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Au Palais de Justice Vélo Taffe

Hier, ce mercredi 29 juin 2022, jour du verdict des attentats terroristes de Novembre 2015 à Paris

Paris, ce mercredi 29 juin 2022, le matin, avant 7 heures, près de la gare St Lazare. Photo©️Franck.Unimon

Hier, ce mercredi 29 juin 2022, jour du verdict des attentats terroristes de Novembre 2015 à Paris

 

Hier était un jour spécial. Celui du verdict des attentats terroristes islamistes à Paris du 13 novembre 2015 à Saint-Denis (ville de banlieue proche de Paris) devant le Stade de France lors d’un match de Foot amical ; dans plusieurs rues des 10 ème et 11 ème arrondissements de Paris sur des terrasses de café et de restaurants ; en plein concert dans la salle de concert Le Bataclan qui se trouve aussi dans le 11ème arrondissement de Paris.

 

Je travaillais de nuit dans le 18ème arrondissement de Paris, près de la Porte de Clignancourt, lors de ces attentats du 13 novembre 2015. Je me rappelle encore un peu de cette nuit. Dans un de mes journaux intimes, j’avais écrit un peu à propos de cette ambiance de mort dans Paris qui avait duré quelques temps à cette période. A ce jour, je n’ai pas encore recherché ce journal intime. Mon blog n’existait pas à cette époque.

 

Hier, ce mercredi 29 juin 2022, je travaillais de 8h à 20 heures dans mon nouveau service depuis un peu plus d’un an, maintenant. Je n’ai pas pu me rendre au tribunal de la cité pour assister à ce verdict. Pas plus que je n’ai pu me rendre à une seule audience de ce procès qui avait pourtant démarré le 8 septembre 2021. Alors que cela avait été mon intention.

 

Deux ou trois fois, je suis allé au tribunal de la cité afin « d’assister » à ce procès (comme pour le procès de l’attentat de Charlie Hebdo où je m’étais rendu à une seule audience au nouveau tribunal de Paris) des attentats de novembre 2015.

Au tribunal de la cité, j’ai pu assister à une partie de l’audience d’un tout autre jugement  (Extorsion en bande organisée : Des hommes dans un garage et les avocats de la Défense) . Mais concernant le procès des attentats du 13 novembre 2015,  à chaque fois, je suis « mal » tombé. Y compris ce jour où l’audience avait été reportée car Salah Abdeslam, le principal accusé, avait attrapé le Covid.

 

Lorsque je l’ai pu, j’ai lu ce que j’ai pu trouver concernant ce procès : en grande partie, le récit fait chaque mercredi dans Charlie Hebdo

Mais j’ai aussi pu écouter quelques podcasts ou lire sur le sujet des attentats islamistes de ces dernières années en France ou sur le fanatisme islamiste d’une manière générale. J’ai aussi écouté quelques témoignages de victimes d’attentats de novembre 2015.

Sans être autant impliqué que les victimes, leurs proches, les associations de victimes d’attentats, les accusés et les complices de ces attentats, mais aussi les professionnels de la justice, de la sécurité, et les journalistes qui ont « suivi », « traité » ou se sont chargés de ce procès, je me suis senti et continue de me sentir concerné par ces attentats de novembre 2015 ainsi que par ces actes et ces situations qui peuvent leur ressembler ou s’en approcher. ( Panser les attentats- un livre de Marianne KédiaRicochets-Un livre de Camille EmmanuelleL’instinct de vie , Helie de Saint Marc par Laurent Beccaria, Sans Blessures Apparentes, Utoya, 22 juillet, Journal 1955-1962 de Mouloud Feraoun, Qu’un sang impur…    .Interview en apnée avec Abdel Raouf Dafri  ,   ). 

D’où la raison de cet article aujourd’hui, même si je n’ai assisté à aucune audience de ce procès qui a totalisé « 148 journées de débats » (page 2 du journal Le Parisien de ce mercredi 29 juin 2022, article de Pascale ÉGRÉet de Timothée BOUTRY).

 

Vélo Taffe :

 

Paris, vers la Place Vendôme, ce mercredi 29 juin 2022 au matin. Photo ©️Franck.Unimon

 

Depuis un peu plus d’un an maintenant, je me rends et repars de mon travail avec mon vélo pliant en passant par la Gare St Lazare par laquelle j’arrive en train depuis la ville de banlieue où j’habite.

Le plus souvent, je passe par le boulevard Raspail. Mais hier matin, j’ai eu à nouveau envie de passer par la rue de Rivoli. Ce qui m’a amené, ensuite, au Boulevard St Michel, et, avant cela, à tomber à nouveau sur ce barrage de véhicules de police que j’avais déjà aperçues, en passant à vélo, lors d’autres audiences de ce procès. J’ai pris le temps de m’arrêter pour faire quelques photos. J’ai aussi pu entendre un cycliste, descendant assez vite du Boulevard St Michel, crier en se rapprochant :

 

« Mais ils nous emmerdent avec ces barrières ! ».

 

 

Paris, ce mercredi 29 juin 2022, vers 7 heures du matin, vers le tribunal de la Cité. On peut remarquer l’enseigne Le Soleil D’or, au fond, à droite. Photo©️Franck.Unimon

 

On parle quelques fois de la barrière de la langue pour expliquer certains malentendus ou des relations difficiles. Mais, là, il s’agissait d’une toute autre barrière. Cela fait neuf mois que dure ce procès. Et cet homme, vraisemblablement un habitué de ce trajet, pressé d’arriver à sa destination, ne pouvait et ne voulait pas consacrer quelques minutes supplémentaires (cinq ou dix selon qu’il décide de mettre à pied à terre pour redevenir piéton et longer les barrières ou pour prendre un itinéraire bis) afin de permettre la conclusion de ce procès pour des événements qui nous avaient diversement touchés en 2015…..

Qu’est-ce qui est le plus horrible et le plus meurtrier ? Les actions terroristes préméditées, multipliées et impitoyables de 2015 ou la façon de penser de ce cycliste ?

Dans les faits, ce cycliste n’a tué personne et n’est responsable, a priori, de la mort de personne. Peut-être même exerce-t’il la plus grande mesure de son temps à sauver des vies de par le métier qu’il exerce. C’est peut-être un garde du corps. Un chirurgien chevronné. Un pompier. Un infirmier de pointe. Un homme qui part veiller sa mère ou sa grand-mère très malade. Ou un livreur de sang rare et réputé pour être l’un des plus rapides de Paris.

 

 

Ne pas juger

 

 

En revenant hier d’un transfert dans un hôpital du 18ème arrondissement pour mon travail, j’ai écouté un podcast sur le sujet du Crack. Les addictions font partie des « sujets » par lesquels je me sens concerné. D’ailleurs, j’ai toujours mon article à faire sur les 50 ans de Marmottan fêtés l’année dernière ( le 3 décembre 2021 !) à la salle de concert de la Cigale.

 

Dans les faits, nous sommes tous concernés par le sujet des addictions mais nous sommes encore plus que nombreux à l’ignorer pour différentes raisons  qui ont à voir soit avec une certaine désapprobation morale ou avec, tout simplement, notre méconnaissance grandiloquente de ce qu’est une addiction ou de ce que peut être une addiction.

Dans ce podcast de 59 minutes où interviennent entre-autres, Alain Morel, psychiatre et directeur de l’association Oppelia, mais aussi Karim, un des travailleurs pairs mais aussi quelques consommateurs, il est aussi rappelé que pour aider et travailler avec des personnes addict, il est nécessaire de Ne pas juger.

Photo prise à Marmottan, lors des journées portes ouvertes du 4 et du 5 décembre 2021. Installation réalisée pour cette circonstance. Photo©️Franck.Unimon

 

J’avais déjà entendu ça mais aussi été le témoin de cela. A Marmottan ou dans les services de psychiatrie adulte et de pédopsychiatrie où j’ai pu travailler.

 

Depuis mes débuts d’infirmier en psychiatrie il y a bientôt trente ans, j’ai été amené à rencontrer, au moins dans les différents services où j’ai travaillé, différentes sortes de profils de personnes des plus « sympathiques », des plus « tristes » aux plus « antipathiques » et « exaspérants », des plus « faciles » aux plus « difficiles » et, cela, aussi face à des publics âgés de 3 ou quatre ans. Puisque mes expériences en pédopsychiatrie m’ont aussi amené à rencontrer, avec mes collègues éducateurs ou autres, des enfants de trois et quatre ans et leurs parents.

 

A moins de se barricader derrière de la paperasse, derrière son écran d’ordinateur, derrière son téléphone ou des sms, derrière un bureau et des logiciels ; derrière des protocoles ; derrière des phrases et des pensées toutes faites et définitives ; derrière des chiffres, des murs, des peurs, des certitudes absolues ; derrière des collègues, des portes de prison et des traitements ; ou derrière des cohortes d’intermédiaires et de serviteurs dont la fonction est de dévier, de différer, de diluer ou de faire disparaître l’expérience de la rencontre directe, instinctive et imprévisible, le métier d’infirmier en psychiatrie et en pédopsychiatrie fait partie de ces métiers où les rencontres répétées ont des effets immédiats et prolongés, superficiels et profonds, sur les différents interlocuteurs.

On se heurte où l’on se comprend. On s’apaise ou l’on se blesse. On se confronte où l’on trouve un accord ou un compromis. Peut-être tout de suite, peut-être plus tard. Peut-être très difficilement. Ou jamais.

 

Je peux donc dire que j’ai un peu d’expérience pour ce qui est des rencontres « difficiles » dans ma vie professionnelle et sans doute dans ma vie personnelle. Pourtant, hier, en entendant cette recommandation dans le podcast consacré aux addictions, à nouveau, je me suis demandé :

 

 Comment fait-on pour « Ne pas juger ? ».

 

Puisqu’il arrive un moment, où une situation, où nous parvenons au bout de la chaine de nos forces morales et personnelles et où le jugement, la désapprobation et la condamnation morale s’expriment d’eux-mêmes au travers de notre être :

 

Devant une action, un fait avéré, dont nous sommes le témoin, la victime, le lecteur, le « spectateur » contraint ou le confesseur. Et cette action, ce fait avéré, ou cette proposition, décide « viscéralement » pour nous de ce que nous ressentons.

 

Et cela, malgré nos efforts d’intelligence et nos tentatives de raisonnement. Malgré nos intentions officielles et sincères « d’ouverture » et de tolérance.

 

Une entreprise inhumaine.

 

Ne pas juger, d’une manière générale, dans la vie courante, m’apparaît donc être une action assez surhumaine. Ou, plutôt….inhumaine.  Et je vais le dire comme je le pense : je pense que, quotidiennement, nous passons une grande partie de notre temps à juger nos semblables et à nous juger nous mêmes. Et la justice que nous rendons aux autres ainsi que celle que nous pouvons nous rendre aussi à nous mêmes mais aussi à nos proches me paraît assez souvent, assez facilement, approximative, inexacte, pour ne pas dire, assez énigmatique. Et peut-être même, certaines fois….quelque peu fantomatique.

 

Et qu’ont fait, pendant des mois, depuis le mois de septembre 2021, des professionnels de la Justice, mais aussi des victimes des attentats (et leurs proches) de novembre 2015, les associations de victimes, les accusés et les complices des accusés mais aussi tous ceux qui ont assisté régulièrement à ce procès ?

 

 

Juger.

 

 

Bien-sûr, comparer la démarche qui consiste à essayer d’aider une personne addict à se sortir de son addiction de la démarche qui consiste à juger des terroristes et des complices de ces terroristes peut choquer, mettre très en colère et pousser à se demander si je suis complètement con ou dégénéré ! Et si c’est le cas (si en lisant cet article, on se demande déja si je suis complètement con ou dégénéré) , cela (me) démontrera déjà avec quelle facilité, encore une fois, nous pouvons être jugés –et rapidement dépréciés- par nos semblables dès que nous pensons de manière un peu différente. Et, tant pis, si par ailleurs, sur d’autres points très sensibles, nous sommes du même avis qu’eux :

 

Puisque ce qui importe à celles et ceux qui jugent et veulent être des juges expéditifs, c’est d’obtenir des autres qu’ils soient exactement sur la même ligne qu’eux.

 

Photo prise ce mercredi 29 juin 2022, le matin, avant 7 heures. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Ne pas regarder

 

En rentrant chez moi ce matin, j’ai croisé une jeune femme plutôt jolie. Sans doute influencé par ma lecture récente de l’ouvrage féministe Les couilles sur la table de Victoire Tuaillon sur lequel j’écrirai un article dès que je le pourrai, je me suis senti un peu coupable en regardant cette jeune femme. Comment regarder quelqu’un sans l’incommoder ? Comment passer à côté de quelqu’un sans pour autant faire montre d’une indifférence fausse qui, elle aussi, interdit d’emblée toute possibilité de rencontre mais, aussi, lorsqu’une attention est bienveillante, une certaine forme de reconnaissance ?

 

 

J’ai croisé cette jeune femme deux fois en quelques minutes.  La seconde fois, j’ai « évalué » que cette jeune femme devait être adolescente. Elle devait avoir 16 ans ou 17 ans. Et je me suis rappelé qu’une jeune personne devient adolescente ou s’aperçoit de son adolescence lorsque des hommes adultes la remarquent particulièrement et la regardent dans la rue avec une autre attention que celle que l’on peut porter aux enfants lorsque l’on les regarde (exception faite des pédophiles).

 

Ce matin, après avoir croisé cette jeune femme, je me suis dit que certaines jeunes femmes se mariaient ou se mettaient sans doute en couple très vite, et devenaient mères aussi très vite, espérant, aussi, se protéger du regard sexuel des hommes sur elles. Puisque devenir mère, cela peut, plus ou moins (car bien des contre-exemples existent), désexualiser un corps, voire le rendre un peu sacré. Sans oublier que la présence des enfants peut rendre l’acte sexuel ou sa probabilité plus difficile. Le corps est déjà dévoué à l’action de s’occuper des enfants.

 

Le mariage ou le couple peut être pour certaines femmes une protection contre les regards des hommes sur leur corps. Quel que soit ce qu’exprime le regard des hommes, d’ailleurs. Il n’y a pas que le soleil qui donne des coups. Certains regards aussi.

 

Il y a des regards d’hommes qui mettent mal  à l’aise. Je peux aussi en parler- un peu- en tant qu’homme qui a pu être regardé par d’autres hommes. En tant qu’homme hétéro se retrouvant une fois ou deux en minorité dans un lieu clos (un théâtre, l’appartement d’un copain homo) et regardé, par plusieurs homos. Ce qui m’avait permis, un tout petit peu, de manière très superficielle, d’avoir un aperçu de ce que peuvent vivre- ou ressentir- des jeunes femmes et des femmes tous les jours lorsqu’elles croisent des hommes. Dans les transports en commun. Au travail. En faisant les courses. Au volant de leur voiture. En rentrant chez elles. En faisant du sport.

 

 

Certaines femmes s’accommodent plutôt bien de ces regards et de la diversité de ces regards. D’autres femmes vivent et ressentent beaucoup plus mal ces regards et ces expériences de regards.

 

Quel est le rapport de cette histoire de « regard » avec ce procès des attentats de novembre 2015 ?

Paris, vers le tribunal de la cité, ce mercredi 29 juin 2022, aux alentours de 21h. Photo ©️Franck.Unimon

 

Lors de ce procès qui a duré neuf mois, des femmes et des hommes, de différents « bords », de différents âges, de différents horizons, de différentes croyances et confessions, de différentes sexualités, professionnels de justice, victimes, proches de victimes, associations de victimes, accusés, complices de ces accusés, journalistes, « spectateurs » ont passé une grande partie de leur temps à se juger, à se jauger et à…se regarder.

 

Que l’on n’essaie pas de me faire croire, malgré les faits incontestés et incontestables (les attentats, l’horreur des attentats) que tout le monde, pour ce procès, dans ce procès et par ce procès, est venu – et parti- avec les mêmes armes pour ces expériences qui consistent à juger, être jugé (que l’on soit accusé ou victime ou témoin) et à être regardé.

 

 

Et que l’on n’essaie pas de me faire croire que tout le monde, au cours de ce procès, mais aussi lors de toute autre procès, a bénéficié et bénéficie des mêmes armes pour exprimer et vivre ces expériences qui consistent à être victime, accusé,  témoin, être jugé et regardé, mais aussi écouté et interrogé par une audience, par un public…..

 

 

Une aventure titanesque

 

Dans son livre Cette Nuit, La Mer est noire  qu’elle avait co-écrit peu de temps avant sa mort accidentelle en hélicoptère, et paru en 2015 après sa mort, la navigatrice Florence Arthaud, qui n’avait pourtant pas beaucoup froid aux yeux, raconte qu’elle n’a jamais pu oser regarder Eric Tabarly qu’elle admirait. A propos d’une des traversées de celui-ci en solitaire, elle ajoute qu’il avait, tout seul, piloté un bateau qui, « normalement », nécessite la présence de 13 ou 14 hommes ! On parle bien-sûr, ici, de 13 ou 14 marins (femmes ou hommes) aguerris. On ne parle pas, ici, d’une promenade d’une demie heure en bateau mouche sur la Seine.

 

Pour moi, qui reste un regard extérieur parmi d’autres, ce procès des attentats de novembre 2015 à Paris a nécessité des efforts encore bien plus invraisemblables et violents que ceux, pourtant hors normes mais aussi hors forme humaine,  alors accomplis par Eric Tabarly. Ou par d’autres navigateurs, femmes ou hommes, qu’il s’agisse de Florence Arthaud elle-même ou de Ellen Macarthur lors de leurs courses en solitaire.

 

 

L’une des plus brutales différences est que les victimes et les proches des victimes, comparativement aux navigatrices et navigateurs, n’ont pas choisi d’être les proies de cette  violence. Comme elles et ils n’ont pas choisi les rôles de victimes et de proches de victimes qui ont découlé de cette violence terroriste.

Les traversées qu’ont à connaître les victimes, leurs proches, et celles et ceux qui les côtoient ne s’arrêtent pas une fois que le retour au port a été effectué. Car ce port s’est déplacé. L’aiguillage interne qui permettait, auparavant, plus ou moins, de faire en sorte que l’expérience extérieure et immédiate, s’accordait plutôt bien avec l’expérience intérieure, n’existe plus ou a été bousillé. Le temps et les distances ne sont plus les mêmes qu’auparavant. La sensibilité, aussi. Pour ces victimes, et leurs proches, il est devenu beaucoup plus difficile de s’accommoder du quotidien comme « auparavant ».

 

Les terroristes, eux, ainsi que leurs complices, ont choisi et prémédité leur action jusqu’à un certain point. Ils étaient volontaires. Pendant plusieurs mois, des années, les terroristes se sont entraînés, « transformés » et ont préparé leur « épopée ». Pendant des mois ou des années, dans cette partie d’échecs et mat, il avaient plusieurs « coups » d’avance. Sur les victimes. Sur les Autorités. Sur le plus grand nombre. Sur nous tous.

 

Mais si ces accusés se sont finalement retrouvés dans ce procès et jugés, cela signifie, aussi, qu’ils ont fini par se faire rattraper. Généralement, on dit des accusés- et de leurs complices- qu’ils se sont faits « rattraper » par la Justice. Mais ce n’est pas uniquement par la justice. Ils se sont aussi faits ici rattraper (hormis ceux qui se sont faits tuer ou se sont suicidés) par leur appartenance au genre humain « commun » ou dit-universel. Par leur finitude.

Sortes de navigateurs meurtriers  de leurs idées, qui se sont crus totalement libres, les terroristes et leurs complices, sont redevenus des terriens qui doivent se rendre compte qu’ils n’étaient pas aussi libres qu’ils ont voulu le croire.  Qu’ils vivent dans le même monde que leurs victimes et les proches de leurs victimes. Mais aussi dans le même monde que les services de police qui les recherchaient.

 

Dans leur imaginaire, ces terroristes et ces complices, n’avaient sans doute par prévu de devoir se retrouver face tous ces gens dans ce genre de circonstances et pour cette durée :

 

Des victimes, des proches de victimes, des associations de victimes, des juges, des avocats, des journalistes et des spectateurs qui les ont regardés, qui les ont jugés et qui les ont interrogés.

Ce mercredi 29 juin 2022, à Paris, aux alentours de 21h. Dans l’arrière champ, au delà du véhicule de police, on peut peut-être apercevoir un joueur de violon. Je me rappelle qu’après l’attentat du Bataclan, un homme était venu à vélo avec son piano portatif afin de jouer sur les lieux de afin d’essayer d’adoucir les événements en expliquant « Je n’ai pas les mots ». Hier soir, je me suis demandé si ce joueur de violon était présent pour les mêmes raisons. Photo©️Franck.Unimon

 

On a beaucoup parlé du silence de Salah Abdeslam et du silence d’autres accusés. Mais ce silence, ou plutôt, cette barrière du silence, si elle a empêché la « rencontre » ou la « communication » n’a pas empêché ces accusés d’entendre, d’écouter ou leur conscience d’être active. Après ce procès, il est possible que certains de ces accusés changent un peu de point de vue concernant la légitimité de leurs actes.

 

Et, au pire, si le psychopathe peut se réjouir de la souffrance de ses victimes mais aussi de celle des proches des victimes, et de la couverture médiatique dont il a « bénéficié », il a aussi ses souffrances personnelles. Et ses « triomphes » (ici, les attentats et leurs victimes) contiennent aussi ses défaites. Même si, du point de vue des victimes, de leurs proches et de celles et ceux qui les défendent, les souffrances du psychopathe terroriste sont bien-sûr secondaires :

 

Les souffrances des victimes des attentats et de leur entourage sont bien-sûr prioritaires.

 

Deux extrêmes opposés :

 

Les victimes des attentats terroristes et leurs auteurs sont deux extrêmes opposés. La rencontre s’est faite et se fait dans la douleur pour les victimes et leurs proches.

 

Pour les terroristes et leurs complices, leurs « cibles » n’existaient pas. C’étaient des inconnus sans aucune valeur. Ou, au contraire, des « valeurs » qu’ils ont eu plaisir à saccager car ces « valeurs » étaient des vies qu’ils ne pourraient jamais obtenir ou comprendre. Donc, autant les détruire.

 

Lorsqu’ils se sentent investis par un droit « souverain » ou « divin », les êtres humains peuvent accomplir le meilleur ou le pire au détriment d’autrui. Là, avec ces attentats terroristes, nous sommes dans le « pire ». Comme lors de l’esclavage, des camps de concentration, comme lors de n’importe quelle guerre ou génocide ou de n’importe quelle forme d’exploitation ou de torture d’un être humain.

 

Il « suffit » que des êtres humains se sentent largement supérieurs ou largement inférieurs à d’autres et « en droit » de se faire justice pour que le pire puisse arriver.

« Normalement », une démocratie permet d’éviter ça : que trop de personnes se sentent largement supérieures à d’autres mais aussi que trop de personnes se sentent trop  inférieures par rapport à d’autres.

 

Ce procès a été une justice différente de celle des terroristes. Une Justice institutionnalisée, avec d’autres règles, d’autres lois, d’autres protocoles.

 

Mais il y a deux sortes de « vaincus » devant cette Justice. Les victimes, leurs proches et les associations de victimes. Ainsi que, peut-être aussi la Justice et l’idée que l’on s’en fait dans une Démocratie.

 

Car les accusés font aussi partie des vaincus : Si les accusés étaient restés libres ou avaient réussi à imposer leur Justice, ils n’auraient pas été jugés. Ils auraient été célébrés comme des héros malgré leurs meurtres. L’horreur est aussi dans ce constat.

 

Ce constat, on va vite passer dessus car imaginer ça est insupportable. Comme de devoir imaginer que ces terroristes, et leurs complices, sont des êtres humains comme nous :

 

« Les juges ont cherché une vérité dans ces événements et même la part d’humanité des accusés » (l’éditorial de la journaliste Marie-Christine Tabet dans le journal Le Parisien, de ce mercredi 29 juin 2022, page 2).

 

Lorsque je traduis cette phrase, je comprends que les accusés ne font pas partie de l’espèce humaine. Car lorsque l’on est un être humain, on ne fait pas ce qu’ils ont fait. On ne dit pas ce qu’ils ont dit. On ne pense pas comme ils pensent.

Donc, avec un tel raisonnement, si la peine de mort existait encore en France en juin 2022 (alors que la France se vante de faire partie des pays qui ont aboli la peine de mort), ces accusés, aujourd’hui, en 2022, seraient exécutés. Comme ils ont exécuté et contribué à faire exécuter les victimes des attentats. L’expression « Œil pour œil, dent pour dent » est donc toujours en cours et au coeur de nos mœurs. Sauf que contrairement aux accusés qui ont tué, nous, nous «prenons » sur nous officiellement en quelque sorte. Je me demande alors :

Pour combien de temps ?

 

Pourtant, même si on hait ces accusés, leur humanité est indiscutable. Et c’est ça qui est insupportable :

Devoir regarder quelqu’un en face, le détester ( je détesterais sans doute celle ou celui qui a tué un de mes proches comme cela est arrivé pour les victimes des attentats de novembre 2015 : tuer par surprise, comme des lapins de fête foraine,  des civils désarmés et non entraînés….), lui souhaiter le pire. Et devoir admettre, que cela nous plaise ou non, malgré tout, que cette personne-là, est aussi humaine que nous. Et que l’on ne peut rien changer à cette humanité. A part, si l’on y arrive, ce que l’on ressent vis à vis de cette personne mais aussi de nous-mêmes.

 

 

Les verdicts :

 

Je n’ai pas encore appris les verdicts des accusés. Hier soir, lorsque je suis rentré du travail, je suis à nouveau passé près du tribunal de la cité entre 20h30 et 21h et j’ai vu que le procès n’était pas encore terminé.

 

Paris. Au loin, on peut apercevoir La Défense, ce mercredi 29 juin 2022, aux alentours de 21h. Photo©️Franck.Unimon

 

J’ai été marqué, hier, par la belle journée que c’était. Il faisait chaud. Dehors, dans Paris, les gens étaient souriants, vêtus légèrement, s’amusant. En short, jambes nues, les caractères sexuels secondaires bien en vue. C’était l’été.

 

Il y avait ce contraste entre ce qui se passait à l’intérieur du tribunal et ce qui se passait dehors devant et autour de moi. Rien à voir. A nouveau deux extrêmes opposés comme tous les jours. D’un côté l’insouciance et l’ignorance. De l’autre, la souffrance et la sentence.

 

 

Franck Unimon, ce jeudi 30 juin 2022.

 

 

 

 

 

 

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Musique

Un suicide

Camaret, juin 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

Un suicide

Polyglotte et voisine, elle est allée parler au bitume cinq étages plus bas. Sa langue était inconnue. La traduction ne s’est pas faite. 

 

La nouvelle m’est arrivée quelques heures plus tard après une nuit de travail. La porte de mon appartement à peine ouverte, ma fille m’a parlé d’un « accident ». Plus discrètement, ma compagne m’a parlé de « suicide ».

 

On repense à la dernière fois avant la bifurcation vers « l’accident ». Bien-sûr, rien ne pouvait laisser supposer que. Et même si….

 

Sortie de son, vol sans ailes, arrêt brutal de la routine, le suicide orchestre nos souvenirs. Puis, inspirés ou non, c’est à nous de jouer.

 

Ma fille continuait de jouer plus loin. Après avoir dit une ou deux fois « C’est triste », il m’a fallu plus de dix minutes dans les toilettes pour retrouver un peu de volonté. Ma compagne semblait avoir eu le temps de digérer l’événement. Sans doute en discutant avec deux autres voisines également sollicitées par la police.

 

Ces derniers temps, je réécoute beaucoup deux titres du groupe haïtien Les Ambassadeurs :

 

Evénement et Mission Spéciale.

 

Dans ces deux titres, qui datent des années 70-80, la musique Kompa du groupe  Les Ambassadeurs est un harnachement de vie avec lequel (comme d’autres groupes haïtiens de cette « époque ») il chante aussi son attachement à  son île natale, Haïti, recouverte par la dictature militaire et politique, pays qu’il avait dû quitter.

 

Cette musique me rappelle ces soirées antillaises où, d’abord enfant, mes parents m’ont emmené : baptêmes, mariages, communions…

Souvent dans des grandes salles où beaucoup de gens dansaient sur des titres de plus de cinq minutes.

Pour moi, ce monde était une routine et aussi un spectacle. Une routine disparue en quittant l’enfance en France. C’était avant le Zouk de Kassav’ ( https://vimeo.com/586837210 ;  Jacob Desvarieux ) à partir du milieu des années 80.

 

Mais la vie ne se regarde pas et ne s’admire pas dans les vitrines. Elle s’apprend, se traduit et se danse. Celles et ceux qui affirment le contraire parlent la langue des dictateurs. ( Enfant de la France/ Enfant de la Transe ). 

 

Après les titres Evénement et Mission Spéciale, dans notre appartement, j’ai mis du Dub avec des titres du groupe bordelais Improvisators Dub.

 

Puis, pour finir, au casque, le titre Hommage aux Disparus du groupe haïtien Les Frères Dejean.

( merci à ma cousine Janine pour m’avoir fait parvenir de Guadeloupe via mon frère il y a quelques années ces titres – et d’autres- des groupes Les Ambassadeurs et Les Frères Dejean).  

 

Franck Unimon, ce samedi 25 juin 2022.

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Théâtre

Au Théâtre du Soleil ce samedi 16 avril 2022 : l’île d’Or

 

 

Au théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022 pour « L’île d’Or ». Photo ©️Franck.Unimon                  

 

Au théâtre du Soleil ce samedi 16 avril 2022 : L’île d’or

 

Le Théâtre du Soleil est une planète dont j’avais entendu parler il y a plus d’un quart de siècle.

Je l’avais approchée sans l’atteindre. Le parc floral, l’été, et ses concerts (je me rappelle d’un très bon concert de Chucho Valdès). La caserne militaire où, appelé, j’étais un peu passé avant d’être affecté à l’hôpital militaire Bégin. Le centre équestre de la cartoucherie de Vincennes.

 

Il fallait réserver rapidement. Les places partaient très vite. J’habitais dans une banlieue éloignée et opposée.

 

Des noms stratosphériques, des noms magiques, sont « accolés » au Théâtre du Soleil. Ariane Mnouchkine, Hélène Cixous, Philippe Caubère, Simon Abkarian et beaucoup d’autres.

Le passé, le présent et l’avenir y sont composés comme dans une musique de Sun Ra.

 

Il y a bientôt une dizaine d’années, j’avais lu L’Art du Présent, le livre d’entretiens d’Ariane Mnouchkine avec la journaliste Fabienne Pascaud.

 

 

Pour un spectateur, pour un comédien, pour un auteur, passer par le soleil de ce théâtre, c’est entrer dans un lieu qui a résisté et résister peut-être aussi un peu avec lui.

 

A la lave de l’amnésie, de la destruction, de la dépression et du fatalisme.

 

Pour cela, il faut traverser Paris, capitale et astre culturel, ou s’en extraire. Pour venir à Vincennes. En voiture, en navette, à pied depuis la gare du RER A, voire en bus ou à pied. Je ne l’ai pas vérifié mais peut-être que le théâtre du Soleil a tenu à s’implanter hors de Paris avec un esprit d’engagement qui similaire à celui du théâtre des Amandiers, à Nanterre, lors de sa création ou dans certains mouvements proches de l’antipsychiatrie. 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

Pour cette première fois au Théâtre du Soleil, j’avais emmené ma fille avec moi. Depuis Argenteuil, nous avons pris nos vélos, le train puis le RER. Il faisait beau.

 

Devant le Théâtre du Soleil, à gauche, en blanc, Ariane Mnouchkine après la représentation ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

 

J’ai dû m’y prendre à trois fois pour cette première fois. D’abord, il a fallu remettre notre venue à une autre date. Trop de cas de Covid parmi les comédiens en janvier m’avait-on appris ? Est-ce que je voulais reporter notre venue ou être remboursé ? On reporte. Je suis né à Nanterre où, jusqu’à mon adolescence, j’ai grandi à quelques minutes à pied du théâtre des Amandiers devant lequel je suis passé d’innombrables fois en le regardant comme un endroit qui m’était complètement exogène. Même si, en classe de 3ème, avec notre prof de Français de 3ème, je suis entré une fois dans le théâtre des Amandiers pour aller voir Combat de Nègres et de chiens, j’ai raté toutes mes rencontres avec le théâtre des Amandiers. Quarante ans plus tard, je n’allais pas rater ma rencontre avec le Théâtre du Soleil.  

 

Au théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

La fois suivante, ma fille était invitée à l’anniversaire d’une ses copines. Nous n’allions pas la priver de cette fête pour cette « surprise ». Une « surprise » dont elle ne connaissait rien. Plus de trois heures. Un ou deux entractes. Un peu un pari. Il y a des surprises d’accès plus « facile».

J’ai fait confiance à l’endroit et au jeu. A la mise en scène. Au spectacle. A mon envie ou à ma « folie ». 

 

Sur place, nous avons trouvé dehors un public qui  m’a semblé être constitué d’habitués. Autant celui venu pique-niquer ou se distraire en famille que pour se restaurer ou pour assister à la représentation.

 

A l’intérieur, cela a été la surprise de voir les comédiennes et les comédiens se préparer.

Je ne peux pas parler de ce que j’ai vu sur scène. Mais je suis content d’être venu.

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Avec Emmi. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Et si j’ai mis autant de temps pour montrer ces photos, c’est parce-que j’ai voulu bien les choisir. Je ne suis pas sûr, ce soir, d’y avoir réussi mais j’espère qu’elles parleront pour moi.

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Emmi découvre les comédiennes et les comédiens en pleine préparation. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce Samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo©️Franck.Unimon

 

 

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

 

 

Au Théâtre du Soleil, ce samedi 16 avril 2022. Emmi avec Ariane Mnouchkine, après la représentation. Photo©️Franck.Unimon

 

Franck Unimon, ce vendredi 17 juin 2022.

 

 

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Croisements/ Interviews

Ligne 56

Baguette de pain au charbon actif de la boulangerie Utopie. On dirait une pirogue. Photo ©️Franck.Unimon

Ligne 56

 

Initialement, ce n’était pas mon chemin. Pour rejoindre la Gare du Nord depuis la place de Nation, j’avais d’abord prévu de prendre le RER. Puis, j’ai pensé au bus. J’ai trouvé celui de la ligne 56. Il a fait très beau, aujourd’hui. Sauf que dans le bus, les gens étaient énervés. Des femmes, principalement. Il y avait un certain nombre de poussettes avec des enfants. Des personnes en fauteuil, aussi. Tout le monde voulait prendre le bus et aller quelque part. 

Une place assise s’est libérée assez vite devant moi. Je me suis installé en sens inverse de la circulation. Et j’ai sorti mon baladeur. J’ai cherché un titre de U-RoyControl Tower. J’avais envie d’aller ce soir au concert de Zenzile et de High Tone ( Zentone )à l’Elysée Montmartre. J’ai aimé plusieurs titres de leur album. Je les ai déja vus séparément en concert.

 

Je n’ai pas trouvé U-Roy. Je me suis rabattu sur le titre Why de Tikiman/ Paul St Hilaire. Mais cela n’a changé grand chose :

 

« Ne soyez pas raciste ! ». Cela faisait des années que je n’avais pas entendu ce genre de phrase. Celle qui, pour certaines personnes, est rapide à attraper et à lancer dès qu’on les contredit ou contrarie. 

 

« Au lieu de parler, vous feriez mieux de conduire » a continué la même dame. Pour développer ensuite : « Sinon, vous allez faire un accident… ». Puis, dans le bus, à destination du chauffeur, elle a répété cette phrase quatre ou cinq fois comme un mantra  » Vous allez faire un accident ». Comme si elle l’espérait. Comme si les autres personnes autour d’elles ne comptaient pas. 

 

Le chauffeur est resté calme. Comme il l’avait annoncé à plusieurs reprises, son terminus est arrivé à la station Strasbourg/Magenta.  Il n’y avait pas eu d’accident. Tout le monde est descendu. 

Je suis allé voir le chauffeur, alors qu’il continuait de répéter, professionnellement, que cet arrêt était terminus. Et qu’un autre bus, qui, lui, irait jusqu’à la Porte de Clignancourt, allait arriver dans trois minutes. Il tenait à ce que tout le monde ait bien entendu l’information.

Lorsqu’il a remarqué que j’étais près de lui et que j’attendais, il s’est tourné vers moi. Je lui ai dit :

« Félicitations pour votre sang-froid ! ».

Il m’a répondu :  » Ah, merci ! Je ne sais pas ce qui se passe….je connais bien cette ligne et je ne sais pas pourquoi les gens sont énervés comme ça ».

 

J’ai marché jusqu’à la gare de l’Est. En m’approchant, j’ai reconnu l’acteur Alex Descas, de dos. J’ai continué de marcher et j’ai hésité. 

Vous ne connaissez pas l’acteur Alex Descas ? Il est le futur dictateur Mobutu dans le film Lumumba de Raoul Peck. Son apparition à la fin du film, après l’assassinat de son « ami » Lumumba était glaciale. 

Alex Descas a aussi joué dans plusieurs films de Claire Denis. Vous ne le trouverez pas dans le dernier Top Gun avec Tom Cruise. Alex Descas a aussi joué dans Volontaire (2018) de Hélène Fillières. 

 

C’est la seconde fois que je croise Alex Descas par hasard dans Paris. La première fois, c’était avant l’existence de mon blog, près du centre Pompidou, non loin d’une salle de cinéma, le MK2 Beaubourg. Là, c’est à la gare de l’Est. Qu’est-ce que je fais ?

 

J’attends un peu. Puis, alors qu’il se dirige vers la gare de l’est et me dépasse, je me rapproche doucement :

« Bonjour, Monsieur Alex Descas… ».

Il s’arrête. C’est bien lui. Il me salue comme si nous nous étions déja vus. Alors qu’il est impossible qu’il se souvienne de moi. 

Il m’écoute patiemment. Je lui explique que j’aimerais bien faire son portrait pour mon blog. Sur le principe, il semble partant. 

Donc, je lui demande :

« Alors, comment on fait ? ». 

Il me répond de contacter son agent, me donne son nom, m’apprend qu’il sera absent durant quelques semaines. 

Il s’agit maintenant de ne pas trop l’importuner. Mais, avant de le laisser, je lui demande s’il accepte que l’on fasse une photo, ensemble. Il accepte facilement. Les smartphones, aujourd’hui, permettent facilement de se photographier avec quelqu’un. 

L’acteur Alex Descas et moi, ce mercredi 1er juin 2022, à la gare de l’Est. Avec nos lunettes, on pourrait presque croire que nous sommes de la même famille. Photo©️Franck.Unimon

 

Après le deuxième cliché, je lui dis :

« Vous êtes plus beau que moi ! ».

Il commence à répondre :

« Ce n’est pas une question d’être beau… ». Puis, il comprend que je le taquine.

Alors qu’il tire sa valise à roulettes, je lui souhaite un bon voyage. Il me tape sur l’épaule amicalement avant de s’en aller.

 

Rachida Dati

Article issu du journal « Le Parisien ».

 

 

Rachida Dati force mon admiration pour sa capacité à s’imposer en politique. Elle ne m’est pas sympathique. Je lui reconnais des aptitudes hors normes dans cet univers très particulier de la politique. Elle est quand même celle qui avait réussi à effrayer François Fillon alors qu’il était encore Premier Ministre, lorsque celui-ci avait envisagé de se présenter pour devenir maire d’un des arrondissements prestigieux de Paris ! Peut-être l’arrondissement dont Dati est désormais la maire. Le 6ème ou le 7ème.

 

De toutes les femmes nommées Ministre par Nicolas SarkozyDati est, je crois, la seule à s’en sortir. Même si Valérie Pécresse ne s’en sort pas trop mal, surtout après ses résultats aux dernières Présidentielles. Car j’ai vu que, ça y’est, Pécresse avait réussi à rembourser ses dettes dues aux élections Présidentielles. Elle a « reçu » plus de trois millions d’euros de dons pour rembourser ses dettes. Elle s’est quand même très bien débrouillée. Et cela signifie, pour moi, qu’elle survivra. Et si elle survit, cela veut dire qu’elle fera mal à quelqu’un, à un moment ou à un autre. Comme Dati.

 

Cet article trouvé dans le journal Le Parisien m’a très vite interpellé car Dati avait choisi Anne Hidalgo pour ces dernières élections Présidentielles.

En lisant les propos de Dati concernant Anne Hidalgo, je me suis dit :

 » Dati, c’est vraiment un serpent ! ». A part, bien-sûr, envers Nicolas Sarkozy. On dirait qu’en dehors de celui-ci  ( Nicolas Sarkozy ) ou de celle ou de celui qu’il « soutient » ou « protège » que Dati a carte blanche pour étriller qui bon lui semble. Pour moi, Dati fait partie des psychopathes qui ont réussi. Elle injecte, sans hésiter, une dose robuste de venin à Anne Hidalgo qui pourrait décimer une écurie. 

Je sais que Dati cherche à bâtir la mise à mort, au moins politique, d’Hidalgo. Mais je me demande aussi si Anne Hidalgo persiste à rester parce-qu’extrêmement rigide. Et orgueilleuse. Ce qui ferait, aussi, de Dati une commentatrice lucide.

Si c’est le cas, ce serait un nouveau tour de magie stratégique de plus de celle-ci si elle parvenait, une fois Hidalgo partie, à devenir maire de Paris à sa place. Car on dirait que personne ne pourrait lui tenir tête pour devenir maire de Paris. A part peut-être….Valérie Pécresse

 

Utopie

Pain de la boulangerie Utopie. Photo©️Franck.Unimon

 

C’est un nom bien choisi pour une boulangerie. J’avais arrêté d’y aller. Et puis, en lisant un article récemment sur la fabrication artisanale du pain, j’ai réentendu parler de la boulangerie Utopie. C’était sur mon trajet de métro, ce mardi. Alors, j’y suis retourné. Je ne connaissais pas ce pain. Je l’ai goûté ce matin. Très très bon. Je reviendrai.

 

Franck Unimon, ce mercredi 1er juin 2022. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Addictions

Au bâtiment 21 avec Pierre Sabourin et Claude Orsel

Depuis le pont d’Argenteuil, ce 29 Mai 2022, au matin. Photo ©️Franck.Unimon

 

              Au bâtiment 21 avec Pierre Sabourin et Claude Orsel

 

La semaine dernière, le groupe de Rap PNL (aucun rapport a priori avec la Programmation Neuro Linguistique )  a joué plusieurs jours de suite au Palais Omnisports de Bercy. Après avoir écouté cinq titres de leur album Dans la Légende (sorti en 2016), j’ai changé de Cd pour leur préférer celui de Kool Shen, Sur le Fil du rasoir qui, bien que daté (sorti également en 2016), m’a offert deux titres que j’ai réécouté :

Déclassé et Debout.

Auparavant, le titre Ska du Cap de Marion Canonge, sur son album Mitan (sorti en 2011) m’avait beaucoup parlé. De même que la sincérité à peu près infaillible de Diam’s dans son album Brut de Femme (sorti en 2003) ainsi que dans ces quelques minutes que j’ai regardées de son interview récente par le journaliste Augustin Trapenard à propos de son documentaire sur sa carrière et sa vie, projeté cette année au festival de Cannes, festival- présidé cette année par l’acteur Vincent Lindon– qui s’est terminé ce samedi 28 Mai.  

 

 

Mais, il m’a néanmoins fallu écouter l’album solo du pianiste cubain Bebo Valdès (sorti en 2005) – et peut-être aussi débuter la lecture de Notre corps ne ment jamais d’Alice Miller (paru en 2004)- pour me décider à raconter un peu le séminaire Psychothérapies, Psychanalyse et Addictions ( P.P.A) Transfert et Contre Transfert  proposé un samedi ( ou deux ?) par mois  par Claude Orsel.

 

A moins que ce ne soit, tout simplement, le fait d’avoir discuté la veille ou l’avant veille, avec un de mes cousins, dont l’ex beau-père a été condamné, à plus de 60 ans, à 12 ans de prison, pour agression sexuelle sur l’une des filles de sa compagne. Cela fait deux ou trois fois, maintenant, qu’alors que nous discutons de tout autre chose, que mon cousin a « besoin » de faire allusion à  son ex-beau père, qui, désormais, est en prison pour ces faits. Lui, qui se donnait en exemple. Mon cousin a du mal à l’admettre, mais, plus de trente ans après avoir atteint sa majorité et être parti vivre chez lui, il en veut encore à son ex-beau père. Quelques années plus tôt, avant tout « ça », avant cette condamnation, mon cousin m’avait un jour répondu, sûr de lui :

« Tout ça, c’est le passé ». Comme s’il avait tiré un trait. Un trait ?! Le voici, le trait tiré par mon cousin, cela fait deux ou trois fois, maintenant, en à peu près deux ans, qu’il faut qu’il mentionne, à un moment ou à un autre, le fait que son ex beau-père est en prison…

J’ai de quoi comprendre. J’ai été, là, enfant, chez lui. Si son ex- beau-père avait toujours été gentil – ou indulgent plutôt- avec moi, j’avais aussi été quelque peu témoin de certaines humiliations qu’il lui avait infligées. Et, j’ai au moins à peu près un souvenir d’un jour où mon cousin, à dix ou douze ans, s’était démené pour se faire aimer de cet homme qui soufflait le chaud et le froid dans cette maison. Mais, moi, je n’étais pas directement concerné par cette tyrannie. Et puis, ça me dispensait de celle de mon propre père, à la maison, alors, je n’avais pas à me plaindre….

Rue de Rivoli, Paris, le 29 Mai 2022 vers 20h50. Photo ©️Franck.Unimon

La dernière fois que j’avais vu l’ex-beau père de mon cousin, c’était, par hasard, à la Défense, il y a à peu près dix ans. Il ne vivait plus avec ma tante, la mère de mon cousin, depuis des années. Il  allait bien. Il vivait avec quelqu’un d’autre. Peut-être avec celle dont la fille, ensuite, s’est plainte d’agressions sexuelles…

 

L’invité de Claude Orsel, ce samedi 19 Mars 2022, c’était Pierre Sabourin. Son nom me disait quelque chose. Je savais que c’était quelqu’un d’important. Mais c’était flou.

 

Pierre Sabourin, psychiatre et psychanalyste, a cofondé, il y a trente ans, le Centre des Buttes Chaumont. Dans ce centre, on reçoit des victimes d’inceste et on « s’occupe » des violences intrafamiliales et des thérapies familiales.

 

Inutile de dire que durant toute  mon enfance et mon adolescence, jamais les mots «psychiatre » et « psychanalyste » n’ont été prononcés devant moi par quelqu’un de la famille, ou un proche, faisant autorité ou d’à peu près respecté. Au mieux, « la psychiatrie », ça allait avec la folie de celle ou de celui qui avait mal tourné. Et c’était tout ce qui pouvait nous y attendre, à la limite :

Nous retrouver du côté des fous. En quelque sorte ensorcelés par cette croyance, notre destin était ainsi scellé. Mais, chez moi, nous ne pensions pas à la psychiatrie de toute façon. Ou alors, un peu en secret, plus tard, lorsque ma mère évoquerait le fait que mon père était devenu fou au moment de partir faire son service militaire. Mais cela restait un mystère. On pouvait donc devenir fou comme ça ou après avoir été ensorcelé. Comme on attrape un rhume….

Dans l’hôpital Ste Anne, Paris 14ème, ce samedi 19 Mars 2022 au matin. ©️Franck.Unimon

 

Ce samedi 19 mars 2022, un peu avant 9h30, pour assister à ce séminaire à l’hôpital Ste Anne, à Paris, dans le 14 ème arrondissement, il y avait presque autant de monde qui attendait devant le bâtiment 21 qu’au festival de Cannes ou avant un des concerts du groupe PNL.  

 

Il faisait neuf degrés. Il faisait donc, un peu frais.

 

Bien que Claude Orsel ait appelé l’hôpital, avant son arrivée, ce samedi matin, l’entrée du bâtiment 21 était toujours close à notre arrivée.

 

Claude Orsel est né en 1937. Praticien depuis les années 60, il est l’un des  pionniers, en France, dans le traitement des addictions. C’est seulement depuis deux ou trois ans, que j’ai commencé à rencontrer Claude Orsel. En cherchant à me former aux addictions. En tant que soignant.

La première fois que je me suis rendu aux séminaires qu’il organise, Monique Isambart est venue raconter son parcours ainsi que cette époque où, avec Claude, et d’autres, ils s’étaient occupés de patients toxicomanes, à l’Abbaye, en 1969, dans les beaux quartiers de St-Germain des Prés. Deux ans avant que Olivenstein ne crée Marmottan dans le 17ème arrondissement. Je ne connaissais pas du tout l’Abbaye. Je connais un petit peu mieux Marmottan. J’y ai même fait quelques remplacements en tant qu’infirmier. Marmottan a fêté ses cinquante ans à la Cigale en décembre de l’année dernière. J’y étais mais je n’ai pas encore pris le temps d’en rendre véritablement compte dans un article. ( pour patienter, on peut lire Les cinquante Temps de Marmottan). 

 

Ce samedi 19 Mars 2022,  j’ai été admiratif de voir comme Claude Orsel et Pierre Sabourin ont pris ce contretemps, dehors, avec légèreté ; discutant, attendant avec nous que l’on vienne nous ouvrir. Et, pour cela, se mettant au soleil avec nous pour se réchauffer un peu. Ils n’étaient pas à ça près. A plus de 80 ans ! Après tant d’années à percevoir des histoires dans tous les sens mais aussi à vivre des expériences cliniques de fond….

 

Nous pouvons supposer que toutes les portes de ce bâtiment auraient été ouvertes avant même l’arrivée du groupe PNL ou de n’importe quelle vedette du festival de Cannes.  Nous pouvons aussi supposer que Claude Orsel et Pierre Sabourin ont dû en rencontrer, des célébrités. Tant dans le monde du spectacle que de la clinique et de la pensée. Mais ce samedi 19 mars 2022, j’ai sûrement été plus contrarié que l’un et l’autre que l’on nous fasse autant attendre pour accéder à l’intérieur de ce bâtiment. Eux deux semblent avoir à peine remarqué l’incongruité de notre « sort ». Et puis, cela ne valait pas la peine de s’attarder sur ce genre de détail.

 

Par terre, avant d’entrer dans ce bâtiment 21, j’ai aperçu un article de Georg Simmel : Les grandes villes et la vie de l’esprit.

 

En tout, dans la salle, nous étions huit en incluant Claude Orsel. Quatre femmes et quatre hommes, dont une patiente de Claude Orsel. Ce n’est pas la première fois qu’un patient ou une patiente de Claude Orsel vient assister à ce séminaire. Je le souligne car je suis habitué, dans mon travail, à ce que patients et soignants soient séparés.

 

Pierre Sabourin et Claude Orsel se sont connus en Troisième et en Seconde. Pierre Sabourin a un ou deux ans de plus que Claude Orsel.

 

D’emblée, Pierre Sabourin, encore debout dans la salle, nous a interrogé à propos des transgenres. « C’est une question à laquelle on n’est pas habitué ».

 

« J’ai envie de prendre un peu de testostérone » a pu dire une jeune patiente.

 

Le terme « maltraitance » n’existait pas dans le vocabulaire lorsque Claude Orsel et Pierre Sabourin faisaient leurs études de médecine.

 

Direct, voire assez directif, avec la volonté sans doute de trancher afin d’aller à l’essentiel, Pierre Sabourin nous recommande certains ouvrages :

 

La violence impensable, « Introuvable » nous dit Sabourin.

 

Quand la famille marche sur la tête qu’il a co-écrit avec Martine Nisse, autre cofondatrice, avec lui, du Centre des Buttes Chaumont.

 

Sandor Ferenczi, un pionnier de la clinique

 

Puis, Sabourin nous recommande « trois livres sans complexe » :

 

Mort de honte, la BD m’a sauvé dans lequel Serge Tisseron raconte son viol par sa mère.

 

Le Consentement de Vanessa Springora.

 

La Familia Grande de Camille Kouchner.

 

Asnières sur Seine, ce 29 Mai 2022, au matin. Photo©️Franck.Unimon

 

 

Dans le Petit chaperon rouge de Charles Perrault, «  les loups les plus doucereux sont les plus dangereux » nous dit Sabourin. Mais, aussi, «  la menace de mort est toujours présente dans les incestes » :

 L’auteur(e) de l’agression menace soit la victime de mort ou de se suicider si elle parle pour dénoncer.

 

Sabourin évoque « l’effet hypnotique » de la menace de mort sur les victimes. Et poursuit :

« Le médecin doit être le défenseur de l’enfant ». Le médecin a devoir de signalement s’il constate un danger pour l’enfant dans son entourage.

 

Sabourin parle de Marceline Gabel, ancienne secrétaire de Serge Lebovici, psychiatre et psychanalyste, décédé. Celle-ci a écrit des livres.

 

Il est fait mention du numéro 154 de la revue Coq-Héron (revue scientifique d’orientation psychanalytique crééé en 1969).

 

Sabourin recommande le livre Dans la maison de l’ogre- quand la famille maltraite ses enfants de Bernard Lempert, « Une merveille d’écriture » selon Pierre Sabourin.

 

Sabourin explique :

 

« L’absence d’amour entraîne l’absence de don qui amène la dette ».

 

Sabourin parle ensuite, chez la victime de « l’autosacrifice de sa propre intégrité de pensée pour sauver ses parents ».

 

Je découvre que Sabourin connaît très bien des cliniciens hongrois. Ainsi, il est capable de nous donner l’orthographe exacte de Boszormenyi-Nagy Ivan, psychiatre qui a écrit l’ouvrage Invisible Loyalties.

 

Sabourin recommande de relire :

 

 Sándor Ferenczi, un pionnier de la clinique 

 

Totem et Tabou de Freud

 

« La loi de Lacan, c’est la loi du langage » nous dit Sabourin. « On fait appel à la police quand la loi symbolique n’a plus d’effet ».

 

Sabourin nous recommande la lecture de Le Petit homme-coq de Sándor Ferenczi.

 

Est-ce en parlant de Le Petit homme-coq de Ferenczi et/ou de Le petit Hans de Freud que Sabourin parle « d’identification à l’agresseur » ?

 

Il est demandé à Sabourin quels sont quelques uns des signes qui peuvent faire penser qu’un enfant a été abusé. La réponse de Sabourin :

 

Lorsque l’enfant se masturbe tout le temps, tape, frappe, tripote les gens…

 

 

Un dessin d’enfant peut être une preuve clinique et peut être envoyé au procureur.

 

Autrefois, l’enfant était le « domaine » de la femme et de la mère. Il y avait une grande importance de la nounou.

 

« Le silence structure les familles » nous dit Sabourin. « Du ciment dans lequel on met les pieds ? » remarque une des participantes du séminaire.

 

 

«  La Terre a marché sur un certain nombre de mensonges » nous dit Claude Orsel.

 

Sabourin nous recommande l’ouvrage Le Mystère Freud, psychanalyse et violence familiale de Giovanna Stoll et Maurice Hurni, aux éditions L’Harmattan.

 

 

Sur le site de la sécurité sociale, depuis quelques mois, une attention est portée en matière de prévention sur les 1000 premiers jours de l’enfant est-il dit lors de ce séminaire.

 

« La haine de l’amour ». Cette expression est employée par quelqu’un toujours lors de ce séminaire mais j’ai oublié l’auteur(e) de cette expression. 

J’ai parlé de l’artiste et chanteuse réunionnaise, Ann O’Aro, abusée par son père et qui en parle dans son premier album ( Ann O’Aro). Quelques personnes ont pris ses « références ». 

Cependant, je ne connaissais aucun des ouvrages cités par Sabourin. Et n’en n’avais, et n’en n’ai encore lu aucun. Je connaissais Ferenczi, Freud et Tisseron de nom. J’ai peut-être lu un ouvrage  ou deux de Tisseron

Sabourin m’a toutefois confirmé que le livre Le Berceau des dominations de Dorothee Dussy, livre dont j’avais entendu parler récemment, et que je venais de commander, est à lire.

Sabourin me confirme aussi que, souvent, lorsque des professionnels de la Santé se retrouvent face à une situation d’inceste qu’ils se demandent en quelque sorte :

« Pourquoi, c’est tombé sur moi ?! ». Tant ces professionnels peuvent être désemparés devant ce genre de situation. Je ne me sens pas particulièrement à l’aise, personnellement, devant des situations d’inceste que je pourrais rencontrer au travail. 

L’inceste ( au même titre, sans doute, que la pédophilie, mais pour d’autres raisons) est une « particularité » de la clinique qui peut désarmer ou égarer bien des professionnels de la Santé. 

Je comprends que la pratique d’un Pierre Sabourin ou d’un Claude Orsel repose, aussi, sur un armement intellectuel « lourd ». Armement ou ossature dont je suis dépourvu, contrairement sans aucun doute à plusieurs des autres participantes et participants de ce séminaire. Sur les 8 personnes présentes ce samedi 19 Mars 2022, 6 sont des thérapeutes (psychothérapeutes, psychanalystes, psychiatres), 1 est une patiente. Je suis infirmier en psychiatrie et en pédopsychiatrie. Je lis mais assez peu ces ouvrages cités par Sabourin. Et je ne suis pas formé à la psychanalyse. 

 

Il faudrait aussi parler de la moyenne d’âge des participantes et participants. J’aurai 54 ans, cette année. L’ensemble des participantes et participants m’a semblé plus âgé que moi en moyenne de quelques années. Certaines des participantes connaissent Claude Orsel depuis vingt, trente ans, voire davantage.

 

La psychanalyse, un peu comme l’Aïkido, a perdu de sa reconnaissance médiatique. Son nombre d’adhérents diminue. En plus, il s’agit d’une discipline difficile à « maitriser » comme à intellectualiser.

Il lui est préféré des « protocoles » ou des techniques présentées comme plus rapides à utiliser, plus efficaces et aux résultats plus concrets.

Je sais que lire et la théorie ne font pas tout. On peut être très « bon » en théorie ou pour un travail administratif. Et être complètement inadéquat pour la pratique. Pourtant, lorsque la psychanalyse est servie par des personnes comme Pierre Sabourin ou Claude Orsel, il me semble plus difficile de la contredire ou de la déshériter.

 

Le prochain séminaire proposé par Claude Orsel se déroulera ce samedi 4 juin 2022 avec Patrick Declerck qui vient d’écrire Sniper en Arizona.

 

J’aurais d’autant plus voulu être présent que Patrick Declerck – formé à la psychanalyse- avait donné un cours à ma promotion. Il me reste des souvenirs de son intervention. C’était il y a plus de trente ans. A la fin des années 80, en pleine épidémie du Sida, à l’époque où François Mitterand était Président de la République. L’hôpital de Nanterre s’appelait peut-être encore la maison de Nanterre. 

 

Mais je serai en stage avec mon club d’apnée, ce samedi 4 juin.

Rue de Rivoli, Paris, 30 avril 2022. Photo ©️Franck.Unimon

 

Franck Unimon, ce mercredi 1er juin 2022.

 

 

 

 

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Corona Circus Voyage

Les Portes ouvertes des Frigos de Paris ce dimanche 22 Mai 2022

Devant les Frigos, le 12 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

Les Frigos, ce 12 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

Les Frigos, le 12 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

 

Les Frigos, le 12 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

 

Les Frigos, le 12 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

 

Les Frigos, le 12 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

 

 

Les Frigos, ce dimanche 22 Mai 2022 vers 18h. ©️Franck.Unimon

 

 

 

Les Portes ouvertes des Frigos ce dimanche 22 Mai 2022

Un des documents affichés que l’on peut voir à un des étages des Frigos ce dimanche 22 Mai 2022.

 

 

Pareil au document ci-dessus.

 

 

Idem.

 

 

Idem. Je confirme le fait que ce lieu est très cinématographique.

 

Je suis retourné aux anciens Frigos de Paris, dans le 13ème arrondissement de Paris, ce dimanche 22 Mai 2022 parce-que, quelques jours plus tôt, le 12 Mai, j’ai raté un bus.

 

Et que j’ai pris le suivant avec B… un des artistes résidents depuis une vingtaine d’années. Après son père. Lequel B… m’a parlé de ces portes ouvertes du 21 et du 22 Mai 2022.

 

J’étais venu la première fois aux Frigos au début des années 90. Un camarade de la Fac de Nanterre m’avait parlé de ses studios de répétition de musique. Un camarade plutôt sympathique mais aussi étonnant, peut-être mythomane. Néanmoins, ce qu’il m’avait dit des Frigos m’avait donné envie d’y aller.

 

La ligne 14, ce dimanche 22 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

J’habitais encore à Cergy-Pontoise. J’étais descendu à la station de métro du Quai de la gare. La ligne 14 du métro n’existait pas. Les lieux m’avaient épaté avec leurs grosses portes de frigo. Leur atmosphère. J’avais trouvé un lieu qui sortait des contours de l’ordinaire. Je m’étais alors senti moins lisse, moins scolaire. Même si je ne savais pas quoi faire de cette « découverte » qui n’en n’était pas une pour d’autres.

 

Néanmoins, content de moi, j’y avais emmené ma copine de l’époque. Laquelle, intimidée, m’avait dit :

 

« C’est bon, tu as réussi ton coup. Ça me fait peur. Maintenons, partons ! ». C’était en 1992 ou en 1993.

 

Puis, il y a un peu plus de cinq ans, je me suis approché à nouveau des anciens Frigos de Paris. Lesquels, entretemps, m’avaient semblé plus inaccessibles qu’au début des années 1990.

 

Sauf lorsque j’avais appris que Stéphane Bourgoin, alors encore spécialiste français incontournable des tueurs en série (en 2020, il fut confondu pour plusieurs de ses mensonges ) y organisait, sous les voutes, près des anciens Frigos de Paris, un événement relatif à ce sujet. 

C’était après la parution du livre Utθya, en 2013, de Laurent Obertone « consacré » à la  tuerie de masse commise en Norvège, à Oslo et sur l’île d’Utθya, par Anders Breivik en 2011. Je me rappelle de Stéphane Bourgoin évoquant ce livre devant moi avec un certain enthousiasme et de mon embarras : je ne l’avais pas lu malgré mon « intérêt » pour la criminologie et alors que je l’avais interviewé (Stéphane Bourgoin) deux fois deux ou trois ans plus tôt.

 

J’avais trouvé les salles des voutes des anciens Frigos de Paris très bien ajustées à l’événement, question ambiance. Une nuit cinéma y avait même été organisée. Durant l’une des journées de cet événement consacré aux tueurs en série, je me rappelle de certains intervenants, dont un magistrat. Et d’un inspecteur de police qui avait croisé Richard Durn, auteur de la tuerie de la mairie de Nanterre, lors d’un conseil municipal,  après son arrestation. J’avais connu Richard Durn au lycée de Nanterre et j’avais passé quelques moments avec lui. Je me souviens assez bien de lui. ( Au Lycée ).

Dans les voutes proches des frigos, des livres et des bandes dessinées avaient également été mis en vente avec possibilité de dédicace. Dont Mon ami Dahmer de Derf Backderf. Cela devait être en 2013 ou 2014.

Pour un peu toutes ces raisons, retourner ce dimanche 22 Mai 2022 aux anciens Frigos, revenait aussi à retourner dans mon passé.

 

 

Plusieurs des artistes rencontrés, visités, ce dimanche, étaient déja résidents aux Frigos lors de ma première venue au début des années 90. C’est en discutant un peu avec eux que je l’ai appris. Car ce dimanche 22 Mai, pas de tueur en série ou d’odeur de poudre lorsque j’arrive. Une ambiance agréable. Plusieurs personnes sont attablées, dehors, dans la cour intérieure pavée et prennent un verre. Mais je ne peux pas m’asseoir avec elles. Puisque j’arrive plus tard que prévu et je ne sais pas combien de temps il me reste pour « entrer » dans les Frigos. En passant, je vois que j’ai raté un concert de Rap mais aussi une prestation de poésie.

Si le public que j’aperçois est assez féminin, on vient aussi à ces portes ouvertes en famille. La veille, je suis allé au Survival Expo Paris 2022. Ce qui m’a amené à venir seulement ce dimanche.J’ai envisagé de venir le matin avec ma fille mais les devoirs pour l’école ont pris plus de temps que prévu. Et puis, je me suis demandé si cet endroit lui conviendrait. Oui, il aurait pu convenir car j’ai croisé quelques parents avec leurs enfants.

J’arrive sur la fin de ces portes ouvertes. Il est près de 18h et j’ai le plaisir d’apprendre que cela se terminera à 20H. J’appréhendais que cela ne s’arrête plus tôt.

 

Si je passe d’abord par le premier et le second étage, j’opte ensuite assez rapidement pour monter (par les escaliers, plutôt que par l’ascenseur qui fonctionne) le plus haut possible. Au 4ème et au 5ème étage.

 

Comme il y a un peu de visiteurs et qu’il fait beau, au mois de Mai, je ne ressens pas cette atmosphère inquiétante que j’avais trouvée la première fois où il faisait sombre ou nuit, alors que pas grand monde ne circulait dans les escaliers et les couloirs.

Les photos qui arrivent ne suivront pas toujours avec exactitude la chronologie de ma visite ce dimanche 22 Mai 2022. 

 

©️Franck.Unimon

 

 

©️Franck.Unimon

 

 

©️Franck.Unimon

 

©️Franck.Unimon

 

Ici, j’ai reçu gracieusement des conseils concernant le montage. ©️Franck.Unimon

 

©️Franck.Unimon. La suite de la photo précédente. On peut voir qu’il est alors 18H50. Il reste un peu plus d’un heure. Il y a 5 étages à monter ( je me suis passé de l’ascenseur) et je ne sais pas combien d’ateliers sont ouverts.

 

 

 

L’artiste Marquat, peintre et sculpteur. ©️Franck.Unimon

 

 

Sculptrice, céramiste, peintre, Isabelle Mouedeb est également art-thérapeute et pédagogue. J’ai été particulièrement attiré par ses sculptures en céramique pour lesquelles elle utilise  » deux techniques principales : le raku et l’enfumage. Sur un prospectus qu’elle m’a remis, ces deux techniques, que j’ai découvertes, sont expliquées. Il n’y a rien d’étonnant dans le fait que la technique du Raku m’ait plu puisque je suis amateur de thé japonais et avais ramené de mon voyage au Japon une tasse de thé en céramique sans aucun doute fabriquée avec cette technique.

Les oeuvres au premier plan sont d’Isabelle Mouedeb. ©️Franck.Unimon

 

Oeuvres d’Isabelle Mouedeb. ©️Franck.Unimon

 

 

Oeuvres d’Isabelle Mouedeb. ©️Franck.Unimon

 

 

 

 

©️Franck.Unimon

 

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Saint Chaffray est sculpteur. ©️Franck.Unimon

 

 

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Oeuvres de Saint Chaffray. ©️Franck.Unimon

 

 

Oeuvres de Saint Chaffray, sculpteur. ©️Franck.Unimon

 

 

Traits d’humour de l’artiste Sacha ©️Franck.Unimon

 

 

L’artiste Sacha. ©️Franck.Unimon

 

©️Franck.Unimon

 

 

La voisine d’à côté. ©️Franck.Unimon

 

 

Oeuvres de l’artiste peintre France Mitrofanoff. ©️Franck.Unimon

 

 

France Mitrofanoff m’a proposé de me prendre en photo devant ses oeuvres. Je ne pouvais pas refuser. Photo faite par France Mitrofanoff.

 

 

©️Franck.Unimon

 

 

©️Franck.Unimon

 

 

 

 

 

 

 

La galerie de l’Aiguillage. ©️Franck.Unimon

 

 

La galerie de l’Aiguillage.

 

 

Photo d’Alain Lepagnot dans les étages.

 

 

 

 

 

Dans la galerie de l’Aiguillage.

 

 

 

Fresque POP Graffiti par JO DI BONA réalisée en 12h Live Sans solvant ni Produit toxique Exposition Mars 2017 AIGUILLAGE Photo ce dimanche 22 Mai 2022, ©️Franck.Unimon

 

 

 

 

 

Photo ©️Franck.Unimon

 

 

A droite, Patrik  » T » Thouroude, à gauche, au piano, Patrizio. ©️Franck.Unimon

 

©️Franck Unimon, ce mardi 24 Mai 2022

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Corona Circus Survie

Survival Expo Paris 2022

Survival  Expo Paris 2022 et Vivre Autonome

 

Le Contexte

 

 

 

 

Sans la lecture, deux heures plus tôt, de quelques articles du magazine Yashima (très bonne interview de Didier Beddar par Léo Tamaki) puis du magazine Survivre, j’aurais raté cette édition de Survival Expo Paris 2022 et de Vivre Autonome.

 

Paris, Porte de la Villette, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

 

Deux à trois semaines plus tôt, en commençant la lecture du magazine Survivre,  j’avais appris- puis, finalement, oublié- le « retour » de cette exposition, disparue pendant deux ans, pour cause de….pandémie du Covid et de confinement.

 

En France, en Mars 2020, la déclaration de la pandémie du Covid par le Président Emmanuel Macron -et de son gouvernement-  avait marqué. Car cette déclaration avait été suivie de mesures qui avaient alors transformé radicalement notre mode de vie :

 

Le premier confinement ; les gestes et mesures « barrière » ; la pénurie puis l’arrivage de masques anti-Covid avec leur port rendu obligatoire ; la fermeture des écoles ; l’interdiction ou la réduction des lieux de rassemblent ; les premiers vaccins anti-Covid ont commencé à arriver  fin 2020 bien plus rapidement que la « normale ». D’abord laissés au libre arbitre de chacun, ils sont ensuite devenus obligatoires au même titre que le passe sanitaire en été 2021.

 

Depuis octobre 2021,  des professionnels fonctionnaires de l’Etat, au contact du public, qui ont maintenu leur refus de la vaccination anti-Covid, devenue obligatoire,  sont suspendus sans salaire de leurs fonctions par l’Etat.  

 

Aujourd’hui, la pandémie du Covid est officiellement mieux régulée, mais aussi plus atténuée.

 

Il y a presque un an, maintenant, (depuis juin 2021 si mes souvenirs sont exacts), que nous avons commencé à « sortir » des règles   strictes :

 

En matière de périmètre géographique de déplacement (qui a pu être limité à 50 kilomètres autour de notre domicile sauf pour certaines raisons justifiables et officielles) ; concernant certains horaires de fermeture (les commerces ou administrations fermaient plus tôt lorsqu’ils avaient l’autorisation d’être ouverts) ;  Avant le début des élections présidentielles en avril de cette année, le passe sanitaire a cessé d’être obligatoire dans les lieux publics. Et, depuis ce 16 Mai, nous pouvons, à nouveau, nous dispenser du masque anti-Covid dans les transports en commun. Cependant le masque anti-Covid est recommandé en période d’affluence ou si l’on se sait porteur de la maladie du Covid.

 

Depuis bientôt trois mois, nous sommes informés de la guerre en Ukraine  par l’invasion au moins militaire de l’armée russe le 24 février. Il y a d’autres guerres et d’autres troubles de par le monde. Mais la guerre en Ukraine nous concerne directement nous rappelle-t’on régulièrement.  Pour être approvisionné en pétrole mais aussi en céréales et en diverses autres matières premières. Le prix de l’essence a augmenté depuis le début de la guerre en Ukraine deux mois. Le prix du litre de l’essence est désormais proche de 2 euros le litre ou dépasse les deux euros selon les stations essence.  

 

Et, puis, au travers de la guerre en Ukraine, plane le risque d’une troisième guerre mondiale et, avec elle, celle de l’éventualité qu’une bombe nucléaire explose, à un moment ou à un autre. La France, le pays où je vis et depuis lequel j’écris, fait partie des pays qui soutiennent l’Ukraine au moins militairement.

Photo prise à la gare de Paris St Lazare, ce 21 ou ce 22 Mai 2022. « ©️Franck.Unimon ».

 

Pour se changer les idées, on sort parfois un peu prendre l’air. Car il commence à faire beau. Où l’on suit certains événements culturels ou sportifs qui bénéficient d’une certaine couverture médiatique internationale. Le festival de Cannes a débuté le 17 Mai et se terminera le 28 Mai. Le Tournoi de Roland Garros a commencé le 22 Mai et se terminera le 5 juin. Mais il nous est aussi rappelé que le réchauffement climatique se perpétue et perturbe la Terre. Que les températures sont excessivement élevées. Qu’il y a déjà la sécheresse dans une quinzaine de départements françaises où les nappes phréatiques sont au plus bas ainsi que dans certaines régions du monde où les températures montent jusqu’à 50 degrés.

 

C’est dans ce contexte que je me rends pour la première fois à Survival Expo, présentée comme une manifestation pour « survivalistes ». Et, je m’aperçois maintenant qu’avec toutes ces nouvelles alarmantes, j’aurais dû, avec des milliers d’autres, me catapulter, dès l’ouverture, à ce Survival Expo. Pourtant, j’ai fait l’exact contraire. Je me suis même permis d’oublier cette manifestation.

 

Photo prise ce dimanche 22 Mai 2022, dans le métro, ligne 14. ©️Franck.Unimon

 

Est-ce de l’inconscience, de la naïveté totales de ma part ? Suis-je complètement, et désespérément, abruti, suicidaire ou béatement- et de façon ridicule- optimiste ? Avant de partir pour le Survival Expo, j’ai même envie d’emporter avec moi le livre de Victoire Tuaillon afin de véritablement commencer à le lire. Un ouvrage féministe qui parle de la façon dont se fabrique l’identité masculine et la façon dont cela affecte les relations entre les femmes et les hommes.

 

Mais, finalement, je retire le livre du sac en me disant qu’il prend de la place et que je ne serai pas suffisamment réceptif pour bien profiter de sa lecture.

Depuis la façon de penser d’une personne dite « complotiste », je suis certainement très mal parti pour m’en sortir en cas de mort subite de l’univers. Et, sans doute que selon cette catégorie de personne, dite « complotiste »,  je fais partie du troupeau de gogos qui sera décimé dès le début de la grande catastrophe qui va bien finir par arriver. D’ailleurs, mon extinction, et celle d’autres gogos tout aussi inconscients, laissera un peu plus de place pour celles et ceux qui restent. Et, en particulier, pour les « vraies » personnes méritantes. Les personnes innocentes ( les bébés, les enfants) et celles et ceux qui ont vu venir le péril, qui l’avaient d’ailleurs annoncé, qui s’y sont préparés, et qui ont été ignorées ou ont pu être méprisées par tout une autre catégorie de personnes beaucoup trop sûres d’elles et bien moins informées qu’elles ne le croyaient ou l’affirmaient.

 

Survivaliste/Complotiste, il convient maintenant de s’attarder sur ces deux mots qu’il faut sans doute voir comme une des nombreuses facettes ou dualités de l’être humain.

 

Survivaliste/ Complotiste

 

Depuis la pandémie du Covid, le terme « survivaliste » peut, par moments, se confondre, à tort, avec le terme « complotiste ».

 

Parce-que le gouvernement a pris certaines mesures face à la pandémie du Covid (confinement, restriction de certaines libertés individuelles, obligation vaccinale…) mais aussi montré une impréparation ou une incompétence ( pénurie de masques au début de la pandémie…) qui ont provoqué un scepticisme virulent et croissant chez certaines personnes ou groupes de personnes.

 

 Au cinéma, des figures telles que Rambo, James Bond, Jason Bourne, Captain America, Batman, Spiderman, John Wick,  ou Wonder Woman et Lara Croft sont des figures survivalistes « positives ». A l’inverse, dans la vraie vie, la personne « survivaliste » peut vite être cataloguée comme étant une personne paranoïaque ou raciste ou fasciste au même titre que la personne dite « complotiste ».

 

Le terme « survivaliste », selon moi, divise. Tantôt, on peut lui trouver des vertus du bout des lèvres. Tantôt, il peut susciter une certaine forme de sarcasme.

Le terme « complotiste », lui, me paraît plus mal perçu que celui de « survivaliste ».

Mon ticket de ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

L’événement dont je parle étant le Survival Expo Paris et non le Complotiste  Expo Paris, je vais bien-sûr principalement parler de mon expérience du Survival Expo Paris.

 

Lorsque je pense à la mauvaise connotation que peut avoir le terme « survivaliste », j’ai   un peu l’impression que la personne survivaliste serait un peu l’équivalent du « bouseux », au fin fond des Etats-Unis, davantage complice avec ses armes à feu, -obtenues en toute légalité à des tarifs défiant toute concurrence-  qu’avec la Loi et l’amour de son prochain.

 

« Bouseux ?! » :

 

Dans ma première version, cette partie « Bouseux ?! » n’existait pas. Je la dois à  une personne, rencontrée à la fin de ma visite du Survival Expo Paris 2022, et qui a préféré rester inconnue. 

 

En lisant le mot « Bouseux », cet inconnu a réagi, le trouvant sans doute trop péjoratif.

 

J’ai d’abord été un peu contrarié par sa remarque. Lorsque l’on passe du temps sur la rédaction d’un article et que le résultat nous semble à peu près responsable et satisfaisant, et que l’on est assez pressé de le publier, pour être un peu dans l’actualité mais aussi parce-que notre emploi du temps a ses contraintes et que l’on aimerait concrétiser d’autres projets, il peut être d’abord contrariant de devoir constater que l’on n’est pas suivi dans notre élan comme on l’aurait souhaité. Et que, à nouveau, on va devoir se limiter, se censurer, se justifier. Et retravailler.

 

Mais répondre à la remarque de cet inconnu m’a permis de mieux réfléchir au sens du mot « Bouseux ». Et, de mieux, expliquer, démontrer, les raisons pour lesquels je l’utilise dans cet article. 

 

Je restitue- à quelques corrections près- ce que j’ai spontanément répondu à cet inconnu, en le remerciant à nouveau pour m’avoir interpellé à propos de ce terme :

 

« Le terme « bouseux » est en effet péjoratif : je l’utilise ici précisément pour parler des préjugés que l’on peut avoir ou que l’on pourrait avoir lorsque l’on parle des survivalistes. Il s’agit de retourner le préjugé. Puisque, ensuite, mon article démontre que je n’ai croisé au Survival que des personnes  » a priori » très correctes. 

 En tout cas, l’idée est bien de parler de préjugés vis-à-vis d’une catégorie de personnes dont le mode de vie nous est éloigné : ici, c’est l’opposition très classique entre la campagne et la ville lorsque je parle de « bouseux ». Tout en sachant qu’évidemment, nous avons tous en nous un côté « bouseux ». Mais, aussi, tout intérêt à en avoir un.  Sourire.

On peut aussi se rappeler, mais, évidemment, je te le dis maintenant parce-que tu m’interpelles à propos de ce terme de « bouseux » et que cela m’oblige à détailler la raison pour laquelle j’ai choisi ce terme plutôt qu’un autre :

qu’un « bouseux » ou une « bouseuse », c’est une personne qui met sa main dans la boue ou dans la merde. Quelqu’un qui se mouille et qui s’implique et qui fait en sorte que les choses se font. Et non quelqu’un qui passe son temps à faire la belle ou le beau à la télé, en société ou devant un micro.  Donc, le terme est « péjoratif », oui. Mais dans les faits, il l’est moins qu’on ne le croit. 

Je ne connais pas l’étymologie du mot « bouseux » ni qui a inventé ce terme. Mais l’on peut penser qu’il a été créé par une personne d’un milieu social supérieur et/ou citadin. 

Lorsque je dis « bouseux », vu que ta remarque me pousse à réfléchir sur le sens de ce terme, je me dis que l’on peut remplacer le mot « bouseux » par le mot « éboueur », ou  » ouvrier », ou « infirmier » ou « caissier » ou manutentionnaire, soit une grande partie, finalement, de personnes de classes sociales modestes, défavorisées ou moyennes qui ont souvent, principalement, leurs mains, leur vitalité physique, leur  débrouillardise, leur endurance, mais aussi leurs « astuces », leur système D, leur solidarité, leurs croyances et leurs valeurs, aussi, afin de faire face au monde et à la vie. 

Le « bouseux » est aussi celui qui ne se défile pas parce-que, de toute façon, il ne peut se défiler. Son travail ou son devoir, il sait qu’il le fera. Soit parce-que personne d’autre ne viendra le faire à sa place. Soit parce-que la Loi saura venir lui réclamer des comptes. 

Le « bouseux » est aussi celle ou celui qui n’a pas de passe-droit. 

Dit comme ça, j’imagine que l’expression « bouseux » (te) dérangera moins. Peut-être ou sans doute devrais-je rajouter cette partie dans mon article à propos du terme « bouseux ». Je le ferai sans doute. Car je crois que c’est important.

Ensuite, je ne pourrai pas détailler chacun de mes termes comme je le fais pour le terme « bouseux ». Sourire.

Je n’ai rien contre la campagne. J’ai des origines campagnardes. Et, à mon avis, des personnes entraînées à la vie à la campagne ont des aptitudes à la survie supérieures à la majorité des citadins, dont je fais partie, qui ont oublié ou qui ignorent le Ba-ba de la survie ».

 

Voici donc, en grande partie, ce que j’ai répondu à cette personne pour justifier et quasiment revendiquer l’emploi du terme « bouseux ».

 

Puis, quelques heures sont passées. J’ai décidé de reprendre la rédaction de cet article en passant par une étape très classique lors de l’usage d’un mot : Le dictionnaire. Dans son format papier. Car j’ai un vieux dictionnaire Robert, chez moi, depuis des années. Aussi, je regarde le terme « Bouseux » en me disant presque qu’étant donné que ce terme est une fabrication, que je ne vais peut-être pas trouver son étymologie. Je cherche et je trouve :

 

« Bouseux. Nom masculin-bousoux 1885 ; mot de l’ouest ; de bouse. Familier et péjoratif. Paysan ».

 

En lisant ça, je me dis d’abord que cela contredit ma réponse. J’ai parlé de boue. On parle de bouse. Et puis, je me souviens d’un seul coup, de souvenirs de colonie de vacances, à la campagne, donc. Et du fait de sentir ou de marcher dans la bouse de vache. J’avais oublié. L’expérience concrète de la bouse de vache. Son odeur comme sa substance. Parler de « bouse » ou de « bouseux » n’a effectivement rien d’élogieux.

 

Pourtant, tout ce que j’ai raconté sur le fait de « mettre sa main dans la merde », comme sur l’impossibilité de se défiler, pour le bouseux ou celle ou celui qui peut lui être apparenté (celle ou celui qui a peu de pouvoir économique, social ou qui doit exécuter ce que lui dicte ou lui ordonne une instance supérieure) continue de tenir.

D’ailleurs, si l’on parle de bouse, le métier que j’exerce, celui d’infirmier en psychiatrie et en pédopsychiatrie, consiste aussi, si nécessaire, à mettre sa main dans la merde, la pisse ou le sang.

 

Le terme « bouseux » est péjoratif parce qu’on l’enferme uniquement dans l’action d’être au contact de certaines matières ou substances dont, spontanément, on préfère éviter le contact. Il ne l’est plus s’il est « révélé » ou « rappelé » ce que cette action a de salutaire ou de bénéfique pour le plus grand nombre.

 

C’est parce que l’importance du travail de paysan a été oubliée et méprisée, qu’il y a eu cette scission entre la campagne et la ville. Et que certains maux existent aujourd’hui en termes de pénurie ou de dépendance alimentaire. Et demain.

C’est parce-que l’importance de certains métiers a été oubliée et méprisée ou est oubliée et méprisée que d’autres maux se sont installés dans notre société.

 

Aujourd’hui, le terme « bouseux » n’est plus cantonné à la seule fonction et condition de paysan. Et, il n’y a pas que les « gilets jaunes » ou les « sans dents » qui doivent ou qui peuvent, seulement, se sentir concernés par le terme de « bouseux ».

 

Paradoxalement, peut-être, et sans doute, aussi, avec un certain esprit de provocation, j’en viendrais presque à revendiquer ma condition de « bouseux ». Car, comme n’importe quel « bouseux », c’est en travaillant et en persévérant, que j’ai acquis et accomplis le « peu » que j’accomplis.

 

Néanmoins, les personnes se rendant au Survival Expo auraient un profil très différent de celui du « bouseux ».

Photo prise ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

Le profil supposé des personnes se rendant au Survival Expo

 

 

Avant de me rendre au Survival Expo, j’avais lu que le profil des personnes qui s’y rendent serait généralement celui d’hommes de 35-40 ans, plutôt cadres supérieurs.

 

Et, j’avais été étonné d’apprendre que des cadres supérieurs seraient majoritaires au Survival Expo :

 

Car cela ne collait pas avec l’idée première que je me faisais du « bouseux » qui resterait sur ses terres et y dicterait sa Loi avec les siens depuis plusieurs générations.

 

Mais « cadres supérieurs » ou pas, complotistes ou pas, le contexte fait que n’importe qui, sensible à son environnement et un peu attaché à son avenir ou à celui de ses proches, peut se dire qu’au lieu d’attendre, qu’il convient de commencer à se préparer au pire. Afin d’être le moins possible pris au dépourvu lorsque ce pire arrivera. Puisque beaucoup de signes et de paramètres (le contexte évoqué) contribuent à nous informer de la probabilité croissante de ce pire :

 

La pandémie du Covid et son confinement ; le réchauffement climatique ; la diminution des matières premières diverses, dont l’eau ; les attentats terroristes ; la guerre en Ukraine ou ailleurs ; la crise sociale, politique et économique durable ;  l’effondrement ; les migrations climatiques et économiques ; la « passivité », l’incompétence ou la complicité supposée ou réelle des politiques ; la peur des catastrophes nucléaires ; ce sentiment que les plus riches et les plus puissants font, eux, le nécessaire pour se prémunir des conséquences de toutes ces menaces et de bien d’autres menaces qui condamnent une grande partie de l’humanité.

 

 

Tout ceci concourt à ce qu’un jour, n’importe qui d’un peu attaché à son avenir ou à celui de ses proches, puisse se décider à aller à Survival Expo Paris.

 

Ai-je attendu tous ces « symptômes » de notre époque pour me sentir concerné par les questions de survie ?

 

Non.

 

Mais le contexte actuel, ainsi, sans doute aussi, que le fait d’avoir – en partie- quitté l’enfance et l’adolescence, mais aussi d’être devenu père, m’a certainement d’autant plus poussé à me renseigner davantage sur ces questions de survie. Et, à partir de là, quoi de plus « cohérent », que de se rendre, un jour, à Survival Expo, ce samedi 21 Mai 2022 pour moi.

Des magazines consacrés au survivalisme. Survival Expo Paris, ce samedi 21 Mai 2022.

 

 

Des préjugés et des rencontres ?

 

A quoi m’attendais-je en allant à Survival Expo ? Cela m’a rappelé un peu cette époque, il y a plus de dix ans, où j’avais fait l’expérience des sites de rencontres. Je me sentais un peu honteux d’avoir envie et besoin d’en passer par là. Et si, quelqu’un que je connaissais, s’y trouvait aussi et m’y voyait avais-je alors expliqué à un copain de l’époque qui, déjà inscrit sur un site de rencontres, ne tarissait pas d’éloges à ce sujet ? Celui-ci m’avait alors répondu :

 

« Mais si quelqu’un que tu connais se trouve sur ce site, qu’est-ce-qu’il/elle fait là ? ». Son argument avait été convaincant. Même si, depuis, j’ai de grandes réserves concernant les sites de rencontres : Ce sont, au départ, de formidables moyens de rencontres. Sauf que l’être humain fait aussi n’importe quoi de ces formidables moyens de rencontres ou s’en sert pour profiter de certaines personnes vulnérables.

 

Les affinités et un engagement constant dans une activité commune facilitent bien mieux les rencontres que les sites de rencontre, de mon point de vue. Je me suis donc demandé si j’allais croiser quelqu’un que je connaissais à Survival Expo. Quelqu’un que j’étais incapable de « soupçonner » de penser à la fin du monde en quelque sorte.

 

Et qui pourrait être cette personne ? J’étais un peu curieux de savoir.

 

Dans le métro, ligne 14, ce dimanche 22 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

Mais je n’ai rencontré personne, parmi mes connaissances. Ce qui, évidemment, ne signifie rien du tout. Pour commencer, nous avons pu nous rater. Ensuite, il est des sujets sensibles ou tabous que l’on aborde avec certaines personnes seulement lorsque l’on se sent « en sécurité » avec elles. Lorsque l’on est assuré qu’elles ne nous condamneront pas moralement :

Il y a des personnes vaccinées contre le Covid qui ont pu être très virulentes envers des personnes refusant de se faire vacciner contre le Covid.

 

Il peut y avoir des personnes très virulentes contre tout ce qui a trait, de près ou de loin, au survivalisme. Et, pourtant, sans aller jusqu’à rêver d’une patrie militaire et totalitaire, je crois qu’apprendre un peu de « survivalisme » serait très utile à beaucoup.

 

Parce-que le survivalisme revêt plusieurs aspects. Et, je crois que Survival Expo et l’exposition Vivre Autonome, avec leurs 180 exposants, donne une idée de cette diversité.

 

Une diversité de survivalismes

 

Une diversité si étendue que, par moments, devant certains stands au Survival Expo, je me suis demandé si je devais rire ou me désespérer.

Survival Expo Paris 2022. Photo prise ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon
Au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022.

 

 

A l’exposition Vivre Autonome, ce samedi 21 Mai 2022, un des stands de la librairie permaculturelle.

 

 

Parce-que le « pire » est envisagé au Survival Expo, alors, certains stands vous proposent des solutions au « pire ». Cela commence, dès le début de Survival Expo par plusieurs exposants d’armes blanches : des couteaux. On comprend tout de suite que la vie va se jouer à ça. Au couteau près. Au fait d’avoir un ou plusieurs couteaux sur soi afin de défendre sa peau. Car c’est d’abord à ça que je pense en voyant ces couteaux. A un combat à couteaux tirés.

Au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

 

 

 

Au lieu de penser au fait qu’un couteau peut aussi servir à construire, à sculpter, à cueillir, à manger ou à toute autre activité humaine nécessaire. Et pacifique.

 

Mais voir dans ces couteaux, avant tout des armes de mort, ne m’empêche pas de voir parmi eux de très belles pièces ! Couteuses, mais belles !

Le concepteur des couteaux montrés précédemment. Au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022.

 

Des projections personnelles

 

 

Et puis, cette appréhension et cette forme de peur, en même temps que cette attirance, que je ressens devant ces couteaux, corps étendus, accessibles et tranchants, reflète très bien l’être humain. Capable d’inventions extraordinaires. Comme capable, aussi, de faire le pire avec ces inventions extraordinaires. L’imagination de l’être humain, dans l’horreur comme dans le bénéfique, est probablement sans limites.

D’autres oeuvres du même coutelier forgeron, au Survival Expo Paris, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

Tout est possible avec l’être humain. Tout semble possible, en tout cas. Et, ce sera peut-être, finalement, ma principale réserve et prudence à propos de l’événement Survival Expo car je n’ai pas tout vu ni tout entendu, car cela est impossible :

 

Cet événement donne et vend des idées, des outils, des « armes » ( également des arcs et des lances-pierres), des techniques et des moyens divers, vêtements et matériels résistants et performants, des informations sur l’alimentation et  autres apprentissages convaincants  pour survivre et devenir un peu plus autonomes.

 

Au Survival Expo Paris, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

Mais il  manque peut-être à ce genre d’événement l’apprentissage d’une certaine conscience de soi et du monde qui nous entoure. Il y manque peut-être le fait d’apprendre, aussi, à vivre, d’un point de vue relationnel, émotionnel, sociétal, culturel dans une certaine indulgence et confiance avec soi-même comme avec les autres.

 

Un des stands de livres de la librairie Permaculturelle dans l’exposition  » Vivre Autonome », ce samedi 21 Mai 2022.

 

C’est ce que certaines personnes vont appeler, en le raillant, le « Vivre ensemble » qui a échoué ou qui est ou serait impossible.

 

Je ne vais pas, ici, revêtir une soutane et commencer à prêcher avec des propos tels que « Soyons tous frères et sœurs » ou me déposer une perruque de hippie sur la tête et parler de fleurs et d’amour comme dans les années 70. Nous sommes en 2022 et ce genre de discours, même s’il peut convenir à certaines personnes, a évidemment ses limites en matière de résultats devant certains faits indésirables ou inquiétants.

 

Lorsque je parle « de conscience de soi et du monde qui nous entoure » je repense à  mon appréhension et à ma forme de peur, en même temps que de mon attraction, pour ces couteaux que j’ai vus étalés sur des stands, dès le début de l’exposition :

 

 Je me rends compte qu’il s’agit de mes projections personnelles. De mes propres appréhensions et peurs. Au cas où ces couteaux se retourneraient contre moi. Voire, au cas où, pris de folie, moi, je prenne un de ces couteaux et plante quelqu’un ensuite avec.

 

Si l’être humain est capable de tout, vu que son imagination semble avoir peu de limites,  imagination qui lui a permis d’évoluer et d’être encore présent sur Terre en 2022, un être humain est donc largement capable de prendre un couteau posé sur une table devant lui et d’en disposer contre autrui. Ou, un de ces couteaux effilés peut très bien servir contre lui.

 

 Alors, que, concrètement, tous ces couteaux présents, ne vont pas, d’un seul coup, alors que je m’approche d’eux, s’envoler et me transpercer le corps jusqu’à ce que mort s’ensuive. Personne, et si cela devait arriver un jour, ce serait exceptionnel, ne va décider à me planter avec un de ces couteaux. Juste parce-que c’est moi. Et que ces couteaux sont là, à disposition.

 

Au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

Et, lorsque j’ai quitté le Survival Expo, je ne crois pas qu’il y ait eu d’incident d’agression ou de sang avec tous ces couteaux exposés.

 

Notre façon de percevoir notre environnement et de le considérer comme hostile et hautement dangereux ne dépend pas uniquement de critères et de signes objectifs :

 

Guerre en Ukraine, réchauffement climatique, augmentation du prix de l’essence, chômage, augmentation des incivilités.

 

Notre façon de percevoir notre environnement et de le considérer comme hostile et hautement dangereux dépend aussi de notre sensibilité personnelle et émotionnelle.

 

Et l’on peut tout aussi bien  se sentir en danger dans une simple salle de concert, une simple salle de cinéma ou dans le rayon bonbons et chocolat d’un supermarché. Même sans avoir été victime directe ou indirecte d’un attentat ou d’une prise d’otage dans ce genre d’endroit.

Au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

 

Et, je m’inquiète donc, aussi du fait, que dans un événement comme Survival Expo, on nous donne accès à un certain nombre de moyens, de techniques, de défenses et de solutions en cas de grand danger, ce qui est très bien. Sans insister sur l’importance du nécessaire tri à faire entre nos projections personnelles et la situation que l’on vit dans les faits dans l’immédiat.

 

Un simple regard peut parfois nous sembler animé de mauvaises intentions alors qu’il ne n’est pas. Et, sur-réagir et penser que survivre rime uniquement avec le fait de se sentir tout puissant, toujours prêt, protégé, barricadé et baraqué parce-que l’on est suréquipé, surentraîné, sur-préparé est selon moi une erreur de perception qui nuit ou peut nuire, en partie, au survivalisme.

 

Sans doute vais-je écrire, ici, un gros mot beaucoup plus grave que le terme « bouseux ». Mais j’ai l’impression que le survivalisme, cela consiste, aussi, beaucoup à posséder, malgré tout, une certaine capacité à rester…optimiste. Et lucide sur ce que l’on vit mais, aussi, sur ce que l’on ressent.

Au Survival Expo Paris, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

Je n’invente rien en écrivant ça. Lorsque je repense à quelques récits extrêmes que j’ai pu lire ( de rescapés de camps de concentration, d’expériences sportive extrêmes ou de certaines opérations militaires), je retiens aussi, que, tout en persévérant dans leurs efforts pour se sortir d’une situation très difficile, bien des survivants, ont réussi ou avaient réussi, à maintenir en eux une certaine vitalité d’optimisme voire de bonne humeur. Que ces survivants soient seuls ou en compagnie d’autres personnes.

 

Au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022. A l’arrière plan, avec la vendeuse, le stand de vêtements de la marque AKAMMAK que j’ai alors découverte et qui m’a fait une très bonne impression. ©️Franck.Unimon

 

 

Je n’ai pas eu l’impression que cet aspect de l’optimisme et de la bonne humeur, même s’ils étaient présents lors de la manifestation Survival Expo Paris 2022, aient beaucoup été énoncés, comme faisant partie des éléments essentiels à avoir avec soi ou près de soi, en cas de catastrophe ou de péril imminent. Et, je rajouterais que certaines personnes sont sans aucune doute extrêmement capables et habiles pour survivre, pour s’adapter, pour mettre en pratique bien des techniques ( de chasse, de soins, d’habitat etc…) mais que vivre avec elles pourrait aussi être un calvaire. Il n’y a qu’à penser, par exemple, à ces grands aventuriers ou à ces grands marins très expérimentés, qui, lorsqu’ils se mettent ensemble pour réaliser une expédition ou une course, ont tout ce qu’il faut, en théorie, pour réussir. Et qui, finalement, sont incapables de vivre ensemble et de s’accorder.

Au Survival Expo Paris, ce samedi 21 Mai 2022. Une conférence sur l’alimentation. Il m’a fait plaisir de voir qu’une des personnes du public portait un tee-shirt sur lequel on pouvait lire des noms de rappeurs tels que Damso. ©️Franck.Unimon

 

 

Evidemment, cette partie de mon article doit beaucoup au fait que, dans ma vie personnelle et professionnelle, je suis beaucoup attaché à une certaine compréhension « psychologique » de mon expérience humaine comme de mon environnement.

 

Ma façon « psychologique » de chercher à comprendre ce que je vis et ce que je vois a bien sûr ses limites : Trop intellectualiser. Trop chercher le pourquoi du comment au détriment de l’efficacité et du résultat.

 

Alors que lorsque l’on a faim, froid ou soif, ou que l’on a très peur et très mal,  ou que l’on se retrouve suspendu, retenu par ses deux mains, avec les pieds suspendus au dessus d’un vide de vingt mètres, on cherche avant tout par quel moyen concret, le plus rapide et le plus sûr possible, cesser d’avoir faim, froid ou soif ou très mal ou très peur et se sortir ou se faire sortir de ce vide. Dans ces situations, on sera plus que content de s’être entraîné ou équipé comme il se doit afin de survivre ou d’avoir été en compagnie d’un expert ou d’une experte, cette personne fut-elle, par ailleurs, insupportable,  imbuvable ou l’exact opposé de la plus grande partie de nos valeurs et de nos idéaux.

 

La capacité d’être « rustique » ou de savoir être « rustique » fait aussi partie des aptitudes nécessaires à la survivante et au survivant, à ce que j’ai pu lire ou un peu vérifier.

 

On peut remplacer le terme « rustique » par « bouseux » ou « nature » ou « cash », sans aucun doute. Comme on peut, aussi, les mélanger avec des termes comme « intellectuel », « culture », « être bon vivant ». Il s’agit de trouver le bon dosage qui convient pour celles et ceux avec qui l’on se trouve, lors de la situation de survie, ainsi que pour…la paix de notre âme.

Au Survival Expo Paris, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

 

Vers une conclusion de mon expérience à Survival Expo

 

Comme on le comprend, il y aurait beaucoup à dire sur cette double exposition, Survival Expo et Vivre Autonome. Et, je suis très loin d’avoir tout vu et tout entendu comparativement à ce qui s’est déroulé durant les trois jours de cet événement. 

 

D’abord, je pensais que deux heures me suffiraient pour découvrir ces deux manifestations. J’ai finalement eu besoin des trois heures depuis mon arrivée. Et, encore ai-je été un peu obligé d’abréger ma visite car l’exposition allait fermer. Il allait être 19 heures.

 

Si j’ai bien vu des hommes qui pourraient correspondre au profil « hommes de 35-40 ans », « cadres supérieurs », je ne peux pas en être certain. Car un statut de « cadre supérieur » ne se lit pas sur les gens. Ensuite, j’ai été plutôt marqué par le côté « sortie familiale » de l’événement. Certaines personnes sont venues avec leurs enfants d’une dizaine d’années.

Au Survival Expo Paris 2022, du côté de l’événement Vivre autonome, ce samedi 21 Mai 2022. ©️FrancK.Unimon

 

L’exposition « Vivre autonome », ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

Dans l’exposition  » Vivre Autonome », ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

Dans l’exposition Vivre autonome, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

 

 

Du côté de l’exposition Vivre Autonome, où l’on parle de permaculture, de tout ce qui a trait à l’intérieur d’une maison, de lectures, de manière « amusante », il y avait beaucoup plus de femmes. Lesquelles étaient quand même plus minoritaires dans la partie Survival.

Au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

Je n’ai pas pu assister aux démonstrations de Krav Maga. Car j’étais alors occupé dans les stands, à discuter ou à découvrir certains produits. Mais j’ai écouté avec attention l’un des intervenants, Romain Carrière, qui, en sueurs et souriant après sa démonstration, expliquait avec pédagogie et humour, à des parents venus avec leurs enfants en bermuda, et n’ayant vraiment pas l’allure de grands sportifs, qu’il fallait «saturer de coups » son agresseur. Ce qu’il disait m’a paru plein de bon sens.

 

J’ai été agréablement surpris par la bonne ambiance générale de Survival Expo Paris et de Vivre autonome. J’insiste à nouveau sur ce point. Qu’il s’y soit trouvé des bouseux ou non. Qu’il y ait eu des complotistes ou non au sein du public.

A l’exposition Vivre Autonome, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

On aurait pu s’attendre à côtoyer des personnes haineuses et agressives durant toute la visite. Cela a plutôt été le contraire. J’ai rencontré soit des commerciaux attentifs à leur clientèle (Jusqu’à proposer de véritables promotions sur certains articles). Soit des personnes souhaitant discuter avec d’autres personnes. Tel cet homme tenant à m’expliquer le travail de l’association Tripalium qui permet à des jeunes en décrochage scolaire  d’un lycée PIL ( Pôle Innovant Lycéen) de découvrir le travail du bois en apprenant à fabriquer des éoliennes.

A l’exposition « Vivre Autonome », ce samedi 21 Mai 2022.

 

Dans l’exposition « Vivre Autonome », ce samedi 21 Mai 2022. L’association Tripalium. ©️Franck.Unimon

 

Une éolienne construite par l’association Tripalium, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

Peut-être que le fait de pouvoir exposer librement, et formellement, certaines peurs et inquiétudes, mais aussi de pouvoir exprimer le recours à une certaine violence a permis aussi cette détente.

 Je n’ai pas remarqué de stands de ventes d’armes à feu. Ce qui rappelle une des grandes différences entre la France et les Etats-Unis en matière de législation de ventes d’armes. Aux Etats-Unis, j’imagine qu’un Survival Expo comporte une ribambelle de stands d’armes à feu sophistiquées à portée du public.

 

J’ai ensuite croisé une personne que je ne connaissais pas. Avec laquelle j’ai ensuite repris contact par mail et qui m’a rapidement répondu. Puis qui a très vite réagi à la première version (deux fois plus courte ! ) que je lui ai envoyé de cet article et m’a également fait part de certaines remarques (  à propos du terme « bouseux »), suggestions et informations dont je le remercie à nouveau.

Au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

Au Survival Expo Paris, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

L’exposant de ces tentes de toit de voiture, au Survival Expo Paris 2022, ce samedi 21 Mai 2022. ©️Franck.Unimon

 

L’autre grande surprise, pour moi, de Survival Expo Paris a été la tente de toit de voiture ! Un bon véhicule de camping coûte cher et il s’agit ensuite de l’entretenir. Pour le peu que j’en sais, on achète un véhicule de camping afin de s’en servir régulièrement. Autrement, c’est un gouffre financier. On peut s’acheter une tente de toit de voiture pour 2000 euros, échelle comprise. Selon ses dimensions, si celles-ci ne dépassent pas le rétroviseur, on fait du bivouac. Si ses dimensions dépassent le rétroviseur, on entre dans la catégorie camping.

Le confort est au rendez-vous, avec un matelas confortable, quel que soit le type de tente de toit choisi.

Pour descendre la tente du toit, le vendeur m’a confirmé qu’il fallait être « deux » car celle-ci pèse 100 kilos en moyenne. Pour l’instant. Car on peut penser que ces tentes de toit seront par la suite conçues dans des matériaux plus légers.

 

Je croyais que ce genre de produit existait depuis longtemps :

 

 «Depuis quatre ans » m’a répondu le vendeur.

 

Je croyais qu’avec leur succès, selon moi, inévitable, que le prix de ces tentes allait augmenter. Non, selon le vendeur : « à cause de la concurrence…. ».

 

 

En quittant Survival Paris Expo, j’ai retrouvé la Porte de la Villette. Mais aussi une autre forme de survie qui commençait à se concentrer sur les trottoirs. Une femme d’une quarantaine d’années sollicitait les passants pour faire la manche. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser que c’était pour s’acheter du crack. De l’autre côté de la rue, à quelques mètres de la salle de concert le Glazart, il y avait un paquet d’hommes. Ils étaient moins nombreux, trois heures plus tôt, alors que je me dirigeais vers le  Survival Expo.

 

Il était un peu plus de 19 heures et peu à peu, la nuit, allait tomber. Je me suis dit que la nuit, dans cet endroit de Paris, devait montrer un tout autre monde.  Un monde qu’assez peu de personnes venues au Survival Paris Expo n’avait envie de connaître.

 

 

 

Franck Unimon, ce lundi 23 Mai 2022.

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Cinéma

Utama ( la terre oubliée) un film de Alejandro LOAYZA GRISI

Utama ( La Terre Oubliée ) un film de Alejandro LOAYZA GRISI

 

Sorti en salles ce 11 Mai 2022.

 

Sisa et son mari Virginio, un couple au moins septuagénaire, vivent isolés dans une région assez aride en Bolivie. Leur vie semble ritualisée un peu à l’infini. Elle s’occupe de la terre, des repas et de l’eau. Lui, s’occupe au moins d’emmener paitre son troupeau de lamas à des kilomètres de leur maison. Nous ne sommes pas au Far West avec Clint Eastwood ou avec tel ancien héros de guerre parti se retirer et que quelqu’un, un beau jour, va venir solliciter pour une cause perdue ou en vue d’obtenir un lot de tickets restaurants en édition limitée désignée par feu Virgil Abloh.

 

 

 

Sisa et son mari Virginio ne sont pas des vedettes. Ni des héros. C’est un groupe d’agriculteurs qui a sûrement toujours vécu là et qui a maintenu certains rapports de voisinages avec d’autres personnes clairsemées de leur communauté, et vraisemblablement aussi âgées qu’eux. Il y a même un maire ou un équivalent. Peut-être quelqu’un qui  avait été à l’école primaire avec eux.

 

Un visiteur extérieur, inattendu, plus jeune, la vingtaine, va bien sûr venir transformer un peu la vie réglée de Sisa et Virginio :

C’est leur petit fils Clever, ni meurtrier en cavale, pas même en sevrage de crack et ni vampire. Clever est un petit jeune gentil, propre sur lui, attaché à ses grands parents paternels, et qui parcourt donc des kilomètres (plusieurs centaines, peut-on imaginer) pour venir les voir et leur annoncer une nouvelle. Et non pour venir se suicider à la ferme, dans un coin tranquille.

 

Autant Sisa et Virginio font presque encore partie du monde féodal, autant Clever, lui, est un jeune aussi moderne que n’importe quel jeune étudiant venant d’une « grande » ville. Et, il est là, avec son smartphone et sa connexion internet, son casque audio sur les oreilles et ses bonnes manières à essayer de convaincre le plus que têtu Virginio, le père de son père,  d’aller en ville afin d’aller se faire soigner.

 

 

 

A la fin de Utama lors de la projection de presse, ce 8 avril 2022, un des autres journalistes cinéma présent derrière moi avait dit à sa façon que le film était beau mais que l’histoire….

 

Et, c’est malheureusement ce que j’ai aussi répété à un des attachés de presse lorsque quelques jours plus tard, celui-ci m’avait contacté afin de connaître mon avis sur le film.

Nous avions vu ce film dans le 5ème arrondissement de Paris, entre le quartier St Michel et la faculté de Jussieu, rue des écoles,  pas très loin de Notre Dame. Et, j’ai toujours vécu en ville, près de Paris ou en région parisienne. Mes expériences à la fois d’une vie rurale, et traditionnelle, ont été épisodiques, en Guadeloupe, et plusieurs fois, été synonymes d’ennui et de perte de liberté. Aussi, au même titre que Clever dans Utama aurais-je spontanément tendance à m’inquiéter si mes grands-parents ( ou mes parents) se trouvaient aussi isolés que les siens.

 

 

Il y a donc peu de surprise quant au fait que depuis que Utama est sorti au cinéma, ce 11 Mai, que j’aie préféré écrire d’autres articles avant celui-ci. Pas de vedette à la Benicio Del Toro comme dans le film Sicario. Pas d’action fantastique ou spectaculaire telle que, la nuit, les lamas de Virginio se transforment en beautés féminines qui se livrent des combats d’Arts martiaux- pour les sandales de Virginio- comme dans The Assassindu réalisateur Hsou Hsiao-Hsien. Tandis que Sisa, elle, sitôt Virginio endormi, se rendrait sur Jupiter avec son collier magique en vue d’aller y danser du zouk en cachette avec un de ses multiples amants.

 

Non. C’est juste le monde de la ville du jeune Clever qui vient s’entrechoquer avec celui de ses grands parents, au travers de Virginio, surtout, tandis que Sisa, elle, en bonne figure maternelle apaisante, joue les modératrices entre les deux. Et, tout ça, dans des espaces très bien filmés. Et beaux.

 

Utama peut donc, très vite, être résumé à un film exotique qui permettrait de voyager ou qui pourrait, quelques semaines avant les grandes vacances de l’été, donner envie à des touristes de partir en Bolivie. Utama peut aussi être un film pédagogique- ce qu’il deviendra sûrement- que l’on peut voir avec ses enfants ou avec des ados pour en discuter ensuite. Car il n’existe ni grossièreté ni crudité sexuelle dans le film.

Mais le festival de Cannes a débuté cette semaine et le procès entre l’acteur Johnny Depp et son ancienne femme, Amber Heard, deux vedettes américaines, sont deux événements suffisamment médiatisés pour qu’un long métrage comme Utama passe totalement inaperçu comme d’autres longs métrages qui comportent ses caractéristiques :

 

La simplicité. La discrétion. Des personnes âgées vivant à la campagne. Des lamas. Pas de furie. Pas de stand up. Pas de sang. Pas de sexe. Pas de superpouvoirs. Pas de tube de musique. Un suspense pour la forme. Un film frugal. Presque scolaire. J’ai même eu du mal à retranscrire correctement le nom du réalisateur.

 

 

 

Alors que Utama devrait être regardé. Car l’histoire qu’il raconte est notre histoire ainsi qu’une leçon pour nous qui avons choisi de vivre dans une grande ville ou de rester y vivre. Alors que nous sommes désormais incapables de nous en séparer.

 

Dans Utama, le jeune Clever présente la ville comme l’endroit où toutes les solutions existent et où la médecine présente pourra sauver son grand-père Virginio. Ce que la ville a à offrir ne séduit ni Virginio ni Sisa. Ce couple âgé, que l’on estimera touchant ou peu glamour selon les standards d’Hollywood, ainsi que leurs voisins- d’un âge tout autant avancé- est en fait beaucoup plus libre, et heureux, que quantité d’individus qui sont devenus familiers avec un mode de vie urbain banal :

 

Sisa et Virginio ne comptent pas sur un syndicat, sur un parti politique, sur un horoscope, sur un véhicule, sur des transports en commun, sur une banque, sur une police d’assurance ou sur une réclame publicitaire pour vivre. Ils ne dépendent pas non plus d’un EHPAD comme  ceux décrits dans l’enquête Les Fossoyeurs publiée au début de cette année par le journaliste Victor Castanet.

Ni punks, ni anarchistes, ni révolutionnaires, ni militants, ni intellectuels engagés, Sisa et Virginio vivent à la mesure de leurs forces, de leurs moyens et de leurs mémoires. Ce que l’Etat bolivien, en les négligeant et en les reniant, leur fait payer.

 

Et lorsque Virginio, avec d’autres voisins et Clever, partent ensemble chercher de l’eau -car celle-ci s’est raréfiée- on peut aussi se dire que bien que ce genre de situation reste encore assez abstrait pour la plupart d’entre nous dans des grandes villes, qu’elle est loin de concerner uniquement une région reculée, là-bas, en Bolivie.

 

Si l’on peut, au départ, s’étonner devant l’obstination de Virginio qui s’oppose à son petit-fils Clever, qui, pour son bien, tient à ce qu’il parte en ville se faire soigner, c’est parce-qu’en tant que citadin, on oublie que la ville, en contrepartie de ce qu’elle nous « donne » et nous propose fait de nous, régulièrement, ses détenus et ses prévenus volontaires. Moyennant une partie des territoires de notre mémoire et de notre langue que nous lui concédons.

 

Dans Utama, Clever parle Espagnol, la langue de l’ancien colon, et ne comprend pas lorsque Sisa et Virginio, ses grands parents, s’expriment devant lui en Quechua, l’ancienne langue de l’empire Inca.

Pour moi, le Français pourrait être l’équivalent de l’Espagnol. Et, le Créole, un peu l’équivalent du Quechua pour Clever. A ceci près, que, contrairement à Clever, je comprends mieux le Créole que, lui, le Quechua.

Si le Quechua est la langue du « devant », l’Espagnol est peut-être la langue du «derrière ». Celle de la trahison ou de l’oubli et de la distraction loin ou en dehors de l’histoire des origines. La trahison, l’oubli et la distraction peuvent être des prisons. Des aliénations. Même si ce sont des aliénations faciles d’accès, étourdissantes et très agréables. 

 

Pendant ce temps, pour beaucoup en France, le mot « Quechua » fera d’abord penser à une marque de vêtements de sport de l’enseigne Décathlon….

Aujourd’hui, l’enseigne Décathlon est plus connue que l’empire Inca. Il est également vrai que l’on meurt moins en se rendant à Décathlon qu’en découvrant l’empire Inca.

 

Enfin, le film nous montre un couple uni depuis plusieurs décennies. Soit une prouesse dont nous sommes de plus en plus incapables. Malgré les sites de rencontres, malgré tous nos algorithmes, nos ouvrages de vulgarisation de la psychologie relationnelle et émotionnelle. Malgré tous nos « outils » de communication et de réflexion. Malgré toute notre intelligence y compris féministe ou « émancipée » et certains ouvrages ou podcasts sur le sujet de personnalités telles que Mona Chollet, Victoire Tuaillon, toutes deux au moins autrices de J’ai lu Réinventer l’Amour de Mona Chollet

et de Les Couilles sur la table…..

 

Utama raconte finalement une histoire de l’Humanité qui paraitra très simple voire ringarde à celle ou celui qui se laissera convaincre- et séduire- par son infirmité ou par son immaturité. Et c’est pour cette raison qu’il m’a fallu plus d’un mois pour écrire cet article.

 

Franck Unimon, ce vendredi 20 Mai 2022.

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Corona Circus Crédibilité

Dans des transports en commun parisiens, ce lundi 16 Mai 2022

Photo prise ce lundi 16 Mai 2022 au matin, depuis un train de la ligne J, Paris-St-Lazare/ Conflans Ste Honorine, direct pour Argenteuil.

 

Dans des transports en commun parisiens ce lundi 16 Mai 2022

 

Si l’être humain se porte quelques fois volontaire pour connaître des transports amoureux, il est dans les faits beaucoup plus familier avec les transports en commun.

 

Les transports en commun font partie de nos Dieux quotidiens. Ce sont eux qui donnent du rythme à notre vie et nous orientent lorsque nous avons à nous rendre à un endroit donné. L’automobile fait partie de sa famille.

 

Ce train bleu, il y en a de moins en moins, j’ai aimé le prendre. Surtout lorsqu’il était direct pour Paris ou afin de rentrer à Argenteuil où j’habite. En 11 minutes assez souvent. C’est une durée confortable, qui plus est sur un trajet qui reste en extérieur plus qu’en décors naturels.

J’ai connu des trajets bien plus longs, de trente à quarante cinq minutes, pour arriver à Paris depuis la banlieue comme pour y retourner.

 

Ce lundi 16 Mai 2022, dans des transports en commun parisiens, ce matin, est particulier. Depuis aujourd’hui, nous avons à nouveau le droit de prendre les transports en commun sans avoir l’obligation de porter un masque anti-Covid. Lors du premier confinement de mars 2020 décidé à la suite de la pandémie du Covid, le port du masque était facultatif car il y ‘avait une pénurie de masques anti-Covid. Les masques FFP2, ceux considérés comme les plus protecteurs, avaient été très rapidement  » en rupture de stock ». Et, pour celles et ceux qui, comme moi, avaient été tenus de continuer à prendre les transports pour aller travailler, c’était chacun pour soi avec ou sans masque. Chacun faisait comme il le pouvait avec le masque qu’il trouvait. Lorsqu’il en trouvait.

 

Paris, rue de Rivoli, Photo prise le 1er Mai 2020.

 

Puis, début Mai 2020, des supermarchés, et des pharmacies, nos autres Dieux communs, avaient commencé à multiplier – dans leurs rayons et à leurs caisses- le nombre de masques anti-Covid. Dès lors, le port du masque anti-Covid devint obligatoire  dans les transports en commun ainsi que dans la plupart des lieux publics, restés ouverts car déclarés « essentiels », supermarchés inclus.

Dans la médiathèque de ma ville, lorsque celle-ci était redevenue ouverte au public, il est longtemps resté obligatoire non seulement de porter un masque anti-Covid mais aussi de présenter un passe sanitaire valide ou un test-antigénique négatif alors même qu’il était redevenu possible de circuler dans le centre commercial (Géant) de la ville sans avoir à présenter de passe sanitaire ou de test antigénique…..

 

Vers la fin 2020, les premiers vaccins anti-Covid commencèrent à apparaître, et, avec eux, une forte suspicion, partagée par une partie de la population, quant à leurs effets secondaires compte-tenu de la rapidité de leur conception. L’être humain aime que les miracles interviennent vite lorsqu’ils se déroulent dans des histoires sacrées, pour obtenir une augmentation de salaire, au cinéma ou lors de rencontres amoureuses mais un peu moins lorsqu’il s’agit de se faire percer la peau ou le corps par une aiguille transportant un produit inconnu, mystérieux, non domestiqué de façon convenable et soupçonné de pouvoir nous transformer définitivement. Et malgré notre volonté. 

 

Ce sentiment ou cette impression brutale et nouvelle de menace, de contrôle politique, sanitaire, social et corporel fort peu « corporate »  a provoqué chez certains individus pouvant être classifiés comme  » complotistes, abrutis, irrationnels ou irresponsables »  des réactions de résistance ou de refus variables et plus ou moins vifs, contradictoires et tenaces.

 

J’ai fait partie de ces récalcitrants. Je n’étais pas chaud pour cette histoire d’amour avec cette science injectable, toute puissante, et urgente. Ainsi qu’avec le fait d’être poussé ou plutôt jeté et maintenu, vivant, et de manière répétée, dans ce siphon fortement anxiogène dont il était impossible, officiellement,  de ressortir vivant et bien portant, une fois que l’on avait contracté le Covid.

 

Mais les vaccins anti-Covid sont devenus obligatoires à partir de l’été 2021 et encore plus dès octobre de la même année. J’ai dû choisir entre ma suspension professionnelle, économique et sociétale et la suspension injectable dans le muscle deltoïde.

 

Si j’avais été à la retraite ou proche de celle-ci, et que je vivais, en disposant d’une situation et d’une protection économique et sociale satisfaisante, dans une région, peu ou modérément habitée, avec un enfant majeur, « vacciné » et autonome, j’aurais sûrement fait partie de celles et ceux qui, aujourd’hui, encore, se tiennent contre la vaccination anti-Covid obligatoire.

Paris, rue de Rivoli, Mai 2022.

 

Argenteuil, la ville où j’habite, et Paris, l’autre ville où je travaille et y ai diverses activités choisies, ne correspondent pas aux critères de « région peu ou modérément habitée ». Et, j’ai très mal vécu que ma fille se retrouve privée d’une sortie organisée par le conservatoire d’Argenteuil parce-que, ni sa mère ni moi, ne disposions du pass sanitaire permettant de l’accompagner.

 

A moins de se retirer ou de frauder, vivre sans passe sanitaire et sans vaccination anti-Covid devenait beaucoup plus difficile et beaucoup plus couteux que de prendre régulièrement les transports en commun sans payer. L’être humain a aussi besoin de vivre sans devoir penser et tout anticiper en permanence. Etre vacciné contre le Covid, disposer de son pass navigo ou de son véhicule particulier, c’est aussi pouvoir se déplacer sans avoir à penser aux conséquences d’éventuels contrôles. C’est aussi moins dépendre des autres.

 

 

Me suis-je senti plus protégé, ai-je eu l’impression de mieux protéger mon entourage, une fois vacciné ? Je ne suis pas expert en épidémiologie et encore moins en sciences du risque si ces sciences existent. Je sais que pour exercer mon métier d’infirmier, comme pour se rendre dans certaines régions du monde, mais aussi que pour certaines pratiques, que certains vaccins comme certaines précautions sont obligatoires.

 

Ensuite, intervient notre rapport personnel au risque, à l’interdit, au danger ainsi qu’avec nos propres croyances, ce qui constitue, quand même, une bonne partie de notre identité, de nos choix personnels et de notre individualité. Cette pandémie du Covid nous a quand même mis face à des décisions autoritaires ou plus ou moins autoritaires. Et ces décisions, sans doute, et je l’espère, salutaires, ont aussi eu pour effet d’annihiler une certaine part de notre identité faite de dualité mais aussi de susciter ou d’entretenir de la méfiance. Et des doutes.

 

Je crois par exemple que certaines personnes sont plus exposées que d’autres aux formes graves du Covid. Je crois qu’il est impossible, contrairement à ce que croit le gouvernement chinois, d’éteindre ou d’éradiquer complètement la pandémie du Covid. Il est d’ailleurs très étonnant, voire discordant, que la Chine, actuellement deuxième Puissance Mondiale, qui est- aussi- le pays du Ying et du Yang, pays dont la médecine traditionnelle est millénaire et efficiente,  soit le pays dont le gouvernement chinois actuel, dit moderne, plutôt autoritaire, entend se débarrasser complètement non seulement du risque mais aussi de cette dualité du Ying et du Yang à propos de la pandémie du Covid.    

 

La pandémie du Covid a provoqué une certaine rupture entre ce que nous savons et ce que nous croyons.Ce que nous savons, c’est ce que nous avons appris, apprenons et pouvons prendre ou digérer du monde extérieur. Ce que nous croyons concerne notre vie intime et ce que nous acceptons ou refusons de prendre du monde extérieur. 

 

Si je crois, aussi, néanmoins que, comme bien des Chinois, en me faisant vacciner contre le Covid, comme des millions de personnes, une fois de plus, j’ai fait mon devoir,  je sais, aussi, qu’autour de moi, toutes les personnes que je connais qui se sont faites vacciner contre le Covid, et qui connaissent des personnes qui se sont faites vacciner contre le Covid, aujourd’hui se portent bien. Quel que soit leur âge, leurs traditions, leur poids, leur emploi, leur mode de vie ou leur scepticisme antérieur à leur vaccination contre le Covid. Mais je le « sais » parce-que ma personnalité et ma sensibilité me permettent, à un moment donné, de l’envisager et de le constater. Bien des expériences nous démontrent que notre perception personnelle ou subjective d’un événement, d’une information ou d’une situation peut beaucoup influencer notre façon de la comprendre :

 

Si untel me regarde, c’est parce qu’il m’aime ou me dénigre, selon ce que je ressens voire selon ce que j’attends ou exige de lui.

Une attente ou une exigence dont la personne concernée ignore peut-être tout ou qu’elle est incapable de satisfaire même si elle le souhaitait.  

 

Ce matin, j’ai pris la ligne 14 depuis le 13ème arrondissement jusqu’ à la gare St Lazare, à une heure d’affluence.  Et, sans aucun doute que mon état de fatigue (après avoir travaillé de nuit pendant plus de 12 heures ) et  mon humeur générale ont influé sur ma façon de percevoir mon environnement immédiat.

Paris, près de la gare St Lazare, photo prise ce 14 ou ce 15 Mai 2022. Au fond, la couverture de l’hebdomadaire  » Le point » montrant Emmanuel Macron, Président de la République, réélu en avril 2022 pour cinq ans.

 

Il était plus de 8 heures 30. La ligne 14 était bondée. Mais j’avais pu trouver une place assise. A vue d’œil, je dirais que 50 à 60 pour cent des passagers de la ligne 14 étaient sans masque anti-Covid. Mais c’est une perception très empirique. 

Vu qu’il fait chaud et que cela fait maintenant près de deux ans que nous avons obligation de porter un masque anti-Covid, dès que nous nous trouvons dans un endroit public, j’ai profité de cette « autorisation » de non-port du masque anti-Covid pour m’en dispenser. Jusqu’alors, je continuais de porter un masque dans les transports en commun. Même si, depuis plusieurs jours ou semaines, certaines personnes ou catégories de personnel (des policiers en particulier) se déplaçaient déja sans masque dans les lieux où l’individu lambda, lui, était tenu d’en porter. Le « non-port du masque anti-Covid » étant une infraction pouvant donner lieu à une interpellation policière ou à une amende.

 

Depuis octobre de l’année dernière, ma compagne, infirmière, non vaccinée contre le Covid, est suspendue de ses fonctions. Nous marchons donc sur un seul salaire, le mien, et des économies que nous avions réussi à faire à « l’époque » d’avant la pandémie du Covid et de l’obligation vaccinale contre le Covid pour les soignants.

 

De mon point de vue, au mieux, ma compagne reprendra peut-être ses fonctions à la fin de l’année ou l’année prochaine. L’année d’après, plutôt ?

 

Evidemment, je ne me sens pas le droit de tomber malade. Ni le droit de me plaindre, non plus. D’abord, je ne vois pas très bien ce que cela m’apporterait. Concrètement. Et puis, contrairement à d’autres, qui ont perdu le leur depuis la pandémie, et même avant elle, j’ai toujours un travail. Et nous mangeons à notre faim.

 

Pour cet été, il est déjà prévu que la pénurie soignante, dans les hôpitaux, sera encore plus « abondante » que lors des étés précédents selon Martin Hirsch.

Martin Hirsch a été nommé dirigeant de l’AP-HP (Assistance Publique- Hôpitaux de Paris )  par décret fin 2013.Sur décision gouvernementale, donc, Martin Hirsch a œuvré depuis 2013 en faveur de la « réforme des hôpitaux publics ».

En 2013, il existait déjà une certaine pénurie infirmière. Ainsi qu’une certaine pénibilité déjà croissante des conditions de travail du personnel soignant.

La « réforme » des hôpitaux publics a aussi consisté à (continuer de) fermer des lits, à (continuer de) supprimer des postes de soignants comme à réduire le nombre de RTT annuels des soignants.

 

Il y a quelques semaines, Martin Hirsch a  « alerté » quant au fait que la situation était grave, pour cet été, en termes de pénurie infirmière. En effet, chaque été, comme des millions de Français, le personnel infirmier a aussi envie et besoin de prendre des vacances. Et, encore plus  sans doute après avoir fait partie de ces « héros de la Nation» tels qu’avait pu les nommer le Président Macron (et d’autres femmes et hommes politiques d’autres courants, soyons suffisamment réalistes) qui ont fait face à la pandémie du Covid à partir de mars 2020 et qui, ont, un temps, été applaudis à l’heure du journal de 20h.

 

Il y a trente ans, le personnel infirmier tenait aussi à partir en vacances en été comme des millions de Français. Mais, il y a trente ans, il était assez courant qu’une infirmière ou un infirmier titulaire reste dans son service un certain nombre d’années. Entre cinq et dix ans. Aujourd’hui, il est devenu de plus en plus courant que des infirmiers choisissent d’être intérimaires ou vacataires, après l’obtention de leur diplôme ou après avoir été titulaires d’un poste pendant quelques années. La différence ? Une plus grande facilité pour partir mais aussi pour choisir les services où l’on va préférer retourner travailler. Parce-que les conditions de travail  y seront considérées acceptables. Parce-que le salaire perçu pour y exercer sera à peu près honorable.

Paris, rue de Rivoli, photo prise Mi-Mai 2022.

 

Récemment, une connaissance, une jeune infirmière, âgée d’à peine trente ans, a quitté le poste qu’elle occupait dans une clinique. Elle y travaillait depuis trois ans. Parmi ses projets, elle comptait faire de l’intérim ou des vacations et peut-être partir à l’étranger.

 

 

Ce matin, lorsque j’ai pris le train me ramenant à Argenteuil, j’ai entendu l’annonce nous informant qu’à compter d’aujourd’hui le port du masque anti-Covid n’était plus obligatoire dans les transports en commun mais « recommandé » ou « fortement recommandé » en période d’affluence. Dans le train Bombardier où je me trouvais, cette fois, contrairement à la ligne 14 que je venais de prendre, il y avait peu de monde. Puisque j’étais dans le sens inverse de la « migration » des travailleurs se rendant massivement à Paris ou passant par Paris à cette heure de pointe. Et, je me suis demandé quelle photo je pourrais prendre pour illustrer ce jour particulier. Puis, j’ai aperçu ce train bleu de banlieue qui passait à côté du nôtre. Les deux trains ont ainsi circulé côte à côte pendant plusieurs secondes. Puis, le train bleu s’est éloigné.

Photo prise ce lundi 16 Mai 2022.

 

On aimerait que la pandémie du Covid soit comme ce train bleu. Qu’il y’en ait de moins en moins puis qu’elle disparaisse complètement. On se convainc peut-être que, désormais, ce sera mieux vu que, à nouveau, nous pouvons nous dispenser de masque anti-Covid dans les transports en commun « comme avant ». Sauf que si nos transports en commun peuvent, eux, faire des retours en arrière et nous ramener indéfiniment vers les mêmes destinations, nos Dieux communs, eux, tout comme nos histoires d’Amour ne reviennent pas en arrière. Car, comme nous, nos Dieux communs ont aussi besoin de renouveau, parfois à nous rendre fous, un peu, aussi, comme des vautours, finalement. Oui, comme des vautours.

 

Franck Unimon, ce lundi 16 mai 2022.

 

 

 

 

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Argenteuil Cinéma Corona Circus

Argenteuil sur scène avec l’acteur Jean-Claude Dreyfus, ce samedi 7 Mai 2022

Photo prise depuis la cour du groupe scolaire Paul Vaillant Couturier à Argenteuil, ce samedi 7 Mai 2022. En attendant devant l’atelier de maquillage des  » Cinglés du cinéma ».

Argenteuil sur scène avec l’acteur Jean-Claude Dreyfus, ce  samedi 7 Mai 2022

 

Cela fait maintenant 15 ans que j’habite à Argenteuil. Et je continue de passer à côté de cette ville. Même si je crois y circuler librement et l’avoir traversée à différents endroits.

 

Argenteuil, une ville stratégique

 

 

Argenteuil, pour moi, c’est une ville très étendue, en béton, de plus de cent mille habitants. Une excroissance de béton, polluée comme toutes les villes bétonnées et très automobiles, plutôt bruyante et sale, qui touche d’autres villes :

 

Bezons et son tramway qui la rapproche maintenant de Nanterre et du quartier de la Défense. Epinay sur Seine , qui dispose aussi de sa ligne de Tramway menant à la fête de l’Humanité, jouxte la ville cossue d’Enghien les Bains, son lac et son casino, et, plus loin, la ville de Saint Denis.

Sannois et sa salle de concerts l’EMB Sannois avant de rejoindre Eaubonne. Sartrouville et un peu plus loin Maisons-Laffite, son château, sa forêt et son champ de courses.

Colombes et Asnières, des villes du département du 92, le département le plus riche de France, qui ont l’avantage sur Nanterre, également ville du 92, de mieux desservir Paris en transports en commun.

 

 

Argenteuil est aussi une ville proche de la Seine. Et la mairie d’Argenteuil, depuis des années, a l’ambition que la ville puisse retrouver ou reconquérir ses berges de seine comme auparavant, au début du vingtième siècle. Avant qu’une voie rapide automobile ne coupe les Argenteuillais de cet accès à la Seine. Un accès à la Seine que l’on peut atteindre et longer jusqu’à au moins Epinay sur Seine voire au delà, en passant sous le viaduc de l’autoroute A15, un viaduc que j’ai malheureusement découvert après la mort de la jeune Alisha Khalid, 14 ans, le 8 mars 2021. ( Marche jusqu’au viaduc ).

Cette photo a été prise en 2021, avant la marche blanche pour Alisha Khalid.
L’endroit en question. Photo prise en 2021.
Devant la gare d’Argenteuil centre ville. Photo prise en 2021.

 

 

Argenteuil, proche de l’autoroute A15, permet donc, en surpassant la Seine, de se diriger à Paris, à Lille, vers la Picardie, la Normandie, la Bretagne et d’autres endroits.

Vue sur Paris et le quartier de la Défense depuis la butte d’Orgemont, à Argenteuil.

 

Argenteuil est donc, géographiquement, une ville très importante d’un point de vue stratégique.  D’autant que par le train direct, elle peut relier la gare de Paris St Lazare en 11 minutes. Et que Paris peut être atteint à  vélo depuis le pont d’Argenteuil en une vingtaine de minutes. Ce que beaucoup de personnes ignorent ou sous-estiment encore car, pour stratégique qu’elle soit, Argenteuil, est une ville paradoxale et hétérogène où il existe, ou fourmille, aussi, bien des frontières géographiques et au moins psychologiques.

 

Argenteuil et ses frontières géographiques et au moins psychologiques

 

 

Argenteuil a longtemps été une ville communiste. Pendant à peu près un demi-siècle. Les mairies communistes au pouvoir, et la manière dont elles ont géré ce pouvoir, ont  eu une incidence sur le développement d’Argenteuil. On retrouve une partie de cet héritage communiste dans le nom des lieux, des rues ( Aragon, Desnos, Gabriel Péri….). Argenteuil est un peu la « photo » ou le souvenir d’un certain communisme encore glorieux de l’époque de Georges Marchais, d’un monde d’il y a trente ou quarante ans. 

 

De ce fait, il n’y a rien d’étonnant à ce que ce soit une ville, où il existe des frontières psychologiques et géographiques particulières et qui lui sont propres. 

 

Je crois avoir passé quelques unes de ces frontières plus d’une fois. Comme on enjambe une voie ferrée ou que l’on sort d’un quartier ou d’un bar sans bien savoir ce qui a pu y arriver. Car  je ne fais pas partie des « historiques » d’Argenteuil. De celles et ceux qui y habitent depuis plusieurs générations ou qui y travaillent, et y militent, depuis des années, au contact de celles et de ceux qui « font » cette ville.

 

Je m’exprime donc d’après mes expériences qui ont également leurs frontières et leurs limites.

 

Ces frontières géographiques et au moins psychologiques d’Argenteuil font que certaines parties de la ville sont probablement peu fréquentées par certains des habitants d’Argenteuil.  En cela, Argenteuil peut faire penser quelques fois à un village ou même à une ville retirée de province, où l’on préfère rester plutôt dans son quartier mais aussi dans un passé assez désuet. Je ne serais pas étonné d’apprendre que certains enfants et habitants d’Argenteuil connaissent assez peu Paris.

Photo prise en 2020 ou en 2021.

 

Mais parallèlement à cela, si j’ai pu croiser, il y a quelques mois, une connaissance qui habite à Neuilly sur Seine sur le parking de la Ferme du Spahi, et venant y faire ses courses, ou apprendre que des personnes venant d’autres villes se rendaient au grand marché d’Argenteuil (le marché situé Boulevard Héloïse), je ne suis pas sûr que les personnes habituées à faire leurs courses sur le marché de la colonie ou sur le marché des Coteaux s’y rendent régulièrement.

 

La « désertion » ou la désaffection de certains lieux culturels, mais aussi de certains événements culturels, que ce soit au cinéma Jean Gabin qui se trouve à côté de la médiathèque Aragon& Elsa Triolet  mais aussi à côté de la mairie d’Argenteuil ou au Figuier blanc, lors de certaines séances de cinéma ou pour toute autre manifestation culturelle, par exemple, m’a déjà interpellé.

 

Ce vendredi 6 Mai, me présentant par hasard à la médiathèque Aragon& Elsa Triolet pour y rendre des documents, je découvrais qu’il se déroulait le soir même au cinéma Jean Gabin, un concert à 20H30 en rapport avec Les Cinglés du cinéma. Il semblait y avoir très peu de public. Et, j’avais déjà, plusieurs années auparavant, bien avant la pandémie du Covid fait cette expérience d’un public très clairsemé lors d’événements culturels, de qualité, proposés par la ville dans la salle de cinéma Jean Gabin. La première fois, le musicologue Guillaume Kosmicki nous avait fait une très bonne conférence sociologique sur la musique techno. La seconde fois, un batteur était venu nous parler de son instrument et nous avait, entre-autres, fait une démonstration de biguine.

 

D’autres décisions, à mon sens municipales, me surprennent très désagréablement : Les vacances de Pâques vont se terminer ce soir. Et, le mercredi de cette semaine, je me suis à nouveau fait confirmer que la médiathèque Aragon & Elsa Triolet n’ouvrait que le mercredi après-midi, durant ces vacances de Pâques,  de 14h à 18h. Le même jour, la médiathèque de Cormeilles en Parisis, une ville à cinq minutes d’Argenteuil par le train, était, elle, ouverte de 10h à 19h !

Certes, pour moi qui n’habite pas à Cormeilles en Parisis, l’inscription à cette médiathèque est chère (50 euros, l’inscription à l’année). Mais, en contrepartie, cette inscription me donne accès aux documents des autres médiathèques du Val de Parisis. Dont fait partie la ville d’Eaubonne, où, depuis peu, la médiathèque est ouverte les dimanches.

 

« Gratuite », la médiathèque d’Argenteuil Aragon & Elsa Triolet était ouverte les mercredis dès le matin pendant les vacances scolaires il y a encore deux ou trois ans si je me rappelle bien.

 

Car, souvent perçue et montrée comme un mauvais exemple, la ville d’Argenteuil a disposé ou dispose d’atouts nombreux que même des personnes résidant dans d’autres villes mieux renommées et plus prestigieuses viennent chercher. Cela peut, par exemple, être son conservatoire à rayonnement départemental. Lorsque j’y ai avais suivi une formation en cours d’interprétation théâtrale, achevée en 2016, j’avais pu compter parmi mes jeunes camarades, des personnes venant d’Enghien, de Courbevoie ou de Paris.

 

Ou son offre immobilière. Le mètre carré y étant moins cher qu’ailleurs, certains acquéreurs viennent s’y installer plutôt qu’à Paris, à Asnières ou à Colombes. Le prix du mètre carré dans l’immobilier flambe-t’il à Argenteuil ? J’ai l’impression que la réponse est bigarrée. C’est peut-être assez vrai dans certains quartiers d’Argenteuil, pavillonnaires, aux Coteaux, du côté du quartier de la Colonie mais que l’acheteur semble souvent jouer d’égal à égal avec le vendeur. Ce qui tranche avec d’autres villes où l’on nous rappelle des montants élevés en matière de transaction immobilière. Même lorsque les prix « baissent ».

 

Il est une frontière géographique et pas seulement psychologique très sensible à Argenteuil. C’est celle des écoles publiques.

Photo prise près de la gare du Val d’Argenteuil, en 2020 ou en 2021.

« Dans le passé », Argenteuil a eu de très bonnes écoles publiques. Aujourd’hui, ces très bonnes écoles publiques, collèges et lycées, sont considérées comme ne l’étant plus.

Cela fait des années, en France, que les services publics se font massacrer et perdent de leurs capacités à remplir à leurs missions de soins ou d’enseignements.

 

Il subsiste des établissements scolaires publics aux moyens, aux résultats et aux climats rassurants dans certaines villes. Mais pas à Argenteuil, où, visiblement, au mieux, il faut éviter les collèges et les lycées publics. Voire l’école primaire. En septembre 2020, à l’école primaire, l’enseignante de ma fille avait été en arrêt maladie trois fois dès le mois de septembre. Pour être finalement remplacée au mois de janvier suite à sa maternité.

Pour cette année 2021-2022, à nouveau, ma fille terminera son année scolaire avec un autre enseignant que celle qui avait débuté en septembre. Pour des raisons de santé.

 

 

D’autres parents avaient anticipé dès la maternelle. En trouvant la parade en faisant en sorte de faire admettre leur enfant dans l’école privée d’Argenteuil centre ville : l’école Ste Geneviève qui comprend un collège et qui a agrandi, en partie, ses capacités d’accueil ces dernières années. Mais il est difficile d’y faire admettre son enfant.

Soit il faut s’y reprendre trois à quatre années de suite. Ou avoir la chance ou le privilège d’avoir soi-même été un ancien ou une ancienne de l’école, ou d’y avoir déjà une sœur ou un frère scolarisé, ce qui assure, assez facilement l’admission dans l’école.

 

J’avais sous-estimé cette importance de l’école lorsqu’avec ma compagne, nous avions opté pour venir nous installer à Argenteuil. Aujourd’hui, je regrette ma « légèreté ». Et je supporte assez mal ce suspense à deux balles concernant l’avenir scolaire de ma fille. Mais aussi son environnement relationnel immédiat. Même si je sais que les apprentissages scolaires ne décident pas de tout, ils influencent tout de même beaucoup certaines consciences ainsi que certains parcours.

 

La France de 2022 compte pour l’instant, politiquement, officiellement quatre camps.

 

Les abstentionnistes. La Droite libérale. L’extrême droite. L’extrême gauche. Et sans doute devrais-je rajouter les désespérés et celles et ceux qui sont gravement malades.

 

Nous avons beaucoup entendu parler de la pleine croissance et de l’insouciance de l’après-guerre. Mais nous évoluons dans un monde de radicalisations économiques, sanitaires, idéologiques et politiques. Mais, aussi, climatiques et écologiques. Tout cela semble tourner ensemble. Les radicalisations climatiques et écologiques que nous nous permettons encore d’ignorer semblent se conjuguer avec les radicalisations économiques, sanitaires, idéologiques et politiques.

 

Face aux inquiétudes que nous avons, nos réponses et nos réactions se radicalisent de plus en plus d’un point de vue économique, sanitaire, idéologique et politique.

 

Argenteuil est sans doute une ville où il existe des personnes radicalisées ou en voie de radicalisation. Aujourd’hui, lorsque l’on parle de radicalisation, en France, on pense d’abord à la radicalisation islamiste. Parce-que plusieurs attentats terroristes traumatisants ont eu lieu en France ces dix dernières années et qu’ils ont été réalisés par des islamistes. Alors on résume grossièrement et vite fait la radicalisation à cela.

 

Mais la radicalisation de notre monde, et donc d’Argenteuil, n’est pas uniquement islamiste, s’il y a radicalisation.

 

 La radicalisation la plus générale et la plus partagée en France est sans doute notre façon de percevoir le monde.

Gare du Val d’Argenteuil, photo prise en 2020 ou en 2021.

 

 Par ailleurs, à Argenteuil, des jeunes filles et des femmes de « familles » musulmanes prennent des cours (de danse ou d’instrument de musique) au conservatoire d’Argenteuil ou participent à des cours de boxe française avec des garçons et des hommes. Et lorsque je me suis rendu au hammam de la gare, et où je compte retourner,  je ne me suis pas encore senti regardé de travers parce-que noir et non musulman.

 

 

Il n’en demeure pas moins qu’Argenteuil a ses problèmes. Depuis trois bons mois, maintenant, des vendeurs de cigarettes à la sauvette se sont implantés près de la gare d’Argenteuil et lancent « Marlboro ! Marlboro ! ». Ils disparaissent lorsque la police arrive pour mieux revenir. Je me dis que ces vendeurs devaient être ailleurs auparavant, peut-être dans Paris ou dans une ville de banlieue plus proche de Paris, et qu’ils se sont déplacés.

 

J’ai entendu parler de points de vente de cannabis dans Argenteuil. Un de ces points de vente se trouverait non loin du trajet que ma fille prend pour aller à son école.

 

Sans doute se trouve-il aussi à Argenteuil ou s’est-il trouvé quelque endroit où l’on peut y acheter des armes au noir. Et où y existe ou y a existé de la prostitution clandestine. Je ne suis pas inspecteur de police ni enquêteur social. Mais je lis des fois la presse. Ou parfois, comme hier soir, pour la première fois, j’ai entendu une femme crier dans la rue en bas de chez moi. En regardant par la fenêtre, j’ai ensuite pu voir un homme sortir d’un immeuble, les mains menottées derrière le dos. Il est sorti dans la rue devant plusieurs personnes restées en bas de l’immeuble.

L’homme menotté dans le dos était accompagné de policiers en tenue, portant leur gilet pare-balles et d’un équipage de police en civil venu en renfort. Chacun des deux équipages comportait une femme-flic.

Je me suis dit que cela serait bientôt dans la Presse. Sûrement dans le journal Le Parisien.

 

 

Argenteuil est peut-être une ville qui « craint ». Mais je connais bien des personnes qui s’y plaisent et y ont trouvé leur coin :

 

Si l’on n’est pas client de certains produits comme de certaines heures, ou de certaines ouvertures, on peut très bien passer pendant des années près  de certains endroits sensibles sans s’y retrouver cramponné. C’est un peu comme passer tous les jours au dessus du vide ou de la Seine dans un train en revenant de Paris. En prenant un pont sans  tomber dans la Seine ou dans le vide. Et, je repense de temps en temps au quartier de la Bastille, à Paris, qui, aujourd’hui, est devenu un endroit très recherché alors qu’il a pu, dans le passé, être un quartier de Paris où l’on pouvait croiser des toxicomanes avec leurs seringues.

 

 

En matière de soins publics, je dirais qu’Argenteuil tient plus ou moins le coup. Notre fille est née dans son hôpital. Où il manque, comme ailleurs, du personnel.

Il manque aussi, de plus en plus, certaines professions libérales. Mais il s’y trouve aussi le centre de santé Fernand Goulène.

Des centres dentaires ouvrent aussi à Argenteuil comme partout ailleurs. On dirait que la chirurgie dentaire est le nouveau filon commercial. A côté des filons déjà établis  des pharmacies, assez nombreuses dans le centre ville d’Argenteuil, des agences immobilières, des supermarchés, assez nombreux aussi à Argenteuil, des kebabs, des traiteurs asiatiques et des magasins alimentaires exotiques.

 

A Argenteuil, le haut de gamme peut voisiner ce qui est très bon marché. Et on y vit peut-être « plus ensemble » ou « malgré d’autres » que dans d’autres villes dont on parle moins, en mal comme en bien.

 

La promotion d’Argenteuil

Au Centre culturel « Le Figuier Blanc » en septembre ou octobre 2020, quelques mois après le premier confinement dû à la pandémie du Covid. A Gauche, le Maire d’Argenteuil, Georges Mothron. Devant le micro, Chantal Juglard, 8ème adjointe du Maire, chargée de la culture et du patrimoine.

 

Argenteuil, comme d’autres villes, tient à faire sa promotion et son cinéma. Avec le centre culturel Le Figuier blanc, la salle de concerts La Cave Dimière,  Les Cinglés du cinéma ( qui se déroule à Argenteuil depuis des années) fait un des moyens de cette promotion. J’ai de bons souvenirs de cette manifestation. Comme du salon du livre dont la librairie Presse Papier est l’une des grandes organisatrices.

 

 

Pendant des années, Les Cinglés du cinéma ont eu lieu à la salle des fêtes Jean Vilar dont le parking extérieur marque encore l’entrée dans la ville d’Argenteuil, lorsque l’on y arrive par son pont routier, d’un côté. Alors que de l’autre côté, se trouve le club d’aviron d’Argenteuil, de très bon niveau.

 

Depuis plusieurs années, Georges Mothron, proche de Macron ,et avant, de Sarkozy, maire pour la troisième ou quatrième fois d’Argenteuil (après avoir dû céder sa place quelques années au maire et ex-député socialiste Philippe Doucet) et son équipe ont le projet de détruire la salle des fêtes Jean Vilar.  Pour y permettre à la place la construction d’un centre commercial, d’un multiplexe de cinéma et d’un programme hôtelier de luxe d’après ce que j’avais retenu. Le but serait de donner d’Argenteuil une image plus attractive. De l’autre « côté », à Colombes, il est vrai qu’un certain nombre de projets immobiliers ont été construits. La mairie de Colombes anticipe sûrement l’arrivée du tramway, les Jeux olympiques de 2024 ainsi que le Grand Paris.

 

 

Pour l’instant, à Argenteuil, depuis à peu près deux ans, la salle des fêtes Jean Vilar a surtout servi de centre de vaccination contre le Covid. Mais il subsiste des opposants au projet de démolition de la salle des fêtes Jean Vilar. Au centre de leurs arguments, le fait que ce projet, s’il se faisait, entraînerait des conséquences que l’on peut appréhender concernant la fréquentation de la librairie Presse Papier mais aussi du centre culturel le Figuier Blanc qui contient des salles de cinéma, plutôt proche, à quelques minutes à pied.

L’acteur Jean-Claude Dreyfus, ce samedi 7 Mai 2022 aux Cinglés du cinéma d’Argenteuil.

Cette année, Les Cinglés du cinéma se seront tenus au mois de Mai dans le groupe scolaire Paul Vaillant Couturier. Habituellement, la manifestation se déroule au début de l’année, en janvier ou février. Mais pour cause de pandémie du Covid, l’événement a été décalé.

Au centre, l’acteur Jean-Claude Dreyfus dans la cour du groupe scolaire Paul Vaillant Couturier, à Argenteuil. A droite, le Maire d’Argenteuil, Georges Mothron. A gauche, Chantal Juglard, 8ème adjointe du maire, attachée à la culture et au patrimoine. Dans l’arrière plan, on aperçoit une grue à l’emplacement du projet immobilier Kauffmann & Broad. Photo prise ce samedi 7 Mai 2022, à Argenteuil.

 

L’acteur Jean-Claude Dreyfus a été choisi pour être l’invité d’honneur de cette édition des Cinglés du cinéma. Pour moi, Jean-Claude Dreyfus, cela est surtout resté le boucher du film Délicatessen, un film réalisé en 1991 par  Jeunet et Caro. Alors que, depuis, Dreyfus a tourné dans d’autres films et aussi joué au théâtre. Je l’avais aussi vu ensuite dans Le Duc et l’Anglaise de Rohmer mais j’ai toujours eu du mal avec les films de Rohmer.

L’acteur Jean-Claude Dreyfus, au centre. A sa gauche, le Premier adjoint du Maire, Xavier Péricat. A sa droite, La 8 adjointe du maire, Chantal Juglard. A droite de Chantal Juglard, probablement Gilles Savry, 3ème adjoint du maire. Photo prise ce samedi 7 Mai 2022.

 

Ma fille et moi sommes arrivés aux Cinglés pratiquement au même moment où Dreyfus, accompagné du maire Georges Mothron et de ses adjoints, est arrivé. Et nous avons aussi quitté Les Cinglés du cinéma  pratiquement, aussi, au même moment où Dreyfus en repartait, toujours accompagné du maire Georges Mothron et de ses adjoints. Lesquels ont fait en sorte d’être au plus près de lui afin, aussi, de se trouver, autant que possible, sur les photos qui seraient prises.

 

L’acteur Jean-Claude Dreyfus, entouré, à gauche de Chantal Juglard, 8ème adjointe du maire Georges Mothron, le maire d’Argenteuil Georges Mothron et Xavier Péricat, 1er adjoint du maire. Photo prise ce samedi 7 Mai 2022.

 

 J’ai entendu Dreyfus deviser, cabotiner un peu, aussi. Et l’équipe municipale « sympathiser » avec lui. Le premier adjoint du maire, Xavier Péricat, a raconté à Jean-Claude Dreyfus qu’il avait été en CM1 et en CM2 précisément dans cette école. Et que cela lui faisait donc quelque chose  de particulier que d’y retourner lors de cette manifestation des Cinglés du cinéma.

L’acteur Jean-Claude Dreyfus, ce samedi 7 Mai 2022, aux Cinglés du cinéma.

En effet, du CM1 au poste de premier adjoint de la mairie d’Argenteuil, j’imagine à peine tout ce qu’il a fallu de charge, de choix et de contrariétés préalables. Charge, choix et contrariétés que chacune et chacun connaît un jour à Argenteuil ou ailleurs, à des degrés divers.

 

 

Franck Unimon, ce dimanche 8 Mai 2022.