« Certains vélos sont faits pour rouler, le mien est fait pour pédaler« .
C’est ce que je me suis dit en revoyant un usager de cette marque de vélo que, cette fois, je laisserai dans l’anonymat. Chaque fois que je croise une personne sur ce genre de vélo, tout autant mécanique que le mien, je perçois en elle une aisance qui se refuse à moi. Pourtant, cela fait trois mois maintenant, à peu près, que j’ai troqué mes trajets de métro contre un vélo pliant. Et, je ne crois pas être si hors de forme que cela. Néanmoins, je m’apparente souvent à un rétro lorsque celle ou celui qui se déplace sur un de ces prototypes le fait avec une tranquillité indifférente. Le pire, peut-être, cela a été en « soulevant » le boulevard Raspail vers la place Denfert Rochereau :
Un homme assis sur cet objet qui m’intrigue filait sans forcer tout en conversant avec une dame pratiquant elle l’escalade au moyen d’un vélo grand format. Et, moi, qui faisais de temps à autre irruption sur leur tracé, j’étais non seulement presque comme une incongruité. Mais je voyais bien qu’après chaque arrêt, j’avais plus de mal qu’eux pour me relancer.
Je n’irai pas jusqu’à arracher les cheveux ou à crever les pneus d’une certaine catégorie de personnes. Car une certaine absence de testostérone résonne en moi pour ce genre de projet en pareilles circonstances. Mais j’ai eu le temps de gamberger. J’accepte facilement que des grandes roues ou des vélos profilés course me négligent ou me fusillent sur place. J’accepte même que des vélib’ lourdauds tractés par des mollets alcooliques me déversent des dizaines de mètres de distance dans la vue. Par contre, je me fais scrupuleux lorsque cette catégorie de vélo pliant me passe dessus ou devant. Car dans ses rayons, il y a comme un chant. Et celui-ci n’est pas bon pour mon entendement.
En attendant, je reste étonné de voir que, quelle que soit la marque, le style du vélo ou la pompe de celle ou celui qui l’emploie, c’est souvent la volonté de la course qui se retrouve. A part quelques touristes sans autre rendez-vous que l’instant. Assez peu, donc, posent le pied ou la cadence afin de faire le mur du temps et de prendre quelques photos.
Sur mon vélo de baltringue, dont la selle descend régulièrement et que je dois donc relever, je suis content de visiter quelques points de vue avant que ceux-ci n’aient disparu. A découvrir dans le diaporama qui suit. La musique a été choisie par ma fille.
Préparatifs pour le stage d’apnée à Quiberon de ce mois de Mai 2021
Choisir, c’est franchir :
En allant ce matin, jeudi de l’Ascension -mais aussi fin du Ramadan cette année pourles musulmans– à la gare St Lazare, à vélo, après une nuit de travail de douze heures, j’ignorais encore que j’écrirais cet article.
Sur le trajet, comme à mon habitude depuis bientôt trois mois maintenant, à l’aller comme au retour, j’ai pris des clichés. Comme chaque fois qu’un endroit, une lumière ou un événement me porte.
J’ai « publié » certaines de ces photos sur ma page Facebook ou sur ma page instagram. Mais, la plupart du temps, j’ai réservé le plus gros de ces photos prises lors de mes trajets pour mon blog, balistiqueduquotidien.com, dans la rubrique :
Vélo Taffe.
Je ne fume pas. J’ai juste un peu crapoté, ado, sur un terrain vague, près du supermarché Sodim, à Nanterre, qui existait, alors, près de la Cité Fernand Léger, une cité d’immeubles HLM de 18 étages, où j’ai grandi jusqu’à mes 17 ans. Et, puis, ça a été tout pour ma prise de nicotine ou de substance par voie respiratoire ou pulmonaire.
Mais j’ai aimé l’idée du jeu de mot avec « Taf », le travail. Et le fait « d’inhaler » du vélo. Parce-que je voulais voir le fait de faire du vélo comme une respiration. Un mode de vie. Comme bien d’autres disciplines.
Au premier plan, à droite, le technicien que j’ai interrogé et qui m’a répondu : » Je ne sais pas pour quel film ! ». Ce matin, vers 9h.
Ce matin, très beau ciel bleu. Une belle lumière, dehors. Et, Place de la Concorde, le tournage d’un film. J’ai interrogé un des techniciens du film qui se dirigeait vers moi. Sans doute le technicien lumière. Celui-ci m’a répondu avec le sourire :
« Je ne sais pas pour quel film ! ».
Dans le camion, blanc, à droite, « Au P’tit coin », lieu de détente ou de relâchement des sphincters. Ce camion fait sans doute aussi partie de la logistique du tournage, car, habituellement, il n’est pas là.
L’article que je suis en train d’écrire est sans aucun doute un film que je me fais et que je suis en train de tourner. Comme chaque fois que je suis inspiré pour écrire. Et que je dispose de suffisamment de temps pour le faire. Je ne vis pas de ce que j’écris. Je le fais donc dès que je peux capter un peu de temps par-ci par là, tout en composant avec ma vie de famille, de couple, de père, de citoyen et d’employé.
Je dois donc concilier constamment plusieurs contraintes. Mais, ce faisant, comme la plupart des amateurs et des gens qui m’entourent et, de par le monde, j’ai ainsi accès à plusieurs vies. Chacun de mes articles est donc un tournage intime et public qui essaie de réunir, de projeter et de rendre attractives mes quelques vies d’ici et d’ailleurs. D’hier, d’aujourd’hui et de demain. Autant que je me souvienne. Pendant que j’ai encore de la mémoire, de l’envie et du plaisir.
A Penmarch’, en octobre 2020, lors de notre stage d’apnée avec mon club.
Cet article sera long. Je l’ai compris tout à l’heure en commençant à y penser chez moi. Alors, qu’au départ, il devait se contenter de faire un retour sur notre stage d’apnée à Penmarch, en Bretagne, en octobre dernier. Car j’avais pris quelques notes que j’ai facilement retrouvées tout à l’heure. J’avais aussi gardé des photos. Cet article devait être court. Il sera long. J’en suis désolé pour les lectrices et les lecteurs pressés. Pour celles et ceux qui ont besoin d’articles courts. Efficaces.
Je « sais » qu’écrire long est « anti-commercial ». Que c’est une mauvaise stratégie pour être beaucoup lu. Mais je ne peux pas et ne veux pas me soumettre à toutes les pyramides des tyrannies. En particulier, à celles qui consistent à faire du buzz à tout prix. A celles qui consistent à privilégier des pensées et des sensations cosmétiques.
Je n’écris pas et ne travaille pas pour l’Oréal. Et, encore moins pour les vitrines des grandes surfaces qu’elles soient de luxe ou non. J’écris comme je vis. Donc, si cet article doit être long, il sera long.
Lors d’un des ateliers d’écriture auxquels j’avais participé à la médiathèque de Cergy-Préfecture, il y a plusieurs années ( il y a plus de dix ans) l’écrivain qui l’animait avait dit :
« On écrit comme on respire ».
Mon initiation à l’Apnée :
Je me suis inscrit à mon club d’apnée, à Colombes, dans les Hauts de Seine, il y a environ quatre ans, maintenant.
Mais je suis arrivé à la pratique de l’apnée…par la plongée avec bouteille. Discipline que j’avais découverte il y a plus de dix ans maintenant. En Guadeloupe.
La plongée avec bouteille fait partie avec le roller de ces disciplines que j’ai découvertes et pratiquées, sur le tard. Alors que j’avais une trentaine d’années.
Ce sont des disciplines vers lesquelles je lorgnais depuis des années, comme j’ai aussi pu lorgner vers la pratique du théâtre pendant des années. Avant, là, aussi, de me décider à me lancer dans cette expérience avec plaisir.
C’est un Antillais, Jean-Charles, alors président et animateur d’un club à Cergy-Pontoise, Les Roller Eagles, qui m’a initié au sein de son club au roller. Je ne suis pas un pratiquant émérite de Roller. Mais, grâce à lui et à plusieurs sorties en club avec lui, j’ai pu faire des sorties d’une vingtaine de kilomètres sur la route, quelques randonnées, mais aussi participer à une ou deux randonnées nocturnes sur Paris. Jean-Charles a un rapport très concret aux rollers. Son enseignement visait à nous rendre aussi autonomes que possible en milieu urbain.
Aujourd’hui, j’ai toujours mes rollers même si je les utilise peu.
C’est un Corse, Stephan, qui, en Guadeloupe, dans la commune de Sainte-Rose, m’a initié à la plongée avec bouteille, dans son club : ALAVAMA.
Pourquoi Sainte-Rose ?
D’une part, parce qu’après avoir vécu une trentaine d’années en France, où je suis né, mes parents, natifs de la Guadeloupe, sont retournés vivre en Guadeloupe et se sont établis à Ste-Rose.
D’autre part, parce-que, après être allé rencontrer plusieurs dirigeants de clubs de plongée, c’est avec Stéphan, qu’humainement, je m’étais d’emblée senti le mieux.
Enfin, son club est un « petit » club. Et non une grosse usine de plongée. Cette particularité m’avait aussi plu.
Jean-Charles, tout comme Stephan, sont deux personnes que j’avais choisies. Or, choisir, c’est franchir….
Relater ça, et les origines de Jean-Charles, d’un côté, et de Stephan, d’un autre côté, est volontaire de ma part. Même si, je me répète :
Ce matin, au départ, en quittant mon service où je retournerai travailler cette nuit à nouveau pour douze heures, j’ignorais que j’allais écrire cet article.
Ce matin, en me rapprochant à vélo de la gare St Lazare, je suis tombé sur l’affiche d’un politicien. Son slogan était le suivant :
Le choix de la sécurité.
J’ai pris le temps de lire ce slogan alors que j’étais arrêté au feu rouge. Peu importe, pour moi, la couleur politique de cet homme. Car nous vivons dans un monde et dans un pays de frontières de toutes sortes :
Et, la pandémie du Covid, ses répercussions économiques et sociales, la géopolitique et d’autres facteurs accroissent de plus en plus les tensions autour et à propos de toutes ces frontières. Certaines frontières et tensions sont plus explicites que d’autres. Certaines sont plus directes que d’autres. Certaines sont plus visibles que d’autres.
Mais qu’on les perçoive ou non, ces frontières et ses tensions pèsent en permanence sur nos vies. Sur nos choix.
Ce politicien n’a pas choisi ce slogan par hasard. Nous avons tous peur de quelque chose. Je ne crois pas aux gens qui n’ont- jamais- peur de rien. Même si certaines personnes ont une assurance terrifiante. Mais il n’y a qu’à voir comment finissent certains despotes, monarques ou dictateurs pour s’apercevoir ou se rappeler que lorsque le Pouvoir, qui reste du sable, leur échappe, ils ont peur et fuient comme tout un chacun.
Enfants ou adultes. Jeunes. Vieux. Gros. Maigres. Yeux bleus, yeux marrons. Blancs ou noirs. Musulmans ou catholiques. Riches ou pauvres. Chômeurs ou travailleurs. Femmes ou hommes. Immigrés ou « nationaux ». Sportifs ou sédentaires. Propriétaires ou locataires. Résidents ou SDF. Cyclistes ou piétons, nous avons tous peur de quelque chose ou de quelqu’un à un moment ou à un autre.
Sauf que si la sécurité devient la seule norme et le seul critère possible, alors, tous les replis communautaires, quels qu’ils soient, se justifient. Ainsi que la peur de l’autre. Comme la peur et le rejet pour toute expérience et toute rencontre qui sort de notre pratique et de nos connaissance familières et connues.
Si je n’avais fait que le choix de la sécurité, jamais, je ne me serais lancé dans la découverte du roller.
Jamais, je ne me serais lancé dans la découverte de la plongée avec bouteille. Et, jamais, je ne me serais lancé dans la découverte de l’apnée. Car ces trois disciplines ( roller, plongée avec bouteille, apnée) font peur, comportent des risques, et ne font pas partie de mon « habitat » naturel ni de mon héritage familial.
Penmarch’, Octobre 2020.
Mon héritage familial : Un héritage d’ Ultra-marins
Les Antillais peuvent aussi être dénommés « ultra-marins » : Nous venons ou sommes originaires de l’Outre-mer. Mais, « ultra-marins », ne signifie pas du tout « sous-marins ».
Il existe bien évidemment des Antillais parfaitement à l’aise sous l’eau, que ce soit des chasseurs sous-marins ou des plongeurs avec bouteille. Mais, d’après mon expérience personnelle et familiale, ces Antillais sont une minorité.
Dans ma famille, nous sommes plutôt des terriens ou des terrestres. Mes parents savent nager, d’accord. Mais, contrairement à d’autres personnes, je n’ai aucun souvenir de vacances ou de journées passées sous l’eau ou sur l’eau avec mes parents.
Par contre, le Foot, la course à pied, le cyclisme voire la boxe, ça, oui, ça fait partie de mon patrimoine familial et culturel. Que ce soit en tant que pratiquant ou en tant que spectateur. Mais le roller, la plongée avec bouteille ou l’apnée, certainement pas.
Je me rappelle encore d’un de mes grands oncles paternels, aujourd’hui décédé, tout étonné, alors que je venais de lui parler d’une sortie plongée récente, d’apprendre que, non, je n’avais pas pêché de poisson ! J’avais alors compris que son rapport à la mer était strictement nourricier. Comme, pour certains hommes, le rapport à la femme peut n’être que strictement sexuel, procréatif ou domestique.
Je me rappelle aussi du mari, aujourd’hui décédé, de ma tante paternelle, pêcheur, me racontant- également en Créole– qu’il avait vu, comme il me voit, certains de ses collègues, tomber à la mer et se noyer sous ses yeux. Et, si je me souviens bien, cet « oncle », très bon marcheur par ailleurs, ne savait pas nager. D’ailleurs, il n’est pas mort en mer. Mais en faisant une mauvaise chute dans des escaliers. Peut-être à cause de son alcoolisme. Plus saoul marin, donc, que sous-marin.
Je me rappelle aussi comme, en Guadeloupe, certains locaux me regardaient comme un élément insolite, alors que depuis le club de plongée de Stephan, je figurais parmi les touristes (les blancs, pour faire simple) se dirigeant vers la mer et le bateau pour aller plonger plus loin.
Et, puis, je suis aussi obligé de rappeler que la mer, pour bien des ultra-marins, cela reste l’élément hostile, d’amnésie et de douleur, le récif qui nous a découpé et « séparé », de par l’esclavage, de la terre originelle : l’Afrique. Même si, depuis, l’Afrique est devenu un continent « autre ». Je connais peu, très peu d’Antillais, qui ont sillonné l’Afrique. Même moi, à ce jour, je ne suis toujours pas allé en Afrique. L’Afrique, pour beaucoup d’ultra-marins, c’est peut-être encore le continent de la défaite, du rejet, du deuil difficile ou impossible. Du reste, en occident, l’image- grossière- de l’Afrique reste régulièrement défigurée et : famine, dictatures, pauvreté, violences et, maintenant, jihadisme….
Par contre, nous sommes nombreux, aux Antilles ou en France, à regarder avec une certaine admiration nos « cousins » d’Amérique. Si Nelson Mandela, en tant que militant, est sûrement un leader africain estimé et reconnu aux Antilles, il me semble qu’à part lui, que nous serons souvent plus facilement inspirés pour admirer et citer des grands leader et des grands héros, noirs américains. Et, ce sera pareil pour des acteurs et des actrices noirs américains ou britanniques. Personnellement, je retiens le nom et « connais » bien plus d’acteurs et d’actrices noirs américains que d’actrices et d’acteurs africains. Cela pour dire jusqu’à quel point nous avons pu être séparés et pouvons continuer de nous séparer de l’Afrique…..
C’est donc dire à quel point, pour moi, le « Moon France » ( jeu de mot avec « Moun Frans », terme péjoratif que j’ai eu le privilège de découvrir dès mes 7 ans en Guadeloupe, pour mon premier séjour de vacances là-bas), le fait de choisir, à un moment donné, de découvrir une discipline comme la plongée avec bouteille, puis l’apnée, a nécessité que j’aille à contre-courant.
La facilité, la simplicité ou la lâcheté aurait évidemment consisté, pour moi, à suivre le courant. A me laisser résoudre et fabriquer selon les exemples et les modèles à ma portée immédiate :
D’après mes modèles familiaux et culturels. Mais aussi sociaux. Ce qui arrive encore constamment.
On peut très bien vivre dans un pays, une région ou une ville où il existe plein de possibilités de découvertes et d’épanouissement et s’en couper complètement. Et, vivre, de façon repliée. En faisant le choix de certaines certitudes. En faisant le choix….de la sécurité :
Je suis resté marqué par ce jeune croisé un jour alors que je venais d’emménager dans la ville d’Argenteuil en 2007. Je cherchais alors, près de la dalle d’Argenteuil, la médiathèque. Le jeune, qui, selon moi, habitait dans le coin, m’avait répondu qu’il ne savait pas où elle se trouvait. Et puis, en tournant la tête, je m’étais aperçu qu’elle était juste là, à quelques mètres de nous. Ouverte. Offerte. Gratuite.
Ce jeune devait passer devant cette médiathèque régulièrement sans le savoir. Je suis persuadé que nous agissons bien des fois comme ce jeune en bien d’autres circonstances. Et, cela, tout au long de notre vie. Et, personnellement, cela m’attriste, voire, m’inquiète.
Prendre la peur comme seul critère pour choisir de vivre et pour sélectionner son environnement comme celles et ceux que l’on va fréquenter revient, à un moment ou à un autre, à se rapprocher davantage de la peur.
Photo prise à Penmarch, lors de notre stage en octobre 2020.
Ce Lundi 9 Mai 2021 :
Ce Lundi 9 Mai, nous étions six à assister et à participer à cette visio-conférence organisée par Yves, le responsable de la section apnée de notre club.
Le but était de préparer notre stage d’apnée à Quiberon la semaine suivante (dans quelques jours).
Comme à son habitude, et avec simplicité, Yves a de nouveau déployé l’étendue de ses compétences.
Etant donné que c’est le premier club d’apnée que je connais, je n’ai pas d’élément de comparaison avec un autre club d’apnée. Mais, régulièrement, je suis admiratif de voir comme Yves, originaire de Bretagne, semble maitriser tant d’éléments :
Météo, maritime et terrestre, topographie des lieux, coût du carburant, planning, coût de l’hébergement, permis bateau, pêche sous-marine, cuisine et préparation de ce que nous avons pêché, matériel….
En outre, il semble inaltérable et infatigable. Ce qui est humainement impossible. Et, pourtant. Dernier couché, premier levé. A Penmarch’, en short et tee-shirt à manches courtes, je l’ai vu profiter d’un temps de pause pour passer la tondeuse autour de sa maison familiale alors que nous étions sortis le matin. J’étais aussi couvert qu’il était en tenue d’été ( en octobre, en Bretagne !) et plus bon pour la sieste que pour le jardinage.
On m’objectera que c’est son rôle. Et que c’est la moindre des choses. Peut-être.
Mais avec une telle aisance, tant d’un point de vue pédagogique, tant sur terre, sur bateau que sous l’eau ?
Hé bien, je vais affirmer que non ! Tout le monde n’est pas comme lui. Et, il faut savoir voir ce que certaines rencontres ont d’exceptionnel même si les personnes concernées s’en défendront souvent.
Un tel engagement, une telle compétence, dans une discipline si technique et potentiellement, si dangereuse, si effrayante, que ce soit en piscine, en fosse ou dans un environnement naturel ? Cela serait donc si banal, que ça ?!
Je vais affirmer- quitte à l’embarrasser- qu’il ne doit pas y avoir tant d’encadrants que ça qui font ça comme lui.
Je vais aussi affirmer que chacun d’entre nous se sentait en….sécurité alors qu’Yves, lundi ( il y a quelques jours) nous parlait, nous présentait le programme, mais, aussi, répondait à nos questions.
Même lorsqu’Yves, a pu nous dire à un moment que, dans tel endroit « il peut y avoir beaucoup de courant ». Mais qu’il suffit de se mettre à tel endroit, derrière la roche, pour se mettre à l’abri.
Tout en l’écoutant, je me suis demandé ce qui faisait que, moi, l’un des moins expérimentés du groupe, je pouvais me sentir si peu inquiet. J’allais quand même me retrouver, lesté de plusieurs kilos, dans une eau dont la température serait comprise entre 14 et 16 degrés, en pleine mer, durant plusieurs heures. Or, tout ce que j’entrevoyais, et attendais, c’était ce moment, où, avec les autres, j’aurais ces tonnes d’eau au dessus de ma tête. Et où je convergerais vers ces cinq ou huit mètres de profondeur, ou un petit peu plus peut-être, avec pour seule réserve et liberté, l’air que j’aurais emmagasiné dans mes poumons, ma tête. Et mes rêves.
A Penmarch, en octobre 2020.
D’accord, j’avais déjà effectué deux stages d’apnée en Bretagne avec le club. Un premier à Loctudy en 2017. Puis, un autre en octobre dernier à Penmarch. Mais cela suffisait-il pour expliquer cette tranquillité que je ressentais en l’écoutant ? Alors que je « savais » que si j’avais raconté à d’autres terriens- même sportifs- que nous avions prévu, avec mon club, de partir en stage d’apnée en Bretagne la semaine prochaine, que certaines et certains d’entre eux prendraient peur ou s’inquiéteraient.
Le choix de la sécurité….
Cet article est déjà long. Dans un autre, je restituerai les notes que j’avais prises lors de notre séjour à Penmarch en octobre dernier.
J’ajouterai avant de conclure celui-ci qu’autour d’Yves, se trouvent donc d’autres pratiquants qui ont déjà une sacrée expérience de chasse sous-marine. Mais, aussi, le doyen du club, Jean-Pierre, plus de 67 ans, et une bonne cinquantaine d’années d’expérience dans le domaine de la chasse sous-marine. Une longévité et une aisance que l’on ne peut qu’admirer. Je me rappelle encore qu’en octobre, alors que, moi, épuisé par les couchers assez tardifs et les réveils assez matinaux, j’avais opté pour arrêter ma «plongée » après deux heures dans l’eau ( température comprise entre 12 et 14 degrés, je crois), Jean-Pierre, lui, dans une mer qui secouait un peu, voltigeait comme un gamin dans son aire de jeu préférée. En pleine forme. Cela ne m’aurait même pas surpris s’il m’avait demandé, étonné :
« Ah, bon ? Tu rentres, déja ? Tu arrêtes de jouer ? ».
Je n’aurais jamais vu ou fait ce genre d’expérience et de rencontre si, toute ma vie, je ne m’étais tenu qu’à des choix de sécurité.
Tout à l’heure, après avoir arrêté d’écrire, j’ai continué d’écouter un podcast consacré à l’ancienne actrice porno, Brigitte Lahaie.
Au tout début, dans les années 90 peut-être, pour moi, Brigitte Lahaie était « juste » une actrice française de film X entrevue après d’autres actrices ou d’autres femmes dénudées. Elle n’était pas nécessairement celle qui me faisait le plus fantasmer.
Et puis, plus tard, j’avais compris en lisant une interview, peut-être, que c’était une femme intelligente. Bien consciente de ce qu’elle pouvait susciter chez un homme comme fantasme et…dotée d’humour. J’étais tombé sur une de ses réparties :
« Et, je saute Lahaie ?! ».
Depuis la lecture de cette répartie, pour moi, Lahaie, c’est ça : une femme qui a fait du X mais qui est intelligente. Et drôle.
Mais peut-être, aussi, que depuis que j’avais entendu parler d’elle la première fois dans les années 90 (ou 80 ?) que ma sexualité avait un petit peu évolué. Et que c’était aussi moi qui étais devenu un tout petit peu plus intelligent et drôle.
D’autres années sont encore passées depuis les années 90 ou 80. Et puis, je suis tombé sur ce podcast, il y a quelques jours. Je l’ai donc téléchargé avec bien d’autres podcast sur bien d’autres sujets.
Je n’avais pas envie de mater Brigitte Lahaie :
C’était la femme intelligente que je voulais entendre.
Ce fut assez drôle d’écouter ce podcast. Sauf que le comique de situation n’est pas venu de Brigitte Lahaie.
Dans cette émission appelée Mauvais Genres passée sur la radio France Culture le 2 Mai 2020, Lahaie était entourée de spécialistes du X qui étaient majoritairement des hommes apparemment sexagénaires. ( Lahaie, née en 1955, si je ne me trompe, a, elle…65 ans au moment de l’émission).
Il y avait aussi une femme qui, elle, peut-être plus jeune ( environ la quarantaine ?) était sûrement plus concernée par l’image de la femme, la place de la femme mais aussi, bien-sûr, la libération de la femme. Et par la façon dont la carrière de Lahaie au cinéma mais aussi dont les engagements ensuite avaient pu contribuer à la libération de la femme. En Occident, et, en particulier, en France.
Depuis une vingtaine d’années, Brigitte Lahaie est animatrice radio. Elle a écrit deux livres. Elle est considérée comme l’une des rares anciennes actrices pornos à avoir pu jouer dans des films de la filière dite classique ou traditionnelle. Mais aussi à avoir réussi sa reconversion professionnelle après la fin de sa carrière d’actrice. Ce que ne sont pas parvenues à faire par exemple feu Karen Bach/Lancaume et Raffaëla Anderson, héroïnes de l’adaptation cinématographique du livre Baise-Moi de Virginie Despentes. Un livre que j’avais lu. Et un film que j’avais vu au cinéma à sa sortie et qui m’avait « plu ».
Dans le podcast, Lahaie dit par exemple être inquiète d’assister à une certaine régression concernant les mœurs sexuelles. Et du fait que l’on puisse dire aujourd’hui que prendre la pilule, pour une femme, n’est pas un acte « naturel ». Lahaie de demander, alors :
« Parce-que faire douze enfants et mourir en couches, c’est naturel pour une femme ?! ».
Les hommes présents avec elle pour la radio France Culture, spécialistes de sa filmographie, et sans doute de bien d’autres films pornos, eux, étaient très polis, et très érudits.
Pourtant, ils faisaient penser à des hommes qui s’étaient sûrement masturbés après avoir regardé Lahaie- ou d’autres actrices du X- sur grand écran ou devant la télé bien des années auparavant. Sans rien en dire :
J’ai eu beaucoup de mal à croire que ces hommes soient des hommes ayant eu ou ayant encore une sexualité épanouie. Et, ils étaient là, à parler de tel film porno réalisé par tel réalisateur, avec tel acteur et Brigitte Lahaie. S’empressant de citer leurs connaissances. Sauf que, même cultivés, très cultivés, ils étaient restés les spectateurs et les admirateurs d’une carrière cinématographique pornographique.
Celle de Brigitte Lahaie. Alors qu’elle, cette carrière, elle l’avait vécue. Les pénétrations avaient bien eu lieu. Ainsi que les jouissances. Et, ils étaient là à en parler comme si de rien n’était. J’avais donc l’impression d’entendre des adorateurs qui, à tour de rôle, se pressaient follement pour placer leur pièce, ou leur feulement, dans l’horodateur du regard de Brigitte Lahaie. Pour se faire connaître -et voir- par une femme qui avait disparu depuis «longtemps » des écrans qui les avaient marqués et qui, pourtant, se trouvait devant eux : Brigitte Lahaie.
Brigitte Lahaie a bien expliqué que sa carrière dans le X devait beaucoup au fait qu’elle avait en elle une blessure. Elle recherchait de l’amour dans le regard de son père. Elle rejetait aussi le fait d’avoir une vie bien rangée….
Dans cette émission, comme ailleurs sans doute, Lahaie expliquait que tourner des films de X, à l’époque où elle en avait tourné, jusqu’ aux années 80, lui avait permis d’apprendre à s’aimer. Et qu’elle avait eu du plaisir à s’exhiber devant la caméra. Elle voyait d’ailleurs un certain gâchis lorsque, plus tard, certaines actrices françaises, telles Clara Morgane et Laure Sainclair, déclareraient avoir fait du X pendant un temps « juste pour le travail ». En affirmant ne pas avoir eu de plaisir particulier. Devant la caméra, elle, Lahaie avait du plaisir même si elle dément avoir été amoureuse de ses partenaires. Et, Lahaie d’ajouter dans l’émission que « toute femme peut arriver à jouir si elle trouve (ou rencontre) une bonne langue ». Il n y avait pas de prétention ni de provocation de sa part. Mais elle explicitait l’idée que l’on fait mieux son travail lorsque l’on a du plaisir à le faire.
A la limite, je l’ai trouvée assez sèche par moments avec ces messieurs. Mais c’était peut-être parce qu’elle avait déjà beaucoup rencontré de ces hommes qu’elle « passionne ». Et qu’il lui importait de les raisonner ou de les aider à raisonner plutôt que d’avoir à les aider à débander.
Mais c’était drôle d’imaginer non Brigitte Lahaie dans ses tenues intimes ou ses postures d’écran – même si, ensuite, j’ai regardé un peu quels films d’elle je pourrais éventuellement trouver ou acheter d’elle- mais ces spécialistes qui semblaient retenir leur envie derrière leurs propos qui se voulaient domestiqués. Comme si parler de X en face d’une ancienne vedette du porno pouvait se faire comme on peut discuter du solfège dans un conservatoire. Mais je dois le reconnaître :
Je n’aimerais pas avoir à me confesser devant une ancienne professionnelle du porno cousine de Brigitte de Lahaie. Une telle personne sait mieux que quiconque saisir l’octave du désir qui nous attire comme de celui que l’on enclave.
Chez moi, depuis des années, j’ai le film La Nuit des Traquées de Jean Rollin. Un film que j’ai déjà regardé un peu. Ou entièrement. J’ai oublié. Mais dont j’ai un bon souvenir esthétique. Et qui fait partie des films que Lahaie continue de préférer.
Avant de rentrer, j’ai passé quelques minutes dans la rue à remuer le ciel.
Je trouve que depuis le mois de mars, il y a, de nouveau, comme l’année dernière, une très belle luminosité dehors. Et, tout à l’heure près du boulevard où se trouve notre immeuble, en regardant vers la gare, le ciel était beau. Chargé de nuages et d’histoires. Clairsemé de liserés de lumière. Avec le soleil, qui, caché par les nuages, devenait lune.
Et les gens passaient à pied sans regarder pour aller à la gare. Les voitures tournaient. Les bus passaient. Pendant que d’autres personnes, debout, faisaient la queue devant le laboratoire d’analyses médicales.
Je me suis dit que c’était parce-que, nous, les êtres humains, nous sommes devenus incapables de faire attention à ce qui se passe dans le ciel, mais aussi de l’admirer, que nous sommes devenus malades. Que nous avons besoin de faire des analyses. Que nous avons besoin de toutes sortes de drogues. Que nous avons besoins de consoles de jeux.
J’ai profité de ces quelques minutes, dehors, à prendre des photos et à essayer de saisir le soleil. Même si, en soi, cette partie de la ville n’est pas jolie.
Car je me suis dit que tant que j’étais capable d’être content de moments pareils, que tout allait bien. Que je me portais encore suffisamment bien. Même si, je suis aussi régulièrement et souvent toutes ces personnes qui, en bien des circonstances, partent faire des analyses médicales. Prennent des drogues. Tournent dans leur voiture. Prennent le bus.
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Ô, Brûlot !
Il est devenu normal de vivre avec des écrans. L’une des différences entre un animal domestique et un écran, c’est que, souvent, nous devenons volontairement l’animal domestique de nos écrans.
On parle de temps à autre de l’enfer qui serait un endroit monstrueux où l’on souffrirait beaucoup. Et lentement. A petit feu. Je crois que l’enfer, c’est aussi l’endroit, la relation et l’expérience vers laquelle, on se dirige volontairement. Car son accès nous a été rendu très facile, de façon illimitée, et presque gratuite. Parce-que sa présentation est au départ suffisamment séduisante et captivante pour nous attirer. Ensuite, peu à peu, ça se gâte. Et, généralement, lorsque ça se gâte, c’est un peu plus difficile pour s’en extraire.
Ticket pour l’enfer ?
Cet article est-il mon ticket pour l’enfer ? Je devrais peut-être me contenter de faire mon ménage dans mon coin en restant discret. C’est peut-être ce qu’il y a de mieux pour mon karma. Faire le ménage. Me taire. Renifler la poussière en toute discrétion sans me faire remarquer. Et remercier je ne sais qui, je ne sais quoi, de pouvoir bénéficier, en toute tranquillité, de ce grand bonheur qu’ailleurs beaucoup m’envieraient :
Vivre à peu près incognito en ayant un travail, en mangeant à ma faim, dans un pays en paix.
Mais il y a eu contact tout à l’heure avec un écran.
Peu importe que ce soit avec l’écran d’un téléviseur. Peu importe « l’émission ». Ou la chaine de télé. Ainsi que l’heure.
Le fait est que les écrans sont partout : consoles de jeu, smartphones, télévisions, ordinateurs, tablettes etc….
HD, 4K, pixels, 4G, 5G…. La résolution et la qualité de restitution des images- et du son- s’améliore régulièrement. Sensiblement. Il y a même de la sensualité dans cette expérience.
Le rendu de ce que l’on voit, de ce que l’on entend ou de ce que l’on filme, prend en photo ou enregistre est de plus en plus extraordinaire. Et nos moyens de diffusion, aussi.
Je ne vais pas m’en plaindre : j’en profite aussi en tant qu’usager ou en tant que spectateur.
Mais il y a un paradoxe croissant qui semble déranger assez peu. La norme est d’avoir des écrans et des images » de contact » partout en toute circonstance, ainsi que des moyens de distribution et de diffusion de ces écrans et de ces images de « plus en plus faciles ».
Ce qui m’amène à l’expérience, banale, que je viens de faire il y a quelques minutes.
En me rendant à ma séance de kiné, tout à l’heure, je suis tombé, comme lors de mes autres séances, sur la télé allumée, au fond de la salle. Laquelle, diffusait ses images, ses titres et les propos de ses différents intervenants sur le sujet du jour :
Lien entre immigration et terrorisme .
La cause de ce sujet, récemment, (vendredi dernier, je crois), à Rambouillet, dans les Yvelines, une femme flic s’est faite égorger par un homme. Cet homme serait un immigré. Et, le grand débat auquel j’ai cru assister de loin, comme spectateur, alors que j’effectuais ma séance de kiné, c’était :
Il faut à tout prix de nouvelles mesures pour réguler ou interdire l’immigration. Car, sans l’immigration, cet homme, la semaine dernière, n’aurait pas commis ce meurtre monstrueux qui a suscité une très « vive émotion » ou une « très forte émotion » à Rambouillet. Mais aussi ailleurs.
Si j’ai bien résumé.
La semaine dernière, j’avais entendu parler de ce crime. L’avis d’une de mes connaissances avait été le suivant : « Celui qui a fait ça était un enculé ! Ils ont bien fait de le fumer ! ».
Beaucoup de personnes pensent comme lui.
Evidemment, je trouve le meurtre de cette femme, horrible. Qu’elle soit flic ou pas.
Evidemment, je plains la famille et les proches de cette femme. Evidemment, j’ai de la compassion pour sa famille, ses proches ou voisins sans aucun doute durablement traumatisés par cette mort et les conditions de cette mort.
C’est après que je commence à me mêler de ce qui ne me regarde pas. Lorsque, devant cet écran de télévision, tout à l’heure, j’ai aperçu, distraitement, toutes ces personnes en train de « bêler » ou de prétendument débattre à propos du sujet du jour :
Lien entre terrorisme et immigration.
Il y a une forme de colère et d’arbitraire dans mes propos. Je n’ai pas entendu ni écouté toutes les personnes réunies autour de cette table, lors de cette « émission » sur une chaine suivie, regardée et écoutée par des millions de téléspectateurs et d’auditeurs. Et, sans aucun doute que si je l’avais fait, que parmi eux, il en est dont les propos sur le sujet m’auraient rassuré.
Mais ce titre, cette accroche racoleuse, destinée à faire le buzz, Lien entre terrorisme et immigration m’a, dès le départ, avant même d’écouter, placé sur orbite. Ce qui est le but de ce genre de titre et d’accroche. Car à peu près tout le monde en se fiant à sa vie immédiate et quotidienne, a un avis, ou son avis, sur ce genre de sujet.
On se plaint beaucoup moins de la colonisation-volontaire- de nos consciences par les écrans et les images :
On se plaint régulièrement des travers du monde et de la France. Par contre, on se plaint beaucoup moins de la colonisation- volontaire, consentie et facile- de nos consciences par les écrans et les images que l’on voit, que l’on tète, et auxquelles on s’abreuve désormais jour et nuit.
On se plaint beaucoup moins de la désertification, depuis des années, des médiathèques, des lieux de réflexion, de culture, d’enseignement, de formation de la pensée et d’analyse.
L’abondance et la surabondance de culture, même proche, ne suffit pas. Il faut aussi aller vers elle, ses rencontres, ses révélations et ses miracles.
C’est ultra-facile et c’est l’enfer :
Or, désormais, il suffit juste d’allumer et de regarder son écran pour se faire livrer, où que l’on se trouve, quantité d’images et d’informations. Et pour liker. Ou Disliker. Pour kiffer. Ou haïr. Pour encourager. Ou pour harceler.
C’est ultra-facile. Et, c’est l’enfer. Ecran tactile, clavier ergonomique, mode enregistreur, fonction vocale, rien de plus simple, rien de plus facile.
Il y a même tout un tas de cookies, un nom de douceur et de cuisine, que nous avons laissés entrer dans nos vies et qui sont au courant de la composition de nos navigations sur le net.
Un débat facile
Et, rien de plus facile, aussi, pour ces intervenants, ce matin, sur un plateau de télé, pour débattre sur ce sujet :
Lien entre immigration et terrorisme.
Peu importe que ce sujet, sous une autre forme, ait déjà été lancé, relancé et titillé, au siècle passé ou même plusieurs siècles auparavant.
Ce sujet, ou cette thématique « marche ». Fonctionne. C’est un pitch, un scénario qui suscitera toujours de l’intérêt. Et de l’émotion. Et, de l’émotion, on en a toute une nation à disposition, avec le meurtre de cette femme-flic la semaine dernière.
On a déjà le Covid, la gestion du Covid, les vaccins anti-Covid et ce qu’ils suscitent de craintes sanitaires et de polémiques. On va maintenant « varier » , ou faire semblant de varier, à nouveau, avec le sujet du terrorisme et y mêler, cette fois-ci, la sauce de l’immigration.
Les Djs du pire :
Certains de « nos » journalistes, mais aussi certaines de nos élites, sont des Djs du pire.
Ce sont des Djs installés depuis des années, très bien payés, et qui n’ont aucune intention de quitter la scène. Puisque c’est le « public » mais aussi la loi du marché qui décide de leurs « tubes ». Et qui prime.
Car tout le monde a besoin, à un moment ou à un autre, d’un peu de musique pour rythmer sa vie. Pour la séquencer. La rendre moins monotone. Pour la partager.
On aime les mélanges. Dès l’instant où, d’un point de vue éditorial, ça fait du buzz, de l’audimat et du chiffre d’affaires. Que ce soit pour rejeter, exclure, ou pour flirter- à nouveau- avec le fantasme de la pureté:
« Lien entre immigration et terrorisme ».
On aime aussi les mélanges. Lorsqu’il s’agit de saluer, de se féliciter du succès, de la réussite d’une « autre », ou d’un « autre », pourvu que, là, aussi, cela nous rapporte du buzz, de l’audimat et du chiffre d’affaires :
Je pense, ici, bien-sûr, à tous ces enfants et toutes ces personnalités « issues de l’immigration », hier, aujourd’hui et demain, qui contribuent et contribueront à donner une « bonne image de la France ».
« L’image d’une intégration réussie ». « L’image que la démocratie à la Française réussit et produit des miracles ».
Oui, la France produit des miracles
Oui, la France produit des miracles. Je le crois vraiment. Mais en matière de communication et de diffusion des idées et des pensées, la France réussit aussi des miracles de paradoxes selon moi assez meurtriers de façon directe ou indirecte. De façon consciente ou inconsciente. De façon volontaire ou involontaire.
Et, je vais citer quelques uns de ces paradoxes concernant ce thème du jour :
Lien entre immigration et terrorisme.
Il y a quelques mois, Gérald Darmanin, notre Ministre de l’intérieur actuel, était tout content d’accéder à cette nouvelle fonction ministérielle. Je le comprends. Ce nouveau poste, pour lui qui faisait déjà partie du gouvernement en tant que Ministre, était une promotion sociale et personnelle. Promotion bien plus importante, que la mienne, homme de ménage. Fonction- inventée ( je ne suis pas homme de ménage) – à laquelle, pourtant, je ferais sans doute mieux de me tenir :
Car on n’obtient, généralement, que des problèmes, dans sa vie, lorsque l’on sort de son rang social de subalterne. Et, je fais- vraiment- partie des subalternes dans la vie. Des personnes obéissantes qui marchent droit. Qui parlent droit. Et qui respectent tant les lois que les représentants de la loi.
Toute à sa joie, donc, d’avoir été nommé Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est senti autorisé à dire, librement, qu’en tant que « petit fils d’immigré », il était d’autant plus content de cette promotion.
On a bien lu : « petit fils d’immigré ». Alors, voilà. Pour moi, c’est très simple :
Gérald Darmanin, en tant que « petit fils d’immigré », n’aurait jamais dû être Ministre de l’Intérieur ni même Ministre de quoique ce soit en France. Puisqu’aujourd’hui, après le meurtre de cette femme-flic, le grand débat est :
Lien entre immigration et terrorisme.
Donc, pour moi, Darmanin, en tant que « petit fils d’immigré », aurait toujours dû être considéré comme un terroriste avéré et potentiel. Et, donc, aurait toujours dû être exclu des plus hautes fonctions qu’il occupe actuellement en France.
Et, c’est pareil pour Nicolas Sarkozy, un de nos ex-Présidents de la République, un de nos Ex-Ministres. Un de nos hommes politiques français actuels qui continue de compter dans la vie politique française depuis une bonne vingtaine d’années.
Darmanin, notre cher Ministre de l’Intérieur actuel, voit en Sarkozy un modèle. Mais, même, apparemment, notre Président de la République actuel, Emmanuel Macron voit en Sarkozy une personne indispensable. Car, à ce qu’il se raconte entre hommes et femmes de ménage, pour être réélu Président de la République, Emmanuel Macron, aurait forcément besoin de l’appui de Nicolas Sarkozy contre l’électorat de Marine Le pen.
Marine Le Pen est bien-sûr la présidente d’abord du FN. Lequel FN, toujours sa présidence, a été rebaptisé, RN ( pour Rassemblement National). Marine Le Pen, est la fille de Jean-Marie Le Pen ( ex-Président du FN, pour Front National, parti d’Extrême Droite).
Cependant, Nicolas Sarkozy a des origines hongroises. C’est donc, aussi, un autre « immigré d’origine ». Un « immigré d’origine », qui, depuis des années, je crois, a ses appartements dans le 16ème arrondissement de Paris, un arrondissement de privilégiés. Mes informations sont approximatives car, je n’ai jamais habité ou eu les moyens d’habiter dans le 16èmearrondissement de Paris. Je n’ai fait que passer dans certaines rues du 16ème arrondissement ou y prendre le métro. Je ne suis pas encore allé faire le ménage chez lui. Ce qui serait sans doute, pour moi, une très haute marque de distinction sociale, peut-être l’une des plus hautes que je pourrais obtenir dans ma vie.
Sarkozy, lui, de son côté, a été Maire, pendant des années, du 16 ème arrondissement.
Jamais, en tant que personne « d’origine immigrée », Nicolas Sarkozy n’aurait dû avoir cette possibilité. Lien entre immigration et terrorisme. Le titre de ce débat, ce matin, sur une chaine de télévision de grande audience, est explicite.
Je repense à l’extraordinaire acteur Samuel Jackson dans le Django de Tarantino, lorsqu’en plein esclavage, il découvre le Nègre émancipé, Django ( interprété par l’acteur Jamie Foxx), monté sur un cheval « comme les blancs ». Je me sens un petit peu comme Samuel Jackson devant Jamie Foxx en parlant des origines immigrées de Sarkozy ( ou de Darmanin) : selon les règles strictes du Lien entre immigration et terrorisme, jamais Sarkozy et Darmanin, par exemple, n’auraient dû se retrouver là où ils en sont dans la vie publique et politique française actuelle.
Comparer Sarkozy et Darmanin à l’exceptionnel travail d’acteur de Samuel Jackson est peut-être trop flatteur pour eux ( en tant qu’acteurs). Mais, cela illustre mon propos et permet, en même temps, de faire une petite pause d’humour et de détente dans cet article.
Dans la vraie vie, Nicolas Sarkozy, est actuellement condamné par la loi française, la loi de ce pays qu’il « aime » plus que tout. Nicolas Sarkozy a déclaré récemment en couverture du journal Paris Match, un journal français plutôt bien « friqué » et largement diffusé :
« Ils ne nous détruiront pas ». « Ils », ce sont les juges français qui l’ont jugé et condamné entre-autres à un an de prison ferme. Décision dont il a fait appel, lui, le grand amoureux de la France qui s’estime, là, être une victime des instances judiciaires de son pays de chair et de cœur qu’il aurait bien aimé diriger une seconde fois. Et, pourquoi pas, une troisième fois ?!
Pourtant, personne, apparemment, ne lui rappelle :
« Nicolas, en tant que « personne d’origine immigrée », tu t’en es plus que bien sorti dans la vie. Fais comme tous les immigrés attrapés par la justice de notre beau pays la France. Ferme-là ! Arrête de faire ton psychopathe et ton parano qui se croit toujours au dessus des Lois ! Fais ta peine ! Et sois content d’avoir vécu tout ce que tu as vécu ».
Au contraire, je lis que plusieurs personnalités politiques, de droite comme de gauche, lui ont envoyé des messages de soutien contre cet acharnement de la justice « française », dont il serait désormais la victime….
Je lis aussi dans cet article de Paris Match, que, s’il le faut, pour obtenir « justice », Nicolas Sarkozy sollicitera la Cour européenne des Droits de l’homme….
En attendant, « Monsieur » Sarkozy est libre de parader et de faire la couverture de Paris Match. Tandis que n’importe quel immigré ou citoyen lambda convaincu d’un délit, et dépourvu des mêmes moyens de défense et des mêmes appuis que lui, finit en détention( ou est expulsé, s’il s’agit d’un immigré). Ou a pour seul avenir envisageable, le suicide. Combien même il ne s’agit pas d’un terroriste…
Ecrire plus :
Je pourrais écrire plus. Mais, il ne faut surtout pas écrire trop long. Or, j’ai déja écrit beaucoup trop long pour notre époque :
Cela aurait déjà été beaucoup mieux de faire une vidéo avec le même contenu. Cela aurait sûrement «apporté » bien plus de nombre de vues. Mais je suis un aigri et un loser. Ce qui est pire, peut-être, que d’être un immigré potentiellement terroriste.
Et puis, j’ai du ménage à faire chez moi. Je garde cette obsession car personne ne fera ce travail à ma place. Et, puis, c’est ma fonction.
C’est ce travail là que je fais le mieux. Ça, avec prier très fort aussi pour que la rédaction- et la diffusion- de cet article ne me dirige vers les conduits de la dépression et d’une déchéance morale, voire nationale, irréversible. J’ai les ambitions mégalomaniaques que je peux.
Mais, j’ai déjà pris du retard dans mon ménage. Autrement, j’aurais aussi parlé de l’Affaire du petit Grégory. Un meurtre qui a marqué la conscience de la France. Un meurtre toujours irrésolu plus de trente ans après. Un meurtre monstrueux, aussi. Et, où, pour le peu que je sais, parmi les suspects, aucun immigré n’est concerné.
Je pourrais aussi mentionner le palmarès d’Olivier Fourniret, bien Français, et de son ex-compagne, la resplendissante Monique Olivier. Il ne s’agit pas de sportifs médaillés aux jeux olympiques. Mais de personnalités qui ont « accompli » des meurtres monstrueux, aussi. Là aussi, aucun immigré n’est concerné. Mais, ce n’est pas grave. Car il ne s’agit pas de terrorisme. Or, « évidemment », tous les immigrés sont des terroristes potentiels. En attendant de revenir au sujet sous-jacent dans le sujet Lien entre immigration et terrorisme qui est – mais, ça, c’est évidemment, cette fois, ma parano d’homme de ménage dont les pensées sont évidemment pleines de poussière et de déchets qui le croit- qui est que :
« Tous les musulmans et toutes les personnes de couleur sont évidemment des terroristes ».
A notre époque où l’ironie et la nuance peuvent être assez mal comprises, je tiens à prévenir et à préciser que je suis ironique, ici :
Je ne crois pas que tous les musulmans et toutes les personnes de couleur de France et d’ailleurs soient des terroristes. J’utilise l’ironie car je suis véritablement en colère de voir que des élites diverses puissent continuer d’utiliser la peur du terrorisme, de l’autre, de l’étranger, mais aussi l’émotion provoquée par la mort monstrueuse d’une femme flic ou de toute autre personne, comme on peut utiliser un vulgaire produit marketing ! Et, tout ça, pour faire sa comm’, du chiffre, de l’audimat et pour assurer la suite de sa carrière….
Parce-que, il est patent et visible pour tout le monde, que Darmanin et Sarkozy, pour ne citer qu’eux, deux hommes « issus de l’immigration », qui ont « réussi », ne sont ni musulmans ni de couleur.
Cela aurait été quelque chose si Darmanin ou Sarkozy, Macron, ou une personnalité politique française de premier plan ( Le Pen ? ) subitement, décidait de se convertir publiquement à L’Islam. Ou de se mettre en ménage avec un noir ou une noire. Ou un Arabe ou une Arabe. Quel message ce serait !
Mais je m’égare. J’ai inhalé beaucoup trop de vapeurs d’eau de javel ces derniers temps en faisant le ménage. En nettoyant les sols et les chiottes.
Et, je m’égare encore en imaginant que toutes ces élites, politiques et autres, qui participent, sans nuances, à diffuser l’idée et l’image que immigration et terrorisme sont forcément et automatiquement liées, auront une part de responsabilité directe ou indirecte dans les prochaines bavures qui concerneront une fille ou un fils d’origine immigrée. Il leur suffira, alors, de s’indigner lorsque la bavure arrivera et sera médiatisée avec la même émotion que ne l’a été le meurtre monstrueux de cette femme policière à Rambouillet. Et, cela leur permettra de retrouver une virginité morale, et « pure », à toute épreuve.
Et, je m’égare toujours – je discute trop avec mes serpillères- en pensant aussi que ces élites politiques, et autres, qui s’expriment librement, facilement, ont et auront aussi une part de responsabilité directe ou indirecte dans cette cassure de la société française dont elles sont les premières à se plaindre. Mais aussi dont elles savent se servir -tels des marchepieds- pour se rapprocher de leurs desseins personnels.
J’ai l’esprit mal tourné en pensant ça. Et puis, pourquoi m’agiter avec tout ça, ça ne changera rien. A quoi bon me casser le dos à écrire tout ça. Mon corps sera bien plus utile pour remplir et vider des seaux ou pour essorer la serpillère.
Parvenir au Pouvoir et revenir à l’époque exaltante des brûlots :
Tout cela n’a rien de nouveau. Au moyen-âge, déjà, et même avant, sans doute que bien des élites avaient déjà recours aux mêmes méthodes pourvu que celles-ci puissent leur permettre au moins deux choses :
Parvenir au pouvoir. Et revenir à l’époque exaltante des brûlots. ( des textos ?).
Ah, ô !, qu’est-ce que c’est beau, un corps qui brûle sur la place publique ! Le corps d’une personnalité qui nous dérange, qui ne pensait pas comme nous, qui nous contredisait et qui nous mettait peut-être face à certaines vérités qui nous dérangeaient. Mais qui a eu le malheur de se retrouver isolée, ou lâchée, par celles et ceux qui auraient pu la sauver ou le sauver du bûcher.
Lorsque nous serons revenus au monde des brûlots, nous serons peut-être nombreux à regarder le spectacle depuis nos écrans à haute résolution. Nous serons peut-être au boulot. Et, nous nous dirons ou penseront peut-être :
Ce matin, en sortant du travail, j’ai eu envie de changer un peu d’itinéraire. Généralement, je passe « devant » le musée d’Orsay à l’aller comme au retour.
Pendant mes premiers trajets Vélo Taffe, non loin du musée, j’avais aperçu, je crois, Manuel Valls, l’ancien Premier Ministre, qui revenait de son footing. Debout, au bord de la route, attendant de pouvoir passer, il transpirait sans maquillage. Mais aussi sans micro et sans caméra.
Pour surprenante qu’ait été cette image en passant à vélo devant lui de retour du travail, je l’avais trouvée complètement raccord. Manuel Valls, si c’était lui, après sa tentative politique manquée en Espagne, ne se trouvait pas n’importe où dans Paris.
Je n’avais pas rebroussé chemin pour vérifier.
Chacune de ces sculptures a été réalisée à la fin du 19ème siècle. Celle de gauche représente l’Afrique. Celle de droite, peut-être celle de l’Amérique du Nord, si je ne me trompe. Les six sculptures sont des figures féminines. La plupart d’entre elles portent des armes même si elles portent des fruits ou sont accompagnées d’animaux plutôt connus pour être pacifiques. Ces figures féminines sont donc loin d’être des incarnations de femmes passives ou soumises même si leur poitrine, averse opulente et découverte, pourrait d’abord faire penser à des créatures seulement lascives et désaltérantes.
Ce matin, en passant, pour changer, rue de Lille, j’ai eu envie de m’arrêter devant le musée d’Orsay.
On peut prier jour et nuit. Si on ne croit ni dans la Vie, ni en soi, nos prières sont des cendres et des cercueils. Et nos rêves, des poudrières. A moins d’un miracle.
Mais les miracles, ça ne court ni les réseaux sociaux, ni les magasins. Il n’existe pas de promotion ou de bons plans pour attraper un miracle ou de livreurs précaires pour nous en apporter après avoir passé commande.
Il existe peut-être beaucoup plus de miracles inconnus que de miracles dont nous avons entendu parler. Mais nos miracles, il nous faut, malgré tout, le plus souvent, aller les chercher nous-mêmes.
Je n’ai rien contre les religions. Le recueillement, la méditation, l’introspection, la respiration, la contemplation, la transe, ce sont des états de conscience que j’approche partiellement. Que ce soit par la lecture, la musique, l’apnée sportive, l’écriture….
Il y a quelques jours, au travail, deux de mes collègues implantés depuis plus longtemps que moi dans mon nouveau service, ont commencé à vitupérer contre certaines conséquences de la pandémie du Covid:
A cause d’elle « nous sommes des esclaves ! » affirmaient-ils dans un même souffle inspiré et catégorique.
J’étais assis face à eux. Aussitôt après les avoir entendus, je leur ai dit calmement :
« C’est vrai que nous avons perdu des libertés depuis le Covid. Mais je préfère encore vivre aujourd’hui qu’en 1800. En 1800, je n’aurais pas pu être là en train de travailler. Sans compter toutes ces libertés dont on se prive tout seuls…. ».
Mes deux collègues, un de mon âge, et l’autre plus âgé de plusieurs années, proche de la retraite, se sont tus. Pourtant, ce ne sont pas des timides.
Le quotidien, c’est de la banquise. Une fois que ça t’encercle, ça peut te saisir. Il faut de l’agilité, de l’anticipation mais aussi une certaine mobilité pour éviter que ça te piège. Pour percer des trous aux endroits où c’est possible. Pour repérer les trous qui existent déjà. Pour s’assurer que sont restés suffisamment ouverts ceux qui avaient été décelés. Et pour passer à travers afin de reprendre son souffle ou pour rejoindre la surface.
Pour cela, il faut aussi être un peu curieux. Ou simplement préoccupé de sa survie.
Quelques fois, dans l’eau, on peut apercevoir des corps aux regards gelés dont les reflets crient : « Nous sommes vivants ! ». Il est très facile de les croire. Ils sont si beaux.
L’Art fait partie des trous dans la banquise.
Au premier plan, une sculpture qui représente l’Océanie. Cette figure évoque assez le peuple aborigène.
C’est peut-être pour cette raison que, même fermé, ce matin, le musée d’Orsay m’a donné envie de m’arrêter. Il est resté silencieux pendant les quelques minutes que j’ai passées près de lui. J’en ai profité pour me raconter des histoires avec ces statues.
Sur le chemin de halage entre Argenteuil et Epinay sur Seine. Vers Argenteuil et la A15, ce mercredi 7 avril 2021, un peu avant midi.
Chemin de halage
Je suis parti interroger mon corps. J’avais besoin d’informations. Il a bien voulu se laisser faire. Même si, au préalable, il m’a fallu tout un tas de préparatifs. C’en était ridicule. C’était beaucoup plus simple lorsque j’étais plus jeune.
Mais, là, avais-je les bonnes chaussures ? Mes chaussettes étaient-elles assez minces pour ne pas trop martyriser mes petits pieds ? Car les baskets, pendant le footing, avec le poids du corps et l’afflux du sang, ça comprime.
La veste. Avais-je la bonne veste ? Non, pas ce k-Way- là dans lequel j’allais suer tel un champignon rissolé mais plutôt celle en goretex. Si je l’avais achetée, c’était bien pour qu’elle me serve. Ah, oui, mes clés. Juste celles dont j’avais besoin. Je n’aime pas quand ça fait bling-bling quand je cours. Peut-être parce-que je crains que l’on confonde le bruit des clochettes avec celui du mouvement de recul de mes testicules.
Et, la petite compote, facile à avaler, ça peut servir en cas d’hypoglycémie. Avale-donc un peu d’eau avant de partir. Tu as la bouche sèche. Et un petit bout de chocolat, aussi, car la matinée est avancée. Tu as pris ton petit-déjeuner il y a plus de quatre heures. Et, on dirait que tu commences à avoir faim…
J’ai rajouté un masque anti-covid que j’ai mis dans une de mes poches. J’ai ouvert la porte de l’appartement et me suis engagé sur le palier….une pensée.
J’allais partir sans mes clés posées à l’entrée.
J’ai attrapé mes clés, un peu contrarié. Enfin, j’étais prêt. Un vrai marié.
Dehors, la température extérieure était de 7 degrés. Mais, plus froid, ça n’aurait rien changé. Je reste étonné de voir que certaines personnes attendent qu’il fasse chaud pour sortir le vélo ou faire un peu de sport. « Viens, on va se mettre au sport, il fait beau, aujourd’hui ». Mais lorsque les températures augmentent, notre corps se déshydrate plus vite. C’est rapidement la transe ou le sauna. Il faut être entraîné, condamné ou se préparer à aller courir dans le désert pour sortir faire du sport en pleine chaleur. Ou, bien-sûr, ne rien changer à sa vie sportive habituelle lorsque l’on a en une. Cela est assez oublié, mais l’un des propos du sport est aussi de nous préparer à nous adapter à notre environnement immédiat (rivière, escalade, barrière de corail ou autre obstacle naturel ou mental se trouvant sur notre passage…). Cela dépasse le simple fait de perdre des calories et du gras afin d’être suffisamment « slim » pour la séance plage ou photo. La pratique sportive, seule, ne suffit pas à faire de nous des aventuriers ou des guerriers redoutables. Mais elle peut nous aider à nous élever au delà de certaines de nos faiblesses.
Ces faiblesses peuvent aussi bien être d’avoir le souffle court ou d’avoir le réflexe de facilement croire ou penser que tout ce qui vient de nous est forcément nul. Pratiquer régulièrement et à son rythme. En restant proche de la limite du plaisir. Cette règle est valable pour beaucoup de disciplines.
A « l’ancienne » :
Je fais toujours mes footing à « l’ancienne » : comme je l’ai appris à l’adolescence.
Pas d’écouteurs dans les oreilles. Pas de podomètre. Pas de cardio fréquencemètres, de montre connectée. Je préfère.
Si je laisse mon téléphone portable allumé, c’est davantage pour connaître la distance parcourue, peut-être en cas d’appel ou de message important. Ou pour faire des photos. Surtout, aujourd’hui. Il fait beau. Et, ce matin, vers 7h, j’ai repensé au viaduc où la jeune Alisha est morte le 8 mars dernier.
Si je ne disais que ça, je paraitrais être sous l’emprise d’un atavisme morbide.
Inconsolable
Lorsque ce matin, j’ai eu l’idée d’y retourner, j’ai d’abord pensé appeler cet article Inconsolable. Dans la musique que j’écoute désormais, Jimi Hendrix avait remplacé Agnès Obel depuis longtemps. Agnès Obel dont un critique avait écrit, il y a quelques années, qu’au début d’un de ses concerts, concert auquel il avait assisté, il avait d’abord eu l’impression qu’elle sortait d’un réfrigérateur. Tant sa musique était froide. Si j’avais aimé et envié cet humour, le critique avait néanmoins remarqué qu’à mesure de l’écoute, la musique d’Obel avait fini par l’atteindre.
En écoutant Jimi Hendrix, ce laveur de solo, ce technicien de toute notre surface cérébrale mais aussi crépusculaire, j’avais fini par comprendre la raison pour laquelle, même si j’ai dansé sur ses titres, j’ai toujours conservé une réserve envers Prince, ce génie musical. Je me rappelle d’un article où l’on parlait de la guitare de Prince, comme de son « arme de destruction massive ». Mettez vos oreilles au contact du coffret Songs for Groovy Children , lors des concerts donnés par Jimi Hendrix fin 1969, début 1970 et vous changerez d’avis. Prince devait avoir 12 ou 13 ans en 1969. Il a sûrement entendu parler de ce concert, et encore plus d’Hendrix.
Quand je pense qu’il a fallu payer « seulement » 6 dollars ( les dollars de l’époque) pour voir Hendrix en concert en 1969.
Un de mes collègues m’a dit récemment : « Lorsque des gens disent que Prince était un très grand guitariste, ils mentent. Même si c’était un génie ». On peut trouver ce jugement ingrat. A moins d’avoir écouté Hendrix et de se rappeler, à nouveau, qu’Eric « God » Clapton, lui-même, avait pris peur en découvrant Hendrix sur scène en Angleterre, dans son royaume uni. J’ai lu que Clapton peut raconter qu’il avait en quelque sorte trouvé son rythme de croisière avec son groupe (loin d’être des musiciens amateurs) et qu’il se croyait établi. Lorsque Hendrix, arrivant des Etats-Unis, a débarqué sur scène. Hendrix qui avait, à ses débuts, tourné un peu avec Ike Turner, avant que celui-ci, selon certains dires, en aurait eu assez. Car Hendrix prenait trop de solos. En écoutant le coffret de Songs For Groovy Children, la durée des titres ( plusieurs dépassent la dizaine de minutes) et la « longueur » des solos de Jimi Hendrix, on peut s’amuser à imaginer la tête d’Ike Turner s’il avait été sur scène dans ces moments-là.
Hendrix n’était pas un artiste de foire. Et il était encore moins prêt à rester enfermé dans une cage tel un hamster auquel on viendrait parler de temps en temps.Sa musique, dans ce coffret, m’a tellement consolé qu’en l’écoutant, j’avais envie de pleurer. Le bibliothécaire à qui j’en ai parlé a paru surpris. Alors qu’il avait été le premier à avoir un air un peu navré, lorsqu’il y a quelques mois, je m’étais décidé à emprunter une anthologie de Johnny Halliday. Oui, Johnny Halliday. Dans un magazine de musique réputé, j’avais lu une bonne critique sur un de ses albums qui datait des années 60 ou 70. Je « savais » peut-être déja que Johnny avait sollicité Hendrix afin que celui-ci fasse sa première partie. Par contre, je savais beaucoup moins que Johnny et Jacques Brel étaient très proches. Dans la musique, comme en art et dans la vie d’une façon générale, les gens les plus ouverts et les plus rock’n’roll, peuvent ressembler assez peu à celles et ceux à qui l’on s’attendait en prime abord.
Bien que nos yeux soient souvent des guichets ouverts, nous regardons souvent celles et ceux qui nous entourent tels des aveugles…
Tout amateur de musique attend ces moments où l’artiste va lâcher un solo. Et où ce solo le saisira le plus longtemps possible. Dans le coffret Songs for Groovy Children, Hendrix en lâche, des solos. Ce faisant, il les tient en laisse bien au delà de la durée réglementaire. Et, sa voix ! Ce Blues. Solo/voix, solo/voix. Cela pourrait être deux personnes. C’en est une. Et, avec Hendrix, ses deux autres musiciens, basse, chant, batterie qui suivent et sont loin d’être des scissions secondaires.
Cependant, avant Jimi Hendrix, j’avais réécouté le Zouk de Jean-Michel Rotin. Un autre style. Un artiste plus « récent », encore vivant, que j’ai sans doute très mal présenté.
Depuis, Jimi a été remplacé ( le coffret Songs for Groovy Children, fastueux) par le concert d’ArethaFranklinLive at filmore West. J’ai emprunté ce cd, avec d’autres, avant que le nouveau confinement dû à la pandémie ne « close » à nouveau les médiathèques et autres lieux estimés « non essentiels ».
Non-essentiels :
Les deux artistes, Jimi Hendrix et Aretha Franklin ont réalisé ces performances sur scène vraisemblablement dans le même festival, mais à un ou deux ans d’intervalle.
On imagine un certain nombre de duos entre deux artistes que l’on aime bien. Même si, souvent pour des histoires d’ego et de sous, la plupart de ces duos ou de ces collaborations, sont morts nés. Un artiste en plein épanouissement poursuit souvent une trajectoire vers ce qu’il pense être son chemin. Et, personne ne peut ou ne doit le faire en dévier, sauf s’il le décide. Aretha Franklin, par exemple, à ce que j’ai lu, toute croyante et fervente chanteuse de Gospel qu’elle était, n’aspirait à rien d’autre qu’être la meilleure et a considéré d’autres chanteuses comme ses rivales, forcément moins légitimes qu’elle (Natalie Cole, Diana Ross….)
Ce matin, j’ai pensé à un duo Jimi Hendrix/ Aretha Franklin. Il n’y avait peut-être pas de rivalité entre les deux. Je ne sais pas s’ils se sont parlés ou rencontrés.
Après Aretha Franklin, j’ai écouté le dernier album d’Aya Nakamura. Aujourd’hui, Aya Nakamura est une vedette internationale. On a pu voir des images du footballeur brésilien, Neymar, superstar du Foot, et de l’équipe du PSG, danser sur son titre Djadja. Youtube n’existait pas à l’époque d’Aretha Franklin et de Jimi Hendrix.
J’aime la musique d’Aya Nakamura. Et ce n’est pas la première fois que je la cite. Mais en découvrant son album (acheté hier à la Fnac St Lazare demeurée ouverte, en pleine pandémie du Covid, alors que la médiathèque de ma ville, pour les mêmes raisons, a été obligée de fermer son accès au public depuis samedi dernier), j’ai bien été obligé de constater que, comme me l’avait fait remarquer un des employés de la même Fnac il y a environ deux ans, les paroles des chansons d’Aya Nakamura sont loin d’être…. des.prophéties. Les gros mots ne me dérangent pas. C’est surtout le projet des textes :
« Je t’ai aimé. Tu m’as désiré. Tu m’as menti. Tu m’as trahi. Tu m’as pris pour une conne. Tu parles sur moi. Tiens, prends, ça dans ta figure. Et encore, ça. Je suis libre, j’ai de la fibre, je t’emmerde. Et je peux vivre sans toi. En plus, j’ai beaucoup de succès. Et, toi, tu n’as rien. Qui te connaît ?! Tchip !».
ça fait trois albums que ça dure, et ça peut encore continuer comme ça longtemps puisque ses chansons ont du succès. Je ne discute pas les atouts de sa musique. En écoutant ses paroles, je comprends qu’une certaine jeunesse, en grande partie féminine dans un monde encore réglé par et pour les hommes, puisse s’identifier à ses émois ainsi qu’à ses « exploits » ( sexuels, affectifs, économiques ou autres).
Et puis, la musique d’Aya Nakamura donne particulièrement envie de danser, toutes générations confondues. Ce qui est important pour toute personne qui aime danser ou qui est plutôt à l’aise pour le faire. Ce que peut avoir beaucoup de mal à comprendre toutes celles et ceux, pour qui, le simple fait de taper nerveusement du pied suffit pour danser. Mais aussi celles et ceux qui voudraient décortiquer du Shakespeare ou, pourquoi pas, du Césaire, en toute circonstance.
La musique d’Aya Nakamura emballe tout le corps. Ses titres, limités à 3 ou 4 minutes, semblent étudiés pour ça. Ses phrases sont très simples à retenir. Et, j’imagine très facilement un public conquis répéter ses paroles en choeur en plein concert avec une très grande spontanéité libératrice. Et, aussi, frondeuse.
Je constate bien, depuis que j’ai commencé à écouter son album hier que deux ou trois titres me pendent à l’oreille, tels Doudou ou Mon chéri, au moins. Si bien que je dois faire un effort pour remettre l’album d’Aretha Franklin afin de bien choisir le titre que je compte vous présenter. Alors que, spontanément, j’ai surtout envie de remettre le Cd d’Aya Nakamura. Alors que je « sais » comme l’album live d’Aretha Franklin est plus que bon. Et qu’Aya Nakamura n’approchera sans doute jamais de sa voix les contrées et les inspirations qu’Aretha est allée chercher et a fait descendre sur terre pour qu’on puisse les entendre. Mais aussi, que même en matière de « vice », Soeur Aretha était encore bien plus indocile que petite soeur Aya. Amen.
Travailler, travailler, travailler :
Je ne doute pas non plus qu’Aya Nakamura soit une travailleuse dans sa veine artistique et musicale. Ainsi que celles et ceux qui l’entourent et la conseillent plutôt bien.
Dans le dernier numéro du magazine Self &Dragon, il est demandé au comédien Bruno Putzulu, un comédien dont j’aime beaucoup le travail et que j’avais aimé voir au cinéma dans le film L’Appât, film qui m’avait marqué à sa sortie au début des années 90, de feu Bertrand Tavernier- réalisateur décédé récemment – les conseils qu’il pourrait donner à quelqu’un voulant se lancer dans le métier de comédien.
Pour pouvoir espérer réussir dans le métier de comédien, Putzulu commence par répondre qu’il conseillerait à un (e) apprenti( e ) comédien (ne) de :
« Travailler, travailler, travailler ».
Putzulu connaît évidemment son sujet. Mais je vais pourtant le contredire. D’abord, en tant que comédien, même s’il vit de son métier, il fait partie de ces très bons comédiens, qui sont à mon avis sous-employés. Des comédiens auxquels on ne propose pas des « grands rôles » leur permettant d’étaler véritablement ce qu’ils savent faire. Parce-que l’on ne pense pas à eux. Parce-que l’on ne les choisit pas. Et, cela n’a rien à voir avec leur capacité de travail.
Et que l’on ne me parle pas de la « grâce ». Parce-que, personne ne trouve Samuel Jackson ou JoeyStarr ou Jean-Pascal Zadi ( Tout simplement Noir), ni même Omar Sy ( Yao, Police-un film d’Anne Fontaine ) gracieux. Pourtant, personne, aujourd’hui, ne contestera leur « particularité », leur « originalité », leur « style », leur « personnalité » ou leur « talent ». Parce-que, entre leurs débuts, et maintenant, ils ont chacun, de différentes façons, rencontré le succès. Et se sont rendus « désirables ».
Et, le succès, tout comme le désir, lorsque tu évolues dans un domaine artistique et public, ça serespecte voire ça se gère ou ça se craint. Car cela représente un jackpot économique potentiel si tu fais partie du « deal » ou de l’entourage immédiat du poulain ou de la pouliche qui est très en vue ou qui peut remporter d’autres grands prix.
Que tu t’appelles Aya Nakamura, Aretha Franklin ou Jean-Pascal Zadi. Peu importe le message que tu passes ou que tu essaies de faire passer. Peu importe que, dans le cas d’une Aretha Franklin, Martin Luther King soit venu dormir chez ton père, lors de certains meeting, ou que tu aies fait des concerts, gratuitement, en soutien pour le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis dans les années 60. Ou que, comme Aya Nakamura, tu parles de ruptures sentimentales, et de mecs qui n’assurent pas.
Le succès, ça se respecte, et, il n’y a pas de règle établie pour y parvenir. On peut se défoncer toute sa vie pour réussir. Y compris avec son derrière. Et échouer. C’est ça, le secret que tout le monde connaît. Et pour enterrer un peu plus l’idée selon laquelle, la grâce permettrait de différencier une personne qui en a d’une autre qui en serait dépourvue, on va se rappeler que, pour certaines et certains, la grâce est tout de même bien mise sur orbite, ou « aidée », par l’entourage stratégique que l’on connaît, et le moment, aussi, où l’on apparaît en public. Ensuite, c’est à nous de jouer. Soit on fait tout de travers. Soit on « fait le travail » pour lequel on a été préparé.
Cependant, pour réussir, il faut bien, à un moment ou à un autre, rencontrer, décider ou dérider quelqu’un qui jettera sur notre trajet un peu de cette de poudre magique qui nous permettra de réussir. Et, réussir, qu’on le veuille ou non, cela signifiera toujours réussir économiquement.
Ce que n’ont toujours pas compris quantités d’idéalistes et d’abrutis- dont je fais partie- qui se condamnent d’eux-mêmes. C’est parce-que je me suis condamné à faire partie des invisibles et des ratés du box-office économique que je fais partie des abrutis.
Si des professions comme les professions soignantes sont maltraitées de manière répétée, c’est aussi, parce-que, à moins d’être une personnalité très médiatisée ( ça existe parmi quelques soignants généralement médecins ou psychologues), la majorité des soignants sont des anonymes, donc, éloignés du « succès » public mais, surtout, économique. Lorsque l’on contribue à sauver une vie, par exemple, cela ne fait pas des millions d’entrées au box-office. Cela ne fait pas vendre de la pub, du pop corn ou du coca-cola. Il n’existe pas de festival de Cannes du soin qui serait convoité et visité par des millions de spectateurs, avec limousine, grandes célébrités et retransmission médiatisée dans le monde entier de l’événement. Alors, au mieux, on « admire » les soignants ou on les applaudit. Et, tout ordinairement, on peut les négliger. On peut aussi les plaindre car cela ne coûte pas grand chose non plus. Pourtant, les soignants, comme bien d’autres gens, des artistes inconnus, ou d’autres personnes exerçant dans d’autres professions, sont des travailleurs. Mais pas de petite poudre magique pour eux afin d’améliorer leur statut ou leurs conditions de travail. Pour eux, et pour tant d’autres- les invisibles et les ratés du box-office de la réussite économique- la vie sera dure. Les conditions de travail. Le salaire. L’épargne ou la retraite. La santé. Tout sera susceptible d’être dur ou de le devenir pour eux, s’ils n’apprennent pas à encaisser et à esquiver.
A un moment donné, soit, on sait encaisser. Soit, on se fait lessiver.
Enfin, si les polars connaissent autant de succès, c’est aussi parce qu’ils racontent souvent l’histoire de grâces et d’innocences qui ont été saccagées. Et nous connaissons, intimement, ce genre de vérités. Donc, travailler, travailler, travailler, ne suffit pas.
C’est étonnant comme le simple fait de reprendre les footing peut vous dévergonder. J’étais plus éteint que ça en partant courir ce matin.
La « petite » Aya Nakamura, elle, avait compris tout ça bien plus tôt que moi, et sans avoir besoin de faire des footing. C’est pour ça qu’elle a réussi et, qu’aujourd’hui, elle peut nous faire danser.
La librairie Presse Papier :
Il y a quelques jours, un collègue habitant aussi dans ma ville, a un moment fait allusion à la mort d’Alisha ( Marche jusqu’au viaduc). Mais c’était pour lui un événement comme un autre. Il a vite occupé ses pensées à tenir sa tasse de café ou à d’autres sujets. ( Quelques jours plus tard, sans que cela ait évidemment de rapport avec le décès de la jeune Alisha, j’apprenais que ce collègue avait attrapé le Covid)
Ce matin, en allant acheter le journal dans la librairie du centre-ville, j’ai pris le temps de discuter avec le gérant et un habitué. Les deux hommes se connaissent bien visiblement. Le premier habite Argenteuil depuis quarante ans. Le second, enseignant à la retraite, est né à Argenteuil. Militant, je l’ai déjà vu distribuer des tracts à la sortie de l’école. Il m’a appris ce matin être à l’origine de la création du salon du livre d’Argenteuil. Mais aussi de l’association Lire sous les couvertures.
Mais il m’a appris davantage : la voie expresse qui, aujourd’hui, coupe les Argenteuillais des berges de la Seine n’existait pas avant….1970. Grosso modo, lorsque Jimi Hendrix a fait son concert fin 1969 et début 1970 ( le concert d’Aretha Franklin date de 1971), il existait une promenade le long de la Seine. On organisait même des cross sur cette promenade qui aurait existé de 1820 à 1970.
Sur le chemin de halage, vers Argenteuil, ce mercredi 7 avril 2021. Sur la fin de mon footing, de retour d’Epinay Sur Seine. C’est sous ce viaduc que le 8 mars, Alisha….
Tout à son récit, D m’a parlé du chemin de halage du côté du viaduc. Marcheur, D s’est enthousiasmé pour le travail « extraordinaire » qui avait été réalisé sur ce chemin de halage pour le rendre agréable. Il m’a confirmé brièvement. Oui, c’était bien là, sous le viaduc qu’il y avait eu le fait divers….puis, il a poursuivi son argumentaire concernant la façon dont l’aménagement de la ville était mal géré. D m’a appris qu’il avait un blog, très bien fait, alimenté régulièrement, dans lequel il parlait d’Argenteuil. Il m’a invité à le lire. Je lui ai aussi parlé du mien mais cela n’a pas paru lui parler plus que ça. Je ne sais pas si D préfère écouter Aya Nakamura ou lire son blog. Je ne sais pas non plus si elle en a un. Par contre, en quittant la librairie, je savais que j’allais retourner au viaduc. J’ai un moment pensé à faire le parcours à vélo afin de bien profiter de la Seine sans trop me fatiguer. Puis, je me suis rapidement dit que ce serait une bonne occasion de reprendre le footing. Afin de voir où j’en étais.
Le chemin de halage :
Je m’étais mis en tête de courir trente minutes pour une reprise. Sans aucune idée du temps qu’il me faudrait pour arriver au viaduc.
Les dix premières minutes ont été un peu inconfortables. Car mon corps n’était plus habitué au footing. Mais, très vite, j’ai perçu que mon cœur, lui, était au rendez-vous. Peut-être les effets de mes trajets à vélo depuis bientôt deux mois depuis la gare St-Lazare pour aller à la travail. A chaque fois, à l’aller comme au retour, trente minutes de vélo.
Il m’a fallu douze minutes, à allure douce, pour arriver au viaduc. J’avais le soleil de face. J’ai continué sur le chemin de halage jusqu’à arriver à Epinay sur Seine, ville de tournage de cinéma. Mais ville, aussi, où se trouve une clinique psychiatrique où il a pu m’arriver de faire des vacations. Je pouvais alors m’y rendre en environ vingt minutes en voiture. Là, j’avais mis à peu près trente trois minutes en footing. A vélo, j’en aurais sûrement pour 20 minutes, peut-être quinze, par le chemin de halage. Le centre Aqua92 de Villeneuve-la-Garenne, où les trois fosses et le bassin de 2,20 de profondeur, permettent de pratiquer apnée et plongée n’était pas si loin que ça. Même s’il devait rester quinze à vingt minutes de footing pour y arriver.
Je me suis arrêté pour marcher. Prendre le temps de souffler. Quelques photos. Après dix minutes, je suis reparti en sens inverse. A l’aller comme au retour, les gens que j’ai croisés, promeneurs, coureurs, étaient enclins à dire bonjour. L’absorption des relations sociales par le confinement et la pandémie favorisaient peut-être ces échanges simples.
Je prenais des photos de ce « bateau-école » lorsque G…, me voyant faire, a ouvert la porte pour me renseigner. Elle m’a donné quelques explications, m’a remis une brochure avec les tarifs. Puis, je suis reparti.
Je commençais à en avoir plein les cuisses. L’acide lactique. Ça m’a étonné parce-que je ne courais pas particulièrement vite. Cela devait venir du manque d’entraînement, sans doute.
A l’approche du viaduc, j’ai ralenti. Encore quelques photos. J’étais près du mur des fleurs à la mémoire d’Alisha, lorsque la sirène du premier mercredi du mois a retenti. Je ne pouvais pas filmer meilleure minute de silence qu’avec cette sirène.
Devant tout ce bleu, tout ce soleil, je me suis dit que la mort d’Alisha, d’une certaine manière était un sacrifice. Et, qu’est-ce qu’un sacrifice, si ce n’est une mort- ou un soleil- qui permet à d’autres de vivre ou qui leur indique le chemin qu’ils doivent suivre pour continuer de vivre ?
Photo ce mercredi 7 avril 2021, depuis l’endroit où le 8 mars, Alisha a été poussée dans la Seine après avoir été tabassée.
Après la minute de silence, j’ai fait le tour du viaduc dans le sens inverse de la dernière fois sans m’attarder. En faisant ça instinctivement, j’ai eu la soudaine impression de défaire le cercle de la mort.
Même endroit que la photo précédente, ce mercredi 7 avril 2021. En regardant dans la direction d’Epinay-sur-Seine.
Evidemment, je n’irai pas expliquer ça aux parents d’Alisha, ni à ses proches ou à celles et ceux qui l’ont connue de près. Et, je ne crois pas que j’aimerais que quelqu’un vienne me tenir ce genre de propos si je perdais une personne chère.
Ce mercredi 7 avril 2021, en rentrant sur Argenteuil vers la fin de mon footing.
Pourtant, sans cette mort le 8 mars, je ne serais pas venu jusqu’à ce viaduc. Je n’aurais peut-être jamais pris ce chemin de halage alors que cela fait déjà 14 ans que je vis à Argenteuil.
Ce chemin de halage, je l’avais supposé depuis Epinay Sur Seine où je m’étais rendu en voiture ou à vélo. Mais sans savoir qu’il pouvait aller jusqu’à Argenteuil.
Et, j’avais déjà entendu un Argenteuillais, adepte du footing, en parler, il y a trois ou quatre années, mais cela était resté très abstrait pour moi. Je n’imaginais pas un tel chemin, aussi étendu, aussi large, aussi agréable. Et, à travers tout le bleu de ce mercredi 7 avril, je comprends qu’Alisha, le 8 mars, ait pu très facilement accepter de suivre celle qui a servi d’appât, comme le titre du film de Bertrand Tavernier qui avait été inspiré d’un fait divers.
Lorsque je suis venu ici pour la première fois ( Marche jusqu’au viaduc ), il faisait plus sombre. Et je m’étais dit qu’Alisha avait vraiment dû se sentir en confiance pour venir dans un endroit pareil. Mais le 8 mars, il faisait peut-être beau.
Lorsque l’on compare les photos que j’ai faites de cet endroit la première fois que j’y suis venu, le 16 mars, avec celles de ce mercredi 7 avril, on remarque que la lumière et l’atmosphère sont très opposées. Ce mercredi 7 avril, la lumière est très belle. J’ai posté une des photos de ce jour, prise depuis le chemin de halage ( celle qui ouvre cet article) sur ma page Facebook, et elle a plu à plusieurs personnes. Elle me plait aussi. Tout ce bleu. Ce soleil.
Comme ces photos prises deux jours différents, malgré tout le béton dont l’être humain s’entoure, notre nature se lézarde et mue. Ces mues ne sautent pas aux yeux à première vue. Elles sont d’abord invisibles, souterraines, imperceptibles, légitimes ou illégitimes. Mais elles surviendront, pour le pire ou le meilleur, si elles trouvent un moyen ou un chemin pour s’affirmer et s’affranchir de nos secrets. De nos codes. De nos limites.
Ces mues, nos changements, de comportement, tenteront de s’adapter et de s’habituer au grand jour et au monde. Ils seront parfois aussi violents qu’éphémères. On peut d’abord penser à des crimes ou à des actes monstrueux. Mais on peut aussi penser à certaines carrières fulgurantes :
Jimi Hendrix est mort ultra-célèbre à 27 ans alors qu’il ne pratiquait la guitare que depuis une douzaine d’années…… on nous parle encore d’Amy Winehouse, de Janis Joplin, de tel acteur ou tel actrice « parti(e) trop vite… » . On peut aussi penser à des aventuriers de l’extrême morts trop jeunes tels que l’apnéiste LoïcLeferme . Ou même à l’apnéiste… Audrey Mestre.
En m’éloignant du viaduc, un homme noir d’une soixante d’années semblant venir de nulle part, partait comme moi. Il marchait et avait du mal à remonter la pente. Il avait baissé son masque anti-covid sûrement pour mieux reprendre son souffle. Je l’ai dépassé en reprenant mon trot. Ce faisant, je l’ai salué. Il m’a répondu, un peu étonné. Puis, je l’ai distancé. Je serai peut-être ce vieil homme, un jour.
Lorsque j’ai retrouvé la route d’Epinay, en allant vers Argenteuil, un bus 361 m’a dépassé. Puis, j’en ai un croisé un autre un peu plus loin. A l’aller, aussi, j’avais croisé un 361. Cet itinéraire est vraiment bien desservi par le bus.
En rentrant chez moi, je suis repassé devant le hammam. Il avait l’air ouvert. Je me suis dit que j’y retournerais. Et que cela me permettrait, aussi, de profiter de leur très bon thé à la menthe.
Franck Unimon, ce mercredi 7 avril 2021.( complété et finalisé ce mardi 13 avril 2021).
Il faisait entre 3 et 6 degrés ce matin, lorsque j’ai quitté le travail sur mon vélo.
Depuis quelques jours, les températures se sont refroidies. Alors que jeudi après-midi, on aurait presque pu croire à une journée d’été.
L’écart entre les températures du matin et celles de l’après-midi « mouche » désormais régulièrement les dix degrés ou davantage. Cependant, comme l’année dernière, à la même époque, la luminosité extérieure est vaste et belle lorsqu’elle nous interpelle.
C’est peut-être la luminosité intérieure qui se fait parfois repasser selon ce que l’on vit.
Mon moral se maintient malgré l’avancement d’une semaine, ce vendredi, des vacances scolaires de Pâques. Pour cause de pandémie sanitaire due au Covid, vedette presque planétaire : on en parle moins en Afrique, par exemple où l’on connaît d’autres brides.
L’année dernière, à la même époque, comme beaucoup en France, je croyais la pandémie du Covid passagère. Aujourd’hui, la série des variants du Covid, les seconds couteaux de la pandémie, se multiplie et se rallonge. Afin d’essayer de contrer un certain nombre de râteaux, la course à la vaccination, comme aux tests de dépistage, s’intensifie. En une semaine, j’ai dû me faire trifouiller les narines deux fois pour un test antigénique :
Deux de mes collègues, à une semaine d’intervalle, ont été déclarés positifs. L’un, sans équivoque. L’autre, avait une « trace ». Avant ça, à part une sérologie sanguine de dépistage effectuée dans mon précédent service il y a plus de six mois, je n’avais pas eu à faire d’examen. Alors que là, en une semaine, je me suis retrouvé deux fois « cas contact ». Pareil pour les « variants ». Encore des termes qui vont devenir de plus en plus populaires et entrer dans les consciences. Alors que nous étions une majorité à les ignorer il y a encore un an et demi. Il y a un an et demi, malgré nos contraintes, nos peurs et nos insatisfactions, nous vivions davantage pour le plaisir. Aujourd’hui, le Devoir nous dicte davantage comment nous sommes supposés vivre et nous comporter.
Il y a plus de vingt ans, en Guadeloupe, un de mes oncles paternels avec lequel je discutais, m’avait affirmé : « Il n’y a pas de plaisir dans la vie, Franck ! ». A l’époque, j’avais rigolé.
Je relate ça pour la mémoire. Parce-que lorsque la pandémie du Covid sera passée – et ça passera même si à mon avis ça durera au delà de cet été -on oubliera.
On oubliera parce-que notre mémoire se fera loger par d’autres événements moins drôles que le Covid. Oui, c’est possible.
Mon moral se maintient.
Même si je suis resté en région parisienne contrairement à d’autres qui ont filé sur la route, ou par train, dès qu’ils ont pu, après l’annonce du reconfinement et l’avance des vacances de Pâques. A ne pas confondre avec l’avance sur recettes.
On ne parle plus aujourd’hui d’applaudir les soignants, depuis son balcon, à vingt heures. Pourtant, pour les soignants touchés par le Covid ou confrontés directement à des conditions de travail rendues particulièrement difficiles par la pandémie, la situation est identique voire pire que celle de l’année dernière. Pour sincères qu’aient pu être ces applaudissements, et je crois qu’un certain nombre des applaudissements de l’année dernière étaient sincères, leur abandon et leur oubli reflètent à mon avis à la fois un découragement général, un certain épuisement aussi, mais aussi le traitement qui a souvent été celui des soignants. Et de toute personne dont le métier consiste à traverser des pics de souffrance et de violence avec leur blouse, leurs compétences techniques, mais aussi leurs engagements physiques, mentaux, émotionnels et culturels :
On leur assure une admiration ainsi qu’une certaine distance prudente et sécurisée. En attendant- en exigeant- d’eux qu’ils fassent le boulot pour lequel ils ont été embauchés. Sans toujours vraiment regarder ce que cela peut leur coûter car on a d’autres choses à faire. Et puis, ils l’ont bien cherché (les soignants) à choisir ce métier. Donc, qu’ils ne se plaignent pas ! C’est déjà bien qu’ils aient un travail et qu’on les paie à peu près correctement et plus que d’autres. Peu importe que la profession de soignant puisse imposer des contraintes qui feraient fuir ou vomir un certain nombre de ces « autres » ( pipi, caca, la vue du sang, les crachats, les plaies, la maladie, la mort, les insultes, les menaces de mort, les horaires de travail, les diverses hiérarchies omniscientes et incendiaires. Ah, la jolie carrière- politique ?- de Martin Hirsch/ Ah, la parfaite démonstration de déontologie, de justice et de démocratie que le jugement des labos Servier pour « l’affaire » du Mediator etc….).
Mon moral se maintient parce-que j’ai déjà « connu » ça l’année dernière. Pour ce qui est de la pandémie. Même si, j’avais connu un peu, aussi, celle du Sida, à la fin des années 80. J’avais 18 ans en 1986.
Mon moral se maintient vis-à-vis de la pandémie du Covid même si cette fois-ci, plus de personnes, et plus jeunes, se font manifestement contaminer par « Lui » ou par « Elle ». Et on ne parle pas des magazines Lui et Elle, ici, même si, bien-sûr, je l’aurais préféré.
Mon moral se maintient parce-que je sors pour le travail. Le seul télétravail qui me convienne a priori, c’est celui que j’effectue actuellement alors que j’écris, à des heures qui me conviennent, selon mes possibilités, mes envies et mes besoins.
J’ai aussi le moral parce-que j’ai des masques. Parce-que j’ai un vélo et je fais quelques photos qui me permettent de voir la vie et les rues « autrement ». De ruser avec une certaine fatalité. Parce-que j’ai une vie affective chez moi, aussi. Parce-que j’ai des amis. Une famille. Parce-que j’écris. Parce-que je lis. Oui, je me répète parce-que répéter ce qui nous fait du bien en renforce les effets.
Parce-que j’écoute des podcast. Parce-que mon travail me plait comme me plait l’alternance de jour comme de nuit.
Parce-que j’écoute de la musique. Beaucoup Jimi Hendrix, depuis quelques jours. Je le redécouvre. C’est plus stimulant de l’écouter que d’écouter du Jacques Brel que j’aime entendre mais que je délaisse pour le moment. C’est étonnant.
J’ai commencé à réécouter Jimi Hendrix d’abord par le coffret de Cds Songs for Groovy Children emprunté il y a plus d’un mois à la médiathèque de ma ville. Oui, la culture, l’accès à la culture, les discussions avec les bibliothécaires, font aussi du bien, même derrière un masque. Mais, depuis hier soir, la médiathèque de ma ville, est de nouveau fermée au public. On peut réserver sur le site de la médiathèque et venir chercher sur place, à certains horaires, les documents que l’on aura préalablement réservés. Pour cela, il faut une connexion à internet et, bien-sûr, savoir se servir d’internet.
Jimi Hendrix, c’est de la musique de « vieux ». Je me le dis bien en l’écoutant. Car je « devrais » plutôt parler d’Eddy de Pretto, de Lous and The Yakuzas, deux artistes français parmi bien d’autres qui « marchent » bien en France, de plus en plus, et que je n’ai pas encore pris le temps de vraiment écouter. Comme je n’ai toujours pas pris le temps de m’initier à beaucoup de jeux vidéos, au rétro gaming. Alors que je suis « rétro ». Daté. Dépassé.
Mais je veux bien être rétro s’il faut dire ça pour continuer d’écouter Jimi Hendrix et d’autres. Cela ne m’empêchera pas ensuite d’aller fouiller dans la musique des « jeunes ».
Jimi Hendrix, c’est de la musique de vieux, donc, mais qu’est-ce que j’aimerais être vieux comme sa musique pendant encore plusieurs années !
On pensera peut-être au titre Voodo Chile de Jimi Hendrix contre le Covid. Mais ce n’est pas à lui que je pense en premier. Même si je peux comprendre que l’on titube en écoutant ce tube.
Je vous invite par exemple à écouter les titres » Machine Gun » et » Foxey Lady », dans leur intégralité et leurs diverses déclinaisons, dans le coffret » Songs for Groovy Children ». C’était il y a 51 ans. Assez peu de grands artistes « d’aujourd’hui », pourtant, la ramèneraient devant Jimi Hendrix.
Voici quelques photos prises ce matin en rentrant du travail. Je me suis dit ce matin que j’avais vraiment bien fait de m’acheter ce vélo pliant il y a bientôt deux mois. Même si je continue de lorgner sur les vélos Brompton. Cette marque- ou quelqu’un qui connaît un de ses décideurs- devrait penser à me sponsoriser vu le nombre de fois, déjà, où je la cite. Un peu tel l’amateur qui repère une belle mécanique qui sort de l’ordinaire mais qu’il ne peut s’offrir. Je devrais peut-être démarcher un de ses représentants. En leur disant que je veux bien rouler pour les solos de Jimi et pour un de leurs vélos.
Franck Unimon, ce dimanche 4 avril 2021, dimanche de Pâques.
Du côté de St-Germain des Prés.
Place Vendome.
Vers l’Opéra Garnier.
Sur la gauche, Galeries Lafayette ou Grand magasin Printemps ? En haut à gauche, l’actrice d’un « seul » rôle, Sharon Stone ( « Basic Instinct ») « encadre » un article » Déradicalisation. Enquête sur un fiasco » avec l’artiste Lous and The Yakuza qui pose en modèle pour une marque de vêtement ou de chaussures, orientée sport.
Salle de cinéma fermée, comme toutes les autres accessibles au public, depuis des mois. Bar d’images fermé près de la gare St Lazare plus que déserté pour raisons sanitaires liées au Covid.
Contrairement à la salle de cinéma précédente ou à la salle de concerts de l’Olympia, l’enseigne Fnac était encore ouverte il y a quelques jours.
Vue depuis une des sorties de la gare St Lazare, Paris.
Une cousine africaine parlait au téléphone, de l’autre côté de la rue, il y a quelques heures, à Argenteuil. Avant le couvre-feu. Elle portait un tailleur, des talons aiguilles, et malgré son masque anti-covid, personne, pas même un représentant de la BNP, n’aurait pu hypothéquer le bel arrangement de son apparence.
Quelques mètres plus haut, j’ai croisé une autre cousine. Alors qu’elle s’éloignait, et distançait peu à peu un cousin de l’âge de son père, celui-ci a regardé son postérieur. Il était aussi large qu’un avenir limitrophe mais encore trop proche des frontières d’un pays qu’il ne pourrait jamais atteindre. Et, il le savait.
Ces remarques n’ont rien à voir avec la rubrique Vélo Taffe puisque je revenais à pied – et bredouille- du magasin Babou lorsque j’ai assisté à ces deux micro-scènes de la vie courante. Mais je les trouve amusantes. Beaucoup plus que ce qui concerne les campagnes de vaccination et les vaccins anti-covid ( Pfizer, Moderna, Astrazeneca, Sputnik V, Johnson&Johnson) ou la manière dont il aurait fallu ou dont il faudrait s’occuper de l’épidémie du Covid. Peut-être que de même qu’il y a trois ou quatre opérateurs de téléphonie mobile qui se répartissent le marché des téléphones portables en France, qu’il y aura bientôt trois ou quatre labos qui se répartiront le marché de notre santé en France ou dans le monde. Mais nous sommes encore un petit peu loin de tout ça.
Il y a deux ou trois jours, maintenant, je suis tombé devant chez moi sur un couple d’amis. Nous nous sommes reconnus malgré nos masques.
Ils découvraient le magasin de produits exotiques africains qui a ouvert il y a bientôt six mois maintenant. Ils étaient là à regarder la vitrine sans trop oser y entrer quand j’y repense maintenant. Ils m’ont demandé si les articles alimentaires étaient bons. Oui. Ce magasin marche plutôt bien. Nous saluons régulièrement la commerçante.
Je n’avais pas croisé ces amis depuis un moment. Ils habitent à une dizaine de minutes de chez nous.
En discutant avec eux, j’ai compris qu’ils n’étaient plus sortis de chez eux depuis plusieurs semaines ou plusieurs mois. Lui, m’a dit : » On respecte les consignes ». Ils m’ont expliqué qu’ils pouvaient travailler depuis chez eux. Moi, j’avais un peu l’impression qu’ils sortaient de leur caisson de cryogénisation. Même s’ils étaient parfaitement présentables et que nous avons eu une conversation tout à fait convenable, comme « auparavant ». Ils avaient toujours la même syntaxe. Au moins en apparence. Car j’ai compris avec eux qu’il existait des comportements radicalement opposés par rapport à cet événement qu’est le Covid. Ou la Covid. Y compris au sein des couples.
Le Covid nous met devant nos rapports personnels avec la mort. Il y a très peu de mise en scène possible avec nos angoisses. Ce couple d’amis était apparemment encore uni et raccord par rapport à ce sujet. Lui, avait attrapé des cheveux blancs depuis la dernière fois que je l’avais rencontré. Cela n’a peut-être aucun rapport avec l’épidémie mais ça m’a fait un drôle d’effet.
Je ne leur ai pas dit que le matin, dans une pharmacie à Odéon, j’avais passé mon premier test antigénique. Car un de mes collègues était présumé positif au Covid. Et que, comme mes autres collègues, j’avais été considéré » cas contact ». J’ai eu le résultat au bout de quinze minutes comme deux employés sympathiques des impôts dont l’un des collègues avait attrapé le Covid :
Nous étions tous les trois négatifs.
Pour moi, le pire de l’angoisse, comme je l’ai répété à ce couple d’amis, même si depuis les variants du Covid se multiplient et que de plus en plus d’enfants l’attrapent apparemment( six classes ont été fermées dans l’école de ma fille après qu’un enfant ou une personne ait été positive au Covid dans chacune de ces classes), ça a été au mois de mars de l’année dernière.
Les premières semaines du premier confinement de l’année dernière avaient été les plus angoissantes. Je continuais comme aujourd’hui d’aller au travail. Et, au départ, il y avait une pénurie de masques. Jusqu’au début du mois de Mai où les masques avaient commencé à être « parachutés » dans les supermarchés et les pharmacies.
Puis, à partir de mi-juillet de l’année dernière, en partant quelques jours en vacances, je m’étais un peu plus « séparé » de l’angoisse. Même si je continue de vivre masqué lorsque je sors de chez moi.
Mais lorsque je suis à vélo pour partir au travail, je retire mon masque pour pédaler. Pour écrire aussi, sans doute.
Quelques remarques complémentaires à propos de l’expérience vélo pliant
Pour ce deuxième article de la rubrique Vélo Taffe après ( Vélo Taffe : une histoire de goudron), je joins des photos prises pendant mon trajet de travail lors de ces mois de février-mars 2021.
Si ma lampe avant- fixée à mon vélo lors de la vente- ne marche déja plus sans doute du fait des piles, je continue mes parcours à vélo pour aller au travail. Je viens de commander une lampe avant et une lampe arrière de la marque Lezyne que je ne connaissais pas. Je me suis fié au site d’un magasin de vélo devant lequel je passe, boulevard Raspail, en allant au travail. Magasin, ou plutôt chaine de magasins, que je ne connaissais pas non plus avant ces itinéraires à vélo : En selle Marcel.
Sur la route, je croise différentes sortes de vélos. Pliants, non pliants, course, non-course, vélib. Je me demande si, un jour, un type ou deux ou trois types de vélos s’imposeront. En espérant que ce ne soit pas le Vélib actuel. « Le » Brompton, dans les vélos pliants, continue d’avoir une aura particulière à mes yeux. Depuis mon premier article, j’ai appris en discutant un peu à un feu rouge avec un « bromptonien » que si le vélo est très bien, ses accessoires coûtent cher : 35 euros pour changer une plaquette de freins ? Mais ses pièces durent peut-être plus longtemps.
Le Brompton a aussi pour particularité d’avoir des roues de 16 pouces. Contre 20 pour mon vélo pliant (je m’étais trompé en disant que c’était des roues de 26 pouces). Concernant son prix, j’ai vu sur le site de En Selle Marcel qu’il est possible de payer son Brompton en quatre fois sans frais. Mais il faut quand même pouvoir donner 300 à 400 euros quatre mois de suite. Une seule mensualité de 400 euros, pour un Brompton, équivaut presque au prix de mon vélo B’Twin.
Je reste tout autant perplexe devant le nombre de têtes recouvertes par le casque de la marque Kask. Plus de cent cinquante euros, près de deux cents euros ou plus, le casque. On le leur aura peut-être offert.
Je croise aussi assez fréquemment des livreurs Deliveroo ou Uber Eats à vélo. Je m’applique généralement à les laisser passer. Leurs conditions de travail sont si difficiles.
Pour mes premiers trajets « vélo taffe », je passais par le carrefour de l’Odéon, un endroit très sensible pour la circulation. Que ce soit à vélo ou à pied. J’ai changé de parcours et je m’en trouve mieux. Même si le Boulevard Raspail m’apparait encore un peu long à monter.
Les photos seront sûrement un peu dans le désordre.
Franck Unimon, ce mercredi 31 mars 2021.
Cette photo a été prise il y a plusieurs semaines, maintenant. Il s’agit du théâtre de l’Odéon où des banderoles sont toujours présentes comme on le verra sur deux photos plus récentes.
Barnay-Bambuck, athlètes engagés / un documentaire d’Aurélie Bambuck
C’était il y a un demi-siècle. Mais cela aurait pu être une demi-seconde.
Quand il s’agit de jeter nos forces dans une action, une demi seconde, en trop ou en moins, ça peut être pareil qu’un demi siècle.
Le temps, la pesanteur, que l’on soit danseur ou d’ailleurs, nous leur devons toujours des comptes.
La France, ex grande puissance coloniale, ne compte plus les victoires et les chronos qu’elle doit sur une piste d’athlétisme aux descendants de ses esclaves et de ses indigènes. Ghislaine Barnay et Roger Bambuck ont fait partie de ceux-là en saut en hauteur et en sprint.
Bambuck participait aux Jeux olympiques de Tokyo en 1964 et à ceux de Mexico en 1968. Barnay, à ceux de Mexico et de Munich en 1972. On ne parle pas d’Usain Bolt, là. Pas même de Carl Lewis pour celles et ceux qui s’en rappellent. Mais gagner des championnats de France et d’Europe, sauter jusqu’à 1m80 en ventral, courir le 100 mètres en 10 secondes 11 ne se fait pas en vapotant. Pour cela, il faut détaler. Pousser. Ouvrir en grand les fenêtres de son souffle.
Pour cela, il a aussi fallu quitter sa Martinique et sa Guadeloupe natale.
Des jeux de Tokyo, de Mexico et de Munich, j’ai le souvenir de l’Américain Bob Hayes sur 100 mètres. De Bambuck qui finit cinquième sur 100 mètres derrière Jim Hines, le vainqueur. Du poing noir ganté et levé de Tommie Smith, de Lee Evans et John Carlos. Des terroristes palestiniens.
Parce-que j’ai lu. Barnay et Bambuck l’ont vécu.
Je ne connaissais pas Ghislaine Barnay.
Elle et Bambuck, d’abord athlètes individuels, puis couple, ont concouru sur les pistes dans un monde en pleine décolonisation mais aussi en pleine mutation civique et politique.
Il y a l’engagement médiatique façon « poing levé » ou arme à la main. Et l’autre, qui consiste à rester présent là où l’on ne nous attend pas. C’est cet engagement-là, le second, que choisira le couple Barnay-Bambuck et que raconte leur fille, Aurélie, réalisatrice du documentaire.
Pour Barnay, ce sera, après sa retraite sportive, son travail d’éducatrice sportive. Pour Bambuck, après plusieurs tâtonnements, cela passera par un engagement en politique dans les années 80.
D’après le portrait qui est fait du couple, l’opportunisme ne fait pas partie de sa culture. Ni l’adoration du prestige passé.
Cela fait drôle de voir la famille Bambuck assister à la finale du cent mètres masculin aux jeux de Séoul en 1988. Lorsque Ben Johnson, l’astéroïde propulsé sous stéroïdes, sort d’abord le majestueux Carl Lewis de l’écrin de la première place. Je me rappelle de cette finale pour l’avoir regardée à la télé. C’était aussi l’année de « Flo-Jo Griffith », toujours détentrice du record du monde féminin sur 100 mètres, décédée avant que n’ait pu être prouvé son plus que probable dopage.
Le dopage ne se trouve pas non plus sur la planète Barnay-Bambuck. Discrétion, conscience morale et professionnelle ressortent comme les pointes- homologuées- avec lesquelles le couple s’est déplacé sur le tartan de la vie. On ne peut pas dire qu’ils aient toujours été suivis.
Avec ce documentaire, Aurélie Bambuck effectue un double tour d’histoire : Celui d’une partie de l’histoire de l’athlétisme français. Celui de l’histoire de ses parents. On peut les voir à l’image s’exprimant de nos jours. Ou entendre Laura Flessel, ancienne championne d’escrime mais aussi ancienne Ministre, expliquer que les Barnay-Bambuck ont pu l’inspirer.
Peu d’athlètes, même champions et recordmen du monde, bénéficieront d’un tel traitement un demi-siècle après la fin de leur carrière sportive.
Ps : Pour toute demande concernant un dvd ou un éventuel support visuel se rapportant au documentaire, contacter camille@enfantsauvage.eu.