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Des articles sur des films vus en projection de presse, au cinéma ou en dvd. Les interviews de réalisateurs et d’acteurs se trouveront dans la rubrique
» Croisements/ interviews ».
La Cour des Miracles un film de Carine May et Hakim Zouhani
Au travers de certains films, on peut quelques fois voir dans le cinéma comme dans le ciel ou la terre, ce qui pousse tous les jours autour de nous.
J’ai vu trois films au cinéma hier et aujourd’hui. Cela ne m’est pas beaucoup arrivé depuis que je suis devenu père de voir trois films en un jour et demi. Le premier film a été La Cour des Miracles de Carine May et Hakim Zouhani. Je me devais d’aller le voir.
Le premier miracle de Carine May et de Hakim Zouhani, derrière celui de leur premier passage au long métrage après plusieurs courts et moyens métrages, tels que La Rue des Cités, La Virée A Paname et Molii , est d’avoir pu faire une réserve de leur comédie.
La banlieue parisienne, en Seine Saint Denis, l’inégalité des expériences et des chances malgré les atouts dont on dispose et la vitrine de la réussite parisienne géographiquement proche mais historiquement et économiquement éloignée sont quelques uns des thèmes abordés dans les films de Carine May et de Hakim Zouhani. Devant leur film, on peut -aussi- penser au documentaire La Cour de Babel réalisé en 2013 par Julie Bertuccelli.
Quand Kielowski, dans les années 90, avait réalisé sa trilogie Trois couleurs Bleu, Blanc et Rouge, il ne nous parlait ni de banlieue ni d’école publique mais de certaines épreuves morales. Après avoir vécu ces épreuves morales, et en avoir fait le deuil, on pouvait encore rêver. Devant La Cour des Miracles, c’est beaucoup plus difficile. Je me dis que la Man Tine du début du 20ème siècle de Rue Cases Nègres (l’œuvre de Joseph Zobel adaptée en 1983 par Euzhan Palcy) avait plus d’espoir pour son petit José que nous ne pouvons en avoir pour l’avenir des enfants de l’école Prévert de La Cour des Miracles.
A ces sujets, proches de la chanson It noh funny de LKJ dans les années 80, on pourrait préférer regarder un nouveau combat de MMA, une nouvelle dystopie ou écouter un titre de Dua Lipa. Cependant, Carine May et Hakim Zouhani parviennent à nous tirer vers leur optimisme.
« Ce n’est pas contre vous. Vous, vous défendez votre école et, moi, je défends mon enfant ! » dira Mme Nedjar, un des principaux personnages antagonistes du film ( interprété avec délice par l’écrivaine Faïza Guène ) la mère d’un des enfants scolarisés à l’école Prévert à sa directrice, Zahia, interprétée par Rachida Brakni.
Carine May et Hakim Zouhani, eux, défendent leur vision- féministe et égalitaire- du monde comme leur usage du cinéma. Ils nous montrent des visages et un univers que nous voyons encore assez peu sur grand écran. La banlieue qu’ils filment (Paris, pour changer, n’y est jamais montrée) n’est ni une expo de racailles ni une fontaine de crackeux. Leur casting est aussi à l’image de la mixité sociale à laquelle ils aspirent. Puisqu’il est composé de Rachida Brakni et de Gilbert Melki, des acteurs rapidement identifiables, pour leur carrière ou pour certains de leurs rôles « sociétaux » (Brakni dans Neuilly, sa mère) et d’acteurs et de personnalités vus et entendus ailleurs tels que Faïza Guène, donc, mais aussi Disiz, Steve Tientcheu ou Mourad Boudaoud. La photo de l’affiche de leur film ressemble à ces photos de classe d’il y a « longtemps » dans les écoles publiques, d’il y a trente ou quarante ans.
La Nuit du 12, un film de Dominik Moll inspiré du livre 18.3 Une année à la PJ de Pauline Guena.
Les rencontres peuvent transformer une vie. Elles peuvent tuer, aussi.
L’héroïne de La Nuit du 12 est une victime. Elle meurt d’asphyxie, enfermée dans les gaz relâchés par ces flammes qui l’ont brûlée vive. Telles beaucoup de victimes, elle a la surprise de recevoir sa mort dans un endroit familier. A un moment où cette idée est pour elle complètement incongrue. Elle revient d’une fête. Elle est heureuse, seule, se sent libre, légère et en sécurité. Comme d’autres femmes avant et après elles et tant d’autres victimes (enfants, personnes vulnérables ou en état de vulnérabilité).
Entretemps, son meurtrier a pu l’attendre et su s’approcher d’elle avec d’autres projets.
La Nuit du 12 aurait pu s’appeler La Femme du 12 ou L’innocence du 12.
L’innocence, l’insouciance, la féminité, la joie et l’optimisme, même lorsqu’ils relèvent de l’évidence pour celle ou celui qui les incarnent, restent inflammables. Ils ne sont jamais définitivement acquis. Il faut apprendre à les protéger. Ce n’est pas donné à tout le monde de le savoir. La Nuit du 12 apporte une nouvelle fois la preuve que celles et ceux qui l’ignorent peuvent les perdre et en mourir.
Pour enquêter sur le meurtre de Clara (interprétée par Lula Cotton-Frapier), la police judiciaire, plutôt que la gendarmerie, est désignée. Elle est faite de professionnels. Le terme « professionnels » se conclut par « elles » mais ce sont tous des hommes. Blancs. L’enquête se féminisera et se métissera un peu vers les trois quarts du film avec l’ajout/l’atout d’une juge d’instruction (l’actrice Anouk Grinberg) et d’une jeune flic, Nadia (l’actrice Mouna Soualem).
Mais au départ, l’enquête policière est exclusivement et activement masculine. Les femmes seront soit victimes, soit proches de la victime (la meilleure amie, la mère) soit éventuellement complices d’un des suspects.
Si les femmes servent souvent de sacrifice permettant aux hommes de s’élever, il y a toutefois des bonshommes dans La Nuit du 12 :
Les flics du départ du film comme du départ d’un feu.
Ces hommes sont des êtres étranges. La plupart de leurs rencontres et de leurs actions sont d’abord vouées au désastre. Il leur faudra pourtant les répéter des milliers de fois durant des années afin d’obtenir des résultats. Un crime, un délit, équivaut pour eux, non à la multiplication des pains mais à la multiplication de ces rencontres et de ces actions qu’ils vont devoir répéter. En renouvelant l’expérience du pire de l’humanité qui se révèle devant eux souvent avec désinvolture. Leur profession ressemble à une crucifixion avancée.
A un moment donné, ils ont appris leur leçon et le savent. Et deviennent presque aussi inquiétants et froids que les faits sur lesquels ils enquêtent et qu’ils annoncent aux proches des victimes.
Il y a pourtant de la prêtrise dans le personnage de Yohan (l’acteur Bastien Bouillon) le « chef » de la PJ qui a pris la relève du précédent chef parti à la retraite. Car on se demande comment lui et les membres de son équipe peuvent continuer d’ « aimer » ce genre de métier et continuer d’y croire, comme ils le font, avec rigueur et dévouement. Le film dure moins de deux heures. Mais une enquête pareille prend plusieurs années de leurs vies personnelles, lesquelles reçoivent bien des équivoques et des souffrances intimes qu’ils doivent également encaisser en parallèle.
Pourtant, ils s’accrochent. Ils continuent de récolter les effets de ces graines qu’ils n’ont ni semées ni demandées. Ils auraient de quoi se sentir persécutés ou damnés. Ils n’en n’ont pas l’air. Alors que le film donne à voir comme ils sont régulièrement immergés dans une vie fantomatique. Ainsi que dans une solitude froide et mathématique qui est tout ce qu’ils partagent – voire imposent- avec les proches de la victime ou avec leurs proches.
Tandis que les principaux suspects interrogés pètent le feu devant eux et continuent d’avoir une existence plutôt légère.
A voir le travail réalisé par ces femmes et ces hommes flics, mais aussi cette façon avec laquelle les proches de Clara essaient de continuer de vivre ensuite malgré tout, on se dit que La Nuit du 12 aurait également très bien pu s’appeler Ce qui reste de L’Humanité du 12.
La Nuit du 12 m’a au moins fait penser à des films comme : Elle est des nôtres( 2002) de Siegrid Alnoy; L’Humanité( 1999 ) de Bruno Dumont; Scènes de crime( 2000 ) de Frédéric Schoendoerffer; Memories of Murder ( 2004) de Bong Joon Ho ; The Pledge( 2001) de SeanPenn ; L.627 ( 1992) de Bertrand Tavernier.
L’un des personnages de La Nuit du 12 , Tourancheau ( joué par l’acteur Nicolas Jouhet), est sans doute un clin d’oeil à Patricia Tourancheau, journaliste et écrivaine spécialiste des affaires criminelles.
Cet article est un clin d’œil à Chamallow et à Raguse, lesquels ne sont pas spécialistes des affaires criminelles, si ce n’est qu’ils m’ont l’un et l’autre en quelque sorte rappelé d’aller voir ce film sorti ce 13 juillet 2022. Ils sauront se reconnaître sans qu’une enquête très poussée ne soit nécessaire s’ils lisent cet article.
As Bestas un film de Rodrigo Sorogoyen sorti en salles ce 20 juillet 2022.
Cet été, je ne partirai pas en vacances.
Notre vie est plus importante que les films que l’on voit. Mais il est plus facile de parler d’un film. Car il est plus facile d’intéresser quelqu’un avec un film s’il l’a vu ou compte aller le voir. Pourtant, notre vie autour du film compte. Un énième soupçon de dopage dans le dernier tour de France cycliste après la victoire du Danois Jonas Vingegaard devant le Slovène Tadej Pogacar (vainqueur des deux Tours précédents). On parle un peu moins de la guerre en Ukraine. Comme de l’augmentation du prix de l’essence (1,84 euro le litre tout à l’heure dans une station essence affichant des « prix bas »). On s’éloigne aussi de cette supercherie qui a consisté à vouloir nous faire croire que les soignants non vaccinés contre le Covid pourraient être réintégrés dans les effectifs pour essayer d’atténuer la pénurie de personnel soignant encore plus critique que d’habitude cet été. Alors que l’obligation d’une quatrième dose de vaccin contre le Covid se profile sûrement pour la rentrée ou la fin de cette année.
Tout cela et d’autres nouvelles donnent envie de partir en vacances. De penser à d’autres univers. Mais, comme beaucoup d’autres, je ne le pourrai pas cette fois-ci.
Je ne me plains pas :
J’ai aperçu tout à l’heure des personnes ( sûrement étrangères) faisant la queue, sans se décourager, en plein soleil, devant la sous-préfecture de ma ville, sans doute pour régulariser leur situation administrative. Et je ne les envie pas.
J’ai aperçu, en revenant de Paris par le train, deux vendeurs de cigarettes à sauvette interpellés par la police à la gare d’Argenteuil. Même si l’un des deux vendeurs exhibait un sourire assez moqueur, je ne les envie pas. Cela fait plusieurs mois, maintenant, que ces vendeurs de cigarettes à la sauvette sont apparus devant la gare d’Argenteuil. Et que, régulièrement, s’engagent des courses-poursuites afin d’en attraper un ou deux. Quand ce ne sont pas des rondes policières pédestres qui sont organisées pour les chasser ou pour débusquer leur éventuel butin.
Par moments, et c’est un peu le cas ces derniers jours, la ville où j’habite me sort par les yeux.
Beaucoup de personnes ressentent ça un jour.
Olga et Antoine (l’actrice Marina Foïs et l’acteur Denis Ménochet) du film As Bestas font partie de ces personnes qui, un jour, sûrement, en ont eu assez de l’endroit où ils vivaient. Mais aussi de la vie qui… les menait. Et, ils ont décidé de s’en aller vraiment. De quitter la France pour partir vivre quelque part en Espagne. En Galicie. Dans une région dont ils parlaient plutôt mal la langue au départ.
Pour faire la vie telle qu’elle leur convient. Au lieu de se plaindre ou de refaire le monde avec des paroles et des hypothèses.
Pourquoi, mercredi dernier, suis-je allé voir, à sa sortie, à la première séance, As Bestas ?
Au lieu du dernier film Marvel Thor : Love and Thunder de Taika Watiti dont le Thor : Ragnarok ( 2017) m’avait particulièrement plu ?
Pourquoi ne suis-je pas allé voir Incroyable mais vrai de Quentin Dupieux sorti déjà depuis le 15 juin de cette année ? Quentin Dupieux dont j’ai vu un certain nombre de films.
Ou La nuit du 12 de Dominik Moll sorti le 13 juillet ? Alors que le sujet me « plait ». J’avais beaucoup aimé le précédent film ( Seules les bêtes ) de Dominik Moll.
Sur l’affiche de As Bestas, on parle d’un « thriller ». Mais ce n’est pas ça qui me l’a fait choisir. D’abord, il y a Denis Ménochet qui m’avait marqué en particulier dans les films Jusqu’à la garde (2017) (mon article Jusqu’à la garde )de Xavier Legrand (développement de son court métrage Avant que de tout perdre – 2013- que j’avais aussi vu) et…. Seules les bêtes (2019) de Dominik Moll.
La langue espagnole. L’ambiance du film dans l’extrait que j’en avais vu. Marina Foïs. Et l’horaire de la séance. C’est ce qui m’a poussé à aller voir As Bestas. J’avais oublié que j’avais déja vu un film réalisé par Rodrigo Sorogoyen qui m’avait plutôt plu : El Reino ( 2019).
Ce mercredi 20 juillet, la séance de As Bestas était à 9h ou 9h10 et, réveillé depuis 4 heures du matin afin d’accompagner ma fille, ma sœur, son compagnon et leurs enfants à l’aéroport pour qu’ils y prennent leur avion pour la Guadeloupe, je n’avais pas envie d’attendre la séance de 9h30.
Comme souvent lorsque je vais voir un film au cinéma, je ne connaissais pratiquement rien de l’histoire.
Très vite, pour moi, le sujet du film est le harcèlement. Lorsque l’on nous parle de harcèlement, c’est souvent pour aborder celui des jeunes ou des réseaux sociaux. Ou, un peu, au travail. Dans As Bestas, le harcèlement est le fait des voisins d’Olga et Antoine.
Marina Foïs et Denis Ménochet jouent très bien et cela a déjà été mentionné. Mais il faut aussi souligner qu’en face, Xan (l’acteur Luis Zahera) et son frère Lorenzo (l’acteur Diego Anido) ainsi que, dans une moindre mesure, l’actrice Marie Colomb qui joue le rôle de la fille d’Olga et Antoine, jouent particulièrement bien.
Que jouent Xan (l’acteur Luis Zahera) et son frère Lorenzo (l’acteur Diego Anido) ?
Ils jouent des hommes d’âge mur, qui ont toujours vécu dans cette région montagnarde isolée, qui ne peuvent plus la voir en peinture, qui n’ont jamais pu la quitter et qui croient que leur salut peut venir des éoliennes. En vendant leurs terres pour permettre leur installation. Or, Olga et Antoine, eux, sont contre ainsi que quelques voisins minoritaires. Puisqu’ils préfèrent continuer à vivre là.
As Bestas peut se traduire par « Comme des bêtes » mais une amie d’origine portugaise m’a appris que cela pouvait aussi signifier « Les pestes ».
Plus que du thriller, je trouve qu’il y a du tragique dans As Bestas. Car le mot « thriller » se rapproche trop du spectaculaire.
Dans As Bestas, deux forces vives s’opposent. Celles incarnées par Xan et son frère Lorenzo qui tournent en rond dans ce pays tout en y faisant la pluie et le beau temps (on le voit bien dans le bar du village où ce sont eux qui font la loi). Et celles apportées par Olga et Antoine qui, non seulement, développent un commerce bio moralement vertueux couronné par un succès économique, et qui, en plus, donnent l’image d’un couple heureux. Un peu comme si des figures (Xan, Lorenzo mais aussi leur mère de 73 ans) que le désamour laboure se trouvaient un beau jour de manière répétée face à des tourtereaux du bonheur ( Olga et Antoine) arrivés d’on ne sait où ( Ah, oui, de la France !).
Ces tourtereaux que sont Olga et Antoine sont pour Xan et Lorenzo les miroirs de leurs barreaux.
Si, moralement, devant les agressions répétées de Xan et de Lorenzo, on est plus tenté de prendre la défense d’Olga et d’Antoine, As Bestas nous demande aussi quelle est notre légitimité à aller imposer à d’autres notre « réussite » et notre idéal lorsque l’on décide d’aller s’établir près de chez eux.
Tout bonheur nécessite un grand sacrifice semble nous dire le réalisateur. Et le sourire d’Olga à la fin du film est sans doute le fruit de ce sacrifice. Mais pour qu’il y ait bonheur, après un sacrifice, il faut qu’il y ait eu beaucoup d’Amour vécu auparavant semble aussi nous dire le réalisateur Rodrigo Sorogoyen.
La vie existe ailleurs que sur notre planète Terre. Quelle que soit sa forme, sa force, sa finalité, sa mémoire ou sa présentation.
Il y a quelques jours, grâce au télescope James Webb envoyé depuis Kourou, en Guyane, à plus de un million de kilomètres de la Terre, nous avons pu regarder des photos inédites de galaxies datant de 13 milliards d’années. Des scientifiques et des journalistes nous ont expliqué à quel point cette prouesse technologique, résultat d’une coopération internationale, était exceptionnelle. Et ce qu’elle va ou pourrait nous apprendre concernant la création de notre univers, où se trouve la Terre, mais aussi concernant notre propre existence.
Alors que notre planète se réchauffe, car nous continuons de la détruire dans ses différentes matières, et que nous semblons bander toutes nos forces afin de mieux attirer notre propre déclin, il semblerait que nous n’ayons peut-être jamais été aussi proches de connaître l’origine du tout premier souffle qui nous a fait advenir sur Terre. Mais il nous faudra attendre avant d’éprouver cette confirmation scientifique. Car il est prévu que durant vingt ans le télescope James Webb prenne cinq photos par jour.
Nous serons peut-être tous morts ou au bord de l’extinction lorsque James Webb nous fera parvenir les photos résolvant l’énigme de la Création. Des photos que pourront observer avec étonnement ou indifférence les milliards de mythologies de vers auxquels nos cadavres auront donné naissance ainsi que les diverses espèces végétales, animales ou minérales- et toutes les autres- qui nous auront survécu et qui se passeront très bien de nous.
Pourtant, avant que ne nous parviennent ces clichés, j’affirme déjà que la vie existe ailleurs que sur notre planète Terre. Car il faut faire partie de l’espèce humaine pour être incapable de voir certaines évidences : Pour croire ou imaginer que nous serions les seuls à « exister ».
Si, aujourd’hui, la vie ailleurs que sur Terre, n’a pas encore été démontrée, c’est tout simplement parce-que nous ne savons pas regarder où nous ne savons pas où et comment regarder. Comme depuis toujours. Le peu que nous savons de l’histoire de l’Humanité sur Terre me pousse à de telles certitudes :
L’histoire de l’Humanité est faite de plus de massacres, de génocides, de pillages, de carnages, de viols et de destructions que notre mémoire ne peut en rassembler. Souvent parce-que des êtres humains ont estimé ou estiment que d’autres existences, humaines ou autres, devaient leur céder toute la place.
Il n’y a pas un jour où un être humain, soit par négligence ou par souhait, n’en pousse un autre vers son dernier souffle.
L’expression « L’homme est un loup pour l’homme » m’apparaît finalement beaucoup trop indulgente pour définir certaines des caractéristiques de notre espèce.
On croit que je digresse ? Que cette longue introduction n’a rien à voir avec le film La vie de ma mère de Maïram Guissé consacré au portrait de sa mère ?!
Combien de fois, déjà, avons-nous pu lire ou entendre, à propos de certaines vedettes de cinéma, des expressions telles que :
« Le cinéma vous aime » ; « La caméra l’aime » ; « Il ( ou elle) a une très belle cinégénie » ; « Elle (ou) il éclaire toute la ville » ?!
Depuis des années, je suis un cinéphile parmi des millions en France, pays où je suis né et ai toujours vécu à ce jour. La France est un pays plutôt bien doté dans le monde en salles de cinéma mais aussi en variété de films :
Il est beaucoup de films que l’on peut encore aller voir, plutôt facilement, dans certaines salles de cinéma françaises alors que ces mêmes films sont invisibles ou inaccessibles ailleurs. Et, comme beaucoup de cinéphiles, je me laisse faire ou prendre par un certain nombre de productions dans lesquelles se trouvent des « vedettes » ou des « futures étoiles montantes » que le cinéma « aime » ; que la caméra « aime » et qui, bientôt, ou pendant des années, capteront beaucoup d’attention tandis qu’en dehors de leur cercle et de leurs regards, l’amnésie, l’ignorance et l’anonymat continueront de conditionner la charpente des cercueils dans lesquels des quantités astronomiques de gens partiront se faire « aimer ».
Si l’on s’en tient à certains critères du cinéma que nous connaissons et que l’on voit le plus, je pense au cinéma qui est le plus souvent et le plus facilement montré et distribué, un film comme La vie de ma mère de Maïram Guissé n’a aucune raison ou pratiquement aucune chance de se trouver devant nous, un jour.
Je dois à un mail envoyé par la société de distribution SUDU Connexion le fait d’avoir entendu parler de La Vie de ma mère il y a deux ou trois jours.
Pendant un an, j’ai été abonné au Média panafricain bilingue Français/Anglais Awotele qui parle de ce cinéma que l’on voit « moins » :
Celui d’Afrique et de la Caraïbe et des Outremers.
Awotele, édité par Sudu Connexion, parait trois fois par an. Après avoir couvert les journées cinématographiques de Carthage ( en Tunisie); le Fespaco ( au Burkina Faso) et le Durban International Film Festival ( en Afrique du Sud).Trois festivals de cinéma qui se déroulent en Afrique. Les films qui y passent sont ensuite distribués au compte gouttes en occident.
Awotele nous donne et nous montre donc des nouvelles d’un monde estimé comme peu « cinégénique » par les grands distributeurs qui nous approvisionnent régulièrement en oeuvres cinématographiques comme certaines régions du monde, ou du pays, peuvent être approvisionnées en riz, en lait, en méthodes de pensées, en oeuvres humanitaires et sanitaires. Ou en effectifs industriels, militaires ou policiers.
Mais j’ai négligé et néglige la lecture d’Awotele.Je me comporte vis à vis du Média Awotele comme d’autres lorsqu’ils veulent se mettre au régime, à faire du sport à ou à arrêter de fumer :
Je prends des résolutions que j’ai beaucoup de mal ensuite à transcrire par des actes. Puis, je me sens coupable. Puis, j’oublie que je suis coupable de négligence. Car c’est tellement facile, aussi, de se laisser guider-et conditionner- par les mêmes regards et éclairages familiers.
Maïram Guissé, un jour, s’est faite à peu près la même remarque. Mais en sens inverse. Un jour, nous raconte Maïram Guissé en voix off, dans son La Vie de ma mère, Maïram Guissé a regardé sa mère et s’est alors demandée :
Mais, qui est-elle ?
Le réalisateur David Lynch, en partant de cette même question, nous parachuterait dans une autre atmosphère que Maïram Guissé. Parce-que la démarche identitaire est différente. La façon de se répondre est différente.
Maïram Guissé est une femme, noire, d’origine Sénégalaise, issue d’un milieu social modeste, née en France, et qui a toujours principalement vécu en France. Le Sénégal est une ancienne colonie française. Les réponses dont avait besoin Maïram Guissé en faisant son La Vie de ma mère ne pouvaient être que différentes de celles perçues par un David Lynch qui, en outre, avant de devenir réalisateur, avait un parcours, je crois, dans le milieu artistique. Le cinéma, pour Lynch, était un média ou un moyen d’expression sûrement moins sacralisé, plus abordable, que pour Maïram Guissé au départ :
Lynch s’est sûrement senti plus légitime que Maïram Guissé pour décider un jour de prendre une caméra et pour voir ce que « ça faisait ». Et ce que l’on pouvait raconter avec une caméra. Rien que cette attitude change tout dans la façon que l’on a d’aller vers une caméra comme de s’en servir. On peut soit se sentir libre de faire et de filmer ce que l’on veut avec une caméra ou avoir l’impression de devoir porter le marteau de Thor ainsi que toutes les responsabilités, et uniquement elles, qui vont avec.
Je ne crois pas que David Lynch, ou d’autres réalisateurs reconnus, se sentent tenus par le Devoir lorsqu’ils « font » un film. Alors, qu’à mon avis, il y a une forme de sentiment de Devoir dans ce qui a amené la réalisation de La Vie de ma mère. Même s’il y a pu y avoir, aussi, du plaisir à faire le film ( je persiste à écrire « film » alors que La Vie de ma mère est officiellement présenté comme un documentaire).
Qui aurait pu réaliser ce film, assorti de ses réponses, dont Maïram Guissé, et d’autres, avait envie et besoin ?
La Nasa ? La Comédie Française ? La banque la Société Générale ? Banque où, pendant vingt ans, la mère de la réalisatrice va aller faire le ménage dans l’une de ses agences, sans être remerciée pour quoi que ce soit lors de son départ à la retraite.
Le fait d’être noir, « mais » d’origine antillaise, m’a bien sûr aidé à m’identifier rapidement à cette histoire, de sa mère, que nous raconte Maïram Guissé. Mais ce qu’elle raconte dans son La Vie de ma mère se trouve aussi dans des familles chypriotes, portugaises, asiatiques ou tout simplement bretonnes, normandes, alsaciennes, basques ou corses. Comme chez des pratiquants catholiques, juifs, bouddhistes, animistes ou musulmans. Sauf que ces histoires ne figurent pas dans les scripts de la Nasa, de la Comédie Française, des films dont on « parle beaucoup », ou dans les publicités des banques qu’il s’agisse de la Société Générale ou d’autres.
Qu’est-ce qui rend « ciné-génique » la mère de Maïram Guissé ? Sa seule personnalité ?
Il est vrai que la mère de la réalisatrice apparaît être une femme plus que robuste et déterminée. Durant le film, on n’entend pas parler de « burn out », de fatalisme ou de pessimisme, de colère ou de rancune. Malgré six enfants. Malgré des conditions de vie économique plutôt modestes. Malgré le fait d’avoir quitté le soleil natal, près de la mer, la famille mais aussi la musique et une grande maison au Sénégal, soit plutôt une certaine forme de liberté et de légèreté, que l’on a troquée pour un appartement exigu dans une cité ; dans une région – à Canteleu, en Normandie, du côté de Rouen- et un pays ( la France) où il n’y a que des blancs, une autre musique, une autre religion dominante, d’autres façons de bouger sur la musique mais aussi dans la vie, d’autres façons de regarder les autres, de parler….
Je me suis un petit peu amusé à penser à certaines de ces stars de cinéma, « qui prennent la lumière » et que « le cinéma aime », à la place de la mère de la réalisatrice. Avec un seau et une serpillère à la main. Avec six enfants dans un pays étranger et dans un appartement exigu. Avec un mari, qui, pendant des années, refuse qu’elle trouve un travail car il a peur qu’il la quitte ensuite…..
Ce que j’écris est bien sûr injuste pour elles ainsi que pour tous/toutes les autres (femmes comme hommes). Ce que j’écris est sans doute aussi très raciste. Mais c’est moins injuste et moins raciste que toutes ces absurdités dont on fait des vérités qui nous sont imposées à coups-répétés- de :
« La caméra l’aime », « il (ou elle) est tellement ciné-génique ». Sans oublier, aussi, et peu importe que l’acteur ou l’actrice soit noir(e) ou arabe, l’insupportable :
« C’est l’un des acteurs (ou l’une des actrices) le/la plus doué(e) de sa génération ».
Quelle génération ?!
Lorsque l’on regarde et admire constamment telle actrice ou tel réalisateur, il en est combien d’autres que l’on empêche d’exister ou que l’on néglige depuis des générations ?!
La Vie de ma mère est un film qui parle de beaucoup de personnes, sans doute la majorité d’entre nous, femmes, hommes, quelles que soient nos origines, notre couleur de peau et nos croyances et qu’une minorité de personnes verra.
Parce-que cette forme de vie-là, on ne sait pas la voir. Où on ne veut pas la voir. On la considère peu glamour. On estime que cette vie-là n’a rien à nous apprendre alors que, souvent, beaucoup ou tout part de ce genre, de ce type de vie-là. Y compris parmi les futures « stars » ou « vedettes » qu’une caméra va tant aimer plus tard alors que, sans doute, parmi leurs propres ascendants et ancêtres, certains ont pu être négligés, déclassés, humiliés, opprimés ou exterminés. Comme tant d’autres. Parmi d’autres.
Plus nos moyens technologiques deviennent performants et plus il semble que nous voyions et percevions de moins en moins notre environnement.
Mais aussi ce que nous sommes. Au delà de la forme.
Pour une espèce comme la nôtre, émotionnellement, intellectuellement et psychologiquement myope, presbyte, astigmate ou tout simplement autiste, aveugle – et sourde !- un film comme La Vie de ma mère fait partie des films-remèdes. Mais il faut des médecins clairvoyants et reconnus pour le prescrire. Un traitement long et répété. Des endroits où délivrer le remède sur une durée longue. Et des malades conscients qu’ils ne vont pas (toujours) bien, qui décident de consulter, et qui, ensuite, vont accepter de prendre et suivre leur traitement- comme l’indique l’ordonnance- dans une salle ou ailleurs.
Pour recevoir son traitement, Le film est disponible du 29 juin jusqu’au 30 septembre 2022 sur France. Tv
Franck Unimon, ce dimanche 17 juillet 2022. (amélioré le 20 et le 21 juillet 2022).
Utama ( La Terre Oubliée ) un film de Alejandro LOAYZA GRISI
Sorti en salles ce 11 Mai 2022.
Sisa et son mari Virginio, un couple au moins septuagénaire, vivent isolés dans une région assez aride en Bolivie. Leur vie semble ritualisée un peu à l’infini. Elle s’occupe de la terre, des repas et de l’eau. Lui, s’occupe au moins d’emmener paitre son troupeau de lamas à des kilomètres de leur maison. Nous ne sommes pas au Far West avec Clint Eastwood ou avec tel ancien héros de guerre parti se retirer et que quelqu’un, un beau jour, va venir solliciter pour une cause perdue ou en vue d’obtenir un lot de tickets restaurants en édition limitée désignée par feu Virgil Abloh.
Sisa et son mari Virginio ne sont pas des vedettes. Ni des héros. C’est un groupe d’agriculteurs qui a sûrement toujours vécu là et qui a maintenu certains rapports de voisinages avec d’autres personnes clairsemées de leur communauté, et vraisemblablement aussi âgées qu’eux. Il y a même un maire ou un équivalent. Peut-être quelqu’un qui avait été à l’école primaire avec eux.
Un visiteur extérieur, inattendu, plus jeune, la vingtaine, va bien sûr venir transformer un peu la vie réglée de Sisa et Virginio :
C’est leur petit fils Clever, ni meurtrier en cavale, pas même en sevrage de crack et ni vampire. Clever est un petit jeune gentil, propre sur lui, attaché à ses grands parents paternels, et qui parcourt donc des kilomètres (plusieurs centaines, peut-on imaginer) pour venir les voir et leur annoncer une nouvelle. Et non pour venir se suicider à la ferme, dans un coin tranquille.
Autant Sisa et Virginio font presque encore partie du monde féodal, autant Clever, lui, est un jeune aussi moderne que n’importe quel jeune étudiant venant d’une « grande » ville. Et, il est là, avec son smartphone et sa connexion internet, son casque audio sur les oreilles et ses bonnes manières à essayer de convaincre le plus que têtu Virginio, le père de son père, d’aller en ville afin d’aller se faire soigner.
A la fin de Utama lors de la projection de presse, ce 8 avril 2022, un des autres journalistes cinéma présent derrière moi avait dit à sa façon que le film était beau mais que l’histoire….
Et, c’est malheureusement ce que j’ai aussi répété à un des attachés de presse lorsque quelques jours plus tard, celui-ci m’avait contacté afin de connaître mon avis sur le film.
Nous avions vu ce film dans le 5ème arrondissement de Paris, entre le quartier St Michel et la faculté de Jussieu, rue des écoles, pas très loin de Notre Dame. Et, j’ai toujours vécu en ville, près de Paris ou en région parisienne. Mes expériences à la fois d’une vie rurale, et traditionnelle, ont été épisodiques, en Guadeloupe, et plusieurs fois, été synonymes d’ennui et de perte de liberté. Aussi, au même titre que Clever dans Utama aurais-je spontanément tendance à m’inquiéter si mes grands-parents ( ou mes parents) se trouvaient aussi isolés que les siens.
Il y a donc peu de surprise quant au fait que depuis que Utama est sorti au cinéma, ce 11 Mai, que j’aie préféré écrire d’autres articles avant celui-ci. Pas de vedette à la Benicio Del Toro comme dans le film Sicario. Pas d’action fantastique ou spectaculaire telle que, la nuit, les lamas de Virginio se transforment en beautés féminines qui se livrent des combats d’Arts martiaux- pour les sandales de Virginio- comme dans TheAssassindu réalisateur Hsou Hsiao-Hsien. Tandis que Sisa, elle, sitôt Virginio endormi, se rendrait sur Jupiter avec son collier magique en vue d’aller y danser du zouk en cachette avec un de ses multiples amants.
Non. C’est juste le monde de la ville du jeune Clever qui vient s’entrechoquer avec celui de ses grands parents, au travers de Virginio, surtout, tandis que Sisa, elle, en bonne figure maternelle apaisante, joue les modératrices entre les deux. Et, tout ça, dans des espaces très bien filmés. Et beaux.
Utama peut donc, très vite, être résumé à un film exotique qui permettrait de voyager ou qui pourrait, quelques semaines avant les grandes vacances de l’été, donner envie à des touristes de partir en Bolivie. Utama peut aussi être un film pédagogique- ce qu’il deviendra sûrement- que l’on peut voir avec ses enfants ou avec des ados pour en discuter ensuite. Car il n’existe ni grossièreté ni crudité sexuelle dans le film.
Mais le festival de Cannes a débuté cette semaine et le procès entre l’acteur Johnny Depp et son ancienne femme, Amber Heard, deux vedettes américaines, sont deux événements suffisamment médiatisés pour qu’un long métrage comme Utama passe totalement inaperçu comme d’autres longs métrages qui comportent ses caractéristiques :
La simplicité. La discrétion. Des personnes âgées vivant à la campagne. Des lamas. Pas de furie. Pas de stand up. Pas de sang. Pas de sexe. Pas de superpouvoirs. Pas de tube de musique. Un suspense pour la forme. Un film frugal. Presque scolaire. J’ai même eu du mal à retranscrire correctement le nom du réalisateur.
Alors que Utama devrait être regardé. Car l’histoire qu’il raconte est notre histoire ainsi qu’une leçon pour nous qui avons choisi de vivre dans une grande ville ou de rester y vivre. Alors que nous sommes désormais incapables de nous en séparer.
Dans Utama, le jeune Clever présente la ville comme l’endroit où toutes les solutions existent et où la médecine présente pourra sauver son grand-père Virginio. Ce que la ville a à offrir ne séduit ni Virginio ni Sisa. Ce couple âgé, que l’on estimera touchant ou peu glamour selon les standards d’Hollywood, ainsi que leurs voisins- d’un âge tout autant avancé- est en fait beaucoup plus libre, et heureux, que quantité d’individus qui sont devenus familiers avec un mode de vie urbain banal :
Sisa et Virginio ne comptent pas sur un syndicat, sur un parti politique, sur un horoscope, sur un véhicule, sur des transports en commun, sur une banque, sur une police d’assurance ou sur une réclame publicitaire pour vivre. Ils ne dépendent pas non plus d’un EHPAD comme ceux décrits dans l’enquête Les Fossoyeurs publiée au début de cette année par le journaliste Victor Castanet.
Ni punks, ni anarchistes, ni révolutionnaires, ni militants, ni intellectuels engagés, Sisa et Virginio vivent à la mesure de leurs forces, de leurs moyens et de leurs mémoires. Ce que l’Etat bolivien, en les négligeant et en les reniant, leur fait payer.
Et lorsque Virginio, avec d’autres voisins et Clever, partent ensemble chercher de l’eau -car celle-ci s’est raréfiée- on peut aussi se dire que bien que ce genre de situation reste encore assez abstrait pour la plupart d’entre nous dans des grandes villes, qu’elle est loin de concerner uniquement une région reculée, là-bas, en Bolivie.
Si l’on peut, au départ, s’étonner devant l’obstination de Virginio qui s’oppose à son petit-fils Clever, qui, pour son bien, tient à ce qu’il parte en ville se faire soigner, c’est parce-qu’en tant que citadin, on oublie que la ville, en contrepartie de ce qu’elle nous « donne » et nous propose fait de nous, régulièrement, ses détenus et ses prévenus volontaires. Moyennant une partie des territoires de notre mémoire et de notre langue que nous lui concédons.
Dans Utama, Clever parle Espagnol, la langue de l’ancien colon, et ne comprend pas lorsque Sisa et Virginio, ses grands parents, s’expriment devant lui en Quechua, l’ancienne langue de l’empire Inca.
Pour moi, le Français pourrait être l’équivalent de l’Espagnol. Et, le Créole, un peu l’équivalent du Quechua pour Clever. A ceci près, que, contrairement à Clever, je comprends mieux le Créole que, lui, le Quechua.
Si le Quechua est la langue du « devant », l’Espagnol est peut-être la langue du «derrière ». Celle de la trahison ou de l’oubli et de la distraction loin ou en dehors de l’histoire des origines. La trahison, l’oubli et la distraction peuvent être des prisons. Des aliénations. Même si ce sont des aliénations faciles d’accès, étourdissantes et très agréables.
Pendant ce temps, pour beaucoup en France, le mot « Quechua » fera d’abord penser à une marque de vêtements de sport de l’enseigne Décathlon….
Aujourd’hui, l’enseigne Décathlon est plus connue que l’empire Inca. Il est également vrai que l’on meurt moins en se rendant à Décathlon qu’en découvrant l’empire Inca.
Enfin, le film nous montre un couple uni depuis plusieurs décennies. Soit une prouesse dont nous sommes de plus en plus incapables. Malgré les sites de rencontres, malgré tous nos algorithmes, nos ouvrages de vulgarisation de la psychologie relationnelle et émotionnelle. Malgré tous nos « outils » de communication et de réflexion. Malgré toute notre intelligence y compris féministe ou « émancipée » et certains ouvrages ou podcasts sur le sujet de personnalités telles que Mona Chollet, Victoire Tuaillon, toutes deux au moins autrices de J’ai lu Réinventer l’Amour de Mona Chollet
et de Les Couilles sur la table…..
Utama raconte finalement une histoire de l’Humanité qui paraitra très simple voire ringarde à celle ou celui qui se laissera convaincre- et séduire- par son infirmité ou par son immaturité. Et c’est pour cette raison qu’il m’a fallu plus d’un mois pour écrire cet article.
Argenteuil sur scène avec l’acteur Jean-Claude Dreyfus, ce samedi 7 Mai 2022
Cela fait maintenant 15 ans que j’habite à Argenteuil. Et je continue de passer à côté de cette ville. Même si je crois y circuler librement et l’avoir traversée à différents endroits.
Argenteuil, une ville stratégique
Argenteuil, pour moi, c’est une ville très étendue, en béton, de plus de cent mille habitants. Une excroissance de béton, polluée comme toutes les villes bétonnées et très automobiles, plutôt bruyante et sale, qui touche d’autres villes :
Bezons et son tramway qui la rapproche maintenant de Nanterre et du quartier de laDéfense. Epinay sur Seine , qui dispose aussi de sa ligne de Tramway menant à la fêtede l’Humanité, jouxte la ville cossue d’Enghien les Bains, son lac et son casino, et, plus loin, la ville de Saint Denis.
Sannois et sa salle de concerts l’EMB Sannois avant de rejoindre Eaubonne. Sartrouville et un peu plus loin Maisons-Laffite, son château, sa forêt et son champ de courses.
Colombes et Asnières, des villes du département du 92, le département le plus riche de France, qui ont l’avantage sur Nanterre, également ville du 92, de mieux desservir Paris en transports en commun.
Argenteuil est aussi une ville proche de la Seine. Et la mairie d’Argenteuil, depuis des années, a l’ambition que la ville puisse retrouver ou reconquérir ses berges de seine comme auparavant, au début du vingtième siècle. Avant qu’une voie rapide automobile ne coupe les Argenteuillais de cet accès à la Seine. Un accès à la Seine que l’on peut atteindre et longer jusqu’à au moins Epinay sur Seine voire au delà, en passant sous le viaduc de l’autoroute A15, un viaduc que j’ai malheureusement découvert après la mort de la jeune Alisha Khalid, 14 ans, le 8 mars 2021. ( Marche jusqu’au viaduc ).
Argenteuil, proche de l’autoroute A15, permet donc, en surpassant la Seine, de se diriger à Paris, à Lille, vers la Picardie, la Normandie, la Bretagne et d’autres endroits.
Argenteuil est donc, géographiquement, une ville très importante d’un point de vue stratégique. D’autant que par le train direct, elle peut relier la gare de Paris St Lazare en 11 minutes. Et que Paris peut être atteint à vélo depuis le pont d’Argenteuil en une vingtaine de minutes. Ce que beaucoup de personnes ignorent ou sous-estiment encore car, pour stratégique qu’elle soit, Argenteuil, est une ville paradoxale et hétérogène où il existe, ou fourmille, aussi, bien des frontières géographiques et au moins psychologiques.
Argenteuil et ses frontières géographiques et au moins psychologiques
Argenteuil a longtemps été une ville communiste. Pendant à peu près un demi-siècle. Les mairies communistes au pouvoir, et la manière dont elles ont géré ce pouvoir, ont eu une incidence sur le développement d’Argenteuil. On retrouve une partie de cet héritage communiste dans le nom des lieux, des rues ( Aragon, Desnos, Gabriel Péri….). Argenteuil est un peu la « photo » ou le souvenir d’un certain communisme encore glorieux de l’époque de Georges Marchais, d’un monde d’il y a trente ou quarante ans.
De ce fait, il n’y a rien d’étonnant à ce que ce soit une ville, où il existe des frontières psychologiques et géographiques particulières et qui lui sont propres.
Je crois avoir passé quelques unes de ces frontières plus d’une fois. Comme on enjambe une voie ferrée ou que l’on sort d’un quartier ou d’un bar sans bien savoir ce qui a pu y arriver. Car je ne fais pas partie des « historiques » d’Argenteuil. De celles et ceux qui y habitent depuis plusieurs générations ou qui y travaillent, et y militent, depuis des années, au contact de celles et de ceux qui « font » cette ville.
Je m’exprime donc d’après mes expériences qui ont également leurs frontières et leurs limites.
Ces frontières géographiques et au moins psychologiques d’Argenteuil font que certaines parties de la ville sont probablement peu fréquentées par certains des habitants d’Argenteuil. En cela, Argenteuil peut faire penser quelques fois à un village ou même à une ville retirée de province, où l’on préfère rester plutôt dans son quartier mais aussi dans un passé assez désuet. Je ne serais pas étonné d’apprendre que certains enfants et habitants d’Argenteuil connaissent assez peu Paris.
Mais parallèlement à cela, si j’ai pu croiser, il y a quelques mois, une connaissance qui habite à Neuilly sur Seine sur le parking de la Ferme du Spahi, et venant y faire ses courses, ou apprendre que des personnes venant d’autres villes se rendaient au grand marché d’Argenteuil (le marché situé BoulevardHéloïse), je ne suis pas sûr que les personnes habituées à faire leurs courses sur le marché de la colonie ou sur le marché des Coteaux s’y rendent régulièrement.
La « désertion » ou la désaffection de certains lieux culturels, mais aussi de certains événements culturels, que ce soit au cinéma Jean Gabin qui se trouve à côté de la médiathèque Aragon& Elsa Triolet mais aussi à côté de la mairie d’Argenteuil ou au Figuier blanc, lors de certaines séances de cinéma ou pour toute autre manifestation culturelle, par exemple, m’a déjà interpellé.
Ce vendredi 6 Mai, me présentant par hasard à la médiathèque Aragon& Elsa Triolet pour y rendre des documents, je découvrais qu’il se déroulait le soir même au cinéma Jean Gabin, un concert à 20H30 en rapport avec Les Cinglés du cinéma. Il semblait y avoir très peu de public. Et, j’avais déjà, plusieurs années auparavant, bien avant la pandémie du Covid fait cette expérience d’un public très clairsemé lors d’événements culturels, de qualité, proposés par la ville dans la salle de cinéma Jean Gabin. La première fois, le musicologue Guillaume Kosmicki nous avait fait une très bonne conférence sociologique sur la musique techno. La seconde fois, un batteur était venu nous parler de son instrument et nous avait, entre-autres, fait une démonstration de biguine.
D’autres décisions, à mon sens municipales, me surprennent très désagréablement : Les vacances de Pâques vont se terminer ce soir. Et, le mercredi de cette semaine, je me suis à nouveau fait confirmer que la médiathèque Aragon & Elsa Triolet n’ouvrait que le mercredi après-midi, durant ces vacances de Pâques, de 14h à 18h. Le même jour, la médiathèque de Cormeilles en Parisis, une ville à cinq minutes d’Argenteuil par le train, était, elle, ouverte de 10h à 19h !
Certes, pour moi qui n’habite pas à Cormeilles en Parisis, l’inscription à cette médiathèque est chère (50 euros, l’inscription à l’année). Mais, en contrepartie, cette inscription me donne accès aux documents des autres médiathèques du Val de Parisis. Dont fait partie la ville d’Eaubonne, où, depuis peu, la médiathèque est ouverte les dimanches.
« Gratuite », la médiathèque d’Argenteuil Aragon & Elsa Triolet était ouverte les mercredis dès le matin pendant les vacances scolaires il y a encore deux ou trois ans si je me rappelle bien.
Car, souvent perçue et montrée comme un mauvais exemple, la ville d’Argenteuil a disposé ou dispose d’atouts nombreux que même des personnes résidant dans d’autres villes mieux renommées et plus prestigieuses viennent chercher. Cela peut, par exemple, être son conservatoire à rayonnement départemental. Lorsque j’y ai avais suivi une formation en cours d’interprétation théâtrale, achevée en 2016, j’avais pu compter parmi mes jeunes camarades, des personnes venant d’Enghien, de Courbevoie ou de Paris.
Ou son offre immobilière. Le mètre carré y étant moins cher qu’ailleurs, certains acquéreurs viennent s’y installer plutôt qu’à Paris, à Asnières ou à Colombes. Le prix du mètre carré dans l’immobilier flambe-t’il à Argenteuil ? J’ai l’impression que la réponse est bigarrée. C’est peut-être assez vrai dans certains quartiers d’Argenteuil, pavillonnaires, aux Coteaux, du côté du quartier de la Colonie mais que l’acheteur semble souvent jouer d’égal à égal avec le vendeur. Ce qui tranche avec d’autres villes où l’on nous rappelle des montants élevés en matière de transaction immobilière. Même lorsque les prix « baissent ».
Il est une frontière géographique et pas seulement psychologique très sensible à Argenteuil. C’est celle des écoles publiques.
« Dans le passé », Argenteuil a eu de très bonnes écoles publiques. Aujourd’hui, ces très bonnes écoles publiques, collèges et lycées, sont considérées comme ne l’étant plus.
Cela fait des années, en France, que les services publics se font massacrer et perdent de leurs capacités à remplir à leurs missions de soins ou d’enseignements.
Il subsiste des établissements scolaires publics aux moyens, aux résultats et aux climats rassurants dans certaines villes. Mais pas à Argenteuil, où, visiblement, au mieux, il faut éviter les collèges et les lycées publics. Voire l’école primaire. En septembre 2020, à l’école primaire, l’enseignante de ma fille avait été en arrêt maladie trois fois dès le mois de septembre. Pour être finalement remplacée au mois de janvier suite à sa maternité.
Pour cette année 2021-2022, à nouveau, ma fille terminera son année scolaire avec un autre enseignant que celle qui avait débuté en septembre. Pour des raisons de santé.
D’autres parents avaient anticipé dès la maternelle. En trouvant la parade en faisant en sorte de faire admettre leur enfant dans l’école privée d’Argenteuil centre ville : l’école Ste Geneviève qui comprend un collège et qui a agrandi, en partie, ses capacités d’accueil ces dernières années. Mais il est difficile d’y faire admettre son enfant.
Soit il faut s’y reprendre trois à quatre années de suite. Ou avoir la chance ou le privilège d’avoir soi-même été un ancien ou une ancienne de l’école, ou d’y avoir déjà une sœur ou un frère scolarisé, ce qui assure, assez facilement l’admission dans l’école.
J’avais sous-estimé cette importance de l’école lorsqu’avec ma compagne, nous avions opté pour venir nous installer à Argenteuil. Aujourd’hui, je regrette ma « légèreté ». Et je supporte assez mal ce suspense à deux balles concernant l’avenir scolaire de ma fille. Mais aussi son environnement relationnel immédiat. Même si je sais que les apprentissages scolaires ne décident pas de tout, ils influencent tout de même beaucoup certaines consciences ainsi que certains parcours.
La France de 2022 compte pour l’instant, politiquement, officiellement quatre camps.
Les abstentionnistes. La Droite libérale. L’extrême droite. L’extrême gauche. Et sans doute devrais-je rajouter les désespérés et celles et ceux qui sont gravement malades.
Nous avons beaucoup entendu parler de la pleine croissance et de l’insouciance de l’après-guerre. Mais nous évoluons dans un monde de radicalisations économiques, sanitaires, idéologiques et politiques. Mais, aussi, climatiques et écologiques. Tout cela semble tourner ensemble. Les radicalisations climatiques et écologiques que nous nous permettons encore d’ignorer semblent se conjuguer avec les radicalisations économiques, sanitaires, idéologiques et politiques.
Face aux inquiétudes que nous avons, nos réponses et nos réactions se radicalisent de plus en plus d’un point de vue économique, sanitaire, idéologique et politique.
Argenteuil est sans doute une ville où il existe des personnes radicalisées ou en voie de radicalisation. Aujourd’hui, lorsque l’on parle de radicalisation, en France, on pense d’abord à la radicalisation islamiste. Parce-que plusieurs attentats terroristes traumatisants ont eu lieu en France ces dix dernières années et qu’ils ont été réalisés par des islamistes. Alors on résume grossièrement et vite fait la radicalisation à cela.
Mais la radicalisation de notre monde, et donc d’Argenteuil, n’est pas uniquementislamiste, s’il y a radicalisation.
La radicalisation la plus générale et la plus partagée en France est sans doute notre façon de percevoir le monde.
Par ailleurs, à Argenteuil, des jeunes filles et des femmes de « familles » musulmanes prennent des cours (de danse ou d’instrument de musique) au conservatoire d’Argenteuil ou participent à des cours de boxe française avec des garçons et des hommes. Et lorsque je me suis rendu au hammam de la gare, et où je compte retourner, je ne me suis pas encore senti regardé de travers parce-que noir et non musulman.
Il n’en demeure pas moins qu’Argenteuil a ses problèmes. Depuis trois bons mois, maintenant, des vendeurs de cigarettes à la sauvette se sont implantés près de la gare d’Argenteuil et lancent « Marlboro ! Marlboro ! ». Ils disparaissent lorsque la police arrive pour mieux revenir. Je me dis que ces vendeurs devaient être ailleurs auparavant, peut-être dans Paris ou dans une ville de banlieue plus proche de Paris, et qu’ils se sont déplacés.
J’ai entendu parler de points de vente de cannabis dans Argenteuil. Un de ces points de vente se trouverait non loin du trajet que ma fille prend pour aller à son école.
Sans doute se trouve-il aussi à Argenteuil ou s’est-il trouvé quelque endroit où l’on peut y acheter des armes au noir. Et où y existe ou y a existé de la prostitution clandestine. Je ne suis pas inspecteur de police ni enquêteur social. Mais je lis des fois la presse. Ou parfois, comme hier soir, pour la première fois, j’ai entendu une femme crier dans la rue en bas de chez moi. En regardant par la fenêtre, j’ai ensuite pu voir un homme sortir d’un immeuble, les mains menottées derrière le dos. Il est sorti dans la rue devant plusieurs personnes restées en bas de l’immeuble.
L’homme menotté dans le dos était accompagné de policiers en tenue, portant leur gilet pare-balles et d’un équipage de police en civil venu en renfort. Chacun des deux équipages comportait une femme-flic.
Je me suis dit que cela serait bientôt dans la Presse. Sûrement dans le journal Le Parisien.
Argenteuil est peut-être une ville qui « craint ». Mais je connais bien des personnes qui s’y plaisent et y ont trouvé leur coin :
Si l’on n’est pas client de certains produits comme de certaines heures, ou de certaines ouvertures, on peut très bien passer pendant des années près de certains endroits sensibles sans s’y retrouver cramponné. C’est un peu comme passer tous les jours au dessus du vide ou de la Seine dans un train en revenant de Paris. En prenant un pont sans tomber dans la Seine ou dans le vide. Et, je repense de temps en temps au quartier de la Bastille, à Paris, qui, aujourd’hui, est devenu un endroit très recherché alors qu’il a pu, dans le passé, être un quartier de Paris où l’on pouvait croiser des toxicomanes avec leurs seringues.
En matière de soins publics, je dirais qu’Argenteuil tient plus ou moins le coup. Notre fille est née dans son hôpital. Où il manque, comme ailleurs, du personnel.
Il manque aussi, de plus en plus, certaines professions libérales. Mais il s’y trouve aussi le centre de santé Fernand Goulène.
Des centres dentaires ouvrent aussi à Argenteuil comme partout ailleurs. On dirait que la chirurgie dentaire est le nouveau filon commercial. A côté des filons déjà établis des pharmacies, assez nombreuses dans le centre ville d’Argenteuil, des agences immobilières, des supermarchés, assez nombreux aussi à Argenteuil, des kebabs, des traiteurs asiatiques et des magasins alimentaires exotiques.
A Argenteuil, le haut de gamme peut voisiner ce qui est très bon marché. Et on y vit peut-être « plus ensemble » ou « malgré d’autres » que dans d’autres villes dont on parle moins, en mal comme en bien.
La promotion d’Argenteuil
Argenteuil, comme d’autres villes, tient à faire sa promotion et son cinéma. Avec le centre culturel Le Figuier blanc, la salle de concerts La Cave Dimière, Les Cinglés du cinéma ( qui se déroule à Argenteuil depuis des années) fait un des moyens de cette promotion. J’ai de bons souvenirs de cette manifestation. Comme du salon du livre dont la librairie Presse Papier est l’une des grandes organisatrices.
Pendant des années, Les Cinglés du cinéma ont eu lieu à la salle des fêtes Jean Vilar dont le parking extérieur marque encore l’entrée dans la ville d’Argenteuil, lorsque l’on y arrive par son pont routier, d’un côté. Alors que de l’autre côté, se trouve le club d’aviron d’Argenteuil, de très bon niveau.
Depuis plusieurs années, Georges Mothron, proche de Macron ,et avant, de Sarkozy, maire pour la troisième ou quatrième fois d’Argenteuil (après avoir dû céder sa place quelques années au maire et ex-député socialiste Philippe Doucet) et son équipe ont le projet de détruire la salle des fêtes Jean Vilar. Pour y permettre à la place la construction d’un centre commercial, d’un multiplexe de cinéma et d’un programme hôtelier de luxe d’après ce que j’avais retenu. Le but serait de donner d’Argenteuil une image plus attractive. De l’autre « côté », à Colombes, il est vrai qu’un certain nombre de projets immobiliers ont été construits. La mairie de Colombes anticipe sûrement l’arrivée du tramway, les Jeux olympiques de 2024 ainsi que le Grand Paris.
Pour l’instant, à Argenteuil, depuis à peu près deux ans, la salle des fêtes Jean Vilar a surtout servi de centre de vaccination contre le Covid. Mais il subsiste des opposants au projet de démolition de la salle des fêtes Jean Vilar. Au centre de leurs arguments, le fait que ce projet, s’il se faisait, entraînerait des conséquences que l’on peut appréhender concernant la fréquentation de la librairie Presse Papier mais aussi du centre culturel le Figuier Blanc qui contient des salles de cinéma, plutôt proche, à quelques minutes à pied.
Cette année, Les Cinglés du cinéma se seront tenus au mois de Mai dans le groupe scolaire Paul Vaillant Couturier. Habituellement, la manifestation se déroule au début de l’année, en janvier ou février. Mais pour cause de pandémie du Covid, l’événement a été décalé.
L’acteur Jean-Claude Dreyfus a été choisi pour être l’invité d’honneur de cette édition des Cinglés du cinéma. Pour moi, Jean-Claude Dreyfus, cela est surtout resté le boucher du film Délicatessen, un film réalisé en 1991 par Jeunet et Caro. Alors que, depuis, Dreyfus a tourné dans d’autres films et aussi joué au théâtre. Je l’avais aussi vu ensuite dans Le Duc et l’Anglaise de Rohmer mais j’ai toujours eu du mal avec les films de Rohmer.
Ma fille et moi sommes arrivés aux Cinglés pratiquement au même moment où Dreyfus, accompagné du maire Georges Mothron et de ses adjoints, est arrivé. Et nous avons aussi quitté Les Cinglés du cinéma pratiquement, aussi, au même moment où Dreyfus en repartait, toujours accompagné du maire Georges Mothron et de ses adjoints. Lesquels ont fait en sorte d’être au plus près de lui afin, aussi, de se trouver, autant que possible, sur les photos qui seraient prises.
J’ai entendu Dreyfus deviser, cabotiner un peu, aussi. Et l’équipe municipale « sympathiser » avec lui. Le premier adjoint du maire, Xavier Péricat, a raconté à Jean-Claude Dreyfus qu’il avait été en CM1 et en CM2 précisément dans cette école. Et que cela lui faisait donc quelque chose de particulier que d’y retourner lors de cette manifestation des Cinglés du cinéma.
En effet, du CM1 au poste de premier adjoint de la mairie d’Argenteuil, j’imagine à peine tout ce qu’il a fallu de charge, de choix et de contrariétés préalables. Charge, choix et contrariétés que chacune et chacun connaît un jour à Argenteuil ou ailleurs, à des degrés divers.
Face A La Mer- un film de Ely Dagher au cinéma le 13 avril 2022
« Rien n’est trop difficile pour la jeunesse ». Jana, la vingtaine libanaise, le sait.
Pourtant partie à l’étranger faire des études dans une école d’art « huppée », la voilà qui revient au pays alors que tout se passait bien, « là-bas ». En France.
Si les premières vues aériennes du Liban ( à Beyrouth) m’étonnent un peu, j’ai aimé la façon dont notre regard découvre Jana (l’actrice Manal Issa qui la porte très bien) la première fois. Jana sort de l’aéroport, seule, un peu telle une égarée, un simple petit sac à dos à la main. Après que l’on ait vu un homme enlacer des proches lors de retrouvailles puis les emmener dans sa Mercedes blanche.
On pourrait penser qu’il est arrivé « quelque chose » à Jana. C’est d’ailleurs ce que pensent ses proches (ses parents, son oncle maternel, son ex petit ami, Adam) qui, à la fois contents de la revoir, essaient de cerner la raison pour laquelle elle est revenue.
Je ne connais pas le Liban. Et encore moins Beyrouth. Mais j’ai connu, un peu, une Libanaise d’origine syrienne. Et, je suis allé passer quelques jours en Israël il y a quelques années. Israël, le pays « ennemi », n’est pas mentionné dans le film. Même si, furtivement, la guerre et d’autres catastrophes ( un tsunami) figurent dans le casting probable du Liban décrit comme un pays fermé malgré son accès direct à la mer qu’il transforme en poubelle.
Devant Face à la mer, je n’ai pas pu m’empêcher de penser que la vitalité de certaines villes d’Israël ( Tel Aviv…) aujourd’hui est peut-être celle qu’a connue le Liban et qu’il ne parvient pas à retrouver. Les habitants du Liban se souviennent encore de cette vitalité. Sauf, qu’entretemps, ils sont devenus les pilotes vivants d’une Nation désormais sans destination.
En passant Jana, l’héroïne de Face à la mer, au travers du tamis de ses parents, d’un oncle maternel et de son ex-petit ami, le réalisateur Ely Dagher nous montre au moins trois couches de la société libanaise. Dans chacune de ces couches, on trouve un attachement forcené au Liban même si celui-ci continue de disparaître. Une activité et une certaine vie sociale sont entretenues mais elles font partie du décor.
Jana est celle qui avait quitté ce décor. Des parents inquiets pour elle. Un père ( l’acteur Rabih El Zaher) sans travail et qui se demande si le travail existe encore au Liban. Une mère (l’actrice Yara Abou Haidar) féministe, traditionnaliste et dépendante. Un frère à Dubaï qui semble heureux de son sort et que Jana ne cherche pas à contacter. Un oncle maternel ( l’acteur Fadi Abi Samra) assez inquisiteur qui reproche à Jana d’avoir eu des rêves. Ou d’avoir échoué à les réaliser surtout d’un point de vue financier. Un ( ex) petit ami ( l’acteur Roger Azar) qui fait comme si la vie continuait.
Dans Face à la mer, le Liban est un pays où le pire devait être temporaire mais persiste. Donc, tout le monde fait malgré tout. Car il n’y a rien d’autre que l’on puisse faire. Jana est celle qui est lassée de ça. Mais elle essaie de s’étourdir et d’y croire encore une fois.
Ce matin, l’enfant occidental qui est en moi a voulu aller voir le film The Batman, sorti aujourd’hui.
Mais l’adulte que je suis l’avait prémédité bien avant d’emmener sa fille au centre de loisirs. Pour cela, j’ai arrêté la rédaction de mon article Quelques voies consacré aux Arts Martiaux.
« Plus sombre, plus cinglé », c’est ce que j’ai pu lire sur une des affiches annonçant le film The Batman. Si c’était écrit, c’était pour donner envie. Donc, ce qui est « sombre et cinglé » augmente l’envie ou le désir.
Après avoir dit au revoir à ma fille au centre de loisirs, j’ai pris le chemin vers mon premier centre de loisirs pour adultes : la gare pour aller à Paris.
J’ai commencé par rater le train. J’en ai profité pour aller acheter des journaux. En découvrant le dessin en première page, le jeune vendeur s’est d’abord mis à rire. Puis a commenté :
« Ah, lui, il faut pas le frustrer…. ». De qui parlait le jeune vendeur de journaux âgé d’une vingtaine d’années ? De Batman ?
Non, du Président russe Vladimir Poutine après sa décision d’agresser informatiquement d’abord puis militairement ( ce 24 février 2022) l’Ukraine. Ce qui provoque une certaine réaction en chaine de tensions internationales diverses. Sa caricature par le dessinateur et journaliste Riss fait la couverture du Charlie Hebdo sorti ce mercredi.
Les paroles les plus simples sont parfois les plus justes. Et ce jeune vendeur, que je voyais pour la première fois à la gare d’Argenteuil, a dit beaucoup mieux- et plus- que bien des experts en une seule phrase.
Il y a plusieurs jours que nous sommes nombreux, au moins en occident, à regarder le Président russe Poutine appliquer fin février son plan de destruction de l’Ukraine. Un plan qui daterait au moins de fin décembre 2021. Cette simple pensée me suffit pour admettre que lui et moi avons des centres de loisirs très différents.
Tous les Russes ne pensent pas comme le Président russe Vladimir Poutine. J’ai lu hier, comme d’autres journalistes de cinéma, envoyé par des attachées de presse de cinéma, un texte du réalisateur ukrainien Sergueï Loznitsa. Dans ce texte, celui-ci raconte avoir reçu dès le début de l’invasion russe des messages de soutien d’autres réalisateurs russes lui disant leur honte devant cette invasion de l’Ukraine.
« Plus sombre et plus cinglé », Le Président Poutine l’est sans aucun doute beaucoup plus que le nouveau Batman sorti ce mercredi. Mais je ne ferai pas partie des spectateurs pressés de voir de près à quoi peut ressembler la guerre en Ukraine.
Et, il est sans aucun doute aussi d’autres personnalités aussi sombres et cinglées que l’on ne voit plus ou que l’on n’entend pas, et qui agissent, tandis que nous nous fixons- à raison- sur l’Ukraine depuis quelques jours. Et que nous essayons d’imaginer les conséquences néfastes sur nos vies finalement très fragiles de ce conflit s’il se généralise.
C’est aussi parce-que nous n’avons pas toujours l’envie, la force ou le courage de regarder certaines horreurs en face que nous nous réfugions dans nos loisirs, qu’ils soient chimiques ou non.
Remettons-nous « dans » Batman et dans la frustration. A la gare St Lazare, dès la première porte de validation, malgré mes précautions, un homme s’engouffre derrière moi. Il me « colle » pour passer avec et malgré moi. J’ai du mal à supporter ces « ninjas » des transports (peut-être parce-que ce sont principalement des hommes) qui me comptent parmi leurs pigeons voyageurs. Je n’ai rien contre le fait d’aider quelqu’un à passer. Même si je me doute que cette « complicité » pourrait m’être reprochée et me valoir un jour d’être sanctionné financièrement. La fraude est le secret de ces usagers. Et je ne les juge pas pour cette action. Mais je n’aime pas être utilisé sans mon accord. Instinctivement, souvent, alors, ma réaction est un peu limitée. Je regarde voire dévisage l’intrus. Quelques uns se détournent et fuient. Certains, assez rares, ont un moment bref d’hostilité dans les yeux. Peut-être qu’un jour cela se passera mal entre l’un d’entre eux et moi. Mais je ne peux pas m’empêcher de réagir étant donné la fréquence de ce genre de comportement en région parisienne.
Avant hier, une dame africaine sans doute mon aînée de plusieurs années, m’a dit :
« Je passe avec toi ». Je me suis fait un plaisir de la faire passer. Ensuite, alors que nous nous séparions, elle m’a remercié.
Le « ninja » de ce matin est un homme réglo. Alors que nous descendons l’escalator vers les lignes de métro, Il se sent obligé de m’expliquer que sa carte est « bloquée », commence à sortir son portefeuille pour me prouver qu’il a bien son passe. Je lui réponds :
« Vous n’avez pas besoin de me montrer. Je ne suis pas contrôleur ». Et, amicalement, je pose ma main sur son épaule pour le rassurer. Ce geste suffit. Il range aussitôt son portefeuille et nous allons chacun dans notre direction.
Je prends une place pour la séance de 9h45. Je montre mon billet à l’entrée du cinéma. On me demande mon pass sanitaire devenu pass vaccinal. Devoir présenter son pass sanitaire ou vaccinal pour aller voir un homme-chauve souris sur un grand écran de cinéma est une expérience qu’il fallait assurément vivre au moins une fois. Mais je ne fais aucun commentaire à ce sujet.
On me confirme qu’il y avait bien une séance à 9h. Mais que pour des « grandes productions comme Batman, il y a toujours deux séances le matin ».
Je me dirige vers la salle lorsque je reconnais la voix et la musique de Jimi Hendrix. Que fait Jimi Hendrix dans un complexe de cinéma UGC ? Une fois de plus, tous ces rebelles et marginaux, créatifs ou autres, qui se sont créés eux-mêmes et ont pu être les Batman d’une autre vie font depuis longtemps partie de la marchandise dont on se sert pour appâter et fidéliser le grand public dont je fais partie.
A peine vingt mètres plus loin, sur ma droite, j’aperçois une trentaine de personnes rassemblées près du bar. Non loin des photos d’acteurs et de réalisateurs prises par Eddy (Eddy Brière). Des photos exposées maintenant dans ce cinéma depuis deux ou trois bonnes années : Francis Ford Coppola, Mads Mikkelsen….
Les personnes près du bar ne regardent pas, ne regardent plus ces photos. Elles ont une moyenne d’âge de 30-35 ans. Elles semblent assez joyeuses, détendues. Une femme, à l’écart, à une dizaine de mètres, la trentaine également, les regarde, un talkie-walkie sous le bras. Elle porte une jupe.
Je lui demande : « Qu’est-ce qui se passe ? »
Elle me répond, un peu de haut, assez pincée :
« Comme tous les mercredis, Monsieur, les chiffres des films qui sortent ».
Moi, candide :
« Donc, il y a uniquement le personnel du cinéma… ».
Elle :
« Tout à fait, Monsieur ! ». Puis, une à deux secondes plus tard, la voilà qui part dans la direction opposée qui m’a vu arriver.
Un film, c’est aussi de la pub et des bandes annonces avant de le voir. Ce que l’on appelle la séance. Dans ce cinéma, les séances durent entre 15 et 20 minutes. On en parle rarement lorsque l’on parle d’un film que l’on est allé voir. J’avais déjà eu le projet d’en parler il y a un ou deux ans. Mais je ne l’avais pas fait. Or, cette pub et ces bandes annonces parlent aussi de notre époque. Peut-être autant voire davantage que le film que l’on va voir au cinéma. Donc, nous allons en parler. Avant de parler du film The Batman que je n’ai pas oublié. Et que j’ai bien vu ensuite.
Dans la salle de cinéma, d’abord, lorsque j’arrive avant que la séance ne commence, il y a une quarantaine de personnes. Des hommes en majorité. Moyenne d’âge : 35-40 ans. Je me répète avec la moyenne d’âge du personnel du cinéma en train de célébrer les chiffres des entrées des films de la journée ? Cela peut démontrer que ce genre de film est peut-être regardé et recherché par un public qui ressemble à ce personnel entrevu ou vice-versa. Même si dans la salle, sans me compter, j’aperçois aussi un homme et une femme, séparés par plusieurs rangs, qui doivent bien avoir une cinquantaine d’années.
La première annonce qui me marque concerne le festival Série Mania qui se déroulera à nouveau à Lille, du 18 au 25 mars. Je ne suis jamais allé voir ce festival à Lille.
Puis la bande annonce pour le film Entre les vagues d’Anaïs Volpé retient mon attention. Il sortira le 16 mars.
Suit une pub pour la banque Le Crédit Agricole. Puis une pub pour le jeu vidéo Légende Pokémon Arceus « seulement avec la Nintendo Switch ». On nous parle ensuite du nouveau Multivan de Wolkswagen.
Le cinéma revient avec la bande annonce pour le film asiatique Moneyboys. On comprend qu’il est question d’un jeune homme qui, pour survivre économiquement, devient escort et rencontre d’autres hommes. C’est la honte dans sa famille.
« Tu mérites d’être aimé » lui dit quelqu’un. Le film me paraît bien.
La série Wonderworld nous informe que des femmes et des hommes agissent en toute conscience pour l’avenir de la planète. Cela commence avec le documentaire intitulé L’Arche de Tchernobyl.
« Je gère », une campagne de sensibilisation du Ministère (de la Santé ou de l’Intérieur) nous parle de la prostitution des mineurs. Et nous délivre un numéro de téléphone à faire afin d’obtenir conseil et assistance : le 119.
Juste après vient la bande annonce pour le film français Murder Party avec Eddy Mitchell. L’intrigue me fait penser au remake du film 8 femmes réalisé par François Ozon il y a dix ou quinze ans (en 2002, en fait).
Pour faire passer ça, une pub pour le jeu vidéo Horizon Forbidden West « seulement sur Playstation ». Et une pub pour le parfum Montblanc Legend Red.
Après, une nouvelle bande annonce pour le film Trois fois rien. Une pub pour la chaine Canal Plus « Au cœur de l’émotion » avec plein d’événements sportifs, des cris et des grandes joies (Foot, course automobile, course moto, beaucoup d’hommes, quelques femmes). A nouveau une bande annonce pour un remake de Cyrano mais cette fois avec l’acteur nain devenu sans doute l’acteur nain le plus célèbre du cinéma pour son rôle dans Game of Thrones :
L’acteur Peter Dinklage que j’ai du plaisir à revoir après son rôle de Tyrion Lannister dans Game of Thrones. La subtilité de son jeu fait que, désormais, on le regarde lui au lieu de son nanisme. Quand je pense que je l’avais vu dans un rôle secondaire au cinéma dans le film ça tourne à Manhattan (réalisé en 1995) de Tom DiCillo. A cette époque, je ne pouvais pas imaginer (et lui aussi sans doute) qu’il deviendrait l’acteur qu’il est aujourd’hui. Près de trente ans plus tard !
Une pub où l’on voit une danseuse représenter la joaillerie « Made in France » Gemmyo « jeune et joailler », une bande annonce pour le film français Goliath inspiré de faits réels (avec les acteurs et réalisateurs Gilles Lellouche, Emmanuelle Bercot, Pierre Niney…) et une dernière pub pour des crèmes Hermès Paris clôturent la séance.
Si cette description de la séance d’avant film a semblé fastidieuse à lire avant d’avoir accès à mon compte-rendu proprement dit du film, cela signifie peut-être que l’on gobe régulièrement- et depuis des années- sans s’en rendre compte des quantités d’informations autrement plus imposantes que celles-ci.
Le film The Batman, réalisé par Matt Reeves, à proprement parler, dure 2h56.
Je vais être gentil. Je vais écrire tout de suite que ce film axé sur le personnage de Batman, pour moi, n’est ni le meilleur. Ni le plus mauvais. Comme ça, celles et ceux qui n’en peuvent déjà plus de lire cet article peuvent partir. Pour celles et ceux qui resteront, voici ce que je rajoute.
The Batman débute par une vision floue. Cette vision floue joue avec nos souvenirs de l’histoire du personnage de Batman. On entend un air classique : L’Avé Maria. Et une respiration étouffée. On comprend ensuite qu’une maison bourgeoise, gardée par un policier paisible, est observée. Dans cette maison, un enfant déguisé joue avec une épée. Son père arrive et fait semblant de mourir en tombant lorsque l’enfant, un garçon, le tue avec son épée. C’est une scène familiale heureuse. Le bonheur familial qui, on le sait, va disparaître brutalement. Puisque c’est le jour d’Halloween. « Un Halloween maussade et joyeux ».
On entend ensuite la voix, forcément grave, de celui qui est Batman. Parce qu’une voix grave, c’est ce qui fait le mieux penser, dans un certain imaginaire, à une voix d’outre-tombe. Au même titre que la nuit est ce qui se rapproche aussi le plus de la mort. Nous apprenons donc que The Batman, joué par l’acteur Robert Pattinson,erre telle une âme tourmentée depuis « deux années », la nuit. Il se démène contre le crime. Mais il n’est qu’un homme et, à ce titre, n’a pas le pouvoir d’ubiquité des divinités.
Le crime a pris racine et est tentaculaire dans Gotham. Il se reproduit sans cesse. Batman, homme sans descendance, donc peut-être stérile, est attaché à cette ville qu’il ne peut quitter et dont la fertilité s’exprime par les pluies poissonneuses du crime. Mais seul Batman semble souffrir le plus de cette relation sans retour et assez sado-maso. Même s’il est celui qui cogne le plus fort, Batman souffre davantage que ceux qu’il combat et corrige.
Les malfrats sont comme des poissons dans l’eau dans cette ville croupie. Et les simples citoyens acceptent leur rôle de croupiers et de victimes. Mais il y a pire.
Il pleut beaucoup dans The Batman et il fait souvent assez sombre. Pour le réaliser, on dirait que Matt Reeves a au moins révisé « son » Seven, la trilogie Blade avec l’acteur Wesley Snipes, « son » Dark Vador, son Matrix ou son The Crow.
Je ne peux pas dire que Robert Pattinson soit ridicule dans le rôle. Mais on dirait qu’il a forcé sur l’écran total pour avoir cette pâleur de teint. Et puis, il y a comme une continuité, malgré lui, à moins que ce ne soit souhaité, entre son rôle de vampire qui l’a fait connaître dans Twilight et ce rôle de chauve-souris humaine. Surtout si l’on se rappelle que le personnage de Dracula a aussi à voir avec la chauve-souris.
On peut par instants trouver au visage de Bruce Wayne, lorsqu’il retire son masque de Batman, des reflets du Joker. Sauf que le jeu de Pattinson le laisse plutôt sur la ligne du héros « pur », faussement frêle et assez romantique qu’il incarnait dans Twilight. On peut aussi trouver à son côté grand enfant reclus et perdu dans son grand manoir des allures de Michaël Jackson.
« Je suis la vengeance » répond Batman à quelques voyous qu’il vient rosser. Il y a des phrases bien choisies dans ce film. Des scènes très bien réalisées. Une ville dont les élites sont à la fois si gangrénées par la corruption mais aussi par l’impuissance et le désespoir qu’elles font de Batman un homme de Foi religieuse. Et, je crois que je n’avais jamais regardé le personnage de cette façon. Culpabilité, vengeance, rédemption.
J’ai « aimé » voir ces élites défoncées. Et l’une d’elle se confesser à Batman : Le proc, qui semble être l’anagramme du porc « révélé » par le mouvement #MeToo.
Lorsque j’écris que j’ai « aimé » : je veux dire que j’ai aimé ce passage où ces élites puissantes majoritairement blanches et masculines se révèlent nues, simples, seules, désarmées mais pas sans âme au « club dans le club », sursis-purgatoire entre la comédie des apparences à la surface, et la dernière marche vers le trépas. Dans Gotham, les Puissants sont finalement des morts vivants.
J’ai aussi cru apercevoir dans l’image du père assassiné de Bruce Wayne/ Batman l’assassinat du Président John F.Kennedy dont une partie de l’Amérique ne s’est visiblement pas toujours remise un demi-siècle plus tard. Bien que JFK ait été moins vertueux qu’il ne l’ait montré.
Par contre, l’histoire d’amour platonique, car il faut bien une histoire impossible, entre Catwoman et Batman, ne passe pas. Ni l’éternelle course poursuite en voiture que j’ai trouvée mortellement longue. La Catwoman jouée par Zoe Kravitz m’a donné envie que l’on ressuscite celle jouée par Michelle Pfeiffer. Où sont passées les 7 ou 9 vies de Catwoman ? Je n’en vois que deux dans le film.
Je me demande la raison pour laquelle Zoe Kravitz a été choisie pour ce rôle. J’ai plus vu en elle une actrice-mannequin faisant onduler sa voix et ses hanches pour faire « bien » lors de certaines partitions du film. Elle fait son travail mais je l’oublierai rapidement dans ce rôle. Je lui préfère Michelle Pfeiffer, donc. Ou Carrie-Anne Moss, la Trinity de Matrix. Car il semble que Zoe Kravitz ait essayé de réaliser un peu la synthèse des deux.
The Batman est aussi un film où il y a de gros roulements de tambour lorsqu’il s’agit d’entourer de musique certaines scènes.
Mais le plus frustrant, pour moi, nous reparlons de la frustration, est que je m’attendais à un Batman plus rude. Nous avons déjà vu un Batman plus rude au cinéma. Mais je confonds peut-être avec la figure de Rorschach dans l’adaptation cinématographique de The Watchmen… (2009).
Même le James Bond incarné par Daniel Craig dans Casino Royale ( 2006) est plus rugueux. Deux films qui ont plus de dix ans.
« Plus sombre et plus cinglé », ce The Batman ? Pas tout à fait pour moi.
Bon. Je ne regrette pas d’être allé voir le film. Mais j’aurais aimé plus. Mieux. Même s’il y a eu un gros et très bon travail réalisé pour les décors.
Même s’il y a des symboles forts : une Catwoman noire. Une maire de la ville de Gotham, héroïque et noire. Un Lieutenant de police intègre noir( l’acteur Jeffrey Wright). Même si on se demande comment fait-il, dans une ville aussi pourrie, pour travailler à visage découvert nuit et jour sans jamais se faire menacer de mort ? Mais, aussi, quand trouve-t’il le temps de dormir et, éventuellement, d’avoir une vie de famille ou de couple. Il encaisse aussi particulièrement bien – même pas une facture de la mâchoire- le crochet de pierre que lui assène Batman.
Peut-être que la faiblesse de ce film est de servir des situations entendues, d’une part, et, d’autre part, de ne pas avoir réussi à donner le tournis avec d’autres qui auraient pu faire la différence. Je pense par exemple à ce moment où Batman se réveille dans le commissariat de Gotham comme s’il était dans une souricière. L’astuce pour s’en sortir fait très « cheap ».
Autrement, Colin Farrel est méconnaissable et bon. Je ne l’ai pas reconnu. John Turturro est plutôt bon. Paul Dano fait plus que bien même s’il a déjà joué des rôles assez voisins ( Taking Lives-Destins violés ( 2004 ), There will be blood ( 2007).
Pour finir, écouter certains spectateurs après le film, dans la salle, m’a amusé.
« Moi, je trouve que Catwoman, elle joue mal ! J’suis désolé ! » a dit un jeune homme d’une vingtaine d’années, voix grave, cheveux mi-longs, tee-shirt montrant le dessin d’une paire de seins, à trois jeunes femmes avec lesquelles il se trouvait.
Plus tard, en sortant de la salle, le même a poursuivi :
« J’aurais voulu que ce soit un vrai fils de pute ! » ; « En fait, il y a pas de nuances ! ».
Peut-être que ce jeune homme, tout comme le jeune vendeur de journaux plus tôt, à propos du Président Vladimir Poutine, a-t’il été le plus juste, finalement, avec ses mots très simples ?
Dans le métro qui m’a ramené à la gare St Lazare, j’ai entendu un homme expliquer à un autre qu’avec les « 14 jours de rétraction » après obtention d’un crédit, cela laissait un mois aux banques afin de placer l’argent et de percevoir des intérêts. Là, aussi, c’étaient des mots très simples et très justes.
En rentrant chez moi, personne n’a essayé de profiter de moi alors que je quittais la gare en passant la porte de validation. Peut-être Saint Batman me protège-t’il.
Les Maîtres de l’Aïkido (élèves de Maître Ueshiba Période d’Avant Guerre) : Interviews recueillies par Stanley A.Pranin
Il existe un contraste saisissant entre l’admiration très haute encore portée à Maître Morihei Ueshiba ( décédé en 1969), fondateur de l’Aïkido, art martial créé au vingtième siècle, par les pratiquants ou les adeptes de l’Aïkido. Et l’image publique de l’Aïkido au moins dans le monde du « combat » sous ses diverses déclinaisons :
« Ce n’est pas efficace ». « C’est de la danse ».
Ces propos pour définir l’Aïkido sont devenus tellement banals qu’ils sont pratiquement devenus l’équivalent d’un sixième sens. C’est une évidence. Sans même avoir particulièrement pratiqué l’Aïkido, si l’on doit s’orienter vers un art martial ou un sport de combat efficace en matière de self-défense, on choisira plutôt une discipline aux rapports et contacts explosifs, directs, frontaux, brutaux et incapacitants qui nous convaincra, à condition bien-sûr de survivre à l’entraînement comme à son intensité cardiaque, qu’avec quelques coups bien placés, on pourra (se) sauver la mise en cas de rencontre avec un ou plusieurs agresseurs.
Aucun des grands champions actuels ou de ces vingt à trente dernières années, femme ou homme confondus, ne se réclame de l’Aïkido. Que ces combattants évoluent dans des épreuves « traditionnelles » pour un match de boxe, sur un tatamis ou en Free Fight, on entendra souvent formulées dans leur CV des disciplines telles, dans le désordre, que le Ju-Jitsu brésilien, le Pancrace, la Boxe Thaï, la boxe anglaise ou française, le Judo, la lutte, le Sambo, le Pancrace, le Penchak silat, peut-être le Krav Maga ou le Sistema, peut-être le Karaté, peut-être le Kung-Fu.
Mais rarement, voire jamais, l’Aïkido.
Regards sur l’Aïkido dans la rue et au cinéma
Si l’on parle du Judo, on peut tomber sur un stade portant le nom du judoka Teddy Riner, judoka français, plusieurs fois champion olympique, multiple champion du monde, et encore en activité. J’ai fait cette découverte cette semaine, alors que j’ai dû changer d’itinéraire pour me rendre au travail vu qu’il se trouvait un colis suspect dans un train à la gare d’Argenteuil. Après avoir pris le bus 140 depuis la gare d’Argenteuil, j’ai ensuite dû me rabattre vers la ligne 13 du métro à Asnières pour me rendre au travail. Là, j’ai découvert ce stade Teddy Riner.
Je ne connais pas, pour l’instant, de stade Multisports ou de gymnase qui porte le nom de Morihei Ueshiba.
Si l’on parle Kung-Fu, plusieurs années après sa mort ( en 1973, soit « seulement » quatre ans après celle de Morihei Ueshiba) l’aura de Bruce Lee reste intacte. Même des journalistes intellectuels émargeant dans les Cahiers du cinéma pourraient raconter dans un livre l’émotion qu’a constituée, plus jeune, pour eux, le fait de voir Bruce Lee au cinéma. En outre, depuis son décès, d’autres personnalités ont perpétué ce prestige du Kung-Fu. Jackie Chan, Jet Li, Donnie Yen ou des productions cinématographiques américaines telles que Matrix ou Kill Bill voire « françaises » ( Crying Freeman, 1995, par Christophe Gans avec l’acteur/artiste martial Mark Dacascos). Sans oublier bien-sûr d’innombrables productions asiatiques telles The Grandmaster ( 2013) de Wong-KarWai, The Assassin ( 2015) de Hsou Hsia Hsien ou encore The Blade ( 1996) de Tsui Hark. Et bien d’autres.
Le Karaté ne semble pas souffrir d’une trop grosse décote dans la perception que le grand public en a. En outre, souvent, Kung Fu et Karaté se confondent dans l’esprit de beaucoup de personnes.
Le Penchak Silat, art martial indonésien, effectue une percée depuis quelques années au moins depuis le film The Raid ( 2011) avec l’acteur Iko Uwais. Acteur/artiste martial que l’on peut revoir dans 22 Miles ( 2018) de Peter Berg aux côtés de Mark Whalberg, John Malkovich, Ronda Rousey ( ex championne du monde Free Fight, mais aussi ex-médaillée olympique de Judo auparavant…), Iko Uwais sera apparemment dans Expandables 4 en 2022.
S’il existe des modes qui poussent davantage le grand public vers certains styles de combat, disons que certaines méthodes de combat déjà « connues » telles que la boxe (thaï, anglaise, française), le judo voire le karaté restent des expériences incontournables au moins pour débuter.
Alors que du côté de l’Aïkido, cela se passe différemment. D’abord, d’un point de vue cinématographique, il faut peut-être remonter jusqu’à Steven Cigale ( Seagal, bien-sûr) dans les années 90 pour avoir un héros d’un film à grand succès, adepte de l’Aïkido. Mais Seagal a laissé bien moins de souvenirs qu’un Bruce Lee, qu’un Jackie Chan, qu’un Jet Lee ou qu’un Jean-Claude Vandamme. Donc, concernant la perception de l’Aïkido au cinéma, il y a un déficit grandiose en termes d’images. Aujourd’hui, même l’acteur Jason Statham, que ce soit dans Le Transporteur ou dans Expendables, est bien plus connu que Steven Seagal. Idem pour Keanu Reeves/ John Wick ou Tom Cruise/ Jack Reacher. Aucune de ces grandes vedettes anglo-saxonnes ne pratique devant la caméra un art martial permettant d’identifier ou de penser à l’Aïkido.
Par ailleurs, Steven Seagal a peu œuvré pour la crédibilité de l’Aïkido en tant qu’art martial mais aussi comme art….de vivre. Et en parlant « d’art de vivre », on se rapproche de ce qui explique sans doute, aussi, en partie, ce qui peut rebuter dans l’apprentissage mais aussi dans la découverte de l’Aïkido.
On peut se battre mais on ne peut pas se battre
L’art de vivre, c’est autant la façon de combattre. Que la façon de percevoir le monde et son entourage. Et, dans ces quelques domaines, on peut dire que l’Aïkido tranche beaucoup avec la plupart des arts martiaux, disciplines et formes de combats citées précédemment. Puisqu’à la percussion et au rentre-dedans de ces autres disciplines où le KO ou le Ippon peut être recherché de façon compulsive, l’Aïkido préfère « l’harmonisation » avec l’opposant. Mais, aussi, l’absence de compétition. Donc, on peut se battre. Mais on ne peut pas se battre. Dans un monde où il s’agit d’être le meilleur ou de dominer, l’Aïkido détonne. Surtout lorsqu’on le connaît très mal.
La cérémonie du thé
Ainsi, Maitre Takako Kunigoshi, née en 1911, la seule femme interviewée parmi les Maitres, a arrêté de pratiquer et d’enseigner l’Aïkido depuis des années lorsque Stanley A. Pranin vient la rencontrer à son domicile d’abord en 1981 puis en 1992. Elle vit alors dans une semi-retraite et donne des cours de Cérémonie du Thé. Une activité qui n’a a priori rien de martiale pour le profane. Jusqu’à ce qu’elle affirme au cours de l’interview :
» Je passe la plus grande partie de mon temps à pratiquer la cérémonie du thé, mais quand je tiens la louche en bambou, c’est comme si je tenais un sabre. J’ai cette sensation et je me souviens de ce que O-Sensei nous disait. Que ce soit la cérémonie du thé ou l’arrangement floral, il existe des points communs avec l’Aïkido car le ciel et la terre sont faits de mouvement et de calme, de lumière et d’ombre. Si tout était continuellement en mouvement il y aurait un complet chaos ».
Et, plus tard, Maitre Takako Kunigoshi conclut :
» (….) je suis persuadée que toutes les nations du globe ont accès à la même vérité. Quand le soleil brille, il y a forcément des ombres. Je pense que l’on peut dire la même chose des arts martiaux ».
Kendo et Aïkido
Le Kendo, art martial à la pratique assez confidentielle qui a des points communs avec l’Aïkido, a pour lui les assauts physiques visibles, audibles et puissants. Alors qu’avec l’Aïkido, on a l’impression que tout se passe ou se passerait en douceur. Comme si l’Aïkido consistait à tomber d’un arbre en se détachant d’une branche à la façon d’une feuille. Ce qui est difficile à faire concilier avec la soudaineté et la violence des attaques et des agressions du monde.
Un temps d’apprentissage fastidieux
Et puis, il y aussi un autre aspect qui rebute dans l’Aïkido. Et tout enfant en nous a sans doute connu ça, si, un jour, il a eu à choisir entre le judo, le karaté, la boxe thaï ou l’Aïkido. L’Aïkido prend du temps. Il est assez difficile de sortir du premier cours en se disant que l’on a maitrisé une technique. Autant, en judo, en karaté ou en boxe thaï, on peut avoir l’illusion d’apprendre très vite et de voir rapidement nos progrès, autant en Aïkido, le temps d’apprentissage peut devenir fastidieux. Décourageant. Frustrant. Très technique, très exigeant, l’Aïkido refuse sans doute durement les erreurs de placement comme d’intention. Alors que dans d’autres disciplines, on peut plus facilement masquer ou compenser – ou essayer de le faire- nos lacunes techniques par notre engagement physique et notre « combativité ».
Quelques Maitres actuels qui s’y « connaissent » en Aïkido
Je parle d’Aïkido mais je n’en n’ai jamais pratiqué. J’ai lu à son sujet. J’ai croisé deux ou trois personnes, deux ou trois Maitres, encore vivants, qui, eux, le pratiquent et l’enseignent chacun à leur manière à Paris et ailleurs :
C’est du reste en lisant une des interviews réalisées par Maitre Léo Tamakique j’ai fait la connaissance de Maitre Jean-Pierre Vignau avec lequel j’ai commencé à pratiquer depuis deux semaines. Et c’est en lisant ou en regardant, je crois, une interview de Maitre Léo Tamaki que j’ai entendu parler pour la première fois de Stanley A. Pranin et de cet ouvrage. C’est aussi en regardant une vidéo d’une rencontre entre Greg MMA et Léo Tamaki et en écoutant celui-ci faire un peu l’historique de l’Aïkido que j’ai commencé à avoir une autre perception de l’Aïkido et à davantage le voir pour ce qu’il est à l’origine : un Art martial.
L’association de la pratique d’un haut niveau, d’une bonne culture concernant la discipline enseignée et d’un goût pour la pédagogie me semble bien définir Maitre Léo Tamaki.
C’est ce que je recherche chez un Maitre ou un enseignant. Aptitudes que j’ai aussi trouvées chez Maitre Jean-Pierre Vignau ainsi que chez Maitre Régis Soavi. Mais aussi chez Yves, Jean-Pierre, Carmelo et d’autres moniteurs d’apnée ( ou de plongée) rencontrés dans le club d’apnée – et ailleurs- où je m’entraîne aussi. Ou chez Jean-Luc Ponthieux, mon ancien prof de guitare basse au conservatoire d’Argenteuil. Lorsque je croyais encore pouvoir apprendre à en jouer. Sans pratiquer régulièrement et avec les autres….
Quelques enseignements de ce livre de Stanley A. Pranin
Ce livre d’interviews paru en 1993 dans sa version anglaise puis en 1995 dans sa version française est désormais assez difficile à trouver. On le trouve en seconde main à un prix assez élevé. J’ai acheté le mien environ 60 euros. Je ne le regrette pas.
La plupart des personnes, pour ne pas dire pratiquement toutes celles interviewées et impliquées dans cet ouvrage, ainsi que l’intervieweur, Stanley A. Pranin, sont désormais décédées ce vendredi 11 février 2022 alors que débute la rédaction de cet article.
Et ces personnes sont décédées depuis plusieurs années. ( Stanley A. Pranin, né en 1945, est lui-même décédé en 2017). Elles n’entendront jamais parler de la pandémie du Covid, de Gérald Darmanin, du pass vaccinal….
Mais grâce à Stanley A.Pranin, à son abattage et à sa culture considérables au moins dans le domaine de l’Aïkido, abattage et culture dont ce livre rend très bien compte, on apprend un peu mieux ce qu’est ou peut-être l’Aïkido. Car l’Aïkido, finalement, reste un art mystérieux. Voire « fantôme ».
Premier enseignement : une certaine polyvalence martiale.
Cela m’a pris du temps pour le comprendre et cela se vérifie à nouveau avec ces Maitres interviewés (une seule femme parmi ces Maitres, Maitre Takako Kunigoshi, c’est dommage et cela rend aussi son témoignage d’autant plus important) qui ont été élèves de Maitre Ueshiba avant la Seconde Guerre Mondiale :
Tous les Maitres d’Arts martiaux, quelle que soit la discipline ou l’Art martial qu’ils décident ensuite d’enseigner, ont souvent un gros bagage d’expériences dans plusieurs arts martiaux ou techniques de combats. « Gros bagage », cela signifie qu’ils ont souvent un bon voire un très bon niveau dans d’autres disciplines martiales. Niveau obtenu au moins grâce à une certaine quantité d’entraînements. Dans ce livre, on apprend par exemple que les Uchideshis s’entraînaient…quatre fois par jour. Et on ne parle là que de leur pratique de l’Aïkido avec Maitre Ueshiba. On ne parle pas du vécu martial qu’avaient déjà ces uchideschis avant de rencontrer Maitre Ueschiba. La plupart de ces Maitres avaient souvent débuté enfants leur apprentissage martial. Et on parle d’un peu plus que deux à trois séances d’entraînement.
Ainsi, Maitre Ueshiba, avant de faire la rencontre de Maitre Sokaku Takeda qui allait lui enseigner le Daito-Ryu, un art martial six fois centenaire et secret, qui, en grande partie, allait lui inspirer l’Aïkido, avait auparavant vécu diverses expériences martiales soutenues. Un des Maitres interviewés décrivant Maitre Ueshiba comme une personne qui écumait en quelque sorte les lieux d’enseignement martial. Tant il aimait ça ! Par ailleurs, Maitre Ueshiba avait pu compter sur le soutien moral mais aussi financier de son père et d’un de ses oncles. Tant pour faire venir et héberger un professeur de judo émérite et réputé à la maison pour des cours particuliers. Que pour faire construire un dojo pouvant permettre à Maitre Ueshiba, devenu adulte, de pratiquer et d’enseigner dans de bonnes conditions.
A cette ferveur martiale, Maitre Ueshiba allait ajouter une ferveur religieuse au travers de la secte religieuse Omoto suite à sa rencontre avec le prédicateur Onisaburo Deguchi. A la lecture de cet ouvrage, on comprend que les deux ferments de cette ferveur ont beaucoup contribué à transformer Maitre Ueshiba en ce futur fondateur de l’Aïkido qu’il est ensuite devenu.
Second enseignement : une ferveur martiale et spirituelle.
Car tous ces Maitres interviewés par Stanley A. Pranin se caractérisent par un engagement profond dans l’apprentissage de leur pratique. Non seulement, elles et ils s’entraînaient régulièrement. Mais, en plus, avec implication. L’esprit « il fait froid et il pleut aujourd’hui, je n’ai pas trop envie de sortir m’entraîner » ne faisait pas partie d’eux. On parle ainsi, au moins, de Maitre Gozo Shioda ( également interviewé dans ce livre) qui venait au cours « religieusement ». Mais aussi du même, qui, comme d’autres Uchideshis, avait « les larmes aux yeux » – tant l’entraînement pouvait être douloureux- lorsqu’il servait de Uké à Maitre Noriaki Inoue dont l’interview ouvre le livre.
Le jour du « Shinaï »
Par ailleurs, les élèves étaient incités à donner constamment le meilleur d’eux-mêmes. L’entraînement pouvait être sévère, sans doute militaire, voire humiliant. Un des Maitres (Maitre Kiyoshi Nakakura )raconte comment il avait été brutalement puni pour, négligemment, peut-être sous l’effet de la fatigue, avoir marché sur le shinaï d’un de ses camarades. On est donc très loin d’une expérience du sport loisirs ou du sport Fitness ou Crossfit telle qu’elle s’est développée dans les pays occidentaux depuis les années 80. Ou il s’agit principalement de perdre des calories, de sculpter sa silhouette pour des raisons esthétiques et narcissiques. Et non d’apprendre à vivre ou à se connaître, en quelque sorte.
Pour se faire une idée du quotidien d’un Uchideshi, un élève qui reste sur place auprès du Maitre qui l’accepte et le forme, on peut se procurer le livre de Maitre Jacques Payet, Uchideshi ( Dans les pas du Maître), paru en 2021. Maitre Jacques Payet a été un des élèves de Maitre Gozo Shioda pendant cinq ans dans les années 80 durant cinq ans au Japon. Pour cela, Jacques Payet avait quitté La Réunion, son île natale, alors qu’il ne parlait pas ou très peu Japonais. J’ai aimé lire son livre il y a plusieurs mois. Un livre que je n’ai malheureusement pas-encore- pris le temps de chroniquer pour l’instant. Car j’avais alors opté pour parler d’un livre consacré à l’actrice… Béatrice Dalle ( Que Dalle un livre sur l’actrice et comédienne Béatrice Dalle, Béatrice Dalle, Béatrice Dalle, trois fois..)
Espérons que cette distraction ne me portera pas préjudice. Et que je n’aurai pas à connaître pour cela le même châtiment que Maitre Kiyoshi Nakakura « le jour du Shinaï ».
Pour l’instant, à Paris, pour le peu que j’ai vu, c’est au Dojo Tenshin-Ecole Itsuo Tsuda de Maitre Régis Soavi, que l’on se rapproche le plus, de manière atténuée, du quotidien d’un Uchideshi « traditionnel ». Pour les horaires matinaux des cours ( à 6h30, en semaine, à 8h les week-end)du lundi au vendredi. Pour l’implication personnelle des pratiquants dans l’entretien et la vie du lieu. ( Dojo Tenshin-Ecole Itsuo Tsuda/ séance découverte et Trois Maitres + Un).
Enfin, dans Les Maitres de l’Aïkido, on comprend facilement en lisant les réponses et les témoignages de ces Maitres- et de Maitre Takako Kunigoshi– que l’Aïkido qu’ils pratiquaient n’avait strictement rien à voir avec cette « danse » à laquelle il peut être aujourd’hui régulièrement associé. Et que c’est un art martial « efficace » pour qui le maitrise et le comprend.
Un ami des chiens
Dans son interview, Maitre Gozo Shioda raconte par exemple comment, à une époque, il allait s’entraîner au petit matin, en allant en quelque sorte défier des chiens sauvages du voisinage. Il évoque le fait d’avoir été mordu quelques fois et parle aussi de ce moment où les yeux des chiens deviennent « vitreux », expliquant que cela signifie qu’ils vont attaquer. Et, lorsqu’ensuite, Maitre Gozo Shioda regrette la mort de ces chiens, il est difficile de savoir s’il est triste d’avoir perdu des « compagnons » d’entraînement. Ou s’il regrette d’avoir dû les tuer lors d’un de ses entraînements. Quoiqu’il en soit, ce genre d’anecdote, racontée en toute simplicité, contredit la vision de l’Aïkido comme étant un art martial inoffensif. Car, à ce jour, je n’ai pas encore entendu parler d’un pratiquant de boxe anglaise, de Krav Maga, de Pancrace, de Ju-jitsu brésilien ou autre qui serait régulièrement parti au petit matin afin de s’entraîner à combattre, seul et à mains nues apparemment, des chiens errants.
Aïkido et Zen
L’interview de Maitre Kisshomaru Ueshiba, un des fils de Maitre Ueshiba, clôture l’ouvrage. Maitre Kisshomaru Ueshiba est celui qui a prolongé l’œuvre de son père et a contribué à la reconnaissance internationale de l’Aïkido. Que ce soit par des enseignements, des ouvrages ou en autorisant le départ d’instructeurs japonais à l’étranger.
Dans son interview, pleine de franchise, franchise également présente dans les autres interviews, Maitre Kisshomaru Ueshiba souligne l’importance de la spiritualité dans la pratique de l’Aïkido.
Ainsi, il dit vers la fin de son interview (synthèse d’interviews réalisées à son domicile entre 1978 et 1988) :
« Mon Aïkido insiste sur l’esprit ( Kokoro). En Aïkido, le mental est important. Mon père avait crée cette discipline comme une voie chevaleresque qui ne comprenait aucune compétition ».
(….) « D’une certaine manière, il existe une correspondance entre l’Aïkido et le Zen. Notre discipline implique un complet changement des formes mentales (….) ».
J’aimerais que cet article puisse contribuer à restaurer l’image de l’Aïkido mais aussi à mieux comprendre l’un des buts des Arts Martiaux qui consiste aussi à apprendre que : Toujours chercher à être ou à devenir le plus fort ou la plus forte, c’est aller à sa perte.
Dix huit ans plus tôt, Matrix Révolutions clôturait de manière bâclée la trilogie Matrix. Le premier Matrix, réalisé en 1999, avait été le mieux réussi. Les deux suivants, Matrix Reloaded puis Matrix Révolutions s’étaient suivis de trop près. Même si j’avais aimé voir ces deux suites, j’avais été soulagé de voir la fin de Matrix Révolutions des « frères » Wachowski.
Après ça, même si les frères Wachowski, devenus ensuite des femmes, avaient réalisé d’autres films, ceux-ci avaient moins captivé le public. Ou m’avaient moins donné envie de tous les voir. Matrix avait fait beaucoup parler. V pour Vendetta ? Parlez en à celles et ceux qui connaissent l’œuvre d’Alan Moore que les Wachowski avaient adapté. Je ne suis pas sûr qu’ils aient unanimement apprécié le rendu. Alan Moore, quant à lui, a renié toutes les adaptations cinématographiques qui ont pu être faites de ses œuvres.
L’acteur Keanu Reeves/ Néo avait aussi du mal à se remettre de ce gros coup de booster que lui avait donné la trilogie Matrix. La carrière de Keanu Reeves est vraiment très particulière. Passé par le cinéma d’auteur avec My Own Private Idaho de Gus Van Sant qui dérangerait certaines mœurs, il avait ensuite « décollé » commercialement dans des films de très grands réalisateurs tels Francis Ford Coppola dans Dracula où il jouait un jeune romantique innocent puis dans des films d’action pour adolescents : Speed, Point Break.
Keanu Reeves était un peu l’un des alter-ego, en moins populaire, d’un Tom Cruise d’avant Magnolia de Paul Thomas…Anderson.
Anderson, l’homme quelconque que personne ne remarque. Même pas frustré comme José Garcia ou Philippe Harel dans le film Extension du domaine de la lutte adapté d’un des livres de Michel Houellebecq.
Même pas bouffi de rage comme Chris Penn dans Nos Funérailles d’Abel Ferrara.
Même pas.
Gigolo dans My Own Private Idaho, Keanu Reeves/ Néo/ Thomas Anderson est asexué dans le premier Matrix. Ses pulsations érectiles sont au plus bas vu qu’elles sont inexistantes. Aucun stéthoscope sophistiqué ni aucune main habile ne saurait détecter chez lui ne serait-ce que des fourmillements d’ailes de papillon.
Malgré cette particularité assez fréquente dans les rôles de Keanu Reeves, cette asexualité et cette absence de…vice ou de sournoiserie dans ses rôles (comme savent en mettre un Samuel Jackson ou un Benicio Del Toro) Keanu Reeves a su véritablement retrouver une carrière après Matrix grâce à John Wick.
John Wick est un homme qui aspire à vivre tranquillement avec son chien et les chevaux de ses voitures et que quelqu’un contraint toujours à exécuter des gens.
Dans Matrix Resurrections, on retrouve du John Wick pour la coupe de cheveux. Cette coupe de cheveux est raccord avec le job qu’occupe désormais Thomas Anderson :
Celui de concepteur vedette dans une entreprise de jeux vidéos. J’ai beaucoup aimé cette réminiscence du succès qu’a pu connaître Thomas Anderson grâce à son jeu vidéo. Et, comment, elle a pu lui faire perdre un moment, un certain sens de la « réalité ».
J’ai aussi trouvé à Thomas Anderson un côté Bob Sinclar, le DJ français. Bien-sûr, Néo/Thomas Anderson, lui, s’y connaît davantage en mixage de scènes de combats qu’en mixage de titres de musique.
De quoi nous parle Matrix Resurrections qui dure près de 2h40 ?
De la solitude.
Et de l’amour comme principal parachute devant le vertige de notre solitude. Les trois premiers Matrix parlaient déjà ça.
Bound réalisé auparavant par les frères Wachowski rajoutait de l’érotisme à cet amour entre deux héroïnes. Etonnamment, cet érotisme a disparu, a toujours été absent, entre Néo et Trinity (l’actrice Carrie Anne-Moss). Peut-être parce-que le tempérament de Trinity, « plus masculin ? », apparaît comme incompatible avec l’érotisme compte tenu de la « féminité » de Néo pour les Wachowski ?
Cela surprend pour des réalisateurs qui ont été capables de changer de genre. Et c’est d’autant plus étonnant après un film comme Border réalisé par Ali Abassi ( d’après une œuvre littéraire) qui nous montre que les rôles masculin et féminin peuvent être inversés tout en préservant de l’érotisme au sein d’un couple.
Pourquoi est-ce que j’insiste autant que ça sur ces questions de « genre » ? Parce-que les scènes d’actions, même si elles sont bien sûr réussies dans Matrix Resurrections, sont là pour assurer le spectacle et y arrivent bien dans l’ensemble. Et puis, en regardant un peu, on voit bien que Lana Wachowski met des indices de « genre » selon moi moins affirmés dans la trilogie initiale.
Le jeune Morpheus est ainsi au minimum queer ou homo dans Matrix Resurrections ou flirte en tout cas plusieurs fois avec le coming out homosexuel selon certains codes. Quant à ces histoires de pilule bleue et de pilule rouge, difficile, aujourd’hui, de ne pas penser un peu au chemsex ou, peut-être, au GHB.
L’allusion au ciel arc en ciel à la fin du film fait aussi penser au drapeau homo et à tous les mouvements militants LGBTQ+ où ce drapeau est visible. Il me semble que ces signes étaient moins présents dans la trilogie de départ.
J’ai beaucoup aimé la relation de Néo avec son analyste. Une relation de dépendance qu’a peut-être connue Lana Wachowski ou d’autres personnes. L’analyste étant le garant mais aussi le gardien d’une certaine réalité. Et, comme tout chaman, tout gourou malveillant, ou toute société mortifère, de cette réalité dans lequel il nous retient prisonnier, il peut décider de garder la clé. Dans Matrix Resurrections, la psychanalyse confesse et guide le Christ ( Néo). L’analyste semble avoir pris le pouvoir sur la religion.
Les miroirs, dans Matrix, sont souvent présents. Et on les traverse. Mais les traverser, c’est aussi traverser notre propre identité. Nos limites seraient donc perméables de la même manière que nos muqueuses. Et ça, ça peut effrayer. Un analyste, c’est aussi un miroir. Un miroir qui nous fixe et qui nous empêche de le franchir. Comme de déborder hors de certaines limites. Dans Matrix Resurrections, Lana Wachowski continue de se battre avec les limites. On peut vraiment dire du film qu’il est « border line ».
La paranoïa environnante fait toujours l’atmosphère du film. Au point que l’on peut se demander comment, malgré ça, Néo et Trinity peuvent-ils arriver à s’aimer et se comprendre. Le coup de foudre, la destinée, nous répond à nouveau Lana Wachowski. Ouais….
Contrairement à Néo, Trinity semble toujours bien ancrée dans la réalité et très pragmatique.
Le film a aussi conservé ses moments de grand bavardage. C’est supposé être explicatif ou doit sans doute servir à créer un équilibre entre l’action et la réflexion. Mais Lana Wachowski a moins de verve que Tarantino. Et son style est trop « lourd » pour être un « pousseur d’âme » comme peut l’être le cinéma de Kieslowski.
Le scénario continue de tourner autour de : il faut absolument sauver quelqu’un que l’on aime. Autrement, cette personne va mourir. Pour cela, il nous faut désobéir. Notre temps est compté. Sinon, nous aussi, nous allons tous mourir, et, alors, nous ne pourrons plus jamais désobéir à qui que ce soit.
Les machines auront gagné.
Par contre, question humour, on a quelques scènes très réussies ( Ah, Lambert Wilson !).
Les autres bons côtés du film :
C’est très plaisant, en tant que cinéphile, de pouvoir aller voir la suite d’une trilogie que l’on a aimé découvrir au cinéma vingt ans plus tôt. Et Lana Wachowski sait inclure quelques scènes de cette trilogie dans le film.
Je me suis montré assez critique envers les vertus de l’amour selon Sainte Lana Wachowski, pourtant l’histoire d’amour entre Néo et Trinity m’est apparue réaliste. Et je trouve vraisemblable le rôle de femme joué par Trinity/Tiffany lorsqu’ils se revoient. J’aurais même aimé qu’elle se transforme en une sorte de Hancock au féminin avec ses deux « gamins » lorsqu’elle commence à se « réveiller ».
Ce Matrix Resurrections nous fait aussi du bien car il fait partie d’une histoire où nous étions davantage insouciants. Le premier Matrix était sorti avant les attentats du 11 septembre 2001 à New-York. C’était aussi une époque où internet et la téléphonie mobile se démocratisaient. Nokia, alors, était la référence mondiale en téléphone portable. L’iphone mais aussi Facebook n’existaient pas. L’urgence climatique, déja connue, était aussi moins discernée. Le diesel « coulait » alors à flots dans les réservoirs des voitures.
Matrix Resurrections, c’est aussi ça : un film qui se veut visionnaire et qui l’est à sa manière (il va être très difficile de traverser le miroir de la salle de bain chez soi même en étant éperdument amoureux) et qui appartient aussi à un passé où l’on pouvait faire certains choix disparus ou plus difficiles à faire aujourd’hui.
La réalisatrice milite d’ailleurs aussi en faveur des salles de cinéma. Son film passe uniquement dans les salles de cinéma- comme c’était encore la norme au début des années 2000- alors que depuis quelques années, certaines maisons de production contournent les salles de cinéma pour promouvoir « leurs » films. Tandis que de nouvelles entreprises étrangères au cinéma telles Amazon se lancent de plus en plus dans des productions cinématographiques.
En conclusion :
Matrix Resurrections n’est pas un chef d’œuvre mais je suis content d’être allé le voir dès son premier jour de sortie au cinéma. Par contre, je n’irai pas le revoir. Alors que j’avais vu Matrix trois fois à sa sortie.
Franck Unimon, mercredi 22 décembre 2021.
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