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Corona Circus

Consentement

Le verso du questionnaire pré vaccinal que j’ai rempli hier avant ma deuxième injection de Moderna.

 

 

                                              Consentement

 

Retour à la normale

 

 

Le médecin qui  a certifié ce lundi 4 octobre 2021 m’avoir examiné et m’avoir transmis  « toutes les informations liées à la vaccination pour la Covid-19 » et m’avoir informé que mon « cycle vaccinal est terminé » est gynécologue.

 

Je l’ai découvert sur l’écran de téléviseur plat derrière les deux hôtesses d’accueil. En ramenant mon « questionnaire de consultation pré vaccinale » que j’avais rempli recto verso. Comme cela m’avait été rappelé par l’hôtesse à laquelle je m’étais adressé. Une femme d’une vingtaine d’années, mesurant environ 1m60, montée sur des talons hauts, qui me l’avait tendu. 

 

Celle-ci avait d’abord été un peu surprise lorsque je lui avais appris la raison de ma venue :

 

Ma deuxième vaccination anti Covid.

 

Cela était sûrement tellement loin des principaux motifs de consultation désormais. Puisque nous étions le quatre octobre 2021 et que la majorité des Français s’était déja fait vacciner. Et puis, la pandémie du Covid est dépassée comme sujet d’actualité depuis fin aout, début septembre. Elle pensait peut-être davantage au décès, la veille, pour cancer, une mort normale et habituelle, de Bernard Tapie, 78 ans.

Bernard Tapie, Ex-Ministre, ex- homme d’affaires, ex-PDG, ex-Patron de l’équipe de Foot de l’OM, ex patron de la Vie Claire, l’équipe cycliste de Greg Lemond et de Bernard Hinault , ex-acteur. Un homme qui avait tout réussi en partant de peu. Au début de sa vie, il aurait tout aussi bien pu être hôte d’accueil durant quelques temps. Peut-être que cette hôtesse, aussi, était-elle une future Bernadette Tapie. Qu’est-ce qu’on en sait ?! Tout est possible.

Photo prise ce lundi 4 octobre 2021, Paris.

 

Derrière les deux hôtesses, en ramenant mon questionnaire de consultation pré-vaccinale, j’ai regardé celui qui m’avait « examiné » puis, quelques minutes plus tard, signifié que mon cycle « vaccinal était terminé ». Il ne me regardait pas.

Sur l’écran de téléviseur, aussi plat que j’aurais voulu avoir le ventre, on pouvait le voir s’exprimer sans le son. Les questions qu’on lui posait étaient retranscrites sur l’écran de même que ses réponses. Les yeux bleus, une alliance dorée au doigt, plutôt mince, la quarantaine, il parlait en s’aidant beaucoup de ses mains. Il parlait « fertilité » en tant qu’expert ; il expliquait qu’ici, dans le centre de soins où je me trouvais, une équipe pluridisciplinaire suivait du début jusqu’à la fin les personnes qui consultaient. Qu’il s’agisse de couples et femmes mariées. Ou de femmes vivant seules et ayant des difficultés à enfanter. En évoquant cette dernière situation, «  des femmes vivant seules », il a eu un mouvement de la main qui signifiait que, pour lui, cette situation particulière qu’une partie de la société rejetait et critiquait encore, n’était pas un sujet. Qu’il était en quelque sorte un praticien et un homme ouvert. Et/ ou qu’il avait réfléchi d’un point de vue éthique à ce propos.

 

Le voir sans le son me donnait l’impression d’être plus réaliste dans ma façon de le percevoir. Cet homme était peut-être un futur politicien mais il donnait l’impression d’être sincère. Même si la sincérité peut être une action éphémère. Devant des caméras ou face au temps. Bernard Tapie, aussi, avait su et pu être sincère.

 

La sincérité :

 

Un homme d’une cinquantaine d’années attendait, assis, près du lieu de vaccination au même étage que la dernière fois. Au 7ème.  Après m’avoir expédié au 7ème ciel en m’accompagnant jusqu’à l’ascenseur, en se servant de son badge et en appuyant sur le bouton, l’hôtesse d’accueil avait tourné les talons pour retourner à son poste, son casque téléphonique de réception toujours sur sa tête. Au 7 ème,  en sortant de l’ascenseur, je n’avais qu’à suivre et me diriger vers le fond en passant devant un premier poste d’accueil vide.

 

L’homme assis m’a répondu qu’il venait de se faire vacciner. Non, il n’avait pas eu mal. Ni cette fois-ci, ni la première fois. J’allais toquer à la porte comme la fois précédente, le 13 septembre, lorsqu’il m’a dit qu’ils allaient bientôt venir  de toute façon.

 

Deux ou trois minutes plus tard, un jeune homme en blouse blanche est sorti pour lui dire qu’il pouvait y aller s’il se sentait bien. Oui, il se sentait bien. J’ai constaté à voix haute :

 

« La dernière fois, nous avions des jeunes femmes, aujourd’hui, nous avons des Rugbymen ! ». Celui qui se tenait debout face à moi devait faire 1m90 pour près de cent kilos. Un vrai physique d’athlète. Il a pris ma remarque avec le sourire :

 

« Pourquoi, ça ne vous plait pas ? ». J’ai démenti. Je remarquais simplement le contraste. Sans pour autant m’attarder. La dernière fois, des jeunes femmes plutôt mignonnes et minces ( Marcher pour ne pas mourir). Cette fois,  un presque  Conan le Barbare  en blouse blanche venait à ma rencontre.

 

A l’intérieur, un autre homme en blouse blanche, assis devant un ordinateur. Moins taillé mais plus quand même que les jeunes femmes croisées trois semaines plus tôt pour ma première injection. Et d’un abord a priori moins avenant. Ou plus stressé, sans le montrer. Donc, capable peut-être d’une grande maitrise de soi. Ou, tout simplement rigide.

 

Photo prise à Paris, ce lundi 4 octobre 2021.

 

Douceur et indulgence

 

Deux jours plus tôt, je m’étais décidé à passer un test antigénique à une heure étudiée afin qu’il me dure suffisamment pour certaines démarches. Telles que pouvoir me rendre à un déjeuner le lendemain (ce mardi 5 octobre) avec une ancienne collègue et amie.

 Je n’avais pas oublié l’expérience désagréable qu’un nouveau test antigénique, réalisé par une charmante étudiante en médecine de 4ème année, avait été pour moi avant ma première injection de Moderna. Or, deux jours plus tôt, soit le 2 octobre, l’étudiant en médecin 2ème année qui avait pratiqué le test antigénique pour une des pharmacies de ma ville s’y était bien pris. Et, je l’avais félicité. Visiblement, il n’était pas familier avec ce genre de compliment. En repartant ce 2 octobre, après ce test antigénique au résultat à nouveau négatif, j’avais considéré que l’on attribue trop facilement la douceur aux femmes. Alors que pour être doux mais aussi indulgent envers les autres, il faut d’abord savoir l’être vis-à-vis de soi-même.

 

Il y a des femmes, soignantes ou non, qui sont brutales. J’avais repensé à cette aide-soignante qui, avant une opération, il  y a plusieurs années, m’avait rasé une petite partie de mon corps à sec. Car elle estimait que j’avais laissé trop de poils près du champ opératoire en me rasant. Je m’étais rasé la veille au soir avec douceur et mousse.

Elle, le matin avant le passage au bloc, sous prétexte d’augmentation de l’efficacité, m’avait administré des gestes rapides et agressifs. Mais loin d’être aussi parfaits qu’elle le croyait. Mais elle avait « fait ». Elle avait fait son œuvre. Je n’avais pas pu m’empêcher de penser que cette femme d’une bonne trentaine d’années, pas très jolie, au lit, devait être un très mauvais coup. Même en étant mère plusieurs fois.

 

 

La  répétition de tests antigéniques ( ou de tests PCR) des millions de fois lors de la pandémie du Covid peut malheureusement se concilier avec un certain nombre de manœuvres « nasales » indélicates. Car, si depuis mes deux premiers tests antigéniques, ou à chaque fois on instillait une tige dans chaque narine alors que maintenant on le fait dans une seule (pour quelle raison ?), la pratique régulière ne suffit pas pour être « doux » ou « douce ». Et, bien supporter un test indélicat n’est pas le bon critère :

Lorsque, plus jeune, j’ai commencé à me raser, je trouvais ça parfaitement normal de finir le visage en sang. Pour moi, c’était ça, être un homme. Ensuite, j’ai appris qu’on pouvait se raser dans la douceur et avoir du plaisir à le faire. Mais, aussi, qu’être dur avec soi-même lorsque cela est inutile et injustifié ne fait pas de nous une personne plus résistante qu’une autre face à une véritable adversité ou  à l’imprévu. Je ne suis ni un guerrier, ni un aventurier, ni un meneur, ni un héros mais je me considère plus résistant et plus constant dans l’effort qu’à cette époque où je me rasais jusqu’au sang et où je bénéficiais pourtant d’une forme et d’une force athlétique supérieures à celles dont je dispose aujourd’hui. Parce qu’aujourd’hui , je crois mieux savoir et mieux reconnaître ce qui est véritablement essentiel. Et ce qui l’est moins. Pour cela, j’ai appris. Certaines fois en prenant des coups. D’autres fois en réfléchissant et en observant. D’autres fois, encore, en acceptant de me faire davantage confiance. Et, aussi, en apprenant à mieux m’aimer. Pour moi, c’est aussi ça, être capable de douceur et d’indulgence pour soi-même comme pour les autres. Cela ne signifie pas être parfait à toute heure ni tout savoir ou être un génie.

 

 

Cependant, pour être plus ou moins « doux » ou « douce », il faut non seulement avoir l’intention et la disposition pour l’être.  Etre suffisamment à l’aise au contact de l’autre. Mais, aussi, être suffisamment « doux » ou « douce » pour soi-même. 

Et, lorsque l’on fait des multitudes de tests à la chaîne, comment rester « douce » et « doux » si, en plus, dès le départ, cela est une notion et une sensation que l’on ignore ? Que l’on banalise ? Que l’on standardise avec des trucs et des tics  de langage et de comportement. Ces « Vous allez bien ? » ou ces «  ça va ? » que l’on ne pense pas mais que l’on inocule aux autres en n’attendant d’eux qu’une seule chose : qu’ils nous réponde de manière toute aussi standardisée : «  Oui, ça va ». « Oui, je vais bien ». Même si elles ressentent le contraire.

 

Voilà le genre de question que l’expérience d’un simple test antigénique peut m’inspirer.

 

 

Faire pire que la douceur et l’indulgence

 

Photo prise à Paris, ce lundi 4 octobre 2021.

Cependant, ce 4 octobre, j’ai fait pire. J’ai fait le professeur.

 

Alors que je m’asseyais tout en répondant au rugbyman en blouse blanche, j’ai d’emblée précisé que je n’aimais pas du tout les tests antigéniques. Ou j’ai demandé s’il faisait « mal ».  Car il venait de m’apprendre que l’on allait quand même me faire un test antigénique au préalable. J’ai marqué mon étonnement. Le test antigénique que j’avais passé samedi était encore valable….puis, j’ai ajouté :

 

« ça va vous ramener de l’argent ! ». Légère dénégation sans débat. Je me suis à nouveau laissé faire.

 

 

L’étudiant en médecine de quatrième année (j’ai demandé) m’a assuré qu’il ferait attention. Je l’ai trouvé sincère et attaché à faire de son mieux. Dans la foulée, je les ai informés, lui et son prochain, que j’étais infirmier en psychiatrie. Ce que je n’avais pas fait lors de ma première injection.

 

En psychiatrie ?

 

Cela a intrigué celui qui s’occupait de moi. Il a voulu savoir ce qui me plaisait à travailler en psychiatrie. Même si je me suis dit que c’était sa façon de détourner mon attention afin que le test antigénique se fasse telle une formalité, j’ai néanmoins répondu.

 

Pour penser. Pour être égal à moi-même. Et non faire du travail à la chaine. A ses côtés, son collègue, également étudiant en médecine 4ème année, ne disait rien. Il était néanmoins ouvertement le plus directif des deux. On aurait dit que, autant, le premier, essayait d’entrer en relation, d’être « sympa », autant, lui, semblait estimer que tout cela était une perte de temps. Qu’il fallait surtout avancer.

 

Etre en quatrième année de médecine, cela peut impressionner le grand public. Il est vrai que faire des études de médecine, c’est faire partie de l’élite. Et puis, ce sont des études difficiles. Il faut donc être une « tête » et aussi avoir le cœur solide et endurant pour ces études longues, à très grande responsabilité et très concrètes. Il faut l’admettre. Je n’ai jamais envisagé de faire médecine. Et, je ne crois pas avoir  souhaité le devenir.

 

Mais, être en quatrième année d’études de médecine, ça donnait et ça donne peut-être encore aujourd’hui l’équivalence pour travailler comme…infirmier. Et, être en quatrième année de médecine, cela ne donne pas l’expérience. L’expérience du métier. Mais, aussi, de la vie. Je peux faire encore plus simple :

 

J’ai bien sûr croisé un certain nombre de médecins, de différentes spécialités, de par mon métier et de par ma vie. En tant que collègues. Ou en tant que « spécialistes » que j’ai pu consulter. Il y a des compétences médicales ou chirurgicales évidentes qu’un médecin acquiert. Néanmoins, cela ne signifie pas qu’un médecin a raison sur tout et sait tout bien faire. Et tout le temps. Et tout seul.

 

Il y a des très bons médecins et des très bons chirurgiens qui, sortis de leur excellence de praticien, font partie des ordures ménagères ou, aussi, des handicapés relationnels et émotionnels. Il y a des médecins et des chirurgiens corrects, passables, et qui, par contre, vont être « bons » ou «  très bons » dans le relationnel. Et, puis, il y a les autres médecins et chirurgiens qui savent surtout vous rappeler et se rappeler qu’ils le sont. Mais qui, en pratique, sont plutôt à surveiller ou à savoir remettre à leur place. Et qui, sans les gardes boue que sont leurs collègues (médicaux, paramédicaux et autres) tiendraient modérément la route. Soit en termes de diagnostic. Soit en termes de comportement. Il s’agit d’une minorité. Mais cette minorité existe et est active comme dans toutes les professions.

 

Je ne suis pas anti-médecin. Je suis surtout contre cette idée qu’être médecin ou chirurgien revient à s’estimer au delà du réel. Au delà de l’autre. Tels ces pilotes d’avion de chasse qui se sentent au dessus de toutes celles et tous ceux qui évoluent à terre et qui, c’est vrai, seraient incapables de faire décoller un simple avion.

 

Photo prise ce lundi 4 octobre 2021, à Paris.

 

Je ne sais ni faire décoller un avion. Encore moins piloter une unité de soins. Je n’ai pas pris de cours. Je n’ai même pas essayé de le faire. J’ai plutôt fait de mon mieux pour éviter de me retrouver à cette place ou dans ce rôle de pilote, de meneur ou de cadre. Ce que j’essaie de faire aussi bien que possible, c’est bichonner mon autonomie de pensée, d’action et ma complémentarité avec les autres :

les médecins inclus jusqu’à la femme ou l’homme de ménage.

 

 

Et, si je ne sais ni faire décoller un avion ni piloter une unité, je sais contribuer, avec d’autres, jusqu’à un certain point, de façon à ce que l’avion ait la quantité de carburant nécessaire. Pour que le vol se déroule à peu près dans les meilleures conditions jusqu’à destination. Qu’il s’agisse d’un vol court, long, facile ou difficile. Je sais aussi participer de manière à ce qu’il y ait le moins de conflit possible au sein de l’équipe. Cela peut compter par moments autant voire plus que l’aptitude technique « pure » et décisionnelle. Même si la mégalomanie de tout un tas de personnages éclipse rapidement ou fréquemment ce fait.

 

La mégalomanie de certains personnages réels

 

 

 Cette mégalomanie n’est pas exclusive aux médecins, chirurgiens ou à certains pilotes d’avions de chasse. Mais on peut la trouver chez quelques unes et quelques uns d’entre eux.

 

C’est pour cela que lorsque mon « piqueur » a commencé et que nous étions toujours en train de discuter, j’ai tenu à être aussi concret que possible dans mes explications. Quant à ce qui m’a donné et me donne envie de continuer de travailler en psychiatrie. Et, lorsque je dis « psychiatrie », je pense aussi bien « psychiatrie » que « pédopsychatrie ». Car, pour moi, contrairement à ce que peuvent penser des collègues « psy » (infirmiers ou autres) , ces deux spécialités ou ces deux disciplines se complètent. Plus qu’elles ne s’opposent. La polyvalence professionnelle et personnelle, pas seulement en tant qu’infirmier (puisque je suis aussi journaliste et pratiquant dans d’autres domaines que celui de la santé mentale et heureusement pour ma propre santé mentale) est un des meilleurs antidotes qui soient contre la mégalomanie, l’autosatisfaction ou, plus simplement, contre la connerie humaine dont l’étendue est  beaucoup plus vaste que sa durée de vie.

 

 

A cet étudiant en quatrième année de médecine (mais aussi à son collègue auquel je m’adressais tout autant voire davantage lorsque je parlais ) j’ai ainsi raconté qu’il arrive que des personnes au départ opposées à l’idée de travailler en psychiatrie, finalement, se ravisent.

 

J’ai parlé d’un de mes anciens collègues, psychiatre, qui, initialement, avait prévu de travailler dans le somatique jusqu’à ce que , lors de son stage avec le SAMU, « tombe » sur une femme qui présentait tous les signes cliniques- donc objectifs- du coma ou de la mort.  Pour, finalement, renaître à la vie. Une patiente « hystérique ». Cette expérience l’avait destabilisé. Quelques années plus tard, je faisais sa connaissance dans le service de pédopsychiatrie où je venais d’arriver. Aujourd’hui, cet ancien collègue travaille dans son cabinet, en libéral.

 

Mais j’ai persisté. Evidemment, ai-je expliqué à l’étudiant en médecine qui s’occupait de mon bras, si l’on préfère « faire du chiffre », ou que l’on a besoin de faire de « l’abattage » ; ou de faire carrière ; ou que l’on estime qu’en « psychiatrie, on ne fait rien ! », on préfèrera travailler dans le somatique. Et, le travail somatique est bien sûr honorable. Et nécessaire. Intellectualiser, philosopher, parler des schémas de l’inconscient, de l’histoire familiale ou des lapsus, c’est très bien. Mais cela ne suffira pas pour se sortir – et se guérir- d’une plaie par arme blanche ou par arme de guerre, d’une septicémie, d’un diabète, d’une pandémie ou de toute autre urgence médicale ou chirurgicale. Donc, chaque discipline, somatique, comme mentale, a son importance dans les étapes de guérison mais aussi de deuil d’un patient/client comme de sa famille.  

 

Encore une fois, mon but n’est pas d’opposer mais, au contraire, d’unifier tout en discernant bien à quel moment il faut savoir à quelle discipline il faut mieux s’en remettre.

 

L’oubli du « professeur » Franck :

 

Il y a néanmoins un aspect indispensable que j’ai oublié dans mon laïus :

 

Pour travailler en psychiatrie ou en pédopsychiatrie, il faut aussi accepter de se voir en face sans maquillage et sans détour. Il faut accepter d’apprendre à se connaître. Je n’ai pas cité la phrase d’une ancienne élève infirmière stagiaire, dans un de mes précédents services de psychiatrie adulte, alors que je l’avais ensuite recroisée. Elle m’avait dit avoir finalement opté pour aller travailler dans un service de réanimation parce qu’elle préférait «  se refouler par la technique ».

 

 

Se refouler par la technique et par des cascades de gestes et d’actions, c’est ce que vont préférer bien des personnes. Soignantes ou non-soignantes. Il est souvent des gens, dans la vie, qui me déconcertent par cette façon qu’ils ont de choisir d’ignorer ce qui, pour moi, fait partie des règles élémentaires de la vie et de la relation humaine. Ces personnes ont évidemment d’autres priorités. Et, pour elles, je parais sans aucun doute très retardé et très déficitaire dans d’autres domaines. Pour caricaturer, dans le domaine de l’informatique ou du bricolage. Deux univers où j’admets être assez limité.

 

 

 

Partant de ce genre de logique,  cette vaccination anti-Covid, pour certaines personnes, c’est juste une aiguille, une seringue et un produit. Avec, on entre dans le corps des gens. Et, c’est tout. Au suivant comme l’a chanté Jacques Brel. On ne sait pas exactement ce qu’il y a dans ces vaccins ? Mais c’est pareil pour tout un tas de médicaments que l’on avale régulièrement sans se poser de questions. C’est pareil pour les cigarettes que l’on fume. Pour les alcools et pour beaucoup de boissons que l’on rachète avec gourmandise. Comme pour ce que l’on peut accepter de manger et d’acheter pour soi-même, des proches ou des collègues qui nous feront plutôt remarquer que ça manque si on en procure en trop petites quantités.  Vis-vis de ces vaccins anti-Covid, c’est un peu pareil. Nous vivons à l’ère des centrales nucléaires. Des émanations de nos usines et de nos millions ou milliards de voitures. Alors, on peut bien se faire injecter quelques vaccins contre le Covid sans trop savoir ce qu’il y a dedans.

 

 

Au vu de cette courte description de notre mode de vie, on comprend facilement ou l’on comprendra facilement plus tard la raison pour laquelle, tant de personnes ont pu aussi facilement accepter ces vaccins anti-Covid. Moi, malgré mes doutes, j’ai accepté d’abord la première injection de ce vaccin. Puis, la seconde trois semaines plus tard. J’aurai « résisté » deux ou trois mois. Après avoir annulé une première injection prévue le 4 aout de cette année dans ma ville avec le Pfizer. Après l’annonce gouvernementale faite aux soignants de se faire vacciner au plus tard pour  le 15 octobre. Soit dans dix jours maintenant. En incluant les 7 jours après la seconde vaccination pour que la vaccination soit effective. Donc, pour moi, ma vaccination anti-Covid sera considérée effective le 11 octobre. Quatre jours avant la limite fixée par le gouvernement. On note la répétition du chiffre 4. Je ne l’ai pas fait exprès. 4 aout. 4 octobre. 4 jours avant la limite. Mais cette répétition du chiffre 4 n’efface pas mes doutes quant aux effets secondaires de cette vaccination anti-Covid. Mes doutes font partie de mes limites d’individu. Car j’ai toujours connaissance de mes limites.

Photo prise ce lundi 4 octobre 2021, à Paris.

Mes doutes et mes limites

 

Mes doutes quant à ce vaccin anti-Covid que j’ai décidé « d’accepter » sous la contrainte, malgré ce que j’ai pu signer, subsistent en partie.

 

Je connais des personnes très intelligentes, très courageuses, et de profil différent, qui se sont faites vacciner contre le Covid.

 

Je connais aussi des personnes aussi intelligentes, aussi courageuses et de profil différent, qui persistent dans leur refus de ces vaccins anti-Covid. Le fait que ces personnes opposées  à ces vaccins soient maintenant minoritaires ne diminue pas, pour moi, leur intelligence ou leur courage.

 

Ma compagne continue de résider dans son refus et est aujourd’hui suspendue de son travail depuis une semaine. Elle a reçu la semaine dernière un courrier en recommandé avec accusé de réception le lui notifiant.

Depuis,  elle a aussi été priée, par courrier, de contacter «  dans les plus brefs délais » le service DRH de son hôpital afin de dire ce qu’elle a prévu pour son schéma vaccinal anti-Covid. Mais, aussi, pour faire savoir si elle souhaite prendre une disponibilité ou poser des jours de congés.

 

 A aucun moment, je n’ai,  essayé de la convaincre de se faire vacciner. J’ai bien-sûr donné mes arguments contradictoires, que j’estimais fiables, en faveur de ces vaccins anti-Covid.

 

 

Cependant, ce mardi 5 octobre 2021, après avoir reçu ma deuxième injection de Moderna,  je demeure incapable de dire si son attitude est héroïque et avisée. Et si la mienne est  lâche et incohérente au vu de mes doutes. Ou si son attitude est bornée et la mienne, sage et avisée.

 

Il y a des personnes qui « savent » ou sont sûres de savoir, médecins ou autres, avec certitude. Que ce soit pour les vaccins anti-Covid actuels ou contre eux. Tant mieux pour ces personnes. Moi, je conserve une part de doute quant aux effets secondaires à moyen terme ou à long terme de ces vaccins anti-Covid actuels.

 

Je vois bien que toutes les personnes que je connais qui se sont faites vacciner contre le Covid vont bien actuellement et depuis plusieurs semaines et plusieurs mois. Et leur nombre a beaucoup augmenté ces derniers mois puisqu’aujourd’hui, la majorité des Français est vaccinée.

 

Il est même des personnes qui, d’elles-mêmes, ont fait en sorte de recevoir une troisième injection de vaccin anti-Covid alors qu’elles ne correspondent pas aux critères actuels pour bénéficier de cette troisième injection de rappel.

J’ai lu récemment dans un numéro du New York Times  de fin septembre un article où des Américaines racontaient comment et pourquoi elles ( c’était deux femmes qui avaient accepté de se faire photographier) avaient décidé de recevoir une troisième injection de vaccin anti-Covid. Qui en mentant et en se faisant passer pour quelqu’un qui recevait sa première injection. Qui en tentant sa chance dans une pharmacie où aucune question n’avait été posée au préalable.

Journal  » Le New York Times » de ce mardi 21 septembre 2021. Page 6, article  » Unwilling to wait for a booster shot ».

 

Vous voulez une injection de Pfizer ? Pas de problème, on vous en fait une.

 

Dans le  » New York Times » de ce mardi 21 septembre 2021, une des américaines qui a accepté de témoigner à visage découvert quant au fait qu’elle a devancé l’appel pour recevoir une troisième injection de vaccin anti-Covid.

 

Toujours le  » New York Times » de ce mardi 21 septembre 2021, trois pages plus loin, page 9.

 

 

 

 

A côté de ça, en Afrique et dans d’autres régions pauvres du monde, des populations restent sous-vaccinées contre le Covid. Mais pas uniquement. Même aux Etats-Unis, il y aurait 25 pour cent de la population qui serait non-vaccinée contre le Covid par refus de la vaccination anti-Covid. On pourrait grossièrement penser que cela fait partie des restes de la pensée du précédent Président américain Donald Trump qui minimisait la gravité de la pandémie. Mais même sans lui, il y avait des sceptiques aux Etats-Unis et ailleurs ( en France, aussi :  j’en ai rencontré deux ce week-end- un couple- et ils ne sont pas soignants. Pour moi, ce couple, déjà rencontré avant la pandémie, a toute sa tête et est intelligent, mesuré et cultivé) contre ces vaccins anti-Covid mais, aussi, contre la gravité de cette pandémie.

 

Et, même sans Donald Trump, aussi, on peut décider ou choisir de se faire vacciner contre le Covid et rester opposé au pass sanitaire. Lequel, en France, va durer ou continuer de frapper au delà du 15 novembre alors qu’il était supposé disparaître rapidement.

 

Mon thérapeute, vacciné contre le Covid, m’a dit être également opposé au pass sanitaire. Il n’est probablement pas le seul, vacciné par choix et par raison, à être opposé au pass sanitaire.

 

Un petit monde

 

 

Je n’ai pas discuté de ça avec les deux étudiants en médecine. Après ma seconde injection, hier, j’ai complimenté celui qui m’avait piqué. J’ai ensuite demandé à celui qui se taisait :

 

« Pourquoi la deuxième injection dans le même bras que la première fois ? Je croyais qu’il fallait une alternance… ».

 

Il m’a répondu que cela n’empêchait pas. Et qu’il valait mieux piquer dans le bras dont je me servais moins.

 

Avant de partir, je leur ai dit :

 

« Peut-être que l’on se reverra (en tant que collègues). Vous savez, le monde hospitalier est un petit monde… ».

 

En sortant, je suis allé m’asseoir à côté d’un couple âgé arrivé entre-temps. Je leur ai demandé si c’était leur seconde injection. Avec un petit rire, l’homme a répondu :

 

« Nous, c’est pour le rappel… ». J’avais oublié que, si, rien n’a encore été décidé en France pour « proposer » une troisième injection de vaccin anti-Covid (généralement avec un vaccin à ARN messager comme le Pfizer ou le Moderna) aux personnes vaccinées à partir de 30 ans comme cela se fait depuis quelques semaines en Israël, modèle sanitaire de la France contre la pandémie, après avoir constaté une flambée retour de la pandémie face au variant Delta qui a fait chuter le taux d’efficacité des vaccins anti-Covid (principalement le Pfizer en Israël à ce que j’ai compris), pour l’instant, en France, cette troisième injection s’adresse principalement aux personnes âgées déjà vaccinées ou immuno déprimées. Ce couple âgé entrait dans la première catégorie.

 

L’un et l’autre m’ont répondu que cela s’était bien passé pour eux lors des deux premières injections. A part peut-être que, lui, avait beaucoup dormi après la seconde injection.

 

La femme m’a répondu qu’ils avaient fait leurs premières injections en février. A l’écouter, cela faisait déja « longtemps ». Il est vrai que la pandémie du Covid a été officialisée en France mi-mars 2020 et que j’ai l’impression que c’était déjà il y a longtemps. Alors que c’était seulement il y a un an et demi.

 

Pour partir, après ma seconde injection, je suis passé par les escaliers. Puis, je suis retourné jusqu’à la gare St Lazare à pied. Cette fois-ci, dès l’aller, j’étais venu à pied depuis St Lazare.

Ce restaurant me semble bien sympathique. Photo prise ce lundi 4 octobre 2021, à Paris.

 

Deux ou trois ans à vivre :

 

Selon certaines rumeurs, croyances ou affirmations, maintenant que j’ai reçu ma deuxième injection de vaccin anti-Covid dans le bras, il me resterait deux à trois ans à vivre. Je pourrais aussi perdre en fertilité. Dès lors que je suis « Biberonné » par le vaccin, on pourrait, grâce au produit présent dans le vaccin, me suivre à la trace au moyen de la Wifi. Mais aussi prendre le contrôle de mes pensées grâce à la 5G. Mais je pourrais aussi mourir demain, après-demain, brutalement. Puisque le but de cette « expérimentation de masse » serait de réaliser une « extinction de masse ». Pour créer un nouveau monde. Et une autre économie.

 

On peut se marrer ou s’inquiéter de ces rumeurs, croyances, affirmations….

 

Toutefois, il est un fait incontestable. Depuis la pandémie du Covid, notre monde ou notre rapport au monde, plutôt, a changé de façon perceptible par nous-mêmes. La pandémie, je crois, nous a amené à avoir plus conscience de nous mêmes comme de certains de nos choix. Et, si pour certains, ces choix se font dans un certain optimisme, pour d’autres, ces choix s’éloignent radicalement du sentiment de légèreté ou du plaisir.

 

Et, moi, même si je suis en désaccord avec la vision de ma compagne concernant la pandémie et les vaccins, mais aussi concernant l’attitude à avoir envers la vie et ce qui nous reste ou nous resterait à vivre, il est des points où je reste très sceptique et où, d’une certaine façon, je la rejoins.

La Banque BNP-Paribas, photo prise à Paris ce lundi 4 octobre 2021. Les affaires marchent plutôt bien pour les banques depuis le début de la pandémie du Covid.

 

Le scepticisme, lorsqu’il persiste, est-il une chorégraphie morbide ou une autre forme grave de septicémie ?

 

Le laboratoire français Sanofi et la pandémie du Covid….

 

Sanofi, le laboratoire français de recherche, un des poids lourds mondiaux entre-autres dans la fabrication de vaccins, avait déjà beaucoup de retard pour fabriquer et produire son vaccin contre le Covid. Ce retard, associé à des gros cadeaux financiers à ses actionnaires il y a quelques mois, a provoqué certaines railleries dans les média il y a quelques mois.

 

Pendant que les vaccins étrangers Astrazeneca, Moderna,  Pfizer puis Johnson & Johnson débarquaient en masse à compter du début de l’année 2021 (janvier ou février, je crois), le laboratoire Sanofi, lui,  pourtant à a pointe de la recherche dans le monde, accusait un gros retard. Son vaccin était annoncé pour la fin de l’année comme on peut annoncer la sortie mondiale d’un blockbuster dans des salles de cinéma à la fin de l’année.

 

La pandémie du Covid fait des petits ( des variants), fauche des gens dans le monde, rend malade et le laboratoire Sanofi bosse sur son vaccin qui sera performant- c’est annoncé- à la fin de l’année 2021. Dans deux mois. En décembre.

 

Et puis, arrive cette rentrée en septembre 2021 et, courant septembre, il y a moins de deux semaines, Sanofi nous apprend avoir renoncé. ( article du journal La Croix de ce mercredi 29 septembre 2021).

 

J’ai lu que Thomas Triomphe (un nom bien choisi) le vice-président de la « Branche vaccins de Sanofi » « expiquait » (expliquait) que si son vaccin sortait lors de ce mois de décembre 2021 sur le marché que ce serait en quelque sorte trop tard. Que cela n’offrirait rien de mieux ou de plus que ce qui existe déjà avec Astrazenaca, Pfizer, Moderna, Johnson & Johnson. Oui, oui, les résultats des tests de son vaccin sont concluants. Il serait aussi performant que les vaccins déjà présents contre le Covid

( Astrazeneca, Moderna, Johnson & Johnson et Pfizer). Mais ça n’apporterait « rien » ou ça ne « servirait à rien » de le sortir en décembre comme prévu. Surtout que Sanofi précise participer, de toute façon, à la fabrication de plusieurs de ces vaccins en leur faisant bénéficier de sa logistique :

 

«  Le laboratoire français n’est cependant pas totalement absent dans cette lutte contre la pandémie, puisqu’il produit déjà des vaccins pour ses concurrents Pfizer BioNtech ( à Francfort), Johnson & Johnson (à Marcy-L’Etoile, près de Lyon) et Moderna ( aux Etats-Unis). « Nous sommes la seule entreprise au monde à le faire », estime le vice-président de Sanofi. Une trentaine de millions de doses viennent de sortir des chaines de production et il en prévoit 500 millions «  dans les mois qui viennent » ( à nouveau, le même article Contre le Covid, Sanofi mise sur la vaccination de rappel, dans le journal La Croix de ce mercredi 29 septembre 2021. Dans la rubrique : Economie, page 11.)

 

Il est reproché ou a été reproché à certaines personnes réfractaires aux vaccins anti-Covid d’être «complotistes », « irresponsables »,  » irrationnelles », d’être « plus ou moins dérangées mentalement» et égoïstes.

Par contre, j’ai lu ou entendu assez peu de critiques envers ce tour de magie effectué par Sanofi en pleine pandémie du Covid. Oui, Sanofi continue de s’atteler, plus que jamais d’ailleurs, à d’autres domaines de recherches en utilisant la technique ARN messager pour soigner d’autres maladies ( « dans l’immunologie, l’oncologie, les maladies rares », le journal La croix, toujours ce même article du mercredi 29 septembre 2021). Car cette technique de soin a de l’avenir. D’ailleurs, Sanofi a racheté «  la Biotech américaine Translate Bio, pour 2,7 milliards d’euros, avec qui il travaille dans le développement de vaccins » ( toujours dans le même article du journal La Croix de ce mercredi 29 septembre 2021).

 

 

Et, oui, en décembre, Sanofi sortira en principe un vaccin anti-Covid mais « classique » qui viendra alors renforcer l’offre vaccinale déjà assurée par Astrazeneca, Moderna, Pfizer et Johnson& Johnson. Sanofi n’a rien à se reprocher. Et, entre les lignes, si le laboratoire entend toujours trouver des remèdes à d’autres maladies graves, ce que je comprends, surtout, c’est que Sanofi cherche ce qu’il pourrait bien mettre sur le marché afin d’empocher un maximum d’argent. Car le terme « sur le marché » figurait bien dans l’article que j’ai lu lorsqu’il était question du retrait du vaccin de Sanofi. Retrait que le laboratoire avait préparé. En se comportant comme un candidat de The Voice, qui, s’auto-éliminant presque, encourageait, une ou deux semaines plus tôt,  à se tourner vers les autres candidats :

 

Astrazeneca, Moderna, Pfizer et Johnson & Johnson.

 

Sanofi, aujourd’hui, peut dire ou faire dire ce qu’il veut à ses représentants puis, ensuite, tranquillement, changer d’avis. Sanofi, économiquement, technologiquement et d’un point de vue judiciaire peut se le permettre. Il fait partie des poids lourds, aussi puissants voire plus puissants que les gouvernements. Ce revirement de Sanofi en est une démonstration. Sanofi se rétracte pour faire sortir son vaccin à ARN messager contre le Covid, aucune sanction, aucune critique, aucune pression. Par contre, la petite infirmière qui refuse de se faire vacciner contre le Covid, elle, on peut l’éclater. On peut se le permettre. On peut même lui reprocher son refus et lui montrer qu’en Afrique et dans certaines régions pauvres, les gens meurent du Covid et aimeraient qu’on leur fournisse ces vaccins anti-Covid qu’elle se permet de refuser.

 

D’un côté, on a le cynisme d’un laboratoire qui nous parle de « marché », donc de profit, et qui privilégie sa stratégie commerciale afin de se « positionner » sur d’autres marchés plus porteurs. Tandis que des millions de personnes pourraient bénéficier, dans les régions pauvres ou moins pauvres des vaccins anti-Covid que ce laboratoire puissant ( Sanofi) a mis autant de temps à fabriquer. En supposant qu’il y est véritablement parvenu. Car qui va aller vérifier que Sanofi a vraiment mené à terme la fabrication de ce vaccin anti-Covid ?!

D’un autre côté, on  a des personnes presque pauvres en ce sens qu’elles ont très peu de moyen de pression ou de contre-pouvoir contre leurs employeurs ou leurs gouvernements qui, du fait de leur conviction personnelle, se font emmurer car elles refusent ces vaccins anti-Covid dont elles se méfient.

 

Si ce parallèle entre le cynisme permissif d’un laboratoire comme Sanofi et l’attitude des réfractaires aux vaccins anti-Covid actuels peut apparaître déplacé et critiquable, ce que j’admets, il est un domaine où de simples expériences dans la vie courante peuvent, je crois, autoriser, une nouvelle fois, à nuancer la légitimité de cette forme de répression exercée légalement maintenant contre celles et ceux qui se refusent aux vaccins anti-Covid.

Photo prise à Paris, ce lundi 4 octobre 2021.

 

De simples expériences dans la vie courante….

 

 

Depuis le début de la rédaction, hier, de cet article sur le consentement, je ne me suis pas transformé en épidémiologiste. Ni en pilote d’avion de chasse. Ni en scientifique émérite travaillant dans un laboratoire comme Sanofi. Je n’ai donc aucun bagage et aucune compétence scientifique, politique ou même économique de poids. Je suis un rien du tout comme des millions d’autres rien du tout de ce monde.

 

Ce « rien du tout » que je suis, facile à faire taire, à éclater, si besoin était, se rappelle ceci.

 

Entre le mois d’avril 2021 et ce mois d’octobre 2021, j’ai eu à passer cinq tests antigéniques. A chaque fois, je ne me sentais pas malade. Je n’en n’éprouvais pas le besoin. Mais j’y ai néanmoins été contraint à chaque fois. Cinq fois. Deux fois, d’abord, à une semaine d’intervalle parce-que je faisais partie des « cas contacts » au travail. Au moins deux de mes collègues, au travail, ont attrapé le Covid dans mon service. Deux tests antigéniques, une tige dans chaque narine, deux fois de suite. Pour quel résultat :

 

Négatif !

 

On va m’expliquer ou il a déjà été expliqué que l’on peut très bien être négatif à un test antigénique et avoir contracté le Covid sans s’en être aperçu. Ou, aussi, qu’il y a eu et qu’il aussi des « faux négatifs ». Que le test antigénique n’est pas très sûr. Seulement à « 65% ». Alors que le test PCR, lui, serait plus fiable. Alors, on va dire que les deux premières fois où j’ai eu à passer des tests antigéniques alors que je me sentais bien, n’avais pas de fièvre et portais des masques anti-Covid de prévention en présence d’un public (collègues ou autres dans un lieu fermé), qu’il valait mieux s’assurer quand même que tout allait bien.

 

Mais cela n’était pas suffisant. Première injection de Moderna le 13 septembre et, à nouveau, au préalable, il faut subir un test antigénique. Car on ne sait jamais. Je me sentais mal ? J’avais de la fièvre ? Non. Nous sommes le 13 septembre 2021. La pandémie du Covid a été officialisée en France 18 mois plus tôt donc on commence quand même à avoir un peu d’expérience concernant les symptômes du Covid. Et, on a été largement informé de l’existence de la pandémie du Covid, mais, ce n’est pas grave : on va faire un nouveau test antigénique. Résultat ? Négatif pour la troisième fois. J’ai droit à ma première injection de Moderna à la suite.

Le 2 octobre, de moi-même, je pars faire un test antigénique. Je me sens mal ? Non. Seulement, afin de me rendre à un endroit donné, je sais qu’il me faut un test antigénique récent au résultat négatif. Résultat ? Négatif. Il s’agit du 4 ème test antigénique que je fais. Et, pour la quatrième fois de suite, le résultat est négatif.

 

Il m’a semblé que le résultat d’un test antigénique était valable 72 heures. «  A ce qu’on dit ». Je passe le test antigénique le 2 octobre après 13h, vers 13h30, j’arrive hier ( le 4 octobre vers 10h30) pour ma seconde injection de Moderna. Et, là, on m’apprend que, malgré tout, je dois refaire un nouveau test antigénique avant la seconde injection. 5ème test antigénique. Cinquième résultat négatif. Faux négatif ? J’ai pu être contaminé sans le savoir ?

 

Fin juillet, je me suis fait prescrire une sérologie Covid. Résultat : négatif. Début septembre, je me fais à nouveau prescrire une sérologie Covid. Résultat : négatif.

 

 

Cinq tests antigéniques et deux sérologies Covid entre mars-avril de cette année et ce 4 octobre 2021, soit en 7 mois, je suis à chaque fois négatif, je porte des masques anti-Covid régulièrement. Depuis le début de la pandémie en France en Mars 2020, j’ai réduit ma vie sociale comme beaucoup de gens. J’embrasse bien moins de personnes qu’auparavant pour les convenances sociales. Mais les résultats à mes différents tests de contrôle pourraient être de faux résultats négatifs. Et puis, je pourrais être porteur du Covid sans m’en rendre compte…..

 

Pour remédier à cela, il y a une solution : le vaccin anti-Covid et le pass sanitaire désormais obligatoires…..

Un peu de Ben Hur dans un monde de brutes. Photo prise à Paris, ce lundi 4 octobre 2021.

 

On peut et on le droit d’être pro-vaccin comme de se sentir protégé par la vaccination anti-Covid. Mais, comment ne pas avoir le sentiment d’être baladé et d’être privé de certaines libertés pour des raisons injustifiées depuis le début de la pandémie du Covid après ça ?!

 

Il y a bientôt deux semaines maintenant, je n’ai pas pu me rendre à une exposition sur la céramique près de l’église St Sulpice. Il fallait présenter son pass sanitaire ou un test antigénique récent. Comme d’habitude, je portais un masque anti-Covid comme lors de toute manifestation publique. Laquelle exposition se déroulait sous des tentes à l’extérieur. Comment pourrais-je me laisser convaincre que, vraiment, le pass sanitaire ou la vaccination anti-Covid était indispensable afin de se rendre à cette exposition alors que je portais un masque anti-Covid ? Alors que dans certains magasins plus fréquentés, en intérieur, on peut entrer avec un simple masque anti-Covid sur le visage ?

 

 

Lorsque je relate ça, je ne suis pas dans la rumeur, la croyance ou le complot. Je parle de la vie courante. D’expériences concrètes que n’importe qui peut faire ou a pu faire depuis le début de la pandémie du Covid. Donc, même si l’on est pro-vaccin anti Covid, il me semble que l’on se doit, aussi, de voir ça. Et de comprendre que lorsque des gens, ensuite, ont des doutes ou refusent de se faire vacciner contre le Covid, que ces gens, ne sont pas si décérébrés que cela. Par moments, j’ai un peu l’impression que pour certains, se faire vacciner leur délivre comme une autorisation d’absence de pensée et d’observation. Ces personnes sont vaccinées, donc le vaccin anti-Covid injecté va penser et observer pour elles.

 

Ces vaccins anti-Covid sont, je l’espère, plus bénéfiques que néfastes, mais je ne crois pas qu’ils vont penser et regarder le monde mieux que je ne suis capable de le faire.

 

 

Mais, partons du principe, pour ma part, puisque j’ai encore quelques doutes à propos de ces vaccins anti-Covid que je n’ai donc plus que deux à trois ans à vivre, désormais.

Photo prise à Paris, ce lundi 4 octobre 2021.

 

Randonnées

 

J’entends vivre au mieux lors de ces deux à trois ans qu’il me resterait à vivre. Puisqu’en acceptant ces vaccins anti-Covid, il semblerait que j’aie choisi de vivre petit au lieu de vivre Tapie; lequel Bernard Tapie, en décédant à 78 ans, a eu la grande classe de profiter d’une espérance de vie qui pourrait être supérieure à la mienne de plus de vingt ans !

 

Avant le jour de ma mort, j’espère que j’aurais pu me procurer une bonne paire de chaussures confortables et résistantes. Car la mort est une randonnée très longue dont le terrain peut être varié. Ce terrain est peut-être aquatique ? Toujours est-il qu’avant d’atteindre Paris St Lazare, je suis entré dans un grand magasin. Grand en ce sens qu’il s’agit de magasin de plusieurs étages où l’on vend des chaussures et des vêtements assez branchés, plutôt pour jeunes. Le magasin Citadium , sûrement bien plus fréquenté que la médiathèque de ma ville, et où, pourtant, j’ai pu entrer facilement avec un simple masque anti-Covid sur le visage. Alors que je le rappelle, dans la petite médiathèque de ma ville d’Argenteuil, ce 4 octobre 2021 et sans doute encore pour plusieurs semaines, il faut, depuis le 9 aout, fournir un pass sanitaire ou un test antigénique ou PCR récent au résultat négatif de moins de 72 heures. Cependant, même vacciné et même porteur d’un test antigénique récent au résultat négatif, j’ai décidé la semaine dernière que je ne retournerais pas dans « ma » médiathèque tant qu’il y aurait ces consignes absurdes de rétention ou d’exclusion sociale plus que de prévention sanitaire. Et, cela, de manière tout à fait légale puisque le gouvernement a «  dit que ».

 

 

 

En attendant, hier, au lieu de me rendre peut-être plus tard dans « ma » médiathèque, je suis entré dans le magasin Citadium. Car toutes ces mesures « bienveillantes » et préventives contre le Covid sont aussi là pour ça. Pour nous convaincre que nous avons beaucoup de chance de pouvoir consommer. Pouvoir aller consommer dans certains endroits, c’est aujourd’hui un très grand privilège. Même si, auparavant, il y a à peine deux ans,  on consommait déjà comme des gorets et sans avoir à demander la permission à l’entrée. On passait déjà à la caisse tout autant. Sauf que là, on peut même se sentir soulagé car, enfin, les magasins, les restaurants et autres sont à nouveau ouverts. Et nous pouvons y retourner.  Durant la pandémie, les forêts environnantes sont restées ouvertes. Mais il y en a de moins en moins. Et ce n’est pas cela qui nous intéresse. On prend beaucoup mieux l’air et l’on se change bien mieux les idées en faisant les magasins ou en allant au restaurant. Ou en boite.

 

Malgré mes propos, j’ai bien sûr du plaisir à me rendre dans certains magasins et au restaurant.

Hier,  d’ailleurs, dans le magasin Citadium, les vendeurs, un petit peu comme l’étudiant en médecine qui m’a piqué, sont sensiblement formés au relationnel avec la clientèle. C’est devenu courant désormais, pour un vendeur ou une vendeuse, d’être aussi « friendly ».

 

J’ai ainsi discuté pendant un bon quart d’heure avec une vendeuse enthousiaste et sympathique d’un stand à propos d’un article qui ne figurait pas dans ce qu’elle vendait :

Le vélo pliant de la marque Brompton.

Photo prise à Paris, fin septembre 2021. Au centre de la photo, le cycliste à casque jaune se déplace sur un vélo pliant de la marque Brompton.

 

Je me déplacerai peut-être en Brompton quand je serai mort. Et quand je ne pourrai pas pédaler, mes bonnes chaussures- que j’ai repérées mais que je n’ai pas achetées- me permettront de continuer de marcher. Je me rendrai peut-être dans une salle de cinéma ou dans une médiathèque.  Pas dans celle de ma ville puisque l’on continuera sans doute de réclamer le pass sanitaire un ou test antigénique récent à l’entrée.

 

Photo prise à Paris, ce 1er octobre 2021. Il semble que la fresque sur le mur soit la reproduction d’une oeuvre de Tignous, un des journalistes de Charlie Hebdo, assassiné avec plusieurs de ses collègues et amis en janvier 2015 lors d’un attentat terroriste islamiste. C’est un hasard si la femme qui passe en ce moment-là est vêtue de cette manière. Ce n’était pas calculé de ma part. Sur la gauche, on peut apercevoir l’affiche du film  » Mourir peut attendre » le prochain James Bond qui sortira demain, ce mercredi 6 octobre 2021.

 

 

Ce mercredi 6 octobre  (demain) sortira Mourir peut attendre, le dernier James Bond avec l’acteur Daniel Craig. Un film que je compte aller voir.

Photo prise à Paris, ce lundi 4 octobre 2021, vers 8h30 du matin. La route est barrée en raison du procès des attentats du 13 novembre 2015.

 

Entre le procès des attentats du 13 novembre 2015 auquel j’aimerais me rendre ;  les articles que j’ai prévus d’écrire comme celui à propos du film Retour à Reims de Jean-Gabriel Périot, inspiré du livre de Didier Eribon que je suis allé voir hier soir  à Argenteuil au cinéma Jean Gabin en présence de Jean-Gabriel Périot ;  à dix minutes à pied de chez moi, près de la médiathèque de ma ville.

Au centre, le réalisateur Jean-Gabriel Périot, au cinéma Jean Gabin, à Argenteuil, ce lundi 4 octobre 2021, après la projection de son film  » Retour à Reims », inspiré du livre de Didier Eribon.

 

 

 

Il y a aussi des séjours que j’aimerais faire à Limoges, Berlin, en Algérie, en Guadeloupe et à la Réunion pour commencer et quelques autres projets, j’ai de quoi randonner. Pour cela, il me faudra des bonnes chaussures, un jour ou un autre. Ensuite, j’écrirai de nouveaux articles qui, je l’espère, feront aussi marcher des lectrices et des lecteurs avec plaisir. Ainsi qu’avec leur plein consentement.

Photo prise à Paris, ce 1er octobre 2021.

 

Franck Unimon, ce mardi  5 octobre 2021.

 

 

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Cergy-Pontoise Corona Circus

Cergy, Soit ! Une expérience paranormale

Ecole de la Lanterne, à Cergy St Christophe, ce samedi 26 septembre 2021.

                       Cergy, Soit ! Une expérience paranormale

 

La manifestation Cergy, Soit !

 

On a parfois l’impression que certaines musiques n’agissent plus sur nous. Et que c’est pareil pour certains lieux. Du temps est passé et on peut en changer comme on change de souliers.

 

La manifestation Cergy, Soit ! ne dira presque rien à celles et ceux pour qui la ville de Cergy-Pontoise, en tant que ville de banlieue, c’est très loin de Paris. Mais j’ai vécu à Cergy Pontoise pendant quelques années. L’une des premières éditions de Cergy, Soit ! à laquelle j’étais allé, s’était passée il y a une vingtaine d’années. Dans le parc derrière la préfecture, à Cergy Préfecture. C’étaient beaucoup de spectacles gratuits. Du théâtre de rue mais aussi des acrobaties. Il y avait beaucoup de monde. Ma prof de théâtre, d’alors, Véronique, avait joué une femme enceinte avec « sa » compagnie, Théâtre en stock. Je me souviens encore de sa prestation. Ailleurs, un acrobate s’était laissé glisser tête en bas depuis le haut d’une barre à toute vitesse pour s’arrêter à ras du sol.

Cergy, Soit ! était une nouvelle très belle initiative. Mais j’étais l’un des moins bons candidats pour m’en apercevoir. Son nom, pour commencer, m’apparaissait un peu alambiqué.

 

Ensuite, fréquemment aimanté tel le junkie par Paris, ahuri, je ne voyais pas qu’il se trouvait à Cergy-Pontoise des aventures à ma portée. ( voir mon article sur le film J’ai aimé vivre là- un film de Régis Sauder).  Je trouvais cette ville plutôt vide. Fabriquée pour dormir. Mais aussi pour éloigner des meilleures opportunités qui ne pouvaient se trouver qu’à Paris. J’avais quelques petites circonstances atténuantes pour croire que le meilleur se trouvait en dehors de Cergy-Pontoise :

 

Plusieurs de mes collègues n’allaient jamais ou très peu à Paris.

Mes amis habitaient à Paris. Même si quelques uns, par la suite, partirent vivre en province.

 Les trains et les RER de banlieue  que je prenais avaient tous Paris pour terminus ou l’avaient pour destination. Ainsi que tous les trains et RER de banlieue que je prenais et qui me permettaient de  rentrer chez moi.

Il était plus facile, même si c’était un peu long, de se rendre en transports en commun à Paris depuis Cergy que pour aller dans certaines villes de banlieue avoisinantes. Pour aller à Pontoise, Auvers sur Oise, l’Isle Adam, Taverny, Herblay….

A moins d’avoir le permis et de conduire. Or, je n’étais pas pressé de passer le permis et « d’avoir » une voiture.

La faculté de Cergy-Pontoise, récente, dépendait encore de l’université de Paris X, à Nanterre. Pour mon premier cours de DEUG d’Anglais LCE après mes études d’infirmier, je m’étais présenté à la face (mais aussi à la fac )  de Cergy-Pontoise, à Cergy Préfecture. A une station de RER de chez mes parents chez qui j’habitais encore, à Cergy St Christophe.

Devant la fac de Cergy-Pontoise, j’avais compris que les cours se déroulaient à la Fac de Nanterre et j’avais ensuite pris le train pour Nanterre Université.

 

Prédation ?

Parvis de Cery-Préfecture, ce samedi 26 septembre 2021. Au fond, derrière le dragon, la préfecture du Val d’Oise.

La première fois que j’étais allé à Cergy,  soit !  Je n’avais pas pris de photos. Je n’y avais même pas pensé. Même avec le meilleur appareil photo dans les mains, je n’aurais pas su voir quoi photographier. Je ne voyais pas. Je ne voyais pas parce-que mon imaginaire était bridé  par un ailleurs que j’inventais et voulais voir…ailleurs et avant celui qui se trouvait devant moi.

Dans cet ailleurs, il y avait eu une ou deux histoires d’amour impossibles. Dont une à Marseille. Puis, une autre en Australie. Ensuite, sur Cergy-Pontoise, j’avais aussi très bien poursuivi ma carrière de spécialiste d’histoires d’amour à la « mords-moi-le-noeud » : collectionneur de rendez-vous manqués avec une championne toute catégories de l’ambiguïté,  amant finalement délaissé de femme mariée et de jeune maman, courtisan émérite précisément de celle qui ne pouvait pas me correspondre….

Pendant plusieurs années, j’ai su me confectionner des trajets sentimentaux encore plus venimeux que certains trajets en  transports en communs inter-banlieues qui peuvent cumuler les correspondances tirées par les cheveux. Au lieu de faire simple. Un ami, qui habitait alors à Sarcelles, m’avait un jour appris cette expression qu’il avait reçue de sa mère :

 

« Toi, tu n’as pas besoin d’aide pour te foutre dans la merde !« 

On se fout assez régulièrement dans la merde tout seul parce-que l’on croit surtout, que, plus ce sera difficile et compliqué, mieux ce sera. Que la souffrance et la difficulté sont nos principaux atouts  pour nous confirmer que ce que l’on « vit » ou « obtient » est « bien », valable et durable. Comme dans les contes de fée. Mais ce qui est surtout durable ensuite, c’est les embrouilles, les malentendus, la solitude.

Parce-que, finalement, dans ces conditions, on invente assez peu l’ailleurs.

Dans la vraie vie, on voit l’ailleurs ou on ne le voit pas. On l’entend ou on ne l’entend pas. On le prend ou on ne le prend pas.  C’est comme sur un quai, faire en sorte régulièrement de pouvoir seulement prendre le train d’après ou celui d’après pour ensuite se mettre en retard. Alors que l’on pourrait assez facilement prendre le bon train et être à l’heure ou en avance.

 

Train et appareil photo

J’ai eu plusieurs appareils photos compacts « grand public ». Et, aujourd’hui, nous avons des téléphones portables qui « font » de très bonnes photos et avec lesquels nous pouvons même filmer et enregistrer. C’était un peu moins le cas en 2007 quand j’ai quitté Cergy-Pontoise. Mais les appareils photos et les caméras existaient déjà depuis longtemps.

 

On dit qu’il faut faire pour apprendre. Mais on peut faire pendant des années sans rien apprendre. Entre 2007 et aujourd’hui, ma technique photographique a peu évolué. Si l’on me prêtait un appareil photo un peu sophistiqué nécessitant des réglages, j’aurais beaucoup de mal pour apprendre à m’en servir correctement. Cependant, ma façon de faire des photos a changé. J’aime le fait que la photo nous permette d’avoir un rapport particulier ou privilégié avec l’instant, le silence, la lumière, le cadre. En prenant une photo, on « sait » que ce que l’on prend ne reviendra plus.

 

Prédation ? Si l’intention est seulement de se servir de l’autre ou de lui nuire, alors qu’il est vulnérable et innocent, on pourrait parler de prédation.

Mais si l’intention est de préserver et de révéler ce qui est négligé et banalisé alors que c’est « beau », « drôle », « insolite », « touchant »,  «  éphémère », « vivant » ou « contrariant à propos de notre époque », la photo peut se justifier pour des raisons morales, de mémoire ou esthétiques.

 

Sur l’autoroute A15

Parvis de Cery-Préfecture, ce samedi 26 septembre 2021.

 

J’avais prévu de retourner à Cergy, Soit ! Cette année. Puis, je l’avais oublié. Jusqu’à ce que ma sœur me propose d’y aller avec nos enfants. Ce samedi 26 septembre 2021, tous les cinq, nous avons pris l’autoroute A15 dans ma voiture. Celle que j’avais déjà en partant de Cergy-Pontoise. Et, nous sommes allés nous garer, près de l’Esplanade de Paris, des « douze colonnes » à quelques minutes à pied de l’école de la Lanterne où se passaient plusieurs des événements de cette après-midi.

 

L’école de la Lanterne, fermée maintenant depuis une dizaine d’années à ce que j’ai ensuite appris par une bénévole, est maintenant le « bureau » de l’association de la Lanterne. Une association plus portée, je crois, sur des événements artistiques, culturels et écologiques.

 

Cependant, l’autre particularité de l’école de la Lanterne, c’est qu’elle avait été l’école primaire de ma sœur et de mon frère. Et qu’elle se trouve à deux ou trois minutes à pied du pavillon pour lequel nous avions quitté notre appartement HLM de Nanterre.

Ce samedi 26 septembre 2021 s’est donc transformé pour moi en une machine à remonter le temps. Ma voiture. L’autoroute A15. Ma sœur et nos enfants. Le pavillon où nous avions vécu plusieurs années avec nos parents qu’ils ne le revendent pour partir retourner vivre en Guadeloupe au début des années 2000. Les 12 colonnes de l’Esplanade de Paris depuis lesquelles on peut apercevoir Le quartier de La Défense et, derrière, l’Arc de Triomphe.

L’école de la Lanterne. Une lanterne, ça éclaire.  Le titre The Payback de James Brown. La musique de James Brown fait partie de ces musiques que mon père m’a transmises par ses disques vinyles. Dont le titre Sex Machine dont il avait le 45 tours ou le 33 tours. Mon père dont l’anniversaire se répète tous les 3 octobre. Un jour après moi. Lui, en Guadeloupe, à Petit-Bourg. Moi, en France, à Nanterre. 1944. 1968. 

 

Nostalgie ?

 

J’aurais pu le penser si certains sentiments n’avaient été que les miens. Seulement, après avoir présenté nos passes sanitaires ou test antigénique négatif récent,  nous étions à peine entrés dans l’école de la lanterne, que nous sommes allés assister à la fin d’un concours de tags. J’ai alors demandé confirmation à ma sœur. La musique que nous entendions était bien du Rap américain des années 90-2000. Sur notre droite, à quelques mètres, un homme d’une quarantaine d’années dansait en écoutant les sons. Lesquels sons lui rappelaient vraisemblablement toute une époque. Il faisait beau. L’ambiance générale était parfaitement détendue. Il n’y avait pas trop de monde.

 

 

Des œuvres remarquables

 

Après quelques minutes, nous avons décidé de poursuivre notre « visite ». Je suis alors tombé sur quelques œuvres remarquables. Dont celle du collectif « TSF ». ( je ne suis pas sûr de l’orthographe »)

 

 

Un petit peu plus loin, un artiste ( Sitou) terminait sa fresque. Sa particularité était qu’il écoutait le titre Payback de James Brown ! Difficile de faire plus « ancien » aujourd’hui ou, en France, on écoute « beaucoup », parmi les artistes français des personnes comme Jul, Booba, Niska, Orelsan, Soolking, Damso, Soprano, Aya Nakamura, PNL,  Slimane,  et d’autres….

 

Je connais plus le nom de la plupart de ces artistes que leur discographie,  et même si je me désole de ne plus vraiment danser depuis quinze ou vingt ans, je peux aimer des morceaux de ces artistes sans pour autant avoir envie de bouger en les entendant.

 

Ce titre de James Brown, Payback, je le « connais ».  Je l’avais rangé derrière moi comme on peut regarder une ville ou un paysage s’éloigner dans le rétroviseur de notre voiture alors que l’on roule. Et, quelques années me séparaient déja de Payback ce samedi 26 septembre 2021.  Mais, là, parce-que mis à un volume suffisamment élevé, Payback m’a rappelé à l’ordre.

Parce-que dans la voix de « James », il y a un appel :

 

«  Tu vas te lever. Tu vas te bouger. Tu existes. Tu vas danser. Tu vas vivre. Tu n’as pas le choix».

C’est un appel péremptoire. C’est peut-être aussi dans cette chanson qu’il constatait que plusieurs artistes d’alors l’imitaient sans pour autant lui verser les royalties qu’ils lui devaient. Et qu’il leur intimait : «  Virez ma voix de vos disques ! ». J’avais lu un article à  ce sujet il y a plusieurs années. Je vivais peut-être encore à Cergy-Pontoise lors de la lecture de cet article. 

 

Sur son échafaudage, à deux ou trois mètres au dessus de nous, tout en terminant sa fresque, l’artiste Sitou, lui,  par moments, dansait en écoutant The  Payback. Et, de mon côté, j’ai senti qu’à ce moment-là, seule la musique comptait.

Pour voir d’autres photos relatives  à cette manifestationPhotos Cergy, Soit ! Samedi 26 septembre 2021

 

Franck Unimon, dimanche 3 octobre 2021.

 

 

 

 

 

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Photos Cergy, Soit ! Samedi 26 septembre 2021

 

L’école de la Lanterne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le collectif  » TSF » ( Orthographe à confirmer)
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Bac Nord-un film de Cédric Jimenez

Bac Nord un film de Cédric Jimenez

 

 

Dans les bacs

 

Bac Nord, sorti cet été, marche plutôt bien. Ce film français où l’histoire se passe à Marseille, plutôt de nos jours, serait fasciste et raciste.

 

A Paris, où je suis allé le voir puisque je vis, suis né en région parisienne et y ai toujours vécu, je l’ai peut-être très très mal regardé. Car je vais essayer de démontrer le contraire.

 

Je vais essayer dans cet article de démontrer que Bac Nord, pour moi, ce mercredi 29 septembre 2021, est ni fasciste, ni raciste.

 

Je suis allé voir Bac Nord seulement vers la mi-septembre. Je ne pouvais pas aller le voir auparavant. Je n’avais pas de pass sanitaire. Et je n’étais pas pressé de me faire de nouveau pousser dans le nez une tige de dépistage en vue d’effectuer un test antigénique dont le résultat, se devait dans mon cas bien-sûr d’être négatif – puisqu’à ce jour je n’ai pas attrapé le Covid depuis le début officiel de la pandémie mi-mars 2020 en France- depuis moins de 72 heures. Finalement, avant ma première injection de Moderna contre le Covid, on m’a imposé un test antigénique préalable. Le test étant négatif, j’en ai profité pour aller au cinéma voir quelques films ( dont Dune-un film de Denis Villeneuve). A partir de ce 15 octobre 2021, les tests antigéniques deviendront payants. Mais à cette date, je devrais être vacciné contre le Covid comme cela nous a été…. »demandé » ( imposé pour les soignants). Je fais cet aparté afin de marquer un peu l’époque où Bac Nord et d’autres longs métrages se sont faits connaître.

Les acteurs Karim Leklou et François Civil.

 

Dès sa sortie, Bac Nord faisait partie des films que j’avais envie d’aller voir. Pour le sujet de la Bac. Pour les acteurs, Karim Leklou et François Civil en tête. Des acteurs que j’ai vus et aimés voir dans plusieurs films, court métrage ou série (Marseille la nuit Le Monde est à toi ; Le Chant du Loup ; Dix Pour cent ; Made in France  ; Voir du pays).

 

L’acteur Gilles Lellouche.

 

Concernant l’acteur et réalisateur Gilles Lellouche, le plus expérimenté de ce trio d’acteurs comme dans le film Bac Nord du reste, mon avis est plus partagé. Je lui reconnais des intentions de jeu et beaucoup de travail pour ses rôles. Je lui reconnais une franchise et une sincérité (je double la mise) ainsi qu’un véritable capital sympathie lorsqu’il s’exprime lors des interviews.  Mais, en tant qu’acteur, je le trouve assez souvent voisin de la caricature.

 

Néanmoins, j’avais bien aimé son film en tant que réalisateur : Le Grand bain. Même si. Même si. J’en avais déjà assez qu’on surligne la présence de Philippe Katerine, un acteur et chanteur dont j’aime le jeu et la folie. Mais que l’on présente un peu trop désormais comme le tube de l’été. Un tube qui dure depuis quelques années maintenant. La sensibilité de Philippe Katerine. La personnalité borderline de Philippe Katerine. Je goûte bien sûr ces atouts de Katerine. C’est leur encensement répété qui m’ennuie. 

 

 

Bac Nord/ Les Misérables : Visions d’opposition ou visions complémentaires ?

 

Parlons maintenant un petit peu plus de Bac Nord après avoir jalousé le succès de Philippe Katerine.

La première question que je me suis posé lorsque j’ai commencé à voir des affiches du film a été :

Bac Nord est-il l’équivalent ou le complément du film Les misérables 2ème partie , prix de la mise en scène à Cannes en 2018 (ou 2019 ?) 

 

Avant d’aller trouver Bac Nord  dans une salle de cinéma,  au vu des tout petits échos qui me sont parvenus, j’ai eu l’impression que ces deux films s’adressaient à deux publics différents. Alors que l’on aurait pu penser que beaucoup les rapproche. Dans les deux films, les « héros » sont des policiers de la Bac. Et, ils forgent un trio. On pourrait se dire que les policiers de la Bac marchent toujours par trois. Depuis le début du procès des attentats du 13 novembre 2015, j’ai appris en lisant quelques articles que le commissaire de la Bac à être le premier à intervenir au Bataclan, de sa propre initiative, avait agi uniquement avec son « chauffeur ». Un chauffeur policier et armé également. Donc, ils étaient deux. Mais cette histoire de nombre de policiers au sein des unités de la Bac n’est pas prioritaire pour parler de Bac Nord. Sauf pour dire autrement que l’univers de la police fait partie des univers qui suscitent mon attention.

 

 

A ce jour, je n’ai pas rencontré ou pu discuter avec quelqu’un qui a vu les deux films : Les Misérables de Ladj Ly et Bac Nord de Cédric Jimenez. Qu’est-ce qui les oppose dans les grandes lignes ?

 

Pour moi, Les Misérables est un film bien plus renseigné socialement et plus subtil que Bac Nord. Et mieux filmé. C’est facile à dire après le prix de la mise en scène qu’a obtenu Les Misérables au festival de Cannes de 2019.

 

Dans Bac Nord, si l’on voit bien que les trois policiers donnent tout à leur métier – comme dans Les Misérables–  et qu’ils « l’aiment » et croient à leur utilité, on est aussi davantage avec des cow-boys. Dans ce que cela peut aussi avoir de plus grossier ; on est presque dans Starsky et Hutch. A la différence que, dans Bac Nord, le personnage de Huggy les bons tuyaux est interprété par une séduisante jeune beurette ou arabe qui aime beaucoup fumer son petit shit. Et qu’il y a dans le film le croquis d’une attirance du flic de la Bac (joué par François Civil qui s’y connaît aussi très bien en séduction : le revoir dans Dix pour cent ou dans Le Chant du Loup pour bien le comprendre) pour elle.

Une attirance faite de croissance érotique mais aussi de volonté de protection pour sa jeune indic. On n’avait pas cette attirance sexuelle entre David Starsky et Michael Hutch pour Huggy…

Hormis cela, dans Bac Nord, la jeune indic semble avoir très peu de perspectives comparativement à tous les risques qu’elle prend. Et, son shit, qu’elle obtient contre les informations qu’elle donne, en risquant sa vie mais aussi sa réputation, on a l’impression qu’elle passe son temps à le fumer en solo. Donc, c’est un peu difficile de comprendre comme elle peut être aussi souriante, séduisante et maline aussi pour, finalement, apparaître aussi seule et sans autre projet d’avenir que de rester dans les parages de celles et ceux qu’elle trahit. A fumer son shit. Mais, après tout, je n’y connais rien à la psychologie ou la temporalité des indics. Et très certainement qu’il existe toutes sortes de profils parmi les indics. Peut-être presqu’ autant de profils qu’il n’existe d’indics. Y compris les plus déroutants.

 

 

Stigmatiser Marseille ?

 

Pour moi, il n’y a pas de stigmatisation particulière à situer l’histoire à Marseille dans Bac Nord. D’abord, parce-que, même si cela m’a pris du temps, j’aime Marseille pour le peu que j’en connais. ( Marseille-Toulon-La Ciotat, octobre 2019 ) Ensuite, parce-que, par certains aspects il est des endroits populaires de Marseille qui me rappellent soit la ville où j’habite depuis quelques années, Argenteuil, soit Barbès ou même Nanterre où je suis né et ai grandi. Ensuite, ce qui peut se raconter de certains quartiers de Marseille peut tout aussi bien se transposer ailleurs. Si un titre comme Je danse le Mia du groupe I AM m’avait autant parlé, alors que le groupe de Rap I AM est de Marseille, c’est parce-que j’avais connu et voyais très bien de quoi cette chanson parlait alors que je vivais en région parisienne. Et le succès de ce titre était bien-sûr venu du fait que d’autres gens, dans d’autres cités et dans d’autres banlieues de France s’étaient reconnus dans ce que cette chanson racontait. Pour moi, cela peut être pareil avec le film Bac NordCela peut apparaître très rétrograde de citer un titre aussi ancien du groupe I AM mais le personnage de policier joué par Gilles Lellouche a certainement connu ce titre. 

 

Donc, pour moi, Bac Nord n’est pas un film de plus qui caricature la ville de Marseille. Ce n’est pas non plus un film qui porterait une opposition Nord/Sud. Le sud étant la ville de Marseille. Et, le nord étant Paris ou des villes au delà de Paris supposées être plus présentables et plus prestigieuses. Pour moi, Bac Nord ne regarde pas Marseille de haut. Mais je ne suis pas marseillais. Peut-être le prendrais-je autrement si j’étais marseillais.

Par contre, pour reparler de « l’opposition » Paris/Marseille ( une opposition que, pour ma part, je ne revendique pas), lorsqu’à la fin du film, les policiers réalisent un gros coup et qu’ils fêtent leur victoire, j’ai eu l’impression de voir, plutôt que des policiers, des joueurs de football qui étaient contents d’avoir gagné un match contre une grosse équipe. Que cette équipe soit le PSG ou une autre.

 

Garde-fou « ethnique »

 

Arrivons-en à ce qui serait raciste et fasciste dans le film. Ou dans ce qui a pu être considéré comme raciste et fasciste dans le film.

Dans Les Misérables, le trio de policiers compte un noir, le personnage de Gwada. Celui par lequel la bavure au flash-ball arrive suite à trop de montée de pression. Alors que Gwada, auparavant, on l’a vu, c’est plutôt un homme sympathique au sein du trio. Ce n’est pas le plus énervé. C’est plutôt un modérateur. Dans Les Misérables, que ce soit donc voulu par le réalisateur Ladj Ly, ou non, il existe un « garde-fou » ethnique au sein du trio de la Bac.

Il existe même une animosité « intéressante » entre le personnage de Gwada et celui du maire joué par Steve Tientcheu rencontré le mois dernier. ( Le cinema-A ciel ouvert avec Steve Tientcheu et Tarik Laghdiri). 

 

A droite, l’actrice Adèle Exarchopoulos, policière également dans le film, qui joue la compagne de Karim Leklou. A gauche, François Civil et Karim Leklou ( debout). Au centre, l’acteur Gilles Lellouche.

 

Dans Bac Nord, pas d’homme ou de femme noire au sein du trio des policiers de la Bac ? Et alors ? Bien-sûr, j’aurais accepté une touche de diversité supplémentaire au sein de ce trio. J’aurais bien aimé voir ce que cela aurait pu donner comme adversité si le trio de policiers de Bac Nord avait été constitué de trois noirs ? D’un asiatique, d’une femme arabe, d’un noir ? De deux arabes et un noir ? Etc…

 

Mais, pour moi, cette absence de diversité ou d’originalité éthnique ne fait pas de Bac Nord un film raciste et fasciste. Même si, le trio des policiers de Bac Nord étant majoritairement blanc, exception faite de Karim Leklou mais dont la couleur de peau a néanmoins la particularité d’être plus claire que foncée. Mon propos, ici, est-il raciste ? On pourra le penser. On le pensera. Ce sera peut-être en partie vrai. Pourtant, ici, ma véritable intention est surtout de redire que, très souvent, trop souvent, le cinéma français préfère faire l’impasse sur la «  couleur ». Et, ce faisant, certaines nuances, dans les situations passent à la trappe. Ainsi qu’un certain réalisme. On a donc compris que, si pour moi, Bac Nord n’est pas un film raciste et fasciste, je préfère évidemment la distribution des rôles dans Les misérables.

 

Dans Bac Nord, l’opposition entre « caïds » des cités et la police ressemble donc, par défaut ou par maladresse, à une énième opposition entre les basanés d’un côté. Et les blancs de l’autre. Malgré la présence de Karim Leklou, ici minoritaire parmi les policiers, pour représenter la diversité.

Mais j’accepte ce parti pris ou cette « négligence ». Et puis, l’alternance à ce parti pris ou à cette « négligence », peut aussi être de passer soi-même à l’écriture de scénario, à la réalisation ou au jeu d’acteur dans le but de montrer autre chose. 

 

La France, ce n’est pas du tout ça : c’est impossible.

 

Reste, sans doute, cette description de certaines cités, d’une, en particulier, ou de plusieurs dans le film ( j’ai oublié ) où les policiers ne peuvent plus entrer désormais. Ce qui fait enrager le « chef » de l’équipée de la Bac joué par Gilles Lellouche qui compte vingt ans d’expérience de terrain. Et qui est donc la mémoire vivante de ce terrain perdu par la police au profit de la délinquance.  Sous un angle écologique, on pourrait comparer cette perte de terrain par la police ou la République, à des lacs qui se sont non seulement asséchés mais aussi lourdement pollués au fil des années. Cette vision là est-elle raciste et fasciste ? La perte du terrain ou du territoire dans certaines cités par la police. Comme la métaphore des lacs asséchés et lourdement pollués avec le temps.

 

Pour certaines personnes, il est évident que  cette vision et cette métaphore est raciste et fasciste. Car, pour ces personnes, la France, ce n’est pas du tout ça. C’est impossible. Donc, montrer ça dans Bac Nord où, d’un côté, il y aurait les policiers droits qui se mouillent. Et de l’autre, des délinquants qui les toisent d’autant plus qu’ils se sentent intouchables et chez eux dans leur cité, ce serait fasciste et raciste. Surtout à voir que les délinquants en question sont « bien-sûr » noirs et arabes. Aucun blond ou rouquin aux yeux bleus ou verts parmi eux.

 

Bac Nord n’est pas un atoll de finesse

 

Pourquoi, alors, je l’accepte aussi « bien » ou aussi facilement d’un film comme Bac Nord ? Peut-être parce-que je ne sens pas d’intention raciste dans le film du réalisateur. J’ai peut-être tort. Le film Bac Nord n’est pas un atoll de finesse, c’est vrai. Toutefois, lorsque je le regarde, je ne généralise pas ce que montre Bac Nord. Pour moi, que ce soit à Marseille ou ailleurs, toutes les cités et toutes les banlieues ne ressemblent pas à ce que montre le film. Pour moi, tout Marseille ne se trouve pas dans Bac Nord.

 

 Mais on peut néanmoins montrer des noirs et des arabes qui sont du « mauvais » côté. Même s’il est vrai qu’il existe aussi des blancs et des asiatiques qui sont du « mauvais » côté et que l’on ne montre pas dans le film. Ou autrement. Plutôt dans le versant politique. Par le coup de « pute » que vont connaître « nos » cow-boys de la Bac plus tard.

 

Ensuite, si on arrive à plus ou moins passer le cap de l’éventuel délit de faciès des « mauvais » dans Bac Nord, il nous reste à faire face à certains de ces endroits où la police n’entre pas, n’entre plus, ou, de moins en moins. Et, là, j’ai l’impression que pour pouvoir admettre un peu ce point là, plutôt que d’imagination et d’intellectualisation, il est peut-être nécessaire de faire appel, un peu, à la « pratique » de certains souvenirs ou de certaines expériences directes ou indirectes.

 

 

La pratique de certains souvenirs

 

Je n’ai pas de pratique ou d’expérience dans le grand banditisme ou dans le trafic de stupéfiants ou autres. Mon casier judiciaire est vierge. Je n’ai ni le vice, ni l’instinct, ni l’intelligence, ni la nécessité ou la furie de celles et ceux qui peuvent participer à des braquages, à des trafics ou à certaines actions meurtrières et barbares. Il y a quelques années, une de mes collègues, une jeune femme séduisante, séductrice, familière avec les codes de certains quartiers du Val Fourré à Mantes la Jolie m’avait appris qu’avec mon « Français soutenu », dans certaines situations, j’aurais des problèmes. Je l’avais crue sur parole, moi, pourtant né en banlieue parisienne et qui avais grandi dans une cité HLM. Ensuite, elle m’avait raconté comment il lui était arrivé de tenir tête à certains hommes qui lui avaient mal parlé. Et de s’en sortir. Là, aussi, je l’avais crue sur parole. Je n’ai aucun doute quant au fait qu’une femme puisse ou sache, dans certaines circonstances, si elle connaît certains codes de langage et de comportement, mieux s’en sortir en cas d’embrouille qu’un homme poli et propre sur lui, combien même, voire, surtout s’il a une stature physique qui, a priori, devrait lui éviter les ennuis. Et ce Savoir-là n’est pas exposé dans les écoles ou dans les vitrines des magasins. Ni dans les musées. Pas même dans les médiathèques ou les salles de cinéma. Encore moins en suivant des cours par correspondance. C’est une histoire de pratique, de modèle mais aussi d’instinct, d’instant. Une seconde après, c’est trop tard. Une seconde avant, c’est trop tôt. Pour répondre. Ou pour donner le regard qu’il faut avec l’intonation convaincante ou déstabilisante qui va faire que l’on échappe au couteau, au coup de boule, au passage à niveau ou que l’on va être accepté ou toléré.

 

 

Ceci étant dit,  je me rappelle du « petit » Enzo, dans mon collège Evariste Galois, à Nanterre. Lorsque, devant tout le monde, dans la cour, des policiers étaient venus le chercher. Il s’était laissé faire en se tenant droit comme un « bonhomme » que cela n’effraie pas. Enzo devait avoir 15 ans voire moins. Je le « connaissais » de vue depuis quelques années. Il m’était arrivé de discuter avec lui. Je n’avais jamais eu de problème avec lui. Nos quelques échanges avaient été « sympas ». Il faisait partie, avec d’autres, que je connaissais également, de la cité de la rue Greuse. Une cité pas très éloignée de la mienne qui avait une assez mauvaise réputation. Qu’avait-il fait pour être cueilli au collège ? Aucune idée. C’est la dernière fois que je me souviens l’avoir vu. J’avais quel âge ? 14 ans ou moins.

 

Je me rappelle il y a plus de vingt ans avoir appris un jour qu’un de mes anciens collègues de travail avait un Beretta. Par qui l’avais-je appris ? Par sa copine d’alors, également une de mes collègues. C’était à Pontoise.

 

 

Je me souviens de ce copain, natif d’Argenteuil, souvent sur le qui-vive au point qu’il me fait penser à Joe Dalton, qui m’a dit un jour que se sachant très en colère contre je ne sais qui, il avait préféré, avant de faire une bêtise, scier et démolir les armes à feu qu’il possédait. Etonné, je lui avais alors demandé comment il avait fait pour obtenir ces armes ? Ce copain m’avait alors regardé comme si j’étais une andouille ou que je débarquais d’une autre planète. Et ce regard signifiait sans ambiguïté mais aussi sans explications qu’il n’y avait rien de plus  facile que de se procurer des armes à feu. C’était il y a environ cinq ans.

 

Je me rappelle du père, policier, d’une des camarades de classe de ma fille, à la maternelle. Cet homme aime son travail. Et, ayant également grandi à Nanterre comme moi, mais dans une autre cité, il m’avait affirmé que cela s’était « dégradé ». Cet homme discutait de temps à autre avec un autre papa, également policier devant l’école en attendant la sortie de son enfant. Ce policier, devant moi, avait un jour raconté, en souriant, ce rituel qui consistait,  lorsqu’il entrait dans une cité avec ses collègues, à longer le mur des immeubles. Afin de ne pas se recevoir un réfrigérateur. C’était, aussi, il y a environ cinq ans. Je ne sais pas de quelle cité il parlait ni dans quelle ville. Je n’avais pas pensé à demander. A ce jour, en entrant dans une cité, je n’ai pas longé le mur des immeubles pour éviter de me prendre un réfrigérateur ou autre objet sur la tête. Mais, avant cette anecdote, j’avais ouï dire que cela pouvait arriver. Mais pas là où j’habitais.

 

Je n’ai pas oublié non plus que le très bon kiné que nous avons un temps consulté pour notre fille nous a appris un jour que les va et vient de sa clientèle, de toutes origines tant sociales que culturelles et religieuses, dérangeait le trafic de certaines jeunes du coin. Et, ils le lui avaient fait savoir.

 

Je n’ai pas oublié non plus que la mère d’une des bonnes copines de ma fille m’a dit un jour que sur le trajet de l’école, pas très loin, se trouvait un point de rencontre officieux pour trafic de stupéfiants. Dès lors, certains jeunes que j’aperçois régulièrement, en groupe, s’ils ne sont pas menaçants pour les enfants et les parents dont je fais partie,  et ne font que discuter entre eux, m’apparaissent aussi, comme étant là soit pour protéger un territoire. Soit pour « guetter ». Bien-sûr, nous ne sommes pas dans Bac Nord où, là, le sujet est poussé à son extrême. Mais je crois qu’il peut être concevable que dans certains endroits, désertés par les institutions publiques, ou soit pace-que certains modèles de vie aient été choisis ou privilégiés, par mimétisme ou par conviction, qu’il se soit développé des situations équivalentes à celles que l’on voit dans le film.

 

Je me rappelle aussi qu’une Argenteuillaise m’avait appris que le premier jour du Ramadan, un conflit avait eu lieu dans un quartier de notre ville et que cela s’était terminé par un mort par balles. Ces « anecdotes », je les considère comme des évidences. Elles horrifieront peut-être certaines personnes. Elles en feront sourire d’autres qui vous diront : « Et, encore, ça, ce n’est pas grand chose…. ». Et, là, aussi, je croirai ces dernières personnes sur parole sans pour autant raser les murs. Sauf que en certains endroits, à certaines heures, si je suis informé par quiconque du « coin » qu’il faut être prudent ou éviter de passer à tel endroit, je préfèrerai me montrer prudent ou éviterai de passer à tel endroit. Pour moi, ce n’est pas être raciste et fasciste de penser comme ça. Comme, pour moi, ce n’est pas être soumis et crétin, lors d’un contrôle de police, de rester aussi calme et poli que possible. C’est plutôt s’adapter à mon environnement et/ou à mon interlocuteur. 

 

Lorsqu’un reporter tel que Philippe Pujol, Marseillais, Prix Albert Londres pour un de ses ouvrages, écrit La fabrique du monstre : 10 ans d’immersion dans les quartiers nord de Marseille, la zone la plus pauvre d’Europe en 2018, s’il pointe, évidemment, les responsabilités politiques et sociales, mais aussi intellectuelles, pour expliquer et critiquer le délabrement prononcé de certains quartiers de Marseille, il n’en décrit pas moins certains endroits où l’accès n’est autorisé qu’à des personnes sélectionnées. Des personnes du quartier. Des personnes de confiance. Profil- des personnes de confiance- qui est loin de correspondre à des policiers de la Bac.

Dans cet ouvrage, Philippe Pujol indique bien que dans ces quartiers nords de Marseille, il reste des personnes étrangères au banditisme comme aux trafics.

 

De même que lors des attentats du 13 novembre 2015, c’est une juge belge qui a expliqué il y a quelques jours au tribunal que si plusieurs des terroristes islamistes se connaissaient depuis longtemps et avaient vécu à Moolenbeek, que, par ailleurs, c’était dans certains quartiers, minoritaires, de Moolenbeck que s’était développé l’activité terroriste islamiste de ces dernières années. Mais, qu’autrement, Moolenbeek était aussi une commune très agréable où la plupart des habitants n’avaient rien à voir avec le terrorisme et l’islamisme.

 

 

Un métier de conviction :

Ce qui passe peut-être mal avec le film Bac Nord, c’est qu’il magnifie des policiers. Et que beaucoup de monde entretient une certaine ambivalence faite à la fois de méfiance/crainte/haine/ admiration envers la police et celles et ceux qui la représente. Ambivalence qui avait été décrite dans les média où, lors de la période des attentats islamistes, les policiers étaient devenus très populaires. Pour, ensuite, à nouveau, être perçus de travers. 

Je ne discute pas les raisons, justifiées ou injustifiées, de cette ambivalence. Cette ambivalence envers la police peut, finalement, être la jumelle de ce racisme envers certaines catégories de personnes :

 

On peut avoir des raisons personnelles et concrètes qui expliquent que l’on en veut à telle catégorie de personnes. Parce qu’elles nous ont fait du mal, à nous ou à des proches. Mais on peut aussi très bien en vouloir à certaines catégories de personnes et de professions sans avoir eu de mauvaise expérience réelle avec elles. On ne fait alors que « répéter » ce qui se dit dans notre environnement et dans notre entourage depuis des années ou des générations. Sans prendre la peine de peser le pour et le contre. Puisque l’on fait corps avec celles et ceux qui font partie de notre environnement et de notre entourage. Et que l’on s’en remet à eux tous les jours. Se faire sa propre expérience demande une certaine capacité d’initiative. Mais aussi de pouvoir accepter de faire et vivre d’abord seul (e ) certaines expériences contradictoires. Certaines personnes n’ont ni cette volonté ni ce courage. 

 

Malgré cette ambivalence envers la police ou malgré l’aversion assumée que certaines personnes peuvent avoir envers elle, en regardant Bac Nord, je me suis demandé comment font ces femmes et ces hommes policiers pour avoir envie de faire ce métier. Ou, plutôt, pour continuer d’avoir envie de le faire. Que ces femmes et ces hommes travaillent pour la Bac ou non. Car le film rappelle bien aussi qu’être policière ou policier, c’est exercer un métier de conviction :

 

Il faut être convaincu de l’utilité de ce que l’on fait. Et de ce que l’on est. Ce qui peut être déjà très difficile au vu des risques mais aussi, surtout peut-être, des désillusions que font vivre- de façon répétée- ce métier. Et, en plus, il faut pouvoir apporter des preuves indiscutables que le travail effectué a été bien effectué. Et, tout cela, sans s’enrayer soi-même. Sans se vomir soi-même.

C’est montré dans le film : A part le personnage joué par Karim Leklou qui a pour lui la très large compensation d’avoir une femme aussi attractive, honorable et honorante que l’actrice Adèle Exarchopoulos, les deux autres policiers joués par Gilles Lellouche et François Civil n’ont pas de vie personnelle valide ou valable. Donc, leur métier leur fait payer un très lourd tribut. Et, dans ces conditions, je m’étonne que des femmes et des hommes tiennent encore à vouloir devenir policières et policiers. Tout en essayant, aussi, de concilier une vie de couple et de famille.

Or, pourtant, il y en a. Bien-sûr, je pourrais faire la même remarque pour des personnels soignants. Mais le métier de policier, de par ses armes, et la manière dont il confronte directement des femmes et des hommes à d’autres femmes et hommes me semble porteur de bien des échecs qu’aucun uniforme,  grade ou ultimatum ne peut contrer.

 

L’acteur Gilles Lellouche de face. De dos, l’acteur François Civil.

 

Casseur de rêve exotique :

 

 

Pour ces quelques raisons, pour moi, Bac Nord n’est pas un film fasciste et raciste. Mais on peut lui reprocher, oui, d’être assez caricatural sur certains aspects.

Néanmoins peut-être que ce qui lui est fondamentalement reproché, c’est de casser le rêve exotique marseillais avec l’accent, la mer, la sensualité et le soleil. Pour, au contraire, envoyer dans les yeux du spectateur du sable et bien des écueils. Comme si, au plein milieu d’une comédie qui se déroule bien, on se mettait d’un seul coup à reparler de la pandémie du Covid ou du réchauffement climatique. Comme si, à parler de la Guadeloupe, au lieu de parler de plages, cocotier, zouk, ti-punch, sexe et Francky Vincent, on en arrivait à reparler de l’esclavage, du Covid, de l’obésité, du Sida, de chômage, de maltraitances conjugales, de chlordécone, d’alcoolisme et de diabète. Ça casse un peu l’ambiance.

 

 

Franck Unimon, ce mercredi 29 septembre 2021.

 

 

 

 

 

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Voyage

New York 2011 : « You’re Welcome ! »

 

New-York 2011 : «  You’re Welcome ! ».

( cet article est la suite de New-York 2011- 2ème partie )

 

Ma compagne m’a proposé d’aller au cinéma dans Time Square. Je ne peux qu’accepter. Nous reprenons le bus. Et sa climatisation. Nous longeons la partie ouest de Central Park.

 

Nous passons devant le musée américain d’histoire naturelle. J’ai entendu dire beaucoup de bien de ce musée qui a manifestement été très fréquenté ce dimanche. Je vois principalement des blancs. La statue devant le musée me dérange :

Un blanc à cheval. A sa gauche, à pied, un noir. A sa droite, je ne vois pas qui marche à ses côtés. Un Indien ?

 

Nous descendons à la 59ème rue. Là, une dame avec un accent d’Europe de l’est me répond que Time Square est à environ dix rues ( «  Ten blocks ! » de là en prenant Broadway.

 

En prime abord, je trouve Broadway plaisant. Bien plus que Madison Square Garden.

Et puis, nous entrons dans un pavé touristique. Et puis, toute cette foule. Tous ces écrans. Toutes ces lumières. Il est un peu moins de dix neuf heures.

 

Nous croisons une foule qui se fait des gestes/signes sur un écran géant. A d’autres endroits, nous entrons dans un magasin Quicksilver «  Hi Guys ! » ouvert jusqu’à minuit.

Ailleurs, il semble qu’il y’ait des parcs d’attraction, des salles de spectacles courues. Mais je n’y comprends rien. Je vois de la promo pour Mme Tussaud. Samuel Jackson à l’affiche. Un restaurant ou une salle de concert B.B King/ Lucille.

Apparemment, devant une salle, une actrice se fait interviewer. Des passants la photographient. La vingtaine, blonde, mince, en robe et souriante, elle semble contente de ce qui lui arrive. Je me dis qu’elle doit avoir un rôle dans une pièce à succès.

Il nous faut néanmoins demander à deux reprises où se trouvent les cinémas. Car, ici, ils ne sont pas majoritaires. Je redoute de tomber sur un UGC. Sur une réplique exacte d’un UGC parisien.  Finalement, non.

J’aurais aimé voir le film avec Gérard Butler mais il passe trop tard : une heure trente plus tard.

Nous optons pour le film Abduction dont j’ai oublié le titre en Français avec Taylor Lautner en héros. Taylor Lautner, découvert/révélé grâce à Twilight  dont j’ai déjà vu à peu près en entier le premier épisode, je crois.

 

L’affiche et l’annonce du film en France m’ont fait penser à du Jason Bourne. Autant, j’ai aimé la trilogie de Jason Bourne, autant je suis perplexe devant l’affiche. Mais les critiques, en France, ont été, je crois, plutôt bonnes.

 

La caissière, Priscilla, est plutôt jeune et jolie. Mais elle est là pour faire du chiffre et aligne ses phrases mécaniquement. Lorsque je lui demande s’il existe une feuille avec les résumés des films, il lui faut quelques secondes pour comprendre. Enfin, elle comprend et je récupère une feuille. Je ne comprends rien à ses indications pour trouver la salle mais je suis serein. Rétrospectivement, elle m’avait sûrement dit « Level five ! » soit tout en haut.

Nous prenons les escalators.

 

La salle est assez petite. Cent places ? Plus ?

Les fauteuils s’abaissent lorsque l’on s’assied. Ils me donnent une impression de mollesse qui me déplait. Bien-sûr, il y’a du pop corn dans la salle mais pas plus que dans certains films grand public dans une salle UGC à Paris. Quelques téléphones portables allumés. Par contre, mieux vaut entendre les réclames publicitaires car leur volume sonore est particulièrement élevé.

 

Le film : Taylor Lautner est sur le capot d’une voiture conduite à vive allure sur la route par un de ses meilleurs amis. Un blanc. Un noir. Malgré la vitesse et les virages, Taylor Lautner n’a pas peur. Le trio arrive à une party. Le noir est un faussaire de génie : il fabrique des faux papiers d’identité qu’il vend à prix d’or. « No Stress ».

Taylor croise une jeune fille qu’il biche. Elle, aussi, le biche. Mais elle l’évite et elle a un copain. Lequel bouscule Taylor Lautner. Surproduction de testostérone. La fille intervient. Pas de bagarre. Taylor et ses copains s’amusent. Il prend une cuite, se réveille le lendemain, torse nu, dans le jardin qui a servi à la fête. Celle qui a organisé la fête a une heure pour tout ranger avant que ses parents n’arrivent.

Dans ce film, outre Lautner, il y’a Alfred Molina, Maria Bello, Sigourney Weaver.

Il y’a des traits d’humour que je n’ai pas compris. Mais je crois avoir compris l’intrigue et le but de ce film :

Après le succès de Twilight, pousser la carrière de Taylor Lautner. Lequel a d’évidentes aptitudes plastiques et acrobatiques. Sorti de ça, à part du pop corn, il n’y’a rien dans ce film. Un film de spectacle pour celles et ceux qui veulent du spectacle. Un spectacle de division d’honneur ou de troisième division.

Après ça, trente minute de marche jusqu’à l’hôtel. Nous étions claqués. Je me suis dit que ce dimanche, nous en avions trop fait.

J’étais claqué, j’avais la nausée et un peu mal à la tête. Nous nous sommes couchés sans dîner à 23 heures. Sur la messagerie du téléphone de notre chambre, un message de la réception pour nous proposer une soirée à 23 heures….

 

Aujourd’hui, ce lundi 10 octobre, il nous fallait frapper un grand coup !

Notre City Pass acheté sur internet avant notre arrivée à New-York nous donne droit à six sorties culturelles (musées, croisière, point de vue panoramique). Puisque nous repartons samedi et que nous envisageons de prendre notre temps pour ces sorties, il devenait nécessaire d’en faire deux si possible aujourd’hui. Sans nous fatiguer. Car ma compagne a eu les mêmes impressions que moi par rapport à notre journée d’hier. Et, je me demande comment font celles et ceux qui restent entre trois et cinq jours à New-York avec le décalage horaire. A part en courant en permanence ou en se concentrant sur deux ou trois activités, je ne vois pas….

 

 

Nous avons cette fois pris notre petit-déjeuner vers midi. Le temps de finir mon compte-rendu dans ce cahier, de m’étirer et de me doucher…mais ma compagne ne m’a pas semblé très pressée non plus.

Nous sommes allés à Prêt à Manger dans la 3ème avenue. Lieu de restauration fermé le week-end qui nous avait fait bonne impression à notre arrivée à New-York. Nous avons d’abord cru que ce serait très cher. Alors, nous commandons  prudemment.

Je prends un Bagel. Ma compagne dit d’abord : « ça va être cher ! ».

Nous partons. Je goûte le Bagel. Il est très bon. Ma compagne le goûte puis me dit :

« C’est comme tu veux ! ». Nous y retournons :

Un Mocha et deux Bagels pour elle. Un large hot chocolate, un Muffin aux baies et à l’orange et un verre d’eau pour moi. Conclusion : 13 dollars. Succès commercial. C’est fait maison. C’est bon et c’est copieux. Martine a du mal à finir son Mocha. Ce que j’ai pris me suffit.

Nous partons pour le MOMA avec le deuxième Bagel de ma compagne.

Une partie du tableau  » Christina’s World » réalisé en 1948 par Andrew Wyeth.

 

Le MOMA est à une dizaine de minutes à pied de l’hôtel. Demain, il sera fermé. Mais avant ça, je cherche un lavomatic dans le quartier. Mais à qui demander ?

Je remarque un noir qui parle dans son téléphone portable en poussant un diable vide. Il a une bonne quarantaine d’années. Peut-être plus. A l’entendre, je crois reconnaître un Haïtien. Je l’interpelle devant le magasin Duane.

Oui, il parle Français. Mais il me répond d’abord en Anglais. Puis, il se met au Français. Il habite Brooklyn. Il n’est pas du quartier mais il veut bien se renseigner. Il pousse son diable dans le Duane comme en terrain familier, salue un des jeunes caissiers (la vingtaine) qui semble s’être accommodé du personnage qu’il perçoit sans doute comme un farfelu. Non, il ne sait pas où il y’a un lavomatic dans le quartier.

Notre homme interpelle un autre noir, une cliente. Personne ne sait.

Il part chercher le manager. Revient peu après : le manager ne sait pas. Et dire qu’à Brooklyn, où il habite, il y’a tant de lavomatic !

Il se propose presque de nous y accompagner. Je décline. Il me propose de l’appeler si j’ai besoin d’un service. Je décline tout autant poliment. A Church Avenue, à Brooklyn, il y’a plein de lavomatic m’assure-t’il. Il me répond qu’il faut amener sa lessive. Il est bien Haïtien et s’appelle Zelo.

 

 

Puis, le MOMA.

 

Il y’a du monde. La jeune femme du vestiaire a commencé à perdre patience.  Oui, le vestiaire est gratuit. Mais au moment de prendre mon sac : ai-je du matériel électronique dedans ? Oui.

Dans ce cas, il me faut le prendre avec moi. Bon.

Ai-je des objets de valeur dans mon sac ? Oui. Il me faut les prendre avec moi.

Puis, elle m’explique que l’usage des appareils photos et caméra est autorisé au MOMA. Que je peux emmener mon sac avec moi.

Il me faut un moment pour comprendre : j’étais content de pouvoir m’alléger pour profiter au mieux de cette exposition. Alors, en souriant, je la fais répéter. Je la vois qui commence à perdre patience. Je décide de prendre mon sac.

 

 

Pendant les dix premières minutes, dans la partie Art contemporain, je me sens idiot. Ce que je suis sans doute de plus en plus. Ensuite, je bute sur les constants chefs d’œuvre de peintres comme Picasso etc…Jeff de Kooning…

Je ne vois rien. Une femme assez bruyante, et accompagnée de ses deux garçons, interpelle un gardien. Noir. Ils étaient principalement noirs. J’ai vu un seul gardien sud-américain.

La femme demande au gardien ce qu’il voit dans la toile qu’elle regarde. Celui-ci lui répond qu’il faut utiliser son imagination. La femme affirme devant le gardien débonnaire qu’elle l’utilise, son imagination !

 

Et puis, des tableaux m’ont plu. Comme Napoléon into Wilderness de Max Ernst. Ou un portrait de Modigliani.

 

Dans une salle, alors que j’entre, le gardien, un noir d’environ 1m90 pour 120 kilos mime le geste de m’adresser un ballon de football  américain. Au départ, je ne réagis pas.

Il répète son geste. Je fais mine d’attraper le ballon. Il fait semblant d’avoir le ballon contre lui. Cela lui suffit. Je poursuis ma visite.

Lorsque je ressors de la salle, il recommence. Toujours à distance. Environ cinq à dix mètres nous séparent. Tout se passe en silence.

 

 

Nous terminons notre visite un peu avant 17 heures. Vers 16h30. Puis, direction la Circle Line pour une croisière autour de Manhattan. Nous faisons en fait un demi tour. Le bateau est plein.

Nous avons droit à un commentateur pendant une bonne partie de la traversée. J’ai compris des bouts de ses commentaires. J’ai pris des photos, quelques vidéos. C’est le résultat de ces images qui me dira si cela m’a plu. Car être sur un bateau aussi plein m’a déplu.

 

 

Pour dîner ce soir, nous faisons une halte auprès d’un marchand ambulant :

Pour du riz et du falafel. Pour du riz et du gyro, mélange de poulet et d’agneau. Dix dollars.

L’homme me demande d’où nous venons. Je lui réponds. Je lui demande d’où il vient :

« Afghanistan ».

 

 

Ce soir, deux événements :

 

J’ai mis un pied dans le magasin de comics repéré près de l’hôtel. Dix minutes avant sa fermeture à 21h ?

Ma compagne m’a appris que sur la carte, à New-York, les rues sont horizontales et les avenues, verticales jusqu’à Chelsea et Gramercy. Ensuite, la carte se complique.

Elle se débrouille très bien avec la carte. Elle me guide. Je suis plus porté sur la mémoire visuelle (laquelle n’est pas encore totalement opérationnelle ici) et le fait d’entrer en relation avec les gens. 

 

Nous avons complété notre diner « afghan » avec quelques morceaux de fruits achetés au Long Gourmet : là où nous avions pris notre petit déjeuner hier.

 

Plusieurs fois, aujourd’hui, alors que je cherchais notre itinéraire, très vite un New-Yorkais m’a demandé où nous voulions aller.

Depuis le début de notre séjour, chaque personne que nous avons pu solliciter a fait de son mieux pour nous renseigner, allant jusqu’à nous dire après nos remerciements :

 

« You’re welcome ! ».

 

 

Franck Unimon ( photos prises au MOMA en octobre 2011 exceptées les deux premières photos prises en extérieur).

 

 

 

 

 

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Corona Circus

Vivre au temps du Covid avec Eric Zemmour

Paris, 6 ème arrondissement, ce 23 septembre 2021. Près de l’église St Sulpice.

 

Vivre au temps du Covid avec Eric Zemmour

 

Si je me souviens bien, c’est au début de La Vie devant soi, de Romain Gary, que le jeune Momo demande :

« C’est possible de vivre sans amour ? ».  Le vieil Arabe à qui il échoit de répondre, après une sorte de lutte intérieure, cède. Et lui « donne » la vérité. « Oui, c’est possible…. ». Alors, Romain Gary nous décrit un vieil homme qui tire la tronche. Et c’est moche à suivre. Car si le jeune Momo a encore « toute la vie » devant lui, en posant cette question à cet homme, celui-ci, en répondant, a été contraint de voir en face que l’intégralité de sa vie- et de son œuvre- avait été ratée.

 

C’est en lisant, ado, ou jeune adulte, ce livre de Gary que j’avais appris que l’on pouvait lire sans amour. Pardon : que l’on pouvait vivre sans amour. Vingt ou trente ans après avoir lu deux ou trois œuvres de Romain Gary, je sais qu’elles font partie de ces lectures qui m’ont fait et me font vivre.  Aujourd’hui encore, chaque fois que je « croise » le nom de Gary, directement ou indirectement au travers de Jean Seberg, pour moi, le temps s’arrête quelques instants.

 

Nous connaissons des auteurs, des penseurs, des personnalités, des oeuvres ou des artistes, connus ou inconnus, controversés ou encensés, qui nous animent de cette façon. Qui nous rendent vivants.

 

Je suis évidemment bien incapable de savoir ce qu’il restera de ce que nous vivons et de ce que je vis, aujourd’hui. Néanmoins, ce dimanche 26 septembre 2021, je me dis que si nous pouvons vivre sans amour, alors, nous pouvons sûrement également vivre sans Eric Zemmour.

 

Or, depuis quelques semaines, peut-être depuis plusieurs mois, « beaucoup » de monde veut « son » Zemmour. Bientôt, il sortira peut-être un ours en peluche Zemmour. Un pendentif Zemmour. Un album de Rap Zemmour. Une limonade Zemmour. Un peignoir et un slip de bain Zemmour. Une voiture électrique Zemmour.

Zemmour  et « ses » 6 ou 7 pour cents d’intention de vote s’il se présente aux élections présidentielles de 2022. Zemmour à la télé en plein débat avec l’animateur, producteur, écrivain, artiste Laurent Ruquier, son ex-employeur, et la journaliste Léa Salamé. Léa Salamé qui est un peu le pendant d’Anne Sinclair dans les années 80-90 avant « l’échec » DSK.

Zemmour immergé dans l’eau salée dans un collé-serré avec celle qui serait sa proche conseillère. Zemmour et sa crème fouettée. Zemmour à Koh-Lantah. Zemmour à The Voice. Zemmour dans Le Bonheur est dans le pré. Zemmour à Fort Boyard. Zemmour dans le prochain James Bond (c’est lui qui va remplacer Daniel Craig). Zemmour dans le prochain Matrix (tout venait de lui).

Zemmour défendu par son « ami » journaliste Pascal Praud, un homme qui regrette les  années 70-80, mais seulement de la France. Les années des « vraies valeurs ». Pas celles des années 70-80 du groupe Joy Division ou de Bob Marley et les Wailers.

Zemmour dans son débat télévisé avec Mélenchon, meneur du parti La France Insoumise. Zemmour qui, lors de son débat avec Laurent Ruquier affirme :

« 70 pour cent des Français pensent comme moi ! ». 70% !

 

On verra dans vingt ou trente ans – si nous sommes encore là, si nous n’avons pas été remplacés– ce qu’auront donné, ce que seront devenus « ces » 70% qui penseraient comme lui. Au point que Zemmour estime avoir « annexé » les pensées de pratiquement les trois quarts des Français. Parce-que, penser en permanence « comme » quelqu’un d’autre, c’est une épreuve. Et puis, lui qui voit la France comme un pays envahi par les étrangers délinquants, déviants, mal nommés et menaçants, il devrait penser à faire profil bas.

Si les « vrais » Français sont devenus minoritaires dans ce pays.

 

Mais si les pensées de Zemmour clivent, réconfortent ou agressent, je le vois aussi beaucoup comme un commerçant. Mr Zemmour est le commerçant de ses propres pensées. Lesquelles sont ces produits qu’il a réussi à placer sur les étalages médiatiques. Car il a su et pu trouver dans ce « petit » monde médiatique des personnes qui l’ont trouvé suffisamment sympathique et utile pour l’aider à s’installer. L’encourager. Se fortifier. Lui, qui, au départ, était un « migrant » médiatique parmi d’autres et qui a ainsi pu obtenir son visa provisoire. Puis son titre de résident permanent ou sa nationalité quasiment indestructible qui lui permet désormais de circuler plutôt facilement dans les allées des chaines de télévision.  Car Zemmour n’est pas né sur un plateau de télé. Assez peu de monde naît dans un service de maternité qui appartiendrait à une chaine de télévision. Autrement, cela fait longtemps que nous aurions eus des clichés de la naissance du petit Zemmour à la maternité.

 

Ce petit monde médiatique, que nous sommes une majorité de spectateurs – et d’exclus- à regarder a ses particularités. Comme, d’abord, de pouvoir doter d’une importance disproportionnée certains événements et certaines personnes. Mais, aussi, d’ôter la mémoire. Et, ce qui va avec, de nous montrer quelques habitués, une très petite minorité des Français, dopés à l’exposition médiatique. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser, je ne peux pas m’empêcher de penser, que si autant de monde veut « son » petit Zemmour, c’est parce qu’il est le « très bon coup médiatique » du moment.

« Seuls Sarkozy et Macron, actuellement,  peuvent faire autant que lui en termes d’audimat ».

Zemmour aurait tort de se priver d’un tel succès. Cela doit beaucoup lui plaire et le faire marrer de se voir autant désiré. Ou craint. Il a sans doute beaucoup de revanches à prendre, lui, qui a probablement longtemps vécu sans amour. Car lorsque l’on manque d’amour, le temps est souvent trop long. Je le sais par expérience. Non par jalousie ou mesquinerie envers Zemmour

 

Je sais aussi que Zemmour n’a rien à voir avec Romain Gary (qu’il a sûrement lu et apprécié). Ou avec Baudelaire.

 Zemmour n’a rapporté aucune médaille olympique des Jeux Olympiques de Tokyo qui se sont terminés il y a plusieurs semaines. Zemmour n’a sauvé personne du Covid en travaillant dans un hôpital ou une clinique depuis le mois de Mars de 202O. Zemmour n’est pas intervenu lors des attentats terroristes du 13 novembre 2015. Mais qu’est-ce que c’est bon de se prendre son shoot d’exposition médiatique comme on pourrait se prendre un verre de Perrier menthe tout en se montrant sur un plateau de télé avec Eric Zemmour ! Et en assurant, bien-sûr, que c’est pour la bonne cause. Pour le droit à la liberté d’expression. Et, aussi, pour percevoir un très bon salaire.

Il est surprenant de revoir comme la liberté d’expression, avec la garantie de recevoir un très haut salaire, reste le droit plutôt exclusif de quelques unes et quelques uns en France comme ailleurs.

 

Nous sommes toujours en pleine pandémie du Covid. Même si, depuis début septembre à peu près, avec la rentrée, j’ai bien senti qu’il y a une volonté – et un besoin– assez unanime de « l’oublier ».  Si bien que, très facilement, aujourd’hui, en France, pour ne parler que de « ça », des soignantes et soignants – héros l’année dernière- se font désormais suspendre, sans salaire. Est-ce que l’on écoute et réécoute ce que ces personnes ont à dire ? Non. On les a assez entendues comme ça. Quand ? Combien de fois ? Dans quelles conditions ? Avec quelles intentions ?

Pour les écouter véritablement ? Ou pour meubler et faire la Une ?

Leur suspension, leur arrêt de travail ou leur départ des hôpitaux et lieux de soins où on les contraint à cette vaccination (malgré le port du masque) va continuer d’accroître dans certaines régions au moins une pénurie infirmière existante depuis des années. Donc « quelques » déséquilibres supplémentaires pour répondre aux besoins sanitaires divers de la population vont survenir. Mais ça n’est pas « préoccupant ». Mon article Crédibilité , écrit le 5 novembre 2019, fait actuellement partie de mes articles les plus lus. Sans doute par des soignantes et des soignants. Peut-être que cet article les touche parce-qu’écrit avant la pandémie du Covid, il racontait et raconte ce que connaissent un certain nombre de soignants depuis plusieurs années. 

Pour l’instant, la pandémie diminue, il y aurait peu de personnes vaccinées contre le Covid à être hospitalisées. L’espoir d’en finir avec la pandémie du Covid revient et coïncide avec le taux officiel de vaccination de la population qui approche maintenant les plus de 70 % . Mais, pour moi, le grand test de la réussite de la vaccination générale va arriver à partir de cet automne. Ou dès que les températures vont véritablement fléchir à la fin de l’année ou au début de l’année prochaine.

 

En Israël, pays qui sert jusqu’à maintenant de « modèle » à la France pour son programme sanitaire contre la pandémie du Covid, une troisième dose de vaccin anti-Covid (vaccin qu’en France refusent de se faire injecter les soignants suspendus/ raison pour laquelle depuis ce 15 septembre 2021, ils peuvent être suspendus en recevant un recommandé avec accusé de réception) a été décidée pour la population à partir de 30 ans : 

 

En raison de la baisse d’efficacité du vaccin Pfizer face au variant Delta du Covid. Le « Pfizer » est Le vaccin anti-Covid largement le plus utilisé en France.  Avec le « Moderna », le « Pfizer » a été conçu avec la technique ARN messager. Ces deux vaccins, le Pfizer et le Moderna sont présentés comme les plus avancés. Les plus performants actuellement contre le Covid.  Hors contamination par le Covid, ils nécessitent deux injections à trois semaines d’intervalle. Et, il faut compter 7 jours après la deuxième vaccination pour pouvoir considérer être vacciné contre le Covid. Pour une durée d’efficacité maximale d’environ six mois après la deuxième injection.

Les deux autres vaccins disponibles, l’ Astrazeneca et le  Johnson & Johnson ont eu des ratés en termes d’effets secondaires. Des effets secondaires « dérangeants », « gravissimes ». Je crois que l’Astrazeneca a été le premier vaccin anti-Covid proposé en France au début de l’année 2021. Peut-être fin 2020.

Le Johnson & Johnson a été, à ce jour, le dernier vaccin anti-Covid proposé en avril ou Mai 2021. Ce dernier a pour particularité de nécessiter une seule injection. Injection après laquelle il faut compter 28 jours pour pouvoir considérer être correctement vacciné contre le Covid.

Le Johnson & Johnson a, aussi, très vite, comme l’Astrazeneca, présenté des effets secondaires « dérangeants » et « gravissimes ». Néanmoins, à la faveur de la règle bénéfices/risques, le Johnson & Johnson et l’Astrazeneca peuvent encore être proposés à la vaccination :

il est estimé qu’il y a plus intérêt, pour se préserver des graves conséquences médicales du Covid, de se faire vacciner que ce soit par l’Astrazeneca, le Johnson & Johnson, le Pfizer ou le Moderna. Selon les situations personnelles et médicales de chacun (comorbidités, âge….) un avis médical permet de choisir le vaccin qui correspond le mieux. Je ne suis pas médecin. Je résume dans cet article ce que j’ai compris et ce que j’ai lu.

 

Depuis quelques jours, les personnes qui se sont faites vacciner avec le Johnson & Johnson sont incitées à recevoir une injection du Pfizer ou du Moderna ( les deux vaccins anti-Covid à ARN messager) afin de « booster » leurs défenses immunitaires.

 

Deux vaccins anti-Covid sur quatre ont présenté des risques sanitaires ou des « faiblesses » en termes de réponse immunitaire. Nous manquons encore de recul par rapport à ces quatre vaccins anti-Covid qui s’inoculent ( j’ai reçu une première injection de Moderna mi-septembre, il y a deux semaines). Des laboratoires, des entreprises et des actionnaires engrangent des marges de profit historiques « grâce » à la pandémie du Covid. Mais les soignants qui refusent de se faire injecter ces vaccins anti-Covid sont aujourd’hui perçus comme indésirables, irrationnels, dégradables et irresponsables ou responsables potentiels et principaux de la persistance ou de développement de clusters de la pandémie du Covid.

A côté de ça, depuis deux semaines, il est de nouveau possible de retourner dans certains centres commerciaux en portant uniquement un masque anti-Covid. Car le taux d’incidence de la pandémie a diminué. Et puis, imposer trop de conditions pour accéder aux centres commerciaux a pu faire perdre à ceux-ci 20 à 30 % de leur chiffre d’affaires. Auparavant, il fallait fournir un pass sanitaire ( j’écris souvent « passe » au lieu de « pass ») qui atteste de notre vaccination anti-Covid complète et achevée au moyen d’un QR Code. Ou du résultat négatif de moins de 72 heures à un test antigénique ou PCR. Ou d’un résultat positif à l’infection du Covid depuis un certain nombre de jours. 

 

 Des forages pétroliers se multiplient dans l’Antarctique au détriment du réchauffement climatique. Le procès des attentats terroristes du 13 novembre 2015 se poursuit. En France et ailleurs, il est d’autres informations plutôt sensibles. Mais, depuis quelques semaines, on nous parle et reparle de Zemmour.

 

Zemmour va-t’il se lancer dans les élections présidentielles ? Le « pauvre » Zemmour s’est fait insulter par une humoriste qui l’a grimé en « zob » et en Hitler. C’est inadmissible ! Et, en plus, ce n’est pas drôle a affirmé un journaliste qui l’aime beaucoup – qui n’est pas drôle- et pour lequel la « popularité » de Zemmour est bien utile. Ainsi que pour la chaine de télévision pour laquelle il travaille.

 

Une scène du film « Bac Nord », où deux des policiers de la Bac interprétés par François Civil et Karim Leklou se font passer pour des consommateurs de shit afin de « s’infiltrer » dans une cité tenue/grillagée par des trafiquants. Le film est sorti cet été. Le film semble plutôt apprécié par les policiers. Récemment, dans Paris, en allant prendre le métro, j’ai pu entendre un policier dire à ses collègues en regardant une affiche du film « Il parait que c’est un bon film ». Je rappelle aussi le livre « La peur a changé du camp » de Frédéric Ploquin dont j’ai parlé dans un de mes articles.

 

 

Le film Bac Nord de Cédric Jimenez donnerait une vision « zemmouriste » de la France. Si dans le film  Les misérables 2ème partie de Ladj Ly, en banlieue parisienne, les policiers de la Bac entrent dans les cités et abusent de leur pouvoir, dans Bac Nord, à Marseille, les policiers de la Bac ne peuvent plus entrer dans certains quartiers.

 

L’acteur Roschdy Zem dans le rôle principal de « Go Fast ».

En 2007 au moins, un film comme Go Fast d’Olivier Van Hoofstadt montrait déja une cité où les policiers n’étaient plus « chez eux ». Mais en 2007, c’était l’ère Sarkozy auquel Zemmour me fait aussi penser. 

 

 

Mais dire que cela est devenu un fait dans certains quartiers de France (pas uniquement à Marseille) n’est pas « zemmouriste ». Ce qui est « zemmouriste », c’est d’occulter que ces quartiers se sont transformés et radicalisés de cette manière à la suite de décisions politiques et économiques prises et répétées ces vingt et trente dernières années. Et de pouvoir affirmer ensuite à la télé à une heure de grande audience :

 

«  70 pour cent des Français pensent comme moi ! ».

 

Ce qui est « zemmouriste », c’est de croire et de penser que les conditions de travail dans des institutions publiques comme l’école, les hôpitaux mais aussi dans la police se sont dégradées toutes seules. Ou principalement par la faute de celles et ceux qui y travaillent.

Et ce qui est peut-être anti-zemmouriste et anti-RN, c’est de comprendre que ces décisions politiques et économiques « pérennes » depuis vingt à trente ans finissent par amener des personnels soignants ou enseignants à voter pour le RN ou pour Zemmour. Mais aussi à produire des Eric Zemmour.

 

Autrement, oui, j’avais vu le film Dune-un film de Denis Villeneuve . Je l’aime toujours. Même si je suis d’accord avec la critique lue ailleurs selon laquelle « une fois de plus », ce sont des gentils blancs qui viennent sauver les Indigènes. Il est vrai que Javier Bardem – un acteur que j’aime beaucoup – en «Touareg » fait un peu penser à ces blancs qui jouaient les Indiens ( en se grimant) dans les westerns. Et, tout compte fait, je lui trouve aussi un petit air de Zemmour.

 

Et puis, je m’inquiète subitement – alors que je ne devrais pas vu que lui ne s’est jamais inquiété pour moi- de Jean-Louis Borloo. Lui, si doué pour resplendir sur les trampolines médiatiques beaucoup plus longtemps que Simone Biles. Une telle discrétion de sa part m’étonne. C’est suspect. Je suis sûr que Zemmour y est pour quelque chose.

Paris, ce 23 septembre 2021.

 

Franck Unimon, ce dimanche 26 septembre 2021.

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Voyage

New-York 2011- 2ème partie

 

New-York. Lundi 10/10/11 7h05

( cet article est la suite de New-York 2011 que j’avais publié le 12 mars 2020. Ce 24 septembre 2021, je me suis senti inspiré pour poursuivre. J’ai peut-être estimé que j’avais suffisamment pris le temps de la réflexion).

Hi Guys !

 

Hier, dimanche 9 octobre, après la tenue de ce journal, nous sommes allés prendre un petit-déjeuner près de l’hôtel. Mais avant de parler d’hier :

 

Tout à l’heure, en me levant, je me suis dit que si je devais vivre ou si je venais à vivre à New-York, j’habiterais Harlem. Ou Brooklyn.

 

Harlem pour ses loyers que je devine à peu près abordables : cité HLM ou équivalent. Pour ses anciennes zones pavillonnaires. Pour le calme que nous y avons trouvé hier ; la taille de ses habitations sensiblement moins haute que là où se trouve notre hôtel ; pour sa population : des Noirs (Américains ou Africains) des Hispanophones. Il semble qu’il y’ait une sorte d’entente tacite, au départ, entre personnes de même couleur ici.

 

Brooklyn : parce-que peut-être que le côté populaire d’Harlem me rebuterait. Peut-être qu’Harlem n’est pas si calme que ça. Parce-que Brooklyn me semble plus proche de la vie qu’Harlem. De la vie culturelle, économique. Mais Brooklyn est sûrement très chère.

 

Si je reviens un jour à New-York, j’essaierai d’habiter à Brooklyn si, économiquement, c’est plus avantageux qu’à l’Intercontinental Barclay. Mais, par ailleurs, notre hôtel est vraiment bien situé géographiquement :

A quelques minutes de Grand Central. A environ 30 minutes à pied de Broadway et de Times Square….

Par contre, pour le prix des commerces, il faut être affuté. Apercevoir une chocolaterie Godiva à quelques minutes de notre hôtel, dans Lexington Avenue, le soir de notre arrivée, aurait dû m’en informer ; la veille de notre départ pour New-York, nous sommes allés faire du change, rue Rouget de Lisle, dans le premier arrondissement, près des Tuileries, au métro Concorde. Soit la négation d’un quartier populaire. C’est dans la rue du Faubourg St-Honoré que nous étions tombés sur Godiva en cherchant un distributeur de billets. Godiva est une chocolaterie chic dans un quartier où je me promène peu. Ce n’est pas mes origines. Les cinémas les plus proches sont sur les Champs Elysées. Ou à Opéra. Ce ne sont pas les cinémas que je fréquente le plus. Exceptions faites des projections de films réservées à la presse cinéma dont plusieurs salles se trouvent sur les Champs ou aux abords des Champs Elysées.

 

Si je venais vivre à New-York, qu’y ferais-je ? Certainement pas infirmier ou dans le milieu de la santé !

Pour beaucoup, les Etats-Unis symbolisent la possibilité d’une nouvelle chance, d’une autre vie. Alors, quoi faire dans cette ville où, manifestement, il convient d’être bavard, actif, toujours souriant et expressif : «  Hi guys ! » nous ont déjà répété plusieurs fois des employées à notre entrée dans certains magasins. Le mot « Guy » m’intrigue. Ma compagne est une fille. Malheureusement, je n’irai pas interroger ces employées à ce propos.

 

Parler ici n’est pas vraiment mon ressort. Autant lire et écouter en Anglais, oui. Parler, pas vraiment. Du moins, pas pour l’instant. Je parle Anglais car Ma compagne le fait très peu. Je suis aussi son escorte linguistique. Et pour des raisons pratiques : trouver notre chemin.

Mais, autrement, je crois avoir quitté cette excitation juvénile, niaise et immature qui, il y’a vingt ans, en Ecosse, me rendait plus bavard, plus expressif et plus souriant.

Aujourd’hui, je ne parlerais pas de déprime (beaucoup, en outre, m’envieraient cette déprime) mais d’un certain scepticisme vis-à-vis d’un certain cirque social.  Hier, je me suis surpris à regretter, un peu, la discrétion voire la retenue japonaise. OU asiatique. Mais je ne sais sans doute pas de quoi je parle et ma compagne me dirait sans doute que je suis trop exigeant avec moi-même.

 

 

Je me sens tenu d’écrire tout de suite que cela me va d’être l’escorte linguistique de ma compagne, ici : il y’a plus désobligeant et elle est de bonne compagnie. Pas de chichis où de scènes à 2 balles.  De la simplicité, de la gentillesse et de l’efficacité.

 

Agacé

 

Je suis assez agacé par le fait que notre séjour consiste pour beaucoup à aller découvrir ces endroits de New-York dont nous avons beaucoup ( au point de ne plus nous en rendre compte) entendu parler ou que nous avons beaucoup vus au cinéma ou à la télé. C’est à cela que je me rends compte que New-York est bien la ville, une ville, qui fait partie de la Première Puissance mondiale. Or, lorsque je regarde bon nombre de ses habitants, je vois des êtres faits comme tout le monde avec les mêmes erreurs, travers ou tics qu’ailleurs.

 

Je suis assez agacé par ce circuit touristique mais c’est sans doute un préliminaire nécessaire. Il aide à comprendre une partie de l’histoire de cette ville, de ces gens. Et puis, cela me fait voir autre chose, ou presque, de ce que je connais et vois d’habitude.

Presque : car les mêmes besoins sont ici présents comme ailleurs.

 

Chester Himes

 

 

Hier matin, notre petit-déjeuner a été une réussite économique. 23 dollars et quelques    (parce-que nous avons pris pour environ 10 dollars de fruits, c’est cher : pastèque, melons, mangue).

La veille, nous avions payé un peu plus de 40 dollars.

Je n’ai pas retenu le nom de l’endroit de notre petit-déjeuner d’hier matin, très proche de notre hôtel. A l’angle en descendant. Il s’agit visiblement d’un commerce.

« We never close » m’avait répondu malicieusement la dame de la caisse, d’origine chinoise. Pourtant, le soir de notre arrivée, les lumières étaient plutôt éteintes et un homme faisait le ménage.

Derrière les fourneaux, des Mexicains ou des Sud-Américains. A la caisse, des femmes chinoises. Au milieu, des produits alimentaires. Il est possible, ici, de manger tous ses repas. Et, il semble que cela soit très fréquenté.

 

Après ça, le bus jusqu’à Harlem. Nous le prenons dans la 3ème Avenue, non loin du magasin Capacci Group où j’ai acheté mes cadenas qui, maintenant, m’obéissent. Le magasin est ouvert ce dimanche comme la plupart des commerces.

Je demande au chauffeur, un Noir d’une cinquantaine d’années, barbe grise et sel de 2-3 jours, où s’arrêter pour Harlem :

« It depends on where you’re going » me répond-t’il. Mince !

« Up to Central Park » je réponds. Il me dit qu’il m’arrêtera à une station. Je le remercie.

La climatisation me heurte. Je ferme mon blouson. La 3ème Avenue défile plus de trente minutes durant. Le chauffeur annonce la plupart des arrêts par noms de rue. Il est l’autorité du bus.

Une seule femme (d’une bonne cinquantaine d’années) raconte sa vie grâce à son téléphone portable.

Nous apercevons beaucoup de commerces dont une Bakery qui donne envie avec ses pâtisseries maison. J’aperçois aussi une maison à Bagels. Je n’en n’ai toujours pas mangé. Les quartiers sont assez chics ou bobos. Puis, vient Harlem. Et, c’est moins beau. D’abord, une bonne partie des passagers avec nous au départ a disparu. La femme blanche au téléphone portable n’est plus là.

Un Noir massif d’une cinquantaine d’années, assez grand, aux pieds larges chaussant à peu près du 48, et sentant l’urine, monte avec une poussette. C’est laborieux. Derrière lui, une jeune femme noire, grosse, la vingtaine, avec un joli visage, mesurant 1m60 ou moins, porte un enfant qui doit avoir un an au maximum.

L’homme et la femme s’assoient côte à côte. Debout, à l’arrêt de bus, un homme d’environ 1m70, la cinquantaine, la peau noisette, maigre, est vêtu d’un costume beige. Ses yeux sont assez exorbités. Il porte une bosse sur la partie gauche de son front. Une bosse qui semble faire partie de son anatomie. Il regarde derrière le bus semblant en attendre un autre. C’est un personnage d’un livre de Chester Himes.

 

Le bus repart. Un peu plus tôt était montée une jeune femme noire, en tenue de travail. Une combinaison bleue (tunique et pantalon). Elle venait sûrement de l’hôpital devant lequel nous nous étions arrêtés.

 

Le couple à l’enfant discutait tranquillement, se souriant. La poussette, elle, n’arrêtant pas de se déplacer : les freins ne marchaient pas ou ne marchaient plus. Plusieurs fois, celle-ci s’est déplacée sans que l’homme s’en aperçoive. J’ai ainsi pu la remettre une ou deux fois sans qu’il le voie. La première fois, il s’était excusé. Finalement, l’homme a posé son gros pied pour coincer la poussette.

 

 

A un arrêt est monté un mastodonte noir (à la Schwarzenegger  quand il était jeune). Il tenait dans la main un sorbet qu’il lapait avec plaisir.

 

 

Nous sommes descendus peu après. Le Harlem que j’ai vu m’a évoqué la Porte de Clignancourt, ses commerces bon marché, St Ouen, avec un playground. Mais une Porte de Clignancourt en plus large bien-sûr et où l’on parle Espagnol.

En marchant vers le nord de Central Park, nous croisons quelques Africaines et Africains francophones.

 

Le nord de Central Park

 

 

Cela surprend de tomber sur le nord de Central Park en émergeant d’Harlem et de ses logements calmes mais plutôt moches. De plus, il fait beau. Comme hier.

 

 

A Central Park, l’atmosphère est très détendue. Quelques personnes sur des bancs. Lecture, détente, coiffure. Mais la plupart se promènent. Quelques noirs mais surtout des blancs. Ou des touristes comme nous. Enfin, c’est ce que je vois d’emblée.  Le parc est beaucoup trop grand pour que je sois catégorique.

Des gens se promènent en famille.  Quelques personnes trottinent. Comme ce noir d’environ 1m90 pour plus de cent kilos, la cinquantaine, short, casquette, baladeur fiché dans la brassière de son bras gauche. Il se prend la laisse d’un petit chien tenu par un môme. Le noir saute un moment à cloche-pied, le temps d’être dégagé, sous les «  My God ! I’Am sorry ! » de la maman du petit. Puis, l’homme repart vers son footing en transpirant. Il est midi et demi passé.

 

 

Nous entrons dans un jardin où les cyclistes sont invités à mettre pied à terre. Malheureusement, j’ai oublié son nom. C’est un jardin assez grand pourvu de toilettes gratuites et plutôt propres. On peut facilement tourner en rond dans ce jardin. Mais c’est calme, agréable. On y croise deux surveillantes. Deux noires. Deux étudiants, une fille, un garçon, avec leur Mac sous les colonnes. Un couple. Un endroit tranquille.

 

En sortant de ce jardin, nous nous rapprochons du réservoir Jackie Onassis (Quel hommage ! ) et de la file active des sportifs de Central Park. Enfin, sportifs….tous ne le sont pas. Même si le plus grand nombre en a la tenue et l’équipement. Et, ils sont nombreux à défiler régulièrement, principalement à pied ou à vélo. Beaucoup moins, j’en suis surpris, en rollers et avec des rollers « ordinaires » à quatre roues avec frein à l’arrière. A l’exception d’un rouleur, noir, en combinaison de compétition avec quatre roues d’environ 100 mm de diamètre.

Je vois beaucoup de sportifs du dimanche. Ou des sportifs qui commencent un entraînement.

Nous remontons (descendons) la file active à contre-courant. Parmi les promeneurs, quelques voix françaises.

Nous longeons principalement la piste sportive jusqu’au sud où nous sortons. Après une pause, assis sur un banc, à regarder les sportifs.

 

Nous tombons sur le défilé du char de la Colombie. Devant nous, quelques Colombiens émus agitent leur drapeau. La jeune femme qui représente la Colombie semble aussi contente et émue.

Nous n’attendons pas le passage des autres chars et ne demandons pas de quoi il s’agit. Nous traversons l’avenue dès que cela est possible avec quelques autres. Nous prenons un bus dans l’avenue Madison direction Harlem. Le seul avantage que je trouve à ce que je vois de Madison Avenue est de nous indiquer un des musées où nous irons peut-être : le musée d’art contemporain. Pour le reste, cette avenue me déplait. Sa froideur. Son luxe. Ce fric. Ces vitrines. Et puis, la climatisation du bus me rackette.

 

Harlem

 

 

De retour à Harlem pour trouver un restaurant, je nous égare. Jusqu’à ce qu’une dame noisette d’une soixantaine d’années du genre bigote nous réponde avec un accent espagnol et nous aiguille.

 

Je suis étonné par l’espace de Harlem : assez larges trottoirs. Assez larges rues.  Calmes. Peu de voitures. Il est vrai que les logements, en moyenne, y sont plus petits que là où se trouve notre hôtel.

Nous apercevons l’avenue Martin Luther King. Puis, nous approchons de notre but. Le Melbi’s  cité dans le Lonely Planet semble ouvert. Il y’a des personnes attablées à l’intérieur. Un homme noir assis devant avec une femme noire avec laquelle il discute, me prévient que ça ouvrira à 17h. Il est 15h ou 15h30. Je leur demande s’ils connaissent un bon endroit où manger près d’ici. Nous avons le choix. Ils nous indiquent trois ou quatre endroits.

 

Nous entrons dans le Zoma (« essence of Abyssinia, Ethiopian cuisine New York ») toujours dans le boulevard Frederik Douglass ( 8 th Avenue ).

L’intérieur est moderne et assez spacieux tout en bénéficiant d’ornementations du pays. Depuis quelques années, j’ai un faible pour l’Ethiopie, pays d’Afrique qui n’a pas connu l’esclavage. Haïlé Sélassié. L’Amarhique. La collection de musique Ethiopiques.  La chanteuse Tseyhatu Beràki.

 

La jeune femme qui nous reçoit a le charme de là-bas. Ce regard, ce visage.  Ce sourire poli, ces cheveux.

Je la crois née là-bas mais elle s’exprime avec un accent new-yorkais plutôt prononcé.

Dans le restaurant, un couple hétéro blanc, deux femmes noires. Une, plus jeune que l’autre, porte une robe rouge.

 

Nous prenons un plat conçu pour deux. 31 dollars, taxe incluse.

Je lui demande comment s’appelle cette chanteuse que nous entendons. Kuku Sebsibe. Elle n’a pas le cd me répond-t’elle en souriant mais elle peut m’écrire son nom.

Elle est jeune ? Pas vraiment. Elle doit avoir la cinquantaine.

Comment faire pour aller à l’église abyssinienne ? Je n’y suis jamais allée.

Elle m’explique comment m’y rendre. Il faut prendre le métro etc….

Par contre, la salle de concerts Apollo est assez proche ! Je prends une carte du restaurant. Nous partons donc pour Apollo et je veux croire que son sourire, quand elle nous a salué, n’avait rien à voir avec l’impératif «  Hi guys ! » qu’on entend régulièrement dans les magasins.

 

 

Aller à la salle de concert Apollo nous permet de rester un peu plus longtemps dans Harlem.

Dans Nicholas Avenue, en pleine rue, nous avons vu un jeune homme noir d’environ un mètre quatre vingt s’amuser à lancer un ballon de football américain que trois jeunes garçons d’une dizaine d’années s’empressaient d’aller récupérer. 

 

Sur le chemin d’Apollo

 

 

Sur le chemin d’Apollo, une mosquée qui semble tenue par des Africains d’Afrique noire. Une avenue ou un boulevard Malcolm X. Il me semble même avoir vu quelque part l’enseigne d’une communauté Malcolm Shabbazzou quelque chose comme ça.

 

Je constate aussi des restes d’un certain militantisme «  I’Am black and Proud ! » :

 

C’est une vendeuse d’un âge respectable (la quarantaine) vêtue à l’Africaine sur le modèle de la chanteuse Erykha Badu.

Des livres qui ont à voir avec un certain militantisme.

Jusqu’à la vente de comics avec des super héros noirs. Les quelques super héros noirs de comics tels que Black Panther, ce qui, en Anglais, ici, à Harlem, prend un autre sens auquel je n’avais jamais pensé en lisant « La Panthère noire » en Français. Et, bien-sûr, Luke Cage qui a inspiré à l’acteur Nicolas Coppola son nom d’acteur : Nicolas Cage.

 

Inutile d’entrer dans l’Apollo juste pour visiter. Surtout lorsque je vois un guide en sortir avec quelques touristes et leur sortir qu’il a été très content de les rencontrer et de serrer la main à tous : des blancs, des hommes et quelques femmes.

Cela me rappelle la même mascarade touristique que dans ce documentaire où l’on voyait un jeune couple français visiter en Jamaïque le musée consacré à Bob Marley.

 

Give me a break !

 

 

Bien qu’historique, l’Apollo me fait l’effet d’un lieu ordinaire pour celles et ceux qui vivent ou travaillent ( il y’a plein de commerces) aux alentours.

Dans un magasin de chaussures, non loin de là, un jeune noir d’une quinzaine d’années essaie des bottes en caoutchouc tout en téléphonant. Il est assis sur un siège.

Un des employés, noir, la bonne quarantaine, l’aide à retirer la botte qui lui reste. Le jeune homme poursuit sa conversation téléphonique.

Il semble que l’employé s’enhardisse à lui demander s’il prend les bottes. Le jeune homme, tout en continuant sa conversation téléphonique, répond, en riant un peu, à l’employé :

« Give me a break ! ». L’employé se redresse docilement.

Franck Unimon (à suivre).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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En Route pour le milliard-un film documentaire de Dieudo Hamadi

 

En route pour le milliard un film documentaire de Dieudo Hamadi

 

 

Le plus souvent, dans son lit ou sur le billard, on arrête de compter bien avant d’atteindre le milliard. 6600 bombes sont tombées du 5 au 10 juin 2000 lors de la « guerre des six jours ».

 

Certaines régions sont parfois connues pour les sourires et les espoirs qu’elles exportent. Kisangani l’a sûrement été pour ce conflit qui a opposé le Rwanda à l’Ouganda en République démocratique du Congo pour les diamants.

 

Il est déjà très difficile d’être maitre de soi-même en temps ordinaire. Alors, par temps de guerre, parmi des bombes impossibles à dompter et à dénombrer….

 

Plusieurs années ont été nécessaires à des survivants de Kisangani pour se remettre suffisamment avant de décider d’entreprendre certaines démarches. A la fin du conflit, l’Etat s’était engagé à leur verser un milliard en compensation. Près de vingt ans plus tard, les survivants n’ont perçu que leurs traumatismes, leur honte sociale et leur colère.

 

Dieudo Hamadi les suit jusqu’à Kinshasa où se trouvent les grands décideurs pour leur rappeler certains engagements. Kisangani-Kinshasa, cela fait plus de 1200 kilomètres à vol d’oiseau. Mais si ces femmes et ces hommes avaient été des oiseaux, ils auraient eu la légèreté de s’envoler avant que la lourdeur des bombes- et des viols ?- ne les plombe. Ces grands voyageurs sont cul de jatte, porteur et porteuses de prothèses en plastique, se déplacent avec des béquilles. L’Homme a marché sur lune. Eux ont marché sur des restes humains et sont de ces restes qui partent en chemin. Ils n’ont ni fusée, ni sponsor, ni avocat, ni association, ni chaine de télé. « Mais sans sacrifice, on n’obtiendra jamais rien ».

 

 

Ils ont eu une vie auparavant. Le « Président » du groupe était peut-être instituteur, banquier. Il sait s’exprimer, a encore une carrure imposante. Maintenant, pour se laver, il doit s’allonger dans la boue tant, sans ses béquilles, il ne tient pas debout. Chez lui, on aperçoit un poster de Michaël Jackson, l’Américain tout en jambes.

 

Pour aller à Kinshasa, ces femmes et ces hommes prennent le fleuve par le bateau. Prisonniers de leurs blessures, de la promiscuité, de la pluie qui pile les bâches, le temps leur rend la vie encore plus dure. On se dispute sur la façon de bien cuisiner du riz.  

 

Puis, ils accostent et sont reçus par une jeune députée qui, un temps, les soutient. Jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus le faire car elle doit s’occuper de sa campagne. Les voici  obligés d’improviser. Il y a des désaccords sur la façon de s’y prendre. Certains sont plus découragés que d’autres. Dieudo Hamadi reste avec les survivants de l’espoir. Celles et ceux qui continuent d’y croire.

 

 

Arrive dans En Route pour le milliard ce défilé ensorcelant et très violent :

 

Les victimes tiennent leur poste à la sortie du parlement. Malgré le rejet brutal et méprisant des vigiles armés qui, du fait de la présence de la caméra, réfrènent leur violence pour celles et ceux qu’ils voient comme des énièmes va-nu-pieds qui pourraient leur faire perdre leur position et leur temps. Et, là, sortent des sommités politiques du pays ; des hommes, quelques femmes, bien sapés, un bijou de pointe à la main ( un téléphone portable) tout acquis à leur immunité envers les revers de la vie. Ils s’étonnent. Et de la présence d’une caméra comme de celle de ces personnes estropiées  qui leur parlent. Dans un langage et une image difforme dont ils se détournent en quelques secondes, pesant, pour certaines et certains de ces sommités, le pour et le contre, concernant la meilleure attitude à adopter et à montrer.

 

Les élections présidentielles surviennent. Le nouveau Président élu déjoue les pronostics et rend optimiste. Cependant, dans la rue, devant le bâtiment présidentiel, les survivants de Kisangani n’existent plus. L’argent et la considération qu’ils attendent sont sans doute là quelque part. Sur cette route qu’ils ont prise un jour pour le brouillard.

 

Les Jeux para-Olympiques de Tokyo, et les autres Jeux Olympiques, cela reste beau. Et, puis, il reste tous les autres « athlètes » de la guerre, bien plus nombreux, mutilés ou non, tels que l’on peut en voir dans ce documentaire qui bénéficiera de bien moins d’audience, de publicité et de parts de marché.

 

En Route pour le milliard sortira en salles le mercredi 29 septembre 2021.

 

 

 

Franck Unimon, ce mardi 21 septembre 2021.

 

 

 

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Cinéma

J’ai aimé vivre là- un film de Régis Sauder

 

J’ai aimé vivre là– un film de Régis Sauder

 

 

Pour l’édifice mental de « l’être » parisien – lequel veut pouvoir trouver le prestige et le ciel à portée de « son » métro- J’ai aimé vivre là sera peut-être l’essai du précipice.

 

 

Ce film, mélange de documentaire et de fiction, part des œuvres de l’écrivaine Annie Ernaux pour parler de Cergy-Pontoise, ville de grande banlieue parisienne, dans le Val d’Oise. La grande banlieue parisienne, c’est très loin. A près de trente kilomètres de Paris. Trente ou trente cinq minutes de RER A- ou plus- depuis la station Charles de Gaulle Etoile.  

 

Si, depuis l’esplanade de Paris, à Cergy-St Christophe, le regard peut s’entraîner jusqu’à l’Arc de Triomphe en passant par la Défense, il peut être difficile de savoir si ce que l’on voit appartient au passé ou à une forme de vie qui a persisté.

 

J’ai aimé vivre là raconte l’intérieur de cette ville aux plus de cent nationalités, ex-ville nouvelle construite à partir des années 70 pour anticiper le développement rapide de l’agglomération parisienne. Des extraits de texte d’Annie Ernaux et des portraits de certains de ses habitants, jeunes et moins jeunes, de plusieurs origines, font ce film dans divers endroits de la ville.  

 

Nous ne sommes pas dans du Rohmer qui avait tourné en 1987 L’ami de mon amie à Cergy-Pontoise. Ni dans le Naissance des pieuvres de Céline Sciamma réalisé en 2007.

 

Dans J’ai aimé vivre là, on rencontre des militants associatifs, des personnes venues s’y établir et qui y ont vu grandir leurs enfants ; des jeunes qui y ont grandi et y ont leurs cercles d’amis ; des étudiants qui vont partir pour Paris ; des étrangers qui ont dû quitter ou fuir leur pays. Et, quelques fois, Annie Ernaux, cette « voisine » que j’aurais pu croiser, que j’ai peut-être croisée.  

 

Dans J’ai aimé vivre là, on n’y montre pas trop la défiguration de la ville par l’assaut débridé des flots bétonniers des projets immobiliers. Ni certains quartiers de trafic. Mais, plutôt, ce qui y est réussi et peut être difficile à quitter. Même si l’ancienne patinoire de Cergy-Préfecture devenue lieu d’hébergement pour refugiés apparaît. Et qu’une interprète se met un moment à pleurer en se remémorant ce qu’était « sa » patinoire quelques années plus tôt.

 

J’ai vécu une vingtaine d’années  à Cergy-Pontoise à partir de mes 17 ans. Mes parents, de classe sociale moyenne, y accédaient pour la première fois de leur vie à la propriété en achetant à crédit un de ces pavillons comme il y en a tant. Ce fut pour nous un grand changement après notre immeuble HLM de Nanterre de dix huit étages à quinze ou vingt minutes à pied du quartier de la Défense. En s’éloignant de ce quartier des affaires, mes parents avaient estimé faire une affaire….

Dans le salon de « notre » pavillon, un calme intact me répondait alors que j’écoutais très fort le premier album de Mc Solaar. Le silence de la rue devant chez nous. L’éloignement extrême des cercles de mes connaissances que je pouvais pourtant rejoindre moyennant du temps dans les transports en commun. Cela fut une période où la découverte de l’entre-deux s’imposa à moi. 

 

Cette ligne A du RER qui attèle Cergy-le-Haut et ses suivantes à Paris et en fait aussi une « ville-dortoir », souvent bondée aux heures de pointe, après à peine deux stations depuis son début, est assez absente du film. Comme le fait que la grande distance kilométrique qu’elle couvre l’expose assez régulièrement à des incidents techniques ainsi qu’aux conséquences directes des grèves de cheminots. Tandis que la ligne A du RER côté St-Germain en Laye, elle, plus courte, mieux desservie, est aussi moins touchée par ce genre de destinée.  

 

 

J’ai aimé aller voir j’ai aimé vivre là pour ce passé qu’il allait me rappeler. Un passé « annoncé » par un camarade de mon école primaire parti y habiter dans les années 70 avec son frère et ses parents plusieurs années avant nous. Un passé où j’ai des souvenirs de marché – celui de Cergy St Christophe- de médiathèques ; de la plus grande horloge d’Europe dont la grande aiguille des secondes me « découpait » alors que je courais vers elle jusqu’au RER avant qu’il ne parte ; de concerts ( Brigitte Fontaine, Brain Damage, Improvisators Dub, Susheela Raman, High Tone, Manu Dibango, Disiz La Peste, Franck Black, Joey Starr….)  ; de courses au centre commercial Les Trois Fontaines ; de rencontres professionnelles, amicales et amoureuses ; de certains choix personnels et familiaux ; de séances d’abord aux cinémas Utopia de St-Ouen l’Aumone et de Pontoise puis à celles du complexe de Cergy-Le-Haut arrivé plus tard avec sa carte illimitée et aussi  plus proche de chez moi, à pied ; De footing et de séances de natation ; de certaines allées et venues à la base des étangs de Cergy-Neuville ;  de sorties roller. De mes premiers cours de théâtre.

 

Un passé, aussi, où, durant des années, j’ai vécu dans des rêves autres que ceux de cette ville. Ce qui m’a sûrement empêché de l’aimer, tout comme ce film, autant que je l’aurais pu ou dû.

 

J’ai aimé vivre là sortira en salles le 29 septembre 2021.

 

Franck Unimon, ce lundi 20 septembre 2021.

 

 

 

 

 

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Dune-un film de Denis Villeneuve

 

                                          Dune un film de Denis Villeneuve

 

 

 

« Tant de Pouvoir dans un mâle » ; « Les rêves sont des messages de profondeur » ; « Un empereur dangereusement jaloux » ; « Son regard s’aiguise à peine qu’il descend déjà dans l’arène » ; « La main de Dieu perturbe notre système de communication » ; « Le désert prend les faibles » ; « Il a implanté des superstitions » ; « J’aurais dû t’épouser ». «  On tamise les gens comme on tamise le sable ».

 

 

 

L’adaptation cinématographique de l’œuvre de Frank Herbert (1964) par le réalisateur Denis Villeneuve est apparue sur beaucoup d’écrans en France ce mercredi 15 septembre 2021. C’est le très gros événement cinématographique de la rentrée et je suis allé le voir dès la première séance de 8h55. La grande salle était pleine.

 

Ces dernières années, on mentionne régulièrement le réalisateur Christopher Nolan comme étant celui qui sait alterner films grand public et films d’auteur. Devant le Dune de Villeneuve, je me suis avisé que celui-ci faisait beaucoup mieux.

 

Je n’ai pas tenté de lire l’œuvre Frank Herbert. J’avais plusieurs fois entendu dire qu’elle était inadaptable. J’avais vu avec plusieurs années de retard l’adaptation de David Lynch qui, en 1984, était déja devenu un réalisateur qui compte. J’avais lu des avis mitigés sur le film de Lynch estimant qu’il était un « nanar ». Je me rappelle du chanteur Sting, nimbé de son statut de star au sein du groupe de musique Police, y tenant un rôle de méchant. Et d’une scène cruelle dont Lynch, une fois de plus, avait su magnifier le sadisme. Il me reste donc des impressions de ce film et je m’en souviens  un petit peu plus que beaucoup d’autres films que j’avais vus par la suite.

 

Je cite ces trois réalisateurs de référence que sont Villeneuve, Nolan et Lynch car ces vingt dernières années, ils ont pour eux d’avoir su concilier l’esthétisme agressivement séduisant de notre évolution avec celui de nos infirmités. Infirmités dans lesquelles, malgré beaucoup d’efforts et  d’espoirs, nous demeurons souvent enfermés.

 

On a sans doute deviné en lisant cet article que je préfère désormais la filmographie de Villeneuve à celle de Nolan qui avait réalisé la grosse production  qui avait été l’événement cinématographique quelques mois après la sortie de notre premier confinement du à la pandémie du Covid :

 

Tenet était sorti le 26 aout 2020.

 

Tenet avait beaucoup plu et très « bien marché »  au cinéma. Mais, dès ses débuts, dans la salle, son magnétisme supposé n’avait pas opéré sur moi. Même si l’acteur Robert Pattinson m’avait fait une bien meilleure impression que l’acteur principal John David Washington, nouvelle star du cinéma depuis son rôle dans le film de Spike Lee (BlacKkKlansman : J’ai infiltré le Ku Klux Klan, 2018) et fils de Denzel Washington.

 

Lorsque je pense aux quelques films de Villeneuve que j’ai pu voir jusqu’à maintenant à leur sortie au cinéma, je ne trouve pas, parmi eux, de films ratés :

 

Incendies, Enemy, Sicario, Premier Contact, Blade Runner 2049.

 

Villeneuve sait, selon moi, aborder les grandes questions morales de notre époque en y associant le sens du spectacle. Sans devenir la réclame publicitaire de ce spectacle.

gare de Paris St-Lazare, ce mercredi 15 septembre 2021.

 

J’aurais donc dû être content et me sentir privilégié ce mercredi matin de pouvoir, une fois de plus, partir au cinéma alors que je prenais les transports en commun avec beaucoup de personnes qui partaient travailler. Sauf que ce mercredi 15 septembre 2021, c’était aussi Le Grand jour dans un autre domaine, plus réel. Et, surtout, plus immédiat.

 

A compter de ce 15 septembre 2021,  l’Etat condamnait légalement à la suspension et à la sanction économique certains des héros de l’an passé lors de la pandémie du Covid :

 

Les soignants qui persistaient à refuser de se faire injecter les vaccins actuels contre le Covid.

Et, moi-même, longtemps récalcitrant et encore dans le doute concernant ce que j’avais finalement accepté de me faire injecter dans le deltoïde deux jours plus tôt, je ne devais la possibilité de cette sortie au cinéma que parce-que je disposais depuis du résultat d’un test antigénique au Covid d’une durée légale de deux ou trois jours. Et, comme la plupart des spectateurs et des passagers rencontrés en me rendant à cette séance, depuis l’année dernière, dans les lieux publics, je portais également sur le visage un masque anti-Covid.

 

 

Ce contexte n’empêche pas de regarder un film. Mais il peut être utile de le préciser quand on en parle ensuite. Puisque ce qui nous concerne personnellement affecte ensuite directement notre façon de voir un film, de lire, et, bien-sûr, notre façon de vivre.

 

 

Dès le début de Dune, je me suis dit :

 

« A la fin du film, je retourne le voir une seconde fois ».  C’était la première fois depuis longtemps que je n’avais pas eue une telle volonté. Au cinéma, il est quelques films que je suis retourné voir plusieurs fois :

 

Le Grand Bleu de Luc Besson ; Le premier Matrix des ex-frères Wachowski ; La trilogie Pusher de Nicholas Winding Refn. Ensuite, il est un autre film que j’avais vu une fois au cinéma à sa sortie, dans une salle déserte, aux Halles, et dont l’attrait sur moi s’est accru à mesure que je l’ai revu. D’abord en dvd puis en Blu-ray. Under The Skin de Jonathan Glazer.  

 

Il est d’autres films, comme des livres, que j’ai vus et lus une seule fois et qui m’ont pourtant beaucoup marqué. Tels, par exemple, des films de Kieslowski, Kitano, Lynch, Spike Lee, Dumont. Ou un livre comme La Supplication de Svetlana Alexievitch,  lors de sa parution, des années avant son Prix Nobel de littérature. Des livres de Chester Himes, Richard Wright

 

 

Mais il est seulement quelques films, pour l’instant, que je suis allé voir plusieurs fois. Et, spontanément, Dune s’est retrouvé sur cette liste. Je ne l’ai pas fait finalement. Non en raison de sa durée (2h35). Ces 2h35 passent comme un fil. On ne les subit pas. Mais parce-que, comme souvent, avant d’aller voir un film, j’aime être « vierge » (cette remarque avait fait grimacer une attachée de presse il y a plusieurs années) et en savoir le moins possible.

J’ignorais donc en allant voir Dune qu’il y aurait une suite. C’est uniquement à la fin du film que j’ai compris que le Dune de Villeneuve allait sûrement être l’équivalent de la trilogie Le Seigneur des anneaux réalisée par Peter Jackson dans les années 90. Trilogie dont chaque volet, si je me souviens bien, durait aussi près de trois heures.

Certaines personnes feront peut-être une analogie avec le succès des Harry Potter qui a compté près d’une dizaine d’adaptations cinématographiques. Mais hormis la toute première adaptation cinématographique que j’avais vue à sa sortie, qui m’avait plutôt plue, et ne m’avait  jamais laissé penser qu’il y’aurait ensuite un « phénomène » Harry Potter dans les salles qu’en librairie, j’ai peu suivi ces réalisations. Même si ma préférée reste celle d’Alfonso Cuaron avec Harry Potter et Le Prisonnier d’Azkaban ( 2004).

 

 

Qu’est-ce que j’ai aimé tout particulièrement dans le Dune de Villeneuve ?

 

Dès le début, le découpage de l’espace. La mise en scène. Villeneuve a fait de son film une poly-scène de théâtre. Le théâtre palpable, au sens organique, dans « son » Incendies (2010) adapté de l’œuvre théâtrale de Wadji Mouawad– que je n’ai pas vue-  se retrouve dans « son » Dune.  Villeneuve pose ses scènes. Nous sommes plusieurs fois entre la photo et le tableau.

 

 

Il y a du désert et des deuils dans Incendies. Il y en a aussi dans Dune. Les femmes sont porteuses et fortes dans Incendies. Elles le sont aussi dans Dune. Dans d’autres réalisations intermédiaires de Villeneuve, aussi.

 

Quoi d’autre ? On parle beaucoup de la voracité de l’économie libérale et d’écologie dans Dune. Cela nous rappelle nos échéances présentes devant le réchauffement climatique, la raréfaction de l’eau encore abstraite dans les pays riches. Mais aussi nos comportements et nos certitudes acquises mais aussi contraintes. 

 

Le sédentarisme démesuré et urbanisé de nos vies est ici exposé comme une vulnérabilité mortelle. Ce sont plutôt les nomades ou celles et ceux qui s’apparentent à des sortes de Touaregs (les « Fremen » comme « Free Men » ?)  qui semblent plus à même de véritablement faire leurs choix. Et de vivre.  

 

Dans Dune, on parle aussi de Savoirs ancestraux connus et crus par certains, ignorés par d’autres. Mais aussi de la peur qui est peut-être une de nos plus grandes Croyances. Et, question croyance en nos peurs, nous sommes nombreux à être encore beaucoup plus fervents et partisans que d’habitude depuis la pandémie du Covid. Ce qui est bien pratique pour certaines politiques et techniques managériales.

 

 

On aimerait pouvoir agir sur nos peurs comme le héros, Paul Atreides (interprété par Timothée Chalamet ) et sa mère, Lady Jessica ( l’actrice Rebecca Ferguson) le font. Mais à les voir, on comprend aussi qu’apprendre à se séparer de nos peurs est le résultat d’un entraînement et de toute une éducation. Cela ne s’improvise pas. «  Notre projet tient sur des siècles » dit un personnage plutôt impitoyable dans le film.  

 

 

J’ai beaucoup aimé l’attention portée par Villeneuve aux différents langages ainsi qu’aux codes culturels. Une scène très drôle avec Javier Bardem en sera un des exemples. Néanmoins, savoir parler dans la langue qu’il convient au bon moment peut sauver. Ou tuer.

 

J’ai trouvé au personnage de Paul Atreides des airs de Lawrence d’Arabie. Et son nom me fait aussi penser à l’histoire de l’Atlantide. On ne peut, aussi, que le rapprocher évidemment du jeune Skywalker, puisqu’il est aussi impossible de ne pas citer le Star Wars de Georges Lucas, d’une façon ou d’une autre, devant Dune. Et, bien-sûr, pendant qu’on y est (mais cela avait déjà été partiellement fait) le Blade Runner de Ridley Scott.

 

De toutes façons, dans Dune, on trouve- pour le meilleur- plusieurs des actrices et acteurs tant européens qu’anglo-saxons qui ont rencontré au moins ces dix dernières années une certaine popularité au travers du cinéma (d’auteur ou de cinéma grand public) ou de certaines séries télévisées :

 

 Les Gardiens de la Galaxie, Game Of Thrones, des films des frères Coen. On peut même déceler une allusion à La Servante Ecarlate.

 

 

Cependant, toutes ces références, et bien d’autres que j’ai oubliées ou qui sont bien là même si je ne les vois pas, n’empêchent pas de voir que Villeneuve a livré là un film- de plus- qui sort du lot.

 

Dune m’a tellement plu que lorsque le générique de fin est arrivé et que j’ai compris qu’il y aurait une suite, que je me suis inquiété du fait qu’il n’arrive quelque chose à son réalisateur qui l’empêche de nous montrer le reste.

 

Ensuite, je suis allé voir Shang-Chi Et La Legende des dix anneaux de Destin Daniel Creton. Parce-que le film bénéficiait de bonnes critiques. Parce qu’un film de Super-héros avec Tony Leung Chiu Wai (son rôle dans A Toute epreuve de John Woo me l’a définitivement attaché. Peut-être aussi que le suicide de l’acteur Leslie Cheung , il y a plusieurs années, y est en partie pour quelque chose)  et Michelle Yeoh ne se refuse pas.

 

Je parlerai bientôt de ce film mais le voir après Dune a été…. à son désavantage.

 

 

Franck Unimon, ce samedi 18 septembre 2021.