnĂ©es d’animaux plutĂŽt connus pour ĂȘtre pacifiques. Ces figures fĂ©minines sont donc loin d’ĂȘtre des incarnations de femmes passives ou soumises mĂȘme si leur poitrine, averse opulente et dĂ©couverte, pourrait d’abord faire penser Ă  des crĂ©atures seulement lascives et dĂ©saltĂ©rantes.

 

Ce matin, en passant, pour changer, rue de Lille, j’ai eu envie de m’arrĂȘter devant le musĂ©e d’Orsay.

 

 

On peut prier jour et nuit. Si on ne croit ni dans la Vie, ni en soi, nos priĂšres sont des cendres et des cercueils. Et nos rĂȘves, des poudriĂšres. A moins d’un miracle.

 

Mais les miracles, ça ne court ni les rĂ©seaux sociaux, ni les magasins. Il n’existe pas de promotion ou de bons plans pour attraper un miracle ou de livreurs prĂ©caires pour nous en apporter aprĂšs avoir passĂ© commande.

 

Il existe peut-ĂȘtre beaucoup plus de miracles inconnus que de miracles dont nous avons entendu parler. Mais nos miracles, il nous faut, malgrĂ© tout, le plus souvent, aller les chercher nous-mĂȘmes.

 

Je n’ai rien contre les religions. Le recueillement, la mĂ©ditation, l’introspection, la respiration, la contemplation, la transe, ce sont des Ă©tats de conscience que j’approche partiellement. Que ce soit par la lecture, la musique, l’apnĂ©e sportive, l’écriture
.

 

Il y a quelques jours, au travail, deux de mes collÚgues implantés depuis plus longtemps que moi dans mon nouveau service, ont commencé à vitupérer contre certaines conséquences de la pandémie du Covid:

 

A cause d’elle «  nous sommes des esclaves ! Â» affirmaient-ils dans un mĂȘme souffle inspirĂ© et catĂ©gorique.

 

J’étais assis face Ă  eux. AussitĂŽt aprĂšs les avoir entendus, je leur ai dit calmement :

 

« C’est vrai que nous avons perdu des libertĂ©s depuis le Covid. Mais je prĂ©fĂšre encore vivre aujourd’hui qu’en 1800. En 1800, je n’aurais pas pu ĂȘtre lĂ  en train de travailler. Sans compter toutes ces libertĂ©s dont on se prive tout seuls
. Â».

 

Mes deux collĂšgues, un de mon Ăąge, et l’autre plus ĂągĂ© de plusieurs annĂ©es, proche de la retraite, se sont tus. Pourtant, ce ne sont pas des timides.

 

Le quotidien, c’est de la banquise. Une fois que ça t’encercle, ça peut te saisir. Il faut de l’agilitĂ©, de l’anticipation mais aussi une certaine mobilitĂ© pour Ă©viter que ça te piĂšge. Pour percer des trous aux endroits oĂč c’est possible. Pour repĂ©rer les trous qui existent dĂ©jĂ . Pour s’assurer que sont restĂ©s suffisamment ouverts ceux qui avaient Ă©tĂ© dĂ©celĂ©s. Et pour passer Ă  travers afin de reprendre son souffle ou pour rejoindre la surface.

 

Pour cela, il faut aussi ĂȘtre un peu curieux. Ou simplement prĂ©occupĂ© de sa survie.

 

Quelques fois, dans l’eau, on peut apercevoir des corps aux regards gelĂ©s dont les reflets crient : « Nous sommes vivants ! Â». Il est trĂšs facile de les croire. Ils sont si beaux.

 

L’Art fait partie des trous dans la banquise.

Au premier plan, une sculpture qui reprĂ©sente l’OcĂ©anie. Cette figure Ă©voque assez le peuple aborigĂšne.

 

 

C’est peut-ĂȘtre pour cette raison que, mĂȘme fermĂ©, ce matin, le musĂ©e d’Orsay m’a donnĂ© envie de m’arrĂȘter. Il est restĂ© silencieux pendant les quelques minutes que j’ai passĂ©es prĂšs de lui. J’en ai profitĂ© pour me raconter des histoires avec ces statues.

 

Certains petits crochets font du bien.

 

 

Franck Unimon, ce samedi 24 avril 2021.

 

 

 

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Chemin de halage

Sur le chemin de halage entre Argenteuil et Epinay sur Seine. Vers Argenteuil et la A15, ce mercredi 7 avril 2021, un peu avant midi.

                                                      Chemin de halage

 

Je suis parti interroger mon corps. J’avais besoin d’informations. Il a bien voulu se laisser faire. MĂȘme si, au prĂ©alable, il m’a fallu tout un tas de prĂ©paratifs. C’en Ă©tait ridicule. C’était beaucoup plus simple lorsque j’étais plus jeune.

Mais, lĂ , avais-je les bonnes chaussures ? Mes chaussettes Ă©taient-elles assez minces pour ne pas trop martyriser mes petits pieds ? Car les baskets, pendant le footing, avec le poids du corps et l’afflux du sang, ça comprime.

La veste. Avais-je la bonne veste ? Non, pas ce k-Way- lĂ  dans lequel j’allais suer tel un champignon rissolĂ© mais plutĂŽt celle en goretex. Si je l’avais achetĂ©e, c’était bien pour qu’elle me serve. Ah, oui, mes clĂ©s. Juste celles dont j’avais besoin. Je n’aime pas quand ça fait bling-bling quand je cours. Peut-ĂȘtre parce-que je crains que l’on confonde le bruit des clochettes avec celui du mouvement de recul de mes testicules.

Et, la petite compote, facile Ă  avaler, ça peut servir en cas d’hypoglycĂ©mie. Avale-donc un peu d’eau avant de partir. Tu as la bouche sĂšche. Et un petit bout de chocolat, aussi, car la matinĂ©e est avancĂ©e. Tu as pris ton petit-dĂ©jeuner il y a plus de quatre heures. Et, on dirait que tu commences Ă  avoir faim


 

J’ai rajoutĂ© un masque anti-covid que j’ai mis dans une de mes poches. J’ai ouvert la porte de l’appartement et me suis engagĂ© sur le palier
.une pensĂ©e.

 

J’allais partir sans mes clĂ©s posĂ©es Ă  l’entrĂ©e.

 

J’ai attrapĂ© mes clĂ©s, un peu contrariĂ©. Enfin, j’étais prĂȘt. Un vrai mariĂ©. 

 

Dehors, la tempĂ©rature extĂ©rieure Ă©tait de 7 degrĂ©s. Mais, plus froid, ça n’aurait rien changĂ©. Je reste Ă©tonnĂ© de voir que certaines personnes attendent qu’il fasse chaud pour sortir le vĂ©lo ou faire un peu de sport. « Viens, on va se mettre au sport, il fait beau, aujourd’hui Â». Mais lorsque les tempĂ©ratures augmentent, notre corps se dĂ©shydrate plus vite. C’est rapidement la transe ou le sauna. Il faut ĂȘtre entraĂźnĂ©, condamnĂ© ou se prĂ©parer Ă  aller courir dans le dĂ©sert pour sortir faire du sport en pleine chaleur. Ou, bien-sĂ»r, ne rien changer Ă  sa vie sportive habituelle lorsque l’on a en une. Cela est assez oubliĂ©, mais l’un des propos du sport est aussi de nous prĂ©parer Ă  nous adapter Ă  notre environnement immĂ©diat (riviĂšre, escalade, barriĂšre de corail ou autre obstacle naturel ou mental se trouvant sur notre passage…). Cela dĂ©passe le simple fait de perdre des calories et du gras afin d’ĂȘtre suffisamment « slim » pour la sĂ©ance plage ou photo. La pratique sportive, seule, ne suffit pas Ă  faire de nous des aventuriers ou des guerriers redoutables. Mais elle peut nous aider Ă  nous Ă©lever au delĂ  de certaines de nos faiblesses.

 

Ces faiblesses peuvent aussi bien ĂȘtre d’avoir le souffle court ou d’avoir le rĂ©flexe de facilement croire ou penser que tout ce qui vient de nous est forcĂ©ment nul. Pratiquer rĂ©guliĂšrement et Ă  son rythme. En restant proche de la limite du plaisir. Cette rĂšgle est valable pour beaucoup de disciplines. 

 

A « l’ancienne Â» :

 

Je fais toujours mes footing Ă  « l’ancienne Â» : comme je l’ai appris Ă  l’adolescence.

Pas d’écouteurs dans les oreilles. Pas de podomĂštre. Pas de cardio frĂ©quencemĂštres, de montre connectĂ©e. Je prĂ©fĂšre. 

Si je laisse mon tĂ©lĂ©phone portable allumĂ©, c’est davantage pour connaĂźtre la distance parcourue, peut-ĂȘtre en cas d’appel ou de message important. Ou pour faire des photos. Surtout, aujourd’hui. Il fait beau. Et, ce matin, vers 7h, j’ai repensĂ© au viaduc oĂč la jeune Alisha est morte le 8 mars dernier.

 

Si je ne disais que ça, je paraitrais ĂȘtre sous l’emprise d’un atavisme morbide.

 

Inconsolable

 

 

Lorsque ce matin, j’ai eu l’idĂ©e d’y retourner, j’ai d’abord pensĂ© appeler cet article Inconsolable. Dans la musique que j’écoute dĂ©sormais, Jimi Hendrix avait remplacĂ© AgnĂšs Obel depuis longtemps. AgnĂšs Obel dont un critique avait Ă©crit, il y a quelques annĂ©es, qu’au dĂ©but d’un de ses concerts, concert auquel il avait assistĂ©, il avait d’abord eu l’impression qu’elle sortait d’un rĂ©frigĂ©rateur. Tant sa musique Ă©tait froide. Si j’avais aimĂ© et enviĂ© cet humour, le critique avait nĂ©anmoins remarquĂ© qu’à mesure de l’écoute, la musique d’Obel avait fini par l’atteindre.

 

En Ă©coutant Jimi Hendrix, ce laveur de solo, ce technicien de toute notre surface cĂ©rĂ©brale mais aussi crĂ©pusculaire, j’avais fini par comprendre la raison pour laquelle, mĂȘme si j’ai dansĂ© sur ses titres, j’ai toujours conservĂ© une rĂ©serve envers Prince, ce gĂ©nie musical. Je me rappelle d’un article oĂč l’on parlait de la guitare de Prince, comme de son « arme de destruction massive Â». Mettez vos oreilles au contact du coffret Songs for Groovy Children , lors des concerts donnĂ©s par Jimi Hendrix fin 1969, dĂ©but 1970 et vous changerez d’avis. Prince devait avoir 12 ou 13 ans en 1969. Il a sĂ»rement entendu parler de ce concert, et encore plus d’Hendrix.

Quand je pense qu’il a fallu payer « seulement Â» 6 dollars ( les dollars de l’époque) pour voir Hendrix en concert en 1969.

 

Un de mes collĂšgues m’a dit rĂ©cemment : « Lorsque des gens disent que Prince Ă©tait un trĂšs grand guitariste, ils mentent. MĂȘme si c’était un gĂ©nie Â». On peut trouver ce jugement ingrat. A moins d’avoir Ă©coutĂ© Hendrix et de se rappeler, Ă  nouveau, qu’Eric « God Â» Clapton, lui-mĂȘme, avait pris peur en dĂ©couvrant Hendrix sur scĂšne en Angleterre, dans son royaume uni. J’ai lu que Clapton peut raconter qu’il avait en quelque sorte trouvĂ© son rythme de croisiĂšre avec son groupe (loin d’ĂȘtre des musiciens amateurs) et qu’il se croyait Ă©tabli. Lorsque Hendrix, arrivant des Etats-Unis, a dĂ©barquĂ© sur scĂšne. Hendrix qui avait, Ă  ses dĂ©buts, tournĂ© un peu avec Ike Turner, avant que celui-ci, selon certains dires, en aurait eu assez. Car Hendrix prenait trop de solos. En Ă©coutant le coffret de Songs For Groovy Children, la durĂ©e des titres ( plusieurs dĂ©passent la dizaine de minutes) et la « longueur » des solos de Jimi Hendrix, on peut s’amuser Ă  imaginer la tĂȘte d’Ike Turner s’il avait Ă©tĂ© sur scĂšne dans ces moments-lĂ . 

Hendrix n’Ă©tait pas un artiste de foire. Et il Ă©tait encore moins prĂȘt Ă  rester enfermĂ© dans une cage tel un hamster auquel on viendrait parler de temps en temps. Sa musique, dans ce coffret, m’a tellement consolĂ© qu’en l’écoutant, j’avais envie de pleurer. Le bibliothĂ©caire Ă  qui j’en ai parlĂ© a paru surpris. Alors qu’il avait Ă©tĂ© le premier Ă  avoir un air un peu navrĂ©, lorsqu’il y a quelques mois, je m’Ă©tais dĂ©cidĂ© Ă  emprunter une anthologie de Johnny Halliday. Oui, Johnny Halliday. Dans un magazine de musique rĂ©putĂ©, j’avais lu une bonne critique sur un de ses albums qui datait des annĂ©es 60 ou 70. Je « savais » peut-ĂȘtre dĂ©ja que Johnny avait sollicitĂ© Hendrix afin que celui-ci fasse sa premiĂšre partie. Par contre, je savais beaucoup moins que Johnny et Jacques Brel Ă©taient trĂšs proches. Dans la musique, comme en art et dans la vie d’une façon gĂ©nĂ©rale, les gens les plus ouverts et les plus rock’n’roll, peuvent ressembler assez  peu Ă  celles et ceux Ă  qui l’on s’attendait en prime abord. 

Bien que nos yeux soient souvent des guichets ouverts, nous regardons souvent celles et ceux qui nous entourent tels des aveugles…

 

Tout amateur de musique attend ces moments oĂč l’artiste va lĂącher un solo. Et oĂč ce solo le saisira le plus longtemps possible. Dans le coffret Songs for Groovy Children, Hendrix en lĂąche, des solos. Ce faisant, il les tient en laisse bien au delĂ  de la durĂ©e rĂ©glementaire. Et, sa voix ! Ce Blues. Solo/voix, solo/voix. Cela pourrait ĂȘtre deux personnes. C’en est une. Et, avec Hendrix, ses deux autres musiciens, basse, chant, batterie qui suivent et sont loin d’ĂȘtre des scissions secondaires.

 

 

Cependant, avant Jimi Hendrix, j’avais réécoutĂ© le Zouk de Jean-Michel Rotin. Un autre style. Un artiste plus « rĂ©cent », encore vivant, que j’ai sans doute trĂšs mal prĂ©sentĂ©.

 

 

Depuis, Jimi a Ă©tĂ© remplacĂ© ( le coffret Songs for Groovy Children, fastueux) par le concert d’Aretha Franklin Live at filmore West. J’ai empruntĂ© ce cd, avec d’autres, avant que le nouveau confinement dĂ» Ă  la pandĂ©mie ne « close Â» Ă  nouveau les mĂ©diathĂšques et autres lieux estimĂ©s « non essentiels Â».

Non-essentiels :

 

 Les deux artistes, Jimi Hendrix et Aretha Franklin ont rĂ©alisĂ© ces performances sur scĂšne vraisemblablement dans le mĂȘme festival, mais Ă  un ou deux ans d’intervalle.

 

 

On imagine un certain nombre de duos entre deux artistes que l’on aime bien. MĂȘme si, souvent pour des histoires d’ego et de sous, la plupart de ces duos ou de ces collaborations, sont morts nĂ©s. Un artiste en plein Ă©panouissement poursuit souvent une trajectoire vers ce qu’il pense ĂȘtre son chemin. Et, personne ne peut ou ne doit le faire en dĂ©vier, sauf s’il le dĂ©cide. Aretha Franklin, par exemple, Ă  ce que j’ai lu, toute croyante et fervente chanteuse de Gospel qu’elle Ă©tait, n’aspirait Ă  rien d’autre qu’ĂȘtre la meilleure et a considĂ©rĂ© d’autres chanteuses comme ses rivales, forcĂ©ment moins lĂ©gitimes qu’elle (Natalie Cole, Diana Ross
.)

 

 Ce matin, j’ai pensĂ© Ă  un duo Jimi Hendrix/ Aretha Franklin. Il n’y avait peut-ĂȘtre pas de rivalitĂ© entre les deux. Je ne sais pas s’ils se sont parlĂ©s ou rencontrĂ©s.

 

AprĂšs Aretha Franklin, j’ai Ă©coutĂ© le dernier album d’Aya Nakamura. Aujourd’hui, Aya Nakamura est une vedette internationale. On a pu voir des images du footballeur brĂ©silien, Neymar, superstar du Foot, et de l’équipe du PSG, danser sur son titre Djadja. Youtube n’existait pas Ă  l’époque d’Aretha Franklin et de Jimi Hendrix.

 

 

 

J’aime la musique d’Aya Nakamura. Et ce n’est pas la premiĂšre fois que je la cite. Mais en dĂ©couvrant son album (achetĂ©  hier Ă  la Fnac St Lazare demeurĂ©e ouverte, en pleine pandĂ©mie du Covid, alors que la mĂ©diathĂšque de ma ville, pour les mĂȘmes raisons, a Ă©tĂ© obligĂ©e de fermer son accĂšs au public depuis samedi dernier), j’ai bien Ă©tĂ© obligĂ© de constater que, comme me l’avait fait remarquer un des employĂ©s de la mĂȘme Fnac il y a environ deux ans, les paroles des chansons d’Aya Nakamura sont loin d’ĂȘtre
. des.prophĂ©ties.  Les gros mots ne me dĂ©rangent pas. C’est surtout le projet des textes :

 

«  Je t’ai aimĂ©. Tu m’as dĂ©sirĂ©. Tu m’as menti. Tu m’as trahi. Tu m’as pris pour une conne. Tu parles sur moi. Tiens, prends, ça dans ta figure. Et encore, ça. Je suis libre, j’ai de la fibre, je t’emmerde. Et je peux vivre sans toi. En plus, j’ai beaucoup de succĂšs. Et, toi, tu n’as rien. Qui te connaĂźt ?!  Tchip !».

 

ça fait trois albums que ça dure, et ça peut encore continuer comme ça longtemps puisque ses chansons ont du succĂšs. Je ne discute pas les atouts de sa musique. En Ă©coutant ses paroles, je comprends qu’une certaine jeunesse, en grande partie fĂ©minine dans un monde encore rĂ©glĂ© par et pour les hommes, puisse s’identifier Ă  ses Ă©mois ainsi qu’Ă  ses « exploits » ( sexuels, affectifs, Ă©conomiques ou autres).

Et puis, la musique d’Aya Nakamura donne particuliĂšrement envie de danser, toutes gĂ©nĂ©rations confondues. Ce qui est important pour toute personne qui aime danser ou qui est plutĂŽt Ă  l’aise pour le faire. Ce que peut avoir beaucoup de mal Ă  comprendre toutes celles et ceux, pour qui, le simple fait de taper nerveusement du pied suffit pour danser. Mais aussi celles et ceux qui voudraient dĂ©cortiquer du Shakespeare ou, pourquoi pas, du CĂ©saire, en toute circonstance.

La musique d’Aya Nakamura emballe tout le corps Ses titres, limitĂ©s Ă  3 ou 4 minutes, semblent Ă©tudiĂ©s pour ça. Ses phrases sont trĂšs simples Ă  retenir. Et, j’imagine trĂšs facilement un public conquis rĂ©pĂ©ter ses paroles en choeur en plein concert avec une trĂšs grande spontanĂ©itĂ© libĂ©ratrice. Et, aussi, frondeuse. 

 

Je constate bien, depuis que j’ai commencĂ© Ă  Ă©couter son album hier que deux ou trois titres me pendent Ă  l’oreille, tels Doudou ou Mon chĂ©ri, au moins. Si bien que je dois faire un effort pour remettre l’album d’Aretha Franklin afin de bien choisir le titre que je compte vous prĂ©senter. Alors que, spontanĂ©ment, j’ai surtout envie de remettre le Cd d’Aya Nakamura. Alors que je « sais Â» comme l’album live d’Aretha Franklin est plus que bon. Et qu’Aya Nakamura n’approchera sans doute jamais de sa voix les contrĂ©es et les inspirations qu’Aretha est allĂ©e chercher et a fait descendre sur terre pour qu’on puisse les entendre. Mais aussi, que mĂȘme en matiĂšre de « vice »,  Soeur Aretha Ă©tait encore bien plus indocile que petite soeur Aya. Amen.

 

Travailler, travailler, travailler :

 

Je ne doute pas non plus qu’Aya Nakamura soit une travailleuse dans sa veine artistique et musicale. Ainsi que celles et ceux qui l’entourent et la conseillent plutît bien.

 

 

 

Dans le dernier numĂ©ro du magazine Self &Dragon, il est demandĂ© au comĂ©dien Bruno Putzulu, un comĂ©dien dont j’aime beaucoup le travail et que j’avais aimĂ© voir au cinĂ©ma dans le film L’AppĂąt, film qui m’avait marquĂ© Ă  sa sortie au dĂ©but des annĂ©es 90, de feu Bertrand Tavernier- rĂ©alisateur dĂ©cĂ©dĂ© rĂ©cemment – les conseils qu’il pourrait donner Ă  quelqu’un voulant se lancer dans le mĂ©tier de comĂ©dien.

 

 

Pour pouvoir espĂ©rer rĂ©ussir dans le mĂ©tier de comĂ©dien, Putzulu commence par rĂ©pondre qu’il conseillerait Ă  un (e) apprenti( e ) comĂ©dien (ne) de :

« Travailler, travailler, travailler Â».

Putzulu connaĂźt Ă©videmment son sujet. Mais je vais pourtant le contredire. D’abord, en tant que comĂ©dien, mĂȘme s’il vit de son mĂ©tier, il fait partie de ces trĂšs bons comĂ©diens, qui sont Ă  mon avis sous-employĂ©s. Des comĂ©diens auxquels on ne propose pas des « grands rĂŽles Â» leur permettant d’étaler vĂ©ritablement ce qu’ils savent faire. Parce-que l’on ne pense pas Ă  eux. Parce-que l’on ne les choisit pas. Et, cela n’a rien Ă  voir avec leur capacitĂ© de travail.

 

Et que l’on ne me parle pas de la « grĂące Â». Parce-que, personne ne trouve Samuel Jackson ou Joey Starr ou Jean-Pascal Zadi Tout simplement Noir), ni mĂȘme Omar Sy Yao, Police-un film d’Anne Fontaine ) gracieux. Pourtant, personne, aujourd’hui, ne contestera leur « particularitĂ© Â», leur « originalitĂ© Â», leur « style Â», leur « personnalitĂ© Â» ou leur « talent Â». Parce-que, entre leurs dĂ©buts, et maintenant, ils ont chacun, de diffĂ©rentes façons, rencontrĂ© le succĂšs. Et se sont rendus « dĂ©sirables ». 

 

Et, le succĂšs, tout comme le dĂ©sir, lorsque tu Ă©volues dans un domaine artistique et public, ça se respecte voire ça se gĂšre ou ça se craint. Car cela reprĂ©sente un jackpot Ă©conomique potentiel si tu fais partie du « deal » ou de l’entourage immĂ©diat du poulain ou de la pouliche qui est trĂšs en vue ou qui peut remporter d’autres grands prix. 

 

Que tu t’appelles Aya Nakamura, Aretha Franklin ou Jean-Pascal Zadi. Peu importe le message que tu passes ou que tu essaies de faire passer. Peu importe que, dans le cas d’une Aretha Franklin, Martin Luther King soit venu dormir chez ton pĂšre, lors de certains meeting, ou que tu aies fait des concerts, gratuitement, en soutien pour le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis dans les annĂ©es 60. Ou que, comme Aya Nakamura, tu parles de ruptures sentimentales, et de mecs qui n’assurent pas.

 

Le succĂšs, ça se respecte, et, il n’y a pas de rĂšgle Ă©tablie pour y parvenir. On peut se dĂ©foncer toute sa vie pour rĂ©ussir. Y compris avec son derriĂšre. Et Ă©chouer. C’est ça, le secret que tout le monde connaĂźt. Et pour enterrer un peu plus l’idĂ©e selon laquelle, la grĂące permettrait de diffĂ©rencier une personne qui en a d’une autre qui en serait dĂ©pourvue, on va se rappeler que, pour certaines et certains, la grĂące est tout de mĂȘme bien mise sur orbite, ou « aidĂ©e », par l’entourage stratĂ©gique que l’on connaĂźt, et le moment, aussi, oĂč l’on apparaĂźt en public. Ensuite, c’est Ă  nous de jouer. Soit on fait tout de travers. Soit on « fait le travail » pour lequel on a Ă©tĂ© prĂ©parĂ©. 

 

Cependant, pour rĂ©ussir, il faut bien, Ă  un moment ou Ă  un autre, rencontrer, dĂ©cider ou dĂ©rider quelqu’un qui jettera sur notre trajet un peu de cette de poudre magique qui nous permettra de rĂ©ussir. Et, rĂ©ussir, qu’on le veuille ou non, cela signifiera toujours rĂ©ussir Ă©conomiquement. 

Ce que n’ont toujours pas compris quantitĂ©s d’idĂ©alistes et d’abrutis- dont je fais partie- qui se condamnent d’eux-mĂȘmes. C’est parce-que je me suis condamnĂ© Ă  faire partie des invisibles et des ratĂ©s du box-office Ă©conomique que je fais partie des abrutis.  

 

 

Si des professions comme les professions soignantes sont maltraitĂ©es de maniĂšre rĂ©pĂ©tĂ©e, c’est aussi, parce-que, Ă  moins d’ĂȘtre une personnalitĂ© trĂšs mĂ©diatisĂ©e ( ça existe parmi quelques soignants gĂ©nĂ©ralement mĂ©decins ou psychologues), la majoritĂ© des soignants sont des anonymes, donc, Ă©loignĂ©s du « succĂšs » public mais, surtout, Ă©conomique. Lorsque l’on contribue Ă  sauver une vie, par exemple, cela ne fait pas des millions d’entrĂ©es au box-office. Cela ne fait pas vendre de la pub, du pop corn ou du coca-cola. Il n’existe pas de festival de Cannes du soin qui serait convoitĂ© et visitĂ© par des millions de spectateurs, avec limousine, grandes cĂ©lĂ©britĂ©s et retransmission mĂ©diatisĂ©e dans le monde entier de l’Ă©vĂ©nement. Alors, au mieux, on « admire » les soignants ou on les applaudit. Et, tout ordinairement, on peut les nĂ©gliger. On peut aussi les plaindre car cela ne coĂ»te pas grand chose non plus. Pourtant, les soignants, comme bien d’autres gens, des artistes inconnus, ou d’autres personnes exerçant dans d’autres professions, sont des travailleurs. Mais pas de petite poudre magique pour eux afin d’amĂ©liorer leur statut ou leurs conditions de travail. Pour eux, et pour tant d’autres- les invisibles et les ratĂ©s du box-office de la rĂ©ussite Ă©conomique- la vie sera dure. Les conditions de travail. Le salaire. L’Ă©pargne ou la retraite. La santĂ©. Tout sera susceptible d’ĂȘtre dur ou de le devenir pour eux, s’ils n’apprennent pas Ă  encaisser et Ă  esquiver.

A un moment donnĂ©, soit, on sait encaisser. Soit, on se fait lessiver. 

Enfin, si les polars connaissent autant de succĂšs, c’est aussi parce qu’ils racontent souvent l’histoire de grĂąces et d’innocences qui ont Ă©tĂ© saccagĂ©es. Et nous connaissons, intimement, ce genre de vĂ©ritĂ©s. Donc, travailler, travailler, travailler, ne suffit pas.

 

C’est Ă©tonnant comme le simple fait de reprendre les footing peut  vous dĂ©vergonder. J’étais plus Ă©teint que ça en partant courir ce matin.

La « petite » Aya Nakamura, elle, avait compris tout ça bien plus tĂŽt que moi, et sans avoir besoin de faire des footing. C’est pour ça qu’elle a rĂ©ussi et, qu’aujourd’hui, elle peut nous faire danser.

 

 

 

La librairie Presse Papier :

Il y a quelques jours, un collĂšgue habitant aussi dans ma ville, a un moment fait allusion Ă  la mort d’Alisha ( Marche jusqu’au viaduc). Mais c’était pour lui un Ă©vĂ©nement comme un autre. Il a vite occupĂ© ses pensĂ©es Ă  tenir sa tasse de cafĂ© ou Ă  d’autres sujets. ( Quelques jours plus tard, sans que cela ait Ă©videmment de rapport avec le dĂ©cĂšs de la jeune Alisha,  j’apprenais que ce collĂšgue avait attrapĂ© le Covid)

Ce matin, en allant acheter le journal dans la librairie du centre-ville, j’ai pris le temps de discuter avec le gĂ©rant et un habituĂ©. Les deux hommes se connaissent bien visiblement. Le premier habite Argenteuil depuis quarante ans. Le second, enseignant Ă  la retraite, est nĂ© Ă  Argenteuil. Militant, je l’ai dĂ©jĂ  vu distribuer des tracts Ă  la sortie de l’école. Il m’a appris ce matin ĂȘtre Ă  l’origine de la crĂ©ation du salon du livre d’Argenteuil. Mais aussi de l’association Lire sous les couvertures.

 

Mais il m’a appris davantage : la voie expresse qui, aujourd’hui, coupe les Argenteuillais des berges de la Seine n’existait pas avant
.1970. Grosso modo, lorsque Jimi Hendrix a fait son concert fin 1969 et dĂ©but 1970 ( le concert d’Aretha Franklin date de 1971), il existait une promenade le long de la Seine. On organisait mĂȘme des cross sur cette promenade qui aurait existĂ© de 1820 Ă  1970.

 

Sur le chemin de halage, vers Argenteuil, ce mercredi 7 avril 2021. Sur la fin de mon footing, de retour d’Epinay Sur Seine. C’est sous ce viaduc que le 8 mars, Alisha….

 

 

Tout Ă  son rĂ©cit, D m’a parlĂ© du chemin de halage du cĂŽtĂ© du viaduc. Marcheur, D s’est enthousiasmĂ© pour le travail « extraordinaire Â» qui avait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© sur ce chemin de halage pour le rendre agrĂ©able. Il m’a confirmĂ© briĂšvement. Oui, c’était bien lĂ , sous le viaduc qu’il y avait eu le fait divers
.puis, il a poursuivi son argumentaire concernant la façon dont l’amĂ©nagement de la ville Ă©tait mal gĂ©rĂ©. D m’a appris qu’il avait un blog, trĂšs bien fait, alimentĂ© rĂ©guliĂšrement, dans lequel il parlait d’Argenteuil. Il m’a invitĂ© Ă  le lire. Je lui ai aussi parlĂ© du mien mais cela n’a pas paru lui parler plus que ça. Je ne sais pas si D prĂ©fĂšre Ă©couter Aya Nakamura ou lire son blog. Je ne sais pas non plus si elle en a un. Par contre, en quittant la librairie, je savais que j’allais retourner au viaduc. J’ai un moment pensĂ© Ă  faire le parcours Ă  vĂ©lo afin de bien profiter de la Seine sans trop me fatiguer. Puis, je me suis rapidement dit que ce serait une bonne occasion de reprendre le footing. Afin de voir oĂč j’en Ă©tais.

 

Le chemin de halage :

Je m’étais mis en tĂȘte de courir trente minutes pour une reprise. Sans aucune idĂ©e du temps qu’il me faudrait pour arriver au viaduc.

 

Les dix premiĂšres minutes ont Ă©tĂ© un peu inconfortables. Car mon corps n’était plus habituĂ© au footing. Mais, trĂšs vite, j’ai perçu que mon cƓur, lui, Ă©tait au rendez-vous. Peut-ĂȘtre les effets de mes trajets Ă  vĂ©lo depuis bientĂŽt deux mois depuis la gare St-Lazare pour aller Ă  la travail. A chaque fois, Ă  l’aller comme au retour, trente minutes de vĂ©lo.

 

 

Il m’a fallu douze minutes, Ă  allure douce, pour arriver au viaduc. J’avais le soleil de face. J’ai continuĂ© sur le chemin de halage jusqu’à arriver Ă  Epinay sur Seine, ville de tournage de cinĂ©ma. Mais ville, aussi, oĂč se trouve une clinique psychiatrique oĂč il a pu m’arriver de faire des vacations. Je pouvais alors m’y rendre en environ vingt minutes en voiture. LĂ , j’avais mis Ă  peu prĂšs trente trois minutes en footing. A vĂ©lo, j’en aurais sĂ»rement pour 20 minutes, peut-ĂȘtre quinze, par le chemin de halage. Le centre Aqua92 de Villeneuve-la-Garenne, oĂč les trois fosses et le bassin de 2,20 de profondeur, permettent de pratiquer apnĂ©e et plongĂ©e n’était pas si loin que ça. MĂȘme s’il devait rester quinze Ă  vingt minutes de footing pour y arriver.

 

Je me suis arrĂȘtĂ© pour marcher. Prendre le temps de souffler. Quelques photos. AprĂšs dix minutes, je suis reparti en sens inverse. A l’aller comme au retour, les gens que j’ai croisĂ©s, promeneurs, coureurs, Ă©taient enclins Ă  dire bonjour. L’absorption des relations sociales par le confinement et la pandĂ©mie favorisaient peut-ĂȘtre ces Ă©changes simples.

 

 

Je prenais des photos de ce « bateau-Ă©cole » lorsque G…, me voyant faire, a ouvert la porte pour me renseigner. Elle m’a donnĂ© quelques explications, m’a remis une brochure avec les tarifs. Puis, je suis reparti.

 

Je commençais Ă  en avoir plein les cuisses. L’acide lactique. Ça m’a Ă©tonnĂ© parce-que je ne courais pas particuliĂšrement vite. Cela devait venir du manque d’entraĂźnement, sans doute.

 

A l’approche du viaduc, j’ai ralenti. Encore quelques photos. J’étais prĂšs du mur des fleurs Ă  la mĂ©moire d’Alisha, lorsque la sirĂšne du premier mercredi du mois a retenti. Je ne pouvais pas filmer meilleure minute de silence qu’avec cette sirĂšne.

 

 

 

Devant tout ce bleu, tout ce soleil, je me suis dit que la mort d’Alisha, d’une certaine maniĂšre Ă©tait un sacrifice. Et, qu’est-ce qu’un sacrifice, si ce n’est une mort- ou un soleil- qui permet Ă  d’autres de vivre ou qui leur indique le chemin qu’ils doivent suivre pour continuer de vivre ?

 

Photo ce mercredi 7 avril 2021, depuis l’endroit oĂč le 8 mars, Alisha a Ă©tĂ© poussĂ©e dans la Seine aprĂšs avoir Ă©tĂ© tabassĂ©e.

 

 

AprĂšs la minute de silence, j’ai fait le tour du viaduc dans le sens inverse de la derniĂšre fois sans m’attarder. En faisant ça instinctivement, j’ai eu la soudaine impression de dĂ©faire le cercle de la mort.

 

MĂȘme endroit que la photo prĂ©cĂ©dente, ce mercredi 7 avril 2021. En regardant dans la direction d’Epinay-sur-Seine.

 

Evidemment, je n’irai pas expliquer ça aux parents d’Alisha, ni à ses proches ou à celles et ceux qui l’ont connue de prùs. Et, je ne crois pas que j’aimerais que quelqu’un vienne me tenir ce genre de propos si je perdais une personne chùre.

 

Ce mercredi 7 avril 2021, en rentrant sur Argenteuil vers la fin de mon footing.

 

 

Pourtant, sans cette mort le 8 mars, je ne serais pas venu jusqu’à ce viaduc. Je n’aurais peut-ĂȘtre jamais pris ce chemin de halage alors que cela fait dĂ©jĂ  14 ans que je vis Ă  Argenteuil.

Ce chemin de halage, je l’avais supposĂ© depuis Epinay Sur Seine oĂč je m’étais rendu en voiture ou Ă  vĂ©lo. Mais sans savoir qu’il pouvait aller jusqu’à Argenteuil.

Et, j’avais dĂ©jĂ  entendu un Argenteuillais, adepte du footing, en parler, il y a trois ou quatre annĂ©es, mais cela Ă©tait restĂ© trĂšs abstrait pour moi. Je n’imaginais pas un tel chemin, aussi Ă©tendu, aussi large, aussi agrĂ©able. Et, Ă  travers tout le bleu de ce mercredi 7 avril,  je comprends qu’Alisha, le 8 mars, ait pu trĂšs facilement accepter de suivre celle qui a servi d’appĂąt, comme le titre du film de Bertrand Tavernier qui avait Ă©tĂ© inspirĂ© d’un fait divers. 

Lorsque je suis venu ici pour la premiĂšre fois ( Marche jusqu’au viaduc ),  il faisait plus sombre. Et je m’Ă©tais dit qu’Alisha avait vraiment dĂ» se sentir en confiance pour venir dans un endroit pareil. Mais le 8 mars, il faisait peut-ĂȘtre beau.

 

Lorsque l’on compare les photos que j’ai faites de cet endroit la premiĂšre fois que j’y suis venu, le 16 mars, avec celles de ce mercredi 7 avril, on remarque que la lumiĂšre et l’atmosphĂšre sont trĂšs opposĂ©es. Ce mercredi 7 avril, la lumiĂšre est trĂšs belle. J’ai postĂ© une des photos de ce jour, prise depuis le chemin de halage ( celle qui ouvre cet article) sur ma page Facebook, et elle a plu Ă  plusieurs personnes. Elle me plait aussi. Tout ce bleu. Ce soleil. 

Comme ces photos prises deux jours diffĂ©rents, malgrĂ© tout le bĂ©ton dont l’ĂȘtre humain s’entoure, notre nature se lĂ©zarde et mue. Ces mues ne sautent pas aux yeux Ă  premiĂšre vue. Elles sont d’abord invisibles, souterraines, imperceptibles, lĂ©gitimes ou illĂ©gitimes. Mais elles surviendront, pour le pire ou le meilleur, si elles trouvent un moyen ou un chemin pour s’affirmer et s’affranchir de nos secrets.  De nos codes. De nos limites.

Ces mues, nos changements, de comportement, tenteront de s’adapter et de s’habituer au grand jour et au monde. Ils seront parfois aussi violents qu’Ă©phĂ©mĂšres. On peut d’abord penser Ă  des crimes ou Ă  des actes monstrueux. Mais on peut aussi penser Ă  certaines carriĂšres fulgurantes :

Jimi Hendrix est mort ultra-cĂ©lĂšbre Ă  27 ans alors qu’il ne pratiquait la guitare que depuis une douzaine d’annĂ©es…… on nous parle encore d’Amy Winehouse, de Janis Joplin, de tel acteur ou tel actrice « parti(e) trop vite… » . On peut aussi penser Ă  des aventuriers de l’extrĂȘme morts trop jeunes tels que l’apnĂ©iste LoĂŻc Leferme . Ou mĂȘme Ă  l’apnĂ©iste… Audrey Mestre.

 

En m’éloignant du viaduc, un homme noir d’une soixante d’annĂ©es semblant venir de nulle part, partait comme moi. Il marchait et avait du mal Ă  remonter la pente. Il avait baissĂ© son masque anti-covid sĂ»rement pour mieux reprendre son souffle. Je l’ai dĂ©passĂ© en reprenant mon trot. Ce faisant, je l’ai saluĂ©. Il m’a rĂ©pondu, un peu Ă©tonnĂ©. Puis, je l’ai distancĂ©. Je serai peut-ĂȘtre ce vieil homme, un jour.

 

Lorsque j’ai retrouvĂ© la route d’Epinay, en allant vers Argenteuil, un bus 361 m’a dĂ©passĂ©. Puis, j’en ai un croisĂ© un autre un peu plus loin. A l’aller, aussi, j’avais croisĂ© un 361. Cet itinĂ©raire est vraiment bien desservi par le bus.

 

En rentrant chez moi, je suis repassĂ© devant le hammam. Il avait l’air ouvert. Je me suis dit que j’y retournerais. Et que cela me permettrait, aussi, de profiter de leur trĂšs bon thĂ© Ă  la menthe.

 

Franck Unimon, ce mercredi 7 avril 2021.( complété et finalisé ce mardi 13 avril 2021).

 

 

 

 

 

 

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Vélo taffe : Jimi Hendrix contre le Covid

 

            VĂ©lo Taffe : Jimi Hendrix contre le Covid

 

Il faisait entre 3 et 6 degrĂ©s ce matin, lorsque j’ai quittĂ© le travail sur mon vĂ©lo.

 

Depuis quelques jours, les tempĂ©ratures se sont refroidies. Alors que jeudi aprĂšs-midi, on aurait presque pu croire Ă  une journĂ©e d’étĂ©.

 

L’écart entre les tempĂ©ratures du matin et celles de l’aprĂšs-midi « mouche Â» dĂ©sormais rĂ©guliĂšrement les dix degrĂ©s ou davantage. Cependant, comme l’annĂ©e derniĂšre, Ă  la mĂȘme Ă©poque, la luminositĂ© extĂ©rieure est vaste et belle lorsqu’elle nous interpelle.

 

C’est peut-ĂȘtre la luminositĂ© intĂ©rieure qui se fait parfois repasser selon ce que l’on vit.

 

Mon moral se maintient malgrĂ© l’avancement d’une semaine, ce vendredi, des vacances scolaires de PĂąques. Pour cause de pandĂ©mie sanitaire due au Covid, vedette presque planĂ©taire : on en parle moins en Afrique, par exemple oĂč l’on connaĂźt d’autres brides.

 

L’annĂ©e derniĂšre, Ă  la mĂȘme Ă©poque, comme beaucoup en France, je croyais la pandĂ©mie du Covid passagĂšre. Aujourd’hui, la sĂ©rie des variants du Covid, les seconds couteaux de la pandĂ©mie, se multiplie et se rallonge. Afin d’essayer de contrer un certain nombre de rĂąteaux, la course Ă  la vaccination, comme aux tests de dĂ©pistage, s’intensifie. En une semaine, j’ai dĂ» me faire trifouiller les narines deux fois pour un  test antigĂ©nique :

 

Deux de mes collĂšgues, Ă  une semaine d’intervalle, ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©s positifs. L’un, sans Ă©quivoque. L’autre, avait une « trace Â».  Avant ça, Ă  part une sĂ©rologie sanguine de dĂ©pistage effectuĂ©e dans mon prĂ©cĂ©dent service il y a plus de six mois, je n’avais pas eu Ă  faire d’examen. Alors que lĂ , en une semaine, je me suis retrouvĂ© deux fois « cas contact Â».  Pareil pour les « variants Â». Encore des termes qui vont devenir de plus en plus populaires et entrer dans les consciences. Alors que nous Ă©tions une majoritĂ© Ă  les ignorer il y a encore un an et demi. Il y a un an et demi, malgrĂ© nos contraintes, nos peurs et nos insatisfactions, nous vivions davantage pour le plaisir. Aujourd’hui, le Devoir nous dicte davantage comment nous sommes supposĂ©s vivre et nous comporter.

 

Il y a plus de vingt ans, en Guadeloupe, un de mes oncles paternels avec lequel je discutais, m’avait affirmĂ© : « Il n’y a pas de plaisir dans la vie, Franck ! Â». A l’époque, j’avais rigolĂ©.

 

Je relate ça pour la mĂ©moire. Parce-que lorsque la pandĂ©mie du Covid sera passĂ©e – et ça passera mĂȘme si Ă  mon avis ça durera au delĂ  de cet Ă©tĂ© -on oubliera.

 

On oubliera parce-que notre mĂ©moire se fera loger par d’autres Ă©vĂ©nements moins drĂŽles que le Covid. Oui, c’est possible.

 

Mon moral se maintient.

 

MĂȘme si je suis restĂ© en rĂ©gion parisienne contrairement Ă  d’autres qui ont filĂ© sur la route, ou par train, dĂšs qu’ils ont pu, aprĂšs l’annonce du reconfinement et l’avance des vacances de PĂąques. A ne pas confondre avec l’avance sur recettes.

 

On ne parle plus aujourd’hui d’applaudir les soignants, depuis son balcon, Ă  vingt heures. Pourtant, pour les soignants touchĂ©s par le Covid ou confrontĂ©s directement Ă  des conditions de travail rendues particuliĂšrement difficiles par la pandĂ©mie, la situation est identique voire pire que celle de l’annĂ©e derniĂšre. Pour sincĂšres qu’aient pu ĂȘtre ces applaudissements, et je crois qu’un certain nombre des applaudissements de l’annĂ©e derniĂšre Ă©taient sincĂšres, leur abandon et leur oubli reflĂštent Ă  mon avis Ă  la fois un dĂ©couragement gĂ©nĂ©ral, un certain Ă©puisement aussi, mais aussi le traitement qui a souvent Ă©tĂ© celui des soignants. Et de toute personne dont le mĂ©tier consiste Ă  traverser des pics de souffrance et de violence avec leur blouse, leurs compĂ©tences techniques, mais aussi leurs engagements physiques, mentaux, Ă©motionnels et culturels :

 

On leur assure une admiration ainsi qu’une certaine distance prudente et sĂ©curisĂ©e. En attendant- en exigeant- d’eux qu’ils fassent le boulot pour lequel ils ont Ă©tĂ© embauchĂ©s. Sans toujours vraiment regarder ce que cela peut leur coĂ»ter car on a d’autres choses Ă  faire. Et puis, ils l’ont bien cherchĂ© (les soignants) Ă  choisir ce mĂ©tier. Donc, qu’ils ne se plaignent pas ! C’est dĂ©jĂ  bien qu’ils aient un travail et qu’on les paie Ă  peu prĂšs correctement et plus que d’autres. Peu importe que la profession de soignant puisse imposer des contraintes qui feraient fuir ou vomir un certain nombre de ces « autres Â» ( pipi, caca, la vue du sang, les crachats, les plaies, la maladie, la mort, les insultes, les menaces de mort, les horaires de travail, les diverses hiĂ©rarchies omniscientes et incendiaires. Ah, la jolie carriĂšre- politique ?- de Martin Hirsch/ Ah, la parfaite dĂ©monstration de dĂ©ontologie, de justice et de dĂ©mocratie que le jugement des labos Servier pour « l’affaire » du Mediator etc
.).

 

 

Mon moral se maintient parce-que j’ai dĂ©jĂ  « connu Â» ça l’annĂ©e derniĂšre. Pour ce qui est de la pandĂ©mie. MĂȘme si, j’avais connu un peu, aussi, celle du Sida, Ă  la fin des annĂ©es 80. J’avais 18 ans en 1986.

 

 

Mon moral se maintient vis-Ă -vis de la pandĂ©mie du Covid mĂȘme si cette fois-ci, plus de personnes, et plus jeunes, se font manifestement contaminer par « Lui Â» ou par « Elle Â». Et on ne parle pas des magazines  Lui et Elle,  ici, mĂȘme si, bien-sĂ»r, je l’aurais prĂ©fĂ©rĂ©.

 

 

Mon moral se maintient parce-que je sors pour le travail. Le seul tĂ©lĂ©travail qui me convienne a priori, c’est celui que j’effectue actuellement alors que j’écris, Ă  des heures qui me conviennent, selon mes possibilitĂ©s, mes envies et mes besoins.

 

J’ai aussi le moral parce-que j’ai des masques. Parce-que j’ai un vĂ©lo et je fais quelques  photos qui me permettent de voir la vie et les rues « autrement Â». De ruser avec une certaine fatalitĂ©. Parce-que j’ai une vie affective chez moi, aussi. Parce-que j’ai des amis. Une famille. Parce-que j’écris. Parce-que je lis. Oui, je me rĂ©pĂšte parce-que rĂ©pĂ©ter ce qui nous fait du bien en renforce les effets.

Parce-que j’écoute des podcast. Parce-que mon travail me plait comme me plait l’alternance de jour comme de nuit.

 

Parce-que j’écoute de la musique. Beaucoup Jimi Hendrix, depuis quelques jours. Je le redĂ©couvre. C’est plus stimulant de l’écouter que d’écouter du Jacques Brel que j’aime entendre mais que je dĂ©laisse pour le moment. C’est Ă©tonnant.

 

J’ai commencĂ© Ă  réécouter Jimi Hendrix d’abord par le coffret de Cds Songs for Groovy Children empruntĂ© il y a plus d’un mois Ă  la mĂ©diathĂšque de ma ville.  Oui, la culture, l’accĂšs Ă  la culture, les discussions avec les bibliothĂ©caires, font aussi du bien, mĂȘme derriĂšre un masque. Mais, depuis hier soir, la mĂ©diathĂšque de ma ville, est de nouveau fermĂ©e au public. On peut rĂ©server sur le site de la mĂ©diathĂšque et venir chercher sur place, Ă  certains horaires, les documents que l’on aura prĂ©alablement rĂ©servĂ©s. Pour cela, il faut une connexion Ă  internet et, bien-sĂ»r, savoir se servir d’internet.

 

Jimi Hendrix, c’est de la musique de « vieux Â». Je me le dis bien en l’écoutant. Car je « devrais Â» plutĂŽt parler d’Eddy de Pretto, de Lous and The Yakuzas, deux artistes français parmi bien d’autres qui « marchent Â» bien en France, de plus en plus, et que je n’ai pas encore pris le temps de vraiment Ă©couter. Comme je n’ai toujours pas pris le temps de m’initier Ă  beaucoup de jeux vidĂ©os, au rĂ©tro gaming. Alors que je suis « rĂ©tro Â».  DatĂ©. DĂ©passĂ©.

 

Mais je veux bien ĂȘtre rĂ©tro s’il faut dire ça pour continuer d’écouter Jimi Hendrix et d’autres. Cela ne m’empĂȘchera pas ensuite d’aller fouiller dans la musique des « jeunes Â».

 

Jimi Hendrix, c’est de la musique de vieux, donc, mais qu’est-ce que j’aimerais ĂȘtre vieux comme sa musique pendant encore plusieurs annĂ©es !

 

On pensera peut-ĂȘtre au titre Voodo Chile de Jimi Hendrix contre le Covid. Mais ce n’est pas Ă  lui que je pense en premier. MĂȘme si je peux comprendre que l’on titube en Ă©coutant ce tube.

 

Je vous invite par exemple Ă  Ă©couter  les titres  » Machine Gun »  et  » Foxey Lady », dans leur intĂ©gralitĂ© et leurs diverses dĂ©clinaisons, dans le coffret  » Songs for Groovy Children ». C’Ă©tait il y a 51 ans. Assez peu de grands artistes « d’aujourd’hui », pourtant, la ramĂšneraient devant Jimi Hendrix. 

 

Voici quelques photos prises ce matin en rentrant du travail. Je me suis dit ce matin que j’avais vraiment bien fait de m’acheter ce vĂ©lo pliant il y a bientĂŽt deux mois. MĂȘme si je continue de lorgner sur les vĂ©los Brompton. Cette marque- ou quelqu’un qui connaĂźt un de ses dĂ©cideurs- devrait penser Ă  me sponsoriser vu le nombre de fois, dĂ©jĂ , oĂč je la cite. Un peu tel l’amateur qui repĂšre une belle mĂ©canique qui sort de l’ordinaire mais qu’il ne peut s’offrir. Je devrais peut-ĂȘtre dĂ©marcher un de ses reprĂ©sentants. En leur disant que je veux bien rouler pour les solos de Jimi et pour  un de leurs vĂ©los.

 

Franck Unimon, ce dimanche 4 avril 2021, dimanche de PĂąques.  

 

 

Du cÎté de St-Germain des Prés.

 

 

 

 

 

 

Place Vendome.

 

 

 

 

Vers l’OpĂ©ra Garnier.

 

 

Sur la gauche, Galeries Lafayette ou Grand magasin Printemps ? En haut Ă  gauche, l’actrice d’un « seul » rĂŽle, Sharon Stone ( « Basic Instinct ») « encadre » un article  » DĂ©radicalisation. EnquĂȘte sur un fiasco » avec l’artiste Lous and The Yakuza qui pose en modĂšle pour une marque de vĂȘtement ou de chaussures, orientĂ©e sport.

 

 

Salle de cinĂ©ma fermĂ©e, comme toutes les autres accessibles au public, depuis des mois. Bar d’images fermĂ© prĂšs de la gare St Lazare plus que dĂ©sertĂ© pour raisons sanitaires liĂ©es au Covid.

 

 

 

 

Contrairement Ă  la salle de cinĂ©ma prĂ©cĂ©dente ou Ă  la salle de concerts de l’Olympia, l’enseigne Fnac Ă©tait encore ouverte il y a quelques jours.

 

 

 

 

Vue depuis une des sorties de la gare St Lazare, Paris.

 

 

Dans la gare St-Lazare.

 

 

 

 

 » Hear my Train A Comin’  » : ).

 

 

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VĂ©lo taffes : Photos de fĂ©vrier-mars 2021. 

 

 » Tu m’as abandonnĂ© ! Je suis devant la BNP… « . 

Une cousine africaine parlait au tĂ©lĂ©phone, de l’autre cĂŽtĂ© de la rue, il y a quelques heures, Ă  Argenteuil. Avant le couvre-feu. Elle portait un tailleur, des talons aiguilles, et malgrĂ© son masque anti-covid, personne, pas mĂȘme un reprĂ©sentant de la BNP, n’aurait pu hypothĂ©quer le bel arrangement de son apparence. 

Quelques mĂštres plus haut, j’ai croisĂ© une autre cousine. Alors qu’elle s’Ă©loignait, et distançait peu Ă  peu un cousin de l’Ăąge de son pĂšre, celui-ci a regardĂ© son postĂ©rieur. Il Ă©tait aussi large qu’un avenir limitrophe mais encore trop proche des frontiĂšres d’un pays qu’il ne pourrait jamais atteindre. Et, il le savait. 

 

Ces remarques n’ont rien Ă  voir avec la rubrique VĂ©lo Taffe puisque je revenais Ă  pied – et bredouille- du magasin Babou lorsque j’ai assistĂ© Ă  ces deux micro-scĂšnes de la vie courante. Mais je les trouve amusantes. Beaucoup plus que ce qui concerne les campagnes de vaccination et les vaccins anti-covid      ( Pfizer, Moderna, Astrazeneca, Sputnik V, Johnson&Johnson) ou la maniĂšre dont il aurait fallu ou dont il faudrait s’occuper de l’Ă©pidĂ©mie du Covid. Peut-ĂȘtre que de mĂȘme qu’il y a trois ou quatre opĂ©rateurs de tĂ©lĂ©phonie mobile qui se rĂ©partissent le marchĂ© des tĂ©lĂ©phones portables en France, qu’il y aura bientĂŽt trois ou quatre labos qui se rĂ©partiront le marchĂ© de notre santĂ© en France ou dans le monde. Mais nous sommes encore un petit peu loin de tout ça.

 

Il y a deux ou trois jours, maintenant, je suis tombĂ© devant chez moi sur un couple d’amis. Nous nous sommes reconnus malgrĂ© nos masques.

Ils dĂ©couvraient le magasin de produits exotiques africains qui a ouvert il y a bientĂŽt six mois maintenant. Ils Ă©taient lĂ  Ă  regarder la vitrine sans trop oser y entrer quand j’y repense maintenant. Ils m’ont demandĂ© si les articles alimentaires Ă©taient bons. Oui. Ce magasin marche plutĂŽt bien. Nous saluons rĂ©guliĂšrement la commerçante.

Je n’avais pas croisĂ© ces amis depuis un moment. Ils habitent Ă  une dizaine de minutes de chez nous.

En discutant avec eux, j’ai compris qu’ils n’Ă©taient plus sortis de chez eux depuis plusieurs semaines ou plusieurs mois. Lui, m’a dit :  » On respecte les consignes ». Ils m’ont expliquĂ© qu’ils pouvaient travailler depuis chez eux. Moi, j’avais un peu l’impression qu’ils sortaient de leur caisson de cryogĂ©nisation. MĂȘme s’ils Ă©taient parfaitement prĂ©sentables et que nous avons eu une conversation tout Ă  fait convenable, comme « auparavant ». Ils avaient toujours la mĂȘme syntaxe. Au moins en apparence.  Car j’ai compris avec eux qu’il existait des comportements radicalement opposĂ©s par rapport Ă  cet Ă©vĂ©nement qu’est le Covid. Ou la Covid. Y compris au sein des couples.

Le Covid nous met devant nos rapports personnels avec la mort. Il y a trĂšs peu de mise en scĂšne possible avec nos angoisses. Ce couple d’amis Ă©tait apparemment encore uni et raccord par rapport Ă  ce sujet. Lui, avait attrapĂ© des cheveux blancs depuis la derniĂšre fois que je l’avais rencontrĂ©. Cela n’a peut-ĂȘtre aucun rapport avec l’Ă©pidĂ©mie mais ça m’a fait un drĂŽle d’effet. 

Je ne leur ai pas dit que le matin, dans une pharmacie Ă  OdĂ©on, j’avais passĂ© mon premier test antigĂ©nique. Car un de mes collĂšgues Ă©tait prĂ©sumĂ© positif au Covid. Et que, comme mes autres collĂšgues, j’avais Ă©tĂ© considĂ©rĂ©  » cas contact ». J’ai eu le rĂ©sultat au bout de quinze minutes comme deux employĂ©s sympathiques des impĂŽts dont l’un des collĂšgues avait attrapĂ© le Covid :

Nous Ă©tions tous les trois nĂ©gatifs. 

Pour moi, le pire de l’angoisse, comme je l’ai rĂ©pĂ©tĂ© Ă  ce couple d’amis, mĂȘme si depuis les variants du Covid se multiplient et que de plus en plus d’enfants l’attrapent apparemment( six classes ont Ă©tĂ© fermĂ©es dans l’Ă©cole de ma fille aprĂšs qu’un enfant ou une personne ait Ă©tĂ© positive au Covid dans chacune de ces classes), ça a Ă©tĂ© au mois de mars de l’annĂ©e derniĂšre.  

Les premiĂšres semaines du premier confinement de l’annĂ©e derniĂšre avaient Ă©tĂ© les plus angoissantes. Je continuais comme aujourd’hui d’aller au travail. Et, au dĂ©part, il y avait une pĂ©nurie de masques. Jusqu’au dĂ©but du mois de Mai oĂč les masques avaient commencĂ© Ă  ĂȘtre « parachutĂ©s » dans les supermarchĂ©s et les pharmacies.

Puis, Ă  partir de mi-juillet de l’annĂ©e derniĂšre, en partant quelques jours en vacances, je m’Ă©tais un peu plus « sĂ©paré » de l’angoisse. MĂȘme si je continue de vivre masquĂ© lorsque je sors de chez moi. 

Mais lorsque je suis Ă  vĂ©lo pour partir au travail, je retire mon masque pour pĂ©daler. Pour Ă©crire aussi, sans doute. 

 

Quelques remarques complĂ©mentaires Ă  propos de l’expĂ©rience vĂ©lo pliant 

Pour ce deuxiĂšme article de la rubrique VĂ©lo Taffe aprĂšs ( VĂ©lo Taffe : une histoire de goudron), je joins des photos prises pendant mon trajet de travail lors de ces mois de fĂ©vrier-mars 2021.

Si ma lampe avant- fixĂ©e Ă  mon vĂ©lo lors de la vente- ne marche dĂ©ja plus sans doute du fait des piles, je continue mes parcours Ă  vĂ©lo pour aller au travail. Je viens de commander une lampe avant et une lampe arriĂšre de la marque Lezyne que je ne connaissais pas. Je me suis fiĂ© au site d’un magasin de vĂ©lo devant lequel je passe, boulevard Raspail, en allant au travail. Magasin, ou plutĂŽt chaine de magasins, que je ne connaissais pas non plus avant ces itinĂ©raires Ă  vĂ©lo : En selle Marcel

Sur la route, je croise diffĂ©rentes sortes de vĂ©los. Pliants, non pliants, course, non-course, vĂ©lib. Je me demande si, un jour, un type ou deux ou trois types de vĂ©los s’imposeront. En espĂ©rant que ce ne soit pas le VĂ©lib actuel. « Le » Brompton, dans les vĂ©los pliants, continue d’avoir une aura particuliĂšre Ă  mes yeux. Depuis mon premier article, j’ai appris en discutant un peu Ă  un feu rouge avec un « bromptonien » que si le vĂ©lo est trĂšs bien, ses accessoires coĂ»tent cher : 35 euros pour changer une plaquette de freins ? Mais ses piĂšces durent peut-ĂȘtre plus longtemps.

Le Brompton a aussi pour particularitĂ© d’avoir des roues de 16 pouces. Contre 20 pour mon vĂ©lo pliant (je m’Ă©tais trompĂ© en disant que c’Ă©tait des roues de 26 pouces). Concernant son prix, j’ai vu sur le site de En Selle Marcel qu’il est possible de payer son Brompton en quatre fois sans frais. Mais il faut quand mĂȘme pouvoir donner 300 Ă  400 euros quatre mois de suite. Une seule mensualitĂ© de 400 euros, pour un Brompton, Ă©quivaut presque au prix de mon vĂ©lo B’Twin. 

Je reste tout autant perplexe devant le nombre de tĂȘtes recouvertes par le casque de la marque Kask. Plus de cent cinquante euros, prĂšs de deux cents euros ou plus, le casque. On le leur aura peut-ĂȘtre offert. 

 

Je croise aussi assez frĂ©quemment des livreurs Deliveroo ou Uber Eats Ă  vĂ©lo. Je m’applique gĂ©nĂ©ralement Ă  les laisser passer. Leurs conditions de travail sont si difficiles. 

Pour mes premiers trajets « vĂ©lo taffe », je passais par le carrefour de l’OdĂ©on, un endroit trĂšs sensible pour la circulation. Que ce soit Ă  vĂ©lo ou Ă  pied. J’ai changĂ© de parcours et je m’en trouve mieux. MĂȘme si le Boulevard Raspail m’apparait encore un peu long Ă  monter. 

 

Les photos seront sĂ»rement un peu dans le dĂ©sordre. 

Franck Unimon, ce mercredi 31 mars 2021. 

 

 

Cette photo a Ă©tĂ© prise il y a plusieurs semaines, maintenant. Il s’agit du théùtre de l’OdĂ©on oĂč des banderoles sont toujours prĂ©sentes comme on le verra sur deux photos plus rĂ©centes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Théùtre de l’OdĂ©on, ce vendredi 26 mars 2021.