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Dans des transports en commun parisiens, ce lundi 16 Mai 2022

Photo prise ce lundi 16 Mai 2022 au matin, depuis un train de la ligne J, Paris-St-Lazare/ Conflans Ste Honorine, direct pour Argenteuil.

 

Dans des transports en commun parisiens ce lundi 16 Mai 2022

 

Si l’être humain se porte quelques fois volontaire pour connaître des transports amoureux, il est dans les faits beaucoup plus familier avec les transports en commun.

 

Les transports en commun font partie de nos Dieux quotidiens. Ce sont eux qui donnent du rythme à notre vie et nous orientent lorsque nous avons à nous rendre à un endroit donné. L’automobile fait partie de sa famille.

 

Ce train bleu, il y en a de moins en moins, j’ai aimé le prendre. Surtout lorsqu’il était direct pour Paris ou afin de rentrer à Argenteuil où j’habite. En 11 minutes assez souvent. C’est une durée confortable, qui plus est sur un trajet qui reste en extérieur plus qu’en décors naturels.

J’ai connu des trajets bien plus longs, de trente à quarante cinq minutes, pour arriver à Paris depuis la banlieue comme pour y retourner.

 

Ce lundi 16 Mai 2022, dans des transports en commun parisiens, ce matin, est particulier. Depuis aujourd’hui, nous avons à nouveau le droit de prendre les transports en commun sans avoir l’obligation de porter un masque anti-Covid. Lors du premier confinement de mars 2020 décidé à la suite de la pandémie du Covid, le port du masque était facultatif car il y ‘avait une pénurie de masques anti-Covid. Les masques FFP2, ceux considérés comme les plus protecteurs, avaient été très rapidement  » en rupture de stock ». Et, pour celles et ceux qui, comme moi, avaient été tenus de continuer à prendre les transports pour aller travailler, c’était chacun pour soi avec ou sans masque. Chacun faisait comme il le pouvait avec le masque qu’il trouvait. Lorsqu’il en trouvait.

 

Paris, rue de Rivoli, Photo prise le 1er Mai 2020.

 

Puis, début Mai 2020, des supermarchés, et des pharmacies, nos autres Dieux communs, avaient commencé à multiplier – dans leurs rayons et à leurs caisses- le nombre de masques anti-Covid. Dès lors, le port du masque anti-Covid devint obligatoire  dans les transports en commun ainsi que dans la plupart des lieux publics, restés ouverts car déclarés « essentiels », supermarchés inclus.

Dans la médiathèque de ma ville, lorsque celle-ci était redevenue ouverte au public, il est longtemps resté obligatoire non seulement de porter un masque anti-Covid mais aussi de présenter un passe sanitaire valide ou un test-antigénique négatif alors même qu’il était redevenu possible de circuler dans le centre commercial (Géant) de la ville sans avoir à présenter de passe sanitaire ou de test antigénique…..

 

Vers la fin 2020, les premiers vaccins anti-Covid commencèrent à apparaître, et, avec eux, une forte suspicion, partagée par une partie de la population, quant à leurs effets secondaires compte-tenu de la rapidité de leur conception. L’être humain aime que les miracles interviennent vite lorsqu’ils se déroulent dans des histoires sacrées, pour obtenir une augmentation de salaire, au cinéma ou lors de rencontres amoureuses mais un peu moins lorsqu’il s’agit de se faire percer la peau ou le corps par une aiguille transportant un produit inconnu, mystérieux, non domestiqué de façon convenable et soupçonné de pouvoir nous transformer définitivement. Et malgré notre volonté. 

 

Ce sentiment ou cette impression brutale et nouvelle de menace, de contrôle politique, sanitaire, social et corporel fort peu « corporate »  a provoqué chez certains individus pouvant être classifiés comme  » complotistes, abrutis, irrationnels ou irresponsables »  des réactions de résistance ou de refus variables et plus ou moins vifs, contradictoires et tenaces.

 

J’ai fait partie de ces récalcitrants. Je n’étais pas chaud pour cette histoire d’amour avec cette science injectable, toute puissante, et urgente. Ainsi qu’avec le fait d’être poussé ou plutôt jeté et maintenu, vivant, et de manière répétée, dans ce siphon fortement anxiogène dont il était impossible, officiellement,  de ressortir vivant et bien portant, une fois que l’on avait contracté le Covid.

 

Mais les vaccins anti-Covid sont devenus obligatoires à partir de l’été 2021 et encore plus dès octobre de la même année. J’ai dû choisir entre ma suspension professionnelle, économique et sociétale et la suspension injectable dans le muscle deltoïde.

 

Si j’avais été à la retraite ou proche de celle-ci, et que je vivais, en disposant d’une situation et d’une protection économique et sociale satisfaisante, dans une région, peu ou modérément habitée, avec un enfant majeur, « vacciné » et autonome, j’aurais sûrement fait partie de celles et ceux qui, aujourd’hui, encore, se tiennent contre la vaccination anti-Covid obligatoire.

Paris, rue de Rivoli, Mai 2022.

 

Argenteuil, la ville où j’habite, et Paris, l’autre ville où je travaille et y ai diverses activités choisies, ne correspondent pas aux critères de « région peu ou modérément habitée ». Et, j’ai très mal vécu que ma fille se retrouve privée d’une sortie organisée par le conservatoire d’Argenteuil parce-que, ni sa mère ni moi, ne disposions du pass sanitaire permettant de l’accompagner.

 

A moins de se retirer ou de frauder, vivre sans passe sanitaire et sans vaccination anti-Covid devenait beaucoup plus difficile et beaucoup plus couteux que de prendre régulièrement les transports en commun sans payer. L’être humain a aussi besoin de vivre sans devoir penser et tout anticiper en permanence. Etre vacciné contre le Covid, disposer de son pass navigo ou de son véhicule particulier, c’est aussi pouvoir se déplacer sans avoir à penser aux conséquences d’éventuels contrôles. C’est aussi moins dépendre des autres.

 

 

Me suis-je senti plus protégé, ai-je eu l’impression de mieux protéger mon entourage, une fois vacciné ? Je ne suis pas expert en épidémiologie et encore moins en sciences du risque si ces sciences existent. Je sais que pour exercer mon métier d’infirmier, comme pour se rendre dans certaines régions du monde, mais aussi que pour certaines pratiques, que certains vaccins comme certaines précautions sont obligatoires.

 

Ensuite, intervient notre rapport personnel au risque, à l’interdit, au danger ainsi qu’avec nos propres croyances, ce qui constitue, quand même, une bonne partie de notre identité, de nos choix personnels et de notre individualité. Cette pandémie du Covid nous a quand même mis face à des décisions autoritaires ou plus ou moins autoritaires. Et ces décisions, sans doute, et je l’espère, salutaires, ont aussi eu pour effet d’annihiler une certaine part de notre identité faite de dualité mais aussi de susciter ou d’entretenir de la méfiance. Et des doutes.

 

Je crois par exemple que certaines personnes sont plus exposées que d’autres aux formes graves du Covid. Je crois qu’il est impossible, contrairement à ce que croit le gouvernement chinois, d’éteindre ou d’éradiquer complètement la pandémie du Covid. Il est d’ailleurs très étonnant, voire discordant, que la Chine, actuellement deuxième Puissance Mondiale, qui est- aussi- le pays du Ying et du Yang, pays dont la médecine traditionnelle est millénaire et efficiente,  soit le pays dont le gouvernement chinois actuel, dit moderne, plutôt autoritaire, entend se débarrasser complètement non seulement du risque mais aussi de cette dualité du Ying et du Yang à propos de la pandémie du Covid.    

 

La pandémie du Covid a provoqué une certaine rupture entre ce que nous savons et ce que nous croyons.Ce que nous savons, c’est ce que nous avons appris, apprenons et pouvons prendre ou digérer du monde extérieur. Ce que nous croyons concerne notre vie intime et ce que nous acceptons ou refusons de prendre du monde extérieur. 

 

Si je crois, aussi, néanmoins que, comme bien des Chinois, en me faisant vacciner contre le Covid, comme des millions de personnes, une fois de plus, j’ai fait mon devoir,  je sais, aussi, qu’autour de moi, toutes les personnes que je connais qui se sont faites vacciner contre le Covid, et qui connaissent des personnes qui se sont faites vacciner contre le Covid, aujourd’hui se portent bien. Quel que soit leur âge, leurs traditions, leur poids, leur emploi, leur mode de vie ou leur scepticisme antérieur à leur vaccination contre le Covid. Mais je le « sais » parce-que ma personnalité et ma sensibilité me permettent, à un moment donné, de l’envisager et de le constater. Bien des expériences nous démontrent que notre perception personnelle ou subjective d’un événement, d’une information ou d’une situation peut beaucoup influencer notre façon de la comprendre :

 

Si untel me regarde, c’est parce qu’il m’aime ou me dénigre, selon ce que je ressens voire selon ce que j’attends ou exige de lui.

Une attente ou une exigence dont la personne concernée ignore peut-être tout ou qu’elle est incapable de satisfaire même si elle le souhaitait.  

 

Ce matin, j’ai pris la ligne 14 depuis le 13ème arrondissement jusqu’ à la gare St Lazare, à une heure d’affluence.  Et, sans aucun doute que mon état de fatigue (après avoir travaillé de nuit pendant plus de 12 heures ) et  mon humeur générale ont influé sur ma façon de percevoir mon environnement immédiat.

Paris, près de la gare St Lazare, photo prise ce 14 ou ce 15 Mai 2022. Au fond, la couverture de l’hebdomadaire  » Le point » montrant Emmanuel Macron, Président de la République, réélu en avril 2022 pour cinq ans.

 

Il était plus de 8 heures 30. La ligne 14 était bondée. Mais j’avais pu trouver une place assise. A vue d’œil, je dirais que 50 à 60 pour cent des passagers de la ligne 14 étaient sans masque anti-Covid. Mais c’est une perception très empirique. 

Vu qu’il fait chaud et que cela fait maintenant près de deux ans que nous avons obligation de porter un masque anti-Covid, dès que nous nous trouvons dans un endroit public, j’ai profité de cette « autorisation » de non-port du masque anti-Covid pour m’en dispenser. Jusqu’alors, je continuais de porter un masque dans les transports en commun. Même si, depuis plusieurs jours ou semaines, certaines personnes ou catégories de personnel (des policiers en particulier) se déplaçaient déja sans masque dans les lieux où l’individu lambda, lui, était tenu d’en porter. Le « non-port du masque anti-Covid » étant une infraction pouvant donner lieu à une interpellation policière ou à une amende.

 

Depuis octobre de l’année dernière, ma compagne, infirmière, non vaccinée contre le Covid, est suspendue de ses fonctions. Nous marchons donc sur un seul salaire, le mien, et des économies que nous avions réussi à faire à « l’époque » d’avant la pandémie du Covid et de l’obligation vaccinale contre le Covid pour les soignants.

 

De mon point de vue, au mieux, ma compagne reprendra peut-être ses fonctions à la fin de l’année ou l’année prochaine. L’année d’après, plutôt ?

 

Evidemment, je ne me sens pas le droit de tomber malade. Ni le droit de me plaindre, non plus. D’abord, je ne vois pas très bien ce que cela m’apporterait. Concrètement. Et puis, contrairement à d’autres, qui ont perdu le leur depuis la pandémie, et même avant elle, j’ai toujours un travail. Et nous mangeons à notre faim.

 

Pour cet été, il est déjà prévu que la pénurie soignante, dans les hôpitaux, sera encore plus « abondante » que lors des étés précédents selon Martin Hirsch.

Martin Hirsch a été nommé dirigeant de l’AP-HP (Assistance Publique- Hôpitaux de Paris )  par décret fin 2013.Sur décision gouvernementale, donc, Martin Hirsch a œuvré depuis 2013 en faveur de la « réforme des hôpitaux publics ».

En 2013, il existait déjà une certaine pénurie infirmière. Ainsi qu’une certaine pénibilité déjà croissante des conditions de travail du personnel soignant.

La « réforme » des hôpitaux publics a aussi consisté à (continuer de) fermer des lits, à (continuer de) supprimer des postes de soignants comme à réduire le nombre de RTT annuels des soignants.

 

Il y a quelques semaines, Martin Hirsch a  « alerté » quant au fait que la situation était grave, pour cet été, en termes de pénurie infirmière. En effet, chaque été, comme des millions de Français, le personnel infirmier a aussi envie et besoin de prendre des vacances. Et, encore plus  sans doute après avoir fait partie de ces « héros de la Nation» tels qu’avait pu les nommer le Président Macron (et d’autres femmes et hommes politiques d’autres courants, soyons suffisamment réalistes) qui ont fait face à la pandémie du Covid à partir de mars 2020 et qui, ont, un temps, été applaudis à l’heure du journal de 20h.

 

Il y a trente ans, le personnel infirmier tenait aussi à partir en vacances en été comme des millions de Français. Mais, il y a trente ans, il était assez courant qu’une infirmière ou un infirmier titulaire reste dans son service un certain nombre d’années. Entre cinq et dix ans. Aujourd’hui, il est devenu de plus en plus courant que des infirmiers choisissent d’être intérimaires ou vacataires, après l’obtention de leur diplôme ou après avoir été titulaires d’un poste pendant quelques années. La différence ? Une plus grande facilité pour partir mais aussi pour choisir les services où l’on va préférer retourner travailler. Parce-que les conditions de travail  y seront considérées acceptables. Parce-que le salaire perçu pour y exercer sera à peu près honorable.

Paris, rue de Rivoli, photo prise Mi-Mai 2022.

 

Récemment, une connaissance, une jeune infirmière, âgée d’à peine trente ans, a quitté le poste qu’elle occupait dans une clinique. Elle y travaillait depuis trois ans. Parmi ses projets, elle comptait faire de l’intérim ou des vacations et peut-être partir à l’étranger.

 

 

Ce matin, lorsque j’ai pris le train me ramenant à Argenteuil, j’ai entendu l’annonce nous informant qu’à compter d’aujourd’hui le port du masque anti-Covid n’était plus obligatoire dans les transports en commun mais « recommandé » ou « fortement recommandé » en période d’affluence. Dans le train Bombardier où je me trouvais, cette fois, contrairement à la ligne 14 que je venais de prendre, il y avait peu de monde. Puisque j’étais dans le sens inverse de la « migration » des travailleurs se rendant massivement à Paris ou passant par Paris à cette heure de pointe. Et, je me suis demandé quelle photo je pourrais prendre pour illustrer ce jour particulier. Puis, j’ai aperçu ce train bleu de banlieue qui passait à côté du nôtre. Les deux trains ont ainsi circulé côte à côte pendant plusieurs secondes. Puis, le train bleu s’est éloigné.

Photo prise ce lundi 16 Mai 2022.

 

On aimerait que la pandémie du Covid soit comme ce train bleu. Qu’il y’en ait de moins en moins puis qu’elle disparaisse complètement. On se convainc peut-être que, désormais, ce sera mieux vu que, à nouveau, nous pouvons nous dispenser de masque anti-Covid dans les transports en commun « comme avant ». Sauf que si nos transports en commun peuvent, eux, faire des retours en arrière et nous ramener indéfiniment vers les mêmes destinations, nos Dieux communs, eux, tout comme nos histoires d’Amour ne reviennent pas en arrière. Car, comme nous, nos Dieux communs ont aussi besoin de renouveau, parfois à nous rendre fous, un peu, aussi, comme des vautours, finalement. Oui, comme des vautours.

 

Franck Unimon, ce lundi 16 mai 2022.

 

 

 

 

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Argenteuil Cinéma Corona Circus

Argenteuil sur scène avec l’acteur Jean-Claude Dreyfus, ce samedi 7 Mai 2022

Photo prise depuis la cour du groupe scolaire Paul Vaillant Couturier à Argenteuil, ce samedi 7 Mai 2022. En attendant devant l’atelier de maquillage des  » Cinglés du cinéma ».

Argenteuil sur scène avec l’acteur Jean-Claude Dreyfus, ce  samedi 7 Mai 2022

 

Cela fait maintenant 15 ans que j’habite à Argenteuil. Et je continue de passer à côté de cette ville. Même si je crois y circuler librement et l’avoir traversée à différents endroits.

 

Argenteuil, une ville stratégique

 

 

Argenteuil, pour moi, c’est une ville très étendue, en béton, de plus de cent mille habitants. Une excroissance de béton, polluée comme toutes les villes bétonnées et très automobiles, plutôt bruyante et sale, qui touche d’autres villes :

 

Bezons et son tramway qui la rapproche maintenant de Nanterre et du quartier de la Défense. Epinay sur Seine , qui dispose aussi de sa ligne de Tramway menant à la fête de l’Humanité, jouxte la ville cossue d’Enghien les Bains, son lac et son casino, et, plus loin, la ville de Saint Denis.

Sannois et sa salle de concerts l’EMB Sannois avant de rejoindre Eaubonne. Sartrouville et un peu plus loin Maisons-Laffite, son château, sa forêt et son champ de courses.

Colombes et Asnières, des villes du département du 92, le département le plus riche de France, qui ont l’avantage sur Nanterre, également ville du 92, de mieux desservir Paris en transports en commun.

 

 

Argenteuil est aussi une ville proche de la Seine. Et la mairie d’Argenteuil, depuis des années, a l’ambition que la ville puisse retrouver ou reconquérir ses berges de seine comme auparavant, au début du vingtième siècle. Avant qu’une voie rapide automobile ne coupe les Argenteuillais de cet accès à la Seine. Un accès à la Seine que l’on peut atteindre et longer jusqu’à au moins Epinay sur Seine voire au delà, en passant sous le viaduc de l’autoroute A15, un viaduc que j’ai malheureusement découvert après la mort de la jeune Alisha Khalid, 14 ans, le 8 mars 2021. ( Marche jusqu’au viaduc ).

Cette photo a été prise en 2021, avant la marche blanche pour Alisha Khalid.
L’endroit en question. Photo prise en 2021.
Devant la gare d’Argenteuil centre ville. Photo prise en 2021.

 

 

Argenteuil, proche de l’autoroute A15, permet donc, en surpassant la Seine, de se diriger à Paris, à Lille, vers la Picardie, la Normandie, la Bretagne et d’autres endroits.

Vue sur Paris et le quartier de la Défense depuis la butte d’Orgemont, à Argenteuil.

 

Argenteuil est donc, géographiquement, une ville très importante d’un point de vue stratégique.  D’autant que par le train direct, elle peut relier la gare de Paris St Lazare en 11 minutes. Et que Paris peut être atteint à  vélo depuis le pont d’Argenteuil en une vingtaine de minutes. Ce que beaucoup de personnes ignorent ou sous-estiment encore car, pour stratégique qu’elle soit, Argenteuil, est une ville paradoxale et hétérogène où il existe, ou fourmille, aussi, bien des frontières géographiques et au moins psychologiques.

 

Argenteuil et ses frontières géographiques et au moins psychologiques

 

 

Argenteuil a longtemps été une ville communiste. Pendant à peu près un demi-siècle. Les mairies communistes au pouvoir, et la manière dont elles ont géré ce pouvoir, ont  eu une incidence sur le développement d’Argenteuil. On retrouve une partie de cet héritage communiste dans le nom des lieux, des rues ( Aragon, Desnos, Gabriel Péri….). Argenteuil est un peu la « photo » ou le souvenir d’un certain communisme encore glorieux de l’époque de Georges Marchais, d’un monde d’il y a trente ou quarante ans. 

 

De ce fait, il n’y a rien d’étonnant à ce que ce soit une ville, où il existe des frontières psychologiques et géographiques particulières et qui lui sont propres. 

 

Je crois avoir passé quelques unes de ces frontières plus d’une fois. Comme on enjambe une voie ferrée ou que l’on sort d’un quartier ou d’un bar sans bien savoir ce qui a pu y arriver. Car  je ne fais pas partie des « historiques » d’Argenteuil. De celles et ceux qui y habitent depuis plusieurs générations ou qui y travaillent, et y militent, depuis des années, au contact de celles et de ceux qui « font » cette ville.

 

Je m’exprime donc d’après mes expériences qui ont également leurs frontières et leurs limites.

 

Ces frontières géographiques et au moins psychologiques d’Argenteuil font que certaines parties de la ville sont probablement peu fréquentées par certains des habitants d’Argenteuil.  En cela, Argenteuil peut faire penser quelques fois à un village ou même à une ville retirée de province, où l’on préfère rester plutôt dans son quartier mais aussi dans un passé assez désuet. Je ne serais pas étonné d’apprendre que certains enfants et habitants d’Argenteuil connaissent assez peu Paris.

Photo prise en 2020 ou en 2021.

 

Mais parallèlement à cela, si j’ai pu croiser, il y a quelques mois, une connaissance qui habite à Neuilly sur Seine sur le parking de la Ferme du Spahi, et venant y faire ses courses, ou apprendre que des personnes venant d’autres villes se rendaient au grand marché d’Argenteuil (le marché situé Boulevard Héloïse), je ne suis pas sûr que les personnes habituées à faire leurs courses sur le marché de la colonie ou sur le marché des Coteaux s’y rendent régulièrement.

 

La « désertion » ou la désaffection de certains lieux culturels, mais aussi de certains événements culturels, que ce soit au cinéma Jean Gabin qui se trouve à côté de la médiathèque Aragon& Elsa Triolet  mais aussi à côté de la mairie d’Argenteuil ou au Figuier blanc, lors de certaines séances de cinéma ou pour toute autre manifestation culturelle, par exemple, m’a déjà interpellé.

 

Ce vendredi 6 Mai, me présentant par hasard à la médiathèque Aragon& Elsa Triolet pour y rendre des documents, je découvrais qu’il se déroulait le soir même au cinéma Jean Gabin, un concert à 20H30 en rapport avec Les Cinglés du cinéma. Il semblait y avoir très peu de public. Et, j’avais déjà, plusieurs années auparavant, bien avant la pandémie du Covid fait cette expérience d’un public très clairsemé lors d’événements culturels, de qualité, proposés par la ville dans la salle de cinéma Jean Gabin. La première fois, le musicologue Guillaume Kosmicki nous avait fait une très bonne conférence sociologique sur la musique techno. La seconde fois, un batteur était venu nous parler de son instrument et nous avait, entre-autres, fait une démonstration de biguine.

 

D’autres décisions, à mon sens municipales, me surprennent très désagréablement : Les vacances de Pâques vont se terminer ce soir. Et, le mercredi de cette semaine, je me suis à nouveau fait confirmer que la médiathèque Aragon & Elsa Triolet n’ouvrait que le mercredi après-midi, durant ces vacances de Pâques,  de 14h à 18h. Le même jour, la médiathèque de Cormeilles en Parisis, une ville à cinq minutes d’Argenteuil par le train, était, elle, ouverte de 10h à 19h !

Certes, pour moi qui n’habite pas à Cormeilles en Parisis, l’inscription à cette médiathèque est chère (50 euros, l’inscription à l’année). Mais, en contrepartie, cette inscription me donne accès aux documents des autres médiathèques du Val de Parisis. Dont fait partie la ville d’Eaubonne, où, depuis peu, la médiathèque est ouverte les dimanches.

 

« Gratuite », la médiathèque d’Argenteuil Aragon & Elsa Triolet était ouverte les mercredis dès le matin pendant les vacances scolaires il y a encore deux ou trois ans si je me rappelle bien.

 

Car, souvent perçue et montrée comme un mauvais exemple, la ville d’Argenteuil a disposé ou dispose d’atouts nombreux que même des personnes résidant dans d’autres villes mieux renommées et plus prestigieuses viennent chercher. Cela peut, par exemple, être son conservatoire à rayonnement départemental. Lorsque j’y ai avais suivi une formation en cours d’interprétation théâtrale, achevée en 2016, j’avais pu compter parmi mes jeunes camarades, des personnes venant d’Enghien, de Courbevoie ou de Paris.

 

Ou son offre immobilière. Le mètre carré y étant moins cher qu’ailleurs, certains acquéreurs viennent s’y installer plutôt qu’à Paris, à Asnières ou à Colombes. Le prix du mètre carré dans l’immobilier flambe-t’il à Argenteuil ? J’ai l’impression que la réponse est bigarrée. C’est peut-être assez vrai dans certains quartiers d’Argenteuil, pavillonnaires, aux Coteaux, du côté du quartier de la Colonie mais que l’acheteur semble souvent jouer d’égal à égal avec le vendeur. Ce qui tranche avec d’autres villes où l’on nous rappelle des montants élevés en matière de transaction immobilière. Même lorsque les prix « baissent ».

 

Il est une frontière géographique et pas seulement psychologique très sensible à Argenteuil. C’est celle des écoles publiques.

Photo prise près de la gare du Val d’Argenteuil, en 2020 ou en 2021.

« Dans le passé », Argenteuil a eu de très bonnes écoles publiques. Aujourd’hui, ces très bonnes écoles publiques, collèges et lycées, sont considérées comme ne l’étant plus.

Cela fait des années, en France, que les services publics se font massacrer et perdent de leurs capacités à remplir à leurs missions de soins ou d’enseignements.

 

Il subsiste des établissements scolaires publics aux moyens, aux résultats et aux climats rassurants dans certaines villes. Mais pas à Argenteuil, où, visiblement, au mieux, il faut éviter les collèges et les lycées publics. Voire l’école primaire. En septembre 2020, à l’école primaire, l’enseignante de ma fille avait été en arrêt maladie trois fois dès le mois de septembre. Pour être finalement remplacée au mois de janvier suite à sa maternité.

Pour cette année 2021-2022, à nouveau, ma fille terminera son année scolaire avec un autre enseignant que celle qui avait débuté en septembre. Pour des raisons de santé.

 

 

D’autres parents avaient anticipé dès la maternelle. En trouvant la parade en faisant en sorte de faire admettre leur enfant dans l’école privée d’Argenteuil centre ville : l’école Ste Geneviève qui comprend un collège et qui a agrandi, en partie, ses capacités d’accueil ces dernières années. Mais il est difficile d’y faire admettre son enfant.

Soit il faut s’y reprendre trois à quatre années de suite. Ou avoir la chance ou le privilège d’avoir soi-même été un ancien ou une ancienne de l’école, ou d’y avoir déjà une sœur ou un frère scolarisé, ce qui assure, assez facilement l’admission dans l’école.

 

J’avais sous-estimé cette importance de l’école lorsqu’avec ma compagne, nous avions opté pour venir nous installer à Argenteuil. Aujourd’hui, je regrette ma « légèreté ». Et je supporte assez mal ce suspense à deux balles concernant l’avenir scolaire de ma fille. Mais aussi son environnement relationnel immédiat. Même si je sais que les apprentissages scolaires ne décident pas de tout, ils influencent tout de même beaucoup certaines consciences ainsi que certains parcours.

 

La France de 2022 compte pour l’instant, politiquement, officiellement quatre camps.

 

Les abstentionnistes. La Droite libérale. L’extrême droite. L’extrême gauche. Et sans doute devrais-je rajouter les désespérés et celles et ceux qui sont gravement malades.

 

Nous avons beaucoup entendu parler de la pleine croissance et de l’insouciance de l’après-guerre. Mais nous évoluons dans un monde de radicalisations économiques, sanitaires, idéologiques et politiques. Mais, aussi, climatiques et écologiques. Tout cela semble tourner ensemble. Les radicalisations climatiques et écologiques que nous nous permettons encore d’ignorer semblent se conjuguer avec les radicalisations économiques, sanitaires, idéologiques et politiques.

 

Face aux inquiétudes que nous avons, nos réponses et nos réactions se radicalisent de plus en plus d’un point de vue économique, sanitaire, idéologique et politique.

 

Argenteuil est sans doute une ville où il existe des personnes radicalisées ou en voie de radicalisation. Aujourd’hui, lorsque l’on parle de radicalisation, en France, on pense d’abord à la radicalisation islamiste. Parce-que plusieurs attentats terroristes traumatisants ont eu lieu en France ces dix dernières années et qu’ils ont été réalisés par des islamistes. Alors on résume grossièrement et vite fait la radicalisation à cela.

 

Mais la radicalisation de notre monde, et donc d’Argenteuil, n’est pas uniquement islamiste, s’il y a radicalisation.

 

 La radicalisation la plus générale et la plus partagée en France est sans doute notre façon de percevoir le monde.

Gare du Val d’Argenteuil, photo prise en 2020 ou en 2021.

 

 Par ailleurs, à Argenteuil, des jeunes filles et des femmes de « familles » musulmanes prennent des cours (de danse ou d’instrument de musique) au conservatoire d’Argenteuil ou participent à des cours de boxe française avec des garçons et des hommes. Et lorsque je me suis rendu au hammam de la gare, et où je compte retourner,  je ne me suis pas encore senti regardé de travers parce-que noir et non musulman.

 

 

Il n’en demeure pas moins qu’Argenteuil a ses problèmes. Depuis trois bons mois, maintenant, des vendeurs de cigarettes à la sauvette se sont implantés près de la gare d’Argenteuil et lancent « Marlboro ! Marlboro ! ». Ils disparaissent lorsque la police arrive pour mieux revenir. Je me dis que ces vendeurs devaient être ailleurs auparavant, peut-être dans Paris ou dans une ville de banlieue plus proche de Paris, et qu’ils se sont déplacés.

 

J’ai entendu parler de points de vente de cannabis dans Argenteuil. Un de ces points de vente se trouverait non loin du trajet que ma fille prend pour aller à son école.

 

Sans doute se trouve-il aussi à Argenteuil ou s’est-il trouvé quelque endroit où l’on peut y acheter des armes au noir. Et où y existe ou y a existé de la prostitution clandestine. Je ne suis pas inspecteur de police ni enquêteur social. Mais je lis des fois la presse. Ou parfois, comme hier soir, pour la première fois, j’ai entendu une femme crier dans la rue en bas de chez moi. En regardant par la fenêtre, j’ai ensuite pu voir un homme sortir d’un immeuble, les mains menottées derrière le dos. Il est sorti dans la rue devant plusieurs personnes restées en bas de l’immeuble.

L’homme menotté dans le dos était accompagné de policiers en tenue, portant leur gilet pare-balles et d’un équipage de police en civil venu en renfort. Chacun des deux équipages comportait une femme-flic.

Je me suis dit que cela serait bientôt dans la Presse. Sûrement dans le journal Le Parisien.

 

 

Argenteuil est peut-être une ville qui « craint ». Mais je connais bien des personnes qui s’y plaisent et y ont trouvé leur coin :

 

Si l’on n’est pas client de certains produits comme de certaines heures, ou de certaines ouvertures, on peut très bien passer pendant des années près  de certains endroits sensibles sans s’y retrouver cramponné. C’est un peu comme passer tous les jours au dessus du vide ou de la Seine dans un train en revenant de Paris. En prenant un pont sans  tomber dans la Seine ou dans le vide. Et, je repense de temps en temps au quartier de la Bastille, à Paris, qui, aujourd’hui, est devenu un endroit très recherché alors qu’il a pu, dans le passé, être un quartier de Paris où l’on pouvait croiser des toxicomanes avec leurs seringues.

 

 

En matière de soins publics, je dirais qu’Argenteuil tient plus ou moins le coup. Notre fille est née dans son hôpital. Où il manque, comme ailleurs, du personnel.

Il manque aussi, de plus en plus, certaines professions libérales. Mais il s’y trouve aussi le centre de santé Fernand Goulène.

Des centres dentaires ouvrent aussi à Argenteuil comme partout ailleurs. On dirait que la chirurgie dentaire est le nouveau filon commercial. A côté des filons déjà établis  des pharmacies, assez nombreuses dans le centre ville d’Argenteuil, des agences immobilières, des supermarchés, assez nombreux aussi à Argenteuil, des kebabs, des traiteurs asiatiques et des magasins alimentaires exotiques.

 

A Argenteuil, le haut de gamme peut voisiner ce qui est très bon marché. Et on y vit peut-être « plus ensemble » ou « malgré d’autres » que dans d’autres villes dont on parle moins, en mal comme en bien.

 

La promotion d’Argenteuil

Au Centre culturel « Le Figuier Blanc » en septembre ou octobre 2020, quelques mois après le premier confinement dû à la pandémie du Covid. A Gauche, le Maire d’Argenteuil, Georges Mothron. Devant le micro, Chantal Juglard, 8ème adjointe du Maire, chargée de la culture et du patrimoine.

 

Argenteuil, comme d’autres villes, tient à faire sa promotion et son cinéma. Avec le centre culturel Le Figuier blanc, la salle de concerts La Cave Dimière,  Les Cinglés du cinéma ( qui se déroule à Argenteuil depuis des années) fait un des moyens de cette promotion. J’ai de bons souvenirs de cette manifestation. Comme du salon du livre dont la librairie Presse Papier est l’une des grandes organisatrices.

 

 

Pendant des années, Les Cinglés du cinéma ont eu lieu à la salle des fêtes Jean Vilar dont le parking extérieur marque encore l’entrée dans la ville d’Argenteuil, lorsque l’on y arrive par son pont routier, d’un côté. Alors que de l’autre côté, se trouve le club d’aviron d’Argenteuil, de très bon niveau.

 

Depuis plusieurs années, Georges Mothron, proche de Macron ,et avant, de Sarkozy, maire pour la troisième ou quatrième fois d’Argenteuil (après avoir dû céder sa place quelques années au maire et ex-député socialiste Philippe Doucet) et son équipe ont le projet de détruire la salle des fêtes Jean Vilar.  Pour y permettre à la place la construction d’un centre commercial, d’un multiplexe de cinéma et d’un programme hôtelier de luxe d’après ce que j’avais retenu. Le but serait de donner d’Argenteuil une image plus attractive. De l’autre « côté », à Colombes, il est vrai qu’un certain nombre de projets immobiliers ont été construits. La mairie de Colombes anticipe sûrement l’arrivée du tramway, les Jeux olympiques de 2024 ainsi que le Grand Paris.

 

 

Pour l’instant, à Argenteuil, depuis à peu près deux ans, la salle des fêtes Jean Vilar a surtout servi de centre de vaccination contre le Covid. Mais il subsiste des opposants au projet de démolition de la salle des fêtes Jean Vilar. Au centre de leurs arguments, le fait que ce projet, s’il se faisait, entraînerait des conséquences que l’on peut appréhender concernant la fréquentation de la librairie Presse Papier mais aussi du centre culturel le Figuier Blanc qui contient des salles de cinéma, plutôt proche, à quelques minutes à pied.

L’acteur Jean-Claude Dreyfus, ce samedi 7 Mai 2022 aux Cinglés du cinéma d’Argenteuil.

Cette année, Les Cinglés du cinéma se seront tenus au mois de Mai dans le groupe scolaire Paul Vaillant Couturier. Habituellement, la manifestation se déroule au début de l’année, en janvier ou février. Mais pour cause de pandémie du Covid, l’événement a été décalé.

Au centre, l’acteur Jean-Claude Dreyfus dans la cour du groupe scolaire Paul Vaillant Couturier, à Argenteuil. A droite, le Maire d’Argenteuil, Georges Mothron. A gauche, Chantal Juglard, 8ème adjointe du maire, attachée à la culture et au patrimoine. Dans l’arrière plan, on aperçoit une grue à l’emplacement du projet immobilier Kauffmann & Broad. Photo prise ce samedi 7 Mai 2022, à Argenteuil.

 

L’acteur Jean-Claude Dreyfus a été choisi pour être l’invité d’honneur de cette édition des Cinglés du cinéma. Pour moi, Jean-Claude Dreyfus, cela est surtout resté le boucher du film Délicatessen, un film réalisé en 1991 par  Jeunet et Caro. Alors que, depuis, Dreyfus a tourné dans d’autres films et aussi joué au théâtre. Je l’avais aussi vu ensuite dans Le Duc et l’Anglaise de Rohmer mais j’ai toujours eu du mal avec les films de Rohmer.

L’acteur Jean-Claude Dreyfus, au centre. A sa gauche, le Premier adjoint du Maire, Xavier Péricat. A sa droite, La 8 adjointe du maire, Chantal Juglard. A droite de Chantal Juglard, probablement Gilles Savry, 3ème adjoint du maire. Photo prise ce samedi 7 Mai 2022.

 

Ma fille et moi sommes arrivés aux Cinglés pratiquement au même moment où Dreyfus, accompagné du maire Georges Mothron et de ses adjoints, est arrivé. Et nous avons aussi quitté Les Cinglés du cinéma  pratiquement, aussi, au même moment où Dreyfus en repartait, toujours accompagné du maire Georges Mothron et de ses adjoints. Lesquels ont fait en sorte d’être au plus près de lui afin, aussi, de se trouver, autant que possible, sur les photos qui seraient prises.

 

L’acteur Jean-Claude Dreyfus, entouré, à gauche de Chantal Juglard, 8ème adjointe du maire Georges Mothron, le maire d’Argenteuil Georges Mothron et Xavier Péricat, 1er adjoint du maire. Photo prise ce samedi 7 Mai 2022.

 

 J’ai entendu Dreyfus deviser, cabotiner un peu, aussi. Et l’équipe municipale « sympathiser » avec lui. Le premier adjoint du maire, Xavier Péricat, a raconté à Jean-Claude Dreyfus qu’il avait été en CM1 et en CM2 précisément dans cette école. Et que cela lui faisait donc quelque chose  de particulier que d’y retourner lors de cette manifestation des Cinglés du cinéma.

L’acteur Jean-Claude Dreyfus, ce samedi 7 Mai 2022, aux Cinglés du cinéma.

En effet, du CM1 au poste de premier adjoint de la mairie d’Argenteuil, j’imagine à peine tout ce qu’il a fallu de charge, de choix et de contrariétés préalables. Charge, choix et contrariétés que chacune et chacun connaît un jour à Argenteuil ou ailleurs, à des degrés divers.

 

 

Franck Unimon, ce dimanche 8 Mai 2022.

 

 

 

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self-défense/ Arts Martiaux

Sensei Jean-Pierre Vignau :  » Mon but, c’est de décourager ! »

Sensei Jean-Pierre Vignau, dans son dojo, le Fair Play Sport, en mars 2022.

Sensei Jean-Pierre Vignau : « Mon but, c’est de décourager ! »

 

Il y a plus d’un an maintenant, j’allais rencontrer Jean-Pierre, pour la première fois, à son domicile. ( ( Arts Martiaux) A Toute épreuve : une interview de Maitre Jean-Pierre Vigneau )

 

Nous étions encore en plein confinement du fait de la pandémie du covid et tenus par un périmètre kilométrique. Nous ne devions pas dépasser les cinquante kilomètres à partir de notre domicile. Et nous devions fournir un justificatif écrit en cas de contrôle de police.

 

J’étais venu acheter son livre (co-écrit avec Jean-Pierre Leloup) qui avait été publié récemment :

Construire sa légende : Croire en soi, ne rien lâcher et aller jusqu’au bout.  

 

« Au lieu de le commander sur Amazon…. » m’avait dit Jean-Pierre au téléphone.

 

Une fois sur place, réflexe de journaliste cinéma et de blogueur, j’en avais profité pour interviewer Jean-Pierre.

 

 Puis, j’étais revenu chez lui une seconde fois.

 

Je me souviens bien de cette phrase et y repense de temps en temps :

 

« Mon but, c’est de décourager ! ».

 

Après l’avoir entendue la première fois, il m’a fallu quelques mois supplémentaires avant de commencer à la compléter.

 

Décourager quoi ?! Décourager l’ego.

 

Jean-Pierre m’avait par exemple parlé de ces séances où il fait faire 1000 « coups de pieds ». Je lui avais demandé pour quelle raison.

« Pour que l’on se rende compte que c’est possible…. » m’avait répondu Jean-Pierre.

 

Je me suis inscrit à son dojo vers le mois de février de cette année.

 

Lorsque je dis que je viens d’Argenteuil pour me rendre à ses cours dans le 20ème arrondissement de Paris, il arrive que l’on s’étonne. Il arrive que l’on trouve que ça fait beaucoup de trajet. Il est arrivé que l’on m’en demande la raison.

 

Je réponds alors que je viens pour Jean-Pierre. Pour sa personnalité. Parce-que son enseignement est rempli de vécu.  Parce-qu’il concilie pratique du karaté et pratique de l’Aïkido et aussi parce qu’il connaît le judo.

Pour les horaires, aussi. Car Jean-Pierre donne également des cours le mardi et le jeudi matin à 9h30. Et cela me convient bien. Il m’arrive de prendre part à ces cours du matin après avoir travaillé la nuit.

 

Je pourrais ajouter que, tous les jours, et pendant des années, beaucoup de personnes passent entre une heure  et deux heures dans des trajets qui les mènent vers un travail ou vers une vie qui leur déplait. Alors que moi, je me rends à des cours de karaté que j’ai choisis.

Plusieurs des élèves de Jean-Pierre se rendent à ses cours depuis plus de dix ans. Cela est notable à une époque où, désormais, les salles de sport, de fitness ou de crossfit, avec leurs horaires extensibles et leurs divers forfaits, ont capté ou « détourné » une certaine partie des anciens adhérents ou des adhérents potentiels des clubs d’arts martiaux.

 

Il arrive aussi que certaines personnes trouvent que 9h30, le mardi et le jeudi, ça fait tôt pour s’entraîner au karaté.

Mais il existe encore plus tôt.

Entre 6h et 6h30 en semaine, 8h le week-end, et pas très loin du dojo de Sensei Jean-Pierre Vignau, même si ce sont deux mondes très différents et semblant très éloignés l’un de l’autre, il y’a l’école Itsuo Tsuda de Sensei Régis Soavi. Ecole où celui-ci, avec l’une de ses filles, Manon Soavi,  enseigne l’Aïkido en première intention. ( Dojo Tenshin-Ecole Itsuo Tsuda/ séance découverte ).

Et, si les horaires de l’école Itsuo Tsuda étaient compatibles avec mes horaires de travail et l’âge de ma fille, il est possible que je ferais en sorte de cumuler les deux. Ou les trois et les quatre en incluant les enseignements de Sensei Léo Tamaki et d’autres Maitres d’Arts martiaux….

 Cela fait des années que les Arts Martiaux m’attirent. Et j’en ai une expérience plus que superficielle en comparaison avec ma « curiosité » et mon attirance pour eux. Bien des pratiquants, avec les années, ont su aller vers différentes disciplines martiales.

 

 

« J’ai rêvé cette nuit » aime régulièrement nous dire Jean-Pierre, 77 ans depuis quelques semaines, avec un air rigolard, au début du cours. Dès lors, nous savons, qu’à un moment ou à un autre, il va nous donner une consigne de déplacement ou un enchaînement de mouvements que nous aurons du mal à reproduire. Mais c’est normal. Au début, « tout le monde se trompe » nous rappelle-t’il.

 

Nous nous appliquons néanmoins. Et nous nous trompons plus d’une fois. Alors, Jean-Pierre nous regarde et nous adresse en souriant un :

 

« C’est la merde,  hein ? ».

 

Ses gestes sont précis. Il nous explique à quoi correspond tel geste dans la vie réelle. Il nous rappelle régulièrement qu’il existe tant de combinaisons en karaté.

 

Jean-Pierre aime nous surprendre que ce soit en nous demandant de faire le même déplacement mais en marche arrière. Ou en répétant le même kata en partant des différents points cardinaux du dojo…

 

J’ai cité l’âge de Jean-Pierre tout à l’heure. Lorsque nous avons du mal à reproduire un mouvement, il nous demande d’avancer sur lui afin de « l’attaquer ». Sa technique est effective et pleine.  Pour autant, je ne m’imagine pas être devenu un bon karatéka en à peine quelques mois. Et, je ne cours pas particulièrement après la ceinture. Plus qu’à la ceinture, j’essaie de m’attacher aux moments vécus ainsi qu’à ce que je vois et ce que j’entends.  Car la couleur d’une ceinture peut aussi rendre aveugle, sourd, narcissique, théorique, subordonné, rigide et amnésique :

Rouler des mécaniques parce-que l’on se sent très sûr de soi, en cas de combat physique, n’est pas mon projet. Car il existe bien des obstacles devant lesquels rouler des mécaniques ne suffira pas :  devant la vie comme devant la mort, pour préserver des amitiés, rencontrer les autres, avoir une vie de couple satisfaisante, éduquer ses enfants correctement, obtenir un conseil avisé et sincère….

Jean-Pierre, pour moi, ne roule pas des mécaniques. Il est concret. Simplifié. Cela peut heurter ou déranger. Pour moi qui ai souvent tendance à théoriser comme à me compliquer l’existence,  j’ai  donc l’impression que venir pratiquer avec Jean-Pierre et me rendre à son dojo me fait emprunter des trajets, et des directions, qui peuvent m’aider à mieux vivre et aussi à encore mieux me trouver.

 

Franck Unimon, ce samedi 7 Mai 2022.

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Puissants Fonds/ Livres

J’ai lu Réinventer l’Amour de Mona Chollet

 

 

 

Au spot 13, en mars 2022. Oeuvre de l’artiste Clément Herrmann. Photo©️Franck.Unimon

 

 J’ai lu Réinventer l’Amour ( Comment le Patriarcat sabote les relations hétérosexuelles) de Mona Chollet

« On va tellement vous violer que vous ne pourrez plus avoir d’enfants » auraient dit des militaires russes à des femmes ukrainiennes. Depuis le 24 février 2022, l’armée militaire russe a commencé à envahir l’Ukraine. Et la guerre, qui était « prévue » pour être courte, continue entre les deux pays.

 

Il y a quelques années, j’ai envisagé d’aller travailler dans un CMP ( Centre Médico- psychologique) pour adultes en banlieue parisienne, dans une ville assez proche d’Argenteuil, ville où j’habite.

 

Lors du trajet en voiture depuis Gennevilliers vers ce CMP , situé à Villeneuve la Garenne, la cadre infirmière m’avait un peu raconté quelques unes de ses missions humanitaires passées. Dont une durant la guerre en ex-Yougoslavie. Dans la voiture de service, tout en me conduisant, cette infirmière expérimentée, à quelques années de la retraite, m’avait parlé de sa peur. De sa peur du viol. Et de deux sœurs bosniaques qu’elle avait alors connues. L’aînée des soeurs lui avait servi d’interprète.

 

Après  la guerre, l’aînée, avec laquelle elle était restée en contact,  était demeurée célibataire et avait développé un cancer. La plus jeune, femme très coquette à l’origine, s’était mariée et radicalisée religieusement.

 

Chaque fois qu’il y a des guerres, des femmes mais aussi des enfants se font violer. Si, en temps de « paix », certains viols peuvent être- difficilement- condamnés, en temps de guerre, il peut être encore plus difficile de les faire condamner comme de faire condamner leurs auteurs.

 

 

D’autant plus que la « Paix », comme la Santé, ont des définitions très variables. Puisque l’on peut, aussi, être victime d’un viol dans un pays en « Paix » et riche comme la France.

Paris, mars 2022.

 

Les multiples guerres du quotidien

 

 

Car, si certaines guerres militaires sont plus médiatisées que d’autres, il existe bien d’autres déclinaisons de la guerre :

 

Des guerres domestiques, sociales, économiques, relationnelles, professionnelles, culturelles. Et, ces multiples guerres du quotidien, directes ou indirectes, propulsent plus facilement certaines et certains aux avants postes tandis que d’autres, «progressivement », et malgré leurs efforts, régressent, stagnent ou piétinent dans leur évolution personnelle.

 

Récemment, à la gare de Paris St Lazare, j’ai aperçu un patient que j’avais d’abord « croisé » une première fois deux ou trois ans plus tôt dans un service d’addictologie où j’avais effectué quelques remplacements. Puis, au début de la pandémie du Covid, je l’avais reconnu aux abords de la gare St Lazare.

Au début de la pandémie du Covid, il présentait bien, avait même une perception assez critique concernant la pandémie . Quand je l’ai revu à la gare St Lazare, la semaine dernière, il était en train de fumer, sans masque, et ressemblait à un clochard. La première fois que je l’avais recroisé près de la gare de Paris St Lazare, il faisait la manche. Il y a quelques jours, j’imagine qu’il était encore dans la gare de Paris St Lazare pour continuer de faire la manche. Sauf que son état personnel s’était aggravé. Pourtant, depuis des années, cet homme qui a connu l’emploi, comme d’autres femmes et d’autres hommes, a essayé et aura essayé de s’en sortir.

 

 

Je ne peux pas affirmer que, par son livre, Mona Chollet, vise aussi ces sujets puisque le titre de son ouvrage est : Réinventer l’Amour. Mais voilà ce qu’il commence par m’inspirer, ce matin, alors que j’ai terminé sa lecture dans un jardin des Tuileries ensoleillé il y a plus d’une semaine désormais.

Au jardin des Tuileries, Paris, avril 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

Mona Chollet parle d’Amour et avec son titre rajoute :

 

Comment le Patriarcat sabote les relations sexuelles. Et, moi, je commence par parler de viols de femmes par temps de guerre et de paix. Puis d’un homme en voie de clochardisation.

 

« On va tellement vous violer que vous ne pourrez plus faire d’enfants… ».

« On va tellement vous violer que vous ne pourrez plus vous exprimer ».

 

Réinventer l’Amour : un livre de « fille » et d’intello favorisée

 

Je n’aurais pas lu ce livre de Mona Chollet, si, une de mes jeunes collègues internes, Chamallow, en stage dans mon service, ne m’en avait parlé il y a plusieurs semaines. Après que j’aie eu la curiosité de lui demander ce qu’elle lisait ou avait lu récemment. 

( voirLe petit fantôme bleu, Mona Chollet-Réinventer l’Amour ).

 

 

J’avais entendu parler de ce livre. Mais je l’avais pris pour un sujet ou un livre de « fille ».

 

Moi, qui, depuis des années, évolue dans un milieu professionnel qui a souvent été majoritairement féminin ; moi qui exerce un métier de soignant (infirmier en soins psychiatriques et pédopsychiatriques ou en Santé Mentale ), métier auquel on attribue plutôt des « qualités » ou des vertus féminines ; moi, qui, en tant qu’aîné, a, à partir de mon adolescence jusqu’à mes trente ans, joué un rôle de substitut parental jusqu’au sacrifice de mon intimité et de mon célibat, j’ai d’abord pensé, en entendant parler de ce livre de Mona Chollet : « C’est un truc de fille ! » ou « Encore une intello favorisée qui a les moyens de vivre de ses concepts ».

 

Mona Chollet est en effet une femme, après avoir été une fille. Et, elle vient bien d’un milieu social et intellectuel favorisé, voire privilégié, en tant que femme blanche, même si ses parents se sont séparés alors qu’elle était enfant, comme elle le mentionne. Néanmoins, son livre m’a rapidement plu.

 

Depuis, j’ai déjà remercié plusieurs fois Chamallow de m’avoir prêté ce livre. A la fois pour le plaisir que j’ai eu à le lire. Mais, aussi, à le lire certaines fois dans mon service actuel : avant de lire Réinventer l’Amour de Mona Chollet, j’ignorais que l’on pouvait prendre d’autant plus de plaisir à lire un livre que son contenu contraste avec l’état d’esprit ou la culture plutôt générale dans le service où l’on travaille.

 

 

Le plaisir de lire Réinventer l’Amour, la nuit, dans mon service actuel où, pour certains collègues, un homme, et un bon infirmier, c’est d’abord quelqu’un qui s’impose.

 

 

Mon service actuel n’est pas un service de collègues violeurs et de collègues femmes violées. Peut-être, qu’un jour, lorsque je me déciderai vraiment à prendre le temps d’écrire que j’inventerai des histoires de ce genre. Mais, pour l’instant, j’en suis encore à décrire le fait que dans mon service actuel, certaines valeurs « viriles » font office de table de Loi. Dans mon service actuel, plus que dans les services et les établissements précédents où j’ai travaillé, pour certains de mes collègues, un homme (et je suis un homme, c’est certain) et un bon infirmier (et je suis infirmier), c’est d’abord quelqu’un qui s’impose.

 

En particulier, physiquement. Pour faire des injections à un patient agité ou opposant à la prise de son traitement par voie orale (sous forme de gouttes le plus souvent).

 

Dans mon service actuel, pour certains de mes collègues, être un homme et un bon infirmier, c’est pratiquer la contention physique. Et, aussi, sans doute, parler fort ou plus ou moins fort, faire connaître ses exploits  physiques, les raconter, parler de certains sujets d’une certaine façon ( le Foot, les femmes, parler de sa vie etc….).

 

Paris, mars-avril 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

Peu importe que, lorsque je l’estime justifié et inévitable, je puisse, aussi, faire des injections, de la contention physique, ou y participer avec d’autres collègues lorsque nous devons le faire. Mon personnage, ma personnalité, ne cadre pas avec la conception que se font certains de mes collègues actuels de ce qu’est ou doit être un homme mais, aussi, un bon infirmier. Ou, tout simplement, un être humain dit « normal ». Alors que moi, sans m’en apercevoir, car c’est ma normalité, sans doute que je me comporte « bizarrement ». C’est à dire pas comme tout le monde.

 

Sans doute aussi, parais-je un petit peu trop « intello » pour être honnête. 

 

Et, vu que, paradoxalement,  je parle peu de ma vie conjugale et de ma fille au travail, cela doit vraisemblablement signifier que je dissimule des projets, des pensées et des moeurs fort peu recommandables : j’attends  presque ce moment ( ce suspense devient un peu insoutenable)  où certains de mes collègues décideront ( c’est peut-être déja fait) que je suis probablement pédé ou homosexuel.

Pour moi, ce n’est pas une insulte d’être confondu avec un homosexuel. Je trouve ça plutôt drôle. Mais je sais, aussi, que dans certains milieux et dans certains groupes, être perçu comme un homosexuel peut revenir à être considéré comme un sous-homme ou comme une sorte de perversion. Ce qui peut susciter, de la part de certaines personnes, une agressivité et une violence particulières, redoublées, ou un rejet, à l’encontre de celle ou de celui qui est suspecté(e) d’homosexualité.

 

J’ai donc compris, que, pour certains de mes collègues actuels, je suis un baltringue; un con; quelqu’un à qui « on ne fait pas confiance » ; quelqu’un qui se « débine » ou se « débinerait » lorsque cela se tend avec un patient ou lorsque cela est susceptible de se tendre. Et que je suis quelqu’un, c’est une certitude pour certains de ces collègues,  ou cela l’a été !, que je n’ai rien à faire dans mon service actuel où je travaille, maintenant depuis un peu plus d’un an. Et, cela, malgré plus de vingt ans d’expériences en soins psychiatriques et pédopsychiatriques, de jour, comme de nuit, dans des services intra comme extra hospitaliers où j’ai eu, aussi, à vivre des situations de tension avec des patients et des patientes. Ainsi que certaines confrontations physiques.

 

Je manquerais de « couilles ». Si on ne l’a pas bien compris. Et si j’ai bien décodé certains messages que m’ont adressé certains de mes collègues assez peu courageux, qui marchent et pensent souvent par deux au minimum.  

Je ne compte déja plus le nombre de fois où en me disant bonjour certains de ces collègues virils , et très assurés, ont rapidement évité ou évitent mon regard alors que nous nous retrouvons face à face. Le dégout de ma personne sans doute ou un sentiment proche de la pitié pour l’irrémédiable merde que je suis. 

 

Paris, avril 2022. Photo©️Franck.Unimon

Je serais « trop gentil ». Je « discuterais trop ». Peu importe que, plusieurs fois, cette « gentillesse », cette « discussion » de quelques minutes mais aussi cette « patience » de quelques minutes, aussi, ont déjà permis de désamorcer certaines situations. Dans mon service actuel, avoir certaines aptitudes pour la modération serait plutôt un aveu de faiblesse d’après le point de vue de certains de mes collègues. 

 

Le parallèle avec le livre de Mona Chollet, Réinventer l’Amour ?

 

Si l’on parle de l’Amour, d’une façon ou d’une autre, on en arrive à parler du Pouvoir sur le corps d’autrui.

 

 

Si l’on parle d’Amour, d’une façon ou d’une autre, on en arrive à parler du Pouvoir. Du Pouvoir dont on dispose mais aussi du Pouvoir que l’on peut, ou pourrait, en certaines circonstances, pour certaines raisons, bonnes ou mauvaises, choisies ou involontaires, exercer sur quelqu’un d’autre.

 

Et si l’on parle d’Amour, même si l’Amour spirituel, parental, filial, cérébral ou platonique existe, on parle aussi, du corps. De ce Pouvoir qu’une personne peut exercer, à qui l’on donne cette autorisation ou cette possibilité, sur notre corps.

 

Paris, mars 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

Lorsque l’on aime quelqu’un ou lorsque l’on est malade (d’Amour ou d’autre chose), il arrive un moment où l’on se confond avec l’autre. Avec son désir, sa volonté.

 

Où l’on s’abandonne à lui. Où l’on se confie à elle ou à lui.

 

 Où il arrive un moment, aussi, où, malgré l’intimité ou la proximité, on résiste ou s’oppose. Soit parce-que l’on a peur. Soit parce-que l’on perçoit l’autre comme un agresseur dont on veut se défaire ou se défendre.

 

Parfois, nous avons encore la possibilité de nous défaire ou de nous défendre de l’autre. Parfois, il est trop tard ou un peu trop tard lorsque nous réagissons :

 

Les victimes d’un viol, d’une agression, à moins d’avoir été surprises dès le début par leur agresseur (e) ont souvent, au début, laissées celle-ci ou celui-ci s’approcher de leur espace personnel. Elles (les victimes) ont souvent « cohabité » ou « coexisté » un temps avec leur futur(e) agresseur ( e). Que cette agression se répète ou qu’elle soit unique.

 

 

Mona Chollet parle-t’elle de cela dans son livre ? Pas de cette façon.

 

Paris, 2 Mai 2022. Gare St Lazare, près de la ligne 14. Photo©️Franck.Unimon

 

 Prédation et sexualité

 

Récemment, j’ai écouté un podcast dans lequel était interviewée l’humoriste Caroline Vigneaux. En l’écoutant, j’ai appris que ses spectacles étaient très documentés (comme pour beaucoup d’humoristes) mais, aussi, qu’elle visait à faire passer des messages.

Parmi ces messages, bien qu’ouvertement féministe, lors de cette interview, Caroline Vigneaux confirmait aussi s’être accrochée violemment- et verbalement- avec des femmes, sûrement des victimes d’agressions, pour lesquelles « Tous les hommes sont des prédateurs ».

 

S’il est un fait que, le plus souvent, les victimes de viols sont des femmes ( et des enfants filles ou garçons), fermer la boucle par un « Tous les hommes sont des prédateurs » ne permettra pas de….réinventer l’Amour.

 

 

J’ai parlé du corps, tout à l’heure. Parler du corps, c’est aussi, bien-sûr, parler de la sexualité. Nous n’avons pas tous le même rapport à la sexualité. Notre rapport à la sexualité peut être différent selon l’âge que l’on a. Selon nos croyances. Selon notre éducation.

Dans mon éducation de petit antillais né en France, la musique et la danse, qui sont des dogmes sociaux et culturels aux Antilles, m’ont indiscutablement préparé ou initié, sans pour autant faire de moi, un Rocco Siffredi antillais, à un certain éveil corporel et sexuel. Danser le Compas et le Zouk dès l’enfance, que ce soit en France et en Guadeloupe, mais aussi voir toutes les générations, des enfants aux grands parents, danser de cette manière lors de festivités (baptêmes, mariages, communions…) permet sans aucun doute une approche assez précoce et concrète de son propre corps comme du corps de l’autre, qui plus est en rythme ( un rythme binaire pour comparer avec le rythme ternaire du Maloya par exemple qui me semble moins dansable à deux) comparativement à une éducation où, à la maison ou en famille, on va écouter de la variété française, du Rock ou de la musique classique.

On a bien sûr une sexualité et un éveil à la sexualité et au corps même lorsque l’on écoute de la variété française, du Rock, de la musique classique, de la techno ou du Rap ou un tout autre genre musical. Autrement, un certain nombre de lectrices et de lecteurs de cet article ne pourraient pas le lire aujourd’hui et demain.

Mais on comprendra facilement, je crois, que lorsque l’on danse « collés-serrés » sur du Zouk ou du Compas, que la composante sexuelle de la musique et de la danse, est facile à détecter de façon implicite ou explicite. Et si, malgré cela, on danse en toute « innocence », certaines paroles en Créole ( pas uniquement du bien connu Francky Vincent ) de certaines chansons nous signalent assez « bien » que la sexualité et le coït sont envisagés. Ou suggérés.  

Il y a quelques années, maintenant, un copain enseignant avait voulu traduire en Français, à sa classe, les paroles du tube Angela du groupe Saïan Supa Crew mais dans des termes châtiés. Il m’avait donc sollicité. J’aurais tellement voulu lui rendre ce service mais même en faisant tourner dans ma tête diverses correspondances, j’avais été obligé de lui dire qu’il n’y avait rien à faire :

Si je traduisais, honnêtement, une des phrases phares de la chanson, cela donnait quelque chose comme, sur un air enjoué, « Angela, je vais te défoncer (sexuellement, s’entend) pendant l’absence de ton père ». Ce qui est quand même plus « rentre-dedans » que les sous-entendus de La Sucette à l’Anis composée par Gainsbourg pour la naïve France Gall et que, plus tard (car je suis plus jeune que Gainsbourg et France Gall, aujourd’hui disparus) des mômes de 12 à 13 ans, chantaient avec amusement, et en toute lucidité concernant ces sous-entendus sexuels, dans une des colonies de vacances où je fus assistant sanitaire.

 

 

Depuis mon enfance, que je m’en souvienne ou non, j’ai entendu des chansons à caractère sexuel à peine camouflé dans des festivités antillaises. Et j’ai dansé dessus, en toute simplicité, comme la majorité des personnes présentes. Sans y penser plus que ça.

 

Le corps, ça commence par la peau.

 

Paris, avril 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

Mais, avant la sexualité, le corps, cela commence par la peau. La peau du nouveau né que l’on a été. Et que l’on est resté d’une certaine façon quel que soit notre âge. Comme une part de notre enfance et de notre adolescence reste en nous, même à l’âge adulte.

 

La peau, aussi, a une mémoire. Une mémoire surpuissante qui dépasse, je crois, notre intellect et notre raisonnement.

Alice Miller, psychanalyste bien connue, a écrit un livre que j’ai emprunté mais que je n’ai pas encore lu et dont le titre est :

 

Notre corps ne ment jamais.

 

Malgré toutes nos expériences, toutes nos prétentions et nos certitudes, toutes nos applications high tech, toutes nos « victoires », tous nos titres  et toutes nos conquêtes, je crois qu’il est des vérités incontestables ou assez incontestables comme le titre de ce livre d’Alice Miller.

 

 

Que l’on parle de la torture, d’un viol, d’une blessure, d’un traumatisme, d’un harcèlement, d’un burn out, d’un désespoir ou d’un plaisir consenti, il m’apparaît très difficile d’échapper à la vérité de ce titre d’Alice Miller. C’est pourtant une vérité à laquelle, quotidiennement, nous tournons le dos ou que nous ignorons.

 

Des expériences de massage bien-être

 

Osny, dans le parc du château de Grouchy, avril 2022. Photo©️Franck.Unimon

Et, sans être psychanalyste, je suis resté marqué par cette découverte que j’ai faite lors de ma formation en massage bien-être il  y a quelques années :

 

Pour asseoir cette formation en massage bien-être, très concrète, je me suis fait masser par différents stagiaires, femmes et hommes de différentes histoires et horizons. Y compris par un homosexuel, à son domicile.

Et j’ai aussi massé des stagiaires en formation massage bien-être comme moi, femmes et hommes. J’ai aussi massé certains de mes proches et moins proches (famille, amis, connaissances).

 

J’ai appris que quelques personnes, une minorité, en se faisant masser au cours de cette formation en massage bien-être, dans un climat de réelle bienveillance, s’était effondrée en larmes. Des émotions douloureuses, anciennes et ancrées en elles (j’ai plutôt entendu parler de femmes à qui cette expérience est arrivée), aspirées par les mains qui les massaient, avaient en quelque sorte « fracassé » ces barrages mentaux qu’elles soutenaient de toutes leurs forces pour juguler une certaine souffrance intérieure et très forte. Cela pouvait être parce-que, jamais, dans leur enfance, on ne les avait touchées avec une telle « bienveillance ». Ou pour toute autre raison…

 

 

De mon côté, je me rappelle de mon effarement en massant deux amis de longue date. Deux amis que je connais depuis le collège. Bien qu’officiellement volontaires tous les deux pour que je les masse, ces deux amis (masculins, donc) se sont révélés particulièrement indisponibles pour profiter du massage.

 

L’un expliquant à sa compagne (j’étais venu le masser chez eux) un peu comme s’il s’agissait d’aborder un problème de mathématiques, que, pour se faire masser, il « faut se laisser aller ». Pour me montrer, ensuite…comme il avait particulièrement du mal à se laisser aller.

Lorsque l’on se laisse aller lors d’un massage, on peut soit se mettre à pleurer si certaines émotions douloureuses font surface ou, au contraire, se détendre jusqu’à l’endormissement. Et il s’agit d’un endormissement réparateur et très agréable. Même si cet endormissement ne dure que quelques minutes.

 

Je me demande si j’ai le droit de faire un parallèle pour cet ami, qui est quand même mon meilleur ami, entre le fait qu’il ait eu autant de mal à recevoir mon massage et le fait que lorsqu’il a tenté de faire une thérapie, il a pu dire qu’il ne s’y passait « rien », car ne parvenant pas, j’imagine, à « s’ouvrir » suffisamment ou à se « laisser » aller ou porter…..

 

J’ignore si le fait que mes deux amis se connaissent a joué. Néanmoins, à plusieurs jours ou plusieurs semaines d’intervalle, le second ami a fait encore « mieux » que le précédent :

Alors que je le massais, chez moi, subitement, cet ami s’est avisé qu’il lui fallait absolument consulter son téléphone portable. Je l’ai donc vu étendre son bras pour attraper son téléphone portable…. 

 

Mon propre père a refusé ma proposition de se faire masser. Tandis que ma mère, ma jeune sœur et mon jeune frère se sont faits masser avec plaisir. Mon frère allant jusqu’à rester endormi dix bonnes minutes après la fin du massage.

Lors d’une autre expérience, alors que, dans un centre de plongée et d’apnée en banlieue parisienne, je le massais à même la peau, un moniteur de plongée ( également motard ) celui-ci, plutôt sympathique, et volontaire également,  parlait sans discontinuer.  Me racontant qu’il avait « déja fait » des massages. S’amusant aussi quant au fait que j’avais peut-être prévu de  » la musique indienne » etc….

Il faut savoir que je fais plutôt partie des personnes, qui, lorsqu’elles sont « dans » le massage, en tant que masseur ou massé, entrent dans une sorte de méditation :

Un peu sans doute comme dans la lecture d’un livre ou lorsque j’écris. Il m’est arrivé d’être appelé alors que j’étais en pleine écriture. Et, souvent, la personne que j’ai eue au téléphone a eu l’impression de me réveiller. J’étais tout simplement encore  » en moi-même » en répondant au téléphone.

Lorsque je masse,  si la personne massée peut « entrer en elle », j’entre aussi en moi-même, tout en étant attentif à la personne que je masse comme au temps que je mets. C’est un voyage à la fois commun mais aussi individuel. Le corps de l’autre et  le contact de nos mains reliées bien sûr à notre être, donc, également à notre corps et à notre propre vie intérieure permettent ce voyage.

Dans ces circonstances, être en présence de quelqu’un qui se met à parler pour « meubler » ou sans doute parce-qu’il est finalement mal à l’aise, casse en quelque sorte l’ambiance. Un massage, de mon point de vue, est pour beaucoup un voyage intérieur même si l’on part de « l’extérieur » ( le corps, des mains, de l’huile, un environnement et un moment particulier….).

 

Néanmoins, ce jour-là, s’il était particulièrement bavard lors du massage à l’huile de son dos, ce « cobaye » moniteur de plongée, qui était déja descendu à soixante mètres et plus profond en plongée bouteille, s’était soudainement tu. Lorsque j’étais ensuite passé à une forme d’étirements et de balancements plus fermes mais aussi plus toniques qui détendent également. J’en avais déduit que c’était cela qui convenait le mieux à cet homme. Un homme que je n’ai jamais revu par la suite car en revenant plus tard, en accord avec le directeur de ce centre aquatique, pour masser et relaxer des plongeuses et des plongeurs volontaires avant leur séance ( et il y’en eut), j’appris que ce moniteur de plongée s’était tué quelques semaines plus tard à moto. 

Un autre ami, toujours vivant, lui, que j’ai massé deux ou trois fois, m’avait aussi surpris à chaque fois. Plutôt réservé quant à ses émotions et assez dur au mal, très travailleur, perfectionniste, et plus que reconnu dans sa profession, chaque fois que j’avais commencé à le masser, cet ami s’était mis subitement à me parler – lui qui est plutôt du genre à voir toute forme de thérapie comme une absurdité- et à se confier à moi sans que je ne m’y attende.

Je me rappelle aussi d’une fois, en particulier, où, après l’avoir massé, j’avais « ramassé » beaucoup de ses tensions intérieures. 

 

Enfin, bien-sûr, plus d’une fois, des personnes m’ont dit ouvertement qu’elles voyaient le massage comme un préliminaire à l’acte sexuel. Et que, de ce fait, il était pour elles hors de question que je les masse. Cela a pu prendre des proportions très comiques avec mon beau-frère. Ainsi qu’avec un ami, Raguse

 

 

Alice Miller a donc raison : Notre corps ne ment jamais. Et, selon l’état de confiance et de méfiance, d’attirance ou de répulsion dans lequel on se trouve, on accepte, à tort ou à raison, de s’en remettre à l’autre. Et, il me semble que l’Amour, c’est, à un moment ou à un autre, s’en remettre à l’autre dans une certaine intimité.

 

Il est courant de considérer qu’une personne nous inspire de la méfiance parce-que son attitude nous apparaît « louche » ou « suspecte ». Et cela peut être vrai. Sauf que l’on parle moins souvent de ces fois où l’on attribue à quelqu’un des défauts ou des vices, mais aussi des qualités extraordinaires, qui existent principalement dans le décor de notre imaginaire.

 

Couple se parlant, dans le métro. Paris, avril 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

Le Décor de notre imaginaire

 

J’ai plusieurs fois été marqué d’entendre des femmes se plaindre d’histoires malheureuses qu’elles avaient pu connaître avec des hommes. Alors que, parallèlement à cela, ces mêmes femmes avaient pu se détourner ou se montrer impitoyables avec d’autres hommes sincèrement attentionnés à leur égard.

 

Pas plus tard qu’il y a quelques jours, une interne qui faisait sa dernière garde dans mon service, en tant que stagiaire, me parlait d’une conférence ou d’un colloque où elle s’était rendue et où elle avait eu l’impression de se trouver « dans une secte » :

 

Un médecin chef (psychiatre, je crois) y était admiré par plusieurs de ses autres collègues médecins. Des femmes, exclusivement.  Et, à un moment donné, l’une d’elle, a pris la parole pour s’exprimer sur un sujet donné. Sauf que son point de vue n’a pas été partagé par le médecin chef qui, devant tout le monde (environ une cinquantaine de personnes) lui a dit : « Tu dis n’importe quoi ! ».

La jeune interne qui me racontait ça m’a ensuite appris, médusée, que la femme médecin humiliée en public avait trouvé des circonstances à ce médecin chef qu’elle estimait si « génial ! ».

 

J’en ai rajouté une couche en disant à cette jeune interne :

 

Peut-être ou sans doute que toutes ces femmes qui admirent ce médecin chef aimeraient s’autoriser à être comme lui. Et j’ai en quelque sorte conclu en disant que, sans aucun doute, d’ici quelques années, plusieurs de ces femmes médecins diront que travailler avec ce médecin chef a constitué ou aura constitué l’une des meilleures périodes de leur vie professionnelle mais aussi personnelle.

 

Mona Chollet, dans son livre, Réinventer l’Amour, parle de ces sujets autrement. Avec d’autres exemples. En citant Marlon Brando et Serge Gainsbourg, deux hommes, deux Personnalités et deux artistes, encore adulés. Des modèles pour bien des femmes et des hommes encore aujourd’hui.

 

Lorsque l’on lit l’ouvrage de Mona Chollet, on rit jaune en découvrant l’envers du décor conjugal de Marlon Brando et Serge Gainsbourg. Pareil pour Miles Davis, mon musicien préféré malgré ce que je savais déja de lui en tant que père plus qu’absent et déplorable.

 

Dans le livre de Mona Chollet, cela m’a fait rire de lire ce passage où Miles, jaloux et paranoïaque, persuadé qu’un rival amoureux se cachait  à la maison, s’est mis à dévaler les escaliers,  un couteau de cuisine à la main.

Je peux me permettre de rire, d’une part, parce que Cicely Tyson, je crois, sa compagne de l’époque, est toujours en vie. Mais, aussi, parce-que, plusieurs années après la mort de Miles (en 1991, la même année que Serge GainsbourgMona Chollet nous apprend dans son livre que Cicely Tyson affirme encore que Miles est « son homme ».

La grande chanteuse de Blues, Billie Holliday, finalement, ne chantait pas autre chose. Et Edith Piaf ?

 

 

Je peux rire jaune concernant Miles et son couteau de cuisine. Pourtant, concrètement, il y a à peine deux semaines, avec deux de mes collègues, nous avons transféré un homme, dans un service d’hospitalisation en psychiatrie, parce-que, Monsieur, après avoir pris de la cocaïne avec sa compagne, et chez elle, a commencé à être persuadé que quelqu’un se cachait dans l’appartement. Et que celle-ci lui mentait. Alors, Monsieur a violenté sa compagne, a confisqué ses deux téléphones portables. Il a fallu l’intervention de la police, appelée par des voisins, pour sortir la compagne de cet embarras. Lors du transfert, que nous avons effectué de nuit, après une nuit passée par ce patient dans notre service, ce Monsieur ne m’a pas semblé plus culpabilisé que cela concernant son comportement. Il ne m’a pas non plus donné l’impression de douter plus que cela de pouvoir renouer avec sa compagne. Laquelle, si elle avait confirmé les faits devant la police, avait refusé de porter plainte contre lui.

 

 

Cette ambivalence toute autant féminine que masculine vis à vis de l’Amour permet de s’apercevoir que le livre de Mona Chollet traite d’un sujet bien plus sérieux et difficile qu’il n’y paraît. Et Mona Chollet a fourni un gros travail de recherche. Son livre est facile et agréable à lire. J’ai aimé la façon, dont, par moments, elle entremêle, sans trop en rajouter, des bouts de ses expériences personnelles qui complètent son livre et en font un objet à cœur ouvert qui tranche avec ces livres pleins de dialectiques alambiquées et théoriques.

J’ai aussi aimé toutes ces références qu’elle nous donne en termes d’ouvrages ou de personnalités portées sur ce sujet des relations entre les femmes et les hommes. C’est en lisant ce livre que j’ai ainsi découvert Victoire Tuaillon dont j’ai emprunté le livre Les Couilles sur la Table que je n’ai pas encore lu. Préférant d’abord lire Retour de flammes ( les pompiers, des héros fatigués ?) de Romain Pudal dont le titre peut faire penser que j’ai eu besoin de me rassurer en me réfugiant dans un sujet « bien viril » alors que, finalement, je trouve que plusieurs caractéristiques des valeurs que l’on trouve chez les pompiers convergent  très bien avec ce que je vis- en partie- dans mon service actuel. Et, donc, avec le sujet du livre de Chollet.

 

Mona Chollet, dans ce livre-ci, parle aussi de l’image de la femme. Des contraintes vestimentaires que la femme peut s’infliger pour plaire. Dans cet article, j’ai inséré des photos- très courantes- de publicités montrant des femmes dénudées. Ces photos ont plu à mon regard tant d’un point de vue esthétique qu’érotique. Mais il m’a semblé que parler du livre de Mona Chollet en l’illustrant, aussi, avec ces photos, peut aussi permettre de se rappeler du monde dans lequel nous vivons comme de la façon dont, souvent, des jeunes femmes, nous sont présentées. Même si, par ailleurs, pour ma part, je sais très bien que je ne rencontrerai jamais, dans la vraie vie, des femmes aussi avantagées physiquement. Et même si cela arrivait, cela ne suffira pas forcément pour devenir intime avec elles ou « amis ».

On dira donc que je regarde ces photos pour « l’art », car ce sont souvent de belles photos ainsi que pour le plaisir des yeux. Et qu’en lisant un ouvrage comme celui de Chollet, je m’aperçois un peu plus de ce que ces mêmes photos peuvent avoir de brutal et d’oppressant pour l’identité de certaines femmes. Et, évidemment, en tant que père d’une fille, je m’inquiète sans doute aussi un peu plus de la portée de ce genre de clichés photographiques, quasi-pornographiques, sur certains enfants mais aussi sur d’autres personnes plus âgées. 

A propos de la pornographie, on peut peut-être lire cet article que je découvre de plus en plus lu sur mon blog : Brigitte Lahaie en podcast . Un article que j’avais écrit au mois de Mai de l’année dernière.

 

Mais j’ai néanmoins bien parlé de l’ambivalence « autant féminine que masculine » vis à vis à de l’Amour.

Photo©️Franck.Unimon

L’ambivalence « autant féminine que masculine » vis à vis de l’Amour :

 

Certaines œuvres, comme certaines rencontres ou expériences, nous marquent encore plusieurs années plus tard.

 

Le film Mystic River de Clint Eastwood fait partie de ces œuvres et expériences pour moi. A la fin du film, nous savons que Sean Penn, a été persuadé que son ami d’enfance, interprété par l’acteur Tim Robbins, est celui qui avait assassiné sa fille.

Alors, Sean Penn, devenu, adulte, plus ou moins un caïd dans son quartier, a fait « avouer » à son ancien ami d’enfance que c’est bien lui qui avait assassiné sa fille ( la fille de Sean Penn). Une fois que l’ami d’enfance ( Tim Robbins), brutalisé et intimidé par Sean Penn et ses hommes, a « avoué », Sean ( qui porte bien-sûr un autre prénom dans le film) applique ce qu’il considère être la justice d’un père vengeant l’assassinat immonde de sa fille . Et il exécute son ami d’enfance. Car les « aveux » de celui-ci ont balayé ses derniers doutes.

 

Pourquoi Sean Penn croit-il plausible que son ami d’enfance ait pu assassiner sa fille ? Parce-que, plus jeunes, alors que Sean Penn, Tim Robbins et Kevin Beacon, jouaient ensemble dans leur quartier, le jeune Tim, perçu, en le regardant, comme le plus fragile psychologiquement du trio, avait été kidnappé par deux adultes se déplaçant en voiture. Puis violé.

 

Ce qui veut dire qu’un prédateur ne choisit pas n’importe quelle proie. Et qu’une fois que l’on a été la proie ou la victime de quelqu’un, qu’il peut rester en nous, la trace de ce passé qui peut être retrouvée- et utilisée- par quelqu’un d’autre. Si, entre-temps, on n’a pas appris à se défendre en cas d’agression ou à mieux reconnaître, et plus vite, de véritables agresseurs et prédateurs, lorsqu’il s’en présente.

 

On peut être un homme et avoir été, plus jeune, le souffre-douleur attitré de certaines personnes parce-que l’on a été identifié comme celui qui est « faible » ou qu’il est facile de malmener pour s’amuser. C’est ce que j’ai compris lorsque le combattant français Patrice Quarteron, né en 1979, dont je découvre le surnom « Le Rônin sombre », pratiquant du Muay Thaï, a pu dire dans une interview que, plus jeune, malgré ou à cause de sa grande taille, qu’il était souvent celui que l’on venait frapper. Quarteron allant, alors, jusqu’à ironiser en se remémorant ce passé en disant quelque chose comme :

 

« C’était drôle, c’était toujours Patrice Quarteron que l’on venait frapper…. ». On revenait « toujours » le frapper, comme on revenait souvent frapper à une même porte, parce qu’à cette époque, révolue, Quarteron était « connu » comme celui sur lequel on pouvait facilement venir se défouler. Pour faire passer le temps.

Comme on peut le faire pour certaines femmes sexuellement ou physiquement. Ou, sur certains enfants.

Dans Mystic River, face aux trois jeunes garçons dont les personnages sont joués, adultes, par Sean Penn, Tim Robbins et Kevin Beacon, les deux hommes prédateurs, âgés d’une quarantaine d’années, établissent que le « jeune » Sean Penn est un dur à cuire qui va leur donner du mal. Et que le « jeune » Kevin Beacon est trop malin. Cela semble se « voir » ou se deviner en regardant ces trois jeunes garçons qui doivent avoir alors 12 ans tout au plus.

Alors, les deux prédateurs se rabattent sur le « jeune » Tim Robbins. Le plus docile, le plus vulnérable et sans doute aussi le plus poli et le plus gentil. Celui qui est, ici, trop pétri de bonnes manières. Celui, qui, plus tard, sans doute aurait été un homme galant, attentionné etc est celui qui est sacrifié. 

Etant donné que les apparences peuvent être trompeuses, les deux prédateurs auraient pu tomber sur un jeune « Tim », finalement bien plus combattif qu’ils ne l’avaient cru. Mais il se trouve que le jeune « Tim » s’est révélé être la victime « idéale » pour ces deux hommes. Peut-être du fait de leur déja grande « expérience » mais aussi de leur instinct de « chasseurs ». 

 

A la fin du film Mystic River, Sean Penn apprend qu’il s’est trompé sur son ancien ami d’enfance. Et que celui-ci n’était pas l’assassin de sa fille. Sean Penn a alors un moment d’effondrement face  à sa femme. Et, là, celle-ci, le « remonte » et lui dit, ou plutôt lui assène, qu’il a fait ce qu’il fallait faire ! Qu’il s’est comporté comme un chef de tribu doit le faire ! Nous avons donc, là, une mère, et une femme, qui considère qu’un homme, en tant que chef de famille, même s’il se trompe, doit être capable de s’imposer physiquement et de tuer pour protéger ou défendre sa famille. Nous sommes donc ici très loin du discours selon lequel il est attendu d’un homme qu’il soit aux petits soins avec sa femme et sa progéniture ; qu’il fasse des bons petits plats ; qu’il invite sa femme au restaurant, lui déclame des poèmes, change les couches des enfants, aille faire les courses et participe aux tâches ménagères comme aux devoirs scolaires des enfants etc….

 

Parce-que, même si un homme peut cumuler certaines aptitudes domestiques avec celles d’un Sean Penn dans Mystic River, il m’apparaît peu plausible qu’un même homme puisse et à la fois être l’équivalent d’un Sean Penn dans Mystic River mais, aussi, être un compagnon doux et attentionné selon  certains critères d’égalité officiels entre les femmes et les hommes, et qu’il soit recherché pour cela par la majorité des femmes.

Il me semble que tout en recherchant plus d’égalité avec les hommes, que bien des femmes vont préférer avoir un Sean Penn tel qu’il est dans Mystic River soit comme amant, soit pour mari et père de leurs enfants. Tandis que d’autres femmes ne pourront pas accepter de vivre avec un homme pareil car elles se sentiront incapables de « rivaliser » ou avec lui ou  ne pourront pas le « maitriser » ( le dominer)….

Je me rappelle qu’il y a plusieurs années, un ami guadeloupéen, né en Guadeloupe et y résidant toujours, m’avait dit qu’il était du genre romantique. Et qu’il s’était vite aperçu qu’il ne correspondait pas du tout au type d’homme recherché par les femmes du pays.

Il s’est ensuite marié avec une Polonaise avec laquelle il vit en Guadeloupe depuis des années avec leurs enfants.

 

Dans un podcast écouté récemment, dans l’émission Les pieds sur terre, une jeune femme raconte comment elle aime soumettre les hommes. Peu m’importe qu’elle soit adepte de relations BDSM dès l’instant où celles ci sont consenties entre adultes. Ce qui m’a dérangé, c’est que cette femme a ouvertement dit être attirée par des femmes plutôt que par des hommes. Et, je n’ai pu m’empêcher de voir de la perversion et une très grande satisfaction personnelle de sa part dans ce qui, pour moi, était le contraire absolu d’une relation. Même si les hommes qu’elle soumettait étaient et sont consentants. Car pour qu’il y ait Amour, il faut déjà qu’il y ait un minimum de relation entre deux personnes. Ce qui implique, à mon avis, une certaine égalité, à un moment donné. Si l’on parle d’une relation. Alors que dans le témoignage de cette jeune femme, assez contente d’elle, je ne voyais pas où était cette égalité et cette réciprocité. Cette jeune femme racontait simplement comment elle prenait son pied à humilier et à soumettre avec le consentement de « ses » hommes.

 

Enfin, dans un autre podcast, une femme raconte qu’à un moment de sa vie, elle avait besoin de faire l’Amour tous les jours. En changeant de partenaire régulièrement. Pourquoi pas ? Sauf que sa libido n’était pas au rendez-vous et elle s’est demandée comment elle pouvait y remédier. D’où son podcast dans lequel elle raconte comment elle s’y est prise pour accroître sa libido. Ce faisant, elle a entendu parler de la poudre de Maca qui, sur elle, a eu peu d’effets. Alors que, toujours dans ce podcast, elle interviewe une femme pour qui la poudre de Maca a eu l’effet aphrodisiaque recherché.

J’en profite pour dire que, depuis, je suis allé acheter de la poudre de Maca. Non pour gonfler ma libido. Mais parce-que je me sens fatigué en ce moment et que j’ai découvert, grace à ce podcast, que la poudre de Maca pouvait faire du bien lorsque l’on est fatigué. J’en suis à trois jours de prise quotidienne à raison d’une cuillère à café le matin et j’ai tendance à confirmer pour l’instant les propriétés requinquantes de la poudre de Maca. Et tant mieux, car ces 200 grammes de poudre de Maca m’ont quand même coûté près de 30 euros !  

 

Par contre, alors que j’écoutais ce podcast centré sur la recherche de moyens pour maintenir ou remettre une libido à flot, j’ai été étonné que la personne autrice de ce podcast oublie, selon moi, l’essentiel :

 

Le but est d’avoir une remontée de libido ? Alors, peut-être faut-il d’abord commencer par avoir une relation sincère avec quelqu’un et s’attacher à cette personne. Cela me semble aussi simple que cela. Et je crois – ou espère- que le livre de Mona Chollet va aussi dans ce sens-là. Même si, comme on s’en doute, le sujet de l’Amour peut durer une vie entière.

 

 

Franck Unimon, ce lundi 2 Mai 2022.

 

 

 

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Croisements/ Interviews

Caroline Vigneaux, humoriste.

Caroline Vigneaux, humoriste

 

 

« Pour défendre une cause, l’avocat met sa robe, la femme l’enlève ».

 

En Guadeloupe, j’étais à peine adulte lorsque j’avais lu cette phrase chez quelqu’un. J’ai oublié chez qui. Mon père nous faisait rencontrer tellement de monde. Et nous existions si peu. C’était lui qui parlait et qui nous menait là où bon lui semblait. C’était son territoire.

 

J’ai retenu la phrase. Notre mémoire est notre territoire. Et c’est à nous de le défendre, avec ou sans robe.

 

Pour parler de l’humoriste Caroline Vigneaux, il était facile pour moi de me rappeler de cette phrase.

 

Je n’ai jamais vu Caroline Vigneaux sur scène. J’ai à peine vu un ou deux de ses sketches. Mais je sais qu’elle a été avocate. En écrivant cet article, je me rappelle, qu’enfant, j’avais pu tenir à défendre quelqu’un d’autre. Et, qu’est-ce qu’un soignant, si ce n’est quelqu’un, qui, d’une façon ou d’une autre, à un moment ou à un autre, essaie, aussi, de défendre quelqu’un d’autre qu’elle-même ou que lui même ? Ou peut-être, aussi, de défendre une mémoire.

 

« Pour défendre une cause, l’avocat met sa robe, la femme l’enlève ». La phrase est assez misogyne. Et pas toujours vérifiable. Mais je la garde quand même.

 

Alors, j’ai écouté ce podcast, tout à l’heure :

 

Caroline Vigneaux : d’avocate à la scène de l’Olympia, dans l’émission Hors-piste, sur France Inter, où ce 24 avril 2022, Caroline Vigneaux est interviewée par Thomas Sotto.

 

Les humoristes, d’une façon générale, me font l’effet de personnes qui, souvent, en font -et soulèvent- des tonnes pour faire rire. C’est un travail ardu. Autant faire rire me plait, autant devoir constamment faire rire, devoir être souvent drôle, est pour moi l’équivalent d’un supplice. Sans oublier le fait de passer pour le petit rigolo de service. 

 

Provoquer le rire, dépendre du rire des autres, quel risque ! Mais quelles aventures personnelles ! J’admire chez les humoristes au moins cette capacité imaginative que l’on perd à mesure que l’on se « range » afin d’éviter d’être jugé. 

 

Dans ce podcast, Caroline Vigneaux parle de son premier bide sur scène devant….4000 personnes. Et d’une de ses premières télés où une personnalité médiatique l’a séchée en lui affirmant : « Vous êtes trop belle pour faire rire ! ». Des trois semaines, ensuite, durant lesquelles elle est restée chez elle « en position fœtale ».

 

J’aurais aimé avoir l’indulgence de ce producteur qui, ensuite, l’a prise dans ses bras pour mieux l’inciter à remonter sur scène.

 

Dans ce podcast, Caroline Vigneaux parle aussi de sa décision de quitter son emploi, très bien payé, d’avocate pour l’inconnu de la carrière d’humoriste. Son interview peut être prise comme une incitation au développement personnel.

 

Je me suis dit que ce serait bien, en passant, d’écrire un article-même court- sur Caroline Vigneaux. En attendant d’aller la voir, elle et d’autres sur scène. Un jour.

 

En plus, pour écrire cet article, j’ai écouté de la très bonne musique :

 

Le titre Hotter Than Hot de High Tone et Zenzile feat Rod Taylor. 

 

 

Franck Unimon, jeudi 28 avril 2022.

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Corona Circus Le Blog du poisson rouge

Les élections présidentielles de 2022 : Les gens ne se supportent plus !

 

A Osny, dans le Val d’Oise, avril 2022, avant le premier tour des élections Présidentielles.

Les élections présidentielles de 2022 : «  les gens ne se supportent plus ! »

 

« Les gens ne se supportent plus ! ».

 

C’est cette phrase que j’ai retenue de cet homme croisé lors du premier tour de ces élections présidentielles de 2022. Parti voter le matin avant de partir travailler, je croyais arriver le premier au bureau de vote. Cet homme était déjà là. 

 

Ensemble, nous avons discuté un peu. Il m’a raconté. La vie à Argenteuil s’était dégradée. Il aurait aimé partir vivre dans le sud de la France mais c’était impossible. Du côté de St Raphaël, je crois. Le prix de l’immobilier et les problèmes de santé de sa femme s’opposaient à ces projets.

 

Retraité, il avait pourtant le pied ferme et avait deux ou trois voitures. Dont au moins une de sport.

 

 

Je l’ai écouté. Lorsqu’il a appris que j’allais travailler, et aussi parce-que j’ai plaisanté en lui disant que « j’espérais » être le premier à voter, cet homme m’a très obligeamment laissé passer le premier.

 

Les gens ne se supportent plus….

 

Emmanuel Macron a donc été réélu comme les sondages le pronostiquaient.

 

Emmanuel Macron, le « Kennedy » de France, pour son jeune âge et son aisance de CSP+ à s’exprimer devant les média. Emmanuel Macron qui présente bien. Emmanuel Macron qui a donc fait mieux que Nicolas Sarkozy et François Hollande, « seulement» élus, avant lui, une fois Président de la République.

 

Emmanuel Macron, le plus jeune Président de France, même pas quinquagénaire, qui aura fait presque aussi « bien », en termes de réélection, que François Mitterrand et Jacques Chirac.

A Paris, dans le 3 ème arrondissement, avril 2022, avant le second tour des élections Présidentielles 2022.

 

Emmanuel Macron, qui, deux fois de suite, aura été réélu face à Marine Le Pen, fille de son père, Jean-Marie Le Pen (ex-Président du Front National) et tante de Marion Maréchal-Le Pen, revenue de son « congé parental » pour s’allier à Eric Zemmour, le trouble fête mais aussi le puissant lubrifiant politique – et médiatique- de ces derniers mois en France contre lequel un peu tout le monde (politiques et journalistes) a voulu s’essayer. ( lire aussi Vivre au temps du Covid avec Eric Zemmour ). 

A Paris, près de la Madeleine, avril 2022, avant le premier tour des élections présidentielles 2022. En couverture de L’Incorrect, à droite, Eric Zemmour, à gauche, Marion Maréchal- Le Pen. Tout à gauche, une publicité pour la marque Chanel.

 

Eric Zemmour, aujourd’hui, et ses partisans, seraient déçus du fait de ces 7 % de vote obtenus. Eric Zemmour, aujourd’hui, tenterait de se refaire auprès de Marine Le Pen qu’il avait su plastiquer verbalement comme il sait plastiquer sur un plateau de télé.

Mais je trouve que c’est beaucoup, 7 pour « sang » pour un homme dont c’était la première participation à des élections Présidentielles. Pour un homme qui a fait beaucoup mieux que Valérie Pécresse dont le véritable slogan de campagne plutôt que « Le courage de faire » était peut-être… le courage de perdre.

Paris, avril 2022, Bd Raspail, avant le premier tour des élections présidentielles 2022.

 

Je ne me suis pas encore remis du fait qu’une femme politique expérimentée, et d’un très bon milieu socio-culturel, comme Valérie Pécresse, a pu racler autant d’absurdités lorsqu’elle s’est exprimée. Du genre :

« Du bon vin et un bon bœuf charolais, c’est ça la France que j’aime ».

 

Afin de draguer la supposée « France profonde » qui serait forcément xénophobe – et aussi très bête- et qui constituerait le corpus de l’électorat de Eric Zemmour et de Marine Le Pen.

 

Il m’a fallu du temps pour l’admettre avant qu’il ne soit élu Président en 2007, mais Nicolas Sarkozy a une habilité et une lucidité politique indiscutables. Et il a été évidemment bien avisé de se retenir de soutenir « Valérie ». On parle beaucoup de la campagne pathétique d’Anne Hidalgo, la candidate PS et maire de Paris, mais entre «Valérie » et « Anne », je ne sais laquelle est la meilleure athlète du pathétique :

 

« Ensemble, changeons d’avenir ». On dirait une réclame pour un régime alimentaire.

Avril 2022, à Paris, Bd Raspail, avant le premier tour des élections présidentielles 2022. Oui, qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?!

 

 

Les gens ne se supportent plus….

 

 

Le passage de Christiane Taubira dans la campagne présidentielle m’a fait l’effet d’une page de pub. Comment faire parler de soi alors que l’on a été Ministre de la Justice (poste dont on avait démissionné après d’autres ) du Président socialiste François Hollande sans prendre trop de risques ?

 

On se présente en rassembleuse puis on s’en va dès que l’on comprend que le miracle n’aura pas lieu mais aussi que l’on n’est pas si désirée que cela dans les lieux. Et on se fait passer pour une femme politique libre et indépendante. Pour rassembler ou démissionner.

 

Les termes « rassembler », « Union » sont beaucoup utilisés en politique. Dans le monde du travail, on remplace ces termes par « la mutualisation des moyens » et cela a souvent les mêmes effets : on se débarrasse de celles et ceux qui déplaisent et qui sont trop isolés ou trop vulnérables pour résister ou contre-attaquer.

Près de la gare d’Osny, avril 2022, avant le premier tour des élections présidentielles 2022.

 

Je m’explique le vote aussi « haut » de Mélenchon par le fait qu’il a capté le vote des musulmans de France irrités par les propos anti-voile ou d’autres termes désobligeants envers l’Islam associant Islam et islamisme. Je m’explique aussi son résultat par les suffrages qu’il a obtenus dans les « îles » et auprès de diverses minorités, culturelles, économiques et sociales.  Son punch, ses aptitudes oratoires mais aussi son bon sens du rythme démagogique l’ont rendu plus séduisant que les élites lustrées et abstraites du parti socialiste qui, lifting après lifting, liposuccion après liposuccion, ne ressemblent plus à rien. Même si certains « pharaons » du parti socialiste disposent d’une baraka de survivant hors du commun.

 

La dernière fois que j’avais aperçu Manuel Valls, il terminait son Footing. Je l’avais vu arrêté, transpirant, au bord de la route du côté du quai Anatole France, pas très loin du musée d’Orsay. Je l’avais reconnu en passant devant lui à vélo sur la piste cyclable. Je m’étais dit :

« C’est Manuel Valls ! ». Il était concentré. Sérieux. Le sérieux de l’homme qui croit à son retour et le prépare.

 

C’était plusieurs mois avant le début des élections présidentielles. Il essayait de «rebondir ». A cette époque, on ne le voulait pas dans le gouvernement Macron. Mais il a su manifestement rebondir au point de se rendre acceptable lors de cette campagne électorale.

 

Je suis sans doute dur avec Manuel Valls mais je crois que si Marine Le Pen avait été élue et lui avait proposé un Ministère, qu’il aurait été parfaitement capable de l’accepter et d’affirmer qu’il fait ça avant tout pour son amour de la France !

Il faudrait donc presque remercier Emmanuel Macron, en étant réélu, d’avoir sauvé Manuel Valls deux fois. Une fois pour lui avoir permis de revenir dans le cercle présidentiel. Une seconde fois pour l’avoir…sauvé des mélodies de sirène de Marine Le Pen.

 

 

J’ai pris le temps de regarder une heure, en replay, du débat télévisé de 2022 entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Dès le début, j’ai vu une femme politique battue et traumatisée. Par le précédent débat télévisé…de 2017. J’ai tendance à penser que depuis des années la famille Le Pen fait sa thérapie familiale aux frais du contribuable. Mais aussi qu’elle se livre à une sorte d’émission de télé-réalité politique qui avait devancé toutes les émissions de télé réalité que nous avons connues depuis.

Mais concernant Marine Le Pen face à Emmanuel Macron, lors de ce débat de 2022, j’ai envie de dire qu’un trauma, ça se soigne en allant voir un thérapeute. Afin de faire le deuil de certains ambitions ou prétentions ou aspirations.

 

Car si j’ai vu une femme politique battue dès les premières minutes de ce débat de l’entre deux tours des élections présidentielles de 2022, j’ai aussi vu un moineau face aux serres d’un rapace.

 

Le moineau ou la souris, Marine Le Pen, avait beau sourire pour donner le change et lâcher quelques coups de bec ou de griffe ( «Si je suis une climato-sceptique, vous, vous êtes un climato-hypocrite… ») hérités de papa Jean-Marie, le rapace Emmanuel Macron, n’a pas eu à s’inquiéter d’une quelconque mort subite. J’ai même eu l’impression qu’Emmanuel Macron était amusé autant qu’abasourdi, que lui, le si brillant Emmanuel Macron, se retrouve « seulement » face à une adversaire de cette taille.

 

Emmanuel Macron a-t’il été « bon » dans ce débat ? Lorsqu’on le voit et qu’on l’écoute, durant cette première heure, il sait être convaincant et est bien plus crédible que Marine Le Pen.

 

Beaucoup trop facilement.

 

Marine Le Pen est tellement mauvaise que même lorsqu’on l’a envie d’être d’accord avec elle (comme lorsqu’elle parle par exemple des infirmières « licenciées » pour cause de non vaccination contre le Covid), elle passe à côté et, en face, Emmanuel Macron, réussit à esquiver, à se faire passer pour un grand architecte social. Et à marquer le point.

 

On dirait Djokovic ou Nadal jouant au tennis face à Borg, aujourd’hui. Ce n’est plus la même façon de jouer, ce n’est plus la même surface, ce n’est plus le même matériel, ce n’est plus la même préparation physique et plusieurs filets d’années  les séparent. Pourtant, à peine dix années d’existence séparent Marine Le Pen d’Emmanuel Macron. Et, question formation politique, Marine Le Pen a plutôt été « entourée » bien plus tôt qu’Emmanuel Macron

 

En regardant ce débat, j’ai aussi eu l’impression de voir une déléguée syndicale, Marine Le Pen, face à un grand Patron, Emmanuel Macron. On a beau vouloir faire descendre ce jeune grand patron tête à claques de son piédestal et lui remettre les pieds sur terre, la « déléguée syndicale » qu’est alors Marine Le Pen s’y prend si mal qu’elle n’a aucun poids mais aussi aucun mérite :

Son succès électoral aussi important qu’inquiétant dans « les îles » ( environ quarante ans plus tôt, une population guadeloupéenne remontée avait empêché Jean-Marie Le Pen de débarquer à Pointe à Pitre) , dès le premier tour, tient à mon avis autant au mauvais vécu de l’obligation vaccinale contre le Covid et du passe sanitaire qu’à un rejet anti-Macron viscéral. Et social. 

Dans ce nouveau débat, pourtant, une nouvelle fois, cette absence de mérite de Marine Le Pen se ressent, alors qu’elle est parvenue, grâce au vote de millions de Français,  sans trop forcer, à obtenir un tête à tête privilégié avec le grand Patron qu’est devenu Emmanuel Macron.

 

J’aurais évidemment préféré un face à face entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. Ou, au pire, avec Valérie Pécresse. Emmanuel Macron aurait sans doute été réélu malgré tout mais, pour une fois, il aurait reçu des vrais coups.  Et aurait pris bien plus au sérieux les arguments de son opposante ou de son opposant.

 

Paris, avril 2022.

 

 

Mais, pour cela, il aurait fallu que les femmes et les hommes politiques français s’améliorent et arrêtent de se comporter en rentiers ou d’improviser.

 

Pour moi, une Marine Le Pen peut se permettre, sans beaucoup forcer, d’être pour la seconde fois de suite au deuxième tour des élections présidentielles parce-que les femmes et les hommes politiques de France sont mauvais. Pour moi, un Eric Zemmour peut se faufiler comme il l’a fait et obtenir « seulement » 7 pour 100 de votes dès sa première candidature parce-que les femmes et les hommes politiques de France sont mauvais. Pour moi, un Emmanuel Macron a pu se faire élire en 2017, certes, parce qu’il a eu des appuis conséquents, parce qu’il a eu du flair, de l’audace mais aussi parce qu’en face, les candidats étaient déjà mauvais ou court-circuités.

 

La même Marine Le Pen qui fustige le « système » et les élites politiques françaises, jouit, comme son père, à la fois des failles du système politique français, du mauvais niveau des femmes et des hommes politiques de France qui se trouvent au premier plan, mais aussi des privilèges financiers (et autres) du « système ». Et c’est pareil pour Eric Zemmour.

 

 

Si François Mitterrand a, de son vivant, fait en sorte de désunir la descendance politique socialiste qui aurait pu ou dû, avantageusement, rassembler un peu- ou mieux- la société française, je me demande quelle femme ou homme politique, Jacques Chirac mais aussi Nicolas Sarkozy, ensuite, ont empêché d’éclore. Alors que cette femme ou cet homme politique aurait pu faire vraiment du bien à la politique sociale française.

 

Paris, avril 2022.

 

Franck Unimon, ce jeudi 28 avril 2022.

 

 

 

 

 

 

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Cinéma

Face A La Mer- un film de Ely Dagher au cinéma le 13 avril 2022

    Face A La Mer- un film de Ely Dagher au cinéma le 13 avril 2022

 

 

« Rien n’est trop difficile pour la jeunesse ». Jana, la vingtaine libanaise, le sait.

Pourtant partie à l’étranger faire des études dans une école d’art « huppée », la voilà qui revient au pays alors que tout se passait bien, « là-bas ». En France.

 

Si les premières vues aériennes du Liban ( à Beyrouth) m’étonnent un peu, j’ai aimé la façon dont notre regard découvre Jana (l’actrice Manal Issa qui la porte très bien) la première fois. Jana sort de l’aéroport, seule, un peu telle une égarée, un simple petit sac à dos à la main. Après que l’on ait vu un homme enlacer des proches lors de retrouvailles puis les emmener dans sa Mercedes blanche.

 

On pourrait penser qu’il est arrivé « quelque chose » à Jana. C’est d’ailleurs ce que pensent ses proches (ses parents, son oncle maternel, son ex petit ami, Adam) qui, à la fois contents de la revoir, essaient de cerner la raison pour laquelle elle est revenue.

 

Je ne connais pas le Liban. Et encore moins Beyrouth. Mais j’ai connu, un peu, une Libanaise d’origine syrienne. Et, je suis allé passer quelques jours en Israël il y a quelques années. Israël, le pays « ennemi », n’est pas mentionné dans le film. Même si, furtivement, la guerre et d’autres catastrophes ( un tsunami) figurent dans le casting probable du Liban décrit comme un pays fermé malgré son accès direct à la mer qu’il transforme en poubelle.

 

Devant Face à la mer,  je n’ai pas pu m’empêcher de penser que la vitalité de certaines villes d’Israël ( Tel Aviv…)  aujourd’hui est peut-être celle qu’a connue le Liban et qu’il ne parvient pas à retrouver. Les habitants du Liban se souviennent encore de cette vitalité. Sauf, qu’entretemps, ils sont devenus les pilotes vivants d’une Nation désormais sans destination. 

 

En passant Jana, l’héroïne de Face à la mer, au travers du tamis de ses parents, d’un oncle maternel et de son ex-petit ami, le réalisateur Ely Dagher nous montre au moins trois couches de la société libanaise. Dans chacune de ces couches, on trouve un attachement  forcené au Liban même si celui-ci continue de disparaître. Une activité et une certaine vie sociale sont entretenues mais elles font partie du décor.

Jana ( l’actrice Manal Issa) et sa mère Mona ( l’actrice Yara Abou Haidar).

 

Jana est celle qui avait quitté ce décor. Des parents inquiets pour elle. Un père ( l’acteur Rabih El Zaher) sans travail et qui se demande si le travail existe encore au Liban. Une mère (l’actrice Yara Abou Haidar) féministe, traditionnaliste et dépendante. Un frère à Dubaï qui semble heureux de son sort et que Jana ne cherche pas à contacter. Un oncle maternel ( l’acteur Fadi Abi Samra) assez inquisiteur qui reproche à Jana  d’avoir eu des rêves. Ou d’avoir échoué à les réaliser surtout d’un point de vue financier. Un ( ex) petit ami ( l’acteur Roger Azar) qui fait comme si la vie continuait.

 

Dans Face à la mer, le Liban est un pays où le pire devait être temporaire mais persiste. Donc, tout le monde fait malgré tout. Car il n’y a rien d’autre que l’on puisse faire. Jana est celle qui est lassée de ça. Mais elle essaie de s’étourdir et d’y croire encore une fois.

Jana ( l’actrice Manal Issa) et son petit ami, Adam ( l’acteur Roger Azar)

 

Franck Unimon, ce vendredi 1er avril 2022.

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Musique

En musique, j’écoute de tout : Erykah Badu, une Angela Davis qui chante.

Paris, 13 ème arrondissement. Dimanche 27 mars 2022 en allant au Spot 13.

En musique, j’écoute de tout : Erykah Badu, une Angela Davis qui chante

 

Au travail, il arrive que l’on « discute » de certaines actualités entre collègues. Les avis sont assez tranchés le plus souvent. Je ne prends pratiquement plus part à ce genre de discussions.

D’abord pour me mettre en retrait. Mais, aussi, parce-que je trouve que ce genre de discussions est de l’énergie gaspillée. C’est brasser de l’air. Peu importe ce que nous pensons du Président Poutine et de sa décision d’envahir l’Ukraine ce 24 février 2022 ! Cela ne changera rien. Bien-sûr, nous pouvons être tristes ou en colère. Ou inquiets. Mais affirmer qu’il faut faire ceci, qu’il faudrait faire ceci ne changera rien. Personne ne nous demande notre avis. Alors que nous pouvons être là, à tenir l’équivalent de ces discussions de comptoir ou de bar. Ou entre amis. Sans lendemain. Sans effet pratique sur notre vie ou sur celle du voisin. Sauf, peut-être, pour finir par nous disputer. En vain.

 

A moins de nous radicaliser.  

 

Cette nuit, au travail, je n’étais pas en voie de radicalisation. Un de mes collègues avait laissé de la musique sur Youtube sur un des ordinateurs. Des tubes des années 60 et 70. Il y avait les Bee Gees, par exemple, Village People….

 

A la place, je me suis mis à écouter et regarder un concert d’Erykah Badu.

https://youtu.be/2VH0GNuBNgE

 

Comme je l’ai expliqué à Chamallow qui passait par là, et a donc regardé un peu, alors que nous attendions une nouvelle admission, Erykah Badu faisait plus parler d’elle dans les années 2000. Et, je l’écoutais comme d’autres chanteuses noires américaines de ces années-là : Macy Gray, Kelis….

 

Badu n’était pas celle que j’écoutais le plus. Mais je la « connaissais ». Je savais qu’elle avait une aura particulière. Qu’elle était militante. Sans bien comprendre ce qui la rendait si différente des autres.

 

Je me rappelle, dans un documentaire ( Rize, je crois, réalisé en 2005, par David LaChapelle)  de l’attention/tension qui avait précédé son arrivée sur scène.

 

Puis, assez vite, une fois sur scène, j’avais trouvé que, finalement, Erykah Badu, ce n’était pas si fort que ça.

 

A cette époque, j’étais sans doute beaucoup « dans » Miles Davis, Björk, Me’shell Ndégeocello, Sinéad O’Connor, Massive Attack ou Jean-Michel Rotin et d’autres artistes. De dub, y compris. Cela me parlait en priorité.

 

Erykah Badu, c’était « plus » la génération de ma sœur ou de mon frère, plus jeunes que moi. Plus dans le Rap. Même si Badu chante bien plus qu’elle ne rappe. Et ses codes de femme noire militante devaient sans doute me rappeler, aussi, vaguement… Angela Davis.

Mais une Angela Davis qui chante. Or, j’étais, alors, moins, dans la fascination que j’avais pu avoir, lycéen, pour les Black Panthers, Nelson Mandela, Malcolm X, Martin Luther King. Et Badu, sans doute, s’alignait à la suite de ces figures, féminines et masculines (la coupe Afro de Badu à la suite de la coupe Afro de la Angela Davis des années 70) plutôt datées années 60 et 70 ( exception faite de Mandela) aux Etats-Unis.

 

Mais en faisant une musique « nouvelle ». C’est peut-être pour ça que Badu, dans les années 2000 ou voire 1990 m’a moins parlé qu’à d’autres, plus jeunes, et encore dans leur adolescence et leur constitution identitaire.

 

Sauf que depuis deux ou trois ans, chez Badu, ce n’est pas ce côté identitaire, femme noire militante et féministe, qui m’appelle. Mais, plutôt, cette transe, même si sur-jouée et minaudée.

 

Les femmes noires américaines, je trouve, ont une façon de chanter et de bouger comme si elles faisaient l’Amour. C’est sûrement le cas aussi pour d’autres artistes non noires ou non américaines. Regardons, par exemple, les chanteuses de Zouk aux Antilles.

 

Ou Aya Nakamura en France, désormais. Laquelle Nakamura, à ce que j’ai appris, et cela peut s’entendre dans sa musique, aime beaucoup le Zouk.

 

Mais il y a toute une tradition noire américaine, je trouve, qui consiste à exprimer ses sentiments et ses émotions par la voix et le corps. On « sent » et l’on voit que cela fait partie d’elles. Ce n’est pas du tout le même style qu’un Alain Souchon.

 

C’est un peu ce que j’ai essayé d’expliquer à Chamallow, cette nuit, mais en moins bien.

J’ai employé des mots moins recherchés. En m’excusant des clichés que j’employais. Lorsque j’ai parlé de « transe » pour Badu. Lorsque j’ai dit :

 

« Elle ne fait pas que chanter son texte ». Chamallow a poursuivi :

 

«  Oui, elle l’incarne…. ».

 

Bien-sûr, d’autres artistes, non noires et non américaines, sont tout autant capables de ça. Je me rappelle du titre A Love Song, sur l’album de Jah Wobble et interprété par Natacha Atlas que j’avais découverte, je crois, avec cette chanson. Une chanson que j’ai réécoutée et réécoutée. Là aussi, Natacha Atlas, des années avant sa reprise de Mon amie, la rose, ne fait pas que dire son texte. Et d’autres artistes d’autres pays, d’autres langues, d’autres musiques,  d’autres époques, femmes ou hommes, ont accompli et accomplissent ce que Natacha Atlas « fait » sur A Love Song.

 

Devant nous, cependant, sur l’écran de l’ordinateur, Badu poursuivait sa « performance ». Mais c’était plus qu’une performance. C’était son existence.

 

Même préparée, répétée, cette façon-là, d’être sur scène, de s’exprimer, même avec des « trucs », ne faisait pas toc. C’était peut-être artificiel. Mais c’était aussi très personnel. Son entente avec ses choristes, ses musiciens, était incontestable. Elle était la patronne, la meneuse. Mais ce n’était pas qu’une patronne et une meneuse. Il y avait du travail derrière pour être ensemble. Et on avait l’impression, j’ai l’impression, que tout le monde était content d’être là pour être ensemble à ce moment-là. Pour cette réjouissance. Cette libération.

 

Combien de temps et de travail, de répétitions, voire de conflits pour en arriver là ? Impossible à savoir. Je n’étais pas là. Nous sommes toujours absents pour voir et savoir ça. Tout ce que nous savons et retenons, c’est que nous aimons tel titre. Et que ce titre dure quatre minutes, cinq minutes, que ce soit en concert ou en studio, nous n’avons aucune idée de toutes les histoires qu’il y a derrière la structure et la composition de ce titre. Derrière la structure de ces milliers de chansons ou de musiques que nous aimons, que nous écoutons. Et c’est la vie. Nous faisons aussi ça, même entre nous, lorsque nous faisons connaissance.

 

Mais, peu importe. Cette nuit, au travail, j’étais bien en écoutant et regardant Erykah Badu. Puis, Chamallow est arrivée.

 

Au départ, Chamallow a confondu Erykah Badu avec l’actrice française présente dès la première saison (2015) de la série française Dix pour cent.  Il se trouve que j’ai vu- et beaucoup aimé- la première saison de Dix pour cent. J’ai donc rapidement compris de qui Chamallow parlait :

 

L’actrice Stéfi Celma.

 Cette confusion était un peu déroutante. Etonnante. Un peu amusante, aussi.

 

Lorsque l’on est dans une expérience que l’on veut faire partager à quelqu’un, on a déjà toute une histoire derrière soi. Et on peut croire que l’autre qui arrive en « cours de route » peut tout de suite nous rattraper alors que nous sommes lancés depuis des années.

Mais malgré sa bonne volonté et son intérêt, l’autre est souvent à un autre « degré » d’expérience- ou d’interprétation- par rapport à nous. Puisque notre intériorité ainsi que notre antériorité dans cette expérience intime est différente de la sienne. Lui et nous n’avons pas exactement la même histoire même si nous pouvons avoir des points communs. Et, même si nous avons vécu un événement identique ou à peu près identique, nous avons une façon différente de le vivre ou d’évoluer par rapport à lui.

 

C’est ce que Chamallow m’a rappelé en confondant Erykah Badu avec l’actrice et chanteuse française Stéfi Celma dont j’avais alors oublié le prénom et le nom.

 

J’ai dit à Chamallow que la musique est aussi « un véhicule » ( le terme n’est pas de moi). Et que tout en regardant et en écoutant Badu chanter et danser, certaines pensées et certains sujets émergeaient dans ma tête. Sans le préciser, mais j’imagine que cela se percevait dans ce que je disais, c’était une situation agréable. Les artistes que nous aimons ont généralement cette faculté. Certains œuvres d’artistes ouvrent certaines portes en nous, celles de notre inconscient, auquel celui-ci est plus sensible, plus réceptif. Et c’est pour cela que nous les aimons, les préférons.

 

Nous faisons sans doute pareil avec nos rencontres bonnes ou mauvaises. Sans toujours pouvoir en expliquer la raison. Miles Davis, je crois, me met en contact avec une tristesse obstinée et aussi assez définitive. Une tristesse opiniâtre et décidée à se mesurer au Temps. A l’emmurer. A rouler avec. A le dominer peut-être. A lui faire admettre qu’il n’est pas le Dieu tout puissant qu’il croit être. Ou qu’il semble être. A le faire douter. La musique de Miles, je crois, veut faire douter le Temps….

 

 

Badu, c’est autre chose. C’est le sourire. L’Amour. La sensualité. La vie, malgré tout. La combattivité qui s’enroule autour de soi. Tout en douceur. Malgré les douleurs. Les coups. Il n’y a pas de sourire chez Miles. Pas dans sa musique. Plutôt des éclaircies de tristesse, de deuil et de colère.

 

Mais je n’ai pas parlé de ça avec Chamallow. Ça, je le rajoute ici. Maintenant. A Chamallow, j’ai ensuite demandé ce qu’elle écoutait comme musique. De temps à autre, il m’arrive de poser ce genre de questions. Il est arrivé que l’on me réponde :

 

« J’écoute de tout ». Sans que l’on me dise ou me donne de noms de groupes ou d’artistes. Ce qui est assez invraisemblable pour moi qui ai eu besoin et ai toujours besoin, lorsque j’ai commencé à véritablement écouter de la musique, à stocker voire à croquer des références. Et puis, je ne comprends pas, je crois, qu’une musique ou qu’un artiste qui nous touche puisse rester pour soi inconnu ou anonyme.

 

Mais peut-être que ces personnes qui m’ont répondu, un jour, « J’écoute de tout », ont- elles préféré éviter de se « révéler » devant moi ? Il est vrai que certaines musiques et artistes sont peut-être plus difficiles à assumer. Il est vrai que certains goûts musicaux peuvent nous valoir, selon nos interlocuteurs, certains jugements de valeur.

 

Il est peut-être vrai, aussi, que pour certains, la musique est simplement là pour « mettre » de l’ambiance. Pour servir de décor. Pour être un bruit de fond. De la même manière qu’une télé allumée en permanence, qu’une machine à laver en activité. Afin de ne pas être seul. De se sentir moins seul. D’avoir l’impression d’être normal et « avec » les autres.

 

 

Pour moi, la musique, c’est plus que ça. C’est une recherche. C’est une descente en profondeur. C’est une expérience de soi à transmettre. Et ce n’est pas à négliger.

https://youtu.be/-63mVi4SDpE

Franck Unimon, mercredi 30 mars 2022.

 

 

 

 

 

 

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Pour les Poissons Rouges

Nous vivons à l’époque du Poulpe

Gare de Paris St Lazare, mars 2022.

 

Nous vivons à l’époque du Poulpe

 

 

Nous vivons à l’ époque du « Poulpe ».

 

Il nous faut par tous nos pores d’usage, notre dose d’émotions, de sensations, de vibrations, de jouissance, de satisfaction, d’excitation, d’exaltation, d’existence. Et cette dose, nous la trouvons, la prenons, la conquérons ou la recherchons, la perdons aussi, au travers de ces multiples prises, claviers, touches, bouches, conso et ces moyens technologiques qui sont devenus l’extension spontanée de nos fibres sensibles et de nos tentacules.

 

Nos moyens technologiques de communication et de diffusion puissants, poussés, ultra-calibrés et « illimités » nous entraînent dans une frénésie de « pubs », de « tubes », « d’achats », «  d’informations », de « voyeurismes », de « déclarations », de « narcissismes », « d’exhibitionnismes » ou de « cynismes » quasi-permanente.

 

Sans doute qu’une fois de plus dans l’Histoire de l’Humanité,  culmine à la fois en nous un certain sentiment totalitaire de toute puissance et d’invulnérabilité associé à son contraire. Soit une conscience presque autant acérée que nous n’avons peut-être jamais été autant vulnérables et menacés.

 

On dirait que plus nous sommes « évolués » et plus nous sommes condamnés à la descente.

 

Paradoxalement, au lieu de nous instruire véritablement, nous passons encore beaucoup de temps à nous distraire et nous séduire en nous racontant- à nous mêmes- des bobards.  Souvent les mêmes bobards : que nous sommes spéciaux et que, nous, nous échapperons aux tricots des asticots.  

 

 

PSYCHOTHERAPIES, PSYCHANALYSE Et ADDICTIONS ( Transfert et Contre transfert) Séminaire de ce Samedi 19 Mars 2022 de 9h30 à 12H30 à Sainte Anne ( Service d’Addictologie, Dr Xavier LAQUEILLE) avec Pierre Sabourin, Psychiatre, Psychanalyste et Claude Orsel, Psychiatre, Psychanalyste

 

L’intitulé de cet article à venir n’est pas glamour. On dirait presque l’entrée d’un cimetière ou d’un monastère. Donc, cet article fera beaucoup moins de vues qu’une fête à Ibiza. Pas plus, en tout cas, que n’en n’a fait mon premier article sur le Cinquentenaire de Marmottan ( Les cinquante Temps de Marmottan) il y a un mois, exactement, le 28 février dernier.

Paris, mars 2022.

 

Bien-sûr, en matière de diffusion et de communication, je pourrais et devrais faire beaucoup mieux afin de rendre son contenu attractif, plus dynamique et plus « jeune » :

 

Je pourrais transformer cet article en podcast. Je pourrais filmer des images, faire un montage et les montrer de manière plus « chaleureuse ». En continu. 

 

Paris, mars 2022.

 

 

Lors de ce séminaire du samedi 19 mars 2022, dont je parlerai bientôt, une fois de plus, Claude Orsel a filmé. En caméra fixe.

 

Sauf que Claude Orsel, pas plus que Pierre Sabourin et tant d’autres professionnels de Santé ou d’autres disciplines, n’est un homme de pubs ou de cinéma. Ce qui est donc un premier écueil afin de « draguer » plus de public. Alors que des professionnels tels que Pierre Sabourin et Claude Orsel ont plus à nous apprendre que bien des animatrices et des animateurs, ou certains journalistes télé, presse ou radio, beaucoup plus rémunérés, que l’on « voit », « lit » ou « entend » régulièrement depuis des années.

 

Le second écueil, tout autant évident, m’est apparu seulement récemment. Avec mon premier article sur le Cinquentenaire de Marmottan.

 

Pour moi, il est tout à fait normal d’évoluer dans l’univers de la Santé mentale. Car c’est un univers professionnel où j’ai choisi d’évoluer. Lycéen, à l’approche du Bac, si j’avais pu avoir la possibilité de faire des études longues, je me rappelle avoir eu envie de faire des études de « psycho » et de « philo ». Même si un cursus en psycho et en philo peut aussi faire bifurquer dans d’autres domaines professionnels (le réalisateur de cinéma Bruno Dumont a bien fait des études de philo), il y a néanmoins une continuité dans le fait, que j’aie choisi de travailler en psychiatrie adulte puis en pédopsychiatrie. Ce choix a été, pour moi, comme pour d’autres professionnels, un « processus » normal que de me retrouver, en partie, là. 

 

Cette « normalité » de choix, pour moi, m’a fait perdre de vue il y a très longtemps, que ce qui est ou peut être « normal » pour moi ne l’est pas pour d’autres. Pour beaucoup d’autres, en fait.

Pour un apnéiste de haut niveau, il est « normal » depuis très longtemps de descendre à cinquante mètres de profondeur avec une monopalme. Ou sans palmes.

 

Pour un chasseur de pêche sous-marine, il est tout autant « normal » de descendre à dix ou quinze mètres de profondeur, en pleine mer. De se poser sur les fonds, à l’agachon, et d’attendre qu’apparaisse le poisson, pour le « tirer » et remonter ensuite avec à la surface.  Et de faire ça pendant deux à trois heures en prenant le temps, bien-sûr, de reprendre son souffle, de s’alimenter et de boire de l’eau.

 

Pour l’apnéiste, le pêcheur à la ligne ou le baigneur lambda ou occasionnel, de telles pratiques relèvent de la folie, du danger, de la légende, du mysticisme ou de la mythomanie et sont des pratiques à fuir ou à bannir.

Gare St Lazare, Paris, mars 2022.

 

C’est pareil avec la Santé Mentale. Notre rapport à la Santé Mentale, c’est peut-être ce qui nous reste, dans notre modernité, de notre rapport à la sorcellerie. Il y a la « bonne » sorcellerie. Et il y a la « mauvaise » sorcellerie. Il y a la sorcellerie du cinéma ou de l’art que l’on peut accepter. Et il y ‘a la sorcellerie de la Santé mentale.

 

 

A moins d’y être attiré ou contraint par des événements le touchant personnellement ou professionnellement, l’individu lambda, spontanément, sera plus attiré par des « distractions », des « animations » ou des sujets plus faciles, plus divertissants ou plus « grand publics » que ceux croisés dans les services de la Santé mentale.

 

Paris, mars 2022.

 

 

Les distractions et les animations « grand publics » sont celles où l’on ne prend pas trop de risques en regardant, en s’approchant, en s’approchant. Ou celles que l’on a l’impression de contrôler. «L’impression » que l’on a d’une expérience, si l’on a l’impression de la contrôler, peut avoir plus d’importance que la dangerosité réelle de l’expérience. Si l’on a l’impression de ne pas pouvoir contrôler l’expérience, on peut être d’autant plus poussé à mettre un terme à l’expérience.

 

A Center Parks ou à Euro Disney, tout est fléché. On y va pour s’amuser, pour passer « un bon moment » et pour consommer en contrepartie. On est prêt à payer pour ce divertissement en toute sécurité. Et à y retourner si les tarifs et le rapport « qualité-prix » nous correspond. On accepte aisément cette forme de racket ou de « ciblage » consenti et tout à fait légal. Voire, on redemande de ce plaisir « fait sur mesure » et qui nous donne l’impression d’être important en nous garantissant une tranquillité et une sécurité si difficiles à trouver et à préserver en temps ordinaire : problèmes de train, embouteillages, factures, impôts, guerres, mauvaises nouvelles, augmentation du prix de l’essence, des taxes….

 

En Santé Mentale, c’est un peu le contraire qui se passe. On peut y passer de « bons moments ». Mais, il va falloir les créer soi-même.  Pour cela, il faut être un peu armé mentalement, moralement, intellectuellement, et être bien encordé. Etre encordé à d’autres collègues endurants, bienveillants, constants, aventuriers, expérimentés. Et imaginatifs.

 

Cela ne se trouve pas si facilement. Et pas tout le temps. En Santé mentale comme ailleurs, d’ailleurs. Avec les amis, les conjointes et les conjoints, des partenaires, des associés,  c’est un peu pareil mais c’est un autre sujet.

 

Je me rappelle de temps  à autre d’une phrase répétée par un de mes anciens médecins chefs dans le service où j’avais débuté en pédopsychiatrie, dans un service (fermé) de soins et d’accueil urgents :

 

« Le travail en pédopsychiatrie, c’est de l’alpinisme de haute montagne ».

 

La haute montagne, ici, n’a rien à voir avec l’Everest. Mais avec nos Histoires personnelles. Autant celles des patients que les nôtres, soignants, qui rencontrons celles des patients. Et je crois qu’il est bien des personnes qui préfèreraient sans aucun doute escalader dix Everest plutôt que d’avoir à rencontrer, pour de vrai, l’Histoire personnelle passée et présente, de quelques patients. En pédopsychiatrie ou ailleurs.

Paris, près de la Place de la Concorde, février ou mars 2022.

 

Pour faire dans le solennel, je crois que la plupart des sujets abordés en Santé Mentale concernent le plus grand nombre depuis…la nuit des Temps. Sauf que, depuis la nuit des Temps, la plus grande partie des personnes concernées préfère s’occuper, regarder et écouter ailleurs.

 

Car il y a un aspect très ardu dans la Santé Mentale, et qui peut faire fuir le plus grand nombre, autant que le jargon appuyé et invraisemblable certaines fois ou trop souvent employé. C’est le fait, je crois, de nous mettre assez frontalement devant nos propres Tabous et nos propres limites. Face à nos insuffisances. Et de devoir en répondre. Sans artifices. Sans rouler des mécaniques puisque cela ne sert à rien de rouler des mécaniques lorsque se trouve devant nos propres faiblesses.

 

Le cinéma, lorsqu’il aborde ces sujets, use d’artifices. Car le cinéma est un Art fait d’artifices, de maquillages, de décors, d’éclairages construits, de textes sus, appris, de comportements traduits et travaillés, d’une temporalité maitrisée, d’un budget programmé, de toute une logistique de repérage, de toute une aura, aussi, autour des « Stars » qui ont droit à certains privilèges. Il y a beaucoup de Stars. Celles que tout le monde voit.

Paris, mars 2022.

 

Et toutes les autres autour.

 

Et puis, une salle de cinéma, on y entre pour une durée donnée et déterminée à l’avance. Nous avons choisi le film et l’heure de la séance. Au pire, si cela se passe mal au cours de la « projection », il suffit de sortir de la salle. En Santé mentale, nous disposons de moins d’échappatoires. Il n’y a pas de chef décorateur, il n’y a pas d’assistant réalisateur, il n’y a pas de cascadeur, il n’y a pas de script, il n’y a pas de coiffeur ou de coiffeuse, il n’y a pas plusieurs prises….

 

Je me rappelle d’un grand producteur de cinéma, qui, au festival de Cannes, s’était beaucoup ému devant un film qu’il avait trouvé « particulièrement humain ». Je m’étais alors dit :

Mais s’il veut autant vibrer d’humanité, lui et tous ceux et toutes celles qui lui ressemblent, il n’a qu’à venir travailler en psychiatrie ou en pédopsychiatrie. Car En Santé Mentale, certains des verrous de nos divers maquillages, de nos certitudes et mises en scène sautent lorsque l’on pratique. Sincèrement et avec régularité.

 

Si l’on a réellement l’intention de se chercher et de se débusquer.

 

Alors qu’il est d’autres environnements, professionnels ou autres, où l’on peut plus facilement se raconter notre personnage, être insincère,  et  vendre cette image à d’autres qui vont se complaire ou se conforter dans ce qu’on leur donne à voir de nous. Dans une sorte de compromis où chacun a intérêt à se dissimuler, à jouer ou à se déguiser. Un peu comme sur les réseaux sociaux ou dans certaines soirées ou rencontres où l’on fait le « beau » ou la « belle ».

Gare de Paris St Lazare, mars 2022.

 

 

Je ne peux pas comprendre autrement, par exemple, le suicide, le 20 avril 2018, du jeune et célébrissime DJ Avicii «  âgé seulement de 28 ans ». DJ superstar, connu pour avoir fait danser et donné de grands et beaux souvenirs à des milliers de jeunes (et moins jeunes) fêtards dans le monde entier. Je vois au moins dans son suicide, celui d’un jeune homme qui, à un moment donné, et trop longtemps, s’est sacrifié pour que d’autres s’amusent, se rencontrent, fassent l’Amour, baisent, se défoncent et fassent du fric. Alors qu’il aurait mieux fait de s’arrêter et se demander qui il est et ce qu’il veut véritablement vivre. Quatre ans après sa mort, je ne suis pas sûr que, parmi celles et ceux qui l’ont pleuré après avoir dansé « avec lui » ou qui ont « chroniqué » sa mort dans les Média, que tous en soient arrivés à peu près à la conclusion – approximative- que je tire de son suicide. Son suicide, je pense, a sans doute été une information surprenante et sensationnelle qui saisit d’abord. Puis cette information a rejoint l’hémorragie de notre humanité dans un flot d’autres nouvelles désormais oubliées car débarrassées de leur lot d’étincelles faites de sensationnel, de stupeur, de peur, d’immédiateté et de vibrations.

 

 A titre de comparaison, même si le décès de Jacob Desvarieux, l’année dernière, ( un des fondateurs et meneurs du groupe Kassav’) a attristé, je crois qu’il ne fait pratiquement aucun doute que celui-ci avait eu sur scène, dans les studios de musique, et de par le monde, la vie qu’il avait souhaité avoir.

 

Pour moi, travailler en Santé Mentale, ou décider de venir y consulter, c’est au moins ça :

 

Décider, à un moment donné de s’arrêter de « fonctionner ». Et prendre le temps de se demander qui l’on est et ce que l’on veut véritablement vivre. Ce qui peut très mal s’accorder avec notre activité quasi permanente, voire paramilitaire, de poulpe.

Spot 13, Paris, mardi 22 mars 2022.

 

On dirait, parfois ou souvent, que notre vie doit seulement tenir dans le rythme ou à la cadence de la fibrillation cardiaque permanente.  Si les battements de notre cœur ralentissent, c’est la peur qui s’installe. Parce-que, fondamentalement, technologies surpuissantes ou non, nous avons toujours aussi peur du silence, du repos, de la pénombre, du vide, de la contemplation et de la solitude.

 

 

Franck Unimon, ce lundi 28 mars 2022.

 

 

 

 

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Conscience Sociale Modifiée

Marion Maréchal- Le Pen, nièce de Marine Le Pen et petite-fille de Jean-Marie Le Pen, du Rassemblement National ( ex Front National) à côté d’Eric Zemmour qu’elle a officiellement « rallié », un des actuels candidats aux élections Présidentielles. Eric Zemmour, pendant des années, a été et reste un « polémiste » très médiatisé ainsi qu’un « écrivain » ou « essayiste » aspirant à une France « comme avant » : du Temps de Pétain, du temps de la colonisation française, dans un pays où il faudrait porter des prénoms « bien » français etc……Photo prise à Paris, près de la Madeleine, fin mars 2022, alors que je me rendais au travail ou en revenais.

Conscience sociale modifiée

 

« Je te croyais plus ambitieux ».

 

Quelques fois, certaines remarques de nos proches nous surprennent par leur jugement vénimeux sans appel. On dirait que notre intimité avec eux, nous qui passons une grande partie de notre temps à nous cacher, leur a permis de s’approcher de nous avec un scalpel pour mieux couper la corde de l’estime approximative que nous pouvons nous porter.

 

Si nous avons de la chance ou suffisamment de forces, la corde tient suffisamment, la chute arrive d’une hauteur encore supportable ou nous avons le temps de retrouver un appui ferme pour échapper au vide et au désespoir.

 

J’avais déjà entendu parler de Pierre Bourdieu lorsqu’une de mes ex, avec laquelle j’étais encore en relation, m’avait dit cette phrase. Un jour.

 

J’ai oublié le sujet de notre discussion d’alors. Mais je me rappelle encore de cette phrase. Il est des phrases, bonnes ou mauvaises, qui, instantanément, nous auscultent.

 

Et restent. 

 

Ces phrases font rapidement partie de nos provisions mentales et morales pendant des années. Et sont très vite mystérieusement compatibles avec d’autres pensées et croyances que nous avions déjà. 

 

Avant d’en vouloir à leurs autrices ou auteurs, il faut savoir se dire que nous, aussi, avons sans aucun doute servi ce même genre de « supplice » à d’autres que nous avions aussi sorti de notre carquois sans y réfléchir.

 

C’est notre côté Schtroumpf : untel m’a mordu. Plus tard, je mords untel autour de moi. Souvent un proche ou une proche ou quelqu’un pour qui on peut avoir une certaine « sympathie » ou « affection».

 

Peu importe que la personne que je mords n’a rien à voir avec mes déboires comme le fait que ce que j’ai vécu de malveillant et blessant date déjà d’il y a plusieurs millénaires, avant même que je ne croise celle ou celui que je vais à mon tour agresser moralement ou verbalement avec un sentiment de pleine légitimité.

 

Car, assurément, ce jour où mon ex m’avait dit «  Je te croyais plus ambitieux », elle s’était sentie légitime. Et, elle ne pensait pas forcément à mal. Comme assez souvent, chaque fois que l’on décoche une mandale morale à quelqu’un d’autre. Car, oui, cette phrase de mon ex, prononcée sans crier, plutôt dite sur le ton de l’aveu ou du simple constat, était bien et est bien l’équivalent d’une mandale.

 

Sa phrase signifiait et signifie bien : « Je ne pensais pas que tu te contenterais d’une vie de merde ». «  Je ne pensais pas qu’avec tes capacités, tu te satisferais d’être si peu ». «  En fait, tu as une vie de pauvre type. Tu es un pauvre type qui a passé son temps à rêver une vie grandiose que tu n’as pas et que tu n’auras probablement jamais. Puisque tu te contentes d’une toute petite vie ».

 

 

Le tout dit sans agressivité particulière mais aussi sans conseil pour qu’éventuellement, je me dirige vers un supposé domaine où je pourrais me réaliser à la hauteur de mes capacités réelles ou supposées. Ce qui est pire, bien-sûr.

 

 

Depuis des années, je n’aime pas le mois de mars. Et, finalement, alors que ce mois de mars se termine, que je l’ai plutôt mieux supporté que lors d’autres années, il est amusant que je sois inspiré, aujourd’hui, alors que ce mois de mars se termine et que nous sommes passés cette nuit à l’heure d’été, pour publier cet article.

 

Alors qu’évidemment, j’ai eu bien d’autres idées d’articles ce mois-ci avant lui mais n’ai pas eu la disponibilité suffisante, à mes yeux, pour bien m’en occuper.

 

Alors que cet article-ci vient « d’arriver ». Et il coule tout seul. Comme c’est amusant.

 

 

Aujourd’hui, je n’ai plus de contacts avec cette ex. Même si je repense de temps à autre à elle. On me dira sans doute : 

 

« Bon débarras ! ».

 

Peut-être. Pourtant, je persiste à penser que là où elle a grandi et est restée vivre avec son mari et leurs deux enfants, à Marseille, qu’elle était sincèrement attachée à moi. Car on peut décider de vivre avec quelqu’un d’autre qui colle mieux à nos standards et parcours sociaux ainsi qu’à notre modèle racial tout en ayant été réellement attaché à quelqu’un d’autre. C’est ce que j’ai vécu, je crois, avec elle.

 

Et c’est ce qu’a pu vivre d’une certaine manière, sans le préjudice d’ordre racial, le personnage joué par l’acteur Jake Gyllenhaal dans le film Nocturnal Animals de Tom Ford avec son ex, jouée par l’actrice Amy Adams.

 

 

J’avais 25 ans lorsque j’avais acheté le livre de Pierre Bourdieu : La France parle. Un livre que j’ai toujours et que je n’ai jamais pris le temps de lire. Comme bien d’autres livres achetés après lui. A la place, j’ai lu d’autres livres et articles. J’ai aussi écrit des articles de cinéma mais aussi pour mon blog depuis. 

 

25 ans, pour découvrir le nom de Pierre Bourdieu et entendre parler un peu de lui, ce n’est pas vieux. Sauf que lorsque l’on est jeune, on croit parfois, cela a été mon cas, que l’on a tout le temps devant soi. On mesure moins, aussi, à quel point peuvent nous enfermer les conséquences de certains de nos choix.

 

Insouciance et optimisme jusque-boutiste peuvent très bien s’accorder avec l’ignorance et la vitalité de la jeunesse. Et, j’ai été de ceux-là de bien des façons.

 

Infirmier diplômé d’Etat avant mes 21 ans (il était et reste assez difficile de le devenir beaucoup plus jeune) par pragmatisme, pour échapper au chômage,  plus que par idéal, j’ai ensuite régulièrement manœuvré pour reprendre de manière discontinue le cours des études d’une façon ou d’une autre.

Contrairement à mon ex qui, issue d’un milieu social moyen à peu près comme le mien, avait pu, comme sa sœur aînée, après son Bac, se diriger sans discontinuer vers des études universitaires littéraires longues. Dans une discipline qui lui plaisait. A elle, la possibilité, donnée par ses parents, de pouvoir croire un minimum en ce qu’elle aimait. A moi, le « littéraire » et l’intellectuel, l’aîné de ma famille, la nécessité de devoir comprendre dès la fin du lycée qu’avec un père qui avait exprimé dès ma quatrième ou ma troisième que « faire des études longues ne sert à rien ! », qu’il me valait mieux bifurquer vers des études concrètes et courtes après le Bac. Pour trouver du travail et gagner ma vie.

 

 

C’est ainsi qu’après mon Bac et mes études d’infirmier, je n’ai fait que des « soubresauts » d’études. Des études d’Anglais à la Fac que je n’ai pas reprises, après mon service militaire, encore alors obligatoire. Malgré les incitations répétées de ma mère à ce que je reprenne ma licence d’Anglais. Je n’ai jamais eu l’envie de retourner à la Fac après mon service militaire, dégoûté par le caractère très scolaire de mes deux années d’études universitaire. J’avais assez donné dans les études faites plus par Devoir que par plaisir. Or, jusqu’au Bac, pour moi, faire des études était un plaisir. Tout comme écrire m’est un plaisir.

Après le DEUG d’Anglais obtenu en trois ans, il y avait eu un Brevet d’Etat d’Educateur sportif. Puis, des années plus tard, une initiation d’une année à la criminologie dans un institut privé dont le créateur, Laurent Montet, a ensuite été condamné -en 2019- pour « escroquerie ». Et dont l’institut de criminologie ne « valait rien ». Je n’ai pas encore pris le temps d’écrire à propos de Laurent Montet ni au sujet de Stéphane Bourgoin, ex spécialiste des tueurs en série, que j’avais aussi rencontré (et aussi interviewé à deux reprises).

 

Il y a aussi eu l’obtention d’un certificat professionnel de massage bien-être ; des expériences de comédien au théâtre y compris dans quelques projets professionnels ; la reprise de cours de théâtre dans le conservatoire de ma ville ; le passage des deux premiers niveaux de plongée ; l’apprentissage du roller à plus de trente ans ; la découverte de la pratique de l’apnée ; l’expérience de journaliste cinéma y compris au festival de Cannes ; le fait de me constituer des expériences infirmières différentes en psychiatrie et en pédopsychiatrie dans des services et des établissements différents ; la découverte de la pratique de l’apnée en bassin ainsi qu’en mer.

 

Ce qui constitue un CV plutôt varié et florissant. Sauf que tout cela ne paie pas.

Au spot 13, ce 22 mars 2022. Aucun rapport avec la rue Verneuil que je cite ci-dessous. Sauf que je préfère cet art que j’ai vu et que je montre sur cette photo à ce que j’ai vu, rue Verneuil, comme je le raconte….

 

 

Il y a quelques jours, me trouvant dans la rue Verneuil, à Paris, en rentrant du travail sur mon vélo pliant, je me suis arrêté devant une agence immobilière. Le temps de manger quelques chouquettes que je venais d’acheter car je faisais une hypoglycémie. Il était près de 13h. Il faisait assez chaud. Après ma nuit de travail, je m’étais rendu dans la foulée à un séminaire de trois heures à nouveau organisé et proposé par Claude Orsel. 

Séminaire au cours duquel, cette fois-ci, était intervenu Pierre Sabourin, psychiatrie et psychanalyste, qui s’occupe entre-autres des personnes victimes d’inceste. Il y a des métiers plus « légers » et plus faciles. Dans un autre article, je ferai sans doute un résumé de ce séminaire. 

Ce samedi-là ( sans doute ce samedi 19 mars) en parcourant certaines annonces immobilières devant moi, j’ai bien été obligé de me rendre compte qu’il me serait aujourd’hui impossible, si je le souhaitais, d’acheter un deux pièces pour la « modique » somme de 498 000 euros.

 

 

Mon ex, qui s’est mariée avec quelqu’un qui, également issu d’un milieu social moyen, est devenu ingénieur, avait donc raison de me dire il y a plusieurs années : 

 

« Je te croyais plus ambitieux ».

 

On peut avoir bien des « qualités » et se démener. Si cela ne rapporte pas économiquement et socialement en termes d’évolution, il arrive un moment où cela ne sert (presque) à rien. Concrètement.

Au Spot 13, Paris, ce 22 mars 2022.

 

 

Concrètement, si j’avais été plus ambitieux, il y a vingt ou trente ans, j’aurais pu, aujourd’hui, si je le souhaitais, m’acheter ce deux pièces pour la somme de 498 000 euros. En empruntant, bien-sûr. Mais, pour cela, encore fallait-il avoir un plan de vie et un plan de carrière.

 

Car même si ce prix est évidemment excessif, j’ai aujourd’hui compris qu’en achetant un tel appartement, rue Verneuil, dans le 7 ème arrondissement que « j’achetais » aussi le quartier où il se trouve. Et que cela peut avoir des bonnes retombées sur ma vie sociale mais aussi sur ma descendance. Que ce soit en termes d’opportunité sociale mais aussi, pour être à proximité des bonnes écoles ou des bons lieux de soins. Puisque c’est dans ce monde-là que nous vivons, que nous avons toujours, en grande partie, vécu. Celui où, d’un côté, certaines personnes, dès le début, pensent à leur avenir ainsi qu’à celui de leurs proches et de leurs progénitures. Et celui, où, ailleurs, bien d’autres, souvent le plus grand nombre, le plus souvent sous l’effet d’une contrainte économique, sociale et morale, décident ou se résignent à confier leur destin ou à le voir jeté en pâture au « petit bonheur la chance».

Il m’a fallu attendre d’avoir à peu près la cinquantaine, de m’estimer sans doute un petit peu plus que lorsque j’avais 18 ou 25 ans, donc de devenir plus critique aussi envers la « réussite » de certaines personnes, et d’être devenu père pour comprendre ce que certaines personnes avaient plus que compris- et appliqué- bien avant leurs 18 ans….

J’ai donc l’impression, bien des fois, d’avoir été, comme des milliers et des millions d’autres, d’avoir été une de ces souris studieuses et « généreuses », mais aussi tarées, de laboratoire qui ont gaspillé une grande partie de leurs forces dans des conduits les éloignant de plus en plus des « bonnes » issues mais, aussi, des meilleurs débouchés, ou, plus simplement, de plus saines et plus confortables conditions de vie et de travail.

Chez moi, la locomotion a d’autres incidences : à moi les commotions, à d’autres, les promotions.

Et, le fait d’être devenu infirmier, si ce métier m’a en effet sauvé et préservé du chômage, m’a aussi malheureusement exposé et continue de m’exposer au fait que je continue de faire partie de ces millions de Français, mais aussi de ces milliards d’individus, que l’on peut sacrifier ne serait-ce que socialement. Ou professionnellement : je n’ai rien découvert avec le scandale actuel dû à la publication du livre Les Fossoyeurs de Victor Castanet, sorti récemment. C’est la raison pour laquelle j’ai refusé d’acheter ce livre : je n’allais pas donner de l’argent pour lire ce que, comme beaucoup d’autres, j’avais pu subir, et continué de subir, en exerçant en tant qu’infirmier pendant des années.  

Dans ce livre, Les Fossoyeurs, il est ainsi « révélé » qu’une bonne partie de l’argent public qui vient de l’Etat et des contribuables ( donc, de toutes les personnes qui paient leurs impôts dont je fais, comme beaucoup d’autres soignants et non soignants, également partie ) a vraisemblablement été détourné par le groupe privé Orpea à son profit et pour celui de ses membres et actionnaires les plus haut placés. Alors que cet argent devait bénéficier aux pensionnaires, donc aux malades présents dans ses EPHAD. Mais aussi à ses salariés dont des soignants.

 

Il est tant d’autres professions nécessaires, en France, où, en termes de conditions de travail et salariales, l’on peut être aussi sacrifié ou négligé : pompiers, enseignants, travailleurs sociaux…..

 

Lorsque je lis comme je l’ai lu récemment que l’Etat français, dirigé actuellement par Emmanuel Macron ( et qui sera selon moi, et comme le disent les sondages, réélu ) ,  s’est engagé à attribuer 15 milliards d’euros à la police sur cinq ans, je me dis à la fois que la police, en tant qu’institution publique en avait bien besoin pour mieux travailler. Mais je me dis aussi que l’Etat français, pour imposer des lois anti-démocratiques ou amorales qu’il a prévu de faire appliquer prochainement, a aussi besoin de pouvoir compter sur ses forces de police. Et, pour cela, quoi de mieux que de commencer par « bichonner » sa police. Car, à ce jour, je n’ai pas entendu parler d’une somme de 15 milliards allouée par l’Etat, sur cinq ans, aux hôpitaux publics par exemple….

 

Au spot 13, Paris, ce 22 mars 2022.

Je n’aime peut-être pas le mois de mars parce qu’il agrège en lui certaines histoires désagréables de notre passé avec celles du présent et de l’avenir. Et que tout cela brasse en moi des mémoires négatives et contraires. Or, je n’aime pas ce genre de cuites mémorielles.  De ces cuites mémorielles, le pire comme le meilleur, peut sortir. Et, sans doute en ai-je une conscience grossière. Or, tant que la maladie d’Alzheimer où une autre affection médicale ou psychiatrique lourde et invasive restera extérieure à ma conscience et à ma mémoire, les mois de mars, au moins, me le rappelleront tels des aiguillons :

Je ne peux me satisfaire complètement de ce que je vis comme de certains événements que j’aperçois.

 

Au Spot 13, Paris, ce 22 mars 2022.

 

 

Les prochaines élections présidentielles auront bientôt lieu en France. La guerre en Ukraine est désormais l’actualité. Ainsi que le prix du litre d’essence qui avoisine les deux euros et le pronostic annoncé de pénuries alimentaires mais aussi de certaines matières premières dans certaines régions du monde.

 

 Avec la reprise de la pandémie du Covid « mais sans plus d’hospitalisations » puisque, désormais, environ « 80 pour cent » de la population française a reçu trois doses ou l’équivalent de trois doses de vaccin anti-Covid, nous pouvons à nouveau, depuis le 15 mars environ, à moins d’un mois des élections présidentielles, nous rendre dans une salle de cinéma et dans une médiathèque sans avoir à présenter de pass sanitaire ou vaccinal. Ou même nous rendre dans une agence de banque sans masque anti-Covid sur le visage.

 

Mais une infirmière ou un soignant qui continue de refuser le vaccin anti-Covid reste suspendu de ses fonctions sans salaire comme cela a commencé à être appliqué en octobre de l’année dernière. Cela fait donc cinq mois que ma compagne, également infirmière, est suspendue et sans salaire. Et, à mon avis, quel que soit le Président ou la Présidente élue en avril en France, la vaccination contre le Covid restera obligatoire en France au moins encore pendant un an ou deux.

 

 

Tout à l’heure, je me suis dit que dans un véritable monde démocratique, les dirigeants et aspirants dirigeants de ce pays et de ce Monde s’affronteraient dans des épreuves et des émissions du type Koh-Lantah ou Hunger Games. Et, qu’ensuite, nous, les milliards de votants, d’après ce que nous aurions perçu et compris d’eux, nous ferions notre choix. Bien-sûr, il faudrait l’existence de gardes fous pour éviter que des groupuscules armés, et autres, ne viennent intimider les votants. Mais nous n’en sommes pas là. Nous en sommes « seulement » à quelques jours du premier tour des élections présidentielles en France. Où il s’agira de « choisir » la candidate ou le candidat la plus ou le plus à même de nous représenter.

Paris, mars 2022.

 

Je ne voterai pas pour Eric Zemmour. Ni pour les Le Pen. Je n’en n’ai aucune intention ( Vivre au temps du Covid avec Eric Zemmour ). Cependant, je me dois de constater qu’en matière d’ambition, qu’eux, comme les autres candidats de ces élections présidentielles, et celles et ceux qui font partie de leurs « équipes », visibles et invisibles, ont été autrement et largement plus compétents que moi. Et depuis très longtemps, déjà. Car elles et ils ont su répartir, bien mieux que moi, leurs efforts, leurs forces, leurs stratégies ainsi que leurs relations selon leurs ors et leurs ordres de priorité sociales et économiques. Une Rachida Dati, pour moi, est une sorte de quintessence de la réussite sociale. Travailleuse, certes. Mais quel sens hors du commun de la stratégie ! Si je ne me sens aucune affinité personnelle avec elle, je ne peux qu’être admiratif devant son parcours. Concilier comme elle l’a fait, réussite dans ses études, psychopathie (si, si ! il y a de la psychopathie chez elle car pour avoir réussi à faire peur à François Fillon, lorsqu’il était encore Premier Ministre, il faut bien avoir de la psychopathie en soi ) et carrière politique, me rend admiratif : tout le monde, aujourd’hui, parmi celles et ceux qui, en même temps qu’elle elle, ont pu être Ministre, ne peut pas se vanter d’être devenu Maire d’un arrondissement huppé de Paris. 

 

Et, de mon côté, si j’ai toujours travaillé depuis l’obtention de mon diplôme d’Etat d’infirmier en 1989, à ce jour, eux (les candidats de ces élections présidentielles) peuvent ou pourraient, s’ils le souhaitaient, s’acheter un deux pièces 498 000 euros, rue Verneuil (voire, on serait heureux de leur faire une baisse de prix significative) et moi, non. Par contre, grand lot de compensation, d’ici quelques jours, j’aurai le grand privilège (car cela reste un privilège) d’aller voter en faveur de l’un ou l’une d’entre eux.

 

 

Je ne me plains pas. Tant d’autres sont tellement moins bien lotis que moi. Et je m’en sors beaucoup mieux qu’eux. Je m’en sors avec un peu plus d’estime pour moi-même comparativement à il y a quelques années. Et en vivant certains plaisirs où je n’ai pas à me mentir ou à mentir à celles et ceux avec lesquels je les partage.

 

Spot 13, Paris, 22 mars 2022.

 

Franck Unimon, ce dimanche 27 mars 2022.