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Vélo Taffe Samedi 30 octobre 2021 : Paris/ Argenteuil

Paris, samedi 30 octobre 2021, Saint-Michel, Notre Dame.

                    Vélo Taffe Samedi 30 octobre 2021 : Paris / Argenteuil

A vélo, depuis le 14ème arrondissement de Paris, Argenteuil n’est pas si loin. Même après une nuit de travail. 

Habituellement, je couple l’usage du train avec celui de mon vélo pour me rendre à mon travail et pour rentrer chez moi. Depuis chez moi, à vélo, le 14ème arrondissement n’est pas si loin… mais cela me demanderait plus que les 35-40 minutes que je prenais pour me rendre directement  dans le 18ème arrondissement du côté de la Porte de Clignancourt en passant par St-Ouen. Entre 1h10 et 1h20.

Ce 30 octobre, vers 8h30, je ne sais pas encore que je ferai tout le trajet à vélo. En sortant du travail, je décide de changer d’itinéraire. Pour varier.

 

Je passe « devant » Notre Dame en reconstruction. Je m’arrête à l’entrée du tribunal de la cité. Il n’y a pas les barrières ni les forces de l’ordre que je vois chaque fois qu’a lieu le procès des attentats du 13 novembre 2015.

Un gendarme sort de la loge. Sa collègue, une jeune femme blonde, nous regarde.

Avec son accent du sud, le gendarme, la trentaine, m’explique comment faire pour assister, à partir du lundi, dans une salle devant un écran, à ce procès. Puis, je repars.

 

Paris, Le Chatelet, samedi 30 octobre 2021.

Je constate que Beyoncé, Basquiat, Jay-Z et la pub pour les bijoux Tiffanys sont partis ( Jay-Z, Basquiat et Beyoncé à Paris, au Châtelet ) et ont été remplacés par une pub pour les vêtements Moncler. Je ne reconnais pas l’actrice de gauche mais je sais l’avoir déja vue. Je sais aussi qu’un blouson de la marque Moncler coûte plus cher que le vélo sur lequel je suis. Ces publicités pour ces marques onéreuses ( Tiffanys, Moncler…..) sont peut-être surtout là pour toutes celles et tous ceux, qui, comme moi, spontanément, ne peuvent pas se les acheter à moins de fournir certains efforts. Entre les impôts et ces articles de luxe qui nous regardent, nos vies sont faites d’efforts. Et, il nous faut apprendre à trier entre un vélo qui peut nous transporter ; le plaisir de prendre son enfant en photo devant une fontaine; ou tout faire pour s’acheter un blouson Moncler ou un bijou Tiffanys. 

 

Paris, 30 octobre 2021.

Avant de démarrer leur footing, et leurs efforts, au moins un de ces deux hommes fait comme moi : il regarde la jeune femme blonde. Je l’ai ratée quelques secondes plus tôt alors qu’elle était derrière sa copine sur leur trottinette. Pas de bijoux Tiffanys, pas de blouson Moncler, je me console comme je peux avec cette photo. 

 

Paris, 30 octobre 2021.

 

Je suis presqu’arrivé à la gare St Lazare. Au feu, je vois ces affiches. Je trouve Sarkozy et Royal tellement ringards.  Que font-ils encore là ? C’est fini ! Ils appartiennent au passé. L’un et l’autre ont eu leurs chances. Le premier a été Maire de Neuilly, Ministre de l’Intérieur, Président de la République, justiciable…

La seconde a été Ministre, et, au second tour des élections présidentielles ( en 2007 !) avait perdu face à Sarkozy. Désir d’avenir. 

 

Je trouve ces affiches historiques et comiques. Je me dépêche de les prendre en photo avant leur disparition. Peut-être qu’un jour, regrettera-t’on un Nicolas Sarkozy et une Ségolène Royal…. 

 

Paris, près de la Gare St Lazare, ce 30 octobre 2021.

 

Voici notre époque. Une attente concentrée devant l’ouverture d’un magasin de l’enseigne Fnac. Une pub pour du Whisky. Une autre pour l’artiste Rashid Jones que je ne connaissais pas. Une, pour une machine à laver. Et, tout en haut, la promotion du nouvel album d’Ed Sheeran que je n’ai toujours pas pris le temps d’écouter mais dont je « connais » le succès depuis au moins deux ans. Comment ne pas finir essoré ? Ou esseulé ? 

 

Paris, près de la gare St Lazare, le 30 octobre 2021.

 

L’enseigne de la Fnac a ouvert. Mais je ne pouvais pas ne pas prendre cet homme de dos, en photo. Un homme dont le métier de livreur rime pour moi avec pénible labeur. Généralement, lorsque je croise l’un d’entre eux ou qu’il me dépasse sur son vélo, électrique ou mécanique, je le laisse passer. Peut-être que cette vie-là me fait-elle peur. Même si, si je n’avais pas le choix, je ferais sans aucun doute comme eux. Et, je ferais alors peur à quelqu’un d’autre sans doute.

 

Gare de Paris St Lazare, le 30 octobre 2021.

 

Une gare parisienne, pendant les vacances de la Toussaint. Un peu moins de monde que la veille mais c’est seulement le matin. Il n’y a rien de particulier. Tout le monde porte son masque. Et, moi, je vais prendre mon train pour Argenteuil…

 

Gare St Lazare, 30 octobre 2021.

 

Je me dis qu’il y a encore pas mal de monde qui part en vacances. Je ne comprends pas vraiment ce que fait là, cette ligne de démarcation. 

 

 

 » Cette femme, avec son bouquet de fleurs, ça apporte quelque chose. Prends-là en photo ! ». Alors, je la prends en photo, parmi ces voyageurs avec leurs bagages. Ensuite, je la vois retrouver son compagnon. Je me dis que c’est vraiment la Toussaint.

 

Gare St Lazare, 30 octobre 2021.

 

Je n’avais pas remarqué tout de suite que la police ferroviaire était présente. Je me dis alors que la police recherche peut-être des trafiquants.

 

Gare St Lazare, 30 octobre 2021.

 

Certaines voies ne sont pas disponibles. La mienne, l’est. La voie 11 ou 12. Ou 10. 

 

Gare St Lazare, 30 octobre 2021.

 

Un chien dans la gare, cela se prend en photo. Plus tard, ce sera peut-être plus rare. Même si j’aime bien l’attitude de la dame, de profil, sa main posée sur son bagage. Et ce que l’on aperçoit en contrebas. Avec les palmiers au milieu….

 

Gare St Lazare, 30 octobre 2021.

 

Arrivé près de ma voie, on me fait bien comprendre qu’il faut sortir de la gare ! Un bagage a été abandonné.

 

Gare de Paris St Lazare, 30 octobre 2021.

 

J’ai raté la photo du camion de déminage lorsqu’il est passé derrière nous. J’ai raté la photo de cette jeune femme aux jambes de girafe qui me tournait le dos. Apparemment, elle avait l’habitude de poser. Lorsque j’ai été prêt, elle avait bougé. Elle s’est éloignée, à l’écart. Comme si elle me fuyait. Puis, après avoir consulté son téléphone portable, elle a décampé en repassant à plusieurs mètres devant moi.

Par contre, je ne manque pas ce défenseur du Barça, moins vif, beaucoup plus tranquille. 

 

Gare de Paris St Lazare, 30 octobre 2021.

 

Lorsque c’est comme ça, il est impossible de savoir quand la circulation des trains va reprendre. Je décide très facilement de faire la suite du trajet à vélo. J’ai de l’eau. Une compote. Un vélo. Je suis bien habillé même en cas de pluie. Et, je ne suis pas pressé. Il se trouve que c’est ce jour-là, que, dans une brocante, je suis tombé sur cette canne-siège qui date d’un siècle. Elle vient de Manufrance m’a dit le vendeur. La première fois que j’ai vue une canne-siège, c’était sur une scène de théâtre au Figuier Blanc. Le comédien Denis Lavant en avait une. Après la représentation, il m’avait appris l’avoir trouvée par hasard dans une brocante, en province. Pour 5 euros. J’ai payé la mienne un peu plus chère. Mais c’est une pièce unique. Je ne la trouverai ni chez Tiffanys, ni dans les magasins Moncler. 

Ce matin encore, parmi d’autres pensées, je me demandais à nouveau ce qui faisait que je ne faisais plus de théâtre. Avant, j’avais « faim ». J’avais envie de jouer. Là, je n’ai même pas envie de jouer. Et, c’est comme ça depuis trois ou quatre ans. Et puis, dans cette petite brocante sur laquelle je suis tombé, en sortant du travail, je vois cette canne-siège.  J’ai réussi à la coincer contre mon sac à dos. Jusque-là, depuis que je suis parti, elle n’est pas tombée. Rouler jusqu’à Argenteuil avec cette canne-siège est un bon test pour vérifier à nouveau à quel point mon sac à dos, celui que j’avais acheté pour aller au travail, était le bon choix. 

 

Levallois, 30 octobre 2021.

A Levallois, j’aperçois cet homme, seul, dans la rue. La photo ne rend pas ce que je vois. Je prends deux autres photos, encore moins bonnes. Puis, l’homme part d’un pas décidé. Peut-être gêné d’avoir été photographié. Ou peut-être tout simplement pressé. 

 

Colombes, 30 octobre 2021.

 

C’est Colombes, ou Asnières, mais Gennevilliers n’est pas loin. Cet immeuble au fond a attiré mon regard. C’est un  projet architectural différent de celui de l’immeuble à droite, sur  la photo. 

 

Colombes, 30 octobre 2021.

 

Colombes, en sortant de la A86, avant le pont d’Argenteuil. 30 octobre 2021.

 

ça construit, ça construit. A la fois pour répondre à la demande de logements. Pour accroître l’attractivité de l’endroit avec le tramway qui ne devrait pas passer bien loin. Mais aussi en prévision des jeux olympiques de 2024. La piscine de Colombes, qui se trouve à dix minutes en voiture de là, et à peine plus à vélo, a été retenue pour être exclusivement réservée à l’entraînement des équipes de natation synchronisée. 

 

Argenteuil, 30 octobre 2021.

 

Nous sommes sur le pont d’Argenteuil. On aperçoit le club d’aviron, le Coma Argenteuil. Un très bon club d’aviron à ce que j’ai cru comprendre. Je suis déja allé me renseigner plusieurs fois. Mais je n’ai toujours pas pu faire une balade d’initiation. L’aviron est un sport « complet » et souvent présenté comme tel. Depuis des années, j’aimerais bien le pratiquer mais je n’ai pas la disponibilité nécessaire.

 

Argenteuil, 30 octobre 2021.

L’affiche se veut verte. Mais, pour moi, Argenteuil, est surtout une ville de béton. Même s’il y a le projet de récupérer les berges de Seine. Au bout, on aperçoit la salle des fêtes Jean Vilar. Salle « historique » que la mairie voudrait raser afin d’autoriser la construction d’un hôtel de luxe, d’un centre commercial, avec complexe de cinéma. Peut-être même une Fnac. Afin de rendre la ville plus attirante. Un certain nombre d’opposants à ce projet se sont exprimés. Il faut savoir qu’à moins de dix minutes à pied de là, se trouvent une librairie, la librairie Presse Papier très engagée, le centre culturel le Figuier Blanc ( soutenu par la mairie) qui comporte salle de spectacles et salles de cinéma ainsi que la cave Dimière où se déroulent aussi des concerts. Ainsi que des cours de musique qui dépendent du conservatoire d’Argenteuil. Le marché d’Héloïse, connu comme le marché  » d’Argenteuil », se trouve après la salle des fêtes Jean Vilar. Raser la salle des fêtes Jean Vilar signifierait aussi sans doute perdre un certain nombre de places de parking lors des jours du marché  » d’Argenteuil » ( le vendredi et le dimanche).

 

Argenteuil, 30 octobre 2021.

Cette station essence à l’entrée de la ville est supposée disparaitre un jour. Derrière les arbres, au fond, il y a le conservatoire d’Argenteuil. Originellement, ce bâtiment était celui de la mairie d’Argenteuil, déplacée depuis au bout de l’avenue Gabriel Péri. Ces fresques que l’on aperçoit sont sur un bâtiment qui fait également partie du conservatoire d’Argenteuil. Ces voitures que l’on voit, si elles tournent sur la gauche, vont prendre le pont d’Argenteuil qui peut les emmener vers Colombes ou vers la A 86. Vers St Denis ou vers la Défense et au delà. 

 

 

 

Argenteuil, 30 octobre 2021.

Je ne connais pas ces journalistes. Je me suis demandé quel journal pouvait bien tenir cette journaliste. Mais je n’ai pas réussi à déchiffrer. C’est cette injonction  » Soyons complices » avec cette image de pub qui m’a enjoint à prendre cette photo. Comment peut-on donner l’air ou l’intention d’être proche des gens alors qu’on ne les voit pas et qu’on ne les rencontre jamais ? 

 

Argenteuil, 30 octobre 2021.

 

Notre Dame, les bijoux Tiffanys et les blousons Moncler, c’est loin. 

 

Argenteuil, 30 octobre 2021.

 

La circulation des trains avait repris lorsque je suis arrivé à Argenteuil. Il semblerait qu’elle ait repris assez vite.

 

Le marché de la colonie, ce samedi 30 octobre 2021 à Argenteuil.

 

Le marché de la colonie est un petit marché de l’autre côté de la gare d’Argenteuil centre-ville. C’est un marché plutôt familial et intimiste, ouvert le samedi. Il est sûrement aussi un peu plus cher que le grand marché d’Argenteuil. Il y a deux ou trois ans maintenant, un marché bio avait également ouvert le vendredi soir. Un an plus tard, ou même avant, seul le marchand de fruits et de légumes continuait de revenir. 

 

Caché par l’homme au chapeau, Dominique M…, membre et militant de l’association Sous les Couvertures. Samedi 30 octobre, marché de la colonie, Argenteuil.

 

Ce samedi 30 octobre, l’ESAT la Montagne vendait des fleurs. A gauche, en entrant dans le marché, un stand de produits antillais où j’ai mes habitudes. 

 

J’ai mis plus d’une heure vingt depuis mon départ du travail pour rentrer chez moi. La canne-siège a tenu. J’ai roulé tranquillement. Je me suis arrêté plusieurs fois pour prendre des photos. Cependant, je n’ai croisé aucun embouteillage. 

 

Franck Unimon, samedi 6 novembre 2021. 

 

 

 

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La Profession infirmière

                                    La Profession infirmière

 

« Les deux tiers des soignants suspendus sont revenus au travail une fois vaccinés », a indiqué Mardi le Ministre de la Santé, Olivier Véran.

 

Nous sommes le mercredi 27 octobre 2021. Et, il est 23h19 alors que je commence la rédaction de cet article dont j’ai eu l’idée ce matin en me levant. Cet article était ma première idée. Deux autres sont arrivées ensuite. Mais, d’abord, j’ai tenu en priorité à écrire sur la quatrième idée. Sur le film d’animation Même les souris vont au paradis/ un film d’animation de Jan Bubenicek et Denisa Grimmova  vu samedi dernier lors du festival du cinéma tchèque. Car celui-ci est sorti aujourd’hui.

 

La journée est passée. J’ai pris du temps sur la rédaction de mon article consacré à Même les souris vont au paradis. Puis, ma compagne est partie chercher notre fille au centre de loisirs. Après son coucher, j’ai parcouru plusieurs journaux papier achetés le jour-même :

 

Les Echos ; Le Canard Enchainé ; Charlie Hebdo ; Le Parisien.

 

Et, me revoilà au dessus du clavier.

 

« L’admiration et le respect » :

 

Je n’ai pas encore parcouru L’Humanité et le New York Times du jour. J’ai délaissé le journal La Croix lors de l’achat des journaux. J’en ai eu pour un peu plus de 18 euros.  C’est un coût alors que plein d’informations circulent « gratuitement » et « librement » sur internet. Cette information selon laquelle «  les deux tiers des soignants suspendus sont revenus au travail une fois vaccinés », je l’avais lue incidemment sur le net alors que j’étais au travail. Hier, peut-être plutôt qu’avant hier. Et, j’avais aussitôt retenu cette information.

 

Parce-que je suis directement concerné en tant que soignant.

 

Je peux comprendre que la même information ait échappé à beaucoup d’autres gens qui, vaccinés ou non contre le Covid, en ont assez d’entendre parler de vaccins, de Covid, de passe sanitaire et de pandémie. D’autant qu’il convient de rétablir une vérité qui date de bien avant la pandémie du Covid :

 

Si beaucoup de personnes admirent souvent les personnels soignants- ce qui n’empêche pas par ailleurs d’insulter, de menacer, de dénoncer, d’agresser ou de cracher sur ces mêmes personnels soignants-  c’est aussi parce-que, dans la vie courante, la majorité des gens préfèrent aller au restaurant, dans une salle de concert ou au cinéma plutôt que dans un hôpital ou dans une clinique. Alors, savoir que des personnes a priori sensées et fréquentables optent comme lieu de travail constant, jusqu’à leur départ à la retraite ou jusqu’à leur mort pour l’hôpital et la clinique, cela force l’admiration ou le respect.

Je peux aussi comprendre que cette déclaration (  » les deux tiers des soignants suspendus sont revenus au travail une fois vaccinés » ) soit passée inaperçue pour beaucoup de gens car nous sommes en pleines vacances de la Toussaint depuis bientôt une semaine. Ceux qui le peuvent et qui le souhaitent sont partis en week-end prolongé ou en congés. D’autant que, depuis quelques mois, nous pouvons à nouveau ( depuis le 9 juin ? ) circuler à peu près librement dans toute la France et dans un certain nombre de pays en dehors dès lors que l’on est vacciné contre le Covid et/ou que l’on peut présenter son pass sanitaire valide. Et, plus simplement, la période des vacances est une période où, généralement, on a besoin de couper avec les « actualités ». Je ne suis pas en vacances. C’est peut-être aussi pour cette raison que je suis tombé aussi facilement sur cette déclaration/information d’abord sur le net puis dans un journal. 

 

Ce mercredi, je retrouve cette information-déclaration selon laquelle «  les deux tiers des soignants suspendus sont revenus au travail une fois vaccinés »  écrite noir sur blanc dans le journal Les Echos . Un article concis et discret. Je l’ai aussi pris en photo.

Le journal  » Les Echos » de ce mercredi 27 octobre 2021.

 

 

Pourquoi payer des journaux alors que l’on peut retrouver certaines informations gratuitement sur internet ?

 

Au moins parce qu’en payant, je lis encore à peu près ce que je veux lire dans des journaux. Au lieu de subir des thématiques d’informations ou publicitaires que je recevrais ensuite systématiquement parce-que, sur internet, j’aurais lu tel ou tel article s’y rapportant. La gratuité sur internet, mais aussi ailleurs, est souvent intéressée. Que cet intérêt soit partagé ou non.

 

J’achète aussi des journaux parce qu’en choisissant les journaux que j’achète, j’ai accès à plus d’informations, dans différents domaines, que celles que j’obtiens et trouve sur internet ou dans les journaux gratuits mis à notre « disposition » dans les gares.  Je suis aussi un « traditionnel » pour lequel le contact physique avec le papier du journal et du livre est nécessaire pour un meilleur plaisir de lecture. Je tiens un blog à défaut de ne pas avoir de rubrique ( de chronique, plutôt) dans un journal papier; une expérience que j’ai connue il y a plusieurs années puis qui s’est interrompue pour raisons économiques et, sans doute, usure du rédacteur en chef.

 

Alors, 18 euros dans des journaux, c’est un coût. Mais la gratuité peut être une économie trompeuse.

 

« Les deux tiers des soignants suspendus sont revenus au travail une fois vaccinés »

 

Dans cinq ans peut-être, cette phrase toute seule sera énigmatique pour beaucoup de ses lecteurs. Aujourd’hui, nous savons encore qu’il est question du vaccin contre le Covid.

 

Cela m’a soulagé de relire cette phrase- que j’avais lue sur internet- dans le journal Les Echos tout à l’heure. Non par plaisir de reparler du Covid, de la pandémie, des vaccins anti-Covid, des soignants suspendus pour refus de cette vaccination mais aussi pour refuser le passe sanitaire.

Mais parce-que c’était, pour moi, une information officielle et vérifiable. Il y a sans doute des gens qui considèreront qu’il ne faut pas se fier aux journaux d’une façon générale ou du journal Les Echos. Moi, malgré mes réserves envers le pass sanitaire, malgré mon acceptation tardive de la vaccination anti-Covid, je me fie à cette information dans le journal Les Echos. Je peux donc continuer mon article en partant de cette information.

 

Lorsqu’hier ou avant hier, au travail,  j’ai lu ce «  Les deux tiers des soignants suspendus sont revenus au travail une fois vaccinés », je l’ai gardé pour moi. Pourtant, aussitôt, j’ai vu dans cette phrase un sentiment de satisfaction. Et de victoire politique plus que de victoire sanitaire.

Il y a, de toute façon, en région parisienne, un peu plus de 800 postes infirmiers vacants. Et le retour de ces soignants qui retrouvent leur poste après leur vaccination ne comblera pas cette pénurie. Une pénurie chronique et  bien antérieure à la pandémie du Covid. 

Page 6, du journal « Libération » de ce mercredi 27 octobre 2021. Le Ministre de la Santé, Olivier Véran, s’exprime.

 

 

Sans doute ai-je l’esprit mal tourné. Sans doute que le Ministre de la Santé, qui a prononcé cette phrase  (ce que je n’avais pas remarqué lorsque je l’avais lue sur internet) est-il fondamentalement sincère et avant tout réellement concerné par la Santé, y compris celle des soignants. Cependant, dans ce rapport de force entre le gouvernement et certains soignants- une minorité- à propos de cette vaccination anti-Covid dans le contexte de la pandémie du Covid, j’ai du mal à croire à une sincérité totalement désintéressée du gouvernement.

 

Ma défiance ne vient pas de nulle part. Elle vient de ce que je vois, de ce que j’entends, de ce que je comprends et de ce que je vis depuis une trentaine d’années dans la profession infirmière.

 

La profession infirmière

 

J’ai obtenu mon diplôme d’Etat d’infirmier en 1989 après trente trois mois d’études. Il y a plus de trente ans. Les soignants de la génération de ma mère (ma mère était aide-soignante) faisaient souvent pratiquement toute leur carrière dans un même service. Voire dans deux. J’ai connu cinq établissements employeurs différents en bientôt trente ans d’expérience en Santé Mentale. En psychiatrie et en pédopsychiatrie. Sans compter les hôpitaux et les cliniques où, avant d’être titulaire, il avait pu m’arriver d’être intérimaire ou vacataire pour une journée ou pour une nuit. Pendant quelques années, j’ai aussi donné des cours à des étudiantes et étudiants infirmiers dans cinq ou six écoles ou instituts de soins infirmiers. En région parisienne.

 

Mon esprit « mal tourné » à l’encontre de cette phrase du Ministre de la Santé actuel- qui n’existait pas à un tel niveau politique lorsque j’ai débuté- provient sûrement de ce décalage entre lui et moi. Le temps. Les différents établissements et services où je suis passé. Les collègues que j’ai connus et que je connais encore. Qu’ils soient restés en région parisienne ou soient partis en province. Des femmes. Des hommes. Des mères. Des pères. Des divorcé(es). Des marié(es).  Des veuves. Mes expériences. Tout cela s’intercale, à un moment ou à un autre, entre moi et  des phrases. Qu’elles viennent d’un homme politique, d’un directeur d’hôpital, d’un cadre ou d’un collègue.

 

 

J’ai dû participer à dix manifestations infirmières en plus de trente ans de diplôme. Je me suis syndiqué très tardivement. A plus de 45 ans. Je suis un adhérent syndiqué qui paie sa cotisation. Même si je sollicite certaines fois « mon » syndicat pour avoir certaines réponses, je ne suis pas un membre actif du syndicat même si cela m’a été proposé. Dans les services où j’ai travaillé et là où je travaille, je me perçois comme un élément modérateur. Affirmé. Mais modérateur. Je n’aime pas les embrouilles à deux balles. Je ne suis pas la personne la  mieux informée sur les  derniers ragots qui sont les combustibles du moment  dans un service.

 

 

Hier ou avant hier :

 

Hier ou avant hier, avec mes collègues infirmiers, nous avons discuté du métier. De la pénurie infirmière. Mes trois autres collègues infirmiers, mes aînés de plusieurs années, sont plus proches de la retraite que moi. A deux mois ou deux ans de le retraite. Une femme. Deux hommes. Je suis, moi, selon les calculs, selon les projets, selon ce que j’estime raisonnable, à 8 ou 10 ans de la retraite. Si je tiens. Si cela vaut le coup et le coût. Si je vais suffisamment bien. Si j’ai encore suffisamment envie de ce travail. Pour l’instant, là où je suis, j’ai envie de ce travail. 

 

 

La Revalorisation salariale

 

Un de mes collègues a affirmé sa certitude que la trop faible valorisation salariale expliquait la pénurie infirmière. Selon lui, si les infirmières et les infirmiers étaient mieux payés, beaucoup plus de personnes décideraient de faire des études d’infirmier.

 

Cette revendication est l’équivalente de la demande d’une augmentation du pouvoir d’achat que les gouvernements agitent régulièrement devant nous qui devons faire des efforts pour joindre les deux bouts.

 

Le métier d’infirmier fait en effet partie des métiers sous-payés. Régulièrement, des collègues rappellent que l’évolution de salaire des personnels infirmiers n’a pas suivi l’évolution du coût de la vie. Il y a près de vingt ans, maintenant, une collègue ( sans enfant), mon aînée de quelques années, m’avait raconté qu’elle avait bien perçu la réduction de son pouvoir d’achat avec les années. Une collègue et qui, alors, habitait à dix minutes en voiture de notre lieu de travail.

 

Je ne vais donc pas contester le fait que l’augmentation salariale du métier d’infirmier est nécessaire et plus que bienvenue. Ce à  quoi, on me répondra que nous avons eu une prime exceptionnelle pouvant aller jusqu’à 1500 euros ( pour celles et ceux qui l’ont eu) l’année dernière en juin ou juillet 2020. Pour récompenser nos efforts pendant les trois premiers mois de la pandémie du Covid et du confinement. Face au manque de matériel, au manque de personnel, aux heures de travail supplémentaires, à la contamination par le Covid….

 

Prime à laquelle s’est rajoutée le Plan Ségur, soit une augmentation de 183 euros sur le salaire. J’ai oublié si c’est une prime ou une modification du traitement indiciaire. Et, une autre augmentation, un peu plus conséquente, d’environ 300 ou 400 euros est prévue pour bientôt, à la fin de ce mois d’octobre, dans les lieux de soins. Dans les hôpitaux. Dans les cliniques ?

Je n’ai pas bien compris si cette augmentation concerne les infirmiers de catégorie A comme les infirmiers de catégorie B. Je suis en catégorie B, la catégorie « historique ». Une catégorie vouée à disparaître, considérée comme « active ». Alors que la catégorie A, créée plus récemment ( il y a environ 15 ans) classée comme « sédentaire » est en principe mieux payée mais aussi obligée de travailler plus longtemps que la B avant de pouvoir partir à la retraite avec une pension complète. Depuis une dizaine d’année, tous les nouveaux infirmiers diplômés sont d’emblée en catégorie A et ont, aussi, le niveau Licence. A mon « époque », le diplôme d’Etat d’infirmier, obtenu en trente trois mois, correspondait à un niveau BTS, ce qui équivaut à un niveau Bac + 2.

 

Les infirmiers de catégorie A ont fait 36 mois d’études, je crois.

Le Ministre de la Santé, Olivier Véran, dans le journal Libération de ce mercredi 27 octobre 2021.

 

Attractivité du métier d’infirmier : Je ne crois pas à la revalorisation salariale

 

Selon moi, une augmentation salariale serait évidemment plus qu’appréciée par l’ensemble de la profession déjà en fonction. Mais, ai-je dit à mon collègue, je ne crois pas que le fait d’augmenter le salaire des infirmiers ferait venir beaucoup plus de monde à la profession.

 

J’ai dit quelque chose comme :

 

« Même si tu augmentes le salaire de 1000 euros, il y a plein de gens qui refuseront de faire ce métier. Ne serait-ce que parce qu’il y a beaucoup de gens qui n’ont pas envie de travailler dans le sang, le pipi et le caca ».

 

Mon collègue était très sûr de lui. Payer plus cher les infirmiers amènerait plus de nouvelles et de nouveaux collègues.

Puis, de lui-même, il nous raconte une de ses expériences, dans le service où il travaillait précédemment, où un bébé était mort dans ses bras. Et, où un autre avait fait un infarctus dans ses bras. J’ai alors repris mon raisonnement :

 

« Tu vois, il y a des gens, même si tu les paies 5000 euros par mois, ils ne voudront pas vivre ce genre de situation ».

 

J’ai ensuite continué d’amener ce que je pense du métier. Je n’ai même pas eu envie de débattre du sujet de la vocation évoquée par ce même collègue, devenu infirmier par vocation.

 

La Vocation :

 

J’ai déjà dit et écrit ce que je pense de ce mot. Je comprends que des collègues l’emploient pour eux. Pour ma part, ce mot m’est insupportable.

 

Le stade  de la  « vocation » est justement celui qui permet de déconsidérer le métier d’infirmier depuis des années voire depuis des générations. N’oublions pas que nous vivons dans une société matérialiste ou tout est prétexte à faire de l’argent et à en faire dépenser. Et où, travailler ou agir gratuitement, permet très facilement à quelqu’un de faire des économies ou du profit sur notre dos. 

 

Discours imaginaire que m’inspire la « vocation » :

 

« Untel a la vocation donc on peut le faire travailler comme un chien. Un verre d’eau, un peu de pain, cinq minutes pour sa pause déjeuner, le pipi et le lavage de main, et elle ou il repart. C’est vraiment bien, la vocation ! »

 

 

 

Extrait de l’article  » Hublo, et les heures sup décollent à l’hosto » du journal  » Le Canard Enchainé » de ce mercredi 27 octobre 2021.

Bien-sûr, il est des institutions, il y a eu des institutions et des hiérarchies qui ont « respecté » l’idée de la « vocation ». Mais cela est fonction des services, des époques, des régions, des personnalités. Cela fait beaucoup de paramètres pour que soit respectée la « vocation ». Malheureusement, ce que j’ai le plus souvent vu, c’est que le personnel soignant qui supporte d’être compressé par des conditions de travail difficiles, de plus en plus difficiles, et qui reste fidèle au poste, sera de plus en plus compressé. Sa charge de travail continuera d’augmenter au lieu de s’alléger si ce personnel attend d’autrui

(ses collègues, sa hiérarchie ou son institution) que cette charge de travail s’allège d’elle-même.

 

A moins d’avoir des horaires de travail de bureau, les horaires de travail du personnel infirmier peuvent être très contraignantes. Il y a des personnes qui veulent être de repos tous les samedis et les dimanches, les jours fériés et dormir chez eux la nuit. Ou qui veulent pouvoir se lever les matins à 7h. A 7 heures du matin,  à l’hôpital, il y a des infirmiers qui terminent leur nuit de travail. Et d’autres qui ont déjà commencé leur journée de travail. On peut d’abord se dire qu’en commençant à 7 heures du matin ou un peu avant, que cela permet de terminer sa journée de travail plus tôt. C’est vrai. Mais la fatigue nous suit aussi avec les années.

 

Et puis, notre société a changé ainsi que la façon de s’impliquer dans le métier.

Haut de l’article précédent. Dans le journal  » Le Canard Enchaîné » de ce mercredi 27 octobre 2021.

 

 

La société a changé ainsi que la façon de s’impliquer dans le métier :

 

Lorsque j’ai commencé à travailler comme infirmier par intérim ou en tant que vacataire, toute infirmière et tout infirmier que je croisais était titulaire de son poste quelque part. Peu importe la spécialité, que ce soit en soins somatiques ou en psychiatrie, de jour ou de nuit. Toutes les camarades et les camarades de ma promotion, des promotions précédentes et suivantes, aspiraient à avoir un poste de titulaire.

 

Depuis cinq ou dix ans, au moins, il est devenu fréquent de croiser des infirmières et des infirmiers diplômés depuis moins de cinq ans qui font uniquement de l’intérim et/ou des vacations. Ou, en psychiatrie adulte, de voir des infirmières et des infirmiers quitter assez rapidement- avant cinq ans d’exercice- les services d’hospitalisation psychiatriques  pour, par exemple, des postes dans des CMP ( centre médico-psychologiques). 

 « Avant », il était plus courant que les jeunes diplômés ou les personnes qui venaient d’obtenir un poste y restent plus de cinq ans.

 

Ce qui n’a pas changé :

 

Ce qui n’a pas changé, c’est la grande féminisation du métier. Cette féminisation explique selon moi, en partie, la raison pour laquelle, aussi, le métier d’infirmier est mal payé.

 

J’étais resté sur le chiffre de 78 pour cent de femmes dans la profession infirmière. Notre collègue infirmière a tenu à dire que, tout de même, le métier s’était masculinisé. J’ai admis que cela s’était partiellement produit. Sans doute dans certains services plutôt que dans d’autres. Mais que lorsque l’on regardait dans l’ensemble, la profession infirmière reste majoritairement féminine. En psychiatrie, par exemple, l’équipe infirmière avec laquelle j’ai débuté dans le service où j’ai été titularisé, au début des années 90, était parfaitement mixte et constituée de collègues qui avaient entre cinq et dix ans d’expérience professionnelle. Du personnel infirmier autant masculin que féminin sur une équipe de 14 ou 15 infirmiers.

 

Il y avait peut-être même 8 infirmiers pour 7 infirmières. Il faut aussi rappeler qu’à cette époque le diplôme d’infirmier psy (ISP) existait encore. Et, sans doute que ce diplôme attirait plus d’hommes que le diplôme d’Etat d’infirmier que j’ai passé.

Trois ans plus tard, dans le même service, plusieurs collègues masculins étaient partis. L’équipe s’était non seulement féminisée mais aussi rajeunie. Des collègues infirmières tout juste diplômées venaient remplacer des collègues soit masculins et expérimentés, ou des collègues féminins mais tout autant expérimentés.

 

C’était il y a plus de vingt ans, maintenant. Il n’y a qu’aujourd’hui, dans le service où je travaille depuis moins d’un an, donc plus de vingt ans plus tard,  où j’ai retrouvé une équipe, cette fois,  plus masculine que féminine.

 

Les conditions de travail dans bien des services n’ont pas changé. Car, lorsque l’on parle de « changement » d’une situation, c’est pour parler des améliorations.

 

Il y a sûrement eu des améliorations en matériel, en formation. Mais en conditions de travail des infirmiers, cela s’est plutôt dégradé. C’était déjà limite il y a vingt ou trente ans dans certains services. Aujourd’hui, c’est pire. Et, avant la pandémie du Covid.

 

 

Le choix des jeunes infirmiers diplômés en faveur de l’intérim s’explique pour moi de cette façon. On peut voir l’intérim comme le moyen de se faire une expérience dans différents établissements afin de bien arrêter son choix sur un service et un établissement à un moment donné. Cela arrive encore. Mais ce recours à l’intérim, souvent, lorsque j’en ai parlé avec des intérimaires venant travailler dans le service où j’étais en poste, était justifié par la possibilité de décider de son planning. Et, aussi, de pouvoir partir très vite d’un service si cela déplaisait ou était trop difficile.

 

Mais c’est mieux de donner quelques exemples de ce que ce métier peut provoquer comme engagement chez les professionnels qui l’exercent.

Je mets une partie de la première page du journal  » Le Parisien » de ce mercredi 27 octobre 2021 pour deux raisons. La première est pour la série « Germinal » qui bénéficie de très bonnes critiques. Avec, au premier plan, l’acteur qui avait un des rôles principaux dans la très bonne série policière  » Engrenages ». S’il vaut mieux, pour sa survie et sa santé, être infirmier que mineur, je me demande quels points communs on peut trouver malgré tout entre le travail de mineur et celui d’infirmier lorsque certaines conditions de travail deviennent particulièrement difficiles. Ensuite, il y a cette interview de Stéphane Bancel, patron de Moderna. Dans cette interview, on reparle du Covid et des vaccins contre le Covid. La fabrication du vaccin Moderna, son efficacité officiellement démontrée contre le Covid associée à la réussite économique de Stéphane Bancel lui confère une « autorité » officieuse pour donner son avis sur la vaccination pour les jeunes enfants, sujet hautement sensible. Peut-être Stéphane Bancel a-t’il raison. Mais pour qui se prend-il pour s’avancer de cette manière alors qu’il n’est pas Ministre de la Santé ?! Il a le droit de penser qu’il faut ou que l’on peut vacciner les jeunes enfants contre le Covid avec le Moderna. Par contre, ce n’est pas à lui de souffler au gouvernement ce qu’il doit décider ou faire en matière de vaccination infantile. Mais il se le permet ici, fort de son succès personnel et économique avec le vaccin Moderna. A lire son interview, Stéphane Bancel se rajoute à la longue liste de toutes celles et ceux qui sont très sûrs d’eux concernant la façon de s’y prendre avec le Covid et la pandémie. En lisant son interview, on apprend que, selon lui, si  » les gens font leur rappel, je pense qu’à partir de l’été 2022, ils retrouveront une vie complètement normale (…..) Les non-vaccinés, eux, courent toujours un risque ». Soit une autre façon de dire que tout est sous contrôle avec le vaccin Moderna. Mais, aussi, qu’il est possible de pratiquement tout contrôler dans la vie.

 

Le don de soi et le sens du Devoir :

 

Dans le métier d’infirmier, comme dans d’autres métiers, celle ou celui qui fera bien plus que ce qui lui est demandé aura le privilège de s’esquinter à ses risques et périls. S’il ou si elle a la chance d’avoir des collègues et une hiérarchie engagés à ses côtés, le professionnel trouvera des soutiens et des compensations. Cependant, en tant que soignant, confier sa santé à la chance alors que par ailleurs, celles et ceux qui décident des conditions dans lesquelles nous devons travailler, eux, s’en remettent à des chiffres pour évaluer notre travail, c’est très mal prendre soin de soi.

 

Les chiffres, certains chiffres, peuvent être des repères. Sauf que ce sont certains chiffres, plutôt que d’autres, qui sont retenus comme critères prioritaires. Et, ces chiffres choisis deviennent des empires irrévocables. Il est question de faire des économies. Alors, on ferme des lits. On remplace moins le personnel. Ailleurs, on établit que, finalement, il y a besoin de moins de personnel qu’il n’y en a. Et, comme le personnel soignant est un personnel capable de donner beaucoup de lui-même, et au delà de lui-même, en continuant de toucher le même salaire, le compte est bon pour celles et ceux qui décident quels chiffres il faut regarder en priorité pour gérer un service. Ailleurs, le personnel peut  accepter de toucher plus d’argent en étant moins nombreux. Ce qui n’est pas forcément mieux. Mais il est volontaire. Or, on le sait, le volontariat est un gage de « bonne santé » au travail. Jamais, bien-sûr, le fait de gagner de l’argent ou d’avoir besoin de gagner suffisamment ou sensiblement plus d’argent, au détriment de sa santé et de sa vie privée, n’oblige ou ne contraint qui que ce soit à être volontaire pour accepter de beaucoup ( trop) travailler. Ou de simplement continuer de travailler alors que des conditions de travail se dégradent. 

Il y a maintenant un mois bientôt, j’ai discuté avec un infirmier, un peu plus plus âgé que moi, qui, en plus de son poste de titulaire dans un hôpital semi-privé ou privé, fait des vacations à côté dans deux ou trois autres établissements. Sa femme, également infirmière, travaillait aussi beaucoup m’a-t’il appris même si moins que lui. Il faisait ça depuis des années, maintenant.

Pragmatique, celui-ci m’a expliqué :

 » J’ai besoin de gagner 5000 à 6000 euros par mois afin de conserver un certain mode de vie ». « Cela m’a permis de rembourser en moins de dix ans ( au lieu de 15 ou 16 ans) mon crédit immobilier. Maintenant, j’ai un grand appartement sur Paris ». 

Lui et sa femme, sans enfants, avaient acheté cet appartement il y a à peu près une dizaine d’années. Auparavant, ils logeaient tous les deux dans une location qu’ils avaient obtenu grâce à l’équivalent du 1 pour cent patronal. D’où un loyer plus « doux » que ceux pratiqués depuis à peu près une vingtaine d’années, maintenant. Au fait, j’ai lu dans le supplément gratuit du journal  » Les Echos » de ce mercredi 27 octobre 2021 que :

 » 743 000 personnes sont en attente d’un logement social en île-de-France ».

Le supplément gratuit du journal  » Les Echos » de ce mercredi 27 octobre 2021.

 

 

Dans cet article intitulé 92 Des élus de gauche contre la crise du logement en Ile-de-France, on peut aussi lire que

 » Cette crise touche aussi les foyers issus de la classe moyenne, dont les revenus sont trop élevés pour espérer obtenir un logement social et trop faibles pour accéder à la propriété à Paris ou dans la petite couronne. 

C’est le cas notamment des fonctionnaires territoriaux, ou des infirmiers, qui ne peuvent pas toujours loger près de leur lieu de travail, explique Jacqueline Belhomme, maire de Malakoff ». 

 » Si l’on n’agit pas, ils seront 1 million à la fin du mandat municipal« , annonce Michel Leprêtre, président de l’intercommunalité Grand Orly Seine Bièvre ( Val-de-Marne). 

La première page du journal  » Les Echos » de ce mercredi 27 octobre 2021.

 

C’est aussi en première page de ce numéro du journal Les Echos que l’on apprend le  » triomphe boursier de la voiture électrique Tesla » du PDG américain Elon Musk. Et qu’avec  » 1.OOO milliards de dollars de capitalisation boursière, Tesla vaut désormais davantage que tous les constructeurs traditionnels réunis. Et cent fois plus que le français Renault ( premier constructeur automobile français) ». A la page 18, le journal Les Echos nous raconte le parcours d’Elon Musk jusqu’à son succès en bourse depuis la cotation de l’entreprise Tesla en 2010. Il y a 11 ans. 

Dans un autre article, sur la même page du journal Les Echos, on peut lire Elon Musk, l’homme qui vaut plus que Nike à lui tout seul. Puis, juste en dessous :

 » Le patron de Tesla est désormais l’homme le plus riche de la planète, avec une fortune estimée à 289 milliards de dollars ». 

Le journal  » Les Echos » de ce mercredi 27 octobre 2021.

 

En comparaison, avec ses 5000 à 6000 euros par mois, cet infirmier qui a pu, avec sa femme, en cumulant les heures de travail par-ci, par-là, en plus de son poste titulaire, se payer son grand appartement à Paris en moins de dix ans, apparaît d’un seul coup bien plus que microscopique. Pourtant, j’ai trouvé les choix de cet infirmier et de sa femme plutôt exemplaires. En termes d’anticipation et de réalisme. Lui qui avait pu me dire aussi que travailler autant, pour gagner aussi « bien » sa vie, avait aussi nécessité, nécessitait de sa part, des sacrifices. Mais qu’il ne les regrettait pas. Ce que je pouvais comprendre- sans tout à fait l’envier- puisque, devant moi, il était encore suffisamment bien portant. Et qu’il avait pu se payer, avec sa femme, l’appartement qu’il souhaitait. Mais aussi des croisières. Certains investissements immobiliers dans son pays d’origine. Des repas dans des restaurants. Quelques jours plus tard, pour fêter son anniversaire, il avait un repas prévu dans un restaurant en haut de la Tour Montparnasse. « Un très bon restaurant », m’avait-il dit. Je n’ai pas encore regardé les prix de ce restaurant. Mais j’imagine que ce restaurant est plus cher qu’un repas dans un restaurant kebab ou dans un Mac Do. 

Au début de ma carrière, et même avant l’obtention de mon diplôme d’infirmier lorsque mon niveau d’études (dès la fin de ma première année d’études), m’avait donné l’équivalence du diplôme d’aide soignant, j’avais commencé à rencontrer, lors de vacations effectuées dans des cliniques, des infirmières et des infirmiers titulaires et qui, en parallèle, travaillaient dans un autre établissement. Pour payer leurs impôts. Pour rembourser les crédits de leur maison.

C’était il y a plus de trente ans. J’avais 20 ou 21 ans. 

Le salaire d’une infirmière, aujourd’hui, au plus haut, après trente ans d’ancienneté, c’est souvent moins de 3000 euros tous les mois. Allez, disons 3500 euros par mois en poussant très fort. Si l’on ajoute les primes. Les éventuelles négociations de salaire. Si l’on travaille dans le privé, avec les week-end travaillés, les jours fériés travaillés. Selon les horaires que l’on fait. Et, encore, il est possible que des collègues me disent que je suis optimiste. Je touche moins de 3000 euros par mois après bientôt trente ans d’activité professionnelle . Sans les primes. J’habite dans une ville de banlieue, dans le Val d’Oise, à Argenteuil. Une ville située à 11 minutes de la gare de Paris St Lazare par le train direct. Et  qui n’est pas connue pour être la plus chère au mètre carré dès lors qu’il s’agit d’acheter dans l’immobilier. Y compris dans le Val d’Oise. 

 

Entre l’exemple de la réussite d’un Elon Musk; celle de ce collègue infirmier qui tourne tous les mois à 5000 ou 6000 euros avec son emploi fixe et ses vacations à côté; et moi avec mon salaire, moindre, on a déja trois mondes, trois modes de vie, très violemment différents. Et trois salaires aussi très violemment opposés. Pourtant, tous les trois, Elon Musk, ce collègue infirmier et moi, nous sommes travailleurs.

Mais la valeur ajoutée au travail que, chacun, nous produisons, est très différente.

Pourtant, que ces  secteurs dans lequel Elon Musk évolue, dans lequel Stéphane Bancel, PDG de Moderna, évolue, ou celui dans lequel, le collègue infirmier à 5000-6000 euros et moi, nous évoluons, tous ces secteurs ont leur utilité. Mais d’après certains chiffres, l’entreprise d’Elon Musk et celle que représente Stéphane Bancel ont beaucoup plus d’importance et beaucoup plus de valeur boursière et commerciale que celle  » l’hôpital, la clinique, un lieu de soins » dans laquelle ce collègue infirmier, moi et beaucoup d’autres évoluons. D’après certaines valeurs ( commerciales, boursières et autres), ce collègue infirmier et moi, dès lors que nous avons fait le choix de devenir et de rester infirmiers, nous avons décidé d’accepter de faire partie des ratés du monde et de la société.

 

Et, si ce collègue infirmier et moi, au regard de ces chiffres, sommes déja des personnes et des travailleurs dérisoires, il existe encore des milliers, des millions de personnes plutôt ( dans le milieu infirmier, hospitalier, en clinique, dans des services médico-sociaux ou dans d’autres sphères professionnelles rémunérées) qui sont encore bien plus défavorisées que nous. Et qui sont donc encore plus déconsidérées que nous. 

 

Aujourd’hui, et depuis des années, les mondes d’Elon Musk et de Stéphane Bancel sont supposés représenter les seuls mondes valables de la modernité et du futur. Ce collègue infirmier et moi, et beaucoup d’autres, avec ou sans notre blouse, sommes supposés représenter un monde ancien. Donc dépassé. Donc contournable. Donc dispensable. Il faut une pandémie, une crise ou une catastrophe extrême, spéciale ou épouvantable (des attentats, un tsunami, un génocide, une guerre, une catastrophe nucléaire, un tremblement de terre, une inondation exceptionnelle avec beaucoup de morts….) pour se rappeler que des professions et des métiers ( pas seulement soignants) anciens et traditionnels ont aussi leur importance dans une société qui se dit et se veut moderne, évoluée, libre et démocratique. 

 

Or, nous sommes dans une société pour laquelle être moderne, cela signifie être amnésique; avoir une mémoire partielle et sélective, briquer certains chiffres, administrer et s’agenouiller seulement devant une horreur plus grande, plus incontournable et plus durable que la nôtre. 

 

D’autres chiffres, néanmoins, restent des chiffres fantômes. Inexistants. Ils n’apparaissent jamais. Le métier d’infirmier fait partie des métiers apaisants, curatifs mais aussi préventifs et régulateurs d’une société. Combien de suicides évités, combien de meurtres et d’agressions évités parce-qu’ un patient a été bien reçu, a pu être bien soigné par des soignants suffisamment en forme, suffisamment nombreux, disponibles et attachés à leur métier ?

 

Ce genre de chiffres n’apparaît pas. Ils n’existent pas. Ce travail ne compte pas. On nous parle, à l’hôpital, d’écrire ce que nous faisons. Mais, d’une part, on ne peut pas tout écrire. On ne peut pas écrire et faire et vivre. D’autre part, pourquoi écrire à des personnes qui, de toutes façons, savent surtout voir et lire certains chiffres en particulier ?!

 

 

Je terminerai avec le chiffre deux.

 

Le journal  » Libération » de ce mercredi 27 octobre 2021.

 

Le chiffre deux :

Il y a deux ou trois semaines, maintenant, j’ai participé à une formation. Son but était de présenter l’institution aux nouveaux arrivants qu’elle emploie. Nouveaux arrivants dont je fais partie. Cela m’a donné l’occasion de découvrir de nouveaux lieux mais aussi de rencontrer d’autres personnes employées également par l’institution.Dont Sue….mère de plusieurs enfants, qui doit avoir au moins deux enfants. Sue est agent administratif dans l’institution. Cependant, en discutant avec elle vers la fin de la formation, j’ai appris qu’elle avait été aide-soignante pendant près de 15 ans. Dans un service de gériatrie ou un EHPAD. En quelques minutes, elle m’a alors raconté comment les mercredis, au lieu d’être trois aides soignantes, elle se retrouvait toute seule pour faire les toilettes des patients. Les patients à soulever. L’épaule qui s’abîme. L’arrêt de travail. L’obligation de se faire opérer. Le chirurgien qui lui dit :

 

« Si vous reprenez le travail, je serai obligé de vous opérer l’autre épaule ».

Les démarches ensuite aux Prudhommes. Des démarches difficiles, longues, qui ne lui ont pas tout fait donné raison. La perte irréversible d’une partie de la mobilité de son épaule. 

 

Ce qu’il  y a de notable pour moi, en plus de la destruction de son corps et de son moral, c’est que cette histoire, je sais qu’elle a déjà existé il y a vingt ou trente ans. J’ai déjà fait des toilettes. J’ai porté et soulevé des patientes et des patients pour faire des toilettes dans un service de gériatrie. C’est beaucoup plus difficile à porter que les chiffres avec lesquels on nous tape dessus depuis des années.

 

Ensuite, il y a Dei…une ancienne collègue que j’ai connue il y a vingt ans dans un de mes précédents services. Dans un service de soins et d’accueil urgents en pédopsychiatrie. Dei habite et travaille maintenant dans le sud de la France. Son travail lui plait beaucoup. A seulement dix minutes en voiture de chez elle.

« De toute façon, j’ai toujours été dans des services près de chez moi » me dit-elle.

 

Dei… est infirmière dans un service gériatrie. Des journées de travail de 12 heures. Ce qu’elle aime beaucoup, c’est le « relationnel » avec les patients. Et transmettre aux autres collègues. Elle me dit que travailler en pédopsychiatrie lui a beaucoup appris. Je comprends.

Je sais aussi, depuis trente ans, que s’il y avait plus de personnel dans les services de gériatrie, ce serait très gratifiant d’y travailler pour le relationnel. Mais, classiquement, les services de gériatrie manquent de personnel depuis trente ans. Les jeunes infirmiers diplômés fuient les services de gériatrie.

 

 Lorsque Dei travaille, elle est responsable de….84 patients répartis sur trois services. Dei…m’explique, de bonne humeur, que dans chacun des services, il y a trois aides-soignantes. Divisons 84 par trois, cela donne quoi ? 28 patients par service.

Je n’ai pas poussé pour demander à Dei…si les patients sont suffisamment valides pour se déplacer ou pour se laver en toute autonomie. Déjà, pour moi, une infirmière toute seule pour 84 patients, pendant 12 heures, il y a quelque chose qui cloche. Mais c’est normal. Et ça, ça ne dérange pas nos grands vertébrés des chiffres.

Je ne connaissais pas ce chiffre de 84 patients pour une infirmière avant que Dei…ne me le donne. Malheureusement, ce chiffre comme celui de 3 aides soignantes pour 28 patients ne m’étonne pas, ne m’étonne plus. Avec ce que j’ai pu connaître ou entendre ailleurs. Alors que je devrais être étonné. Mais, même pour moi, ce chiffre est devenu « normal ». Ensuite, lorsque cela dérapera, si ça dérape, on nous parlera de maltraitance d’une soignante ou du personnel.

 

Je lui demande :  » Il y a toujours des kilos de médicaments à donner aux patients ? ». Dei semble alors réaliser :  » Ah, là, là. C’est vrai qu’il y a beaucoup de médicaments à donner… ». Trente ans sont passés pourtant depuis la dernière fois où j’ai travaillé dans un service de gériatrie. 

 

Sur ses 12 heures de travail, Dei…me dit sans amertume que, normalement, elles/ils ont droit à « deux heures de pause ». Mais que, vu le travail à faire, elles/ils ne peuvent jamais prendre ces deux heures de pause.

Où sont nos grands pratiquants du chiffre ? Qu’attendent-ils pour rapidement corriger ce genre de désordre ? Comment peuvent-ils accepter que ça continue ? Sans doute que ces chiffres-là ne leur ont pas été communiqués ou ne leur parlent pas. Sans doute aussi que ce que connaissent Dei…et ses collègues font partie des exceptions. Dans tous les autres services de gériatrie de France, c’est certainement beaucoup mieux.

 

Mieux ? Dei m’apprend que, lorsqu’elle reprend le travail après plusieurs jours de repos, qu’elle arrive à 6h30.( Au lieu de 7h30 qui est son horaire de début normal). Afin de pouvoir bien prendre le temps de lire les dossiers des patients. Je l’écoute. Je ne dis rien. Dei…est heureuse comme ça. Cela fait un peu plus de trois ans qu’elle travaille là.  Elle ne souffre pas. Et, tout le monde est content. Celles et ceux qui pelotent leurs chiffres en permanence et qui font une bonne affaire en étant dispensés de rémunérer tout ce travail abattu gratis par Dei et toutes les infirmières et les personnels soignants et médicaux-sociaux qui lui ressemblent et qui se comptent par….mince, je n’ai pas les chiffres. Donc, ça ne compte pas.

Dei m’apprend aussi que plusieurs de ses collègues ont préféré quitter le service. Plutôt que de devoir accepter de se faire vacciner contre le Covid. Elle ne sait pas où ces anciennes collègues sont parties travailler. Ni comment elles s’en sortent financièrement…. 

Ma compagne, également infirmière, a été suspendue il y a quelques semaines pour avoir maintenu son refus de la vaccination anti-Covid  ainsi que du pass sanitaire. Elle a touché son salaire du mois d’octobre tout à l’heure. Le gouvernement a appliqué ce qu’il avait annoncé cet été en cas de persistance du refus des soignants de se faire vacciner contre le Covid à compter du 15 octobre 2021. Ma compagne a touché pour ce mois d’octobre la somme de 246 euros.

La première page du journal L’Humanité de ce mercredi 27 octobre 2021 nous montre ( à Dieppe)  » des gilets jaunes déçus des mesures du gouvernement ( qui) relancent le mouvement« . Avec ce titre :

Pouvoir d’Achat  » Trois ans après, c’est pire ». En dernière page du journal L’Humanité, un article intitulé Catherine Corsini porte la parole des soignants raconte le passage à la rédaction de la réalisatrice dont le dernier film, La Fracturesorti ce mercredi, raconte, en passant par un service d’urgence hospitalier, les « violences policières » et la « lutte des classes ». 

Le journal  » L’Humanité » de ce mercredi 27 octobre 2021.

Le Journal L’Humanité

 

Après avoir évoqué Elon Musk , lequel incarne le fracas de la réussite sociale et économique, et du monde de la bourse et de l’entreprise,  cette image du journal l’Humanité nous ramène à un média, emblématique du Parti communiste français mais aussi d’un monde tous deux désuets, conquérants hiers ( autant qu’un Elon Musk aujourd’hui) mais qui feraient maintenant trainer leur extinction depuis très ( trop) longtemps.   Là aussi, le contraste est très violent entre la vie de ces gilets jaunes ( dont quelques témoignages dans le journal L’Humanité nous expliquent qu’ils doivent survivre chaque mois avec des sommes comprises entre 830 et 1200 euros par mois) et les triomphes financiers ( et autres) au lance-flammes d’un Elon Musk. Ou d’un Stéphane Bancel, PDG de Moderna. 

Devant cette première page de L’Humanité, comme les quelques autres fois où j’ai pu le lire, mes sentiments restent partagés. Je ne sais pas si le journal est vraiment sincère et aussi optimiste et combattif que je devrais l’être ou que j’aurais dû toujours l’être.

Je ne sais pas si  les causes qu’il embrasse sont des causes qui ressemblent à des causes largement perdues d’avance parce-que le journal lui-même a l’air de tenter le tout pour le tout pour survivre. Et qu’il n’a pas les moyens – auxquels il essaie encore de croire- pour véritablement résister et changer la donne d’une situation ou d’une cause. 

Je ne sais donc pas qui, ici, des gilets jaunes, qui avaient créé un mouvement ( qui avait surpris beaucoup  de « monde » au sein des partis politiques, des syndicats et les média) de contestation sociale, durable, très populaire et très influent il y a trois ans, ou du journal L’Humanité, a le plus besoin de l’autre ?

Le journal l’Humanité qui persiste dans une contrée, une croyance et un langage annexes dont beaucoup de monde a oublié ou rejeté l’usage et l’existence ?

Ou le mouvement des gilets jaunes qui, lui, s’était retrouvé privé de ses appels d’air par l’instauration des mesures gouvernementales de confinement, de couvre-feu, de restriction de déplacement géographique et d’interdictions de rassemblement pour cause, officiellement, d’urgence sanitaire en raison de la pandémie du Covid à partir du mois de mars 2020 ?   ( voir Gilets jaunes, samedi 14 mars 2020)

Pourtant, bien des infirmières et des infirmiers pourraient se reconnaître dans cet article du journal de l’Humanité à propos des gilets jaunes comme dans ce titre :  » Même avec deux salaires, c’est difficile ».

Journal de l’Humanité de ce mercredi 27 octobre 2021.

 

Mais, peut-être que plus que sa mise en page et son langage ringards, que ce qui est le plus reproché instinctivement à l’Humanité, c’est la défaite, la fuite ou la trahison d’une vraie gauche sociale, humanitaire et universelle en laquelle beaucoup trop d’entre nous ont fait l’erreur de croire.

Une faute que le journal L’Humanité porte plus que d’autres média sur ses colonnes. Telle la croix que le Christ a dû porter lui-même. A ceci près que le Christ, s’il a souffert sur le trajet de son supplice, s’il a agonisé,  a bien fini par partir. Même si, c’était pour, officiellement, revenir et ressusciter ensuite. Alors que le journal L’Humanité, lui, même crucifié, désavoué et désertifié, ne trépasse pas.

 

Le pass sanitaire 

 

Le pass sanitaire, lui, devait s’arrêter en novembre de cette année. Désormais, le gouvernement parle , pour cause de « vigilance sanitaire », d’une prolongation du pass sanitaire jusqu’en juin 2022. Ce qui impliquera, bien-sûr, de devoir rester à jour question vaccination anti-Covid. Et, donc, sans doute pour des millions de Français de recevoir une troisième injection de vaccin anti-Covid entre-temps. On a l’impression que depuis le premier confinement, le gouvernement passe régulièrement son temps à demander aux Français de faire plus d’efforts pour le mettre à l’aise, lui. Afin qu’il puisse garder une bonne marge de manoeuvre, confortable, afin de fournir de son côté assez peu d’efforts. Ou pour donner l’illusion et se donner l’illusion qu’il fait de grands efforts lorsqu’il fait quelques gestes. On dirait presque que le gouvernement souffre beaucoup plus que les Français de la pandémie du Covid et de toutes les mesures restrictives qui en ont découlé depuis l’année dernière. Et que c’est plus au chevet du gouvernement qu’il faudrait être qu’à celui des Français. 

 

Dans le journal Les Echos de ce mercredi 27 octobre 2021, à nouveau, le philosophe Gaspard Koenig, président du think tank GenerationLibre s’exprime sur le sujet de la longévité du pass sanitaire dans son article intitulé Vigilance sanitaire et privation de libertés. 

Le journal  » Les Echos » de ce mercredi 27 octobre 2021.

 

Dans cet article, Koenig écrit entre-autres :

 » (….) Pourtant, le gouvernement envisage le renforcement du passe, en le conditionnant à une troisième dose, en donnant aux directeurs d’école des pouvoirs de vérification ( charmante conception de l’instruction publique) ( ….) ».

 

 » (…..) Le ministre de la Santé, qui s’engageait encore en janvier dernier devant la Commission des lois à ne pas recourir au passe, explique aujourd’hui que celui-ci restera en vigueur tant que  » le Covid ne disparaît pas de nos vies ». Autant dire pour toujours. Car la « vigilance sanitaire » pourra indéfiniment être justifiée par un nouveau variant ou sous-variant, une reprise épidémique ici ou là, une énième dose de rappel, ou simplement la probabilité d’apparition d’un nouveau virus. Si l’on accepte ce raisonnement, on discutera bientôt de vigilance sécuritaire ou environnementale. On nous privera de liberté  » au cas où ». François Sureau évoque déja la « dérive autoritaire » de nos sociétés ( …..) ».

 

 » (…) Le plus grand danger est celui de l’accoutumance. Lassés de ces débats anxiogènes, la plupart de nos concitoyens se résignent. Nous nous habituons à demander une autorisation pour vivre notre vie et à nous fliquer les uns les autres. Le gouvernement trouve bien pratique de nous laisser un fil à la patte : pourquoi nous épargner une servitude que nous semblons rechercher ? (….) ». 

La « variation » infirmière

 

Bien-sûr, Sue, l’ancienne aide-soignante, et Dei et toutes celles et tous ceux qui ont travaillé ou qui travaillent dans des conditions à peu près équivalentes, si on leur présente un micro se sentiront souvent illégitimes pour donner leur avis. Ou seront mal à l’aise pour exprimer ce qu’un Ministre, un directeur d’hôpital, une psychologue ou un médecin pourra ou saura dire s’il a ou si elle a à s’exprimer à propos de son propre travail. Donc, là, aussi, ce qu’ont vécu ou vivent Sue et Dei au travail, dans un service de gériatrie ou dans un autre service à l’hôpital ou dans une clinique, ça ne compte pas. ça n’existe pas. Il n’y a pas de chiffres pour ça. On va me parler du nombre des arrêts de travail. Mais toutes les fois où Sue, avant de se démolir l’épaule, avait trop porté ou s’était retrouvée seule. Toutes les fois où Dei a accepté l’inacceptable qu’elle trouve tellement normal qu’elle ne m’en a pas parlé. Cela n’est pas comptabilisé. Cette comptabilité destructrice se décompte dans le corps et dans le moral des soignants.

 

La profession infirmière, une profession qui avance, éclairée par des chiffres qui lui tombent dessus, avec lesquels elle doit faire. Et se taire. Telle une femme battue qui va s’en prendre une si elle se met à parler et à penser. 

 

Franck Unimon, Jeudi 28 octobre 2021.

 

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Cinéma

Même les souris vont au paradis/ un film d’animation de Jan Bubenicek et Denisa Grimmova

Même les souris vont au paradis/ un film d’animation de Jan Bubenicek et Denisa Grimmova

 En salles à partir de ce mercredi 27 octobre 2021. (Je présente mes excuses aux deux réalisateurs pour avoir un peu « francisé » l’orthographe de leur nom de famille).

Parfois, ma fille me demande de chanter, de pratiquer certains jeux avec elle ou de lui raconter une histoire drôle. C’est à nouveau arrivé samedi dernier alors que nous marchions vers la gare. Je lui faisais la surprise de l’emmener voir le film d’animation tchèque Même les souris vont au paradis à Paris, au cinéma Les 3 Luxembourg. Celui-ci faisait partie de la programmation du festival du cinéma tchèque qui a eu lieu du 22 au 24 octobre. Jamila Ouzahir, l’attachée de presse avec laquelle je travaille régulièrement, m’avait fait parvenir des informations concernant ce festival du cinéma tchèque qui allait se tenir. Et, La directrice du festival, Markéta Hodouskova ( je présente à nouveau mes excuses pour le fait de franciser un peu son nom ) a bien voulu nous inviter, ma fille et moi, pour cette séance.

A droite, Markéta Hodouskova ( directrice du festival du cinéma tchèque). Au milieu, le producteur Vladimir Lhotak. A gauche, le producteur Alexandre Charlet. Au cinéma Les 3 Luxembourg, 67 rue Monsieur le Prince, Paris, 6ème. Samedi 23 octobre 2021.

Adultes, avec ou sans enfants, nous pouvons souvent nous concentrer beaucoup sur ce que nous préparons. Quel que soit le projet, nous évoluons alors au moins dans deux temporalités ou dans deux dimensions qu’il s’agit de faire coïncider. Un certain nombre d’actions et de fonctions qui contribuent à la réalisation effective de notre projet. Des actions et des fonctions si familières que nous les faisons souvent sans sourciller, de manière automatique dans l’ordre ou dans le désordre : marcher, faire la vaisselle, prendre un repas, se moucher, s’habiller, se doucher, récupérer nos clés d’appartement, fermer une porte, éteindre la lumière, se brosser les dents, partir.

Tout ça pour arriver à notre action principale, proprement dite qui, ici, consistait à être à l’heure pour la séance à 15h, en se rendant au bon cinéma.

 

Puis, comme c’est le cas dans toute cette organisation usuelle, mais aussi très théorique et individuelle, arrive souvent l’imprévu. Insolite, heureux, amusant ou désagréable. Cela peut être un événement que l’on observe à la périphérie, dont on est le témoin ou la victime.

Ce peut-être aussi un événement dont on est le papa. Car un véritable enfant, et qui se comporte comme tel, même si l’on a choisi de le  concevoir, qu’on l’a voulu et qu’on l’avait donc « prévu », c’est un cortège d’imprévus à lui tout seul. Les enfants nous font régulièrement entrer dans la 3D que l’on y soit prêt ou non. Que l’on aime improviser ou pas. 

Je considère donc que lorsque l’on vit avec un enfant, que lorsque l’on est avec un enfant, qu’il faut disposer d’au minimum trois cerveaux en activité ou qui disposent de la particularité de pouvoir, assez rapidement, nous faire décoller afin de pouvoir nous transporter jusqu’au lieu ou dans la dimension où l’action et l’émotion principale culminent. 

Me mettre à chanter…. je suis en train de penser au billet de train à acheter. A l’heure où nous aurons un train. Au temps du trajet. Au parcours que je visualise. A des calculs plus ou moins compliqués afin d’évaluer si nous serons à l’heure car ma fille a voulu , ce n’était pas prévu , aller à la médiathèque, je ne pouvais pas refuser. En descendant son vélo, ça aussi, ce n’était pas prévu, je ne pouvais pas refuser. Et, là, ma fille voudrait que je chante comme elle vient de le faire alors que nous marchons main dans la main vers la gare…

Je n’ai rien contre le fait de chanter même si, malheureusement, je chante encore très faux. Mais en entendant la requête de ma fille qui venait de m’interpréter une chanson, je me suis aussitôt retrouvé aphone. Cela me rappelle ma première thérapeute, qui, après que je lui aie raconté des moments sensibles et importants de ma vie me demandait :

« Et, qu’est-ce que tu ressens ? ». Ma voix restait alors sur place. Mon cerveau, lui, enregistrait bien sur son registre l’écho de la question. Puis, cet écho, tombait, inerte et abandonné, devant le tombeau qu’était instantanément devenu mon cerveau sans que je ne parvienne à lever le moindre petit doigt. Tandis qu’interdit, je me découvrais complètement infirme et momifié devant une question aussi simple. 

Adultes, nous sommes souvent récompensés lorsque nous avons un cerveau bien dressé.

Un enfant, un film d’animation, pour pouvoir bien se sentir avec lui ou devant lui, nécessite d’avoir encore en soi suffisamment de parties de notre cerveau non dressées.

Non, dans Même les souris vont au paradis, il n’y a pas de chant. Si vous le pensez maintenant, sans avoir vu le film, c’est parce-que je parle tellement de chant depuis le début de cet article, que, d’une certaine façon, et bien malgré moi,  j’ai presque « dressé » ou habitué votre cerveau à penser ou à croire qu’il est question de chants dans cette oeuvre. 

 

Le Cinéma les 3 Luxembourg, samedi 23 octobre 2021, Paris 6ème. Le producteur Alexandre Charlet.

 

Ceci est un paradoxe vivant : les deux expériences, « faire » un enfant, « faire un film d’animation»

( écrire un article ?),  pour qu’elles réussissent dans les grandes lignes, nécessitent tout de même au moins deux aptitudes contraires. Voire davantage.

Organiser, être dressé et dresser. Mais aussi pouvoir permettre, dans une grande confiance et avec un fort sentiment d’optimisme, l’expression de l’inverse. Le chaos, c’est peut-être lorsque l’une de ces deux actions l’emporte trop aveuglément, trop longuement et trop durement sur l’autre.

A gauche, Whizzy, face à elle, à droite, Whitbelly.

 

Samedi, après la projection de Même les souris vont au paradis, les enfants dans la salle ont aimé poser des questions aux deux producteurs présents. Même les souris vont au paradis est le résultat d’une coproduction composée de plusieurs cerveaux européens en provenance de la République tchèque, de la France, de la Belgique et de la Slovaquie. Mais j’ai aussi entendu parler d’une partie du travail qui avait été effectuée en Pologne.

 

Les producteurs Vladimir Lhotak ( tchèque) et Alexandre Charlet ( français) étaient présents, samedi. Deux hommes, deux adultes, deux professionnels, deux techniciens. Mais aussi, sans doute, deux grands enfants. Deux grands enfants qui ont pris la peine de prévenir, avant la projection :

« Certaines scènes peuvent faire peur dans Même les souris vont au paradis mais, à la fin, cela se termine bien ».

J’avais déjà eu l’occasion de croiser des réalisatrices et des réalisateurs de courts métrages d’animation. Et, je m’étais déjà demandé de quoi était fait leur ordinaire. Comment ceux-ci parvenaient-ils à vivre au quotidien en maintenant, vivante et active, en eux, une telle part d’enfance ?

Alexandre Charlet a spontanément répondu à cette question que je n’ai pas posée.J’étais peut-être redevenu parfaitement aphone sous l’effet de mon cerveau très bien dressé. D’ailleurs, après la séance, j’ai été incapable de dire autre chose que   » J’ai bien aimé ». Je n’avais rien d’autre à dire. Je suis resté là, quelques minutes, à côté des deux producteurs et de Markéta Hodouskova, à écouter.  J’ai été totalement incapable ( ou inapte) de saisir la proposition d’interviewer les deux producteurs. Proposition que Markéta Hodouskova m’a faite à deux reprises mais que j’ai décliné en étant assez embarrassé. Au point qu’elle s’est peut-être demandée qui était ce journaliste timoré que j’incarnais.

La technique des films d’animation, d’une façon générale, me livre à ma petitesse. Je ne suis pas technicien. Je ne prétends pas avoir ce genre de compétences. Je ne sais pas dessiner. Je suis épaté par les mondes mais aussi le coup d’oeil que peuvent proposer des dessinateurs « traditionnels ». Alors, des réalisateurs et des concepteurs de films d’animation….

J’ai besoin de croire dans les questions que je pose. Or, avec les films d’animation, on est souvent entre deux ou trois extrêmes : d’un côté, une très haute technicité et une très grande habilité. Au milieu, une très forte créativité. Et, à l’autre bout de la chaine, de l’émotion et de l’enfance en grandes quantités et sur de grandes surfaces : celles que l’on peut se permettre de voir et de retrouver en soi. 

Il y a sans doute des gens, qui, comme lorsqu’ils se rendent à l’opéra, y vont comme s’il s’agissait d’une expérience ordinaire qui consiste à manger des chips, des cacahuètes ou à appuyer sur une chasse d’eau dans les toilettes. Je crois vivre ce genre d’expérience, mais aussi mes relations dans la vraie vie en général, un petit peu différemment. Je les prends assez frontalement. Soit je me barricade , m’illusionne,  ou ne vois d’abord rien. Soit cela m’étreint tout de suite de près, et, ensuite, si je veux pouvoir écrire, j’ai d’abord besoin d’assimiler ce que j’ai vécu. Je n’ai pas l’aptitude mondaine-  oui, c’est une aptitude– de certaines personnes à parler de tout et de rien. Cela se voit tout de suite que je ne suis pas dans le sujet dont on discute ou que je ne suis pas raccord. 

Au cinéma les 3 Luxembourg, le producteur Alexandre Charlet, Paris 6ème. samedi 23 octobre 2021.

 

Le producteur français de Même les souris vont au paradis, Alexandre Charlet, la quarantaine, m’a touché lorsqu’il a dit être triste de voir que le film d’animation Le sommet des dieux réalisé par Patrick Imbert ( sorti en salles le 21 septembre 2021) était aussi peu vu. Une affiche de ce film d’animation était visible dans le cinéma en sortant de la salle. Cela m’a rappelé que j’avais lu de très bons échos à son propos et, aussi, que je ne l’avais pas vu. 

J’ai aussi été surpris lorsqu’Alexandre Charlet a dit, après la projection, avoir à nouveau eu les larmes aux yeux, lorsque, dans Même les souris vont au paradis, le renard Whitbelly se « jette » devant la trop arrogante et inconsciente Whizzy pour la protéger lors d’un certain passage. Car Alexandre Charlet a dû voir et détailler ce film un certain nombre de fois. En tant que producteur, technicien et en tant que personne. Donc, entendre qu’il continuait de ressentir une telle émotion devant ce passage était pour moi surprenant. 

 

J’ai déjà pleuré devant un film. Je n’ai pas pleuré devant Même les souris vont au paradis. De même que je ne suis pas parvenu à chanter en prenant le train avec ma fille pour la séance. Mon cerveau trop bien dressé l’a sans doute emporté, ce samedi.  Mais il m’a aussi permis, malgré ma fatigue, samedi -car j’étais fatigué- de nous faire arriver à l’heure à la séance de Même les souris vont au paradis.

 

J’ai aimé ce film d’animation qui parle de nos peurs, du courage, du sacrifice, du deuil, de la mémoire, de l’amour pour nos parents mais aussi pour nos enfants, de la loyauté, de l’amitié, de l’inconnu, de la mort, de la vie après la mort, de l’existence d’une seconde chance pour tenter de raccommoder nos erreurs et nos pensées passées. 

Je ne me suis pas endormi pendant la séance. J’ai vu ma fille pleurer silencieusement à deux reprises. J’ai mémorisé la première fois et ce qui se passait alors sur l’écran. J’ai aussi pris la main de ma fille dans la mienne. Plus tard, elle m’a confirmé avoir beaucoup aimé ce film d’animation.

Le producteur Alexandre Charlet explique ce que c’est que filmer en stop motion avant la projection de  » Même les souris vont au paradis ». Ce samedi 23 octobre 2021 au cinéma Les 3 Luxembourg, Paris 6ème. A droite, Markéta Hodouskova.

 

Même les souris vont au paradis a été réalisé principalement en stop motion. Le producteur Alexandre Charlet avait expliqué en quoi cela consistait avant le début de la projection. Le film d’animation comporte plus de 120 000 images a-t’il été répondu lors du débat qui a suivi.

 

 

Le résumé de Même les souris vont au paradis  dans le programme du festival commence ainsi :

 

« Après un malencontreux accident, une jeune souris au caractère bien trempé et un renardeau plutôt renfermé se retrouvent au paradis des animaux. Dans ce monde nouveau, ils doivent se débarrasser de leurs instincts naturels et suivre un parcours semé d’embûches vers une vie nouvelle ».

 

Le seul aspect qui me dérange dans l’histoire comme dans ce résumé, c’est le principe de se débarrasser «  de leurs instincts naturels ». J’ai déjà vu ce concept dans un autre film d’animation et j’ai du mal à y croire. Alors, je préfère remplacer les termes « instincts naturels » par le mot «préjugés». Cela me semble plus juste et plus réaliste. Parce-que c’est à cela que mon cerveau dressé d’adulte peut croire. Je ne vais quand même pas raconter à ma fille qu’elle peut devenir amie avec une hyène dans la société humaine ou dans la nature. Je vais plutôt essayer de lui apprendre à la reconnaître sous ses différents aspects et ses différentes intonations. Et, autant que possible, comment échapper à la hyène ou se défendre contre elle. 

A gauche, Markéta Hodouskova et le producteur tchèque, samedi 23 octobre 2021, au cinéma les 3 Luxembourg, Paris 6ème, lors du festival du cinéma tchèque.

 

Hormis ça, je suis bien sûr content d’ être venu. Cette année, je n’avais pas la disponibilité pour voir d’autres oeuvres qui ont été projetées lors de ce festival du cinéma tchèque.

Je suis aussi content d’avoir un peu entendu parler Tchèque après la projection. Même si je ne connais pas cette langue et ne suis jamais allé dans ces régions où l’on parle Tchèque.

Je recommande d’aller voir Même les souris vont au paradis que l’on soit un enfant ou un adulte. Et, cela, qu’on aille le découvrir avec ou sans enfants.

Adulte, on peut préférer aller le voir tout seul. Surtout que certains enfants sont capables de vous demander de chanter pendant la séance. Ou, d’autres, de vous regarder pleurer et de vous demander ensuite de manière très désagréable :

«  Mais qu’est-ce qui t’arrive ?! ».

 

Mais, entraîné par mon cerveau dressé pour composer cet article, j’avais déja oublié presque le principal dans cet article. J’avais demandé à ma fille de faire un dessin ou de m’écrire ce qu’elle avait pensé de Même les souris vont au paradis.Voici ce qu’elle avait écrit le lendemain  : 

«  C’est sympa de voir une souris qui est amie avec un renard. Mais c’est triste de voir Gros Croc tuer le père de Whizzy. Mais si j’étais Whitebelly, je saurais déjà qu’être attaché à Whizzy, je pense que ce ne serait pas pratique du tout. » ( Emmi).

Franck Unimon, ce mercredi 27 octobre 2021. ( avec la participation d’Emmi). 

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Pour les Poissons Rouges

Jay-Z, Basquiat et Beyoncé à Paris, au Châtelet

Paris, 19 octobre 2021, le matin.

 

                          Jay-Z, Basquiat et Beyoncé à Chatelet, ce mois d’octobre 2021

C’est un petit peu une histoire de boulangerie. Non pas que je vous roule dans la farine. Mais parce qu’après une nuit de travail, il y a quelques jours, j’ai repris mon vélo pour bifurquer jusqu’à celle qui est ma boulangerie préférée. Mais aussi mon secret. Pour les croissants au beurre et les pains au chocolat. Je vous en dirai moins sur elle que « sur » Jay-Z et Beyoncé. Bien que je la connaisse davantage que ces deux-là. Je connais davantage l’image de Jay-Z et Beyoncé que ce qu’ils sont véritablement ou ont réalisé en tant qu’artistes, commerçants ou citoyens. C’est le propre des « stars» d’être beaucoup connues pour et par leur image à la suite d’un ou de plusieurs événements auxquels ils ont contribué ou participé. Par ailleurs, c’est sans doute souvent comme ça aussi :

 

On parle beaucoup mieux et plus longtemps de ce que l’on ne connaît pas. Ce que l’on connaît vraiment, c’est d’une telle évidence pour soi qu’on ne le mentionne que très rarement. Et puis, parler seulement de ce que l’on ne connaît pas permet de distraire celles et ceux qui nous regardent et nous écoutent tout en conservant nos secrets que ceux-ci voudraient pourtant peut-être bien connaître.

 

Après un passage dans « ma » boulangerie où tout est fait sur place, les pâtisseries originales, le pain avec de la farine de kamut, d’épeautre et les brioches, j’ai choisi de repasser devant le palais de la justice de l’île de la Cité. Nous avons un palais pour goûter les bonnes choses. Nous avons aussi des palais pour écouter, regarder, commenter, pleurer, endurer, juger et condamner.

Paris, 19 octobre 2021, au matin.

Pendant encore quelques semaines, tous les jours (même le samedi et le dimanche ?), quinze victimes des attentats islamistes du 13 novembre 2015 à Paris viendront témoigner.

Je suis déjà passé une première fois devant ce grand palais. Je suis ce matin-là repassé devant car j’ai le projet de venir assister au moins à une audience. Les tribunaux, comme mon travail d’infirmier en psychiatrie, sont ces endroits où l’envers des corps et des comportements nous montrent un autre monde que celui des jolies vitrines ou, parfois, des fortes poitrines qui nous attirent. Nous avons besoin de jolies vitrines. Du moins sommes-nous éduqués et entraînés pour rechercher pratiquement en exclusivité leur contact et leur proximité. Cela nous anime. Même si chaque fois que nous tombons un peu trop amoureuses et amoureux de nouvelles vitrines, nous nous éloignons toujours un peu plus de nos origines. 

Paris, 19 octobre 2021, le matin.

 

J’avais passé la « frontière » le long de ces barrières de sécurité et des forces de police engagées et je me dirigeais vers Chatelet lorsque j’ai d’abord vu la grosse tête de Jay-Z. Je l’ai toujours trouvé moche. Le phénomène était amplifié avec les locks qu’il portait.

Jay-Z n’est pas le seul moche au monde et dans la vie qui, une fois qu’il a réussi, est devenu très beau et irrésistible. Cela fait au moins vingt ans que Jay-Z, maintenant, est devenu beau et irrésistible. Grâce à sa maestria dans le Rap. Aujourd’hui, on parle moins de lui qu’il y a dix ou quinze ans. Mais il fait partie de ces artistes bien implantés dans le décor. Avoir sa tête surdimensionnée sur une affiche gigantesque à Chatelet, en plein Paris, à quelques minutes à pied d’un tribunal où sont en train de se juger des attentats mondialement connus, n’est pas donné à n’importe qui ! Les personnages Vore et Tina/Reva du très bon film Border d’Ali Abassi ne bénéficieront jamais de tout cet éclairage public.

 

Même s’ils racontent une histoire qui a pu être celle de Jay-Z.

 

C’est de leur faute ! Ils n’avaient qu’à faire du Rap et à se sortir du lot !

 

Mais j’avais mal regardé. Sur l’affiche, Jay-Z n’est pas seul. A côté de lui, il y a Beyoncé. La belle Beyoncé. Sa femme ou sa compagne dans la vraie vie.

 

Une autre affiche, sur le côté, montre le couple autrement. Lui, Jay-Z, assis qui la regarde ou semble la regarder et elle, toute en formes, dans une longue robe noire près du corps, face à nous. Elle fait un peu « potiche », Beyoncé. Sauf que quelques indices nous dissuadent de le penser.

Paris, 19 octobre 2021, le matin.

 

D’abord, Beyoncé est debout alors que lui, Jay-Z, est assis. Donc, elle le domine. Ensuite, en observant un peu mieux le « look » de Sieur Jay-Z mais aussi le fond de l’affiche, on comprend que nous sommes dans une reproduction d’un tableau du peintre Basquiat, d’origine haïtienne. Peintre mort avant ses trente ans et devenu célèbre. Madonna avait connu Basquiat et avait peut-être, ou sûrement, été un moment sa maitresse ou une de ses maitresses.

 

C’était il y a longtemps.

 

Avant que le Rap ne devienne ce qu’il est maintenant aux Etats-Unis et en France. Bien avant que le monde, et Chatelet, n’entendent parler de Jay-Z et de Beyoncé.

Basquiat, de son vivant, avait souffert du racisme. Les poches remplies du pétrole des billets de dollars, il s’attristait de ne pouvoir prendre simplement un taxi dans New-York. Les chauffeurs ne s’arrêtant pas parce qu’il était….noir comme le pétrole. 

Photo d’une des oeuvres de Basquiat, prise fin décembre 2018, lors de l’exposition à la Fondation Louis Vuitton.

 

 

Les locks portées par Jay-Z ont à voir avec celles que portaient Basquiat mais aussi avec celles portées par les Rastas. Si l’on parle des Rastas, alors, on parle du Reggae. De Bob Marley, bien-sûr, l’icône Reggae en occident et dans le monde (même Miles Davis avait joué un titre, My Man’s Gone now , en hommage à Bob Marley après la mort de celui-ci en 1981).

 

De Bob Marley, l’amateur fidèle de vitrines retient souvent qu’il était l’adepte d’un Peace & Love universel. Mais les titres de Bob Marley et le Reggae en général temporisent aussi des violences et des contestations.

 « Europeans stay in Europe and Africans rule Africa ! » avait pu chanter le groupe Black Uhuru dans son titre Wicked Act. Black Uhuru fut un court temps  supposé,  par la voix de Michaël Rose, pouvoir devenir ce qu’avait été Bob Marley. La référence du Reggae dans le monde. Mais le groupe n’a pas résisté à son succès. Et puis, une fois de plus, la musique a changé mais aussi la façon de l’écouter.

 

Le Reggae, mais aussi sa version Dub, est donc une musique qui a la particularité de mettre une bonne ambiance, détendue, faite de Ah-Ah-Ah, et de danse auto-berçante. Alors qu’elle chante souvent la tristesse, une mémoire traumatique, la colère et l’espoir. Le Rap, dans sa constitution et ses origines, lui devrait beaucoup.  Billie Eilish et Aurora ?  

Photo d’une des oeuvres de Basquiat, prise fin décembre 2018, lors de l’exposition à la fondation Louis Vuitton.

 

On est loin de se douter de ce qui compose le Reggae si on ne le sait pas. Ou si personne ne nous l’a raconté lorsque l’on peut voir, par exemple, un Tiken Jah Fakoly, « un ancien », danser sur sa musique.  Je me suis déjà  interrogé sur ce paradoxe qui consiste à danser et à créer une musique dansante pour parler de sujets graves. Mais c’est certainement seulement comme ça que ça peut « marcher » pour attirer et toucher un plus grand auditoire.

 

Danser et sourire

 

 

Presqu’autant que par la pauvreté, la faim, la douleur ou la peur, on devient infirme lorsque l’on devient inapte à danser, à rêver comme à sourire. Mais, au départ, on ne fait pas particulièrement attention à ça, lorsque l’on perd la faculté de danser, de rêver et de sourire ou que celle-ci diminue. Tant que l’on peut continuer à se déplacer de différentes façons et que l’on a à effectuer un certain nombre de tâches qui nous occultent. 

Paris, 19 octobre 2021, le matin.

 

Ces deux grandes affiches de Jay-Z et de Beyoncé ne m’ont ni fait sourire ou danser. Du reste, elles ne sont pas là pour ça. J’ai fini par voir aussi que c’était une pub pour les bijoux Tiffany’s. Et, qui mieux que Beyoncé pouvait porter un collier de la joaillerie de luxe Tiffany’s ? Je n’imagine pas le même collier autour du cou de Jay-Z.

Jay-Z et Beyoncé font partie, depuis plusieurs années, des multimillionnaires. Moi, je fais partie des personnes qui ont régulièrement, depuis des années, un découvert bancaire. Aucun producteur, aucun artiste mais aussi aucune célébrité ou spécialiste de n’importe quel type n’a besoin de mes services. Ma vie et celle de Jay-Z et Beyoncé sont incomparables. Des bijoux de haute valeur, une réussite sociale, artistique et économique, sont des trophées de guerre pour celle ou celui qui, à l’origine, aurait dû se contenter de rester le témoin ou le spectateur des victoires sociales des autres. Avec cette pub, on est très loin du constat amer fait dans le film Retour à Reims de Jean-Gabriel Périot – d’après l’ouvrage de Didier Eribon- où la plus grande partie des personnes issues d’un milieu social modeste et moyen sabordent d’elles-mêmes leurs aptitudes et leurs ambitions. Jay-Z et Beyoncé ont su inverser le processus. Et, sur cette affiche, plus grande que l’endroit où j’habite,  lorsque l’on lève la tête, on voit donc deux pilotes d’essai qui se sont rendus aux bons endroits, au bon moment, avec les bonnes cargaisons, les bonnes munitions et les bonnes intuitions. Celles qui permettent de s’installer, d’être acceptés, de durer, et d’être recherchés pour des facultés particulières : des qualités artistiques et/ou une célébrité maintenue.

 

Ma sœur a néanmoins souligné le paradoxe de la perruque blonde pour Beyoncé. Elle que tant de jeunes femmes noires prennent pour modèle. 

 

Une mesquinerie entre filles, aussi, peut-être. Je n’avais pas remarqué cette perruque blonde. J’ai alors essayé d’expliquer que cette perruque blonde est une mise en scène. La perruque blonde, cela permet d’imiter et de se moquer de la femme parfaite, souvent blonde, dans l’idéal esclavagiste et raciste au moins américain :

« Regardez-moi, une femme noire, une descendante d’esclave ! Je suis devenue plus que votre égale maintenant. Je peux même poser sur ma tête l’attribut de votre féminité dont je fais un postiche si je le veux ».

 

J’ai ajouté que cette robe moulante qui met en avant les  formes désirables de l’assurée Beyoncé peut aussi vouloir dire aux hommes qui la « voudraient » qu’elle leur est incessible. Elle tient toute seule bien que sous le regard de Jay-Z, qui, malgré tout son génie (vu que le peintre Basquiat est désormais considéré comme un génie. Une exposition de ses œuvres s’est d’ailleurs tenue il y a environ deux ans dans la fondation….Louis Vuitton , voir Basquiat   et aussi L’exposition )      est un peu à la renverse devant elle.

Photo d’une des oeuvres de Basquiat, prise fin décembre 2018, lors de l’exposition à la fondation Louis Vuitton.

 

Ma sœur n’a pas été très convaincue par mon analyse. Et, je ne vais pas me faire plus intelligent que je ne le suis. On peut projeter tout un tas d’intentions dans ce que l’on regarde et ce que l’on entend. On peut se raconter tout un monde qui n’existe pas, finalement. J’ai choisi le titre de cet article en mettant Jay-Z devant car si j’avais mis le prénom de Beyoncé au début, nous aurions buté un peu sur le son « B » de son prénom. ( J’avais d’abord intitulé cet article Jay-Z et Beyoncé…avant de finalement rajouter plusieurs plusieurs photos des oeuvres de Basquiat ainsi que son nom au titre). 

Alors qu’en mettant le son de Jay-Z, d’abord, ça glisse mieux. Je le précise en vue de répondre à d’éventuelles critiques « féministes » ultérieures de mon titre. Lorsque je serai « connu ».   

Bien-sûr, je n’ai pas pensé à tout ça, dehors, devant ces affiches. J’ai juste été happé par leur vision imprévue. On se rappelle qu’au début, tout ce que je voulais, c’était, après une nuit de travail, reprendre mon vélo, changer d’itinéraire afin de pouvoir retourner dans une boulangerie ; repasser devant le tribunal où se jugent les attentats du 13 novembre 2015. Puis, prendre mon train de banlieue afin de rentrer chez moi.  Je me suis trouvé subitement devant une image agrandie d’un rappeur que j’ai reconnu. Je me suis arrêté. J’ai pris des photos. Ensuite, le lendemain matin, je suis revenu pour reprendre en photo une de ces deux affiches sous un autre angle, le long de la Seine, car, la veille en retournant au travail par un trajet inhabituel, j’avais remarqué que l’on pouvait la voir différemment. Voici les faits. Peut-être que dans les jours qui viendront, je me ferais poser des rajouts pour avoir des locks ou adopterais-je une perruque blonde, ceci est une supposition. 

Paris, le 20 octobre 2021, le matin.

 

Franck Unimon, dimanche 24 octobre 2021.

 

 

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self-défense/ Arts Martiaux

Servir

Gare de Paris St-Lazare, septembre ou octobre 2021.

 

                                                          Servir

Le Cerveau humain

 

 

Au cours de mon article Trois Maitres + Un , je me suis escrimé à expliquer que je recherchais des Maitres qui pourraient me permettre de me bonifier. Et, que je n’étais pas un esclave recherchant son Maitre esclavagiste.

 

Si, en tant qu’homme à peau noire et de condition sociale moyenne et commune,  je préfère sans hésitation vivre aujourd’hui plutôt qu’il y a deux cents ans en France, en repensant un tout petit peu tout à l’heure à l’article Trois Maitres + Un , j’en suis arrivé à la conclusion que, quoique nous pensions, souhaitions et affirmions, nous servons des régiments de Maitres depuis le commencement de notre existence.

 

Et, cela a sans doute toujours été pour l’être humain. Quelle que soit sa couleur de peau, sa culture, ses rites, son ethnie ou sa géographie. Au point que, rapidement, on s’y perd parmi tous ses Maitres que l’on sert.

 

D’abord, en nommant mon précédent article Trois Maitres + Un, je me suis trompé. Officiellement, si je me réfère avec exactitude à des Maitres d’Arts martiaux que je suis allé rencontrer, ou avec lesquels j’ai pratiqué une séance sous leur responsabilité, c’est plutôt Quatre Maitres + Un que mon article aurait dû avoir pour titre.

 

Car j’avais oublié de mentionner Sifu Roger Itier qui est le premier Maitre que j’avais fait la démarche d’aller rencontrer. Avant Sensei Jean-Pierre Vignau.

 

Je n’oublie pas mon premier prof de Judo, Pascal Fleury, désormais Sensei. Sauf que, comme je l’ai expliqué, Pascal n’était pas Sensei quand j’ai débuté le judo, il y a trente ans, sous son égide. D’abord à l’université de Nanterre après mes études d’infirmier puis, très vite, sur sa suggestion, dans le club où il enseignait- et enseigne toujours- le judo à Paris, au gymnase Michel Lecomte, à la suite de sa « petite » sœur, la championne olympique de judo, Cathy Fleury.

 

 

Et, je vais aussi me servir de cet « oubli » de Sifu Roger Itier pour constituer mon article.

 

Le cerveau humain, notre cerveau, tel que nous l’utilisons généralement, peut se concentrer sur un nombre limité d’opérations. Des neurologistes pourront l’expliquer. Des magiciens ou des arnaqueurs, aussi. Pour ma part, c’est la lecture récente d’une interview d’un magicien, qui utilise aussi l’hypnose lors de ses spectacles, qui me l’a rappelé. Mais certains réalisateurs de cinéma savent aussi jouer avec les angles morts de notre regard et de notre cerveau pour mieux nous surprendre et nous «manipuler», avec notre consentement, pour nous divertir.

 

Dans mon article Trois Maitres + Un , j’ai oublié de citer Sifu Roger Itier parce qu’au delà d’un certain nombre d’informations, notre cerveau fait le tri pour se fixer sur celles que nos pensées et nos émotions distinguent comme prioritaires en fonction de la situation. Et, aussi, parce-que, d’un point de vue affectif, si je reconnais l’expertise de Sifu Roger Itier, sa très grande culture, sa maitrise pédagogique et sa très bonne qualité d’accueil, je me sens plus attiré par des arts martiaux « japonais ». Même si j’ai un peu appris que certains arts martiaux « japonais », tels que le karaté, doivent beaucoup à des arts martiaux chinois. Mais, aussi, simplement, que les arts martiaux, d’où qu’ils  « sortent », peuvent se compléter ou complètent l’éducation et la formation de ces mêmes Maitres d’Arts martiaux que j’ai pu citer ou que je peux regarder.

 

Je sais par exemple que Sensei Jean-Pierre Vignau, Sensei Léo Tamaki, Sensei Régis Soavi et sans doute Sifu Roger Itier ont tâté, pratiqué, de plusieurs arts martiaux et sports de combats, souvent en parallèle, pendant environ une dizaine d’années à chaque fois avant de « s’arrêter » à un moment donné sur un Art martial plus spécifiquement. Je ne connais pas suffisamment le parcours martial de Sensei Manon Soavi pour en parler. 

 

Le spectateur ou l’admirateur lambda, devant des Maitres d’arts martiaux ou devant des pratiquants émérites de sports de combats, va peut-être principalement retenir l’éclat physique ou sportif de la performance réalisée. Sauf que cette « performance » physique ou cette espèce d’alchimie martiale devient possible techniquement,tactiquement et d’un point de vue fonctionnel du fait  d’une pratique régulière et multipliée.

 

Grâce à cette pratique régulière multipliée, voire démultipliée, le cerveau de l’auteur ou de l’autrice de la « performance » a évolué au point de pouvoir se permettre des connexions et des créations de solutions psychomotrices quasi-instantanées. Lesquelles solutions quasi-instantanées sont adaptées à des situations de danger et d’impasse que le spectateur ou l’admirateur lambda, placé devant dans les mêmes situations, aurait peut-être autant de possibilités de réussir que nous n’en n’avons de gagner au loto lorsque nous y jouons pour la première fois.

 

Ces connexions et créations cérébrales quasi-instantanées « harmonisées » avec les aptitudes physiques et émotionnelles de leur autrice ou auteur ne sont pas des analyses d’ordre économique ou philosophique qui découlent de statistiques ou de modélisations préétablies. Mais bien des adaptations humaines en temps réel. Une situation se présente avec son lot de stimuli et d’informations diverses et pressantes, le pratiquant « élargi » par ses expériences- et son évolution qui en a résulté- réagit et s’adapte assez vite. La pratiquante ou le pratiquant « élargi » et qui s’est bonifié ne tergiverse pas pour prendre telle décision. Pour réaliser et s’engager dans telle action- adéquate- à tel moment. Elle ou il ne se dit pas : «  Oh, non, si je fais ça, je vais rater mon métro qui arrive à  telle heure » ; « Oh, non, je vais salir mon beau pantalon blanc tout neuf que j’ai pris beaucoup de temps  à repasser ».

 

Cette façon de s’adapter à des situations de plus en plus délicates, à mesure que l’expérience du pratiquant augmente, se transpose dans notre vie de tous les jours. Et dans tous les métiers où dans tous ces moments où nous avons certaines responsabilités. Une motarde régulière- et prudente– depuis une dizaine d’années aura certainement plus d’aptitudes à garder son sang froid et à prendre les bonnes décisions si un automobiliste déboite subitement devant elle comparativement à un jeune motard chien fou persuadé d’être un champion du monde de moto. D’un côté, vous aurez une personne compétente qui saura déjà respecter les bonnes distances et se rappeler qu’elle est mortelle. D’un autre côté, vous aurez un meurtrier ou un suicidaire qui s’ignore.

 

Avec cette illustration, il serait facile de résumer en se disant que ce jeune motard est l’esclave de son ego. S’il n’y avait que l’ego qui soit notre Maitre….

Car si nous avons des Maitres assez permanents tels que notre ego, nous avons aussi, je trouve, d’autres Maitres, seulement transitoires, mais néanmoins persistants dans notre existence.

Point de vue depuis la butte d’Orgemont, à Argenteuil, septembre 2021.

 

En emmenant ma fille à l’école, ce matin

 

Nous sommes un lundi. Comme beaucoup d’adultes, ce lundi matin, j’ai emmené ma fille à son école. La pandémie du Covid semble derrière nous. Même s’il reste encore bien des gestes (port du masque à certains endroits, rappels de l’obligation du pass sanitaire ou de la nécessité de la vaccination contre le Covid sur des écrans de la ville ou dans des spots d’informations dans les trains ou dans les gares…) l’ambiance générale, depuis fin aout, début septembre, consiste sans ambiguïté à « tourner la page ». Aujourd’hui, dans les journaux, il faut chercher – quand il y en a- des articles relatifs au Covid et aux vaccins ou traitements anti Covid. En France, dans les média, on ne parle pas trop non plus de la catastrophe sanitaire aux Antilles ou dans les Dom du fait du Covid parce-que la majorité des gens n’y sont pas vaccinés contre le Covid. En abordant à nouveau le sujet de la pandémie, alors que la majorité des gens l’a aujourd’hui délaissé, je « montre » que la pandémie du Covid est en partie restée Maitre de certains endroits de ma mémoire. Même si, hier, chez moi, je n’ai rien fait de délibéré pour, parmi plusieurs piles de journaux, retomber sur un ancien exemplaire du journal gratuit 20 Minutes daté du 9 juin 2021.

La première page du journal gratuit  » 20 minutes » du 9 juin 2021.

 

Dans cet exemplaire du journal gratuit 20 minutes, en première page, on faisait allusion de façon décontractée à la fin  fin du confinement. Plusieurs pages plus loin, le sujet portait sur la réouverture des terrasses et des restaurants dans l’article Une forme de libération pour les relations.  Et un ou deux autres articles traitaient aussi du Covid et de ses à côtés : les relations amoureuses (l’article Un vaccin pour avoir sa dose « d’amour et de sexe » ), une infirmière «  soupçonnée de fournir des certificats de vaccination…sans avoir vacciné ».

 

 

Un autre article, « Le télétravail entraîne un vrai changement de culture » abordait, lui, la stratégie suivie par certaines entreprises pour remédier au confinement de ses employés. La veille, le 8 juin, «  au cours d’un déplacement à Tain-l’Hermitage »  (dans la Drôme), le Président Emmanuel Macron s’était fait «  gifler par un homme présent dans la foule ». L’article La Classe politique encaisse les claques en parle.

 

C’était seulement il y a quatre mois. Cela m’a paru très très loin.

 

La perception du temps et des événements  par notre cerveau nous permet aussi d’évacuer plus facilement certaines expériences, ultra sensibles il y a quelques mois, anecdotiques quelques mois plus tard. C’est souvent pareil avec les histoires d’amour ou chargées d’affectivité et d’émotions particulières. Sauf lorsque l’issue a été trop douloureuse.

 

Le cerveau des personnes victimes d’un stress post-traumatique, telles que celles victimes des attentats du 13 novembre 2015 dont le jugement se poursuit à Paris, lui, continue de vivre et de revivre l’événement traumatique comme s’il était toujours présent et, aussi, comme s’il pouvait à nouveau se reproduire.  Pour certaines de ces victimes, leur cerveau a comme perdu de sa plus grande capacité à recevoir de nouvelles informations, plus apaisantes, de la vie et du monde. Le 9 juin 2021, pour beaucoup de personnes et moi, cela paraît déjà très loin. Le 13 novembre 2015, pour les personnes qui ont vécu ces attentats ou qui en ont été traumatisées, c’est encore tout « frais » ou encore « trop chaud ».

 

 

Comme il n’y a pas eu d’incident ou de surprise extraordinaire pour moi alors que j’ai emmené ma fille à son école, mon cerveau a déjà oublié une bonne partie de ce qui a pu se passer durant le trajet pour retenir certains aspects du réveil de ma fille, de ses préparatifs et de ce qui s’est passé ou dit jusqu’à l’école. Ma fille, bien-sûr, aura sûrement une mémoire différente de ce qui s’est passé. Et, elle m’en parlera peut-être un jour ou peut-être cette après-midi lorsque je retournerai la chercher.

 

Il est néanmoins un « événement » qui m’a marqué alors que je revenais de l’école.

Photo prise à Cergy-St-Christophe, début octobre 2021.

 

L’événement qui m’a marqué :

 

En revenant de l’école, j’ai cru faire une bonne affaire en déplaçant ma voiture afin de la rapprocher de chez nous, dans la rue. J’ai donc pris ma voiture, me suis retrouvé derrière une file d’autres véhicules qui attendaient au feu rouge. Puisque c’était l’heure de pointe où beaucoup de personnes partaient au travail. Alors que je reprendrai le travail demain, de nuit.  

Dans la rue, plus proche, où je croyais avoir vu deux bonnes places, en fait, il n’y avait pas de quoi se garer. Il y avait bien un espace vide les deux fois entre deux voitures. Lorsque j’avais aperçu ces deux espaces à une vingtaine de mètres au minimum en emmenant ma fille à l’école, j’avais cru qu’il y avait de quoi se garer. Ordinairement, je ne me trompe pas. Ce matin, je me suis trompé. J’ai donc dû repartir et me garer ailleurs. Presque aussi loin que là où j’avais garé ma voiture initialement. Puisqu’entre-temps, une automobiliste ou un automobiliste avait rangé sa voiture là où était encore la mienne avant que je ne décide de la déplacer. Ce genre de déconvenue arrive. Il y a pire. Même si j’aurais pu me contenter de laisser ma voiture là où elle était au départ, bien garée. Mais un peu loin de chez moi.

 

Avant de rentrer, je me suis décidé pour aller m’acheter des lames de rasoir. Je me suis rasé hier soir. Et, j’avais envie de prévoir. Lorsque j’éprouverai à nouveau le besoin de me raser, c’est agréable de savoir que l’on a ce qu’il faut sous la main. C’est ici que ça commence.

 

Des lames de rasoir, j’en achète depuis des années. Il n’y a pas de risque mortel à aller acheter des lames de rasoir. Il n’est pas encore nécessaire de pratiquer un art martial ou un sport de combat, ou de courir très vite, pour aller acheter des lames de rasoir au péril de sa vie.

Mais, ce matin, j’ai eu soudainement besoin de me demander :

 

« Et, si, un jour, il n’y a plus de lames de rasoir, je ferais comment ? ». Aussitôt, je me suis dit. Hé bien, je ferais sans doute sans. Je porterais davantage la barbe. Mais comme il y a les lames de rasoir que je recherche près de chez moi en attendant, j’y vais. C’est là où j’ai retrouvé un de mes très nombreux Maitres. Un supermarché.

 

Pendant que j’y étais pour m’acheter des lames de rasoir, j’en ai « profité », aussi, pour m’acheter un peu de chocolat.

 

J’en ai profité ? Qui en a véritablement le plus profité ?

 

Le supermarché est un Maitre qui, comme chaque Maitre, a ses particularités. Lui, ses particularités, c’est qu’il est  toujours au même endroit. Ou très facilement reconnaissable, comme ses « jumeaux », lorsque je vais dans un autre endroit, une autre ville. A certaines heures ouvrables.

Ce supermarché, près de chez moi, je l’ai aperçu un jour, comme une de ces places de parking vides ou que j’ai crues vides, près de chez moi. Mon cerveau l’a localisé et mémorisé. Et, dès que j’ai besoin de quelque chose en particulier que je sais pouvoir trouver chez lui, j’y vais. Aux heures ouvrables que j’ai aussi mémorisées. Elles sont souvent faciles à retenir pour mon cerveau.

 

On peut bien mettre une petite musique d’ambiance choisie, modifier la disposition des rayons, changer en partie le personnel (j’ai appris ce matin qu’un des vigiles sympathiques qui me demandait assez régulièrement «  Et, comment, elle va, la petite ? » est parti depuis au moins six mois, du jour au lendemain, et qu’il travaille maintenant à Paris), j’y retournerai. Je suis un client que l’on pourrait appeler « fidélisé » ou suffisamment fidélisé. 

 

Je « viens » moins souvent qu’auparavant. Parce qu’entre temps, j’ai commencé à fréquenter d’autres Maitres, un peu plus éloignés, qui me donnent le sentiment d’être moins chers et de me faire  économiser lorsque je réalise de « grandes courses ». Mais, aussi, peut-être, parce-que ma fille ayant grandi, je m’autorise plus facilement, aujourd’hui, à augmenter mes distances de déplacement lorsque je pars faire des courses.

 

Néanmoins, dès que je veux effectuer de petites courses rapides près de chez moi, surtout aux heures assez creuses, je retourne chez ce Maitre. Ainsi que chez un ou deux autres, dont un petit marché, pas très loin de chez moi. Et ça tourne comme ça.

Paris 20ème, octobre 2021.

 

« Mon but, c’est de décourager ! »

 

 

J’ai bien sûr plus d’estime personnelle pour les Maitres d’Arts martiaux que j’ai cités récemment que pour les supermarchés. Néanmoins, ma vie, telle que je l’ai choisie et telle que je la pratique depuis des années, depuis mon enfance, me rend mes Maitres supermarchés ou marchés indispensables. On parlera de la société de consommation, et dans ce domaine, mes Maitres supermarchés et marchés, en connaissent des rayons, c’est vrai.

 

Et, malgré les travers que ces Maitres entretiennent en moi, je ne me rêve pas encore vivant isolé à cinquante kilomètres de la première bourgade où je pourrais acheter un peu de pain et un peu de beurre. Car nous  avons tellement d’autres Maitres par ailleurs que nous avons adoptés avec les années dont certains ont déjà pris le relais de plusieurs de nos Maitres « traditionnels » ou « classiques ». La télévision, nos téléphones portables, nos ordinateurs, internet, nos employeurs. Certaines de nos relations et de nos habitudes. Notre ego.

 

Sensei Jean-Pierre Vignau m’avait dit, lors d’une de nos premières rencontres :

 

« Mon but, c’est de décourager ». Plusieurs mois plus tard, je continue de repenser à cette phrase de temps à autre. Pour moi, le but de Jean-Pierre est de décourager l’ego. Pourquoi viens-tu pratiquer ? Tes intentions sont elles sincères ? As-tu vraiment besoin de pratiquer avec moi ? Pourquoi ?! Si tes intentions sont profondes et que c’est le moment pour toi, tu tiendras. Autrement, tu partiras.

Jean-Pierre peut être décrit comme « un personnage » ou perçu comme un « malade mental » du fait de certaines de ses positions. Mais, jusqu’alors, Jean-Pierre m’a toujours bien accueilli. Je suis allé le rencontrer les deux premières fois chez lui. C’était en plein confinement. J’ai lu sa biographie ainsi que le dernier livre sorti à son propos.

 Si j’ai cru percevoir une première pointe d’animosité ou de contrariété chez lui, mais qu’il a vite réfrénée, c’était au téléphone il y a quelques semaines. Quand je venais de lui apprendre que je n’étais pas – alors- vacciné contre le Covid et que, de ce fait, je ne pouvais pas pour l’instant, prendre des cours avec lui. Le Jean-Pierre que je suis allé saluer la semaine dernière- j’étais alors doublement vacciné contre le Covid- après avoir passé du temps au Dojo Tenshin- Ecole Itsuo Tsuda était à nouveau un Jean-Pierre, disposé et simple. S’absentant de son cours quelques instants pour venir me saluer. Visiblement touché par ma visite. Paraissant aminci. Ce qu’il m’a confirmé, me répondant simplement :

 

« J’ai perdu cinq kilos car je voulais maigrir ».

 

Sensei Jean-Pierre Vignau a 75 ans peut-être un peu plus. Sensei Régis Soavi, 71. Souvent, je trouve, les Maitres d’Arts martiaux vivent vieux. Au delà de 80 ans. Néanmoins, le Temps est un de nos Maitres. Et, si nous avons tous des Maitres, il est des périodes dans notre vie où nous avons la possibilité de choisir de servir certains de nos Maitres plutôt que d’autres.

 

Servir

 

Choisir sa ou son Maitre, c’est, aussi savoir la servir ou le servir. Ce verbe, « Servir », est virulent dans une démocratie. Servir/Maitre, là, aussi, on a de quoi avoir peur. On peut penser à la servilité, à la servitude. Et, pourtant, nous servons tous quelqu’un ou quelque chose. Mais, là, aussi, il importe de savoir qui, quand et pourquoi.

 

J’aurai pris beaucoup de temps, deux ou trois mois, pour lire la biographie de l’ancien officier légionnaire parachutiste Helie de Saint Marc, écrite par un de ses neveux, l’historien Laurent Beccaria.

 

 

Beccaria, mon aîné de cinq ans, est né en 1963. Helie de Saint Marc, décédé aujourd’hui, était encore vivant lorsque Laurent Beccaria, historien de formation, lui a consacré cette biographie en 1988. Beccaria avait alors 25 ans lorsqu’il a confronté Helie de Saint Marc à plusieurs épisodes de sa vie. De Saint Marc, né en 1922, avait 66 ans en 1988. Il est décédé en 2013.

 

 Beccaria, pour la rédaction de cet ouvrage, avait aussi rencontré diverses personnes, dont des militaires de carrière, qui avaient connu Hélie de Saint Marc. A l’époque, où, à peine majeur, celui-ci était devenu résistant sous l’occupation nazie. Pendant sa déportation au camp de concentration à Buchenwald. Pendant la guerre d’Indochine. Pendant la guerre d’Algérie où Hélie de Saint Marc avait fait partie des officiers militaires qui, sur sollicitation du Général Challe,  avaient organisé le putsch contre le Général de Gaulle en Algérie en avril 1961 afin que celle-ci reste française.

Les intentions de Helie de Saint Marc (lesquelles intentions n’étaient pas partagées par d’autres « putschistes » qui, eux, voulaient surtout garder l’Algérie au bénéfice exclusif de la France et des Français) étaient de sauver les harkis de l’exécution qui les attendait en cas d’indépendance de l’Algérie. De donner plus de droits aux Algériens à égalité avec les Français. Ainsi que d’assurer la victoire militaire de l’armée française. Helie de Saint Marc fut ensuite jugé pour avoir participé à ce putsch, condamné, puis réhabilité dans ses droits dix à quinze ans après sa condamnation.

 

La vie et la carrière militaire d’un Helie de Saint Marc, qui a aussi écrit des livres plutôt reconnus pour leur valeur de témoignage comme pour leur valeur littéraire, sont faites d’un engagement et d’une loyauté qui dépassent largement ceux de l’individu lambda, qui, comme moi, tout à l’heure, est allé tranquillement s’acheter ses lames de rasoir dans un pays en paix.

 

Helie de Saint Marc avait choisi cette vie de militaire puis de légionnaire parachutiste. Avant cela, il avait été déporté, avait failli mourir deux ou trois fois pendant sa déportation à Buchenwald. Sans ce vécu de déporté, donné à la faim, à la maladie et à l’impuissance,  peut-être n’aurait-il pas eu, ensuite, cette volonté de s’engager comme il l’a fait dans l’armée. Ou en tant que militaire et légionnaire, il a ensuite tué. Ainsi que commandé dont des légionnaires de nationalité allemande, qui, quelques années plus tôt, au camp de Buchenwald, auraient pu faire partie de ses tortionnaires.

En tant que militaire, il s’est aussi lié avec des populations indigènes. Il a également été blessé. Il a vu mourir. Puis, sur ordre, en Indochine, Il a dû abandonner des personnes qui s’étaient engagées pour la France tout en sachant, comme d’autres, que toutes ces personnes qui s’étaient dévouées à la France, allaient être exécutées par les vainqueurs du conflit.

 

En Algérie, De Saint Marc a à nouveau commandé, sans doute tué et fait tuer. Vu à nouveau mourir. De Saint Marc était opposé à la torture. Et, s’il a connu ou croisé le lieutenant Le Pen, le père « de », leurs opinions politiques et humanitaires étaient différentes. Dans la biographie de Laurent Beccaria, témoignages à l’appui de militaires mais aussi de journalistes, De Saint Marc est décrit comme un « idéaliste » mais aussi comme le contraire d’un fanatique. 

 

Toutes les personnes qui, aujourd’hui, demain ou hier, en France ou ailleurs, militaires ou non, ressemblent à Helie de Saint Marc et qui sont prêtes à mourir pour servir un pays ou des valeurs sont à mon avis plus libres que l’individu que je suis qui a peur de se faire mal mais aussi de la mort.  

 

Pourtant, à mon niveau, comme chaque individu lambda, je sers aussi quelqu’un ou quelque chose. La loyauté et l’engagement, on les retrouve aussi chez toute personne impliquée et consciencieuse dès lors qu’elle va chercher à assumer une responsabilité qui lui est confiée. Un Maitre d’Art martial, un militaire, un pompier, un policier, un gendarme évoluent dans ces activités humaines où des femmes et des hommes engagent ou peuvent engager directement leur corps et leur vie en poussant la loyauté et l’engagement plus loin que l’individu lambda. Le terroriste et le fanatique, aussi.

 

 

D’où l’importance de savoir choisir ses Maitres lorsque l’on commence à servir. Mais pour pouvoir choisir ses Maitres, il faut déjà comprendre que nous avons besoin de Maitres. Or, comme l’a dit Sensei Jean-Pierre Vignau, «  avant de m’appeler Maitre, il faut déjà en avoir connu plusieurs ».

 

Connaître un Maitre, le fréquenter, et apprendre à se connaître, puisque c’est souvent pour cela que l’on va vers un Maitre, cela prend du temps. Cela ne se fait pas en quelques clics, quelques flirts et quelques sms. Donc, connaître plusieurs Maitres, plusieurs vies….

 

Servir, ensuite. Un militaire, un pompier, un policier ou un gendarme n’ont pas beaucoup de latitude pour ce qui est de décider de choisir qui elles ou ils vont servir. Que ce soit leurs supérieurs directs ou politiques. Elles et ils ont le choix entre obéir. Mourir. Vivre. Réussir. Echouer ou démissionner. L’employée ou l’employé lambda qui part tranquillement faire ses courses au supermarché….

 

 

Franck Unimon, lundi 18 octobre 2021.

 

 

 

 

 

Catégories
self-défense/ Arts Martiaux

Trois Maitres + Un

 

Paris, station Opéra, octobre 2021.

                                               Trois Maitres + Un

 

Le Contexte :

Trouver l’album de musique qui va nous faire bien débuter la journée correspond peut-être à la profession de certaines personnes. De ce choix  peut découler une ribambelle d’incidences et d’influences.

Ce matin, mon choix se porte finalement sur l’album Live at Hammersmith en 1979 de Ted Nugent. Un cd emprunté hier. Je n’ai jamais écouté d’album de Ted Nugent mais j’ai entendu son nom il y a des années. Peut-être dans les années 80. Ted Nugent, ce matin, a supplanté l’album Celebration des Simple Minds. Dont j’ai trouvé le premier titre trop « dansant ». Une danse froide. Mais aussi l’album Addiction de Robert Palmer ainsi que le Cd The Best of Bond…James Bond sur lequel ne figure pas le titre interprété par la chanteuse Adele que j’aurais aimé réentendre.

Si Ted Nugent avait « échoué » au casting, j’aurais alors essayé l’album Live de The Clash From Here to Eternity. Mais Ted Nugent l’a emporté. En écoutant plusieurs de ses titres alors que j’effectuais des étirements, je me suis avisé que lui, comme bien des artistes qui ont « réussi », sont souvent des personnes qui, malgré bien des difficultés souvent adverses, sont parvenues à leur substituer le succès. Economique, artistique, social. Un artiste qui « réussit » est souvent une personne qui su conserver une certaine liberté ( même si celle-ci tient à coups de substances, de désagréments, de compromissions, d’opérations de communication ou de publicités, de trahisons) qui, le plus souvent, manque à celles et ceux qui l’écoutent, le  désirent,  le « dévorent » ou le regardent, et qui, près ou loin de la scène « communient » avec lui le temps d’un concert ou d’une représentation publique de quelques minutes ou de quelques heures.  

 

Comme tant d’autres, je ne suis pas Ted Nugent. Et, demain, je vais reprendre « le travail » : celui que l’on désigne le plus souvent en premier du fait de ses caractéristiques obligatoires. Tant d’un point de vue financier que moral. Si mon travail a peut-être plus de points communs que je ne le crois avec celui d’un artiste comme Ted Nugent, mon travail bénéficie de beaucoup moins d’aura. C’est celui d’un employé comme il en existe des millions.

 

Au cours de la durée d’une certaine activité professionnelle et personnelle, comme des millions d’autres individus, j’accepte d’être l’employé de quelqu’un, de plusieurs interlocuteurs ou d’une institution, et de partager avec eux un certain nombre de valeurs et d’objectifs à atteindre. Je m’appliquerai à faire de mon mieux en vue d’être, quelles que soient les circonstances rencontrées lors de l’exercice de mes fonctions, conforme à ces valeurs mais aussi attaché à la réalisation des objectifs définis, prédéfinis lors de mon embauche. Ou redéfinis après mon embauche. 

 

J’offre ou donne une partie de ma disponibilité, de ma bonne volonté comme de mes capacités et compétences en vue de percevoir un salaire ou une rémunération. Laquelle rémunération me permet et me permettra, ensuite, de continuer de satisfaire ou de faire face à d’autres obligations. Mais, aussi, de m’accorder quelques plaisirs ou de préparer certains projets ( comme, peut-être, prendre une place dans une machine à remonter le temps afin d’aller assister en direct à ce concert de Ted Nugent). De manière immédiate ou différée. En pouvant m’acquitter rapidement de la somme financière attendue. Ou en demandant et en obtenant un crédit que je m’engagerai, après signature d’un contrat, à rembourser régulièrement pendant un  certain laps de temps.

 

Il est d’autres sortes de travail que nous effectuons régulièrement en parallèle ou, aussi, un peu en même temps. Au « travail », nous continuons de penser à notre vie personnelle. Sauf si nous sommes trop absorbés par notre tâche ou notre « travail » par choix ou par contrainte.

 

Afin de vivre au mieux ce travail, il est préférable que celui-ci corresponde au mieux à nos croyances comme à la plus grande partie de nos valeurs. C’est encore plutôt le cas pour moi là où je travaille actuellement. Même si rien n’est parfait dans le monde du travail comme ailleurs.

Paris, octobre 2021.

 

 

Cependant, avant de reprendre « ce » travail demain, dois-je ranger tous les journaux que j’ai accumulés depuis plusieurs semaines et qui font plusieurs piles près de mon lit ? Alors que je les ai parcourus comme une souris grignoterait tous les rebords ( et un peu le cœur ) du pain sans s’attaquer aux tranches elles-mêmes.

Dois-je retranscrire au propre – et trier- les nombreuses notes que j’ai prises la semaine dernière lors de deux jours de formation professionnelle pour lesquelles j’ai choisi de revenir sur mes jours de vacances ? Deux jours de congés que je récupèrerai plus tard.

Dois-je d’ores et déjà commencer à préparer mon sac pour partir au travail demain vu que j’effectue une partie de mon trajet avec mon vélo ?

Pourrais-je, ce soir, me rendre à Paris, du côté de Mouffetard, à la dernière représentation d’une très grande artiste lors d’un spectacle de marionnettes ?

Pourrai-je rapidement, et correctement, écrire au moins deux autres articles après celui-ci :

Embrigadement  et Les principales vertus du combattant dont les idées me sont aussi advenues ce matin ? Sachant que je n’ai toujours pas rédigé d’article sur le ciné débat avec Jean-Gabriel Périot ; que je n’ai pas écrit d’article sur le dernier James Bond, Mourir peut attendre que je suis allé voir lundi matin ?

 

Dans les informations récentes que j’ai lues dans des journaux ( Le Monde, Le Figaro, Les Echos, Le Canard Enchainé, Charlie Hebdo, Le Parisien…) j’ai retenu qu’il y a aujourd’hui plus de 800 postes d’infirmières et d’infirmiers vacants dans les hôpitaux publics de la région parisienne. Le manque infirmier se fait beaucoup sentir sur les postes de nuit. Le Plan Ségur décidé par le gouvernement qui a accordé 183 euros de plus par mois à un certain nombre d’infirmières et d’infirmiers et la prochaine augmentation salariale qui devrait être effective à partir de la fin de ce mois dans les établissements de soins (et concerner aussi le personnel aide-soignant) n’a pas suffi à atténuer la dégradation des conditions de travail lancée il y a plus de vingt ans après des décisions gouvernementales et managériales successives et répétées.

 

Trois vaccins contre le Covid, d’après des études réalisées sur plus de vingt millions de personnes, ont démontré leur efficacité réelle contre le Covid ainsi que contre ses formes graves : les vaccins à ARN messager Pfizer et Moderna. Mais aussi le vaccin Astrazeneca , pourtant techniquement moins avancé et aussi moins bien réputé en raison de quelques effets secondaires graves reconnus ( thromboses…..). Cette information concernant l’efficacité avérée des vaccins anti-covid m’a néanmoins rassuré. Reste cette histoire de passe sanitaire désormais installée telle une ancre ou une enclume de plus en plus lourde, au fur et à mesure des jours, et qu’il va être de plus en plus difficile de soulever et de faire sortir de nos vies.

 

Au moins trois témoignages m’ont marqué parmi les parties civiles qui ont témoigné lors du procès des des attentats du 13 novembre 2015 qui continue de se dérouler.

Une femme qui, d’abord, s’est sentie illégitime en tant que victime, car non blessée physiquement, puis qui finit par dire qu’après l’attentat, elle n’a plus été en mesure de vivre comme auparavant et qui conclu, à propos des meurtriers des attentats :

« Ils m’ont tout pris ».

Le deuxième témoignage est celui d’une autre victime, un homme, au concert au bataclan avec son fils, qui a expliqué qu’avant de tirer- et de tuer- les terroristes avaient parlé du Président François Hollande, de la Syrie, pour justifier le fait de tirer ensuite sur les spectateurs du concert de ce jour-là. Mais que leur discours, toujours selon cet homme qui témoigne, sonnait faux. Les terroristes donnant l’impression d’être des « mauvais acteurs » récitant un texte appris par cœur mais auquel ils ne croyaient pas eux-mêmes comme s’ils étaient « sous captagon ».

Le troisième témoignage est celui d’un autre homme qui, s’adressant aux accusés, leur a dit que les terroristes s’étaient attaqués à des personnes qui n’avaient rien à voir avec les horreurs qui leur étaient reprochées (la guerre en Syrie ou autre). Mais, aussi que les terroristes s’en étaient pris à des personnes qui n’étaient pas des militaires (entraînés et armés). Et, il a demandé aux accusés s’il leur était arrivé, de rester couchés, pendant des heures, au milieu de cadavres dont les yeux les regardaient ?

 

Au milieu de tout ça, l’industrie nucléaire, malgré Fukushima, malgré Tchernobyl, malgré le livre La Supplication de Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littérature il y a moins de cinq ans pour l’ensemble de son œuvre, a les faveurs du Président Macron afin de préparer  notre avenir en anticipant le tarissement  des gisements de pétrole prévu d’ici un demi-siècle.

 

En ce moment, sur certaines plages de Bretagne, les algues vertes toxiques dues à l’usage et au rejet intensif de certains engrais chimiques destinés à l’élevage, continuent d’abonder.  En pleine mer, suffisamment loin de tout ça, plusieurs de mes moniteurs de mon club d’apnée, avec quelques membres du club dont j’aurais pu faire partie comme lors des deux stages précédents, sont partis faire de la chasse sous-marine. Ils ont dû se mettre à l’eau vers 8h30 ou 9h avec leurs combinaisons de 5 à 7 mm de néoprène. Et, maintenant, ils ont dû rentrer et commencé à préparer leur repas fait d’une partie de leur pêche.

 

 

Voici pour le contexte.

 

 

 

Trois Maitres + Un

 

J’ai officiellement rencontré trois Maitres d’Arts Martiaux depuis la fin de l’année dernière :

 

Sensei Jean-Pierre Vignau. Sensei Léo Tamaki. Sensei Régis Soavi. Trois hommes. Trois vies différentes.  L’un, particulièrement chétif à sa naissance mais aussi lors des premières années de son enfance a été placé à l’assistance publique. Puis, a été adopté par un frère et une sœur agriculteurs. Le second, mi-Japonais, mi-européen a aussi un frère qui enseigne l’Aïkido dans le Val d’Oise et qui participe à ses divers projets avec martiaux ainsi que d’autres enseignants de son école : Aikido Kinshikai dont une antenne se trouve à quelques minutes à pied de mon domicile.

J’ai toujours le projet d’interviewer Sensei Léo Tamaki L’Apparition). 

 

Je connais « moins », pour l’instant, la biographie de Sensei Régis Soavi. Toutefois, des trois Maitres rencontrés, il est celui que j’ai rencontré avec une de ses filles. Laquelle,  Manon Soavi, est cet autre Maitre que je suggère dans le titre de cet article. Sensei Soavi, m’a aussi particulièrement interpellé en tant que père.

Parce-que je suis père d’une fille bien plus jeune que Manon, aujourd’hui mère et en couple. Mais aussi parce-que Sensei Soavi m’a appris que Manon n’avait pas été scolarisée.

Mais… comment a-t’elle fait pour apprendre à lire ? ai-je alors demandé. Sensei Soavi d’interpeller alors sa fille Manon:

 » Manon, tu sais lire ? ». Celle-ci, située alors à plusieurs mètres de nous, en pleine discussion, a répondu :  » Quoi ?! ». 

Sensei Soavi de m’apprendre ensuite en souriant que Manon savait non seulement lire et écrire, parler Italien mais, qu’en plus, elle écrivait « même des livres ». Soit exactement l’inverse du modèle d’éducation et d’apprentissage que j’ai toujours connu. J’ai souvent eu besoin de prendre des cours avec un prof certifié pour débuter un nouvel apprentissage. Une amie m’en avait fait un jour la remarque. Il n’y a que pour écrire et la photographie ( mais je serais bien incapable de tirer mes propres photos avec un appareil photo non numérique) que je n’ai pas pris de cours. Et, à ce jour, je ne vis toujours pas économiquement, grâce à ces deux activités.  

Selon Sensei Soavi, « quand on aime son enfant », on y arrive. C’était aussi simple et aussi évident que cela à l’entendre. J’aurais bien aimé avoir sa confiance. Une confiance d’autant plus établie que, concrètement, je voyais et vivais le résultat en temps réel. Ce dojo où je me trouvais. Et une de ses filles qui m’avait guidé durant ma séance de découverte. Alors que moi, je ne suis qu’au début de tout ça. Et, encore, si je m’y prends « bien ». Car, en tant que père, on peut beaucoup rater en se montrant trop volontaire.  

Même si je suis très loin de ce qu’a pu réaliser Sensei Soavi en tant que père,  je crois que la capacité de se conformer au système scolaire et social est un atout dont certaines et certains sont dépourvus. Plus pour des raisons de « comportement » ou d’histoire personnelle et émotionnelle que pour des raisons d’aptitude cognitive. Et, bien même si je suis  plus conformiste en tan que père que Sensei Soavi , je ne crois pas que toute la vie s’apprenne à l’école, dans les écoles, dans les livres ou dans les études.

Mais j’ai assez peu de mérite pour « savoir » cela. D’une part, j’ai grandi en prenant quelques mandales et semonces au moins paternelles qui réfutent totalement le théorème selon lequel il suffirait d’être poli, sérieux et gentil pour que nos quelques erreurs et bêtises supposées ou réelles nous soient magiquement pardonnées. D’autre part, être poli, sérieux et seulement gentil nous expose dans la vie à bien des retournements de situation défavorables. Enfin, mes études puis mon métier d’infirmier m’a un petit peu instruit quant au fait que le bonheur est une activité très concrète. Et qu’il ne se décide pas à nous choisir juste parce-que l’on aurait fait de très bonnes études ou que l’on disposerait du bon algorithme. Mais aussi, que l’on peut avoir des très bonnes notes lors de ses études d’infirmier, de médecine ou autres, et, en pratique, se révéler être une personne irascible, tyrannique, dispensable ou incompétente malgré le poste à haute responsabilité ou toute l’ancienneté qui peut être le nôtre ou la nôtre. 

Paris, Octobre 2021.

Pour ces raisons, ce que m’a laissé entrevoir Sensei Soavi de l’évolution de Manon depuis son enfance, ne pouvait que m’interpeller. En tant qu’individu mais aussi en tant que père. Car si je veux bien-sûr le meilleur pour ma fille, je me comporte aussi avec elle comme un militaire. La vie n’est pas que jolies licornes, douceur et gentillesse immédiates et sans arrières pensées où le temps s’est arrêté et nous laisse tout loisir d’inventer et de compter les jolies couleurs dans le ciel. Même s’il faut, évidemment, aussi, savoir s’offrir de tels moments. Mais pas n’importe comment. Pas n’importe quand. Et pas avec n’importe qui. 

 

Dans mon article Dojo Tenshin-Ecole Itsuo Tsuda/ séance découverte , je me demande si  Manon Soavi est déjà un Maitre.

 

 

Qu’il n’y ait aucune méprise :

 

Je ne connais pas le rituel, la cérémonie, le protocole ou le processus par lequel un être humain devient un Maitre. Je suis totalement ignorant de ce « passage » vers le statut de Maitre et, bien-sûr, des responsabilités que cela peut incomber. Car il ne suffit pas d’avoir le titre de Maitre. Il faut être Maitre. Et, cela est vrai pour toute responsabilité que l’on « incarne » ou que l’on prend.

 

Lorsque je parle de celui par lequel j’ai découvert et pratiqué le judo, Pascal Fleury, je dis mon « prof  de judo ». Cependant, je suis déjà retourné le saluer par affection dans son club ou ai pu participer à une ou deux séances de reprise et ai pu alors constater que, désormais, plusieurs – ou la plupart- de ses élèves l’appellent Sensei. Y compris Des élèves désormais plus avancés et plus gradés que moi en judo. Mais lorsque je l’ai connu, il y a plus de vingt ans, personne dans le club ne l’appelait Sensei. Tout en reconnaissant évidemment son autorité, son Savoir et son expérience.

 

 

J’écris, qu’à mon avis, Manon Soavi est aussi un Maitre car elle est beaucoup plus avancée que moi dans différents domaines. Même si j’ai arrêté de pratiquer le judo pendant une vingtaine d’années, j’ai néanmoins continué à apprendre à vivre. Mon regard et ma façon de penser, sur moi-même et sur les autres, a un petit peu évolué.

Gare de Cergy st-Christophe, octobre 2021.

 

 

L’âge, le sexe, la condition sociale d’origine, la formation universitaire ou scolaire reconnue ou officielle,  ni même l’habilité à savoir s’exprimer par écrit, par l’image ou par oral, n’est pas, pour moi, le critère le plus important pour définir un Maitre. Ces aspects ont leur importance ou peuvent en avoir une au départ, bien-sûr. Pour d’autres comme pour moi. Mais, ensuite, vient la pratique. Les faits. C’est ce que je vais « regarder » ou retenir pour me dire que telle personne est un Maitre ou en a, selon moi, les particularités. Que j’en parle ou non. Pour moi, un de mes moniteurs d’apnée, Y…actuellement en Bretagne, est l’équivalent d’un Maitre dans cette discipline qu’est l’apnée. Je ne lui en parlerai pas. Car il me répondrait qu’il n’en n’est pas question. Qu’il trouve ça exagéré. Ou qu’il n’a pas cette prétention. Pourtant, lorsque j’en ai parlé il y a quelques jours à une copine du club, elle a aussitôt abondé dans mon sens.

 

 

On ne dit et l’on n’écrit pas toujours ce qui peut nous marquer. Parce-que l’on n’y pense pas. Ou que l’on se concentre sur d’autres sujets que l’on voit comme plus importants à dire.

 

Par exemple, dans mon article Dojo Tenshin- Ecole Itsuo Tsuda/ Séance découverte, je n’ai pas écrit ces moments où, venant me corriger aimablement, Sensei Régis Soavi, a pu me montrer comment, par un tout petit changement d’attitude corporelle ( a very very little change), une attaque apparaissait inoffensive. Et, une autre, alarmante, appelant aussitôt une façon différente, plus précise, de réagir.

 

Il en est de même avec Sensei Manon Soavi avec qui j’ai participé à la séance avant hier matin. Je n’ai pas tout écrit. Et, cet article et les deux autres que j’écrirai peut-être

( Embrigadement  et Les principales vertus du combattant ) doivent autant une partie de mon inspiration à ma « rencontre » avec Sensei Jean-Pierre Vignau, Sensei Léo Tamaki, Sensei Régis Soavi. Qu’à Sensei Manon Soavi.

 

Lors d’une de mes rencontres avec lui, Jean-Pierre Vignau m’avait répondu :

 

« Appelle-moi, Jean-Pierre. Parce-que, pour m’appeler Sensei, il faut déjà que tu aies connu plusieurs Maitres ».

 

 

Paris, octobre 2021.

Lorsque j’étais allé assister  à un de ses stages, Léo Tamaki m’avait dit que je pouvais l’appeler Léo. (Dojo 5 ). 

 

Régis et Manon Soavi ne m’ont pas demandé de les appeler Sensei. Parmi tout ce qu’il m’a dit, Régis Soavi m’a aussi expliqué qu’il n’exigeait pas de ses élèves qu’ils portent d’emblée le Hakama. Que cela relevait de leur propre décision. Mais que, par contre, du jour où ils décidaient de le porter, qu’ils s’engageaient d’une façon particulière et qu’il ne pouvait y avoir de retour en arrière.

Concernant la ceinture, Sensei Régis Soavi m’a dit qu’il y avait pour lui deux ceintures. Une blanche. Une noire. Et, qu’à un moment donné, sans que cela soit tenu par une évaluation d’ordre didactique, il attribuait la ceinture noire. Ou pas sans doute…..

Lorsque Régis Soavi m’a expliqué ça, sûrement lors du petit-déjeuner d’après la séance, où, comme nous tous, il avait alors quitté sa tenue martiale, redevenant ainsi un simple civil, je n’ai pas eu besoin de sous-titres pour comprendre que c’était toujours  le Maitre d’Aïkido qui continuait de me parler au travers de la simple enveloppe civile et décontractée de Régis.

 

 

Sensei Manon Soavi , elle, est la seule avec laquelle, à ce jour, dans mon expérience très limitée, j’ai un peu pratiqué directement l’Aïkido. Le temps d’une séance. Ce n’est ni une débutante ni une inconnue de l’Aïkido.

 

 

Alors, je suis là à donner du Maitre. Et on peut se demander si je suis en pleine extase tel le pèlerin ou l’alpiniste se trouvant au pied d’une montagne sacrée dont il a pu rêver depuis des années. En outre, avec le réchauffement du permafrost, il y a plutôt intérêt à ne pas trop traîner pour débuter l’apprentissage de l’escalade. Après tant d’années passées à errer. Et, c’est là où je reprends la phrase de Sensei Jean-Pierre Vignau. Si je jouais sur ses termes, je pourrais me dire :

 

« ça y’est ! J’ai rencontré trois ou quatre Maitres, donc, maintenant, je peux dire Maitre ! ».

 

En fait, se hâter à dire Maitre revient un peu à se dépêcher de se châtrer et de se châtier soi-même. A prendre le mot « Maitre » dans son sens le plus avilissant pour l’Humanité. L’esclave devait et doit dire Maitre à celle ou celui qui le domine et qui a droit de vie et de mort sur lui et sa descendance. Or, les Maitres d’Arts martiaux que je désigne dans cet article- ainsi que les autres – seraient sûrement horrifiés si les élèves ou les disciples qui les appellent Maitre se comportaient d’eux-mêmes comme des esclaves devant leur pharaon. Ou comme des fans devant  leur Ted Nugent.

 

Aussi, que cela soit officiel : lorsque j’écris « Maitre », je ne parle pas de pharaons, d’empereurs ou de Cléopâtre devant lesquels, je devrais baisser les yeux et lécher le sol  où ils marchent. En remerciant une force supérieure de m’avoir autorisé à vivre cette expérience suprême. Et, en faisant de moi un peu l’équivalent du personnage particulièrement bien joué par l’acteur Samuel Jackson  dans le film Django Unchained de Quentin Tarantino. Soit un esclave noir si fervent de son Maitre esclavagiste (également très bien interprété par l’acteur  Léo Dicaprio) qu’il est prêt à mourir pour lui en dépit des multiples sévices que celui-ci et d’autres ont pu lui infliger dès sa naissance.

 

Cergy St-Christophe, fin septembre 2021, lors de la manifestation Cergy, soit !

 

La liberté :

 

 

Ce qui me marque beaucoup à parler de ces Maitres, c’est leur liberté. Chacun a bien sûr sa personnalité. Et, celle-ci tranche par rapport à celle des autres. Mais ces Maitres, d’une façon ou d’une autre, sont plus libres et semblent aussi plus épanouis que la majorité.

 

Une minorité d’individus, sur terre, concentre la majorité des richesses économiques et politiques sur terre. Les Maitres d’Arts martiaux font plutôt partie de ces minorités d’individus qui concentrent ou semblent concentrer, elles et eux, une « quantité », peut-être une majorité, de richesses morales, spirituelles et physiques sur terre. Mais ces derniers ( les Maitres d’Arts martiaux) peuvent être assez « ignorés » au profit de coaches, de consultations de « bien-être » les plus diverses, de salles de sport, de magazines, souvent féminins ou considérés comme du ressort de la presse dite féminine type Psychologie ou Biba ou autres, ou de « sorties » entre copains ou entre copines. Ce mode de vie a bien-sûr ses justifications. Sauf qu’il a une certaine tendance, à un moment donné, à tourner autour du pot lorsqu’il s’agit de vivre ou d’être une personne. Je vais prendre mon exemple :

 

Je peux continuer d’aller voir des quantités indénombrables de films et écrire ensuite à leur sujet. D’autant que depuis hier, par exemple, en m’inscrivant dans une médiathèque d’une autre ville que la mienne, j’ai un nouvel accès – illimité- à un certain nombre de prêts de dvds, de cds et de livres. Et, j’ai commencé par en emprunter 39 articles car il fallait bien « amortir » le coût de l’inscription à l’année, pour un « étranger » : 50 euros. Je savais très bien qu’un mois de prêt serait largement insuffisant pour regarder tous ces films et ces quelques séries télévisées. Mais, aussi, pour écouter avec présence cette dizaine de cds.

Cependant, même si j’y parviens, voir tous ces films, écrire à leur sujet, lire le plus possible de journaux et de livres (empruntés comme achetés) cela va-t’il suffire pour me rendre plus libre et plus épanoui ?

 

Même si j’ai la chance, par rapport à d’autres, de pouvoir prendre le temps de regarder des dvds et d’écouter des cds. Ainsi que, d’avoir  pu faire le nécessaire, en décidant de chercher un poste avec certains horaires de travail, pour pouvoir bénéficier de ce temps personnel. Mais aussi en décidant du nombre d’enfants pour lequel je serai père et à partir de quand dans ma vie.  

 

Donc, être Maitre, c’est sûrement, déjà, être suffisamment Maitre de son temps afin de pouvoir l’employer à ce qui nous importe le plus. Et, cela, de manière suffisamment satisfaisante pour soi et pour celles et ceux qui, ensuite, viennent régulièrement chercher et vivre ce temps commun.

 

Près de la gare d’Argenteuil, octobre 2021.

 

La difficulté

 

 

Toutefois, si je parle de Maitres d’Arts martiaux qui sont, pour tout pratiquant d’Art martial, les modèles ou les pionniers dont on s’inspire (j’aime, dans la traduction du mot Sensei lire que le Sensei est « celle ou celui qui est né(e ) avant), il faut aussi parler de celles et ceux qui les entourent. Les autres pratiquantes et pratiquants.

 

Face au sensei, on est un peu comme face à un miroir. Sauf que le reflet, la silhouette, l’idéal, la personnalité que l’on voit n’est pas le nôtre, pas la nôtre. Et, cela ne sera jamais. Car chaque personne est unique.  Néanmoins, on peut avoir tendance, si l’on admire un peu trop une Maitre ou un Maitre, si l’on colle beaucoup trop à son reflet ou à sa personnalité, à ne voir qu’elle ou lui ou à ne voir que par elle ou par lui. Et à négliger celles et ceux qui nous entourent. Plus avancés que nous, plutôt exemplaires. Mais aussi celles et ceux donnant à voir une pratique peu flatteuse et peu avantageuse  de la discipline. Il y a les pratiquantes et les pratiquants doués et expérimentés. Leur inverse existe aussi : peu doué, peu expérimenté, mais aussi expérimenté et pourtant peu doué. Ou très doué alors que peu expérimenté.

 

Etre un Maitre, ou aspirer à en devenir un, cela consistera sans doute à apprendre à accepter de composer avec au moins ces trois « difficultés ».

 

Celle du Maitre. Celle des autres pratiquantes et pratiquants qui « réussissent » mieux que nous ou qui sont « meilleurs » que nous. Celle des pratiquantes et pratiquants qui « patinent », qui « rament».

Et soi-même. Avec nos propres difficultés et facilités qui varient selon les périodes.

 

 

Je cite trois difficultés + une. Ces difficultés peuvent aussi être perçues comme les trois angles différents d’un problème ou d’une situation. On peut aussi remplacer le terme « difficultés » par le terme «  dimension ».  Nous vivons souvent dans à peine une dimension, voire deux. Et, encore. Je l’écris ici, assez intuitivement, et, aussi, pour l’avoir lu ou entendu.

 

Le titre de cet article est Trois Maitres + Un. Soit quatre possibilités, parce qu’une difficulté peut aussi devenir une possibilité,  que l’on peut rencontrer, que l’on rencontre, que l’on a rencontré, de vivre autrement, d’être autrement. Selon que l’on  décide. De Ranger des piles de journaux. De Préparer son sac de travail pour le lendemain. D’ écrire un article ou plusieurs. Ou de ne pas le faire. L’école Itsuo Tsuda de Sensei Régis Soavi enseigne le Non-Faire. Le Non-Faire, c’est le contraire de notre société. Il y a beaucoup de personnes de par le monde, en France comme ailleurs, pour lesquels ne rien faire est particulièrement violent. Cela reviendrait presque à vomir ses tripes après plusieurs cuites répétées.

 

Franck Unimon, ce jeudi 14 octobre 2021.

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self-défense/ Arts Martiaux

Dojo Tenshin-Ecole Itsuo Tsuda/ séance découverte

                                              

                                  Dojo Tenshin- Ecole Itsuo Tsuda/ séance découverte 

 

Un manga pour un dojo

 

 

Je dois au manga Le Garçon et la bête ( article   Ou aller ? Le Garçon et la bête )sorti au cinéma en 2015- de m’être rendu ce mardi 12 octobre 2021 au Dojo Tenshin- Ecole Itsuo Tsuda afin de le découvrir.

 

Cela les a fait marrer, ce matin, au Dojo Tenshin-Ecole Itsuo Tsuda, lorsque je leur ai expliqué ça. Nous étions alors plusieurs à être assis autour des tables basses rectangulaires.

 

La veille, P…, membre du dojo depuis cinq ans, m’avait rappelé suite au message que j’avais laissé. Afin de donner des explications et de répondre à mes questions.

 

On pourrait me prêter un kimono. Si la séance débute à 6h45, idéalement, ce serait bien de pouvoir être là entre 6h et 6h15 afin de prendre le temps de boire un café, de discuter un peu avant.  

 

Cet été, ou lors d’une période plus floue qu’aujourd’hui, pour cause de pandémie, nous devions sortir de chez nous à partir d’une certaine heure et y rentrer au plus tard à une autre heure également prédéterminée par notre gouvernement. Pour les mêmes raisons, pendant plusieurs mois, notre périmètre de déplacement kilométrique avait pu être restreint.  Et, certains lieux étaient fermés au public. Provisoirement ou définitivement à la suite des conséquences économiques de ces fermetures.

 

 

J’avais cherché cet été. Des endroits, sur Paris ou dans la région parisienne, où il serait possible, un jour, de suivre des cours d’arts martiaux le matin.

 

J’avais relevé plusieurs « organisations » que j’ai notées avec application sur un de mes petits carnets. Tant de sports de combats que d’Arts martiaux. J’avais ainsi « regardé » un club ou deux de sistema.

 

Parmi tous ces « clubs » ou « organisations », j’avais découvert le Dojo Tenshin-Ecole Itsuo Tsuda par une photo en noir et blanc montrant des pratiquants parfaitement alignés en position de salut.

 

Les cours y débutaient à 6h45 du matin plusieurs jours de suite en semaine.

 

C’était la première fois que je voyais ça. Je n’avais jamais entendu parler du Dojo Tenshin. Beaucoup de séances d’entrainement se déroulent le plus souvent le soir, quelques fois le matin ou à l’heure du déjeuner afin de permettre aux adultes travailleurs et aux plus jeunes scolarisés ou en formation d’être disponibles pour les entraînements . Hormis lors des stages où les horaires peuvent ressembler aux horaires de bureau conventionnels de 9h à 17 ou 18h. 

 

Le dojo Tenshin-Ecole Itsuo Tsuda prenait le contrepied de tout ça. Mais qui étaient-ils ? Evidemment, dans mon entourage direct, je ne pouvais consulter personne pour m’en parler.

 

Un passage sur leur site m’a confirmé le caractère déjà très sérieux imposé par la photo initiale. Puis, je me suis demandé s’il s’y déroulait des événements étranges. Car ce dojo m’était totalement inconnu. Et le fait qu’il propose autant de séances, plus que d’autres, rajoutait au mystère.

 

Régis et Manon Soavi, le père et la fille ?  C’est seulement hier soir, la veille de ma venue, en discutant avec P… que j’ai commencé à faire le rapprochement.

 

J’avais lu leurs noms et sans doute certains de leurs articles dans des magazines tels que Yashima  ou Dragon Magazine . Je peux même dire maintenant que j’avais vu la photo de Maitre Régis Soavi. Mais ma culture martiale, d’abord, est débutante et très parcellaire.  Ensuite, elle est principalement théorique ainsi qu’assez isolée.

 

 

La Pêche à la ligne

 

 

Ce matin,  depuis Argenteuil, j’ai pris le train de 5h32 direct pour Paris St Lazare. Le réveil, un peu avant 5 heures, n’a pas été trop difficile. J’avais choisi de venir. Je savais pourquoi je venais. Contrairement peut-être à quelques unes et quelques uns des passagers convoyés comme moi vers Paris. J’ai pu être comme eux lorsqu’il a pu m’arriver d’aller en stage ou au travail aux mêmes horaires sans autre motivation que de remplir des obligations. Les écrans de plusieurs téléphones portables hypnotisaient déjà leurs propriétaires. Néanmoins, j’ai aimé ce calme dans les transports en commun. Sortir alors qu’il faisait encore nuit m’a donné l’impression de me rendre aux avant postes d’un grand projet.

 

Puis, j’ai pris le métro, ligne 9, sans me presser. A la sortie d la station Maraichers, je me suis rappelé que le dojo de Maitre Jean-Pierre Vignau , que j’étais allé rencontrer deux fois chez lui ( Arts Martiaux : un article inspiré par Maitre Jean-Pierre Vignau )ainsi que dans son dojo avec ma fille,  se trouvait non loin de là. Dans le sens opposé.

Ce mardi 12 octobre 2021, après être sorti du métro à la station Maraîchers.

Dans la rue, une femme africaine, une maman, m’a facilement guidé. La rue des Grands Champs, c’était la prochaine, sur la droite. Cependant, pour moi, pour aller au dojo, le numéro 120 partait vers la gauche.

 

Vu le numéro 120, je m’attends à marcher un moment. Mais ça arrive très vite. Moins de cinq minutes après être sorti de la bouche du métro, je m’approche. Les rues sont calmes. Sur ma gauche, une voiture garée aux phares arrières allumés. Rapidement, j’aperçois l’enseigne Dojo Tenshin. Mais je vois d’abord des rideaux de fer baissés. P… m’avait pourtant dit que le dojo était ouvert à partir de 6h.  Or, il est plus près de 6h10.

 

 

Je sors mon appareil photo. J’appuie deux fois. Je continue. Je pousse une porte en fer sur la droite. Je regarde en haut. Là où il y a de la lumière à la fenêtre. Ça doit être là. Je me retourne. Un homme derrière moi. Je le salue, lui explique que je viens découvrir. A son air, je présume qu’il a pu me croire mal intentionné. Sitôt que je lui dis ce qui m’amène, il se propose aussitôt de m’emmener. Je le suis. Oui, c’était lui dans la voiture que j’ai vu, phares allumés, me confirme-t’il.

 

 

Nulle part ou aller :

 

Dans Le Garçon et la bête, ce moment où le jeune Ren/Kyuta a nulle part où aller m’a beaucoup marqué lorsque je l’ai revu ce samedi avec ma fille.

 

C’est parce-que nous n’avons nulle part où aller que nous pouvons passer notre temps à faire des magasins et à remplir nos sacs de courses ou nos caddies. Parce que ce nulle part nous remplit de vide. Nous faisons des achats comme nous essayons de nous payer de nouvelles destinations.

 

Je n’ai rien contre les achats alimentaires, de plaisir ou nécessaires. De toute façon, je me vautre aussi dedans encore régulièrement. A l’heure où j’écris cet article un nouveau tic-tac s’est d’ailleurs enclenché dans ma tête concernant des dépenses futures. Sur un tapis roulant imaginaire, je vois passer et repasser un ou deux articles que j’aimerais bien m’acheter.

Je pense bien-sûr davantage à toutes ces dépenses et à tous ces objets qui nous encombrent plus qu’ils ne nous servent. Quand ils ne sont pas en toc.

 

C’est aussi parce-que nous n’avons nulle part où aller que nous nous blottissons contre certains comportements. En espérant y trouver un peu de chaleur et de présence alors que plus nous nous y enfouissons et plus cette chaleur et cette présence que nous recherchons  se diluent.

 

Je ne devrais pas l’écrire car, souvent, ce genre de propos désole. Mais j’ai des regrets. Ainsi que des souhaits.

 

Des Regrets

 

 

Je regrette d’avoir manqué de curiosité. De m’être trop de fois contenté de ce que je savais ou croyais savoir. D’avoir pu très facilement me satisfaire de mes théorisations et d’une certaine intellectualisation.

Bien-sûr, je suis dur avec moi-même et il me faut aussi faire acte d’indulgence. Etre et pouvoir vivre avec bonheur et certitude en permanence comme un bourrin requiert des capacités largement supérieures à ma moyenne. Cependant, il me faudra du temps pour améliorer mon indulgence envers moi-même.

 

Le Dojo Tenshin- Ecole Itsuo Tsuda se trouve à cet endroit depuis 2000 ai-je appris ce matin. Autrement, l’association existe depuis 1985. Ce matin, après la séance, Maitre Régis Soavi et Manon Soavi m’ont répondu qu’il restait encore des anciens de cette toute première époque. Autrement, il y  avait des « jeunes » pratiquants présents depuis les années 2000.

 

L’an 2000 est l’année où j’avais arrêté de pratiquer le judo. Je plafonnais. J’avais alors essayé de bifurquer vers une autre pratique, le Jujitsu brésilien. Les Frères Gracie  étaient la référence alors que le MMA se développait mais aussi connaissait son Boom médiatique ;

 

Dans une bien moindre mesure, j’avais fait une séance de découverte de Kick boxing.

 

« Pour apprendre à donner des coups de pieds et des coups de poing ! ».

 

Cela nous avait été recommandé un jour, à nous, judokas, au dojo d’été. Nous avions trop tendance à rester dans le judo et à ne rien apprendre d’autre. 

 

J’avais aussi essayé un tout petit peu la lutte contact.  Je me rappelle d’un club où l’esprit était ouvertement « guerrier ». En tout cas, je n’oublierai pas ce jour où j’avais aperçu son fondateur et président remonter le Boulevard de l’Oise d’un pas martial. On aurait dit que même marcher le mettait en colère. Ou que cela l’énervait d’autant plus que personne ne vienne le titiller. J’ai aperçu cet homme il y a deux ou trois mois, sur le quai de la gare St Lazare. Il portait un de ses bras en écharpe. Dix à vingt ans plus tard, j’en ai déduit qu’il n’avait pas beaucoup décoléré.

 

Mon prof de Jujitsu brésilien, lui, était un très très bon pratiquant. Technique, puissant  et souple. Il s’entraînait tous les jours, avait bien sûr tâté de différentes formes de combat. Je garde un très bon souvenir de ces quelques fois où nous avons combattu ensemble. Comme de son accueil ouvert et sympathique. Cependant, il aimait trop la bagarre ou avait peut-être trop besoin de prouver. Quelques adeptes de ses cours avaient une revanche à prendre sur la vie ou sur toute personne un peu gradée. Or, moi, je venais avec ma ceinture de couleur du judo. Je me suis plus blessé en un an de pratique de jujitsu brésilien qu’en dix ans de judo. J’en avais assez des blessures physiques dues au sport. Qui plus est si une de ces blessures survenait parce-que l’éducation élémentaire d’un pratiquant n’avait pas été faite en matière de prévention envers un de ses partenaires. Et, je dois admettre que j’avais alors commencé à éprouver une sourde animosité contre ce pauvre type-  un adhérent  du club comme moi- qui s’y était trop cru lors d’un simple randori.

 

Pourtant, à aucun moment, en l’an 2000, je n’ai pensé à l’Aïkido. Il y avait un cours d’Aïkido au gymnase où j’avais « fait » du judo. Peut-être même dispensé par Maitre Léo Tamaki à l’époque, au gymnase Michel Lecomte, si je me fie à ce qu’a pu me dire depuis mon ancien prof de Judo, Pascal Fleury.

 

Pendant plusieurs années, j’ai arrêté les sports de combats. Je ne faisais pas particulièrement la distinction entre un sport de combat  et un art martial. Si ce n’est que je savais que certaines disciplines relevaient du sport de combat et d’autres de l’Art martial. Sans vraiment chercher à connaître la raison de cette différence.

 

Quelques années plus tard, j’ai essayé la boxe française. Jusqu’à la rupture du tendon d’Achille après à peine deux mois d’entraînement. On dira que c’était l’âge. Les hommes, à peu près sportifs, vers un certain âge, surtout après avoir pris un peu de poids, se rompent le tendon d’Achille, c’est bien connu. Mon tour était venu. Perfide, car il me fallait bien faire l’intelligent, j’avais aussi noté que cette rupture était arrivée à un moment de changement ou de besoin de changement profond dans ma vie. J’avais quitté la ville où j’avais vécu pendant près de vingt ans pour une nouvelle. Et, j’essayais de tout garder ensemble, l’ancienne ville, la nouvelle et Paris.

Le fait d’être alors célibataire et sans enfant ne m’avait pas posé de limites. Mon tendon d’Achille s’était chargé de me rappeler certaines de ces limites…fonctionnelles.

 

On croit peut-être que je raconte ma vie seulement pour faire joli et pour dribbler les esprits. Mais, non. Le sport peut se résumer à une performance et nous donner un sentiment d’importance ou de soulagement aléatoire. Si l’on passe à côté de soi.

En « faisant » du judo, j’ai connu des plaisirs d’athlète. De l’explosivité, de la tonicité, une certaine combativité et un début d’apprentissage de la technicité. Mais il y avait beaucoup d’autosatisfaction. Au point que j’avais presque réussi à me sentir pousser une supposée culture asiatique. Une copine de judo, un jour, nous avait remis à notre place à ce sujet, verbalement, un jour, un ami et moi.  

 

« Vous n’êtes pas des Japonais ! ».

 

Mais j’avais surtout enfilé le kimono d’une assez profonde lassitude pour le judo et n’avais pas trouvé son équivalent ou son suivant que ce soit dans un sport de combat ou un art martial. Même si les arts martiaux et les sports de combat dans leur ensemble, ainsi que l’Asie, ont continué de débrider mes pensées.

 

Si l’idée du combat ou de la confrontation, ainsi que leur réalité ou leur possibilité, voire leur nécessité, font partie de ce qui « m’attire » dans les sports de combat et les arts martiaux, je me suis de plus en plus senti attaché au fait d’acquérir une certaine maitrise. L’économie. Le ou les gestes justes. Et puis, surtout, il y a trois ou quatre ans, environ, j’ai commencé à me demander ce qu’était un Maitre. La baston, c’est « bien ». Savoir « bien » se battre, c’est bien. Mais après ? On va cumuler des armoires de techniques d’étranglement, de clés de bras, de coups de pied sautés, de crochets ou autres, être content de les appliquer et de voir que tout cela est efficace. Mais ensuite ?

 

 

Des souhaits

 

 

Si j’ai des regrets, j’ai aussi des souhaits. Dont, celui, de prendre le temps d’aller rencontrer des Maitres, dont des Maitres d’Arts martiaux. Il en est quelques uns qui sont assez accessibles. D’abord, parce qu’ils sont encore vivants. Ensuite, parce-que certains se trouvent en région parisienne. Du vivant de Maitre Henry Plée, j’avais fait l’erreur de me contenter de lire des courts extraits de ses pensées sans chercher à le rencontrer ou à le voir. Depuis la fin de l’année dernière, j’ai commencé à avoir l’attitude inverse. D’où ma rencontre avec Maitre Jean-Pierre Vignau, puis avec Maitre Léo Tamaki et ce mardi 12 octobre avec Maitre Régis Soavi mais aussi avec Manon Soavi dont je ne sais si elle est déja Maitre mais qui l’est sûrement déjà, en pratique, beaucoup plus que moi, de bien des façons.  

 

 

La séance de ce mardi 12 octobre 2021

 

Muni de mon kimono d’emprunt et de la ceinture blanche que m’avait remis P…, j’ai rejoint le groupe sur le tatami.

Manon, qui s’était déjà présentée, m’a fait un résumé du déroulé de la séance. Elle m’a appris qu’elle serait derrière moi au moment du salut. Puis que nous travaillerions ensemble. Elle m’a dit, qu’au début, on « imite » les autres, on essaie de faire comme eux. Et ce qui est important, c’est de suivre le rythme du groupe. J’acquiesce. A ce stade de la séance, je comprends encore ce qui m’est dit.

 

Nous sommes tous assis en seiza. En deux colonnes alignées. Manon Soavi est à un ou deux mètres derrière moi. Elle peut déjà voir beaucoup de moi. Comment je me tiens. Comment je respire. Si je suis relâché. Ou tendu.

Un certain silence dans le dojo. Maitre Régis Soavi est sur notre gauche. Nous respirons. Il se passe une minute ou deux. Peut-être plus.

 

 « Il » entre. Se pose face au centre du groupe. Une voix gutturale s’élève et prononce des mots en Japonais. C’est la voix, ou l’autre voix, de Maitre Régis Soavi. Je ne sais pas de quoi il parle. De qui il parle. A qui il s’adresse. Peut-être à des divinités. En pareille situation, on pourrait être mal à l’aise, se dire que l’on est dans une secte. Se mettre à rire nerveusement. Mais je ne suis pas venu pour rire nerveusement ni pour être embarrassé. C’est le processus. Je ne vais pas lever la main et dire :

 

« Excusez-moi, mais qu’est-ce que vous faites exactement ? ».

 

 

Cela fait partie du rituel. De l’entrée en matière. Le tatami est un lieu sacré. Le dojo, aussi, d’ailleurs. Lorsque la séance débute, il faut marquer son début par certaines attitudes. On n’entre pas là comme dans un moulin ou un supermarché où les portes automatiques s’ouvrent dès que l’on avance. On se met dans un certain état. On entre dans une autre dimension. C’est ce que je comprends. C’est ce que je crois.

 

Arrive l’échauffement. Pendant une quinzaine de minutes, balancements, mouvements, on tape dans ses mains ; le rôle pivot du bassin et des hanches ; de la position des pieds ; de la respiration. Quelques fois, on crie ou on souffle fort.

 

De temps à autre  ( c’est à dire souvent car je suis très vite à côté du rythme ou en décalage ) Manon vient me guider. Je m’applique mais j’estime que le résultat est peu probant.

 

Après environ 15 minutes, Maitre Régis Soavi pousse son Kiai, signal pour nous de nous lever et de nous mettre à courir autour du dojo. Ça, j’ai compris facilement. Me lever et courir, je comprends. Le moment venu, je me lève et je cours. Je suis derrière Manon et les autres. Je suis intrigué par sa façon de mettre sa main gauche sur le côté, à l’horizontale. Cela a sûrement une signification mais je ne la connais pas. Moi, évidemment, je cours comme toujours. Comme un athlète. Je suis parti pour faire deux kilomètres comme cela s’il le faut. Mais on s’arrête au bout d’à peine un tour ou deux. Même pas le temps de faire des lignes droites.

 

La Partie technique :

 

Nous en arrivons à la partie technique de la séance. Maitre Régis Soavi nous fait à chaque fois les démonstrations. Avec précision, décontraction, mais aussi avec humour.

 

Nous sommes environ une vingtaine de participants.

 

Un geste, cela est constitué de plusieurs points, de plusieurs axes. Dans un mouvement, combien de gestes ? Je n’en n’ai aucune idée. Par contre, je sais que lorsque je regarde Maitre Régis Soavi, l’exemple est bien sûr fluide et facile à regarder. Et que sa démonstration est à peine terminée que j’ai déjà perdu, oublié, un bon nombre des points utiles à la reproduction. Qu’est-ce qui me gêne le plus ? De ne pas avoir suffisamment mémorisé ? De ne pas sentir assez le mouvement que je fais ?

 

Qu’est-ce que je suis maladroit, raide. En outre, je suis partagé entre mon envie de réussir et ma peur de faire mal. Pour parachever le tout, je me sens embarrassé envers Manon. Tout le travail que je lui impose. Le pied se met là. Le poignet plus haut que le coude.

 

Régulièrement, Maitre Régis Soavi passe nous voir et me montre à nouveau.

Nous travaillons d’abord sans tanto puis avec tanto. Deux fois de chaque côté. Puis l’on change de rôle. Manon insiste plusieurs fois sur le fait de bien respirer lors de telle phase du mouvement. Respirer. Même ça, il faut me le dire. En judo, tel que je l’ai connu et tel que je l’ai pratiqué c’est « assez simple » :

 

On s’attrape, on se pousse, on se projette, on s’esquive. On « lutte » ou le moins possible. On peut être « bourrin », ça peut passer, ça pourrait passer, si on est à peu près bien placé, que l’on met de la vitesse ou de la force. Bien-sûr, je caricature ma description du judo. Mais, en Aïkido, c’est quand même très vite plus exigeant. Ça peut être fantastique mais il faut être plus précis. L’à peu près est moins possible.

 

 

A la fin de la séance, devant mon dépit, Manon se montre encourageante. « Il faut bien commencer » me dit-elle en souriant. Plus tard, elle m’apprendra avoir commencé l’Aïkido alors qu’elle avait 6 ou 7 ans. Il y a trente ans. En effet, trente ans de pratique, ça forme.

 

 

 

Le petit-déjeuner :

 

Après avoir pris ma douche, je rejoins celles et ceux qui ont pu rester pour le petit-déjeuner dans la pièce attitrée. Autour des tables basses.  J’aurais été idiot de partir dès la fin de la « séance ». A la fois pour des raisons sociales mais aussi parce-que le petit déjeuner fait aussi partie de la séance. Avant celle-ci sur le tatamis, Maitre Régis Soavi avait commencé de m’expliquer que l’association est locataire du lieu et ne le partage avec aucune autre association. Et que chaque membre du Dojo Tenshin est « locataire ». Si je choisissais de rester en tant que membre, comme tout un chacun, j’aurais à participer aux diverses tâches d’entretien du dojo : ménage, vaisselle, participation aux frais du petit déjeuner, réunions…

 

J’ai retrouvé là une partie de ce que raconte Maitre Jacques Payet dans son livre Uchideschi ( Dans les pas du Maitre). Sauf que le dojo Tenshin-Ecole Itsuo Tsuda, je crois, est le seul dojo sur Paris, à être aussi proche de cet état d’esprit.

 

 

Lorsque j’avais appris à ma compagne que le cours débutait à 6h45, celle-ci s’en était étonnée. Elle m’avait demandé si c’était pour ensuite permettre aux gens d’aller au travail. J’avais répondu que c’était peut-être ça. Puis, j’avais ajouté, parce-que cela m’arrangeait :

« Un horaire aussi matinal permet aussi de faire une sorte de tri indirect. Lorsque c’est trop facile, un peu n’importe qui peut se présenter. Si tu viens pour un cours à 6h45, c’est que tu es volontaire ».

Maitre Régis Soavi, ce mardi 12 octobre 2021 après la séance.

Maitre Régis Soavi m’a appris qu’au début, la séance démarrait à 6h30. Soit l’horaire où les Maitres débutent leurs cours au Japon. Mais c’était un horaire peu pratique pour celles et ceux qui viennent en métro.  

 

A table, près de nous, Manon m’explique que le coût de l’adhésion est élevé car l’association propose beaucoup de séances. Il y a celles du matin, à 6h45 en semaine du lundi au vendredi.  Et à 8h le samedi et le dimanche. Et trois séances le soir en semaine. Lors d’une de ces trois séances, le lundi, Manon dirige la séance du maniement des armes.

 

 

Le coût de l’adhésion s’explique aussi par le nombre d’adhérents. Plus il y aura d’adhérents, plus le coût de l’adhésion pourra diminuer.

 

 

Lorsque je suis parti du dojo Tenshin, deux réunions se tenaient. Une concernant la lecture et l’analyse d’un ouvrage. Une autre peut-être plus portée sur la logistique du dojo.

Quelques minutes plus tôt, Maitre Régis Soavi avait pris congé afin de se préparer pour des cours d’Aïkido à destination d’enfants non-scolarisés âgés de 8 ans ou plus. Des cours qu’il donne avec plusieurs uchideschis.

 

 

Mes impressions générales :

 

On détecte facilement dans cet article que j’ai aimé vivre cette expérience au dojo Tenshin-Ecole Itsuo Tsuda ce matin. L’accueil qui m’a été donné a été plus que bon.

Pendant le petit déjeuner, j’ai raconté que j’avais prévu de tout bien faire dès la première séance. Ce qui était très loin de ce qui s’était passé. J’allais donc repartir très énervé et très frustré. Ma remarque a fait sourire. Maitre Régis Soavi m’a alors raconté ce qu’il avait pu vivre avec un Maitre auprès duquel il avait pratiqué. Alors qu’il avait déjà à son actif plusieurs années de pratique de judo et d’Aïkido, il n’arrivait pas à comprendre ce que faisait ce Maitre. Et ça l’énervait aussi.

 

Je peux beaucoup apprendre de l’Aïkido si je parviens à prendre suffisamment congé de mon ego. 

 

A côté de l’ ambiance décontractée de ce matin, le dojo Tenshin-Ecole Itsuo Tsuda a un caractère militant affirmé. A table, toujours lors du petit déjeuner, Maitre Régis Soavi a bien souligné que le dojo, de par l’implication qui était attendue de ses membres, se différencie d’un club où l’on vient en consommateur ».

 

J’ai aussi aimé le fait que le pratiquant puisse laisser son kimono au dojo dans le  vestiaire collectif attribué aux hommes. Ce qui le dispense de devoir venir régulièrement avec son sac chargé, ce qui est une de mes caractéristiques.

 

Le calme que j’avais trouvé en arrivant avant 6h30 s’est maintenu tout le temps que je suis resté au dojo.

 

Dans mon ancien club de judo, j’avais eu l’occasion de combattre une fois avec une copine judokate dont la dextérité technique et l’expérience avaient surpassé mon engagement. Lors de cette séance où j’ai uniquement travaillé avec Manon Soavi, j’ai de nouveau fait l’expérience que la technique et une bonne connaissance des divers équilibres du corps humain peuvent tout faire basculer.

 

 

Franck Unimon, ce mardi 12 octobre 2021.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Catégories
Cinéma self-défense/ Arts Martiaux

Ou aller ? Le Garçon et la bête

 

                                          Ou aller ?/ Le Garçon et la bête

 

Le Garçon et la bête

 

Finalement, hier après-midi, j’ai proposé à ma fille de voir le manga Le Garçon et la bête de Mamoru Hosoda. A défaut, comme je souhaite le faire depuis plusieurs semaines, de l’emmener faire du vélo jusqu’à la Tour Eiffel. Eiffel Tower

 

 

J’avais vu Le Garçon et la bête au cinéma à sa sortie.  En 2015.

 

Hier après-midi, je me rappelais l’histoire de façon assez floue :

 

Au Japon, le jeune Ren a neuf ans lorsque sa mère décède suite à un accident. Son père les a quittés, lui et sa mère, des années plus tôt et ne les a plus revus. Un oncle désire l’adopter. De cette façon, Ren, selon ce « plan d’adoption » pratique, pourra bénéficier d’une bonne situation économique et sociale et, en contrepartie, devenir cet enfant que cet oncle et sa femme n’ont pas pu avoir…ou obtenir.

 

Mais Ren, contre « toute logique », refuse, se révolte et s’enfuit dans la rue jusqu’à devenir un possible SDF.

 

 

Rien que ce début pourrait suffire pour débattre. Que vaut-il mieux privilégier ? La sécurité économique et sociale ? Ou la loyauté et la mémoire de l’affection de celles et ceux que nous avons perdus ?  Nos valeurs morales et affectives ou les valeurs matérielles ?

 

Jusqu’à quand ? Et à quel prix ? L’attitude de Ren peut être facile à comprendre si l’on part du principe qu’à son âge, 9 ans, l’individu que l’on est peut être plus ou moins encore assez « animal » , viscéral, spontané. Avant que l’éducation, les règles, les valeurs, les sanctions, les modèles et les interdits, d’abord de nos parents, de notre famille, de notre entourage, de notre culture, de l’école, des institutions que nous rencontrons et de la société dans laquelle nous vivons ne nous ordonnent et ne nous fasse comprendre à quel endroit et quel poste elle nous tolère ou nous « veut ». Et à quel prix. Mais aussi pour une certaine durée plus ou moins déterminée.

 

Se voiler la face « à la Française »

 

En France, on peut se voiler la face devant Le Garçon et la bête et se dire que l’histoire se passe au Japon. Et qu’il est bien « connu » que le Japon est une société rigide.

 

Cependant, un assez petit effort d’introspection, de mémorisation et d’observation peut nous permettre de remarquer que, même en France, la plupart des enfants connaissent exactement le même « processus » à la Française de socialisation, de domestication, de dressage, de conditionnement. Pour employer un autre mot que celui de « formatage ».

Dès la maternelle où ma fille avait été scolarisée, dans une école publique, j’avais été étonné de voir le nombre rapidement croissant d’enfants qui avait été placés à l’école privée voisine et réputée par leurs parents. Si d’autres enfants avaient quitté l’école pour des raisons dues à des déménagements, cette urgence de certains parents à placer, dès que possible, leurs enfants dans une école privée m’avait beaucoup touché. Et, je me rappelle encore de la mère de deux jeunes filles, une de l’âge de ma fille et sa sœur ainée, avec lesquelles il nous arrivait, au début, de faire ensemble le trajet jusqu’à l’école publique. Lorsque celle-ci, une fois que les deux jeunes filles avaient été inscrites et mises en lieu sûr dans l’école privée voisine, avait gentiment insisté pour me faire comprendre que ce serait mieux , pour le « bien » de ma fille, je fasse de même.

 

Dans Le Garçon et la bête, les parents qui souhaitent adopter Ren pourraient représenter l’assurance de l’école privée où, à ce jour, ma fille, n’est pas scolarisée.

Sauf que ces parents qui veulent adopter Ren, même s’ils ont sans doute de bonnes intentions, se comportent avec Ren comme s’il était un animal, oui. Mais un animal domestique ou déjà domestiqué. Et, au Japon comme en France, on peut être un enfant déjà domestiqué avant ses six ans.

Ce sont ces enfants souvent « parfaits », « sages » et exemplaires  qui ne font pas de vagues. Qui travaillent bien.  Qui parlent bien. Qui sont polis et aimables. Qui sont « propres » dès deux ans. 

Qu’il suffit de regarder avec un peu d’insistance ou en élevant un tout petit peu la voix devant eux dès que leur comportement ne nous convient pas. Et, avec lesquels, très vite, tout « rentre dans l’ordre » :

 

L’enfant se ravise, se « calme », se tait, se conforme ou se soumet à ce que l’adulte (parent ou autre) souhaite. Décide. Désire. Ou semble vouloir.

 

Une des actualités du moment :

 

Je profite de cette dernière phrase pour bifurquer vers une des actualités des moments :

Les actes aujourd’hui reconnus de pédophilie au sein de l’église catholique.

Première page du journal  » Le Monde » de ce mercredi 6 octobre 2021.

 

Si les mômes dont certaines autorités catholiques ont abusé avaient eu la capacité d’un Ren de se révolter, je crois qu’il y aurait eu moins de victimes d’actes de pédophilie au sein de l’église catholique. Mais aussi ailleurs.

Le film Mystic River adapté en 2003 au cinéma par Clint Eastwood d’après le roman de Dennis Lehanne dit exactement la même chose :

La victime (jouée à l’âge adulte par l’acteur Tim Robbins) des deux adultes pédophiles n’est autre que le plus fragile et le plus gentil des trois jeunes garçons qu’ils croisent. Celui dont on « pressent » qu’il se dominera tellement lui-même, qu’il s’interdira toute révolte comme toute fuite, qu’il sera d’autant plus facile d’en faire ce que l’on en veut.

 

Pas ce genre d’enfant :

 

Ren/Kyuta n’est pas ce genre d’enfant. Ou de personne. Cela est peut-être du à sa colère et à sa tristesse. Une colère et une tristesse qu’il se permet et qui le motorisent. Mais une colère et une tristesse auxquelles, déjà, il sait donner des limites. Cela peut être dû à son tempérament. Ou à ce qu’il a eu le temps de vivre de « bon » et de « bien » avec des êtres humains : la bienveillance, la constance, la douceur…

J’ai lu récemment que le rôle principal des parents est d’apporter de l’amour à leurs enfants. Or, en tant que citoyens et adultes, nous recevons tellement d’injonctions que nous pouvons l’oublier. Puis, en arriver à croire qu’en tant que parents, la priorité est d’abord de faire en sorte que notre enfant entre dans le moule et de lui assurer une aisance matérielle suffisante. Et que le reste, l’épanouissement et la reconnaissance de notre enfant, suivra automatiquement. Mécaniquement.

 

Stabilité émotionnelle et maturité affective

 

Ren/Kyuta, à ses 9 ans, a sûrement reçu beaucoup ou suffisamment d’amour et de bienveillance. Car,  après la mort de sa mère et la disparition précoce de son père, même seul, il n’est pas que colère et tristesse. Il est aussi capable d’anticiper, de réfléchir pour construire et pour grandir. Pour avoir envie et besoin de continuer d’apprendre. Il sait pratiquer l’introspection. Il est capable d’écouter. Il sait observer. Ce qui le différencie de l’animal total et a priori sans règles qu’est Kumatetsu qui propose de l’adopter. Et que Ren va accepter comme « père » spirituel ou Maitre. Certains spécialistes de l’enfance diraient sans doute que Ren, du haut de ses neuf ans, a une bien meilleure stabilité émotionnelle ainsi qu’une plus grande maturité affective que son…Maitre Kumatetsu qui est pourtant un adulte ainsi qu’un guerrier exceptionnel et redoutable. Car, du haut de ses neuf ans, Ren/Kyuta ( ce second prénom est celui que lui donne Kumatetsu) a reçu plus d’amour et d’affection que son Maitre/Sensei Kumatetsu et est, dans ce domaine, son aîné.

 

 

 Le Garçon et la bête nous rappelle ainsi que l’on peut être devenu un adulte reconnu et imposant et être resté….un enfant inconnu de tous. 

 

 

J’avais prévenu que, rien que le début de ce manga pourrait suffire pour provoquer un débat.

Autre débat : Aujourd’hui, le succès de stars de téléréalité ou d’autres domaines (cinéma, musique….) impose sous toutes ses formes la dictature de l’image. L’image que l’on donne de soi a toujours eu de l’importance. Dans le pire des cas, même les personnes criminelles font, au départ, en sorte d’offrir d’elles l’image de personnes fréquentables et « normales ». Cependant, aujourd’hui, cette norme et cette nécessité de l’image a encore plus renforcé son emprise sur nous. 

 

Des stratégies et des mondes contraires

 

Qui veut réussir aujourd’hui doit être « vu » et « revu » un certain nombre de fois. Ou pouvoir être « vu » et « revu » plutôt rapidement au moment où il fait sa promotion ou se met sur le « marché ».

On peut critiquer cette norme ou cette habitude. La regretter. Mais on doit aussi la constater. On doit aussi apprendre à soupeser ce que l’on est prêt à concéder à cette norme et habitude. En fonction du résultat et du type de popularité que l’on recherche. Et de ce que l’on peut accepter de rendre public de soi.

 Ainsi, une artiste telle la chanteuse Angèle qui peut porter des messages très lucides et très louables sur différents sujets doit de s’être faite connaître au début, assez rapidement, grâce à Instagram, je crois. 

 

Tel autre artiste, français ou étranger, en mettant des vidéos sur Youtube.

 

Avant hier, en plein Paris, j’entendais une jeune femme, sans doute encore adolescente, s’engueuler dans la rue au téléphone avec son père en lui disant :

 

« Mais, papa, aujourd’hui, beaucoup de monde peut trouver du travail grâce à Facebook ! ».

Mais il n’y a pas que les nouveaux moyens de communications qui peuvent permettre de réussir. Il y a aussi certaines niches, de nouveautés encore, où il faut savoir s’engager au « bon » moment. Avant que le marché ne soit saturé et la concurrence trop importante.

Il y a une vingtaine d’années, ou un peu plus, se lancer dans le Rap pouvait être un moyen plus facile de se faire connaître si cela « marchait ». Aujourd’hui, la personne qui décide de se lancer dans le Rap en France a intérêt à être plus que bon et d’avoir une patte originale. Car en plus d’un héritage solide en matière de Rap avec des groupes précurseurs, connus et moins connus du grand public, il y a aujourd’hui plus d’artistes de Rap en activité en France qu’au début des années 90- 2000. 

Je me rappelle aussi de l’acteur Daniel Auteuil, alors déja reconnu, disant que s’il avait jeune acteur à l’époque la première saison de Loft Story, une émission de télé réalité donc une émission plutôt considérée comme moins noble d’un point de vue culturel ( Nabilla ou Loana ont des prétentions culturelles, sociales intellectuelles autres qu’Anne Sinclair et Léa Salamé  même si leurs ambitions peuvent se rejoindre sur certains points ) qu’il aurait tout fait pour y participer. Le Daniel Auteuil de Manon des Sources et d’autres films d’auteur mais aussi de comédies qui lui ont donné un statut de comédien et d’artiste indiscutable. Au contraire de Nabilla ou de Loana dont on peut surtout regarder la plastique- déferlante ou obéissante- et admirer soit le sens des affaires. Soit l’aptitude à rester malgré tout l’invitée de certains cercles télévisés et médiatisés. 

 

Aussi, pour celles et ceux, jeunes et moins jeunes, qui ont pu trouver leur emploi, leur conjoint, leur conjointe, leur coup du soir, leur co-voiturage, leur médecin ou leur appartement,  via des applications où il s’agit de se faire voir mais, surtout, de se faire connaître, reconnaître et joindre très vite, l’attitude d’un Ren (sans jeu de mot avec «  un renne ») apparaîtra sûrement comme vieillote, suicidaire. Ou inapplicable.

 

Parce-que, pour réussir, Ren choisit exactement le contraire. D’abord de disparaître. Alors que nous sommes dans une époque où, désormais, il est très difficile d’accepter de disparaître. Puisque disparaître, c’est angoissant, c’est la solitude, c’est ne pas exister. Et, nous bénéficions de tout un tas de prothèses et de tocs qui nous permettent d’éviter de nous sentir noyés dans ça :

 

Le téléphone portable constamment allumé ; être en permanence sur internet ;  l’envoi constant de sms, mms, liens ou mails.

 

Alors que le manga Le Garçon et la bête fait plutôt table rase de toute cette modernité high-tech dont le Japon a longtemps été, et reste, l’un des fleurons mondiaux.

 

Pire, Le Garçon et la bête fait l’apologie de la patience. De la discrétion ( le fait de disparaître) et de pouvoir accepter de travailler durement et quotidiennement pendant près de dix ans avant de, peut-être, atteindre l’excellence dans un certain domaine. Mais pour pouvoir être patient, il faut pouvoir disposer de suffisamment de confiance en soi, avoir reçu suffisamment d’amour, se sentir donc suffisamment en sécurité. Il faut aussi avoir un don ou avoir le sentiment d’avoir un don pour soi ou pour les autres qui nous permet de nous distinguer ou qui pourra le permettre un jour. Enfin, il faut être suffisamment optimiste. 

Si Ren, sans jeu de mots, a sans doute ça pour lui. Beaucoup de personnes, enfants et adultes, manquent de ces « aptitudes » et n’ont pour elles « que » la volonté, la rage ou l’ambition de s’en sortir. Donc, Ren/Kyuta est un enfant en colère et orphelin. Malgré tout, à ses neuf ans, il a sans doute reçu plus que beaucoup, enfants et adultes lors du début de l’histoire. Et, bien qu’en colère, il était sans doute ou peut-être, aussi, un de ces enfants « modèles » évoqués plus tôt avant que le malheur de la mort de sa mère ne lui tombe dessus. Décès qui peut « suffire » pour que des enfants, même « modèles », se laissent envahir  » par les ténèbres ». Car Ren/Kyuta a aussi sa vulnérabilité et a , comme tout un chacun, des choix à faire à divers moments de son existence. Mais sa « réussite » si elle se produit, part du principe qu’il faut « donner du temps au temps ». Et que la réussite se « mérite » si l’on travaille dur, quotidiennement et assez longtemps. Sans savoir au départ combien de temps il va falloir oeuvrer avant de « réussir ». Si l’on « réussit »…..

Nous sommes ici plutôt aux antipodes des exemples de réussite diverses qui nous sont donnés assez régulièrement.

Le journal gratuit  » 20minutes » de ce lundi 4 octobre 2021, page 4.

 

La mort récente d’ un Bernard Tapie nous vaut des retours de flamme médiatiques pour bien nous expliquer comme il était quelqu’un d’attachant, de méritant et de «sympa» .Car c’est lui, qui, le premier, avait réussi à mettre à mal Le Pen père, Président alors du FN, lors d’un débat télévisé. Mais aussi lui, qui, à la tête de l’équipe de Foot de l’OM ( j’avais regardé le match en direct à la télé. But de la tête du joueur Basile Boli) avait permis à une équipe de française de devenir championne d’Europe. La seule à ce jour, encore, je crois.  Tapie incarne aussi encore cette époque où un Président socialiste dirigeait la France, François Mitterrand. Et où, pas grand monde, parmi ses Ministres, ou parmi les élus socialistes, ne se serait permis de le regarder de haut ou d’essayer de fronder. Une époque irréalisable aujourd’hui.

 

Cependant, la chronologie de la réussite de Tapie correspondait aussi à son époque. Et n’a rien à voir avec celle d’un rappeur comme Jul, aujourd’hui, un des plus grands vendeurs de Rap en France et qui doit beaucoup de son succès, à son travail et à son originalité comme un Tapie à son époque…  ainsi qu’à à sa très grande maitrise d’internet et des réseaux sociaux. Et du genre musical dans lequel il s’exprime, avec le marché que représente aujourd’hui celui du Rap en France depuis plusieurs années. Aujourd’hui, le Rap est le genre musical qui se vend le plus en France. Ce n’était pas le cas à l’époque de l’OM de Bernard Tapie. A cette époque, un Jul ou d’autres, avec la même capacité de travail et la même originalité,  n’auraient pas pu avoir la carrière, la même réussite économique, sociale et artistique, qu’ils ont aujourd’hui. 

 

Nulle part où aller :

 

Donc, vieillot, le petit Ren que l’on ne voit très peu avec un smartphone et qui sait à peine lire le Japonais à 18 ans ?

 

Seulement pour l’esthétique.

 

Car, pour le fond, ce qu’il vit est intemporel. Et toute personne, Geek ou non, à plusieurs moments de son existence, vit ce que vit Ren. Ou a vécu ce qu’a vécu Ren. Le fait de devoir trouver sa propre réponse à cette question qui se pose à tout être humain mais, aussi, à toute espèce humaine :

 

Où aller ? Trouver sa place.

 

Au début du manga, d’ailleurs, cette simple phrase m’a marqué alors que Ren hésite encore sur ce qu’il va faire après avoir fugué et commencé à errer dans la rue :

 

Il n’a « nulle part où aller ».

 

Et, hier, pour la première fois, cette simple phrase m’a parlé d’une autre façon. Bien-sûr, les thèmes martiaux du manga m’ont plu. Dans Le Garçon et la bête, on reconnaîtra le Kendo et l’Aïkido comme les arts martiaux de référence. Ce qui m’a rappelé que je n’avais toujours pas fait le compte rendu de ma lecture du livre de Sensei Jacques Payet :

 

Uchideschi ( Dans les pas du Maitre ).  

 

Me rappeler de cet « oubli » m’a un peu culpabilisé. J’ai eu l’impression de m’être dispersé depuis sa lecture il y a bientôt deux mois. Alors, que peut-être, à ma façon, suis-je malgré tout resté dans la voie de ce que j’avais lu. 

 

Sauf que, contrairement au jeune Ren qui se concentre sur un seul but, depuis ma lecture du témoignage de Sensei Jacques Payet, j’ai recommencé à m’impliquer dans plusieurs directions.

 

J’ai donc à prendre des décisions devant plusieurs directions qui s’offrent à moi. Ou à trouver le moyen de les unifier. Unifier ou sacrifier.

Ren n’a plus rien au début de l’histoire. Ren a donc un deuil à faire. Là où j’en ai en quelques sortes plusieurs à faire.

Ren n’a personne sous sa responsabilité. J’ai ma fille sous ma responsabilité. N’importe quel parent impliqué dans le quotidien et l’avenir de son enfant sait qu’il faut régulièrement disposer d’au moins trois cerveaux afin de pouvoir mener plusieurs actions en même temps. Les actions pour son enfant. Celles pour soi et avec son entourage immédiat. Et, tout ce qui concerne l’anticipation, travail que votre enfant ne peut pas faire à votre place. Au milieu de tout ça, dans l’idéal, il faut réussir à lui rendre la plupart de ces actions suffisamment intelligibles afin qu’il les comprenne mais aussi afin qu’il apprenne leur nécessité. Car, plus tard, selon les situations et les circonstances,  il aura à effectuer un certain nombre de ces actions pour lui-même, peut-être pour vous ou son entourage immédiat etc….

 

Evidemment, un enfant n’est pas de la matière inerte. Un enfant est souvent là où on ne l’attend pas. Là où on ne le pense pas. Et, un enfant, ça conteste aussi votre belle organisation mais aussi vos pouvoirs de logique. Donc, j’estime il faut bien avoir à peu près trois cerveaux au minimum lorsque l’on est attaché à faire de son mieux pour son enfant et avec lui.

 

Donc, si Ren est au départ plus vulnérable que moi du fait de son jeune âge et de son statut, son emploi du temps et ses obligations au regard de la société sont aussi moindres que les miennes.

 

Il ne s’agit pas, pour moi, néanmoins, de dire que la vie est belle pour le petit Ren. Alors que, contrairement à lui, j’ai toujours vécu avec ma mère et n’ai jamais eu, enfant, à essayer de survivre dans la rue. Mais, plutôt de dire que chacune et chacun d’entre nous a ses obstacles personnels. Et qu’il lui faut fournir et trouver des efforts particuliers ou des solutions à leur mesure afin de les surmonter. Moi, par exemple, j’ai sans aucun doute constitué un ensemble de mauvaises habitudes qui, aujourd’hui, m’empêchent. Donc, soit, je les accepte et vis avec. Car, après tout, si ces habitudes sont là, c’est qu’elles me servent à quelque chose.

 

 Soit, je tranche.

Ren tranche en décidant de suivre et de rejoindre Kumatetsu dans le monde des bêtes. L’intellect, alors, n’est pas sa priorité au sens de l’éducation scolaire et sociale avec la mise sous uniforme, sous chloroforme et sous cloche de ce qu’il peut ressentir. Ren décide de délaisser l’image et certains codes de conduite protocolaires considérés comme « respectables » et « normaux ».

 

Ren opte plutôt pour ce ce qu’il a dans les tripes, d’instinctif, d’enfantin. Il ne joue pas à l’homme contrairement à d’autres de son âge ou un peu plus vieux qui récupèrent ce qui leur vient de leurs parents, de leur entourage et l’adoptent. Comme une décalcomanie. Sans voir et sans comprendre que cela ne leur correspond peut-être pas autant qu’ils le croient. Même si, à l’extérieur, ils font illusion et qu’on les regarde ou que l’on semble les considérer pour eux-mêmes. Alors que celles et ceux qui les regardent et les considèrent ne savent peut-être même pas eux-mêmes qui ils sont véritablement…..

 

 

Mais ce « nulle part où aller », hier après-midi, m’a beaucoup parlé.  On entend régulièrement ce sujet.

Je pense à la chanson de Tiken Jah Fakoly qui parle des migrants. Où aller où ? 

Je pense aussi au titre de Mc Solaar. Bouge de là.

 

 

C’est parce-que Ren n’a nulle part où aller, qu’il n’a plus d’attache,  qu’il peut se permettre de disparaître du monde des vidéos surveillances ; de l’obligation de se conformer à certaines images sociales ; du monde des humains.

Pour, pendant neuf ans, choisir d’accomplir un travail quotidien, approfondi, intérieur mais aussi socialisant, libérateur et apaisant avec plusieurs personnes de confiance.

 

Les sectes, les religions, les groupes terroristes et autres organisations humaines peuvent aussi jouer ce rôle selon les intentions de celles et ceux qui décident de les rejoindre. Selon le « vide » que ces prétendantes et prétendants ont en eux et espèrent combler.

D’autres espèrent combler ce vide par un mariage, par le fait de faire des enfants, en multipliant les expériences professionnelles, relationnelles ou autres.  Ou en acquérant un certain statut social ou économique. Pour moi,  Le Garçon et la bête parle de tout ça.

 

Si Ren était toujours seul face à Kumatetsu, sans doute serait-il aussi devenu une bête ou qu’il aurait aussi fugué pour ne pas repartir. Mais il existe des tuteurs ou des tiers reconnus et tolérés tant par Kumatetsu que Ren. Ce qui évite la fusion, la confusion mais aussi la confrontation meurtrière entre l’enfant et l’adulte, mais aussi entre la bête et l’animal. Ren n’est pas seul face à Kumatetsu. D’autres adultes, d’abord des hommes aux caractères différents, sont constamment présents et raisonnent tant l’un et l’autre. Puis, Ren rencontre d’autres garçons qui, dans le monde des bêtes, ont l’équivalent de son âge, et ont des codes d’intégration assez proches de ceux que l’on peut trouver dans le monde des humains.

 

Quitter son île natale

 

En  revoyant Le Garçon et la bête, j’ai compris comment le jeune adulte Jacques Payet, avait pu trouver l’aplomb de quitter son île natale de la Réunion pour partir vivre pendant huit ans au Japon, dans les années 80, afin de devenir l’Uchideschi d’un grand Maitre d’Aïkido :

 

Sensei Gozo Shioda.

 

 Comme Ren, Jacques Payet en était passé par certaines étapes et épreuves.  Et, comme Ren, dans plusieurs de nos expériences de débutants, nous en sommes aussi passés par là, à différents degrés. En acceptant diverses difficultés car, nous savons que nous n’avions nulle part d’autre où aller.  Retourner là d’où nous venions ? Pas question. On retrouve là, la phrase prononcée par l’acteur Daniel Craig (que j’ai cité dans mon article précédent Moderna J + 5 ) lorsqu’il a annoncé ne plus vouloir interpréter le personnage de James Bond :

 

« Je préfère m’ouvrir les veines ».

 

Et, l’on retrouve aussi, sans aucun doute ce qui pousse, aujourd’hui aussi, à notre époque de la dictature de l’image et des réseaux sociaux, sûrement le même genre de détermination chez celles et ceux qui ont réussi, réussissent ou réussiront à leur façon. Ce refus de poursuivre tel que l’on a été. Ce besoin et cette volonté de changement personnel qui sont un engagement et une démarche intimes et non des promesses sans lendemain équivalentes à des  bravades lancées après avoir bu plusieurs verres ou après avoir fumé un certain nombre de joints.

 

Sans domicile fixe

 

 

Enfin, pour conclure. Toujours inspiré par cette phrase « Nulle part où aller » mais aussi par ce court passage où Ren risque de vivre dans la rue avec tout ce à quoi ce mode de vie l’aurait exposé (déréliction, addictions, prostitution, prison, maladies et vieillissement précoces…), j’ai pensé à ces SDF que nous croisons souvent. Et dont un certain nombre « s’adonne » à la boisson.

 

SDF, cela signifie Sans domicile fixe. Par extension, j’ai aussi pensé que leur élixir est leur domicile, l’endroit, le moment et la sensation dans lesquels elles et ils se sentent bien. A la fois protégés mais aussi perméables au monde et à la vie, dans une sorte de cocon ou de fœtus artificiel recréé où, pensent-ils, et sentent-ils, il ne peut plus rien leur arriver.

 

Mais ces effets ne durent pas. Les « propriétés » de l’alcool s’évaporent. L’organisme, ce « traitre »,  se débarrasse aussi de ces bordées d’alcool.  De ce fait, un ou une Sans domicile fixe est aussi une personne Sans élixir fixe. Là aussi, même si l’on rencontre des SDF qui sont à peu près souvent au même endroit, nous avons affaire à des personnes qui n’ont nulle part où aller. Même si, avant de devenir SDF, elles ont pu beaucoup voyager, avoir eu un foyer, un emploi y compris très bien payé et très bien valorisé. Jusqu’à finir par opter pour l’alcool comme lieu de domicile. Car leur ailleurs, de toute façon, ont-ils fini par conclure, n’existe ou ne subsiste pas. Est instable ou ne dure pas. De même que certains ailleurs que nous recherchons et que nous défendons, dans certaines de nos rencontres, de nos expériences, de nos décisions ou de nos croyances. 

 

Hier soir, j’ai dû me pousser pour écrire mon article Moderna J + 5.  Cet article-ci m’a poussé.

 

Franck Unimon, ce dimanche 10 octobre 2021.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Moderna J + 5

Photo prise à Paris, dans le 13ème, vendredi 8 octobre 2021.

    

                                      Moderna J + 5

 

Je dois me pousser ce soir pour écrire. Aussi, cet article devrait-il être court…..

 

Je m’explique mon manque d’entrain, sûrement passager, par le fait d’avoir pris beaucoup de notes lors de mes deux jours de formation hier et avant hier. Mais aussi par le fait que ces dix derniers jours, j’ai multiplié les contacts sociaux directs. Famille, amis mais aussi dans un contexte professionnel. Ou/Et par le fait d’avoir écrit beaucoup d’articles en aout et en septembre. A peu près 15 articles à chaque fois.

 

 

J’ai sûrement besoin de faire une petite pause alors que plusieurs sujets m’attendent. Cependant la régularité a son importance. Et, je crois qu’il me faut faire l’effort de parler encore un peu de la deuxième injection de Moderna que j’ai reçue ce lundi 4 octobre 2021. Parce-que, plus tard, j’aurai sans doute oublié ou préfèrerai me concentrer sur d’autres thèmes.

Photo prise le mercredi 6 octobre 2021, à Villeneuve le Comte.

 

 

Ce soir, nous sommes samedi 9 octobre 2021. Nous sommes bien à J + 5.  Lundi, dans deux jours, je devrais recevoir ou avoir reçu ma carte du « club » des vaccinés contre le Covid.

 

Je me sens bien.  A J+ 2 (mercredi), j’ai pensé écrire mais je n’ai pas pu me rendre disponible. Je n’ai pas ressenti de fièvre après ma seconde injection comme après ma première. Et, le soir de ma deuxième injection ( le lundi) comme j’en parle un peu à la fin de mon article Consentement , je m’étais rendu à un ciné débat à la salle Jean Gabin, à Argenteuil. Pour voir le nouveau film de Jean-Gabriel Périot inspiré de l’ouvrage de Didier Eribon :

 

Retour à Reims

 

D’ailleurs, je n’ai toujours pas écrit à propos de ce ciné-débat comme à propos du « spectacle » Screws vu le samedi 25 septembre 2021 à Cergy-Préfecture lors de l’événement Cergy, soit ! 

 

Avoir un dossier sous le bras

 

Le mardi, le lendemain de ma seconde injection et de cette soirée ciné débat, je partais déjeuner avec Lucifer, une ancienne collègue.  Lorsqu’avant notre rendez-vous, celle-ci m’avait demandé par sms si cela allait, je lui avais répondu que j’avais «  un peu mal au bras et à l’aisselle ». Lucifer, alors, avait su me rassurer :

 

« Espérons que tu y survivras mais sur une courte durée ça devrait aller….( sourire). A tout à l’heure ».

Paris, vendredi 8 octobre 2021, l’église Sainte-Eugène-Sainte-Cécile.

 

Dans la vie courante, Lucifer est une personne charmante. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir un certain humour. Un humour que je préfère aux immersions catastrophées ou fatalistes à visée répétitive. 

 

Si j’ai pu m’accommoder d’une petite tachycardie, en me disant qu’elle résultait plus de la fatigue ( due à quelques heures de sommeil en moins) que de l’injection, je n’ai pas aimé voir cette hypertrophie de mes ganglions sous mon aisselle. Bien-sûr, j’ai déduit de ce « gonflement » que mes défenses immunitaires se mettaient au travail sous l’effet du vaccin. Je n’ai pas craint particulièrement pour ma vie. Mais cette réaction visible et palpable m’a bien confirmé que ce vaccin avait opéré une certaine transformation dans mon organisme. J’ai déjà reçu d’autres vaccins. C’était la première fois que j’assistais à cette réaction.

 

Je ne me suis pas trop inquiété. Et, aujourd’hui, cette « boursouflure » sous l’aisselle correspondant au bras qui a été piqué à deux reprises (le 13 septembre puis ce 4 octobre) a pratiquement disparu. Reste peut-être une petite sensibilité sous l’aisselle si j’appuie. Mais rien qui ne m’empêche de dormir, de manger, d’écrire ou de lire.  Ou de faire ce que j’ai prévu de faire.

La Grande synagogue de Paris, rue Sainte Victoire, vendredi 8 octobre 2021.

 

Etre confiant

 

Concernant ma santé, je devrais être confiant à cent pour cent. D’autant qu’hier, j’ai effectué un nouveau test antigénique, soit le sixième depuis avril de cette année. Si, cette fois, la pharmacie où je me suis rendu a appliqué le protocole qui consiste à attendre 25 minutes avant de communiquer le résultat, contre moins de cinq minutes les trois dernières fois où j’ai passé un test antigénique à deux autres endroits, le résultat du test antigénique a été identique à toutes les autres fois : Négatif.

L’étudiant en chirurgie dentaire qui a effectué le test antigénique a su être doux. J’aurai donc passé six tests antigéniques. Les trois première fois avec des femmes. J’affirme ce soir que les hommes qui ont réalisé les tests antigéniques ont été les plus doux.

J’affirme aussi que l’étudiant en médecine qui m’a fait la deuxième injection intramusculaire l’a mieux réussie que l’étudiante en médecine qui m’avait fait la première. Cela pour dire de nouveau, à notre époque où le verbe « déconstruire »- pour déconstruire les stéréotypes et les préjugés- est facilement utilisé que la douceur et la délicatesse ne sont pas la propriété déterminée et exclusive des femmes.

 

Toutefois, depuis plusieurs semaines, il est plutôt facile de se sentir confiant, je trouve. On nous parle nettement moins de la pandémie du Covid, de ses morts et des patients qu’elle envoie en réanimation. On nous laisse plus comprendre que les chiffres de la pandémie sont en baisse en France. Il faut les chercher dans les journaux, les articles qui parlent du Covid. Alors qu’au mois d’aout encore, le thème astral du Covid et son horoscope nous sautaient facilement aux yeux dans les média mais aussi dans les réseaux sociaux :

 

« Travail : Aujourd’hui, vous aurez beaucoup de réussite dans ce que vous entreprendrez. Amour : Vous avez laissé un grand vide derrière vous. Santé : Rien ne vous est impossible ».

Paris, vendredi 8 octobre 2021.

 

 Même les éventuelles conséquences- en termes de pénurie de personnel dans le secteur hospitalier déjà touché par le manque de personnel avant la pandémie du Covid- des suspensions des soignants qui ont refusé de se faire vacciner sont gommées des préoccupations premières.

 

En plus, il fait plutôt beau ces  derniers jours. Lorsqu’il ne pleut pas. Les restaurants sont ouverts, les cinémas etc…. il faut juste fournir son passe sanitaire ou un résultat négatif de moins de 72 heures à un test antigénique ou PCR ou un document officiel attestant que l’on a attrapé le Covid il y a plus de 11 jours ( et moins de 6 mois ?).

 

Paris, vendredi 8 octobre 2021.

 

Donc, ça « roule » dans l’ensemble. Et ça fait aussi du bien de voir que ça roule autour de soi lorsque l’on marche dans les rues en plein Paris. Lorsque l’on entre dans un commerce. Ou quand on prend le métro pour se rendre à sa formation aux heures de pointe.  Bientôt, je reprendrai mes entraînements d’apnée avec mon club. Puisque, jusque là, je ne pouvais pas. Vu que je n’étais pas vacciné contre le Covid. Je retournerai un peu plus souvent au cinéma. Je suis finalement moins pressé pour aller voir le dernier James Bond avec l’acteur Daniel Craig, Mourir peut attendre. Car les échos sont un peu amers à l’encontre de ce dernier James Bond  avec l’acteur Daniel Craig, pour la dernière fois dans le rôle.

 

Et, moi, avec Daniel Craig, dans le rôle, je reste accroché à son tout premier, dans le remake de Casino Royale ; où la franchise mais aussi lui-même avaient beaucoup à prouver. Par ailleurs, le casting autour de lui était varié, équilibré et très bon :

 

Mikkelsen, Bankolé, Dench, Abkarian, Green…

 

Aujourd’hui, on ne sait pas qui va succéder à Daniel Craig dans le rôle de James Bond. La pandémie est toujours là. D’ailleurs, si ce James Bond ne sort que maintenant, c’est à cause de la pandémie du Covid.

 

Néanmoins, d’autres sujets d’inquiétude dans le monde persistent ou s’intensifient (l’eau, certaines pénuries alimentaires mais aussi de vêtements et de chaussures, l’augmentation du prix du gaz et de l’électricité, les grosses coupures d’électricité connues par la Chine, l’emprise des GAFAM….) mais nous pouvons encore, pour plusieurs d’entre nous, encore nous demander qui pourrait bien être le prochain acteur qui va jouer James Bond. L’acteur Tom Hardy ? A un moment, j’avais entendu parler de l’acteur Idriss Elba

 

Je n’ai pas encore écouté le podcast où l’acteur Daniel Craig explique qu’en « devenant » James Bond, sa vie privée était devenue impossible et qu’il devait laisser ses rideaux fermés lorsqu’il était à son domicile. Je me rappelle par contre d’une interview lue sans doute avant le premier confinement où il confirmait sa décision d’arrêter de jouer James Bond. Affirmant :

 

« Je préfèrerais m’ouvrir les veines ».

 

 

Mourir peut attendre

 

Hier après-midi, après la fin de ma formation de deux jours, j’ai changé mon itinéraire de retour afin de continuer de discuter avec un de mes collègues. Cela m’a donné l’idée de passer dans un des magasins de Tang Frères. Vingt à trente mètres avant d’y arriver,  je me suis arrêté devant ces affiches. Mon collègue a alors commenté :

 

« Ils cherchent vraiment à faire peur aux gens ».

Paris, 8 octobre 2021.

J’ai aussitôt pris des photos en me disant que ces affiches seront vraisemblablement assez vite arrachées. Mon collègue m’a imité.

 

 

 

Le fait est que je ne sais pas quoi penser devant ces affiches. Pour les personnes convaincues par les bienfaits des vaccins anti-Covid que nous avons reçus ( Astrazeneca, Moderna, Pfizer, Johnson & Johnson ), il n’y a pas photo. Ce genre d’affiches est à ranger dans le casier « fake news », « complotisme », « irrationnel ».

 

Le soir même, sur le net, j’ai tapé deux noms parmi ces « têtes d’affiche ». Dont le défunt Maxime Beltra, dont j’avais « entendu » parler. J’ai « trouvé » un extrait d’un article du journal Libération qui expliquait qu’après une recherche un peu plus approfondie qu’il ressortait que le jeune Maxime Beltra était officiellement décédé suite à une allergie alimentaire. En mangeant au restaurant des aliments pour lesquels il avait une allergie connue. D’où l’œdème de Quincke létal. Il était envisagé que l’allergie alimentaire associée à la vaccination avait pu provoquer la mort. Mais, fondamentalement, l’allergie alimentaire était la principale cause de décès officielle. Je me suis néanmoins demandé ce qui avait pu pousser Maxime Beltra à aller manger au restaurant une nourriture à laquelle il se savait allergique. Mais l’être humain est aussi plein de paradoxes et de mystères. Et, pas plus que je ne suis devenu épidémiologiste depuis le début de la pandémie du Covid, je ne suis devenu inspecteur de police, médecin légiste ou analyste de laboratoire.

Photo prise à Paris, ce vendredi 8 octobre 2021.

 

 

Pour certains, en parlant de Maxime Beltra et d’autres personnes qui seraient décédées suite à une injection de vaccin anti-Covid, je refuse de voir l’évidence. Pour d’autres, je m’attarde trop sur des détails et des coïncidences.

 

Mais si je prends aussi le temps de « parler » de ces affiches, ce soir, c’est parce-que, plus tard, dans un avenir plus ou moins proche, six mois, deux ans ou trois, ou quatre, ou plus, sortiront des explications irréfutables tant à propos des vaccins anti-Covid actuels que de certaines de ces morts. Et, si je suis encore en vie et que je souhaite alors revenir à ce que nous vivons maintenant, je pourrai toujours revenir à ces quelques informations que je laisse ce soir. Très certainement que je me dirai alors :

 

« C’est dommage de ne pas avoir écrit davantage ce soir-là ou sur ce genre de sujets à cette époque…. ».

Paris, ce vendredi 8 octobre 2021.

 

Franck Unimon, ce samedi 9 octobre 2021.

 

 

 

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Consentement

Le verso du questionnaire pré vaccinal que j’ai rempli hier avant ma deuxième injection de Moderna.

 

 

                                              Consentement

 

Retour à la normale

 

 

Le médecin qui  a certifié ce lundi 4 octobre 2021 m’avoir examiné et m’avoir transmis  « toutes les informations liées à la vaccination pour la Covid-19 » et m’avoir informé que mon « cycle vaccinal est terminé » est gynécologue.

 

Je l’ai découvert sur l’écran de téléviseur plat derrière les deux hôtesses d’accueil. En ramenant mon « questionnaire de consultation pré vaccinale » que j’avais rempli recto verso. Comme cela m’avait été rappelé par l’hôtesse à laquelle je m’étais adressé. Une femme d’une vingtaine d’années, mesurant environ 1m60, montée sur des talons hauts, qui me l’avait tendu. 

 

Celle-ci avait d’abord été un peu surprise lorsque je lui avais appris la raison de ma venue :

 

Ma deuxième vaccination anti Covid.

 

Cela était sûrement tellement loin des principaux motifs de consultation désormais. Puisque nous étions le quatre octobre 2021 et que la majorité des Français s’était déja fait vacciner. Et puis, la pandémie du Covid est dépassée comme sujet d’actualité depuis fin aout, début septembre. Elle pensait peut-être davantage au décès, la veille, pour cancer, une mort normale et habituelle, de Bernard Tapie, 78 ans.

Bernard Tapie, Ex-Ministre, ex- homme d’affaires, ex-PDG, ex-Patron de l’équipe de Foot de l’OM, ex patron de la Vie Claire, l’équipe cycliste de Greg Lemond et de Bernard Hinault , ex-acteur. Un homme qui avait tout réussi en partant de peu. Au début de sa vie, il aurait tout aussi bien pu être hôte d’accueil durant quelques temps. Peut-être que cette hôtesse, aussi, était-elle une future Bernadette Tapie. Qu’est-ce qu’on en sait ?! Tout est possible.

Photo prise ce lundi 4 octobre 2021, Paris.

 

Derrière les deux hôtesses, en ramenant mon questionnaire de consultation pré-vaccinale, j’ai regardé celui qui m’avait « examiné » puis, quelques minutes plus tard, signifié que mon cycle « vaccinal était terminé ». Il ne me regardait pas.

Sur l’écran de téléviseur, aussi plat que j’aurais voulu avoir le ventre, on pouvait le voir s’exprimer sans le son. Les questions qu’on lui posait étaient retranscrites sur l’écran de même que ses réponses. Les yeux bleus, une alliance dorée au doigt, plutôt mince, la quarantaine, il parlait en s’aidant beaucoup de ses mains. Il parlait « fertilité » en tant qu’expert ; il expliquait qu’ici, dans le centre de soins où je me trouvais, une équipe pluridisciplinaire suivait du début jusqu’à la fin les personnes qui consultaient. Qu’il s’agisse de couples et femmes mariées. Ou de femmes vivant seules et ayant des difficultés à enfanter. En évoquant cette dernière situation, «  des femmes vivant seules », il a eu un mouvement de la main qui signifiait que, pour lui, cette situation particulière qu’une partie de la société rejetait et critiquait encore, n’était pas un sujet. Qu’il était en quelque sorte un praticien et un homme ouvert. Et/ ou qu’il avait réfléchi d’un point de vue éthique à ce propos.

 

Le voir sans le son me donnait l’impression d’être plus réaliste dans ma façon de le percevoir. Cet homme était peut-être un futur politicien mais il donnait l’impression d’être sincère. Même si la sincérité peut être une action éphémère. Devant des caméras ou face au temps. Bernard Tapie, aussi, avait su et pu être sincère.

 

La sincérité :

 

Un homme d’une cinquantaine d’années attendait, assis, près du lieu de vaccination au même étage que la dernière fois. Au 7ème.  Après m’avoir expédié au 7ème ciel en m’accompagnant jusqu’à l’ascenseur, en se servant de son badge et en appuyant sur le bouton, l’hôtesse d’accueil avait tourné les talons pour retourner à son poste, son casque téléphonique de réception toujours sur sa tête. Au 7 ème,  en sortant de l’ascenseur, je n’avais qu’à suivre et me diriger vers le fond en passant devant un premier poste d’accueil vide.

 

L’homme assis m’a répondu qu’il venait de se faire vacciner. Non, il n’avait pas eu mal. Ni cette fois-ci, ni la première fois. J’allais toquer à la porte comme la fois précédente, le 13 septembre, lorsqu’il m’a dit qu’ils allaient bientôt venir  de toute façon.

 

Deux ou trois minutes plus tard, un jeune homme en blouse blanche est sorti pour lui dire qu’il pouvait y aller s’il se sentait bien. Oui, il se sentait bien. J’ai constaté à voix haute :

 

« La dernière fois, nous avions des jeunes femmes, aujourd’hui, nous avons des Rugbymen ! ». Celui qui se tenait debout face à moi devait faire 1m90 pour près de cent kilos. Un vrai physique d’athlète. Il a pris ma remarque avec le sourire :

 

« Pourquoi, ça ne vous plait pas ? ». J’ai démenti. Je remarquais simplement le contraste. Sans pour autant m’attarder. La dernière fois, des jeunes femmes plutôt mignonnes et minces ( Marcher pour ne pas mourir). Cette fois,  un presque  Conan le Barbare  en blouse blanche venait à ma rencontre.

 

A l’intérieur, un autre homme en blouse blanche, assis devant un ordinateur. Moins taillé mais plus quand même que les jeunes femmes croisées trois semaines plus tôt pour ma première injection. Et d’un abord a priori moins avenant. Ou plus stressé, sans le montrer. Donc, capable peut-être d’une grande maitrise de soi. Ou, tout simplement rigide.

 

Photo prise à Paris, ce lundi 4 octobre 2021.

 

Douceur et indulgence

 

Deux jours plus tôt, je m’étais décidé à passer un test antigénique à une heure étudiée afin qu’il me dure suffisamment pour certaines démarches. Telles que pouvoir me rendre à un déjeuner le lendemain (ce mardi 5 octobre) avec une ancienne collègue et amie.

 Je n’avais pas oublié l’expérience désagréable qu’un nouveau test antigénique, réalisé par une charmante étudiante en médecine de 4ème année, avait été pour moi avant ma première injection de Moderna. Or, deux jours plus tôt, soit le 2 octobre, l’étudiant en médecin 2ème année qui avait pratiqué le test antigénique pour une des pharmacies de ma ville s’y était bien pris. Et, je l’avais félicité. Visiblement, il n’était pas familier avec ce genre de compliment. En repartant ce 2 octobre, après ce test antigénique au résultat à nouveau négatif, j’avais considéré que l’on attribue trop facilement la douceur aux femmes. Alors que pour être doux mais aussi indulgent envers les autres, il faut d’abord savoir l’être vis-à-vis de soi-même.

 

Il y a des femmes, soignantes ou non, qui sont brutales. J’avais repensé à cette aide-soignante qui, avant une opération, il  y a plusieurs années, m’avait rasé une petite partie de mon corps à sec. Car elle estimait que j’avais laissé trop de poils près du champ opératoire en me rasant. Je m’étais rasé la veille au soir avec douceur et mousse.

Elle, le matin avant le passage au bloc, sous prétexte d’augmentation de l’efficacité, m’avait administré des gestes rapides et agressifs. Mais loin d’être aussi parfaits qu’elle le croyait. Mais elle avait « fait ». Elle avait fait son œuvre. Je n’avais pas pu m’empêcher de penser que cette femme d’une bonne trentaine d’années, pas très jolie, au lit, devait être un très mauvais coup. Même en étant mère plusieurs fois.

 

 

La  répétition de tests antigéniques ( ou de tests PCR) des millions de fois lors de la pandémie du Covid peut malheureusement se concilier avec un certain nombre de manœuvres « nasales » indélicates. Car, si depuis mes deux premiers tests antigéniques, ou à chaque fois on instillait une tige dans chaque narine alors que maintenant on le fait dans une seule (pour quelle raison ?), la pratique régulière ne suffit pas pour être « doux » ou « douce ». Et, bien supporter un test indélicat n’est pas le bon critère :

Lorsque, plus jeune, j’ai commencé à me raser, je trouvais ça parfaitement normal de finir le visage en sang. Pour moi, c’était ça, être un homme. Ensuite, j’ai appris qu’on pouvait se raser dans la douceur et avoir du plaisir à le faire. Mais, aussi, qu’être dur avec soi-même lorsque cela est inutile et injustifié ne fait pas de nous une personne plus résistante qu’une autre face à une véritable adversité ou  à l’imprévu. Je ne suis ni un guerrier, ni un aventurier, ni un meneur, ni un héros mais je me considère plus résistant et plus constant dans l’effort qu’à cette époque où je me rasais jusqu’au sang et où je bénéficiais pourtant d’une forme et d’une force athlétique supérieures à celles dont je dispose aujourd’hui. Parce qu’aujourd’hui , je crois mieux savoir et mieux reconnaître ce qui est véritablement essentiel. Et ce qui l’est moins. Pour cela, j’ai appris. Certaines fois en prenant des coups. D’autres fois en réfléchissant et en observant. D’autres fois, encore, en acceptant de me faire davantage confiance. Et, aussi, en apprenant à mieux m’aimer. Pour moi, c’est aussi ça, être capable de douceur et d’indulgence pour soi-même comme pour les autres. Cela ne signifie pas être parfait à toute heure ni tout savoir ou être un génie.

 

 

Cependant, pour être plus ou moins « doux » ou « douce », il faut non seulement avoir l’intention et la disposition pour l’être.  Etre suffisamment à l’aise au contact de l’autre. Mais, aussi, être suffisamment « doux » ou « douce » pour soi-même. 

Et, lorsque l’on fait des multitudes de tests à la chaîne, comment rester « douce » et « doux » si, en plus, dès le départ, cela est une notion et une sensation que l’on ignore ? Que l’on banalise ? Que l’on standardise avec des trucs et des tics  de langage et de comportement. Ces « Vous allez bien ? » ou ces «  ça va ? » que l’on ne pense pas mais que l’on inocule aux autres en n’attendant d’eux qu’une seule chose : qu’ils nous réponde de manière toute aussi standardisée : «  Oui, ça va ». « Oui, je vais bien ». Même si elles ressentent le contraire.

 

Voilà le genre de question que l’expérience d’un simple test antigénique peut m’inspirer.

 

 

Faire pire que la douceur et l’indulgence

 

Photo prise à Paris, ce lundi 4 octobre 2021.

Cependant, ce 4 octobre, j’ai fait pire. J’ai fait le professeur.

 

Alors que je m’asseyais tout en répondant au rugbyman en blouse blanche, j’ai d’emblée précisé que je n’aimais pas du tout les tests antigéniques. Ou j’ai demandé s’il faisait « mal ».  Car il venait de m’apprendre que l’on allait quand même me faire un test antigénique au préalable. J’ai marqué mon étonnement. Le test antigénique que j’avais passé samedi était encore valable….puis, j’ai ajouté :

 

« ça va vous ramener de l’argent ! ». Légère dénégation sans débat. Je me suis à nouveau laissé faire.

 

 

L’étudiant en médecine de quatrième année (j’ai demandé) m’a assuré qu’il ferait attention. Je l’ai trouvé sincère et attaché à faire de son mieux. Dans la foulée, je les ai informés, lui et son prochain, que j’étais infirmier en psychiatrie. Ce que je n’avais pas fait lors de ma première injection.

 

En psychiatrie ?

 

Cela a intrigué celui qui s’occupait de moi. Il a voulu savoir ce qui me plaisait à travailler en psychiatrie. Même si je me suis dit que c’était sa façon de détourner mon attention afin que le test antigénique se fasse telle une formalité, j’ai néanmoins répondu.

 

Pour penser. Pour être égal à moi-même. Et non faire du travail à la chaine. A ses côtés, son collègue, également étudiant en médecine 4ème année, ne disait rien. Il était néanmoins ouvertement le plus directif des deux. On aurait dit que, autant, le premier, essayait d’entrer en relation, d’être « sympa », autant, lui, semblait estimer que tout cela était une perte de temps. Qu’il fallait surtout avancer.

 

Etre en quatrième année de médecine, cela peut impressionner le grand public. Il est vrai que faire des études de médecine, c’est faire partie de l’élite. Et puis, ce sont des études difficiles. Il faut donc être une « tête » et aussi avoir le cœur solide et endurant pour ces études longues, à très grande responsabilité et très concrètes. Il faut l’admettre. Je n’ai jamais envisagé de faire médecine. Et, je ne crois pas avoir  souhaité le devenir.

 

Mais, être en quatrième année d’études de médecine, ça donnait et ça donne peut-être encore aujourd’hui l’équivalence pour travailler comme…infirmier. Et, être en quatrième année de médecine, cela ne donne pas l’expérience. L’expérience du métier. Mais, aussi, de la vie. Je peux faire encore plus simple :

 

J’ai bien sûr croisé un certain nombre de médecins, de différentes spécialités, de par mon métier et de par ma vie. En tant que collègues. Ou en tant que « spécialistes » que j’ai pu consulter. Il y a des compétences médicales ou chirurgicales évidentes qu’un médecin acquiert. Néanmoins, cela ne signifie pas qu’un médecin a raison sur tout et sait tout bien faire. Et tout le temps. Et tout seul.

 

Il y a des très bons médecins et des très bons chirurgiens qui, sortis de leur excellence de praticien, font partie des ordures ménagères ou, aussi, des handicapés relationnels et émotionnels. Il y a des médecins et des chirurgiens corrects, passables, et qui, par contre, vont être « bons » ou «  très bons » dans le relationnel. Et, puis, il y a les autres médecins et chirurgiens qui savent surtout vous rappeler et se rappeler qu’ils le sont. Mais qui, en pratique, sont plutôt à surveiller ou à savoir remettre à leur place. Et qui, sans les gardes boue que sont leurs collègues (médicaux, paramédicaux et autres) tiendraient modérément la route. Soit en termes de diagnostic. Soit en termes de comportement. Il s’agit d’une minorité. Mais cette minorité existe et est active comme dans toutes les professions.

 

Je ne suis pas anti-médecin. Je suis surtout contre cette idée qu’être médecin ou chirurgien revient à s’estimer au delà du réel. Au delà de l’autre. Tels ces pilotes d’avion de chasse qui se sentent au dessus de toutes celles et tous ceux qui évoluent à terre et qui, c’est vrai, seraient incapables de faire décoller un simple avion.

 

Photo prise ce lundi 4 octobre 2021, à Paris.

 

Je ne sais ni faire décoller un avion. Encore moins piloter une unité de soins. Je n’ai pas pris de cours. Je n’ai même pas essayé de le faire. J’ai plutôt fait de mon mieux pour éviter de me retrouver à cette place ou dans ce rôle de pilote, de meneur ou de cadre. Ce que j’essaie de faire aussi bien que possible, c’est bichonner mon autonomie de pensée, d’action et ma complémentarité avec les autres :

les médecins inclus jusqu’à la femme ou l’homme de ménage.

 

 

Et, si je ne sais ni faire décoller un avion ni piloter une unité, je sais contribuer, avec d’autres, jusqu’à un certain point, de façon à ce que l’avion ait la quantité de carburant nécessaire. Pour que le vol se déroule à peu près dans les meilleures conditions jusqu’à destination. Qu’il s’agisse d’un vol court, long, facile ou difficile. Je sais aussi participer de manière à ce qu’il y ait le moins de conflit possible au sein de l’équipe. Cela peut compter par moments autant voire plus que l’aptitude technique « pure » et décisionnelle. Même si la mégalomanie de tout un tas de personnages éclipse rapidement ou fréquemment ce fait.

 

La mégalomanie de certains personnages réels

 

 

 Cette mégalomanie n’est pas exclusive aux médecins, chirurgiens ou à certains pilotes d’avions de chasse. Mais on peut la trouver chez quelques unes et quelques uns d’entre eux.

 

C’est pour cela que lorsque mon « piqueur » a commencé et que nous étions toujours en train de discuter, j’ai tenu à être aussi concret que possible dans mes explications. Quant à ce qui m’a donné et me donne envie de continuer de travailler en psychiatrie. Et, lorsque je dis « psychiatrie », je pense aussi bien « psychiatrie » que « pédopsychatrie ». Car, pour moi, contrairement à ce que peuvent penser des collègues « psy » (infirmiers ou autres) , ces deux spécialités ou ces deux disciplines se complètent. Plus qu’elles ne s’opposent. La polyvalence professionnelle et personnelle, pas seulement en tant qu’infirmier (puisque je suis aussi journaliste et pratiquant dans d’autres domaines que celui de la santé mentale et heureusement pour ma propre santé mentale) est un des meilleurs antidotes qui soient contre la mégalomanie, l’autosatisfaction ou, plus simplement, contre la connerie humaine dont l’étendue est  beaucoup plus vaste que sa durée de vie.

 

 

A cet étudiant en quatrième année de médecine (mais aussi à son collègue auquel je m’adressais tout autant voire davantage lorsque je parlais ) j’ai ainsi raconté qu’il arrive que des personnes au départ opposées à l’idée de travailler en psychiatrie, finalement, se ravisent.

 

J’ai parlé d’un de mes anciens collègues, psychiatre, qui, initialement, avait prévu de travailler dans le somatique jusqu’à ce que , lors de son stage avec le SAMU, « tombe » sur une femme qui présentait tous les signes cliniques- donc objectifs- du coma ou de la mort.  Pour, finalement, renaître à la vie. Une patiente « hystérique ». Cette expérience l’avait destabilisé. Quelques années plus tard, je faisais sa connaissance dans le service de pédopsychiatrie où je venais d’arriver. Aujourd’hui, cet ancien collègue travaille dans son cabinet, en libéral.

 

Mais j’ai persisté. Evidemment, ai-je expliqué à l’étudiant en médecine qui s’occupait de mon bras, si l’on préfère « faire du chiffre », ou que l’on a besoin de faire de « l’abattage » ; ou de faire carrière ; ou que l’on estime qu’en « psychiatrie, on ne fait rien ! », on préfèrera travailler dans le somatique. Et, le travail somatique est bien sûr honorable. Et nécessaire. Intellectualiser, philosopher, parler des schémas de l’inconscient, de l’histoire familiale ou des lapsus, c’est très bien. Mais cela ne suffira pas pour se sortir – et se guérir- d’une plaie par arme blanche ou par arme de guerre, d’une septicémie, d’un diabète, d’une pandémie ou de toute autre urgence médicale ou chirurgicale. Donc, chaque discipline, somatique, comme mentale, a son importance dans les étapes de guérison mais aussi de deuil d’un patient/client comme de sa famille.  

 

Encore une fois, mon but n’est pas d’opposer mais, au contraire, d’unifier tout en discernant bien à quel moment il faut savoir à quelle discipline il faut mieux s’en remettre.

 

L’oubli du « professeur » Franck :

 

Il y a néanmoins un aspect indispensable que j’ai oublié dans mon laïus :

 

Pour travailler en psychiatrie ou en pédopsychiatrie, il faut aussi accepter de se voir en face sans maquillage et sans détour. Il faut accepter d’apprendre à se connaître. Je n’ai pas cité la phrase d’une ancienne élève infirmière stagiaire, dans un de mes précédents services de psychiatrie adulte, alors que je l’avais ensuite recroisée. Elle m’avait dit avoir finalement opté pour aller travailler dans un service de réanimation parce qu’elle préférait «  se refouler par la technique ».

 

 

Se refouler par la technique et par des cascades de gestes et d’actions, c’est ce que vont préférer bien des personnes. Soignantes ou non-soignantes. Il est souvent des gens, dans la vie, qui me déconcertent par cette façon qu’ils ont de choisir d’ignorer ce qui, pour moi, fait partie des règles élémentaires de la vie et de la relation humaine. Ces personnes ont évidemment d’autres priorités. Et, pour elles, je parais sans aucun doute très retardé et très déficitaire dans d’autres domaines. Pour caricaturer, dans le domaine de l’informatique ou du bricolage. Deux univers où j’admets être assez limité.

 

 

 

Partant de ce genre de logique,  cette vaccination anti-Covid, pour certaines personnes, c’est juste une aiguille, une seringue et un produit. Avec, on entre dans le corps des gens. Et, c’est tout. Au suivant comme l’a chanté Jacques Brel. On ne sait pas exactement ce qu’il y a dans ces vaccins ? Mais c’est pareil pour tout un tas de médicaments que l’on avale régulièrement sans se poser de questions. C’est pareil pour les cigarettes que l’on fume. Pour les alcools et pour beaucoup de boissons que l’on rachète avec gourmandise. Comme pour ce que l’on peut accepter de manger et d’acheter pour soi-même, des proches ou des collègues qui nous feront plutôt remarquer que ça manque si on en procure en trop petites quantités.  Vis-vis de ces vaccins anti-Covid, c’est un peu pareil. Nous vivons à l’ère des centrales nucléaires. Des émanations de nos usines et de nos millions ou milliards de voitures. Alors, on peut bien se faire injecter quelques vaccins contre le Covid sans trop savoir ce qu’il y a dedans.

 

 

Au vu de cette courte description de notre mode de vie, on comprend facilement ou l’on comprendra facilement plus tard la raison pour laquelle, tant de personnes ont pu aussi facilement accepter ces vaccins anti-Covid. Moi, malgré mes doutes, j’ai accepté d’abord la première injection de ce vaccin. Puis, la seconde trois semaines plus tard. J’aurai « résisté » deux ou trois mois. Après avoir annulé une première injection prévue le 4 aout de cette année dans ma ville avec le Pfizer. Après l’annonce gouvernementale faite aux soignants de se faire vacciner au plus tard pour  le 15 octobre. Soit dans dix jours maintenant. En incluant les 7 jours après la seconde vaccination pour que la vaccination soit effective. Donc, pour moi, ma vaccination anti-Covid sera considérée effective le 11 octobre. Quatre jours avant la limite fixée par le gouvernement. On note la répétition du chiffre 4. Je ne l’ai pas fait exprès. 4 aout. 4 octobre. 4 jours avant la limite. Mais cette répétition du chiffre 4 n’efface pas mes doutes quant aux effets secondaires de cette vaccination anti-Covid. Mes doutes font partie de mes limites d’individu. Car j’ai toujours connaissance de mes limites.

Photo prise ce lundi 4 octobre 2021, à Paris.

Mes doutes et mes limites

 

Mes doutes quant à ce vaccin anti-Covid que j’ai décidé « d’accepter » sous la contrainte, malgré ce que j’ai pu signer, subsistent en partie.

 

Je connais des personnes très intelligentes, très courageuses, et de profil différent, qui se sont faites vacciner contre le Covid.

 

Je connais aussi des personnes aussi intelligentes, aussi courageuses et de profil différent, qui persistent dans leur refus de ces vaccins anti-Covid. Le fait que ces personnes opposées  à ces vaccins soient maintenant minoritaires ne diminue pas, pour moi, leur intelligence ou leur courage.

 

Ma compagne continue de résider dans son refus et est aujourd’hui suspendue de son travail depuis une semaine. Elle a reçu la semaine dernière un courrier en recommandé avec accusé de réception le lui notifiant.

Depuis,  elle a aussi été priée, par courrier, de contacter «  dans les plus brefs délais » le service DRH de son hôpital afin de dire ce qu’elle a prévu pour son schéma vaccinal anti-Covid. Mais, aussi, pour faire savoir si elle souhaite prendre une disponibilité ou poser des jours de congés.

 

 A aucun moment, je n’ai,  essayé de la convaincre de se faire vacciner. J’ai bien-sûr donné mes arguments contradictoires, que j’estimais fiables, en faveur de ces vaccins anti-Covid.

 

 

Cependant, ce mardi 5 octobre 2021, après avoir reçu ma deuxième injection de Moderna,  je demeure incapable de dire si son attitude est héroïque et avisée. Et si la mienne est  lâche et incohérente au vu de mes doutes. Ou si son attitude est bornée et la mienne, sage et avisée.

 

Il y a des personnes qui « savent » ou sont sûres de savoir, médecins ou autres, avec certitude. Que ce soit pour les vaccins anti-Covid actuels ou contre eux. Tant mieux pour ces personnes. Moi, je conserve une part de doute quant aux effets secondaires à moyen terme ou à long terme de ces vaccins anti-Covid actuels.

 

Je vois bien que toutes les personnes que je connais qui se sont faites vacciner contre le Covid vont bien actuellement et depuis plusieurs semaines et plusieurs mois. Et leur nombre a beaucoup augmenté ces derniers mois puisqu’aujourd’hui, la majorité des Français est vaccinée.

 

Il est même des personnes qui, d’elles-mêmes, ont fait en sorte de recevoir une troisième injection de vaccin anti-Covid alors qu’elles ne correspondent pas aux critères actuels pour bénéficier de cette troisième injection de rappel.

J’ai lu récemment dans un numéro du New York Times  de fin septembre un article où des Américaines racontaient comment et pourquoi elles ( c’était deux femmes qui avaient accepté de se faire photographier) avaient décidé de recevoir une troisième injection de vaccin anti-Covid. Qui en mentant et en se faisant passer pour quelqu’un qui recevait sa première injection. Qui en tentant sa chance dans une pharmacie où aucune question n’avait été posée au préalable.

Journal  » Le New York Times » de ce mardi 21 septembre 2021. Page 6, article  » Unwilling to wait for a booster shot ».

 

Vous voulez une injection de Pfizer ? Pas de problème, on vous en fait une.

 

Dans le  » New York Times » de ce mardi 21 septembre 2021, une des américaines qui a accepté de témoigner à visage découvert quant au fait qu’elle a devancé l’appel pour recevoir une troisième injection de vaccin anti-Covid.

 

Toujours le  » New York Times » de ce mardi 21 septembre 2021, trois pages plus loin, page 9.

 

 

 

 

A côté de ça, en Afrique et dans d’autres régions pauvres du monde, des populations restent sous-vaccinées contre le Covid. Mais pas uniquement. Même aux Etats-Unis, il y aurait 25 pour cent de la population qui serait non-vaccinée contre le Covid par refus de la vaccination anti-Covid. On pourrait grossièrement penser que cela fait partie des restes de la pensée du précédent Président américain Donald Trump qui minimisait la gravité de la pandémie. Mais même sans lui, il y avait des sceptiques aux Etats-Unis et ailleurs ( en France, aussi :  j’en ai rencontré deux ce week-end- un couple- et ils ne sont pas soignants. Pour moi, ce couple, déjà rencontré avant la pandémie, a toute sa tête et est intelligent, mesuré et cultivé) contre ces vaccins anti-Covid mais, aussi, contre la gravité de cette pandémie.

 

Et, même sans Donald Trump, aussi, on peut décider ou choisir de se faire vacciner contre le Covid et rester opposé au pass sanitaire. Lequel, en France, va durer ou continuer de frapper au delà du 15 novembre alors qu’il était supposé disparaître rapidement.

 

Mon thérapeute, vacciné contre le Covid, m’a dit être également opposé au pass sanitaire. Il n’est probablement pas le seul, vacciné par choix et par raison, à être opposé au pass sanitaire.

 

Un petit monde

 

 

Je n’ai pas discuté de ça avec les deux étudiants en médecine. Après ma seconde injection, hier, j’ai complimenté celui qui m’avait piqué. J’ai ensuite demandé à celui qui se taisait :

 

« Pourquoi la deuxième injection dans le même bras que la première fois ? Je croyais qu’il fallait une alternance… ».

 

Il m’a répondu que cela n’empêchait pas. Et qu’il valait mieux piquer dans le bras dont je me servais moins.

 

Avant de partir, je leur ai dit :

 

« Peut-être que l’on se reverra (en tant que collègues). Vous savez, le monde hospitalier est un petit monde… ».

 

En sortant, je suis allé m’asseoir à côté d’un couple âgé arrivé entre-temps. Je leur ai demandé si c’était leur seconde injection. Avec un petit rire, l’homme a répondu :

 

« Nous, c’est pour le rappel… ». J’avais oublié que, si, rien n’a encore été décidé en France pour « proposer » une troisième injection de vaccin anti-Covid (généralement avec un vaccin à ARN messager comme le Pfizer ou le Moderna) aux personnes vaccinées à partir de 30 ans comme cela se fait depuis quelques semaines en Israël, modèle sanitaire de la France contre la pandémie, après avoir constaté une flambée retour de la pandémie face au variant Delta qui a fait chuter le taux d’efficacité des vaccins anti-Covid (principalement le Pfizer en Israël à ce que j’ai compris), pour l’instant, en France, cette troisième injection s’adresse principalement aux personnes âgées déjà vaccinées ou immuno déprimées. Ce couple âgé entrait dans la première catégorie.

 

L’un et l’autre m’ont répondu que cela s’était bien passé pour eux lors des deux premières injections. A part peut-être que, lui, avait beaucoup dormi après la seconde injection.

 

La femme m’a répondu qu’ils avaient fait leurs premières injections en février. A l’écouter, cela faisait déja « longtemps ». Il est vrai que la pandémie du Covid a été officialisée en France mi-mars 2020 et que j’ai l’impression que c’était déjà il y a longtemps. Alors que c’était seulement il y a un an et demi.

 

Pour partir, après ma seconde injection, je suis passé par les escaliers. Puis, je suis retourné jusqu’à la gare St Lazare à pied. Cette fois-ci, dès l’aller, j’étais venu à pied depuis St Lazare.

Ce restaurant me semble bien sympathique. Photo prise ce lundi 4 octobre 2021, à Paris.

 

Deux ou trois ans à vivre :

 

Selon certaines rumeurs, croyances ou affirmations, maintenant que j’ai reçu ma deuxième injection de vaccin anti-Covid dans le bras, il me resterait deux à trois ans à vivre. Je pourrais aussi perdre en fertilité. Dès lors que je suis « Biberonné » par le vaccin, on pourrait, grâce au produit présent dans le vaccin, me suivre à la trace au moyen de la Wifi. Mais aussi prendre le contrôle de mes pensées grâce à la 5G. Mais je pourrais aussi mourir demain, après-demain, brutalement. Puisque le but de cette « expérimentation de masse » serait de réaliser une « extinction de masse ». Pour créer un nouveau monde. Et une autre économie.

 

On peut se marrer ou s’inquiéter de ces rumeurs, croyances, affirmations….

 

Toutefois, il est un fait incontestable. Depuis la pandémie du Covid, notre monde ou notre rapport au monde, plutôt, a changé de façon perceptible par nous-mêmes. La pandémie, je crois, nous a amené à avoir plus conscience de nous mêmes comme de certains de nos choix. Et, si pour certains, ces choix se font dans un certain optimisme, pour d’autres, ces choix s’éloignent radicalement du sentiment de légèreté ou du plaisir.

 

Et, moi, même si je suis en désaccord avec la vision de ma compagne concernant la pandémie et les vaccins, mais aussi concernant l’attitude à avoir envers la vie et ce qui nous reste ou nous resterait à vivre, il est des points où je reste très sceptique et où, d’une certaine façon, je la rejoins.

La Banque BNP-Paribas, photo prise à Paris ce lundi 4 octobre 2021. Les affaires marchent plutôt bien pour les banques depuis le début de la pandémie du Covid.

 

Le scepticisme, lorsqu’il persiste, est-il une chorégraphie morbide ou une autre forme grave de septicémie ?

 

Le laboratoire français Sanofi et la pandémie du Covid….

 

Sanofi, le laboratoire français de recherche, un des poids lourds mondiaux entre-autres dans la fabrication de vaccins, avait déjà beaucoup de retard pour fabriquer et produire son vaccin contre le Covid. Ce retard, associé à des gros cadeaux financiers à ses actionnaires il y a quelques mois, a provoqué certaines railleries dans les média il y a quelques mois.

 

Pendant que les vaccins étrangers Astrazeneca, Moderna,  Pfizer puis Johnson & Johnson débarquaient en masse à compter du début de l’année 2021 (janvier ou février, je crois), le laboratoire Sanofi, lui,  pourtant à a pointe de la recherche dans le monde, accusait un gros retard. Son vaccin était annoncé pour la fin de l’année comme on peut annoncer la sortie mondiale d’un blockbuster dans des salles de cinéma à la fin de l’année.

 

La pandémie du Covid fait des petits ( des variants), fauche des gens dans le monde, rend malade et le laboratoire Sanofi bosse sur son vaccin qui sera performant- c’est annoncé- à la fin de l’année 2021. Dans deux mois. En décembre.

 

Et puis, arrive cette rentrée en septembre 2021 et, courant septembre, il y a moins de deux semaines, Sanofi nous apprend avoir renoncé. ( article du journal La Croix de ce mercredi 29 septembre 2021).

 

J’ai lu que Thomas Triomphe (un nom bien choisi) le vice-président de la « Branche vaccins de Sanofi » « expiquait » (expliquait) que si son vaccin sortait lors de ce mois de décembre 2021 sur le marché que ce serait en quelque sorte trop tard. Que cela n’offrirait rien de mieux ou de plus que ce qui existe déjà avec Astrazenaca, Pfizer, Moderna, Johnson & Johnson. Oui, oui, les résultats des tests de son vaccin sont concluants. Il serait aussi performant que les vaccins déjà présents contre le Covid

( Astrazeneca, Moderna, Johnson & Johnson et Pfizer). Mais ça n’apporterait « rien » ou ça ne « servirait à rien » de le sortir en décembre comme prévu. Surtout que Sanofi précise participer, de toute façon, à la fabrication de plusieurs de ces vaccins en leur faisant bénéficier de sa logistique :

 

«  Le laboratoire français n’est cependant pas totalement absent dans cette lutte contre la pandémie, puisqu’il produit déjà des vaccins pour ses concurrents Pfizer BioNtech ( à Francfort), Johnson & Johnson (à Marcy-L’Etoile, près de Lyon) et Moderna ( aux Etats-Unis). « Nous sommes la seule entreprise au monde à le faire », estime le vice-président de Sanofi. Une trentaine de millions de doses viennent de sortir des chaines de production et il en prévoit 500 millions «  dans les mois qui viennent » ( à nouveau, le même article Contre le Covid, Sanofi mise sur la vaccination de rappel, dans le journal La Croix de ce mercredi 29 septembre 2021. Dans la rubrique : Economie, page 11.)

 

Il est reproché ou a été reproché à certaines personnes réfractaires aux vaccins anti-Covid d’être «complotistes », « irresponsables »,  » irrationnelles », d’être « plus ou moins dérangées mentalement» et égoïstes.

Par contre, j’ai lu ou entendu assez peu de critiques envers ce tour de magie effectué par Sanofi en pleine pandémie du Covid. Oui, Sanofi continue de s’atteler, plus que jamais d’ailleurs, à d’autres domaines de recherches en utilisant la technique ARN messager pour soigner d’autres maladies ( « dans l’immunologie, l’oncologie, les maladies rares », le journal La croix, toujours ce même article du mercredi 29 septembre 2021). Car cette technique de soin a de l’avenir. D’ailleurs, Sanofi a racheté «  la Biotech américaine Translate Bio, pour 2,7 milliards d’euros, avec qui il travaille dans le développement de vaccins » ( toujours dans le même article du journal La Croix de ce mercredi 29 septembre 2021).

 

 

Et, oui, en décembre, Sanofi sortira en principe un vaccin anti-Covid mais « classique » qui viendra alors renforcer l’offre vaccinale déjà assurée par Astrazeneca, Moderna, Pfizer et Johnson& Johnson. Sanofi n’a rien à se reprocher. Et, entre les lignes, si le laboratoire entend toujours trouver des remèdes à d’autres maladies graves, ce que je comprends, surtout, c’est que Sanofi cherche ce qu’il pourrait bien mettre sur le marché afin d’empocher un maximum d’argent. Car le terme « sur le marché » figurait bien dans l’article que j’ai lu lorsqu’il était question du retrait du vaccin de Sanofi. Retrait que le laboratoire avait préparé. En se comportant comme un candidat de The Voice, qui, s’auto-éliminant presque, encourageait, une ou deux semaines plus tôt,  à se tourner vers les autres candidats :

 

Astrazeneca, Moderna, Pfizer et Johnson & Johnson.

 

Sanofi, aujourd’hui, peut dire ou faire dire ce qu’il veut à ses représentants puis, ensuite, tranquillement, changer d’avis. Sanofi, économiquement, technologiquement et d’un point de vue judiciaire peut se le permettre. Il fait partie des poids lourds, aussi puissants voire plus puissants que les gouvernements. Ce revirement de Sanofi en est une démonstration. Sanofi se rétracte pour faire sortir son vaccin à ARN messager contre le Covid, aucune sanction, aucune critique, aucune pression. Par contre, la petite infirmière qui refuse de se faire vacciner contre le Covid, elle, on peut l’éclater. On peut se le permettre. On peut même lui reprocher son refus et lui montrer qu’en Afrique et dans certaines régions pauvres, les gens meurent du Covid et aimeraient qu’on leur fournisse ces vaccins anti-Covid qu’elle se permet de refuser.

 

D’un côté, on a le cynisme d’un laboratoire qui nous parle de « marché », donc de profit, et qui privilégie sa stratégie commerciale afin de se « positionner » sur d’autres marchés plus porteurs. Tandis que des millions de personnes pourraient bénéficier, dans les régions pauvres ou moins pauvres des vaccins anti-Covid que ce laboratoire puissant ( Sanofi) a mis autant de temps à fabriquer. En supposant qu’il y est véritablement parvenu. Car qui va aller vérifier que Sanofi a vraiment mené à terme la fabrication de ce vaccin anti-Covid ?!

D’un autre côté, on  a des personnes presque pauvres en ce sens qu’elles ont très peu de moyen de pression ou de contre-pouvoir contre leurs employeurs ou leurs gouvernements qui, du fait de leur conviction personnelle, se font emmurer car elles refusent ces vaccins anti-Covid dont elles se méfient.

 

Si ce parallèle entre le cynisme permissif d’un laboratoire comme Sanofi et l’attitude des réfractaires aux vaccins anti-Covid actuels peut apparaître déplacé et critiquable, ce que j’admets, il est un domaine où de simples expériences dans la vie courante peuvent, je crois, autoriser, une nouvelle fois, à nuancer la légitimité de cette forme de répression exercée légalement maintenant contre celles et ceux qui se refusent aux vaccins anti-Covid.

Photo prise à Paris, ce lundi 4 octobre 2021.

 

De simples expériences dans la vie courante….

 

 

Depuis le début de la rédaction, hier, de cet article sur le consentement, je ne me suis pas transformé en épidémiologiste. Ni en pilote d’avion de chasse. Ni en scientifique émérite travaillant dans un laboratoire comme Sanofi. Je n’ai donc aucun bagage et aucune compétence scientifique, politique ou même économique de poids. Je suis un rien du tout comme des millions d’autres rien du tout de ce monde.

 

Ce « rien du tout » que je suis, facile à faire taire, à éclater, si besoin était, se rappelle ceci.

 

Entre le mois d’avril 2021 et ce mois d’octobre 2021, j’ai eu à passer cinq tests antigéniques. A chaque fois, je ne me sentais pas malade. Je n’en n’éprouvais pas le besoin. Mais j’y ai néanmoins été contraint à chaque fois. Cinq fois. Deux fois, d’abord, à une semaine d’intervalle parce-que je faisais partie des « cas contacts » au travail. Au moins deux de mes collègues, au travail, ont attrapé le Covid dans mon service. Deux tests antigéniques, une tige dans chaque narine, deux fois de suite. Pour quel résultat :

 

Négatif !

 

On va m’expliquer ou il a déjà été expliqué que l’on peut très bien être négatif à un test antigénique et avoir contracté le Covid sans s’en être aperçu. Ou, aussi, qu’il y a eu et qu’il aussi des « faux négatifs ». Que le test antigénique n’est pas très sûr. Seulement à « 65% ». Alors que le test PCR, lui, serait plus fiable. Alors, on va dire que les deux premières fois où j’ai eu à passer des tests antigéniques alors que je me sentais bien, n’avais pas de fièvre et portais des masques anti-Covid de prévention en présence d’un public (collègues ou autres dans un lieu fermé), qu’il valait mieux s’assurer quand même que tout allait bien.

 

Mais cela n’était pas suffisant. Première injection de Moderna le 13 septembre et, à nouveau, au préalable, il faut subir un test antigénique. Car on ne sait jamais. Je me sentais mal ? J’avais de la fièvre ? Non. Nous sommes le 13 septembre 2021. La pandémie du Covid a été officialisée en France 18 mois plus tôt donc on commence quand même à avoir un peu d’expérience concernant les symptômes du Covid. Et, on a été largement informé de l’existence de la pandémie du Covid, mais, ce n’est pas grave : on va faire un nouveau test antigénique. Résultat ? Négatif pour la troisième fois. J’ai droit à ma première injection de Moderna à la suite.

Le 2 octobre, de moi-même, je pars faire un test antigénique. Je me sens mal ? Non. Seulement, afin de me rendre à un endroit donné, je sais qu’il me faut un test antigénique récent au résultat négatif. Résultat ? Négatif. Il s’agit du 4 ème test antigénique que je fais. Et, pour la quatrième fois de suite, le résultat est négatif.

 

Il m’a semblé que le résultat d’un test antigénique était valable 72 heures. «  A ce qu’on dit ». Je passe le test antigénique le 2 octobre après 13h, vers 13h30, j’arrive hier ( le 4 octobre vers 10h30) pour ma seconde injection de Moderna. Et, là, on m’apprend que, malgré tout, je dois refaire un nouveau test antigénique avant la seconde injection. 5ème test antigénique. Cinquième résultat négatif. Faux négatif ? J’ai pu être contaminé sans le savoir ?

 

Fin juillet, je me suis fait prescrire une sérologie Covid. Résultat : négatif. Début septembre, je me fais à nouveau prescrire une sérologie Covid. Résultat : négatif.

 

 

Cinq tests antigéniques et deux sérologies Covid entre mars-avril de cette année et ce 4 octobre 2021, soit en 7 mois, je suis à chaque fois négatif, je porte des masques anti-Covid régulièrement. Depuis le début de la pandémie en France en Mars 2020, j’ai réduit ma vie sociale comme beaucoup de gens. J’embrasse bien moins de personnes qu’auparavant pour les convenances sociales. Mais les résultats à mes différents tests de contrôle pourraient être de faux résultats négatifs. Et puis, je pourrais être porteur du Covid sans m’en rendre compte…..

 

Pour remédier à cela, il y a une solution : le vaccin anti-Covid et le pass sanitaire désormais obligatoires…..

Un peu de Ben Hur dans un monde de brutes. Photo prise à Paris, ce lundi 4 octobre 2021.

 

On peut et on le droit d’être pro-vaccin comme de se sentir protégé par la vaccination anti-Covid. Mais, comment ne pas avoir le sentiment d’être baladé et d’être privé de certaines libertés pour des raisons injustifiées depuis le début de la pandémie du Covid après ça ?!

 

Il y a bientôt deux semaines maintenant, je n’ai pas pu me rendre à une exposition sur la céramique près de l’église St Sulpice. Il fallait présenter son pass sanitaire ou un test antigénique récent. Comme d’habitude, je portais un masque anti-Covid comme lors de toute manifestation publique. Laquelle exposition se déroulait sous des tentes à l’extérieur. Comment pourrais-je me laisser convaincre que, vraiment, le pass sanitaire ou la vaccination anti-Covid était indispensable afin de se rendre à cette exposition alors que je portais un masque anti-Covid ? Alors que dans certains magasins plus fréquentés, en intérieur, on peut entrer avec un simple masque anti-Covid sur le visage ?

 

 

Lorsque je relate ça, je ne suis pas dans la rumeur, la croyance ou le complot. Je parle de la vie courante. D’expériences concrètes que n’importe qui peut faire ou a pu faire depuis le début de la pandémie du Covid. Donc, même si l’on est pro-vaccin anti Covid, il me semble que l’on se doit, aussi, de voir ça. Et de comprendre que lorsque des gens, ensuite, ont des doutes ou refusent de se faire vacciner contre le Covid, que ces gens, ne sont pas si décérébrés que cela. Par moments, j’ai un peu l’impression que pour certains, se faire vacciner leur délivre comme une autorisation d’absence de pensée et d’observation. Ces personnes sont vaccinées, donc le vaccin anti-Covid injecté va penser et observer pour elles.

 

Ces vaccins anti-Covid sont, je l’espère, plus bénéfiques que néfastes, mais je ne crois pas qu’ils vont penser et regarder le monde mieux que je ne suis capable de le faire.

 

 

Mais, partons du principe, pour ma part, puisque j’ai encore quelques doutes à propos de ces vaccins anti-Covid que je n’ai donc plus que deux à trois ans à vivre, désormais.

Photo prise à Paris, ce lundi 4 octobre 2021.

 

Randonnées

 

J’entends vivre au mieux lors de ces deux à trois ans qu’il me resterait à vivre. Puisqu’en acceptant ces vaccins anti-Covid, il semblerait que j’aie choisi de vivre petit au lieu de vivre Tapie; lequel Bernard Tapie, en décédant à 78 ans, a eu la grande classe de profiter d’une espérance de vie qui pourrait être supérieure à la mienne de plus de vingt ans !

 

Avant le jour de ma mort, j’espère que j’aurais pu me procurer une bonne paire de chaussures confortables et résistantes. Car la mort est une randonnée très longue dont le terrain peut être varié. Ce terrain est peut-être aquatique ? Toujours est-il qu’avant d’atteindre Paris St Lazare, je suis entré dans un grand magasin. Grand en ce sens qu’il s’agit de magasin de plusieurs étages où l’on vend des chaussures et des vêtements assez branchés, plutôt pour jeunes. Le magasin Citadium , sûrement bien plus fréquenté que la médiathèque de ma ville, et où, pourtant, j’ai pu entrer facilement avec un simple masque anti-Covid sur le visage. Alors que je le rappelle, dans la petite médiathèque de ma ville d’Argenteuil, ce 4 octobre 2021 et sans doute encore pour plusieurs semaines, il faut, depuis le 9 aout, fournir un pass sanitaire ou un test antigénique ou PCR récent au résultat négatif de moins de 72 heures. Cependant, même vacciné et même porteur d’un test antigénique récent au résultat négatif, j’ai décidé la semaine dernière que je ne retournerais pas dans « ma » médiathèque tant qu’il y aurait ces consignes absurdes de rétention ou d’exclusion sociale plus que de prévention sanitaire. Et, cela, de manière tout à fait légale puisque le gouvernement a «  dit que ».

 

 

 

En attendant, hier, au lieu de me rendre peut-être plus tard dans « ma » médiathèque, je suis entré dans le magasin Citadium. Car toutes ces mesures « bienveillantes » et préventives contre le Covid sont aussi là pour ça. Pour nous convaincre que nous avons beaucoup de chance de pouvoir consommer. Pouvoir aller consommer dans certains endroits, c’est aujourd’hui un très grand privilège. Même si, auparavant, il y a à peine deux ans,  on consommait déjà comme des gorets et sans avoir à demander la permission à l’entrée. On passait déjà à la caisse tout autant. Sauf que là, on peut même se sentir soulagé car, enfin, les magasins, les restaurants et autres sont à nouveau ouverts. Et nous pouvons y retourner.  Durant la pandémie, les forêts environnantes sont restées ouvertes. Mais il y en a de moins en moins. Et ce n’est pas cela qui nous intéresse. On prend beaucoup mieux l’air et l’on se change bien mieux les idées en faisant les magasins ou en allant au restaurant. Ou en boite.

 

Malgré mes propos, j’ai bien sûr du plaisir à me rendre dans certains magasins et au restaurant.

Hier,  d’ailleurs, dans le magasin Citadium, les vendeurs, un petit peu comme l’étudiant en médecine qui m’a piqué, sont sensiblement formés au relationnel avec la clientèle. C’est devenu courant désormais, pour un vendeur ou une vendeuse, d’être aussi « friendly ».

 

J’ai ainsi discuté pendant un bon quart d’heure avec une vendeuse enthousiaste et sympathique d’un stand à propos d’un article qui ne figurait pas dans ce qu’elle vendait :

Le vélo pliant de la marque Brompton.

Photo prise à Paris, fin septembre 2021. Au centre de la photo, le cycliste à casque jaune se déplace sur un vélo pliant de la marque Brompton.

 

Je me déplacerai peut-être en Brompton quand je serai mort. Et quand je ne pourrai pas pédaler, mes bonnes chaussures- que j’ai repérées mais que je n’ai pas achetées- me permettront de continuer de marcher. Je me rendrai peut-être dans une salle de cinéma ou dans une médiathèque.  Pas dans celle de ma ville puisque l’on continuera sans doute de réclamer le pass sanitaire un ou test antigénique récent à l’entrée.

 

Photo prise à Paris, ce 1er octobre 2021. Il semble que la fresque sur le mur soit la reproduction d’une oeuvre de Tignous, un des journalistes de Charlie Hebdo, assassiné avec plusieurs de ses collègues et amis en janvier 2015 lors d’un attentat terroriste islamiste. C’est un hasard si la femme qui passe en ce moment-là est vêtue de cette manière. Ce n’était pas calculé de ma part. Sur la gauche, on peut apercevoir l’affiche du film  » Mourir peut attendre » le prochain James Bond qui sortira demain, ce mercredi 6 octobre 2021.

 

 

Ce mercredi 6 octobre  (demain) sortira Mourir peut attendre, le dernier James Bond avec l’acteur Daniel Craig. Un film que je compte aller voir.

Photo prise à Paris, ce lundi 4 octobre 2021, vers 8h30 du matin. La route est barrée en raison du procès des attentats du 13 novembre 2015.

 

Entre le procès des attentats du 13 novembre 2015 auquel j’aimerais me rendre ;  les articles que j’ai prévus d’écrire comme celui à propos du film Retour à Reims de Jean-Gabriel Périot, inspiré du livre de Didier Eribon que je suis allé voir hier soir  à Argenteuil au cinéma Jean Gabin en présence de Jean-Gabriel Périot ;  à dix minutes à pied de chez moi, près de la médiathèque de ma ville.

Au centre, le réalisateur Jean-Gabriel Périot, au cinéma Jean Gabin, à Argenteuil, ce lundi 4 octobre 2021, après la projection de son film  » Retour à Reims », inspiré du livre de Didier Eribon.

 

 

 

Il y a aussi des séjours que j’aimerais faire à Limoges, Berlin, en Algérie, en Guadeloupe et à la Réunion pour commencer et quelques autres projets, j’ai de quoi randonner. Pour cela, il me faudra des bonnes chaussures, un jour ou un autre. Ensuite, j’écrirai de nouveaux articles qui, je l’espère, feront aussi marcher des lectrices et des lecteurs avec plaisir. Ainsi qu’avec leur plein consentement.

Photo prise à Paris, ce 1er octobre 2021.

 

Franck Unimon, ce mardi  5 octobre 2021.