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Cinéma

La vie de ma mère-un film de Maïram Guissé

La vie de ma mère, un film de Maïram Guissé.

 

La vie existe ailleurs que sur notre planète Terre. Quelle que soit sa forme, sa force, sa finalité, sa mémoire ou sa présentation.

 

Il y a quelques jours, grâce au télescope James Webb envoyé depuis Kourou, en Guyane, à plus de un million de kilomètres de la Terre, nous avons pu regarder des photos inédites de galaxies datant de 13 milliards d’années. Des scientifiques et des journalistes nous ont expliqué à quel point cette prouesse technologique, résultat d’une coopération internationale, était exceptionnelle. Et ce qu’elle va ou pourrait nous apprendre concernant la création de notre univers, où se trouve la Terre, mais aussi concernant notre propre existence.

 

Alors que notre planète se rĂ©chauffe, car nous continuons de la dĂ©truire dans ses diffĂ©rentes matières, et que nous semblons bander toutes nos forces afin de mieux attirer notre propre dĂ©clin, il semblerait que nous n’ayons peut-ĂŞtre jamais Ă©tĂ© aussi proches de connaĂ®tre l’origine du tout premier souffle qui nous a fait advenir sur Terre. Mais il nous faudra attendre avant d’Ă©prouver cette confirmation scientifique. Car il est prĂ©vu que durant vingt ans le tĂ©lescope James Webb prenne cinq photos par jour.

Nous serons peut-ĂŞtre tous morts ou au bord de l’extinction lorsque James Webb nous fera parvenir les photos rĂ©solvant l’énigme de la CrĂ©ation. Des photos que pourront observer avec Ă©tonnement ou indiffĂ©rence les milliards de mythologies de vers auxquels nos cadavres auront donnĂ© naissance ainsi que les diverses espèces vĂ©gĂ©tales, animales ou minĂ©rales- et toutes les autres- qui nous auront survĂ©cu et qui se passeront très bien de nous.  

 

Pourtant, avant que ne nous parviennent ces clichĂ©s, j’affirme dĂ©jĂ  que la vie existe ailleurs que sur notre planète Terre. Car il faut faire partie de l’espèce humaine pour ĂŞtre incapable de voir certaines Ă©vidences : Pour croire ou imaginer que nous serions les seuls  Ă  « exister Â».

Si, aujourd’hui, la vie ailleurs que sur Terre, n’a pas encore Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©e, c’est tout simplement parce-que nous ne savons pas regarder oĂą nous ne savons pas oĂą et comment regarder. Comme depuis toujours. Le peu que nous savons de l’histoire de l’HumanitĂ© sur Terre me pousse Ă  de telles certitudes :

 

L’histoire de l’Humanité est faite de plus de massacres, de génocides, de pillages, de carnages, de viols et de destructions que notre mémoire ne peut en rassembler. Souvent parce-que des êtres humains ont estimé ou estiment que d’autres existences, humaines ou autres, devaient leur céder toute la place.

 

Il n’y a pas un jour où un être humain, soit par négligence ou par souhait, n’en pousse un autre vers son dernier souffle.

L’expression «  L’homme est un loup pour l’homme Â» m’apparaĂ®t finalement beaucoup trop indulgente pour dĂ©finir certaines des caractĂ©ristiques de notre espèce.

 

On croit que je digresse ? Que cette longue introduction n’a rien Ă  voir avec le film La vie de ma mère de MaĂŻram GuissĂ© consacrĂ© au portrait de sa mère ?!

La mère de la réalisatrice Maïram Guissé avec celle-ci et une partie de son équipe technique, lors du tournage au Sénégal.

 

Combien de fois, dĂ©jĂ , avons-nous pu lire ou entendre, Ă  propos de certaines vedettes de cinĂ©ma, des expressions telles que :

 

« Le cinĂ©ma vous aime Â» ; « La camĂ©ra l’aime Â» ; « Il ( ou elle) a une très belle cinĂ©gĂ©nie Â» ; « Elle (ou) il Ă©claire toute la ville Â» ?!

 

Depuis des annĂ©es, je suis un cinĂ©phile parmi des millions en France, pays oĂą je suis nĂ© et ai toujours vĂ©cu Ă  ce jour. La France est un pays plutĂ´t bien dotĂ© dans le monde en salles de cinĂ©ma mais aussi en variĂ©tĂ© de films :

 

Il est beaucoup de films que l’on peut encore aller voir, plutĂ´t facilement, dans certaines salles de cinĂ©ma françaises alors que ces mĂŞmes films sont invisibles ou inaccessibles ailleurs. Et, comme beaucoup de cinĂ©philes, je me laisse faire ou prendre par un certain nombre de productions dans lesquelles se trouvent des « vedettes Â» ou des « futures Ă©toiles montantes Â» que le cinĂ©ma « aime Â» ; que la camĂ©ra « aime Â» et qui, bientĂ´t, ou pendant des annĂ©es, capteront beaucoup d’attention tandis qu’en dehors de leur cercle et de leurs regards, l’amnĂ©sie, l’ignorance et l’anonymat continueront de conditionner la charpente des cercueils dans lesquels des quantitĂ©s astronomiques de gens partiront se faire « aimer Â».

 

Photo prise dans le mĂ©tro parisien quelques jours avant la sortie du « nouveau » film de super-hĂ©ros que j’irai sans doute voir comme d’autres films avant lui. Un film que je n’aurai aucune difficultĂ© Ă  trouver dans une salle de cinĂ©ma : Ce mercredi 20 juillet 2022, lorsque je suis allĂ© voir Ă  Paris, Ă  l’UGC les Halles, le film  » As Bestas » rĂ©alisĂ© par l’Espagnol Rodrigo Sorogoyen, le film  » Thor Love and Thunder » y Ă©tait projetĂ© dans deux salles une semaine après sa sortie. Photo©️Franck.Unimon

 

 

Si l’on s’en tient Ă  certains critères du cinĂ©ma que nous connaissons et que l’on voit le plus,  je pense au cinĂ©ma qui est le plus souvent et le plus facilement montrĂ© et distribuĂ©, un film comme La vie de ma mère de MaĂŻram GuissĂ© n’a aucune raison ou pratiquement aucune chance de se trouver devant nous, un jour.

 

Lors du tournage de  » La vie de ma mère » de Maïram Guissé, au Sénégal.

 

 

Je dois Ă  un mail envoyĂ© par la sociĂ©tĂ© de distribution SUDU Connexion le fait d’avoir entendu parler de La Vie de ma mère il y a deux ou trois jours. 

Pendant un an, j’ai Ă©tĂ© abonnĂ© au MĂ©dia panafricain bilingue Français/Anglais  Awotele qui parle de ce cinĂ©ma que l’on voit « moins » :

Celui d’Afrique et de la CaraĂŻbe et des Outremers. 

Awotele, Ă©ditĂ© par Sudu Connexion, parait trois fois par an. Après avoir couvert les journĂ©es cinĂ©matographiques de Carthage ( en Tunisie); le Fespaco ( au Burkina Faso) et le Durban International Film Festival ( en Afrique du Sud).Trois festivals de cinĂ©ma qui se dĂ©roulent en Afrique. Les films qui y passent sont ensuite distribuĂ©s au compte gouttes en occident.

Awotele nous donne et nous montre donc des nouvelles d’un monde estimĂ© comme peu « cinĂ©gĂ©nique » par les grands distributeurs qui nous approvisionnent rĂ©gulièrement en oeuvres cinĂ©matographiques comme certaines rĂ©gions du monde, ou du pays, peuvent ĂŞtre approvisionnĂ©es en riz, en lait, en mĂ©thodes de pensĂ©es, en oeuvres humanitaires et sanitaires. Ou en effectifs industriels, militaires ou policiers. 

Mais j’ai nĂ©gligĂ© et nĂ©glige la lecture d’Awotele. Je me comporte vis Ă  vis du MĂ©dia Awotele comme d’autres lorsqu’ils veulent se mettre au rĂ©gime, Ă  faire du sport Ă  ou Ă  arrĂŞter de fumer :

Je prends des rĂ©solutions que j’ai beaucoup de mal ensuite Ă  transcrire par des actes. Puis, je me sens coupable. Puis, j’oublie que je suis coupable de nĂ©gligence. Car c’est tellement  facile, aussi, de se laisser guider-et conditionner- par les mĂŞmes regards et Ă©clairages familiers.

 

MaĂŻram GuissĂ©, un jour, s’est faite Ă  peu près la mĂŞme remarque. Mais en sens inverse. Un jour, nous raconte MaĂŻram GuissĂ© en voix off, dans son La Vie de ma mère, MaĂŻram GuissĂ© a regardĂ© sa mère et s’est alors demandĂ©e :

 

Mais, qui est-elle ?

La mère de la réalisatrice Maïram Guissé dans  » La Vie de ma mère ».

 

 

Le réalisateur David Lynch, en partant de cette même question, nous parachuterait dans une autre atmosphère que Maïram Guissé. Parce-que la démarche identitaire est différente. La façon de se répondre est différente.

 

 

Maïram Guissé est une femme, noire, d’origine Sénégalaise, issue d’un milieu social modeste, née en France, et qui a toujours principalement vécu en France. Le Sénégal est une ancienne colonie française. Les réponses dont avait besoin Maïram Guissé en faisant son La Vie de ma mère ne pouvaient être que différentes de celles perçues par un David Lynch qui, en outre, avant de devenir réalisateur, avait un parcours, je crois, dans le milieu artistique. Le cinéma, pour Lynch, était un média ou un moyen d’expression sûrement moins sacralisé, plus abordable, que pour Maïram Guissé au départ :

Lynch s’est sĂ»rement senti plus lĂ©gitime que MaĂŻram GuissĂ© pour dĂ©cider un jour de prendre une camĂ©ra et pour voir ce que « Ă§a faisait Â». Et ce que l’on pouvait raconter avec une camĂ©ra. Rien que cette attitude change tout dans la façon que l’on a d’aller vers une camĂ©ra comme de s’en servir. On peut soit se sentir libre de faire et de filmer ce que l’on veut avec une camĂ©ra ou avoir l’impression de devoir porter le marteau de Thor ainsi que toutes les responsabilitĂ©s, et uniquement elles, qui vont avec.

Je ne crois pas que David Lynch, ou d’autres rĂ©alisateurs reconnus, se sentent tenus par le Devoir lorsqu’ils « font » un film. Alors, qu’Ă  mon avis, il y a une forme de sentiment de Devoir dans ce qui a amenĂ© la rĂ©alisation de La Vie de ma mère. MĂŞme s’il y a pu y avoir, aussi, du plaisir Ă  faire le film ( je persiste Ă  Ă©crire « film » alors que La Vie de ma mère est officiellement prĂ©sentĂ© comme un documentaire).

 

Qui aurait pu rĂ©aliser ce film, assorti de ses rĂ©ponses, dont MaĂŻram GuissĂ©, et d’autres, avait envie et besoin ?

 

La Nasa ? La ComĂ©die Française ? La banque la SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale ? Banque oĂą, pendant vingt ans, la mère de la rĂ©alisatrice va aller faire le mĂ©nage dans l’une de ses agences, sans ĂŞtre remerciĂ©e pour quoi que ce soit lors de son dĂ©part Ă  la retraite.

 

Une scène de  » La vie de ma mère » de Maïram Guissé.

 

Le fait d’être noir, « mais Â» d’origine antillaise, m’a bien sĂ»r aidĂ© Ă  m’identifier rapidement Ă  cette histoire, de sa mère, que nous raconte MaĂŻram GuissĂ©. Mais ce qu’elle raconte dans son La Vie de ma mère se trouve aussi dans des familles chypriotes, portugaises, asiatiques ou tout simplement bretonnes, normandes, alsaciennes, basques ou corses. Comme chez des pratiquants catholiques, juifs, bouddhistes, animistes ou musulmans. Sauf que ces histoires ne figurent pas dans les scripts de la Nasa, de la ComĂ©die Française, des films dont on « parle beaucoup Â», ou dans les publicitĂ©s des banques qu’il s’agisse de la SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale ou d’autres.

 

 

Qu’est-ce qui rend « cinĂ©-gĂ©nique Â» la mère de MaĂŻram GuissĂ© ? Sa seule personnalitĂ© ?

 

Il est vrai que la mère de la rĂ©alisatrice apparaĂ®t ĂŞtre une femme plus que robuste et dĂ©terminĂ©e. Durant le film, on n’entend pas parler de « burn out Â», de fatalisme ou de pessimisme, de colère ou de rancune. MalgrĂ© six enfants. MalgrĂ© des conditions de vie Ă©conomique plutĂ´t modestes. MalgrĂ© le fait d’avoir quittĂ© le soleil natal, près de la mer, la famille mais aussi la musique et une grande maison au SĂ©nĂ©gal, soit plutĂ´t une certaine forme de libertĂ© et de lĂ©gèretĂ©, que l’on a troquĂ©e pour un appartement exigu  dans une citĂ© ; dans une rĂ©gion – Ă  Canteleu, en Normandie, du cĂ´tĂ© de Rouen- et un pays ( la France) oĂą il n’y a que des blancs, une autre musique, une autre religion dominante, d’autres façons de bouger sur la musique mais aussi dans la vie, d’autres façons de regarder les autres, de parler….

Le film  » La vie de ma mère » de Maïram Guissé.

 

Je me suis un petit peu amusĂ© Ă  penser Ă  certaines de ces stars de cinĂ©ma, « qui prennent la lumière Â» et que « le cinĂ©ma aime Â», Ă  la place de la mère de la rĂ©alisatrice. Avec un seau et une serpillère Ă  la main. Avec six enfants dans un pays Ă©tranger et dans un appartement exigu. Avec un mari, qui, pendant des annĂ©es, refuse qu’elle trouve un travail car il a peur qu’il la quitte ensuite…..

Scarlett Johansson. Isabelle Huppert. Adèle Exarchopoulos. Juliette Binoche. Vanessa Paradis. Léa Seydoux….

 

Ce que j’écris est bien sĂ»r injuste pour elles ainsi que pour tous/toutes les autres (femmes comme hommes). Ce que j’écris est sans doute aussi très raciste. Mais c’est moins injuste et moins raciste que toutes ces absurditĂ©s dont on fait des vĂ©ritĂ©s qui nous sont imposĂ©es Ă  coups-rĂ©pĂ©tĂ©s- de :

 

 Â« La camĂ©ra l’aime Â», « il (ou elle) est tellement cinĂ©-gĂ©nique Â». Sans oublier, aussi, et peu importe que l’acteur ou l’actrice soit noir(e) ou arabe, l’insupportable :

 

« C’est l’un des acteurs (ou l’une des actrices) le/la plus douĂ©(e) de sa gĂ©nĂ©ration Â».

 

Quelle gĂ©nĂ©ration ?!

 

Lorsque l’on regarde et admire constamment telle actrice ou tel rĂ©alisateur, il en est combien d’autres que l’on empĂŞche d’exister ou que l’on nĂ©glige depuis des gĂ©nĂ©rations ?!

 

La Vie de ma mère est un film qui parle de beaucoup de personnes, sans doute la majorité d’entre nous, femmes, hommes, quelles que soient nos origines, notre couleur de peau et nos croyances et qu’une minorité de personnes verra.

 

 » La vie de ma mère » de Maïram Guissé.

 

Parce-que cette forme de vie-lĂ , on ne sait pas la voir. OĂą on ne veut pas la voir. On la considère peu glamour. On estime que cette vie-lĂ  n’a rien Ă  nous apprendre alors que, souvent, beaucoup ou tout part de ce genre, de ce type de vie-lĂ . Y compris parmi les futures « stars Â» ou « vedettes Â» qu’une camĂ©ra va tant aimer plus tard alors que, sans doute, parmi leurs propres ascendants et ancĂŞtres, certains ont pu ĂŞtre nĂ©gligĂ©s, dĂ©classĂ©s, humiliĂ©s, opprimĂ©s ou exterminĂ©s. Comme tant d’autres. Parmi d’autres.

 

Plus nos moyens technologiques deviennent performants et plus il semble que nous voyions et percevions de moins en moins notre environnement.

 

Mais aussi ce que nous sommes. Au delĂ  de la forme. 

 

Pour une espèce comme la nĂ´tre, Ă©motionnellement, intellectuellement et psychologiquement  myope, presbyte, astigmate ou tout simplement autiste, aveugle – et sourde !-  un film comme La Vie de ma mère fait partie des films-remèdes. Mais il faut des mĂ©decins clairvoyants et reconnus pour le prescrire. Un traitement long et rĂ©pĂ©tĂ©. Des endroits oĂą dĂ©livrer le remède sur une durĂ©e longue. Et des malades conscients qu’ils ne vont pas (toujours) bien, qui dĂ©cident de consulter, et qui, ensuite, vont accepter de prendre et suivre leur traitement- comme l’indique l’ordonnance- dans une salle ou ailleurs.

La réalisatrice Maïram Guissé assise à côté de sa mère, devant la mer au Sénégal dans  » La vie de ma mère ».

 

Pour recevoir son traitement, Le film est disponible du 29 juin jusqu’au 30 septembre 2022 sur France. Tv

 

Franck Unimon, ce dimanche 17 juillet 2022. (amĂ©liorĂ© le 20 et le 21 juillet 2022). 

 

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Photos Vélo Taffe

Vélo Taffe dans Paris 7-10 juillet 2022

Photo©️Franck.Unimon

Vélo taffe dans Paris 7-10 juillet 2022

 

Après avoir réécouté le groupe Massive Attack en concert au Danemark en 2006, j’ai découvert aujourd’hui l’artiste Hoshi avec son album Sommeil Levant.

 

Je suis tombĂ© sur son album dans la mĂ©diathèque de Cormeilles en Parisis il y a plusieurs jours. Je n’étais pas pressĂ© de l’écouter. Je ne « connaissais Â» pas Hoshi. Aujourd’hui,  après avoir commencĂ© Ă  Ă©couter son album, je crois que l’on peut vraiment dire qu’en France, les artistes ont rompu avec cette tradition de la peur de la danse. Ils n’ont plus peur d’associer l’émotion au « corps Â» de la danse. On me dira que cela fait maintenant au moins une bonne vingtaine d’annĂ©es que c’est comme ça. Mais je ne l’avais peut-ĂŞtre pas compris jusqu’à cet album de Hoshi. MĂŞme si je « connais Â» des artistes comme Jain, Angèle, Aya Nakamura et ai entendu parler de Christine And the Queens, Ronisia… pour ne parler que de quelques artistes fĂ©minins. Il y a bien sĂ»r beaucoup d’autres artistes musicaux français « actuels Â» Ă  citer en ce moment. Mais ces derniers jours, j’ai beaucoup réécoutĂ© les titres Mission Speciale et Evenement ( Les Ambassadeurs) et Hommage aux Disparus ( Les Frères Dejean), des groupes haĂŻtiens pourvoyeurs de la musique Kompa davantage connus dans les annĂ©es 70-90. Une musique particulièrement engageante pour qui l’a connue enfant, sait l’écouter et…la danser.

 

Dans cet album d’Hoshi, j’aime sa sincĂ©ritĂ©, sa virtuositĂ© verbale, et ses arrangements musicaux dans des titres tels que Amour Censure ; Fais Moi Signe ; Medicament. Mais aussi les titres Sommeil Levant ; Marche ou RĂŞve ;

Par moments, sa voix a quelques airs de Stromae ( le titre Ita Vita…). Cependant, Hoshi a bien sa propre voix.

C’est aussi en Ă©coutant son album Sommeil Levant que cet article est rĂ©digĂ©. Avant de pouvoir m’occuper plus tard de l’article sur le livre Les Couilles sur la table de Victoire Tuaillon, terminĂ© il y a plus d’une semaine maintenant. Je m’attends Ă  ce que l’article sur ce livre de Victoire Tuaillon soit long. PlutĂ´t que le bâcler, je prĂ©fère disposer de la latitude nĂ©cessaire pour l’écrire. Pour patienter, on peut dĂ©jĂ  lire l’article sur le livre de Mona Chollet :

J’ai lu RĂ©inventer l’Amour de Mona Chollet .

 

Ou regarder les photos de cet article ci. Je les ai prises Ă  Paris entre le 7 et ce 10 juillet 2022.

 

J’ai aussi prĂ©vu d’Ă©crire un article sur les Cinquante ans de Marmottan ( c’Ă©tait en dĂ©cembre dernier !), service spĂ©cialisĂ© dans le traitement des addictions. 

Franck Unimon, ce dimanche 10 juillet 2022.

 

Photo©️Franck.Unimon

 

 

 

Photo©️Franck.Unimon

 

 

Photo©️Franck.Unimon

 

 

Photo©️Franck.Unimon

 

Bd Raspail, Paris. Photo©️Franck.Unimon

 

Rue de Rivoli. Photo©️Franck.Unimon

 

Chantier, près du Spot 13, ce dimanche 10 juillet 2022. Paris 13ème. Photo©️Franck.Unimon

 

Au Spot 13, ce dimanche 10 juillet 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

Au Spot 13, ce dimanche 10 juillet 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

Photo©️Franck.Unimon

 

Entre la Gare d’Austerlitz et la gare de Lyon. Photo©️Franck.Unimon

 

Photo©️Franck.Unimon

 

 

Photo©️Franck.Unimon

 

Dans le jardin des Tuileries ce dimanche 10 juillet 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

 

Dans le jardin des Tuileries, ce dimanche 10 juillet 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

 

Au Spot 13, ce dimanche 10 juillet 2022. Paris 13ème. Photo©️Franck.Unimon
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Au Palais de Justice Vélo Taffe

Hier, ce mercredi 29 juin 2022, jour du verdict des attentats terroristes de Novembre 2015 Ă  Paris

Paris, ce mercredi 29 juin 2022, le matin, avant 7 heures, près de la gare St Lazare. Photo©️Franck.Unimon

Hier, ce mercredi 29 juin 2022, jour du verdict des attentats terroristes de Novembre 2015 Ă  Paris

 

Hier Ă©tait un jour spĂ©cial. Celui du verdict des attentats terroristes islamistes Ă  Paris du 13 novembre 2015 Ă  Saint-Denis (ville de banlieue proche de Paris) devant le Stade de France lors d’un match de Foot amical ; dans plusieurs rues des 10 ème et 11 ème arrondissements de Paris sur des terrasses de cafĂ© et de restaurants ; en plein concert dans la salle de concert Le Bataclan qui se trouve aussi dans le 11ème arrondissement de Paris.

 

Je travaillais de nuit dans le 18ème arrondissement de Paris, près de la Porte de Clignancourt, lors de ces attentats du 13 novembre 2015. Je me rappelle encore un peu de cette nuit. Dans un de mes journaux intimes, j’avais écrit un peu à propos de cette ambiance de mort dans Paris qui avait duré quelques temps à cette période. A ce jour, je n’ai pas encore recherché ce journal intime. Mon blog n’existait pas à cette époque.

 

Hier, ce mercredi 29 juin 2022, je travaillais de 8h à 20 heures dans mon nouveau service depuis un peu plus d’un an, maintenant. Je n’ai pas pu me rendre au tribunal de la cité pour assister à ce verdict. Pas plus que je n’ai pu me rendre à une seule audience de ce procès qui avait pourtant démarré le 8 septembre 2021. Alors que cela avait été mon intention.

 

Deux ou trois fois, je suis allĂ© au tribunal de la citĂ© afin « d’assister Â» Ă  ce procès (comme pour le procès de l’attentat de Charlie Hebdo oĂą je m’étais rendu Ă  une seule audience au nouveau tribunal de Paris) des attentats de novembre 2015.

Au tribunal de la citĂ©, j’ai pu assister Ă  une partie de l’audience d’un tout autre jugement  (Extorsion en bande organisĂ©e : Des hommes dans un garage et les avocats de la DĂ©fense) . Mais concernant le procès des attentats du 13 novembre 2015,  Ă  chaque fois, je suis « mal Â» tombĂ©. Y compris ce jour oĂą l’audience avait Ă©tĂ© reportĂ©e car Salah Abdeslam, le principal accusĂ©, avait attrapĂ© le Covid.

 

Lorsque je l’ai pu, j’ai lu ce que j’ai pu trouver concernant ce procès : en grande partie, le rĂ©cit fait chaque mercredi dans Charlie Hebdo

Mais j’ai aussi pu écouter quelques podcasts ou lire sur le sujet des attentats islamistes de ces dernières années en France ou sur le fanatisme islamiste d’une manière générale. J’ai aussi écouté quelques témoignages de victimes d’attentats de novembre 2015.

Sans ĂŞtre autant impliquĂ© que les victimes, leurs proches, les associations de victimes d’attentats, les accusĂ©s et les complices de ces attentats, mais aussi les professionnels de la justice, de la sĂ©curitĂ©, et les journalistes qui ont « suivi Â», « traitĂ© Â» ou se sont chargĂ©s de ce procès, je me suis senti et continue de me sentir concernĂ© par ces attentats de novembre 2015 ainsi que par ces actes et ces situations qui peuvent leur ressembler ou s’en approcher. ( Panser les attentats- un livre de Marianne KĂ©diaRicochets-Un livre de Camille EmmanuelleL’instinct de vie , Helie de Saint Marc par Laurent Beccaria, Sans Blessures Apparentes, Utoya, 22 juillet, Journal 1955-1962 de Mouloud Feraoun, Qu’un sang impur…    .Interview en apnĂ©e avec Abdel Raouf Dafri  ,   ). 

D’oĂą la raison de cet article aujourd’hui, mĂŞme si je n’ai assistĂ© Ă  aucune audience de ce procès qui a totalisĂ© « 148 journĂ©es de dĂ©bats Â» (page 2 du journal Le Parisien de ce mercredi 29 juin 2022, article de Pascale ÉGRÉet de TimothĂ©e BOUTRY).

 

VĂ©lo Taffe :

 

Paris, vers la Place Vendôme, ce mercredi 29 juin 2022 au matin. Photo ©️Franck.Unimon

 

Depuis un peu plus d’un an maintenant, je me rends et repars de mon travail avec mon vélo pliant en passant par la Gare St Lazare par laquelle j’arrive en train depuis la ville de banlieue où j’habite.

Le plus souvent, je passe par le boulevard Raspail. Mais hier matin, j’ai eu Ă  nouveau envie de passer par la rue de Rivoli. Ce qui m’a amenĂ©, ensuite, au Boulevard St Michel, et, avant cela, Ă  tomber Ă  nouveau sur ce barrage de vĂ©hicules de police que j’avais dĂ©jĂ  aperçues, en passant Ă  vĂ©lo, lors d’autres audiences de ce procès. J’ai pris le temps de m’arrĂŞter pour faire quelques photos. J’ai aussi pu entendre un cycliste, descendant assez vite du Boulevard St Michel, crier en se rapprochant :

 

« Mais ils nous emmerdent avec ces barrières ! Â».

 

 

Paris, ce mercredi 29 juin 2022, vers 7 heures du matin, vers le tribunal de la CitĂ©. On peut remarquer l’enseigne Le Soleil D’or, au fond, Ă  droite. Photo©️Franck.Unimon

 

On parle quelques fois de la barrière de la langue pour expliquer certains malentendus ou des relations difficiles. Mais, là, il s’agissait d’une toute autre barrière. Cela fait neuf mois que dure ce procès. Et cet homme, vraisemblablement un habitué de ce trajet, pressé d’arriver à sa destination, ne pouvait et ne voulait pas consacrer quelques minutes supplémentaires (cinq ou dix selon qu’il décide de mettre à pied à terre pour redevenir piéton et longer les barrières ou pour prendre un itinéraire bis) afin de permettre la conclusion de ce procès pour des événements qui nous avaient diversement touchés en 2015…..

Qu’est-ce qui est le plus horrible et le plus meurtrier ? Les actions terroristes prĂ©mĂ©ditĂ©es, multipliĂ©es et impitoyables de 2015 ou la façon de penser de ce cycliste ?

Dans les faits, ce cycliste n’a tué personne et n’est responsable, a priori, de la mort de personne. Peut-être même exerce-t’il la plus grande mesure de son temps à sauver des vies de par le métier qu’il exerce. C’est peut-être un garde du corps. Un chirurgien chevronné. Un pompier. Un infirmier de pointe. Un homme qui part veiller sa mère ou sa grand-mère très malade. Ou un livreur de sang rare et réputé pour être l’un des plus rapides de Paris.

 

 

Ne pas juger

 

 

En revenant hier d’un transfert dans un hĂ´pital du 18ème arrondissement pour mon travail, j’ai Ă©coutĂ© un podcast sur le sujet du Crack. Les addictions font partie des « sujets Â» par lesquels je me sens concernĂ©. D’ailleurs, j’ai toujours mon article Ă  faire sur les 50 ans de Marmottan fĂŞtĂ©s l’annĂ©e dernière ( le 3 dĂ©cembre 2021 !) Ă  la salle de concert de la Cigale.

 

Dans les faits, nous sommes tous concernĂ©s par le sujet des addictions mais nous sommes encore plus que nombreux Ă  l’ignorer pour diffĂ©rentes raisons  qui ont Ă  voir soit avec une certaine dĂ©sapprobation morale ou avec, tout simplement, notre mĂ©connaissance grandiloquente de ce qu’est une addiction ou de ce que peut ĂŞtre une addiction.

Dans ce podcast de 59 minutes où interviennent entre-autres, Alain Morel, psychiatre et directeur de l’association Oppelia, mais aussi Karim, un des travailleurs pairs mais aussi quelques consommateurs, il est aussi rappelé que pour aider et travailler avec des personnes addict, il est nécessaire de Ne pas juger.

Photo prise à Marmottan, lors des journées portes ouvertes du 4 et du 5 décembre 2021. Installation réalisée pour cette circonstance. Photo©️Franck.Unimon

 

J’avais déjà entendu ça mais aussi été le témoin de cela. A Marmottan ou dans les services de psychiatrie adulte et de pédopsychiatrie où j’ai pu travailler.

 

Depuis mes dĂ©buts d’infirmier en psychiatrie il y a bientĂ´t trente ans, j’ai Ă©tĂ© amenĂ© Ă  rencontrer, au moins dans les diffĂ©rents services oĂą j’ai travaillĂ©, diffĂ©rentes sortes de profils de personnes des plus « sympathiques Â», des plus « tristes Â» aux plus « antipathiques Â» et « exaspĂ©rants Â», des plus « faciles Â» aux plus « difficiles Â» et, cela, aussi face Ă  des publics âgĂ©s de 3 ou quatre ans. Puisque mes expĂ©riences en pĂ©dopsychiatrie m’ont aussi amenĂ© Ă  rencontrer, avec mes collègues Ă©ducateurs ou autres, des enfants de trois et quatre ans et leurs parents.

 

A moins de se barricader derrière de la paperasse, derrière son Ă©cran d’ordinateur, derrière son tĂ©lĂ©phone ou des sms, derrière un bureau et des logiciels ; derrière des protocoles ; derrière des phrases et des pensĂ©es toutes faites et dĂ©finitives ; derrière des chiffres, des murs, des peurs, des certitudes absolues ; derrière des collègues, des portes de prison et des traitements ; ou derrière des cohortes d’intermĂ©diaires et de serviteurs dont la fonction est de dĂ©vier, de diffĂ©rer, de diluer ou de faire disparaĂ®tre l’expĂ©rience de la rencontre directe, instinctive et imprĂ©visible, le mĂ©tier d’infirmier en psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie fait partie de ces mĂ©tiers oĂą les rencontres rĂ©pĂ©tĂ©es ont des effets immĂ©diats et prolongĂ©s, superficiels et profonds, sur les diffĂ©rents interlocuteurs.

On se heurte où l’on se comprend. On s’apaise ou l’on se blesse. On se confronte où l’on trouve un accord ou un compromis. Peut-être tout de suite, peut-être plus tard. Peut-être très difficilement. Ou jamais.

 

Je peux donc dire que j’ai un peu d’expĂ©rience pour ce qui est des rencontres « difficiles Â» dans ma vie professionnelle et sans doute dans ma vie personnelle. Pourtant, hier, en entendant cette recommandation dans le podcast consacrĂ© aux addictions, Ă  nouveau, je me suis demandĂ© :

 

 Comment fait-on pour « Ne pas juger ? Â».

 

Puisqu’il arrive un moment, oĂą une situation, oĂą nous parvenons au bout de la chaine de nos forces morales et personnelles et oĂą le jugement, la dĂ©sapprobation et la condamnation morale s’expriment d’eux-mĂŞmes au travers de notre ĂŞtre :

 

Devant une action, un fait avĂ©rĂ©, dont nous sommes le tĂ©moin, la victime, le lecteur, le « spectateur Â» contraint ou le confesseur. Et cette action, ce fait avĂ©rĂ©, ou cette proposition, dĂ©cide « viscĂ©ralement Â» pour nous de ce que nous ressentons.

 

Et cela, malgrĂ© nos efforts d’intelligence et nos tentatives de raisonnement. MalgrĂ© nos intentions officielles et sincères « d’ouverture Â» et de tolĂ©rance.

 

Une entreprise inhumaine.

 

Ne pas juger, d’une manière gĂ©nĂ©rale, dans la vie courante, m’apparaĂ®t donc ĂŞtre une action assez surhumaine. Ou, plutĂ´t….inhumaine.  Et je vais le dire comme je le pense : je pense que, quotidiennement, nous passons une grande partie de notre temps Ă  juger nos semblables et Ă  nous juger nous mĂŞmes. Et la justice que nous rendons aux autres ainsi que celle que nous pouvons nous rendre aussi Ă  nous mĂŞmes mais aussi Ă  nos proches me paraĂ®t assez souvent, assez facilement, approximative, inexacte, pour ne pas dire, assez Ă©nigmatique. Et peut-ĂŞtre mĂŞme, certaines fois….quelque peu fantomatique.

 

Et qu’ont fait, pendant des mois, depuis le mois de septembre 2021, des professionnels de la Justice, mais aussi des victimes des attentats (et leurs proches) de novembre 2015, les associations de victimes, les accusĂ©s et les complices des accusĂ©s mais aussi tous ceux qui ont assistĂ© rĂ©gulièrement Ă  ce procès ?

 

 

Juger.

 

 

Bien-sĂ»r, comparer la dĂ©marche qui consiste Ă  essayer d’aider une personne addict Ă  se sortir de son addiction de la dĂ©marche qui consiste Ă  juger des terroristes et des complices de ces terroristes peut choquer, mettre très en colère et pousser Ă  se demander si je suis complètement con ou dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© ! Et si c’est le cas (si en lisant cet article, on se demande dĂ©ja si je suis complètement con ou dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©) , cela (me) dĂ©montrera dĂ©jĂ  avec quelle facilitĂ©, encore une fois, nous pouvons ĂŞtre jugĂ©s –et rapidement dĂ©prĂ©ciĂ©s- par nos semblables dès que nous pensons de manière un peu diffĂ©rente. Et, tant pis, si par ailleurs, sur d’autres points très sensibles, nous sommes du mĂŞme avis qu’eux :

 

Puisque ce qui importe à celles et ceux qui jugent et veulent être des juges expéditifs, c’est d’obtenir des autres qu’ils soient exactement sur la même ligne qu’eux.

 

Photo prise ce mercredi 29 juin 2022, le matin, avant 7 heures. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Ne pas regarder

 

En rentrant chez moi ce matin, j’ai croisĂ© une jeune femme plutĂ´t jolie. Sans doute influencĂ© par ma lecture rĂ©cente de l’ouvrage fĂ©ministe Les couilles sur la table de Victoire Tuaillon sur lequel j’écrirai un article dès que je le pourrai, je me suis senti un peu coupable en regardant cette jeune femme. Comment regarder quelqu’un sans l’incommoder ? Comment passer Ă  cĂ´tĂ© de quelqu’un sans pour autant faire montre d’une indiffĂ©rence fausse qui, elle aussi, interdit d’emblĂ©e toute possibilitĂ© de rencontre mais, aussi, lorsqu’une attention est bienveillante, une certaine forme de reconnaissance ?

 

 

J’ai croisĂ© cette jeune femme deux fois en quelques minutes.  La seconde fois, j’ai « Ă©valuĂ© Â» que cette jeune femme devait ĂŞtre adolescente. Elle devait avoir 16 ans ou 17 ans. Et je me suis rappelĂ© qu’une jeune personne devient adolescente ou s’aperçoit de son adolescence lorsque des hommes adultes la remarquent particulièrement et la regardent dans la rue avec une autre attention que celle que l’on peut porter aux enfants lorsque l’on les regarde (exception faite des pĂ©dophiles).

 

Ce matin, après avoir croisé cette jeune femme, je me suis dit que certaines jeunes femmes se mariaient ou se mettaient sans doute en couple très vite, et devenaient mères aussi très vite, espérant, aussi, se protéger du regard sexuel des hommes sur elles. Puisque devenir mère, cela peut, plus ou moins (car bien des contre-exemples existent), désexualiser un corps, voire le rendre un peu sacré. Sans oublier que la présence des enfants peut rendre l’acte sexuel ou sa probabilité plus difficile. Le corps est déjà dévoué à l’action de s’occuper des enfants.

 

Le mariage ou le couple peut être pour certaines femmes une protection contre les regards des hommes sur leur corps. Quel que soit ce qu’exprime le regard des hommes, d’ailleurs. Il n’y a pas que le soleil qui donne des coups. Certains regards aussi.

 

Il y a des regards d’hommes qui mettent mal  Ă  l’aise. Je peux aussi en parler- un peu- en tant qu’homme qui a pu ĂŞtre regardĂ© par d’autres hommes. En tant qu’homme hĂ©tĂ©ro se retrouvant une fois ou deux en minoritĂ© dans un lieu clos (un théâtre, l’appartement d’un copain homo) et regardĂ©, par plusieurs homos. Ce qui m’avait permis, un tout petit peu, de manière très superficielle, d’avoir un aperçu de ce que peuvent vivre- ou ressentir- des jeunes femmes et des femmes tous les jours lorsqu’elles croisent des hommes. Dans les transports en commun. Au travail. En faisant les courses. Au volant de leur voiture. En rentrant chez elles. En faisant du sport.

 

 

Certaines femmes s’accommodent plutôt bien de ces regards et de la diversité de ces regards. D’autres femmes vivent et ressentent beaucoup plus mal ces regards et ces expériences de regards.

 

Quel est le rapport de cette histoire de « regard Â» avec ce procès des attentats de novembre 2015 ?

Paris, vers le tribunal de la cité, ce mercredi 29 juin 2022, aux alentours de 21h. Photo ©️Franck.Unimon

 

Lors de ce procès qui a durĂ© neuf mois, des femmes et des hommes, de diffĂ©rents « bords Â», de diffĂ©rents âges, de diffĂ©rents horizons, de diffĂ©rentes croyances et confessions, de diffĂ©rentes sexualitĂ©s, professionnels de justice, victimes, proches de victimes, associations de victimes, accusĂ©s, complices de ces accusĂ©s, journalistes, « spectateurs Â» ont passĂ© une grande partie de leur temps Ă  se juger, Ă  se jauger et à…se regarder.

 

Que l’on n’essaie pas de me faire croire, malgré les faits incontestés et incontestables (les attentats, l’horreur des attentats) que tout le monde, pour ce procès, dans ce procès et par ce procès, est venu – et parti- avec les mêmes armes pour ces expériences qui consistent à juger, être jugé (que l’on soit accusé ou victime ou témoin) et à être regardé.

 

 

Et que l’on n’essaie pas de me faire croire que tout le monde, au cours de ce procès, mais aussi lors de toute autre procès, a bĂ©nĂ©ficiĂ© et bĂ©nĂ©ficie des mĂŞmes armes pour exprimer et vivre ces expĂ©riences qui consistent Ă  ĂŞtre victime, accusĂ©,  tĂ©moin, ĂŞtre jugĂ© et regardĂ©, mais aussi Ă©coutĂ© et interrogĂ© par une audience, par un public…..

 

 

Une aventure titanesque

 

Dans son livre Cette Nuit, La Mer est noire  qu’elle avait co-Ă©crit peu de temps avant sa mort accidentelle en hĂ©licoptère, et paru en 2015 après sa mort, la navigatrice Florence Arthaud, qui n’avait pourtant pas beaucoup froid aux yeux, raconte qu’elle n’a jamais pu oser regarder Eric Tabarly qu’elle admirait. A propos d’une des traversĂ©es de celui-ci en solitaire, elle ajoute qu’il avait, tout seul, pilotĂ© un bateau qui, « normalement Â», nĂ©cessite la prĂ©sence de 13 ou 14 hommes ! On parle bien-sĂ»r, ici, de 13 ou 14 marins (femmes ou hommes) aguerris. On ne parle pas, ici, d’une promenade d’une demie heure en bateau mouche sur la Seine.

 

Pour moi, qui reste un regard extĂ©rieur parmi d’autres, ce procès des attentats de novembre 2015 Ă  Paris a nĂ©cessitĂ© des efforts encore bien plus invraisemblables et violents que ceux, pourtant hors normes mais aussi hors forme humaine,  alors accomplis par Eric Tabarly. Ou par d’autres navigateurs, femmes ou hommes, qu’il s’agisse de Florence Arthaud elle-mĂŞme ou de Ellen Macarthur lors de leurs courses en solitaire.

 

 

L’une des plus brutales diffĂ©rences est que les victimes et les proches des victimes, comparativement aux navigatrices et navigateurs, n’ont pas choisi d’être les proies de cette  violence. Comme elles et ils n’ont pas choisi les rĂ´les de victimes et de proches de victimes qui ont dĂ©coulĂ© de cette violence terroriste.

Les traversĂ©es qu’ont Ă  connaĂ®tre les victimes, leurs proches, et celles et ceux qui les cĂ´toient ne s’arrĂŞtent pas une fois que le retour au port a Ă©tĂ© effectuĂ©. Car ce port s’est dĂ©placĂ©. L’aiguillage interne qui permettait, auparavant, plus ou moins, de faire en sorte que l’expĂ©rience extĂ©rieure et immĂ©diate, s’accordait plutĂ´t bien avec l’expĂ©rience intĂ©rieure, n’existe plus ou a Ă©tĂ© bousillĂ©. Le temps et les distances ne sont plus les mĂŞmes qu’auparavant. La sensibilitĂ©, aussi. Pour ces victimes, et leurs proches, il est devenu beaucoup plus difficile de s’accommoder du quotidien comme « auparavant Â».

 

Les terroristes, eux, ainsi que leurs complices, ont choisi et prĂ©mĂ©ditĂ© leur action jusqu’à un certain point. Ils Ă©taient volontaires. Pendant plusieurs mois, des annĂ©es, les terroristes se sont entraĂ®nĂ©s, « transformĂ©s Â» et ont prĂ©parĂ© leur « épopĂ©e ». Pendant des mois ou des annĂ©es, dans cette partie d’échecs et mat, il avaient plusieurs « coups Â» d’avance. Sur les victimes. Sur les AutoritĂ©s. Sur le plus grand nombre. Sur nous tous.

 

Mais si ces accusĂ©s se sont finalement retrouvĂ©s dans ce procès et jugĂ©s, cela signifie, aussi, qu’ils ont fini par se faire rattraper. GĂ©nĂ©ralement, on dit des accusĂ©s- et de leurs complices- qu’ils se sont faits « rattraper Â» par la Justice. Mais ce n’est pas uniquement par la justice. Ils se sont aussi faits ici rattraper (hormis ceux qui se sont faits tuer ou se sont suicidĂ©s) par leur appartenance au genre humain « commun Â» ou dit-universel. Par leur finitude.

Sortes de navigateurs meurtriers  de leurs idĂ©es, qui se sont crus totalement libres, les terroristes et leurs complices, sont redevenus des terriens qui doivent se rendre compte qu’ils n’étaient pas aussi libres qu’ils ont voulu le croire.  Qu’ils vivent dans le mĂŞme monde que leurs victimes et les proches de leurs victimes. Mais aussi dans le mĂŞme monde que les services de police qui les recherchaient.

 

Dans leur imaginaire, ces terroristes et ces complices, n’avaient sans doute par prĂ©vu de devoir se retrouver face tous ces gens dans ce genre de circonstances et pour cette durĂ©e :

 

Des victimes, des proches de victimes, des associations de victimes, des juges, des avocats, des journalistes et des spectateurs qui les ont regardés, qui les ont jugés et qui les ont interrogés.

Ce mercredi 29 juin 2022, Ă  Paris, aux alentours de 21h. Dans l’arrière champ, au delĂ  du vĂ©hicule de police, on peut peut-ĂŞtre apercevoir un joueur de violon. Je me rappelle qu’après l’attentat du Bataclan, un homme Ă©tait venu Ă  vĂ©lo avec son piano portatif afin de jouer sur les lieux de afin d’essayer d’adoucir les Ă©vĂ©nements en expliquant « Je n’ai pas les mots ». Hier soir, je me suis demandĂ© si ce joueur de violon Ă©tait prĂ©sent pour les mĂŞmes raisons. Photo©️Franck.Unimon

 

On a beaucoup parlĂ© du silence de Salah Abdeslam et du silence d’autres accusĂ©s. Mais ce silence, ou plutĂ´t, cette barrière du silence, si elle a empĂŞchĂ© la « rencontre Â» ou la « communication Â» n’a pas empĂŞchĂ© ces accusĂ©s d’entendre, d’écouter ou leur conscience d’être active. Après ce procès, il est possible que certains de ces accusĂ©s changent un peu de point de vue concernant la lĂ©gitimitĂ© de leurs actes.

 

Et, au pire, si le psychopathe peut se rĂ©jouir de la souffrance de ses victimes mais aussi de celle des proches des victimes, et de la couverture mĂ©diatique dont il a « bĂ©nĂ©ficiĂ© Â», il a aussi ses souffrances personnelles. Et ses « triomphes Â» (ici, les attentats et leurs victimes) contiennent aussi ses dĂ©faites. MĂŞme si, du point de vue des victimes, de leurs proches et de celles et ceux qui les dĂ©fendent, les souffrances du psychopathe terroriste sont bien-sĂ»r secondaires :

 

Les souffrances des victimes des attentats et de leur entourage sont bien-sûr prioritaires.

 

Deux extrĂŞmes opposĂ©s :

 

Les victimes des attentats terroristes et leurs auteurs sont deux extrêmes opposés. La rencontre s’est faite et se fait dans la douleur pour les victimes et leurs proches.

 

Pour les terroristes et leurs complices, leurs « cibles Â» n’existaient pas. C’étaient des inconnus sans aucune valeur. Ou, au contraire, des « valeurs Â» qu’ils ont eu plaisir Ă  saccager car ces « valeurs Â» Ă©taient des vies qu’ils ne pourraient jamais obtenir ou comprendre. Donc, autant les dĂ©truire.

 

Lorsqu’ils se sentent investis par un droit « souverain Â» ou « divin Â», les ĂŞtres humains peuvent accomplir le meilleur ou le pire au dĂ©triment d’autrui. LĂ , avec ces attentats terroristes, nous sommes dans le « pire Â». Comme lors de l’esclavage, des camps de concentration, comme lors de n’importe quelle guerre ou gĂ©nocide ou de n’importe quelle forme d’exploitation ou de torture d’un ĂŞtre humain.

 

Il « suffit Â» que des ĂŞtres humains se sentent largement supĂ©rieurs ou largement infĂ©rieurs Ă  d’autres et « en droit Â» de se faire justice pour que le pire puisse arriver.

« Normalement Â», une dĂ©mocratie permet d’éviter ça : que trop de personnes se sentent largement supĂ©rieures Ă  d’autres mais aussi que trop de personnes se sentent trop  infĂ©rieures par rapport Ă  d’autres.

 

Ce procès a été une justice différente de celle des terroristes. Une Justice institutionnalisée, avec d’autres règles, d’autres lois, d’autres protocoles.

 

Mais il y a deux sortes de « vaincus Â» devant cette Justice. Les victimes, leurs proches et les associations de victimes. Ainsi que, peut-ĂŞtre aussi la Justice et l’idĂ©e que l’on s’en fait dans une DĂ©mocratie.

 

Car les accusĂ©s font aussi partie des vaincus : Si les accusĂ©s Ă©taient restĂ©s libres ou avaient rĂ©ussi Ă  imposer leur Justice, ils n’auraient pas Ă©tĂ© jugĂ©s. Ils auraient Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ©s comme des hĂ©ros malgrĂ© leurs meurtres. L’horreur est aussi dans ce constat.

 

Ce constat, on va vite passer dessus car imaginer ça est insupportable. Comme de devoir imaginer que ces terroristes, et leurs complices, sont des ĂŞtres humains comme nous :

 

« Les juges ont cherchĂ© une vĂ©ritĂ© dans ces Ă©vĂ©nements et mĂŞme la part d’humanitĂ© des accusĂ©s Â» (l’éditorial de la journaliste Marie-Christine Tabet dans le journal Le Parisien, de ce mercredi 29 juin 2022, page 2).

 

Lorsque je traduis cette phrase, je comprends que les accusés ne font pas partie de l’espèce humaine. Car lorsque l’on est un être humain, on ne fait pas ce qu’ils ont fait. On ne dit pas ce qu’ils ont dit. On ne pense pas comme ils pensent.

Donc, avec un tel raisonnement, si la peine de mort existait encore en France en juin 2022 (alors que la France se vante de faire partie des pays qui ont aboli la peine de mort), ces accusĂ©s, aujourd’hui, en 2022, seraient exĂ©cutĂ©s. Comme ils ont exĂ©cutĂ© et contribuĂ© Ă  faire exĂ©cuter les victimes des attentats. L’expression « Ĺ’il pour Ĺ“il, dent pour dent Â» est donc toujours en cours et au coeur de nos mĹ“urs. Sauf que contrairement aux accusĂ©s qui ont tuĂ©, nous, nous «prenons Â» sur nous officiellement en quelque sorte. Je me demande alors :

Pour combien de temps ?

 

Pourtant, mĂŞme si on hait ces accusĂ©s, leur humanitĂ© est indiscutable. Et c’est ça qui est insupportable :

Devoir regarder quelqu’un en face, le dĂ©tester ( je dĂ©testerais sans doute celle ou celui qui a tuĂ© un de mes proches comme cela est arrivĂ© pour les victimes des attentats de novembre 2015 : tuer par surprise, comme des lapins de fĂŞte foraine,  des civils dĂ©sarmĂ©s et non entraĂ®nĂ©s….), lui souhaiter le pire. Et devoir admettre, que cela nous plaise ou non, malgrĂ© tout, que cette personne-lĂ , est aussi humaine que nous. Et que l’on ne peut rien changer Ă  cette humanitĂ©. A part, si l’on y arrive, ce que l’on ressent vis Ă  vis de cette personne mais aussi de nous-mĂŞmes.

 

 

Les verdicts :

 

Je n’ai pas encore appris les verdicts des accusés. Hier soir, lorsque je suis rentré du travail, je suis à nouveau passé près du tribunal de la cité entre 20h30 et 21h et j’ai vu que le procès n’était pas encore terminé.

 

Paris. Au loin, on peut apercevoir La Défense, ce mercredi 29 juin 2022, aux alentours de 21h. Photo©️Franck.Unimon

 

J’ai été marqué, hier, par la belle journée que c’était. Il faisait chaud. Dehors, dans Paris, les gens étaient souriants, vêtus légèrement, s’amusant. En short, jambes nues, les caractères sexuels secondaires bien en vue. C’était l’été.

 

Il y avait ce contraste entre ce qui se passait à l’intérieur du tribunal et ce qui se passait dehors devant et autour de moi. Rien à voir. A nouveau deux extrêmes opposés comme tous les jours. D’un côté l’insouciance et l’ignorance. De l’autre, la souffrance et la sentence.

 

 

Franck Unimon, ce jeudi 30 juin 2022.

 

 

 

 

 

 

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Musique

Un suicide

Camaret, juin 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

Un suicide

Polyglotte et voisine, elle est allĂ©e parler au bitume cinq Ă©tages plus bas. Sa langue Ă©tait inconnue. La traduction ne s’est pas faite. 

 

La nouvelle m’est arrivĂ©e quelques heures plus tard après une nuit de travail. La porte de mon appartement Ă  peine ouverte, ma fille m’a parlĂ© d’un « accident Â». Plus discrètement, ma compagne m’a parlĂ© de « suicide Â».

 

On repense Ă  la dernière fois avant la bifurcation vers « l’accident Â». Bien-sĂ»r, rien ne pouvait laisser supposer que. Et mĂŞme si….

 

Sortie de son, vol sans ailes, arrêt brutal de la routine, le suicide orchestre nos souvenirs. Puis, inspirés ou non, c’est à nous de jouer.

 

Ma fille continuait de jouer plus loin. Après avoir dit une ou deux fois « C’est triste Â», il m’a fallu plus de dix minutes dans les toilettes pour retrouver un peu de volontĂ©. Ma compagne semblait avoir eu le temps de digĂ©rer l’évĂ©nement. Sans doute en discutant avec deux autres voisines Ă©galement sollicitĂ©es par la police.

 

Ces derniers temps, je réécoute beaucoup deux titres du groupe haĂŻtien Les Ambassadeurs :

 

Evénement et Mission Spéciale.

 

Dans ces deux titres, qui datent des annĂ©es 70-80, la musique Kompa du groupe  Les Ambassadeurs est un harnachement de vie avec lequel (comme d’autres groupes haĂŻtiens de cette « Ă©poque Â») il chante aussi son attachement Ă   son Ă®le natale, HaĂŻti, recouverte par la dictature militaire et politique, pays qu’il avait dĂ» quitter.

 

Cette musique me rappelle ces soirĂ©es antillaises oĂą, d’abord enfant, mes parents m’ont emmenĂ© : baptĂŞmes, mariages, communions…

Souvent dans des grandes salles oĂą beaucoup de gens dansaient sur des titres de plus de cinq minutes.

Pour moi, ce monde Ă©tait une routine et aussi un spectacle. Une routine disparue en quittant l’enfance en France. C’était avant le Zouk de Kassav’ ( https://vimeo.com/586837210 ;  Jacob Desvarieux ) Ă  partir du milieu des annĂ©es 80.

 

Mais la vie ne se regarde pas et ne s’admire pas dans les vitrines. Elle s’apprend, se traduit et se danse. Celles et ceux qui affirment le contraire parlent la langue des dictateurs. ( Enfant de la France/ Enfant de la Transe ). 

 

Après les titres Evénement et Mission Spéciale, dans notre appartement, j’ai mis du Dub avec des titres du groupe bordelais Improvisators Dub.

 

Puis, pour finir, au casque, le titre Hommage aux Disparus du groupe haïtien Les Frères Dejean.

( merci Ă  ma cousine Janine pour m’avoir fait parvenir de Guadeloupe via mon frère il y a quelques annĂ©es ces titres – et d’autres- des groupes Les Ambassadeurs et Les Frères Dejean).  

 

Franck Unimon, ce samedi 25 juin 2022.

Catégories
Théâtre

Au Théâtre du Soleil ce samedi 16 avril 2022 : l’Ă®le d’Or

 

 

Au théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022 pour « L’Ă®le d’Or ». Photo ©️Franck.Unimon                  

 

Au théâtre du Soleil ce samedi 16 avril 2022 : L’île d’or

 

Le Théâtre du Soleil est une planète dont j’avais entendu parler il y a plus d’un quart de siècle.

Je l’avais approchée sans l’atteindre. Le parc floral, l’été, et ses concerts (je me rappelle d’un très bon concert de Chucho Valdès). La caserne militaire où, appelé, j’étais un peu passé avant d’être affecté à l’hôpital militaire Bégin. Le centre équestre de la cartoucherie de Vincennes.

 

Il fallait réserver rapidement. Les places partaient très vite. J’habitais dans une banlieue éloignée et opposée.

 

Des noms stratosphĂ©riques, des noms magiques, sont « accolĂ©s Â» au Théâtre du Soleil. Ariane Mnouchkine, HĂ©lène Cixous, Philippe Caubère, Simon Abkarian et beaucoup d’autres.

Le passé, le présent et l’avenir y sont composés comme dans une musique de Sun Ra.

 

Il y a bientôt une dizaine d’années, j’avais lu L’Art du Présent, le livre d’entretiens d’Ariane Mnouchkine avec la journaliste Fabienne Pascaud.

 

 

Pour un spectateur, pour un comédien, pour un auteur, passer par le soleil de ce théâtre, c’est entrer dans un lieu qui a résisté et résister peut-être aussi un peu avec lui.

 

A la lave de l’amnĂ©sie, de la destruction, de la dĂ©pression et du fatalisme.

 

Pour cela, il faut traverser Paris, capitale et astre culturel, ou s’en extraire. Pour venir Ă  Vincennes. En voiture, en navette, Ă  pied depuis la gare du RER A, voire en bus ou Ă  pied. Je ne l’ai pas vĂ©rifiĂ© mais peut-ĂŞtre que le théâtre du Soleil a tenu Ă  s’implanter hors de Paris avec un esprit d’engagement qui similaire Ă  celui du théâtre des Amandiers, Ă  Nanterre, lors de sa crĂ©ation ou dans certains mouvements proches de l’antipsychiatrie. 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

Pour cette première fois au Théâtre du Soleil, j’avais emmené ma fille avec moi. Depuis Argenteuil, nous avons pris nos vélos, le train puis le RER. Il faisait beau.

 

Devant le Théâtre du Soleil, à gauche, en blanc, Ariane Mnouchkine après la représentation ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

 

J’ai dĂ» m’y prendre Ă  trois fois pour cette première fois. D’abord, il a fallu remettre notre venue Ă  une autre date. Trop de cas de Covid parmi les comĂ©diens en janvier m’avait-on appris ? Est-ce que je voulais reporter notre venue ou ĂŞtre remboursĂ© ? On reporte. Je suis nĂ© Ă  Nanterre oĂą, jusqu’Ă  mon adolescence, j’ai grandi Ă  quelques minutes Ă  pied du théâtre des Amandiers devant lequel je suis passĂ© d’innombrables fois en le regardant comme un endroit qui m’Ă©tait complètement exogène. MĂŞme si, en classe de 3ème, avec notre prof de Français de 3ème, je suis entrĂ© une fois dans le théâtre des Amandiers pour aller voir Combat de Nègres et de chiens, j’ai ratĂ© toutes mes rencontres avec le théâtre des Amandiers. Quarante ans plus tard, je n’allais pas rater ma rencontre avec le Théâtre du Soleil.  

 

Au théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

La fois suivante, ma fille Ă©tait invitĂ©e Ă  l’anniversaire d’une ses copines. Nous n’allions pas la priver de cette fĂŞte pour cette « surprise Â». Une « surprise Â» dont elle ne connaissait rien. Plus de trois heures. Un ou deux entractes. Un peu un pari. Il y a des surprises d’accès plus « facile».

J’ai fait confiance Ă  l’endroit et au jeu. A la mise en scène. Au spectacle. A mon envie ou Ă  ma « folie ». 

 

Sur place, nous avons trouvĂ© dehors un public qui  m’a semblĂ© ĂŞtre constituĂ© d’habituĂ©s. Autant celui venu pique-niquer ou se distraire en famille que pour se restaurer ou pour assister Ă  la reprĂ©sentation.

 

A l’intérieur, cela a été la surprise de voir les comédiennes et les comédiens se préparer.

Je ne peux pas parler de ce que j’ai vu sur scène. Mais je suis content d’être venu.

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Avec Emmi. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Et si j’ai mis autant de temps pour montrer ces photos, c’est parce-que j’ai voulu bien les choisir. Je ne suis pas sûr, ce soir, d’y avoir réussi mais j’espère qu’elles parleront pour moi.

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Emmi découvre les comédiennes et les comédiens en pleine préparation. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce Samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

 

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Emmi avec Ariane Mnouchkine, après la représentation. Photo©️Franck.Unimon

 

Franck Unimon, ce vendredi 17 juin 2022.

 

 

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Croisements/ Interviews

Ligne 56

Baguette de pain au charbon actif de la boulangerie Utopie. On dirait une pirogue. Photo ©️Franck.Unimon

Ligne 56

 

Initialement, ce n’Ă©tait pas mon chemin. Pour rejoindre la Gare du Nord depuis la place de Nation, j’avais d’abord prĂ©vu de prendre le RER. Puis, j’ai pensĂ© au bus. J’ai trouvĂ© celui de la ligne 56. Il a fait très beau, aujourd’hui. Sauf que dans le bus, les gens Ă©taient Ă©nervĂ©s. Des femmes, principalement. Il y avait un certain nombre de poussettes avec des enfants. Des personnes en fauteuil, aussi. Tout le monde voulait prendre le bus et aller quelque part. 

Une place assise s’est libĂ©rĂ©e assez vite devant moi. Je me suis installĂ© en sens inverse de la circulation. Et j’ai sorti mon baladeur. J’ai cherchĂ© un titre de U-RoyControl Tower. J’avais envie d’aller ce soir au concert de Zenzile et de High Tone ( Zentone )Ă  l’ElysĂ©e Montmartre. J’ai aimĂ© plusieurs titres de leur album. Je les ai dĂ©ja vus sĂ©parĂ©ment en concert.

 

Je n’ai pas trouvĂ© U-Roy. Je me suis rabattu sur le titre Why de Tikiman/ Paul St Hilaire. Mais cela n’a changĂ© grand chose :

 

« Ne soyez pas raciste ! ». Cela faisait des annĂ©es que je n’avais pas entendu ce genre de phrase. Celle qui, pour certaines personnes, est rapide Ă  attraper et Ă  lancer dès qu’on les contredit ou contrarie. 

 

« Au lieu de parler, vous feriez mieux de conduire » a continuĂ© la mĂŞme dame. Pour dĂ©velopper ensuite : « Sinon, vous allez faire un accident… ». Puis, dans le bus, Ă  destination du chauffeur, elle a rĂ©pĂ©tĂ© cette phrase quatre ou cinq fois comme un mantra  » Vous allez faire un accident ». Comme si elle l’espĂ©rait. Comme si les autres personnes autour d’elles ne comptaient pas. 

 

Le chauffeur est restĂ© calme. Comme il l’avait annoncĂ© Ă  plusieurs reprises, son terminus est arrivĂ© Ă  la station Strasbourg/Magenta.  Il n’y avait pas eu d’accident. Tout le monde est descendu. 

Je suis allĂ© voir le chauffeur, alors qu’il continuait de rĂ©pĂ©ter, professionnellement, que cet arrĂŞt Ă©tait terminus. Et qu’un autre bus, qui, lui, irait jusqu’Ă  la Porte de Clignancourt, allait arriver dans trois minutes. Il tenait Ă  ce que tout le monde ait bien entendu l’information.

Lorsqu’il a remarquĂ© que j’Ă©tais près de lui et que j’attendais, il s’est tournĂ© vers moi. Je lui ai dit :

« Félicitations pour votre sang-froid ! ».

Il m’a rĂ©pondu :  » Ah, merci ! Je ne sais pas ce qui se passe….je connais bien cette ligne et je ne sais pas pourquoi les gens sont Ă©nervĂ©s comme ça ».

 

J’ai marchĂ© jusqu’Ă  la gare de l’Est. En m’approchant, j’ai reconnu l’acteur Alex Descas, de dos. J’ai continuĂ© de marcher et j’ai hĂ©sitĂ©. 

Vous ne connaissez pas l’acteur Alex Descas ? Il est le futur dictateur Mobutu dans le film Lumumba de Raoul Peck. Son apparition Ă  la fin du film, après l’assassinat de son « ami » Lumumba Ă©tait glaciale. 

Alex Descas a aussi jouĂ© dans plusieurs films de Claire Denis. Vous ne le trouverez pas dans le dernier Top Gun avec Tom Cruise. Alex Descas a aussi jouĂ© dans Volontaire (2018) de HĂ©lène Fillières. 

 

C’est la seconde fois que je croise Alex Descas par hasard dans Paris. La première fois, c’Ă©tait avant l’existence de mon blog, près du centre Pompidou, non loin d’une salle de cinĂ©ma, le MK2 Beaubourg. LĂ , c’est Ă  la gare de l’Est. Qu’est-ce que je fais ?

 

J’attends un peu. Puis, alors qu’il se dirige vers la gare de l’est et me dĂ©passe, je me rapproche doucement :

« Bonjour, Monsieur Alex Descas… ».

Il s’arrĂŞte. C’est bien lui. Il me salue comme si nous nous Ă©tions dĂ©ja vus. Alors qu’il est impossible qu’il se souvienne de moi. 

Il m’Ă©coute patiemment. Je lui explique que j’aimerais bien faire son portrait pour mon blog. Sur le principe, il semble partant. 

Donc, je lui demande :

« Alors, comment on fait ? ». 

Il me rĂ©pond de contacter son agent, me donne son nom, m’apprend qu’il sera absent durant quelques semaines. 

Il s’agit maintenant de ne pas trop l’importuner. Mais, avant de le laisser, je lui demande s’il accepte que l’on fasse une photo, ensemble. Il accepte facilement. Les smartphones, aujourd’hui, permettent facilement de se photographier avec quelqu’un. 

L’acteur Alex Descas et moi, ce mercredi 1er juin 2022, Ă  la gare de l’Est. Avec nos lunettes, on pourrait presque croire que nous sommes de la mĂŞme famille. Photo©️Franck.Unimon

 

Après le deuxième cliché, je lui dis :

« Vous êtes plus beau que moi ! ».

Il commence à répondre :

« Ce n’est pas une question d’ĂŞtre beau… ». Puis, il comprend que je le taquine.

Alors qu’il tire sa valise Ă  roulettes, je lui souhaite un bon voyage. Il me tape sur l’Ă©paule amicalement avant de s’en aller.

 

Rachida Dati

Article issu du journal « Le Parisien ».

 

 

Rachida Dati force mon admiration pour sa capacitĂ© Ă  s’imposer en politique. Elle ne m’est pas sympathique. Je lui reconnais des aptitudes hors normes dans cet univers très particulier de la politique. Elle est quand mĂŞme celle qui avait rĂ©ussi Ă  effrayer François Fillon alors qu’il Ă©tait encore Premier Ministre, lorsque celui-ci avait envisagĂ© de se prĂ©senter pour devenir maire d’un des arrondissements prestigieux de Paris ! Peut-ĂŞtre l’arrondissement dont Dati est dĂ©sormais la maire. Le 6ème ou le 7ème.

 

De toutes les femmes nommĂ©es Ministre par Nicolas SarkozyDati est, je crois, la seule Ă  s’en sortir. MĂŞme si ValĂ©rie PĂ©cresse ne s’en sort pas trop mal, surtout après ses rĂ©sultats aux dernières PrĂ©sidentielles. Car j’ai vu que, ça y’est, PĂ©cresse avait rĂ©ussi Ă  rembourser ses dettes dues aux Ă©lections PrĂ©sidentielles. Elle a « reçu » plus de trois millions d’euros de dons pour rembourser ses dettes. Elle s’est quand mĂŞme très bien dĂ©brouillĂ©e. Et cela signifie, pour moi, qu’elle survivra. Et si elle survit, cela veut dire qu’elle fera mal Ă  quelqu’un, Ă  un moment ou Ă  un autre. Comme Dati.

 

Cet article trouvĂ© dans le journal Le Parisien m’a très vite interpellĂ© car Dati avait choisi Anne Hidalgo pour ces dernières Ă©lections PrĂ©sidentielles.

En lisant les propos de Dati concernant Anne Hidalgo, je me suis dit :

 » Dati, c’est vraiment un serpent ! ». A part, bien-sĂ»r, envers Nicolas Sarkozy. On dirait qu’en dehors de celui-ci  ( Nicolas Sarkozy ) ou de celle ou de celui qu’il « soutient » ou « protège » que Dati a carte blanche pour Ă©triller qui bon lui semble. Pour moi, Dati fait partie des psychopathes qui ont rĂ©ussi. Elle injecte, sans hĂ©siter, une dose robuste de venin Ă  Anne Hidalgo qui pourrait dĂ©cimer une Ă©curie. 

Je sais que Dati cherche Ă  bâtir la mise Ă  mort, au moins politique, d’Hidalgo. Mais je me demande aussi si Anne Hidalgo persiste Ă  rester parce-qu’extrĂŞmement rigide. Et orgueilleuse. Ce qui ferait, aussi, de Dati une commentatrice lucide.

Si c’est le cas, ce serait un nouveau tour de magie stratĂ©gique de plus de celle-ci si elle parvenait, une fois Hidalgo partie, Ă  devenir maire de Paris Ă  sa place. Car on dirait que personne ne pourrait lui tenir tĂŞte pour devenir maire de Paris. A part peut-ĂŞtre….ValĂ©rie PĂ©cresse

 

Utopie

Pain de la boulangerie Utopie. Photo©️Franck.Unimon

 

C’est un nom bien choisi pour une boulangerie. J’avais arrĂŞtĂ© d’y aller. Et puis, en lisant un article rĂ©cemment sur la fabrication artisanale du pain, j’ai rĂ©entendu parler de la boulangerie Utopie. C’Ă©tait sur mon trajet de mĂ©tro, ce mardi. Alors, j’y suis retournĂ©. Je ne connaissais pas ce pain. Je l’ai goĂ»tĂ© ce matin. Très très bon. Je reviendrai.

 

Franck Unimon, ce mercredi 1er juin 2022. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Addictions

Au bâtiment 21 avec Pierre Sabourin et Claude Orsel

Depuis le pont d’Argenteuil, ce 29 Mai 2022, au matin. Photo ©️Franck.Unimon

 

              Au bâtiment 21 avec Pierre Sabourin et Claude Orsel

 

La semaine dernière, le groupe de Rap PNL (aucun rapport a priori avec la Programmation Neuro Linguistique )  a jouĂ© plusieurs jours de suite au Palais Omnisports de Bercy. Après avoir Ă©coutĂ© cinq titres de leur album Dans la LĂ©gende (sorti en 2016), j’ai changĂ© de Cd pour leur prĂ©fĂ©rer celui de Kool Shen, Sur le Fil du rasoir qui, bien que datĂ© (sorti Ă©galement en 2016), m’a offert deux titres que j’ai réécoutĂ© :

Déclassé et Debout.

Auparavant, le titre Ska du Cap de Marion Canonge, sur son album Mitan (sorti en 2011) m’avait beaucoup parlĂ©. De mĂŞme que la sincĂ©ritĂ© Ă  peu près infaillible de Diam’s dans son album Brut de Femme (sorti en 2003) ainsi que dans ces quelques minutes que j’ai regardĂ©es de son interview rĂ©cente par le journaliste Augustin Trapenard Ă  propos de son documentaire sur sa carrière et sa vie, projetĂ© cette annĂ©e au festival de Cannes, festival- prĂ©sidĂ© cette annĂ©e par l’acteur Vincent Lindon– qui s’est terminĂ© ce samedi 28 Mai.  

 

 

Mais, il m’a nĂ©anmoins fallu Ă©couter l’album solo du pianiste cubain Bebo Valdès (sorti en 2005) – et peut-ĂŞtre aussi dĂ©buter la lecture de Notre corps ne ment jamais d’Alice Miller (paru en 2004)- pour me dĂ©cider Ă  raconter un peu le sĂ©minaire PsychothĂ©rapies, Psychanalyse et Addictions ( P.P.A) Transfert et Contre Transfert  proposĂ© un samedi ( ou deux ?) par mois  par Claude Orsel.

 

A moins que ce ne soit, tout simplement, le fait d’avoir discutĂ© la veille ou l’avant veille, avec un de mes cousins, dont l’ex beau-père a Ă©tĂ© condamnĂ©, Ă  plus de 60 ans, Ă  12 ans de prison, pour agression sexuelle sur l’une des filles de sa compagne. Cela fait deux ou trois fois, maintenant, qu’alors que nous discutons de tout autre chose, que mon cousin a « besoin » de faire allusion Ă   son ex-beau père, qui, dĂ©sormais, est en prison pour ces faits. Lui, qui se donnait en exemple. Mon cousin a du mal Ă  l’admettre, mais, plus de trente ans après avoir atteint sa majoritĂ© et ĂŞtre parti vivre chez lui, il en veut encore Ă  son ex-beau père. Quelques annĂ©es plus tĂ´t, avant tout « Ă§a Â», avant cette condamnation, mon cousin m’avait un jour rĂ©pondu, sĂ»r de lui :

« Tout ça, c’est le passĂ© Â». Comme s’il avait tirĂ© un trait. Un trait ?! Le voici, le trait tirĂ© par mon cousin, cela fait deux ou trois fois, maintenant, en Ă  peu près deux ans, qu’il faut qu’il mentionne, Ă  un moment ou Ă  un autre, le fait que son ex beau-père est en prison…

J’ai de quoi comprendre. J’ai Ă©tĂ©, lĂ , enfant, chez lui. Si son ex- beau-père avait toujours Ă©tĂ© gentil – ou indulgent plutĂ´t- avec moi, j’avais aussi Ă©tĂ© quelque peu tĂ©moin de certaines humiliations qu’il lui avait infligĂ©es. Et, j’ai au moins Ă  peu près un souvenir d’un jour oĂą mon cousin, Ă  dix ou douze ans, s’était dĂ©menĂ© pour se faire aimer de cet homme qui soufflait le chaud et le froid dans cette maison. Mais, moi, je n’étais pas directement concernĂ© par cette tyrannie. Et puis, ça me dispensait de celle de mon propre père, Ă  la maison, alors, je n’avais pas Ă  me plaindre….

Rue de Rivoli, Paris, le 29 Mai 2022 vers 20h50. Photo ©️Franck.Unimon

La dernière fois que j’avais vu l’ex-beau père de mon cousin, c’était, par hasard, Ă  la DĂ©fense, il y a Ă  peu près dix ans. Il ne vivait plus avec ma tante, la mère de mon cousin, depuis des annĂ©es. Il  allait bien. Il vivait avec quelqu’un d’autre. Peut-ĂŞtre avec celle dont la fille, ensuite, s’est plainte d’agressions sexuelles…

 

L’invité de Claude Orsel, ce samedi 19 Mars 2022, c’était Pierre Sabourin. Son nom me disait quelque chose. Je savais que c’était quelqu’un d’important. Mais c’était flou.

 

Pierre Sabourin, psychiatre et psychanalyste, a cofondĂ©, il y a trente ans, le Centre des Buttes Chaumont. Dans ce centre, on reçoit des victimes d’inceste et on « s’occupe Â» des violences intrafamiliales et des thĂ©rapies familiales.

 

Inutile de dire que durant toute  mon enfance et mon adolescence, jamais les mots «psychiatre Â» et « psychanalyste Â» n’ont Ă©tĂ© prononcĂ©s devant moi par quelqu’un de la famille, ou un proche, faisant autoritĂ© ou d’à peu près respectĂ©. Au mieux, « la psychiatrie Â», ça allait avec la folie de celle ou de celui qui avait mal tournĂ©. Et c’était tout ce qui pouvait nous y attendre, Ă  la limite :

Nous retrouver du côté des fous. En quelque sorte ensorcelés par cette croyance, notre destin était ainsi scellé. Mais, chez moi, nous ne pensions pas à la psychiatrie de toute façon. Ou alors, un peu en secret, plus tard, lorsque ma mère évoquerait le fait que mon père était devenu fou au moment de partir faire son service militaire. Mais cela restait un mystère. On pouvait donc devenir fou comme ça ou après avoir été ensorcelé. Comme on attrape un rhume….

Dans l’hĂ´pital Ste Anne, Paris 14ème, ce samedi 19 Mars 2022 au matin. ©️Franck.Unimon

 

Ce samedi 19 mars 2022, un peu avant 9h30, pour assister Ă  ce sĂ©minaire Ă  l’hĂ´pital Ste Anne, Ă  Paris, dans le 14 ème arrondissement, il y avait presque autant de monde qui attendait devant le bâtiment 21 qu’au festival de Cannes ou avant un des concerts du groupe PNL.  

 

Il faisait neuf degrés. Il faisait donc, un peu frais.

 

Bien que Claude Orsel ait appelé l’hôpital, avant son arrivée, ce samedi matin, l’entrée du bâtiment 21 était toujours close à notre arrivée.

 

Claude Orsel est nĂ© en 1937. Praticien depuis les annĂ©es 60, il est l’un des  pionniers, en France, dans le traitement des addictions. C’est seulement depuis deux ou trois ans, que j’ai commencĂ© Ă  rencontrer Claude Orsel. En cherchant Ă  me former aux addictions. En tant que soignant.

La première fois que je me suis rendu aux sĂ©minaires qu’il organise, Monique Isambart est venue raconter son parcours ainsi que cette Ă©poque oĂą, avec Claude, et d’autres, ils s’étaient occupĂ©s de patients toxicomanes, Ă  l’Abbaye, en 1969, dans les beaux quartiers de St-Germain des PrĂ©s. Deux ans avant que Olivenstein ne crĂ©e Marmottan dans le 17ème arrondissement. Je ne connaissais pas du tout l’Abbaye. Je connais un petit peu mieux Marmottan. J’y ai mĂŞme fait quelques remplacements en tant qu’infirmier. Marmottan a fĂŞtĂ© ses cinquante ans Ă  la Cigale en dĂ©cembre de l’annĂ©e dernière. J’y Ă©tais mais je n’ai pas encore pris le temps d’en rendre vĂ©ritablement compte dans un article. ( pour patienter, on peut lire Les cinquante Temps de Marmottan). 

 

Ce samedi 19 Mars 2022,  j’ai Ă©tĂ© admiratif de voir comme Claude Orsel et Pierre Sabourin ont pris ce contretemps, dehors, avec lĂ©gèretĂ© ; discutant, attendant avec nous que l’on vienne nous ouvrir. Et, pour cela, se mettant au soleil avec nous pour se rĂ©chauffer un peu. Ils n’étaient pas Ă  ça près. A plus de 80 ans ! Après tant d’annĂ©es Ă  percevoir des histoires dans tous les sens mais aussi Ă  vivre des expĂ©riences cliniques de fond….

 

Nous pouvons supposer que toutes les portes de ce bâtiment auraient Ă©tĂ© ouvertes avant mĂŞme l’arrivĂ©e du groupe PNL ou de n’importe quelle vedette du festival de Cannes.  Nous pouvons aussi supposer que Claude Orsel et Pierre Sabourin ont dĂ» en rencontrer, des cĂ©lĂ©britĂ©s. Tant dans le monde du spectacle que de la clinique et de la pensĂ©e. Mais ce samedi 19 mars 2022, j’ai sĂ»rement Ă©tĂ© plus contrariĂ© que l’un et l’autre que l’on nous fasse autant attendre pour accĂ©der Ă  l’intĂ©rieur de ce bâtiment. Eux deux semblent avoir Ă  peine remarquĂ© l’incongruitĂ© de notre « sort Â». Et puis, cela ne valait pas la peine de s’attarder sur ce genre de dĂ©tail.

 

Par terre, avant d’entrer dans ce bâtiment 21, j’ai aperçu un article de Georg Simmel : Les grandes villes et la vie de l’esprit.

 

En tout, dans la salle, nous étions huit en incluant Claude Orsel. Quatre femmes et quatre hommes, dont une patiente de Claude Orsel. Ce n’est pas la première fois qu’un patient ou une patiente de Claude Orsel vient assister à ce séminaire. Je le souligne car je suis habitué, dans mon travail, à ce que patients et soignants soient séparés.

 

Pierre Sabourin et Claude Orsel se sont connus en Troisième et en Seconde. Pierre Sabourin a un ou deux ans de plus que Claude Orsel.

 

D’emblĂ©e, Pierre Sabourin, encore debout dans la salle, nous a interrogĂ© Ă  propos des transgenres. « C’est une question Ă  laquelle on n’est pas habituĂ© Â».

 

« J’ai envie de prendre un peu de testostĂ©rone Â» a pu dire une jeune patiente.

 

Le terme « maltraitance Â» n’existait pas dans le vocabulaire lorsque Claude Orsel et Pierre Sabourin faisaient leurs Ă©tudes de mĂ©decine.

 

Direct, voire assez directif, avec la volontĂ© sans doute de trancher afin d’aller Ă  l’essentiel, Pierre Sabourin nous recommande certains ouvrages :

 

La violence impensable, « Introuvable Â» nous dit Sabourin.

 

Quand la famille marche sur la tête qu’il a co-écrit avec Martine Nisse, autre cofondatrice, avec lui, du Centre des Buttes Chaumont.

 

Sandor Ferenczi, un pionnier de la clinique

 

Puis, Sabourin nous recommande « trois livres sans complexe Â» :

 

Mort de honte, la BD m’a sauvé dans lequel Serge Tisseron raconte son viol par sa mère.

 

Le Consentement de Vanessa Springora.

 

La Familia Grande de Camille Kouchner.

 

Asnières sur Seine, ce 29 Mai 2022, au matin. Photo©️Franck.Unimon

 

 

Dans le Petit chaperon rouge de Charles Perrault, «  les loups les plus doucereux sont les plus dangereux Â» nous dit Sabourin. Mais, aussi, «  la menace de mort est toujours prĂ©sente dans les incestes Â» :

 L’auteur(e) de l’agression menace soit la victime de mort ou de se suicider si elle parle pour dĂ©noncer.

 

Sabourin Ă©voque « l’effet hypnotique Â» de la menace de mort sur les victimes. Et poursuit :

« Le mĂ©decin doit ĂŞtre le dĂ©fenseur de l’enfant Â». Le mĂ©decin a devoir de signalement s’il constate un danger pour l’enfant dans son entourage.

 

Sabourin parle de Marceline Gabel, ancienne secrétaire de Serge Lebovici, psychiatre et psychanalyste, décédé. Celle-ci a écrit des livres.

 

Il est fait mention du numéro 154 de la revue Coq-Héron (revue scientifique d’orientation psychanalytique crééé en 1969).

 

Sabourin recommande le livre Dans la maison de l’ogre- quand la famille maltraite ses enfants de Bernard Lempert, « Une merveille d’écriture Â» selon Pierre Sabourin.

 

Sabourin explique :

 

« L’absence d’amour entraĂ®ne l’absence de don qui amène la dette Â».

 

Sabourin parle ensuite, chez la victime de « l’autosacrifice de sa propre intĂ©gritĂ© de pensĂ©e pour sauver ses parents Â».

 

Je découvre que Sabourin connaît très bien des cliniciens hongrois. Ainsi, il est capable de nous donner l’orthographe exacte de Boszormenyi-Nagy Ivan, psychiatre qui a écrit l’ouvrage Invisible Loyalties.

 

Sabourin recommande de relire :

 

 Sándor Ferenczi, un pionnier de la clinique 

 

Totem et Tabou de Freud

 

« La loi de Lacan, c’est la loi du langage Â» nous dit Sabourin. « On fait appel Ă  la police quand la loi symbolique n’a plus d’effet Â».

 

Sabourin nous recommande la lecture de Le Petit homme-coq de Sándor Ferenczi.

 

Est-ce en parlant de Le Petit homme-coq de Ferenczi et/ou de Le petit Hans de Freud que Sabourin parle « d’identification Ă  l’agresseur Â» ?

 

Il est demandĂ© Ă  Sabourin quels sont quelques uns des signes qui peuvent faire penser qu’un enfant a Ă©tĂ© abusĂ©. La rĂ©ponse de Sabourin :

 

Lorsque l’enfant se masturbe tout le temps, tape, frappe, tripote les gens…

 

 

Un dessin d’enfant peut être une preuve clinique et peut être envoyé au procureur.

 

Autrefois, l’enfant Ă©tait le « domaine Â» de la femme et de la mère. Il y avait une grande importance de la nounou.

 

« Le silence structure les familles Â» nous dit Sabourin. « Du ciment dans lequel on met les pieds ? Â» remarque une des participantes du sĂ©minaire.

 

 

«  La Terre a marchĂ© sur un certain nombre de mensonges Â» nous dit Claude Orsel.

 

Sabourin nous recommande l’ouvrage Le Mystère Freud, psychanalyse et violence familiale de Giovanna Stoll et Maurice Hurni, aux éditions L’Harmattan.

 

 

Sur le site de la sécurité sociale, depuis quelques mois, une attention est portée en matière de prévention sur les 1000 premiers jours de l’enfant est-il dit lors de ce séminaire.

 

« La haine de l’amour Â». Cette expression est employĂ©e par quelqu’un toujours lors de ce sĂ©minaire mais j’ai oubliĂ© l’auteur(e) de cette expression. 

J’ai parlĂ© de l’artiste et chanteuse rĂ©unionnaise, Ann O’Aro, abusĂ©e par son père et qui en parle dans son premier album ( Ann O’Aro). Quelques personnes ont pris ses « rĂ©fĂ©rences ». 

Cependant, je ne connaissais aucun des ouvrages citĂ©s par Sabourin. Et n’en n’avais, et n’en n’ai encore lu aucun. Je connaissais Ferenczi, Freud et Tisseron de nom. J’ai peut-ĂŞtre lu un ouvrage  ou deux de Tisseron

Sabourin m’a toutefois confirmĂ© que le livre Le Berceau des dominations de Dorothee Dussy, livre dont j’avais entendu parler rĂ©cemment, et que je venais de commander, est Ă  lire.

Sabourin me confirme aussi que, souvent, lorsque des professionnels de la SantĂ© se retrouvent face Ă  une situation d’inceste qu’ils se demandent en quelque sorte :

« Pourquoi, c’est tombĂ© sur moi ?! ». Tant ces professionnels peuvent ĂŞtre dĂ©semparĂ©s devant ce genre de situation. Je ne me sens pas particulièrement Ă  l’aise, personnellement, devant des situations d’inceste que je pourrais rencontrer au travail. 

L’inceste ( au mĂŞme titre, sans doute, que la pĂ©dophilie, mais pour d’autres raisons) est une « particularité » de la clinique qui peut dĂ©sarmer ou Ă©garer bien des professionnels de la SantĂ©. 

Je comprends que la pratique d’un Pierre Sabourin ou d’un Claude Orsel repose, aussi, sur un armement intellectuel « lourd Â». Armement ou ossature dont je suis dĂ©pourvu, contrairement sans aucun doute Ă  plusieurs des autres participantes et participants de ce sĂ©minaire. Sur les 8 personnes prĂ©sentes ce samedi 19 Mars 2022, 6 sont des thĂ©rapeutes (psychothĂ©rapeutes, psychanalystes, psychiatres), 1 est une patiente. Je suis infirmier en psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie. Je lis mais assez peu ces ouvrages citĂ©s par Sabourin. Et je ne suis pas formĂ© Ă  la psychanalyse. 

 

Il faudrait aussi parler de la moyenne d’âge des participantes et participants. J’aurai 54 ans, cette année. L’ensemble des participantes et participants m’a semblé plus âgé que moi en moyenne de quelques années. Certaines des participantes connaissent Claude Orsel depuis vingt, trente ans, voire davantage.

 

La psychanalyse, un peu comme l’AĂŻkido, a perdu de sa reconnaissance mĂ©diatique. Son nombre d’adhĂ©rents diminue. En plus, il s’agit d’une discipline difficile Ă  « maitriser Â» comme Ă  intellectualiser.

Il lui est prĂ©fĂ©rĂ© des « protocoles Â» ou des techniques prĂ©sentĂ©es comme plus rapides Ă  utiliser, plus efficaces et aux rĂ©sultats plus concrets.

Je sais que lire et la thĂ©orie ne font pas tout. On peut ĂŞtre très « bon Â» en thĂ©orie ou pour un travail administratif. Et ĂŞtre complètement inadĂ©quat pour la pratique. Pourtant, lorsque la psychanalyse est servie par des personnes comme Pierre Sabourin ou Claude Orsel, il me semble plus difficile de la contredire ou de la dĂ©shĂ©riter.

 

Le prochain séminaire proposé par Claude Orsel se déroulera ce samedi 4 juin 2022 avec Patrick Declerck qui vient d’écrire Sniper en Arizona.

 

J’aurais d’autant plus voulu ĂŞtre prĂ©sent que Patrick Declerck – formĂ© Ă  la psychanalyse- avait donnĂ© un cours Ă  ma promotion. Il me reste des souvenirs de son intervention. C’Ă©tait il y a plus de trente ans. A la fin des annĂ©es 80, en pleine Ă©pidĂ©mie du Sida, Ă  l’Ă©poque oĂą François Mitterand Ă©tait PrĂ©sident de la RĂ©publique. L’hĂ´pital de Nanterre s’appelait peut-ĂŞtre encore la maison de Nanterre. 

 

Mais je serai en stage avec mon club d’apnée, ce samedi 4 juin.

Rue de Rivoli, Paris, 30 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

Franck Unimon, ce mercredi 1er juin 2022.

 

 

 

 

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Corona Circus Voyage

Les Portes ouvertes des Frigos de Paris ce dimanche 22 Mai 2022

Devant les Frigos, le 12 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

Les Frigos, ce 12 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

Les Frigos, le 12 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

 

Les Frigos, le 12 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

 

Les Frigos, le 12 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

 

Les Frigos, le 12 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

 

 

Les Frigos, ce dimanche 22 Mai 2022 vers 18h. ©️Franck.Unimon

 

 

 

Les Portes ouvertes des Frigos ce dimanche 22 Mai 2022

Un des documents affichĂ©s que l’on peut voir Ă  un des Ă©tages des Frigos ce dimanche 22 Mai 2022.

 

 

Pareil au document ci-dessus.

 

 

Idem.

 

 

Idem. Je confirme le fait que ce lieu est très cinématographique.

 

Je suis retourné aux anciens Frigos de Paris, dans le 13ème arrondissement de Paris, ce dimanche 22 Mai 2022 parce-que, quelques jours plus tôt, le 12 Mai, j’ai raté un bus.

 

Et que j’ai pris le suivant avec B… un des artistes rĂ©sidents depuis une vingtaine d’annĂ©es. Après son père. Lequel B… m’a parlĂ© de ces portes ouvertes du 21 et du 22 Mai 2022.

 

J’étais venu la première fois aux Frigos au début des années 90. Un camarade de la Fac de Nanterre m’avait parlé de ses studios de répétition de musique. Un camarade plutôt sympathique mais aussi étonnant, peut-être mythomane. Néanmoins, ce qu’il m’avait dit des Frigos m’avait donné envie d’y aller.

 

La ligne 14, ce dimanche 22 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

J’habitais encore Ă  Cergy-Pontoise. J’étais descendu Ă  la station de mĂ©tro du Quai de la gare. La ligne 14 du mĂ©tro n’existait pas. Les lieux m’avaient Ă©patĂ© avec leurs grosses portes de frigo. Leur atmosphère. J’avais trouvĂ© un lieu qui sortait des contours de l’ordinaire. Je m’étais alors senti moins lisse, moins scolaire. MĂŞme si je ne savais pas quoi faire de cette « dĂ©couverte Â» qui n’en n’était pas une pour d’autres.

 

NĂ©anmoins, content de moi, j’y avais emmenĂ© ma copine de l’époque. Laquelle, intimidĂ©e, m’avait dit :

 

« C’est bon, tu as rĂ©ussi ton coup. Ça me fait peur. Maintenons, partons ! Â». C’était en 1992 ou en 1993.

 

Puis, il y a un peu plus de cinq ans, je me suis approché à nouveau des anciens Frigos de Paris. Lesquels, entretemps, m’avaient semblé plus inaccessibles qu’au début des années 1990.

 

Sauf lorsque j’avais appris que StĂ©phane Bourgoin, alors encore spĂ©cialiste français incontournable des tueurs en sĂ©rie (en 2020, il fut confondu pour plusieurs de ses mensonges ) y organisait, sous les voutes, près des anciens Frigos de Paris, un Ă©vĂ©nement relatif Ă  ce sujet. 

C’était après la parution du livre Utθya, en 2013, de Laurent Obertone « consacrĂ© Â» Ă  la  tuerie de masse commise en Norvège, Ă  Oslo et sur l’île d’Utθya, par Anders Breivik en 2011. Je me rappelle de StĂ©phane Bourgoin Ă©voquant ce livre devant moi avec un certain enthousiasme et de mon embarras : je ne l’avais pas lu malgrĂ© mon « intĂ©rĂŞt » pour la criminologie et alors que je l’avais interviewĂ© (StĂ©phane Bourgoin) deux fois deux ou trois ans plus tĂ´t.

 

J’avais trouvĂ© les salles des voutes des anciens Frigos de Paris très bien ajustĂ©es Ă  l’Ă©vĂ©nement, question ambiance. Une nuit cinĂ©ma y avait mĂŞme Ă©tĂ© organisĂ©e. Durant l’une des journĂ©es de cet Ă©vĂ©nement consacrĂ© aux tueurs en sĂ©rie, je me rappelle de certains intervenants, dont un magistrat. Et d’un inspecteur de police qui avait croisĂ© Richard Durn, auteur de la tuerie de la mairie de Nanterre, lors d’un conseil municipal,  après son arrestation. J’avais connu Richard Durn au lycĂ©e de Nanterre et j’avais passĂ© quelques moments avec lui. Je me souviens assez bien de lui. ( Au LycĂ©e ).

Dans les voutes proches des frigos, des livres et des bandes dessinĂ©es avaient Ă©galement Ă©tĂ© mis en vente avec possibilitĂ© de dĂ©dicace. Dont Mon ami Dahmer de Derf Backderf. Cela devait ĂŞtre en 2013 ou 2014.

Pour un peu toutes ces raisons, retourner ce dimanche 22 Mai 2022 aux anciens Frigos, revenait aussi à retourner dans mon passé.

 

 

Plusieurs des artistes rencontrĂ©s, visitĂ©s, ce dimanche, Ă©taient dĂ©ja rĂ©sidents aux Frigos lors de ma première venue au dĂ©but des annĂ©es 90. C’est en discutant un peu avec eux que je l’ai appris. Car ce dimanche 22 Mai, pas de tueur en sĂ©rie ou d’odeur de poudre lorsque j’arrive. Une ambiance agrĂ©able. Plusieurs personnes sont attablĂ©es, dehors, dans la cour intĂ©rieure pavĂ©e et prennent un verre. Mais je ne peux pas m’asseoir avec elles. Puisque j’arrive plus tard que prĂ©vu et je ne sais pas combien de temps il me reste pour « entrer » dans les Frigos. En passant, je vois que j’ai ratĂ© un concert de Rap mais aussi une prestation de poĂ©sie.

Si le public que j’aperçois est assez fĂ©minin, on vient aussi Ă  ces portes ouvertes en famille. La veille, je suis allĂ© au Survival Expo Paris 2022. Ce qui m’a amenĂ© Ă  venir seulement ce dimanche.J’ai envisagĂ© de venir le matin avec ma fille mais les devoirs pour l’Ă©cole ont pris plus de temps que prĂ©vu. Et puis, je me suis demandĂ© si cet endroit lui conviendrait. Oui, il aurait pu convenir car j’ai croisĂ© quelques parents avec leurs enfants.

J’arrive sur la fin de ces portes ouvertes. Il est près de 18h et j’ai le plaisir d’apprendre que cela se terminera à 20H. J’appréhendais que cela ne s’arrête plus tôt.

 

Si je passe d’abord par le premier et le second étage, j’opte ensuite assez rapidement pour monter (par les escaliers, plutôt que par l’ascenseur qui fonctionne) le plus haut possible. Au 4ème et au 5ème étage.

 

Comme il y a un peu de visiteurs et qu’il fait beau, au mois de Mai, je ne ressens pas cette atmosphère inquiétante que j’avais trouvée la première fois où il faisait sombre ou nuit, alors que pas grand monde ne circulait dans les escaliers et les couloirs.

Les photos qui arrivent ne suivront pas toujours avec exactitude la chronologie de ma visite ce dimanche 22 Mai 2022. 

 

©️Franck.Unimon

 

 

©️Franck.Unimon

 

 

©️Franck.Unimon

 

©️Franck.Unimon

 

Ici, j’ai reçu gracieusement des conseils concernant le montage. ©️Franck.Unimon

 

©️Franck.Unimon. La suite de la photo prĂ©cĂ©dente. On peut voir qu’il est alors 18H50. Il reste un peu plus d’un heure. Il y a 5 Ă©tages Ă  monter ( je me suis passĂ© de l’ascenseur) et je ne sais pas combien d’ateliers sont ouverts.

 

 

 

L’artiste Marquat, peintre et sculpteur. ©️Franck.Unimon

 

 

Sculptrice, cĂ©ramiste, peintre, Isabelle Mouedeb est Ă©galement art-thĂ©rapeute et pĂ©dagogue. J’ai Ă©tĂ© particulièrement attirĂ© par ses sculptures en cĂ©ramique pour lesquelles elle utilise  » deux techniques principales : le raku et l’enfumage. Sur un prospectus qu’elle m’a remis, ces deux techniques, que j’ai dĂ©couvertes, sont expliquĂ©es. Il n’y a rien d’Ă©tonnant dans le fait que la technique du Raku m’ait plu puisque je suis amateur de thĂ© japonais et avais ramenĂ© de mon voyage au Japon une tasse de thĂ© en cĂ©ramique sans aucun doute fabriquĂ©e avec cette technique.

Les oeuvres au premier plan sont d’Isabelle Mouedeb. ©️Franck.Unimon

 

Oeuvres d’Isabelle Mouedeb. ©️Franck.Unimon

 

 

Oeuvres d’Isabelle Mouedeb. ©️Franck.Unimon

 

 

 

 

©️Franck.Unimon

 

©️Franck.Unimon

 

©️Franck.Unimon

 

©️Franck.Unimon

 

Saint Chaffray est sculpteur. ©️Franck.Unimon

 

 

©️Franck.Unimon

 

©️Franck.Unimon

 

Oeuvres de Saint Chaffray. ©️Franck.Unimon

 

 

Oeuvres de Saint Chaffray, sculpteur. ©️Franck.Unimon

 

 

Traits d’humour de l’artiste Sacha ©️Franck.Unimon

 

 

L’artiste Sacha. ©️Franck.Unimon

 

©️Franck.Unimon

 

 

La voisine d’Ă  cĂ´tĂ©. ©️Franck.Unimon

 

 

Oeuvres de l’artiste peintre France Mitrofanoff. ©️Franck.Unimon

 

 

France Mitrofanoff m’a proposĂ© de me prendre en photo devant ses oeuvres. Je ne pouvais pas refuser. Photo faite par France Mitrofanoff.

 

 

©️Franck.Unimon

 

 

©️Franck.Unimon

 

 

 

 

 

 

 

La galerie de l’Aiguillage. ©️Franck.Unimon

 

 

La galerie de l’Aiguillage.

 

 

Photo d’Alain Lepagnot dans les Ă©tages.

 

 

 

 

 

Dans la galerie de l’Aiguillage.

 

 

 

Fresque POP Graffiti par JO DI BONA réalisée en 12h Live Sans solvant ni Produit toxique Exposition Mars 2017 AIGUILLAGE Photo ce dimanche 22 Mai 2022, ©️Franck.Unimon

 

 

 

 

 

Photo ©️Franck.Unimon

 

 

A droite, Patrik  » T » Thouroude, à gauche, au piano, Patrizio. ©️Franck.Unimon

 

©️Franck Unimon, ce mardi 24 Mai 2022

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Corona Circus Survie

Survival Expo Paris 2022

Survival  Expo Paris 2022 et Vivre Autonome

 

Le Contexte

 

 

 

 

Sans la lecture, deux heures plus tôt, de quelques articles du magazine Yashima (très bonne interview de Didier Beddar par Léo Tamaki) puis du magazine Survivre, j’aurais raté cette édition de Survival Expo Paris 2022 et de Vivre Autonome.

 

Paris, Porte de la Villette, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

 

Deux Ă  trois semaines plus tĂ´t, en commençant la lecture du magazine Survivre,  j’avais appris- puis, finalement, oubliĂ©- le « retour Â» de cette exposition, disparue pendant deux ans, pour cause de….pandĂ©mie du Covid et de confinement.

 

En France, en Mars 2020, la dĂ©claration de la pandĂ©mie du Covid par le PrĂ©sident Emmanuel Macron -et de son gouvernement-  avait marquĂ©. Car cette dĂ©claration avait Ă©tĂ© suivie de mesures qui avaient alors transformĂ© radicalement notre mode de vie :

 

Le premier confinement ; les gestes et mesures « barrière Â» ; la pĂ©nurie puis l’arrivage de masques anti-Covid avec leur port rendu obligatoire ; la fermeture des Ă©coles ; l’interdiction ou la rĂ©duction des lieux de rassemblent ; les premiers vaccins anti-Covid ont commencĂ© Ă  arriver  fin 2020 bien plus rapidement que la « normale Â». D’abord laissĂ©s au libre arbitre de chacun, ils sont ensuite devenus obligatoires au mĂŞme titre que le passe sanitaire en Ă©tĂ© 2021.

 

Depuis octobre 2021,  des professionnels fonctionnaires de l’Etat, au contact du public, qui ont maintenu leur refus de la vaccination anti-Covid, devenue obligatoire,  sont suspendus sans salaire de leurs fonctions par l’Etat.  

 

Aujourd’hui, la pandémie du Covid est officiellement mieux régulée, mais aussi plus atténuée.

 

Il y a presque un an, maintenant, (depuis juin 2021 si mes souvenirs sont exacts), que nous avons commencĂ© Ă  « sortir Â» des règles   strictes :

 

En matière de pĂ©rimètre gĂ©ographique de dĂ©placement (qui a pu ĂŞtre limitĂ© Ă  50 kilomètres autour de notre domicile sauf pour certaines raisons justifiables et officielles) ; concernant certains horaires de fermeture (les commerces ou administrations fermaient plus tĂ´t lorsqu’ils avaient l’autorisation d’être ouverts) ;  Avant le dĂ©but des Ă©lections prĂ©sidentielles en avril de cette annĂ©e, le passe sanitaire a cessĂ© d’être obligatoire dans les lieux publics. Et, depuis ce 16 Mai, nous pouvons, Ă  nouveau, nous dispenser du masque anti-Covid dans les transports en commun. Cependant le masque anti-Covid est recommandĂ© en pĂ©riode d’affluence ou si l’on se sait porteur de la maladie du Covid.

 

Depuis bientĂ´t trois mois, nous sommes informĂ©s de la guerre en Ukraine  par l’invasion au moins militaire de l’armĂ©e russe le 24 fĂ©vrier. Il y a d’autres guerres et d’autres troubles de par le monde. Mais la guerre en Ukraine nous concerne directement nous rappelle-t’on rĂ©gulièrement.  Pour ĂŞtre approvisionnĂ© en pĂ©trole mais aussi en cĂ©rĂ©ales et en diverses autres matières premières. Le prix de l’essence a augmentĂ© depuis le dĂ©but de la guerre en Ukraine deux mois. Le prix du litre de l’essence est dĂ©sormais proche de 2 euros le litre ou dĂ©passe les deux euros selon les stations essence.  

 

Et, puis, au travers de la guerre en Ukraine, plane le risque d’une troisième guerre mondiale et, avec elle, celle de l’éventualité qu’une bombe nucléaire explose, à un moment ou à un autre. La France, le pays où je vis et depuis lequel j’écris, fait partie des pays qui soutiennent l’Ukraine au moins militairement.

Photo prise à la gare de Paris St Lazare, ce 21 ou ce 22 Mai 2022. « ©️Franck.Unimon ».

 

Pour se changer les idées, on sort parfois un peu prendre l’air. Car il commence à faire beau. Où l’on suit certains événements culturels ou sportifs qui bénéficient d’une certaine couverture médiatique internationale. Le festival de Cannes a débuté le 17 Mai et se terminera le 28 Mai. Le Tournoi de Roland Garros a commencé le 22 Mai et se terminera le 5 juin. Mais il nous est aussi rappelé que le réchauffement climatique se perpétue et perturbe la Terre. Que les températures sont excessivement élevées. Qu’il y a déjà la sécheresse dans une quinzaine de départements françaises où les nappes phréatiques sont au plus bas ainsi que dans certaines régions du monde où les températures montent jusqu’à 50 degrés.

 

C’est dans ce contexte que je me rends pour la première fois Ă  Survival Expo, prĂ©sentĂ©e comme une manifestation pour « survivalistes Â». Et, je m’aperçois maintenant qu’avec toutes ces nouvelles alarmantes, j’aurais dĂ», avec des milliers d’autres, me catapulter, dès l’ouverture, Ă  ce Survival Expo. Pourtant, j’ai fait l’exact contraire. Je me suis mĂŞme permis d’oublier cette manifestation.

 

Photo prise ce dimanche 22 Mai 2022, dans le métro, ligne 14. ©️Franck.Unimon

 

Est-ce de l’inconscience, de la naĂŻvetĂ© totales de ma part ? Suis-je complètement, et dĂ©sespĂ©rĂ©ment, abruti, suicidaire ou bĂ©atement- et de façon ridicule- optimiste ? Avant de partir pour le Survival Expo, j’ai mĂŞme envie d’emporter avec moi le livre de Victoire Tuaillon afin de vĂ©ritablement commencer Ă  le lire. Un ouvrage fĂ©ministe qui parle de la façon dont se fabrique l’identitĂ© masculine et la façon dont cela affecte les relations entre les femmes et les hommes.

 

Mais, finalement, je retire le livre du sac en me disant qu’il prend de la place et que je ne serai pas suffisamment rĂ©ceptif pour bien profiter de sa lecture.

Depuis la façon de penser d’une personne dite « complotiste Â», je suis certainement très mal parti pour m’en sortir en cas de mort subite de l’univers. Et, sans doute que selon cette catĂ©gorie de personne, dite « complotiste Â»,  je fais partie du troupeau de gogos qui sera dĂ©cimĂ© dès le dĂ©but de la grande catastrophe qui va bien finir par arriver. D’ailleurs, mon extinction, et celle d’autres gogos tout aussi inconscients, laissera un peu plus de place pour celles et ceux qui restent. Et, en particulier, pour les « vraies Â» personnes mĂ©ritantes. Les personnes innocentes ( les bĂ©bĂ©s, les enfants) et celles et ceux qui ont vu venir le pĂ©ril, qui l’avaient d’ailleurs annoncĂ©, qui s’y sont prĂ©parĂ©s, et qui ont Ă©tĂ© ignorĂ©es ou ont pu ĂŞtre mĂ©prisĂ©es par tout une autre catĂ©gorie de personnes beaucoup trop sĂ»res d’elles et bien moins informĂ©es qu’elles ne le croyaient ou l’affirmaient.

 

Survivaliste/Complotiste, il convient maintenant de s’attarder sur ces deux mots qu’il faut sans doute voir comme une des nombreuses facettes ou dualités de l’être humain.

 

Survivaliste/ Complotiste

 

Depuis la pandĂ©mie du Covid, le terme « survivaliste Â» peut, par moments, se confondre, Ă  tort, avec le terme « complotiste Â».

 

Parce-que le gouvernement a pris certaines mesures face à la pandémie du Covid (confinement, restriction de certaines libertés individuelles, obligation vaccinale…) mais aussi montré une impréparation ou une incompétence ( pénurie de masques au début de la pandémie…) qui ont provoqué un scepticisme virulent et croissant chez certaines personnes ou groupes de personnes.

 

 Au cinĂ©ma, des figures telles que Rambo, James Bond, Jason Bourne, Captain America, Batman, Spiderman, John Wick,  ou Wonder Woman et Lara Croft sont des figures survivalistes « positives Â». A l’inverse, dans la vraie vie, la personne « survivaliste Â» peut vite ĂŞtre cataloguĂ©e comme Ă©tant une personne paranoĂŻaque ou raciste ou fasciste au mĂŞme titre que la personne dite « complotiste Â».

 

Le terme « survivaliste Â», selon moi, divise. TantĂ´t, on peut lui trouver des vertus du bout des lèvres. TantĂ´t, il peut susciter une certaine forme de sarcasme.

Le terme « complotiste Â», lui, me paraĂ®t plus mal perçu que celui de « survivaliste Â».

Mon ticket de ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

L’évĂ©nement dont je parle Ă©tant le Survival Expo Paris et non le Complotiste  Expo Paris, je vais bien-sĂ»r principalement parler de mon expĂ©rience du Survival Expo Paris.

 

Lorsque je pense Ă  la mauvaise connotation que peut avoir le terme « survivaliste Â», j’ai   un peu l’impression que la personne survivaliste serait un peu l’équivalent du « bouseux Â», au fin fond des Etats-Unis, davantage complice avec ses armes Ă  feu, -obtenues en toute lĂ©galitĂ© Ă  des tarifs dĂ©fiant toute concurrence-  qu’avec la Loi et l’amour de son prochain.

 

« Bouseux ?! Â» :

 

Dans ma première version, cette partie « Bouseux ?! Â» n’existait pas. Je la dois Ă   une personne, rencontrĂ©e Ă  la fin de ma visite du Survival Expo Paris 2022, et qui a prĂ©fĂ©rĂ© rester inconnue. 

 

En lisant le mot « Bouseux Â», cet inconnu a rĂ©agi, le trouvant sans doute trop pĂ©joratif.

 

J’ai d’abord été un peu contrarié par sa remarque. Lorsque l’on passe du temps sur la rédaction d’un article et que le résultat nous semble à peu près responsable et satisfaisant, et que l’on est assez pressé de le publier, pour être un peu dans l’actualité mais aussi parce-que notre emploi du temps a ses contraintes et que l’on aimerait concrétiser d’autres projets, il peut être d’abord contrariant de devoir constater que l’on n’est pas suivi dans notre élan comme on l’aurait souhaité. Et que, à nouveau, on va devoir se limiter, se censurer, se justifier. Et retravailler.

 

Mais rĂ©pondre Ă  la remarque de cet inconnu m’a permis de mieux rĂ©flĂ©chir au sens du mot « Bouseux Â». Et, de mieux, expliquer, dĂ©montrer, les raisons pour lesquels je l’utilise dans cet article. 

 

Je restitue- Ă  quelques corrections près- ce que j’ai spontanĂ©ment rĂ©pondu Ă  cet inconnu, en le remerciant Ă  nouveau pour m’avoir interpellĂ© Ă  propos de ce terme :

 

« Le terme « bouseux » est en effet pĂ©joratif : je l’utilise ici prĂ©cisĂ©ment pour parler des prĂ©jugĂ©s que l’on peut avoir ou que l’on pourrait avoir lorsque l’on parle des survivalistes. Il s’agit de retourner le prĂ©jugĂ©. Puisque, ensuite, mon article dĂ©montre que je n’ai croisĂ© au Survival que des personnes  » a priori » très correctes. 

 En tout cas, l’idĂ©e est bien de parler de prĂ©jugĂ©s vis-Ă -vis d’une catĂ©gorie de personnes dont le mode de vie nous est Ă©loignĂ© : ici, c’est l’opposition très classique entre la campagne et la ville lorsque je parle de « bouseux ». Tout en sachant qu’Ă©videmment, nous avons tous en nous un cĂ´tĂ© « bouseux ». Mais, aussi, tout intĂ©rĂŞt Ă  en avoir un.  Sourire.

On peut aussi se rappeler, mais, Ă©videmment, je te le dis maintenant parce-que tu m’interpelles Ă  propos de ce terme de « bouseux » et que cela m’oblige Ă  dĂ©tailler la raison pour laquelle j’ai choisi ce terme plutĂ´t qu’un autre :

qu’un « bouseux » ou une « bouseuse », c’est une personne qui met sa main dans la boue ou dans la merde. Quelqu’un qui se mouille et qui s’implique et qui fait en sorte que les choses se font. Et non quelqu’un qui passe son temps Ă  faire la belle ou le beau Ă  la tĂ©lĂ©, en sociĂ©tĂ© ou devant un micro.  Donc, le terme est « pĂ©joratif », oui. Mais dans les faits, il l’est moins qu’on ne le croit. 

Je ne connais pas l’Ă©tymologie du mot « bouseux » ni qui a inventĂ© ce terme. Mais l’on peut penser qu’il a Ă©tĂ© créé par une personne d’un milieu social supĂ©rieur et/ou citadin. 

Lorsque je dis « bouseux », vu que ta remarque me pousse Ă  rĂ©flĂ©chir sur le sens de ce terme, je me dis que l’on peut remplacer le mot « bouseux » par le mot « éboueur », ou  » ouvrier », ou « infirmier » ou « caissier » ou manutentionnaire, soit une grande partie, finalement, de personnes de classes sociales modestes, dĂ©favorisĂ©es ou moyennes qui ont souvent, principalement, leurs mains, leur vitalitĂ© physique, leur  dĂ©brouillardise, leur endurance, mais aussi leurs « astuces », leur système D, leur solidaritĂ©, leurs croyances et leurs valeurs, aussi, afin de faire face au monde et Ă  la vie. 

Le « bouseux » est aussi celui qui ne se dĂ©file pas parce-que, de toute façon, il ne peut se dĂ©filer. Son travail ou son devoir, il sait qu’il le fera. Soit parce-que personne d’autre ne viendra le faire Ă  sa place. Soit parce-que la Loi saura venir lui rĂ©clamer des comptes. 

Le « bouseux » est aussi celle ou celui qui n’a pas de passe-droit. 

Dit comme ça, j’imagine que l’expression « bouseux » (te) dĂ©rangera moins. Peut-ĂŞtre ou sans doute devrais-je rajouter cette partie dans mon article Ă  propos du terme « bouseux ». Je le ferai sans doute. Car je crois que c’est important.

Ensuite, je ne pourrai pas détailler chacun de mes termes comme je le fais pour le terme « bouseux ». Sourire.

Je n’ai rien contre la campagne. J’ai des origines campagnardes. Et, Ă  mon avis, des personnes entraĂ®nĂ©es Ă  la vie Ă  la campagne ont des aptitudes Ă  la survie supĂ©rieures Ă  la majoritĂ© des citadins, dont je fais partie, qui ont oubliĂ© ou qui ignorent le Ba-ba de la survie Â».

 

Voici donc, en grande partie, ce que j’ai rĂ©pondu Ă  cette personne pour justifier et quasiment revendiquer l’emploi du terme « bouseux Â».

 

Puis, quelques heures sont passĂ©es. J’ai dĂ©cidĂ© de reprendre la rĂ©daction de cet article en passant par une Ă©tape très classique lors de l’usage d’un mot : Le dictionnaire. Dans son format papier. Car j’ai un vieux dictionnaire Robert, chez moi, depuis des annĂ©es. Aussi, je regarde le terme « Bouseux Â» en me disant presque qu’étant donnĂ© que ce terme est une fabrication, que je ne vais peut-ĂŞtre pas trouver son Ă©tymologie. Je cherche et je trouve :

 

« Bouseux. Nom masculin-bousoux 1885 ; mot de l’ouest ; de bouse. Familier et pĂ©joratif. Paysan Â».

 

En lisant ça, je me dis d’abord que cela contredit ma rĂ©ponse. J’ai parlĂ© de boue. On parle de bouse. Et puis, je me souviens d’un seul coup, de souvenirs de colonie de vacances, Ă  la campagne, donc. Et du fait de sentir ou de marcher dans la bouse de vache. J’avais oubliĂ©. L’expĂ©rience concrète de la bouse de vache. Son odeur comme sa substance. Parler de « bouse Â» ou de « bouseux Â» n’a effectivement rien d’élogieux.

 

Pourtant, tout ce que j’ai racontĂ© sur le fait de « mettre sa main dans la merde Â», comme sur l’impossibilitĂ© de se dĂ©filer, pour le bouseux ou celle ou celui qui peut lui ĂŞtre apparentĂ© (celle ou celui qui a peu de pouvoir Ă©conomique, social ou qui doit exĂ©cuter ce que lui dicte ou lui ordonne une instance supĂ©rieure) continue de tenir.

D’ailleurs, si l’on parle de bouse, le mĂ©tier que j’exerce, celui d’infirmier en psychiatrie et en pĂ©dopsychiatrie, consiste aussi, si nĂ©cessaire, Ă  mettre sa main dans la merde, la pisse ou le sang.

 

Le terme « bouseux Â» est pĂ©joratif parce qu’on l’enferme uniquement dans l’action d’être au contact de certaines matières ou substances dont, spontanĂ©ment, on prĂ©fère Ă©viter le contact. Il ne l’est plus s’il est « rĂ©vĂ©lĂ© Â» ou « rappelĂ© Â» ce que cette action a de salutaire ou de bĂ©nĂ©fique pour le plus grand nombre.

 

C’est parce que l’importance du travail de paysan a été oubliée et méprisée, qu’il y a eu cette scission entre la campagne et la ville. Et que certains maux existent aujourd’hui en termes de pénurie ou de dépendance alimentaire. Et demain.

C’est parce-que l’importance de certains métiers a été oubliée et méprisée ou est oubliée et méprisée que d’autres maux se sont installés dans notre société.

 

Aujourd’hui, le terme « bouseux Â» n’est plus cantonnĂ© Ă  la seule fonction et condition de paysan. Et, il n’y a pas que les « gilets jaunes Â» ou les « sans dents Â» qui doivent ou qui peuvent, seulement, se sentir concernĂ©s par le terme de « bouseux Â».

 

Paradoxalement, peut-ĂŞtre, et sans doute, aussi, avec un certain esprit de provocation, j’en viendrais presque Ă  revendiquer ma condition de « bouseux Â». Car, comme n’importe quel « bouseux Â», c’est en travaillant et en persĂ©vĂ©rant, que j’ai acquis et accomplis le « peu Â» que j’accomplis.

 

NĂ©anmoins, les personnes se rendant au Survival Expo auraient un profil très diffĂ©rent de celui du « bouseux Â».

Photo prise ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

Le profil supposé des personnes se rendant au Survival Expo

 

 

Avant de me rendre au Survival Expo, j’avais lu que le profil des personnes qui s’y rendent serait généralement celui d’hommes de 35-40 ans, plutôt cadres supérieurs.

 

Et, j’avais Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© d’apprendre que des cadres supĂ©rieurs seraient majoritaires au Survival Expo :

 

Car cela ne collait pas avec l’idĂ©e première que je me faisais du « bouseux Â» qui resterait sur ses terres et y dicterait sa Loi avec les siens depuis plusieurs gĂ©nĂ©rations.

 

Mais « cadres supĂ©rieurs Â» ou pas, complotistes ou pas, le contexte fait que n’importe qui, sensible Ă  son environnement et un peu attachĂ© Ă  son avenir ou Ă  celui de ses proches, peut se dire qu’au lieu d’attendre, qu’il convient de commencer Ă  se prĂ©parer au pire. Afin d’être le moins possible pris au dĂ©pourvu lorsque ce pire arrivera. Puisque beaucoup de signes et de paramètres (le contexte Ă©voquĂ©) contribuent Ă  nous informer de la probabilitĂ© croissante de ce pire :

 

La pandĂ©mie du Covid et son confinement ; le rĂ©chauffement climatique ; la diminution des matières premières diverses, dont l’eau ; les attentats terroristes ; la guerre en Ukraine ou ailleurs ; la crise sociale, politique et Ă©conomique durable ;  l’effondrement ; les migrations climatiques et Ă©conomiques ; la « passivitĂ© Â», l’incompĂ©tence ou la complicitĂ© supposĂ©e ou rĂ©elle des politiques ; la peur des catastrophes nuclĂ©aires ; ce sentiment que les plus riches et les plus puissants font, eux, le nĂ©cessaire pour se prĂ©munir des consĂ©quences de toutes ces menaces et de bien d’autres menaces qui condamnent une grande partie de l’humanitĂ©.

 

 

Tout ceci concourt à ce qu’un jour, n’importe qui d’un peu attaché à son avenir ou à celui de ses proches, puisse se décider à aller à Survival Expo Paris.

 

Ai-je attendu tous ces « symptĂ´mes Â» de notre Ă©poque pour me sentir concernĂ© par les questions de survie ?

 

Non.

 

Mais le contexte actuel, ainsi, sans doute aussi, que le fait d’avoir – en partie- quittĂ© l’enfance et l’adolescence, mais aussi d’être devenu père, m’a certainement d’autant plus poussĂ© Ă  me renseigner davantage sur ces questions de survie. Et, Ă  partir de lĂ , quoi de plus « cohĂ©rent Â», que de se rendre, un jour, Ă  Survival Expo, ce samedi 21 Mai 2022 pour moi.

Des magazines consacrés au survivalisme. Survival Expo Paris, ce samedi 21 Mai 2022.

 

 

Des prĂ©jugĂ©s et des rencontres ?

 

A quoi m’attendais-je en allant Ă  Survival Expo ? Cela m’a rappelĂ© un peu cette Ă©poque, il y a plus de dix ans, oĂą j’avais fait l’expĂ©rience des sites de rencontres. Je me sentais un peu honteux d’avoir envie et besoin d’en passer par lĂ . Et si, quelqu’un que je connaissais, s’y trouvait aussi et m’y voyait avais-je alors expliquĂ© Ă  un copain de l’époque qui, dĂ©jĂ  inscrit sur un site de rencontres, ne tarissait pas d’éloges Ă  ce sujet ? Celui-ci m’avait alors rĂ©pondu :

 

« Mais si quelqu’un que tu connais se trouve sur ce site, qu’est-ce-qu’il/elle fait lĂ  ? Â». Son argument avait Ă©tĂ© convaincant. MĂŞme si, depuis, j’ai de grandes rĂ©serves concernant les sites de rencontres : Ce sont, au dĂ©part, de formidables moyens de rencontres. Sauf que l’être humain fait aussi n’importe quoi de ces formidables moyens de rencontres ou s’en sert pour profiter de certaines personnes vulnĂ©rables.

 

Les affinitĂ©s et un engagement constant dans une activitĂ© commune facilitent bien mieux les rencontres que les sites de rencontre, de mon point de vue. Je me suis donc demandĂ© si j’allais croiser quelqu’un que je connaissais Ă  Survival Expo. Quelqu’un que j’étais incapable de « soupçonner Â» de penser Ă  la fin du monde en quelque sorte.

 

Et qui pourrait ĂŞtre cette personne ? J’étais un peu curieux de savoir.

 

Dans le métro, ligne 14, ce dimanche 22 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

Mais je n’ai rencontrĂ© personne, parmi mes connaissances. Ce qui, Ă©videmment, ne signifie rien du tout. Pour commencer, nous avons pu nous rater. Ensuite, il est des sujets sensibles ou tabous que l’on aborde avec certaines personnes seulement lorsque l’on se sent « en sĂ©curitĂ© Â» avec elles. Lorsque l’on est assurĂ© qu’elles ne nous condamneront pas moralement :

Il y a des personnes vaccinées contre le Covid qui ont pu être très virulentes envers des personnes refusant de se faire vacciner contre le Covid.

 

Il peut y avoir des personnes très virulentes contre tout ce qui a trait, de près ou de loin, au survivalisme. Et, pourtant, sans aller jusqu’à rĂŞver d’une patrie militaire et totalitaire, je crois qu’apprendre un peu de « survivalisme Â» serait très utile Ă  beaucoup.

 

Parce-que le survivalisme revêt plusieurs aspects. Et, je crois que Survival Expo et l’exposition Vivre Autonome, avec leurs 180 exposants, donne une idée de cette diversité.

 

Une diversité de survivalismes

 

Une diversité si étendue que, par moments, devant certains stands au Survival Expo, je me suis demandé si je devais rire ou me désespérer.

Survival Expo Paris 2022. Photo prise ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon
Au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022.

 

 

A l’exposition Vivre Autonome, ce samedi 21 Mai 2022, un des stands de la librairie permaculturelle.

 

 

Parce-que le « pire Â» est envisagĂ© au Survival Expo, alors, certains stands vous proposent des solutions au « pire Â». Cela commence, dès le dĂ©but de Survival Expo par plusieurs exposants d’armes blanches : des couteaux. On comprend tout de suite que la vie va se jouer Ă  ça. Au couteau près. Au fait d’avoir un ou plusieurs couteaux sur soi afin de dĂ©fendre sa peau. Car c’est d’abord Ă  ça que je pense en voyant ces couteaux. A un combat Ă  couteaux tirĂ©s.

Au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

 

 

 

Au lieu de penser au fait qu’un couteau peut aussi servir à construire, à sculpter, à cueillir, à manger ou à toute autre activité humaine nécessaire. Et pacifique.

 

Mais voir dans ces couteaux, avant tout des armes de mort, ne m’empĂŞche pas de voir parmi eux de très belles pièces ! Couteuses, mais belles !

Le concepteur des couteaux montrés précédemment. Au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022.

 

Des projections personnelles

 

 

Et puis, cette appréhension et cette forme de peur, en même temps que cette attirance, que je ressens devant ces couteaux, corps étendus, accessibles et tranchants, reflète très bien l’être humain. Capable d’inventions extraordinaires. Comme capable, aussi, de faire le pire avec ces inventions extraordinaires. L’imagination de l’être humain, dans l’horreur comme dans le bénéfique, est probablement sans limites.

D’autres oeuvres du mĂŞme coutelier forgeron, au Survival Expo Paris, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

Tout est possible avec l’être humain. Tout semble possible, en tout cas. Et, ce sera peut-ĂŞtre, finalement, ma principale rĂ©serve et prudence Ă  propos de l’évĂ©nement Survival Expo car je n’ai pas tout vu ni tout entendu, car cela est impossible :

 

Cet Ă©vĂ©nement donne et vend des idĂ©es, des outils, des « armes Â» ( Ă©galement des arcs et des lances-pierres), des techniques et des moyens divers, vĂŞtements et matĂ©riels rĂ©sistants et performants, des informations sur l’alimentation et  autres apprentissages convaincants  pour survivre et devenir un peu plus autonomes.

 

Au Survival Expo Paris, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

Mais il  manque peut-ĂŞtre Ă  ce genre d’évĂ©nement l’apprentissage d’une certaine conscience de soi et du monde qui nous entoure. Il y manque peut-ĂŞtre le fait d’apprendre, aussi, Ă  vivre, d’un point de vue relationnel, Ă©motionnel, sociĂ©tal, culturel dans une certaine indulgence et confiance avec soi-mĂŞme comme avec les autres.

 

Un des stands de livres de la librairie Permaculturelle dans l’exposition  » Vivre Autonome », ce samedi 21 Mai 2022.

 

C’est ce que certaines personnes vont appeler, en le raillant, le « Vivre ensemble Â» qui a Ă©chouĂ© ou qui est ou serait impossible.

 

Je ne vais pas, ici, revĂŞtir une soutane et commencer Ă  prĂŞcher avec des propos tels que « Soyons tous frères et sĹ“urs Â» ou me dĂ©poser une perruque de hippie sur la tĂŞte et parler de fleurs et d’amour comme dans les annĂ©es 70. Nous sommes en 2022 et ce genre de discours, mĂŞme s’il peut convenir Ă  certaines personnes, a Ă©videmment ses limites en matière de rĂ©sultats devant certains faits indĂ©sirables ou inquiĂ©tants.

 

Lorsque je parle « de conscience de soi et du monde qui nous entoure Â» je repense Ă   mon apprĂ©hension et Ă  ma forme de peur, en mĂŞme temps que de mon attraction, pour ces couteaux que j’ai vus Ă©talĂ©s sur des stands, dès le dĂ©but de l’exposition :

 

 Je me rends compte qu’il s’agit de mes projections personnelles. De mes propres apprĂ©hensions et peurs. Au cas oĂą ces couteaux se retourneraient contre moi. Voire, au cas oĂą, pris de folie, moi, je prenne un de ces couteaux et plante quelqu’un ensuite avec.

 

Si l’être humain est capable de tout, vu que son imagination semble avoir peu de limites,  imagination qui lui a permis d’évoluer et d’être encore prĂ©sent sur Terre en 2022, un ĂŞtre humain est donc largement capable de prendre un couteau posĂ© sur une table devant lui et d’en disposer contre autrui. Ou, un de ces couteaux effilĂ©s peut très bien servir contre lui.

 

 Alors, que, concrètement, tous ces couteaux prĂ©sents, ne vont pas, d’un seul coup, alors que je m’approche d’eux, s’envoler et me transpercer le corps jusqu’à ce que mort s’ensuive. Personne, et si cela devait arriver un jour, ce serait exceptionnel, ne va dĂ©cider Ă  me planter avec un de ces couteaux. Juste parce-que c’est moi. Et que ces couteaux sont lĂ , Ă  disposition.

 

Au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

Et, lorsque j’ai quitté le Survival Expo, je ne crois pas qu’il y ait eu d’incident d’agression ou de sang avec tous ces couteaux exposés.

 

Notre façon de percevoir notre environnement et de le considĂ©rer comme hostile et hautement dangereux ne dĂ©pend pas uniquement de critères et de signes objectifs :

 

Guerre en Ukraine, réchauffement climatique, augmentation du prix de l’essence, chômage, augmentation des incivilités.

 

Notre façon de percevoir notre environnement et de le considérer comme hostile et hautement dangereux dépend aussi de notre sensibilité personnelle et émotionnelle.

 

Et l’on peut tout aussi bien  se sentir en danger dans une simple salle de concert, une simple salle de cinĂ©ma ou dans le rayon bonbons et chocolat d’un supermarchĂ©. MĂŞme sans avoir Ă©tĂ© victime directe ou indirecte d’un attentat ou d’une prise d’otage dans ce genre d’endroit.

Au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

 

Et, je m’inquiète donc, aussi du fait, que dans un événement comme Survival Expo, on nous donne accès à un certain nombre de moyens, de techniques, de défenses et de solutions en cas de grand danger, ce qui est très bien. Sans insister sur l’importance du nécessaire tri à faire entre nos projections personnelles et la situation que l’on vit dans les faits dans l’immédiat.

 

Un simple regard peut parfois nous sembler animé de mauvaises intentions alors qu’il ne n’est pas. Et, sur-réagir et penser que survivre rime uniquement avec le fait de se sentir tout puissant, toujours prêt, protégé, barricadé et baraqué parce-que l’on est suréquipé, surentraîné, sur-préparé est selon moi une erreur de perception qui nuit ou peut nuire, en partie, au survivalisme.

 

Sans doute vais-je Ă©crire, ici, un gros mot beaucoup plus grave que le terme « bouseux Â». Mais j’ai l’impression que le survivalisme, cela consiste, aussi, beaucoup Ă  possĂ©der, malgrĂ© tout, une certaine capacitĂ© Ă  rester…optimiste. Et lucide sur ce que l’on vit mais, aussi, sur ce que l’on ressent.

Au Survival Expo Paris, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

Je n’invente rien en écrivant ça. Lorsque je repense à quelques récits extrêmes que j’ai pu lire ( de rescapés de camps de concentration, d’expériences sportive extrêmes ou de certaines opérations militaires), je retiens aussi, que, tout en persévérant dans leurs efforts pour se sortir d’une situation très difficile, bien des survivants, ont réussi ou avaient réussi, à maintenir en eux une certaine vitalité d’optimisme voire de bonne humeur. Que ces survivants soient seuls ou en compagnie d’autres personnes.

 

Au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022. A l’arrière plan, avec la vendeuse, le stand de vĂŞtements de la marque AKAMMAK que j’ai alors dĂ©couverte et qui m’a fait une très bonne impression. ©️Franck.Unimon

 

 

Je n’ai pas eu l’impression que cet aspect de l’optimisme et de la bonne humeur, même s’ils étaient présents lors de la manifestation Survival Expo Paris 2022, aient beaucoup été énoncés, comme faisant partie des éléments essentiels à avoir avec soi ou près de soi, en cas de catastrophe ou de péril imminent. Et, je rajouterais que certaines personnes sont sans aucune doute extrêmement capables et habiles pour survivre, pour s’adapter, pour mettre en pratique bien des techniques ( de chasse, de soins, d’habitat etc…) mais que vivre avec elles pourrait aussi être un calvaire. Il n’y a qu’à penser, par exemple, à ces grands aventuriers ou à ces grands marins très expérimentés, qui, lorsqu’ils se mettent ensemble pour réaliser une expédition ou une course, ont tout ce qu’il faut, en théorie, pour réussir. Et qui, finalement, sont incapables de vivre ensemble et de s’accorder.

Au Survival Expo Paris, ce samedi 21 Mai 2022. Une confĂ©rence sur l’alimentation. Il m’a fait plaisir de voir qu’une des personnes du public portait un tee-shirt sur lequel on pouvait lire des noms de rappeurs tels que Damso. ©️Franck.Unimon

 

 

Evidemment, cette partie de mon article doit beaucoup au fait que, dans ma vie personnelle et professionnelle, je suis beaucoup attachĂ© Ă  une certaine comprĂ©hension « psychologique Â» de mon expĂ©rience humaine comme de mon environnement.

 

Ma façon « psychologique Â» de chercher Ă  comprendre ce que je vis et ce que je vois a bien sĂ»r ses limites : Trop intellectualiser. Trop chercher le pourquoi du comment au dĂ©triment de l’efficacitĂ© et du rĂ©sultat.

 

Alors que lorsque l’on a faim, froid ou soif, ou que l’on a très peur et très mal,  ou que l’on se retrouve suspendu, retenu par ses deux mains, avec les pieds suspendus au dessus d’un vide de vingt mètres, on cherche avant tout par quel moyen concret, le plus rapide et le plus sĂ»r possible, cesser d’avoir faim, froid ou soif ou très mal ou très peur et se sortir ou se faire sortir de ce vide. Dans ces situations, on sera plus que content de s’être entraĂ®nĂ© ou Ă©quipĂ© comme il se doit afin de survivre ou d’avoir Ă©tĂ© en compagnie d’un expert ou d’une experte, cette personne fut-elle, par ailleurs, insupportable,  imbuvable ou l’exact opposĂ© de la plus grande partie de nos valeurs et de nos idĂ©aux.

 

La capacitĂ© d’être « rustique Â» ou de savoir ĂŞtre « rustique Â» fait aussi partie des aptitudes nĂ©cessaires Ă  la survivante et au survivant, Ă  ce que j’ai pu lire ou un peu vĂ©rifier.

 

On peut remplacer le terme « rustique Â» par « bouseux Â» ou « nature Â» ou « cash Â», sans aucun doute. Comme on peut, aussi, les mĂ©langer avec des termes comme « intellectuel Â», « culture Â», « ĂŞtre bon vivant Â». Il s’agit de trouver le bon dosage qui convient pour celles et ceux avec qui l’on se trouve, lors de la situation de survie, ainsi que pour…la paix de notre âme.

Au Survival Expo Paris, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

 

Vers une conclusion de mon expérience à Survival Expo

 

Comme on le comprend, il y aurait beaucoup Ă  dire sur cette double exposition, Survival Expo et Vivre Autonome. Et, je suis très loin d’avoir tout vu et tout entendu comparativement Ă  ce qui s’est dĂ©roulĂ© durant les trois jours de cet Ă©vĂ©nement. 

 

D’abord, je pensais que deux heures me suffiraient pour découvrir ces deux manifestations. J’ai finalement eu besoin des trois heures depuis mon arrivée. Et, encore ai-je été un peu obligé d’abréger ma visite car l’exposition allait fermer. Il allait être 19 heures.

 

Si j’ai bien vu des hommes qui pourraient correspondre au profil « hommes de 35-40 ans Â», « cadres supĂ©rieurs Â», je ne peux pas en ĂŞtre certain. Car un statut de « cadre supĂ©rieur Â» ne se lit pas sur les gens. Ensuite, j’ai Ă©tĂ© plutĂ´t marquĂ© par le cĂ´tĂ© « sortie familiale Â» de l’évĂ©nement. Certaines personnes sont venues avec leurs enfants d’une dizaine d’annĂ©es.

Au Survival Expo Paris 2022, du cĂ´tĂ© de l’Ă©vĂ©nement Vivre autonome, ce samedi 21 Mai 2022. ©️FrancK.Unimon

 

L’exposition « Vivre autonome », ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

Dans l’exposition  » Vivre Autonome », ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

Dans l’exposition Vivre autonome, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

 

 

Du cĂ´tĂ© de l’exposition Vivre Autonome, oĂą l’on parle de permaculture, de tout ce qui a trait Ă  l’intĂ©rieur d’une maison, de lectures, de manière « amusante Â», il y avait beaucoup plus de femmes. Lesquelles Ă©taient quand mĂŞme plus minoritaires dans la partie Survival.

Au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

Je n’ai pas pu assister aux dĂ©monstrations de Krav Maga. Car j’étais alors occupĂ© dans les stands, Ă  discuter ou Ă  dĂ©couvrir certains produits. Mais j’ai Ă©coutĂ© avec attention l’un des intervenants, Romain Carrière, qui, en sueurs et souriant après sa dĂ©monstration, expliquait avec pĂ©dagogie et humour, Ă  des parents venus avec leurs enfants en bermuda, et n’ayant vraiment pas l’allure de grands sportifs, qu’il fallait «saturer de coups Â» son agresseur. Ce qu’il disait m’a paru plein de bon sens.

 

J’ai Ă©tĂ© agrĂ©ablement surpris par la bonne ambiance gĂ©nĂ©rale de Survival Expo Paris et de Vivre autonome. J’insiste Ă  nouveau sur ce point. Qu’il s’y soit trouvĂ© des bouseux ou non. Qu’il y ait eu des complotistes ou non au sein du public.

A l’exposition Vivre Autonome, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

On aurait pu s’attendre Ă  cĂ´toyer des personnes haineuses et agressives durant toute la visite. Cela a plutĂ´t Ă©tĂ© le contraire. J’ai rencontrĂ© soit des commerciaux attentifs Ă  leur clientèle (Jusqu’à proposer de vĂ©ritables promotions sur certains articles). Soit des personnes souhaitant discuter avec d’autres personnes. Tel cet homme tenant Ă  m’expliquer le travail de l’association Tripalium qui permet Ă  des jeunes en dĂ©crochage scolaire  d’un lycĂ©e PIL ( PĂ´le Innovant LycĂ©en) de dĂ©couvrir le travail du bois en apprenant Ă  fabriquer des Ă©oliennes.

A l’exposition « Vivre Autonome », ce samedi 21 Mai 2022.

 

Dans l’exposition « Vivre Autonome », ce samedi 21 Mai 2022. L’association Tripalium. ©️Franck.Unimon

 

Une Ă©olienne construite par l’association Tripalium, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

Peut-être que le fait de pouvoir exposer librement, et formellement, certaines peurs et inquiétudes, mais aussi de pouvoir exprimer le recours à une certaine violence a permis aussi cette détente.

 Je n’ai pas remarquĂ© de stands de ventes d’armes Ă  feu. Ce qui rappelle une des grandes diffĂ©rences entre la France et les Etats-Unis en matière de lĂ©gislation de ventes d’armes. Aux Etats-Unis, j’imagine qu’un Survival Expo comporte une ribambelle de stands d’armes Ă  feu sophistiquĂ©es Ă  portĂ©e du public.

 

J’ai ensuite croisĂ© une personne que je ne connaissais pas. Avec laquelle j’ai ensuite repris contact par mail et qui m’a rapidement rĂ©pondu. Puis qui a très vite rĂ©agi Ă  la première version (deux fois plus courte ! ) que je lui ai envoyĂ© de cet article et m’a Ă©galement fait part de certaines remarques (  Ă  propos du terme « bouseux »), suggestions et informations dont je le remercie Ă  nouveau.

Au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

Au Survival Expo Paris, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

L’exposant de ces tentes de toit de voiture, au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

L’autre grande surprise, pour moi, de Survival Expo Paris a Ă©tĂ© la tente de toit de voiture ! Un bon vĂ©hicule de camping coĂ»te cher et il s’agit ensuite de l’entretenir. Pour le peu que j’en sais, on achète un vĂ©hicule de camping afin de s’en servir rĂ©gulièrement. Autrement, c’est un gouffre financier. On peut s’acheter une tente de toit de voiture pour 2000 euros, Ă©chelle comprise. Selon ses dimensions, si celles-ci ne dĂ©passent pas le rĂ©troviseur, on fait du bivouac. Si ses dimensions dĂ©passent le rĂ©troviseur, on entre dans la catĂ©gorie camping.

Le confort est au rendez-vous, avec un matelas confortable, quel que soit le type de tente de toit choisi.

Pour descendre la tente du toit, le vendeur m’a confirmĂ© qu’il fallait ĂŞtre « deux Â» car celle-ci pèse 100 kilos en moyenne. Pour l’instant. Car on peut penser que ces tentes de toit seront par la suite conçues dans des matĂ©riaux plus lĂ©gers.

 

Je croyais que ce genre de produit existait depuis longtemps :

 

 Â«Depuis quatre ans Â» m’a rĂ©pondu le vendeur.

 

Je croyais qu’avec leur succès, selon moi, inĂ©vitable, que le prix de ces tentes allait augmenter. Non, selon le vendeur : « Ă  cause de la concurrence…. Â».

 

 

En quittant Survival Paris Expo, j’ai retrouvĂ© la Porte de la Villette. Mais aussi une autre forme de survie qui commençait Ă  se concentrer sur les trottoirs. Une femme d’une quarantaine d’annĂ©es sollicitait les passants pour faire la manche. Je n’ai pas pu m’empĂŞcher de penser que c’était pour s’acheter du crack. De l’autre cĂ´tĂ© de la rue, Ă  quelques mètres de la salle de concert le Glazart, il y avait un paquet d’hommes. Ils Ă©taient moins nombreux, trois heures plus tĂ´t, alors que je me dirigeais vers le  Survival Expo.

 

Il Ă©tait un peu plus de 19 heures et peu Ă  peu, la nuit, allait tomber. Je me suis dit que la nuit, dans cet endroit de Paris, devait montrer un tout autre monde.  Un monde qu’assez peu de personnes venues au Survival Paris Expo n’avait envie de connaĂ®tre.

 

 

 

Franck Unimon, ce lundi 23 Mai 2022.

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Cinéma

Utama ( la terre oubliée) un film de Alejandro LOAYZA GRISI

Utama ( La Terre Oubliée ) un film de Alejandro LOAYZA GRISI

 

Sorti en salles ce 11 Mai 2022.

 

Sisa et son mari Virginio, un couple au moins septuagénaire, vivent isolés dans une région assez aride en Bolivie. Leur vie semble ritualisée un peu à l’infini. Elle s’occupe de la terre, des repas et de l’eau. Lui, s’occupe au moins d’emmener paitre son troupeau de lamas à des kilomètres de leur maison. Nous ne sommes pas au Far West avec Clint Eastwood ou avec tel ancien héros de guerre parti se retirer et que quelqu’un, un beau jour, va venir solliciter pour une cause perdue ou en vue d’obtenir un lot de tickets restaurants en édition limitée désignée par feu Virgil Abloh.

 

 

 

Sisa et son mari Virginio ne sont pas des vedettes. Ni des hĂ©ros. C’est un groupe d’agriculteurs qui a sĂ»rement toujours vĂ©cu lĂ  et qui a maintenu certains rapports de voisinages avec d’autres personnes clairsemĂ©es de leur communautĂ©, et vraisemblablement aussi âgĂ©es qu’eux. Il y a mĂŞme un maire ou un Ă©quivalent. Peut-ĂŞtre quelqu’un qui  avait Ă©tĂ© Ă  l’école primaire avec eux.

 

Un visiteur extĂ©rieur, inattendu, plus jeune, la vingtaine, va bien sĂ»r venir transformer un peu la vie rĂ©glĂ©e de Sisa et Virginio :

C’est leur petit fils Clever, ni meurtrier en cavale, pas même en sevrage de crack et ni vampire. Clever est un petit jeune gentil, propre sur lui, attaché à ses grands parents paternels, et qui parcourt donc des kilomètres (plusieurs centaines, peut-on imaginer) pour venir les voir et leur annoncer une nouvelle. Et non pour venir se suicider à la ferme, dans un coin tranquille.

 

Autant Sisa et Virginio font presque encore partie du monde fĂ©odal, autant Clever, lui, est un jeune aussi moderne que n’importe quel jeune Ă©tudiant venant d’une « grande Â» ville. Et, il est lĂ , avec son smartphone et sa connexion internet, son casque audio sur les oreilles et ses bonnes manières Ă  essayer de convaincre le plus que tĂŞtu Virginio, le père de son père,  d’aller en ville afin d’aller se faire soigner.

 

 

 

A la fin de Utama lors de la projection de presse, ce 8 avril 2022, un des autres journalistes cinéma présent derrière moi avait dit à sa façon que le film était beau mais que l’histoire….

 

Et, c’est malheureusement ce que j’ai aussi répété à un des attachés de presse lorsque quelques jours plus tard, celui-ci m’avait contacté afin de connaître mon avis sur le film.

Nous avions vu ce film dans le 5ème arrondissement de Paris, entre le quartier St Michel et la facultĂ© de Jussieu, rue des Ă©coles,  pas très loin de Notre Dame. Et, j’ai toujours vĂ©cu en ville, près de Paris ou en rĂ©gion parisienne. Mes expĂ©riences Ă  la fois d’une vie rurale, et traditionnelle, ont Ă©tĂ© Ă©pisodiques, en Guadeloupe, et plusieurs fois, Ă©tĂ© synonymes d’ennui et de perte de libertĂ©. Aussi, au mĂŞme titre que Clever dans Utama aurais-je spontanĂ©ment tendance Ă  m’inquiĂ©ter si mes grands-parents ( ou mes parents) se trouvaient aussi isolĂ©s que les siens.

 

 

Il y a donc peu de surprise quant au fait que depuis que Utama est sorti au cinéma, ce 11 Mai, que j’aie préféré écrire d’autres articles avant celui-ci. Pas de vedette à la Benicio Del Toro comme dans le film Sicario. Pas d’action fantastique ou spectaculaire telle que, la nuit, les lamas de Virginio se transforment en beautés féminines qui se livrent des combats d’Arts martiaux- pour les sandales de Virginio- comme dans The Assassindu réalisateur Hsou Hsiao-Hsien. Tandis que Sisa, elle, sitôt Virginio endormi, se rendrait sur Jupiter avec son collier magique en vue d’aller y danser du zouk en cachette avec un de ses multiples amants.

 

Non. C’est juste le monde de la ville du jeune Clever qui vient s’entrechoquer avec celui de ses grands parents, au travers de Virginio, surtout, tandis que Sisa, elle, en bonne figure maternelle apaisante, joue les modératrices entre les deux. Et, tout ça, dans des espaces très bien filmés. Et beaux.

 

Utama peut donc, très vite, être résumé à un film exotique qui permettrait de voyager ou qui pourrait, quelques semaines avant les grandes vacances de l’été, donner envie à des touristes de partir en Bolivie. Utama peut aussi être un film pédagogique- ce qu’il deviendra sûrement- que l’on peut voir avec ses enfants ou avec des ados pour en discuter ensuite. Car il n’existe ni grossièreté ni crudité sexuelle dans le film.

Mais le festival de Cannes a dĂ©butĂ© cette semaine et le procès entre l’acteur Johnny Depp et son ancienne femme, Amber Heard, deux vedettes amĂ©ricaines, sont deux Ă©vĂ©nements suffisamment mĂ©diatisĂ©s pour qu’un long mĂ©trage comme Utama passe totalement inaperçu comme d’autres longs mĂ©trages qui comportent ses caractĂ©ristiques :

 

La simplicité. La discrétion. Des personnes âgées vivant à la campagne. Des lamas. Pas de furie. Pas de stand up. Pas de sang. Pas de sexe. Pas de superpouvoirs. Pas de tube de musique. Un suspense pour la forme. Un film frugal. Presque scolaire. J’ai même eu du mal à retranscrire correctement le nom du réalisateur.

 

 

 

Alors que Utama devrait être regardé. Car l’histoire qu’il raconte est notre histoire ainsi qu’une leçon pour nous qui avons choisi de vivre dans une grande ville ou de rester y vivre. Alors que nous sommes désormais incapables de nous en séparer.

 

Dans Utama, le jeune Clever prĂ©sente la ville comme l’endroit oĂą toutes les solutions existent et oĂą la mĂ©decine prĂ©sente pourra sauver son grand-père Virginio. Ce que la ville a Ă  offrir ne sĂ©duit ni Virginio ni Sisa. Ce couple âgĂ©, que l’on estimera touchant ou peu glamour selon les standards d’Hollywood, ainsi que leurs voisins- d’un âge tout autant avancĂ©- est en fait beaucoup plus libre, et heureux, que quantitĂ© d’individus qui sont devenus familiers avec un mode de vie urbain banal :

 

Sisa et Virginio ne comptent pas sur un syndicat, sur un parti politique, sur un horoscope, sur un vĂ©hicule, sur des transports en commun, sur une banque, sur une police d’assurance ou sur une rĂ©clame publicitaire pour vivre. Ils ne dĂ©pendent pas non plus d’un EHPAD comme  ceux dĂ©crits dans l’enquĂŞte Les Fossoyeurs publiĂ©e au dĂ©but de cette annĂ©e par le journaliste Victor Castanet.

Ni punks, ni anarchistes, ni révolutionnaires, ni militants, ni intellectuels engagés, Sisa et Virginio vivent à la mesure de leurs forces, de leurs moyens et de leurs mémoires. Ce que l’Etat bolivien, en les négligeant et en les reniant, leur fait payer.

 

Et lorsque Virginio, avec d’autres voisins et Clever, partent ensemble chercher de l’eau -car celle-ci s’est raréfiée- on peut aussi se dire que bien que ce genre de situation reste encore assez abstrait pour la plupart d’entre nous dans des grandes villes, qu’elle est loin de concerner uniquement une région reculée, là-bas, en Bolivie.

 

Si l’on peut, au dĂ©part, s’étonner devant l’obstination de Virginio qui s’oppose Ă  son petit-fils Clever, qui, pour son bien, tient Ă  ce qu’il parte en ville se faire soigner, c’est parce-qu’en tant que citadin, on oublie que la ville, en contrepartie de ce qu’elle nous « donne Â» et nous propose fait de nous, rĂ©gulièrement, ses dĂ©tenus et ses prĂ©venus volontaires. Moyennant une partie des territoires de notre mĂ©moire et de notre langue que nous lui concĂ©dons.

 

Dans Utama, Clever parle Espagnol, la langue de l’ancien colon, et ne comprend pas lorsque Sisa et Virginio, ses grands parents, s’expriment devant lui en Quechua, l’ancienne langue de l’empire Inca.

Pour moi, le Français pourrait ĂŞtre l’Ă©quivalent de l’Espagnol. Et, le CrĂ©ole, un peu l’Ă©quivalent du Quechua pour Clever. A ceci près, que, contrairement Ă  Clever, je comprends mieux le CrĂ©ole que, lui, le Quechua.

Si le Quechua est la langue du « devant Â», l’Espagnol est peut-ĂŞtre la langue du «derrière Â». Celle de la trahison ou de l’oubli et de la distraction loin ou en dehors de l’histoire des origines. La trahison, l’oubli et la distraction peuvent ĂŞtre des prisons. Des aliĂ©nations. MĂŞme si ce sont des aliĂ©nations faciles d’accès, Ă©tourdissantes et très agrĂ©ables. 

 

Pendant ce temps, pour beaucoup en France, le mot « Quechua Â» fera d’abord penser Ă  une marque de vĂŞtements de sport de l’enseigne DĂ©cathlon….

Aujourd’hui, l’enseigne Décathlon est plus connue que l’empire Inca. Il est également vrai que l’on meurt moins en se rendant à Décathlon qu’en découvrant l’empire Inca.

 

Enfin, le film nous montre un couple uni depuis plusieurs dĂ©cennies. Soit une prouesse dont nous sommes de plus en plus incapables. MalgrĂ© les sites de rencontres, malgrĂ© tous nos algorithmes, nos ouvrages de vulgarisation de la psychologie relationnelle et Ă©motionnelle. MalgrĂ© tous nos « outils Â» de communication et de rĂ©flexion. MalgrĂ© toute notre intelligence y compris fĂ©ministe ou « Ă©mancipĂ©e Â» et certains ouvrages ou podcasts sur le sujet de personnalitĂ©s telles que Mona Chollet, Victoire Tuaillon, toutes deux au moins autrices de J’ai lu RĂ©inventer l’Amour de Mona Chollet

et de Les Couilles sur la table…..

 

Utama raconte finalement une histoire de l’Humanité qui paraitra très simple voire ringarde à celle ou celui qui se laissera convaincre- et séduire- par son infirmité ou par son immaturité. Et c’est pour cette raison qu’il m’a fallu plus d’un mois pour écrire cet article.

 

Franck Unimon, ce vendredi 20 Mai 2022.